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1905. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

« Montrer avec clarté comment le beau dérive des idées primitives de notre esprit ; déterminer avec plus de précision les rapports qui l’unissent au vrai et au bon ; établir avec solidité en quoi consiste le beau dans la nature, et chercher avec plus de profondeur le lien intime qui existe entre la nature et l’art15. » Il semble que ce soit là le programme qu’à la même époque, dans la même année, s’était tracé à lui-même le jeune et brillant professeur de la Sorbonne.

1906. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Il s’est cru plus que le Colomb d’un monde nouveau ; car le monde que Colomb découvrit lui était démontré par l’économie même du globe, mais le monde que Proudhon voulait faire n’existait que dans son esprit.

1907. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Une âme délicieuse et même héroïque peut très bien exister dans un clown, et, dramatiquement, elle ferait plus d’effet si elle y était que si on la rencontrait dans un homme qui, par l’éducation, la pensée, la méditation, les habitudes, le milieu social, a développé les forces de son âme comme le clown n’a développé que celles de son corps… Seulement, il faut qu’une pareille âme soit dans le clown du roman qu’on veut faire, et dans celui de M. de Goncourt, elle n’y est pas !

1908. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Je n’en pouvais juger que l’accent, le style, la manière… Accent, style, manière connus, antithétiques, défectueux souvent, mais aujourd’hui décadents, dégradés, dépravés, et d’une dépravation systématique et volontaire après laquelle le talent cesserait absolument d’exister… Il reste à examiner la composition de l’Homme qui rit, les caractères, l’action, l’intérêt, les entrailles mêmes du livre, et à conclure que le destin qu’il a est mérité.

1909. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

L’éditeur ne met point en tête de ces Mémoires : Nouvelle édition ; c’est dire que les précédentes n’existent pas.

1910. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Mme Judith Gautier, une sincère artiste qui porte dignement un grand nom et pour qui « le monde sensible existe » presque autant qu’il exista pour son illustre père, a gardé du théâtre japonais, dans sa Marchande de sourires 2 la simplicité, la violence, la férocité des sentiments et des passions, le romanesque naïf des aventures et la poésie pittoresque des détails ; elle y a ajouté, étant de bonne race latine, de la clarté, de la noblesse, et aussi le sentiment de la mesure et l’art de la composition. […] Il était encore à sa place dans les temps et dans les pays où le livre existait à peine, et où par conséquent les imaginations des poètes ne pouvaient se communiquer à la foule que par des récitations publiques et des spectacles. […] Quel adolescent, principalement dans le monde des lettres, n’a été tourmenté de la passion de voir de près les grands écrivains et les grands artistes, de leur parler, d’exister pour eux une minute ?

1911. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Toutes ces étiquettes, toutes ces barrières n’existent point. […] Certes les joies de raison existent, mais qu’elles sont raides, limitées et quel déchet elles laissent au penseur en face des joies du cœur, dont les vibrations sont infinies, mêlées d’extinction lente. […] Que là où les biens communaux n’existent pas, on achète du sol aux grands propriétaires.

1912. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Les plus attrayantes couleurs de notre idéal, par la suite, sont dérobées à ces reflets d’une époque légèrement antérieure où nous berce la tradition de famille et où nous croyons volontiers avoir existé. […] Il existe quelque part, en Allemagne, une espèce de mariage qui ressemble assez à l’alliance contractée par la princesse de Cavalcanti ; c’est le mariage de la main gauche.

1913. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Il en est de même des mots être, exister, idée, perception, et autres semblables. […] Nous avons aussi dans notre langue beaucoup de termes tirés de l’ancienne langue celtique, dont il est besoin de tenir compte dans un dictionnaire ; mais comme cette langue n’existe plus, ces étymologies sont bien inférieures pour l’utilité aux étymologies grecques et latines, et ne peuvent être que de simple curiosité.

1914. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

L’histoire idéale serait celle qui nous montrerait, dans tous les actes de leur vie, tous les hommes qui ont existé, depuis Adam jusqu’à M.  […] Si rien n’existe hors des apparences sensibles, la vie, après les ardeurs physiques de la jeunesse, nous semblera déserte, décolorée, semée de décombres. […] L’armée-nation, le gigantesque atelier de patriotisme où se mêlent toutes les classes et où se façonneront, si nous le voulons avec quelque fermeté, les vertus de la démocratie future, n’existait pas. […] Mais le sergent La Ramée et sa postérité n’existent plus que dans le répertoire de l’Opéra-Comique. […] Or, il ne s’appelait pas Méléagre, et Atthis est une ville qui n’a jamais existé.

1915. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Je ne les risquerais certes pas si vous étiez un de ces produits de l’asphalte pour qui rien n’existe hors Paris, hors leur coterie intime. […] Simplifier la vie, supprimer nos désirs en faisant comme s’ils n’existaient pas, diminuer le nombre de nos besoins, voilà, pour nos philosophes, le commencement de la sagesse.

1916. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Hélas, les choses existent-elles seulement, et crois-tu que la vie dont tu les animes soit ailleurs qu’en toi ? […] Que pour l’auteur, suivant l’expression de Gautier, le monde extérieur semble n’exister pas, qu’il nous dise d’un vieillard : « Il paraissait maigre et comme tassé sur lui-même », ce qui est malaisé à concilier, qu’il confonde le palais tunisien qui domine le parc de Montsouris avec « un pavillon d’architecture chinoise », ou qu’il prête à une mondaine, comme Gyp le lui reprochait cruellement hier, le « corset noir » cher aux filles de brasserie, c’est à quoi, soyez surs, nous ne prenons point garde en l’écoutant, et nous passons volontiers à cet idéaliste le coup d’œil distrait qu’il jette sur l’extérieur des choses pour les belles et mystérieuses consciences où il nous fait pénétrer. […] Oui, malgré la cohue cosmopolite qui emplit nos rues, le parisien de race existe encore ; il a sa manière à lui de voir, de conter, de tenir une plume.

1917. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« Je suis décidé à vivre avec elle comme si elle n’existait pas, disait, en parlant de sa femme, Molière à Chapelle, son ami, mais si vous saviez ce que je souffre, vous auriez pitié de moi !  […] Il y a, en effet, chez la femme, un besoin naturel de dévouement qui empêche la misanthropie de se développer à l’état aigu, si je puis dire ; mais la misanthropie n’en existe pas moins dans certains cœurs féminins, qui sont des cœurs d’élite, seulement elle se dissimule sous une tristesse souriante qui peut donner le change. […] Je m’étonne qu’aux heures de lutte entre les romantiques et les classiques, ceux-ci n’aient pas invoqué plus souvent le témoignage de Molière pour prouver que le romantisme (puisque le mot était à la mode) avait toujours existé.

1918. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Il est à remarquer que la Grece fut la seule contrée de la terre où l’on connût alors les lois de l’éloquence, parce que c’étoit la seule où la véritable éloquence existât. […] Il est unique, il existe seul par lui-même ; tous les êtres tiennent de lui leur existence ; il les soûtient tous ; il n’a jamais été vu des yeux mortels, & il voit toutes choses ». […] Elle ne peut exister sans la mémoire ; mais elle s’en sert comme d’un instrument avec lequel elle fait tous ses ouvrages.

1919. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

M. de Chateaubriand imposait le respect par son silence ; il songeait plus qu’il ne parlait : c’était l’esprit le moins improvisateur qui ait jamais existé ; il laissait échapper de temps en temps un axiome et se taisait pour en méditer un autre ; de là, sans doute, la recherche laborieuse de ses plus beaux écrits.

1920. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Si cet état de choses a existé dès l’origine, ou s’il s’est produit plus tard, c’est ce qu’on ne saurait décider par l’histoire.

1921. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Avant le xiie  siècle, qui paraît être l’époque où le roman se constitue et reçoit des règles, il n’existe aucun monument de ce caractère.

1922. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il existe deux ouvrages où cet esprit collectif, ce sacrifice de la personne qui faisaient le fond de la doctrine de Port-Royal, ont été des qualités originales : ce sont la Grammaire générale et raisonnée et la Logique.

1923. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Dès le commencement, l’alternative du bien et du mal, de la puissance et de la vertu, sera offerte à tout ce qui existe.

1924. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Oui, je sais bien, mes confrères l’ont dit et je le pense avec eux : oui, voilà des misères qui ne devraient pas exister.

1925. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Cette nécessité de tout rapporter au hasard, à la Fatalité, jetait les esprits dans la superstition et dans le catholicisme : il existe encore d’autres causes tout aussi réalistes qui expliquent la renaissance du catholicisme et le caractère religieux du romantisme.

1926. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

« Quelques mois d’un travail assidu m’ayant mis à même de me former une idée telle quelle du système de déclinaison et de conjugaison sanscrites, et de la manière non moins ingénieuse que compliquée avec laquelle les mots y sont orthographiés, je cherchai aussitôt à me faire l’application de ces éléments, en m’exerçant sur quelque manuscrit ; car il n’existait pas même alors de texte imprimé, sauf celui de l’Hitopadèse, qui n’avait pas encore passé sur le continent.

1927. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Toi pour qui le possible existe avant de naître !

1928. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

L’instrument existe, c’est un grand point ; mais faute d’un public assuré et uni, il ne rendra pas ce qu’il devrait rendre. […] Découverte sans prix : l’état de communion expressément requis entre la salle et la scène existait encore quelque part ?

1929. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Le choléra s’abat sur nous et fait de grands ravages… la 1re division est décimée ; la 2e moins touchée ; la 3e a peu de cas ainsi que la 4e, mais la 5e est horriblement maltraitée… Le moral des troupes est excellent, mais comment oser entasser pour quatre ou cinq jours sur des vaisseaux des hommes qui ont le germe cholérique, germe qui existe aussi sur la flotte, où plusieurs équipages sont atteints et ont eu des morts !

1930. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Qu’on le sache bien pourtant, et n’en déplaise à toutes nos périphrases sociales, la maladie de l’amour est une, constante, sui generis, comme on dit dans la science : bien souvent voilée chez les Modernes, et encore plus souvent absente, elle se retrouve identique dès qu’elle existe.

1931. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Toujours éclairé par la théorie, il lisait à l’Académie des Sciences, peu après sa réception, un mémoire sur la double réfraction, où il donnait la loi qu’elle suit dans les cristaux, avant que l’expérience eût fait connaître qu’il en existe de tels122.

1932. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Dans l’explication psychologique, le fait admis est positif ; car il est certain que les trois sensations du violet, du rouge et du vert existent. — Je fais donc les changements nécessaires à l’exposé d’Helmholtz.

1933. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

Ce doit être une étrangère, car comment une pareille figure existerait-elle en France sans que son nom la devançât partout comme une célébrité, et sans que je l’eusse jamais aperçue dans les salons ou dans les spectacles de Paris ?

1934. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Signé : Jules Bastide. » * * * De ce que vous venez de lire, il résulte que le gouvernement du général Cavaignac n’a point voulu intervenir, et n’est intervenu en aucune façon dans les affaires intérieures, non pas de la république romaine, qui n’exista que deux mois plus tard, mais dans les affaires de l’État romain.

1935. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Or chacun sait que ces derniers empêchements sont insurmontables, ce qui n’existe pas pour les autres ; et il n’était pas seul à porter un semblable jugement sur le cardinal en question.

1936. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

» De ce jour, le principe de l’indemnité aux colons blancs fut admis, et, bien que l’esclavage continuât d’exister jusqu’à la République, la République, grâce à M. 

1937. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Les chuchotements de la maison lui avaient fait connaître la secrète intelligence qui existait entre la jeune Anglaise et moi, les obstacles que sa mère mettait par religion à ce penchant de sa fille, et les difficultés qu’elle apportait à nos entretiens.

1938. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il n’existe pas de menteurs qui soient seulement menteurs.

1939. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Et, contre elles, il réagit, mais de sa façon, en développant, sous ces formes, son génie, fièrement, librement, comme si cette enclave subie n’existait pas à l’empêcher.

1940. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Cette beauté de madame Malibran existait par elle-même sans avoir besoin de formes, de contours, de couleurs pour se révéler.

1941. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

A vrai dire, je ne sais pas bien au juste moi-même ce que peut être la race lunaire, si toutefois elle existe. […] Je ne me dissimule point, du reste, que l’idée de cette langueur eût encore été chose humaine et terrienne, et que la mélancolie de la lune n’existe qu’en nous… Bref, nous n’inventons que ce que nous avons senti et perçu, et nous ne sentons et ne percevons que ce qui est de la terre. […] Le pli est pris, rien à faire La vérité, c’est que, en combinant notre organisme avec celui de certaines plantes et de certains animaux, et en supposant portés au dernier degré de perfection des sens et des facultés que nous possédons déjà, nous arrivons à concevoir des formes vivantes assujetties à moins de nécessités que les corps où nous sommes captifs : mais ces formes rêvées, nous ne les aimons pas, nous ne désirons même pas qu’elles existent. […] Oui, la noblesse existe d’autant plus, en un sens, qu’elle ne survit à l’organisation qui était sa raison d’être que par l’opinion qu’elle garde d’elle-même et qu’elle réussit — là est pour nous la honte — à faire partager à beaucoup d’entre nous.

1942. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Il existe deux catégories de personnes relativement aux chats. […] Il se disait qu’une vie longue et une vie courte sont rendues pareilles par la mort, car le long et le court n’existent point pour les choses qui ne sont plus. […] Comptez donc que seulement au troisième acte de Marion Delorme vous avez : une fille de joie, un duel, deux dissertations dramatiques, une mort, une résurrection, une évasion, une troupe de comédiens, une reconnaissance, un lieutenant criminel et une arrestation. » *** Il existe une pièce, moitié tragédie moitié drame, dont les péripéties se déroulent au temps de Marion Delorme.

1943. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Ainsi, par une admirable harmonie du monde physique et du monde moral, de même que la lumière n’existe que par le rayonnement, ni le rayonnement que par la présence d’objets qui la réfléchissent, de même le bonheur véritable n’est qu’un reflet et comme un rejaillissement du bien sur le bienfaiteur. […] Quand donc il put prendre à témoin le monde scientifique qu’il n’existe nulle trace de génération spontanée, et qu’il en avait acquis la preuve, en faisant, non de la théologie, mais de la chimie, le moment venu, il se donna la joie de confesser publiquement un Dieu créateur. […] * Dans la crise suprême où se débat la France, ce qui me rend inconsolable, c’est qu’il n’existe pas de tribunal sur la terre pour juger entre les envahisseurs et les envahis, et que de cet épouvantable drame il n’y a même pas une morale à tirer.

1944. (1887) Essais sur l’école romantique

Je ne sache rien de plus froid que les élans de piété de Voltaire, ni rien de pis que ce vers si célèbre : Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. […] Le fait existe ; qu’importe comment ! […] Il y a encore des filous comme ceux de la cour des Miracles ; des mendiants qui vous tendent la main au jour, et la nuit vous coupent la bourse et la gorge, au besoin ; des boiteux qui se font de fausses entorses, des lépreux qui se font de fausses plaies, des culs-de-jatte qui courent plus vite que des gendarmes à cheval ; race infâme dont on retrouverait encore de beaux restes dans quelques cabarets de la Cité, mais dont le vrai type existait au xve  siècle, grâce à une police maladroite et insuffisante, grâce au droit d’asile des églises, et à la protection toute particulière que les princes accordaient à la canaille, surtout Louis XI, qui l’aimait de toute la haine qu’il portait à la noblesse. […] La vérité politique existe-t-elle pour plus d’un siècle ou de deux siècles dans les temps anciens ; pour plus d’un an ou de deux ans dans les temps modernes ?

1945. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

D’ailleurs, comme l’a remarqué Saumaise, les plus excellens ouvrages des Grecs & des Romains auroient infailliblement & entierement péri dans les siecles de barbarie, sans l’industrie de ces Faiseurs d’abregés qui nous ont au moins sauvé quelques planches du naufrage : ils n’empêchent point qu’on ne consulte les originaux quand ils existent. […] La seconde remarque, c’est qu’il ne faut pas confondre l’adjectif avec le nom substantif qui énonce une qualité, comme blancheur, étendue ; l’adjectif qualifie un substantif ; c’est le substantif même considéré comme étant tel, Magistrat équitable ; ainsi l’adjectif n’existe dans le discours que relativement au substantif qui en est le suppôt, & auquel il se rapporte par l’identité ; au lieu que le substantif qui exprime une qualité, est un terme abstrait & métaphysique, qui énonce un concept particulier de l’esprit, qui considere la qualité indépendamment de toute application particuliere, & comme si le mot étoit le nom d’un être réel & subsistant par lui-même : tels sont couleur, étendue, équité, &c. ce sont des noms substantifs par imitation. […] Mais ne pourrai-je pas dire que l’animal est un être, une substance, c’est-à-dire une chose qui existe ? […] Mais en même tems animal sera un nom d’espece subordonnée à être, qui est le genre suprème ; car dans l’ordre métaphysique, (& il ne s’agit ici que de cet ordre-là) être se dit de tout ce qui existe & de tout ce que l’on peut considérer comme existant, & n’est subordonné à aucune classe supérieure. […] Ainsi en commençant par l’idée générale de l’être ou de la substance, j’observe que je puis dire de chaque être particulier qu’il existe : ensuite les différentes manieres d’exister de ces êtres, leurs différentes propriétés, me donnent lieu de placer au-dessous de l’être autant de classes ou especes différentes que j’observe de propriétés communes seulement entre certains objets, & qui ne se trouvent point dans les autres : par exemple, entre les êtres j’en vois qui vivent, qui ont des sensations, &c.

1946. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Pourquoi n’existerait-elle pas par elle-même après la disgrégation de la matière ? […] Je ne crois pas qu’il existe, pour la composition d’un poème dramatique, des procédés aussi nettement, aussi rigoureusement définis que pour la fabrication des indiennes ou des soieries. […] Toutefois, si le métier proprement dit, qui consiste à combiner les entrées et les sorties, à préparer les changements à vue, ne mérite pas une attention sérieuse, il faut bien reconnaître qu’il existe, pour la poésie dramatique, des conditions particulières, des lois impérieuses qui ne sont jamais impunément méconnues. […] S’il existe quelque part un pareil type de défiance conjugale, il sort tellement des limites de la vraisemblance, qu’il n’a pas droit de bourgeoisie au théâtre.

1947. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Et tout à coup un bruit affreux vient nous révéler que le prince n’existe plus ! […] M. de Gelder ne pouvait plus représenter une puissance qui n’existait plus. […] « L’empire britannique est le plus vaste qui ait jamais existé : son étendue est triple de celle de l’Europe et dépasse le cinquième de la surface totale des terres émergées, laissant bien loin en arrière les territoires, pourtant énormes, occupés par la Russie, la Chine, les États-Unis d’Amérique, le Brésil ; sa population est probablement quelque peu inférieure à celle du Céleste-Empire, mais n’en forme pas moins un quart de l’humanité. » M.  […] Quelle drôle d’idée, de marquer les heures, en cet Extrême-Orient, où la notion du temps n’existe pas !

1948. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Mais c’est l’élément tragique de notre destinée, que de telles vérités il n’y en ait pas ; notre tête et notre cœur sont désormais trop imprégnés du désir de la vérité pour croire à la religion et à la métaphysique, et d’autre part notre désir de vérité ne sert, qu’à tarir en nous toutes les sources de satisfaction. » La foi religieuse, au surplus, n’a jamais existé : « Si l’humanité avait cru un seul jour aux dogmes religieux, à la justice de Dieu, au péché, à la possibilité d’une damnation éternelle, tous les hommes seraient aussitôt devenus prêtres, apôtres, ou ermites… Le christianisme a voulu empêcher les hommes de se mépriser les uns les autres en leur enseignant que tous étaient également pleins de péché ; mais chaque homme en a simplement tiré la conclusion qu’il n’était pas plus pécheur que les autres. » Et voici où nous en sommes de la question religieuse : « Un matin les prisonniers entrèrent dans le préau ou on les faisait travailler ; le gardien n’y était pas. […] Mallarmé nous a donné naguère une traduction excellente, reproduisant à merveille la couleur, le rythme et jusqu’à la mélodie de ces vers, les plus magnifiques, à mon gré, de tous ceux qui existent dans la langue anglaise. […] Lui-même se charge de nous apprendre qu’il existe en Angleterre toute une école de métaphysiciens, développant jusqu’à leurs conséquences extrêmes l’idéalisme de Fichte et le panthéisme de Schelling. […] Et quelle que puisse être la réalité du monde (à supposer que ce mot ne fût pas vide de sens), le monde que nous pouvons connaître, le seul qui existe pour nous, est le monde que nous révèle la perception, et qui forme la matière des sciences naturelles. » Et M. 

1949. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Le poëte s’adresse à un ami, le médecin Nicias, de Milet : « Il n’existe, Ô Nicias !

1950. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Il faut d’abord que le lieu, les événements et les personnages n’existent pas.

1951. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Or, bien que la Chine soit le pays le plus historique de tous les pays du globe, puisqu’il écrit depuis qu’il existe, et qu’il écrit jour par jour par ses mains les plus officielles et les plus authentiques, ce peuple n’en commence pas moins, comme toutes les races humaines, par le mystère.

1952. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

L’âme n’est perceptible que par la conscience qu’elle a d’exister ; elle ne perçoit les impressions du monde extérieur que par ses sens, impressions qu’elle communique à son tour au monde extérieur par l’intermédiaire de ces mêmes organes appelés sens.

1953. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

L’Amérique n’existait pas encore pour l’Europe ; la route des Indes, en contournant l’Afrique, ou cette route abrégée en empruntant la mer Rouge, étant inconnues, le commerce des Indes se faisait par la mer Noire.

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