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675. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Dans cette église-là, le prêtre qui vit de l’autel est déshonoré. […] vous avez bien raison de maudire ce Dieu que l’Église vous a donné ! […] Aujourd’hui, je me sens disposé à donner un libre cours à ma voix : en ville on se figurera que les chants partent de l’église, c’est demain Noël… Eh ! […] Je me tins au loin, caché entre les colonnes de l’église. […] Seul, je restai sous le portique, et l’église devint si déserte que, dans le lointain, j’entrevoyais le prêtre tenant le calice à la main, et l’enfant de chœur avec sa sonnette.

676. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d’église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spéculation, et dont Mme Vauquer respire l’air chaudement fétide sans en être écœurée. […] Imaginez au-delà du pont deux ou trois fermes, un colombier, des tourterelles, une trentaine de masures séparées par des jardins, par des haies de chèvrefeuilles, de jasmins et de clématites ; puis du fumier fleuri devant toutes les portes, des poules et des coqs par les chemins : voilà le village du Pont-du-Ruan, joli village surmonté d’une vieille église pleine de caractère, une église du temps des croisades, et comme les peintres en cherchent pour leurs tableaux. […] De la fenêtre, l’œil embrassait la vallée depuis la colline où s’étale Pont-de-Ruan, jusqu’au château d’Azay, en suivant les sinuosités de la côte opposée que varient les tours de Frapesle, puis l’église, le bourg et le vieux manoir de Saché, dont les masses dominent la prairie.

677. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Renan après sa rupture avec l’Église : négateur, doctrinaire et progressiste ; comment ses idées nouvelles sont modifiées par son caractère. […] Vous verrez apparaître un petit Breton qui, sorti de l’Église, est aussi énergique dans sa négation de fraîche date qu’il a pu l’être dans sa foi. […] D’une part, il a rompu avec le christianisme, il a contristé ses excellents maîtres de Trégnier, d’Issy, de Saint-Sulpice, il s’est contristé lui-même, il va être un scandale à l’Église constituée. […] L’Église a eu ses époques et ses phases ; elle s’est renfermée dans des symboles qui n’ont eu ou qui n’auront qu’un temps : Jésus a fondé la religion absolue, n’excluant rien, ne déterminant rien, si ce n’est le sentiment. […] Les fidèles de la petite Église feront ainsi refleurir d’âge en âge ce que l’esprit humain a produit de plus pur, de plus beau, de plus désintéressé, de plus incertain et de plus discutable.

678. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Les obsèques ont eu lieu à l’église de Saint-Germain-des-Prés au milieu d’un grand concours de médecins, de membres de l’Université et d’amis, dont un bon nombre a suivi le convoi jusqu’à Auteuil.

679. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

C’est de là qu’il gouverne le Félibrige, sorte d’Église nationale, dont les pontifes, étant poètes, sont souvent peu traitables.

680. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Dans les églises ou les librairies.

681. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Les querelles de religion ont pu renforcer le pouvoir de l’Église, le désir d’unité religieuse. « La folle du logis » s’est si bien donné carrière dans les œuvres de Scarron, de Bergerac, de Saint-Amand que le besoin d’une discipline pour la langue et d’un code pour la littérature a pu se faire sentir impérieusement.

682. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Son corps a depuis été transféré dans l’église de saint Etienne-du-Mont, & placé à côté de la tombe de Pascal.

683. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Mais le Christianisme, mais l’Église, le Moyen Âge, le passé dont nous sommes les fils, voilà ce qui importe à tous et ce qu’on retrouve dans ce livre, nous ne dirons pas sous la lumière, mais sous le clair-obscur le plus faux.

684. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres portugaises » pp. 41-51

Les ennemis de l’Église jouaient alors contre elle leur grande partie, et tout leur était bon pour la gagner.

685. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Depuis le glorieux Balzac, — qui croyait à Dieu et même à l’Église, et qui introduisit dans les siens cette physiologie, mais dans la juste mesure de son existence, — elle a grandi immensément, comme le matérialisme dont elle est la fille.

686. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

D’ailleurs, la naissance du christianisme dans ces climats, le renouvellement du platonisme, l’école d’Alexandrie, le choc des deux religions, le zèle ardent des païens pour attaquer, le zèle des chrétiens pour se défendre, tout dans l’Orient contribuait à entretenir la culture et le goût ; des évêques étudiaient Homère ; des saints se nourrissaient d’Aristophane ; Platon était presque aussi souvent cité qu’un Père de l’église : c’était un arsenal ennemi où le christianisme venait s’armer, et l’on combattait les fables et la mythologie des Grecs avec l’éloquence des Grecs mêmes.

687. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Seulement, cette morale, quand on l’examine, va plus loin qu’on ne croirait d’abord ; elle a plus de portée, sinon plus de profondeur ; et la règle des Thélémites se trouve être finalement la contradiction ou la négation même de tout ce qu’enseignaient depuis plus de mille ans alors et les mœurs, et l’école, et l’Église. […] ce ne fut pas l’Église qui s’en aperçut d’abord, ni même la Royauté. […] — Son Apologie pour Hérodote, 1566. — En quoi le livre ment à son titre, et n’est au fond qu’un pamphlet protestant ; — Henri Estienne et Rabelais sur « les Gens d’Église ». — Comparaison de l’Apologie pour Hérodote et du Quatrième livre de Pantagruel. — Si quelques « nouvelles » agréablement contées nous permettent, comme on l’a fait, de placer Henri Estienne bien au-dessus de Bandello. — Qu’on a peine également à trouver dans l’Apologie un avant-goût des Provinciales [Cf.  […] Bazin, Histoire de France sous le règne de Louis XIII]. — Il n’a pas non plus laissé de trace bien profonde dans l’histoire de l’Église ; — n’ayant été fait évêque de Lisieux qu’à plus de soixante ans ; — mais il a beaucoup aimé les lettres ; — et nul avant lui n’a fait faire plus de progrès à l’éloquence française ; — par ses traductions d’Eschine, de Démosthène, de Cicéron [Pour et Contre Ctésiphon et Pour Milon] ; — par la collection de ses Arrêts rendus en robe rouge ; — et par le sentiment très délicat de ce qui manquait encore à la langue [Cf. son Traité de l’éloquence française, et des raisons pourquoi elle est demeurée si basse]. […] Florence, 1883]. — Les débuts de François de Sales. — Son entrevue avec Théodore de Bèze. — La mission du Chablais [1594-1598] ; — et les premiers écrits de François de Sales : Les Controverses et la Défense de l’étendard de la Croix. — De la précision de coup d’œil, et de la netteté d’argumentation avec laquelle il réduit l’essentiel de la controverse entre protestants et catholiques à la matière de l’Église. — Son séjour à Paris en 1602 ; — et l’Oraison funèbre du duc de Mercœur. — Il est sacré évêque de Genève, 1602.

688. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

La discipline de l’église romaine ne permit guère qu’aux orateurs sacrés l’emploi des richesses poétiques du christianisme ; mais elles appartinrent de droit à tous les poètes de l’église nouvelle. […] Si vous l’examinez dans son culte, que de choses ne vous disent pas ses vieilles églises gothiques, et ses prières admirables, et ses superbes cérémonies ! […] La lune répand alors les dernières harmonies sur cette fête que l’église a calculée avec le retour du mois le plus doux et le cours de l’astre le plus mystérieux. […] Ils ne contestent plus à la doctrine et aux pompes de l’Église romaine leurs effets touchants et sublimes ; ils conviennent que l’éloquence et la poésie en peuvent tirer de puissantes émotions et de riches tableaux. […] Alors, dans les cercles de la ville et parmi les intrigues de la cour, dans le sénat et dans l’armée, on agitait les mêmes questions que dans l’Église.

689. (1860) Cours familier de littérature. IX « XLIXe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier » pp. 6-80

La politique, dans laquelle il avait joué un rôle important depuis la restauration des Bourbons, lui payait aussi alors ce qu’il appelait ses disgrâces de cour en popularité ; ce n’était que des semblants d’opposition libérale affichés pour décorer sa retraite, mais ces dehors de grand homme persécuté lui attiraient à la fois le respect de l’aristocratie, la reconnaissance de l’Église, l’enthousiasme confidentiel des jeunes républicains. […] » L’atmosphère monastique de l’escalier de l’Abbaye-aux-Bois, l’écho de la vaste cour réveillé pour la première fois par le bruit des équipages qui versaient les nobles visiteurs, le demi-voix des entretiens sur les marches qui ressemblait au recueillement d’une entrée d’église, tout cela justifiait l’hallucination de ma mère et de ma jeune sœur ; nous allions voir une Maintenon plus belle et moins solennelle que la première, la Maintenon caressante d’un roi de l’intelligence. […] Négligées des hommes affairés, ces femmes vivent généralement à l’ombre comme les odalisques d’Orient ; il faut les découvrir soit dans les églises, soit aux fenêtres hautes de leurs maisons noires, semblables à des monastères espagnols.

690. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

« Le lieu de la scène était un petit passage derrière sa maison, entre un ruisseau à main droite qui la séparait du jardin, et le mur de la cour à gauche, conduisant par une fausse porte à l’église. Prête à entrer dans l’église par cette porte, madame de Warens se retourna à ma voix. […] Voilà un théiste qui, après avoir feint la profession de déisme contemplatif et de religion pratique, en dehors de toute révélation surnaturelle, s’en va abjurer, dans une église de la Suisse, son catholicisme, son théisme, sa philosophie, et communier sous les deux espèces, de la main d’un pasteur de village ; Enfin voilà un nouveau converti qui se brouille avec son convertisseur, et qui revient faire des constitutions de commande à Paris, pour la Pologne et pour la Corse, dont il ne connaît ni le ciel, ni le sol, ni la langue, ni les mœurs, ni les caractères, constitutions de rêves pour ces fantômes de peuples !

691. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Ses seules dépenses connues étaient le pain bénit, la toilette de sa femme, celle de sa fille, et le payement de leurs chaises à l’église, la lumière, les gages de la grande Nanon, l’étamage de ses casseroles, l’acquittement des impositions, les réparations de ses bâtiments et les frais de ses exploitations. […] Aux deux fenêtres étaient drapés des rideaux en gros de Tours rouge, relevés par des cordons de soie à glands d’église. […] En échangeant quelques mots avec sa cousine au bord du puits, dans cette cour muette ; en restant dans ce jardinet, assis sur un banc moussu jusqu’à l’heure où le soleil se couchait, occupés à se dire de grands riens ou recueillis dans le calme qui régnait entre le rempart et la maison, comme on l’est sous les arcades d’une église, Charles comprit la sainteté de l’amour. » VIII Le père Grandet s’était décidé à payer le voyage de son neveu pour les Indes jusqu’à l’embarquement à Nantes.

692. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Je le trouve couleur d’un vieux cierge d’église, les yeux ayant perdu l’allumement de la vie, la voix sans résonance, se plaignant d’affreuses névralgies des reins ; et l’esprit encore plus malade que le corps, et me disant : « Je crois bien avoir le foie atteint, aux tristesses affreuses que j’éprouve !  […] À l’église j’ai un certain étonnement, quand mon regard rencontre la figure de Hennequin, le témoin de son adversaire. […] Tout le boulevard devant les bureaux du Gaulois, était plein de juifs, et, à toute minute des coupés, comme on en voit à la porte de l’église Saint-Augustin, jetaient un israélite sur la chaussée.

693. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Que l’on prenne la scène des comices dans Madame Bovary, les files de filles de ferme se promenant dans les prés, la main dans la main, et laissant derrière elles une senteur de laitage, la myrrhe qu’exhalent les sièges sortis de l’église, les physionomies grotesques ou abêties de la foule, l’attitude nouvelle de Homais, les passes conversationnelles où Rodolphe conquiert la chancelante épouse, tout est saisi en de brefs aspects particuliers, sans le narré du train ordinaire qui dut accompagner ces faits d’exception. […] Félicité, la simple bonne de Mme Aubain, porte au catéchisme où elle accompagne la fille de sa maîtresse, une sensibilité délicate et tactile, jusqu’à de pareilles élévations : « Elle avait peine à imaginer sa personne ; il n’était pas seulement oiseau mais encore un feu et d’autres fois un souffle, c’est peut-être sa lumière qui voltige la nuit, au bord des marécages, son haleine qui pousse les nuées, sa voix qui rend les cloches harmonieuses ; et elle demeurait dans une adoration, jouissant de la fraîcheur des murs et de la tranquillité de l’église. » En s’accoutumant à rendre le dialogue en style indirect, Flaubert se débarrasse encore, de la nécessité des modernistes, forcés de hacher leur phrase à la mesure de paroles lâchées. […] Prudhomme qui trouve que la plus belle église serait celle qui aurait à la fois la flèche de Strasbourg, la colonnade de Saint-Pierre, le portique du Parthénon, ètc.

694. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

Ces prophètes raisonneurs de l’Église devenue littéraire ont donné à la langue, avec la période de Cicéron, la gravité, la majesté, l’autorité de l’accent qui manquaient, jusqu’à eux, au génie gaulois de leur patrie. […] C’est l’Église qui inspire, c’est le prêtre qui se pose en pontife des lettres. […] Le prêtre, par son privilège de parler dans l’église et sur les tombes, devait être l’inventeur de ce nouveau genre d’éloquence, éloquence entre ciel et terre, pourrions-nous dire.

695. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

J’en avois toujours quelque idée assez tendre et assez approchante d’une inclination ; mais je ne la voyois qu’à l’église : car, comme je vous ai mandé, je suis assez solitaire, et plus que mon cousin ne me l’avoit recommandé. […] Il écrivait l’histoire de Port-Royal, celle des campagnes du roi, prononçait deux ou trois discours d’académie, et s’exerçait à traduire quelques hymnes d’église.

696. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Etrangère à la conception juridique et politique du christianisme romain, l’Eglise celtique laissa l’âme de la race façonner une religion nationale à son image. […] Plus sévère que Dieu et que l’Église, notre auteur n’absout même pas le mariage : et quand la quête du Graal commence, quand tous les chevaliers de la Table ronde se mettent en route pour le chercher, un ermite défend à leurs femmes de les accompagner.

697. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Avant Sterne, Rabelais, avec sa verve et l’originalité de son style incomparable, avait fait la satire de l’Église, de la cour et de la société tout entière, à la faveur d’un conte à dormir debout. […] J’entends par l’histoire officielle, celle de Karamzine, approuvée par la censure de son temps, car j’ai de bonnes raisons pour croire que l’imposteur n’était pas le moine défroqué Grégoire Otrépiev, que l’Église russe maudit encore aujourd’hui pour un crime dont il me paraît fort innocent.

698. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

L’Église aura des indulgences pour les égarements du cœur, et puis il est si commode à la fatuité aristocratique de croire que la masse du genre humain est absurde et méchante et d’avoir sous la main une lourde autorité pour couper court aux raisonnements de ces impertinents philosophes, qui osent croire à la vérité et à la beauté. […] La ligne que depuis on a tirée entre l’Église orthodoxe et les sectes gnostiques était alors bien indécise ; tout cela faisait corps, et il y avait solidarité des uns aux autres.

699. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Ainsi encore, pour le fidèle de l’Église romaine, la soumission aux décisions du pape en matière de foi est chose méritoire ; pour le libre-penseur, pour l’homme de science, soumettre tout croyance au contrôle de l’expérience et de la raison, puis se décider en pleine indépendance est à la fois un droit et un devoir. […] Or, elle soumet les appétits des sens aux lois de la raison et de l’Église.

700. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Combien de fois ne reviennent-ils pas à la charge & sur la Religion, & sur l’Eglise, & sur les Papes, & sur les Princes, & sur les Ministres, & sur les Grands Hommes dont la réputation les blesse, & sur leurs ennemis, & même sur ceux qui ne se sont pas déclarés leurs amis ? […] Comme je ne puis douter que ce bruit calomnieux ne soit une ruse imaginée pour décréditer mes Censures, en les attribuant à des motifs étrangers à mon zele, je crois devoir déclarer que je n’ai été payé par personne, que je n’ai ni bénéfice, ni pension de l’Eglise, & que le Clergé ne m’a pas donné de quoi acheter la plume qui m’a servi à combattre les ennemis de la Religion & les siens, Je puis ajouter, qu’en écrivain contre la Philosophie & ses partisans, je n’ai été animé que par le désir d’être utile.

701. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Et il y a une église de cela, du règne de Jésus-Christ, qui était autrefois près du chemin de fer, à la barrière du Maine, et qui est maintenant au Panthéon. […] Ce sont les aperçus religieux de Swedenborg, mais ça n’a pas de base… Malaise des esprits, trouble des âmes, religiosité remuant dans l’ombre, agitations sourdes de la veillée d’armes d’une suprême bataille livrée par le catholicisme, toute une mine de mysticisme couvant sous le scepticisme du xixe  siècle, il y a de cela dans les paroles de mon dentiste, sous le coup de la question italienne, des lettres pastorales des évêques, de la levée de boucliers de l’Église en faveur du pouvoir temporel ; et il y a dans ces paroles comme l’annonce d’une sorte de fièvre et de délire des consciences ; et j’y vois, germant déjà dans le petit bourgeois éclairé, l’anarchie des croyances et le gâchis social que cela prépare dans un avenir très prochain.

702. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Après son départ de L’Action française, il semble devenir moins intransigeant : il soutient par exemple la séparation de l’Eglise et de l’Etat même s’il est favorable à ce qu’on enseigne au moins « l’idée de Dieu » à l’école (Des romantiques à nous, p. 127). Parallèlement, alors que dans ses premiers livres il ne paraissait soutenir l’Église que pour son rôle social, il semble que Lasserre accorde peu à peu une plus grande place à la foi dans sa propre vie, qu’il concilie avec son rationalisme initial : il conclut à l’existence de Dieu dans son travail sur La Jeunesse d’Ernest Renan. […] Elle le verra d’autant plus grand qu’il est parti de plus bas et revenu de plus loin, car Rousseau est un chrétien tout aussi orthodoxe pour l’église de l’avenir que le centenier Mathieu et le persécuteur Paul le sont pour l’église du passé. […] Les hymnes de l’église prochaine le séduisent à la douceur de la vie. […] Le théâtre est une sorte d’église, l’humanité est une sorte de religion.

703. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

A peine le nom de Bergier surnage-t-il parmi ceux des apologistes de l’Église.

704. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Il me dit qu’il était en train d’écrire une longue nouvelle, dont la première partie se passait dans un mauvais lieu et la seconde dans une église.

705. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Anatole France, et surtout le charme anecdotique de l’histoire de l’église, des apôtres et des saints : la beauté plus directement plastique des lettres et des arts grecs et français ne l’attira pas moins ; ni la beauté intellectuelle de la philosophie déterministe, de la science moderne, si relativiste, et si sceptique.

706. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

Huysmans a essayé la solution : il est entré dans l’Église, il a écrit Là-bas.

707. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre IV. Moyens de déterminer les limites d’une période littéraire » pp. 19-25

C’est encore l’instant où les attaques des écrivains, jusque-là dirigées contre l’Eglise, vont se tourner contre l’Etat, où la préoccupation des affaires publiques va primer toutes les autres, où les théories politiques, réalistes et modérément réformistes avec Montesquieu, vont devenir dualistes et révolutionnaires avec l’auteur du Discours sur l’origine de l’inégalité.

708. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Voici, pour commencer, la famille, l’école, maîtres et camarades, l’église, les gens du village ou du quartier.

709. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 5, des études et des progrès des peintres et des poëtes » pp. 44-57

On ne sçauroit caracteriser le chef visible de l’église, introduit dans un semblable évenement par une expression plus noble et plus convenable.

710. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

En religion, nous tenons pour l’Église ; en politique, pour la monarchie ; en littérature, pour la grande tradition du siècle de Louis XIV.

711. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Enfin, comme appoint à ces trois dissertations historiques, l’auteur de Rome et la Judée finit son volume par un coup d’œil sur les hérésiarques et les imposteurs païens, sur le caractère des manifestations qu’ils provoquèrent, et sur l’Église, lieux communs qu’il n’a pu renouveler.

712. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Ils y voyaient même une Philosophie tout entière, la Philosophie de l’Église et du Moyen Âge.

713. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Il a écrit une pièce qu’il intitule assez irrévérencieusement le Nazaréen dans laquelle on lit des vers comme ceux-ci :                 …… Ton Église et ta gloire Peuvent, ô Rédempteur !

714. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

« Oui, — dit-il en régentant le Bas-bleu voyageur et irrespectueux, — on tue et on sale beaucoup de porcs à Cincinnati, et c’est pour cela qu’au bout d’un demi-siècle il y a au bord de l’Ohio, au lieu de sauvages qui scalpaient les navigateurs, une ville de cent mille âmes, des églises, des écoles, des théâtres, et même un observatoire ! 

715. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Nous venons d’en voir un d’un orateur gaulois ; un autre Gaulois, né à Bordeaux, et disciple d’Ausone, qui à vingt-quatre ans commença par être consul, et qui, après avoir occupé au Capitole la place des Fabius et des Émile, entra dans l’église, fut prêtre, ensuite évêque, et obtint, après sa mort, l’apothéose que la religion accorde aux vertus.

716. (1913) Poètes et critiques

Quelle que soit la distance qui les en sépare, c’est toujours à l’église de leur commune qu’ils veulent fêter les dimanches et les grandes fêtes. Ils aiment mieux faire cinq lieues dans la neige que de se rendre en vingt minutes à l’église d’une commune voisine, mais étrangère. […] Le chemin qui passe devant l’hôtel et tourne vers l’église retentit sous les souliers ferrés et crie sous les patins des traîneaux. […] Cette sorte de culte prenait un caractère étonnamment religieux, dans des assemblées d’un autre âge tenues à mi-hauteur du clocher de l’église. […] Il est proudhonien, pour avoir feuilleté assidûment La Justice dans la Révolution et dans l’Église.

717. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

il improvisait jusqu’à des sermons pour l’Église catholique ! […] À l’église, chacun avait sa place réservée. […] Plus de libertés, plus de charges, plus de privilèges, plus d’honneurs, plus rien de la fortune et des petites distinctions d’autrefois ; plus de galon d’or au chapeau, plus de livrée au valet, plus de fleur de lis sur les bancs de l’église, et bientôt plus de banc, et bientôt plus d’église ! […] Dans cette église des Cordeliers, où naguère il chantait les vêpres du haut de sa stalle en bois de chêne, il rencontra deux vieilles femmes agenouillées sur les débris de l’autel, la Baulèze et une bonne vieille qui vendait des oublies aux enfants ! […] Était-il le bienvenu chez les marchands, chez les bourgeois, voire à l’église et parmi les tonsurés !

718. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Elles sont donc, elles aussi, des ennemies de l’Église ? […] Daniel ne s’en émeut pas : il a été convenu qu’on n’irait point à l’église ; il lui suffit. […] Quand ces dames parlaient avec dédain de l’église, le naïf Daniel se croyait en sûreté. […] l’église ce n’est pas le temple, de même que le temple ce n’est pas l’église. […] Le temple, mais c’est l’église, se récrie l’un. — Mais non, c’est autre chose, riposte l’autre.

719. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

À quelques pas, deux nobles romains, de ceux dont le nom, porté par un pontife de génie, reste associé aux plus illustres épisodes dans l’histoire de l’Église, poursuivaient une martingale désespérée. […] » Persistant dans son intransigeance catholique, le cardinal affirme que le libéralisme du Saint-Père lui sera fatal et que jamais la victoire n’est venue à l’Église que lorsqu’elle s’est obstinée dans son intégralité, dans l’éternité immuable de son essence divine. […] Il rappelle qu’au concile de Trente, l’Église n’a été sauvée que parce qu’elle a eu le divin entêtement de s’enfermer dans le dogme étroit, et qu’elle n’a rien voulu concéder. […] Toutes les autorités viennent se prosterner devant lui, l’archevêque, qui ne serait pas fâché d’être cardinal, ne craint pas de louer ce chef d’État qui a approuvé toutes les lois contre l’Église. […] » Et la « soirée parisienne » qui nous montre les conditions faites par un monsieur louant une Bodinière pour y donner l’audition de ses poésies et, par traité avec un agent dramatique, réglant sa soirée comme on règle avec l’église pour un mariage et avec les pompes funèbres pour un enterrement.

720. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Loin d’être une force créatrice, les Franciscains, dès la mort de leur fondateur, se dressent comme un reproche en face de l’Eglise opulente. […] A ce moment leur rôle est épuisé ; ils ne sont plus qu’une des étapes visibles dans la longue sécularisation des ordres religieux à laquelle l’église romaine travailla sans relâche jusqu’à une époque récente. […] La réforme de l’Eglise lui apparaissait comme une sorte de chevauchée épique. […] Cependant il y eut, dès les premiers temps de son règne temporel, deux partis dans l’Eglise : celui du peuple et celui des prêtres ; celui des dieux et celui de Dieu. […] Des personnes distinguées par leur savoir et leur logique admirent difficilement qu’un séminariste, ayant quitté l’Eglise, demeurât attaché à l’Eglise ; qu’un négateur de la divinité du Christ conservât de la tendresse pour la doctrine évangélique ; qu’un athée avouât des sentiments monarchistes ; qu’un libre-penseur, en un mot, ne fût pas un parfait démocrate.

721. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Il convoquait ses concitoyens dans les églises et leur débitait des discours. […] Le marié s’abrita sous le porche de l’église. […] Il voulait donner cette inestimable relique à l’église de sa paroisse natale. […] L’église de Saint-Thiébault, à Thann, est petite comme un oratoire, mais elle est délicate, précieuse comme un reliquaire. […] À deux pas de l’église Saint-Thiébault, les fabriques de Thann mettent en mouvement des centaines de machines et des milliers d’ouvriers.

722. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Ceux-là de préférence ont été touchés qu’on s’attendait le moins à voir rentrer dans le giron de l’Église. […] On savait qu’il fréquentait les églises. […] Valabrègue découvrait dans l’usage de la bicyclette un argument en faveur de l’Église. […] La musique qu’on fait dans les églises a tout particulièrement le don de mettre M.  […] Beaucoup de choses religieuses : des églises, des prières, des cantiques, des processions.

723. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Kroupianikoff la lettre suivante : « J’ai l’honneur de vous annoncer par la présente, mon cher monsieur, que votre ami, l’étudiant Avenir Sorokooumoff, qui demeurait chez moi, est mort il y a de cela quatre jours, à deux heures de l’après-midi, et qu’il a été enterré aujourd’hui, à mes frais, dans le cimetière de mon église. […] Vous voilà assis, les chevaux s’enlèvent, la téléga roule avec fracas… Vous avancez, — vous passez devant l’église, vous descendez la colline et prenez à droite, en suivant la digue… ; l’étang commence à se couvrir de vapeurs. […] Là-bas, derrière le bois, paraît un village ; plus loin vous en découvrez un autre avec une église blanche ; plus loin encore s’élève sur une montagne un petit bois de bouleaux ; au-delà du bois s’étend le marais vers lequel vous vous dirigez. […] Au milieu de la plaine, des mamelons écrasés, labourés et ensemencés du haut en bas, ressemblent à d’énormes vagues affaissées sur elles-mêmes ; des ravins, aux flancs couverts de buissons, serpentent entre ces hauteurs ; de petits bois sont dispersés çà et là comme des îles, et des sentiers étroits courent d’un village à l’autre ; quelques églises blanches et élancées paraissent dans le lointain ; une petite rivière, bordée de buissons, serpente au milieu de la plaine, et son cours est interrompu de distance en distance par des digues ; quelques outardes rangées en file se tiennent immobiles dans un champ éloigné ; une vieille maison seigneuriale, entourée de ses dépendances et de jardins fruitiers, est comme blottie au bord d’un petit étang ; mais vous avancez toujours.

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