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1252. (1883) Le roman naturaliste

Si quelques circonstances ont tourné l’attention vers les gens de théâtre, M.  […] Ne dites pas que ces gens-là n’ont pas d’histoire ! […] Il ne manque pas, dit-on, parmi nous, de gens habiles ! […] et qu’a-t-il de commun, lui, Binet, avec tous ces gens-là ? […] On ne peut savoir ce que ces gens pourraient ne pas aimer, à la manière dont on m’en a parlé.

1253. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

De grandes dames, de nobles châtelaines eurent leurs poètes de prédilection ; elles les choisirent à leur gré, non seulement parmi les nobles et les gens de naissance, mais parmi les mieux chantants et les mieux disants, fussent-ils issus de bas-lieu. […] mon voisin, que ces gens-là ont raison d’être fâchés qu’on leur parle d’un modèle qu’ils suivent si mal ; mais que je crains leur fureur contre vous ! […] Il sentait bien, a-t-on remarqué finement, qu’il ne serait pas croyable que tant de gens lui eussent manqué à la fois, s’ils avaient pensé et agi séparément : admettant donc comme un fait prouvé le mauvais vouloir et le tort des gens contre lui, il fut conduit par la logique même à l’idée de complot.

1254. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

A un certain moment, les mêmes gens d’esprit qui s’attaquaient à Homère se sont attaqués à Théocrite. […] Ajoutons que, tout en faisant la guerre à Théocrite contre ceux qu’il appelait les savants, et qui, dans ce cas-ci, n’étaient pas autres que les gens de goût, Fontenelle lui-même semble reconnaître son impuissance, et il rend les armes lorsqu’il dit : « Quoi qu’il en soit, je vois que toute leur faveur est pour Théocrite, et qu’ils ont résolu qu’il serait le prince des poëtes bucoliques. » Ils l’ont résolu en effet, et, comme quiconque remonte sincèrement à la source est aussitôt de leur sentiment, l’arrêt toujours rajeuni ne saurait manquer de vivre1. […] A cette époque déjà on ne manquait pas (lui-même nous l’apprend) de gens de mauvaise humeur et occupés d’intérêts positifs, qui disaient que c’était bien assez pour tous d’un seul Homère. […] Ils habitaient un bourg plein de gens dont le cœur Joignait aux duretés un sentiment moqueur, a dit La Fontaine dans Philémon et Bancis.

1255. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Tel d’entre eux qui, avec ses égaux, ne fait usage que du patois du pays, est très-mortifié et se montre parfois très-piqué, si quelqu’un d’une classe plus élevée vient à lui adresser la parole en ce même patois ; c’est en effet lui dire tacitement : Je juge à votre air et à vos manières que vous ne devez pas comprendre le langage des gens bien élevés. […] quand règne la langue de la Cour, et que l’urbanité est maîtresse, les patois sont comme des parents pauvres que l’on consigne à la porte, que l’on fait chasser par ses gens, s’ils osent passer le seuil, et que l’on ne reconnaît plus. […] Je n’imagine pas que, hormis la théologie polémique, il y ait rien d’aussi rebutant que cette étude : il est heureux que quelques gens veuillent s’y adonner, et je loue fort les Du Cange et Muratori qui, se dévouant comme Curtius, se sont précipités dans ce gouffre ; mais je serais peu curieux de les imiter22. […] Des imperfections de détail, des inadvertances d’exécution qui ont été relevées par des critiques gens du métier23, des généralisations trop hâtives, ne sauraient enlever à cette Histoire et au Cours professé par M. 

1256. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Quelques grosses chaises et fauteuils de noyer, entre la table de cuisine et la cheminée, se prêtaient aux maîtres de la maison, quand ils venaient s’asseoir en commun avec les gens, soit pour prendre le repas banal dans l’écuelle de lourde faïence, soit pour leur faire la prière, soit pour causer des travaux du jour ou du lendemain. […] « N’y a-t-il pas du mal à se plaindre quand on est chaudement près de son feu, tandis que tant de pauvres gens sont transis dehors ? […] Ces pauvres gens ! […] Tous nos gens sont à l’église.

1257. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Comme ce second voyage devait se prolonger plus que l’autre, et qu’à mes rêves de véritable gloire il se mêlait encore quelques bouffées de vanité, j’emmenai avec moi plus de gens et de chevaux, afin de marier ainsi deux rôles qui rarement vont d’accord ensemble, le rôle de poète et celui de grand seigneur. […] Ayant pris terre sur cette côte et me lassant d’attendre que le vent redevînt favorable pour reprendre la route de Lerici, je laissai la felouque avec mes effets, et, prenant avec moi quelques chemises, mes écrits dont je ne me séparais plus et un seul de mes gens, j’enfourchai un bidet de poste, et, à travers les précipices de l’Apennin dépouillé, je me rendis à Sarzana, où je trouvai mes chevaux, et où il me fallut attendre la felouque plus de huit jours. […] Il signor principe, ainsi l’appelaient les Romains, continuait à chercher dans le vin l’oubli de ses infortunes, et une fois ivre il battait ses gens, ses amis, les lords et les barons de sa cour, comme il battait à Preston-Pans les soldats du général Cope. […] Quatre courriers galopaient devant les équipages ; puis venaient cinq voitures attelées de six chevaux, la première, où se trouvaient le prince et la princesse, les deux suivantes, réservées à la maison de Charles III, les deux dernières au cardinal d’York et à ses gens.

1258. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Au milieu de gens occupés à penser, il s’occupe à jouir et à souffrir. […] La pauvre femme, toujours en dettes, en procès, en projets, mourra en 1762 : c’était une détraquée, brouillonne, dévote, un peu aventurière, dont la réputation n’aurait pas eu de trop grave accroc, si Jean-Jacques n’avait eu l’idée de confesser ses fautes, avec toutes celles des gens qu’il avait connus. […] Il copie toujours de la musique, pour vivre ; les gens qui veulent le voir se déguisent en clients pour forcer sa porte. […] Mais, malgré ces distinctions si souvent et si fortement répétées, la mauvaise foi des gens de lettres, et la sottise de l’amour-propre, qui persuade à chacun que c’est toujours de lui qu’on s’occupe, lors même qu’on n’y pense pas, ont fait que les grandes nations ont pris pour elles ce qui n’avait pour objet que les petites républiques ; et l’on s’est obstiné à voir un promoteur de bouleversements et de troubles dans l’homme du monde qui porte un plus vrai respect aux lois et aux constitutions nationales, et qui a le plus d’aversion pour les révolutions et pour les ligueurs de toute espèce, qui la lui rendent bien.

1259. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le xixe  siècle est certainement un siècle de travail et qui a produit par la diffusion de l’instruction plus de gens de talent que les époques précédentes. […] Mais les sottes gens ne manquent à aucune époque, et les plus déshéritées ont encore des manières d’hommes de génie. […] Les contempteurs du xixe  siècle se recrutent au contraire parmi des gens qui, pour penser et juger, se placent uniquement au point de vue national. […] Les gens, qui se satisfont de cette généralisation inexacte et trop facile, en arrivent à haïr de parti pris le xixe  siècle, simplement parce qu’il est issu de la Révolution française.

1260. (1894) Textes critiques

J’aime mieux ses bois et eaux-fortes du Carton Jaune qu’il remplit avec Félix : un chien ou loup de chevaux de bois, suspendu : le chien hurlant à l’infini des vols nocturnes, illustration des chants de Maldoror ; la Chevauchée encore qu’inspirée de Bernard ; et surtout les gestes pointus de grêles gens, wayang (poura ou gedod) javanais sous les arbres noirs contre l’air transparent La banalité forcée s’universalise de préférer les dessins de Maufra à ses tableaux12. : peut-être parce que plus petit, devenu donc plus condensé, moins mou et aussi les os plus visibles. […] De plus, des gens ont vu dans Ubu une œuvre « écrite en vieux français » parce qu’on s’amusa à l’imprimer avec des caractères anciens, et cru « phynance » une orthographe du XVIe siècle. […] Catulle Mendès, « de l’éternelle imbécillité humaine, de l’éternelle luxure, de l’éternelle goinfrerie, de la bassesse de l’instinct érigée en tyrannie ; des pudeurs, des vertus, du patriotisme et de l’idéal des gens qui ont bien dîné. » Vraiment, il n’y a pas de quoi attendre une pièce drôle, et les masques expliquent que le comique doit en être tout au plus le comique macabre d’un clown anglais ou d’une danse des morts. […] Mais il y a mieux. — Il y a les gens qui se remuent depuis dix ans en faveur du vers libre et qui admettent pour champion Catulle Mendès parnassien cinquantenaire.

1261. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Il y a peu d’hommes, même parmi les gens de lettres, qui sachent ordonner un tableau. […] J’en ai provision, et je ne puis me dispenser d’en répandre une portion bien méritée sur des gens ennemis des littérateurs et des philosophes dont ils dédaignent les jugements, et dont ils seroient longtems les écoliers dans l’art d’imiter la nature. […] Quel trophée ces gens-là vous élèvent ! […] Fort bien, mon ami, parce que ce sont ces gens-là qui nous vengent.

1262. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Mais Buffon a beau faire, il a beau traiter avec assez peu d’égards « le peuple des naturalistes », il a beau, à l’occasion d’un détail concernant les intestins des oiseaux de proie, dire en grand seigneur : « Je laisse aux gens qui s’occupent d’anatomie à vérifier plus exactement ce fait », il est devenu naturaliste lui-même, au sens le plus exact du mot. […] que Buffon est plus net que tous ces gens-là ! 

1263. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Il avait manifesté, depuis, sa manière de sentir et de voir sur tout sujet dans l’ouvrage qu’il avait publié à Londres en 1797, l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, et dont quelques-uns de ses amis, les gens de lettres de Paris, avaient eu connaissance. […] Il y a de ces remarques qui concernent Parny, Le Brun, Ginguené, Fontanes ; elles ont cela de précieux de n’être point faites à distance et de souvenir falsifié comme les notes de 1826, ni en vue d’aucun public, mais de peindre les choses et les gens à nu, tels qu’on les voit pour soi et qu’on les note à l’instant sur son carnet.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il y a des gens qui ont le courage de prétendre, comme s’ils y avaient assisté, que le lieu choisi près de la rivière n’était pas tout à fait aussi immonde qu’on l’a dit. […]  » Et il y a des gens qui lui disputent ce mot, dans le sens élevé où il est si naturel qu’il l’ait proféré.

1265. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Sur la liste des gens de lettres que Chapelain proposait aux libéralités de Colbert en 1662, le titre de poète latin est une qualification qui recommande plusieurs noms depuis célèbres à d’autres titres, Fléchier, Huet. […] Il rencontre à chaque pas bien des gens de sa connaissance ; il les aborde, il les embrasse et on l’embrasse ; c’est la méthode ordinaire avec lui.

1266. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Voilà ce que c’est, encore un coup, de s’humilier… » Je crois bien que ce sont ces ouvrages en vers et les diverses pièces du procès de Pomone que le curieux abbé Nicaise envoyait à la Trappe au saint abbé, qui ne les désirait pas, mais qui poliment répondait (13 juin 1691) : J’ai lu monsieur, les vers que vous m’avez envoyés ; les gens d’esprit se divertissent, et leurs contestations donnent toujours une scène agréable au public. […] Arnauld a honoré de son estime et de son amitié pendant sa vie, de le décrier après sa mort, pour faire votre cour à des gens qui dans l’âme se moquent de vous et ne vous en savent aucun gré ?

1267. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Il s’agissait de trouver un personnage qui les poussât et les guidât, « adroit à manier les peuples, agréable aux Grisons (la plupart protestants) », propre « à remettre ces gens-là peu à peu et à regraver dans leurs esprits la dévotion qu’ils commençaient à perdre pour les Français, et qui fût de tel poids, qu’il pût être en ce pays comme garant et caution de son maître », sans que le nom de ce maître fût mis d’abord trop en montre. […] Habile capitaine plutôt que grand général, sa mesure à cet égard est difficile à prendre, et j’aimerais assez à entendre là-dessus des gens du métier : à le traduire à la moderne, ce qui est toujours hasardeux, vu l’extrême différence des moyens en usage aux différents siècles, il me fait l’effet d’être ou d’avoir pu être, comme militaire, quelque chose entre Gouvion Saint-Cyr et Macdonald, et plus près du premier à cause des pensées.

1268. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Les premières lettres de Frédéric à son frère Henri, et qui se rapportent à l’extrême jeunesse de celui-ci, nous le montrent assez dissipé, rappelé à l’ordre par le jeune roi, et tiède dès lors et très froid à son égard : Le peu d’amitié que vous me témoignez dans toutes les occasions, lui écrivait Frédéric (1746), ne m’excite pas à faire de nouveaux efforts de tendresse en faveur d’un frère qui a si peu de retour pour moi… Il faut, si vous m’aimez, que votre amitié soit métaphysique, car je n’ai jamais vu aimer les gens de la sorte, sans les regarder, sans leur parler, sans leur donner le moindre signe d’affection. Heureux sont les gens que vous aimez, je veux le croire !

1269. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Elle a fait comme bien des gens que nous connaissons, elle a politiquement vécu et duré trois ou quatre ans de trop. […] ; on observerait les proportions et le ton, les convenances ; on ne commencerait point par donner tête baissée dans l’inédit, avant d’avoir lu ce qui est imprimé depuis deux siècles, ce qui hier encore était en lumière et faisait l’agrément de toutes les mémoires ornées ; on ne débuterait pas avec le xviie  siècle par des découvertes : mais si l’on en faisait, on les exprimerait d’une façon plus simple, mieux assortie aux objets, plus digne de ce xviie  siècle lui-même ; on ne jurerait pas avec lui en venant parler de lui ; on ne parlerait pas un langage à faire dresser les cheveux sur la tête à ce monde poli qu’on met en avant à tout propos ; on ne s’attaquerait pas enfin, de but en blanc, à ces gens de Versailles comme si l’on arrivait de Poissy ou de Pontoise.

1270. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Après un exercice de six années, il acheta un office d’argentier du roi, puis fut trésorier de l’extraordinaire des guerres, puis trésorier des parties casuelles : il avait parfois des traverses ; les gens de finance étaient sujets alors à suspicion et à des accusations fréquentes, trop souvent justifiées ; il en rencontra sur sa route et en triompha par son bonheur et par sa probité. […] J’ai oui dire à des gens du métier que c’est un chef-d’œuvre que ce qu’il a fait, pour s’être expliqué si nettement, et avoir appuyé son avis sur des raisons si solides et si fortes ; il y mêla de l’éloquence, et même de l’agrément.

1271. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Je suppose que le suffrage de tous les gens de lettres assemblés (j’ai la faiblesse de croire assez au suffrage de tous en pareil cas) eût à prononcer pour lui désigner un successeur, — je mets hors de cause, bien entendu, les auteurs dramatiques, membres déjà de l’Académie, qui choisirait-on ? […] il n’y a point, de par le monde, un si grand nombre de gens éloquents.

1272. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

Les père et mère de l’illustre maréchal de Villars étaient gens de mérite et d’esprit. […] » Gavacho est un terme de mépris par lequel on désignait les Français, les gens qui viennent de la montagne.

1273. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Le mal qu’on vous dit des choses ou des gens en fait, pour bien des cœurs, le premier attrait ; le bonheur et l’innocence sont trop fades. […] C’est la guerre ouverte et déclarée entre les gens positifs, formant le gros de la société, et le poëte ainsi conçu.

1274. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier (suite et fin.) »

L’année dernière, il y avait ici dans les premières places des gens qui voulaient un bouleversement. […] À toutes ces invraisemblances de détail qu’on fait valoir, j’opposerai un petit signe qui fait plus, à mon sens, que les compenser, et qui est bien propre à Mme de Staël ; je crois qu’aucun de ceux qui ont vu beaucoup de ses lettres ne me démentira ; ce sont ces quelques mots anglais, my dear sir, jetés dans une lettre écrite en français : Mme de Staël, avec les gens avec qui elle n’était pas entièrement familière, aimait à faire cela, et à mettre sur le compte d’une autre langue cette sorte d’anticipation de tendresse.

1275. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

On prépare les lits, pour souper l’on se presse ; Chacun fait de son mieux, comprenant ma tristesse, Et moi, je me disais, les voyant se hâter : « Tant de gens, pour un homme, à ce point s’agiter ! […] Tout le temps qu’en exil vivra mon Clinias, Je veux tirer de moi quelque bonne vengeance, Amasser, travailler sans la moindre dépense, Épargner pour lui seul. » Aussitôt fait que dit : Je jette tout dehors, jusqu’à mon dernier lit ; Je ressemble en un tas meubles, outils, vaisselle ; Servantes et valets, je vends tout pêle-mêle, Y compris la maison, sauf, toutefois, les gens Dont le travail pouvait m’indemniser aux champs ; Et, des quinze talents que j’en obtins à peine, Pour bien m’y tourmenter, j’achète ce domaine, Pensant que, plus j’endure et vis en me privant, Moins j’aggrave mes torts envers mon pauvre enfant.

1276. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Bien des gens, pour y échapper, se résigneraient aisément à n’avoir pas un avis formel, — et surtout à ne pas le dire, — sur les miracles de Béthanie ou de Capharnaüm. […] Aux âmes simples, aux fidèles qui vivent rangés et soumis autour de la houlette pastorale, je ne conseillerai pas de le lire ; mais on sait que le nombre de ces fidèles et de ces humbles n’est pas infini ; et pour tous les autres, sceptiques, indifférents, hommes d’étude et d’examen, gens du monde, gens d’affaires, pour peu que vous ayez un coin sérieux de vacant et de libre en vous, je dirai avec confiance : Lisez et méditez, lisez et relisez ces beaux chapitres, Éducation de Jésus, Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus, Prédications du lac et apprenez le respect, l’amour et l’intelligence de ces choses religieuses auxquelles il n’est plus temps d’appliquer la raillerie et le sourire.

1277. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Probablement, à quelques endroits, les plus connaisseurs dirent : « C’est bien là Lebrun avec ses hardiesses et ses défauts. » L’erreur, même de la part de gens de goût, était excusable : l’ode entière était animée d’un beau feu. […] Il avait dû à la protection de Français de Nantes un de ces postes qui alors n’obligeaient à rien (ou à bien peu), et qui se donnaient à des gens de lettres distingués auxquels on voulait faire des loisirs.

1278. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

c’est bientôt dit, mais n’en fait pas qui veut, et peu de gens ont eu cet honneur de donner un vocable nouveau à la langue. […] pourtant il ne faudrait pas trop dire de mal des maniérés : ce sont des gens de beaucoup de talent et d’invention, qui ont eu le tort de venir lorsque tous les magnifiques lieux communs, fonds du bon sens humain, avaient été exploités par les maîtres d’une façon supérieure : ne voulant pas être copistes, ils ont tâché de renouveler la face de l’art par la grâce, la délicatesse, le trait les mille coquetteries du style ; le riche filon était épuisé, ils ont poursuivi la fibre dans ses ramifications les plus imperceptibles.

1279. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Ce sont les dernières instructions de M. le marquis de Louvois pour M. l’Intendant d’Alsace, et les gens du premier, venus de Fontainebleau, les ont transmises aux gens du second, venus de Brisach ou de Béfort. » On aurait dit d’une conjuration.

1280. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Rubichon, le plus rétrograde des économistes gens d’esprit. […] La raison qu’il en donne est que « Bourges est bien l’endroit le plus triste, le plus monotone et le plus ennuyeux du royaume », et que le roi, ne devant être suivi que des gens graves de sa Cour, se trouvera là en parfaite harmonie avec les lieux : dans ce séjour d’ennui choisi tout exprès, il pourra se livrer sans distraction et sans partage à l’œuvre immense de réparation qui pèse sur ses bras : « Milton, ajoute-t-il, si médiocre dans les écrits qu’il a faits pendant qu’il jouissait de la vue, devint sublime et fit son Paradis perdu, dès que, devenu aveugle, il ne fut plus distrait de ses inspirations et de ses méditations.

1281. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

La Fontaine Dans ces rapides essais, par lesquels nous tâchons de ramener l’attention de nos lecteurs et la nôtre à des souvenirs pacifiques de littérature et de poésie, nous ne nous sommes nullement imposé la loi, comme certaines gens peu charitables ou mal instruits voudraient le faire croire, de mettre en avant à toute force des idées soi-disant nouvelles, de contrarier sans relâche les opinions reçues, de réformer, de casser les jugements consacrés, d’exhumer coup sur coup des réputations et d’en démolir. […] Il attribue la décadence de l’ode en France à une cause qu’on n’imaginerait jamais : … l’ode, qui baisse un peu, Veut de la patience, et nos gens ont du feu.

1282. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

À chaque nouveau roman, je m’entoure de toute une bibliothèque sur la matière traitée, je fais causer toutes les personnes compétentes que je puis approcher, je voyage, je vais voir les horizons, les gens et les mœurs. […] Sans doute enfin, il y en a qui sont disposés à accorder au premier venu des titres illustres et qui se croient complaisamment les auteurs des inventions les plus merveilleuses ; ce sont des gens affectés de paralysie générale.

1283. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Il ne ressemble guère aux gens de lettres du xviiie siècle, si remuants, si désireux de s’étaler, d’occuper le monde de leurs personnes. […] Ces précieux, ces comédiens, ces gens de finance, auprès desquels Lesage nous introduit, ont existé chez nous.

1284. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Ce que l’on connaît des sermons inédits de Gerson montre, à côté d’obscurités impénétrables dans ce que Gerson adresse aux grands clercs, une langue nette, expressive, dans ce qu’il dit aux simples gens. […] Soit faict tout à vostre ordonnance et plaisir. » Gerson a raison d’ajouter « Dévoies gens, s’il y a icy cueurs piteulx, et qui seust oncques que c’est d’aymer, par especial de mere un filz, pan ce à ceste douleur de la doulce mere de Jésus30 ! 

1285. (1890) L’avenir de la science « V »

Les gens chez lesquels l’appétit de croire est très développé peuvent se donner le plaisir d’avaler tout cela. […] Il faut se défier des gens qui ne peuvent être compris que d’un comité.

1286. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

On n’oublierait pas, à côté des gens de talent sortis du peuple, ceux qui y sont restés, qui, tout en ayant un génie et un don, n’ont pas cessé de pratiquer un métier. […] Un jour, dans une traversée à bord d’un vaisseau, un Grec, homme du peuple, écoutait depuis longtemps des gens instruits, des sages, causer des choses de l’esprit : tout à coup il se précipita dans la mer.

1287. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

La Société des bibliophiles, fondée en 1820 par MM. de Châteaugiron, de Pixerécourt, Walckenaer, et autres gens de lettres ou amateurs distingués, est une institution essentiellement aristocratique, qui suppose de l’argent, du loisir, le goût des belles choses, des choses rares, de ces curieuses inutilités qui tiennent ou qui mènent aux études sérieuses. […] Chacun demeura stupéfait ; jusqu’aux gens des bâtiments et aux jardiniers demeurèrent immobiles.

1288. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

La Harpe, au reste, paya cher cette courte faveur ; il se brouilla avec Mme de Genlis, qui le mit, sous le nom de Damoville, dans un conte satirique où elle s’attaquait à tous les littérateurs philosophes du temps, et où elle se vengeait de l’Académie qui n’avait pas couronné l’un de ses ouvrages : c’était assez son habitude de traduire ainsi les gens dans ses livres quand elle se brouillait avec eux. […] D’une grâce infinie quand elle goûtait les gens, elle allait jusqu’à être dure quand elle n’aimait pas.

1289. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Son Histoire des Girondins avait choqué bien des gens de l’ancienne connaissance de M. de Lamartine, comme une défection et comme une séduction encourageante et funeste. […] Il détaille à l’excès la personne et le physique des gens ; il va jusqu’à poursuivre les moindres reflets aux angles des yeux et au front : on n’a jamais vu tant de choses dans un visage.

1290. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Bien des gens se souciaient médiocrement de l’Église quand ils ne la voyaient que comme un obstacle qui les gênait dans leurs idées de progrès et d’élargissement de la voie publique ; mais, le jour où la société a été en danger d’être envahie, on s’est aperçu que l’Église faisait partie des fortifications et des remparts de la place, et c’est alors que bien des indifférents qui, la veille encore, auraient voulu la diminuer, sinon la détruire, ont compris l’importance de la défendre. […] Quoi qu’en aient dit des gens mal informés, qui la peignent telle qu’elle a pu être aux Carmélites et à Port-Royal, elle possédait, je ne puis en douter en regardant les portraits authentiques qui sont sous mes yeux, ce genre d’attraits qu’on prisait si fort au xviie  siècle, et qui, avec de belles mains, avait fait la réputation un peu usurpée d’Anne d’Autriche.

1291. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

« Je ne rencontre, disait-il, que des gens qui veulent me ramener à des opinions que je professe, ou qui prétendent partager avec moi des opinions que je n’ai pas. » … « Je plais, a-t-il dit encore, à beaucoup de gens d’opinions opposées, non parce qu’ils m’entendent, mais parce qu’ils trouvent dans mon ouvrage, en ne le considérant que d’un seul côté, des arguments favorables à leur passion du moment. » L’entreprise originale de M. de Tocqueville a donc été de considérer la démocratie comme un objet, non de démonstration, mais d’observation, et si l’on veut repasser dans son souvenir les noms des plus grands publicistes modernes, on verra qu’il n’y en a pas un qui ait eu cette idée et qui ait accompli ce dessein.

1292. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Du jour, où déjà, bon lecteur, nous nous avisons de comparer les personnages d’une fiction, non aux gens connus de nous, mais à nous-mêmes, nous prenons cette habitude, et nous nous lisons comme un livre, du moins comme un manuscrit difficile, avec attention et application, et quand nous revenons aux livres, nous avons acquis une aptitude plus grande à les comprendre et à les juger, ce qui, du reste, est la même chose. […] Ils avaient été inventés pour qu’on eût du plaisir à lire Virgile, pour qu’on ne le lût pas comme de l’Aulu-Gelle et par des gens qui savaient qu’ils goûtaient Mozart parce qu’ils avaient joué du violon, et Virgile parce qu’ils avaient fait des vers latins.

1293. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Ils éliminent les faux amis de la littérature, ceux qui ne liraient que s’il n’y avait pas d’autre distraction, ni d’autre passe-temps, gens par conséquent de très peu de goût, n’ayant pas la vocation et qui alimenteraient autant la basse littérature que la bonne et plutôt celle-là que celle-ci ; et ils laissent intacte la troupe de ceux qui sont véritablement nés pour lire. […] Il n’a pas dit que la timidité fût un obstacle à lire un livre, il a dit qu’elle en est un à l’approuver : « Bien des gens vont jusqu’à sentir le mérite d’un manuscrit qu’on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur jusqu’à ce qu’ils aient vu le cours qu’il aura dans le monde par l’impression, ou quel sera son sort parmi les habiles ; ils ne hasardent point leurs suffrages, et ils veulent être portés par la foule et entraînés par la multitude.

1294. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Pour les autres, c’est-à-dire pour ces gens d’imagination moyenne qui est l’imagination publique, il ne faut ni de trop grands titres, ni de trop grands sujets. […] En ce genre, ils firent des chefs-d’œuvre ; boule épineuse de l’oursin, conque tout à la fois ouverte et fermée de l’haliotide, enfin l’armure du crustacé à pièces articulées, perfection de la défense et terriblement offensive… Ce n’était pas tout, pourtant, — continue Michelet. — Qu’il vienne un être de libre audace qui méprise tous ces gens comme infirmes ou tardigrades, qui considère l’enveloppe comme chose subordonnée et concentre la force en soi » ; et ce malin-là, ce sera le poisson !!

1295. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Vous allez voir : Les dessins variaient : tours, Bêtes, gens, lac, panoplie. […] Il oppose la tranquillité du petit rentier à l’inquiétude des rois et des princes (le Sultan) ; il établit un parallèle entre la grande route, où marchent les ambitieux, et le petit sentier, ou cheminent les gens paisibles. […] Tandis que les gens du Nord faisaient leur sabbat, les gens du Midi dormaient… Ô sainte puissance de l’illusion ! […] Coppée, dès ses premières années, coudoya la misère des petites gens qui ont la pudeur de leur détresse, et cachent sous un pâle sourire les blessures d’amour-propre, les embarras d’argent, l’angoisse du terme à payer et des créanciers à satisfaire. […] Dans sa rudesse, il s’estimait si supérieur à ces gens-là, que leurs sourires lui importaient peu.

1296. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Un rayon de soleil emporte toutes choses et toutes gens dans le domaine de la rêverie et des contemplations. […] quel est donc le critique qui souffre d’égorger les gens ? […] Les gens célèbres sont écrasés de lettres indiscrètes. […] L’impartialité est éminemment sainte pour les bons esprits, et les gens qu’elle peut corrompre n’existent pas. […] Mon but était de gagner le nécessaire et de me perdre vite dans la foule des gens qu’on oublie.

1297. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Si l’on parle d’Anacréon, même aux gens les moins lettrés, tout le monde le connaît : c’est un vieillard à barbe longue et blanche, qui passe sa vie sous des platanes, la tête couronnée de roses, la coupe en main, et au milieu de jeunes esclaves d’Ionie.

1298. (1874) Premiers lundis. Tome I « Fenimore Cooper : Le Corsaire Rouge »

Nous voudrions encore, dussions-nous sembler bien exigeant, que le tailleur Homespun parlât un peu moins de ses cinq longues et sanglantes guerres, et que l’excellent Richard Fid farcît un peu moins sa conversation d’expressions nautiques ; l’auteur, en voulant être vrai, a renchéri sur la nature : les marins, les tailleurs et les gens de métier parlent aussi comme les autres hommes.

1299. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Je demanderais la même faveur — et aussi le droit d’être en velours — pour le veston, cher aux poètes et aux « artistes », et qui peut être charmant : les gens du temps de Louis XIII le savaient bien.

1300. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

les Turcs sont des gens très honnêtes.

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