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1138. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Ginguené, et plus d’une fois il m’a fait passer d’heureux moments, lorsqu’il consentait, avec une petite société choisie, à accepter un souper dans ma famille. […] Une famille de Renés poètes et de Renés prosateurs a pullulé ; on n’a plus entendu que des phrases lamentables et décousues… » Évidemment René ne voulait pas avoir d’enfants, et, s’il avait pu, il aurait voulu (en littérature) ne pas avoir de père.

1139. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Le marquis de Vauvenargues, né en 1715 et mort en 1747, issu d’une noble famille de Provence, entra de bonne heure au service et devint capitaine dans le régiment du Roi. […] il est plus sûrement de leur famille par l’instinct et le naturel, que l’abbé Barthélemy par l’esprit et l’érudition.

1140. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Il n’est question que de sénateurs, de familles patriciennes, de pourpre, d’images des ancêtres ; la superstition romaine est complète ; c’est du latin de Cicéron ou de Tite-Live, réduit et assorti aux mœurs et aux prétentions parlementaires. […] Cette biographie, destinée d’abord au seul cercle de la famille, a conservé le caractère d’une douce et sainte solennité domestique.

1141. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Mais, dans une note qu’il ajouta à la lettre de son ami, La Harpe, l’un des rédacteurs du Mercure, le prit de plus haut : S’il s’est tu jusqu’à présent, disait-il, c’est par mépris : Mais aujourd’hui que l’on voudrait infirmer l’hommage que je rends à la liberté, et faire croire que ma haine pour l’aristocratie n’est que le sentiment de jalousie que l’on suppose aux conditions inférieures, je suis obligé de déclarer qu’en effet le hasard m’a fait un assez bon gentilhomme, d’une famille originaire de Savoie et établie dans le pays de Vaud, remontant en ligne directe jusqu’à l’année 1389, où l’un de mes ancêtres était gentilhomme de la chambre de Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie. Et il continue de s’étendre sur sa noblesse ; il parle de ses nobles cousins de Suisse dont l’un l’a visité autrefois à Ferneyd, et dont l’autre était venu à Paris, il y avait quelques années, pour entrer au service de France : Sur ma recommandation, dit La Harpe, M. le comte d’Affry (commandant des troupes suisses) eut la bonté de le recevoir sur le champ parmi les cadets gentilshommes de l’un de ses régiments, et ce respectable vieillard, qui connaissait ma famille, n’exigea pas de mon jeune parent d’autre preuve que d’être reconnu par moi pour m’appartenir.

1142. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

La reine d’Espagne, forcée de quitter Madrid dans l’été de 1706 aux approches de l’ennemi, avait dû se séparer du gros des dames de sa suite : trois cents étaient restées à Madrid sans se soucier de l’accompagner, bien que plusieurs, avec un peu de bonne volonté, l’eussent pu faire ; et elles étaient bientôt sorties du palais pour s’en aller, les unes dans leurs familles, les autres dans des couvents, enfin partout où elles avaient quelque inclination ou quelque intérêt. […] Et en même temps Mlle Anne-Marie de La Trémoille, par sa mère, était presque bourgeoise, une bourgeoise de Paris ; sa mère, Aubry de son nom, appartenait à une ancienne famille de robe et de finances.

1143. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Les scènes mélodramatiques de la fin et les airs de mélancolie, répandus çà et là dans l’ouvrage, sont la marque du temps ; ce qui est bien déjà à Mme Gay, c’est le style net, courant et généralement pur, quelques remarques fines du premier volume ; par exemple, lorsque Laure dit qu’en se retirant du monde pour vivre à la campagne, partagée entre les familles des deux châteaux voisins, elle avait cru se soustraire aux soins, aux tracas, aux passions, et qu’elle ajoute : « Eh bien ! […] Sous le règne de Louis-Philippe, malgré le caractère si moral de la famille régnante, le dirai-je ?

1144. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Cet aimable saint, né le 21 août 1567, au château de Sales, à quatre lieues d’Annecy, d’une noble famille, et l’aîné de tous ses frères et sœurs, fut voué par sa pieuse mère à Dieu, et destiné par son père à la carrière sénatoriale. […] Faisant la part des différences du siècle et du goût, j’ai cherché à aller au-delà, et à me bien définir la différence d’esprit des deux méthodes, et la double famille des deux âmes.

1145. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Le Poussin s’est servi de quelques-unes de ces compositions pour embellir plusieurs de ses tableaux, entr’autres celui qui represente l’arrivée de la sainte famille en égypte. […] L’auteur spirituel de qui j’emprunte cette histoire, vante encore principalement la composition poëtique d’un tableau de Zeuxis, représentant la famille d’un centaure.

1146. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Les uns auraient attaqué la propriété, la religion, la famille ; les autres auraient ridiculisé le mariage et préconisé l’union libre ; d’autres eussent vanté les bienfaits du cosmopolitisme et de l’association universelle. […] Il croit, me dit-on, que la destruction des nationalités n’amènera pas immédiatement l’unité de la famille humaine ; d’après lui les hommes se grouperont d’abord par races et le Romanisme qui représente l’esprit des peuples latins serait une étape dans l’évolution sociale.

1147. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Ainsi, par la réunion des familles en une cité, ou des provinces en un royaume, l’individu se trouve appartenir, non plus seulement à sa famille, ou à sa province, mais encore à la cité ou au royaume.

1148. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

Il était né en Champagne, dans une famille qui ajoutait à la sévérité des anciennes mœurs provinciales la rigidité du christianisme primitif. […] Poussé par Berkeley, puis par Hume, il arriva sur le bord du doute, il vit s’y engloutir l’esprit et la matière ; mais quand il vit sa famille précipitée avec le reste, il n’y tint plus : il cria aux philosophes qu’il voulait la garder ; il ne voulut point admettre qu’elle fût une collection d’impressions ou d’apparences ; plutôt que de la révoquer en doute, il se mit à les réfuter tous.

1149. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Mais ce qui a consacré sa réputation dans l’Europe, c’est sa bonté, c’est cette vertu qui ne permit jamais à la haine d’entrer dans son cœur, qui fit que, sans politique et sans effort, il pardonna toujours, et se serait cru malheureux de punir ; qui, avec ses amis, lui donnait la familiarité la plus douce, envers ses peuples la bienveillance la plus tendre, avec sa noblesse la plus touchante égalité ; ce sentiment si précieux qui quelquefois, dans des moments d’amertume et de malheur, lui faisait verser les larmes d’un grand homme au sein de l’amitié ; ce sentiment qui aimait à voir la cabane d’un paysan, à partager son pain, à sourire à une famille rustique qui l’entourait, ne craignit jamais que les larmes et le désespoir secret de la misère, vinssent lui reprocher des malheurs ou des fautes : voilà ce qui lui a concilié les cœurs de tous les peuples, voilà ce qui le fait bénir à Londres comme à Paris. […] On sait que les pères de famille l’invoquaient ; et les tyrans même prenant le surnom d’Antonin pour en imposer, se couvraient de ce nom sacré, comme, dans les pays et dans les temps d’asiles, les assassins couraient se mettre à l’abri sous les statues des dieux.

1150. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

Cette honorable famille d’esprits a pour chefs des moralistes immortels, et qui rendent après eux le travail difficile si l’on veut être neuf en même temps que rester judicieux.

1151. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

. — Pour les jugements littéraires j’ai pensé dès longtemps qu’on ne les aurait tout à fait libres et indépendants sur les hommes de France, qu’en étant à la frontière, à Genève, à Bruxelles, — à Liége. » C'était aussi l’opinion de Voltaire et, avant lui, comme on va le voir, celle d’un esprit de la même famille, Bayle, l’illustre réfugié protestant du xviie siècle, avec lequel Sainte-Beuve avait tant d’affinité3.

1152. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

Quant à son avenir et à ses peintures idylliques6 de bonheur champêtre, de pureté virginale, de mariage inviolable (car il soutient le mariage), de propriété partagée à tous et toutefois respectée (car il a l’air de vouloir la propriété contre les phalanstériens, comme il veut la famille), on ne sait à quoi cela aboutirait.

1153. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Le détail de cette jeunesse et de cette famille est enchanté.

1154. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « SUR ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 497-504

Et puis, comme l’art a mille faces possibles, et qu’aucune n’est à supprimer quand elle correspond à la nature, il y aura toujours lieu à des talents et à des œuvres qui exprimeront des sentiments plus isolés, plus à part des questions flagrantes, et s’inquiéteront, en les exprimant, de la beauté calme et juste, de la perfection de la pensée et de l’excellence étudiée du langage : ce seront ceux de la même famille qu’André.

1155. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Il n’en a pas été ainsi de Scott, qui, pour être de la même famille, ne possédait d’ailleurs ni leur vigueur de combinaison, ni leur portée philosophique, ni leur génie de style.

1156. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé  Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile  Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social  Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue  Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion  À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.

1157. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

« J’appartiens, du reste, à une famille qui, depuis quelque temps, montre de merveilleux talents pour perdre les trônes et une singulière inaptitude à les reconquérir.

1158. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

sont toute une famille de Centaures, père, mère, fils et fille.

1159. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

Aussi, quand les amis de la famille lui font compliment de la précocité de ses talents littéraires, répond-il d’un air modeste : « Bah, chacun sa partie ! 

1160. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Il n’y a pas en France dix familles qui puissent fournir la preuve d’une origine franque, et encore une telle preuve serait-elle essentiellement défectueuse, par suite de mille croisements inconnus qui peuvent déranger tous les systèmes des généalogistes.

1161. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Ensuite l’estime de M. de Coulanges pour madame Scarron était générale et ancienne dans la famille.

1162. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

On prétend que sa famille tenoit à celle du cardinal de Richelieu.

1163. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Pope naquit à Londres en 1688 : il étoit d’une ancienne famille noble de la comté d’Oxford.

1164. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Avertissement » pp. -

Racine dans son Andromaque, a voulu faire « autre chose » que Corneille dans son Pertharite ; et Diderot, dans son Père de famille, a voulu faire « autre chose » que Molière dans son Tartuffe.

1165. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre quatrième. »

Ce vers de sept syllabes entre deux vers de huit syllabes donne du mouvement au tableau, et exprime le sens-dessus dessous avec lequel la petite famille déménage.

1166. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Henri Estienne et sa famille y occupent la place qui leur est due, et Didot a même poussé le soin du biographe jusqu’à joindre à la notice consacrée à ces célèbres imprimeurs un curieux tableau généalogique de leur race, originaire de Provence, lequel tableau s’ouvre, en 1270, à Pierre Estienne, premier du nom, seigneur de Lambesc, et se ferme, en 1806, à Paul II Étienne, directeur des presses mécaniques chez l’auteur de récrit que nous annonçons.

1167. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Léon Cladel »

Il se rattache à la grande famille sédentaire des Burns et des Walter Scott, qui n’eurent pas besoin de s’en aller loin de leur pays chercher des inspirations pour en avoir… « Mes paysans », dit-il.

1168. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Peu à peu il devint l’organisateur et le principal virtuose d’un concert de famille que les princesses donnaient chaque semaine, auquel assistaient d’ordinaire le roi, le dauphin la reine Marie Leczinska, et où n’étaient admis qu’un très petit nombre d’intimes. […] On se garde bien de rassembler une sotte famille qu’on ne connaît point. […] Gœthe, lorsqu’il écrivait son poème, était évidemment dans une tout autre disposition d’esprit que l’auteur de Pernette, le chantre de Jocelyn et les autres poètes pieux de la même famille. […] S’il s’agit du style seulement, le style de La Rochefoucauld, « juste et court », comme le définit Mme de Sévigné, est bien de la même famille que celui de César. […] L’éloignement, le vague, grandit en général les choses et les hommes ; à être vus de près, la plupart sont diminués ; une pieuse et respectable affection de famille pouvait seule se faire illusion sur ce point.

1169. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Il est impossible de mieux ressembler à un très vieux et très vénérable portrait de famille. […] Pour Chimène il n’y a plus de famille ; pour le Cid il n’y a plus de patrie. […] Maubant est toujours le plus respectable des portraits de famille. […] Il y a un fleuve de sang entre eux deux, et vous voulez qu’elle flirte avec le bourreau de sa famille ? […] La vieille marquise de Villemer est bien de la même famille d’âmes exquises.

1170. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Ils étaient beaucoup lus : un livre était toute la bibliothèque d’une famille, d’un château. […] Il n’avait pas beaucoup mieux traité sa propre famille. […] Il y a beaucoup de familles qui trouveraient leurs plus glorieux ancêtres dans les troubadours de ce temps-là. Il y a une famille entre autres, dont je ne veux pas prononcer le nom, famille profondément dévouée à la monarchie, qui a bien produit le troubadour le plus turbulent, le plus hardi, le plus factieux que l’on ait vu dans le douzième siècle. […] au milieu du treizième siècle, la faveur de cette famille, amie des lettres, était toute pour la Provence.

1171. (1925) Comment on devient écrivain

Sa famille, chose rare, le destinait à la poésie ; il passa pour un grand poète pendant les vingt années qu’il mit à composer la Pucelle. […] On a doublé les personnages, on a mis des enfants, une famille, le Robinson suisse, le Robinson de douze ans, etc. […] J’ai connu une jeune femme très intelligente, qui, habitant un village avec sa famille, a écrit au jour le jour tout ce qui se passait dans ce bourg perdu où il ne se passait rien. […] Une famille vivant heureuse dans un lointain pays, tant qu’elle demeure hors des atteintes de la civilisation. Le bonheur de cette famille est détruit le jour où on cède à la tentation d’envoyer Virginie faire fortune en France.

1172. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Sa famille. —  Son éducation. —  Ses études. —  Ses lectures. —  Ses habitudes. —  Sa situation. —  Son caractère. —  Son public. —  Ses amitiés. —  Ses querelles. —  Concordance de sa vie et de son talent. […] Il naquit vers 1631, d’une bonne famille : son grand-père et son oncle étaient barons ; sir Gilbert Pickering, son parent, fut chevalier, député, membre sous Cromwell du conseil des vingt et un, l’un des grands officiers de la nouvelle cour. […] Vous voyez ici les habitudes régulières d’une famille honorable et aisée, la discipline d’une éducation suivie et solide, le goût des études classiques et complètes. […] Il passe régulièrement sa matinée à écrire ou à lire, puis dîne en famille. […] Il se convertit loyalement et après réflexion à la religion catholique, y persévéra après la chute de Jacques II, perdit sa place d’historiographe et de poëte lauréat, et, quoique pauvre, chargé de famille et infirme, refusa de dédier son Virgile au roi Guillaume. « La dissimulation, écrit-il à ses fils, quoique permise en quelques cas, n’est pas mon talent.

1173. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  Sa famille. —  Son caractère passionné. —  Ses amours précoces. —  Sa vie excessive. —  Son caractère militant. —  Sa révolte contre l’opinion. —  English Bards and Scottish Reviewers. […] Cette promptitude aux émotions extrêmes était chez lui un legs de famille et un effet d’éducation. […] Son père, viveur et brutal, avait enlevé la femme de lord Carmarthen, ruiné et maltraité miss Gordon, sa seconde femme, et, après avoir vécu comme un fou et comme un malhonnête homme, était allé, emportant le dernier argent de sa famille, mourir sur le continent. […] Ayant appris qu’il avait sa raison, elle le quitta, revint dans sa famille, et refusa de jamais le revoir. […] Des deux familles divines, la grecque et la chrétienne, aucune ne paraissait capable de rentrer dans le monde épique.

1174. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Ce que nous retiendrons, c’est que Racine appartient à une famille dont beaucoup de membres, avant et après lui, furent des personnes très passionnées et chez qui le sentiment religieux était très profond. […] Port-Royal est, littéralement, la famille du petit Racine. […] Il y a un fleuve de sang entre eux deux : et vous voulez qu’elle « flirte » avec le bourreau de sa famille ? […] Dans la famille où Subligny nous transporte, Andromaque est le sujet de toutes les conversations ; on en parle au salon, dans l’antichambre, à la cuisine, jusque dans l’écurie. […] Et enfin, quelle perspective cela nous ouvre sur cette extraordinaire famille des Césars, sur cette famille de déments de la toute-puissance !

1175. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Même, je désirais de tout mon cœur être ému ou diverti par une Famille au temps de Luther. […] Il est plus désintéressé que Paolo ; il ne limite pas l’effort de son zèle au cercle étroit de la famille. […] Legouvé aime le plus au monde (après la famille) : le théâtre et les comédiens. […] Ce sera donc le notaire de la famille qui aura payé le laquais Victor. […] Vous la loi ; toi la famille.

1176. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Il n’appartient pas à la famille des lyriques poitrinaires. […] Cynique et mystique, Paul Verlaine est de ceux-là dont le royaume n’est pas de ce monde ; il appartient à la grande famille des amants de la pauvreté. […] Étienne Charavay il y a une dizaine d’années, on se fera une idée plus nette de cette liaison qu’à vingt ans un fils de famille noua, au hasard d’un voyage, avec la fille d’un pêcheur napolitain. […] Il vit que cet épicurien aimait surtout ses enfants et ses livres, et il donna son témoignage : « Monselet, dit-il, travailla beaucoup, et travailla surtout pour sa famille. […] Tous ces Montesquiou paraissent dans notre histoire politique et parlementaire avec une bonne grâce, avec une fine intelligence qui est leur air de famille.

1177. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

Bonne noblesse, au bout du compte, et que la famille vantait mieux encore. […] Toute sa famille qu’il a vue, la Révolution l’a tourmentée. […] Je tiens à ce qu’on laisse à nos vieux mots leurs lettres inutiles, qui sont des reliques de famille. […] Il a quitté le repas de famille. […] Mon enfant, la famille est une grande chose fermée ; vous ne serez jamais qu’un bâtard ! 

1178. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Le président de Mesmes, de cette famille de Mécènes qui avait nourri Passerat et qui devait adopter Voiture, le prit pour son bibliothécaire. […] Devenu l’un des domestiques, comme on disait, du cardinal de Bagni, adopté dans la famille, il se consacra tout entier à ses devoirs envers le noble patron, à l’agrément libéral et studieux de cette société romaine qui savait l’apprécier à sa valeur. […] Il dressait en même temps pour leur père, le marquis de Montebello, une généalogie et une histoire de cette famille des Guidi-Bagni. […] Il y avait dès lors un Dom Robert Quatremaire (notait-il pas de la famille de M. 

1179. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Il rêve l’empire d’Occident ; il couronne son second frère Louis roi de Hollande ; son beau-frère Murat reçoit le duché de Berg ; des principautés sont données à tous les princes et à toutes les princesses de sa famille ; ses généraux reçoivent des titres, des dotations, des souverainetés ; il partage les dépouilles d’Austerlitz entre sa cour ; il rétrécit ou il élargit à son gré les États des princes allemands ; il crée la Confédération du Rhin, dont il se déclare le chef : grande pensée qui lui crée un parti français en Allemagne, et qui mine l’Autriche par les mains de ses propres feudataires. […] Il lui faut des trônes pour toutes les ambitions de sa famille ; il veut que tout le midi du continent appartienne à une seule dynastie composée d’une confédération de couronnes : le monde bourbonien doit devenir le monde napoléonien. […] Thiers raconte ce divorce, jette l’intérêt d’un drame de famille au milieu du drame militaire qui embrase l’Europe. […] Ce même homme, deux années auparavant revenu d’Autriche, ayant réfléchi un instant à la leçon d’Essling, avait songé à rendre la paix au monde et à son empire, à donner à son trône la stabilité de l’hérédité, à son caractère l’apparence des goûts de famille, et dans cette pensée avait contracté un mariage avec l’Autriche, la cour la plus vieille, la plus constante dans ses desseins.

1180. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

II Benvenuto Cellini, d’une famille bourgeoise et artiste de la Toscane, naquit en 1500. […] Il plut à Dieu de le rendre amoureux d’Élisabeth, l’une d’elles, qui lui fut accordée, à cause de l’amitié qui régnait entre les deux familles. […] Quand je fus guéri, j’allai travailler chez mon ancien maître, l’orfèvre Marcone ; il me donnait assez à gagner, et j’aidais toute ma famille. […] VIII Cependant sa renommée de bravoure le fait rechercher par la grande famille des Colonna, amie des Médicis, à l’époque où le connétable de Bourbon vient assiéger Rome.

1181. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Il ne la cherchait pas et ne flattait personne, mais le peuple l’aimait parce qu’il sentait que son cœur lui était dévoué. » Goethe parla alors des autres membres de la famille grand-ducale, disant que chez tous brillaient de nobles traits de caractère. […] Il avait lu les Mémoires du général Rapp, ce qui amena la conversation sur Napoléon et sur les sentiments que Mme Laetitia a dû éprouver en se voyant la mère de tant de héros et d’une si puissante famille. […] Elle a continué dans la chambre à nourrir sa famille, et, rendue à la liberté, elle est revenue d’elle-même avec ses petits. […] En un mot, nous étions tous très contents les uns des autres, et je passai avec cette famille de si heureux jours, que leur souvenir est toujours resté pour moi extrêmement agréable.

1182. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Il projette sur le même écran plusieurs portraits distincts, comme ceux des frères et des sœurs d’une famille, au moyen de lanternes magiques disposées de telle sorte que les images se superposent exactement. On pourrait croire qu’on aura ainsi un dessin grossier et confus ; au contraire, les traits communs, les traits de famille, se renforcent si bien que les autres disparaissent, et l’image obtenue est très nette : c’est le type de la famille. […] Les idées générales, comme celles de famille, de patrie, d’humanité, sont, elles aussi, des idées-forces, et cela de deux manières : 1° par leur pouvoir d’éveiller une multitude d’images, ce qui fait qu’elles renferment en elles-mêmes une condition de changement et de mouvement intellectuel ; 2° par les appétitions et tendances motrices qui accompagnent les images renaissantes et qui font que le mouvement intellectuel tend à s’achever en mouvement volontaire, avec mouvement physique corrélatif106.

1183. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il y a dans la ville, la grande et la petite robe ; il y a les magistrats-petits-maîtres ; il y a les Crispins qui se cotisent, et recueillent dans leur famille jusqu’à six chevaux pour allonger un équipage. […] cinquante ans plus tard, dans ce même palais de Versailles qui était la citadelle imprenable de cette royauté d’Asie, le peuple arrivait qui s’emparait du roi et de la reine de France, et qui les emportait eux, leur famille, et la couronne de tant de rois, pour tout briser sur un échafaud sanglant et sous la hache des bourreaux ! […] Autrefois était riche celui qui mangeait des entremets, qui faisait peindre alcôves et lambris, qui jouissait d’un palais à la ville et d’un palais à la campagne, et qui finissait par mettre un duc dans sa famille. […] Bertin l’aîné est mort entouré des sympathies, de la reconnaissance et des respects de cette grande famille d’esprits dont il avait été l’appui, l’exemple et le conseil. « Il ne faut pas pleurer sur moi, nous disait l’admirable vieillard, le jour même de sa mort, j’ai vécu heureux, je meurs content, et c’est sur vous que je pleure. » La durée en pleine action, en pleine intelligence, en plein exercice des facultés de l’âme et des puissances du cœur, est un signe, un présage, une promesse, une espérance d’immortalité !

1184. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Dans tous les cas, il a passé le but, il a été déclamateur ; et, en faisant montre de ses défauts à son tour, il nous a seulement prouvé combien la famille d’esprits à laquelle il appartient est en tout l’opposé de celle de Gibbon. […] Une autre lettre écrite quelques jours après, et dans un sentiment croissant d’anxiété pour cette famille désolée, se termine en ces mots : « Adieu.

1185. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

N’acceptons que la meilleure part de l’éloge ; et puisqu’il faut qu’aujourd’hui encore nous en soyons, avant de l’oser louer, à devoir excuser en elle ce savoir et à présenter les circonstances atténuantes, qu’on veuille songer que Mme Dacier, Mlle Anne Le Fèvre, fille d’un savant et d’un érudit, ne faisait, en s’adonnant, comme elle fit, à l’Antiquité, qu’obéir à l’esprit de famille et céder à une sorte d’hérédité domestique. Il faut lui passer d’être érudite comme à la fille de Pythagore d’avoir été philosophe, comme à la fille de l’orateur Hortensius d’avoir été éloquente, comme à la fille du grand jurisconsulte Accurse d’avoir excellé dans le droit ; de telles vocations filiales n’apportent point de trouble dans les mœurs de famille ; elles ne font, dans l’exception, que les continuer et les confirmer.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

À une séance de l’Académie française à laquelle il assistait, Marmontel, qui remettait le prix de vertu à la libératrice de Latude, dit, en se tournant vers la tribune où était placé le comte d’Oëls (le prince Henri) : « C’est en présence de la vertu couronnée de gloire que l’Académie a la satisfaction de remettre ce prix à la femme obscure… » On traitait presque le prince Henri comme Henri IV, comme quelqu’un de la famille. […] J’ai terminé ce chapitre, qui aurait pu s’intituler Frédéric le Grand et le prince Henri : il m’en reste un dernier à écrire, à extraire d’une autre portion, également intéressante, de cette correspondance de famille ; il aura pour titre : Frédéric le Grand et sa sœur la margrave de Baireuth, et pour ce qui est des sentiments moraux, il sera plus consolant.

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