Nous connaissions, par expérience, la supériorité de ces historiens donnés par la nature.
Cet humouristique souvent très-suave, quoique meurtri par l’expérience, n’a rien d’enfant, ni de candide, ni d’affligé à la manière des élégiaques.
Mais, pour cela, il faut tout autre chose que du génie… Il faut cette science, cette connaissance, cette expérience, qu’on appellera du nom qu’on voudra, mais, que vulgairement on nomme : du métier.
Il y a toujours de la supériorité forcée dans les livres que nous écrivons ; car avec quoi écririons-nous nos livres, si ce n’était avec les expériences de notre vie et les sentiments de nos cœurs ?
il y a toujours de la supériorité forcée dans les livres que nous écrivons, car avec quoi écririons-nous nos livres, si ce n’était avec les expériences de notre vie et les sentiments de nos cœurs ?
— Seule l’expérience, méthodiquement consultée, donnerait ici une réponse indiscutable : en nous faisant connaître les effets différents des différentes formes d’institutions, elle seule nous permettrait de distinguer celle qui produit bien les résultats demandés par l’idéal défini.
L’une a l’empreinte de la fierté, et semble l’ouvrage d’un instinct sublime ; l’autre dans son élévation même, paraît le fruit d’un art perfectionné par l’expérience et par l’étude.
On écartait les problèmes dont la solution n’est pas contenue dans les données de l’expérience. […] Huysmans déclare, après expérience, que plusieurs l’ont aplati. […] Lui pourtant promène sa curiosité à travers toute sorte d’expériences ; de ces expériences chacune est pour lui une déchéance. […] D’une première expérience douloureuse elles sont restées à jamais frémissantes et révoltées. […] Mais ceux qui l’entouraient, gens d’expérience, l’ont retenu.
L’expérience est faite aujourd’hui. […] la belle expérience ! […] Comment n’a-t-il pas compris que le théâtre n’est encore pour moi qu’un champ de manœuvres et d’expériences ? […] C’est là une expérience dont le résultat m’a enchanté, parce que j’y ai vu une confirmation de toutes les idées que je défends. […] Il faut toujours se reporter à l’expérience, à ce qui se passe sous nos yeux.
L’expérience avait donné d’éclatants démentis à toutes les théories de l’âge précédent. […] c’est le roi qui avait fait la plus triste et la plus éclatante expérience de cette vérité14, qui l’a exprimée pour l’instruction de l’avenir. […] Royer-Collard, car la modération n’est que la forme affectueuse de l’expérience. […] Le front de l’humanité sur lequel les joies de l’orgie du dix-huitième siècle avaient passé, était redevenu sérieux ; quarante années d’expérience lui avaient donné la maturité du malheur. […] Il y a plus d’ombre et moins de lumières dans ses vers ; ils ont quelque chose de grave et de triste comme l’expérience qui pleure les illusions perdues, mais sans pouvoir les retrouver.
Dans ce milieu « bourgeois et distingué » que fréquentait l’auteur, s’il avait été, par là même, préservé de bien des contacts, il avait été privé de plus d’un sujet d’observation et de bien des occasions d’expérience. […] Et, après l’expérience de la vie, ce qui lui manquait encore, la pratique du théâtre le lui donna. […] Heureusement différent en cela de tant d’autres, il est de ceux qui se laissent instruire par l’expérience de la vie, dont le siège n’est jamais fait, qui le refont et qui le recommencent toujours. […] Renan n’y croit plus, d’abord « parce qu’on n’a jamais observé qu’un Être supérieur s’occupât des choses de la nature », ce qui n’est pas d’ailleurs un bien fort argument, — notre expérience est si courte ! […] Renan nous dit que « l’idée exagérée de la Providence particulière, base du judaïsme et de l’islam, … a été vaincue par la philosophie moderne, fruit non de spéculations abstraites, mais d’une constante expérience ».
Quand je dis, idées personnelles, j’entends ce que j’ai pensé après d’autres, ce que la pensée des autres, de beaucoup d’autres, vers lesquels m’inclinaient le respect dû et mon goût propre, est devenue en moi à l’épreuve de l’expérience. […] Elles ont ceci de rassurant qu’elles coïncident avec les leçons de l’expérience, avec la sagesse des siècles et ce que l’on appelle tout simplement le sens commun. […] III Mais ne limitons pas le champ d’expérience qui s’ouvre aux jeunes dramaturges. […] Je m’abuse peut-être, mais si utopie il y a, elle est fondée sur des principes-sains et fermes, entièrement conformes à l’axiome de Copeau que vous me permettrez de vous remettre en mémoire : « Il n’y aura de théâtre nouveau que le jour où l’homme de la salle pourra murmurer les paroles de l’homme de la scène en même temps que lui et du même cœur que lui. » En le posant, après une longue expérience, Copeau reconnaissait d’une façon formelle qu’il ne suffit pas pour s’entendre, d’auteur à spectateur, de partager la même conception de l’art. […] Elle touchera, tôt ou tard, au but J’ai essayé, vous le savez, de la servir sur le plan catholique — sans renoncer pourtant à pousser mes expériences, de temps à autre, sur un plan non confessionnel, dans la féerie et dans la comédie3.
Ce budget normal bien connu lui servait ensuite à comprendre les expériences financières de Robert Lindet et de Cambon. […] Comme ces hommes de révolution, ces généraux et ces gouvernants improvisés, dont il a si bien senti et rendu la nature, il se forme en avançant, selon les nécessités du sujet, il supplée aux routines par une rapide expérience. […] Dans ce qu’il nous a été donné de lire, il n’est pas un point qui ne porte sur un fait, sur une notion précise ; quelques réflexions sobres, quelques maximes d’expérience et de morale sociale, jetées à propos, ne font que donner jour aux idées qui naissent en foule dans l’âme du lecteur.
Mais, l’expérience du plus savant homme étant toujours fort restreinte, toute explication d’un ensemble un peu considérable de phénomènes, même suggérée par l’expérience, devient forcément création. […] Elles se sont mises à écrire à leur tour ; et la grâce la plus aisée, l’expérience la plus fine et la plus clémente, le spiritualisme le plus délicat ornent leurs récits ; et c’est en ajoutant au meilleur de ce qu’il passait pour représenter qu’elles gardent le nom dont elles sont dépositaires.
Autrefois peut-être, dans le lointain jadis d’avant les vérifications de l’expérience, ces trois entités (Poésie, Philosophie, Science) se confondaient en une rayonnante unité. […] Il semble pourtant que l’avenir appartienne aux poètes de pensée, que ce trouble siècle où nous sommes leur ait servi d’expérience, qu’en près de cent ans ils aient recensé avec les vieux classiques, puis les romantiques, puis les naturalistes, les divers moyens de traduire l’âme humaine selon ses diverses impressions. […] Les états simples de l’âme sont exprimés depuis longtemps : mais les esprits dont je parle, et qui se recommandent de très grands poètes, estiment qu’il y a beaucoup d’art et du meilleur dans l’expression de ces heures sénescentes où le regret l’emporte sur le désir, où l’âme pleine d’expérience perce d’un regard subtil les apparences premières de la nature et, par d’exquis artifices de rhythme et de style, évoque le sens dernier des choses.
C’est une expérience que j’ai faite, et qui peut être utile, pourvu qu’on ne la fasse pas longtemps. […] C’est à ce langage entortillé, impropre et barbare, qu’on prétend reconnaître aujourd’hui les auteurs qui fréquentent ce qu’on appelle la bonne compagnie, mais à qui cette fréquentation, quoi qu’on en dise, est très funeste, et dont la manière d’écrire vaudrait beaucoup mieux, comme l’expérience le prouve, s’ils vivaient dans une société moins brillante. […] L’expérience ne prouve que trop que les talents persécutés n’ont rien à attendre de ce côté-là, et que les ennemis chassent bientôt les protecteurs.
Qui ne le sait et qui n’en a fait l’expérience sur soi ou sur les autres ? […] Jusqu’à lui, il n’y avait guères eu que des inductions éparses et timides, mais Carlyle, dont le génie est encore plus allemand qu’anglais, a posé, avec la violence du saxon et la logique dans la rêverie de l’allemand, l’a priori qui devait emporter la question en faveur de Shakespeare, mais qui l’emporte en emportant du même coup la nature humaine, l’expérience et la vérité ! […] Parce que cet admirable génie de Shakespeare, qui était une intuition et non le résultat d’une expérience, a eu la divination de toutes choses et a peint les plus beaux et les plus purs sentiments de la vie (comme il a peint du reste les plus laids et les plus terribles), voilà que, selon François Hugo, ce grand raisonneur, Shakespeare en était capable et a dû nécessairement les éprouver ; comme justement aussi il y avait l’amitié parmi ces sentiments, et qu’il s’agit des AMIS, dans l’arrangement des titres de sa façon dont François Hugo a orné Shakespeare, il se trouve que Shakespeare a dû être, de réalité, le plus charmant, le plus adorable, le plus magnanime et le plus vertueux des amis.
J’en fis l’expérience sur moi-même bien des années après l’aventure lyrique du petit bouvier. […] XXVI Quant au patriotisme, on sait, par l’expérience de Tyrtée et de tous les poètes, ces musiciens nationaux, combien la mort même pour la patrie inspire le chant.
Une fois M. de Talleyrand mort, nul de nos hommes d’État, quoique éminents, n’avait sur le roi Louis-Philippe et sur les cabinets européens l’ascendant, l’expérience et l’autorité acquise nécessaires pour diriger d’une main magistrale le système extérieur de la France. […] Ce fut le jour de la plus haute sagesse de la France depuis 1789 : ce jour prouva que l’expérience profite aussi même aux révolutions.
Quel refuge lui reste-t-il contre elle dans cette extrémité, à moins que Burrhus et Sénèque n’avisent et ne lui prêtent le concours de leur expérience ? […] On verra que je n’apostasie rien que l’erreur dans laquelle je suis une ou deux fois tombé, et quelques expressions mal sonnantes ou mal interprétées par mes nombreux lecteurs ; que j’ai mûri mes idées sur les conditions naturelles du pouvoir ; que j’ai profité de l’expérience et des temps, mais que je suis après ce que j’étais avant, l’homme qui se corrige des moyens sans se détourner du but : la liberté par l’honnêteté, le gouvernement spiritualiste.
L’histoire et l’expérience m’ont mûri l’esprit ; ce n’est nullement une répudiation de principes, c’est un progrès. […] Ce n’était pas sa faute, sans doute, mais ce fut son malheur ; sa tête charmante mais sans expérience n’avait rien du génie viril de gouvernement que demandait une telle époque.
Je ne savais pas en naissant que je devais mourir ; l’expérience me l’a enseigné. […] XIV Mais la chimie céleste, dites-vous, depuis quelque temps parvient par analogie, par conjecture et même par expérience (en admettant que les pierres tombantes, les étoiles filantes décomposées par vos creusets soient des échantillons du ciel, des composés ignés, des planètes ambiantes tombées dans notre atmosphère), à analyser les huit ou dix métaux enflammés qu’elles contiennent, à constater que leurs matériaux sont les mêmes que ceux de nos volcans, et que les soleils eux-mêmes brûlent des mêmes éléments que les entrailles de notre terre !
Élève de Rousseau, gagnée par la fièvre romantique, blessée par la dure expérience de son mariage, elle fait l’amour souverain et sacré, sans mesure et sans frein ; elle condamne la société qui opprime la passion par l’intérêt, la raison et la loi. […] A peine touche-t-elle à la France par le fameux récit de la bataille de Waterloo : récit d’un homme d’expérience, original et saisissant par la médiocrité voulue et l’insignifiance expressive du détail.
Elle aura l’expérience des inflexions de voix qui charment l’oreille, et elle saura les employer à propos. […] Mais avant de me présenter devant vous, j’ai consulté l’expérience des siècles, j’ai interrogé tous les hommes qui se sont occupés de l’art de la parole ; leurs recherches ont éclairé les miennes, leur travail a guidé le mien.
Il a été scientifique par l’obligation où il s’est mis de travailler sur le modèle vivant, de peindre d’après nature, de choisir ses sujets dans le monde contemporain ; il a prétendu même recourir non seulement à l’observation, mais à l’expérience ; il s’est intitulé roman expérimental. […] Ou bien elle s’attache avant tout au monde extérieur ; elle procède avec circonspection, marche pas à pas, appuyée, comme sur deux béquilles, sur l’observation externe et sur l’expérience.
Il a besoin de cent mille francs pour une nouvelle expérience : cette fois il se croit sûr du succès. […] Et l’expérience était frappante et la leçon portait coup.
Ici son imagination, laissée libre par la réalité, profitant des interstices que la science et l’expérience laissent dans le réseau de leurs notions, usant des terreurs héréditaires que les grands spectacles nuisibles ont déposées dans les âmes, pousse ses plus étranges et ses plus luxuriantes végétations. […] Ici, à son habitude de concevoir les choses aussi énormes que les mots, aucune expérience antagoniste ne s’oppose.
Or, c’est ce que dit La Fontaine : Je ne veux pour témoins de ces expériences, Que les peuples sans lois, sans arts et sans sciences. […] Mon âge et mon expérience Doivent dans votre esprit inspirer ma science, Je sais ce qu’en vaut l’aune, et j’ai passé par là.
Un peuple ne dépérit pas ainsi… S’il prévient, au contraire, la décadence par le travail continu des esprits, par le sentiment élevé du devoir, par quelque grandeur dans la vie publique, il ne subit pas la loi du temps et il peut compter indéfiniment sur de nouveaux âges virils. » Villemain, évidemment, a trop l’expérience de la vie pour croire à cette plaisanterie de jeunesses successives. Il sait, s’il a compris l’histoire, que l’expérience des nations ne se compose que de bâtardises ou de légitimités successives, rachitiques et dégénérées.
Ces vues n’ont rien de neuf et je les cite pour faire connaître à quel type d’âme se rattache Joseph Hudault, mais ici il arrive à une observation qui sort proprement de son expérience et qu’il faut retenir : Je me suis convaincu qu’aujourd’hui on ne peut faire passer une idée morale, un bon conseil, qu’avec un accroissement de bien-être. […] Ils savent qu’ils trouveront leur force et leur fécondité spirituelle dans des types de vie éprouvés par une suite de gens de leur sang, et ils ont besoin, fût-ce dans leurs audaces et nouveautés, de s’appuyer sur ce qui est d’antique expérience.
Tout ce qui est duplicité, tortuosité, faux-fuyants, manège, tout ce qui ressemble de près ou de loin à de l’astuce ou à de la perfidie la révolte d’instinct, aujourd’hui comme au premier jour ; l’expérience ne l’a pas corrigée : elle s’étonne du mal, de tout ce qui n’est pas honorable ; elle a la faculté de l’indignation.
C’est alors que, son expérience du métier le rendant utile, et les circonstances extraordinaires poussant les hommes, Friant se vit en deux temps, chef de bataillon d’aborden 93, puis immédiatement général de brigade en 94.
Nous vivons dans le climat et dans le siècle de la philosophie et de la raison ; les lumières de toutes les sciences semblent se réunir à la fois pour éclairer nos yeux et nous guider dans cet obscur labyrinthe de la vie humaine ; les plus beaux génies de tous les âges réunissent leurs leçons pour nous instruire ; d’immenses bibliothèques sont ouvertes au public ; des multitudes de collèges et d’universités nous offrent dès l’enfance l’expérience et la méditation de quatre mille ans ; l’immortalité, la gloire, la richesse et souvent les honneurs sont le prix des plus dignes dans l’art d’instruire et d’éclairer les hommes : tout concourt à perfectionner notre entendement et à prodiguer à chacun de nous tout ce qui peut former et cultiver la raison : en sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ?
… L’envahissement du scepticisme dans le cœur du poëte, depuis ces premières et chastes hymnes où il s’était ouvert à nous, cause une lente impression d’effroi, et fait qu’on rattache aux résultats de l’expérience humaine une moralité douloureuse.
Aujourd’hui que la victoire semble décidée et que bientôt la sécurité va naître, la politique et l’art se sépareront sans s’isoler ; l’art, retiré du tourbillon, jeune encore et déjà mûr d’expérience, tracera dans la solitude son œuvre pacifique, qu’il animera de toutes les couleurs de la vie, de toutes les passions de l’humanité.
Mystères, incertitudes, matière à expériences et à conjectures ; mais il ne peut y avoir à tout cela qu’un lien, et ce lien, quels que soient d’ailleurs ses replis et ses détours, nous le sentons et nous l’appelons la vie.
L’histoire de ces temps peut donc servir à la nôtre, ou plutôt le spectacle de ce que nous avons eu sous les yeux et le sentiment de ce que nous avons observé nous-mêmes peuvent nous servir à entendre complètement cette histoire du passé ; car c’est moins l’histoire ancienne qui, en général, éclaire le présent, que l’expérience du présent qui sert à rendre tout leur sens et toute leur clarté aux tableaux transmis et plus ou moins effacés des anciennes histoires.
Les lumières de l’expérience et de l’observation n’existent-elles pas aussi dans l’ordre moral, et ne donnent-elles pas aussi d’utiles secours aux développements successifs de tous les genres de réflexions ?
Il revient à elle après tant de courses ; il la trouve jeune et souriante comme aux premiers jours ; il se trouble et en même temps se ranime à son contact et sous son souffle ; il tend les bras vers elle, et sa vieille âme endolorie par tant d’efforts et d’expériences reprend la santé et le courage par l’attouchement de la mère qui l’a portée.
Maintes fois, vous n’aurez pas vu, vous ne pouvez voir l’objet qu’il vous faudra décrire : il vous restera à l’imaginer, c’est-à-dire à adapter, à joindre des fragments d’images, résidus de vos expériences antérieures, de façon à former une image qui puisse être la représentation sensible, aussi approchante que possible, de l’idée que vous prenez de l’objet, selon les conditions et les données qui vous sont indiquées.
Enfin chacun de ces soldats a dans son expérience propre une émotion, une image, une pensée qui n’est qu’à lui et que le mot n’éveillera que pour lui.
Il s’agit d’atteindre non pas une espèce, mais Corneille, mais Hugo : et on les atteint, non pas par des expériences ou des procédés que chacun peut répéter et qui fournissent à tous des résultats invariables, mais par l’application de facultés qui, variables d’homme à homme, fournissent des résultats nécessairement relatifs et incertains.
Ce sont les réflexions d’un spectateur plein d’expérience, un peu désenchanté, non pas ennuyé pourtant, et jamais ennuyeux.
Mais c’est peut-être que je manque d’expérience.
Furieux, le jardinier alla se plaindre au maître, lequel, aimant avec une tendresse aveugle son jeune cochon, dit : “Il faut lui pardonner pour cette fois, il n’a pas encore assez d’expérience ; d’ailleurs, il est si gentil !”
Il regagna la Galilée 338, sa vraie patrie, mûri par une importante expérience et ayant puisé dans le contact avec un grand homme, fort différent de lui, le sentiment de sa propre originalité.
La fermeté tranchante du duc de Montausier pouvait n’être pas déplacée dans un homme de sa profession et surtout de son caractère ; mais la longue expérience de Bossuet et sa profonde connaissance du cœur humain lui avaient appris que la douceur, la patience et les exhortations évangéliques sont les véritables armes a un évêque pour combattre les passions et qu’elles servent plus souvent à en triompher que ces décisions brusques et absolues qui obtiennent rarement un si heureux succès.
Enfin il subordonna la vérité libératrice à une théorie psychologique : « Le temps et les circonstances, qui élargissent les vues de la plupart des hommes, rétrécissent les vues des femmes presque invariablement. » Malheureusement, si l’auteur illustre cette hypothèse par la victoire chaque jour plus complète de Jude sur les préjugés et par la défaite finale de Suzanne, il la contredit par le changement, trop féminin alors, de Phillotson, d’abord intelligent et généreux, qui ensuite obéit aux plus ridicules convenances et se laisse persuader aux chuchotements des plus sordides calculs, Thomas Hardy, intelligence anglaise, riche et complexe, mais perdue et tâtonnante au labyrinthe du détail, ne sait même pas pourquoi « l’expérience » de Suzanne et de Jude a échoué.
Cette triste expérience dut apprendre à l’abbé d’Aubignac que le génie fait tout, que du moins sans lui les règles ne sont rien.