Venez donc, et apprenez enfin que votre pouvoir est tout entier et sans bornes. […] Vengée des nombreuses distractions de cœur qu’il avait à se reprocher depuis Londres ; vengée d’Émilie peut-être, l’anonyme à laquelle il avait offert sa vie tout entière, après l’avoir retirée à Juliette. […] « La France restera libre et me devra sa liberté constitutionnelle presque tout entière. […] morte avant la première ride sur son beau visage et sur son esprit ; la duchesse de Maillé, âme sérieuse, qui faisait penser en l’écoutant ; son amie inséparable la duchesse de La Rochefoucauld, d’une trempe aussi forte, mais plus souple de conversation ; la princesse de Belgiojoso, belle et tragique comme la Cinci du Guide, éloquente et patricienne comme une héroïne du moyen âge de Rome ou de Milan ; mademoiselle Rachel, ressuscitant Corneille devant Hugo et Racine devant Chateaubriand ; Liszt, ce Beethoven du clavier, jetant sa poésie à gerbes de notes dans l’oreille et dans l’imagination d’un auditoire ivre de sons ; Vigny, rêveur comme son génie trop haut entre ciel et terre ; Sainte-Beuve, caprice flottant et charmant que tout le monde se flattait d’avoir fixé et qui ne se fixait pour personne ; Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie ; M. de Fresnes, modeste comme le silence, mais roulant déjà à des hauteurs où l’art et la politique se confondent dans son jeune front de la politique et de l’art ; Ballanche, le dieu Terme de ce salon ; Aimé Martin, son compatriote de Lyon et son ami, qui y conduisait sa femme, veuve de Bernardin de Saint-Pierre et modèle de l’immortelle Virginie : il était là le plus cher de mes amis, un de ces amis qui vous comprennent tout entier et dont le souvenir est une providence que vous invoquez après leur disparition d’ici-bas dans le ciel ; Ampère, dont nous avons essayé d’esquisser le portrait multiple à coté de Ballanche, dans le même cadre ; Brifaut, esprit gâté par des succès précoces et par des femmes de cour, qui était devenu morose et grondeur contre le siècle, mais dont les épigrammes émoussées amusaient et ne blessaient pas ; M. de Latouche, esprit républicain qui exhumait André Chénier, esprit grec en France, et qui jouait, dans sa retraite de la Vallée-aux-Loups, tantôt avec Anacréon, tantôt avec Harmodius, tantôt avec Béranger, tantôt avec Chateaubriand, insoucieux de tout, hormis de renommée, mais incapable de dompter le monstre, c’est-à-dire la gloire ; enfin, une ou deux fois, le prince Louis-Napoléon, entre deux fortunes, esprit qui ne se révélait qu’en énigmes et qui offrait avec bon goût l’hommage d’un neveu de Napoléon à Chateaubriand, l’antinapoléonien converti par popularité : L’oppresseur, l’opprimé n’ont pas que même asile ; moi-même enfin, de temps en temps, quand le hasard me ramenait à Paris.
On n’avait pas inventé alors ces divisions de facultés et ces spécialités de professions qui décomposent un homme entier en fractions d’homme, et qui le rapetissent en le décomposant. […] Tout en prévenant, par ses mesures, la disette qui menaçait le peuple romain, il ménagea la Sicile, et s’y fit adorer ; il la parcourut tout entière, moins en proconsul qu’en philosophe et en historien curieux de rechercher dans ses ruines les vestiges de sa grandeur antique. […] Ici, Pères conscrits, ici même, parmi les membres de cette assemblée, dans ce conseil auguste où se pèsent les destinées de l’univers, des traîtres conspirent ma perte, la vôtre, celle de Rome, celle du monde entier. […] La patrie, qui est notre mère commune, te hait : elle te craint ; depuis longtemps elle a jugé les desseins parricides qui t’occupent tout entier.
« Le troglodyte d’hiver ressemble tellement au troglodyte d’Europe, que j’ai cru longtemps à leur identité ; mais des comparaisons faites avec soin sur un grand nombre d’individus m’ont appris qu’il existe entre eux certaines diversités constantes de coloration ; toutefois j’hésite encore, et n’oserais dire, avec une entière certitude, qu’ils sont spécifiquement différents. » III. […] Je n’y revins plus de tout le jour, et, comme je ne les aperçus ni l’un ni l’autre aux environs, je supposai qu’ils devaient avoir passé la journée entière dans l’intérieur. […] C’était dans l’après-midi d’une de ces journées étouffantes où l’atmosphère des marécages de la Louisiane se charge d’émanations délétères ; il se faisait tard et je regagnais ma maison encore éloignée, ployant sous la charge de cinq ou six ibis des bois, et de mon lourd fusil dont le poids, même en ce temps où mes forces étaient encore entières, m’empêchait d’avancer bien rapidement. […] « J’ai souvent, dit-il, passé des journées entières dans la société de ces petits êtres ailés.
Le corps auquel il appartenait guerroya, puis séjourna dans les Flandres et dans le Brabant ; le jeune soldat en sut profiter pour visiter les riches galeries de peinture dont la Belgique est remplie, et sa vocation allait se diriger tout entière de ce côté. […] Mais toujours je suis revenu avec plaisir à Weimar. » J’étais heureux de voir de nouveau Goethe près de moi, de l’entendre parler, et je sentais que je lui appartenais tout entier. […] Après différentes remarques d’une entière justesse, il me désigna un certain passage et me dit : « “— Pourquoi avez-vous fait cela ? […] Goethe a laissé moins de beaux vers, mais il a, comme ministre, rendu d’immenses services au grand-duché de Weimar, et par suite à l’Allemagne entière.
« Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que, si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme560 2. » Rousseau se garde donc bien de nous inviter à restaurer en nous l’orang-outang, primitif exemplaire de notre humanité. […] Ainsi l’individu s’aliène tout entier et n’est pas esclave. […] L’ardente intensité de la vie intérieure ne laisse rien d’indifférent : l’âme sérieuse se verse tout entière dans les moindres de ses actions, les relève par une haute pensée de devoir ou d’affection. […] De quelque façon que la question doive se résoudre, il reste qu’actuellement le problème de l’inégalité n’est plus politique mais social, et tout entier contenu dans le régime de la propriété.
La même George Sand a consacré deux romans entiers à la musique : l’un, Consuelo, faillit par un singulier retour devenir un opéra entre les mains de Liszt ; l’autre, Les Maîtres sonneurs, est un pieux hommage à la musique populaire de son Berry. […] Mais il veut dire aussi que les Eglises sont des livres de pierre où les générations d’autrefois écrivaient leur pensée pour l’éternité ; qu’elles ont été des symboles compliqués, où le plan, les sculptures, les plus minces détails exprimaient des idées ; que, parlant ainsi aux initiés un langage mystérieux, elles parlaient en même temps aux yeux de la foule par leurs vitraux, leurs fresques, leur peuple de statues ; qu’elles ont matérialisé durant des siècles le génie poétique et les aspirations populaires ; que les cathédrales gothiques en particulier, par leur élan vers le ciel, par la hardiesse de leurs lignes verticales, ont rendu à merveille les espérances et les envolées mystiques d’un âge de foi tourné presque tout entier vers l’au-delà ; seulement que, l’imprimerie étant inventée, la pensée, au lieu de se pétrifier, devient oiseau, vole d’un bout du monde à l’autre, se rit du temps et de l’espace, sûre qu’elle est de pouvoir se multiplier à l’infini ; que désormais la Bible de marbre et de granit est vaincue et destinée à être remplacée par la Bible de papier, plus claire, plus mobile et, malgré l’apparence, plus durable. […] Le volume imprimé évoque des figures, des scènes entières devant les regards de l’illustrateur et c’est par centaines qu’on nommerait ceux qui de nos jours ont excellé à traduire par des lignes ou des couleurs la pensée ou les rêves d’autrui. […] L’esprit de vertige, de folie, qui semble frapper l’époque entière, se traduit alors en costumes de la fantaisie la plus outrée, de l’étrangeté la plus forcenée.
Et cependant, c’est tout un passé qui se prolonge et retentit en elle : le battement de son cœur est la continuation du battement de cœur universel ; la rougeur de ses joues est le signe visible d’une infinité d’émotions intérieures où se résument les émotions de toute une race ; ce n’est pas elle seulement qui aime, c’est l’humanité et même la nature entière qui aime en elle. […] La continuation et l’amas de ces demi-plaisirs, « comme dans la continuation de l’impulsion d’un corps pesant qui descend et acquiert de l’impétuosité », devient enfin un plaisir entier et véritable. […] L’entière satisfaction d’un besoin, même physique, ne consiste-t-elle qu’à remplir, sans rien de plus, un vide préexistant et à rétablir ainsi l’équilibre dont parle Platon dans le Philèbe ? […] En absorbant l’activité tout entière dans l’inquiétude, dans le besoin, dans la « faim », Rolph n’a vu que la moitié de la vérité.
L’action, du moins l’action saine et morale, est en effet difficile aux déséquilibrés ; et précisément elle serait le grand remède à leur désordre intérieur, car l’action suppose la coordination de l’esprit tout entier vers le but à atteindre. […] Puisqu’ils doivent mourir, les êtres seront tout entiers dans leur regard, dans leur sourire, dans une simple parole, signes fuyants qui ne se reproduiront pas. […] Pour conclure, l’art étant par excellence un phénomène de sociabilité, — puisqu’il est fondé tout entier sur les lois de la svmpathie et de la transmission des émotions, — il est certain qu’il a en lui-même une valeur sociale : de fait, il aboutit toujours soit à faire avancer, soit à faire reculer la société réelle où son action s’exerce, selon qu’il la fait sympathiser par l’imagination avec une société meilleure ou pire, idéalement représentée. […] De là un certain danger moral et social qu’il ne faut pas méconnaître ; tout ce qui est sympathique, encore une fois, est contagieux dans une certaine mesure, car la sympathie même n’est qu’une forme raffinée de la contagion : la misère morale peut donc se communiquer à une société entière par sa littérature.
Pendant dix jours, la presse tout entière prépara l’opinion publique de France et d’Europe. […] Alors il couvrait de décorations sa poitrine rayonnante d’aigles d’or et d’argent10. » En ces temps il songeait fort peu à la Vendée et à ses vierges martyres, à Henri IV et aux vertus des rois légitimes : Napoléon le possédait tout entier ; et oubliant les jeux de l’adolescence, il étudiait ses campagnes, et suivait sur la carte, la marche de ses armées. […] Le poète est sincère dans les Châtiments : il est là tout entier avec sa vanité blessée, son ambition trompée, sa colère jalouse et son envie rageuse. […] « Ajoutons que celui des testaments de Victor Hugo qui contient la clause d’un don de cinquante mille francs aux pauvres de Paris est tout entier écrit de sa main, qu’il est terminé et daté, mais non signé. » Donner 50 000 francs aux pauvres, même après sa mort, dépassait ce que pouvait l’âme généreuse et charitable de Victor Hugo.
En attendant, et sauf quelques taches qui se perdent dans la richesse du tissu et comme dans les plis de l’étoffe, nous possédons un Massillon assez entier et assez accompli pour en jouir avec confiance et avec plénitude. […] Or, Massillon possède au plus haut degré cet art du développement ; on pourrait même dire que c’est là son talent presque tout entier.
Aussi rapidement que solidement exécutée, l’Histoire entière parut pour la première fois en 1819 ; l’auteur depuis ce temps n’a cessé de la revoir et de l’améliorer. […] Daru, dans la retraite où il composait son Histoire de Venise, rendu tout entier à sa nature d’écrivain et se rouvrant, comme la plupart des esprits d’alors, à une impulsion d’idées qui sera bientôt universelle, n’oublie donc pas les résultats de l’expérience, laquelle a condamné souvent certains désirs que l’homme estimait plus conformes à sa dignité (t.
Thomas Corneille succédant à son frère à l’Académie avait dit, en parlant de la conquête de la Franche-Comté : « Louis le Grand a soumis une province entière en huit jours, dans la plus forte rigueur de l’hiver. […] Dacier, homme fort fameux par son érudition et ses ouvrages, qui a épousé Mlle Le Fèvre, plus fameuse encore que lui par sa profonde science, avait eu une pension du roi de 500 écus ; ils se sont tous deux convertis depuis quelques mois. » Bien plus, c’étaient M. et Mme Dacier qui avaient décidé la conversion entière de la ville de Castres. — « Dimanche, 17 février. — J’appris que le roi donnait à Foran 1500 francs de pension en faveur de sa conversion, outre celle de 2000 francs que le roi leur donna, à Villette et à lui, il y a quelque temps, comme chefs d’escadre ; ils sont tous deux nouveaux convertis, et le roi répand volontiers ses grâces sur ceux qu’il croit convertis de bonne foi. » — « 10 mars. — Le roi donne au marquis de Villette, cousin-germain de Mme de Maintenon et chef d’escadre, une pension de 3000 fr. ; il s’est converti depuis peu. » Ces sortes de pensions et de faveurs sont à l’infini : elles sont décernées hautement, données de bon cœur et de bonne foi, non pas comme motif de la conversion, mais après la conversion et comme marque de satisfaction du prince pour un retour à la règle.
Pascal n’a point un double rôle ; ce n’est point M. le théologal d’un côté, et le disciple de Sénèque ou de Montaigne de l’autre : en lui l’apologiste et l’homme ne font qu’un ; il y est tout entier, corps et âme. […] L’homme est un sujet merveilleusement divers et ondoyant, sur lequel il est Ilès-malaisé d’y asseoir jugement assuré, jugement, dis-je, universel et entier, etc., etc.
Ces deux derniers furent tout entiers poètes et rien que poètes, parfaitement ignorants d’ailleurs et étrangers à toutes les branches des lettres humaines. […] Au reste, sans être Santeul, on comprend la joie, l’enivrement presque légitime qui devait inonder son cœur lorsque lui, fragile, mais croyant et fidèle, perdu dans la foule, il entendait le chœur entier des lévites et de l’assistance entonner quelqu’une de ces hymnes aux nobles accents, dont l’une au moins, le Stupete gentes, a été comme touchée du souffle sacré et mérite, ce me semble, de vivre. — Dans ce vent soudain sorti du sanctuaire, et qui tend aujourd’hui à tout balayer de Santeul et à n’y rien laisser de sa mémoire, s’il était permis de faire entendre un humble vœu littéraire, je demanderais grâce pour une seule hymne de lui, et pour celle-là.
À la différence de tant d’hommes distingués et d’écrivains de renom qui, ayant eu une partie de leur fortune viagère, en ont une autre partie durable et immortelle, Voiture a tout mis en viager : il n’a été qu’un charme et une merveillle de société ; il a voulu plaire et il y a réussi, mais il s’y est consumé tout entier ; et aujourd’hui, lorsqu’on veut ressaisir en lui l’écrivain ou le poète, on a besoin d’un effort pour être juste, pour ne pas lui appliquer notre propre goût, nos propres idées d’agrément, et pour remettre en jeu et dans leur à-propos ces choses légères. […] Elles sont d’ailleurs restées manuscrites et dans les papiers de Conrart ; je regrette que dans l’édition présente on n’en ait pas inséré une ou deux au moins, en entier, pour donner l’exacte mesure des deux jouteurs.
La margrave prend la part la plus entière à son sort ; elle l’admire comme son héros, comme le plus grand prince régnant, « et un de ces phénomènes qui ne paraissent tout au plus qu’une fois dans un siècle. » Après ses premiers succès dont il ne profite peut-être pas autant qu’il aurait pu65, elle le voit près d’être écrasé entre les trois puissances ennemies : elle brûle de s’entremettre en sa faveur. […] Le cardinal de Tencin, dans une note dictée par lui à Tronchin, se prêtait à l’ouverture, tout en repoussant doucement la perspective ambitieuse qu’on lui faisait entrevoir ; il y disait : Le plan est admirable : je l’adopte en entier, à l’exception de l’usage qu’il voudrait faire de moi, en me mettant à la tête de la négociation.
La Bruyère vit tout entier dans son livre ; c’est là qu’il le faut chercher, non ailleurs. […] Ayant passé presque en un seul jour de l’obscurité entière au plein éclat et à la vogue, il sait à quoi s’en tenir sur la faiblesse et la lâcheté de jugement des hommes ; il ne peut s’empêcher de se railler de ceux qui n’ont pas su le deviner ou qui n’ont pas osé le dire.
Il ne s’agit pas de savoir si, un an après, résumant dans son livre des Considérations les événements accomplis, elle a écrit « que c’était une niaiserie de vouloir masquer un tel homme que Napoléon en roi constitutionnel » ; il s’agit de savoir ce qu’elle a pu écrire dans les premiers instants, quand l’avenir était encore incertain, et en apprenant ces concessions inattendues et si entières que faisait l’Empereur à la force des choses et aux exigences de l’opinion. […] Craufurd », et visant tout entière à conjurer l’intervention de l’Angleterre dans la Coalition réengagée contre la France ; la voici : « 23 avril.
Son geste est admirable avec ceux qu’il aime, et l’on dirait qu’il le réserve tout entier pour ceux-là. […] Madame, la Palatine, duchesse d’Orléans, nous a laissé le menu d’un de ses dîners : « J’ai vu souvent, nous dit-elle, le roi manger quatre assiettées de soupes diverses, un faisan entier, une perdrix, une grande assiettée de salade, du mouton au jus et à l’ail, deux bonnes tranches de jambon, une assiettée de pâtisserie, et puis encore du fruit et des confitures.
Dès le milieu du règne de Louis XIV, tout était tourné à la règle étroite, à la dévotion, et le profit moral, la dose de connaissance morale dont on parle, et qui d’ailleurs n’était propre qu’à un petit nombre d’individus d’élite dans une génération à peu près parue, étaient dès longtemps épuisés ; la révocation de l’Édit de Nantes, et l’approbation presque entière qu’elle reçut dans les régions élevées et de la part de quelques-uns de ceux même qui auraient dû être des juges, l’inintelligence profonde où l’on fut à la Cour de la révolution anglaise de 1688 et de l’avènement de Guillaume, montrent assez que les lumières étaient loin et que les plus gens d’esprit en manquaient. […] Ce fut l’œuvre du xviiie siècle tout entier de mûrir, de rassembler, de coordonner, de propager ces vues plus justes, plus salutaires et tendant à une civilisation meilleure.
Les Mystères qui avaient mis deux siècles à croître et à se former eurent ainsi leur promotion finale : le bas moyen âge est l’époque de leur entière célébrité et de leur triomphe. […] Le mystère est précédé d’un sermon, adressé par l’auteur au public, une sorte de prône qui roule tout entier sur quatre mots de l’Évangile : « Verbum caro factum est, le Verbe s’est fait chair », et qui n’a guère moins de 1,000 vers.
quels étaient les auteurs de ces propositions ultra-royalistes et vraiment révolutionnaires, qui allaient pleuvoir coup sur coup, qui tendaient à tout remettre en question, les idées et les intérêts modernes, à constituer la société entière en état de suspicion, à aggraver toutes les peines, à proposer la peine de mort de préférence à toute autre, à substituer le gibet à la guillotine, les anciens supplices aux nouveaux40, à maintenir la magistrature dans un état prolongé et précaire d’amovibilité, à excepter de l’amnistie des catégories entières de prétendus coupables, à rendre la tenue des registres civils au Clergé, à revenir sur les dettes publiques reconnues, etc., etc. ?
Par mesure de prudence, les magistrats avaient eu soin de laisser sans poudre les canons du rempart, afin d’ôter aux mauvaises têtes, s’il y en avait, le moyen de commencer un jeu qui aurait mal fini pour la population tout entière. […] Comme on s’entretenait le 2 octobre, à son coucher, des nouvelles du jour, à savoir qu’une partie de nos troupes était entrée à Strasbourg dans l’après-midi du 30 septembre, et que le reste n’avait fait son entrée que le lendemain, le roi dit en riant qu’il fallait que, dès ce premier jour même, la sûreté y fût bien entière, puisque M. de Louvois y avait couché.
Zeller hésite un peu sur ce point ; mais il n’hésite pas quand il attribue à César l’idée de fonder, sous un nom ou sous un autre, une monarchie populaire, universelle et, en quelque sorte, humaine : « Étendre le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire, régner sur le monde pour le monde entier, non pour l’oligarchie ou la démocratie quiritaires ; abaisser les barrières entre les classes comme entre les nations, entre la liberté même et la servitude, en favorisant les affranchissements et en mettant le travail en honneur ; avoir à Rome une représentation non du patriciat romain, mais du patriciat du monde civilisé ; fondre les lois de la cité exclusive dans celles du droit des gens ; créer, répandre un peuple de citoyens qui vivent de leur industrie et qu’on ne soit pas obligé de nourrir et d’amuser : voilà ce qu’on peut encore entrevoir des vastes projets de celui qu’on n’a pas appelé trop ambitieusement l’homme du monde, de l’humanité ; voilà ce dont témoignent déjà les Gaulois, les Espagnols introduits dans Rome, Corinthe et Carthage relevées, et ce qu’indiquent les témoignages de Dion Cassius, de Plutarque, de Suétone, bien qu’ils aient pu prêter peut-être à César quelques-unes des idées de leur temps. » César (s’il est permis d’en parler de la sorte à la veille d’une publication par avance illustre), César, au milieu de tous ses vices impudents ou aimables, de son épicurisme fondamental, de ce mélange de mépris, d’indulgence et d’audace, de son besoin dévorant d’action, et de cet autre besoin inhérent à sa nature d’être partout le premier, César, à travers ses coups de dés réitérés d’ambitieux sans scrupule et de joueur téméraire, avait donc une grande vue, une vue civilisatrice : il n’échoue pas, puisque son idée lui survit et triomphera, mais il périt à la peine, parce qu’il avait devancé l’esprit du temps, tout en le devinant et le servant, parce qu’il vivait au milieu de passions flagrantes et non encore domptées et refoulées. […] Bersot, roulant presque tout entière sur Marc-Aurèle, de même qu’un drame de M.
avec plus de produit dans le talent et avec un dégagement à tout prix, le résultat de l’œuvre a été moins beau que d’abord : la loi de l’ensemble, l’unité, a été violée ; le fonds entier s’est vu compromis. […] Ces sortes de natures si entières se corrigent-elles jamais, et ne mettent-elles pas leur point d’honneur à être ou à paraître jusqu’au bout invincibles ?
On a tant abusé de nos jours du mot imagination, on l’a tellement transportée tout entière dans le détail, dans la trame du style, dans un éclat redoublé d’images et de métaphores, qu’on pourrait ne pas voir ce qu’il y a d’imagination véritable et d’invention dans cette suite de compositions de moyenne étendue, qui n’ont l’air de prétendre, la plupart, qu’à être d’exactes copies et des récits fidèles. […] On a bientôt fait de dire que Marius représentait le principe populaire, et Sylla l’élément patricien ; que le plébéianisme, depuis les Gracques, était généralement favorable à l’émancipation de l’Italie tout entière et à une égalité de droits à laquelle s’opposait le sénat ; que les Italiens s’armèrent pour conquérir par la force ce qu’on leur déniait avec iniquité ; que la guerre fut atroce et Rome plus d’une fois en danger ; que le patriciat, en triomphant même, en se relevant un moment par l’épée de Sylla, ne put guère faire autre chose que ce qu’aurait fait également l’autre parti s’il eût été victorieux, c’est-à-dire proclamer les concessions devenues inévitables et qui ne s’arrêtèrent pas là.
Voilà un couple d’espèce nouvelle, puisque son second terme n’est pas un objet dont nous puissions avoir perception et expérience, c’est-à-dire un fait entier et déterminé, mais une portion de fait, un fragment retiré par force et par art du tout naturel auquel il appartient et sans lequel il ne saurait subsister. […] Ce n’est pas cette tendance que vous vouliez éveiller ; elle s’est éveillée toute seule ; voilà la faculté du langage ; elle est fondée tout entière sur ces tendances consécutives qui survivent à l’expérience d’individus semblables et qui correspondent précisément à ce qu’il y a de commun en eux.
Quand ce qu’il a apporté d’idées neuves et justes aura passé dans les manuels élémentaires, et que les historiens verront surtout les témérités ou les erreurs de ses livres, il demeurera entier dans la littérature, comme Montesquieu et comme Michelet. […] Cette histoire est telle, en ses deux parties, qu’elle est rigoureusement et tout entière déterminée par les solutions des problèmes philologiques.
La mer tout entière et chacune de ses vagues, la nuit et chacune des nuées du ciel, autant de prostituées qu’il nous montre à l’œuvre. […] L’univers tout entier lui apparaît, non pas même comme un musée secret, mais comme une maison Tellier.
Mais on ne sera sûr de n’avoir oublié aucune de ces conditions, que quand on aura décrit l’état de l’univers tout entier à l’instant t ; toutes les parties de cet univers peuvent en effet exercer une influence plus ou moins grande sur le phénomène qui doit se produire à l’instant t + dt. […] Ceux qui avaient lu attentivement le volume tout entier ne pouvaient cependant s’y tromper.
D’ailleurs il avait su prendre sur nous un entier crédit par sa parole vive et imagée, sa franche et loyale nature, son obligeante assiduité. […] Ils chantent, dans leur isolement, avec la même assurance que si l’univers entier était suspendu à leurs lèvres et il faut leur rendre cette justice que s’ils aimaient les applaudissements, ils les ont quêtés fièrement, sans flagornerie ni bassesse.
La religion était la philosophie, la poésie était la science, la législation était la morale ; toute l’humanité était dans chacun de ses actes, ou plutôt la force humaine s’exhalait tout entière dans chacune de ses exertions. […] La critique, au contraire, ne sait pas digérer ; les morceaux restent entiers ; on voit trop bien les différences.
C’est que sur le calcul, dit-on, de Cassini, Un astrolabe en main, elle a, dans sa gouttière, À suivre Jupiter passé la nuit entière. […] Nous avons déjà cité ces vers en parlant du Misanthrope : Tout n’irait que mieux Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait la tête en bas rimer dans la rivière.
Elle le conçoit selon la fière formule de la loi romaine : ubi tu Caïus, ibi ego Caïa, « là où tu seras Caïus, je serai Caïa. » Elle aime passionnément son mari, elle s’est donnée à lui corps et âme ; donc elle a le droit d’exiger qu’il se donne à elle tout entier. […] Il appartient tout entier a Sylvanie de Terremonde, qui y fait son entrée impatiemment attendue.
Commynes mêle fréquemment Dieu et le ciel à ses considérations, et l’on peut se demander quelquefois s’il le fait avec une entière franchise, et si ce n’est pas pour mieux couvrir ses hardiesses et ses malices. […] Le malheur de la France est qu’un tel gouvernement n’ait pas été constitué régulièrement quand le peuple était bon, les Communes consistantes, les grands corps de l’État animés d’un esprit de tradition, et la vitalité du royaume en son entier.
Il faut lire chez Retz la comédie entière. […] Que si plus tard Mazarin (comme cela n’est pas impossible) passa outre et triompha des scrupules jusqu’à l’entière possession, c’est qu’il y vit pour lui un moyen plus sûr de gouvernement.
Tant de soins multipliés sont loin de l’absorber tout entière : elle monte encore à cheval avec un officier de fortune qui se trouve dans le voisinage, et devient très habile en équitation ; elle fait de longues chasses au sanglier et court plus d’un hasard. […] J’y écrivais tous les jours quelques lignes, et quelquefois des pages entières.
Gourville raconte l’état de désordre où était dans ce temps (1657) l’administration des finances ; la place était remplie de billets décriés qui provenaient de la banqueroute qu’avait faite quelques armées auparavant le maréchal de La Meilleraye (alors surintendant) ; on achetait ces anciens billets pour rien, et, en faisant des affaires avec le roi, on obtenait de Fouquet, comme condition, qu’il réassignât ces billets pour les sommes entières : « Cela fit beaucoup de personnes extrêmement riches, dit Gourville ; cependant, parmi ce grand désordre, le roi ne manquait point d’argent, et, ayant tous ces exemples devant moi, j’en profitai beaucoup. » Le roi ne manquait point d’argent, là est un point essentiel dont Pellisson s’est ensuite servi très habilement dans les Défenses qu’il a données de Fouquet. […] Il y a eu des régimes tout entiers, réputés sages, qui n’y ont rien compris.
Plus d’une fois il s’élève ; le sentiment de la réalité et la vivacité de son affection humaine lui suggèrent une sorte de poésie : Je dois bientôt quitter celle scène, écrivait-il à Washington (5 mars 1780) ; mais vous pouvez vivre assez pour voir notre pays fleurir, comme il ne manquera pas de le faire d’une manière étonnante et rapide lorsqu’une fois la guerre sera finie : semblable à un champ de jeune blé de Turquie qu’un beau temps trop prolongé et trop de soleil avaient desséché et décoloré, et qui dans ce faible état, assailli d’un ouragan tout chargé de pluie, de grêle et de tonnerre, semblait menacé d’une entière destruction ; cependant, l’orage venant à passer, il recouvre sa fraîche verdure, se relève avec une vigueur nouvelle, et réjouit les yeux, non seulement de son possesseur, mais de tout voyageur qui le regarde en passant. […] Franklin répond par cette lettre que je donnerai en entier, puisque, mieux que tout ce que je pourrais dire, elle exprime le vrai rapport où il est avec les philosophes du xviiie siècle, et le point par où il s’en sépare : J’ai lu votre manuscrit avec quelque attention.
Chacun de nous est un petit monde où le monde entier se voit en raccourci et est véritablement comme en germe, et le proverbe italien cité par Pascal est très exact : « Le monde entier est fait comme notre famille » et même comme nous.
Le meilleur de ces drames est Chatterton, tiré tout entier de Stello ; mais il est dans Stello beaucoup plus beau et plus complet, puisque l’analyse, et l’imagination qui décrit, y ajoutent leur profondeur et leur éclat de la passion et des caractères. […] On n’avait pourtant, du temps de Carrel, qu’une partie de l’âme de Vigny, qu’on croyait heureuse et qui ne l’était pas… C’est nous qui l’avons tout entière, complétée et embellie par la douleur… qui embellit toujours les âmes !
C’est alors que la formule du « Vœu » fut rédigée en son entier par l’archevêque, revue ensuite par le pape lui-même, telle qu’elle subsiste aujourd’hui. […] Tout a disparu du « Vœu » primitif, ou plutôt, tout est prudemment dissimulé aux yeux de la « noble Chambre, si fidèle aux inspirations et aux traditions chrétiennes. » L’idée même du « Vœu » subsiste entière dans l’esprit de ceux qui l’ont formulé, mais ils se gardent bien d’en faire mention pour ne pas effrayer l’Assemblée.
La convenance est donc entière entre la forme et le fond. […] … Au reste, les Harmonies tout entières (et j’arrive ainsi à l’étude du « fond ») ne sont qu’un long et opulent symbole, puisque nul tableau n’y est peint pour lui-même et que toutes les choses décrites y sont représentatives de quelque chose qui les dépasse, soit de la grandeur et de la bonté divines, soit des sentiments que l’homme doit avoir pour Dieu. […] Pascal disait : « Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser. […] On conçoit que la recherche contradictoire d’on ne sait quel infini dans la sensation égoïste arrive à « déshumaniser » ceux qui s’y abandonnent tout entiers. […] L’idée même qu’il avait de la poésie, ou plus exactement, de la place que la production de la poésie écrite peut tenir et doit accepter dans une existence normale, est d’un homme qui sentait bouillonner en lui toutes les énergies et qui prétendait vivre tout entier.
La sphère tout entière vous a toujours pour centre ; ô chose réciproque de l’attention de tout le ciel étoilé ! […] C’est qu’à une impitoyable pénétration d’esprit s’allie en lui une entière ingénuité : il n’est pas seulement atteint, si l’on peut dire, de sincérité ; il en est doué. […] Cette difficulté de croire, lui-même nous apprend qu’elle tient tout entière dans « l’impossibilité de souhaiter être différentih ». […] Il écrivait ici en février 1924 : « l’idée de la relativité pénètre lentement, mais invinciblement, le système entier de nos conceptionsin ». […] Degas est un moraliste ; sa vie entière et son esthétique intime sont celles, aussi, d’un homme de moralité ».
Comme on jette à la mer son bagage en silence, J’ai jeté dans mon sein, qui s’est fermé dessus, Mon fardeau tout entier, écroulement immense, Ma misère et mon deuil, et mes rêves déçus !
C’est ainsi qu’on en vint aux grands remèdes sans presque se douter de la difficulté, ou du moins en la voyant tout entière d’un seul côté, dans l’obstacle qu’opposaient les privilégiés et la Cour.
Dans ce système, le moindre changement d’attitude se traduit par des déplacements de plis du vêtement tout entier : en sorte que, malgré la simplicité et l’uniformité des pièces de leur habillement, les Tanagréennes offrent des silhouettes et des arrangements de lignes beaucoup plus variés et plus imprévus que ne font nos Parisiennes avec leur harnachement si compliqué.
Elle fut jadis puissante et belle ; elle ne se vendit peut-être jamais guère, en grande courtisane qu’elle fut ; mais elle aura l’éternelle gloire de s’être donnée tout entière aux poètes de l’école nouvelle.
La ligue des bons esprits de la terre entière contre le fanatisme et la superstition est en apparence le fait d’une imperceptible minorité ; au fond, c’est la seule ligue durable, car elle repose sur la vérité, et elle finira par l’emporter, après que les fables rivales se seront épuisées en des séries séculaires d’impuissantes convulsions.