On dirait que l’humanité en avançant est surtout soigneuse de s’observer tout le long de sa route, de se décrire, de laisser de soi, aux différents âges, des portraits ressemblants, tels quels, qui serviront ensuite de termes de comparaison, de documents biographiques et historiques, aux curieux, qui viendront après.
On entendait dans le bois de Tanit le tambourin des courtisanes sacrées ; et, à la pointe des Mappales, les fourneaux pour cuire les cercueils d’argile commençaient à fumer. » J’admire la conscience et le pinceau du paysagiste : mais de même que Salammbô m’a rappelé Velléda, je me rappelle inévitablement ici tant de belles descriptions de l’Itinéraire, et particulièrement Athènes contemplée du haut de la citadelle au lever du soleil : « J’ai vu du haut de l’Acropolis le soleil se lever entre les deux cimes du mont Hymette… » Le panorama de Carthage vue de la terrasse d’Hamilcar est un paysage historique de la même école, et qui accuse le même procédé ; ce qui ne veut pas dire qu’il ne soit pris également sur nature, du moins en ce qui est des lignes principales.
Il a une mission ; il s’est chargé de décrire un monument historique, un vieux cloître ruiné en Normandie, et, pour mieux faire, il s’est établi dans un moulin, passant le jour à courir le pays ou à dessiner.
Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.
Volney, dans le programme de ses leçons d’histoire aux Écoles normales (an iii, 1795), se propose d’examiner quel caractère présente l’histoire chez les différents peuples, quel caractère surtout elle a pris en Europe depuis environ un siècle : « L’on fera sentir, disait-il, la différence notable qui se trouve dans le génie historique d’une même nation selon les progrès de sa civilisation, selon la gradation de ses connaissances exactes. » Notez bien cette sorte de traduction qui définit le sens.
Aussi c’est bien moins comme récit continu, comme témoignage et contrôle positif concernant des faits historiques, que ces Mémoires méritent de compter, qu’à titre de portraits vivants et de tableaux.
Érudits comme nous le sommes devenus et occupés de la couleur historique, il y a pour nous, dans la représentation actuelle de Bérénice, un intérêt d’étude et de souvenir.
Gustave Geffroy, outre sa série de belles appréciations sur la peinture, a écrit avec l’Enfermé une monographie critique et historique de haute valeur, constituant un des plus beaux essais que la littérature française ait produit depuis trente ans.
Voyez La Muse historique, lettre de Robinet, du 5 novembre 1667.
Toute une méthode historique, celle de l’histoire à jugements, est doucement bafouée en ce seul mot d’un écrivain intelligent et spirituel… Si l’on ne lit ainsi, on ne comprend pas.
Or l’éducation mnémonique vise à faire de la mémoire de l’individu un raccourci de la mémoire de l’humanité ; elle tend à river l’individu au passé, à faire de lui un esprit historique, un esprit de passivité et de règle.
Dans les écrits anciens, ce qui nous intéresse le plus est précisément ce à quoi les contemporains ne songeaient pas : particularités de mœurs, traits historiques, faits de linguistique, etc.
Lucien, le frère du consul, est le premier personnage historique qui l’aime (car je ne puis compter Barère, qui l’avait connue enfant autrefois).
Or, maintenant, dans l’état actuel des renseignements historiques sur Marie-Antoinette, en se rendant compte des vrais témoignages, et en se souvenant aussi de ce qu’on a ouï raconter à des contemporains assez bien informés, il est très permis de penser qu’en effet cette personne affectueuse et vive, tout entière à ses impressions, amie des manières élégantes et des formes chevaleresques, ayant besoin tout simplement aussi d’épanchement et de protection, a pu avoir durant ces quinze années de sa jeunesse quelque préférence de cœur : ce serait plutôt le contraire qui serait bien étrange.
Nous n’irons cependant pas jusqu’à dire avec un disciple de Kant, Riehl, que le moi intellectuel soit tout entier un produit des relations sociales, car ces relations ne peuvent que développer ce qui était déjà en germe dans les individus : le logique n’est pas tout entier de l’historique ; mais ce qui est vrai, c’est que Kant projette dans un monde de noumènes un complexus de tendances à la fois logiques et sympathiques, qui lui paraît ainsi une sorte de moi intemporel et rationnel, quand ce moi est au contraire le produit du temps, des relations sociales, enfin de cette sorte de quintessence d’actions et réactions collectives qu’on appelle le langage.
Les Puritains d’Écosse sont, dans cette hypothèse, un véritable roman historique.
Il prouvait qu’il y avait trois époques historiques, « ni plus, ni moins », celle de l’infini, celle du fini, et celle de leur rapport ; puis monté sur un char attelé de quatre systèmes, et traversant l’empyrée philosophique, partout, en Orient, en Grèce, au moyen âge, aux temps modernes, il distribuait en quatre compartiments les doctrines qu’il connaissait et les doctrines qu’il ne connaissait pas39.
Delacroix : « l’énergie est chez lui l’aspiration de l’énergie, le rêve de l’énergie, la nostalgie d’un passé historique plutôt que la puissance de construction d’un avenir. » L’image de la cristallisation qui forme le leit-motiv du livre est à la fois le produit d’une imagination musicale, une figure de la réalité amoureuse : " il me semble, dit Stendhal dans une lettre, qu’aucune des femmes que j’ai eues ne m’a donné un moment aussi doux et aussi peu acheté que celui que je dois à la phrase de musique que je viens d’entendre. " la musique, surtout telle que la goûtait Stendhal qui n’y sentait qu’un motif de rêverie, c’est le monde et l’acte mêmes de la cristallisation parfaite, de sorte que Beyle, amoureux de second plan, simple amateur en musique, se définirait peut-être comme un cristallisateur.
Il oublie ce qu’est une âme individuelle, comme tout à l’heure il oubliait ce qu’est une force historique ; il sépare le mot de la chose ; il le vide et le pose à part, comme un être efficace et distinct. Il cesse de voir dans l’âme individuelle comme tout à l’heure dans la force historique les éléments qui la composent, tout à l’heure les individus dont la force historique n’est que la somme, à présent les facultés et les penchants dont l’âme individuelle n’est que l’ensemble. […] Guizot s’ôte ainsi la puissance avec l’exactitude ; ses récits ne sont pas assez précis ni assez frappants ; son histoire n’est ni assez historique ni assez populaire. […] Sur quelle preuve cette divination historique et cette révélation aventureuse appuient-elles leur autorité ? […] Elle lui donne l’éloquence, l’instinct de la vérité historique, le sens psychologique, la faculté de faire revivre les âmes.
J’ai aussi abandonné, momentanément, je suppose, ne connaissant pas l’avenir et surtout n’en répondant pas, certains choix de sujets : les historiques et les héroïques, par exemple ; et par conséquent le ton épique ou didactique pris forcément à Victor Hugo, un Homère de seconde main après tout, et plus directement encore à M. […] Bressant a beaucoup d’insolence, de morgue et parfois de majesté dans le rôle si bien tracé et si historique de Charles-Quint. […] Les premières fois que je le vis, c’était sous l’Empire, à Bruxelles, dans le petit hôtel historique, par l’Année terrible, de la place des Barricades. […] Nous sommes en 1830, date moyenne, formule historique pour ce qui va nous occuper, millésime commode et commun en nôtre matière.
Nous mentionnerons d’abord les Notes historiques sur la vie de Molière, par M. […] Il n’y avait que la Gazette en prose de Renaudot et la Muse historique en vers de Loret, et l’une et l’autre de ces publications ne paraissaient qu’une seule fois par semaine. […] On le rencontre non moins souvent encore dans un monument historique du même temps, les Mémoires du cardinal de Retz. […] Loret parla de ce spectacle dans sa Muse historique du 7 juin suivant. […] Ces détails historiques suffisent pour expliquer les attaques de notre auteur contre ces quatre empiriques privilégiés que Louis XIV, auquel on n’a jamais reproché de n’avoir pas su apprécier les hommes, fut néanmoins obligé de choisir pour ses médecins ordinaires, comme moins ignares et moins dangereux encore que leurs confrères.
M. de Barante a beaucoup écrit, et même fort bien, sans que ses œuvres historiques et littéraires soient beaucoup autre chose que les distractions d’un homme d’État et les plaisirs d’un sage. […] Et cela n’est pas pour surprendre les traditionnistes, qui savent combien peu les chansons et les contes des paysans contiennent généralement de souvenirs historiques. […] Armand Colin vient de publier dans sa Bibliothèque de romans historiques. […] C’est un roman historique, puisque le héros en est ce Charles Joseph Patissier, marquis de Bussy-Castelnau, qui défendit Pondichéry avec autant de courage que d’intelligence, et c’est si bien un roman fait sur l’histoire, que l’auteur, après avoir raconté la prise admirable de Gengi, se donne la joie patriotique d’écrire en note, au risque de troubler l’harmonie de sa fiction : « Il est inutile de faire remarquer que le récit de ce fait d’armes extraordinaire, presque invraisemblable, n’est qu’un mot à mot historique, rigoureusement exact. » Sans doute, c’est un roman historique. […] Gaston Boissier ne craint pas ces rapprochements du présent et du passé qui abondent dans les livres historiques de M.
Ajoutez à cela des causes historiques dont la principale est la funeste et à jamais détestable révocation de l’Edit de Nantes. […] Il a presque créé la littérature politique ; il a presque créé la littérature scientifique ; il a presque créé la littérature historique. […] Ce qui, dans Monsieur le Duc, est rêve confus et entêtement féodal, est chez Montesquieu à la fois sens historique, sens sociologique, et sens commun. […] Voilà la providence générale remplacée par-des providences particulières, le monothéisme historique remplacé par un polythéisme historique. — Voltaire a été, j’avais tort de dire embarrassé, il ne l’est jamais. […] Elle devient, en considérations historiques, en philosophie, bref en idées générales, une manière d’anthropomorphisme un peu naïf, un peu étroit et à courtes vues, qui est bien curieux à considérer.
De nouvelles méthodes historiques sont inaugurées. […] car les faits ne se divisent pas, de leur propre nature, en faits historiques et en faits non historiques. […] Si un fait dit historique est amené, ce qui est possible, par un ou plusieurs faits non historiques et par cela même inconnus, comment l’historien pourra-t-il marquer la relation de ces faits ? […] Donc il n’y a pas, à proprement parler, de science historique. […] J’ai souvent essayé, pour ma part, comme expérience de critique historique, de me faire une idée complète d’événements qui se sont passés presque tous sous mes yeux, tels que les journées de Février, de Juin, etc.
» Notre histoire, ou plutôt nos mémoires historiques, car nous n’avons pas d’histoire, sont remplis de ces mots naïfs et charmants, et la tragédie romantique seule peut nous les rendre10. […] Un homme à argent d’un de ces théâtres, auquel je parlais du Romantisme et de son triomphe futur, me dit de lui-même : « Je comprends votre idée, on s’est moqué à Paris, pendant vingt ans, du Roman historique ; l’Académie a prouvé doctement le ridicule de ce genre, nous y croyions tous, lorsque Walter Scott a paru son Waverley à la main ; et Balantyne, son libraire, vient de mourir millionnaire. […] Historique 6.
. — Talent historique de Thackeray. — Conception de l’homme idéal. […] Son abrutissement est devenu de l’imbécillité ; ses yeux sont bouchés ; il ne voit pas que ses protestations excitent la défiance, que ses mensonges excitent le dégoût, qu’à force de bassesse il perd le fruit de ses bassesses, tellement qu’en le voyant entrer on éprouve la violente envie de prendre au cou le noble baronnet, membre du parlement, auguste, habitant d’un manoir historique, pour le jeter, comme un panier d’ordures, du haut en bas de l’escalier. […] On a vu que les mêmes facultés produisent chez lui le beau et le laid, la force et la faiblesse, le succès et la défaite ; que la réflexion morale, après l’avoir muni de toutes les puissances satiriques, le rabaisse dans l’art ; qu’après avoir répandu sur ses romans contemporains une teinte de vulgarité et de fausseté, elle relève son roman historique jusqu’au niveau des plus belles œuvres ; que la même constitution d’esprit lui enseigne le style sarcastique et violent avec le style tempéré et simple, l’acharnement et l’âpreté de la haine avec les effusions et les délicatesses de l’amour.
Cet homme de bien, très détaché de lui-même, ne se jugeait pas assez important pour s’occuper exclusivement de lui et pour en occuper les autres ; il se passe habituellement sous silence ; mais, quand il rencontre sur le chemin de ses souvenirs et de sa plume quelqu’une de ces questions historiques qui ont agité et l’Église et le monde, telles que le concordat, le rétablissement du culte en France, le conclave d’où sortit Pie VII, le voyage du pape à Paris pour y couronner Napoléon, l’emprisonnement de ce pontife à Savone, sa dure captivité, sa résidence forcée à Fontainebleau, les désastres de Russie et de Leipsick qui forcèrent l’empereur à tenter sa réconciliation avec Pie VII et à renoncer à l’empire des âmes pour recouvrer à demi l’empire des soldats ; le retour du pape à Rome, l’enthousiasme de l’Italie à sa vue, qui le fait triompher seul à Rome de l’omnipotence indécise de Murat en 1813 ; enfin sa restauration spontanée sur son trône : alors Consalvi, directement ou indirectement mêlé à toutes ces transactions, prend des notes, les rédige et les confie aux archives du Saint-Siège pour éclairer le gouvernement pontifical et traditionnel sur ses intérêts. […] Si, dans un récit tout historique, des rapprochements étaient permis, on dirait ici avec raison que cette élection fut semblable à un feu d’artifice dont les étincelles passent d’une fusée à l’autre avec la rapidité de l’éclair.
C’était et c’est encore le génie de la Toscane historique ressuscité ; il désirait la liberté et l’indépendance de sa patrie, restaurée sous ses souverains libéralisés, mais nullement la destruction du nom de la Toscane et l’usurpation de la maison de Savoie sous les Piémontais, considérés alors comme de bons soldats des frontières, et nullement comme des maîtres dignes de l’Italie régénérée. Le comte Gino Capponi, porté au ministère par les premiers flots de la révolution italienne, y agit dans ce sens patriotique et émancipateur de l’étranger, jusqu’au moment où la fausse idée d’une unité absorbante détruisit, sous le carbonarisme des radicaux, les vraies nationalités historiques dont l’Italie se compose, pour saper l’histoire sous la chimère et pour agir par la violence, à contresens de la nature, en détournant les peuples et les princes d’une puissante et naturelle confédération italienne.
Si vous pensez, comme je le pense, que les sujets historiques conviennent mal au drame musical (il y a peu d’idées au monde plus saugrenues que celle de faire chanter Robespierre ou Napoléon Ier, et c’est à cela qu’on en viendrait fatalement), si vous croyez que la légende est le domaine d’élection de la musique théâtrale, ne trouverez-vous pas dans les vieilles épopées françaises de magnifiques sources d’inspiration ? […] C’est ainsi que Wagner conçoit le temps historique.
Aussi la musique de Beethoven sera-t-elle comprise en toutes les époques, tandis que la musique de ses prédécesseurs nous demeurera, pour la plupart, compréhensible, seulement, par l’intermédiaire d’une réflexion historique. […] Il s’agit d’accéder à une émotion essentielle, éternelle et non liée à une période historique particulière.
Des mois dura, par l’habitude et des vouloirs étrangers, le hantement des maisons universitaires, et j’appris étudier aux documents, lire les chronologies et savoir des choses qu’enferme une belle critique historique ; mais, depuis la triste décision des directeurs de l’École Normale, le démon musical s’était promu à une forte position en mon cœur ; les plus beaux procédés des critiques historiques eurent moins de mes faveurs ; elles allaient, mes faveurs, à la composition de musiques.
Je demande à un honnête homme, intelligent, de s’enfermer quatre heures avec mon livre, et je lui donne une bosse de haschisch historique. […] Qu’ils sachent donc qu’après dix ans de travail, la publication de 13 volumes, tant de veilles, une si persévérante conscience, des succès même, une œuvre historique qui a déjà une place en Europe, après ce roman même, dans lequel nos ennemis mêmes reconnaissent « une force magistrale », il n’y a pas une gazette, une revue petite ou grande qui soit venue à nous, et nous nous demandons si le prochain roman que nous publierons, nous ne serons pas encore obligés de le publier à nos frais ; — et cela quand les plus petits fureteurs d’érudition et les plus minces écrivailleurs de nouvelles, sont édités, rémunérés, réimprimés.
Un bénédictin survivant, dom Brial, devenu membre de l’Institut, fut le lien entre les nouveaux et les anciens rédacteurs ; non pas que dom Brial eût participé à la rédaction des derniers volumes de l’Histoire littéraire, qui remontaient déjà à une date si éloignée, mais il avait été employé à d’autres publications historiques des Bénédictins, et il avait hérité des traditions et de la méthode.
Cousin n’avait que traversée et bientôt quittée pour se livrer à des excursions historiques en tous sens.
À la renaissance de la peinture au xve siècle, les paysages, comme fond, étaient traités avec beaucoup de soin dans quelques tableaux historiques ; mais ils ne devinrent des sujets mêmes de tableaux qu’au xviie siècle : ce fut la conquête des Lorrain, des Poussin, des Ruysdael, des Karl Du Jardin et de ces admirables Flamands que Töpffer saluait les premiers paysagistes du monde.
Arago nous expose la manière dont il conçoit l’éloge historique, à commencer par celui-là : « Ce n’est qu’une sorte de mémoire scientifique », disait-il, qu’il se propose de faire, « et dans lequel, à l’occasion des travaux de son confrère, il va examiner les progrès que plusieurs des branches les plus importantes de l’optique ont faits de nos jours. » Négligeant l’art des transitions, il divise en chapitres et avec des titres distincts la suite des matières qu’il se propose de parcourir, la biographie d’abord, puis les mémoires et travaux.
C’est quelque chose en prose comme la supercherie des Poésies de Clotilde de Surville en vers ; mais ici on met un ouvrage de fabrique moderne sous un nom historique connu.
Il y a bien des années que, lisant de suite ce recueil des notices historiques de Vicq d’Azyr, simple étudiant alors et en chemin d’être médecin moi-même, mais hésitant encore entre plusieurs velléités ou vocations, il m’a été donné d’en saisir le doux intérêt et le charme ; en passant de l’un à l’autre de ces personnages, je sentais varier mes propres désirs ; chacun d’eux me disait quelque chose ; l’idée dominante que l’auteur avait en vue et qu’il exprimait dans la vie de chacun de ces savants m’apparaissait tour à tour et venait me tenter, même lorsque cette idée dominante n’était que des plus modestes : car il y a cela de particulier dans la touche de Vicq d’Azyr, qu’une sorte de sympathie y respire et que le coloris léger n’y dérobe jamais le fonds humain.
En même temps qu’il admet que le souvenir du Déluge se montre partout comme un fait historique conservé par la tradition et dont l’idée funeste ne serait point venue naturellement à l’homme, il reconnaît que le souvenir de l’âge d’or peut être le produit d’une imagination heureuse et complaisante qui jette des reflets sur le passé, et pourtant il répugne à y voir une pure fiction : « J’y vois les embellissements de l’imagination, dit-il, mais j’y crois découvrir un fond réel.
Seulement comme la société n’est plus étagée ainsi qu’elle l’était, cette bonne compagnie qui ne sera pas en vue dans quelque hôtel du faubourg Saint-Germain ou du faubourg Saint-Honoré, et qui n’aura point son cadre historique ne sera pas remarquée, ne sera pas citée et célèbre.
Ce volume compacte, avec ses curieux appendices si bien choisis et disposés, est un magasin de notions, de textes et de réflexions historiques, un arsenal pour le polémiste futur.
Je n’ai point suivi le maître dans les plans et programmes de lectures sérieuses et graduées qu’il propose, à mesure que l’éducation avance : peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique, l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité » qu’il préfère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas.
Je n’ai pas à caractériser ici le dessein général et la pensée politique qui peut inspirer cet écrivain patriote, je ne cherche que le côté historique ; et quand il n’y aurait que les Mémoires authentiques où l’Impératrice Catherine a raconté les premières années de sa jeunesse et de sa vie si contrainte et si intriguée avant d’atteindre à l’empire, qui donc parmi les lecteurs sérieux et les observateurs de la nature humaine pourrait y rester indifférent ?
Je ne sais rien, pour mon compte, de plus instructif que les deux volumes où sont recueillies ses Notices historiques, à la fois exactes, simples (sauf quelques périphrases et tours solennels qui tiennent au goût du temps), mais d’une grande hauteur de principes, et avec des remarques morales d’une juste finesse.
Il n’existe pas de circonstances atténuantes, et l’on n’est pas admis à dire d’un pareil être : « Il fera mieux une autre fois. » C’est sur les pensées, sur les occupations historiques et morales du grand captif qu’il faut se rejeter pour n’avoir pas le cœur trop serré par ce supplice et cette lente agonie de près de six années à Sainte-Hélène.
Grâce à cette liberté d’allure qu’il a eue à toutes les époques, et qu’on lui a concédée en tant que genre sans conséquence, le roman a prospéré, fleuri, fructifié, et il s’est vu capable, presque dès sa naissance, de prendre toutes les formes, — sentimentale, pastorale, poétique, chevaleresque, historique, ironique, satirique, allégorique, descriptive, morale, passionnée.
Grenier, quand il fera réimprimer son excellent livre, nous doit, ce me semble, un court résumé historique de tout ce passé, un chapitre narratif où se dessineraient quelques figures originales de philhellènes : je vois d’ici sous sa plume trois beaux portraits aussi peu semblables entre eux que possible, mais dignes d’être réunis et rapprochés sous une même invocation et à un même titre de pieuse reconnaissance : lord Byron, le banquier genevois Eynard et le colonel Fabvier, trois types de cœurs passionnés, dévoués et sans réserve aucune au service de la même cause.
Le système d’interprétation qui prétendait découvrir et démasquer en Don Quichotte une satire historique minutieuse est dès longtemps abandonné.
Armand Lefebvre était naturellement désigné par ses travaux historiques pour en faire partie.
Il entra, dès lors, dans un ordre de considérations le plus antirévolutionnaire possible : il eut des théories et des perspectives sur l’avenir des nations catholiques ou protestantes, des vues historiques aussi vagues et aussi fausses peut-être qu’auparavant ; il prophétisa encore, et en sens inverse.
Dans ce roman, il y a en effet un chapitre intitulé l’Année 1817, qui est tout rempli de contrastes et de singularités historiques ou littéraires, tournant au ridicule et au grotesque ; par exemple : « Il y avait un faux Chateaubriand appelé Marchangv, en attendant qu’il y eût un faux Marchangy appelé d’Arlincourt… La critique faisant autorité préférait Lafon à Talma… L’opinion générale était que M.
Nous ne prétendons point poser de diagnostic historique.
J’appelle philosophie, l’investigation du principe de toutes les institutions politiques et religieuses, l’analyse des caractères et des événements historiques, enfin l’étude du cœur humain, et des droits naturels de l’homme.
Mais si l’on veut être juste envers la Pléiade, on se souviendra qu’avant le romantisme, Ronsard est en somme notre plus certain lyrique ; en second lieu, qu’il est à peu près notre unique lyrique qui ait cherché son inspiration hors de la religion, hors même des faits historiques et de l’héroïsme, le seul qui ait tâché de tirer son œuvre des sources intimes du tempérament ; enfin, que Ronsard, c’est vraiment la première ébauche et la période, si l’on peut dire, préhistorique du classicisme : qu’alors dans la langue, dans la poésie, apparaissent une multitude de formes dont quelques-unes survivront, et deviendront les types parfaits, et stables pour un temps, de la poésie.
Il écrivit, pendant qu’il se tenait caché, l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. — Éditions : Œuvres, 1847-19, 10 vol. in-8. — A consulter : Picavet, les Idéologues, 1891, in-8.
Sur ce corps élastique et grêle, sur cette fausse maigreur qui est au théâtre un élément de beauté, car par elle les attitudes se dessinent avec plus de netteté et de décision, la toilette contemporaine, insensiblement transformée, prend une souplesse qu’on ne lui voit pas chez les autres femmes, et comme une grâce et une dignité de costume historique.
Il est temps d’en venir aux conclusions que nous avons eues principalement en vue en traçant cet aperçu historique, et de préciser ce que cet art exotique, après avoir si longtemps habité et vécu parmi nous, a transmis et pour ainsi dire infusé à la comédie de Molière et par conséquent à notre comédie française.
. — Lazare et le spiritisme Dans une brochure encombrée d’historiques et de citations, M.
Dargaud parle d’un autre portrait où « un rayon de soleil éclaire, dit-il assez singulièrement, des boucles de cheveux vivants et électriques dans la lumière. » Mais Walter Scott, réputé le plus exact des romanciers historiques, nous peignant Marie Stuart prisonnière dans le château de Loch Leven, nous montre, comme s’il les avait vues, les tresses épaisses d’un brun foncé (dark brown) qui s’échappaient à un certain moment de dessous le bonnet de la reine.
M. de Metternich répondit qu’il n’en voyait aucun, et qu’il ne demandait autre chose sinon qu’on apprît au fils de Napoléon, sur ces grands événements historiques, la vérité tout entière.
« Nous sommes les représentants du droit, de la justice, de la vérité et de la légitimité sociale ; vous, au contraire, enfants de la Révolution, vous êtes des usurpateurs et des hommes du fait. » Cela nous faisait sourire, car nous raisonnions sur ce grand fait révolutionnaire, nous montrions qu’il avait été provoqué, justifié en partie, qu’il avait ses raisons d’être ; et les plus fortes têtes d’entre nous poussaient cette logique des événements jusqu’à établir par maximes une sorte de loi et de fatalité historique inévitable.
Son attitude, son sang-froid, la promptitude et la propriété de ses réponses, sa profonde connaissance de la matière et des conséquences politiques qu’elle recelait, son intrépidité à maintenir les droits de ses compatriotes, ses expressions pleines de trait et de caractère, tout contribue à faire de cet interrogatoire un des actes historiques les plus significatifs et l’un de ces grands pronostics vérifiés par l’événement : Si l’acte du Timbre était révoqué, lui demanda-t-on en finissant, cela engagerait-il les assemblées d’Amérique à reconnaître le droit du Parlement à les taxer, et annuleraient-elles leurs résolutions ?
Il n’a pas assez d’imagination pour revenir, par une évocation heureuse, à la vérité historique vivante.
, tel est mon principe social… Ceci dit : que l’on me permette de prendre du Traité du Verbe les titres de mon œuvre et de ses parties et des livres, du livre I, le meilleur devenir, qui est l’historique poétique de la Matière éthérée évoluant à l’animal instinctif et sensationnel — au livre dernier, la loi.
Par elle, l’esprit découvre une planète que les sens n’ont jamais vue ; par elle, il explique une langue qu’aucun homme ne comprenait plus ; il déchiffre des caractères mystérieux dont le secret était perdu ; il pénètre bien au-delà des époques historiques, et, en l’absence de tout témoignage direct, jusqu’aux origines de la civilisation indo-européenne ; il calcule enfin ce qui paraît échapper à toute prise, le hasard et l’infini.
Thiers, le foutriquet du maréchal Soult, a placé ses pattes de mouche historiques sous la garde du fier piédestal de Napoléon, au bas duquel il les a écrites… Quand Mme Sand sera oubliée, on lira encore M.
sa petite illusion d’antiquaire, si enfin la réalité historique pèche un peu dans l’œuvre de Babou (car c’est une œuvre que ces six nouvelles), du moins l’effet d’art n’en a point souffert.
Ils toléreront que l’historien de la marquise de Pompadour ou de mademoiselle de La Vallière raconte des anecdotes à la fois libres et historiques ; qu’un diplomate signant Trois-Étoiles rapporte un propos léger, — qu’on appellera gaulois pour le faire passer, — d’un personnage russe ou anglais ; qu’un naturaliste s’exprime en termes clairs sur les phénomènes naturels : et d’ailleurs, quinze jours après l’apparition de la livraison, vous êtes sûrs de retrouver intacts, dans plus d’une maison, sans une coupure aux tranches, les articles de cette sorte.
Mais la démonstration que nous allons esquisser est indépendante de toute conception historique du réalisme et de l’idéalisme.
Personne ne peut lire Boileau, sinon à titre de document historique ; ses dissertations sur le vrai, sur l’honneur, sur le style, ressemblent aux amplifications d’un écolier laborieux et fort en vers.
Un éclat réel en rejaillit sur les faits et sur les batailles quand, par la justesse des empreintes historiques, le talent distingue les chefs qui les dirigeront, et les soldats marchant sous leurs ordres. […] Est-ce sur la foi des traditions historiques qu’il en racontera les miracles ? […] Digne chantre historique d’une guerre suscitée par le fanatisme et l’imposture sacerdotale, à quelle divinité pouvait-il mieux s’adresser qu’à celle à qui son courage sut dévouer sa vie entière, et dont il ne cessa d’être l’apôtre le plus ardent ? […] Les deux poètes historiques que nous rapprochons l’un de l’autre, parce qu’ils ont tous deux célébré les faits des guerres civiles de leur temps, Lucain et Voltaire, ne surent point éviter l’écueil de l’uniformité. […] On eût souhaité que l’ordre de ses chants eût été vraiment épique et non historique.
J’arrive au présent volume que je croyais pouvoir continuer sur le plan de ses aînés, me contentant de mes grandes divisions : Réalistes et Naturalistes, Spiritualistes et Romantiques, Littérature historique, philosophique et documentaire. […] D’autres suivaient, Astier-Réhu, Desminières, tous gênés, honteux, ayant conscience et s’excusant par leur humble contenance du grotesque de ces défroques acceptables sous la lumière haute, refroidie et, pour ainsi dire, historique de la coupole, mais en pleine vie, en pleine rue, faisant sourire comme une exhibition de macaques. […] les jambes, le tutu de ma petite Déa. » Le nonce, grand nez, lèvres minces, spirituelle figure romaine aux yeux noirs dans un teint de bile, écoute aussi, penché de côté, l’historique de l’habitation humaine et songe en regardant ses ongles luisants comme des coquillages : « J’ai mangé ce matin à la nonciature un délicieux misto-frito qui m’est resté sur l’estomac… Gioachimo a trop serré ma ceinture… Je voudrais bien être sorti de table. » L’ambassadeur de Turquie, lippu, jaune, abruti, son fez jusqu’aux yeux, la nuque en avant, verse à boire à la baronne Huchenard et se dit : « Ces roumis sont abominables d’amener leurs femmes dans le monde à cet état de décomposition… le pal, plutôt le pal, que de laisser croire que cette grosse dame ait jamais couché avec moi !
D’ici à vingt ans, si cela se maintient, l’exploration et l’inventaire historique de la Belgique seront choses faites. […] Au contraire, nous avons essayé d’exposer comment des accidents historiques seuls avaient été responsables de cette infériorité jusqu’en 1880, mais qu’une fois la Belgique libérée des soucis politiques ou sociaux qui troublaient sa tranquillité matérielle et sa vie morale, des esprits s’étaient rencontrés, aussi aisément là qu’ailleurs, avides de travaux nobles et désintéressés. […] Henry Carton de Wiart nous y reconduit au moyen d’un roman historique, La Cité ardente, étincelante épopée à la gloire de Liège. […] C’est ce dépit qu’elle a traduit par la phrase historique : « Racine fait des comédies pour la Champmêlé… ». […] Paris, Lemerre, 1879. — La Belgique, 1830-1880, poème historique.
Celui qui plaide en faveur des révélations mystérieuses, cite ces deux faits, incontestés d’ailleurs : Il y a, dans ce genre, un fait… historique, celui-là, et encore assez près de nous. […] Chien-Rouge en personne, l’historique Florentin qui allait à leur rencontre. […] Maurice Montégut, qui vient de paraître chez Dentu : Le Mur, une apologie de la Commune ni du gouvernement de Versailles, c’est un roman historique, dans lequel l’auteur s’est efforcé de rester impartial. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I. […] L’un porte les attributs de César ou de Charles-Quint : qu’il s’en rende compte ou non, que ce soit impression confuse ou bouffée d’orgueil, il trouve que cela ne lui va pas si mal, qu’il élève aisément son âme à la hauteur de ces marques glorieuses, et que, si le hasard l’eût jeté dans le monde en lui confiant au vrai le rôle historique qu’elles signifient, peut-être ne s’en fût-il pas trop mal tiré.
La biographie détaillée, la biographie minutieuse, la biographie complète, qui dispose les arrière-plans et ménage les perspectives autour d’un héros, me semble être encore la meilleure méthode pour atteindre, dans le domaine des sciences historiques, quelques vérités générales. […] Je possède, dans ma petite collection de documents historiques et pittoresques, un de ces calendriers séditieux. […] Frédéric Masson, avec un illustre professeur que je consulte toutes les fois que j’ai à parler d’histoire, parce qu’il est, en effet, le maître des études historiques en France. […] L’enseignement historique se mêlait aux récréations par de vives leçons de choses. […] Cela rappelle un mot historique de votre roi Frédéric II, ami de notre Voltaire.
Du point de vue historique et de ses conséquences prochaines, le surréalisme doit être l’objet d’un examen. […] La critique romantique positiviste, historique, se détermine. […] Alfred Fabre-Luce oppose à la conception de la victoire fondée sur des préjugés historiques — trop pauvre et trop ambitieuse à la fois — une conception plus large et plus française. […] C’est beaucoup moins une question de politique qu’une question de doctrine historique qui est enjeu. […] État Civil annonçait un subtil enquêteur, déjà sollicité par des problèmes historiques, sociaux, politiques.
L’épigraphe : L’anima amante si slancia fuori del creato, e si crea nell’infinito un mondo tutto per essa, diverso assai da questo os euro e pauroso baratro. « L’âme aimante s’élance hors de la création, et se crée dans l’infini un monde tout entier pour elle, très différent de l’obscur et effroyable gouffre où nous vivons… » L’avertissement : « Le présent poème, comme la Vita Nuova de Dante, est suffisamment intelligible pour une certaine classe de lecteurs, même s’ils ne connaissent pas la matière historique des faits que ce poème rapporte ; à une certaine autre classe, il doit toujours rester incompréhensible, à cause du manque d’un commun organe de perception pour les idées qu’il traite… » Le chant : « Ô mon chant, je crains que tu ne trouves qu’un petit nombre de lecteurs capables de bien comprendre ta pensée, si ardu est le sujet que tu traites ; aussi, si par mésaventure tu tombais en indigne compagnie, ignorante de ce que tu renfermes, je t’en prie, ô ma dernière fille chérie, que ta douce nature prenne courage ! […] Quand nous voulons bien renoncer à nos opérations favorites, l’analyse, l’abstraction, nous avons besoin du moins de rester dans le plan historique ou supposé tel ; nous demandons à des données relativement précises, que nous pouvons situer dans le temps et dans l’espace, de nous rassurer sur les créations même de notre fantaisie. […] Mais écoutons-le lui-même : « Tous ces poèmes, ceux du moins qui résument le passé, sont de la réalité historique condensée ou de la réalité historique devinée. […] Lorsqu’en 1825 Amédée Pichot, dans son Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Écosse, découvre Coleridge et la Chanson du vieux Marin, il ne peut s’empêcher d’être étonné et choqué, en dépit d’une bienveillance toute prête.
Mais, en tout cas, il fallait y parer et c’est à quoi servit le roman historique. […] Otez en effet le milieu ; plus de roman historique ; mais posez le milieu : vous créez le roman historique. […] Est-ce qu’ils ne font pas tous les deux du « roman historique » ? […] Zola n’a pas vu pour quelle part le roman historique avait contribué à l’élargissement du roman de mœurs, il n’a pas vu non plus pour quelle autre part y avait contribué le roman de George Sand. […] La seconde : — c’est que la formule naturaliste n’a le droit d’exclure du domaine de l’art aucune autre formule, non pas même la formule du roman historique, encore bien moins la formule du roman idéaliste.
Ses ouvrages d’ailleurs sont des plus intéressants par les côtés historiques ; ils sont riches en détails de toutes sortes sur la vie littéraire, sur ce monde des rhéteurs et des grammairiens, et sur les nuances précises qui séparaient les uns des autres, sur la vie domestique, sur les mœurs de cette société avancée qui ne songe qu’à couler la vie dans de charmantes villas, sur les rives du Rhin et de la Moselle, et qui s’amuse à analyser ses jouissances en vue des Barbares qui déjà s’amoncellent, et à la veille de la grande invasion qui va déborder sur le monde. […] De Brosses s’est occupé de la formation mécanique des langues ; s’il s’était plus occupé de leur formation historique, de celle de la nôtre en particulier, il n’aurait pas écrit ces étranges paroles : « Assurément le français de Molière est plus éloigné de celui de Villehardouin qu’il ne l’est de l’italien de Goldoni. » 23.
La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail. […] Parce que Léopold Robert est mort, d’abord, et que la mort laisse la liberté du jugement tout entier ; parce que Léopold Robert est à lui seul, selon nous, toute une peinture : la peinture poétique, le point de jonction entre la poésie écrite et la poésie coloriée ; enfin parce que Léopold Robert est un inventeur, un découvreur de terres inconnues, le premier qui soit franchement sorti des routines de la mythologie, des lieux communs de la peinture historique, pour entrer hardiment, seul avec son génie, dans la peinture de la pensée, du sentiment et de la nature.
La sérénité de son esprit, la noble gravité de sa parole, la profondeur de ses connaissances historiques et la chaleur tempérée de son enthousiasme nous ont donné une idée du caractère de Goethe, son ami. […] J’irai bientôt vous voir à Iéna. » VIII Schiller travaillait alors à son vaste drame historique de Wallenstein, sans cesse interrompu par la souffrance, sans cesse repris par l’obstination de la volonté.
C’étaient des espèces de Mille et Une Nuits occidentales, récits merveilleux de l’imagination des harems, des cours et des camps, auxquels on ne demandait aucune vraisemblance, mais de la galanterie, de l’héroïsme, de l’imprévu et du prodige ; les héros, les chevaliers, les enchanteurs, les fées, les femmes, en étaient les acteurs obligés ; on rattachait ces aventures à quelques traditions historiques du temps de Charlemagne et de sa Table Ronde, ou bien au temps de l’invasion des Sarrasins en Espagne et en France. […] Il allait se jeter dans des chemins déjà frayés à travers des aventures déjà populaires, et faire mouvoir des personnages historiques ou romanesques déjà familiers à l’esprit du siècle : seulement il pouvait à son gré prendre ces personnages au sérieux, comme le Dante ou le Tasse, ou les prendre en bouffonnerie comme le Pulci ou le Boïardo, ou enfin les prendre en bonne et gracieuse plaisanterie héroïque, comme il le fit lui-même.
« “Je n’aime pas, ma chère, tes travaux historiques et tes tableaux siècle par siècle. […] Le drame historique exige de grands effets de scène que je ne connais pas et qu’on ne trouve peut-être que sur place, avec des acteurs intelligents.
Est-il démontré que l’histoire d’Écosse et d’Irlande, écrite en langue erse et gallique, ait laissé des monuments de poésie historique, chantés lyriquement et épiquement par les bardes ou poëtes primitifs, dont Ossian, son père Fingal, son fils Oscar et beaucoup d’autres plus ou moins célèbres ont immortalisé les récits ? […] Que l’on conjecture que Macpherson et ses amis, entraînés quelquefois eux-mêmes par le succès de leur découverte, aient poussé l’imitation un peu plus loin que la vérité, et qu’ils aient ajouté aux œuvres des bardes écossais quelques fragments de leur propre main dans le même style, cela est naturel, vraisemblable, admissible ; cela n’enlève rien à l’authenticité de l’œuvre historique ; une bonne imitation n’a jamais décrédité un excellent original.
Nous pourrions en être touchés comme de la vérité d’une peinture historique ; mais il y aurait fallu un pinceau plus vigoureux que celui de Bourdaloue. […] Par la peur d’imiter, qui est un piège comme l’imitation elle-même, il n’a pas voulu, dit-il, peindre les ridicules, « mais des mœurs plus fortes, des passions, des vices, des caractères véhéments, des portraits historiques. » Comme s’il n’y avait rien de tout cela dans ses devanciers !
Il me semble avoir rencontré, sur des programmes destinés à commenter des symphonies, des considérations philosophiques ou historiques que l’auteur prétendait traduire par des sons. […] Elles répondent aux théories doctrinaires, à toute cette littérature politique et historique qui s’épanouit en gros livres, en discours, brochures et innombrablables articles de journaux.
Si l’Europe avait la reconnaissance historique, elle célébrerait par un jubilé séculaire la commémoration des deux guerres Médiques. […] Athènes asservie ou détruite, l’élite de son peuple transportée dans les provinces de la Médie ou de la Susiane, un harem installé sur la colline sacrée que le Parthénon devait couronner, les tribus de l’Hellade changées en Satrapies, comme elles le furent en pachaliks, dix siècles plus tard ; quelle perturbation dans l’avenir de l’humanité, quel changement d’axe et d’orbite dans sa gravitation historique !
Maintenant voici l’historique de la représentation demandée par moi. […] Je n’ai pas voulu sculpter en sucre, la figure historique que vous êtes, que vous serez.
Ces deux races se sont modifiées si profondément que, si nous n’avions aucune preuve historique ou indirecte de leur origine, il nous serait impossible de décider, par le seul examen de leur structure, si elles descendent du Pigeon Biset (C. livia) ou de toute autre espèce alliée, telle que la C. œnas. […] À l’égard des débris de Mammifères, un seul coup d’œil jeté sur la table historique publiée dans le Supplément du Manuel de Lyell, suffit à prouver, beaucoup mieux que de longues pages de détail, combien leur conservation est rare, et dépendante des circonstances locales.
Elle fut l’expression de réalités historiques, ethniques, physiologiques. […] C’est un fait historique contre lequel nous ne pouvons rien, pas plus que nous ne pouvons changer notre corps et renier notre hérédité ; et quand ce fait cesserait d’être visible et tangible, il n’en demeurerait pas moins une vérité d’ordre idéal.
Aussi, un siècle juste après Massillon, un orateur que je n’irai point jusqu’à lui comparer pour le talent, mais qui a soutenu bien honorablement l’héritage de la parole sacrée, l’abbé Frayssinous, dans ses conférences ouvertes sous l’Empire et depuis, avait à discuter devant d’honnêtes gens, la plupart jeunes, non plus désireux de douter, mais plutôt désireux de croire, les points controversés de la doctrine et de la tradition historique, et il le faisait avec une mesure de science et de raison appropriée à cette situation nouvelle.
On aurait ainsi, non pas précisément un document historique ajouté à tant d’autres, mais une grande chronique de mœurs, un ardent commérage de société par celle qu’on peut appeler le Gui Patin ou le Tallemant des Réaux de la fin du xviie siècle et des premières années du xviiie ; on aurait un livre vivant, spirituel et brutal, qui ferait pendant et vis-à-vis à Saint-Simon sur plus d’un point.
Il a raconté dans une relation historique fort précise, et dans des lettres écrites au maréchal de Bellefonds, toute cette campagne de Hongrie contre les Turcs (1685).
ce discours où Bossuet avait dû répandre les reconnaissances de son cœur et déployer déjà ses magnificences historiques n’a pas été imprimé.
Dacier, beau-père de Ramond et secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, ayant à prononcer, cinq semaines après, l’éloge historique de Lanjuinais (25 juillet 1828), en prit occasion de faire au début quelques réflexions générales à l’adresse de Cuvier ; il trouvait qu’il y avait de l’inconvénient, et même de l’inconvenance, à entremêler dans une notice académique ce qui appartenait à l’homme politique et ce qui se rapportait au savant.
Racine et Despréaux en ont fait tous les discours et y ont joint un éloge historique de Sa Majesté.
On cite d’ordinaire, dans les poèmes épiques en renom, tel ou tel chant célèbre ; il faudrait citer de même, dans l’ordre des grandes choses historiques, le troisième livre des Commentaires de Montluc.
Depuis vingt-sept ans déjà que j’ai publié un choix des poésies de Ronsard (1828) joint à un Tableau historique de son école, dans lequel j’essayais de remettre en lumière et en honneur un côté du moins de son entreprise, je me suis en général abstenu d’en parler.
La véritable pièce historique de Voiture est sa lettre écrite en 1636 après son retour en France, à l’occasion de la reprise de Corbie sur les Espagnols, qui s’en étaient emparés quelques mois auparavant ; il y embrasse d’un coup d’œil sensé et supérieur tout l’ensemble de la politique du cardinal de Richelieu, et, se mettant au-dessus des misères et des animosités contemporaines, il en fait à bout portant un jugement tout pareil à celui qu’a confirmé la postérité.
[NdA] Le Parfait Capitaine, imprimé en 1637, parut ou à la fin de l’année ou au commencement de l’année suivante, avec une grande préface historique et surtout académique, qu’on sait être de Silhon ; il y est parlé de M. de Rohan comme vivant encore.
Pendant que je la lisais, je me rappelais bien souvent cette autre correspondance récemment publiée, si étonnante, si curieuse, si pleine de lumière historique et de vérité, entre deux autres frères, couronnés tous deux, le roi Joseph et l’empereur Napoléon ; et, sans prétendre instituer de comparaison entre des situations et des caractères trop dissemblables, je me bornais à constater et à ressentir les différences : — différence jusque dans la précision et la netteté même, poussées ici, dans la correspondance impériale, jusqu’à la ligne la plus brève et la plus parfaite simplicité ; différence de ton, de sonoréité et d’éclat, comme si les choses se passaient dans un air plus sec et plus limpide ; un théâtre plus large, une sphère plus ample, des horizons mieux éclairés ; une politique plus à fond, plus à nu, plus austère, et sans le moindre mélange de passe-temps et de digression philosophique ; l’art de combattre, l’art de gouverner, se montrant tout en action et dans le mécanisme de leurs ressorts ; l’irréfragable leçon, la leçon de maître donnée là même où l’on échoue ; une nature humaine aussi, percée à jour de plus haut, plus profondément sondée et secouée ; les plaintes de celui qui se croit injustement accusé et sacrifié, pénétrantes d’accent, et d’une expression noble et persuasive ; les vues du génie, promptes, rapides, coupantes comme l’acier, ailées comme la foudre, et laissant après elles un sillon inextinguible54.
La guerre de Sept Ans, en venant rompre le cours des prospérités de Frédéric et de ses loisirs si bien occupés, mit à l’épreuve l’âme de sa sœur, cette âme supérieure et sensible, et nous permet de l’apprécier par ses plus hauts côtés, dans son attitude vraiment historique.
Le seul reproche fondé qu’on pût faire à l’aimable bailli de Nyon était d’apporter dans l’exercice de ses fonctions officielles une distraction souvent prodigieuse, dont il était ensuite le premier à rire, et que ses administrés attribuaient respectueusement à la variété, à la profondeur de ses études économiques, métaphysiques, historiques, tandis qu’elle tenait surtout à son humeur.
J’ai indiqué le côté historique de ce petit volume, ce qui sert à expliquer le caractère d’un prince que l’histoire ne peut éviter.
Ernest Renan, dans le Journal des Débats (17 décembre 1859), en s’en prenant à Béranger, dont il déclara n’avoir lu les chansons que fort tard et comme document historique, faisait le procès à l’esprit français lui-même, et s’attaquait à un coin radical de cet esprit, la goguette, la gaudriole, la malice narquoise et gauloise, se glissant en tout sujet et se gaussant des choses les plus graves.
La mise en lumière de la Relation du marquis de Villars vient rendre de l’à-propos et donner comme un fond historique solide aux récits de la marquise, à ces jolies Lettres qui, dans leur agréable légèreté, nous initient au seul moment un peu intéressant de ce règne imbécile et maussade.
Dans la poésie la plus vantée, elle ne retrouvait pas d’idée, et dans la conversation point de sentiment. » Car elle voulait du sentiment aussi et avant tout, mêlé aux idées, avec des éclairs de gaieté fugitive, quantité de rapports fins, subtils, déliés, des anecdotes d’une application spirituelle et imprévue, de soudains essors et comme des flammes vers les plus hauts sommets ; mieux que des aperçus, des considérations politiques et historiques, fortement exprimées, mais sans s’y appesantir ; des images même, qui peut-être n’auraient point paru des images en plein soleil, mais qui en faisaient l’effet dans un salon ; puis tout à coup (car c’était une femme toujours) un soupir romanesque jeté en passant, et quelque perspective lointaine vaguement ouverte sur la destinée, les peines du cœur, les mystères de la vie ; un coin mélancolique à l’horizon.
Je m’explique : vivra-t-elle autrement que comme un grand témoin historique, que comme l’expression de la plus haute littérature de société et comme un nom à jamais mémorable ?
Cet investigateur curieux et fin, et qui de plus est, je le crois, docteur en médecine, n’a pu résister au désir de produire un Journal aussi instructif en son genre que celui dont la Bibliothèque de Versailles avait une copie ; mais il a bien entendu être sérieux, rester historique, ne pas nuire à la mémoire d’un roi glorieux et national.
Après le siècle du génie et du goût, on a eu le siècle de l’esprit et de la philosophie ; après le siècle de l’Encyclopédie, aboutissant à la plus terrible des Révolutions qui a remis les fondements de la société à nu, on a le siècle de la critique historique, du passé admirablement compris sous toutes ses formes, de l’art réfléchi et intelligent : voilà les vraies successions, les vraies suites, les grandes routes et les larges voies.
Il y avait des niais et quelques sots panachés dont je ne parle pas, ils vivent peut-être encore ; puis, à côté, les malins : — et ce Vitrolles, hardi, osé, peu scrupuleux, qui avait un pied dans les camps les plus opposés, qui visait à un premier rôle, qui jouait son va-tout sur une seule carte, la confiance intime de Monsieur ; qui perdit et qui se fera beaucoup pardonner un jour en jugeant dans ses Mémoires avec esprit les gens qui l’ont mal payé de son zèle ; — et Michaud ; engagé parmi les violents du parti, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est parce qu’il s’en était mis de bonne heure et de tout temps ; raisonnable et même assez philosophe dans ses écrits historiques et dans ses livres, incorrigible dans ses feuilles ; de qui Napoléon avait dit que c’était « un mauvais sujet » ; avec cela homme d’esprit et les aimant, indulgent même pour la jeunesse ; journaliste avant tout et connaissant son arme, muet dans les assemblées et pour cause, avec un filet de voix très-mince, un rire voltairien, et qui passa sa vie à se rendre compte des sottises qu’il favorisait, qu’il provoquait même, et qu’il voyait faire41.
Rousset sont de vraies découvertes historiques au sein du règne de Louis XIV.
La reine Marie Legkzinska Étude historique par Madame la Comtesse d’Armaillé, née de Ségur51.
Cet esprit ferme, qui n’a jamais connu la défaillance et que l’âge a respecté dans l’intégrité de sa nature, ne peut supporter l’idée que sa ligne morale, politique, historique, religieuse, reste entamée et rompue sans qu’il y ait de sa part réponse et riposte, réparation à la brèche ou même une dernière sortie vigoureuse.
Les Empereurs romains, caractères et portraits historiques : un vol. in-8°.
Grammaire historique de la Langue française, par M.
Mais quand on a ainsi fait preuve de largeur d’idées et d’un sentiment historique aussi impartial, aussi désintéressé qu’on le peut désirer d’une nature intelligente, on n’en est que plus à l’aise pour apprécier, pour définir à leur avantage et à leur honneur les hommes du premier mouvement, du plus manifestement légitime de tous, de celui de 89, et particulièrement ceux d’entre eux qui furent les plus irréprochables, les plus éclairés et les plus purs.
L’auteur n’aurait voulu véritablement que faire épreuve de son application historique, et la soumettre aux personnes compétentes.
Ce qu’il trouvera, ce ne sera pas sans doute ce que nous savons déjà sur la façon et sur l’artifice du livre, sur ces études de l’atelier si utiles toujours, sur ces secrets de la forme qui tiennent aussi à la pensée : il est bien possible qu’il glisse sur ces choses, et il est probable qu’il en laissera de côté plusieurs ; mais sur le fond même, sur l’effet de l’ensemble, sur le rapport essentiel entre l’art et la vérité, sur le point de jonction de la poésie et de l’histoire, de l’imagination et du bon sens, c’est là qu’il y a profit de l’entendre, de saisir son impression directe, son sentiment non absorbé par les détails et non corrompu par les charmes de l’exécution ; et s’il s’agit en particulier de personnages historiques célèbres, de grands ministres ou de grands monarques que le poëte a voulu peindre, et si le bon esprit judicieux et fin dont nous parlons a vu de près quelques-uns de ces personnages mêmes, s’il a vécu dans leur familiarité, s’il sait par sa propre expérience ce que c’est que l’homme d’État véritable et quelles qualités au fond sont nécessaires à ce rôle que dans l’antiquité les Platon et les Homère n’avaient garde de dénigrer, ne pourra-t-il point en quelques paroles simples et saines redonner le ton, remettre dans le vrai, dissiper la fantasmagorie et le rêve, beaucoup plus aisément et avec plus d’autorité que ne le pourraient de purs gens de lettres entre eux ?
« Pour la partie historique de la Fortune des Rougon écrit-il à la suite de la déclaration précitée75, je me suis adressé au livre de Ténot sur les événements tragiques qui se passèrent dans le Var, en décembre 1851 ; et je me souviens que ce fut Jules Ferry qui me fournit les notes dont j’avais besoin pour faire vivre dans la Curée, les transformations de Paris du baron Haussmann.
Si mes études historiques ont eu pour moi un résultat, c’est de me faire comprendre l’apôtre, le prophète, le fondateur en religion ; je me rends très bien compte de la sublimité et des égarements inséparables d’une telle position intellectuelle.
Le grand résultat de la critique historique du XIXe siècle, appliquée à l’histoire de l’esprit humain, est d’avoir reconnu le flux nécessaire des systèmes, d’avoir entrevu quelques-unes des lois d’après lesquelles ils se superposent, et la manière dont ils oscillent sans cesse vers la vérité, lorsqu’ils suivent leur cours naturel.
Il importait la vérité historique de montrer, non que Molière, La Fontaine, Boileau et Racine affectionnaient mesdames de Sévigné, de La Fayette, de Maintenon et leur société, mais qu’ils en étaient venus au point de la respecter et de la craindre.
[NdA] Se rappeler la lettre du marquis d’Argenson à Voltaire, écrite du champ de bataille de Fontenoy (Commentaire historique… au tome I des Œuvres de Voltaire).
ce n’est point pour le public que Chaulieu dans l’intimité écrivait ses lettres, et on n’a qu’à ouvrir les correspondances du temps et les recueils manuscrits des chansons historiques, c’était là le ton habituel des gens de la meilleure société dans le Grand Siècle.
Il les égaie par des anecdotes historiques piquantes ; il les orne au moins par la concision ; il les relève toutes les fois qu’il peut par des vues morales qui ont leur beauté, même lorsqu’elles touchent au lieu commun, par un sentiment profond de l’immensité sacrée de la nature, et aussi par celui de la majesté romaine.
Aujourd’hui, sans recourir à des publications volumineuses et difficiles à rassembler, on pourra, grâce aux Mémoires de Mallet du Pan, avoir sous les yeux la série de ses observations essentielles, de ses jugements et de ses descriptions concernant la grande période historique dont il a été l’un des combattants, mais surtout l’annotateur assidu et passionné.
Amédée de Bast, sur les dernières années et la mort de Patru (10 et 14 mai 1846) : le curieux auteur, que j’ai lu avec intérêt, entre dans beaucoup de détails dont plus d’un a de la nouveauté et serait à citer : je voudrais seulement que M. de Bast, s’il fait réimprimer ces articles, indiquât, dans le récit qu’il a voulu dramatiser, les parties tout à fait exactes et historiques.
Il faudrait dégager çà et là, extraire brièvement de bonnes vues historiques ou des élans oratoires qui sont enterrés dans des questions mortes aujourd’hui.
C’est de celle-ci que je parlerai aujourd’hui, comme ayant surtout laissé d’agréables pages historiques, et ouvert dans notre littérature cette série gracieuse de mémoires de femmes qui désormais ne cessera plus, et que continueront plus tard, en se jouant, les La Fayette et les Caylus.
Ce sont, ou des vérités descriptives, ou des vérités de sentiment intime, ou des vérités de peintures domestiques, ou enfin des vérités historiques, politiques, philosophiques : ce sont ces vérités nouvelles, exprimées dans une langue inégale sans doute et dégénérée, mais tantôt brillante, tantôt ardente, tantôt molle et mélodieuse, tantôt austère et nerveuse, qui assurent à la littérature du xixe siècle, malgré ses défauts, une sorte de solidité, et lui permettent de soutenir avec quelque honneur la comparaison avec les siècles précédents.
Puis, ce fut une Histoire de la Révolution, dans laquelle, se distançant lui-même, l’auteur de l’Histoire de France sautait à pieds joints par-dessus la tête de je ne sais combien de règnes et violait l’ordre et l’économie de son grand travail historique, avec la hâte d’un homme qui court raide au sujet qui fait dans notre temps tout livre populaire : la Révolution !
Rappelez-moi au souvenir de Mme Julie. » Est-il besoin de faire remarquer, dans la sortie du duc de Rovigo, son étrange théorie physiologique et historique sur la race prussienne ? L’insolente et outrageuse bévue peut servir de leçon aux hommes dits pratiques et positifs, aux hommes du jour, pour ne point se hasarder sur le terrain des prédictions et des prévisions historiques. […] M. de Montalivet, ministre de l’intérieur, ayant soumis à l’empereur une décision de la direction de l’imprimerie et de la librairie « pour prohiber la publication d’un ouvrage historique susceptible de porter atteinte à la réputation d’un membre de la famille royale d’Angleterre », Napoléon répondait en marge : « Moscou, 10 octobre 1812.
La Comédie dantesque est un monument historique où se perpétuent à jamais les croyances, les doctrines, les passions, et surtout les terreurs du moyen âge. […] » Je ne garantis pas l’authenticité du mot, mais il n’en est pas moins historique, en ce sens qu’il caractérise la hauteur de fierté propre à l’esprit du patriciat toscan. […] Vous voyez donc bien, Viviane, que le sens historique n’est pas ici plus difficile à saisir que le sens moral. […] La maison royale de France aussi y est en butte à l’animosité du poëte, qui met dans la bouche de Hugues Capet toute une généalogie aussi peu historique que peu flatteuse de ses ancêtres et de ses descendants. […] Plus d’une atteinte avait été portée au Sauveur des hommes ; son existence historique était mise en doute ; on avait nié, non plus seulement l’authenticité, mais la possibilité de ses miracles.
Cependant l’intérêt historique du livre en soutiendra la réputation. […] Ce qui m’inquiète seulement, c’est quand je vois l’école historique nouvelle si familière avec les manuscrits, mais si fort brouillée avec les imprimés. […] Ce n’était tout à l’heure que l’ignorance des règles élémentaires de la critique historique : c’en est ici le parfait mépris. […] Son autobiographie nous devient un document historique. […] Faut-il prendre la peine de montrer que son sublime oratoire ne répond à rien d’historique ?
L’un, un amuseur plein de verve, un conteur inventif qui ne craignait pas de recourir à d’humbles et utiles collaborateurs, sympathique dans son exubérance et sa prolixité de diseur de fariboles romanesques et historiques ; l’autre, ce que vous savez aussi bien que moi et dont le nom magnifique contient à lui seul une rumeur de gloire et tous les rayonnements du génie. […] L’immeuble est, en effet, majestueux ; c’est une demeure historique, l’ancien hôtel de Lauzun, alors appelé l’hôtel de Pimodan, mais le logement qu’y occupe le poète est modeste. […] Le Romantisme et le Classicisme d’alors n’ont donc plus qu’une existence historique, et la discussion de leur valeur respective, qui passionna les contemporains, n’intéresserait que les critiques et les érudits, s’il ne s’y mêlait autre chose et si les termes de classicisme et de romantisme ne représentaient pas, outre leur signifïcation restreinte, la coexistence d’un double courant d’esprit et une divergence profonde dans la compréhension de l’art et de la vie. […] Certes, en témoignant quelque dédain aux désignations dont il niait l’importance autre qu’historique, Moréas voyait juste, mais il n’eût pas parlé de même s’il avait eu en vue, non plus la persistance d’un Romantisme et d’un Classicisme d’école, mais la permanence toujours vivante d’un esprit classique et d’un esprit romantique. […] Le document dont il s’agit n’a pas certes de valeur historique, ni de mérite littéraire ; il est d’ordre privé, mais assez amusant, a ce qu’il m’a semblé, pour pouvoir amuser les personnes curieuses de mœurs d’autrefois.
Donc, l’aventure historique esquissée dans le Fils de Giboyer est encore chose d’aujourd’hui. […] Et cela fait une fort bonne scène de drame historique, haute de couleur et plausible de ton. […] Au troisième acte, Constantin était dans la morale éternelle : il est, aux deux derniers, dans la morale traditionnelle et historique. […] Et c’est bien une tragédie proprement historique. Ce n’est point une de ces anecdotes faciles à déplacer, qui se peuvent adapter indifféremment à tous les siècles et à tous les pays, et où les personnages n’ont d’historique que le nom et le costume.
Quand on a possédé, au temps où l’on a vécu, un homme évidemment destiné à occuper l’attention des temps à venir, on doit à la postérité d’abord ce que je viens de dire, la totalité de son œuvre, sans déguisement ni remaniement, et puis, en outre, tous les renseignements biographiques et historiques qui pourront plus tard éclairer l’œuvre qu’il a laissée. […] C’est une édition avec commentaire historique perpétuel qu’il s’agit de faire. […] Philippe II, après avoir spirituellement berné le chef des dominicains et le chef des jésuites, ce qui n’est peut-être pas très historique, leur fait des discours très beaux, mais peut-être trop longs pour le théâtre (d’autant que c’est à sœur Thérèse seule que nous nous intéressons vivement), sur la situation de l’Espagne, sur sa mission et sur son avenir. […] Dans l’illusion, on se voit autrement que l’on est et l’on se trouve vieux à trente ans, comme Lamartine, Musset, Hugo lui-même et quelques autres personnages historiques ; et l’on se trouve jeune, ou du moins « jeune encore », aux environs de la soixantaine, comme c’est ce qui nous arrive à peu près à tous. […] Il nous les donne comme acquis, comme historiques ou ethnographiques.
Dans cette masse indigeste et presque insupportable d’ensemble, il y a toujours des détails fort beaux, des chapitres du premier ordre pour l’intérêt et la réalité historique.
Sur tous ces personnages historiques, le prince de Ligne est le témoin le plus juste et le plus rapide, le peintre le plus animé, le plus aisé et le plus au naturel.
On dirait que les objets sont nés dans le monde le jour ou il les a vus… J’ai déjà remarqué ailleurs93 qu’à l’autre extrémité de la chaîne historique on a tout le contraire de cette impression, quand on lit nos graves professeurs d’histoire d’aujourd’hui, nos auteurs de considérations politiques d’après Montesquieu, mais plus tristes que lui, tous ceux qui cherchent et prétendent donner la raison de tous les faits, l’explication profonde de tout ce qui se passe, qui n’admettent sur cette scène mobile ni l’imprévu, ni le jeu des petites causes souvent aussi efficaces que les grandes ; esprits de mérite, mais ternes et laborieux, ployant sous le faix de la maturité autant que Joinville errait et voltigeait par trop de candeur et d’enfance94.
Appliquant cette idée aux dernières époques historiques, il montre que le xvie siècle, par exemple, fut un siècle de troubles et de divisions, d’abaissement de l’autorité royale et de rébellions à main armée, tellement que ces guerres et rivalités de princes et de grands seigneurs sous forme de religion étaient devenues le régime presque habituel : Comme il y avait beaucoup de chemins différents pour la fortune, et des moyens de se faire valoir, l’esprit et la hardiesse personnelle furent d’un grand usage, et il fut permis d’avoir le cœur haut et de le sentir.
Rutilius Numatianus est un autre descriptif ému et religieux, exact, avec des ressouvenirs classiques et de l’Odyssée ; ses digressions sont toutes historiques et graves.
Rousset ne devait avoir une suite qui donnera occasion d’y revenir, je me reprocherais d’en avoir trop peu indiqué les résultats historiques, particulièrement en ce qui concerne la principale figure.
Ce n’est plus l’humeur voyageuse qui s’égaye et qui se joue en mille désirs de courses errantes et vagabondes, ce n’est plus la curiosité jeune et dans sa légère ivresse, c’est le sentiment historique profond, qui se prononce et se déclare, c’est une admiration pleine de deuil pour la plus grande cité qu’ait portée la terre et qu’elle a presque tout engloutie.
Si pourtant l’on veut avoir l’écho du xvie siècle sur Charles-Quint, et les divers propos sur cet empereur avant le tableau classique de Robertson, il faut lire l’article de Brantôme qui le concerne, et aussi celui de Bayle dans le Dictionnaire historique ; cela déride.
C’est ainsi que Rivarol, blâmant les forfanteries de l’impiété dans la jeunesse, disait : « L’impiété est la plus grande des indiscrétions. » Mais ce n’était pas seulement en ce sens trop fin et malin que la France du XIXe siècle entendait blâmer les licences de ses pères ; elle les réprouvait en elles-mêmes comme fausses et funestes, et contraires au bon régime des sociétés humaines ; elle comptait bien, d’ailleurs, emprunter au XVIIIe siècle tout ce qui était progrès, résultat utile, lui prendre ses méthodes, mais pour les perfectionner ou les rectifier, à la lumière des grands événements historiques qui avaient éclairé son berceau : elle entendait le continuer en le corrigeant, en se garantissant avec soin surtout de ses conclusions tranchantes et précipitées.
Charles Roux qu’ils ont été donnés avec des notes historiques ou biographiques, là où il en était besoin.
Bazin, esprit ironique et critique, homme d’humeur, fit en 1847, sous le simple titre de Notes historiques sur la Vie de Molière, un premier examen très sévère de tout ce qu’on avait précédemment écrit à ce sujet ; il trancha et retrancha fort librement, tantôt se fondant sur des faits, tantôt se confiant à des raisonnements ou à des conjectures ; et, s’il fut quelquefois injuste pour le travail de ses devanciers, il a du moins obligé tous ceux qui, depuis, sont venus ou revenus à la charge, à plus d’exactitude et de prenez-y garde qu’on n’en mettait auparavant.
Lui qui est célèbre par plus d’un roman historique, il n’en a jamais imaginé de plus complet.
Je n’essayerai pas d’approfondir le cas pour les grands fats historiques modernes ; mais, à première vue, je ne vois pas que les Lauzun, les Bonneval, les Richelieu soient si mal tombés en se mariant.
Je n’ai plus qu’à esquisser l’historique du succès de Don Quichotte parmi nous, et de sa fortune en deçà des Pyrénées, en France.
La vue historique a tout envahi dans les Lettres : elle domine désormais toute étude, elle préside à toute lecture.
Le jour où viendrait un critique qui aurait le profond sentiment historique et vital des lettres comme l’a M.
Deux choses l’enhardissent et lui délient la langue dans la prison, deux pensées l’absolvent à ses yeux : la considération du danger présent et de la mort, et la conscience qu’elle a de faire honneur bientôt à Roland en le suppléant de sa personne devant le tribunal inique et de lui payer ainsi en monnaie historique son indemnité de mari.
On assiste une fois de plus à ce spectacle dans cette Correspondance aujourd’hui publiée, et il n’y a que des esprits bien prompts, bien peu historiques, qui puissent y voir matière à une glorification sans ombre et sans mélange.
La suite de ce riche présent historique, dont on ne saurait trop le remercier, la marche même de la publication, nous obligera à revenir plus d’une fois sur les personnages et les événements qui y gagnent en lumière.
C’est le lot des familles historiques, c’est leur charge comme leur honneur que chacun de leurs membres indistinctement puisse être examiné, épluché, pris à partie et jugé à la rigueur par n’importe qui dans la postérité.
. — La vérité, sur ce point historique, c’est que la pénitence du maréchal de Broglie ne fut que bien peu de chose ; on peut dire qu’elle ne compta pas et ne fut prise au sérieux ni à la Cour ni dans une partie du public : on vient d’entendre Mme de Tencin ; Barbier, dans son Journal, dit positivement : « On croit que la disgrâce n’est qu’une feinte. » De là l’erreur de Frédéric, très excusable.
Mélanges historiques de Boisjourdain, tome III, page 89.
La première Restauration fut, on peut le dire, l’œuvre de M. de Talleyrand : ç’a été le grand acte historique de sa vie ou, si l’on aime mieux, le triomphe de son savoir-faire.
A partir de 1828, un temps d’arrêt se présente : il se trouve en face de générations plus inquiètes, plus enhardies, qui se mettent à contester et qui réclament dans les conceptions dramatiques, et même dans le style, certaines conditions nouvelles, plus historiques, plus naturelles, que sais-je ?
Arnould Fremy n’a pas voulu entrer dans l’examen de l’auteur par ce côté qui, selon nous, était le plus indiqué, et qui laissait d’ailleurs tout son jeu à la critique et à l’érudition ; il semble, en vérité, qu’il se soit dit, avant tout, qu’il y avait quelque chose à faire contre André Chénier, sauf à fixer ensuite les points ; l’historique assez inexact qu’il trace des vicissitudes et du succès des œuvres est empreint à chaque ligne d’un accent de dépréciation qui a peine à se déguiser.
Nous ne dirons rien des autres écrits de Mme de Souza, de Mademoiselle de Tournon, de la Duchesse de Guise, non qu’ils manquent aucunement de grâce et de finesse, mais parce que l’observation morale s’y complique de la question historique, laquelle se place entre nous, lecteur, et le livre, et nous en gâte l’effet.
, 40 Renauldon, avocat au bailliage d’Issoudun, Traité historique et pratique des droits seigneuriaux, 1765, 8, 10, 81 et passim Cahier d’un magistrat du Châtelet sur les justices seigneuriales, 1789 Duvergier, Collection des lois.
Le jugement est le quatrième, parce qu’il nous enseigne seul dans quel ordre, dans quelle proportion, dans quels rapports, dans quelle juste harmonie nous devons combiner et coordonner entre eux ces souvenirs, ces fantômes, ces drames, ces sentiments imaginaires ou historiques, pour les rendre le plus conformes possible à la réalité, à la nature, à la vraisemblance, afin qu’ils produisent sur nous-mêmes et sur les autres une impression aussi entière que si l’art était vérité.
On voit, à ces principales conditions d’un historien parfait, combien il est rare que toutes ces conditions se trouvent réunies dans un même homme, et combien peu de chefs-d’œuvre historiques doivent exister et surnager sur cet océan d’annales ou de chroniques qui encombrent les archives des nations.
Vous savez ce qu’on fit du géant historique.
C’est dire que l’intérêt du Cid n’est pas dans la couleur historique, mais dans la vérité humaine.
Toutes ces épopées symboliques, non historiques, sont réellement des mythes, où les formes de la réalité, imaginée ou vue, ancienne ou contemporaine, s’ordonnent en visions grandioses et fantastiques.
Il fait presque des « romans historiques » — tout comme Walter Scott, ô honte !
En dehors de la Révolution française, aucun milieu historique ne fut aussi propre que celui où se forma Jésus à développer ces forces cachées que l’humanité tient comme en réserve, et qu’elle ne laisse voir qu’à ses jours de fièvre et de péril.
Chemin faisant, et tandis qu’il la menait à fin, il ne négligea point d’éclaircir la question historique, et commença par la dégager des déclamations que les échos du xviiie siècle avaient grossies.
Or, pour se concilier cette classe composée des plus anciennes familles de Perse, les princes de nouvelle formation ne trouvèrent rien de mieux que de réchauffer et de favoriser le culte des vieilles traditions historiques et nationales, les souvenirs des dynasties antérieures et des héros.
Il analyse et démêle très bien les vraies causes de l’intérêt qu’ils excitent ; il montre à quoi se réduit cette prétendue fidélité historique dont on parlait tant.
Je ne dirai rien des lettres de Mme Du Deffand au point de vue historique, et du jour curieux qu’elles jettent sur la fin de Louis XV et sur les premières années de Louis XVI.
Destouches avait envoyé au prélat quelques épitaphes latines : Les épitaphes, répond Fénelon, ont beaucoup de force, chaque ligne est une épigramme ; elles sont historiques et curieuses.
J’ai essayé précédemment de dégager le Frédéric roi et politique dans sa forme la plus haute et la plus vraie, le Frédéric historique et non anecdotique.
Le Précis historique sur les Maures, qui est en tête de Gonzalve de Cordoue, semble indiquer que, s’il avait pu s’affranchir d’un genre faux, il serait devenu capable d’études sérieuses.
Un très beau travail biographique et historique de M.
Ampère a, depuis, compromis à jamais sa réputation de poète ou même de demi-poète, en publiant son César, scènes historiques (1859), une œuvre malheureuse que de véritables amis l’auraient dû empêcher de faire imprimer.
Il semble que le philosophe Condorcet se soit chargé formellement d’y répondre lorsque, dans une dissertation insérée au Journal de la Société de 89, plaidant pour L’Admission des femmes au droit de cité, il alléguait à l’appui de leurs prétentions les grands exemples historiques de la reine Élisabeth d’Angleterre, de l’impératrice Marie-Thérèse, des deux impératrices Catherine de Russie ; et il ajoutait en parlant des femmes françaises : La princesse des Ursins ne valait-elle pas un peu mieux que Chamillart ?
La guerre de la Succession d’Espagne, que commença l’ambition du côté de la France et que l’ambition continua du côté opposé, était ce qui avait paru jusqu’alors, et depuis bien des siècles, de plus extraordinaire et de plus vaste au point de vue soit militaire, soit historique.
Il en a écrit de deux sortes et sous deux formes différentes : 1º des Mémoires proprement dits sur les événements historiques auxquels il a assisté, et les affaires politiques auxquelles il a pris part ; ces Mémoires, souvent cités par Lemontey dans son Histoire de la Régence, sont restés manuscrits, et je ne les connais pas ; 2º indépendamment de cet ouvrage, qui paraît être très volumineux, puisque Lemontey en cite à un endroit le tome VIIIe, le duc d’Antin, dans une vue toute morale et de méditation intérieure, avait écrit pour lui seul une espèce de discours de sa vie et de ses pensées, à peu près comme Bussy-Rabutin, qui, en dehors de ses Mémoires, a fait un résumé de sa vie dans un discours destiné à ses enfants sous le titre de L’Usage des adversités.
Par un jugement aussi absolu, Courier fait tort, ce me semble, à son esprit, je ne dirai pas militaire, mais historique, et il montre qu’il n’a pas embrassé un ensemble.
Le xviiie siècle s’était ouvert par les Lettres persanes : il allait se continuer par des œuvres qui, même sérieuses, et dans l’ordre historique le plus régulier, n’auraient plus cet appareil érudit.
[Victor Duruy] Le bon sens dans la poésie, la mesure dans l’idéal étaient les dons naturels qu’avait fortifiés, dans Émile Augier, une bonne instruction historique.
À chaque bout de champ, je suis tenté d’adresser à cet insupportable rongeur, qui croit mettre fil à fil la meilleure et la plus forte trame historique en charpie, je suis tenté de lui adresser les questions suivantes : — Mais, monsieur, où avez-vous vu cela ?
Je crois même qu’il s’explique surtout par des considérations historiques.
Il y avait dans la figure du héros de roman, un je ne sais quoi d’original et d’attrayant, qui nous fit prendre, dès cette heure, la résolution d’esquisser, quelque jour, les traits de la physionomie historique que nous retrouvions, sans peine, derrière le voile de la fiction. […] Charles Buet emploie à vêtir de brillantes draperies le vieux squelette du roman historique qui, grâce à lui et à quelques autres esprits très littéraires de notre temps, fait encore illusion et paraît vivant à un public d’élite. […] Charles Buet, dans le genre historique, est précisément ce que sont, dans le genre roman, ceux auxquels je viens de faire allusion. […] Tout l’effort de l’écrivain porte donc sur la démonstration de ce fait que Coligny recevait des subsides de l’Angleterre, comme les Ligueurs, si chers à M. de Chalembert, l’inspirateur de beaucoup des idées historiques de M. […] Charles Buet, mais, maintenant que j’ai entamé l’étude, des procédés de cette École historique que je combats, en prenant comme type pour la discussion le livre de M.
je sais bien qu’on eût pris la Bastille un peu plus tard ; mais peut-être, alors, eût-elle été mieux défendue, peut-être le peuple se fût-il contenté qu’on la « désaffectât » ; et ainsi nous aurions encore, au bout de la rue Saint-Antoine, le plus pittoresque des monuments historiques et le plus beau des donjons de mélodrame… Donc le ciel a été fort maussade et tous mes projets de réjouissance ont été submergés par cette pluie réactionnaire. […] Donc, on s’ingénie ; on achète un château historique en Normandie ou en Touraine, et un hôtel au parc Monceau ; on fait construire un chalet à Dieppe et un autre à Menton. […] Ernest Lavisse considère comme un excellent morceau de psychologie historique. […] Sans doute, d’autres questions encore que celle de l’infaillibilité du pape lui semblaient « hérissées de difficultés théologiques et historiques ». […] Un vestibule de château féodal gardé par quatre armures vides tenant des lances et des hallebardes ; un retable en bois sculpté et colorié, qui représente Jésus portant sa croix ; de vieux saints en bois ; des tapisseries de haute lisse ; un large escalier de pierre ; des portes de fer ; une salle immense éclairée par des vitraux ; une cheminée de la Légende des siècles, dans laquelle un fagot tout entier et trois ou quatre troncs d’arbre reposent sur les landiers de fer ; d’autres saints en bois, des stalles, un lutrin ; des meubles ouvragés comme le portail de Notre-Dame, lourds, massifs et noirs, et qu’on dirait façonnés pour Roland ou pour Eviradnus ; une chambre à coucher purpurine ; un lit carré, un lit royal, en fer et en noyer (pour changer un peu) ; partout du chêne sculpté et du fer forgé ; l’assemblage de meubles le plus majestueux, le plus imposant, le plus lugubre, le plus sinistre ; un mobilier de cathédrale dans la salle des gardes d’un château historique.
On a appliqué dans la muraille une plaque rappelant que ce fut là qu’il rendit le dernier soupir ; mais ce monument vraiment historique appartient toujours à des particuliers. […] Le pamphlet de cet illustre inconnu, passant à la postérité comme une tache de boue qui serait demeurée attachée à un vêtement historique, cet odieux écrit, Élomire hypocondre, doit être classé par tout homme sensé parmi les libelles fangeux que toute gloire fait éclore. […] On pouvait croire qu’il n’était plus rien qu’un type historique appartenant à ce qu’on nommerait volontiers l’archéologie morale, le fantôme d’un temps disparu ; point du tout, il vit encore et toujours. […] Frédéric Hillemacher, Galerie historique des portraits des comédiens de la troupe de Molière (2e édit., 1859. […] Galerie historique des portraits des comédiens de la troupe de Molière (Lyon, Nicolas Scheuring, in-8. 1869, 2e édit.).
Mais libre aux décadents (mot amusant, chose historique, qualificatif comme gueux, comme sans culotte, anobli par ceux qui l’acceptent et l’assument, car symbolistes est bien insignifiant, terne et pédant), libre aux jeunes, avouons-le, de vous apporter, comme dit excellemment Moréas, « la Divine surprise ». […] excellent, d’une utilité incontestable pour les élèves intelligents et pour les jeunes maîtres ; mais c’est aussi, et plus encore, un livre de philosophie historique, que ses qualités hautement littéraires, la netteté, la hardiesse, la clairvoyance de ses vues destinaient au grand public. […] La plupart avaient la tenue historique de l’université, la robe noire, courte ou longue selon le « degré », et complétée, en plein air, par la coiffure traditionnelle, le bonnet plat et carré. […] Mais ces considérations sont purement historiques : on attend peut-être autre chose de nous ; il nous semble utile de chercher une cause à ces exceptions morales, à ces cas intellectuels (il ne peut être question ici, et dans l’ouvrage même, que de ceux-là, on l’a sans doute compris), et nous voulons dire en quelques mots ce que l’on trouvera dans Sodome. […] Et il ne désespère pas, si Dieu lui accorde la guérison qu’il mérite peut-être après huit années de mauvaise santé, d’encombrer la littérature française d’œuvres, alors impersonnelles, critiqué et historique.
C’est ainsi qu’il nous révéla les romans de Judith Gautier et de Léon Cahun, résurrections historiques d’une fauve intensité. « Comment ! […] Attiré par les recherches historiques, il s’était épris d’occultisme et de magie, et les œuvres d’Huysmans furent un moment ses œuvres favorites. […] Amateur de calembours futiles et d’érudition sérieuse, Mazel a publié des livres de psychologie sociale et quelques drames historiques dont la réprésentation serait une tentative curieuse. […] La vraie Provence, c’est Aix, sa capitale historique, Aix avec son roi René, son parlement, ses légendes, ses traditions, la Crèche, la Fête-Dieu, les Chivaou-Fru. […] Rédacteur au Temps, doyen de la Faculté de Théologie protestante, auteur d’ouvrages historiques remarquables, Auguste Sabatier avait l’aspect d’un bon pasteur de campagne, la douceur pensive d’un homme habitué à peser le pour et le contre et qui avait fait du libre-examen la raison et le principe de sa vie.
Et bien que je ne me repente nullement des services énergiques que les événements m’ont entraîné à rendre à mon pays en 1848, et que je ne rougisse pas de la part de vigueur et de prudence que j’ai pu apporter alors, avec d’autres, à ces événements historiques, retirons-nous, pendant le peu d’années que les circonstances politiques nous laissent avant notre mort, dans le domaine des lettres où vous brillez et où je m’éteins. […] On a supposé que ce morceau du IIIe livre des Géorgiques y avait été inséré après coup par le poète, et lorsque déjà il s’occupait de l’Énéide ; il y a des détails qui semblent en effet avoir été ajoutés un peu plus tard ; mais le cadre premier existait, je le crois, et le sens général, selon l’opinion de Heine, est plutôt prophétique qu’historique.
. — La poésie d’Ilmenau peint une époque qui, en 1783, lorsque j’écrivis la poésie, était déjà depuis plusieurs années derrière nous, de sorte que je pus me dessiner moi-même comme une figure historique et causer avec moi des années passées. […] Seulement il oublie le vice mortel de ces chefs-d’œuvre, c’est le mensonge du roman historique.
On y découvre toute la filiation historique des chefs et des bardes de ces dynasties de combattants et de chanteurs. […] Lisez avec attention cette espèce de préface historique.
La critique historique, vraie, arrive avec le temps ; elle souffle sur toutes ces vérités de convention, inventées par les factions régnantes à leur usage, et elle plaint le grand poète qui leur a prêté un jour son génie. […] Cependant on ne peut éviter son sort ; il allait trouver une gloire historique dans un refrain où il ne cherchait que l’écho de la rue et l’engouement d’un soir.
Cette parenthèse historique fermée, je reprendrai la prochaine fois Bernis, là où je l’avais laissé à la fin de mon précédent article.
Une bonne nouvelle cependant : le dictionnaire de l’Académie, non pas celui de l’usage, qui est dans les mains de tout le monde, et qui peut suffire quelque temps encore jusqu’à une prochaine révision, mais le dictionnaire historique commencé depuis quinze ans, — un fascicule important de ce dictionnaire si complet, si riche en citations, si intéressant même à la lecture (chose rare pour un dictionnaire), va paraître avec un avertissement du savant rédacteur M.
Sa conversion n’a été qu’un redressement d’orthodoxie, après un examen historique des plus complets, auquel elle s’était livrée pendant des mois de retraite : elle est revenue de Photius à saint Pierre.
Jal prépare, à l’aide de tous ces éléments, un grand travail biographique et historique qui est fort attendu et désiré. — Je dirai bientôt quelles obligations particulières j’ai à un autre investigateur curieux et érudit, M.
Voir au tome second des Portraits et Notices historiques de M.
Fromentin ne se borne pas, dans ses Voyages, à l’expression directe du pays ; il s’inquiète de l’historique, du passé, des mœurs et du naturel des habitants, du caractère différent et individuel de ceux qu’à première vue on est porté à confondre.
La Vérité dans le vin nous peint au naturel les vices du temps, l’effronterie des femmes de robe, la sottise des maris, l’impudence des abbés ; il y a dans le dialogue une familiarité, un naturel, dans les reparties une naïveté, dans les situations un piquant et un osé qui font de ce tableau de genre un des témoins historiques et moraux du XVIIIe siècle.
Nous avons aussi nos infortunes d’Ilion, et, à ce sujet, notre curiosité n’est jamais à bout ; mais c’est sous forme moderne qu’elle se marque, c’est surtout à l’occasion de documents historiques retrouvés, de lettres inédites ; notre manie s’y mêle.
La plus bruyante fut à elle seule la voix de l’abbé Raynal, qui, de même que votre ami, a choisi ce lieu comme asile de liberté et de travail historique.
Il en résulte que dans sa manière, particulièrement dans celle de ses derniers ouvrages, il devient en plusieurs endroits obscur et d’une lecture difficile, parce qu’il évite de spécialiser sa pensée en la revêtant d’exemples vifs, de citations ostensibles, en l’illustrant de détails et de rapprochements historiques.
Ses amis de Dijon se flattaient de voir bientôt paraître de lui quelque roman historique qui aurait remué leur chère Bourgogne.
— Boivin-Champeaux, Notice historique sur la Révolution dans le département de l’Eure, 83 (1789).
D’abord dogmatique, elle est devenue historique et scientifique ; mais il ne semble pas que son évolution soit terminée.
Un écrivain de troisième main procédera ainsi sur son prédécesseur, et ainsi, à moins de se retremper continuellement aux sources, la science historique est toujours inexacte et suspecte.
Il importe, en effet, à la vérité historique de reconnaître que ce qu’on a appelé le changement de Barnave ne date point de ce voyage, ne tient point à une simple émotion, bien concevable d’ailleurs et bien naturelle, mais à une modification antérieure et raisonnée de vues et de principes.
Brochures, pamphlets, articles de journaux, chansons, graves histoires, scènes historiques (car la comédie, à ce moment, avait passé du théâtre dans les livres), allusions de toutes sortes, c’était à qui atteindrait et piquerait l’ennemi de dessous le réseau habile dont il cherchait à nous envelopper.
Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dans ses Considérations historiques sur la zoologie.
À treize ans, on l’eût vu, monté sur son petit cheval, avec l’habit, les bottes, l’épée et le baudrier historiques, jouer Charles XII de pied en cap.
Ce Simple discours fut incriminé : « Sachez, avait-il dit, qu’il n’y a pas en France une seule famille noble, mais je dis noble de race et d’antique origine, qui ne doive sa fortune aux femmes : vous m’entendez. » C’était là une impertinence historique, et qui parut attentatoire à tout l’ordre de la monarchie.
Toute cette partie sensuelle est sèche, et marque que Montesquieu n’avait toute son imagination que dans l’ordre de l’observation historique et morale.
Dans un quart d’heure il décida trois questions de morale, quatre problèmes historiques, et cinq points de physique.
Je conçois encore qu’on parle avec cette légèreté de Mazarin, dont la réputation historique, à cette date, n’était pas rétablie encore ; mais s’exprimer avec ce dédain naïf sur Richelieu, dire avec satisfaction et en redressant la tête : « S’il vous faut un Richelieu, trouvez-le ailleurs, ce n’est pas moi » ; cela juge le politique, en M.
J’ai déjà parlé ailleurs55 des Œuvres historiques de Frédéric qui sont justement classées à la tête des meilleures histoires modernes.
Il y avait de l’innovation à la date où cela parut, de la couleur historique, de la simplicité de dialogue et de composition.
De même que le sens réel de l’individualisme, scruté depuis les temps historiques, apparaît presque toujours faussé, la notion de solidarité nouvellement découverte et formulée, a été trahie par ceux-là même qui en firent la fortune.
Ensuite, parce que, s’il vous plaît, c’est tout à fait conforme au caractère général, au caractère historique de la Tragédie française. […] Il y faut ajouter que les héros historiques sont plus naturellement orateurs, ayant, mêlés à leur vie, de grands intérêts généraux à soutenir et à défendre, de grands desseins à exposer et à déployer devant les hommes. La tragédie de Corneille est historique pour bien des raisons, dont l’une est que Corneille est un génie oratoire. […] En un mot, il revint au drame véritablement historique, et au héros cornélien. […] Le chœur ne répond à rien chez nous et n’est qu’un pastiche de lettré assez maladroit dans une tragédie historique ou politique.
L’observateur historique suivrait ce dialogue de haut, d’un balcon du Jura avec Jouffroy, ou du chalet de M. […] Le Français qui se répandrait ici en propos aigres témoignerait qu’il est plus imbu de l’esprit jacobin que de l’esprit historique, critique, et même, et surtout, « républicain ». […] La justice suppose la noblesse de l’âme et le désintéressement. — Une fédération de petits peuples libres, qui ne demandent que l’indépendance, semble la patrie naturelle des idées historiques plus humaines, le sol des théories épurées de civilisation. […] Notre monade, en tant que pensante, s’affranchit des limites du temps, de l’espace et du milieu historiques ; mais, en tant qu’individuelle et pour faire quelque chose, elle s’adapte aux illusions courantes et se propose un but déterminé.
On trouvera dans cet ouvrage des détails anecdotiques sur les liaisons ou les entrevues que David a eues avec les hommes de 1793, avec Napoléon, Pie VII, le roi de Prusse et d’autres personnages historiques ; ces détails, nous l’espérons du moins, sont tout à fait propres, non-seulement à faire connaître le caractère de l’homme, mais à montrer l’importance que l’on attachait à son talent. […] Mais depuis 1830, malgré soixante cinq ans d’expérience, malgré des documents historiques que tout le monde connaît, et sans égard pour la sentence unanime prononcée par la France contre l’impie, le sanguinaire et le vénal Marat, nous avons vu certains hommes chercher à réhabiliter ses prétendues vertus et pousser le fanatisme jusqu’à faire mouler son buste26 pour honorer sa mémoire ; il fallait donc revenir sur ce triste sujet ; et s’il est possible, comme le disait Pétion, que David ait eu en 1793, au moins, le dévouement d’un honnête homme en délire, quelle peut être l’excuse de ceux qui de nos jours sont encore atteints d’une si triste folie ? […] Le conservateur Lenoir avait réuni et classé là, par ordre de temps, les monuments à la fois religieux et historiques que le hasard et le zèle avaient pu soustraire à la destruction. […] Le style en est bien moins correct, il faut l’avouer, que celui de son poëme ; mais l’artiste de talent, l’artiste spirituel et piqué au vif, s’y est laissé aller avec une pétulance et quelquefois un bonheur d’expressions, qui auraient dû faire conserver ce morceau, ne fût-ce que comme pièce historique.
Nous restons à cent lieues, je ne dis pas de la vérité historique, mais même de la « couleur locale » des poètes de 1830. […] Et, comme j’y retrouve intactes les trois unités, comme je n’y vois ni semblant de couleur historique, ni mélange du comique ou du familier avec le tragique, ni lyrisme, ni poésie, ni pittoresque, ni thèses sociales, ni mélancolie, ni truculence, ni rien, on ne peut même pas dire que ce soient déjà des espèces de drames romantiques, ce qui ne serait pourtant pas encore grand’chose. […] Il y a répandu un grand optimisme historique et un esprit de bienveillance universelle. […] Il est encore certain, pour continuer mon parallèle, qu’il n’y a pas dans Horace de san-bénito, ni de peuple, ni de tableau historique, le sujet même appartenant à la légende, non à l’histoire. — Maintenant, si l’on trouve excessive mon admiration pour le drame de M. […] Le Chat-Noir est, je crois, le premier en date, et assurément le premier par le mérite et par la réputation, de ces cabarets « artistiques » et « historiques » qui, depuis quelques années, pullulent dans Paris.
Pour demeurer fidèle à la vérité historique, il ne faudrait pas nous montrer le dictateur entouré seulement d’une cour africaine ; les blancs et les blanches devraient avoir leur place dans le palais du maître. […] Était-il nécessaire de coudre à la donnée historique un roman amoureux ? […] Comme il serait absurde de chercher dans la poésie dramatique autre chose que la vérité historique ou la vérité humaine, et comme M. […] Hugo, fidèle à ses habitudes littéraires, veut bien nous expliquer le sens historique et philosophique de Ruy Blas ; nous devons le remercier de cette généreuse condescendance. […] Il en est ainsi de Ruy Blas ; placez-vous, pour juger cette œuvre, au point de vue philosophique, historique ou littéraire, et vous y trouverez des mérites différents, des significations diverses.
Je suis sensible à cette manière historique de s’intéresser aux vieux auteurs ; mais cette méthode ne peut pas être celle de tout le monde et je maintiens qu’une foule de choses sont ennuyeuses pour le commun des lecteurs, même lettrés, dans les vieux auteurs, parce qu’elles étaient à destination actuelle. […] Bérénice, c’est si l’on veut l’histoire de LouisXIV avec Marie Mancini, douze ou treize ans auparavant, à telles enseignes que c’est avec les mots historiques prononcés par Marie Mancini que Racine a fait les mots à effet de sa pièce ; mais ce n’est pas du tout l’histoire de Louis et d’Henriette. […] Aussi bien je n’irai jamais plus loin que jusqu’à dire que l’historiette des Bérénices est une légende ; pour qu’elle fût absolument historique, il faudrait qu’elle fût signée de Pierre Corneille, de Racine, d’Henriette d’Angleterre, ou au moins de Thomas Corneille. […] Gustave Flaubert s’est défendu jusqu’au bout. » Quant à la moralité de l’œuvre, George Sand était tellement habituée à ce phénomène historique qui est que toute nouvelle façon de sentir et même toute nouvelle façon de peindre choque la moral et paraît la ruiner, qu’elle reste très calme devant le scandale, stupide du reste, que Madame Bovary avait provoqué. […] La fontaine de Jouvence, c’est l’Illusion ; Dans l’illusion, on se voit autrement que l’on est et l’on se trouve vieux à trente ans, comme Lamartine, Musset, Hugo lui-même et quelques autres personnages historiques ; et l’on se trouve jeune, ou du moins « jeune encore », aux environs de la soixantaine, comme c’est ce qui nous arrive à peu près à tous.
Il en indique pourtant quelques conditions, et d’abord la nécessité pour les derniers représentants des hautes classes de considérer la propriété comme une conquête continuée et d’avoir du talent : « De nos jours, dit-il, les moyens d’action doivent être des forces réelles et non des souvenirs historiques. » Il veut aussi qu’à ces représentants des vieilles grandeurs nationales s’adjoigne sans cesse l’appoint des valeurs nouvelles. […] On peut schématiser ainsi la marche suivie par la pensée du psychologue des Déracinés : « L’expérience personnelle, conforme sur ce point à l’expérience historique, m’a démontré que la théorie individualiste est la plus opposée au développement de la forte individualité. […] Dans ce discours de d’Arthez qui contient toute une esthétique du roman historique, notez avec quelle minutie les problèmes de facture sont abordés : « Vous commencez, comme Walter Scott, par de longues conversations pour poser vos personnages. […] Rien de plus facilement artificiel que le roman historique. […] Que l’auteur les remplisse ces deux durées, d’événements historiques, ces événements ne seront pas sur le même plan que les événements imaginaires qu’il raconte.
L’allusion aux tergiversations intéressées de Julius Martialis n’était que de la morale historique. […] Ses ouvrages historiques fourmillent d’exemples de son faible à cet égard. […] Ce qu’il y ajouta, ce fut l’expression du regret qu’avaient causé à l’historien mes remarques sur le fatalisme historique de son livre. […] L’air de confiance dont il venait de me parler m’avait d’autant plus touché que, plus de trente ans après le premier grief de mes réserves sur son fatalisme historique, je lui en avais donné un second. […] La diligence s’arrêtait d’ordinaire au cœur des villes, sur la grand’place, à proximité de quelque édifice historique.
Villemain est un rhétoricien, le contraire d’un esprit sincèrement historique et d’une nature vérace. […] En rentrant de chanter La Marseillaise avec un si saisissant effet, elle disait dans la coulisse : « La farce est jouée. » La nature de Talma était autrement probe : il vivait dans ses personnages, et aussi l’impression qu’il a laissée chez tous ceux qui l’ont vu est-elle autrement profonde et d’un ordre plus historique (si je puis dire) que les prodiges passagers de Rachel. […] Dubois me dit : « Maintenant vous savez écrire, et vous possédez votre instrument. » C’est vers ce temps-là (le 8 juillet 1826) que je rendis compte du Cinq-Mars de M. de Vigny, dont le côté historique si faux m’avait choqué, bien que je n’eusse point méconnu le talent de quelques scènes romanesques ; mais je ne m’y étais pas laissé séduire.
Pendant les deux mois que nous passâmes en Méditerranée, il m’apparut quotidiennement au naturel, en ses curiosités, en sa bonhomie en ses petites susceptibilités, en ses inoffensives manies de vieux garçon douillet et retors, en ses menues ruses, en ses finesse naïves et ses gentillesses amicales, en tout ce qui faisait de lui un charmant personnage de comédie historique, en ses démêlés comiques avec son valet de chambre Néreo. […] A cette époque, il avait déjà publié une grande partie de son œuvre historique et rassemblé les innombrables pièces de ses collections napoléoniennes. […] L’œuvre historique des auteurs des maîtresses de Louis XV était également en discrédit, si leurs études sur l’art au dix-huitième siècle avaient mieux résisté.
Il est impossible qu’un amateur un peu poëte ne sente pas son imagination frappée, non pas d’une impression historique, mais d’une impression poétique, religieuse, universelle, en contemplant ces quelques hommes qui descendent soigneusement le cadavre de leur Dieu au fond d’une crypte, dans ce sépulcre que le monde adorera, « le seul, dit superbement René, qui n’aura rien à rendre à la fin des siècles ! […] Et si restreint qu’on suppose un sujet historique quelconque, quel historien peut se flatter de le peindre et de l’illuminer sans imagination ? […] Mais, depuis lors jusqu’au dix-huitième siècle, climat historique de l’amour et des roses, nous voyons le squelette fleurir avec bonheur dans tous les sujets où il lui est permis de s’introduire.
Consulté par Voltaire sur la tragédie du Triumvirat, il lui fait une bonne réponse fondée sur des raisons historiques, et qui n’est point du tout fade.
[NdA] On lit dans les Mémoires historiques et critiques de Mézeray, à l’article Avocat : « Jean Patin, avocat du roi au présidial de Beauvais, pensa être assommé par la populace ligueuse.
Pour tout le reste, il lui est inférieur non seulement en mérite historique, mais l’oserai-je dire ?
Mais ce que je désirerais vivement, c’est que le manuscrit que j’ai sous les yeux, Mon portrait historique et philosophique, qui n’a été imprimé que tronqué et très incomplet, s’imprimât dans toute sa suite (à part huit ou dix pensées qu’il faudrait absolument retrancher comme étant de trop mauvais goût) ; on aurait alors un Saint-Martin à l’usage de tout le monde, à l’usage de ceux qui hantent Gui Patin comme de ceux qui lisent Platon ; un peu singulier, un peu naïf, agréable, touchant, élevé, communicatif, parfois bien crédule, nullement dangereux : on aurait enfin ce qui plaît toujours dans un auteur et ce qu’on aime à y rencontrer, un homme et un homme simple.
Il y avait dans Montesquieu une partie d’art à laquelle d’Argenson était peu sensible : il était fort choqué au contraire des conjectures hasardées et trop générales, des raisonnements incomplets et qui n’allaient pas jusqu’au bout ; il ne tenait pas assez compte de l’élément historique que Montesquieu respectait en toute rencontre et mettait en relief avec tant d’éclat ; ce qui l’a conduit à dire, après une seconde lecture du livre des Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains : Septembre 1754. — Lu pour la seconde fois.
Dans une trentaine de pages qui seraient aussi bien un fragment de mémoires historiques, il montre comment cette Révolution est née sans qu’on le voulût, et avec quel zèle imprudent on y poussait dans les hautes sphères qui devaient le plus terriblement s’en ressentir.
Un principe m’a guidé en l’étudiant : sous peine de rapetisser son objet et de voir d’une vue basse, il faut avant tout chercher dans chaque homme distingué, et à plus forte raison dans un personnage historique, la qualité principale, surtout quand elle a rencontré les circonstances et l’heure propice où elle a eu toute son application et tout son jeu.
Ce qui manque à l’abbé de Pons comme à La Motte, dans l’émancipation littéraire qu’ils tentent, c’est une connaissance, une comparaison directe et plus variée des littératures et des poésies, l’habitude de se placer à des points de vue historiques différents, la faculté de s’éloigner tant soit peu de leur quai et de leur Louvre, en un mot ce qui fait et achève l’éducation du goût.
Il eut, à son début, sa journée d’éclat (28 octobre 1815), lorsque répondant à M. de Kergorlay qui s’attaquait à l’inviolabilité des biens nationaux et qui prétendait l’infirmer au nom de mille exemples historiques, anciens et modernes, allégués en preuve de l’éternelle vicissitude des choses et de l’instabilité des institutions humaines, il éleva et opposa, en face de ce spectacle philosophique trop décourageant, le point de vue du vrai politique et de l’homme d’État, qui doit se placer, au contraire, et raisonner constamment dans la supposition de la stabilité et, s’il se pouvait, de l’éternité des lois sur lesquelles la société repose, et qui doit d’autant plus paraître s’y fier et les proclamer durables, que l’on vient d’échapper à de plus grands orages : « Voilà, s’écriait-il, voilà ce qu’il faut espérer, ce qu’il faut vouloir, voilà ce qu’il faut, s’efforcer de voir et de démontrer comme le résultat possible et même assuré d’une conduite où la sagesse se trouvera heureusement combinée avec la fermeté.
Dans son amour de la grandeur historique et de la gloire, elle se disait qu’une belle mort, un noble flot de son sang généreux allait laver tout cela.
Le mot de Napoléon : « Le maréchal de Villars sauva la France à Denain », serait une pure erreur historique.
La Mort de Socrate et surtout le Dernier Chant d’Harold sont d’admirables méditations encore, avec un flot qui toujours monte et s’étend, mais avec l’inconvénient grave d’un cadre historique donné et de personnages d’ailleurs connus : or, Lamartine, le moins dramatique de tous les poëtes, ne sait et ne peut parler qu’en son nom.
La Terreur est touchée en quelques grands traits : Bonaparte et le Consulat éblouissent en passant ; on voit sous quels rayons, sous quels romanesques prestiges ces souvenirs historiques se sont reflétés et nuancés dans une adolescence si vive où toutes les parties non sévères se hâtaient d’éclore.
A côté de quelques vrais monuments, on produisait une foule d’ouvrages plus ou moins secondaires, surtout politiques, historiques.
En d’autres termes, le xviie siècle fera les anciens à son image, plus encore qu’il ne se fera à l’image des anciens, et — son absence de sens historique venant en aide à son rationalisme — il modernisera l’antiquité.
Anatole France, le souci du plus singulier des événements historiques, de celui qui a le plus préoccupé depuis trente années quelques-uns des grands esprits de ce temps.
A quoi bon chercher, dans une discussion des témoignages historiques, s’il a mérité sa mauvaise renommée ?
Les Dieux et les Héros demeurent pour eux des personnages du passé, à demi historiques, personnages d’une histoire sans doute merveilleuse qui est celle d’un monde plus beau, plus grand, plus pittoresque par l’éloignement et la distance où il est du nôtre.
La philosophie pure n’a pas exercé d’action bien immédiate sur la marche de l’humanité avant le XVIIIe siècle, et il est beaucoup plus vrai de dire que les époques historiques font les philosophies qu’il ne l’est de dire que les philosophies font les époques.
Entre citoyens d’un même État comme entre États, le souci de la justice a été sacrifié au respect du fait historique.
On prête à Voltaire ces paroles : « Je m’ennuie d’entendre dire que douze hommes ont suffi à établir le christianisme ; je veux prouver qu’un seul homme peut suffire à le détruire. » Il est possible que ces mots, comme tant d’autres mots historiques, n’aient jamais été prononcés.
De là aussi le manque de sens historique chez les très médiocres historiens qui travaillent à conter élégamment des faits qu’ils ne comprennent pas.
Mais en même temps, et précisément au milieu de l’exposition historique, le livre doit soutenir un examen et une description détaillés de la grande époque musicale qui fut l’œuvre du génie de Beethoven et qui s’étend de ses compositions à toutes les musiques plus modernes. » Qu’une telle façon de penser me fût infiniment sympathique, vous devez le comprendre, Elisabeth ; elle l’était d’autant plus que le Tannhæuser avait évoqué dans mon âme l’enthousiasme le plus délicieux.
Mais, si vous avez fait de votre oncle un duc et pair de la cour de Louis XVI, investi d’un nom historique et d’un illustre blason, à l’instant même vous lui devez les respects et les hommages dont la noblesse française entourait alors les aînés de ses branches et les suzerains de ses races.
Tu m’as conduit, à travers un charmant labyrinthe d’opinions philosophiques, historiques et musicales, au temple de Mars, et dans tout et toujours tu conserves ta saine énergie… » Voilà bien le naturaliste contemplateur qui apprécie et réfléchit les impressions d’alentour, mais ne les partage pas.
L’Empereur aurait assez aimé sans doute à compter un de Broglie dans ses armées, à pouvoir citer ce nom historique dans ses bulletins, et il se peut qu’il le lui ait fait entendre ; mais M. de Broglie fut de bonne heure de ceux qui ont l’oreille sourde à la séduction, de ceux qui suivent leur idée et ne se laissent pas dévoyer de leur vocation intérieure.
Ce petit livre est du genre des Mémoires de la reine Marguerite et des quelques pages historiques de Mme de La Fayette : c’est l’œuvre d’une après-dînée.
Et d’abord ne cherchez point dans Cléopâtre la vérité historique, la Rome ni l’Égypte de ce temps-là.
» Le souffle poétique, ce qui est rare chez Mirabeau, semble avoir passé en cet endroit, et en cet autre encore : « Si vous me redonnez la liberté, même restreinte, que je vous demande, la prison m’aura rendu sage ; car le Temps, qui court sur ma tête d’un pied bien moins léger que sur celle des autres hommes, m’a éveillé de mes rêves. » Ailleurs, parlant non plus à son père, mais de son père, il dira par un genre d’image qui rappelle les précédentes : « Il a commencé par vouloir m’asservir, et, ne pouvant y réussir, il a mieux aimé me briser que de me laisser croître auprès de lui, de peur que je n’élevasse ma tête tandis que les années baissent la sienne. » On a refusé l’imagination proprement dite à Mirabeau ; il a certainement l’imagination oratoire, celle qui consiste à évoquer les grands noms historiques, les figures et les groupes célèbres, et à les mettre en scène dans la perspective du moment : mais, dans les passages que je viens de citer, il montre qu’il n’était pas dénué de cette autre imagination plus légère, et qui se sent de la poésie.
Elle abuse des comparaisons mythologiques, des traits historiques, de Méléagre, d’Aria et de Paetus.
Garat (Mémoires historiques sur la vie de M.
Ce genre de défaut va nous être plus apparent encore et plus sensible chez Bonneval : il ne lui a manqué qu’un grain de moins dans la tête pour être un personnage historique et non romanesque.
Adressons, avant tout, nos remerciements à la Société de l’histoire de France, qui, au milieu des circonstances pénibles où les lettres ont passé depuis 1848, n’a pas désespéré un seul instant de la patrie, je veux dire des études historiques sérieuses, et qui n’a pas fait trêve à ses publications.
Quant à l’idée historique, une et complexe, qu’évoque ce mot — succédané du mot royaume, dans les hommes de race, elle n’a pas produit de clichés.
Mistress Lennox donne à Shakespeare cette patoche : Ce poëte altère la vérité historique.
Histoire et critique historique On rencontre rarement des historiens parmi les jeunes hommes.
L’érudition ou l’historique plus ou moins étendu appartient à tous.
D’où qu’on prenne son point de vue dans cette époque qui eut l’activité d’une belle matinée historique, mais qui devait rencontrer l’orage à midi et l’orage qu’elle avait formé, on ne trouve que débris d’édifices à moitié bâtis, affaissés dans un ciment humide encore, et que les architectes ne reprendront pas : car on ne reprend rien en histoire.
Mais, dans l’entente des choses· historiques et humaines, j’aurais cru plutôt Philarète Chasles du côté de Machiavel que de l’abbé de Saint-Pierre, et pourtant c’est du côté de l’abbé de Saint-Pierre que je le trouve dans ce livre-ci… Comme : l’abbé, il y baye aux corneilles de la paix perpétuelle, et il la demande à tout le monde : aux gouvernements, aux arts, à la littérature, comme ce pauvre abbé, pauvre spirituellement autant que physiquement sans· soutane, car il ne savait pas écrire, et à qui Chasles prête généreusement son habit !
Avant donc de chercher les conditions sociologiques du succès des idées égalitaires, il importe de prouver ce succès même, et qu’elles existent bien, dans la réalité historique, comme idées sociales.
Je n’ai trouvé sur son invention que des renseignements historiques. […] La constance de son génie inventif est figurée par cinq ou six grands faits préhistoriques, historiques et contemporains. […] Peu à peu, on comprit que la question n’était pas de celles qui peuvent se résoudre avec des exemples historiques, et l’on s’aperçut aussi que les hommes de génie sont trop exceptionnels pour que l’on puisse, de l’examen de leurs facultés, conclure, à une thèse générale. […] Avec ses vieilles villes aux monuments si hardiment sculptés, Sens, Auxerre, Avallon, Joigny, cette vallée est comme un vaste musée historique. […] Morton-Fullerton souhaiterait que l’on fît faire aux jeunes gens des voyages en France, des voyages historiques : son livre serait pour ces excursions le meilleur des guides.
Il n’y a rien de plus conforme à la doctrine de l’évolution, — puisque c’est l’idiosyncrasie qui serait le commencement de toutes les variétés. » De là un moyen pour simplifier l’historique de la littérature. […] En fait, nul n’échappe à cette nécessité de juger : ni les partisans de la méthode historique, Taine ayant jugé, « proscrit » et « pardonné » autant qu’homme du monde ; ni les représentants de l’impressionnisme, M. […] C’était un résultat direct de l’avènement de l’esprit historique et des méthodes positives. […] Ce sont des études dont on ne saurait dire qu’elles soient définitives, puisque aussi bien, quand il s’agit de travaux historiques ou littéraires, ce mot n’a pas de sens. […] La science historique le compte-t-elle au nombre de ses initiateurs ?
Le Drame historique et le Drame passionnel, tel sera le titre du troisième volume. […] Mais ce bon Bouilhet reste emberlificoté dans la broussaille des événements ; ses personnages sont de pâles comparses que nous avons toutes les peines du monde à étiqueter ; et ainsi ce qu’il y a d’histoire dans ce « drame historique » devient un fâcheux casse-tête. […] Ecartons la partie historique ; absolvons ce que la forme a de généreux romantisme ; il reste une histoire d’amour, pas très neuve, mais assez ardemment contée en trois scènes, sans plus. […] Il a des terres partout, un château historique, une galerie de tableaux, les maîtresses qu’il veut. […] Que si votre « état d’âme » vous permet de voir et d’aimer dans Athalie quelque chose de plus que l’exemplaire le plus parfait du drame historique, votre plaisir et votre émotion seront alors sans mesure.
Ce Christianisme considéré comme glas de la bonne antiquité, sonné d’une cloche fêlée et lasse, mais d’un son pourtant mélodieux ; ce Christianisme, même pour celui qui maintenant ne parcourt ces siècles qu’au point de vue historique, est un baume pour l’oreille. […] Il est mort, dit-on, et il n’est que de curiosité historique de faire les remarques auxquelles nous venons de nous arrêter. […] — Voilà, à peu près, comme nous pourrions parler, nous autres, et certainement avec quelque fondement historique, lorsque nous avons ù nous défendre contre les croyants ; car il n’est guère possible de mener une défense sans un peu de cabotinage. […] Son idée centrale, à la fois philosophique et historique, son idée maîtresse, c’est que c’est le peuple qui a inventé la morale, pour brider, museler, entraver et paralyser les forts et les beaux, ceux qui veulent vivre en force et en beauté ; et que le peuple, patient et rusé, y a parfaitement réussi. […] L’espèce inférieure, encore, invente de véritables sophismes, comme celui de l’égalité des hommes, sans qu’on ait jamais pu savoir sur quoi, sur quelles données scientifiques, historiques, ethnographiques, éthiques, et supposez tout ce que vous voudrez, une pareille absurdité ait jamais pu s’appuyer.
Ce n’est pas à dire que le grand peintre, qu’on cite toujours comme exemple de la composition historique et de l’austère dignité de l’art, n’ait pas fait aussi des Bacchanales, « réminiscences très hardies de la sculpture antique », et qui déjouent un peu les graves théories à son sujet ; mais une débauche n’est pas coutume, et en lisant le recueil des Lettres du Poussin, Gandar put se féliciter d’avoir appris à connaître l’homme dans le peintre, « et un homme selon son cœur ». […] Madame de Montespan et Louis XIV, Étude historique par M.
Tout cela semble promettre une suite ; on pouvait croire que cette poésie encore bien humble, bien peu élevée, qui avait rompu avec les sources supérieures et avec la forte sève historique du Moyen Âge, qui n’en avait recueilli, pour aucune part, le génie héroïque et sévère, allait grandir, se fortifier de nouveau, produire enfin des œuvres plus généreuses, sans pourtant se priver des avantages acquis et de ses heureuses qualités secondaires. […] On cite toujours la lettre de Voiture, écrite dix ans plus tard, sur la politique du Cardinal : pièce vraiment historique, qui honore à jamais ce bel esprit et le tire du rang des purs frivoles, où ses autres écrits le laisseraient.
Celui-ci se réserva les portraits des ancêtres, et les plus notables de la branche aînée ; il eut celui du Pacha, celui même de Marguerite de Foix, grande alliance royale des Bonneval au XVe siècle, tandis que la belle Aïssé, moins historique, suivit son arrière-petit-fils à Guéret où elle était, je pense, bien affligée de se trouver. » Si de Guéret le portrait passa depuis à la campagne, ce fut pour être placé, non dans un salon, il est vrai, mais dans une chambre à coucher avec d’autres tableaux précieux. […] Lettres historiques, politiques, philosophiques et littéraires de lord Bolingbroke ; 3 vol. in-8°, 1808.
De même la peinture des mœurs contemporaines dans la comédie nouvelle, n’est qu’un élément romain, français, anglais ou allemand, qui, n’appartenant pas au fond commun de la nature humaine, ne reste pour la postérité qu’un objet de curiosité historique. […] Les personnages historiques ne sont jamais chez lui qu’un symbole ; ils désignent une espèce.
L’Iliade est un poème tout à la fois religieux, historique, national, dramatique et descriptif. […] Le discours interminable, mais très riche en détails historiques, de Nestor à Patrocle, délasse les guerriers des fatigues du jour et retrace éloquemment la verbeuse nonchalance de la vieillesse qui aime à se vanter.
(Tout ce qu’on pourrait faire, ce serait de rechercher la formation historique des dogmes et quels états d’esprit ont pu les engendrer : mais cela est besogne d’incroyants.) […] Il l’a pris, dis-je, tel que son développement historique l’a fait, parce que ce développement est divin.
Zola, dans le Midi et à Paris ; l’intrigue, historique aussi, sera fournie par les malheurs, les luttes, les souffrances d’un artiste impuissant ou incompris. […] Il est évident qu’un romancier peut consulter un livre semblable, y prendre même quelques noms, quelques anecdotes, sans être pour cela un plagiaire ; quand on écrit un roman historique, on est forcé de lire l’histoire, de mettre en scène des personnages dont beaucoup d’historiens ont parlé : on ne vole pas ces historiens pour cela, Richelieu n’appartient ni à un historien, ni à un romancier : Dumas a pu le peindre à sa fantaisie, l’habiller comme il a voulu, et aucun des biographes du cardinal-duc n’aurait eu l’idée de « lui réclamer des droits d’auteurs » Il en est exactement de même pour le roman populaire ; M.
— Hugo, que le docteur Will, vieux poète allemand, saluait de ces mots, devenus historiques : « phus sêtes hune grand’boîte », eut été un bien plus grand poète encore — c’était du moins ce que prétendait mon ami Paul Arène — s’il était allé au café. […] Et peu m’importe qu’il y ait plus lyrique, ou plus historique, ou plus humain.
Dans la Bibliothèque universelle et historique de Le Clerc, année 1687, à propos des Remarques de Vaugelas, on trouve (car ces querelles du jour sont de tous les temps) une protestation savante et judicieuse d’un anonyme contre les règlements rigoureux imposés à la phrase, contre ces restrictions de la métaphore auxquelles on avait prêté force de loi. […] La préface des Etudes historiques fait foi de cette communication plus expansive ; mais surtout le monument dernier qu’il prépare contiendra, de Mme de Staël, un portrait et un jugement, le plus grandiose, le plus enviable assurément, le plus définitif pour une telle mémoire. […] L’Allemagne ayant été de plus en plus connue, et ayant d’ailleurs marché depuis cette époque, le livre de Mme de Staël peut sembler aujourd’hui moins complet dans sa partie historique ; l’opinion s’est montrée dans ces derniers temps plus sensible à ces défectuosités.
— Si c’est une pièce historique que l’on représente, il signale les anachronismes. […] Il a remarqué qu’il y avait trop de citations latines dans l’ouvrage, de façon que cela le faisait plutôt ressembler à un roman en latin, dans lequel il y aurait trop de citations françaises. — Il a aussi observé une ou deux erreurs historiques, et relevé deux vices grammaticaux : en faisant ces corrections, il a même fait jaillir une tache d’encre sur la manchette de sa chemise— et ce disant, il retourne son parement, dégage sa manche et fait voir la tache. — Tout le monde se lève dans le salon pour regarder la tache ; les personnes qui sont trop éloignées montent sur les chaises. […] Le père du petit garçon dont j’ai déjà parlé, jaloux de faire briller les talents géographiques de son fils, l’arme d’une longue vue, et l’invite à désigner, au fur et à mesure que nous passerons devant, toutes les villes, ports, bourgs, villages et hameaux, ainsi qu’à faire connaître le chiffre exact de leur population, leur production spéciale et les faits historiques se rattachant à chacun d’eux. […] *** J’ai vu tant de fois les monuments de Londres servir de décors au mélodrame, et j’éprouve si peu la nostalgie de l’Ambigu, de la Gaîté et de la Porte-Saint-Martin, que j’avais d’abord conçu le projet de ne point visiter les curiosités historiques de la ville. […] — La souveraineté dramatique qu’elle a exercée pendant près de vingt années, ses courses victorieuses à l’étranger, où elle allait populariser les œuvres de notre théâtre national, ont laissé d’elle, partout où elle a passé, un durable souvenir, qui fera de sa mort un événement européen, une date presque historique.
En conséquence, cet ouvrage comprendra trois parties distinctes : 1º Naturalisme et dérivés (école matérialiste) ; 2º Romantisme et dérivés (école spiritualiste) ; 3º Divers ou littérature historique, philosophique et documentaire (histoire, mémoires, philosophie, voyages, lettres, etc., etc.) […] Réunis sans parti pris d’écoles, ayant un triple intérêt, historique, philosophique et documentaire, ce sera une mine inépuisable de précieux renseignements, un choix des meilleures et des plus utiles productions contemporaines. […] Chercheurs infatigables, ils semblent en effet s’être donné la tâche d’entasser des matériaux de toutes sortes, idées de romans, dénouements de pièces, observations sur la nature morte et vivante, documents historiques, artistiques, etc., pour aider tels ou tels de leurs contemporains, plus habiles constructeurs peut-être, à édifier des œuvres à succès. […] Citons cet épisode historique de la Terreur : L’UN OU L’AUTRE C’était en Thermidor, à la Conciergerie. […] Cette revue bibliographique ne serait pas celle du Figaro si elle n’avait pas su trouver dans des mémoires qui relatent tant de faits historiques quelque épisode un peu moins sévère que les graves événements que je viens de citer.
Quant aux personnages historiques du livre, ils portent des masques si transparents que tous les Parisiens reconnaîtront le roi de Westphalie aveugle, si touchant avec sa fille, la reine de Galice, le duc de Palerme, le roi et la reine de Palerme. […] La loi historique étant que la civilisation aille d’Orient en Occident, — rôle de la Chine, — les deux humanités seront enfin fondues. […] Son chef-d’œuvre restera comme un monument littéraire, il n’a pas de valeur historique. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I. […] E. de Broglie publie, chez Plon, un livre qui comblera une lacune historique pour beaucoup.
Barrière, elles ont pour nous une sorte de valeur historique. […] C’est à peine si les horreurs réelles de cette grande tragédie historique appelée Révolution française furent elles-mêmes capables de le modérer, et nul ne sait combien de temps il eût sévi, s’il n’eût été enfin emporté par l’orage providentiel du romantisme, vers l’an 1829. […] Les dates historiques suffisent à m’expliquer comment l’Angleterre a pu avoir de tels peintres de sa vie sociale. […] Sardou ; il a voulu se mesurer avec le drame historique, et son adresse est telle qu’on ne peut dire que la tentative lui ait été fatale. […] Diane ne relève-1-elle pas uniquement du genre de drame historique créé par le chef de l’école romantique, et, bien qu’il n’y ait d’autre analogie entre les deux pièces que le choix de l’époque, M.
C’est-à-dire que, le samedi, nous lirons et analyserons les textes, en les accompagnant d’un commentaire historique, littéraire et philologique, selon la méthode très simple et très bonne, qui était celle, par exemple, de M. […] Ce mariage est historique, et a plu en son temps ; mais, bien sûrement, il déplairait au nôtre ; et j’ai peine à voir que Chimène y consente chez l’auteur espagnol, bien qu’il donne plus de trois ans de durée à la comédie qu’il en a faite. […] Du reste ni Scudéry, ni l’Académie, tout en cherchant les défauts avec zèle, et même là où ils n’étaient point, ne s’aperçurent de l’entorse géographique, non plus que de l’entorse historique. […] Peu lui importe la vraisemblance, soit historique, soit dramatique, il faut qu’il satisfasse son amitié et son admiration.
L’ouvrage s’ouvre sur cette déclaration de Hugo : « L’histoire dit bien quelque chose de tout cela : mais ici j’aime mieux croire au roman qu’à l’histoire, parce que je préfère la vérité morale à la vérité historique. » Ce qu’un chartiste ne saurait nous donner, voilà ce qu’il faut aller chercher chez Fort. […] Enfin, le rythme et la beauté de l’expression proviennent encore de la valeur historique des mots employés. […] Le Rythme poétique envisage le problème prosodique du point de vue historique. […] La seconde partie du Rythme poétique étudie l’évolution historique du rythme depuis le moyen âge jusqu’au romantisme. Cet historique de la question est un chef-d’œuvre de précision.
Ce culte de la mort fut la plaie historique de l’Égypte, plaie plus terrible que celles dont la frappa Moïse. […] Il appartient à l’aliénisme historique, une science à créer et dont relèveraient la plupart des mauvais Césars. […] Ce mot est un jugement ; il définit ce règne théâtral qui n’eut, à vrai dire, rien de réel, rien d’historique, et ne fut qu’un drame romanesque joué par un homme pour sa propre gloire. […] En de certaines occasions, ils doivent « reculer contre la muraille. » Tel des articles de ce manuel de servitude a une portée historique ; celui-ci entre autres : « Lorsque Sa Majesté sortira pour aller à la messe ou ailleurs, en public, elle veut et entend estre accompagnée de tous les princes, cardinaux, seigneurs et gentilsommes, jusqu’à ce qu’Elle se mette à table, s’ils n’ont excuse légitime. » Texte fatal qui va domestiquer la Noblesse française, et paralyser toutes ses forces vives, en la clouant, pour deux siècles, sur des banquettes d’antichambre. […] Tout en lui devient historique : son tempérament, ses habitudes, ses infirmités, son entourage, ses maîtresses, le genre de vie sérieux ou frivole, dissipé ou solitaire, que lui impose le cérémonial.
À mesure qu’on s’éloigne, le moment arrive où, par suite de l’encombrement historique croissant, la postérité est heureuse de rencontrer de ces représentants abrégés qui lui donnent jour sur toute une époque et qui lui font miroir pour tout ce qui a disparu.
Tout ce mélange, ce composé naturel et sincère où domine et surnage partout la curiosité historique, nous est d’un grand charme en le lisant.
Dozy il était réservé de dégager avec précision le Cid historique.
Je n’ai guère parlé jusqu’à présent que des lettres de Mathieu Marais ; son Journal a plus d’importance et vient s’ajouter aux témoignages historiques déjà si nombreux sur la Régence et sur les premières années de la majorité de Louis XV.
Cette fois, c’est le tour de Tocqueville de le féliciter, et, en motivant ses raisons, il trace du même coup un portrait vivant, et déjà historique, du personnage : « (Octobre 1842.)… Nous sommes malheureusement et nous devenons tous les jours si différents de vous, que votre place, au milieu de cette Assemblée, était de plus en plus difficile à remplir.
A Bâle, il professe depuis prés de vingt ans11, et le fruit de son enseignement littéraire se retrouve en substance dans les trois portions de sa Chrestomathie, dont les deux premiers discours préliminaires sont d’importantes dissertations, et dont le troisième est un précis historique de toute la littérature française, morceau capital de l’auteur et chef-d’œuvre du genre.
Ravenel (Annuaire historique, pour l’année 1840, publié par la Société de l’histoire de France) ; jusqu’alors on l’avait crue née plus tôt, vers 1634.
Du génie critique et de Bayle La critique s’appliquant à tout, il y en a de diverses sortes selon les objets qu’elle embrasse et qu’elle poursuit ; il y a la critique historique, littéraire, grammaticale et philologique, etc.
En effet elle est souvent attendrissante, et parfois pathétique : c’est vraiment ce que nous appelons le drame, avec toute la variété de tons et de dénouements que ce mot comporte, avec la variété de sujets, qui tantôt sont historiques, tantôt légendaires, tantôt de pure imagination, et tantôt d’origine religieuse.
Prenons bien garde que la critique historique est la dernière née, et que la critique philosophique pendant deux ou trois siècles a fait son œuvre sans elle et même parfois contre elle.
Je ne nomme pas les Oeconomies royales de Sully, qui ne sont pas une œuvre littéraire, et qui sont contestées même comme document historique.
Mais les Dialogues des morts ont surtout un intérêt historique et politique : Fénelon juge les rois de France, et parfois rudement.
Il faudrait maintenant reprendre cette analyse historique où Gourmont l’a laissée, car il s’est tout de même passé certaines choses depuis cette époque symboliste qui paraît déjà vieille.
L’Essai n’en est pas moins le premier modèle de la critique historique, et si l’exécution n’en vaut pas toujours la méthode, la méthode est la bonne, et l’esprit humain n’en changera pas.
Il resterait à en étudier la marche avec une méthode historique plus rigoureuse.
Le danger est alors qu’elle introduise cette préoccupation de moraliser les gens dans des genres qui ne s’y prêtent pas ; qu’elle dénature les faits pour les accommoder au but qu’elle poursuit ; qu’elle fausse la vérité historique pour soutenir une thèse ; qu’elle fausse, au théâtre ou dans le roman, la vérité psychologique, en vue d’aboutir à tel dénouement, dans l’intention de rendre sympathique ou antipathique telle opinion ou tel personnage.
Nous sommes très-éloignés de vouloir lui supposer de pareilles vûes ; mais nous ne pouvons dissimuler que ce n'est pas en cherchant à prouver l'accord de la Philosophie avec la Religion, par soixante & treize Discours historiques & critiques, sur la Révélation, le Polytéisme, la Loi Mosaïque, les divers systêmes des anciens Philosophes, & sur d'autres sujets semblables, traités avant lui, que M. l'Abbé Yvon pourra se flatter d'arrêter les progrès de la Philosophie moderne, & de ramener aux principes religieux les esprits qui s'en sont écartés.
Elle manque d’importance, de gravité, de sérieux historique, de foi en elle-même.
Jusque-là, je m’en tiens volontiers aux aperçus historiques de Duclos sur les causes et les malheurs de cette guerre de 1756.
Si M. de Chateaubriand n’avait pas écrit cette partie politique de ses Mémoires, et s’il eût laissé le souvenir public suppléer à ses récits, on lui eût trouvé sans doute des écarts bien brusques et des inconséquences ; mais la grandeur du talent, la chevalerie de certains actes, la beauté historique de certaines vues, auraient de loin recouvert bien des fautes ; je ne sais quel air de générosité aurait surnagé, et jamais on n’eût osé pénétrer à ce degré dans la petitesse des motifs et des intentions.
Ce même amour de la vérité, de la réalité historique et humaine ; lui fait retrancher toutes ces exagérations auxquelles on se laisse emporter si aisément en racontant les grandes actions où l’on a été témoin ou acteur.
Depuis la publication des Mémoires de Saint-Simon, vers lesquels l’air et le ton des ancêtres de Mirabeau reportent naturellement la pensée, il ne s’est rien publié d’aussi marquant dans ce genre de mémoires historiques.
Et, à ce propos, j’annoncerai que M. de Chénier a terminé un Précis historique sur la vie et les ouvrages de son oncle André, composé d’après les papiers de famille, et dans lequel il a réuni des particularités aussi exactes qu’intéressantes.
Fleury mérite de ne pas être passé sous silence, et que des biographies de ce genre, une fois faites, coupent court à bien des impostures historiques et à de fausses peintures.
L’Europe moderne a reproduit en plusieurs points le développement historique de l’antiquité.
Il s’en trouve même sur le terrain de la légende historique.
Voilà le résumé des constatations sociales ou historiques de La Fontaine.
Jullian commentant des renseignements fournis par le Comité des travaux historiques et scientifiques (Ministère de l’Instruction, publique) sur l’accroissement du nombre des Sociétés savantes, apporte à notre thèse cette confirmation : « C’est en effet, dans ce siècle et dans notre pays, le phénomène social le plus net et le plus général que les progrès ininterrompus des associations libres.
Nous avons observé dans la table chronologique que cette époque est pour l’histoire grecque celle de la plus grande lumière, comme pour l’histoire romaine l’époque de la seconde guerre punique ; c’est alors que Tite-Live déclare qu’il écrit l’histoire avec plus de certitude ; et pourtant il n’hésite point d’avouer qu’il ignore les trois circonstances historiques les plus importantes.
Voilà pour la question historique ; j’ai tâché de montrer les faits en éclectique ; il me serait honorable de juger le poète de ce point de vue ; je le tenterai. […] L’idée, dans son ensemble, et le style, dans quelques parties, m’en ont paru si remarquables, que j’en vais tenter l’analyse, ou plutôt l’historique, en m’aidant des vers du poète. […] Le poète des Consolations n’a pas un nom historique ; et, quant à ses voyages, ce sont des promenades solitaires aux boulevards neufs et à l’île Saint-Louis. […] Il fallait réhabiliter le roman, et me vanter l’esprit, la grâce, la moralité du conte rose et jaune, la vérité, l’honnêteté du drame, tant historique que bourgeois ; et c’est ce qu’on n’a pas fait. […] Au moyen de légères altérations historiques dont l’amour-propre ne se fait pas faute, M.
Zola est celle de Sébastopol, de Magenta et de Reichshoffen ; c’est une armée historique dont il ne reste plus que le souvenir, souvenir cher à la patrie, mais déjà lointain. […] Il débuta avec autorité par un roman qui présente l’étude d’une maladie mentale dans un milieu historique, l’Aventure d’une âme en peine. […] Les romans de Balzac servent d’autant mieux à l’histoire qu’ils ne contiennent, pour ainsi dire, ni faits ni personnages historiques. […] Convenons que la nouvelle école historique ne leur est pas très favorable. […] Il faisait des résumés historiques et il en faisait faire.
Mais toujours en vain, — le manuscrit insaisissable fuit en sautillant devant l’opiniâtre poursuite du bibliophile parisien comme le Chastre, de Méry, devant le contrebassiste dont Alexandre Dumas a mis si joyeusement et si spirituellement les aventures en scène au Théâtre historique, — il se sauve et même ne paraît pas du tout. […] Quoi qu’on fasse, on ne peut concevoir cette horreur qu’au point de vue historique, comme certains préjugés dont les motifs ou les prétextes ont disparu. […] Bressant a derrière les portraits historiques de Charles-Quint retrouvé un don Carlos jeune, brave et galant avec une légère barbe dorée admirablement réussie. […] Dès 1830, il avait quitté le bois sacré du paysage historique et ne voulait plus avoir d’autre modèle que la nature. […] Là il peignait des arbres, des rochers, des ciels, comme si Bertin, Bidault, Watelet, Michallon n’eussent jamais existé ; des arbres qui n’étaient pas historiques, des rochers où ne s’abritait pas la nymphe Écho, des ciels que ne traversait pas Vénus sur son char.
J’espère que vous frémissez déjà en songeant qu’il pourrait bien s’agir d’un roman historique. […] Le roman historique met en scène des personnages historiques, leur fait tenir des propos pareillement historiques et nous initie à leur intimité. […] De plus, le roman historique, en exposant des actions considérables, les explique, et il les explique à sa manière, qui est d’assigner aux plus grands événements les plus petites causes. […] Cela fait du roman historique ; — qu’on a essayé en ces derniers temps de ressusciter, — non seulement l’un des, genres les plus faux qui soient, mais encore l’un de ceux qui ont été inventés pour donner un aliment à la curiosité la plus vaine.
C’est une femme qui a vécu, — il y a deux mille quatre cents ans, — et ce redoutable et si lointain passé d’un être, dont nos regards commencent à tâtonner la forme, et dont on va violer l’infini sommeil, semble mettre, en la salle, en la curiosité historique qui est là, je ne sais quoi de religieux dans l’avidité de voir. […] Le reste, une œuvre de tapissier, sans un morceau du passé, sans un meuble, une statue, un tableau, qui sauve une maison du tout neuf, et y met l’intérêt et l’amusant de l’historique.
Apportant son pinceau d’artiste en aide à la plume du poète, il dessinait, avec un égal amour, la chlamyde de Léonidas, la cuirasse du duc de Guise, ou le pourpoint d’Hernani ; contemporain de tous les âges qu’il avait étudiés, citoyen du monde entier qu’il avait parcouru, pas un détail de mœurs, de costume, d’armure ne lui était inconnu ; pas un site historique ou pittoresque ne lui était étranger. […] Puis vinrent les Scènes historiques.
Il se passe à la Cour du roi Henri II, laquelle, par certains traits — et quoique la plupart des détails historiques en soient à peu près exacts — rappelle étrangement celle du roi Louis XIV. […] … « Un des caractères particuliers de nos romans ce sera d’être les plus historiques de ce temps. » (Journal, 1861) … « Le public aime les romans faux : ce roman est un roman vrai… l’étude qui suit est la clinique de l’amour. » (Préface de Germinie Lacerteux, 1865.) […] … C’était l’époque où le matérialisme positiviste avait non seulement suscité la méthode historique de Taine, mais aussi la psycho-physiologie de Ribot. […] Ce sera Le Trust, qui souhaite révéler la puissance de l’Argent, et ses limites ; les romans militaires et historiques, La Force, L’Enfant d’Austerlitz, La Bataille d’Uhde, Au Soleil de juillet, puis La Ville inconnue, glorifiant les chefs, les conquérants de terres nouvelles, les fondateurs du colonialisme… Ces chefs sont illustres un instant, ils meurent, et la race survit. […] Ni La Fête arabe, ni Les Seigneurs de l’Atlas, ni leur excellent Ravaillac, ni Quand Israël était roi, qui n’est pas leur meilleur ouvrage, ne sont des romans : notes éclatantes de tourisme, ou bien lumineuses reconstitutions historiques ; alors du Vitet — on a trop oublié le Vitet des Barricades, des États de Blois, de La Mort de Henri III, dont on aurait pu dès longtemps célébrer le centenaire — toutefois du Vitet avec infiniment plus de talent.
Sous ce titre : Mémoires historiques du P. […] Voilà pour la partie historique de l’ouvrage du P. […] Il eut l’adresse de faire présenter ses Mémoires historiques à un des plus grands papes qui aient gouverné l’église Romaine. […] Ces propositions regardoient l’essence de l’ame, les notions du bien & du mal moral, l’origine de la société & de la loi naturelle, la religion surnaturelle, les marques de la véritable révélation, la certitude des faits historiques, la chronologie, l’économie mosaïque, la nature des miracles, le parallèle des guérisons d’Esculape & des guérisons de Jésus-Christ, séparées des prophéties, & enfin la déférence due aux pères de l’église. […] Il se recrie là dessus, & soutient que sa thèse est de lui, qu’elle n’appartient ni à ce prêtre métaphysicien, avec lequel il logeoit, ni aux encyclopédistes, quoiqu’il travaillât conjointement avec eux & qu’il ait même inséré, dans leur dictionnaire, une dissertation sur la certitude des faits historiques.
Nous devons à cet affranchissement de toute règle un rêve historique qui est la seule pièce shakespearienne de notre théâtre, et une demi-douzaine d’adorables songeries sur l’amour dans lesquelles « la mélancolie, disait Théophile Gautier, cause avec la gaieté ». […] Un singulier mélange d’intuitions historiques et de souvenirs personnels fit le reste. […] La conversation de l’oncle Van Buck avec son vaurien de neveu, au début d’Il ne faut jurer de rien, est historique. […] Le fait est historique ; elle mangeait un gâteau polonais, couleur de fromage de Marolles, et elle pleurait en demandant l’heure de temps en temps, parce qu’un grand monsieur de sept ou huit pieds de long sur très peu de large s’était apparemment chamaillé avec elle ; ce monsieur s’appelait mon bien-aimé, du moins ne l’ai-je pas entendu appeler d’un autre nom… » Le bien-aimé était allé bouder dans la rotonde, laissant Musset en tête-à-tête dans le coupé avec sa Dulcinée : « Jugez, mon cher ami, de ma situation.
Un avantage demeure, et il est grand : le caractère historique remplace à distance l’intérêt littéraire pâlissant. […] Voir sur Fontanes à Morfontaine et au Plessis-Chamant, dans la société des frères et des sœurs de Bonaparte, les Souvenirs historiques de M. […] M. de Fontanes, qui s’en tenait aux anciens, s’irritait surtout qu’on en vînt à causer comme de la prose le beau vers racinien un peu chanté. — Souvent, dans ces conversations du soir, l’Empereur indiquait à Fontanes et développait à plaisir d’étonnants canevas de tragédies historiques ; le poëte en sortait tout rempli.
J’extrais ces lignes d’une brochure, intitulée : Physionomies historiques et littéraires, qui vient de paraître à Montpellier. […] Aussi toutes les fois qu’un homme sort de son époque pour aller déterrer de vieux cadavres du passé et les habiller de friperies historiques, je suis toujours tenté de croire qu’il a une malheureuse faiblesse de regard, ou qu’il entre dans l’art avec une certaine charlatanerie, en s’inquiétant peu de la durée de son œuvre et de la probité littéraire. […] Tous les cinquante ans, les costumes sont bouleversés en France ; comme les physionomies, ils deviennent historiques et aussi curieux à étudier, aussi singuliers à regarder, que les vêtements d’une peuplade de sauvages.
Dans la boue de ses rives, on a planté une pépinière de mots historiques, un potager de métaphores décisives. […] Maîtres de soi qu’ils disent, maîtres de soi, comme de l’univers, se plairont-ils à déclarer en langage cornélien, maîtres à peine, en vérité, d’un de ces détails, dont Engels constatait que, pour les connaître, nous sommes obligés de les détacher de leur enchaînement naturel ou historique, de les analyser individuellement, les uns après les autres, dans leurs qualités, dans leurs causes et effets particuliers y. […] Les appels du libéralisme au sentiment du pittoresque, les pétitions en faveur des monuments historiques, les lois pour la conservation desdits monuments — pour la conservation tout court, sans plus, faudrait-il dire — on sait ce qui se cache sous ces précautions oratoires, et, comment, dans la tanière préservée, reviendront rôder ces êtres en dehors du temps et de l’espace créés par les clergés et nourris par l’imagination des foules ignorantes et opprimées, dont, Engels déclare qu’ils ne sont que les produits d’une fantaisie maladive, les subterfuges de l’idéalisme philosophique, les mauvais produits d’un mauvais régime social af.
Sous prétexte de continuer ce curieux, mais interminable Dictionnaire historique, elle abandonne et néglige de tenir au courant son Dictionnaire de l’usage ; elle se laisse devancer et déborder par tous les lexicographes libres et les Furetières du dehors, Furetières plus probes et plus savants que ceux d’autrefois et envers qui elle affecte de se donner presque les mêmes torts.
Mais les expressions, qui d’elles-mêmes vont s’idéalisant à son sujet, doivent se tempérer plutôt : car, en abordant cette femme illustre, c’est d’un personnage grave, simple et historique, que nous parlons.
M. de Feletz, bon juge et vif interprète des traditions pures, a écrit : « La Bruyère qui possède si bien sa langue, qui la maîtrise, qui l’orne, qui l’enrichit, l’altère aussi quelquefois et en viole les règles. » (Jugements historiques et littéraires sur quelques Écrivains… 1840, page 250.)
On en a vu oublier entièrement une langue étrangère, les faits historiques, ou les dates, etc., et se souvenir de tout le reste. » 61.
Il prit des sujets légendaires, historiques : sous le merveilleux ou le grandiose des fables et des noms, il aperçoit, montre le fait commun, ni héroïque, ni royal, humain : une femme délaissée qui fait assassiner son amant par un rival, voilà Andromaque ; une femme trompée se vengeant sur sa rivale et son amant, voilà Bajazet : un homme qui, pour un intérêt ou un devoir, laisse une femme aimée, voilà Bérénice ; un vieillard rival de ses fils, voilà Mithridate ; une belle-mère amoureuse de son beau-fils, et le haïssant, le persécutant pour ne pouvoir s’en faire aimer, voilà Phèdre.
Directeur de la Revue historique de la Révolution française L’accueil fait à votre pétition par le Ministre de l’Instruction publique n’a, à vrai dire, rien de surprenant, et le Parlement, s’il s’en occupe, adoptera la même attitude.
Ainsi tient dans le creux de la main l’historique de cet Art au théâtre dont notre ami Eugène Fasquelle lance aujourd’hui la première édition, qui sera suivie de tant d’autres : livre extraordinairement nouveau, tout à fait beau, je le répète, débordant de bonne foi, ce qui est bien, et de foi, ce qui est encore mieux, et où alternent avec un égal bonheur les envolées et les culbutes, les coups d’aile et les coups de bâton.
Certains critiques, en voulant trouver le sens historique de l’ouvrage de Rabelais et expliquer toutes ses énigmes, ont ajouté à ses obscurités celles de leurs propres contradictions.
Il mérite d’être lu, non-seulement pour sa date, mais pour la justice de l’éloge toujours conforme à la vérité historique ; pour l’onction chrétienne de certains passages, et parce que la langue en est forte et saine.
Mais les caractères en ont de la vérité, soit comme personnages historiques, soit comme hommes de tous les temps ; et l’on se prête volontiers à une fiction qui fait dire aux orateurs ce qu’ils ont le plus d’intérêt à taire.
De même que Bossuet trouvait dans sa croyance passionnée à la tradition de l’Église, la sagacité historique qui en aperçoit l’enchaînement sous la mobilité et sous les contradictions des grands corps qui la perpétuent, le sens du moraliste qui découvre au fond des cœurs les causes de la longue obéissance des peuples, l’intelligence qui comprend les grands orthodoxes, et je ne sais quelle amitié, à travers les siècles, qui fait de lui leur frère d’armes dans leurs luttes théologiques ; de même la prévention de Saint-Simon pour une monarchie absolue appuyée sur la noblesse, lui inspira une pénétration impitoyable pour découvrir les vices de la monarchie absolue remplaçant par des roturiers la noblesse disgraciée.
La scène d’exposition qui ouvre Lohengrin rappelle, par son ampleur, les drames historiques de Shakespeare.
Quand les arguments font défaut, l’éloquence les remplace, l’émotion tient lieu de démonstration. » Une doctrine, une seule, l’éclectisme est sorti de ce mouvement et a tenu quelque temps la position d’une école. « Il est mort, mais il a produit quelques bons résultats, par le mouvement qu’il imprima aux recherches historiques, et en confirmant par sa propre faiblesse cette conclusion : que toute solution à priori du problème transcendental est impossible235.
L’école qui a honoré le début de notre siècle avait eu les plus hautes ambitions littéraires, et l’épopée historique n’avait pas effrayé son ardeur.
» Dans une publication d’alors, à laquelle il prit part (les Tableaux historiques de la Révolution), remarquant que peu d’hommes, parmi ceux qui avaient commencé, avaient été en état de suivre jusqu’au bout le mouvement, il ajoute : « C’est un plaisir qui n’est pas indigne d’un philosophe, d’observer à quelle période de la Révolution chacun d’eux l’a délaissée ou a pris parti contre elle. » Et il note le moment où s’arrêta La Fayette, celui où s’arrêta Barnave : « Que dire, s’écrie-t-il, en voyant La Fayette, après la nuit du 6 octobre, se vouer à Marie-Antoinette, et cette même Marie-Antoinette, arrêtée à Varennes avec son époux, ramenée dans la capitale, et faisant aux Tuileries la partie de whist du jeune Barnave ?
Un cabinet dont les murs disparaissent sous les armoires, les vitrines, les tableaux, les sculptures, les babioles, les reliques du bric-à-brac historique.
En outre, cette supériorité ne peut être prouvée que par des arguments historiques et philosophiques, du même ordre que ceux que l’on a déclarés impuissants quand ils sont employés par les philosophes.
Il fait parler les animaux, les arbres, les pierres… » Nous avons le témoignage presque aussi dur de Louis Racine, dont il faut bien cependant tenir compte, puisque Louis Racine a vu lui-même La Fontaine, oui, mais très peu, car il était enfant quand La Fontaine est mort, mais enfin voici ce qu’il nous dit touchant La Fontaine, et certainement il y a quelque vérité, quelque précision historique dans son propos, parce qu’il a tenu la chose de son père : « Autant il était aimable par la douceur de caractère, autant il l’était peu par les agréments de la société.
Le Sun, la Chronicle, le Witness d’Édimbourg, avaient montré rattachement historique des anglais aux préjugés d’un protestantisme décrépit.
V. ce qu’en dit Seignobos, Introduction aux Études Historiques, p. 208, en note.
Essais historiques sur Paris, par M. de Saint-Foix, tome II, page 94.
Auteur de plus de quatre-vingts ouvrages, imitateur ingénieux de toutes les formes de l’antiquité, érudit, mythologue, dramatiste, satirique, lyrique, il ne nous est connu que par de courts fragments et par des hymnes d’autant plus précieux, qu’à part même le talent poétique, ils offrent un intérêt historique, en donnant, par la pompe et par la froideur du langage, une idée de l’état où était tombé le culte païen.
il n’est pas plus beau souvenir historique dans l’Europe du seizième siècle.
Puis revenant à ces quatre années, passées en Afrique — où il n’y a pas cependant l’intérêt historique des voyages d’Asie — il dit que le voyage n’a un charme que dans les pays, où le voyageur rencontre la lumière, la chaleur, la gaîté des soleils levants, et que dans le froid, quelque intérêt qu’ait le voyage, il est toujours triste. […] Le déjeuner fini, nous partons avec de Nolhac, l’aimable et savant conservateur du musée de Versailles, visiter les pièces intimes du château historique.
. — Un compendium fort bien fait, bien pensé et très bien édité sur une forme d’art qui sera bientôt historique. […] Il y avait Henri Mannbm et Thomas Mann, qui, vers 1905, étaient les deux rnaîtres du roman, chacun venant d’un sens opposé : celui-ci, le constructeur de grands édifices tels les « Buddenbrocks », œuvre historique de la vieille race prussienne.
Mais peut-être aussi est-ce la plus artificielle, et malgré l’effort très ingénieux des combinaisons historiques, des vraisemblances recherchées, des caractères étudiés, malgré la beauté de quelques scènes ressuscitées par la magie du poète avec le mouvement, l’éclat, le bruit de la réalité et de la vie, l’ensemble du roman trahit les procédés factices et l’inspiration laborieuse. […] Au sortir de cette agitation turbulente de personnages et de caractères trop et trop peu historiques, comme on se repose avec bonheur dans les délicieux et touchants récits du Docteur Noir ! […] Nous devons au moins marquer d’un trait rapide les différents tableaux historiques qui sont déroulés successivement sous nos yeux. […] Un sentiment profond des beautés et des grandeurs de l’art, une intelligence vive et précise des différentes formes historiques de la civilisation, des instincts et des conditions du génie des peuples, des évolutions diverses de la conscience de l’humanité, une science étendue et variée, sinon toujours incontestable, surtout dans les questions si obscures des commencements et des origines, une élévation naturelle d’esprit qui s’égale à la hauteur du sujet, qui en prend naturellement et en garde sans effort le niveau, voilà, sans contredit, de belles et rares qualités par lesquelles l’auteur semblait marqué pour réussir dans cette grande entreprise. […] Tout ce qu’il laissa à son fils, ce fut une généalogie armoriée à laquelle, dit plaisamment Béranger, il ne manque que des pièces justificatives, l’exactitude historique et les vraisemblances morales.
Il faisait le même accueil à celle d’un siecle(a) supérieur lui-même à tant d’autres ; à celle d’un Héros qui se modela sur Alexandre, & qui voulut surpasser son modele ; au hardi pendant du tableau que traça l’éloquent Bossuet ; à tant d’autres morceaux historiques, moins parce qu’ils étaient de la même main, que parce qu’ils sont de la même force. […] Notes historiques et littéraires. […] On soutient que la fable de celui-ci est trop simple, ou plutôt que sa marche est purement historique.
… La réponse est historique, et c’est l’un des grands attraits de ce livre que pas un des faits qui y sont relatés n’est de pure invention, M. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I. […] Que de monuments expliqués, détaillés, depuis Notre-Dame, la Salpêtrière, Saint-Sulpice, etc., jusqu’à des curiosités comme la tourelle de la rue Hautefeuille, tous les recoins de ce Palais de Justice dont l’histoire procède par des incendies, la Cité, le Marché aux fleurs, les animaux fantastiques qui peuplent les hauteurs de Notre-Dame, de cette merveille historique si justement appelée le Palladium des Parisiens. […] Je m’arrête, ne pouvant suivre en un article l’auteur partout où il nous mène ; Je n’ai pas à insister sur l’intérêt littéraire et historique de ce gigantesque travail qui résume bien des jours de recherches. […] Les autres volumes dont le baron Haussmann m’a fait l’honneur de me confier les manuscrits ne sont pas moins intéressants, et j’espère, dans l’intérêt de la vérité historique, qu’il ne cédera pas à la tentation qu’il m’a manifestée, d’en faire disparaître certains faits qui touchent à de hautes personnalités.
………………………………………………………………………………………… « La Bastille, en 1789, était presque une prison pour rire ; la prise de la Bastille ne fut, en réalité, que la poussée d’une foule en goguette contre des portes mal fermées et mal défendues par quelques gardiens invalides : cette échauffourée est devenue le symbole et l’annonce de l’affranchissement des peuples, et la légende, formée sur-le-champ, a pris une importance historique si rapidement et si immensément grandissante qu’aujourd’hui l’historien qui, sous prétexte de rétablir la vérité des faits, présente la prise de la Bastille comme un événement insignifiant, fausse l’histoire elle-même et fait preuve de myopie. » M. […] SUZANNE. — Un nom ancien… (Mouvement de Raoul) et même historique ne me déplairait pas… RAOUL, effaré. — Historique ? […] II. — Littérature historique et documentaire I. […] Le général ne néglige aucun fait important et nous initie même aux scènes les plus intimes de sa vie : combats, amours, amourettes, notes historiques, artistiques,-il y a de tout dans ces Mémoires écrits de verve, avec une étonnante netteté de souvenirs. […] « Notre reconnaissance terminée, et cette fois sans qu’aucune erreur fut possible, nous revînmes au galop près du duc d’Aumale, et voici les paroles qui furent échangées dans cette scène demeurée historique : « — Monseigneur, dit Yusuf, c’est effrayant, mais il n’y a plus moyen de reculer.
Quant aux commentaires critiques, philologiques, historiques, qui accompagnent les aventures de Bernal Diaz et de la nonne, je préviens les personnes scrupuleuses et trop facilement inquiètes que M. de Heredia n’est pas seulement un ordonnateur d’alexandrins fastueux. […] Seignobos, qui enseigne aux étudiants de la Sorbonne la « pédagogie historique » ? […] Pour nos yeux, non désaccoutumés des spectacles historiques, un ministre, un secrétaire d’État est encore autre chose qu’un simple gérant de cercle, ou qu’un courtier marron.
Je veux parler du portrait que Sarrasin a placé à la tête d’un ouvrage historique qu’il n’a point achevé et qui a pour titre : La conjuration de Valstein. […] Nous pourrions dire, au contraire, qu’elles sont ici fort mal appliquées ; car il paraît que Valstein ne conçut des projets d’usurpation ou de révolte que lorsqu’il eut reconnu que l’empereur Ferdinand II, dont il commandait les armées, se défiait de lui et l’avait pris en haine. » Après avoir montré la fausseté historique des traits qui composent cette figure, Daunou conclut en disant : « Il serait superflu d’entrer dans de plus longs détails ; j’ai voulu seulement montrer que le portrait tracé par Sarrasin est de pure fantaisie ; mais, à vrai dire, ce n’est pas même un jeu d’imagination, ce n’est qu’un tissu de centons.
Aux savants la beauté historique ou critique ; à nous, poëtes, la beauté évidente et sensible, etc. » Mais ces deux poëtes, fidèles également à la beauté naturelle, d’une âme aussi largement ouverte à la réfléchir, se distinguent dans la manière dont ils s’élèvent et par laquelle ils arrivent à l’embrasser, à la dominer.
On peut chercher une de ces chansons diffamantes et tout à fait fescennines dans un petit écrit intitulé Documents historiques sur la vie et les mœurs de Louise Labé, Lyon, 1844 ; mais de telles malignités, ainsi exprimées, ne prouvent rien.
Mme de Staël goûtait Mme de Krüdner auteur de Valérie, mais elle était d’un esprit politique et historique trop prononcé pour entrer dans son exaltation prophétique, et elle en souriait plutôt.
Notice historique sur la Révolution dans le département de l’Eure, par Boivin-Champeaux, 37.
Nul ne s’aviserait d’apprendre la philosophie historique à ses enfants, d’après la généalogie de la maison de David sur une montagne de l’Idumée.
Malgré « les tumultes du xiiie siècle » et tant d’autres tumultes historiques, malgré la persécution ouverte ou sournoise de tous les régimes, malgré l’abandon, le mépris et l’ignorance des lettrés, des bourgeois et des aristocrates, elle a, depuis l’époque des troubadours, vigoureusement évolué et s’affirme aujourd’hui selon l’expression même de M.
accroître le nombre des demi-sinécures administratives, musées, bibliothèques, monuments historiques, serait un remède un peu hypocrite, assez injuste, mais efficace.
Études historiques sur l’Orient : comprenant les Arabes — Mahomet et ses sectateurs — les Croisades — la Chute de l’empire d’Orient — les Turcs — leur puissance — leur décadence jusqu’à nos jours.
En effet, la partie des littératures anciennes qui a ce caractère, et qui est ou particulière à certaines époques, ou exclusivement locale, nous est dérobée par tant d’obscurités historiques ou de philologie, que, loin d’y être attirés par l’imagination, c’est ordinairement la pâture de l’érudition la plus froide et la plus patiente.
Taine est classique, les professeurs la lisent et la commentent, les élèves, non seulement en France, mais en Angleterre, en Italie, en Allemagne, l’étudient ; les mondains même la feuillettent, les jeunes gens l’admirent ; il y a toute une école historique qui suit sa méthode ; Nietzsche ne cache point l’influence que Taine a eue sur lui, et c’est l’un de ses rares contemporains auxquels il fasse grâce ; enfin deux romanciers bien différents, mais dont l’action opposée fut presque aussi forte sur les lecteurs cosmopolites, M.
Tout ce qui a un caractère historique a bénéficié du grand courant scientifique qui s’est si puissamment épandu travers notre siècle.
Notes historiques et esthétiques — le motif de réminiscence Meminisse juvat Un soir du printemps passé, notre directeur, de passage à Berlin, me demanda pour sa chère Revue Wagnérienne une réduction de la minutieuse et longue étude que je viens de publier dans la Revue de Bayrteuh55 sur le « Motif de réminiscence » avant Wagner.
Si des considérations historiques nous passons aux faits eux-mêmes, nous pouvons considérer sous deux aspects l’évidence qu’ils nous fournissent : déductivement et inductivement.
On cause de la malle des papiers du prince Napoléon, qui a été saisie… * * * — C’est peut-être dommage, que nous n’ayons pas pu finir notre œuvre historique, comme nous pensions le faire, par une histoire psychologique de Napoléon, par une espèce de monographie de son cerveau.
Quelques années encore et l’universalité, la nécessité des rapports qu’elle exprime, leur interdépendance, apparaissaient comme les caractères de la vérité scientifique et la différenciaient de la vérité historique.
On pardonne un monologue qui est un combat du cœur ; mais non pas une récapitulation historique.
L’opinion historique et politique du rhéteur passe à travers sa rhétorique.
Corollaires relatifs aux caractères poétiques employés comme signes du langage par les premières nations Le langage poétique fut encore employé longtemps dans l’âge historique, à peu près comme les fleuves larges et rapides qui s’étendent bien loin dans la mer, et préservent, par leur impétuosité, la douceur naturelle de leurs eaux.
Il a deux sens, l’un historique, l’autre symbolique. […] J’ajoute que cette impartialité est plus nécessaire encore à qui veut se placer au point de vue historique ; et pour celui qui étudie notre époque si confuse et si complexe, le grand agitateur qu’on enterrait tumultueusement voici quinze jours est un phénomène d’histoire, un échantillon très précieux de l’espèce révolutionnaire. […] Ils sont singulièrement difficiles à bien tracer, ces portraits historiques, dans le raccourci desquels une créature humaine doit tenir.
Spronck, si la seconde est bien incomplète, bien confuse, et bien peu conforme à l’exactitude historique, la première est bien superficielle ? […] Est-ce un tableau de mœurs, un drame historique ? […] Et il faut enfin, puisque cette langue est toujours vivante, cette littérature toujours féconde, il faut que, dans un temps comme le nôtre, où la méthode historique a tout renouvelé, jusqu’à l’enseignement même des sciences, l’enseignement de la littérature ne soit pas donné au rebours de l’histoire et de la chronologie. […] Sans compter qu’au lieu de l’apprendre plus tard, très tard, d’une façon presque savante, ces versions deviendront une occasion naturelle d’étudier la grammaire historique de la langue, au vif, pour ainsi dire, et comme en action, sans y mêler presque aucune considération de « linguistique » ou de « philologie ». […] Il y a moyen d’expliquer à des enfants de dix ou douze ans les lois de la formation historique de leur langue : il ne faut que les dégager de ces grands mots savants dont on les enveloppe, et au lieu de les confier aux mémoires, les faire découvrir par les intelligences.
Les preuves historiques qu’elle présente, les témoignages, tous les signes extérieurs de vérité, ne sont que des ouvrages avancés qu’elle perd ou qu’elle conserve sans grand dommage. […] Il y avait trop de remarques grammaticales ; il y a trop peu de remarques historiques. […] Jefferson, étude historique sur la Démocratie américaine, par Cornélis de Witt. […] Il a un autre intérêt, tout historique, et c’est celui-là que je m’efforcerai d’indiquer. […] Au fond un artiste ne copie que ce qu’il voit, et ne peut copier autre chose ; le lointain et la perspective historique ne lui servent que pour ajouter la poésie à la vérité.
Eugène Maron les eût faites comme nous, il aurait donné à son point de vue toute sa largeur historique, et raconté, dans son ensemble un et divers, une littérature qui a ses prodromes dans Rousseau et son couronnement dans les œuvres du génie moderne. […] Au surplus, là n’est pas l’importance capitale de son livre ; elle est dans la Chronique de Jacques Bonhomme, sorte d’épopée agreste, où, sous cette appellation historique du peuple des campagnes, l’auteur chante les misères et les joies de l’homme des champs. […] Victor Séjour, ni Casimir Delavigne n’animeraient d’un pareil souffle de vie un spectre historique.
Paul de Saint-Victor, du moins je le suppose, les confrères du jeune écrivain n’en ont pas moins été à peu près unanimes à condamner la falsification historique dramatisée pour la scène française. […] Pelletan, qui veut qu’on mette de l’imagination dans l’élaboration du travail historique, et qui, l’autre jour, félicitait M. […] Pradeau, qui partage avec son camarade Berthellier le succès de fou rire de la scène des Deux Aveugles, représente, dans ce prologue, la figure historique de Bilboquet.
De même qu’il n’est pas de grand personnage historique qui n’ait eu dans sa vie quelque erreur ou quelque tache, il n’est pas de grand artiste qui n’ait eu son côté faible ou désordonné, et dont on ne puisse dire : il fut homme ; ce qui n’empêche pas d’ajouter : il fut grand. […] — Attendez, dit Julie, c’est donc un poème historique ? […] Sans cela, Faust est une énigme, il est empreint de ce défaut capital que l’auteur ne pouvait pas éviter, celui de ne pas agir conformément à la nature historique du personnage et au plan du poème. […] La foudre qui tombe à la fin de l’acte sur la maison du docteur est, dit-on, un fait historique. […] Il a fait, pour cette période historique, ce qu’un autre grand travailleur moins complet, Alexis Monteil, avait essayé de faire pour la France du passé.
Voué de bonne heure aux études historiques, c’est encore, c’est surtout l’histoire que j’ai cherchée dans l’étude des lettres. […] Le premier chez nous, il a appliqué dans un ouvrage systématique et faisant édifice, la méthode exclusivement historique qui a inspiré au-delà du Rhin, à MM. […] Je l’ai remplacé par deux autres morceaux, l’un sur le rôle social et historique de la comédie en France, l’autre sur Piron et Gresset, deux de nos poètes de l’âge classique, qui rentrent mieux dans le cadre du présent volume. […] Tout vieillit, tout s’épuise, même le roman historique et le roman bourgeois, nouveaux venus parmi nous, qui n’ont voulu connaître aucune règle, et qui tombent, frappés de langueur, pour avoir usé de la jeunesse avec trop de fougue et de liberté. […] Mais quand on la prend pour conclusion nécessaire d’une série d’arguments, on est tenu de voir en elle un fait historique appréciable, aussi bien que tout autre, par les règles ordinaires de l’histoire, et d’en donner, sans déclamation, une idée bonne ou mauvaise, mais exacte et rigoureuse.
. — Rappel à la vérité historique. […] À Dieu ne plaise que je veuille ici tenter une dissertation dans les formes, et remplacer par une déclamation historique le simple récit de cette vie honorable, honorée ! […] Daunou, qui l’avait vu à l’œuvre, appela le jeune Alexis dans la section historique des archives du royaume, et le père et le fils, en ce moment, virent les cieux entr’ouverts. […] David, ne s’est dévoué corps et âme à la représentation des têtes historiques. […] Il n’avait vu que le roi de France dans cette réunion politique autant que guerrière de l’Europe chrétienne ; et, quand le roi de France fut mort, non pas seulement comme un saint, mais encore comme un héros, le sire de Joinville avait abandonné à lui-même ce grand mouvement historique dont il ne pouvait prévoir ni la durée ni les conséquences.
C’est la pensée dirigeante de l’homme d’État que nous livre ici Commynes beaucoup plus que la suprême loi historique, comme aussi bien c’est toujours, l’homme d’État, dans les Mémoires de Commynes, qui écrit l’histoire. […] C’est ainsi qu’il nous raconte un épisode historique qui a des airs de roman, l’histoire du duc de Gueldres et de son fils. […] Il lit avec le duc d’Alençon, son mari, la campagne de 1521, dont il envoyait à Marguerite des relations en vers plus pittoresques qu’historiques.
Je doute que son explication satisfasse ceux qui ont le moindre sentiment de la liaison nécessaire des faits historiques. […] Sardou : c’est « un mélodrame romantique encadré dans une féerie historique ». […] Tout le monde s’accordait à reconnaître que la critique ainsi pratiquée était singulièrement féconde et suggestive ; qu’elle forçait à réfléchir et renouvelait la connaissance des ouvrages étudiés en enseignant à pénétrer sous leur surface ; que non seulement elle fournissait des documents d’une haute valeur aux futurs historiens de la fin du xixe siècle, mais encore qu’elle apportait des vérités précieuses à la science qui cherche les lois des phénomènes historiques. […] L’une consiste à chercher la raison d’être des choses, à suivre dans leur genèse et leur développement les institutions d’un peuple ; elle demande au passé l’explication du présent ; elle est historique et positiviste ; elle a été pratiquée par Montesquieu au xviiie siècle, par M.
Mme Sand, comme elle l’avoue, sentait là un beau sujet, des types puissants, une époque et des pays semés d’accidents historiques, dont le côté intime était précieux à explorer, et à travers lesquels son imagination se promenait avec une émotion croissante, à mesure qu’elle avançait au hasard, toujours frappée et tentée par des horizons nouveaux. […] IV Elle donnait successivement : des romans du genre historique, comme les Beaux Messieurs de Bois-Doré, dont était sortie presque aussitôt la pièce du même nom, cette étrange hallucination, ce rêve rétrospectif sur les amours et la religion antédiluviennes, qu’elle a intitulé Évenor et Leucippe ; quelques romans agréables, comme la Filleule, Adriani, Mont-Revêche, qui nous semblent particulièrement significatifs par la peinture très vive et très soignée des caractères, par la gracieuse variété des situations, par le mouvement de l’intrigue et surtout par le désintéressement très marqué de toute théorie sociale, le parti pris de revenir à sa conception primitive du roman, pur de toute préoccupation étrangère5. […] Est-il besoin de rappeler même les traits fondamentaux de la doctrine, le mélange d’un mysticisme historique élaboré par Pierre Leroux, et d’un radicalisme révolutionnaire naïvement imité de Michel (de Bourges) ? […] C’est une erreur historique dont il faut nous dégager.
Une princesse romaine au XVIIe siècle Les lecteurs se rappellent un livre de haut intérêt historique, le Roman du Grand Roi, publié récemment par Lucien Perey ; il résumait l’histoire des amours du jeune Louis XIV et de Marie Mancini, la nièce de Mazarin. […] Ils ne demandaient pas des tombes glorieuses, des anniversaires célèbres, des Jubileen historiques. […] Pourquoi l’inconnu sans passé, sans présent, sans avenir, désespérerait-il d’arriver, en racontant sa misérable et inoffensive jeunesse, au seul résultat qu’il ambitionne : conquérir le suffrage amical de ceux, en petit nombre, pour qui toute vie, s’agit-il de la plus infime, est un sujet fécond en gaîtés ou en tristesses, en réflexions railleuses ou en retours mélancoliques sur soi-même, un thème banal et sans relief, mais qui vous prend l’âme par la douceur, par la pitié, par le ressouvenir des mêmes joies ou des mêmes angoisses, et fait que tel petit événement du cœur vous intéresse mille fois plus que telle grande aventure historique qui aura bouleversé le monde ? […] Littérature historique et documentaire I.
Le moyen-âge lui échappa nécessairement, hormis quelques figures plutôt historiques que littéraires, et de même lui échappèrent, pour les raisons que l’on a donnas, ses contemporains de la dernière heure. […] Il y avait donc une Vénus ; le catholicisme populaire la conserva et, ironie charmante, c’est dans l’évangile même qu’il alla lui chercher un nom et une illusion d’existence historique. […] Comme ensemble, c’est un recueil d’opinions personnelles ou historiques sur des questions dont aucune peut-être n’est soluble. […] Il y a une règle de jugement qui permet d’éviter provisoirement les erreurs générales historiques : Si vous ignorez les mœurs d’une époque, supposez — les semblables aux mœurs du temps où vous vivez. […] Sur cette question : Remy de Gourmont, Esthétique de la langue française, et Nyrop, Grammaire historique.
Ajoutez qu’à mesure qu’on s’éloigne de ces temps anciens et de ce régime aboli, il devient d’un intérêt historique sérieux d’en bien connaître les mœurs, les usages, les particularités, les excès ; de voir toute une province et des plus rudes, saisie au vif et prise sur le fait dans ses éléments les plus saillants et les plus heurtés, dans sa noblesse, son clergé, son tiers état et ses paysans, d’assister à l’enquête et à la justice, souvent bien expéditive, qu’on y fait au nom de l’autorité royale, treize ans seulement après les rébellions de la Fronde.
Shakspeare et Scott ne sont pas ainsi dans les scènes historiques qu’ils nous offrent, et rien n’avertit chez eux que le magicien est là.
Lebrun a eu assez exactement en poésie un rôle qui ferait pendant à celui de M. de Barante dans le genre critique et historique, quelque chose d’assez analogue dans le degré d’innovation et de réussite.
. — Dans son Cours d’Etudes historiques (tome VI, page 98), au moment où il vient de nommer Horace et Virgile, Daunou ajoute : « Après de tels noms, je ne puis proférer ceux d’un Méléagre, d’un, etc., etc. » Je suis fâché de ce dédain pour Daunou : excellent critique dans le genre moyen, il ne sentait ni la délicatesse exquise chez Méléagre, ni la grandeur chez Napoléon.
Même procédé de nos jours dans les Sophismes économiques de Bastiat, dans les Éloges historiques de Flourens, dans le Progrès d’Edmond About.
Nous voyons donc, non par conjecture et théorie, mais par des faits et des preuves historiques, que le concept de rapidité existait, avait été complètement élaboré au préalable, et que par lui la connaissance conceptuelle du cheval, distincte de la connaissance intuitive du cheval, s’effectua.
D’ailleurs les fautes que l’on commet contre l’opinion, le cœur humain les pardonne et quelquefois les admire ; mais les fautes que l’on commet contre la nature, Dieu les réprouve, et les hommes ne les pardonnent jamais. » XXV Ce qu’il y a de remarquable dans ce jugement sur le duc d’Orléans, c’est que son fils, alors roi, Louis-Philippe, ne protesta pas contre mon arrêt historique.
Black, et nos propres recherches en Italie pendant de longues années de loisir, nous ont révélé sur la vie aventureuse et mystérieuse du Tasse tout ce qui avait été jusqu’ici énigme, conjecture ou préjugé historique.
À chaque pas on croit trouver un produit nouveau, et, dans le trouble de son esprit, il arrive souvent que l’on ne reconnaît pas ceux qui sont le plus communément dans nos jardins botaniques et nos collections historiques. » Le brouillard de l’atmosphère lui voilait le fameux pic de Teyde à Ténériffe, que de loin déjà Humboldt s’était réjoui de contempler, et, comme ce rocher n’est pas couvert de neiges éternelles, il est visible à une distance prodigieuse, lors même que son sommet en pain de sucre reflète la couleur blanche de la pierre ponce qui le recouvre, d’autant plus qu’il est en même temps entouré de blocs de lave noire et d’une vigoureuse végétation.
Il serait curieux de donner des preuves de sa délirante insipidité, si la place dans cet ouvrage ne devait être mesurée à l’action historique ou à l’intérêt intrinsèque des œuvres140.
Et c’est bien, ici et là, un moment historique qui nous est peint dans sa totalité : ici, la société russe durant les grandes guerres napoléoniennes, de 1805 à 1815 ; là, la société française de 1845 à 1851.
Mais il veut que ce soit un tableau historique ; il le fait à l’occasion de l’hôtel Rambouillet et comme tableau de ses usages.
Madame Sophie Gay était contemporaine de ces quatre ou cinq femmes de beauté mémorable et de célébrité historique qui apparurent à Paris après le 9 thermidor, comme des fleurs éblouissantes prodiguées toutes à la fois, la même année, par la nature pour recouvrir le sol ensanglanté par l’échafaud.
Désormais divorcée d’avec l’enseignement historique, philosophique et scientifique, la poésie se trouve ramenée à sa fonction naturelle et directe, qui est de réaliser pour nous la vie complémentaire du rêve, du souvenir, de l’espérance, du désir ; de donner un corps à ce qu’il y a d’insaisissable dans nos pensées et de secret dans le mouvement de nos âmes ; de nous consoler ou de nous châtier par l’expression de l’idéal ou par le spectacle de nos vices.
Victor Hugo, peignant la cour de Versailles, et la peignant sous un jour odieux, bien entendu vous connaissez ses habitudes littéraires et historiques surtout Victor Hugo songe à La Fontaine et dit : La Fontaine offrait ses fables, Et soudain, autour de lui, Les courtisans presque affables, Les ducs au sinistre ennui, Les Louvois nés pour proscrire, Les vils Chamillard rampants, Gais, tournaient leur noir sourire Vers ce charmeur de serpents.
Qu’était l’oripeau historique quand il s’agissait de faire voir, comme Balzac la voyait sous la loupe grossissante de son observation drolatique, cette nature humaine à deux masques, comique et tragique tout ensemble, mais plus comique que tragique encore, comme toujours ?
L’immortalité nominale lui est acquise, et le nom de Dreyfus retentira dans les siècles plus haut que celui de Calas, si l’importance historique d’un si grave procès dépasse celle de toutes les autres erreurs et de tous les crimes judiciaires. […] Voici un choix de faits historiques servant à montrer, en des temps divers, la prépondérance d’un esprit public, antérieur et supérieur à toutes les velléités du libre arbitre individuel. […] Leur grande célébrité signifie seulement qu’un ensemble heureux de circonstances a fait d’eux des types, d’illustres exemples, des instruments classiques de l’instruction historique et littéraire de l’« honnête homme. » Une fois entrés dans le train ordinaire des études, aucune opération au monde n’est plus facile que de trouver à ces favoris de la critique et du sort toutes sortes de beautés ; c’est le simple effet de la suggestion dans ce qu’elle a de plus élémentaire. […] Ainsi, la littérature historique oublie les réels et vivants héros qui sont l’honneur de l’humanité, pour donner l’immortalité à des fictions. […] Or, les œuvres littéraires, qui sont des documents historiques et des documents de premier ordre, cesseraient d’appartenir à l’histoire, si, au lieu d’exprimer l’état de l’imagination, de la pensée, de l’âme d’une époque, elles n’exprimaient que l’esprit individuel d’un écrivain.
On baptise d’un nom emprunté à la période historique que l’on préfère non seulement ce qu’on trouve de meilleur dans toute la vie écoulée de l’humanité, mais ce qu’on sent de meilleur en soi et dans les hommes de son temps. […] Il a l’air content de vivre, et il nous expose avec gaîté la formation de ce Corpus historique qui comprend le Pentateuque et le livre de Josué et qui serait mieux nommé l’Hexateuque. […] Ne croyez pas ce qu’il nous dit quelque part des sciences historiques, de « ces pauvres petites sciences conjecturales ». […] Il aime les sciences historiques et les dédaigne. […] Brunetière est un doctrinaire Ces études historiques et ces dissertations, il ne s’y livre point par simple curiosité, pour le seul plaisir de la recherche.
Et, entre ces deux belles dissertations historiques, il a placé une minutieuse étude sur l’œuvre de La Chaussée, un inventeur de très médiocre esprit, qu’il nous présente comme le précurseur authentique, très original et très peu admirable pourtant, du théâtre contemporain. […] Il a une valeur de document historique. […] Nous avons, d’une part, l’entreprise malheureuse d’un roi proscrit qui veut reconquérir le trône et d’un peuple qui veut reconquérir son souverain légitime, c’est-à-dire un drame historique et patriotique ; et, d’un autre côté, le drame des amours de Charles-Édouard. […] Bibliographie : La Jeunesse de François Ier , drame historique en vers, en cinq actes, dont un prologue et un épilogue (tome IIe du Théâtre de M. […] Delaunay a laissé tomber ce mot désormais historique : « Je vous fais un cadeau ; je crois me revoir tel que j’étais en 1844. » Pour moi, je ne louerai pas seulement M.
Enfin si de bizarres et monstrueuses productions avaient paru dans le genre du roman3, la conscience ni la pudeur publiques n’avaient point eu à s’élever contre une dépravation systématique ; et le roman historique florissait encore, abâtardi, dégénéré, il est vrai, mais généralement inoffensif. […] L’auteur lui-même la porte sur un autre terrain, non point historique, mais philosophique. […] La richesse, c’est le pillage autrefois exercé par le fort contre le faible, dit Mme Sand : cet axiome historique vaut bien l’axiome philosophique de M. […] Deux ans plus tard aussi, la même voix qui les avait prononcées faisait appel, pour réaliser le bonheur de tous, et hâter la réparation légitime, à l’insurrection, à la guerre civile ; et, en tête d’un livre plein de funèbres et monstrueuses peintures, de calomnies et d’imprécations, la même plume écrivait cette significative épigraphe, dont son œuvre était le digne commentaire : « Il n’est pas une réforme religieuse, politique ou sociale, que nos pères n’aient été forcés de conquérir de siècle en siècle au prix de leur sang, par l’insurrection 246. » Dernier terme où aboutit la logique de l’erreur : partie de la négation des principes, elle va tout droit à l’apothéose de la force brutale, substitue la violence à la raison, la vengeance à la justice, et met sous la protection d’un mensonge historique l’appel aux armes et le déchaînement des passions populaires.
J’ajouterai, pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de ce beau roman historique, que son action évolue pendant les guerres de la fin du premier empire et qu’il pourrait presque être considéré comme une suite de documents politiques contenus dans une action des plus intéressantes. […] je trouve l’antithèse obligée de l’enfant de la rue Tiquetonne, cette belle pièce des Châtiments dont j’ignore au fond la valeur historique ; j’ajouterai même que, me défiant de l’imagination du poète, je suis porté à douter de la fidélité absolue de ce récit, comme de celui des belles dames qui « fouillaient les plaies des communards prisonniers avec leurs ombrelles ». […] En lisant ces pages intéressantes, à la façon des romans historiques d’Alexandre Dumas, on arrive guère démêler l’invention de la vérité, et je suis convaincu que sous ces fantaisies les savants doivent retrouver bien des faits, des constatations qui intéressent sérieusement la science, ou des suppositions qui, étudiées, pourraient lui venir en aide. […] Littérature historique, philosophique et documentaire I.
Il fait bien remarquer dans son Discours historique et critique à l’occasion de la tragédie des Guèbres que « l’Empereur, en cette tragédie, n’entend point et ne peut entendre, par le mot de Tolérance, la licence des opinions contraires aux mœurs, les assemblées de débauche, les confréries fanatiques. […] On ne saura jamais ce que Voltaire a pensé du seul gouvernement collectiviste qui ait existé dans les temps historiques. […] Cela tenait à un simple accident historique. […] Il ne se signala que par la passionnante affaire du Collier où il jugea, à mon avis, non seulement avec indépendance, mais avec un esprit de justice et de perspicacité admirable ; et dans les dernières années de l’ancien Régime il réclama avec insistance la convocation des Etats généraux qui devaient mettre fin à son rôle politique et à son existence historique. […] Voilà deux cent trente-neuf mille et vingt Juifs exterminés par l’ordre de Dieu même ou par leurs guerres civiles… » « En suivant le fil historique de la petite nation juive, on voit qu’elle ne pouvait avoir une autre fin.
Sous cette forme neutre, cette espèce de cote mal taillée qu’est une traduction, sous ces Empereur et Galiléen, « un drame historique en deux parties…, qui synthétise toutes les idées du dramaturge norvégien et prend les proportions d’un réquisitoire dressé contre les bases de la morale et de la société moderne. » C’est au nom d’une sorte de christianisme intransigeant et radical qu’Ibsen s’insurge contre les conventions et les hypocrisies. […] Edouard Rod, « Ibsen comprend la nécessité historique de l’avènement du christianisme sans l’admirer ni l’aimer, sans cesser d’aspirer à un troisième règne qu’il ne définit pas, mais qui serait la réconciliation entre la théorie de la jouissance, fond des croyances païennes, et celle de la renonciation, base des doctrines nouvelles. » Le volume est orné d’un portrait d’Ibsen.
Ils naissent sans que personne leur doive rien, sans pouvoir montrer leurs titres historiques ou préhistoriques à la vie. […] L’Individualisme a été un fait historique aux premiers siècles du Christianisme, il est devenu une idée précise vers 1600, une idée à caractère juridique au xviiie siècle, et une idée formidable, parce qu’elle s’accompagnait de passion, en 1789. […] Il assista au congrès, causa avec un empereur et vit tomber un homme historique. […] Et sans doute, il a avec moi ce que les Français appellent les réalités de l’amour ; les preuves sont faites de cet événement historique ; mais, outre que les réalités peuvent être multipliées, s’il a pour Alyette la passion pure qu’il feint pour elle, où est la réalité vraie dans tout cela, et qui est la préférée, de celle qui aime et qui le prouve, ou de celle qui est aimée et qui ne permet pas qu’on lui en donne la preuve ? […] les Slaves font surtout du drame historique, à la Shakespeare ; les Allemands font surtout du drame sociologique ; Ibsen fait du drame psychologique tout mêlé de philosophie, de morale novatrice, de problèmes physiologiques.
Constitution anatomique et création morphologique de l’être vivant, animal ou végétal ; historique. — Période ancienne : Galien, Morgagni, Fallope, Pinel, Bichat, Mayer. — Période moderne : de Mirbel, R. […] Historique. — La constitution des organismes a été étudiée dès le début des sciences de la vie. […] Historique de l’irritabilité. — Glisson, Barthez, Bordeu, Haller, Broussais, Virchow […] Il est nécessaire de connaître les antécédents historiques de cette question fondamentale qui, depuis plus d’un siècle, a donné lieu à des confusions continuelles et ouvert des débats qui ne sont pas encore terminés. […] Historique C’est Glisson (1634-1677), professeur à l’université de Cambridge, qui a le premier introduit dans les explications physiologiques l’irritabilité, propriété vitale qu’il attribuait à toutes « les fibres animales, musculaires ou autres », c’est-à-dire indistinctement à toute la matière organisée : c’était pour lui la cause de la vie.
Mais qu’auparavant on nous permette deux mots de recherches historiques sur cette passionnante question du vers libre et de la rime. […] (Et, fort brillamment, M. de La Tailhède fait l’historique des écoles poétiques, de Ronsard au parnassisme et au symbolisme, gardant toute son admiration pour la véritable école de bonne poésie, celle qui avait pour disciples La Fontaine, Boileau, Molière et Racine.) … Ainsi donc, en art comme d’ailleurs en philosophie et en tout le reste, il n’y a qu’École ; et quant à ceux qui se donnent le titre d’individualiste, ils ne prouvent rien, sinon peut-être la crainte qu’ils ont de ne pas être le premier de la leur.
Dans les quatre Dialogues des morts qu’il a écrits, il en est un entre Périclès et Mazarin, où il leur fait dire des choses très à remarquer sur celui-ci, très neuves alors, et qui prouveraient beaucoup de sagacité historique si l’esprit de famille n’avait en ceci aidé à l’impartialité.
Jusqu’à quel point, indépendamment de ses travaux personnels, Mme Guizot prenait-elle part à ceux de son mari, à tant d’honorables publications accessoires dont il accompagnait son œuvre historique fondamentale, et dans lesquelles, à partir de la traduction de Gibbon, elle put être en effet son premier auxiliaire ?
Plutarque, qu’il lisait dans Amvot, composait le fonds principal de sa connaissance historique.
Complétement incrédule à telle ou telle révélation historique par des miracles, Goethe admettait seulement cette révélation naturelle et progressive par la raison humaine, comme miroir de l’intelligence divine, successivement frappé de plus de clarté à mesure qu’il se dégage davantage des ignorances et des superstitions qui le ternissent.
L’un écrivit ses Mémoires d’outre-tombe, qui ne sont que l’écho trop âpre des passions de sa vie, un Saint-Simon personnel, chargeant la postérité de ses petites vengeances ; l’autre se contenta d’amuser les loisirs de sa vie retirée par des éruditions curieuses, par des souvenirs historiques, et par des traductions d’œuvres secondaires qui méritèrent bien de ses contemporains, mais qui ne donnèrent pas à son nom toute la célébrité que ses travaux méritent.
Ces suppositions n’ont aucune base réellement historique.
C’est dans ces beaux lieux, époque troublée mais culminante de sa vie, que nous entrevîmes une seule fois la figure de la femme historique, dont nous retraçons aujourd’hui l’image.
Sans prêter aux termes de la correspondance, vraie ou apocryphe, de Marie Stuart avec Bothwell plus d’autorité historique que cette correspondance contestée n’en mérite, il est évident qu’une correspondance à peu près de cette nature a existé entre la reine et son séducteur, et que si elle n’a pas écrit ce que contiennent ces lettres non autographes, par conséquent suspectes, elle a agi dans tous les préliminaires de cette tragédie de manière à ne laisser aucun doute sur sa participation au piége où elle s’était chargée de ramener l’infortuné et amoureux Darnley.
Et moi, méditant sous ma tente, et recueillant des vérités historiques ou des pensées sur toute la terre, la poésie de philosophie et de méditation, fille d’une époque où l’humanité s’étudie et se résume elle-même jusque dans les chants dont elle amuse ses loisirs.
Avant lui, la raison n’ose guère se séparer de l’autorité, ni le nouveau de l’ancien ; tout se prouve par des témoignages discutés et interprétés, par des livres, par des auteurs ; toute argumentation est historique.
D’ailleurs, parmi ces héros, quelques-uns ont vécu ; leur grandeur est une tradition historique.
La Révolution française a été une opération, un événement historique énorme parce qu’elle a fait semblant de désentraver le monde d’un semblant de servitude politique.
Il me semble difficile qu’on ne sente pas l’intérêt et l’importance des renseignements que peut fournir cette application à l’ordre d’études qui nous occupe de ce qu’on appelle « le matérialisme historique ».
Les documents historiques et le témoignage des peintures pompéiennes nous la montrent éminemment réaliste.
Notes historiques et esthétiques sur le motif de réminiscence (fin) Arrivons à la forme la plus simple et la plus intime de la musique vocale, le Lied.
M. de Voltaire, en parlant de la comédie & des comédiens, n’a point traité pleinement le fond de la question ; il s’est étendu sur l’historique.
Bonald, l’historique Bonald, sait où en poser le fondement, et Proudhon l’ignore.
C’est ce génie qui, de nature, nous appartient à nous autres, chrétiens, gens du passe, intelligences historiques, et qui en nous trahissant s’est encore plus trahi que nous ; c’est cette imagination heureusement indomptable, quoiqu’on lui ait mis des caparaçons bien étranges et des caveçons presque honteux, qui n’a pas voulu rester ce que Dieu l’avait faite pour sa gloire et la sienne, et qui s’est transformée en contemptrice aveugle de ce passé qui lui donne son talent encore, lorsqu’elle le peint en le ravalant !
Ils en ont planté bien d’autres, plus embarrassantes, car elles sont historiques : des noms estropiés, des dates fausses, Villars à la place de Villeroy ; le comte de Toulouse et la duchesse de Berry mariés avant leur mariage ; et, ce qui est pis, des contre-sens de mœurs.
Tout est réuni au hasard, d’une façon hétérogène, sans viser une unité quelconque ; un style historique bien déterminé passe pour suranné, lourdement provincial ; et quant à un style propre, l’époque ne l’a pas encore produit. […] Le développement historique conduisit en Angleterre à deux résultats qui s’excluent en apparence l’un l’autre : à la domination de caste et à la liberté personnelle. […] Dans sa liberté d’esprit de « cinquecentiste » émancipé, il ne peignait plus seulement des sujets religieux, mais aussi des sujets mythologiques et historiques, — les mystiques disent : des sujets profanes. […] La foule, notamment celle des villes, est en France absolument incrédule, et la vieille noblesse historique qui, au xviiie siècle, se targuait d’irréligion, est sortie très pieuse du cataclysme de 1789, car elle comprit ou soupçonna le rapport intime entre les idées et symboles antiques de la foi, la royauté et la noblesse féodale. […] Mais je n’ai pas à juger ici si le mimétisme religieux de la bourgeoisie française, qui doit la rendre semblable à la noblesse historique, exercera ou non l’action protectrice attendue ; j’établis simplement le fait de ce mimétisme.
En conséquence, la défection des grands Parnassiens et la stérile faiblesse de leurs élèves prennent toute leur importance historique. […] C’est qu’entre la Légende des siècles et les Trophées, la critique historique a fait sa besogne. […] Des voix fraîches se mêlent à de farouches, à de dures, à de désespérées, des ritournelles joyeuses à de sinistres clameurs ; mais la gaieté pourtant domine, une légère, vive et alerte gaieté, celle même de l’Ile-de-France… Toutes les époques sont ici représentées, non, certes, en vue d’une restitution historique, ni non plus pour caractériser l’évolution d’un esprit national. […] Ils visent au concept, mais ils ne le laissent pas sous sa forme abstraite, — l’Idée en soi échappant à leur prise ; — et, d’autre part, ils n’envisagent les phémonènes concrets, tableaux de la Nature, actions humaines, événements historiques ou légendaires, que comme des images destinées seulement à représenter, sous une forme plus ou moins ésotérique, « les Idées primordiales ». […] Et Griffin se demande « si le vers est numérique ou rythmique et si aucune langue humaine, à aucune époque historique, a pu s’harmoniser pour ses poètes selon une prosodie arithmétique104. » Voilà l’essentiel.
Dans la plus antique expression poétique de la multiple âme française, bien avant la Chanson de Geste, peu après les serments de Louis le Germanique et de Charles le Chauve, où balbutie l’enfance historique de deux peuples, en un mot, dans la Cantilène en l’honneur de sainte Eulalie, apparaît, parmi des vers de dix syllabes, non loin d’un vers de huit syllabes, l’alexandrin, et, justement, pour exprimer la plus noble pensée de toute la Cantilène. […] Walter Scott, sentimental et aventureux, maître des jeunes âmes, offrait le facile roman historique, pittoresque et attendri ; et, depuis longtemps déjà, cet obscur, bizarre, colossal et redoutable Shakespeare conseillait toutes les audaces à des traducteurs effrayés et réticents ; et il y avait Byron, inventeur de la mélancolie moderne. […] Elles sont nombreuses, les pièces historiques où de telles peintures avaient été essayées ; et quant à la « pitié » qu’Alfred de Vigny se proposa d’inspirer « après tout », personne n’ignore qu’elle a été le but du théâtre tragique de tous les temps. […] Je me bornerai donc ici à relater quelques faits, à exprimer rapidement quelques idées, faits et idées sans lesquels s’interromprait la ligne historique de la poésie moderne. […] Après les significations purement historiques, les dictionnaires disent : « Figure ou image employée comme signe d’une chose ».
Son Essai historique sur les Révolutions, dans leurs rapports avec la Révolution Française (1797) contient, au milieu d’études historiques et poétiques, des considérations sur la mélancolie, la solitude, le suicide. […] D’habiles médecins lui avaient déclaré qu’il ne devait pas compter sur une longue carrière. « C’est donc, a-t-il dit plus tard, sous le coup d’un arrêt de mort, et pour ainsi dire, entre la sentence et l’exécution, que j’ai écrit l’Essai historique. […] Sainte-Beuve qui l’a si bien connue, cette société, a constaté l’exactitude historique de ce portrait et y a apposé sa date. « Cette femme, dit-il, est bien de son temps : il y a mélange et conflit en elle ; elle a le goût des beaux sentiments, des grands sentiments, un peu de mélancolie, de la métaphysique ; elle lit le roman du jour, Georges Sand et Balzac… elle n’est pas non plus sans une teinte marquée de religion, elle observe les dimanches et ne manque pas les sermons du carême.
Et peu à peu cela me fit réfléchir à tous ces romans ou contes historiques ou exotiques, que l’on nous donne à foison et sur lesquels s’appuie la connaissance populaire de l’histoire et des mœurs étrangères. […] S’il s’appuie sur les bases historiques, j’ose dire que ces bases me sont inconnues, mais il y a tant de manières de lire l’histoire !
Ses pièces (je ne parle pas de Rembrandt, drame purement historique, de grand style et de vaste déploiement) : d’abord, les pages coupées, on est surpris par un décor rentoilé et des noms repeints et un jour de réalisme conventionnel, une ordonnance de choses et d’êtres usés sous l’habit neuf et le vernis frais, — mais dès la troisième ligne lue, l’auteur affirme qu’en ce triste paysage scénique il fera entendre des paroles valables et qu’un souffle progressif jusqu’à la tempête renversera la plantation. […] Ce n’est pas, quoique l’apparence ait trompé les critiques, jeunes ou vieux, un roman historique, tel que Salammbô ou même Thaïs.
Ce n’est que de cet assemblage de connoissances & de goût que se forme un critique supérieur dans le genre historique : que seroit-ce si le même homme prétendoit embrasser en même tems la partie de l’Eloquence & celle de la Morale ? […] Nous ne traitons point ici de l’origine & des progrès de ce genre de poésie : la partie historique en a été développée par l’auteur de la Henriade, dans un essai qui n’est susceptible ni d’extrait, ni de critique. […] Extrait (Marmontel) L’extrait d’un ouvrage philosophique, historique, &c. […] On est donc injuste sans le vouloir, peut-être même par la crainte de l’être, lorsqu’on se borne au simple extrait & à l’analyse historique d’un ouvrage de théatre. […] Un sculpteur détermine d’abord l’expression qu’il veut rendre, puis il dessine sa figure, & choisit enfin le marbre propre à l’exécuter ; mais les évenemens historiques ou fabuleux, qui sont la matiere du poëme héroïque, ne se taillent point comme le marbre : chacun d’eux a sa forme essentielle qu’il n’est permis que d’embellir ; & c’est par le plus ou le moins de beautés qu’elle présente ou dont elle est susceptible ; que se décide le choix du poëte : Homere lui-même en est un exemple.
Sans même se demander à quelle sorte d’exhibition on les destinait, si l’on exigeait d’eux qu’ils se montrent nus, en robe de chambre, smoking ou costume historique, immédiatement, tous, sauf trois, ont, avec un frénétique enthousiasme, applaudi. […] — De grave et de gravé, ne chicanons pas, je vous prie… Enfin, elle a je ne sais quoi de déjà historique… Elle sied à la jeunesse par un genre de noblesse spéciale ; elle vous donne tout de suite un air de célébrité préexistante, pourrais-je dire… Aussi, tenez, lorsque j’étais quelque part, au théâtre, à l’Académie, où déjà je n’avais garde de manquer une séance publique, j’entendais les gens se demander : « Quel est donc ce jeune homme qui a une si belle tête de médaille ? […] … Théodore occupe le château de Saint-Germain… C’est un personnage, désormais historique… Il succède à François Ier, à Henri IV, à Louis XIV ! […] Le salariat est d’ailleurs un régime condamné, et c’est parce qu’il est condamné que le malaise s’accroît, grandit, que les grèves éclatent, partout, dont les revendications, sous les diverses formes qu’elles prennent, et les prétextes dont elles se réclament, n’ont qu’un but, encore obscur au cœur des foules qui les déchaînent, mais fatal, comme une nécessité historique : l’abolition du salariat, la réorganisation du travail, sur des bases entièrement neuves, plus justes, plus humaines, où le travailleur aurait enfin sa part des richesses qu’il crée et dont il n’a jamais rien.
Les Voyages du marquis de Nointel, Une ambassade française en Orient sous Louis XV, Louis XV et Élisabeth de Russie, Napoléon et Alexandre Ier , autant d’épisodes de ce fait historique si important et riche de durables conséquences : le contact politique de la France et de l’Orient. […] Premièrement, Albert Vandal croit à l’enchaînement des heures historiques, à l’évolution des phénomènes sociaux et aux nécessités de l’histoire. […] Et, en somme, le principe de la liberté historique, c’est la possibilité des fautes que commettent les politiques. […] III. — Albert Vandal. — Pour l’exposé des idées politiques et historiques d’Albert Vandal, j’ai utilisé, en dehors de ses livres, le discours qu’il a fait à l’Académie française, le 16 janvier 1908, pour la réception du marquis de Ségur, et deux conférences qu’il a données, sous les auspices de la Société des Conférences, l’une le 7 février 1908, sur « le 18 Brumaire » et l’autre le 14 mars 1910 sur « la Russie et le second Empire ».
Dans un fort agréable Précis historique de lui sur la vie de M. de Bonnard 173, on lit : « C’était le moment où presque tous les jeunes talents, et même ceux qui n’étaient plus jeunes, voulaient mériter la gloire par des bagatelles, par des caprices, par des fantaisies, et semblaient croire que, pour se faire un nom immortel, il n’y avait rien de tel que des poésies fugitives : les poëtes n’étaient plus que des petits-maîtres qui parlaient, en vers gais, des femmes qu’ils avaient désolées, des congés qu’ils avaient donnés, et quelquefois même, pour étonner par le merveilleux, de ceux qu’ils avaient reçus ; des maris qu’on trompait pour les rendre heureux, et qu’on priait en grâce d’être un peu plus jaloux que de coutume… » Au nombre des ouvrages qui contribuèrent à ramener la poésie à la nature, Garat met en première ligne les poëmes de Saint-Lambert, de Delille et de Roucher sur la campagne, et les élégies amoureuses des chevaliers de Bertin et de Parny.
Aujourd’hui que les grandes violences historiques, j’entends les destructions et les asservissements de peuples, sont devenus presque impraticables, chaque nation peut développer sa vie suivant sa conception de la vie ; les hasards d’une guerre ou d’une invention n’ont de prise que sur les détails ; seules, maintenant, les inclinations et les aptitudes nationales dessinent les grands traits de l’histoire nationale ; lorsque vingt-cinq millions d’hommes conçoivent d’une certaine façon le bien et l’utile, c’est cette sorte de bien et d’utile qu’ils recherchent et finissent par atteindre.
Les lettres confidentielles, si neuves, si intimes, si historiques, de M. de Chateaubriand à madame Récamier, sont l’envers de ces brochures et de ces discours dont il agitait la France et l’Europe.
Je ne veux voir que ce que Dieu ou l’homme ont fait de beau ; la beauté présente, réelle, palpable, parlante à l’œil et à l’âme, et non la beauté de lieu et d’époque, la beauté historique ou critique, celle-là aux savants.
Six ans après, il écrivit et représenta Hamlet, puis Othello, puis la belle tragédie historique de la mort de Jules César.
Il y lut plusieurs écrits sur l’Histoire naturelle, et entre autres morceaux historiques, une dissertation sur la politique des Romains dans la religion, prélude d’un de ses chefs-d’œuvre.
Il sera facile à tout le monde de distinguer les deux points de vue, et de réduire chaque pièce tantôt à être un tableau de mœurs disparues, tantôt à offrir simplement des types sans date ni existence historique.
Lemercier (1771-1840), auteur d’Agamemnon (1797), de Pinto, comédie historique (1800), de la Panhypocrisiade (1819), épopée svmbolico-comico-satirique, d’un Cours de Litt.
Mais, mieux encore que leurs études historiques, leur tempérament les y prédisposait.
Par exemple, vers 1658, pour faire l’historique de la question de la roulette.
Retranchez les digressions historiques, et qu’en restera-t-il le plus souvent ?
Sa famille habitait la province de l’Inde que nous appelons aujourd’hui le Décan, à l’occident des hautes montagnes et des vastes forêts qui versèrent leur ombre et leurs terreurs sacrées sur l’âme du jeune poète. » XII Un autre drame de l’Eschyle indien, Bavahbouti est une tragédie historique et mythologique sur le héros demi-dieu Rama.
Parler de cette époque, c’est donc remonter au-delà des temps contemporains et arriver dans une zone déjà historique.
Il y a réellement du choix dans ce recueil, & le Mémoire historique sur la chanson dont M. de Querlon l’a orné, suffiroit seul pour le faire rechercher.
Il s’adressa à M. de Vigny, et le tança vertement à propos de je ne sais quelle prétendue inexactitude historique, afin de se donner le petit plaisir de parler de quelques amis de sa famille qui avaient naturellement disparu dans la tourmente révolutionnaire.
De la narration Il y a deux sortes de narrations ; l’une simple et purement historique, où l’écrivain ne se propose que de rendre témoignage à la vérité, sans aucune vûe de la rendre agréable : l’autre ornée et poétique, où l’écrivain doit plaire en instruisant, et qui demande par conséquent un art dont la premiere peut se passer. […] Plaisir fondé sur la nouveauté ; plaisir fondé sur les monumens historiques et sur le respect de l’antiquité ; plaisir d’illusion et de prévention fondé sur l’autorité des suffrages.
Il y a eu de nos jours, et dans un intervalle de peu d’années, trois belles morts, trois morts généreuses, égales à tout ce qu’on peut admirer en ce genre dans le passé, et qui laissent ceux qui ont succombé dans une attitude historique suprême, plus grands qu’il ne leur avait été donné de paraître jusque-là dans leur vie ; la mort de M.
Toutes ces choses merveilleuses se trouvent racontées selon leur ordre et en leur temps, par une sorte de méthode historique.
On peut voir dans Valincour une théorie complète du roman historique très-bien exposée par un savant qu’il introduit, et cette théorie n’est autre que celle que Walter Scott a en partie réalisée.
Deux parts sont à faire dans l’histoire des savants : le côté sévère, proprement historique, qui comprend leurs découvertes positives et ce qu’ils ont ajouté d’essentiel au monument de la connaissance humaine, et puis leur esprit en lui-même et l’anecdote de leur vie.
Boivin-Champeaux, Notice historique sur la Révolution dans le département de l’Eure, 61, 63.
Un jour La Fontaine qui lisait tout, « ceux du Nord, et ceux du Midi », tomba sur un très-médiocre livre, les Parallèles historiques que Cassandre, le pauvre auteur affamé, le traducteur de la rhétorique d’Aristote, venait de compiler et d’arranger, Dieu sait comment, prenant à droite, à gauche, racontant le combat des Horaces, et diverses choses aussi nouvelles, et se louant dans sa préface d’un style aussi impertinent que plat.
III Et pourquoi tenez-vous tant, nous dira-t-on, à ce que madame Récamier laisse une trace personnelle au milieu de ces innombrables événements et de ces innombrables personnages qui ont rempli de Mémoires plus historiques la première moitié de ce dix-neuvième siècle, le siècle de la France ?
XIV Autant qu’on en peut juger par les lambeaux de cet ouvrage sur la République, il était à la fois historique, didactique, philosophique, c’est-à-dire que Cicéron appuyait ses théories sur la nature, sur l’expérience, sur l’histoire de Rome.
Les esprits délicats et fins sont seuls faits pour le vrai dans les sciences morales et historiques, comme les esprits exacts en mathématiques.
La seconde conserve le caractère « national, historique et idiomatique » du livret.
Où est la perfectibilité visible dans ces races qui ont pullulé en tribus, en nations, en dominations sur ce globe, depuis les temps historiques ?
La respiration des âmes, suspendue par les proscriptions de 1793, par la guerre et par le gouvernement militaire, avait été rendue à la France, on peut même dire à l’Europe : une nouvelle génération d’esprits élevés dans le silence et dans l’ombre était apparue sur toutes les scènes littéraires, à la fois monarchique avec M. de Chateaubriand, libérale avec Mme de Staël, théocratique avec M. de Bonald, féodale avec M. de Montlosier, sacerdotale avec M. de Maistre, classique avec Casimir Delavigne et Soumet, historique avec M.
Mais nous savons aussi qu’il en a été tout autrement en d’autres cas dont il a été tenu d’exactes notices historiques : aussi on peut donner pour exemple le constant accroissement de grosseur de la groseille à maquereau.
Henri III contient un tableau historique et un drame de passion. […] Je frémis en y pensant. ) Je ne sais ce qu’était, il y a soixante ans, ce tableau historique ; mais aujourd’hui, il est d’un « toc » ébouriffant. […] En deux mots, j’avais dit que Henri III et sa Cour ne m’avait pas fait tout le plaisir que je m’en étais promis ; que la pièce se compose d’un tableau historique et d’un drame de passion ; que le tableau d’histoire (qui remplit notamment tout le second et tout le quatrième acte) a soixante pages et que le drame en a quinze (j’avais pris soin de compter) ; que les deux sont parfaitement indépendants l’un de l’autre et qu’il se pourrait donc que Henri III ne fût pas une pièce très bien faite. […] Or, Faguet n’a point vu plus que moi de lien nécessaire entre les amours de Saint-Mégrin et les enluminures historiques du second et du quatrième acte. […] En sorte que la première et la plus illustre héroïne de la pénitence chrétienne est de toutes les figures historiques et légendaires celle dont le souvenir a fait s’épanouir sur la toile le plus de nudités et les plus complètes, et qu’ainsi elle a continué à faire ici-bas en quelque façon, la pauvre sainte !
Disciple de sir Walter Scott, — comme, du reste, Victor Hugo, Balzac, Alfred de Vigny et Vitet — il fit une Jacquerie dans le temps où Fougeray publiait les Soirées de Neuilly, Loève-Veimars une série de Scènes historiques, et Cordellier-Delanoue le Barbier de Louis XI. […] Il inspecta réellement les monuments historiques dont il avait la garde. […] Il a sollicité les suffrages de l’Académie française avec l’intention évidente de rendre hommage, par cette démarche de candidat respectueux, à une assemblée qui lui paraissait, malgré certaines défaillances, dépositaire d’une tradition historique et chargée d’un devoir social.
Elle pria donc Racine de lui composer un poëme moral ou historique, dont l’amour fût entièrement banni.
Il ne savait pas dire aux gouvernements : « Ne vous mêlez jamais d’affaires religieuses et laissez les religions se quereller par la parole et se disputer les populations par la parole ; et n’intervenez que comme chef de police quand elles déchaînent la guerre civile, et alors avec une parfaite impartialité ; et, en d’autres termes, soyez neutres tant qu’on parle ; et, quand on agit, n’intervenez que pour qu’on cesse d’agir : et réprimez la guerre civile, ne la faites pas. » Il ne savait pas dire cela aux gouvernements ; mais sachant, non sans raison historique, que les gouvernements intervenaient toujours, soit pour une religion, soit pour une autre, il se disait plutôt : « Ce qu’il faudrait, c’est qu’il n’y eût plus de religion du tout ; ce qu’il faudrait, c’est que la cause pour laquelle les gouvernements font des guerres à l’intérieur disparût. » A se déchirer les unes les autres, les religions ont fait souhaiter que toutes disparussent ; à soutenir les sectes religieuses les unes contre les autres, les gouvernements ont fait souhaiter que toutes les religions cessassent d’être. […] Edme Champion : « La pente qui éloigne de Voltaire aboutit à Sedan », on ne comprend pas très bien, parce que c’est une sorte de résumé de philosophie historique plutôt qu’un réquisitoire précis. […] Un double et contradictoire effet allait naître de cet événement historique ; il allait en résulter, à la fin, une concentration, un assainissement de la pensée humaine et l’exaltation même de cette pensée ; et ce contraste montre combien court et misérable doit rester, dans le prolongement des événements, un effort, si puissant soit-il, de la logique abstraite. […] Paul Seippel (Les Deux Frances et leurs origines historiques) s’obstinent à répéter cette vieille vérité que la bourgeoisie française s’est jetée entre les bras de l’Église pour y trouver une défense contre la Révolution, pour appuyer aussi et soutenir ceux qui peuvent museler la Révolution et l’endormir. […] Elle y voit surtout un intérêt local ; c’est évident ; elle veut avoir sa part efficace et réelle dans les délibérations de la grande assemblée allemande ; mais elle n’est plus aussi arrêtée qu’elle l’était par les scrupules de sa conscience traditionnelle et, pour ainsi parler, de sa conscience historique.
Le sujet de cette petite guerre polémique avait peu d’importance : il s’agissait seulement de savoir si Adrien méritait le nom de vainqueur des Parthes ; mais la tournure piquante du style donnait un air malin aux citations les plus graves : les deux champions avaient du savoir, et, ce qui vaut peut-être mieux encore, de l’esprit et de la gaîté, et surtout l’art de présenter aux gens du monde une étude historique sous une forme à la fois amusante et originale. […] En lisant ces vigoureuses tragédies historiques, on sent bien la vérité de ce précepte d’Horace, dont le sens a excité de grands débats parmi les grammairiens ; Difficile est propriè communia dicere ; sed tu Rectiùs iliacum carmen deducis in actus Quam si proferres ignota indictaque primus. […] Je sais qu’il faut avoir des connaissances historiques, de la réflexion et du sens pour se plaire aux pièces de Corneille ; les ignorants et les sots trouvent mieux leur compte dans ces coups de théâtre, dans ces situations outrées, dans ces cris forcenés qui les secouent violemment, et les arrachent à leur état ordinaire d’anéantissement et de stupeur. […] On remarque au contraire dans Racine un plus grand nombre de ces caractères francs, conformes à toutes les notions historiques : Néron est frappant de ressemblance ; Acomat est un vrai Turc ; Mithridate a tous les traits dont l’histoire a peint le fameux roi de Pont. […] Une pièce jouée depuis cent soixante ans est curieuse comme une antique ; c’est un monument historique des mœurs du temps ; le ton en est quelquefois libre et même grossier : la corruption n’était pas encore assez avancée pour que le théâtre pût être bien épuré ; on y parle des femmes Que le son d’un écu rend traitables à tous.
L’éclectisme est à nos yeux la vraie méthode historique, et il a pour nous toute l’importance de l’histoire de la philosophie ; mais il y a quelque chose que nous mettons encore au-dessus de l’histoire de la philosophie et par conséquent de l’éclectisme : c’est la philosophie elle-même. […] Ainsi, dans l’intérêt de l’illusion, on a mis au théâtre un grand soin dans ces derniers temps à la vérité historique du costume. […] Ses grotesques ont trop fait oublier ses compositions d’un haut rang, le siège de Bréda, celui de la Rochelle, surtout celui de l’île de Rhé, et tant d’autres pièces religieuses et historiques. […] Il faut bien le dire aussi : les portraits de ces deux habiles maîtres n’ont pas l’importance historique de ceux de leurs devanciers.
. — Examinons d’abord ce que les sciences naturelles et historiques nous apprennent sur le milieu où l’art peut vivre. […] D’un groupe du public littéraire à un autre groupe, il y a parfois autant de différence qu’entre un siècle et un autre siècle : chacun d’eux a son art, ses talents, ses réputations ; ces groupes ne peuvent guère plus se passer les uns des autres qu’un grand siècle historique ne peut se passer des périodes de fermentation sourde qui l’ont précédé et produit. […] On peut l’affirmer en toute certitude, un grand peuple est plus que jamais aujourd’hui incapable de se passer de la science, qui est une condition de vie dans la sélection nationale ; d’autre part la science ne peut se passer de la théorie pure, et enfin, partout où il y aura de la science pour la science, aucune considération morale ou historique ne peut faire prévoir que l’art pour l’art ne puisse apparaître. […] Ces théories ont leur origine, il faut le reconnaître, dans une observation historique ingénieuse : il s’agit de la façon différente dont on faisait autrefois et dont on fait aujourd’hui les mauvais vers.