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942. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

. — Nul n’a droit de dire : « Je connais les hommes. » Tout ce qu’on peut dire de juste, c’est : « Je suis en train de les connaître. » XXIII Assembler, soutenir et mettre en jeu à la fois dans un instant donné le plus de rapports, agir en masse et avec concert, c’est là le difficile et le grand art, qu’on soit général d’armée, orateur ou écrivain.

943. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

La morale, établie d’une façon stricte, peut être quelquefois en méfiance du goût et le faire taire ; si difficile et si dédaigneux qu’il soit, elle est moins étendue et moins élastique que lui.

944. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

Nous remontons sans doute au moyen âge aussi ; mais c’est là, surtout au théâtre, une fièvre chaude, un peu factice, et qu’il est difficile de faire partager au grand nombre : au lieu qu’avec le xviiie  siècle, nous ne nous sentons pas tellement éloignés que cela ne rentre aisément dans nos goûts au fond et dans nos mœurs, sauf un certain ton, un certain vernis convenu qu’on jette sur les personnages, un peu de poudre et de mouches qui dépayse et rend le tout plus piquant.

945. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Mais une pensée semblable était difficile à articuler ; acteur, il fallait en marquer l’effort, entrer, pour ainsi dire, dans la crainte de l’exprimer.

946. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

Les modernes seraient condamnés aussi à la monotonie, si les fables des Grecs étaient le seul moyen de varier les ouvrages d’imagination ; car plus ces fables sont dignes d’admiration dans les poètes anciens qui les ont employées, plus il est difficile à nos poètes de s’en servir.

947. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Le point de contact entre eux n’est pas difficile à voir : c’est la commune protestation au nom de Dieu et de la raison qui le connaît, contre l’ascétisme catholique. « … Celui grand bon piteux Dieu, écrivait Rabelais, lequel ne créa onques le Caresme : oui bien les salades, harengs, merlans, carpes, brochets, dars, umbrines, ablettefe, rippes, etc.

948. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

J’ai lu, pour ma part, ce morceau soigneusement, et il m’est encore difficile, à l’heure qu’il est, d’en saisir le véritable dessein.

949. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Entre nous, c’est justice : ce qu’il fait est autrement difficile que ce que nous faisons tous, nous autres… Indéfiniment, des bravos sanctionneront la gloire de l’Aiglon qui se leva, ce soir, si haute, si pure, extraordinaire.

950. (1894) Propos de littérature « Chapitre Ier » pp. 11-22

Il est plus difficile de distinguer la mesure de ses rapports avec l’homme.

951. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

» Ce mouvement inverse, ce reflux, pour ainsi dire, que nous avons à constater fut par la suite une cause d’incertitude et de confusion : quand il devint difficile de démêler dans le répertoire italien ce qui avait précédé Molière ou ce qui l’avait suivi, on méconnut souvent les dettes réelles qu’il avait contractées pour lui attribuer des emprunts où il était, non plus débiteur, mais créancier.

952. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

En allant du simple au composé, nous rencontrons bientôt sur notre chemin deux analyses plus difficiles : celle du ton, celle du style proprement dit.

953. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Ils ont si fort senti combien il étoit difficile d’égaler cette touche mâle & vigoureuse ; cette versification aussi nombreuse que correcte ; cette tournure de pensées tantôt lumineuse & piquante, tantôt forte, pittoresque & majestueuse, qui caractérise ce Poëte, que leur amour-propre a pris le parti le plus facile, celui de le décrier.

954. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

. ; ayez un génie vraiment poétique, & vous saurez ennoblir chaque terme pour exprimer chaque objet ; & vous traiterez les choses les plus difficiles d’une maniere aussi claire que poétique.

955. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

Et remarquons, en passant, que, si la littérature du grand siècle de Louis le Grand eût invoqué le christianisme au lieu d’adorer les dieux païens, si ses poëtes eussent été ce qu’étaient ceux des temps primitifs, des prêtres chantant les grandes choses de leur religion et de leur patrie, le triomphe des doctrines sophistiques du dernier siècle eût été beaucoup plus difficile, peut-être même impossible.

956. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Et, lui sage, il leur dit : Il est difficile de blâmer la conduite de ce chien ; cependant comme il est, dans cette fable, le représentant, d’un échevin ou d’un prévôt des marchands, La Fontaine n’aurait pas dû lui donner l’épithète de sage.

957. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Je dirai : « J’étais là, telle chose m’advint, Vous y croirez être vous-même… » a dit le Pigeon voyageur, et Mme de Belgiojoso, ce cygne du lac Majeur, n’a pas de procédé plus compliqué et plus difficile que le Pigeon de La Fontaine.

958. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

qu’il est difficile de convertir les hommes ! 

959. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jacques Demogeot » pp. 273-285

L’hypocrisie est le seul vice qui soit aussi pénible, aussi difficile qu’une vertu.

960. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Une telle vue, si elle est réelle, met à bas d’un revers de main toutes les philosophies de l’Histoire, toutes ces modernes théories qui essayent d’expliquer la vie des sociétés autrement que la vie de l’homme, comme si elle renfermait des éléments de plus, comme si, avec l’homme seul, ce n’était pas déjà, pour les plus forts, assez difficile, et pour les plus pénétrants, assez mystérieux !

961. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

C’est la Flandre, la difficile Flandre, si dure à gouverner, conduite par le cardinal Granvelle.

962. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

On a trouvé le néant au fond de tant de choses, que les ivresses sont difficiles… À cet âge tristement viril, quand on parle de courtisanes, quand on se tache les doigts à cette poussière légère que toute la sainteté de la mort ne peut sauver des profanations de la vie, il faut le faire en moraliste et en observateur, non pour glorifier des mémoires trop heureuses, selon nous, de couler à fond dans l’oubli, mais pour prendre le niveau moral d’un pays ou d’une époque et mesurer le vice de tout le monde à la taille de celles qui l’ont inspiré.

963. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée, de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour.

964. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Francis Wey » pp. 229-241

Seulement, faire le Persan comme Montesquieu, au xviiie  siècle et même au xixe , s’il en prenait envie à quelqu’un, n’est pas si difficile que de faire l’Anglais.

965. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Il fallait les battre avec leurs propres armes, ces coquines charmantes et amusantes, qui avaient ôté cette ceinture, par trop serrée de l’étiquette, à ces sultans lassés qu’elle blessait… Il fallait que la vertu, chez soi, fût aussi aimable que le vice, sans cesser d’être la vertu ; et ce jeu difficile et dangereux, que seule une femme pure et trempée dans le Styx de sa propre innocence pouvait se résoudre à jouer, elle le joua hardiment, presque héroïquement, et elle perdit… Dieu ne voulut pas que la fille de Marie-Thérèse épargnât à la France et à la maison de Bourbon le châtiment qu’elle méritait pour avoir subi des Pompadour.

966. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Cette partie de sa vie qui a l’intérêt des romans où l’on a le mieux peint la lutte de l’homme contre les choses, le danger, l’obstacle, l’ennemi, fait regretter amèrement qu’aux jours difficiles où les gouvernements qu’il servit curent besoin de fortes épaules, sur lesquelles ils pussent s’appuyer, on n’eut pas pensé à la sienne.

967. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

I « De toutes les œuvres qui tentent l’effort de l’esprit humain, — disait un grand critique anglais, — l’histoire est tout à la fois la plus difficile à réussir et la plus facile à aborder.

968. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Cette difficile histoire ne peut être écrite que par un esprit à la Joseph de Maistre, et nous l’attendrons peut-être bien longtemps encore.

969. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

C’est là un desideratum désespéré pour tous ceux qui aiment l’Histoire difficile et piquante.

970. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Enveloppé dans la grande parole de Leibnitz : le passé est gros de l’avenir , comme dans un talisman de vérité, il a cherché dans le passé la clef du difficile problème qu’on pose en ce moment, comme un sphinx qui le garderait au seuil d’une société à reconstruire.

971. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

ce n’est pas, pour les esprits difficiles, une suffisante raison, et c’est là, il me semble, un des points faibles de cette robuste dissertation, qui en a si peu.

972. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Gérard de Nerval  »

Il a pu rendre cette grâce fluide et rayonnante dans la précision de la langue française : chose difficile !

973. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Et c’est difficile, car c’est le poids du siècle, et le génie seul est assez robuste pour pouvoir rejeter ce fardeau… Dans tout poète, il y a deux choses : ce que Dieu y a mis et ce que le monde, dont nous faisons partie, y ajoute.

974. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Il l’était (je l’ai vu une fois) et il devait l’être en parlant d’un morceau de fromage, comme disait le prince de Ligne de ce goujat de Rousseau, plus difficile à poétiser, certes !

975. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

La plaisanterie est le plus difficile et le plus charmant des mouvements de notre pensée, parce qu’il est le plus inné, le plus involontaire !

976. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Ils approuvèrent universellement les adrogations, difficiles en ce qu’un citoyen, de père de famille, devient dépendant de celui dans la famille duquel il passe.

977. (1902) Propos littéraires. Première série

Difficile, oui. […] Elle était bien difficile à gagner même à moitié. […] Le métier de romancier est extrêmement difficile. […] Or, un organisme de cellules libres, c’est bien un peu difficile à imaginer. […] Il est assez difficile de discuter dans ces conditions.

978. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Toutefois les sujets qu’il avait à traiter étaient si variés qu’il lui était sans doute difficile d’indiquer autrement que par des suggestions. […] Il est peut-être difficile à un poète de trouver des synonymes anglais pour des expressions asiatiques, mais la chose fût-elle même impossible, le devoir du poète n’en est pas moins de les trouver. […] Les petits Anglais sont aussi difficiles à avoir. […] Il est difficile de donner par la simple citation une idée adéquate d’une œuvre aussi considérable, achevée avec autant de perfection qu’elle a été conçue. […] Il est difficile de choisir dans le présent volume un passage de préférence à un autre pour caractériser avec plus de précision la manière de M. 

979. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Le roman de Cinq-Mars, qui parut en 1826, fit plus que tous les poèmes pour la réputation de M. de Vigny : très lu dans le monde du faubourg Saint-Germain et dans la jeunesse aristocratique, ce roman eut une vogue élégante qui ne fut pourtant pas confirmée par des suffrages plus difficiles. […] pouvait répondre M. de Vigny à ceux qui lui opposaient un goût plus difficile ; on a lu, on a cru, on a pleuré. » Un autre problème l’occupait alors et lui tenait encore plus à cœur que celui des destinées du soldat, le problème de l’homme de lettres, du poète, et de sa situation dans la société : c’est de là que naquirent les Consultations de son Docteur noir auprès du spleenique et vaporeux Stello. […] Les discours écrits ont repris toute leur froideur sur le papier, et il est difficile, en les lisant, et même en y remarquant l’opposition constante des points de vue, d’y deviner l’occasion et le prétexté de tant de vivacité égayée et bruyante.

980. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Cela se devine ; mais aujourd’hui ils ont une raison de plus, celle d’avoir été injustes : votre existence les humilie. » Cette aimable femme n’était nullement protestante toutefois ; elle disait très bien à Rousseau sur l’article du Calvinisme : « Les motifs de votre séparation, à vous autres Protestants, m’ont toujours paru tenir plus à l’orgueil, à la licence, qu’à l’amour du bien, quoiqu’il en ait été le prétexte ; et puis, je ne trouve pas raisonnable qu’on rejette un mystère lorsqu’on en admet un autre tout aussi difficile à résoudre. […] Elle raconte cela avec beaucoup de naturel et une certaine simplicité fine, qui est son cachet : « J’imagine que c’est une chose agréable à Dieu que la soumission de l’esprit ; elle est plus difficile qu’un acte d’humilité. […] mon ami, que vous m’avez rendue difficile !

981. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Je fus très surpris de cette idée, et je lui fis remarquer aussitôt combien il serait difficile de la mettre à exécution. […] Le Pape avait annoncé sa résolution : après avoir rendu grâces au Saint-Père ainsi qu’au sacré collège de la confiance qu’ils me témoignaient, — confiance que je savais ne point mériter, — je dis avec franchise et candeur que j’avais en ce moment un besoin extraordinaire de me souvenir de mes promesses et de mes serments d’obéissance aux volontés du Pape, promesses et serments articulés quand il me plaça le chapeau de cardinal sur la tête ; que cette foi soutenait mon courage et m’aidait à servir le pontife suprême et le Saint-Siège ; que mon désir de le faire était ardent, mais que ce secours m’était indispensable au moment d’accepter une mission si difficile et sa périlleuse, que j’avais tant et de si fortes raisons pour décliner. » II Le cardinal Doria fut choisi par le Pape et par Consalvi pour remplacer le cardinal-ministre en son absence. […] Toute cette première partie du pontificat ne fut qu’une longue et difficile diplomatie entre les exigences injurieuses et les prétentions menaçantes de l’empire et la faiblesse consciencieuse du pape.

982. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Il tint cette difficile balance sans la laisser osciller. […] J’étais dans une situation très difficile. […] Mais, ajoutai-je, on doit peut-être pardonner au poète d’employer un artifice difficile à apercevoir, quand par là il arrive à des effets auxquels il n’aurait pu atteindre en suivant la route simple et naturelle.

983. (1926) L’esprit contre la raison

L’écho barrésien n’est pas d’un secret bien difficile. […] Elle tourne dans une cage dont il est de plus en plus difficile de la faire sortir. […] Détours, éd. de La NRF, 1924 ; Mon Corps et moi, éd. du Sagittaire, Simon Kra, 1925 ; La Mort difficile, éd. du Sagittaire, Simon Kra 1926, Babylone, éd. du Sagittaire, Simon Kra, 1927.

984. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Rien de plus difficile à imaginer que ces sortes de figures, il faut qu’elles soient de grand caractère ; il faut qu’elles soient belles et cependant qu’elles inspirent l’effroi. […] La première, c’est que les sujets réels sont infiniment plus difficiles à traiter, et qu’ils exigent un goût étonnant de vérité ; la seconde, c’est que les jeunes élèves préferent et doivent préférer les scènes où ils peuvent transporter les figures d’après lesquelles ils ont fait leurs premières études. […] Il ne se doute donc pas que rien n’est si difficile que d’ordonner une composition en général, et que la difficulté redouble, lorsqu’il s’agit d’une scène de mœurs, d’une scène de famille, d’une dernière scène de la vie, d’une scène pathétique et de grand pathétique.

985. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Malgré ces commencements difficiles, Audin la fonda, cette maison, et la rendit bientôt florissante, à force d’intelligence spéciale, d’activité et de bonne foi. […] Ces livres, manqués et médiocres, où le talent n’existe qu’à l’état d’éclair, étaient des tentatives dans des genres différents, et ils n’ont à présent d’autre intérêt que le profond mystère du développement des facultés d’un homme qui a battu opiniâtrement le buisson pour découvrir les sentiers cachés par où l’esprit s’élève, trace plus difficile à indiquer que celle du chamois. […] « Il faut, — dit Schiller — que l’historien, après avoir soigneusement recueilli et étudié les sources, les réduise par la seule chaleur de son cœur en une seule et nouvelle fusion pour en faire jaillir une œuvre d’art. » Précepte difficile à suivre, parce qu’il suppose une grande faculté.

986. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Il ne reste plus à Me D qu’à me donner un démenti plus sérieux, ou ce qu’elle auroit déja dû faire, à interpréter selon sa pensée, les termes propres que je rapporte, elle en a bien interprété d’autres aussi difficiles. […] La conséquence n’est pas bien difficile à tirer ; il a donc tort : et voilà la majeure secrete de tous les syllogismes de Me D. […] En vérité ce préliminaire est bien difficile à passer. […] On veut nous faire entendre par là qu’il est plus difficile de dérober un vers à Homere que d’arracher à Hercule sa massuë . […] L’illusion de l’harmonie grecque mise à part, il ne restoit plus qu’un sens grossier ; et c’est ce sens grossier qu’il étoit plus difficile d’embellir que d’arracher la massuë d’Hercule.

987. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

L’histoire du passé est actuellement visible, en certains coins du monde, où il est malheureusement difficile d’aller. […]   J’avoue qu’il m’est difficile de parler avec impartialité du beau janissaire de M.  […] Et ce mot, qui vous paraît sans doute barbare et difficile à prononcer, me remplit de joie. […] Il est difficile d’écrire, sur des livres, d’une façon moins « livresque ». […] Et maintenant, nous recommençons tous, sinon à aimer l’empereur — ce qui nous est peut-être trop difficile — du moins à l’admirer.

988. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

On s’est fort exercé sur les passages difficiles des écrits de Rabelais, comme sur l’intention générale et l’esprit de son livre ; on y a vu une signification profonde. […] Il est imperieux, rigoureux, rond, dur, difficile, inflectible. […] Que d’emprunts finissant par se confondre tellement avec nos tendances naturelles, qu’il nous est aussi difficile de discerner les uns des autres qu’il le serait au négociant de distinguer entre elles les pièces d’argent qu’il a puisées dans deux sacs différents ! […] Il est difficile de dire à quoi tient cette différence. […] Les bienfaiteurs nous rendent quelquefois ce devoir bien difficile.

989. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

De cette sensibilité si vive, mais si enfermée en elle-même et si peu répandue sur les hommes, il était difficile qu’une psychologie suffisamment pénétrante et informée pût sortir. […] C’est parce qu’il est très difficile d’exprimer un engourdissement et une stupeur de l’âme que la plupart des artistes ont mieux aimé exprimer la douleur en son moment, assez court, de crise nerveuse, qu’en son véritable état, profond, prolongé, permanent. […] Je dis aussi qu’il lui manque une certaine souplesse d’imagination, ce qui est plus difficile à bien montrer. […] Le tort d’Hugo c’est qu’il s’est arrangé de manière que cet effort d’abstraction soit extrêmement difficile. […] On conçoit combien la chose est difficile.

990. (1883) Le roman naturaliste

Il est difficile de se prononcer, puisque aussi bien M.  […] Cependant, s’il est difficile de comprendre ce que l’on veut dire quand on nous parle de la « couleur » des mots, il n’est pas douteux que les mots aient un « son ». […] Sous cet effacement il sera donc toujours assez difficile à nos romanciers de retrouver l’individualité qui subsiste. […] Le choix en serait difficile ; et aussi bien, quelque bruit que l’on mène autour de M. de Goncourt, il y faudrait vraiment plus de place que la démonstration de l’évidence n’en a jamais demandé. […] Toute sorte de notes ont de soi cet inconvénient qu’il n’y a rien de plus difficile que de résister à la tentation de s’en servir.

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