Il n’est rien sorti de ses mains qui ne respire l’amour du vrai & de l’humanité, une philosophie lumineuse, les graces du stile, le bon goût, une grande connoissance du cœur humain. […] C’est sur ses talens précoces, & son amour extrême pour la lecture, que la fameuse Ninon Lenclos, en mourant, lui laissa un legs pour lui procurer un choix des meilleurs livres. […] Ces beautés sans nombre dont la Henriade est remplie ; caractères vrais & soutenus ; tableaux frappans des discordes civiles présentés sans partialité ; amour du bien public recommandé sans cesse ; ressors des passions humaines développés habilement ; intérêt croissant de chant en chant ; magie des vers poussée aussi loin que l’imagination peut aller : tout cela parut un crime aux yeux de Rousseau.
Volontiers ils eussent accueilli un thème commun, tel bonheur ou désespoir d’amour. […] Voici par exemple, les amours de Napoléon : M. […] L’amour sensuel est-il le véritable amour ? […] Si l’amour sensuel n’est point le seul amour, il est du moins le plus sérieux, et il n’y en a point à qui s’applique mieux tout ce que les poètes nous ont toujours dit de l’amour. […] Oui, c’est une folie que l’amour, et tout y est fait pour déconcerter la raison.
Le héros, Lavretzky, revient, au seuil de la vieillesse, dans la maison où, jeune, il a vécu son roman d’amour. […] A l’incapacité d’agir se rattache l’amour de la rêverie creuse. […] Swinburne marche sur les traces de Baudelaire quand, dans Anactoria, il cherche à contracter son visage en une grimace démoniaque et fait dire par une femme à une autre femme qui lui a inspiré un amour contre nature : « Je voudrais que mon amour pût te tuer. […] si j’osais t’anéantir en t’écrasant d’amour, et mourir, mourir de ta douleur et de mes délices, et me mêler à ton sang et me fondre en toi ! […] Ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour, Et la blessure est encore vibrante, Ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour.
Écoutez, par exemple, ce sonnet (d’Arvers), et dites-moi s’il n’est pas dommage que ces choses-là se perdent et disparaissent comme des articles de journaux : Ma vie a son secret, mon âme a son mystère : Un amour éternel en un moment conçu ; Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire, Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su. […] Elle suit son chemin, discrète et sans entendre Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.
classique de l’amour en nul autre que Racine. […] Que l’autre, la cérébrale, Mme Sabatier, se contente d’un amour éthéré et pense qu’elle a la meilleure part. […] Or, en vérité, ce dont il meurt, c’est d’amour pour son père. […] Fils d’une femme d’amour, il est à cent coudées, certes, au-dessus de ses contemporains et cadets nés de parents unis en justes noces. Mais Gide n’ignorait pas comment et combien le charme de Lafcadio ferait se pâmer d’amour (conscient ou inconscient) lecteurs et lectrices.
Il n’a rien découvert, mais il a tout enflammé ; et le sentiment de l’égalité, qui produit bien plus d’orages que l’amour de la liberté, et qui fait naître des questions d’un tout autre ordre et des événements d’une plus terrible nature, le sentiment de l’égalité, dans sa grandeur comme dans sa petitesse, se peint à chaque ligne des écrits de Rousseau, et s’empare de l’homme tout entier par les vertus comme par les vices de sa nature. […] La valeur, la mélancolie, l’amour, tout ce qui fait aimer et sacrifier la vie, tous les genres de volupté de l’âme sont réunis dans cet admirable sujet. […] Cet héroïsme, expliqué par l’amour, n’étonne qu’à la réflexion. […] Héroïsme, éloquence, amour, tout ce qui élève l’âme, tout ce qui la soustrait à la personnalité, tout ce qui l’agrandit et l’honore, appartient à la puissance de l’émotion.
Il procède en poésie, comme il a fait en amour, avec suite et méthode, tout un luxe de réflexions, de préparations et de préméditations. […] Sans doute il est de son temps ; il admire encore Crébillon ; il déclare, après une représentation de la Suite du Misanthrope, que « d’Eglantine est le plus grand génie qu’ait produit le dix-huitième siècle en littérature » Je comprends d’ailleurs que ce jeune homme de tant d’orgueil et d’énergie place très haut Corneille et même Alfieri : je conçois moins que celui qui doit écrire le livre de l’Amour fasse si peu de cas du théâtre de Racine. […] Il a le goût et l’amour de la naïveté et de la vérité. […] Il dit, en regrettant de n’avoir pas eu de maîtresse à dix-huit ans : « Elle eût trouvé en moi une âme romaine pour les choses étrangères à l’amour. » Or, il passe toute sa vie dans d’assez médiocres emplois.
Au contraire, les lettres qui nous manquent nous montreraient madame de Sévigné livrée à elle-même, jetant ses premiers regards sur la société, sur ses connaissances, sur ses amis ; réglant son esprit à mesure qu’il se développe, sa conduite, à mesure qu’elle avance entre les écueils du grand monde ; répandant l’admiration, faisant naître l’amour dans tout ce qui l’entoure, et restant attentive et vigilante sur elle-même. […] On n’y trouva une des lettres d’amour, parmi lesquelles étaient celles de madame de Sévigné. « Le roi prit un grand plaisir à les lire, parce qu’elles contrastaient avec les douceurs fades des autres lettres. » Le Tellier, qui les avait lues avec le roi, dit que le surintendant avait mal à propos mêlé l’amour et l’amitié42. […] Plus tard, M. de La Rochefoucauld étant devenu goutteux et madame de La Fayette maladive, leur mauvaise santé les rendit nécessaires l’un à l’autre. « Je crois, disait madame de Sévigné, que nul amour ne peut surpasser la force d’une telle raison. » Madame de Sévigné date des lettres à sa fille, tantôt de chez M. de La Rochefoucauld où était madame de La Fayette, ou de chez madame de La Fayette où était M. de La Rochefoucauld.
L’auteur, qui n’a ni invention nouvelle ni observation profonde à son service, y combine, ou plutôt y recombine tous les faits connus des romans vertueux, ayant le même train d’amours malheureux, contenus ou transparents, de dévouements et de dévotions. […] Sous le coup de cette découverte, la femme trompée revient à Dieu, mais, tout en y revenant, ne voilà-t-il pas qu’elle se sent un petit amour naissant pour un vertueux philanthrope (un conférencier de ces derniers temps ; quelle élégance pour une femme du monde !!). Seulement elle ne cède pas à l’amour pour le conférencier, et elle le congédie… Arrêtons-nous là. […] gémissements et larmoiements partout, quand ce n’est pas amour et scrupule !
l’abbé Monnin me paraît doué d’assez de goût, de possession de soi, d’amour de la simplicité et de la couleur par-dessus le marché, pour avoir, s’il l’avait voulu, imité les vieux maîtres, et pour nous entretenir de son saint à la manière des anciens hagiographes. […] Pauvre de corps, non d’esprit, mais surtout très pauvre d’études, on avait failli lui refuser la prêtrise à cause de son ignorance, et puis on avait cédé à son amour de Dieu et on lui avait donné, de confiance, cette petite cure dans un petit coin de terre, dont il a fait quelque chose de si resplendissant que, de tous les points de la terre, on est venu pour en contempler la splendeur ! […] Le verbe s’était fait chair, chez ce disciple de Jésus-Christ, comme il s’était fait chair en son divin Maître, qu’il ne pensa jamais qu’à imiter, — imitation, préhension, possession plutôt, par l’amour ! […] Sans ce don des pleurs de l’amour, qu’avait eu, comme lui, sainte Thérèse, et sans ce sourire de la charité qui avait fleuri autrefois sur les lèvres de François de Sales, savez-vous à qui il eût ressemblé, ce Curé d’Ars dont l’abbé Monnin a publié un portrait si stupéfiant, à la tête de son histoire ?
Tony Forster et Grandet aiment aussi leur enfant, et souillent noblement du sentiment paternel l’immonde pureté de leur amour de l’or. Ludovic en a, lui, l’amour intégral ; il a la virginité farouche de l’avarice, sans partage avec aucun sentiment humain. Il faut voir, dans Ernest Hello, quel est cet effroyable et diabolique et déifiant amour ! […] Ces contes religieux, métaphysiques et flambant de mysticité, sans amour terrestre, sans les petites femmes qu’il faut fourrer partout dans ses livres, si l’on veut avoir du succès, sont bien virils et bien relevés pour la génération efféminée et abjecte des esprits modernes.
Mais nous avons changé tout cela… Est-ce par amour pur du changement, ce petit sentiment révolutionnaire ? […] Jamais la Critique n’a été plus large, plus compréhensive, embrassant une œuvre et une personnalité de génie avec plus de force caressante et d’intelligence dans l’amour. […] Rappelez-vous, seulement, dans ce chef-d’œuvre de L’Amour mouillé, comme il a gauloisé adorablement Anacréon, mettant par-dessus le génie grec le génie si différent de sa propre race ! […] Et dans sa vieillesse, et après madame de la Sablière, l’amitié des femmes ramassait encore ce dont l’amour ne voulait plus.
L’auteur de La Chanson des gueux, qui se chauffe avec les ossements des tombes et des têtes de morts tant il est affamé de flamme et de tableaux d’un tragique effréné, l’écrivain moins puissant, mais non moins ardemment épris de choses physiques, qui a écrit Les Morts bizarres et Les Caresses, et qui couve, en ce moment, comme le Chaos et la Nuit couvèrent l’Amour dans une terrible mythologie, l’œuf monstrueux de ses Blasphèmes, vient de nous faire, en Madame André, le livre le plus retenu, le plus contenu, le plus rassis, le plus didactique, le plus sage de la sagesse humaine, et le plus en dissonance et en contraste avec ce qu’il nous avait donné le droit de croire ses incoercibles instincts. […] Excepté le bohème (Nargaud), qui est le justicier en ce roman, moral à sa manière ; excepté ce paroxyste, comme il l’appelle, dont la prose est… les vers de Richepin auxquels il a enlevé la rime ; excepté deux ou trois scènes d’amour où se retrouve un peu de l’ancien Richepin des Caresses, le roman de Madame André n’a que le spiritualisme de l’analyse, qui regarde surtout dans le cœur et qui en épingle les ténuités. […] C’est le sentimental, en effet, qui a parachevé, qui a léché ce type de madame André, qui renverse la hiérarchie humaine, transpose les sexes et fond la mère dans l’amante au profit de l’amant, qui n’est plus même alors le polichinelle de l’amour, mais qui en devient la poupée. […] Cet écrivain, qui avait débuté par des poésies osées, d’un cynisme archaïquement rabelaisien, d’un cynisme d’un autre temps et d’un relief sinistrement ou grotesquement pittoresque ; cet impétueux sensuel, qui ailleurs ne comprenait de l’amour que les voluptés et les fureurs, s’est dompté tout à coup jusqu’à exécuter un livre d’analyse et à travailler agilement sur ce métier à dentelles.
Nous avons vu comment Molière entre malgré sa famille dans une troupe de comédiens, où l’amour le convie et le retient ; voyons comment Shakespeare échappe même à la famille et à l’amour pour aller entrer dans une troupe de comédiens aussi par la porte des plus ignobles emplois ; ni dans l’un ni dans l’autre, aucune prétention, aucun système, le besoin de vivre, de gagner son pain ; à côté du pain ils trouvent, par surcroît, la gloire. […] N’est-ce pas la même chose que Molière suivant la Béjart en Languedoc et débutant, par amour, par les rapsodies de Sganarelle et de Georges Dandin, imitées de mauvais théâtres italiens ? […] L’amour se joint en elle à sa passion pour son mari, et dans son mari à sa passion pour elle ; il est impossible que ces deux passions n’enfantent pas le monstre du forfait. […] Mon cher amour, Duncan arrive ici ce soir. […] Dès ce moment je commence à juger par là de ton amour pour moi.
Les autres ont donné dans le réalisme, soit en haine du « bourgeois » et par amour du style plastique (comme Flaubert), soit par une morosité naturelle qui se complaît dans les laideurs et dans les brutalités (comme M. […] Après plusieurs années de vertu, elle est prise d’une rage d’amour ; elle se dépouille et s’endette pour un jeune polisson du faubourg qui l’exploite et la maltraite de mille façons et l’abandonne enfin. Puis ce sont de frénétiques amours avec un ouvrier ivrogne et loustic. […] Il y a trop de caprice dans le développement de sa maladie ; il ne semble pas qu’elle se révèle assez tôt ; elle sommeille quinze ans entre la première souillure involontaire et le premier amour : c’est beaucoup. N’y a-t-il pas encore une solution de continuité entre son premier amour et son premier caprice de débauche, entre Jupillon et Gautruche ?
L’amour de Kyniska est une peinture d’une brutalité toute populaire et soldatesque. […] Le livre de La Salle respire, malgré ses prétentions morales très affichées, l’amour de la vie facile. […] C’est ainsi que cette femme cherche un ragoût à ses plaisirs, un décor à ses amours. […] Ils sont jeunes comme l’amour, jeunes comme la passion. […] L’amour de Mâtho pour la fille d’Hamilcar en est le lien trop souvent rompu.
Dans le volume qu’il intitule Chants modernes, il a eu plus d’un dessein : il n’a pas voulu seulement recueillir les vers personnels et lyriques dans lesquels il a célébré ses rêves, ses désirs, ses amours, ses tristesses et ses souvenirs, il a prétendu ouvrir la route à des chants nouveaux, à l’hymne des forces physiques, des machines et de l’industrie. […] Toute la diatribe contre l’Académie est de ce ton-là : « Aussi nous l’avouons sans pâlir, dit l’auteur en parlant de quelques académiciens qu’il désigne sans les nommer, nous les haïssons de toute la force de notre amour pour les lettres et de notre respect pour les grandeurs de l’esprit humain. » Non, tout cela n’est pas juste, et M. du Camp, qui, malgré ses violences de parole, a de la générosité dans le talent et dans le cœur, ne saurait nourrir de ces haines contre des gens qu’il ne connaît pas. […] Des trois divisions du volume, chants divers, chants de la matière, chants d’amour, il n’y a que ceux du milieu, ceux de la matière, qui rentrent dans la voie réputée moderne. […] Si Pensée et Amour nous abandonnent, de ce jour-là rompons tout commerce avec la muse. Tant que Pensée et Amour sont nos compagnons de route, quoi que puissent nos sens nous offrir ou nous refuser, le ciel intérieur de l’âme répandra les rosées de l’inspiration sur le plus humble chant.
Elle crut qu’une victoire obtenue sur l’amour le plus vrai et le plus tendre ennoblissait le sujet, et en cela elle ne se trompait pas ; mais elle avait encore un intérêt secret à voir cette victoire représentée sur le théâtre : elle se ressouvenait des sentiments qu’elle avait eus longtemps pour Louis XIV et du goût vif de ce prince pour elle. […] Bérénice entre en scène comme aurait fait La Vallière, si elle eût osé ; elle entre le cœur tout plein de son amour, empressée de se dérober à la foule des courtisans, ne pensant qu’à l’objet aimé, n’aimant en lui que lui-même. […] Ainsi c’est l’amour même, dans sa religieuse délicatesse, qui s’oppose au bonheur de l’amour. Jean-Jacques n’a pas craint de soutenir que Titus serait plus intéressant s’il sacrifiait l’empire à l’amour, et s’il allait vivre avec Bérénice dans quelque coin du monde, après avoir pris congé des Romains : une chaumière et son cœur !
Qu’on se rappelle dans l’Odyssée l’épisode charmant de Nausicaa au sortir de la plus affreuse détresse d’Ulysse ; dans Virgile, la seconde vie des hommes vertueux sous les ombrages de l’Elysée ; dans le Tasse, la fuite d’Herminie chez les bergers du Jourdain ; dans Camoëns, l’arrivée de Gama à l’île des Néréides ; dans Milton, les amours de l’Éden. […] Né sous le ciel des tropiques, au sein d’une nature à part, dont il ne cessa de se ressouvenir avec amour, il ne semble jamais avoir songé à ce que le hasard heureux de cette condition pouvait lui procurer de traits singuliers et nouveaux dans la peinture de ses paysages, dans la décoration de ses scènes champêtres. […] Faut-il que le destin barbare S’oppose aux plus tendres amours ? […] L’épigraphe qu’il emprunte à Valère-Maxime déclare tout d’abord sa pensée : « Du moment qu’on s’aime de l’amour à la fois le plus passionné et le plus pur, mieux vaut mille fois se voir unis dans la mort que séparés dans la vie. » Je crois pouvoir rapporter aussi à ce séjour de Liège la jolie pièce intitulée le Nouveau Philémon, où figurent Deux ermites voisins des campagnes belgiques. […] …………………… Amours, Plaisirs, troupe céleste, Ne pourrai-je vous attirer, Et le dernier bien qui me reste Est-il la douceur de pleurer ?
On a voulu blâmer l’auteur de Werther de supposer au héros de son roman une autre peine que celle de l’amour, de laisser voir dans son âme la vive douleur d’une humiliation, et le ressentiment profond contre l’orgueil des rangs, qui a causé cette humiliation ; c’est, selon moi, l’un des plus beaux traits de génie de l’ouvrage. […] Le caractère d’Abbadona, subissant les destinées d’un coupable en conservant l’amour de la vertu, unissant les facultés d’un ange avec les souffrances de l’enfer, est une idée tout à fait neuve. Cette vérité dans les expressions de l’amour et les tableaux de la nature, à travers toutes les inventions les plus bizarres, produit un effet remarquable. […] un pays où cependant on connaît l’amour, où deux êtres se dévouent l’un à l’autre, vivent longtemps à deux, puis savent exister seuls ! […] Les hommes éclairés de l’Allemagne ont, pour la plupart, un amour de la vertu, du beau dans tous les genres, qui donne à leurs écrits un grand caractère.
Ces phénomènes sont de deux sortes : des sentiments d’amour et d’espérance, de haine et de désespérance, d’enthousiasme et de mélancolie ; ou bien des sensations. […] Dans tous les accidents du sentiment, dans l’amour par exemple, le poète aperçoit les conditions de l’être éphémère et borné. […] Nous avons vu, à travers le xviiie siècle français, croître l’individualisme, sous la double forme d’expansion sentimentale et d’amour de la nature. […] Il faut noter aussi les conséquences de la suspension passagère de l’instruction universitaire et ecclésiastique : par les collèges s’entretenaient l’esprit classique, l’admiration des anciens, l’amour des élégances littéraires et des ornements oratoires. […] Scott,Les troubadours et des cours d’amour, in-8. 1821.
C’est là que M. de Musset déroule sa théorie du Don Juan et oppose les deux espèces de roués qui se partagent, selon lui, la scène du monde : le roué sans cœur, sans idéal, tout égoïsme et vanité, cueillant le plaisir à peine, ne visant qu’à inspirer l’amour sans le ressentir, Lovelace ; et l’autre type de roué, aimable et aimant, presque candide, passant à travers toutes les inconstances pour atteindre un idéal qui le fuit, croyant aimer, dupe de lui-même quand il séduit, et ne changeant que parce qu’il n’aime plus. […] L’amour, en l’approchant, jure d’être éternel ! […] » Cet amour fut le grand événement de la vie de M. de Musset, je ne parle que de sa vie poétique. […] Ainsi de cette terre, humide encor de pluie, Sortent, sous tes rayons, tous les parfums du jour : Aussi calme, aussi pur, de mon âme attendrie Sort mon ancien amour. […] Loin de moi les vains mots, les frivoles pensées, Des vulgaires douleurs linceul accoutumé, Que viennent étaler sur leurs amours passées Ceux qui n’ont point aimé !
Telle est la scène où la Faustin, surexcitée par le rôle qu’elle essaie d’incarner, à la veille de son exalté amour pour lord Annandale, tombe presque entre les bras d’un maître d’armes en sueur ; telle encore cette conversation érotique que Chérie, à la campagne, par une après-midi torride, ses sens près de s’éveiller, surprend de sa fenêtre, entre deux filles de ferme. […] Il lui faut des faits pour prouver ses assertions générales, le désir qu’ont les menuisiers de ne travailler que pour le théâtre, une fois qu’ils ont goûté de cette gloriole, pour montrer la séduction que celui-ci exerce sur tout ce qui l’approche ; des faits pour trait final à une analyse de caractère, ou à la notation d’un changement moral ; la mère des Zemganno appelée en justice, ne voulant témoigner qu’en plein air, pour montrer le farouche amour de la bohémienne pour le ciel libre ; pour représenter la modification produite en Chérie par sa puberté, décrire en détail la gaucherie et la timidité subite de ses gestes. […] C’est la démarche d’Elisa partant en promenade, qu’il nous donne, « avec son coquet hanchement à gauche », « l’ondulation de ses reins trottinant un peu en avant de l’homme, la bouche et le regard soulevés, retournés vers son visage. » Mais c’est dans les Frères Zemganno qu’éclate cet amour de la vie corporelle, ce penchant à peindre des académies en mouvement, suspendues à l’oscillation d’un trapèze, dardées dans l’allongement d’un saut, glissant sur une corde, disloquées dans une pantomime, emportées et fuyantes dans le galop d’un cheval. […] Ce que M. de Goncourt nous montre, ce sont les colères d’une petite fille gâtée, se roulant par terre dans la rage d’une soupe ôtée ; l’affollemenl d’une jeune femme mourant de sa chasteté, et courant à la quête d’un mari ; l’état d’âme inquiet et alangui d’une actrice entretenue, élaborant un rôle de grande amoureuse, se jetant dans le plus poétique et le plus émouvant amour, abandonnant le théâtre, puis reprise par lui, récupérant ce coup d’œil aigu d’observatrice qui la fait inconsciemment mimer la mort de son amant. […] C’est cette intervention de la fantaisie dans le choix des incidents, cet amour du joli dans les choses et dans les gestes, du mystère pour certaines scènes et certains personnages, qui finalement caractérise le mieux l’art de M. de Goncourt.
. — La Viole d’amour (1886). — Hellas (1888). — La Terre provençale (1890). — Le Livre de mélancolie (1896). — Une histoire d’amour (1897). — Jasmin (1898).
Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] Il n’aime guère la femme ; il ne songe pas à se marier : « Je ne sais si un certain fonds de paresse et un trop grand amour du repos et d’une vie exempte de soins, un goût excessif pour l’étude et une humeur un peu portée au chagrin, ne me feront toujours préférer l’état de garçon à celui d’homme marié. » Il n’éprouve pas même au sujet de la femme et contre elle cette espèce d’émotion d’un savant une fois trompé, de l’antiquaire dans Scott, contre le genre-femme. […] Newton, dit-il, a été aussi vertueux qu’il a été grand philosophe : tels sont pour la plupart ceux qui sont bien pénétrés de l’amour des sciences, qui n’en font point un indigne métier, et qui ne les font point servir aux misérables fureurs de l’esprit de parti. […] Le désintéressement et l’amour de la paix comme de la vérité étaient son caractère ; c’était une âme divine. » 125. […] Ce qu’on a dit sur les amours de Bayle et de madame Jurieu n’est pas une objection à ce qu’on remarque ici.
Si l’on descend au fond de son âme, la raison de ce besoin de plaire est un amour infini de soi-même. […] Le troisième trait qui enveloppe et fond les deux autres, c’est l’amour. Fénelon est tout amour : c’est pour cela qu’il hait si bien. […] Mais il n’est pas de ceux que l’amour de Dieu, même dans son plus mystique excès, détache des créatures. […] Sa foi n’a pas de renoncement du côté de l’amour.
Puis, ce sont des pièces d’amour. […] Il y a aussi deux ou trois poésies d’amour qui égaient les plus belles des Contemplations. […] Il ne faut jurer de rien, On ne badine pas avec l’amour, presque tout le théâtre de Musset nous intéresse et nous touche autrement que Marie Tudor ou même Hernani. […] Je trouve un sentiment de pitié et d’amour autrement sincère et profond dans les livres de Michelet, et une bonté autrement large et sereine dans les candides romans socialistes de la bonne George Sand. […] Et qui, mieux que l’auteur de Jocelyn et de la Marseillaise de la paix a connu toutes les belles illusions de la foi démocratique et l’ivresse évangélique de l’amour des hommes ?
Il y a mainte passion dont l’étude est interdite ; l’amour, par exemple, qui est souvent immoral. […] Qui dira au cœur d’une jeune fille : Rien qu’un amour, ne change jamais ? […] L’amour rend honnête. […] Après bien des hésitations, bien des tourments, la passion l’emporte et Tatiana écrit à Onéguine pour lui avouer son amour. […] Un général qui a pris bien des places, par amour de la diversité, se plaît à soutenir un siège.
En attendant, je me contente d’un récit qui m’en apprend assez sur les causes de la guerre pour que je ne confonde pas cette conquête manquée avec une guerre juste, et l’ambition du roi avec la querelle de la France ; qui des luttes intérieures de la Hollande fait ressortir cette triste vérité, que l’invasion même ne réconcilie pas les partis ; qui m’intéresse aux deux nations, à la Hollande par la justice et par le respect du faible, à la France par le patriotisme et l’amour de la gloire ; qui, parmi plusieurs portraits d’un dessin aussi juste que brillant, me laisse imprimées dans l’esprit les deux grandes figures royales du siècle, Louis XIV et Guillaume III, esquissées comme certains croquis de grands maîtres, dont le crayon ne laisse plus rien à faire au pinceau. […] Tout ce que le lecteur voulait voir, il le voit : où il y avait des ruines, une résurrection ; où il n’y avait rien, des créations durables ; le jeu rendu à tous les ressorts de la machine ; les mêmes hommes qui hors de leur place troublaient l’État, à leur place le raffermissant et l’illustrant ; la fonction du gouvernement exercée par celui auquel elle appartenait, et qui avait, comme tout exprès, l’amour de la gloire, si inséparable de l’idée du bien public, que je n’oserais pas le mettre au-dessous de l’amour du devoir. […] Dirai-je aussi que chez lui l’horreur du mal sent son voluptueux, devant qui l’on parlerait d’une opération douloureuse, plutôt que la mâle aversion d’un honnête homme, et que son amour du bien est surtout l’amour de l’ordre ? […] L’amour de la gloire est l’âme de ces deux recueils, et ce que Voltaire fait dire au Cicéron de sa Rome sauvée : Romains, j’aime la gloire et ne veux pas m’en taire, est aussi vrai du poète que de son héros. […] Le père qui a connu ce que c’est que d’aimer quelqu’un plus, que soi-même, a senti tout son cœur, et telle est la chaleur de l’amour paternel, que le même homme en aime mieux tout ce qui est à aimer.
Vous remarquerez que le Prophete Philosophe, qui m’a fourni ce joli morceau, est mille fois plus dithyrambique que le Poëte le plus enthousiaste, le tout pour l’amour de la paix*. […] Si se déclarer pour l’amour de l’ordre, pour l’intérêt général, pour la soumission à l’autorité, pour le maintien des regles, pour les principes du goût, pour la gloire de la Nation, c’est être partial contre les Philosophes, on avoue donc que les Philosophes sont les ennemis de toutes choses* ? […] Ce n’est pas le désir de la célébrité qui m’a fait écrire contre les Philosophes ; c’est l’amour des Lettres qu’ils dégradent, l’amour de la Morale qu’ils corrompent, l’amour de la Religion qu’ils calomnient, l’amour de la Nation qu’ils insultent publiquement, qu’ils déshonorent par leurs Libelles en tout genre, l’amour de l’Humanité entiere qu’ils affligent par leurs systêmes désolans.
Ce n’est pas un sentiment passager qui produit la bienfaisance du Chrétien, ce n’est pas la vue seule de l’objet qui excite sa compassion ; c’est la prévoyance, c’est le désir du bonheur général, c’est un amour profond de l’Humanité entiere. […] Par elle les Souverains sont assurés de la soumission sincere de leurs Sujets, & les Sujets, de la justice & de l’amour de leurs Souverains. […] Elle est le plus efficace contrepoids de l’amour-propre, de cet amour de nous-mêmes, si avide, si altier, si exigeant, si inhumain, & quelquefois si rampant, si aveugle & si abject. […] De là, point de confiance dans les sentimens, plus de sûreté dans le commerce, plus de liens dans les familles, plus d'amour pour la Patrie, plus d'équité, plus d'honneur. […] Qu’ils cessent enfin d’être ce qu’ils sont, & la Religion qu’ils déchirent, deviendra le préservatif de leurs doutes, le spécifique de leurs erreurs, le frein de leurs passions, la matiere de leur culte, l’objet de leur amour, & la source de leur bonheur.
Homère ignore le sacrifice d’Iphigénie, Eschyle en fait le grief de la meurtrière dont la hache s’illumine ainsi d’un éclair de vengeance céleste et d’un rayon d’amour maternel. […] Mais l’énigme est la logique des prophètes, la colère des fées est fantasque comme leur amour : or Artémis était une fée parmi les déesses. […] Sa harangue hardiment perfide encense la victime ; c’est avec une sorte d’effronterie grandiose que le faux amour y grimace : la tête de Méduse sourirait ainsi. […] Cassandre patronnait l’horreur des amours contraints que deux fois elle avait subis. […] La lutte fut violente, il brûlait d’amour. » — On lui demande : — « Lui as-tu accordé de s’unir à toi, comme font ceux qui s’aiment ?
L’amour et l’influence de l’antiquité se sentent partout ; mais M. […] Ingres s’imposait par un emphatique amour de l’antiquité et de la tradition. […] Delacroix, la première idée qui s’empare du spectateur est l’idée d’une vie bien remplie, d’un amour opiniâtre, incessant de l’art. […] Il a fait (avec quel amour, avec quelle délicatesse !) […] Voici la fameuse tête de la Madeleine renversée, au sourire bizarre et mystérieux, et si surnaturellement belle qu’on ne sait si elle est auréolée par la mort, ou embellie par les pâmoisons de l’amour divin.
Mais Socrate savait l’amour. […] L’amour ? […] Le dieu des Amours en soit loué ! […] Et pourtant l’amour est là. […] Mais l’amour du mariage est visible lui aussi, et plus évidemment que le mariage d’amour.
Là se marquent les premiers traits du caractère de Rousseau, l’amour des arbres, de la campagne, de la nature. […] Mais elle avait une belle-sœur, Mme d’Houdetot, avec qui Rousseau ébaucha d’innocentes et troublantes amours. […] Rien de plus innocent selon la nature que les amours de Julie et de Saint-Preux : mais ils ont oublié que la vie selon la nature est actuellement impossible. […] Il a la foi ; avec la foi, l’amour, l’espérance. […] Et puis, ils sont objets de foi et d’amour.
Elle en a parlé comme les saintes parlaient de l’amour divin qui les consumait. […] Bonnetain, par exemple, le ramasseur des bouts de cigares de l’amour ou M. […] La religion de l’amour, comme il le dit lui-même, — non pas l’amour spirituel entend par le christianisme, qui fit chanter Dante et peindre Fiesole, — oh ! non, mais l’amour priapique, la friction bestiale des muqueuses. […] Il y avait aussi quelques vierges navrées d’amour, et tout ce monde avait cessé de se posséder.
Comme tous les élégiaques du temps, il est placé au point de vue purement individuel : ce sont des souvenirs d’enfance, des regrets du premier amour, des plaintes sans amertume sur une condition obscure et gênée, des vers harmonieux aux châteaux, aux bois, aux amis qu’il aime ; des vœux de loisir et de rêverie, des confidences de ses goûts qui révèlent une nature aimante et mélancolique. […] Au lieu d’envier le sort et de flatter par ses désirs la molle existence des oisifs, ne serait-il pas temps pour le poète de tourner la tête vers l’avenir, et de regarder, au sein de l’ardeur et des mouvements du siècle, l’enfantement merveilleux de ce qui va devenir l’espérance, la foi et l’amour du monde ?
. — En amour, roman (1890). — Femmes et paysages (1891). — La Fille Élisa, pièce tirée du roman d’Ed. de Goncourt (1891). — En Auvergne (1898) […] Il sait formuler d’une voix légère les axiomes et les contradictions de la fine diplomatie de l’amour.
. — Poèmes d’amour (1884). — Rimes de combat (1886). — À pleines voiles (1888). — Le Christ (1892). — Les Heures divines (1894) […] Il a chanté tour à tour la calme majesté de ses montagnes, le pittoresque de ses sites, le charme grandiose de ses forêts de sapins, les parfums et les reflets de ses vins capiteux, son amour du pays et de la liberté.
Deux motifs très pressants l’y déterminaient, le besoin de vivre et l’amour de la célébrité. […] Elle jouit en silence de ses plaisirs et de ses chagrins, ou ne les confie qu’à l’oreille de l’amour et de l’amitié. […] On n’est plus surpris qu’elle interroge Énée avec toutes les illusions de l’espérance et de l’amour. […] Il place le berceau de l’amour dans les champs, au milieu des troupeaux et des cavales indomptées. […] Les chansons bercent l’enfance, inspirent l’amour et consolent la douleur.
Saint Jean en rappela et prêcha l’amour, après en avoir prêché la colère. […] Il ne faut pas un grand effort de cœur pour cela, ce penchant naturel est dans toutes nos affections ; il est dans l’amour, il est surtout dans l’amour maternel, qui est le plus naïf, le plus primitif de tous nos instincts. […] Une seule pensée d’amour eût ouvert à Faust cet abîme des cieux dont le mystère écrase son ambition. […] Il a dit avec amour les séductions du vice, et avec vigueur les laideurs de sa contagion. […] L’humanité n’est point si parfaite qu’il faille exiger d’elle l’amour du bien sans l’amour de soi dans le bien.
D’ailleurs, le beau tableau à présenter au public, que l’amour effréné d’un vieillard libertin ! […] Molière donna, cette année, Le Festin de Pierre et L’Amour médecin. […] aussi l’Amour médecin fut-il proposé, fait, appris, et représenté en cinq jours. […] Il a associé l’usure à l’avarice, et mis l’avarice aux prises avec l’amour. […] Les neuf Muses et leurs favoris semblent être d’accord avec l’Amour pour consoler son amante.
Ce drame repose dans le mystérieux amour de Chatterton et de Kitty Bell ; cet amour qui se devine toujours et ne se dit jamais ; cet amour de deux êtres si purs qu’ils n’oseront jamais se parler, ni rester seuls qu’au moment de la mort, amour qui n’a pour expression que de timides regards, pour message qu’une Bible, pour messagers que deux enfants, pour caresses que la trace des lèvres et des larmes que ces fronts innocents portent de la jeune mère au jeune poète ; amour que le quaker repousse toujours d’une main tremblante et gronde d’une voix attendrie. […] Elle est poétique dans tous les détails de ce rôle qu’elle caresse avec amour, et dans son ensemble qu’elle paraît avoir composé avec prédilection, montrant enfin sur la scène française le talent le plus accompli dont le théâtre se puisse enorgueillir. […] Cet amour avait vraisemblablement ajouté son pathétique au pathétique de la situation. […] C’était un amour, quoi ! […] Hors l’amour du bien-être et du luxe d’un jour, rien ne se voit à la surface de l’abîme.
Les vieillards y sont galants, polis et civils ; les jeunes gens y sont durs, féroces, affranchis de toute politesse, et parfaitement délivrés des belles passions, à l’heure ordinaire où les jeunes gens commencent à savoir ce que c’est que l’amour. […] Autrefois il eût fait une exception pour l’amour… il n’en veut plus depuis qu’il s’est enfoncé dans l’âge mûr et que tout le monde s’en mêle. — « Ah ! […] , quand je vois ces grossières créatures se mêler d’amour, je suis tenté de m’écrier, de quoi se mêlent ces gens-là ? […] Il sait donner à l’amour un si bel air de galanterie, et de cette façon il fait de la passion quelque chose de si facile à avouer tout haut, que bien peu de femmes pourraient dire, avec cette effronterie naïve, les plus secrets sentiments de leur cœur. […] Alors la voilà qui se met à entrer dans l’interminable jaserie du Jeu de l’amour et du hasard.
Les uns continuent, avec moins de bonheur, le badinage élégant de Marot ; les autres renchérissent sur l’amour chevaleresque des romans espagnols et italiens, et sur l’amour sentimental de Pétrarque. […] Et qui d’amour se sentira saisir, Connoistra bien que je voulus choisir Vie pour moi, et non pour mes écrits. […] « Illustre, généreuse et héroïque ame, dit Rabelais parlant de sa mort, tout parfait et nécessaire chevalier à la gloire et protection de la France, que les cieuxrepetoient comme à eux deu par propriété naturelle. » L’amour des lettres et les talents se transmettaient alors du père au fils, comme un héritage, le plus souvent augmenté et amélioré par le fils. […] Quand le premier livre des Amours parut, il y eut de vives critiques. […] S’il lui arrive de s’estimer à son prix, par comparaison avec les autres ; c’est qu’il ne peut ni ne doit s’exclure de son amour pour la vérité ; mais combien ne se trouve-t-il pas petit en présence de son idéal !
. — Possédée d’amour (1889). — La Marguerite de 300 mètres (1890). — Moune (1890). — Nature (1891). — Simple roman (1891). — Mademoiselle Azur (1893). — La Mascarade (1893) […] — La Chevelure de Madeleine (1894). — La Rose de Grenade (1894). — Yan (1894). — L’Amant honoraire (1895). — Âme fleurie (1896). — Le Cœur de Régine (1896). — La Demoiselle à l’ombrelle mauve (1897). — Les Féeries (1897). — Plus que de l’amour (1898). — Le Dernier Bateau (1900).
Nous commencerons l’étude des caractères naturels par celui des époux, et nous opposerons à l’amour conjugal d’Ève et d’Adam l’amour conjugal d’Ulysse et de Pénélope.
Il y avait cette année à la foire un marchand de bosses ; tous ses meubles furent consumés, tous ses plâtres mis en pièces ; il n’y eut que le groupe de L’Amour et de l’Amitié qui resta intact au milieu des flammes et de la chute des murs, des poutres, des toits, en un mot de la dévastation générale qui s’étendit de tous côtés, autour de leur piédestal sans en approcher. Mon ami, sacrifions à l’amour et à l’amitié.
La première partie de la carrière de Rosny se passera à n’être en apparence qu’un homme de guerre et un soldat ; mais ce fonds d’études, cet amour d’une instruction solide et sérieuse, vertueuse en un mot, il le gardera et le cultivera en toutes les circonstances, dans les intervalles de loisir et jusqu’au milieu des camps. […] À Auch, en 1578, pendant le séjour qu’y font la reine mère, la reine de Navarre et Henri, on voit Rosny qui, « n’oyant plus parler d’armes, mais seulement de dames et d’amour, devient tout à fait courtisan et fait l’amoureux comme les autres », chacun ne s’amusant alors à autre chose qu’à rire, danser et courir la bague. L’année suivante, à Nérac, il continue dans le même train : « La Cour y fut un temps fort douce et plaisante ; car on n’y parlait que d’amour et des plaisirs et passe-temps qui en dépendent, auxquels vous participiez autant que vous pouviez, ayant une maîtresse comme les autres. » Une maîtresse avouée, c’est-à-dire une dame de ses pensées. […] Cependant ce négociateur de vingt-trois ans, dans cette atmosphère d’oisiveté à laquelle il n’était pas accoutumé, se laisse prendre et amorcer à l’amour. […] En cette saison gracieuse, reposée et unique peut-être dans sa vie, Rosny, âgé de près de vingt-sept ans, dans sa maturité première et, si l’on ose dire, dans sa fleur d’austérité, n’avait pas encore cette mine rébarbative qu’il eut depuis, et que nous lui verrons prendre successivement à travers les fatigues, les périls, les contentions et les applications de toutes sortes, où sa capacité opiniâtre, son ambition légitime et jalouse, son amour du bien public et de l’honneur de son maître l’engagèrent de plus en plus.