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1138. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Steven n’est plus qu’une espèce d’allégorie représentant l’héroïsme de la vie privée, qui se dresse de toute sa hauteur ; et Charles XII, stupéfait, n’a que raison, lorsqu’il lui dit (un peu tard) : « J’admire la complaisance avec laquelle je vous écoute. » Sans cette scène malencontreuse, Steven restait jusqu’au bout un excellent roman.

1139. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Plusieurs de ses caractères sont peints avec les seuls traits admirés dans ces siècles où l’on ne vivait que pour les combats, la force physique et le courage militaire.

1140. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Iago, ce terrible Iago que Ducis admirait, a disparu.

1141. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Les âmes religieuses et pures les comprennent ; et le philosophe les admire, comme toute manifestation énergique d’un besoin vrai, qui s’égare faute de critique et de rationalisme.

1142. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Voltaire l’appelait Pantophile, et, en effet, il s’éprend de tout, admire tout, s’attendrit sur tout.

1143. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Saint-Marc Girardin, pour s’excuser de ne point paraître admirer le lyrique des modernes, nous répondrait encore par ces paroles de Voltaire, lesquelles s’accordent si bien avec celles de Fénelon : Le grand art, ce me semble, est de passer du familier à l’héroïque, et de descendre avec des nuances délicates.

1144. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

. — mais soyez sûrs qu’il y admirait en tout cas la même volonté de nombre, d’équilibre et d’harmonie ! 

1145. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

L’Allemagne, il ne le cache pas, est une des terres qu’il aime et une des nations qu’il admire.

1146. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Quant à M. de Montlosier, ce gentilhomme d’Auvergne qui, dans l’Assemblée constituante, eut un mot sublime pour défendre le clergé, et auquel le clergé, à sa mort, refusa la sépulture, il est aussi ennemi que personne du pouvoir absolu ; il veut que l’on fonde l’ancienne société avec la nouvelle ; il accuse de folie toutes les revendications des émigrés contre les faits révolutionnaires : il comprend et admire la gloire militaire de la nouvelle France ; il combat avec une énergie qui ne fut pas pardonnée les empiétements du clergé dans l’ordre politique.

1147. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Degron admirait : « La Dame à la Faulx, c’est la Mort, — la “Vendangeuse aux doigts d’Octobre”.

1148. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Ils ne se peuvent lasser d’admirer qu’on lise les originaux avec tant de plaisir.

1149. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Il est aussi capable qu’un autre de saisir le fin des choses et d’en pénétrer la profondeur ; mais il ne se paie pas de mots et veut comprendre avant d’admirer.

1150. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Il fallait toute la fatuité de cette grande sotte de philosophie pour admirer cela, en s’y reconnaissant.

1151. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

De pitié pour tant de scrupules, le xixe  siècle lèvera les épaules, ses épaules chargées d’iniquité, et passera outre, sur ces atomes grossis, comme un aveugle marcherait sur de fines perles, et il sourira de l’innocence de la Sainte, et peut-être de la rouerie paradoxale du critique qui voudrait la faire admirer !!!

1152. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Ce qu’il faut surtout admirer dans M. 

1153. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

La nature et ses grands spectacles, — car pour les poètes qui manquent de cœur il y a encore la nature, — la nature et ses grands spectacles : la mer, le ciel, les paysages, n’arrivent à la perception de Banville que de seconde main, par l’intermédiaire de quelque peintre dont il a vu les toiles ou de quelque poète dont il a lu et admiré les vers.

1154. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

VI Et c’est, du reste, ce qui rachètera tout des défauts de ses livres, dans lesquels il y a des parties éclatantes de chefs-d’œuvre, mais point de chefs-d’œuvre complets qu’on puisse mettre debout devant soi et admirer comme une chose accomplie.

1155. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Il y aura cent mille paires d’yeux pour admirer les lourds et grossiers carrosses royaux tout ruisselants d’or que renferment nos musées, tandis que passe rapidement dans la rue, sans un regard, le coupé ou la Victoria moderne, dont l’aisance et la légèreté valent bien la dorure et les ornements massifs du « grand siècle ».

1156. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

S’il sacrifia ses sentiments et sa gloire à l’intérêt de Rome, il faut l’admirer : s’il redouta César, il faut l’excuser et le plaindre ; mais ce qui prouve que son âme n’était pas flétrie par la servitude, c’est l’éloge de Caton, qu’il composa dans le même temps.

1157. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Tourgueniew nous entretint encore de Flaubert, qu’il admirait, avec des réserves. […] Il admire celui qui les prononce. […] Je sais des lecteurs très intelligents et qui refusent d’admirer telle nouvelle de Mérimée dont la trame est serrée d’une manière merveilleuse ; cette logique même leur donne, disent-ils, la sensation du « simili », du fabriqué. […] C’est l’honneur à la fois et la tristesse des grands serviteurs de la Science qu’ils ne puissent être vraiment compris, admirés, loués que par leurs pairs. […] Parce qu’il admire la portée de la Science, il s’arrête stupéfait devant ses limitations.

1158. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Alors j’ai consulté un théologien ; et j’ai vu que l’Église était moins difficile que moi ; et j’ai admiré sa connaissance de l’homme et sa très sagace indulgence. […] Madame de Chateaubriand admirait fort son mari, mais sans l’avoir lu (c’est lui qui nous l’apprend). […] Il admirait le premier consul et l’avait signifié dans la préface d’Atala. […] Et, pendant les dix-huit dernières années de sa vie, tout le monde l’admire. […] Et Chateaubriand admire dans Napoléon le seul égal qu’il se reconnaisse ici-bas.

1159. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Aurais-je besoin de tout un raisonnement pour l’admirer ? […] Et il y a encore beaucoup d’autres choses que j’admire dans Henri III. […] andré : Tu l’admires beaucoup, ton grand frère ? […] Vacquerie : peut-être parce que, ayant voulu y retrouver ce que j’admirais dans ses autres drames, je l’ai retrouvé en effet. […] Ce n’est point pour sa hardiesse que je l’admire.

1160. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Ils avaient toutes sortes de raisons d’admirer Leroux. […] On admira un peu, on sourit beaucoup et l’on causa d’autre chose. […] Il mourut jeune, emporté par la même maladie, si admirée, hélas ! […] Quand vous dites un mot cruel, je vous admire. […] Octave Gréard est admiré.

1161. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Paul Bourget a trouvé de grands accents, et je ne puis que renvoyer au livre pour y admirer les tempêtes de doutes, de demi-certitudes qui envahissent de leurs tortures le cœur et l’esprit du vengeur. […] J’oublie parfois, devant le talent, mon métier de critique, comme un chasseur qui, trouvant au bout de son fusil une perdrix ou une caille, se met à admirer la beauté de son vol, à écouter la joie de sa chanson, sans penser à tirer dessus. […] Voilà ce que je pourrais bien dire, mais ce que je m’empresse de taire, laissant au lecteur le plaisir de lire le roman même dans le livre, en même temps qu’il admirera les fins et spirituels dessins, les séduisantes aquarelles de Rossi et Myrbach. […] Le voyageur, avant de descendre dans la merveilleuse vallée de Chamounix, n’admire, ne veut admirer qu’une chose, le géant des montagnes de l’Europe, le Mont-Blanc. […] La plupart de ceux qui chantent Baudelaire aujourd’hui ne sont guère sensibles qu’à ses insanités, il vaut infiniment mieux que cela et mérite d’être admiré et étudié, folie à part.

1162. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Cette taille, ce port que tout le monde admire. […] Ils le sont en ce sens qu’un faiseur de fagots, d’une ignorance parfaite, seul dix mots de latin qu’il a retenus ayant été domestique chez un apothicaire, fait très bien l’effet d’un médecin, impose comme tel, est admiré comme tel, se fait une réputation en un tournemain et guérit aussi bien qu’un médecin pourrait faire. […] La vérité est qu’on peut très bien rire de quelqu’un et ne pas, pour autant, épouser, admirer et aimer celui qui lui joue d’un tour. […] Il est le type éternel du snob et c’est-à-dire de l’homme qui admire et imite les usages d’une classe dont il n’est pas et qu’il juge supérieure à la sienne. […] L’auteur dans le monde bourgeois vient d’abord se faire admirer.

1163. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

N’eussent-ils pas admiré la ville où la République aurait été réalisée, plus que celle où l’on s’en serait tenu aux Lois ? […] Le spectateur ignorant ne voit et n’admire dans une œuvre d’art que sa vérité extérieure et grossière ; mais l’amateur délicat considère surtout la vérité intérieure de la composition. […] Les Français, en somme, admirent trop Molière et ne le comprennent pas assez.

1164. (1879) À propos de « l’Assommoir »

La forme dont il revêtit ses critiques, toujours violentes, souvent acerbes, leur donnait l’air d’une polémique : polémique contre toutes les conventions, contre tous les succès immérités, contre toutes les admirations non justifiées, quelquefois même contre des talents universellement reconnus et admirés » — Sa franchise sans fard  brutale parfois, mais jamais impolie  impatienta le public ; l’on fut obligé d’interrompre la publication de Mon Salon. […] Busnach avait prêté le volume qu’il admirait à son collaborateur et ami, M.  […] Zola méritait cette distinction, aussi bien qu’un autre et mieux que bien des autres : ses théories sont contestables, ses critiques peuvent être blessantes, on n’est pas tenu d’aimer et d’admirer ses œuvres, mais il n’y a pas moyen de nier son talent ; ses adversaires les plus déclarés le reconnaissent, et ceux qui parlent encore de lui avec un dédain calculé ne font guère que se couvrir de ridicule.

1165. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

On peut donc reconnaître dans le phénomène démonique une manifestation anormale, mais fidèle, de cette incomparable intelligence dont nous admirons, dans les dialogues socratiques, la finesse et la pénétration. […] Il s’admira rentrant chez lui, annonçant la nouvelle à ses filles, les conduisant le soir au théâtre, pour fêter cet heureux jour », etc223. […] Mais le stoïcien, que Perse veut nous faire admirer, s’expose aux railleries grossières du centurion, quand, tout en se promenant, il se passionne pour une question abstraite : « Ce n’est pas moi qui voudrais être un philosophe, un Arcésilas, un Solon morose32, de ces gens qui s’en vont la tête baissée, l’œil fixé à terre, murmurant, rongeant, rageant ; on n’entend pas ce qu’ils disent ; ils ont l’air de peser des mots sur leur lèvre qui s’avance comme un plateau.

1166. (1888) Poètes et romanciers

Nous jugerons l’écrivain librement, comme nous aurions aimé à l’admirer librement aussi. […] Il y a là une cruelle injustice que nous voudrions réparer, sans parti pris pourtant d’admettre et d’admirer tout également. […] Admirez ses monstres féroces, Ses Vésuves, ses Océans ; Ses héros, qui sont des colosses, Ses gloires, qui sont des néants. […] Plus il aime les anciens, plus il admire Homère et Virgile, mieux il sent que la vraie manière de les imiter c’est de faire autrement qu’eux, de choisir d’autres sujets, et son beau poème de l’Invention n’est qu’une exhortation à tenter hardiment ces voies infinies et libres où la science invite les poètes à la suivre : Torricelli, Newton, Kepler et Galilée À tout nouveau Virgile ont ouvert des trésors. […] Le doute d’Alfred de Musset est poétique parce qu’il peut s’exprimer ainsi : « Je voudrais croire et je ne puis » ; mais nous sommes en défiance des effets poétiques de cet état d’esprit où le poète se dit à lui-même : « Sachons ignorer. » J’admire cette résignation et cette prudence philosophiques ; c’est peut-être le dernier résultat de l’analyse et de la logique, ce n’est pas là matière à poésie.

1167. (1886) Le naturalisme

Un de ses auteurs les plus célèbres, admiré par Walter-Scott, Le Sage, écrivit le Gil Blas, le Bachelier de Salamanque, et le Diable Boiteux, en suivant les traces de nos écrivains picaresques. […] Taine les admire au point d’appeler Stendhal un grand idéologue et le premier psychologue de son siècle. […] Même les colonnades de marbre que Zola admire, quoiqu’elles soient d’un beau plan et d’une qualité inestimable, sont élevées à la hâte, par des mains fébriles. […] Walter Scott, que Balzac admirait et respectait si fort, a été plus diffus, sans être aussi heureux. […] Leur idéal fut celui de la génération présente qui ne se borne pas à admirer une seule forme de l’Art, mais qui les comprend toutes et en jouit avec un éclectisme raffiné, préférant peut-être les plus étranges aux plus belles, comme il arrivait aux Goncourt.

1168. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Boileau voulut démontrer lourdement que la présidente avait mauvais goût et qu’on doit admirer ce début pindarique. […] Et, bien que Taine ait admiré et pratiqué Stendhal, on sait comment Stendhal et Baudelaire ont dû être imposés de force à la critique professionnelle. […] Serait-ce celui de ne pas admirer ? […] Le Shakespeare, le Byron, le Saint-Simon, le Taine seraient, comme son Napoléon, admirés par nous avec plus de confiance s’ils n’avaient pas existé. […] La critique de Valéry et de Hugo suppose l’œuvre parfaite (c’est le sens de l’ admirer comme une brute qu’on a reproché, sans le comprendre, à Hugo).

1169. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

« C’était alors la mode ; tout le monde était économiste ; on ne s’entretenait que de philosophie, d’économie politique, surtout d’humanité, et des moyens de soulager le bon peuple ; ces deux derniers mots étaient dans toutes les bouches. » Ajoutez-y celui d’égalité ; Thomas, dans un éloge du maréchal de Saxe, disait : « Je ne puis le dissimuler, il était du sang des rois » ; et l’on admirait cette phrase. — Seuls quelques chefs de vieilles familles parlementaires ou seigneuriales conservent le vieil esprit nobiliaire et monarchique ; toute la génération nouvelle est gagnée aux nouveautés. « Pour nous, dit l’un d’eux, jeune noblesse française538, sans regret pour le passé, sans inquiétude pour l’avenir, nous marchions gaiement sur un tapis de fleurs qui nous cachait un abîme. […] Sans approfondir celle des écrivains plus graves, nous l’admirions comme empreinte de courage et de résistance au pouvoir arbitraire… La liberté, quel que fût son langage, nous plaisait par son courage ; l’égalité, par sa commodité.

1170. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Pour cela, il faut leur faire respecter, aimer et admirer ses ministres, comme l’évêque de Digne, en faisant de sa vie un tableau d’abnégation et de sainteté pratique qui ravisse les pauvres, les vieillards, les petits enfants, toute la partie souffrante de l’humanité dont Dieu est le seul héritage. […] Jusque-là, je suis comme vous, je ne sais qu’admirer.

1171. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

  M. de Châteaubriand, génie alors plus mélancolique et plus suave, mémoire harmonieuse et enchantée d’un passé dont nous foulions les cendres et dont nous retrouvions l’âme en lui ; imagination homérique jetée au milieu de nos convulsions sociales, semblable à ces belles colonnes de Palmyre, restées debout et éclatantes, sans brisure et sans tache, sur les tentes noires et déchirées des Arabes, pour faire comprendre, admirer et pleurer le monument qui n’est plus ! […] Elles auront été le soupir modulé de mon âme en traversant cette vallée d’exil et de larmes, ma prière chantée au grand être ; et aussi quelquefois l’hymne de mon enthousiasme, de mon amitié ou de mon amour pour ce que j’ai vu, connu, admiré ou aimé de bon et de beau parmi les hommes.

1172. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

En revanche, dans les sentiments et dans la forme, toutes les sortes d’énergie et de beauté que le génie raisonnable et éloquent du xviie  siècle ne pouvait admirer. […] Le souvenir de Tacite, qu’il admire, l’aide à maintenir sa violence de sentiment dans les bornes d’une nerveuse et grave émotion.

1173. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

III Oui, un lama bouddhiste ou un fakir musulman, transporté en un clin d’œil d’Asie en plein boulevard, serait moins surpris que je ne le fus en tombant subitement dans un milieu aussi différent de celui de mes vieux prêtres de Bretagne, têtes vénérables, totalement devenues de bois ou de granit, sortes de colosses osiriens semblables à ceux que je devais admirer plus tard en Égypte, se développant en longues allées, grandioses en leur béatitude. […] Il répétait souvent que l’homme vaut en proportion de sa faculté d’admirer.

1174. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Notes sur la peinture wagnériennex et le salon de 1886 Je croirai longtemps que le Wagnérisme véritable n’est pas seulement à admirer les œuvres musicales de Richard Wagner ; que ces œuvres nous doivent émouvoir surtout comme les exemples d’une théorie-artistique ; et que cette théorie — sans cesse éclairée par le Maître, en ses livres — appelle la fusion de toutes les formes de l’art, dans une intention commune. […] J’admire, en M. 

1175. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Plus il aime les anciens, plus il admire Homère et Virgile, mieux il sent que la vraie manière de les imiter c’est de faire autrement qu’eux, de choisir d’autres sujets, et son beau poème de L’Invention n’est qu’une exhortation à tenter hardiment ces voies infinies et libres où la science invite les poètes à la suivre : Torricelli, Newton, Kepler et Galilée À tout nouveau Virgile ont ouvert des trésors. […] Le doute d’Alfred de Musset est poétique parce qu’il peut s’exprimer ainsi : « Je voudrais croire et je ne puis » ; mais nous sommes en défiance des effets poétiques de cet état d’esprit où le poète se dit à lui-même : « Sachons ignorer. » J’admire cette résignation et cette prudence philosophiques ; c’est peut-être le dernier résultat de l’analyse et de la logique, ce n’est pas là matière à poésie.

1176. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Et qui, même intellectuellement, l’admire et le respecte ? […] Diderot a dit : « naïf comme l’eau » ; expression justement admirée.

1177. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Sous cette plume qui n’exprime qu’elle-même, le vers n’est plus qu’un jeu difficile de la fantaisie qui veut étonner et trop souvent déplaire, et qui le jette à la curiosité qui l’admire. […] On croit qu’une tragédie de M. de Jouy ferait du bien, et l’on est tenté de soutenir que, dans un pays où l’on écrit et où l’on admire de telles poésies, il n’est pas possible que La Fontaine ait existé !

1178. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Et ce que j’en admire le plus, savez-vous ce que c’est ? […] Diderot, que M. de Goncourt, l’amoureux du xviiie  siècle, admire certainement plus que moi, aurait osé, lui, faire franchir cette porte au sien.

1179. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Avant de l’ouvrir, nous étions au parterre, à distance, placés comme il fallait pour admirer et admirer toujours.

1180. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

On a beaucoup admiré les Paroles d’un croyant ; nous n’avons, pour notre part, jamais su goûter ce pastiche apocalyptique, ce genre emprunté à la Bible et qui consiste essentiellement dans le dépècement du discours en versets et dans l’usage de la conjonction et au commencement des phrases, cette prose soi-disant poétique enfin, qui trahit par son ambition même l’impuissance d’écrire un poème véritable.

1181. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

On hésite, quand on marche seul, comme il convient à un esprit indépendant, et qu’on n’a pour soi que le groupe si disséminé des gens sensés, qui ne se connaissent pas entre eux, à venir admirer trop faiblement le chef d’une milice blanche éblouissante et de toute une nombreuse famille spirituelle, l’idole de toute une jeunesse si électrisée.

1182. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Jusqu’à quel point cette discipline morale, régulière, contractée de bonne heure, et toujours observée dans la suite, favorise-t-elle ce qu’on appelle talent poétique, et ce qu’admire le monde sous ce nom ?

1183. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

On l’a dit, après créer et enfanter des œuvres de génie, il reste encore quelque chose de digne et de beau, c’est de les sentir et de les faire admirer.

1184. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

C’eût été d’abord de vivre à part, loin des coteries et des salons patentés, dans le silence du cabinet ou des champs ; de travailler là, peu soucieux des succès du jour, pour soi, pour quelques amis de cœur et pour une postérité indéfinie ; c’eût été d’ignorer les tracasseries et les petites guerres jalouses qui fourmillaient aux pieds de trois ou quatre grands hommes, d’admirer sincèrement, et à leur prix, Montesquieu, Buffon, Jean-Jacques et Voltaire, sans épouser leurs arrière-pensées ni les antipathies de leurs sectateurs ; et puis, d’accepter le bien, de quelque part qu’il vînt, de garder ses amis, dans quelques rangs qu’ils fussent, et s’appelassent-ils Clément, Marmontel ou Palissot.

1185. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Le poète a vu, il vous fait voir ; il a été frappé, il vous transmet son impression, et tous ses auditeurs, à quelques égards, sont poètes aussi comme lui ; ils croient, ils admirent, ils ignorent, ils s’étonnent, et la curiosité de l’enfance s’unit en eux aux passions des hommes.

1186. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Je n’oserais conseiller Pindare : sans la connaissance de la langue ils pourraient l’admirer, mais le comprendre, non.

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