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1190. (1886) Le roman russe pp. -351

Je rappellerai brièvement les origines de la littérature russe, ses petites destinées, longtemps asservies à des dominations étrangères, son émancipation durant notre siècle. […] Je ne sache pas de peuple qui ait été plus que le peuple russe bouleversé dans ses destinées. […] En vingt-cinq ans, le romantisme a traversé les trois étapes qu’il était destiné à fournir, en Russie comme partout ailleurs. […] Beaucoup d’autres sollicitent notre curiosité, dans cette génération des « années quarante », repartie après 1854 pour de glorieuses destinées. […] Je serais un voyageur infidèle si je cherchais à égayer une route que la destinée et le caractère ont faite uniformément sombre.

1191. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Il y laisse tomber comme par mégarde quelques gouttes d’une essence subtile qui, destinées à détruire les préjugés antiques, doivent d’elles-mêmes se répandre dans les esprits à la perte de toute croyance. […] Le plus simple, le plus naturel et le plus poli dans un livre destiné au public, est encore de lui parler. […] On dirait qu’il est dans la destinée du réalisme de tendre au bas, qui n’est pas moins son contraire que le sublime. […] Placé entre les deux par la destinée, il n’a pas réussi pleinement. […] — En histoire est-il fataliste, ou croit-il à l’action de la volonté individuelle sur le cours des destinées ?

1192. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Ce qu’on appelle la destinée physiologique n’est souvent qu’une mauvaise hygiène. Ce qu’on appelle la destinée psychologique n’est souvent qu’une mauvaise éducation. […] Enfin le divorce, qu’on croyait destiné à diminuer le nombre des crimes passionnels, les a, au contraire, multipliés. […] Le disparate de ces destinées, appuyées, l’une sur la tradition, l’autre sur le prétendu progrès, donne tristement à réfléchir. […] Est-ce à dire que tout soit destiné à tomber à la fois, de ces méthodes thérapeutiques qui, aux environs de 1892, semblaient destinées à guérir rationnellement tous les maux humains contagieux ?

1193. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Voici : On désigne ainsi un assemblage de pièces de métal, destiné à soutenir et à contenir des parties moins solides, ou lâches d’un objet déterminé. […] Pour lui, grâce au Ciel, il n’avait pas à se plaindre de la destinée. […] Un Anglo-Saxon, lorsqu’il ouvre une boîte de corned beef, ne doute pas un seul instant que ce corned beef n’ait été destiné, de toute éternité, à sa propre subsistance. […] Hanotaux, en un temps où l’on ne prévoyait pas encore ses brillantes destinées. […] Si ce livre donne aux Français qui le liront une nouvelle occasion d’avoir confiance dans les destinées de leur pays, s’il contribue à démontrer aux hommes d’État de la République l’efficacité d’une tradition, s’il rend plus claires, à leurs yeux, les causes qui ont fait, dans le passé, la grandeur de la France et qui l’assureront dans l’avenir, si les meilleurs d’entre eux y trouvent de nouvelles raisons de fondre de plus en plus leur existence dans celle de la nation, ce résultat aura dépassé mes espérances, et je serai récompensé d’avoir consacré à cette œuvre tous les loisirs d’une vie qui n’est pas uniquement réservée à l’étude.

1194. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ceux qui sont destinés à les posséder un jour ne les acquièrent le plus souvent qu’à force de vivre, et les achètent, en général, fort cher au prix de tous les biens qui rendent la jeunesse si riche. […] Plus tard, lorsque quelques années se seront écoulées, ces deux hommes se retrouveront, et Valvèdre dira à Francis, qui, dans l’intervalle, s’est converti à la métallurgie : « Le mystère de notre action sur la destinée, nul ne peut le sonder. […] » Je me souviens que quelques années plus tard, dans un autre pays, à l’occasion de la naissance d’un enfant destiné aussi à l’empire, j’assistai à la composition d’une autre prière. […] convaincu peut-être, et converti ; et cela dans une compagnie dont l’égalité est le principe et la parole est l’âme ; oui, — être menacé de ne plus sortir d’une même nuance et bientôt d’une même famille, être destiné, si l’on vit encore vingt ans, à voir se vérifier ce mot de M.  […] Je ne pense pas qu’elle doive désarmer en face de ce grand succès, mais avec de certains livres destinés à une longue vie, rien ne presse.

1195. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Reste qu’il ne fait rien et traîne d’expédients en expédients en rêvant toujours des grands rôles auxquels il était destiné et que les circonstances l’ont empêché de jouer. […] La destinée curieuse de ce philosophe consiste en ceci qu’on a oublié son système pour ne se souvenir que de sa méthode et qu’on a pris sa méthode pour son système. […] Nous ne savons rien et sommes, ce me semble, destinés à ne savoir jamais rien des opinions personnelles de Molière sur la religion. […] En tout cas, elle est destinée à porter toujours ou très longtemps la marque, le poids et la peine de son origine. […] Ribot : « Surveiller les biens, laisser libres les personnes. » D’autres restrictions qui ne me plaisent point du tout peuvent, à la rigueur, être considérées comme des mesures de transition qui seraient destinées à disparaître avec le temps, si la loi était destinée elle-même à être appliquée dans un esprit libéral.

1196. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Une grave pensée gouvernait ce grand labeur. « Par l’intention de mes parents et de mes amis, j’avais été destiné dès l’enfance au service de l’Église, et mes propres résolutions y concouraient. […] Comme toutes les puissances destinées à prendre l’empire, l’idée intérieure végète et absorbe à son profit le reste de leur être. […] Sans craindre le ridicule, et avec la roideur d’un spéculatif tout d’un coup heurté par la vie réelle, il écrivit des traités en faveur du divorce, les signa de son nom, les dédia au Parlement, se crut divorcé, de fait, puisque sa femme refusait de revenir, de droit, parce qu’il avait pour lui quatre passages de l’Écriture ; là-dessus il fit la cour à une jeune fille, et tout d’un coup, voyant sa femme à ses genoux et pleurante, il lui pardonna, la reprit, recommença son sec et triste mariage, sans se laisser rebuter par l’expérience, au contraire destiné à contracter deux autres unions encore, la dernière avec une femme plus jeune que lui de trente ans. […] Pour exprimer un pareil sentiment, ce n’était pas assez des images, et de la poésie qui ne s’adresse qu’aux yeux ; il fallait encore des sons, et cette poésie plus intime qui, purgée de représentations corporelles, va toucher l’âme : il était musicien ; ses hymnes roulaient avec la lenteur d’une mélopée et la gravité d’une déclamation ; et lui-même semblait peindre son art en ces vers incomparables qui se développent comme l’harmonie solennelle d’un motet : Dans la profondeur des nuits, quand l’assoupissement494 — a enchaîné les sens des mortels, j’écoute — l’harmonie des sirènes célestes — qui, assises sur les neuf sphères enroulées, —  chantent pour celles qui tiennent les ciseaux de la vie, —  et font tourner les fuseaux de diamant — où s’enroule la destinée des dieux et des hommes. —  Telle est la douce contrainte de l’harmonie sacrée — pour charmer les filles de la Nécessité, —  pour maintenir la Nature chancelante dans sa loi, —  et pour conduire la danse mesurée de ce bas monde — aux accents célestes que nul ne peut entendre, —  nul formé de terre humaine ; tant que son oreille grossière n’est point purifiée495. […] Ils ont donc été créés dans l’état que demandait l’équité, et ne peuvent justement accuser leur créateur, ni leur nature, ni leur destinée, comme si la prédestination maîtrisait leur volonté fixée par un décret absolu ou par une prescience supérieure ; ils ont eux-mêmes décrété leur propre révolte ; je n’y ai point part.

1197. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

On en vint à parler du mariage, de ses avantages, de ses inconvénients, et de la destinée des femmes en général. […] Rien ne change dans les trois caractères, mais la destinée change et le dénouement approche. […] Un jour sa maîtresse, qui venait de le rencontrer dans un piteux état, se mit à parler de lui avec son intendant Gabriel, un homme qui, à en juger par ses yeux fauves et son nez en bec de corbin, était évidemment destiné à l’état d’intendant. […] Mais, reprit-il à haute voix, je ne sais si la femme qu’on te destine te conviendra. […] La baruinia ayant pris cette potion, recommença d’une voix lamentable à se plaindre du chien, de Gabriel, de sa malheureuse destinée.

1198. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

La mère renvoie sa fille à son père et emmène son fils à Paris ; ils y passent deux ans à chercher et à attendre en vain une destinée digne du génie croissant de Wolfgang. […] « Ainsi s’est écoulée cette triste journée, à laquelle je ne pensais pas être jamais destiné. […] Tu vois clair comme le jour que désormais la destinée de tes vieux parents, celle de ta si jeune, si bonne et si aimante sœur, est uniquement entre tes mains.

1199. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

La diplomatie de chaque nation est l’expression de son caractère : Égoïste, superbe, religieuse, humanitaire et philosophique, en Angleterre ; Héroïque, généreuse et versatile, en France ; Immorale, cauteleuse et improbe, en Prusse ; Modeste, honnête et intéressée, en Hollande ; Ombrageuse et amphibie, en Belgique ; Persévérante, longanime, sans scrupule, mais non sans honnêteté, en Autriche ; Vaine, chevaleresque et loyale, en Espagne ; Grecque, habile, à petits manèges et à grandes vues, en Russie ; Consommée, universelle, sachant toutes les langues des cabinets, à Rome, Rome, la grande école de la diplomatie moderne, puissance qui ne vit que de politique sur la terre, d’empire sur les consciences, de ménagements avec les cours, de résistance derrière ce qui résiste, d’abandon de ce qui tombe, d’acquiescement aux faits accomplis ; Dépendante et adulatrice, dans les petites cours d’Allemagne et d’Italie, clientes de la force et de la victoire ; Hardie, inquiète, insatiable, en Piémont ; prompte à tout recevoir, quelle que soit la main qui donne ; prête à tout prendre, quelle que soit la main qui laisse envahir ; Alpestre, rude, pastorale, probe, mais intéressée, en Suisse ; non dépourvue d’une sorte d’habileté villageoise, se faisant appuyer par tout le monde, mais n’appuyant elle-même personne contre la fortune ; Enfin, simple et franche en Turquie, jouissance arriérée dans la voie de la corruption des cabinets européens ; puissance de bonne foi, dont la candeur est à la fois la vertu et la faiblesse ; puissance naïve qui n’a jamais eu de diplomatie que la ligne droite ; puissance qui a toujours cru à toutes les paroles, et qui n’a jamais manqué à la sienne ; puissance, enfin, destinée à être la grande et éternelle dupe de tous les cabinets, dupeurs de son ignorance et de sa loyauté. […] Trônes, assemblées populaires, Convention, Directoire, Consulat, Empire, restauration ou changement de dynasties, n’étaient pour lui que des expédients de la destinée. […] C’était, en effet, l’oracle de la destinée pour la dynastie de Napoléon et pour celle de la France, si Napoléon n’eût pas rêvé au lieu de réfléchir, et si l’expédition d’Alexandre le Grand chez les Scythes ne l’eût pas emporté à une campagne d’imagination à Moscou qui déconcertait jusqu’à son étoile.

1200. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Cependant, si tu partais, si tu t’éloignais de ce cercle, sentiraient-ils le vide que ta perte causerait dans leur destinée ? […] Couple heureux et brillant, vous qui m’avez admis Dès longtemps comme un hôte à vos foyers amis, Qui m’avez laissé voir en votre destinée Triomphante, et d’éclat partout environnée, Le cours intérieur de vos félicités, Voici deux jours bientôt que je vous ai quittés ; Deux jours, que seul, et l’âme en caprices ravie, Loin de vous dans les bois j’essaye un peu la vie ; Et déjà sous ces bois et dans mon vert sentier J’ai senti que mon cœur n’était pas tout entier ; J’ai senti que vers vous il revenait fidèle, Comme au pignon chéri revient une hirondelle, Comme un esquif au bord qu’il a longtemps gardé ; Et, timide, en secret, je me suis demandé Si, durant ces deux jours, tandis qu’à vous je pense, Vous auriez seulement remarqué mon absence. […] destinée, certes, la plus favorisée entre toutes celles des poètes épiques, si souvent errants, proscrits, exilés !

1201. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Votre destinée est telle, vaillants héros, qu’il vous faut mourir au pays d’Etzel. […] De toutes parts le sang des guerriers morts coulait par les ouvertures et par les trous destinés à dégager les eaux. […] Le seigneur Dietrîch savait bien que cet homme audacieux était d’humeur féroce ; aussi le prince de Vérone se défendit-il avec adresse des coups terribles qui lui étaient destinés.

1202. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Nos malheurs y obtiennent des larmes, et l’on y plaint la destinée humaine. » Et, enfin, le mot profond : « On se lasse de tout, sauf de comprendre », n’est point dans l’œuvre même de Virgile, mais lui est seulement attribué par le commentateur Servius. […] Toute la destinée de l’humanité se résume pour lui dans le sombre tableau que trace Thomas Graindorge pour l’instruction de son neveu. […] Puis, il songe que, en tout cas, il sera trop tard pour lui, que la fâcheuse « limite d’âge » le guette, que la retraite ajoutera à l’oisiveté de ses vingt dernières années une vieillesse inutile et qu’il n’aura rempli ni tout son mérite ni toute sa destinée naturelle.

1203. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Nous avons les révoltées qui agitaient au-dessus de l’émeute en furie, un mouchoir brodé à leurs armes ; nous avons les énergumènes-femmes de la plume et de la parole, armées jusqu’aux dents des paradoxes les plus furieux ; nous avons eu les Mirabeau déguenillées du Club des Femmes ; la femme libre, amie et enfant de chœur de l’abbé Chatel ; nous avons eu une race à part de Saint-Simoniennes qui réclamaient la pluralité des, femmes dans la petite église d’où sont sortis, à la plus grande gloire de la doctrine, tant d’apôtres réservés aux plus hautes destinées ; nous avons eu la femme découverte par M. de Balzac, La Femme de trente ans, un saule-pleureur tout chargé des guirlandes, des lyres, des sonnets de la jeunesse et des hoquets de la suprême passion ! […] Celle-ci destinée à toutes les grandeurs de l’infortune, orpheline à seize ans, orpheline d’un roi et d’une reine, que dis-je ! […] On se lamente sur la destinée des comédiens, dont rien ne reste, pas plus que le son de l’écho disparu, et l’on ne voit pas que rien ne revient, de ce qui est mort.

1204. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

On pourrait penser que le grand développement des rayons ou pétales extérieurs cause l’avortement d’autres parties de la même fleur, en détournant la nourriture qui leur est destinée ; mais, chez certaines Composées, il y a une différence entre les graines du pourtour et du centre, sans aucune différence entre les corolles. […] Je n’en donnerai pourtant ici aucun exemple ; parce que je ne vois guère le moyen de distinguer si le développement de certaines parties et la résorption des parties opposées sont un effet de la sélection naturelle et du défaut d’exercice, ou si l’excès de croissance de certains organes a seul attiré vers eux la nourriture destinée aux organes voisins84. […] C’est ainsi que la forme d’un couteau, destiné à couper toutes sortes de choses, est presque indifférente, tandis qu’un instrument construit pour quelque emploi particulier doit avoir une forme toute spéciale.

1205. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Ainsi, elles ne possèdent point l’appareil destiné à recueillir le pollen qui leur serait indispensable si elles avaient à prendre le soin de nourrir leur progéniture. […] Elle construit un rayon de cire presque régulier, composé de cellules cylindriques dans lesquelles les larves éclosent, et, de plus, quelques grandes cellules destinées à recevoir la provision de miel. […] Les phénomènes psychiques de la vie animale nous échappent complétement et nous échapperont peut-être toujours, ou du moins ne pourrons-nous jamais les connaître que par induction ou par analogie ; mais il faut pour cela que même la psychologie humaine soit plus avancée et plus sûre d’elle-même, qu’elle ait procédé pendant longtemps de fait en fait par observation et par expérience, et non en se laissant dominer, comme elle l’a toujours fait jusqu’aujourd’hui, par des données à priori sur l’essence de l’âme, sur son origine et ses destinées.

1206. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Retiré dans sa province méridionale où l’enchaînaient d’honorables devoirs fortement compris, où le refoulaient des douleurs patriotiques et républicaines qu’il est beau à lui d’avoir exagérées, il perdit assez vite le sentiment vrai des choses, il fit fausse voie dans sa destinée. […] Il y a, je me le suis dit souvent, un jour décisif et fatal après la première jeunesse, après les premiers triomphes ; il s’agit de réaliser les espérances, de pousser sa conquête, d’asseoir sa seconde et définitive destinée.

1207. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Elle se présente à lui comme la fille d’Otrée, roi opulent de toute la Phrygie, et comme une fiancée qui lui est destinée : « C’est une femme troyenne qui a été ma nourrice, lui dit-elle par un ingénieux mensonge, et elle m’a appris, tout enfant, à bien parler ta langue. » Anchise, au premier regard, est pris du désir, et il lui répond : « S’il est bien vrai que tu sois une mortelle, que tu aies une femme pour mère, et qu’Otrée soit ton illustre père, comme tu le dis, si tu viens à moi par l’ordre de l’immortel messager, Mercure, et si tu dois être à jamais appelée du nom de mon épouse ; dans ce cas, nul des mortels ni des Dieux ne saurait m’empêcher ici de te parler d’amour à l’instant même ; non, quand Apollon, le grand archer en personne, au-devant de moi, me lancerait de son arc d’argent ses flèches gémissantes, même à ce prix, je voudrais, ô femme pareille aux déesses, toucher du pied ta couche, dussé-je n’en sortir que pour être plongé dans la demeure sombre de Pluton !  […] ce fut ta destinée.

1208. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Mais la mort, et une telle mort, a plus fait pour l’honneur de Farcy qu’une vie plus longue n’aurait pu faire, et elle n’a interrompu la destinée de notre ami que pour la couronner. […] Ta confidence est déjà pour lui un mauvais exemple et une excuse. » Et encore : « Ne nous plaignons jamais de notre destinée : qui se fait plaindre se fait mépriser. » Mais nous avons trouvé, dans un journal qu’il écrivait à son usage, quelques détails précieux sur cette année de solitude et d’épreuves : « J’ai quitté Londres le lundi 2 juin 1828 ; le navire George et Mary, sur lequel j’avais arrêté mon passage, était parti le dimanche matin ; il m’a fallu le joindre à Gravesend : c’est de là que j’ai adressé mes derniers adieux à mes amis de France.

1209. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Dans tous les pays l’amant chante sous la fenêtre de sa fiancée ; la mère chante près du berceau de son enfant ; la nourrice chante en souriant à l’oreille de son nourrisson pour le bercer ou l’endormir ; les couples heureux de jeunes hommes et de belles filles, destinés les uns aux autres par leurs parents, chantent en se tenant par le bout des doigts, en revenant le soir des veillées dans l’étable aux lueurs de la lune, sous les orangers de la Sicile ou sous les pins ténébreux de l’Helvétie. […] Tantôt il regardait le soleil, trop lent à baisser pour lui ce jour-là, tantôt la maison de pierres grises qui renfermait sa destinée.

1210. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

Les Italiens, longtemps engourdis, ont senti leur âme s’agiter et s’élever au-dessus de leur destinée au contact des grandes choses militaires qu’ils ont accomplies avec une valeur égale à celle des Français dans des expéditions communes. […] Naples est le joyau de l’Italie, qui allèche à cette proie éblouissante toutes les convoitises ; mais Naples n’en est pas le patriotisme et la force ; d’ailleurs son peuple a immensément mûri et grandi en civisme et en nationalisme ; il n’accepterait plus les premiers venus pour arbitres de sa destinée ; peuple calomnié qui vaut mieux que sa renommée, Naples est peut-être aujourd’hui le royaume de l’Italie qui est le plus capable d’institutions modernes par ses lumières ; mais sa déshabitude des armes et son petit nombre ne lui donneraient pas la force de les défendre, encore moins de les imposer seul à toute l’Italie ; vous ne ressusciteriez qu’un fantôme ; par sa situation excentrique, comme celle du Piémont, Naples peut être un brillant rayon de l’Italie : il ne peut en être le centre.

1211. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

VI « J’entreprends d’écrire l’histoire d’un petit nombre d’hommes qui, jetés par la Providence au centre du plus grand drame des temps modernes, résument en eux les idées, les passions, les vertus, les fautes d’une époque, et dont la vie et la politique, formant, pour ainsi dire, le nœud de la Révolution française, sont tranchées du même coup que les destinées de leur pays. […] La nature semblait avoir créé exprès, et les différents ordres de la société avoir mis en réserve pour cette œuvre, les génies, les caractères et même les vices les plus propres à donner à ce foyer des lumières du temps la grandeur, l’éclat et le mouvement d’un incendie destiné à consumer les débris d’une vieille société, et à en éclairer une nouvelle.

1212. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Fatale destinée de femme ! […] XX Mais vous qui vivez à la campagne, soit dans le château démantelé de vos pères, non loin de l’église du village et des pauvres du hameau, soit dans la maison modeste, château nivelé de l’honnête bourgeoisie du dix-neuvième siècle, élevant là des fils, des filles, des sœurs étagées par rang d’âge dans la vie, qui vous demandent des livres à la fois intéressants et sains, où respirent dans un style enchanteur toutes les vertus que vous cherchez à nourrir dans votre jeune tribu ; vous qui, après une existence laborieuse, vous êtes retirés à moitié de la vie active dans le verger de vos pères pour y soigner les plantes naissantes destinées à vous remplacer sur la terre, et qui voulez les saturer de bonne heure de ce bon air vital plein des délicieuses senteurs de l’air ; enfin vous qui, déjà vieillis et désintéressés de votre propre existence prête à finir, voulez cependant jeter un dernier regard consolant sur les péripéties intérieures de ceux qui traversent les sentiers que vous avez traversés, afin d’y retrouver vos propres traces et de vous dire : « Voilà ce que j’ai éprouvé, pensé, senti, prié dans mes moments de tristesse ou de consolation ici-bas ; voilà la moisson en gerbes odorantes que j’emporte à l’autre vie » ; mettez à part, ou plutôt gardez jour et nuit sur votre cheminée, comme un calendrier du cœur, non pas ce livre confus où l’on a entassé pêle-mêle les œuvres du frère et de la sœur pour que le génie de l’une fit passer sur la médiocrité de l’autre, mais le volume de Mlle de Guérin, cette sainte Thérèse de la famille, qui n’a écrit que pour elle seule, et dont une amitié longtemps distraite n’a recueilli que bien tard les chefs-d’œuvre involontaires qu’elle oublia de brûler au dernier moment.

1213. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Si les premiers venaient à manquer avant la mort de mes serviteurs et autres légataires, et dans le cas où quelqu’un de ces administrateurs eût négligé ou eût manqué de faire la nomination de son successeur, prescrite plus haut, je prie le doyen du tribunal de la Rote, dont j’ai eu l’honneur d’être membre, de prendre lui-même cette administration, et d’accepter l’annuelle rétribution destinée à l’administrateur, et ainsi successivement jusqu’à l’époque indiquée plus haut. […] « Dans ce but, j’ai tâché de faire des économies, sur les dépenses annuelles destinées à mon entretien, et de réunir une somme de 20 000 écus romains.

1214. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

L’utilité de cette disposition saute aussi vite aux yeux que celle des arcs-boutants de maçonnerie destinés à soutenir une haute muraille. […] Elles sont visiblement destinées à soutenir la masse du tronc et de la couronne dans ces bois enchevêtrés, et elles affectent une forme pivotante, parce qu’il leur serait difficile de s’étendre dans un plan horizontal, à cause de la multitude de plantes qui leur disputent le sol.

1215. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Tout ce que l’émigré nous racontait de la vie de Clotilde dans sa terre de l’Ardèche, et des malheurs de son petit-fils M. de Surville, découvrait ces chefs-d’œuvre inconnus d’une existence de son vieux château, de son long exil sur la terre étrangère, et de sa mort héroïque couronnant une si noble existence, toute cette vie de son aïeule dans ce pays reculé, sauvage, alpestre, au milieu des rochers, des torrents et d’une population d’habitants dont elle était la sœur et la mère, enfin toute cette poésie si longtemps ensevelie avec elle dans cet oubli, et ne ressortant que sous la pieuse et chevaleresque curiosité d’un arrière-petit-fils, nous faisaient rêver à tous des destinées semblables. […] Se destinez, comme l’entends, Ô dames qu’oyez mon histoire, Prilx à qui plus fist pour la gloire, L’emporte Ismene ; n’y prétens ; Se, pour le bonheur, luy contends : Beau certes avoir l’accolade !

1216. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Tonsuré dès l’année 1647, et destiné à l’Église, Boileau fut mis à la théologie, dès sa sortie du collège, en 1652. […] Par un scrupule de conscience, il rendit un bénéfice qu’il avait obtenu du temps où on le destinait à l’Église, et il restitua même une somme égale à tous les revenus qu’il avait touchés.

1217. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Effectivement et pratiquement parlée des Alpes aux Pyrénées, dans ses divers dialectes, par des millions d’hommes, support et expression d’une sensibilité, d’une âme particulière, elle n’a cessé, même aux époques où le sens de sa destinée s’est le plus obscurci, d’être véritablement écrite. […] Un poème est une réclamation, une réclamation contre la destinée.

1218. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Charles Müller D’un article paru dans L’Homme libre, à propos de cette enquête : Les prix littéraires ne sont pas destinés à servir ceux qui les reçoivent, mais ceux qui les décernent. […] Pensez-vous que les destinées de la littérature soient liées à cette question de prix masculins ou féminins ?

1219. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Cette manière, peut-être nouvelle, d’envisager la littérature des différents siècles et des différents pays aura pour nous cet avantage qu’elle nous permettra de juger l’influence des lettres sur les destinées des hommes et des empires. […] Si nous n’avons point destiné à l’enfance ces études sur l’art de lire et de parler, nous espérons cependant qu’elle en profitera par les conseils et les exemples que pourront lui donner les personnes qui ne dédaigneront pas de se joindre à nous dans l’examen d’un art si utile et si négligé.

1220. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

C’est une destinée bien humble ; aussi ne suis-je pas surpris qu’à l’époque même de la faveur de cette poésie, il se préparât sourdement une réaction qui, au prix de quelques excès, devait protester contre cet affadissement du viril esprit français, ayant perdu sa naïveté dans son commerce avec les raffinements de l’Italie, toujours attaché au présent, et songeant bien plus à acquérir de l’adresse sur un instrument borné et qui manquait d’âme, qu’à en inventer un nouveau. […] A côté de ces grandes idées sur les nouvelles destinées de la poésie et de la langue, le manifeste de Du Bellay remettait en honneur le travail, où Buffon a vu le secret du génie.

1221. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Quoique destiné dès le commencement à l’Église, et entré dans les ordres à l’époque des querelles suscitées par la Réforme, Amyot évita la théologie, et jusqu’à son élévation à l’évêché d’Auxerre, il ne s’occupa que d’études profanes. […] Il est dans la destinée de Montaigne que plus il vieillit, plus sa gloire augmente.

1222. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Croyons-en donc de Maistre : chaque homme a sa part dans les épreuves des sociétés et dans la destinée des gouvernements. […] Cependant quelques noms destinés à durer dominent la foule brillante de nos romanciers.

1223. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Au bas de la ville, à l’entrée de la Grand’Rue, flanquée de constructions en tourelles, se groupaient quelques auberges destinées aux gens de mer. […] Or, dans sa pensée, ce linge était destiné à la maison qu’elle imaginait, à ce nid en commun où elle eût passé sa vie aux pieds de celui qu’elle adorait.

1224. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Je m’attriste à la pensée que Leconte de Lisle deviendra, comme Malherbe, un nom austère et antipathique, soutenu de peu de souvenirs précis ; je songe, mélancolique, aux destinées de François de Maynard et de José-Maria de Heredia, princes du sonnet français ; et je suis d’un regard attendri Sully-Prudhomme rejoignant Racan derrière la brume de l’oubli. […] Plus d’une fois, plein d’espoir, il partit en guerre ; toujours la destinée taquine lui refusa l’occasion de combattre.

1225. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Cantenac est bien mort, mais d’Estrigaud se porte à merveille : sa blessure était apocryphe, le médecin était un compère, et cette agonie contrefaite n’est qu’une mise en scène romanesque destinée à faire passer son mariage scandaleux avec Navarette et ses trois millions. […] Cantenac était bien mort, mais d’Estrigaud se relèverait dans quinze jours de son cercueil à surprise ; sa blessure était apocryphe, le médecin qui le condamnait jouait son rôle dans un imbroglio répété d’avance, et cette agonie simulée n’était qu’une parade destinée à faire passer son mariage scandaleux avec la courtisane millionnaire.

1226. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

leur dirai-je à mon tour : c’est lui qui porte la destinée ! […] Puis les refroidissements d’ardeur, les déchirements de destinée, les martyres d’esprit, les pertes de cœur, les dépouillements obligés des choses ou des lieux dans lesquels on s’était enraciné, les transplantations plus pénibles pour l’homme que pour l’arbre, les injustices, les ingratitudes, les persécutions, les exils, les lassitudes du corps avant celles de l’âme, la mort enfin, toujours à moitié chemin de quelque chose.

1227. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Les chœurs de leurs comédies étaient en partie destinés à cet usage ; ils y rassemblaient plusieurs personnages ridicules sur lesquels le poète lançait rapidement une foule de traits. […] Le récit dramatique qui termine ordinairement nos tragédies, est la description d’un événement funeste, destiné à mettre le comble aux passions tragiques, c’est-à-dire, à porter à leur plus haut point la terreur et la pitié, qui se sont accrues durant tout le cours de la pièce.

1228. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Feydeau ont pour mission de faire détester ; c’est le mariage, pour qu’on le maudisse, qui doit mettre le sceau à la destinée et à l’infortune de Daniel ! […] Tous les héros de roman sont des héros, soit dans le mal, soit dans le bien, et ils doivent l’être… C’est de poétique éternelle, quel que soit leur costume ou leur destinée, depuis César Birotteau, le parfumeur, jusqu’au duc de Nemours de La Princesse de Clèves, depuis Vautrin, le voleur, jusqu’à Julien Sorel, l’ambitieux et l’hypocrite, comme le cardinal de Retz à dix-huit ans.

1229. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

De sorte que la conception habituelle du Temps réel subsiste tout simplement, avec, en plus, une construction de l’esprit destinée à figurer que, si l’on applique les formules de Lorentz, l’expression mathématique des faits électro-magnétiques reste la même pour l’observateur censé immobile et pour l’observateur qui s’attribue n’importe quel mouvement uniforme. […] Mais elle le renseigne sur le rapport de cette transmission à cette translation, elle ne lui dit rien de nouveau sur l’Espace et le Temps : ceux-ci restent ce qu’ils étaient, distincts l’un de l’autre, incapables de se mêler autrement que par l’effet d’une fiction mathématique destinée à symboliser une vérité physique.

1230. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

En un mot, la clef de bien des destinées poétiques, à ce second âge de développement, se trouverait dans celle relation étroite avec la vie.

1231. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Il ne se proposait pour premier horizon que la tournée du xviiie  siècle ; mais il la fit tout d’abord complète, avec largeur, avec précision, avec cette aisance supérieure qui présage les destinées.

1232. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

La destinée des hommes d’État et des grands citoyens qui ont ouvert, il y a quarante-quatre ans, l’ère mémorable de notre affranchissement politique et social, a été, dans la plupart des cas, orageuse, sanglante et violemment brisée.

1233. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Carrel ; ce fut pour lui, pour le développement de son talent et de sa destinée, une époque vraiment décisive.

1234. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Par la conception de l’art, par la recherche philosophique, il appartient tout entier à l’avenir, et ne s’enchaîne au passé par aucun préjugé d’école ; mais en même temps, c’est au passé surtout étudié positivement et avec impartialité, qu’il demande ses conjectures et ses espérances sur la destinée du siècle.

1235. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Voilà l’idée de la monarchie divine, si semblable à la monarchie française par sa nature, son origine, ses soutiens, ses adversaires, sa destinée, sa durée et sa fin.

1236. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

Le mot mer évoque pour un jeune Parisien l’idée de la saison joyeuse et du grand soleil, de la libre vie en plein air, de l’expansion irréfrénée de l’énergie musculaire, des jeux d’après-midi sur la plage et des danses du soir au casino, des bruyantes parties de bain ou de pêche aux crevettes : pour le pêcheur, la mer, c’est le mystérieux ami et le terrible ennemi, le pain d’aujourd’hui et la mort de demain : toute la destinée roule dans ces vagues.

1237. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Mais la mauvaise destinée veut qu’il rencontre un soir son prédécesseur.

1238. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

A cet effort synthétique pourquoi la poésie resterait-elle étrangère quand il lui fournit le seul bon moyen — peut-être — d’accomplir sa grande destinée finale : suggérer tout l’homme par tout l’art ?

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