Si bien que toute sa manière de dire s’en inspire et s’en ressent : il ne dispute jamais, il ne discute pas à proprement parler, il conçoit, il déduit, il expose.
Les rois eux-mêmes s’inspirèrent de notre génie en même temps que les peuples se donnaient à nous.
Ce jour religieux qui éclairait nos vieilles basiliques ne nous a point inspiré des hymnes solennels.
Les Tallemant des Réaux de notre âge parleront — comme elle en a parlé elle-même, — des passions posthumes qu’elle inspira à Villemain, — cette colonne vertébrale, infortunée, — et au cœur philosophique de Cousin, le testamentaire, qui lui légua, avec la grandeur d’un Harpagon amoureux, une somme qu’il ne pouvait pas emporter… Villemain et Cousin ne furent pas les seuls, d’ailleurs, que l’on vit, chez elle, dans des positions compromises… Elle pêcha toujours aux académiciens, même quand elle ne pouvait pas les faire pécher… Son salon était le parc aux huîtres de l’Académie.
On n’analyse pas le pêle-mêle, — et c’en est un de pensées, de jugements, d’anecdotes, de choses inertes, de silhouettes manquées, d’argiles empâtées, sur lesquelles le doigt inspiré n’est pas, une seule fois, descendu.
Déportez Rousseau chez les Fuégiens ou les Hottentots, et laissez-le déclamer : ses théories inspireront-elles à leurs hordes une « Déclaration des Droits de l’homme ?
Tout le rouge et le noir sortira de rapports dans ce genre, et Taine, grand lecteur de Stendhal et, lui, de formation très livresque, s’en inspirera évidemment (le Voyage en Italie nous rend les mémoires d’un touriste surchargés de pâte oratoire).
C’est ainsi que dans Andromaque, inspirée de tout Euripide plutôt qu’imitée d’une de ses pièces, Ennius prêtait à la veuve d’Hector ces pathétiques paroles, dont le chant lugubre semblait retentir encore dans l’âme de Cicéron, loin du Forum et du théâtre, et lui faisaient dire : « Ô le grand poëte, bien qu’il soit dédaigné par ces chanteurs qui fredonnent les airs d’Euphorion !
Dans le tombeau d’une femme aimée, un poète anglais plaça sans en garder de copie et pour le clore seulement sous les ailes repliées de l’Amour et de la Mort le livre de poèmes qu’elle avait inspiré. […] Lepelletier, furent inspirées à Verlaine par le livre des Goncourt sur ces maîtres. […] La finesse des sens, qui rend vaines les conventions d’une logique ancienne, ne peut faire œuvre créatrice que si, pour harmoniser des impressions fraîches, apparaît, inspirée d’elles et comme déposée par elles, une logique nouvelle. […] C’est la pince faite par lui, derrière lui, au grand tombeau de matière dure qui le contient entier ; sauf ce qui, pour un temps, demeure encore vivant et actif dans l’art hérité et inspiré de lui Si ce n’est que la gloire ardente du métier, Jusqu’à l’heure commune et vile de la cendre, Par le carreau qu’allume un soir fier d’y descendre, Retourne vers les feux du pur soleil mortel.
Le succès général qu’obtient ce tableau et la curiosité qu’il inspire prouvent bien ce que j’ai déjà dit ailleurs, — que Delacroix est populaire, quoi qu’en disent les peintres, et qu’il suffira de ne pas éloigner le public de ses œuvres, pour qu’il le soit autant que les peintres inférieurs. […] L’étrangeté de leur aspect vous arrêtait, vous enchaînait et vous inspirait une invincible curiosité. […] S’il est des douteurs qui inspirent de l’intérêt, il en est de grotesques que le public revoit tous les ans avec cette joie méchante, particulière aux flâneurs ennuyés à qui la laideur excessive procure quelques instants de distraction. […] J’ai entendu dire à un poëte ordinaire de la Comédie-Française que les romans de Balzac lui serraient le cœur et lui inspiraient du dégoût ; que, pour son compte, il ne concevait pas que des amoureux vécussent d’autre chose que du parfum des fleurs et des pleurs de l’aurore.
De tout temps la femme a dû inspirer à l’homme une inclination distincte du désir, qui y restait cependant contiguë et comme soudée, participant à la fois du sentiment et de la sensation. […] Disons que le problème qui a inspiré de l’intérêt est une représentation doublée d’une émotion, et que l’émotion, étant à la fois la curiosité, le désir et la joie anticipée de résoudre un problème déterminé, est unique comme la représentation. […] Si les propos inspirés, en tout cas lyriques, qu’il tient en maint endroit des dialogues de Platon n’étaient pas de Socrate, mais de Platon lui-même, si le langage du maître avait toujours été celui que Xénophon lui prête, comprendrait-on l’enthousiasme dont il enflamma ses disciples et qui traversa les âges ? […] d’où vient le respect qu’il inspire ?
Mais ce n’est ni une effusion de discours, ni une recréation de choses substantielles, que le ciel étoilé inspire à Valéry. […] Mieux encore la conscience radieuse du vers, du Poème, éclatent, entre d’autres éclairs, dans la Pythie, inspirée, dirait-on, d’un fragment d’Héraclite, et l’une des plus belles odes de la langue française. […] Ici encore la création poétique se trouve éclairée par les réflexions que la danseuse inspire à Socrate : L’âme cesse d’exister dès « qu’elle se prive de toute addition frauduleuse à ce qui est. » Elle existe quand elle tourne le dos à la pensée de l’être qui est, pour s’appliquer à créer l’être qui sera par elle. […] La réalité du poète en chair qu’il y a dans le Satyre, c’est un Hugo en un état de tension, de lucidité, de santé et de force intérieure prodigieuse, qui se trouve, un matin de printemps, devant ses piles de papier blanc, qui sait et qui sent qu’il est inspiré, qui ne sait pas ce qui sortira de son inspiration, mais qui sait qu’il en sortira quelque chose.
Les écrivains contemporains, les critiques d’art surtout, en usent volontiers comme d’un éloge à l’adresse de quiconque renonce à la convention pour s’inspirer de la réalité. […] La religion chrétienne leur donne de nouvelles habitudes avant de leur inspirer de nouveaux sentiments, elle les encadre avant de les pénétrer et de les transformer. […] Il ne s’inspire ni d’une religion ni d’une philosophie déterminées. […] » Ne trouvons-nous pas dans notre siècle même de quoi nous inspirer ! […] » Et cependant « le passé ne peut servir que comme éducation ; où ne doit s’inspirer que du présent dans ses œuvres ».
Puis, porté par Guillem de Castro, — autre Espagnol, comme Sénèque, et qui le servit encore mieux, — inspiré aussi par le Romancero, poussé enfin par son propre génie, son imagination et son cœur, il fit cette merveille, le Cid, « cette fleur d’honneur et d’amour ». […] que La Bruyère a raison de répliquer à ces méticuleux critiques : « Quand une lecture vous élève l’esprit, et qu’elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage : il est bon, et fait de main d’ouvrier. » C’est souvent aux œuvres de la plus haute beauté que les esprits froids et exacts adressent les critiques les mieux fondées. […] Boileau, avec grâce et avec amour, inspiré qu’il est par le sujet même, s’écrie : En vain contre le Cid un ministre se ligue ! […] Et certes, Monseigneur, ce changement visible qu’on remarque en mes ouvrages depuis que j’ai l’honneur d’être à Votre Éminence, qu’est-ce autre chose qu’un effet des grandes idées qu’Elle m’inspire quand Elle daigne souffrir que je Lui rende mes devoirs ? […] Mais, si Polyeucte a pu inspirer à Rotrou Saint Genest, peut-être que Corneille n’aurait pas écrit Nicomède si Rotrou n’avait pas d’abord écrit Venceslas.
François de Neufchâteau, le premier, dans une dissertation datée de 1818, avait indiqué deux ou trois endroits de Gil Blas comme indubitablement inspirés du Marcos d’Obregon du chanoine Vicente Espinel. […] J’ai déjà dit que Marianne passait pour avoir inspiré Paméla. […] Je ne demanderais à sauver de l’oubli que l’Histoire d’une Grecque moderne, évidemment inspirée du souvenir encore alors vivant de Mlle Aïssé. […] À l’honneur d’avoir inspiré ces déclamations fameuses nous pourrions joindre, avec Villemain, celui d’avoir pressenti le roman historique. […] Cent cinquante volumes, de quelque format que ce soit, c’est beaucoup, sans contredit, et à Dieu ne plaise que je veuille rien diminuer de l’étonnement ou de l’admiration qu’inspire tant de facilité !
Hors de la politique, la droiture de l’homme a inspiré à l’historien des pages de sincérité superbe. […] Il avoue l’amour « physique » que lui inspirent tel coin de forêt, tel bout de berge, tel verger « poudré de fleurs ». […] Aussi bien le sentiment qui inspire leurs prédilections à travers les époques de notre art national n’indique-t-il nul penchant pour l’harmonie sévère de l’ordonnance. […] Mais l’aristocratie surtout inspire sa verve. […] Non qu’il inspire une confiance sans limite.
Sur l’ordre inspiré de Dom Marc, son jeune ami, qui est tout sainteté et prière, il se dénoncera aux juges de la terre ; en plein office, devant le peuple assemblé, il crie son crime. […] Il reste le pardon de Marthe, l’ivresse inspirée de Lechy, et le grave dialogue sur lequel se conclut le drame, entre Marthe et Thomas Pollock : trois scènes, toutes trois admirables. […] Mais justement, moins ses dons premiers me paraîtront considérables, plus je m’étonnerai, j’admirerai, et jusqu’à l’émerveillement, que, de si peu, il ait su former des chefs-d’œuvre qu’aucun génie inspiré ne désavouerait. […] on ne saurait tolérer la paresse que de l’inspiré de génie : à cette époque, non, M. […] Comme tel, il apparaissait comme un maître et un modèle aux yeux de Ghéon, inspiré par ses théories : voir Catherine Boschian-Campaner, Henri Ghéon camarade de Gide.
« Il faut avoir l’esprit européen », écrivait Mme de Staël ; et autour d’elle, à Coppet, toute une école s’était formée, dont les travaux, après avoir peut-être inspiré les siens, les complètent maintenant, les continuent, et les prolongent. […] On n’aurait pas de peine à montrer que, dans le même temps, l’histoire elle aussi s’inspirait du même esprit ; et on n’aurait besoin d’appeler en témoignage que l’Histoire des Girondins, de Lamartine, qui faisait émeute, pour ainsi dire, en 1847 ; la Révolution de Michelet ; ou celle de Louis Blanc, dont les premiers volumes sont de la même année. […] Qu’en effet ce qu’il s’est proposé, ç’a été d’établir la souveraineté de la religion parmi les hommes ; — et là même est le sens de l’Essai sur l’indifférence ; — et comme il y en a plusieurs moyens ; — il a d’abord invoqué contre le progrès croissant de l’irréligion « l’alliance des vieilles souverainetés ». — Mais, s’étant aperçu que les vieilles souverainetés ne voulaient retenir de la religion que ce qu’elles croyaient utile à leurs intérêts ; — et voyant que par là même la défiance qu’elles inspiraient aux partis s’étendait jusqu’à la religion ; — il a voulu séparer la religion de la politique ; et, selon la juste expression de Renan, c’est alors qu’il a essayé de constituer la religion elle-même en parti ; — et ce sont ici les commencements de ce qu’on a depuis lors appelé « le catholicisme libéral ». […] La Renaissance et La Réforme] ; — et il en tire des effets imprévus ; — dont le moins considérable n’est pas de rabattre en quelque sorte la dignité conventionnelle de l’histoire, — sur le plan de la vie que nous vivons nous-mêmes. — Sa division du règne de François Ier : « Avant l’abcès, et après l’abcès » ; — et du règne de Louis XIV : « Avant la fistule, et après la fistule ». — Combien cette manière se rapproche de celle de Victor Hugo, d’un côté ; — et de l’autre, de celle de Taine et de Renan ; — et qu’elle a pu d’ailleurs lui inspirer des idées singulières ; — mais qu’elle n’en a pas moins renouvelé l’histoire. — Ce que Sainte-Beuve faisait en détail, dans ses Causeries du lundi, — Michelet l’a fait en grand ; — et là même est l’attrait, un peu équivoque, de son Louis XIV ou de son Louis XV ; — mais aussi là en est le danger. […] La Révolution de 1830 ; — la préface de Marion Delorme ; — et qu’en y célébrant « les trois glorieuses », — ou en écrivant l’Hymne aux morts de Juillet, — Victor Hugo n’a pas tant « abjuré » sa foi royaliste, — qu’obéi au principe de son lyrisme ; — qui est et qui sera toujours de s’inspirer de « l’actualité », — d’avoir des chants pour tous les deuils comme pour toutes les victoires ; — et d’être autant qu’il le pourra l’écho sonore des émotions populaires. — Qu’en se plaçant à ce point de vue, il n’y a pas lieu de distinguer l’œuvre dramatique d’Hugo de son œuvre lyrique ; — et surtout si son théâtre ne vit que de ce qu’il contient aujourd’hui de lyrique. — Les Chants du crépuscule, 1835. — Candidatures académiques, 1836-1840 ; — Les Voix intérieures, 1837 ; — Les Rayons et les Ombres, 1840. — Victor Hugo devient le poète attitré du « bonapartisme » ; — en quoi d’ailleurs il ne fait que s’associer à un nouveau mouvement de la « pensée nationale », — qui lui inspire quelques-uns de ses plus beaux vers. — Il entre à l’Académie française, 1841 ; — et le gouvernement de Louis-Philippe le console de l’échec des Burgraves, 1843, — en le nommant pair de France, 1845.
Ce ne sont pas les paroles de Lanfranc qui étonnent et font rire, ce sont ses actions inspirées par des motifs qui ne sont pas ceux du commun des hommes, et c’est pour cela qu’il est poète, autrement il serait un homme de lettres. […] Les courtisans, dans la juste terreur que leur inspire le rire, permettront-ils qu’on se moque de la classe des avocats, de la classe des médecins, de la classe des compositeurs de musique qui maudissent Rossini, de la classe des vendeurs de croix, et des opticiens qui en achètent ; ou qu’on traite ce sujet si plaisant : L’Homme de lettres ou les Vingt places, ou celui-ci : Le Coureur d’héritages ? […] L’intérêt que nous inspire Julie d’Étanges est tragique.
Tout ce qui est contre la vraisemblance doit au moins inspirer des doutes, & l’impossible ne doit jamais être écrit. […] Loin de mériter la confiance de ses lecteurs, il ne peut leur inspirer que du dégoût. […] Henri III. y joue un rôle qui inspire le mépris & l’horreur.
Sur les pas des chœurs de Sophocle, et inspiré par la muse de la douleur, le poëte s’attachait à peindre l’histoire même de l’homme, de cet être qui, aux termes de l’énigme, n’a qu’une voix et n’est debout qu’un instant, l’histoire de ses misères, de ses faiblesses, de ses félicités trompeuses, suivies d’amers retours. […] Pour n’en citer que le plus remarquable exemple, la lecture de ses Prolégomènes, vers 1828, contribua fortement à inspirer le souffle religieux à l’école, encore matérialiste alors, de Saint-Simon.
Il s’est donc à la fois inspiré, en concevant sa belle reine, et de l’Ariane de Catulle et de la Médée d’Apollonius de Rhodes. […] Ainsi parée, et tandis qu’on apprêtait le char, « la jeune fille, est-il dit, tournant çà et là dans le palais, foulait le sol dans l’oubli des maux qui s’ouvrent déjà sous ses pieds en abîmes, et de tous ceux qui vont s’amonceler dans l’avenir. » — Après un détail approfondi de l’herbe magique qu’elle prend pour donner à Jason, et des circonstances où elle l’a autrefois cueillie, le poëte, continuant de s’inspirer d’Homère, poursuit par des comparaisons enchanteresses que Virgile a ensuite imitées de tous deux : « Elle mit, dit-il, l’herbe magique à la ceinture odorante qui serrait son beau sein, et, sortant à la porte, elle monta sur le char rapide.
Cette tête attirait et pétrifiait les yeux ; des cheveux soyeux et inspirés sous leur neige, un front plein et rebombé de sa plénitude, des yeux noirs comme deux charbons mal éteints par l’âge, un nez fin et presque féminin par la délicatesse du profil ; une bouche tantôt pincée par une contraction solennelle, tantôt déridée par un sourire de cour plus que de cœur ; des joues ridées comme les joues du Dante par des années qui avaient roulé dans ces ornières autant de passions ambitieuses que de jours ; un faux air de modestie qui ressemblait à la pudeur ou plutôt au fard de la gloire, tel était l’homme principal au fond du salon, entre la cheminée et le tableau ; il recevait et il rendait les saluts de tous les arrivants avec une politesse embarrassée qui sollicitait visiblement l’indulgence. […] Un étranger, remarquable par sa naissance, son opulence et sa mélancolique beauté, le prince italien Pignatelli, jouissait d’une plus intime familiarité dans la maison et passait à tort pour inspirer la passion qu’il ressentait en silence.
XVII Voilà évidemment la pensée secrète qui aura inspiré l’expédition du Mexique, expédition qui a paru une témérité sans compensation, et derrière laquelle j’ai seul en France pressenti une utilité générale. […] J’avais souvent parcouru les solitudes américaines sans rencontrer de voleurs, et la vieille femme, malgré sa physionomie dure et sa voix rauque, ne m’inspirait aucun soupçon.
On sentait que le maître était l’auteur lui-même, inspiré par ce je ne sais quoi qu’on appelle le génie de la sainteté chrétienne. […] Que Moïse ne me parle point, ni aucun des prophètes ; mais vous plutôt parlez, Seigneur mon Dieu, vous la lumière de tous les prophètes et l’esprit qui les inspirait.
Les grandes calamités, en humiliant l’homme et en émoussant la pointe de ses vives et audacieuses facultés, deviennent par là un véritable danger pour le rationalisme et inspirent à l’humanité, comme les maladies à l’individu, un certain besoin de soumission, d’abaissement, d’humiliation. […] Sans doute la simple culture patriotique et vraie est supérieure à cette culture artificielle des derniers temps de l’Empire, et si quelque chose pouvait inspirer des craintes sur l’avenir de la civilisation moderne, ce serait de voir combien l’éducation prétendue humaniste qu’on donne à notre jeunesse ressemble à celle de cette triste époque.
Reyer se soit positivement inspiré du Maître. […] Mais c’est un froid égoïste, qui ne peut que blesser le sentiment et inspirer de l’aversion. » Wagner fut bouleversé de cette critique.
De son propre aveu, ce sont les Védas qui ont inspiré cette littérature. » Les Védas sont des chants pareils à ceux des prophètes et de David dans la Bible ; avec cette différence que les chants bibliques ne sont que des cris lyriques d’enthousiasme, d’adoration, de crainte ou d’amour à Jéhovah, tandis que les hymnes des Védas indiens sont en même temps des dogmes religieux. […] » demande le disciple. « Le bien va au bien, et le mal au mal », répond le maître ; « mais l’homme ne cesse pas d’exister sous d’autres formes jusqu’à ce qu’il soit régénéré tout entier dans le bien. » Puis le dieu se définit lui-même par la voix inspirée et extatique du maître surnaturel.
Il ferma l’histoire profane, Sophocle, Euripide, Sénèque, tout ce monde fabuleux, olympien, païen, dans lequel il avait jusque-là paganisé son génie ; il ouvrit les livres sacrés pleins d’un autre ciel, d’une autre histoire, d’un autre style ; il ne souffla pas, pour les rallumer, sur les charbons éteints du trépied et du lyrisme grecs, mais il prit hardiment les charbons vivants dans le foyer du tabernacle juif et chrétien pour en réchauffer son âme ; il s’inspira de ce qu’il croyait et non de ce qu’il imaginait ou de ce qu’il imitait. […] Le seul motif poétique de cette visite paraît être de faire manifester par le roi, à sa favorite, des adorations et des éloges qui retombent directement sur Mme de Maintenon : Croyez-moi, chère Esther, ce sceptre, cet empire, Et ces profonds respects que la terreur inspire À leur pompeux éclat mêlent peu de douceur, Et fatiguent souvent leur triste possesseur.
… Cette exclamation nous est inspirée par la mémoire d’un homme qui vient de chanter et de mourir comme un rossignol au printemps, ivre de mélodie, de rayons et de gouttes de rosée. […] Voilà le sentiment que sa physionomie inspirait.
Edgar Poe nous fait repentir de l’intérêt, de l’émotion, de la terreur, qu’il nous a inspirés, dès qu’il nous simplifie son histoire. […] Edgar-Allan Poe, mort en 1849, à l’âge de Lord Byron, et à l’hôpital comme Gilbert, a senti sur son cœur le poids de ses désordres, plus douloureux peut-être que celui de ses malheurs, et ce poids affreux de misère et de fautes a dû faire, en quelque endroit de ses écrits, jaillir ces gouttes de sang, vermeil ou pâli, qui donne encore la plus belle couleur aux œuvres de l’homme et qui inspirait à Lord Bacon ce mot fortifiant et sublime : « Pour que les fleurs versent tous leurs parfums, il faut qu’elles soient écrasées. » II41 Le premier volume des Histoires extraordinaires par l’américain Edgar Poe, le conteur et le poète dont le nom commence d’imposer à l’Amérique un respect qu’elle ne connaît guères quand il s’agit uniquement de la beauté ou de la gloire de la pensée, vient de paraître.
Une expression naturelle de regret se mêle dans la parole d’Arago au sentiment d’orgueil que lui inspire la vérité inaltérable, mais peu accessible, des sciences : Les sciences exactes, a-t-il dit dans sa notice sur Thomas Young, ont sur les ouvrages d’art ou d’imagination un avantage qui a été souvent signalé : les vérités dont elles se composent traversent les siècles sans avoir rien à souffrir ni des caprices de la mode ni des dépravations du goût.
On dit que le ciel nous inspire : Mais c’est en parcourant les cieux Que j’ai perdu pinceaux et lyre.
Avec de grandes draperies, on peut ajuster très bien toutes les poses, mais avec de malheureux haillons qui n’ont que l’aspect de la misère et qui n’inspirent que la pitié pour ceux qui les portent, trouvez-vous que, pour y donner un sentiment de noblesse et dégoût, on puisse copier ce qu’on a sous les yeux ?
Il n’a pas, à la vérité, les traits aigus de Lucain et de Stace, mais il a quelque chose que j’estime plus, qui est une certaine égalité nette et majestueuse qui fait le vrai corps des ouvrages poétiques, ces autres petits ornements étant plus du sophiste et du déclamateur que d’un esprit véritablement inspiré par les muses.
j’ai cette confiance que tes sentiments religieux me donnent, que la miséricorde de Dieu m’inspire.
En revanche, je ne crains ni d’avouer mes erreurs, ni de réparer mes fautes… » Le sentiment qu’inspire la lecture suivie des lettres et pensées qu’on trouve ici rassemblées telles quelles, est celui d’une pitié profonde.
Je demande à confondre un peu dans ma pensée ces différents morceaux et les brochures sorties de sa plume, pour répondre à l’esprit qui les a dictés et qui les inspire.
En toutes choses il faut traiter les hommes de la sorte et leur supposer les vertus qu’on veut leur inspirer. » Je suis extrêmement frappé, dans ces paroles venues de Sainte-Hélène, du point de vue auquel se place invariablement Napoléon.
Mais du jour où, dans une province de Judée éloignée de Jérusalem, sur une colline verdoyante, non loin de la mer de Galilée, au milieu d’une population de pauvres, de pêcheurs, de femmes et d’enfants, le Nazaréen, âgé de trente ans environ, simple particulier, sans autorité visible, nullement conducteur de nation, ne puisant qu’en lui-même le sentiment de la mission divine dont il se faisait l’organe inspiré comme un fils l’est par son père, se mit à parler en cette sorte, de cette manière pleine à la fois de douceur et de force, de tendresse et de hardiesse, « d’innocence et de vaillance », un nouvel âge moral commençait.
Tout ce qu’il a dit à cet égard est juste : ce qu’il faut reconnaître en effet, c’est que ce sont deux œuvres parfaites, achevées, chacune dans son genre : Bernardin de Saint-Pierre, ce Grec d’imagination et de goût, s’est inspiré de l’une pour faire l’autre, et la faire un peu autrement ; il a vu, il a deviné au premier coup d’œil ce qu’il devait introduire de neuf dans la même donnée, pour inventer et réussir à la moderne ; non content de renouveler le paysage, il a renouvelé les âmes ; il les a montrées aussi naïves, aussi primitives, mais travaillées et comme perfectionnées à leur insu par l’air qu’elles ont respiré, par la nourriture qu’elles ont reçue des parents.
À son retour, Sibylle se déclare vaincue ; elle avait compris que le vrai Dieu et la vraie foi pouvaient seuls inspirer ces grands et sublimes dévouements.
Certes, cet homme de haut talent et, jusqu’à un certain point, de génie, de noble aspect et « d’une figure avantageuse » (ainsi en parlent ceux qui l’ont vu et qui ne songeaient point à faire, comme aujourd’hui, des caricatures à tout propos) ; cet homme à l’âme ardente, élevée, d’un esprit libre, d’un caractère indépendant et fier, qui n’avait pu se plier à la vie de Turin, et qui n’hésita pas, en renonçant à son pays, à sacrifier les deux tiers de sa fortune pour se mieux dévouer à l’objet de son culte ; le poète qui, dans la Dédicace de Myrrha, s’étonnant d’avoir tant tardé à nommer publiquement celle qui l’inspire, lui disait : « Ma vie ne compte que depuis le jour qu’elle s’est enlacée à ta vie » ; un pareil homme méritait que la comtesse d’Albany, déçue et frappée dans sa destinée, crût elle-même s’honorer par un tel choix, et ne pas perdre, même aux yeux du monde, en échangeant royauté contre royauté.
Alquier à Milan, il avait tenté de louables efforts pour dissiper les préventions de cette princesse et lui inspirer une conduite plus mesurée.
La mère du surintendant, et qui lui survécut peu, Mme Fouquet, — une vraie mère de douleurs, — avait la réputation d’une sainte, et toute sa vie s’était passée au service des pauvres : elle inspirait la vénération autour d’elle.
Je me figure que c’est cette idée qui a inspiré les pages de M.
Vous nous avez vu dans ces deux ou trois années de véritable ivresse, vous m’avez vu dans ces six mois célestes de ma vie qui m’ont fait faire les Consolations ; vous avez contribué à m’y inspirer par ce mélange de sentiments tendres, fragiles et chrétiens que vous agitez en vous et qui sont un charme.
Il y était démontré qu’en général les plans primitifs de Frédéric pour l’entrée en campagne étaient infiniment inférieurs aux plans accidentels qui lui étaient inspirés dans le cours même de la campagne par la tournure des événements ; qu’il était plutôt l’homme des expédients et des ressources que de la conception grandiose première, plutôt le héros de la nécessité et du bon sens que celui de l’imagination hardie et du haut calcul.
Une idée dominante chez le poëte, et celle peut-être qui l’inspire le mieux dans son poëme, est donc le ressentiment de l’invasion, de la double plaie de 1814 et de 1815.
Je leur dis alors que mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fit voir dans ces sortes de cérémonies, lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’maginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M.
Mais, sans chicaner pour un titre, et en allant au fond des choses, je demanderai au poëte laquelle des sept pièces lui a été inspirée par une idée haute et grande ?
Nous nous en tiendrons à sa gloire aimable, à ce que sa seule sensibilité lui inspira, à ce qui fait de lui le poëte de nos mélancolies et de nos romances.
» Et Paméla, défaisant ses cheveux, s’agenouille, les yeux au ciel, d’un air inspiré, aux applaudissements de l’assistance309. — La sensibilité devient une institution.
Au fond, l’avocat général Omer de Fleury ne se trompait pas tant quand il dénonçait au Parlement les Encyclopédistes comme « une société formée pour soutenir le matérialisme, pour détruire la religion, pour inspirer l’indépendance, et nourrir la corruption des mœurs ».
Avant donc d’accepter les Maximes comme des vérités, il faut en ôter par la réflexion tout ce qui est inspiré de cette mélancolie dont La Rochefoucauld s’avoue atteint, tout ce qui vient d’un dépit mal apaisé contre les personnes et les choses.
Si jamais, ce qu’il n’est pas permis de croire, notre théologie devenait une langue morte, et s’il arrivait qu’elle obtînt, comme la mythologie, les honneurs de l’antique ; alors Dante inspirerait une autre espèce d’intérêt : son poëme s’élèverait comme un grand monument au milieu des ruines des littératures et des religions : il serait plus facile à cette postérité reculée de s’accommoder des peintures sérieuses du poëte7, et de se pénétrer de la véritable terreur de son Enfer ; on se ferait chrétien avec Dante, comme on se fait païen avec Homère.
Les Lettres d’une Péruvienne ont aujourd’hui pour moi le mérite d’avoir inspiré à Turgot des réflexions pleines de force, de bon sens, de philosophie politique et pratique.
Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur… Et il continue sa critique, ayant en vue L’Esprit des lois de Montesquieu, ce livre excellent par le fond, mais tout morcelé, où l’illustre auteur, fatigué avant le terme, ne put inspirer tout son souffle et organiser en quelque sorte toute sa matière.
Dargaud, qui sont trop dans le goût du jour pour ne pas se recommander d’elles-mêmes, je demanderai à suivre de préférence un historien plus sévère, et dont le jugement et la marche m’inspirent toute confiance.
Elle aurait considéré comme une profanation et comme un sacrilège l’idée de faire de son malheur et de celui des siens, de sa vertu et de l’intérêt respectueux qu’elle inspirait, un moyen de politique, de succès et d’attrait, même pour ce qu’elle croyait la bonne cause.
Quand il y eut moyen de parler, Dandolo répondit ; et cette fois la nécessité, la circonstance extrême, lui inspira des forces et une audace inaccoutumée ; il fut noble, courageux, éloquent ; il fit résonner avec sincérité les grands mots de patria, libertà ; il les appuya de raisons : La force de ses raisonnements, sa conviction, sa profonde émotion agirent sur l’esprit et le cœur de Bonaparte, au point de faire couler des larmes de ses yeux.
Tout ce que le respect, l’estime, la reconnaissance, l’ambition, l’intérêt, peuvent inspirer de réflexions affreuses, me passa mille fois dans l’esprit.
Un sentiment de famille se mêlait sans cesse à cette joie chrétienne du solitaire, et venait la tempérer par quelques regrets : il se reportait à son enfance, aux années meilleures, à ses jouissances de fils, de père et d’époux : Les mœurs ne s’apprennent pas, c’est la famille qui les inspire.
Car, dans cette formule sont impliquées pour moi telles folies et dangereuses imaginations inspirées par les religions (citons plus près de nous Milton et Dante), et sensationnelles seulement, pour peu qu’on les pense, sont les ordinaires visions de paradis ou d’enfers sous divers noms, où se meuvent les diverses théogonies d’amour et d’effroi.
Pour les accepter, Dostoïewski eût dû réprimer à la fois la pitié et l’amour que lui inspiraient les hommes.
« En effet, c’était de la gourme, des coliques et des fièvres, des rougeoles et des gifles, dès le premier âge ; des coups de bottes et des travaux abêtissants, vers les treize ans ; des duperies de femmes, des maladies et des cocuages, dès l’âge d’homme ; c’était aussi, vers le déclin, des infirmités et des agonies, dans un dépôt de mendicité ou dans un hospice. » Et, chose singulière, cette vue exclusive des misères humaines n’inspire aux pessimistes de M.
Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants.
Moi qui crois à tous les miracles, je ne puis pas laisser passer un livre — de talent, d’ailleurs, — fait par un homme du monde ironique et incrédule, inspiré par eux et presque contre eux. « Presque contre eux » est trop dire pourtant.
Zola, lui, a réalisé toutes les craintes qu’il nous inspirait ; et comme il a eu l’art de lier la cause du naturalisme à celle de ses romans, c’est le naturalisme qui paiera pour M.
Qui enfin leur a inspiré cette touchante et solide espérance que, cette vie terminée, l’âme immatérielle, intelligente et libre, sera recueillie par son auteur ?
Weiss, et de comprendre ses admirations, c’était de lire ou de relire les ouvrages qui les lui avaient inspirées, ceux du moins que je ne connaissais qu’imparfaitement. […] Et la superstition qu’elle inspire aux parvenus est d’autant plus forte peut-être que son prestige ne repose plus sur aucune puissance effective, mais sur des souvenirs, des conventions parfaitement vides, un pur néant. […] Le « moyen » de cette reprise, c’est la passion mortelle inspirée à ce fils par l’étrangère, par la femme, trop belle et trop jeune, qui a usurpé la place de la défunte. […] Et l’on sent que sa dureté pour la comtesse est faite, en partie, de la pitié que lui a inspirée la banne courtisane et peut-être encore d’un autre sentiment que lui-même ne soupçonne point (deuxième grande scène). — Cependant, Rose Morgan est tombée malade. […] Au reste, rien de la mauvaise femme que j’ai été ne subsiste dans l’adoration pieuse qu’il m’inspire.
Les inspirés la tentent toujours, et ils échappent au danger sans l’avoir même aperçu. […] Dans les longs épanchements de l’amitié qui les unissait, ces deux grands artistes ont dû souvent s’inspirer l’un de l’autre. […] C’est elle qui a présidé à toutes nos conversations et qui a inspiré à peu près toute notre littérature. […] « Mais cette douleur n’avait rien du calme qu’inspire la mort. […] On se demande quelquefois avec effroi où cette cupidité si savante puisera le dégoût et l’horreur que doit inspirer la vénalité.
Parmi celles qui lui inspirèrent l’un et l’autre de ces deux sentiments, il faut citer d’abord cette « Inconnue » dont l’image, d’abord indistincte, puis très précise, a intrigué, passionné, obsédé son esprit et son cœur. […] Ces difficultés furent résolues par un gouvernement bien inspiré, dont l’initiative avait devancé l’élan unanime de l’opinion. […] Cela d’ailleurs n’enlève rien à l’horreur que m’inspirent des entreprises violentes dont le premier résultat fut de répandre sur le pavé de Paris le sang innocent. […] En effet, ce sont les livres et la méditation, et non point le tapage de la rue ni le commerce des hommes qui ont inspiré à M. […] À mesure que Pierre Nozière grandissait, le Louvre lui inspirait davantage le goût de ce qui est beau, l’horreur de ce qui est vilain, vulgaire ou mesquin.
Les données même dont ce narrateur est en possession au départ, — Jaloux a su, à l’instar du maître dont il s’inspire, les laisser filtrer, suinter, une à une, comme ces souvenirs se rattachant tous à une même personne ou à un même événement, mais qui ne remontent que séparément, et parfois à intervalles très espacés, dans le champ de la conscience. […] Cette exigence, ce sont les qualités mêmes de Jaloux qui me l’inspirent : qu’il en prenne son parti : il est condamné au sérieux, et je ne saurais pour ma part lui souhaiter plus enviable destin. […] L’événement a dû combler son attente ; car ceux-là mêmes qui déclinèrent le firent en alléguant « que leur connaissance de Proust n’était pas suffisante pour qu’ils osassent s’attaquer à pareil thème », — donnant par là une preuve et de leur modestie et de leur sens de l’importance du sujet dont tels commentateurs français pourraient à la rigueur s’inspirer ; et parmi les articles qui composent ce livre, s’ils sont bien entendu de valeur inégale, il n’en est aucun qu’on ne sente avoir été précédé d’une lecture sérieuse. […] Acte ineffable sans doute ; et ce que la fin du second Dialogue laisse à l’esprit à désirer est précisément ici la marque de la probité même du mode de penser : du processus l’analyse a repéré tous les temps repérables ; dans sa remontée elle n’a brûlé nulle étape : elle s’arrête au bord de cet indicible sur lequel Bergson — dans le chef-d’œuvre qu’il lui inspira : l’Introduction à la métaphysique — a jusqu’à nouvel ordre dit le dernier motga. […] À qui ne connaissait pas les écrits précédents de Rivière, le titre eût pu inspirer quelque méfiance.
Tous les sujets de ses tragédies sont choisis de façon à inspirer à son public une juste horreur des dissensions intestines. […] Cette pièce fut inspirée par une mesure prise à cette époque pour la recherche des individus qui prenaient des titres de noblesse sans en avoir le droit. […] La première, Cléopâtre, donnée en 1636, lui fut inspirée par la Belle-Rose. […] Il se trouva un jour amené, par la conversation, à soutenir qu’un bon poëte peut faire excuser les plus grands crimes et même inspirer de la compassion pour les criminels. […] Une de ces brochures, Les Mots à la mode, inspira à Boursault une jolie petite comédie en un acte et en vers, laquelle parut en 1694, sous le même titre.
Et la passion du nouvel Abélard et de la nouvelle Héloïse, c’est l’amour que Jean-Jacques rêva toujours, et que jamais il ne put éprouver ni inspirer. […] Sa nouvelle condition, en lui imposant des devoirs, lui inspire de sages réflexions. […] Et si c’est là tout ce qu’inspire la situation à un amant passionné, ne peut-on douter de la sincérité de ses effusions de tantôt ? […] Je n’en sais pas de plus propres à inspirer le dégoût de l’action. […] « Il naît dans une île, écrit d’une plume inspirée M.
Vous savez que Phèdre est inspirée de l’Hippolyte porte-couronne. […] Et, dès lors, elle ne nous inspire qu’une pitié amoureuse. […] L’inquiétude que lui inspira sa première tragédie chrétienne (ou janséniste) acheva de faire de lui un chrétien. […] Heyermans ne serait qu’un épisode accessoire du drame que pourraient inspirer, à un auteur dramatique qui aurait quelque génie, la situation et le rôle de la race juive dans le monde contemporain. […] Pour cela, le bonhomme Pasquinot s’inspire des propos de Sylvette, surpris par lui tout à l’heure.
Tout en tenant compte de certaines réserves, il faut dire qu’il est impossible à un poète de lire ce livre avec indifférence, car c’est l’inquiétude du mieux et l’amour de l’imprévu qui l’inspirent et y inscrivent, selon leur élan ou leur caprice, une strophe géniale ou une plaisanterie. […] Léon Riotor a fait paraître un poème inspiré par une légende ou un lied en prose qui pourrait bien nous venir des brumes de la Hollande : non pas que ce poème manque de clarté, mais à cause du charme particulier à ces bords des mers du Nord qui semble s’en dégager. […] Ici commence le roman inspiré des dogmes égyptiens. […] À votre place, je n’aimerai guère les physiologistes qui sont indiscrets, qui vous expliquent beaucoup trop, qui disent que vous êtes malades quand nous nous croyons inspirées et qui appellent prédominance des mouvements réflexes votre faculté sublime d’aimer et de souffrir. […] On appelle, encore aujourd’hui, le “Crime de décembre” l’acte qui parut une délivrance à la France, et il faudra, pour réhabiliter ce grand fait, que les socialistes et les anarchistes inspirent aux hommes d’aujourd’hui des terreurs égales à celles qu’éprouvèrent leurs pères.
De là ses lamentations sans cesse renouvelées sur le dégoût que lui inspirent ses « bonshommes ». […] Maurice Barrès, cette Colline inspirée, qui est déjà dans toutes les mains. […] Comme l’auteur de la Colline inspirée a eu raison de rajeunir ce mot désuet : Il est escrit en la Geste Francur… J’emprunte ce texte à la Chanson de Roland. […] Ce profond et courageux élan vers la loi libératrice — « étant lié, je suis libre », disait saint Paul, — à travers les plus ardentes et les plus dangereuses tentations de désordre et d’anarchie c’est le symbole de son œuvre entière, depuis Sous l’œil des Barbares et l’Homme libre, jusqu’à Colette Baudoche, et la Colline inspirée. […] À l’un, au général Langlois, cette guerre inspire un nouveau travail sur l’Organisation de l’artillerie en campagne.
Ils ont peine surtout à concevoir que « le plus français de nos poètes » soit en même temps le plus « inspiré des anciens » ; et qu’un recueil de Fables, dont il n’y en a pas une qui ne soit empruntée de quelque source étrangère, ne soit cependant qu’une perpétuelle création. […] Non seulement il peint d’après nature ; mais c’est véritablement de « l’actualité » qu’il s’inspire, et toute son ambition n’est que de représenter au vif « les mœurs de son temps ». […] C’est donc aussi de « l’actualité » qu’il s’inspire. […] — Liaisons de La Bruyère avec Bossuet ; — et avec Boileau. — Du prétendu « roman » de La Bruyère ; — et que l’histoire littéraire n’en a rien à tirer. — Si La Bruyère, en formant le dessein de son livre, s’est inspiré de la Galerie de Portraits de Mlle de Montpensier ? […] — et à cet égard d’une phrase étrange du Mémoire où il se disculpe d’y avoir pris la moindre part : — « il a mieux aimé, dit-il, le laisser paraître informe et défiguré que de le donner tel qu’il l’avait fait ». — Si le copiste infidèle qu’il accuse de lui avoir dérobé son manuscrit n’a pas été bien inspiré de ne le publier qu’après la nomination de Fénelon au siège de Cambrai, 1695 ?
Je suis fâché de ne lui avoir pas laissé voir l’horreur qu’il m’inspirait, et je ne me réconcilie avec moi qu’en pensant que vous, avec toute votre fermeté, vous ne l’auriez pas pu à ma place : je ne sais pas s’il ne m’aurait pas tué. […] Je suis assuré, monsieur, que les mesures que votre équité vous inspirera pour en découvrir l’auteur me justifieront pleinement aux yeux du public et aux vôtres. […] Si alors vous pouviez lire tout le respect, tout le dévouement, toute l’estime que vous m’inspiriez, vous n’avez rien de plus à chercher ; rien n’est changé, madame ; les mêmes sentiments continuent d’être aisés à lire, et jamais ils ne seront effacés. […] Devrain, témoignez-lui toute l’estime que son esprit, son talent, son caractère honnête, doux et charmant, m’ont inspirée ; chargez-le de mon respect pour M. […] Ces deux brochures, dont la première est certainement de Voltaire, et dont la seconde, inspirée par la censure de la thèse de l’abbé de Prades, a été au moins revue par lui, ont été réimprimées dans les diverses éditions de ses œuvres complètes.
Et, quant au roman, c’est là surtout la crainte qu’inspire une étude attentive des plus bruyants de nos romanciers contemporains. […] Mais il faut ajouter aussitôt qu’il ne s’inspire de la réalité que pour la transformer. […] Zola lui-même, ni personne enfin de nos naturalistes ne s’est inspiré de Stendhal. […] le bourgeois vous l’a rendu cruellement le jour qu’il vous inspira l’Éducation sentimentale.
Quant au critique des œuvres contemporaines, il doit pareillement avoir ou acquérir la largeur de vues, se montrer libéral et compréhensif, rendre justice à tous les talents, même aux plus divers et à ceux qui s’inspirent des convictions les plus séparées par des abîmes ou par des nuances (la nuance est plus grave, d’après Capus). […] Qu’est-ce qui inspire mieux que la grâce et la beauté ?
Mais il ne croit plus qu’Aristote fût inspire du ciel280. […] Uranie ne tardera pas à reconnaître, pour la justification du genre humain, qu’un souffle de moralité inspire ce poème qui ruine la morale, et que cet athée faisant honneur aux plus nobles sentiments de la nature humaine, atteste sa divine origine.
Ce nom l’a inspiré, c’est l’amour qui a tenu sa plume ici, ce n’est plus seulement sa belle imagination. […] Cette Ginevra florentine devait être adorable en effet, puisqu’elle a pu inspirer à son amant un des plus beaux chants qui soit dans la mémoire des hommes.
Les lois humaines ne peuvent être le fondement de la loi morale ; car c’est elle qui les inspire, qui les juge et les condamne, quand elles s’écartent de ses ordres légitimes. […] La conscience l’inspirera toujours mieux que la pratique la plus consommée de la vie.
On n’a jamais mieux défini Voltaire dans sa qualité d’esprit spécifique et toute française qu’il ne l’a fait ; on n’a jamais mieux saisi dans toute sa portée la conception buffonienne des Époques de la Nature ; on n’a jamais mieux respiré et rendu l’éloquente ivresse de Diderot ; il semble la partager quand il en parle : « Diderot, s’écrie-t-il avec un enthousiasme égal à celui qu’il lui aurait lui-même inspiré, Diderot est Diderot, un individu unique ; celui qui cherche les taches de ses œuvres est un philistin, et leur nombre est légion. […] J’ai dit à mon fils d’aller vous voir pendant mon absence. » Tant de sollicitude de la part de Goethe m’inspirait de vifs sentiments de reconnaissance, et j’étais heureux de voir qu’il me traitait comme un des siens et qu’il voulait que je fusse considéré comme tel.
L’auteur de ce charmant petit poème qu’on appelle le Cantique des Cantiques pouvait-il se douter qu’un jour on le tirerait de la compagnie d’Anacréon et de Hafiz pour en faire un inspiré qui n’a chanté que l’amour divin ? […] En Orient, un livre ancien est toujours inspiré, quel qu’en soit le contenu.
Le fait de beaucoup le plus important pour l’historique de la conception de Tristan est que cette œuvre a été inspirée par l’Anneau du Nibelung. […] La Tétralogie est accompagnée d’un ouvrage théorique, Opéra et Drame, inspiré directement par elle (VII, 168) ; et cependant chaque partie diffère profondément des autres.
Il me semblait que vous étiez de ceux à qui la mémoire de mon ami ne pouvait inspirer que des sentiments de respect et d’émotion. […] Ludovic Halévy le sache, la petite antipathie inspirée à mon frère, par M.
S’il avait confessé qu’en rimant l’ode sur la naissance du duc de Bordeaux ou l’ode sur son Baptême, ou n’importe quelle autre de ses odes, il avait été inspiré et soutenu par l’espoir du gain, il aurait du coup conquis la haute estime de la Bourgeoisie, qui ne connaît que le donnant-donnant et l’égal échange et qui n’admet pas que l’on distribue des vers, des asticots ou des savates gratis pro deo. […] La préface des Feuilles d’Automne, publiée en 1831, le montre hésitant, il avait noué des relations avec de jeunes et ardents républicains qui, pour l’attirer, le flattaient : ainsi la Biographie des contemporains de Rabbe, dit que « Hugo avait chanté les trois jours dans les plus beaux vers qu’ils avaient inspirés ».
… Non, une telle terre n’est pas morte au génie littéraire sous toutes les formes, elle qui fut, comme le dit un de ses fils, la nourrice intellectuelle et artistique de l’Europe, elle qui m’inspirait, quand je foulais son sol sacré, ces vers, hélas ! […] Il inspirait à ceux qui le rencontraient un respect mêlé d’une superstitieuse terreur ; on voyait en lui un spectre rajeuni de Dante et de Machiavel.
» Folie sainte, folie plus inspirée de divinité que la sagesse vulgaire ! […] » L’homme qui inspirait de tels sentiments au plus sensible des poètes de son époque n’était certainement pas un cœur froid.
Les victimes qui remplissent l’Ancien et le Nouveau Testament inspirèrent les premières légendes ; les martyrs furent visités dans leurs prisons par des visions prophétiques ; les anachorètes de la Thébaïde et les moines du mont Athos avaient des récits qui trouvèrent des échos dans les monastères d’Irlande et dans les cellules du mont Cassin. […] « Parmi les réminiscences qui ont inspiré la Divine Comédie, celles de Cicéron me frappent d’abord.
Préface de Marie-Paule Berranger 2012 L’Esprit contre la raison est un texte véhément et inspiré qui porte le lecteur, sans qu’il puisse nécessairement situer son urgence, ni son actualité au cœur de l’œuvre de Crevel ; il se place entre les premiers romansa, ces « détours » autobiographiques, et un autre essai issu d’une thèse en gestation, Le Clavecin de Diderot, paru en 1932b. […] Instruisant le procès de l’attitude réaliste, André Breton, dans le Manifeste du surréalisme, constate : « L’attitude réaliste inspirée du positivisme de saint Thomas à Anatole France m’a bien l’air hostile à tout essor intellectuelbb.
Le style des livres d’Audin, quand Audin est tout à fait éclos, ce style d’un carmin lumineux quand il écrit Luther ou Henri VIII, n’est pas plus la pâle forme littéraire de l’Essai que sa manière d’entendre l’histoire dans la Saint-Barthélemy n’est celle qu’il finit par dégager, lucide et vivante, du chaos sensible dans le quel elle plongea si longtemps… En se mesurant avec ce grand sujet vierge de la Saint-Barthélemy, qui n’avait encore inspiré que des déclamations ou des impostures, Audin eut plus d’instinct que de puissance, plus d’ailes pour aller à un beau et terrible sujet d’histoire que de serres pour le tenir et de regards pour le percer. […] Sous sa main inspirée, c’est le Luther de la Wartbourg et de Worms, c’est l’évangéliste d’Eisleben ; puis aussi c’est le Luther de la famille, du coin du feu, du cabaret !
Tout cela est vrai ; mais, si Mézeray n’avait été que ce satirique et ce cynique que nous montrent certains biographes, il est douteux qu’il eût entrepris une œuvre aussi pénible et d’aussi longue haleine que sa grande Histoire : pour que cette noble ambition le saisît, il fallait que sa jeunesse s’inspirât des grandes choses auxquelles elle assistait, qu’il se sentît fier, comme il le dit, d’être d’une nation si généreusement conduite, si hautement relevée et honorée aux yeux de l’Europe par l’habileté vaillante de ses chefs.
Je tâche de résumer les impressions qui se mêlent à l’admiration si légitime et si durable qu’inspire le Petit Carême.
Il voudrait donc au plus tôt que son élève n’eût plus rien de l’élève ni de l’écolier ; il voudrait, une fois pour toutes, lui inspirer la hardiesse dans l’action, la noblesse dans le procédé et dans la démarche, le génie de la conversation, tout ce qui orne, qui impose, et ce qui donne au pouvoir sa douceur et sa majesté : « Qu’il soit de plus en plus petit sous la main de Dieu, mais grand aux yeux des hommes.
Le sentiment buffonien y est célébré dans un style, dans une langue qui ressemble le moins à celle de Buffon : en voici une phrase prise au hasard : « Au point de vue où nous apparaît notre immortel Buffon, si admirable et si profond à la fois, nous voyons ce génie sublime lancer l’esprit humain dans des généralisations inspirées par des divinations synthétiques… » Le respect seul m’empêche de multiplier ces citations.
Tel fut Bailly ; savant ingénieux, écrivain élégant et pur, l’un des plus louables produits et des meilleurs sujets que l’Ancien Régime ait légués au nouveau ; qui n’eut rien en lui du mouvement d’initiative ni du levain révolutionnaire des Mirabeau, des Condorcet, des Chamfort, de ces novateurs plus ou moins aigris, irrités ou inspirés ; qui n’accepta dans sa droiture que ce qui lui parut juste, qui s’y tint, et qui, malgré des faiblesses de vue et des illusions de bon naturel, laisse à jamais l’idée d’un homme aussi éclairé que modéré et vertueux.
Lui qui a une science si profonde, et moi qui ne me guide que d’après ce que la nature m’inspire ; lui qui a tant travaillé pour rechercher dans ce qui a été fait le caractère et le type de la peinture historique !
Les Voyages au Mont-Perdu et dans la région adjacente, publiés en 1801, nous rendent une partie seulement de ces résultats et de ces impressions : Ramond avait depuis augmenté cet ouvrage ; il avait voulu consigner dans un dernier récit tout ce que des lieux, tant de fois visités par lui, lui avaient inspiré d’intérêt et d’affection.
.) — Ce sont là de ces choses dont la lecture de Charron ne donnera jamais l’idée et qu’inspire, que renouvelle d’âge en âge le commerce familier des seuls génies immortels.
Elle eut du moins ses heures brillantes, son lendemain de Coutras, et ce qui est mieux, puisqu’il ne s’y mêle point le souvenir d’une faute, elle inspira un jour à celui qui l’aimait la joie d’écrire cette page éclairée et durable sur Marans.
nous avions pour gage de succès le zèle attentif qu’inspire l’ambition de vous satisfaire et la gloire de vous obéir.
» s’écrient les plus comédiens d’entre eux d’un air d’inspirés et en parodiant le sacerdoce, et ils n’ont pas la sagesse d’ajouter : Regardez autour de vous et à vos pieds.
La vanité faisait ce que la charité devait faire. » Dans une seconde lettre, il relève quelques expressions d’une oraison que Santeul avait faite à Jésus-Christ : il lui marque qu’à sa place il n’oserait pas se nommer le poète de Jésus-Christ : Vous avouez, lui dit-il, que la vaine gloire vous a fait faire des hymnes ; par où osez-vous croire que c’est lui qui vous les a inspirées ?
L’ombre d’une faute contre la religion vous a fait peur ; vous vous êtes abaissé, et la religion elle-même vous a inspiré les plus beaux vers, les plus élégants, les plus sublimes que vous ayez jamais faits.
Or Sénecé en a fait beaucoup de faibles, de médiocres et d’inutiles, c’est le cas de tous les auteurs d’épigrammes ; mais il en a fait aussi de bonnes, et en voici une qui me paraît excellente ; elle est imitée ou plutôt inspirée de Martial et de ses vœux de bonheur, mais avec un rajeunissement original et piquant ; elle est adressée à Bellocq, valet de chambre de Louis XIV, ancien camarade et ami intime de Sénecé : Pour être heureux, je, voudrais peu de chose Esprit bien sain, tempérament de fer, D’argent comptant bonne et loyale dose, Glace en été, bon feu pendant l’hiver ; Amis choisis, et livres tout de même ; Un peu de jeu, sans pourtant m’y piquer ; Point de procès, dispense de carême.
Au lieu de l’éclair à la française, la Réforme a mis sur son front son cachet pensif et son froncement de sourcil qui annonce moins le guerrier inspiré que le guerrier raisonneur 41.
Il était de ceux que l’adversité inspire.
Le sacrifice s’est consommé ; et, grâce à cette simplicité de cœur de la victime, grâce à la sublimité des sources où elle s’inspirait, il est descendu sur elle, dans cette immolation suprême, un rayon qui ne la quitte plus et qui répand sur ce front sans tache et dans ce regard céleste la clarté sereine d’une figure de Raphaël.
Ainsi l’homme de lettres en Bonstetten profitait de l’administrateur déjà, de même que l’administrateur en lui profita et s’inspira sans cesse de l’homme de lettres éclairé, bienveillant et ami sincère de l’humanité.
On est un peu soulagé de tout le dégoût qu’elle inspire, lorsqu’on rencontre la lettre suivante du cardidal Mazarin, adressée au maréchal de Brezé, l’un des neveux de Richelieu (28 mai 1643) : Monsieur, bien que je ne pusse recevoir de douleur plus sensible que d’ouïr déchirer la réputation de M. le cardinal, si est-ce que je considère qu’il faut laisser prendre cours, sans s’en émouvoir, à cette intempérance d’esprit, dont plusieurs Français sont travaillés.
La plupart des premières et des plus anciennes, qui remontent jusqu’à 1818, sont écrites à de bonnes et pieuses demoiselles, Mlle de Lucinière, Mlle de Tremereuc, que Lamennais avait connues aux Feuillantines, dans une espèce de petit couvent dirigé par le respectable abbé Carron : il avait inspiré à ces dignes personnes une vive amitié, qu’il leur garda de son côté très-fidèlement, au milieu de toutes ses traverses et de ses vicissitudes.
On peut lui dire à bout portant bien des choses flatteuses, exagérées, — qu’il a tout conseillé, qu’il a tout inspiré et tout fait, etc. ; il peut se les laisser dire et ne les repousser qu’en badinant ; mais, si on le serre de près, si les événements sont là qui parlent, qui se précipitent impérieux et déchaînés, il a le juste sentiment de son inutilité, et il se confesse de son peu de force d’action et de son peu d’envie d’en faire preuve, dès que l’application réelle commence.
« La camarera-mayor, naturellement rigide, ajoutait de nouvelles peines à cette contrainte, et semblait vouloir effacer tout d’un coup jusqu’aux moindres choses qui auraient pu lui laisser quelque souvenir de la douceur et des agréments de son pays. » On essaya de lui inspirer d’abord une entière aversion pour la reine mère, dont cette camarera-mayor craignait l’influence qui s’annonçait comme prête à renaître.
Depuis lors, j’en ai reçu d’autres, mais au sujet desquelles je n’ai pas cru utile d’importuner Votre Seigneurie, parce qu’à peu de chose près, elles disaient ce que contenaient les précédentes, parlant de la crainte qu’inspirent les Jacobins, leur nombre et leur influence ; du danger, s’ils l’emportent, de voir se renouveler les scènes révolutionnaires à l’intérieur, et leurs efforts employés à exciter des commotions au dehors.
Il faudrait, pour parler dignement de ce livre, un critique qui eût pris d’avance une potion de Rabelais ou de Molière ; le génie qui a inspiré la cérémonie du Malade imaginaire semble, à première vue, le seul esprit dans lequel il conviendrait de deviser d’un pareil Journal.
Considérez notre littérature depuis le Moyen-Age, rappelez-vous l’esprit et la licence des fabliaux, l’audace satirique et cynique du Roman de Renart, du Roman de la Rose dans sa seconde partie, la poésie si mêlée de cet enfant des ruisseaux de Paris, Villon, la farce friponne de Patelin, les gausseries de Louis XI, les saletés splendides de Rabelais, les aveux effrontément naïfs de Régnier ; écoutez dans le déshabillé Henri IV, ce roi si français (et vous aurez bientôt un Journal de médecin domestique, qui vous le rendra tout entier, ce diable à quatre, dans son libertinage habituel) ; lisez La Fontaine dans une moitié de son œuvre ; à tout cela je dis qu’il a fallu pour pendant et contrepoids, pour former au complet la langue, le génie et la littérature que nous savons, l’héroïsme trop tôt perdu de certains grands poëmes chevaleresques, Villehardouin, le premier historien épique, la veine et l’orgueil du sang français qui court et se transmet en vaillants récits de Roland à Du Guesclin, la grandeur de cœur qui a inspiré le Combat des Trente ; il a fallu bien plus tard que Malherbe contrebalançât par la noblesse et la fierté de ses odes sa propre gaudriole à lui-même et le grivois de ses propos journaliers, que Corneille nous apprît la magnanimité romaine et l’emphase espagnole et les naturalisât dans son siècle, que Bossuet nous donnât dans son œuvre épiscopale majestueuse, et pourtant si française, la contrepartie de La Fontaine ; et si nous descendons le fleuve au siècle suivant, le même parallélisme, le même antagonisme nécessaire s’y dessine dans toute la longueur de son cours : nous opposons, nous avons besoin d’opposer à Chaulieu Montesquieu, à Piron Buffon, à Voltaire Jean-Jacques ; si nous osions fouiller jusque dans la Terreur, nous aurions en face de Camille Desmoulins, qui badine et gambade jusque sous la lanterne et sous le couteau, Saint-Just, lui, qui ne rit jamais ; nous avons contre Béranger Lamartine et Royer-Collard, deux contre un ; et croyez que ce n’est pas trop, à tout instant, de tous ces contrepoids pour corriger en France et pour tempérer l’esprit gaulois dont tout le monde est si aisément complice ; sans quoi nous verserions, nous abonderions dans un seul sens, nous nous abandonnerions à cœur-joie, nous nous gaudirions ; nous serions, selon les temps et les moments, selon les degrés et les qualités des esprits (car il y a des degrés), nous serions tour à tour — et ne l’avons-nous pas été en effet ?
Son fils unique, qui semblait destiné, si l’on en juge par les éloges et les regrets qu’il inspira, à faire refleurir la tige poétique des Racine, périt dans un voyage, victime du tremblement de terre de Lisbonne, à l’âge de vingt et un ans (1755).
De même, le mardi de Pâques, il y avait toute une représentation de Jésus-Christ apparaissant aux disciples d’Emmaüs, cette scène touchante et lumineuse qui a depuis inspiré de si grands peintres.
S’ils manquèrent de la politique du moment, ce fut positivement parce que cette politique instantanée ne leur avait jusqu’alors inspiré que du mépris ; mais les affaires les auraient formés, parce qu’elles ont seules la puissance de courber les esprits forts jusqu’aux considérations honteuses qu’exigent l’état et les intérêts d’une société presque en dissolution.
Qu’a-t-il besoin d’anges pour révéler et pour inspirer ce qu’il voit et ce qu’il veut, cet Être inconnu que j’adore de cœur et que j’aime avec vous ?
C’est parce qu’elle lui avait inspiré le désir d’être aimé, et cette petite adresse réussira toujours… » 31.
Une chose les inquiétait beaucoup plus, c’est la connaissance qu’ils avaient de la défiance et de la profonde dissimulation de ce prince : on ne sait si elles lui étaient naturelles ou si elles lui avaient été de bonne heure inspirées parle cardinal, mais il en était venu à regarder la dissimulation comme une qualité qui lui était absolument nécessaire, et c’est à dissimuler que se bornait pour lui l’art de gouverner. » Ce lieutenant des chasses qui avait en lui, à Versailles, du Tacite et du Suétone, n’a pas fini, et il continue d’analyser son maître sur ce ton, intus et in cute.
., La poésie épique, enfin, dégénérée de la perfection de Virgile, est inspirée dans la Pharsale d’un souffle tout oratoire et mérite à Lucain ce jugement de Quintilien, qu’il était plutôt un orateur qu’un poète. » C’est ingénieux et incontestable.
Chabanon était un créole spirituel et d’une jolie figure, qui unissait des études sérieuses à des talents d’agrément, helléniste et bon violon, lisant en grec Homère, que Suard n’avait jamais pu lire en entier, même en français ; homme de société et sensible, d’un tour romanesque, qui ressentit et inspira de vives tendresses et des sympathies délicates ; qui fut cher à d’Alembert et à Chamfort.
Si quelque regret tempère la satisfaction et le respect qu’inspirent les doctes et courageux travaux de l’école encyclopédique de MM.
Je leur dis alors que, mon discours leur ayant fait quelque plaisir, il auroit fait plaisir à toute la terre, si elle avoit pu m’entendre ; qu’il me sembloit qu’il ne seroit pas mal à propos que l’Académie ouvrît ses portes aux jours de réception, et qu’elle se fît voir dans ces sortes de cérémonies lorsqu’elle est parée… Ce que je dis parut raisonnable, et d’ailleurs la plupart s’imaginèrent que cette pensée m’avoit été inspirée par M.
Mais il abandonna ce traité “bien démodé aujourd’hui” et consulta le Dr Pouchet, un Rouennais qu’il avait connu chez Flaubert, s’inspira ensuite de la thèse d’agrégation du Dr Déjeriné et des travaux de Weissmann.
Il travailla pour la Foire et pour les Italiens, fit des romans, traduits, ou imités, ou inspirés de l’espagnol, et divers recueils de genres très mêlés.
En 1766, elle rencontra Horace Walpole, qui avait vingt ans de moins qu’elle, et qui se sentit un peu embarrassé de cette profonde tendresse qu’il inspirait à une septuagénaire.
Regardez-le dans sa carrière politique : jamais le sentiment ne lui a arraché un discours, inspiré un acte ; tout en lui est d’un politique qui observe et calcule.
Jean Richepin est un écuyer de cirque, ou plutôt un beau saltimbanque — non pas un de ces pauvres merlifiches, hâves, décharnés, lamentables sous leurs paillons dédorés, les épaules étroites, les omoplates perçant le maillot de coton rosâtre étoilé de reprises mais un vrai roi de Bohême, le torse large, les lèvres rouges, la peau ambrée, les yeux de vieil or, les lourds cheveux noirs cerclés d’or, costumé d’or et de velours, fier, cambré, les biceps roulants, jonglant d’un air inspiré avec des poignards et des boules de métal ; poignards en fer-blanc et boules creuses, mais qui luisent et qui sonnent.
Telle est donc la première condition de l’objectivité : ce qui est objectif doit être commun à plusieurs esprits, et par conséquent pouvoir être transmis de l’un à l’autre, et comme cette transmission ne peut se faire que par ce « discours » qui inspire tant de défiance à M. le Roy, nous sommes bien forcés de conclure : Pas de discours, pas d’objectivité.
L’actrice qui excellait à l’exprimer sur la scène, et qui passait même pour l’inspirer à l’auteur, était la Champmeslé, comédienne excellente, mais courtisane dangereuse qui avait séduit le jeune Sévigné, dont elle dérangeait la fortune, en donnant des soupers où Racine et Boileau se trouvaient.
Le genre Louis XVI, qui régna jusqu’en 91, est essentiellement honnête, fleuri et riant ; il s’inspire d’un sentimentalisme vertueux.
Saint-Simon, si amer quand il blâme, trouve, pour la louer, des grâces qui semblent inspirées par elle ; Dangeau la fait aimer par le simple récit de ses moindres actions.
Le portrait de la duchesse d’Angoulême m’a surtout choqué par une fausse expression de charmes et par une prodigalité de coloris qui fait contresens avec le caractère élevé, sévère et presque austère d’une figure si propre à inspirer uniquement le respect.
Son malheur prolongé, en réveillant la pitié publique, et en mettant à découvert ses amis fidèles, a fait sa gloire ; on n’inspire jamais de tels dévouements parmi l’élite des esprits, sans avoir, plus ou moins, de quoi les mériter53.
La contrée est agréable ; à côté de la maison que nous habitons, nous avons un beau lac et une belle forêt ; l’art y procure tous les fruits que la nature refuse ; les mœurs du pays sont douces ; il y a beaucoup d’instruction dans les hautes classes de la société, et l’on trouve encore chez elles des principes religieux que l’on n’y soupçonnerait pas ; chaque seigneur rend, avec une sage mesure, la liberté à ses vassaux ; il les rend propriétaires, il leur fait du bien sans commotion, et il cherche à leur inspirer, non l’amour du changement, mais celui du travail et de l’industrie.
Le grand financier Pâris-Duverney, devenu, dans sa vieillesse, intendant de l’École militaire, dont il avait inspiré la première idée à Mme de Pompadour, et dont il avait dirigé la fondation, souhaitait ardemment que la famille royale honorât d’une visite cet établissement patriotique où il mettait sa dernière pensée.
Tocqueville est le premier qui, regardant la démocratie comme bonne en elle-même et inévitable, ait su voir qu’elle pouvait conduire au despotisme aussi bien qu’à la liberté : observation vulgaire chez tous les publicistes de l’antiquité, et cent fois vérifiée dans les petites républiques de la Grèce, mais qui, appliquée à toute la surface du monde civilisé, inspire à l’entendement et à l’imagination une singulière impression de religieux effroi.
Sans doute il y a des époques plus ou moins favorables au beau ; mais, à toutes les époques, c’est en recherchant le beau sous des formes nouvelles, inspirées par le génie du temps, que l’on peut n’être pas tout à fait indigne des grandes époques de l’art.
L’auteur sentimental peint les sentiments du cœur moins pour les peindre que pour nous les inspirer.
Il en connaissait les indigences… Ce sont de vagues discussions sur la presse, inspirées par l’amour de la liberté, qu’il avait, ce protestant de Chasles !
C’est d’une réalité dont pourront s’inspirer les Walter Scott de l’avenir, qui voudront peindre les horreurs de Paris insurgé, comme Walter Scott a peint les horreurs de Liège révoltée.
L’amour de la spécialité, cette furie de la médiocrité d’un temps qui remplacera incessamment le talent par le métier, l’amour de la spécialité ne nous a pas à ce point brouillé la cervelle que nous ne puissions très bien admettre des livres où l’imagination étend sa couleur inspirée sur les notions exactes de la science et rêve parfois à côté… Entre les savants purs et les poètes ou les écrivains de sentiment et de fantaisie, il y a des écrivains intermédiaires, ayant les deux dons à la fois, dans des degrés différents, qui savent composer des livres moins austères que la science, mais non pas cependant frivoles parce que l’imagination y ajoute son charme.
Robert de la Sizeranne (La peinture anglaise contemporaine) « s’il n’a pas fait partie du corps de la petite église, l’âme de l’église n’a pas cessé de l’inspirer. » (NdA) 33.
« Le ciel de l’Italie inspire et produit les artistes. » Cela est douteux ; il n’est pas sûr qu’un Groënlandais transporté à Rome à l’âge de six mois, et occupé douze heures par jour à regarder le ciel, devînt un grand peintre.
On reconnaît chez Hugo tous les instincts et les façons du méchant auteur, et il est, quand même, un homme doué prodigieusement, une manière de chanteur inspiré. […] Alfred Poizat, et l’Iphigénie que le tragique athénien m’a inspirée. […] … Iphigénie à Mycènes, Antigone sur les gradins du théâtre de Dionysos, Hélène au musée de Sparte, apparaissent pour lui inspirer des paroles graves ou touchantes, toujours harmonieuses. […] c’était merveille de le voir nuit et jour sur la brèche, réglant la mise en scène et y revenant sans cesse afin de retoucher quelque détail, répréhensible seulement pour son expérience inspirée. […] Maintenant, la tête haute, les yeux inspirés : — Elles ont été forcées d’abandonner l’entreprise, de rentrer, affirme-t-il.
Mon cerveau d’il y a dix ou quinze ans m’inspire cependant autant de confiance que celui d’aujourd’hui : si l’un a ses préjugés, l’autre a les siens, et qui se valent sans doute. […] Ce qu’ils ont haï règne, au nom même et sous l’égide du Dieu qui inspirait leur satire. […] Le droit d’une législature médicale à réglementer l’amour pourrait être très étendu ; car quelles fantaisies l’utilité sociale n’a-t-elle pas inspirées aux Lycurgues ? […] Ces idées ont inspiré toute une vaste et basse littérature. […] Le plus ancien poème de la langue française est une complainte, et précisément inspirée par un des poèmes de Prudence.
Il a moins bien inspiré, convenons-en, nos poètes bachiques ; mais celui qui chante le vin, généralement, ne boit que de l’eau. […] Généralement l’inspiré, pareil au somnambule, si on trouble son état second, si on le réveille, ne retrouve plus la suite de ses idées ou de son rêve. […] La Bourgogne, puis, au retour, la Franche-Comté, ont peut-être mieux inspiré l’auteur que la Narbonnaise. […] Elle inspirait rarement d’autre sentiment que l’effroi. […] Ils m’inspirent, théoriquement, la plus grande confiance.
Mais, ce qui me paraît bien plus significatif, il n’est, dans cette adoration des énergies de la nature, que l’interprète inspiré des idées communes de son temps ; et par là son Pantagruel a vraiment ce que l’on peut appeler, ce qu’il faut même qu’on appelle une portée « européenne ». […] Peu à peu, sans presque s’en douter ni s’en apercevoir, tout en continuant d’affecter une grande admiration pour les modèles grecs, c’est à l’école des Latins que nos poètes eux-mêmes se rangent ; c’est Horace qu’ils imitent plus volontiers que Pindare ; et il n’est pas jusqu’à Ronsard, dans sa Franciade, mais surtout dans sa théorie de l’épopée, qui, s’il invoque le grand nom d’Homère, ne s’inspire constamment de Virgile. […] 2º L’Homme et le Poète. — Pour quelles raisons, étant inutile d’étudier l’un après l’autre les poètes de la Pléiade, on préfère Baïf à Jodelle ou à Remy Belleau. — La caricature de Ronsard. — Un enfant de l’amour ; — sa jeunesse et son éducation ; — médiocrité de son œuvre. — Que là où il est le mieux inspiré, dans son Ravissement d’Europe ou dans son Hymne à Vénus, Baïf est à Ronsard ce que Primatice ou le Rosso sont à leurs maîtres. — Étendue de son œuvre ; — et qu’elle représente éminemment ce qu’il y avait d’artificiel dans le mouvement de la Pléiade. — Sa réforme de l’orthographe ; — ses innovations métriques ; — ses tentatives de lier ensemble la musique et la poésie ; — son Académie.
Et ceci n’est qu’apparemment paradoxal : jusqu’aux temps tout modernes, c’est la Foule qui écrit l’histoire et inspire les penseurs, — la foule plus un homme. […] Le Romantisme s’inspirait de Shakespeare et lisait Gœthe. […] Ils s’inspirent de Balzac, ils acclament Flaubert : mais, dans l’œuvre de ces deux Maîtres, quel arbitraire choix ils font ! […] Léon Cladel, élève de Charles Baudelaire, reste l’inspiré de ses ciels et de ses champs du Rouergue. […] Bourget est encore un très important critique, bien inspiré, de Sainte-Beuve et de M.
Et en effet, avec la meilleure volonté du monde, cette régularité de structure, cette beauté d’analogie, cette simplicité de moyens que l’on rencontre à l’origine des langues et que l’on est convenu de décorer du nom de perfection, il est bien difficile au philologue de ne pas étendre insensiblement l’admiration qu’elles lui inspirent aux œuvres elles-mêmes qui sont, en vertu de la chronologie, les monuments ou plutôt les modèles de cette perfection. […] D’ailleurs nous avons essayé de montrer que les conditions mêmes dans lesquelles elle était née, l’imperfection de l’instrument dont elle avait dû se servir, les mœurs enfin ou barbares ou grossières qui l’avaient inspirée, l’empêchèrent de s’élever, à aucune époque de l’histoire de son développement, jusqu’au style. […] On avait mieux, puisque sans doute on avait encore présents au souvenir le geste, le regard, et l’accent inspiré de Pascal. […] « Dieu lui inspira une infinité de pensées admirables sur les miracles, qui, lui donnant de nouvelles lumières sur la religion, lui redoublèrent l’amour et le respect qu’il avait toujours pour elle. […] En effet, Molière n’a pas également bien inspiré tous ceux qu’à tentés son histoire ; et puis, cette histoire elle-même a son histoire.
Natures mauvaises et perfides que lord Byron lui-même n’a pas pu relever de la haine et du mépris qu’elles inspirent. […] — On le dirait inspiré ! […] Cet homme étonne et il afflige : il n’a pas d’excuse et il n’a pas d’espérance ; son châtiment même a quelque chose de si incroyable, qu’on ne le trouve pas assez châtié ; un peu de mépris pour cette belle Célimène, l’horreur profonde pour Tartuffe, le profond dégoût que nous inspirent M. et madame de Sotenville et leur digne fille, voilà des êtres plus sévèrement châtiés et plus complètement punis que Don Juan lui-même dans ces flammes qui viennent de l’enfer. […] C’est-à-dire que Don Juan, qui n’est pas un docteur, qui ne dispute avec personne, parce que le faux et le vrai, le juste et l’injuste, tout lui est égal, laisse parler Sganarelle avec ce dédain mêlé d’indifférence qui a inspiré à M. de Lamennais un si beau livre.
Chez les Grecs, les premières images taillées furent celles des personnes divines ; la poésie chantée, c’est la religion qui l’inspira. […] La beauté pouvant dans certaines limites, remplacer l’idéal, on ne saurait trop louer les réalistes qui ont assez de bon sens pour ne s’inspirer que d’elle. […] La preuve en est, encore une fois, dans l’intérêt qu’inspirent tous les héros de G. […] Courbet, l’homme qui ne s’inspire que de la nature, qui n’a jamais eu qu’elle pour maître, peint, entre les quatre murs de son atelier, un paysage… réaliste.
Lamartine représente pour nous le type lui-même du poète inspiré et, si on voulait faire le portrait du poète, il semble bien qu’on le ferait à sa ressemblance. […] L’amour a très peu inspiré Victor Hugo. […] Alfred de Vigny, en voyant ce que nous soutirons et comme nous sommes condamnés à souffrir, à défaut d’autre chose, nous prend en pitié, et il a écrit un des plus beaux vers qui soient dans notre langue, justement sur cette sympathie que la souffrance doit inspirer. […] Lamartine a une des têtes les plus admirablement inspirées qu’on puisse imaginer ; Victor Hugo avait de la beauté, de la noblesse dans les traits ; Alfred de Vigny avait quelque chose de délicat, de fin ; Musset était séduisant ; Théophile Gautier avait une véritable beauté plastique ; François Coppée, une tête de médaille ; Sully Prudhomme, un charme de grâce, de rêverie.
Des remaniements, même de petite importance, même de pure forme, auraient pu, si l’on y avait pris garde, inspirer le soupçon de modifications plus essentielles. […] Vous connaissez assez la vénération que nous inspire le maître des maîtres, pour comprendre quelle dût être notre douleur et notre rage. […] En parlant d’un de ces poèmes d’antan qui s’appelait le Gibet de John Brown et qui m’avait été inspiré par le dessin de Victor Hugo, M. […] Donc, Emmanuel Glaser entra sans frapper, et j’avoue que, pour la première fois, sa visite ne m’inspira qu’un contentement médiocre. […] Mais grâce à Dieu, nous comptons Armand Silvestre parmi nos premiers compagnons, et je puis vous parler de lui avec tout l’enthousiasme qu’il est digne d’inspirer.
Elles sont toujours dominées par un grand esprit qui les résume à nos yeux, comme il les a, sinon inspirées, du moins excitées et animées de son influence. […] De ce que Balzac a inspiré Augier, Dumas fils, Flaubert, Maupassant et M. […] Il devrait savoir que les jolis hommes inspirent des caprices, les hommes ni bien ni mal des affections, et les hommes laids des passions violentes. […] me direz-vous. — Sans doute ; ce n’est pas du tout le génie qui inspire l’amour ; c’est la conviction qu’un homme dont on partage la vie a du génie. […] De là le peu de sympathie qu’ils nous inspirent.
Remarquez que Taine, dont vous semblez vous inspirer, admet quelque amendement, quelques modifications au costume du dix-septième siècle : « Augmenter un peu la magnificence des broderies et dorures, accepter un casque vaguement antique avec panache chevaleresque. » Il admet le casque ; il dit : « Passez-moi le casque ! […] Pour le coup de théâtre de Rodogune elle-même, de Rodogune commandant le parricide, Voltaire ne peut pas s’empêcher de reconnaître que « cette situation inspire un intérêt de curiosité ». […] Les tableaux que peint avec complaisance la tragédie bourgeoise, sont inspirés par le même esprit. […] Tout le rôle de Richard est inspiré par le souvenir des Trois Glorieuses et n’est que l’apothéose de l’homme du peuple qui fait des révolutions en criant : « À bas les ministres ! […] Il s’adressa d’abord à l’étoile de la maison, « Mademoiselle Mars », la perle du ciel dramatique, celle qui (très probablement) a inspiré à Victor Hugo le vers charmant : On croyait voir une âme à travers une perle.
Toutes les gronderies de Sully avec le roi ne sont pas de cette crudité et dans son intérêt propre : il en est d’adroites et de flatteuses jusque dans leur rudesse ; il en est de touchantes par le sentiment qui les inspire.
C’est cette indignation généreuse qui donna naissance à ses Mémoires, et qui lui inspira la pensée de les faire entreprendre sous ses yeux pour rectifier tant de fausses et mensongères notions qu’on était en train d’accréditer.
Vous vous croyez au dernier degré ; mais le prince de Ligne qui ne se contente pas à peu de frais, et qui porte dans cette grâce et dans cette félicité sociale quelque chose de ce feu, de cette poésie vivifiante que nous lui avons vu mettre dans les entreprises de guerre, dira en complétant son modèle et en nous laissant par là même son portrait : Si, ajouté encore à cela, on inspire l’envie de se revoir, si l’on y fait trouver un charme continuel, si l’on a une grande occupation des autres, un grand détachement de soi-même, une envie de plaire, d’obliger, de prendre part aux succès d’autrui, de faire valoir tout le monde ; si l’on sait écouter ; si l’on a de la sensibilité, de l’élévation, de la bonne foi, de la sûreté, et un cœur excellent ; oh !
Daru écrivait à Picard sur sa comédie et dans lesquelles il lui faisait les vraies objections dont l’auteur, malgré son effort, n’a pu triompher, ont à mes yeux une valeur morale et plus que littéraire, si l’on songe qu’elles sont du même homme qui, vers le même temps, disait dans une lettre de Berlin adressée à Mme Daru : « Je t’écris d’une main fatiguée de vingt-sept heures de travail. » On le comprend, c’est moins le détail des conseils et ce qu’ils pouvaient avoir de plus ou moins motivé, que le sentiment même qui les inspire, cet amour et ce culte des lettres, tendre, délicat, fidèle, élevé, que je me plais à observer et à poursuivre en M.
Il était tendrement épris depuis quelque temps de l’aimable Mme de La Sablière, et croyait que cette passion qu’elle lui inspirait serait éternelle : Je sers une maîtresse illustre, aimable et sage ; Amour, tu remplis mes souhaits : Pourquoi me laissais-tu, dans la fleur de mon âge, Ignorer ses vertus, ses grâces, ses attraits ?
toi dont je sens le bras, ce vingtième hiver, étroitement attaché au mien, avec un plaisir tel que peut seule l’inspirer une tendresse fondée sur une longue expérience de ton mérite et de tes essentielles vertus, — je te prends à témoin d’une joie que tu as doublée depuis si longtemps !
Car c’est dans la nature, bien plus que dans les livres, qu’il faut chercher des inspirations pour un enseignement qui doit demeurer élémentaire, pratique et toujours approprié aux intelligences moyennes… À mesure que l’enseignement se fortifie, on peut donner aux exercices un caractère plus profitable ; poser aux élèves des problèmes numériques et en faire contrôler la solution de temps en temps… Par quelques exercices de ce genre, les jeunes gens apprennent bientôt à calculer, à peser, à mesurer, et on leur inspire le goût de l’expérience avec la confiance dans ses enseignements.
Non, il faut que l’amitié inspire la confiance, et la confiance les plaisirs.
Il est comme un homme délivré et qui respire librement ; il se remet à rire, à jouer la comédie et la tragédie en société ; il est heureux de cette bienveillance intelligente qu’il inspire, et de cette culture mêlée de simplicité qu’il rencontre au pied des Alpes.
Il sait, pour l’avoir souvent éprouvé dans cette continuité d’émotions excessives, « que le grandiose lasse vite ; qu’il n’y a rien de plus beau que la beauté riante, qu’elle seule met l’âme dans son assiette naturelle. » Toutefois, il ne peut se dérober là à la condition de son sujet et aussi au tour naturel de son esprit ; et ce sont encore les aspects sévères, les sublimités gigantesques qui l’attirent le plus et l’inspirent le plus puissamment.
Il n’y a qu’un nom pour les passions que les mêmes objets font naître mais les objets ont tant de faces, et peuvent être envisagés dans des jours si différents, que les sentiments qu’ils inspirent ne se ressemblent en rien… Par notre idée nous ennoblissons nos passions, ou nous les avilissons ; elles s’élèvent ou descendent, selon les cœurs.
elle m’en fait encore pitié. » Pitié, c’est le sentiment qu’elle inspire.
Et certainement heureux sera le jour, heureuse sera l’année, heureux tout le temps que je vivrai pour toi et que je consacrerai à ta loi divine et à ton Écriture véritablement inspirée ; quoique cependant sans ton secours, ô Père céleste, sans une aide particulière venue d’en haut, cela même ne me réussisse pas.
Flousset aurait beaucoup le talent d’écrire et de peindre, d’être éloquent, comme on dit, dans le cas où il marcherait tout seul et où il aurait à composer, pour son compte, quelque morceau de sa propre étoffe ; mais aujourd’hui il ne nous donne pas le temps d’y songer : dans ce long travail d’analyse, d’extrait, de résumé et d’assemblage, il a fait preuve partout d’un excellent jugement, d’un goût sobre, d’un choix sévère, d’une fermeté de pensée et d’expression qui inspire toute confiance.
Un roi, en effet, je veux dire quelqu’un qui est né pour l’être, qui se croit et se sent de race et d’étoffe à cela, soit qu’il s’appuie à la vieille idée du droit divin, ou qu’il s’inspire de la pensée d’une haute mission, suscitée et justifiée par l’attente universelle, doit avoir en soi une noble confiance.
» Elle a inspiré ou tenté au grand siècle Quinault, Molière, Corneille et La Fontaine.
Mais ce jour-là, quelles que soient, les différences de race, de tempérament, d’éducation, d’expression entre lui et Guérin, différences qui sont presque autant d’antipathies et de contrastes, tous deux ils se ressemblaient par un fonds de paganisme, par l’amour et la poursuite ; du grand Pan, et par le sentiment d’abandon, de fureur et d’ivresse démoniaque ou sacrée qu’il leur inspirait.
Il ne faut point séparer de ces chansons les airs qui les accompagnent et qui les soutiennent, qui les ont inspirées souvent ; M.
Mitis, de ses Père Joseph ; je ne parle pas même de Béranger avec ses Missionnaires et ses Hommes noirs, déjà un peu effacés ; mais lorsque plus tard un romancier célèbre, à l’imagination robuste, a jeté dans la circulation le type odieux de Rodin qui, toutes les fois qu’on le lui représente encore, émeut le peuple bien autrement que Tartuffe parce que c’est un type plus réellement contemporain, il ne fit que s’inspirer des animosités et des rancunes de sa jeunesse.
» Il soutenait en effet que l’intérêt était partout, était tout, inspirait tout ; il ne croyait pas à l’essence des vertus : « La vertu est un fantôme formé par nos passions, à qui on donne un nom honnête, afin de faire impunément ce qu’on veut.
» Ceux qui sont si empressés à refuser aux hommes engagés dans la vie active et dans l’âpreté des luttes publiques la faculté de sentir et de souffrir n’ont pas lu Émile, où se rencontrent, au milieu d’une certaine exaltation de tête, tant de pensées justes, délicates ou amères nées du cœur : « A l’âge où les facultés sont usées, où une expérience stérile a détruit les plus douces illusions, l’homme, en société avec son égoïsme, peut rechercher l’isolement et s’y complaire ; mais, à vingt ans, les affections qu’il faut comprimer sont une fosse où l’on est enterré vivant. » « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants que je vous devrai (il s’adresse à celle qu’il considère déjà comme sa compagne dans la vie) ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné. » Émile parle de source et, quand il le pourrait, il n’a à s’inspirer d’aucun auteur ancien ; la tradition, je l’ai dit, ne le surcharge pas ; elle commence pour lui à Jean-Jacques, et guère au-delà : c’est assez dans le cas présent.
Pompéa, après sa tentative de reprise de possession et cet effort suprême qu’on a vu, s’exécute et se conduit en noble et loyale nature ; elle a inspiré à la comtesse une sympathie involontaire, quasi magnétique, dont elle est reconnaissante et qu’elle se promet de ne pas trahir.
Toute altération d’un manuscrit de Mémoires, quelle que soit l’intention qui l’a inspirée, lorsqu’elle modifie la donnée fournie par l’auteur, la base de l’étude du moi humain, nous paraît un abus de confiance soit envers le mort qui ne peut protester, soit envers le public qui se trouve abusé.
« Le respect qu’elle inspire tient plus à ses vertus qu’à sa dignité ; il n’interdit ni ne refroidit point l’âme et les sens ; on a toute la liberté de son esprit avec elle ; on le doit à la pénétration et à la délicatesse du sien : elle entend si promptement et si finement qu’il est facile de lui communiquer toutes les idées qu’on veut, sans s’écarter de la circonspection que son rang exige.
Il répond de sa main au maréchal (26 novembre 1742) : « Le feu roi, mon bisaïeul, que je veux imiter autant qu’il me sera possible, m’a recommandé, en mourant, de prendre conseil en toutes choses et de chercher à connaître le meilleur pour le suivre toujours ; je serai donc ravi que vous m’en donniez : ainsi, je vous ouvre la bouche, comme le Pape aux cardinaux, et vous permets de me dire ce que votre zèle et votre attachement pour moi et mon royaume vous inspireront.
L’empereur, au lieu de me dire des injures, aurait mieux fait de juger ceux qui lui inspiraient des préventions ; il aurait vu que des amis comme ceux-là sont plus à craindre que des ennemis.
Alexandre Dumas, il entre presque comme faisait Machiavel en exil, dans la cour auguste des grands hommes de l’antiquité, ou du moins il rêve et s’inspire entre la Bible et Corneille, devant un crucifix.
Philarète Chasles)50, a fort loué sa prose et y a cru voir comme une espèce de chaînon intermédiaire entre Montaigne et Pascal ; ce sont de bien grands noms, et la prose de Théophile se borne à des opuscules facilement et spirituellement écrits, mais de bien peu de gravité, sauf les requêtes apologétiques où son malheur l’inspire.
Sans doute, en considérant avec détail les maîtres, on aurait pu trouver plus d’une fois que l’imitateur n’avait pas tout rendu, qu’il était resté au-dessous ou pour la concision ou pour une certaine simplicité qui ne se refait pas ; c’est l’inconvénient de tous ceux qui imitent, et Horace, mis en regard des Grecs, aurait à répondre sur ces points non moins que Chénier ; mais tout à côté on aurait retrouvé chez celui-ci les avantages, là où il ne traduit plus à proprement parler, et où seulement il s’inspire ; on aurait rendu surtout justice en pleine connaissance de cause à cet esprit vivant qui respirait en lui, à ce souffle qu’on a pu dire maternel, à cette fleur de gâteau sacré et de miel dont son style est comme pétri, et dont on suivrait presque à la trace, dont on nommerait par leur nom les diverses saveurs originelles ; car, à de certains endroits aussi, ne l’oublions pas, l’aimable butin nous a été livré avant la fusion complète et l’entier achèvement.
Quant à elle, au milieu des accidents de ce monde, elle incline la tête, et se réfugie dans une sorte de fatalisme providentiel, que ses liaisons avec Port-Royal et ses lectures de Nicole et de saint Augustin lui avaient inspiré.
Le paysage de parcs et d’élégants cottages, les mœurs, les ridicules des ladies chasseresses ou savantes, la sentimentalité languissante et pure des amants, y composent un tableau achevé qui marque combien ce séjour en Angleterre a inspiré naïvement l’auteur.
Et comment n’a-t-elle pas inspiré un Corneille ?
J’irai moi-même vous visiter souvent dans cette cahute et vous porter les consolations et les encouragements que votre figure honnête commence à m’inspirer.
Mais, de plus, Boileau et Racine, et La Fontaine, et Molière étaient des artistes : ce que n’étaient ni les Chapelain, ni les Scudéry, ni les Desmarets, ni les Cotin, ni tous les prétentieux rédacteurs d’emphatiques épopées, ni tous les ingénieux rimeurs de petits vers, ni tous les pédants qui estimaient que l’usage des règles, par une vertu secrète, suffit sans la matière et sans le génie à la perfection des œuvres, ni enfin tous les inspirés qui écrivaient en courant, sans réflexion et sans retouches, au hasard de leur fantaisie.
Le pouvoir, spirituel ou temporel, n’inspire plus que défiance ou mépris.
En lisant l’Imitation, tout enfant il avait « senti Dieu » : il resta toute sa vie un inspiré, et les livres qui parlèrent le plus à son cœur furent toujours les livres des voyants et des prophètes, l’Imitation, la Bible, les Mémoires de Luther ; même il sera tendre à Mme Guyon.
Renan, qui a toutes les franchises, ne nous cache point l’envie que lui inspire la destinée des hommes du monde.
On a dit, ou à peu près : — Voilà qui est, en vérité, bien outré et bien peu philosophique ; et l’Académie inspire à M.
Zola lui-même qui, bien inspiré ce jour-là, a dit que l’art était « la réalité vue à travers un tempérament » ?
Comme elles sont échappées à l’auteur à l’occasion de ce qui arrivait à ses héros et à ses héroïnes, elles ont souvent la vertu de rappeler quelque joie ou quelque douleur de la vie ; et il y en a qui résument si bien une situation dramatique, que malgré soi on se laisse aller à rêver sur la scène de roman qui a dû les inspirer : l’imagination ne s’arrête pas longtemps à ce jeu qui serait bientôt un travail, mais cette excitation n’en a pas moins du charme.
Mais à côté des mensonges qui sont inspirés à l’individu par son égoïsme personnel, il y a des mensonges qui luisent imposés ou suggérés par le groupe.
Et admirez le génie du musicien Paul Kotchouleff qui « chanta, d’une voix large et pure, pendant une heure durant, de nobles mélodies d’un grand souffle inspiré ».
Peu d’instants après, le général entrait, s’asseyait au milieu d’eux, sur le même divan, et cherchait à leur inspirer de la confiance par des discussions sur le Coran, s’en faisant expliquer les principaux passages et montrant une grande admiration pour le Prophète.
« C’est un écho qui double la voix », a-t-on pu dire d’elle à cet égard, et en songeant à ceux dont elle prétendait s’inspirer.
L’essentiel pour la critique, pour celle dont nous parlons, tout active et pratique, est bien moins encore d’avoir une science profonde des choses que d’en ressentir vivement, d’en inspirer le goût, et de le retrouver autour de soi.
N’oublions pas non plus que Mme Du Deffand était de Bourgogne ; elle semble tenir de cette verve du terroir, qui inspira tant de piquants Noëls aux Piron et aux La Monnoye.
Bien que jeune lui-même, il inspirait de la vénération, et plusieurs de ses compagnons d’armes le traitaient comme ils eussent fait un père.
Il avait été élevé par un Français, homme de mérite, appelé Duhan, qui lui avait inspiré l’amour de notre langue et de notre littérature.
Lacretelle l’a très bien fait observer en nous peignant ce Florian réel, qui avait le privilège d’inspirer partout la joie par ses bons mots, ses contes et ses chansons : « Il osait peu se livrer à sa gaieté naturelle en écrivant.
Évidemment, il s’est quelquefois souvenu en l’écrivant de la Vie d’Agricola par Tacite, mais il se souvient encore plus et avant tout qu’il est fils et chrétien, et c’est ce qui l’inspire.
Il ne pouvait naître et fleurir que dans cette pleine liberté du xvie siècle, chez un esprit franc et ingénieux, gaillard et fin, brave et délicat, unique de trempe, qui parut libre et quelque peu licencieux, même en ce temps-là, et qui s’inspirait lui-même et s’enhardissait, sans s’y enivrer, à l’esprit pur et direct des sources antiques.
Elle se contenta donc d’égayer tout ce monde, de le consoler, d’inspirer la fermeté et une sorte de joie autour d’elle, de ne pas trop voir les choses en noir de son œil malade, d’obéir plutôt à sa douce humeur et à une certaine inclination d’espérer qui lui venait de la nature : Il arrive souvent, madame, écrit-elle à Mme de Maintenon, que lorsqu’on croit tout perdu, il survient des choses heureuses qui changent absolument la face des affaires. — Je pense, dit-elle encore, que la fortune peut nous redevenir favorable ; qu’il est de ses faveurs comme du trop de santé, c’est-à-dire qu’on n’est jamais si près d’être malade que lorsqu’on se porte trop bien, ni si proche d’être malheureux que quand on est comblé de bonheur.
Mais, auparavant, j’ai à parler d’un article qu’il donna à la Revue de Paris en juin 1830, et qui, sous ce titre : « Une mort volontaire », contenait des réflexions inspirées par le suicide du jeune et malheureux Sautelet.
On racontait alors de Beaumarchais et de sa vie intérieure mille singularités vraies ou fausses, mais qui visaient au scandale ou au ridicule : celle-ci, par exemple, qui est assez piquante, et que je donne pour ce qu’elle vaut : Beaumarchais a une pantoufle en or clouée sur son bureau, c’est celle de sa maîtresse ; avant de travailler, il la baise, et cela l’inspire. — Il embrasse tout et se croit propre à tout.
Sayous ne nous retrace pas avec moins de finesse et de vérité l’aspect naturel du pays en Savoie, ces frais paysages jetés dans un cadre grandiose, cette espèce d’irrégularité et de négligence domestique, et ce laisser-aller rural que peut voir avec regret l’économiste ou l’agronome, mais qui plaît au peintre et qui l’inspire insensiblement : « L’imagination, dit-il, est plus indulgente : elle sourit à ce spectacle qui a sa grâce, et l’artiste jouit en reconnaissant un instinct de l’art et comme un goût de nature dans ce confus arrangement qui semble avoir été abandonné au hasard. » Nous connaissions déjà, depuis les peintures de Jean-Jacques Rousseau, ce charme des vallons et des vergers de Savoie, si frais et si riants au pied des monts de neige ; mais, avant d’en venir à saint François de Sales, il était bon de nous le rappeler.
Le conte d’Ondine est inspiré par cette idée, puisqu’il s’agit de faire acquérir, par la petite créature des éléments, l’âme immortelle dont elle est dépourvue.
Et cependant, ne nous y trompons pas, ni le talent qui est suprême en ces Mémoires, — qui va jusqu’au génie, quand il ne s’agit que de peindre, mais qui n’y va pas, quand il s’agit de juger, — ni le sujet de ce récit, grand, varié, et pour nous, les démocrates du xixe siècle, déjà merveilleux comme une lointaine épopée, ni les hasards d’une publication qui a aiguisé le goût public et l’a fait attendre avant de le satisfaire, ni même, ce que nous ne comptions pas tout d’abord, la rareté des livres sur le siècle de Louis XIV, rareté étonnante et qui vient de la peur qu’inspirait Voltaire, lequel l’avait pris pour sa part de lion et faisait trembler d’y toucher les superstitieux de son génie, ne peuvent suffisamment expliquer l’amour que Saint-Simon, presque inconnu, presque dédaigné au xviiie siècle, a trouvé tout à coup parmi nous.
Même Madame Sand, une des gloires de la maison Buloz, n’inspira jamais à Gustave Planche d’articles comparables à ceux qu’il écrivit en l’honneur de Mérimée.
Il est scholar toujours, nous l’avons dit plus haut, même quand il est le plus inspiré, quand il se croit le plus genuine, quand il veut rester le plus lui-même.
Ces fragments, gardés dans la famille, et qui attestent la laborieuse fécondité d’un homme aussi savant qu’il fut inspiré, chose si rare !
Je n’ai guères parlé jusqu’ici que de celui qui appartient plus particulièrement à Baudelaire : le livre qui traite du haschisch ; l’autre, qui traite de l’opium et dont le paradis est bien inférieur au paradis du premier, a été traduit ou du moins très inspiré de Quincey, un vieux mangeur d’opium qui fut poète dans le temps en Angleterre, et qui n’avait pas assez de sa poésie, sans doute, pour s’enivrer et se sentir vivre.
Je citerai après les Élégies à Marie, toutes les pièces A ma mère, L’Aveugle, ce sujet qui a toujours inspiré les poètes, Ne va pas rester sur ton livre, Le Maçon, Le Cheval Jobi, etc.
Il est aussi inspiré à sa manière que Lamartine à la sienne.
La vraie réponse à l’étonnement qu’inspirent ces prêtres guerriers, c’est l’abbé Paul Bouyer qui la donne en révélant son angoisse.
Royer-Collard, inspirait le brillant jeune homme qui, la trompette à la main, parcourant la contrée philosophique déployait la variété, l’agrément et l’agilité de ses fanfares, pour attirer la foule autour des nouveaux dogmes.
. — Et de fait, il faut bien reconnaître que contempler ceci inspire difficilement une pensée vraiment religieuse. […] L’opéra est mal fait et le monde aussi… » Une théorie philosophique a été inspirée à Wagner par des considérations techniques sur son art. […] « Sa renommée de voyageur et la confiance qu’inspiraient alors les hommes de lettres le portèrent aux États généraux en 1789 », dit Sainte-Beuve. […] Tarde, lui, croit que les idées pures, les idées qui ne sont pas inspirées par des besoins ont beaucoup plus de part que cela dans les démarches de l’humanité. […] Il a dû être inspiré à Daudet par le commerce qu’il entretenait avec un écrivain célèbre, que, du reste, il aimait de tout son cœur.
C’est avec lui que rivalisent, mais sans pouvoir l’éclipser, ni peut-être y songer seulement, et l’auteur de l’Alaric, et celui du Clovis, et celui du Saint-Louis, tous ces poêles épiques inspirés, comme lui, de la Jérusalem, du Tasse, et comme lui, curieux avant tout de faire voir aux lecteurs « qu’ils n’ont rien entrepris sans savoir toutes les proportions et tous les alignements que l’art enseigne ». […] C’est un poète emporté par son enthousiasme, qui, soutenu par la grandeur de ses pensées et de ses expressions, s’élève au-dessus de la raison ordinaire des hommes, et qui en cet état profère avec transport tout ce que la fureur lui inspire. […] Et non seulement la peinture, avec Vien, avec David, avec vingt autres, ne s’inspire plus que du Serment des Horaces ou des Fils de Brutus, mais la mode même se fait antique ; — et les femmes du Directoire se déshabillent à la grecque ou à la romaine. […] Il s’agit de savoir si notre poésie continuera de s’inspirer d’Homère et de Virgile ; de leur emprunter ses machines ; de se nourrir de fictions auxquelles ni le poète ni son public ne peuvent croire ; et, chrétiens dans le sang, il s’agit de savoir si notre art, toujours païen, continuera d’être une espèce d’insulte à tout ce que nous croyons. […] Avec un seul mot, Sainte-Beuve a déplacé les bases de la critique : il en a renouvelé les méthodes en leur donnant l’exemple de s’inspirer désormais de celles de l’histoire naturelle ; — et j’ajoute qu’en en renouvelant les méthodes et en en déplaçant la base, cependant il en a maintenu l’objet.
Ces pauvres gens qui n’arrivent à rien et sont toujours en agitation, ces Sosies les uns des autres, tous coulés dans un même moule d’esprit difforme, et qui pourraient signer tous leurs articles d’une seule et unique signature : les Confrères de la vulgarité, sont dignes d’inspirer une profonde compassion. […] merci de m’avoir inspiré, et toi, mon vieil almanach, tu seras mon luth, ma lyre, ma harpe à jamais ! […] Couture vient de peindre une chapelle de Saint-Eustache, où il a représenté l’Intercession de la Vierge ; la peinture catholique inspire toujours des idées tristes… sur le compte du peintre. […] Autran, poète simple, veut chanter sa montagne, et rendre sa poésie bonne fille, pour inspirer à ses contemporains le goût de la vie agreste. […] Applaudissons les chefs-d’œuvre de l’art, mais demeurons fidèles à l’admiration de la nature, qui seule les a inspirés. » « Le paysagiste doit contempler la campagne avec des pensées modestes.
Les autres s’inspirent de l’observation, se réclament de la Révolution et considèrent que le jeu des lois naturelles suffit à déterminer l’homme et l’univers sans qu’il soit besoin d’invoquer un moteur divin pour les expliquer. […] Zola sur Lourdes aurait été inspiré à cet écrivain par la sainte Vierge, pour servir de réclame à son sanctuaire, de telle sorte que le zélateur de la science, l’ennemi du catholicisme contribuerait, sans le vouloir, au bien de l’Église et surtout à la prospérité des finances de Pecci. — Après cette découverte, on peut tirer l’échelle. […] Si la sainte Vierge les inspira, il faut avouer qu’elle fit preuve, en cette circonstance, d’un manque de perspicacité tout à fait déplorable. […] Non seulement l’abbé ne pouvait admettre l’intervention d’une divinité féminine, la sainte Vierge bouleversant, à son gré, l’ordre des forces qui déterminent l’univers, mais encore le spectacle donné par la foule délirante livrée, autour de lui, aux pratiques du fétichisme le plus grossier, lui inspirait un invincible dégoût. […] Son cœur charitable, ses courses dans les quartiers pauvres de Paris, ses luttes contre la misère sans cesse croissante du peuple lui inspiraient un livre où, mû par une illusion bizarre, il se figurait appliquer les principes que Pecci formule dans ses encycliques.
Nous lui accordons une certaine réalité puisque nous en sommes émus et parfois aiguillés vers des destinations qu’elle inspire. […] D’ailleurs la littérature ne doit pas suivre un parti, mais les inspirer tous au contraire ou plutôt en faire surgir d’autres que ceux-là qui si déplorablement nous gouvernent, et les doter d’une honnêteté et d’une efficacité plus grandes. […] Celle-ci ruinée, le didactisme perd de l’effroi qu’il inspire.
Car Olivier Bertin meurt, emportant au-delà de la vie un amour désavoué par lui-même et ignoré de celle qui l’avait inspiré. […] Je n’insiste pas, mais on devine le tableau qu’a dû inspirer à M. […] Ces morts qui s’entretenaient entre eux ne m’inspiraient plus d’effroi ; je me sentais presque à l’aise parmi eux. […] L’estime particulière que m’a inspirée cet officier distingué, la confiance que j’ai dans son énergie et ses talents, me font attacher du prix au succès de mes sollicitations. […] La lueur incertaine qui vient de fenêtres éloignées, la lumière qui change selon les heures du jour et les brusques alternatives d’ombre et de clarté, produites par les nuages qui traversent le ciel ajoutent leurs effets inattendus à ce que l’ébauche a de saintement poétique et à ce qu’elle inspire de mélancolie.
Celles-là m’ont inspiré la composition d’un air à la fois animé et traînant, qui s’adapte autant aux paroles fières d’un homme qui a brûlé ses vaisseaux qu’à la tristesse morne de ses jours de désespoir. […] D’abord, Bruant ne s’en est inspiré que pour broder des variations sur le thème. […] L’ordre de la nature inspire de la confiance au poète. […] Nous n’avons qu’à le suivre et à nous inspirer de lui. » Cette dernière observation ne me satisfait qu’à demi. […] Même elle nous inspire un respect immense, quand elle est le fruit d’un seul petit article, publié dans une petite revue.
Nous disions : Voilà les poètes, voilà les inspirés ! […] Poète inspiré, poète sans étude et sans habileté… L’habileté est, en ce monde perverti, ce que Banville a détesté le plus vivement. […] Au lieu qu’un sourire, qui me séduit, ne m’inspire pas un mot… et mes yeux, que des yeux ennemis font étinceler, se baissent devant un regard dont ils aiment la lucidité ou la douceur. […] … Multiplions les batteries, les transports automobiles, les chemins de fer stratégiques, la flotte et les dirigeables jusqu’à ce que notre puissance visible inspire à l’adversaire le renoncement. […] Il lui enseigne que « les aspects ordonnés et composés de la nature, retouchés par l’homme, peuvent inspirer la sérénité, la passion maîtresse d’elle-même ».
De là la simplicité particulière, la vive spontanéité des morceaux que la Bible lui inspire : de là le charme pénétrant qui s’en exhale. […] Jamais, je crois, le principe de l’héroïsme cornélien et de l’admiration que malgré tout il inspire, n’a été mieux mis à découvert que dans ces dernières lignes. […] Ce n’est donc pas Corneille qui s’est inspiré de Descartes : est-ce Descartes qui s’est inspiré de Corneille ? […] À la fin du siècle, ce n’est plus la même chose : les écrivains ont pris conscience de leur importance ; la dignité de la littérature leur inspire des sentiments plus hauts ; les gens de lettres deviennent une classe qui prétend traiter d’égal à égal avec tout le monde et ne relever de personne. […] La conversion de Gil Blas dans la tour de Ségovie est vraisemblable : rien n’inspire de plus salutaires réflexions qu’une prison ; mais l’homme une fois en liberté, la solidité de cette conversion ne s’explique-t-elle pas surtout par l’intention qu’avait l’auteur de s’arrêter au troisième tome ?
Ce talent procède dans une certaine mesure du même sentiment qui avait inspiré, vingt ans auparavant, à M. de Vigny son plus beau livre, Servitude et Grandeur militaire. […] Cet écrivain a le respect de l’art, un sens littéraire délicat ; il est facile de le voir au dégoût que lui inspire le succès des ébauches peintes à la brosse, comme les Mystères de Paris. […] Est-ce que l’art qui n’a pas d’aumône à demander a beaucoup à se glorifier d’avoir inspiré le dégoût ? […] Victor Hugo fût mal préparé à cette redoutable étude par les deux muses qui inspirent ses dernières œuvres, la vieillesse qui vient et le malheur qui a pris pour lui les traits austères de l’exil. […] Ce qui est vrai, c’est que le forçat libéré inspire une répulsion générale, qu’il trouve difficilement du travail, et que s’il réussit à quitter le lieu de sa résidence légale et à commencer une nouvelle vie, il est exposé à être reconnu et rançonné par ses anciens compagnons de chaîne qui, en le menaçant de le dénoncer, l’entraînent à de nouveaux crimes.
Ainsi ils rendirent le dernier soupir, et leurs cadavres, abandonnés à découvert sur cette horrible mer de neige, furent déchirés des bêtes féroces ; et le nom des braves et des meilleurs restera à jamais l’égal de celui des lâches et des méprisables. » Mais le sentiment qui sera bientôt la clef du cœur même de Leopardi et que nous surprenons déjà, ce sentiment stoïque du calme fondé sur l’excès même du désespoir, lui inspire cette sublime consolation : « Ames chéries, bien que votre calamité soit infinie, apaisez-vous, et que cela vous serve de réconfort, que vous n’en aurez aucun ni dans cet âge ni dans les suivants. […] Sa santé s’altérant de plus en plus, et les études philologiques lui devenant presque impossibles, la douleur et la solitude lui inspirèrent un redoublement de révolte et de plainte ; sa poésie en prit un plus haut essor, et son malheur, comme à tant d’autres, fit sa gloire.
L’intérêt romanesque, qu’inspirent la passion et la personne des amoureux, a remplacé l’intérêt plus élevé et surtout plus solide qui s’attachait dans le théâtre antique aux droits des époux ou des parents199. […] Le dégoût que conçoit un grand cœur au spectacle de la corruption et de la servitude, tel est le sentiment qui leur a inspiré leurs plus éloquents discours en vers, tel est aussi le lieu commun qui résonne dans leurs plus creuses déclamations.
Déjà son goût perçait : entre tous les poëtes anglais, son favori était Dryden, le moins inspiré et le plus classique. […] Heaven first taught letters for some wretch’s aid, Some banished lover, or some captive maid ; They live, they speak, they breathe what love inspires, Warm from the soul, and faithful to its fires, The virgin’s wish without her fears impart, Excuse the blush, and pour out all the heart, Speed the soft intercourse from soul to soul, And waft a sigh from Indus to the pole.
On jetait une bourrée de myrte odorant au feu, et nous causions avec la confiance qu’inspirent aux hommes la solitude et la bonne foi. Je lui inspirai quelques doutes sur son incrédulité ; et lui jetait, en fait de musique, d’arts et de poésie, beaucoup d’éclairs sur mon ignorance.
Les œuvres qu’on tentait étaient monstrueuses, au lieu d’être parfaites ; et elles valaient moins encore, s’il est possible, que le système hautain et vide qui prétendait les inspirer. […] Si Platon a mieux parlé de la morale que ne l’a fait Aristote, si surtout il a su l’inspirer mieux que son disciple, n’en cherchons pas d’autre cause.
Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) I Ne nous étonnons pas de cette admiration minutieuse qu’un grand esprit comme Goethe inspire à ceux qui sont capables et dignes de l’entendre dans le repos de sa vieillesse à la fin de ses jours. […] Pendant cette vie tout éthérée en apparence, Goethe a eu le bonheur d’inspirer une amitié très ardente et constante jusqu’à la mort au prince régnant de Weimar et à la souveraine digne de lui.
[Lucien Descaves] Je voyais l’autre jour, aux murs d’un préau d’école, des images effroyables destinées à inspirer aux enfants l’horreur de l’ivrognerie. […] J’ajoute que pour le succès de la publication des feuilletons, on doit éviter les longueurs : rien d’inutile ; de la mise en scène, et comme dans les pièces de théâtre, marcher toujours vers le but, car dans les romans aussi bien que dans les pièces de théâtre ayant une portée morale ou sociale, le but ou dénouement doit toujours être la synthèse, la preuve de l’idée qui l’inspire.
Victor Wilder traduit : Celui qu’inspire un cœur ému, Un simple, un pur est mon élu. […] Tantôt sa voix expire dans des tenues prolongées, comme si ses forces physiques l’abandonnaient à cette cruelle tâche ; tantôt sa force d’âme vient les ranimer, et avec des accents de plus en plus émouvants et pénétrants, elle atteste les Cieux et la terre que l’inflexibilité serait sacrilège ; elle devient inspirée pour désarmer une farouche indignation, et commande au nom du Rédempteur lui-même de renoncer à l’iniquité d’un jugement prématuré.
Télémaque se réveille, inspiré par la sagesse et par la piété. […] Tous ces déguisements, toutes ces vicissitudes, tous ces périls du père, du fils, de l’épouse, inspiraient de jour en jour plus d’intérêt à nos âmes neuves encore aux hasards de la destinée humaine.
Ce doit être néanmoins une consolation pour les talents persécutés, que de voir avec quelle satisfaction le public se plaît à casser les arrêts des prétendus gens de goût ; c’est presque une chute sûre pour un ouvrage que leur estime ; ils croient, en annonçant les talents de leurs protégés, inspirer pour eux une prévention favorable ; la nation au contraire, pour qui toute occasion d’exercer sa liberté est précieuse, et qui s’aperçoit qu’on veut surprendre ou enlever de force son suffrage, se trouve dès là moins disposée à l’accorder. […] « L’accueil favorable, dit-il, que les savants ont déjà fait à ce fruit de mes travaux, m’a inspiré le désir et la confiance de vous l’offrir.
Aux yeux des premiers on faisait miroiter de riches alliances et des faveurs spéciales, tandis qu’on circonvenait les seconds, comme il advint du vieux ministre Ferri dont Bossuet tenta en vain la conversion ; ce qui fit inspira au ministre Bernegger cette phrase bien caractéristique : « Ces beaux projets d’accord ne me semblent, désormais, que de beaux songes ; et, quelquefois, la peau du lion, ne servant plus de rien, on prend celle du renard. […] Quoique gentilhomme catholique, Saint-Simon fut assez large d’esprit et de cœur pour ne pas dissimuler la sympathie profonde que lui inspirèrent ces victimes de la théocratie : « La révocation de l’édit de Nantes, écrit-il, sans le moindre prétexte et sans aucun besoin, et les diverses proscriptions plutôt que déclarations qui la suivirent, furent les fruits de ce complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l’affaiblit dans toutes ses parties, qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels ils firent réellement mourir tant d’innocents de tout sexe par milliers, qui ruina un peuple si nombreux, qui déchira un monde de familles, qui arma les parents contre les parents pour avoir leur bien et les laisser mourir de faim ; qui fit passer nos manufactures aux étrangers, fit fleurir et regorger leurs États aux dépens du nôtre et leur fit bâtir de nouvelles villes, qui leur donna le spectacle d’un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime, cherchant asile loin de sa patrie ; qui mit nobles, riches, vieillards, gens souvent très estimés pour leur piété, leur savoir, leur vertu, des gens aisés, faibles, délicats, à la rame, et sous le nerf très effectif du Comité, pour cause unique de religion ; enfin qui, pour comble de toutes horreurs, remplit toutes les provinces du royaume de parjures et de sacrilèges, où tout retentissoit de hurlements de ces infortunées victimes de l’erreur, pendant que tant d’autres sacrifioient leur conscience à leurs biens et à leur repos, et achetoient l’un et l’autre par des abjurations simulées d’où sans intervalle on les traînoit à adorer ce qu’ils ne croyoient point, et à recevoir réellement le divin corps du Saint des saints, tandis qu’ils demeuroient persuadés qu’ils ne mangeaient que du pain, qu’ils devoient encore abhorrer.
Mais si elle n’était rien de plus, comme quelques-uns l’ont prétendu, elle nous inspirerait l’idée de fuir les misérables plutôt que de leur porter secours, car la souffrance nous fait naturellement horreur. […] Peut-être la crainte entre-t-elle en effet pour quelque chose encore dans la compassion que les maux d’autrui nous inspirent ; mais ce ne sont toujours là que des formes inférieures de la pitié.
La vérité est que si une aristocratie croit naturellement, religieusement, à sa supériorité native, le respect qu’elle inspire est non moins religieux, non moins naturel. […] Le besoin toujours croissant de bien-être, la soif d’amusement, le goût effréné du luxe, tout ce qui nous inspire une si grande inquiétude pour l’avenir de l’humanité parce qu’elle a l’air d’y trouver des satisfactions solides, tout cela apparaîtra comme un ballon qu’on remplit furieusement d’air et qui se dégonflera aussi tout d’un coup.
En Allemande des bords du Necker et du Rhin, Élisabeth-Charlotte aimait les sites pittoresques, les courses dans les forêts, la nature livrée à elle-même, et aussi des coins bourgeois et plantureux au milieu de l’encadrement sauvage : J’aime mieux voir des arbres et des prairies que les plus beaux palais ; j’aime mieux un jardin potager que des jardins ornés de statues et de jets d’eau ; un ruisseau me plaît davantage que de somptueuses cascades ; en un mot, tout ce qui est naturel est infiniment plus de mon goût que les œuvres de l’art et de la magnificence : elles ne plaisent qu’au premier aspect, et aussitôt qu’on y est habitué, elles inspirent la fatigue et on ne s’en soucie plus.
il y a chez lui de l’écureuil dans cette gaieté qu’il lui inspire.
L’éloignement où Voltaire se tint dans ses dernières années, la révérence qu’il inspirait de loin, dans son cadre de Ferney, aux générations nouvelles qui n’avaient rien vu de sa pétulante et longue jeunesse, le concert de louanges que sa vieillesse habile et infatigable avait fini par exciter en France et en Europe, tout prépara l’apothéose dans laquelle il s’éteignit et contre laquelle bien peu de protestations alors s’élevèrent.
Heureux les hommes qui sont ou se sentent inspirés !
Il est évident que Vauvenargues inspirait à tous ceux qui le voyaient d’un peu près un grand respect de sa personne, une admiration de ses talents (préalablement à toute application), et encore plus de son caractère.
Il publia en 1801 son Tableau de l’Agriculture toscane, dans lequel, à côté des détails précis, techniques et tels que les peut désirer tout lecteur propriétaire rural, se trouvent des peintures véritables inspirées par la beauté des lieux, et qui ne se rencontreront plus jamais ensuite sous sa plume.
Il faudrait relire ici le chapitre tout entier de ses Essais (le Xe du livre III) qui lui a été inspiré par les souvenirs de sa mairie ; c’est encore lui qui nous en dit plus que personne sur sa gestion publique et sur l’esprit qu’il y apporta.
Nous retrouverions ici l’occasion de faire quelques-unes des remarques que nous ont inspirées les paysages africains de l’auteur : M.
Collé inspirait la gaîté et la sentait ; c’était de son propre fonds que sortaient les idées gaies qu’il manifestait avec tant d’abondance ; et c’était pour son propre divertissement qu’il les mettait à exécution.
Mais aussi il inspira par là à ce prince la confiance de l’attaquer peu après dans une marche sur Saluces, — marche habile et bien calculée ; il prêta flanc exprès dans la route, sauf à laisser l’expédition contre Saluces pour faire face à l’attaquant si celui-ci donnait dans le piège, et le duc céda en effet à la tentation, à l’impatience de combattre, sans attendre l’arrivée de ses secours d’Allemagne.
Je les apprécie bien comme de belles fleurs et de beaux fruits, mais je ne sympathise pas avec eux ; ils m’inspirent une sorte de jalousie mauvaise et chagrine : car, après tout, pourquoi ne suis-je pas comme eux ?
Si La Blancherie, qu’elle n’a plus d’occasion ordinaire de voir, se trouve à l’église, à un service funèbre de bout de l’an pour la mère chérie qu’elle a perdue : « Tu imagines, écrit la jeune fille à son amie, tout ce que pouvait m’inspirer sa présence à pareille cérémonie.
Il nous fait éprouver que nous sommes entourés d’inconnu et réveille en nous le sentiment du mystère, qui risquerait de se perdre par l’abus de la science et par la sotte confiance qu’elle inspire.
Cependant, le charme des relations de salon mérita d’être fixé au théâtre par la grâce de Marivaux ; la turbulence des parvenus de l’argent inspira la vigueur de Lesage ; et l’échauffement des discussions sociales alluma la verve de Beaumarchais.
Cependant, le charme des relations de salon mérita d’être fixé au théâtre par la grâce de Marivaux ; la turbulence des parvenus de l’argent inspira la vigueur de Lesage ; et l’échauffement des discussions sociales alluma la verve de Beaumarchais.
Cette base commune de toutes les œuvres belles et vraies, cette flamme divine, ce souffle indéfinissable qui inspire la science, la littérature et l’art, nous l’avons trouvé en vous, Monsieur ; c’est le génie.
Une œuvre est belle moralement, quand elle montre et par conséquent suggère le triomphe du devoir sur un désir mauvais, de la volonté raisonnable sur les appétits grossiers ; quand elle inspire l’horreur d’un vice comme l’hypocrisie ou l’avarice ; quand elle pousse au dévouement, au sacrifice ; quand elle combat l’injustice, la misère, l’égoïsme.
Le vote du peuple rassemblé dans l’Agora a été unanime comme si un dieu l’avait inspiré. « L’air s’est hérissé de mains droites », et ces mains dressées sont autant de glaives prêts à les défendre.
Il s’y élève à une hauteur de vues politiques et d’éloquence à laquelle il n’avait pas encore atteint, et on le dirait inspiré du génie de Mirabeau.
Il est impossible de rencontrer de tels êtres, victimes d’une passion sacrée et capables d’une douleur si généreuse, sans éprouver un sentiment de respect et d’admiration, au milieu de la profonde pitié qu’ils inspirent.
Ce qui soutient et presque ce qui touche le lecteur, dans cette lutte où tant d’art est dépensé et où l’éternel conseil revient toujours le même au fond sous tant de métamorphoses, c’est l’affection vraie, paternelle, qui anime et qui inspire le délicat et l’excellent maître, patient cette fois autant que vif, prodigieux de ressources et d’adresse, jamais découragé, inépuisable à semer sur ce sol ingrat les élégances et les grâces.
En un mot, on se pose, bon gré, mal gré, cette question : Jeanne d’Arc peut-elle s’expliquer comme un personnage naturel, héroïque, sublime, qui se croit inspiré sans l’être autrement que par des sentiments humains ?
Il excellait à prendre pour un temps et à volonté cet esprit d’autrui, à s’en inspirer et souvent mieux que cet autre n’avait fait lui-même, à s’en échauffer non seulement de tête, mais de cœur ; et alors il était le grand journaliste moderne, l’Homère du genre, intelligent, chaleureux, expansif, éloquent, jamais chez lui, toujours chez les autres, ou, si c’était chez lui et au sein de sa propre idée qu’il les recevait, le plus ouvert alors, le plus hospitalier des esprits, le plus ami de tous et de toute chose, et donnant à tout son monde, tant lecteurs qu’auteurs ou artistes, non pas une leçon, mais une fête.
Au milieu de tout ce qu’il avait dans le bon sens et dans le jugement de si bien fait pour les comprendre, Saint-Évremond manquait de cet amour de la louange et des grandes choses, de cet esprit d’élévation qui inspirait en tout le peuple-roi et qui animait les épicuriens même de la belle époque, tels que César, lesquels pouvaient penser comme il leur plaisait, mais qui, dans l’action, démentaient si hautement leur doctrine.
Je regrette qu’un peu de plaisanterie se soit mêlé sous nos plumes françaises à l’idée de respect et de vénération qu’une telle existence devait avant tout inspirer.
Les peuples hantoient et trafiquoient les uns avec les autres sans crainte ne danger, et s’entrevisitoient en toute cordiale hospitalité, comme si la sapience de Numa eût été une vive source de toutes bonnes et honnêtes choses, de laquelle plusieurs ruisseaux se fussent dérivés pour arroser toute l’Italie, et que la tranquillité de sa prudence se fût de main en main communiquée à tout le monde… J’abrège à regret cette phrase coulante et infinie d’Amyot, qui n’est pas terminée encore ; mais on a senti le charme qui pénètre, et ce génie de l’expression qui, sans lutte, sans effort, s’anime et s’inspire de son modèle.
Je préparais les esprits à assister à une espèce d’action dramatique plutôt qu’à une séance de législateurs ; je peignais les personnages avant de les mettre aux prises ; je rendais tous leurs sentiments, mais non pas toujours avec les mêmes expressions ; de leurs cris je faisais des mots, de leurs gestes furieux des attitudes, et, lorsque je ne pouvais inspirer de l’estime, je tâchais de donner des émotions.
Il était l’un des derniers de cette race d’autrefois qui inspirait à tout ce qui l’approchait affection et respect.
Ce dernier événement inspira Le Brun, qui, à vingt-six ans, prit place parmi les lyriques.
Je craignais d’inspirer la pitié ; je craignais encore plus de ne pouvoir adoucir un air de dignité que la nature et l’habitude de commander avaient répandu sur toute ma personne.
La première est qu’il est un de ces hommes qu’on n’aborde qu’avec crainte, à cause du respect réel qu’ils inspirent et de l’espèce de religion qui s’est faite autour d’eux.
Son air alors n’est plus le même ; la plaisanterie, la gaieté, la franchise, annoncent son contentement, et succèdent à la contrainte et à la sauvagerie… C’est peut-être le seul homme à qui il soit donné d’inspirer de la confiance sans en témoigner… Quelque prévenue que fût déjà Mme d’Épinay à l’égard de Grimm, ces traits sous lesquels elle le présente s’accordent tout à fait avec ce qu’en dit M.
Des brouillards obscurs passent lentement, gravement, éternellement. » On croirait bien lire du Pierre Loti : c’est toujours ce même sentiment des vicissitudes à cycles réguliers et des transformations monotones de toute existence, qu’inspire l’océan et le ciel, la vie en plein infini, sans interposition d’êtres humains et de distractions mesquines, sans cloison opaque qui arrête l’œil perdu dans la transparence sans fond des flots et de l’éther.
Léon Dumont (Théorie scientifique de la sensibilité) estime que dans les œuvres pathétiques l’intérêt subsiste en raison d’une pitié et d’une répulsion semblables à l’émotion qu’inspireraient des spectacles pathétiques réels.
L’inquiétude qu’il inspire aux oppresseurs apaise et console les opprimés.
Ces contes, que l’on pourrait appeler aussi contes moraux — car leur didactisme s’inspire généralement d’un prosélytisme moral — sont de deux sortes : les contes de morale idéale (religieuse et musulmane le plus souvent) ou théorique et ceux de morale pratique ou réelle.
Pour ma part, j’ai vu peu de choses sentimentalement aussi belles, J’ai peu vu de ces langages, inouïs d’ardeur, de mouvement, d’aspiration, d’expression inspirée, poignante, navrée ou héroïque dans la douleur et dans l’amour ; j’en ai peu vu de pareils, même dans les livres, religieux ou profanes, qui passent pour les plus passionnés, pour les plus chauffés au feu des brûlantes larmes humaines.
Chateaubriand, après autant d’années, Chateaubriand, génie de rêverie, de mélancolie et de silence, n’avait pas pardonné à Rivarol cette supériorité de conversation écrasante qu’il avait eu à subir quand il le rencontra dans sa jeunesse, et le vaniteux des Mémoires d’outre-tombe, le jaloux de Napoléon et de lord Byron, associa Rivarol aux deux seules jalousies de son âme, et le grandit par ses ressentiments… Quant à nous, venus longtemps après Rivarol, le piano de Liszt ou le violon de Paganini ont pu seuls nous donner la sensation de cette conversation inspirée qu’il exécutait, a dit Sainte-Beuve, à la manière d’un virtuose ; mais les idées, ces idées qu’exprime la parole et que n’exprime pas la musique, elles ne sont plus, et rien ne saurait les rappeler !
Éclatante réplique au fameux axiome : Mens sana in corpore sano, de l’École de Salerne, qui renvoie si fièrement à l’école cette École… Heine, à travers la sympathique pitié qu’il est impossible de ne pas sentir pour des maux si grands, inspire pourtant je ne sais quelle joie orgueilleuse à ceux-là qui croient à la spiritualité humaine et qui pensent que, dans la créature de Dieu, les organes ne doivent pas être les maîtres, mais les serviteurs.
Nul commentaire n’ajouterait rien à l’émotion de sympathie que nous inspire un tel acte, plein de tendresse humaine.
Il a cherché souvent à résoudre en œuvres artistiques les théories savantes qu’il avait émises didactiquement, ou jetées sous la forme de conversations inspirées et de dialogues critiques ; et c’est dans ces mêmes œuvres que je puiserai tout à l’heure les exemples les plus éclatants, quand j’en viendrai à donner une série d’applications des principes ci-dessus énoncés et à coller un échantillon sous chaque titre de catégorie.
Et ce fait, j’en garantis l’authenticité, car il m’a été raconté par une dame fort intelligente, dont la parole m’inspire une confiance absolue.
Son plus grand crime est d’avoir inspiré la Pucelle de Voltaire. […] Non pas ; mais, avec bien plus de vraisemblance, que sa morale elle-même est flottante, et sa prédication inspirée des circonstances plutôt que d’aucun principe fixe de doctrine ! […] Seulement, ils savaient ce que Massillon oublie si souvent, qu’il est inutile ou même dangereux de déclamer d’une manière abstraite et générale contre les maux inséparables de l’humaine nature ; et que tout ce qu’on peut faire, c’est d’inspirer aux hommes pris chacun à part, pour ainsi dire, les vertus qui peuvent corriger la gravité, adoucir la cruauté, diminuer l’étendue de ces maux. […] Qui donc a dit qu’il n’était pas impossible que Marianne eût inspiré les romans de Richardson ? […] Daignez, monsieur, faire pour moi dans cette affaire ce que la justice et l’humanité vous inspireront.
Jeunes acteurs, qui ne savez pas encore raisonner vos imitations, croyez qu’en suivant cette tradition, vous suivez la mauvaise ; vous vous perdez, et vous gâtez votre rôle : ne voyez-vous pas que Lélie doit constamment conserver cette amabilité, cette décence, que l’auteur lui a données, et dont il a besoin pour m’intéresser, non seulement à sa passion, mais encore à l’amante qui l’a inspirée, et que je dois ne pas regarder comme une esclave ordinaire ? […] Dans la pièce italienne, don Rodrigue enlève Delmire à sa famille ; dans la pièce française, dom Garcie, dérobant Elvire à la persécution d’un tyran, inspire bien plus d’intérêt. […] Remarquons encore que la dame de Florence fait des avances à un inconnu ; Isabelle connaît la pureté des sentiments qu’elle inspire. […] Thalie a dicté l’une à visage découvert, dans la crainte que la finesse de ses traits, de son sourire, de sa malignité, n’échappât à son favori ; pour inspirer l’autre, elle a pris son masque le plus grotesque ; quant aux deux dernières, la Muse comique semble n’y être pour rien, aussi n’ont-elles vu le jour qu’à Saint-Germain, où elles moururent presque en naissant, malgré quelques jolis vers noyés dans beaucoup de fadeurs et de flatteries exagérées. […] Troisièmement, la mauvaise plaisanterie de Dorine, en faisant rire le parterre, n’affaiblit-elle pas le tendre intérêt que l’auteur veut inspirer pour un honnête homme persécuté par un scélérat ?
Je n’y ai nul droit, il n’y a rien en moi qui ne soit abominable ; cette prière même, c’est vous qui me l’inspirez et qui la faites en moi. […] Un quaker vint à la porte du Parlement avec une épée tirée, et blessa plusieurs personnes présentes, disant que le Saint-Esprit lui avait inspiré de tuer tous ceux qui siégeaient à la Chambre. […] Les côtes de fer de Cromwell « sont la plupart401 des fils de francs-tenanciers qui s’engagent dans la guerre par un principe de conscience, et qui, étant bien armés au dedans par la satisfaction de leur conscience et au dehors par de bonnes armes de fer, font ferme ou chargent en désespérés comme un seul homme. » Cette armée où des caporaux inspirés prêchent des colonels tièdes, opère avec la solidité et la précision d’un régiment russe ; c’est un devoir, un devoir envers Dieu que de tirer juste et de marcher en ligne, et le parfait chrétien produit le parfait soldat. […] Car, pensai-je, j’y suis si accoutumé qu’il serait inutile de penser à me corriger ; je ne pourrais jamais le faire. — Mais je ne sais comment cela arriva, à partir de ce temps je quittai mes jurons, tellement que c’était un grand étonnement pour moi de me voir ainsi ; et tandis qu’auparavant je ne savais parler sans mettre un juron devant et un derrière pour donner crédit à mes paroles, maintenant sans jurons je parlais mieux et plus aisément que je n’avais fait auparavant417. » Ces brusques alternatives, ces résolutions violentes, ce renouvellement imprévu du cœur, sont des œuvres de l’imagination passionnée et involontaire ; par ses hallucinations, par sa souveraineté, par ses idées fixes, par ses idées folles, elle prépare un poëte et annonce un inspiré.
Ces remarques, qui lui ont été surtout inspirées par les Harmonies, ont besoin, je crois, d’être complétées. […] Et la suite, qui est l’histoire des douleurs, mais aussi de la charité grandissante et, finalement, de la sainteté de Jocelyn, prouve bien que le vieil évêque avait raison et qu’il fut, dans sa violence inspirée, bon aiguilleur de cette destinée hésitante. […] C’est le plus inégal des poèmes, le plus baroque, le plus fou, le plus puéril, le plus ennuyeux, le plus assommant, le plus mal écrit, — et le plus suave et le plus inspiré et le plus grand, selon les heures. […] … Pour nous donner quelque idée des plaisirs cruels des tyrans-dieux, Lamartine s’est encore inspiré de certaines indications de Tacite et de Suétone touchant les fantaisies de l’empereur Néron.
À quoi leur servirait la terreur qu’ils inspirent, si elle ne les dispensait pas de l’action, et si toute leur vie ne se réduisait pas à la seule volonté ? […] Une femme qui se livre et ne se donne pas n’inspire aucun intérêt. […] Épiez le moment où la tête grave d’un artiste où d’un poète va s’enfouir dans la cohue bruyante d’un salon, et lisez dans les regards les sympathies qu’il inspire. […] S’est-il proposé de mettre à nu les souffrances d’un cœur de femme assez mal inspiré pour aimer un lâche ? […] Il ne s’abuse pas sur la terreur qu’il inspire ; il se fait honte, et, sans doute, c’est pour imposer silence aux cris de son cœur dépravé qu’il essaie de conquérir l’amour de Tisbe.
Après l’avoir écouté, il prend une pose inspirée, celle de Didier dans Marion Delorme ; il lève un doigt vers le ciel et il dit : Ainsi qu’une araignée énorme dans sa toile La nuit sinistre a pris cette tremblante étoile. […] Il lui a été évidemment inspiré d’abord par la coupure assez impertinente que les comédiens français se permettent (depuis très longtemps) de faire dans le rôle de Trissotin ; ensuite par la façon dont le rôle est joué par M. de Féraudy, acteur, du reste, supérieur. […] Voilà précisément ce que le jeu de Mlle Bartet, rendant Armande sympathique, inspire, je vous en prends tous à témoin, à tout spectateur. […] N’y a-t-il rien que d’intellectuel dans l’admiration que lui a inspirée « le trait généreux » de Clitandre ? […] Quel intérêt je lui vais inspirer !
Mais n’est-ce pas là, précisément, ce qui doit nous inspirer pleine confiance dans la science positive et aussi dans l’intelligence, son instrument ? […] Portée sur les ailes de l’aristotélisme et du néo-platonisme, elle traversa le moyen âge ; elle inspira, parfois à leur insu, les philosophes modernes. […] Cette doctrine a été inspirée en grande partie par une certaine métaphysique dont la psychologie, et la psycho-physiologie contemporaines sont imprégnées, et qu’on accepte naturellement : de là son apparente clarté. […] Elle consista à s’inspirer de cette croyance, si naturelle à l’esprit humain, qu’une variation ne peut qu’exprimer et développer des invariabilités. […] L’idée qu’il met au fond de l’aristotélisme est celle même qui a inspiré la plupart de ses méditations.
La rapidité foudroyante avec laquelle lui avaient été enlevés tous les siens, lui enseignait à ne rien négliger des tendresses qu’elle pouvait inspirer et garder encore. […] Joubert n’était pourtant qu’un ami, mais peut-être, pour goûter pleinement le charme intime d’une femme, le mieux est-il de se trouver auprès d’elle à l’abri de la passion inspirée ou ressentie. […] Une vie humaine n’est pas écrite dans les faits, elle réside dans les sentiments que ces faits inspirent. […] Nous en lisons une, puis dix, puis vingt, et voici que nous entendons s’élever de ces pages un cantique d’allégresse, un hymne de reconnaissance inspirée, la réconfortante et magnanime action de grâces d’un esprit que rien n’a brisé, que tout suscite et qui s’épanche en effusions de joie profonde. […] Il n’y a pas de rhétorique dont les préceptes puissent inspirer le goût de cette forme d’art, si l’esprit n’en a pas faim et soif, comme nous avons faim de viande et soif de vin.
— Dans sa notice un peu précieuse, mais ingénieuse et poétique, mise en tête des premières éditions d’André Chénier, Latouche parlant des tendresses passionnées qui inspirèrent le chantre de Fanny et de Camille, avait dit : Amour, qui accables et soutiens les jours du poète, nul peut-être n’était destiné à te rendre avec plus d’éloquence ! […] LXXXI Mme Swetchine a eu un orage de jeunesse ; elle avait inspiré une grande passion au comte de Strogonoff, un des hommes les plus aimables de la Russie, et elle l’avait aussi ressentie. […] Voici cet article du Globe, cet en-tête qui est de moi : La poésie s’est montrée empressée de célébrer la grandeur des derniers événements ; ils étaient faits pour inspirer tous ceux qui ont un cœur et une voix.
L’homme inspiré, passionné, pénètre dans l’intérieur des choses ; il aperçoit les causes par la secousse qu’il en ressent ; il embrasse les ensembles par la lucidité et la vélocité de son imagination créatrice ; il découvre l’unité d’un groupe par l’unité de l’émotion qu’il en reçoit. […] On ne comprenait pas comment la discipline avait pu subsister dans une armée où un caporal inspiré gourmandait un colonel tiède. […] C’est ce sentiment du devoir qui les réunit, les inspira et les soutint, qui fit leur discipline, leur courage et leur audace, qui souleva jusqu’à l’héroïsme antique Hutchinson, Milton et Cromwell, qui provoqua toutes les actions décisives, toutes les résolutions grandioses, tous les succès extraordinaires, la déclaration de la guerre, le jugement du roi, la purgation du Parlement, l’humiliation de l’Europe, la protection du protestantisme, la domination des mers.
Les vivants et les morts y mêlaient leurs voix auxquelles une voix inspirée prêtait ses accents, mais un instant vint où la voix merveilleuse se fit plus intime et plus intérieure. […] Si l’écrivain, chez Anatole France, m’a toujours inspiré une vive admiration, la sympathie que j’ai éprouvée pour l’homme était notablement moindre. […] Pierre de La Gorce, et il me semble avoir exprimé avec une respectueuse sincérité l’admiration que m’inspire l’œuvre du grand et probe historien du Second Empire.
[NdA] Comme pendant et contrepartie de cette idée qu’on doit faire peu de confidences à l’âge où l’on vieillit et où l’on perd, M. de Meilhan avait dit, une autre fois, avec beaucoup de justesse : « L’homme a besoin, quand il est jeune, de se répandre ; il se plaît à faire des confidences ; il ne se connaît pas et se croit un être curieux et rare ; il n’a pas enfin la force de garder son secret, et la présomption le porte à croire qu’il inspire un intérêt sincère qui le fera écouter avec plaisir. »
L’embarras et la honte de paraître en robin devant le régiment inspirèrent à Saint-Martin un courage inaccoutumé ; il quitta brusquement un état qu’il abhorrait et où, sans cet incident, il serait peut-être resté par faiblesse.
Tous deux ont les plus petits districts qu’on puisse avoir à gouverner, chacun suivant leurs titres ; tous deux sont bienfaisants ; ils donnent aux pauvres tout ce qu’ils peuvent donner, et avec grande intelligence ; ils inspirent à leurs peuples la vertu par l’exemple ; ils réussissent à la police par les soins ; ils encouragent leur travail, et avec cela sont très honorables quand il le faut.
J’ose dire, Sire, que je sais et pratique ce qui peut inspirer et conserver cette ardeur.
Cela ne m’amuse guère… Mme de Coigny tâche de m’inspirer son goût pour Mockranowski, son admiration pour Radzivill, sa passion pour Braniki et tant de ki, toujours vaincus, toujours si malheureux, désolés, perdus, ruinés… » Elle ne peut s’empêcher (c’est bien l’image de la jeunesse) de se consoler de sa lecture en dansant toute seule sur les airs du bal d’en face qu’elle entend.
Mécène n’a pas plus directement conseillé à Virgile d’entreprendre ses Géorgiques après les guerres civiles que Henri IV n’a inspiré Olivier de Serres, et ne l’a incité à donner son excellent, et plantureux ouvrage, le Théâtre de l’agriculture et ménage des champs.
Eux, ils l’éprouvent, ils le conservent, et en retour ils l’inspirent.
Et c’est justement là l’avantage des petits sujets. » Tout se tient et se complète dans cette suite de recommandations poétiques : en conseillant la poésie naturelle, Gœthe ne dit pas de copier des scènes vulgaires ; en invitant le poëte à s’écouter lui-même, il ne dit pas non plus de roucouler des sentiments et des mélodies plus ou moins connus sur des thèmes et des sujets vagues : il veut un motif, un cadre et un dessin déterminés, et il demande que tout cela soit vu, observé, pris sur le fait, inspiré par la circonstance, dans les moyens et les données de celui qui chante et qui y met son accent, sa manière de comprendre et de sentir.
Cela vous signale, et les trois quarts des badauds sont tentés de dire : « Voilà un homme qui s’y entend. » C’était la souveraine jouissance de Gustave Planche, et il se la procurait à tout prix, d’autres sont heureux et flattés des affections ou des sympathies qu’ils inspirent : lui, il tirait gloire des répulsions mêmes et des aversions qu’il provoquait.
Il y en a une infinité à me donner la vanité que tu m’inspires dans tes lettres ; mais, de bonne foi, cela ne me change point sur le jugement que je fais de moi-même, et je réfléchis combien aisément la fortune pouvait changer les événements qui m’ont procuré tant d’honneur, et toutes les raisons pour une affaire deviennent bien faibles contre me seule qui les fait manquer.
L’on veut de la franchise, de la gaîté, un air naturel et ouvert ; sans cela, personne ne vous parle, et tout le monde est sur ses gardes. » Et encore, dans une lettre au comte de Bruhl (16 septembre 1741) : « Je dois avertir Votre Excellence que M. de Loss n’est pas l’homme propre à traiter avec le Cardinal et les Français ; il a de cette finesse allemande que l’on voit du premier coup d’œil et qui n’inspire que de la méfiance, ce qui nuit plus que chose du monde aux affaires.
Votre Majesté rira peut-être de ce que je lui dis là, mais la bénédiction du lit, les prêtres, les bougies, cette pompe brillante, la beauté, la jeunesse de cette princesse, enfin le désir que l’on a qu’elle soit heureuse, toutes ces choses ensemble inspirent plus de pensées que de rires.
Ce moment inspira sans doute un vif intérêt à tous ceux qui aiment la Constitution, et qui ont étudié les causes de la Révolution à qui nous en sommes redevables.
Et puis c’est lui qui se juge avant de s’imprimer lui-même ; pour les autres, il veut connaître, apprécier, commander, étendre ou raccourcir ; il veut aussi inspirer l’esprit.
Jomini arrivait à ces conclusions par l’étude même de l’échiquier et par la connaissance des principes qui avaient jusqu’alors inspiré Napoléon dans ses guerres.
» On ne mérite jamais de tels éloges quand on ne s’amuse qu’à traduire : il faut oser plus et s’inspirer de l’esprit pour « faire tant qu’une langue, encore rampante à terre, puisse hausser la tête et s’élever sur pied ».
Il a chanté les Trois jours dans les plus beaux vers qu’ils aient inspirés ; il a vengé par une deuxième Ode à la Colonne les mânes de Napoléon, qu’outrageait une Chambre pusillanime.
Mais, il faut le dire, avec toute l’estime qu’inspirent de semblables travaux, l’entière gloire littéraire d’une nation n’est pas là ; une certaine vie même, libre et hardie, chercha toujours aventure hors de ces enceintes : c’est dans le grand champ du dehors que l’imagination a toutes chances de se déployer.
Revenons au Voyage : les divorces, querelles et raccommodements de l’âme et de l’autre fournissent à l’aimable humoriste une quantité de réflexions philosophiques aussi fines et aussi profondes34 que le fauteuil psychologique en a jamais pu inspirer dans tout son méthodique appareil aux analyseurs de profession.
On arriverait naturellement à cette conséquence assez singulière, que, sous une telle forme sobre et dissimulée, l’esprit poétique, intime, précis, et en tant qu’il touche aux racines mêmes, existe plus peut-être que dans d’autres manières bien autrement brillantes et spécieuses, où le critique écrivain se rapproche et s’inspire davantage de l’orateur et du peintre.
Mais je dois me borner ici à rendre une impression, non un jugement ; à faire comprendre l’ordonnance et le mouvement du livre, peut-être aussi l’esprit qui l’a inspiré.
C’est l’histoire, sous forme de souvenir, d’une jeune personne, fille d’un médecin d’aliénés, laquelle se prend à vouloir guérir l’un deux, l’un des moins atteints, et ne réussit qu’à lui inspirer un sentiment que peut-être elle partage.
Geoffroy de Villehardouin61, Champenois, dont le nom se rencontre dans deux chartes de la comtesse Marie, la fine et noble dame qui inspirait Lancelot, nous met sous les yeux, en sa personne et par son récit, le monde réel en face du fantastique idéal que décrivait son compatriote Chrétien de Troyes.
Voltaire perdit plus qu’il ne gagna dans ces polémiques ; une certaine mésestime s’insinua dans l’admiration qu’il inspirait et il donna lieu, même à des gens qui tenaient de lui toutes leurs idées, de mépriser sa personne absolument.
Il s’inspire, outre Taine, de Claude Bernard.
Mais enfin l’amour fait le principal intérêt des histoires qu’il écrit ; l’amour y inspire des actions extraordinaires, et ses héros et ses héroïnes sont les plus distingués que puisse concevoir l’imagination des femmes et dos adolescents.
Il n’en a pas moins « gagné la bataille », lui aussi, par la confiance qu’il sut dès l’abord inspirer aux soldats, par son ascendant sur tous ceux qui l’approchaient, par la flamme qui était en lui, par le bonheur de son étoile.
Parmi les écrits qui s’inspirent de cette tendance il convient de placer en première ligne ceux de M.
Tout au plus ne réussissons-nous pas à nous défendre d’un certain trouble, en voyant notre impuissance d’en savoir plus long sur les dispositions sensibles, les nuances d’âme du plus paradoxal de nos écrivains contemporains, d’un auteur aimable et, apparemment, non moins normal, qui nous a présenté l’œuvre la plus originale, la plus déconcertante à la fois, la plus inattendue et la plus agréable, qui nous a tenu, avec cordialité, les propos les plus désolants, et qui, en nous secouant du plus ample désespoir, a eu aussi bien l’air de se mettre en peine pour nous en démontrer la logique que celui de tenir à nous en inspirer le mépris raisonné.
Chez les peuples primitifs, toutes les oeuvres merveilleuses de l’intelligence sont rapportées à la Divinité ; les sages se croient inspirés et se vantent avec une pleine conviction de relations mystérieuses avec des êtres supérieurs.
Ils s’en vantent, et sont glorieux de la crainte qu’ils inspirent.
. — Pour moi, puisque vous m’interrogez, sachez qu’avant tout je suis chrétien, et que les accents qui vous impressionnent en mon œuvre ne sont inspirés et créés, en principe, que de cela seul.
Beaubourg inspire aux duchesses et n’a pu dépasser les grades inférieurs du corps de ballet.
Son trait distinctif est la reconnaissance passionnée que son mari lui inspire, et qui fait de son amour une adoration.
Des esprits sévères et conséquents ont eu le droit de remarquer que le sentiment qui a inspiré ces petites pièces mènerait très loin, et ils ont pu regretter que l’illustre poète ne soit pas demeuré à l’Assemblée constituante pour défendre, expliquer, commenter et appliquer, s’il y avait lieu, la moralité de ces chansons, poétiquement très belles.
Elle sent si bien en lui la dignité qui vient de la grandeur de l’esprit : « Quand je te vis pour la première fois, ce qui me parut remarquable en toi et m’inspira tout à la fois une vénération profonde et un amour décidé, c’est que toute ta personne exprime ce que le roi David dit de l’homme : Chacun doit être le roi de soi-même.
Les divers articles que M. de Broglie a fournis vers ce moment à la Revue française, et qui sont des morceaux du plus grand mérite, sont tous inspirés ou dominés par un sentiment de cette nature, soit qu’examinant le livre de M.
J’en parle ici avec plaisir : j’ai passé mon enfance avec elle… Ici Choisy a vu et senti, il parle de source et n’a eu besoin de personne pour s’inspirer.
Ayant perdu sa mère (duchesse de Montpensier) en bas âge, elle fut élevée par une gouvernante estimable et pieuse, mais avec tout le respect qu’inspirait une petite-fille d’Henri IV.
Cette intelligence vaste, féconde et puissante, revêtue d’une si admirable et si soudaine faculté de mise en œuvre par la parole, lui échappait, et il ne voulait voir que l’apparence, le jeu, le coup de théâtre, l’appareil sonore, sans rendre justice à l’âme réelle qui unissait, qui inspirait et passionnait tout cela.
Et abordant courageusement ce chapitre de la beauté, c’est encore à elle-même qu’elle pense, lorsqu’elle dit : Encore que vous m’entendiez parler de Sapho comme de la plus merveilleuse et de la plus charmante personne de toute la Grèce, il ne faut pourtant pas vous imaginer que sa beauté soit une de ces grandes beautés en qui l’envie même ne saurait trouver aucun défaut… Elle est pourtant capable d’inspirer de plus grandes passions que les plus grandes beautés de la terre.
Elle montre que, depuis qu’on les a raillées sur cette prétention à l’esprit, les femmes ont mis la débauche à la place du savoir : « Lorsqu’elles se sont vues attaquées sur des amusements innocents, elles ont compris que, honte pour honte, il fallait choisir celle qui leur rendait davantage, et elles se sont livrées au plaisir. » Ce petit écrit de Mme de Lambert ; où plus d’une idée serait à discuter, ne doit point se séparer des circonstances qui l’inspirèrent : il fut composé pour venger et revendiquer dans son sexe l’honnête et solide emploi de l’esprit en présence des orgies de la Régence.
que vous avez été bien inspiré de vous faire homme des champs !
Il ne se pouvait rien de plus flatteur pour ma rapide esquisse que d’avoir inspiré l’idée d’un si agréable et si touchant tableau.
Pour devenir général, il ne s’agissait pour le prince que d’une chose, faire ce qui était le plus agréable à Mazarin, épouser une nièce ; cette première idée, dont Sarasin lui jeta la semence, ne manqua pas de lever en peu de temps : « Ce prince, ajoute Cosnac qui le connaît jusque dans le fond de l’âme, était homme d’extrémités, à qui il était facile d’inspirer les choses, pourvu qu’elles flattassent sa passion, que l’exécution en fût prompte, et qu’elle ne dépendît pas de son application et de ses soins. » Bien qu’il fallût ici beaucoup de suite et de négociations, le prince de Conti s’en remet sur ses domestiques du soin de mener à bien cette affaire ; et en attendant qu’il épouse une nièce et devienne général, en attendant même que, pour s’illustrer dans cette nouvelle carrière par un coup d’éclat, il appelle en duel le duc d’York (autre idée des plus bizarres qui lui était venue), il ne songe qu’à s’amuser à Pézenas où il a fait venir sa maîtresse de Bordeaux, Mme de Calvimont.
Elle cherchera partout l’écho, partout la vie d’hier ; et elle s’inspirera de tous les souvenirs et des moindres témoignages pour retrouver ce grand secret d’un temps qui est la règle de ses institutions : l’esprit social, — clef perdue du droit et des lois du monde antique.
On appelle à l’aide les poètes, les prophètes, les philosophes, les inspirés, les penseurs.
Ce problème a inspiré au philosophe Fichte, dans son livre de la Destination de l’homme, les pages les plus éloquentes et les plus profondes : c’est un de ceux que la philosophie de notre temps doit s’efforcer le plus de creuser, et dont l’examen permettra peut-être à l’esprit humain de faire quelques pas nouveaux.
Mais ce n’est point dans les livres quelle inspire, que le lettré cherchera le tableau de la nouvelle littérature dont le caractère le plus apparent est une sorte d’inquiétude, un état de crainte permanente, de regrets, une tendance à revenir en arrière.
Les rares lecteurs qui s’inspireront des études sévères ne se soucieront plus des entrefilets tintamarresques des quotidiens19.
L’instruction adoucit les caractères, éclaire sur les devoirs, subtilise les vices, les étouffe ou les voile, inspire l’amour de l’ordre, de la justice et des vertus, et accélère la naissance du bon goût dans toutes les choses de la vie.
Changez seulement l’instant et prenez le discours de Denis à sa péroraison, lorsqu’il a embrasé toute la populace de son fanatisme, lorsqu’il lui a inspiré le plus grand mépris pour ses dieux.
Il est inspiré par un goût naturel, par la mobilité de l’âme, par la sensibilité, c’est l’image même de l’âme rendue par les inflexions de la voix, les nuances successives, les passages, les tons d’un discours accéléré, ralenti, éclatant, étouffé, tempéré en cent manières diverses. écoutez le défi énergique et bref de cet enfant qui provoque son camarade. écoutez ce malade qui traîne ses accents douloureux et longs.
Michel-Ange, aveugle, cherchait à s’exalter en venant toucher le torse qu’il ne pouvait plus voir : qu’eût dit à ses mains inspirées le plus bel ouvrage d’orfèvrerie ?
Comme d’une mère pourrie sort une fille pourrie, sortie de petites et viles causes elle demeure, hormis la grandeur des forfaits qu’elle inspira, petite et vile dans son esprit, ses institutions et ses hommes.
Ce que le solitaire peut nous inspirer, après l’étonnement ou la colère, c’est un sentiment de profonde pitié que mérite à tous égards ce naufragé de la vie, dont les larges flots n’ont pu épanouir les pauvres et tristes sens.
Si l’on se rappelle les éléments de notre définition de l’idée de l’égalité, on reconnaîtra aisément que nous n’avons eu, pour les ressembler, qu’à chercher autour de nous, dans les sociétés modernes et occidentales : c’est des réalités les plus proches que nous nous sommes inspirés ; c’est bien l’esprit de notre temps qui nous a soufflé nos mots.
Quelque déchéance que le snobisme ait infligé à notre haut monde moderne, il n’a pu sévir qu’exceptionnellement, et la répulsion qu’il inspire ne peut porter que sur quelques êtres sans que la généralité en soit atteinte. […] Guesde, Lafargue, de ceux qu’elle aime et de ceux qu’elle n’aimé pas, pour avoir idée de sa verve inspirée. […] Les Trophées suffisent pour prouver que nous avons en M. de Heredia un poète vraiment français, et puis, comme dit La Bruyère : « Quand une lecture vous élève l’esprit, vous inspire des sentiments nobles, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l’ouvrage : il est bon et fait de main d’ouvrier. » V. […] Mon franc-parler L’indignation, qui fait faire des vers aux poètes, leur inspire aussi de la prose, témoin le livre que François Coppée vient de publier, et au quel il a donné pour titre : Mon franc-parler. […] Il récolte les bons mots contre Napoléon, raconte des anecdotes sur lui et Talma, ajoutant : « Il est deux acteurs tragiques à qui l’embonpoint a beaucoup ôté de leur physionomie, et ces deux acteurs sont Talma et Bonaparte. » Il traite ce dernier de Robespierre à cheval (le mot est de Mme de Staël) ; plus loin il cite un mot qui a peut-être inspiré la fameuse péroraison de Lamartine en 1848 : « — Oui, j’ai porté le bonnet rouge en 93, nous disait franchement quelqu’un, mais je l’ai porté comme un paratonnerre !
Les fausses vocations ressemblent aux vocations véritables : elles ont les mêmes exigences, elles procurent les mêmes joies, elles inspirent le même orgueil. […] Les romantiques se donnèrent d’abord comme des inspirés et commencèrent par monter sur un trépied. […] L’incomparable diction de George Sand ne compense pas toujours, en effet, son absence de relief et sa timidité descriptive, bien que son sens de la nature lui ait souvent inspiré des descriptions très vivantes, notamment dans ses Lettres d’un voyageur. […] Avec un spiritualisme plus lyrique et des préoccupations plus sociales, Paul Adam a continué la tradition de ces grandes fresques, tandis que l’ancien fond de Zola inspirait Mirbeau et toute une école de nouveaux romanciers, Chérau, Hirsch, Lapaire, Maran, Margueritte, etc. […] L’intensité du vécu a inspiré à ces débutants des pages dignes de nos meilleurs écrivains.
Il s’est inspiré de Virgile et de Dante ; mais, moins austère que ses maîtres, plus compatissant, il laisse au puéril fantôme sa coquetterie et sa légèreté. […] « C’est le désir d’établir, au profit exclusif de la France, ces fortifiantes leçons, c’est la pensée seule de la France, dégagée de toute autre préoccupation, qui doit nous inspirer et nous guider dans l’étude de toutes les parties de son histoire politique, de même que nos anciens hommes d’armes, pour marcher à l’ennemi et s’animer au combat, ne poussaient qu’un seul cri : France ! […] Ses convictions lui inspiraient une telle assurance qu’il était déconcerté de ne pas les voir adopter par tout le monde et, notamment, par « les amis ». […] Chaque poète nouveau s’inspira des malheurs d’Œdipe ; et l’on ne croyait pas utile de chercher d’autres fictions pour offrir à des spectateurs réfléchis une émouvante image des catastrophes que la fatalité organise. […] Il me semble que cette pensée un peu triste et raisonnable a inspiré à Lemaître le projet, qu’il a si bien accompli, de rédiger les gloses par lesquelles notre temps aura marqué son passage, de noter les nuances de sentiment qui nous épargnent l’ennui de faire trop effrontément double emploi avec nos aînés.
Jérusalem ne lui inspire qu’une immense tristesse et de lourdes facéties. […] D’autre part, la férocité avec laquelle Flaubert, même avant la brouille, parle de Maxime à Louise Colet, laisse percer partout le dégoût que lui inspire un médiocre talent auquel la fortune, l’intrigue et les impostures de faiseur (voyez la lettre du 28 juin 1853), apportent toutes les satisfactions matérielles. […] Dans aucune de ses œuvres de jeunesse, il ne donne l’impression d’un homme qui croit à son génie, qui pense que sa fièvre lui a inspiré un chef-d’œuvre. […] Le style de Salammbô donne l’idée ou tient la place d’un style historique, inspiré des anciens, qui manque à notre littérature. […] Le roman de Flaubert demandait un degré de culture plus élevé que celui qui suffisait pour Madame Bovary, une familiarité avec les maîtres comme La Bruyère et Le Sage, dont il s’était inspiré.
Je prends des exemples n’importe où, au hasard : quand Meyerbeer écrit les Huguenots, l’Africaine, c’est un jeune ; c’est un vieux quand, trente ans avant, il compose Almansor et Marguerite d’Anjou ; Rossini est jeune quand il écrit Guillaume Tell, il est vieux quand c’est : La Cambiale di matrimonio, opéra inconnu aujourd’hui ; Corneille est plus jeune quand il écrit le Cid que quand il fait jouer Mélite, Rude quand il sculpte le bas-relief de l’Arc de Triomphe que lorsqu’il modèle les bas-reliefs de la chasse de Méléagre, Hugo quand il écrit les Châtiments que lorsqu’il publie Han d’Islande, Verdi quand il donne Aida que quand il fait jouer Il Corsaro, Musset quand son génie lui inspire les Nuits que lorsqu’il écrit ses pastiches espagnols ; je m’arrête et les œuvres de Goethea, Molière, Racine et de tant d’autres sont là pour me donner raison. […] Il n’avait pas même un tombeau, le moindre coin de terre à lui, ce grand conquérant du verbe ; et c’est dans celui d’un manieur de canons, lequel avait vécu largement en tuant, tandis qu’il avait à peine subsisté en se tuant, qu’il dormait lui l’assembleur de mots ou rêvait peut-être, selon les craintes d’Hamlet, à côté de sa vénérable mère qui l’avait assisté sur la croix idéale où la racaille griffonneuse, la lie de la littérature l’avait crucifié, comme Jésus le fut par les ignobles docteurs de Jérusalem sur la fourche du Calvaire ; et m’élevant contre les injures du sort envers lui, je me dis tristement que s’il avait été sacrifié par les impuissants de sa génération qui feignirent de ne pas savoir qu’il existait tant qu’il respira, pour le couvrir hypocritement et à la fois sincèrement de fleurs lorsqu’il eût succombé, victime de leurs haines, les nombreux enthousiastes de la mienne et des suivantes, surtout la dernière, créée et façonnée par lui, qui tous ont la bouche remplie de ses vers incomparables et de l’admiration qu’ils leur inspirent ne sont non seulement jamais venus le saluer dans son suprême asile, mais encore que la plupart d’entre eux ne connaissent pas le chemin qui y mène, et même qu’ils ignorent en quel cimetière de Paris est tombée en poussière la cendre de leur fétiche, leur idole, qui me fut et me sera toujours sacrée, lui, le guide de mes premiers pas dans cet art pour lequel je me suis immolé, dans la mesure de mes forces, avec non moins d’opiniâtreté que lui-même. […] À côté de la belle pièce inspirée par la mort de Théophile Gautier, et dont nous citerons plus loin une partie, je trouve ces vers pleins de délicatesse, et qui rappellent à la fois la grâce de Voltaire et le charme d’Anacréon : Horace, et toi, vieux La Fontaine, Vous avez dit : Il est un jour Où le cœur qui palpite à peint ; Sent comme une chanson lointaine Mourir la joie et fuir l’amour. […] Quelle merveille de par l’émotion, de par la forme, et quel gros livre bien névrosé, plein de calembours sous prétexte de richesse de rimes, pourrait tenir contre le souffle puissant et sincèrement passionné qui a inspiré ces sept vers si dédaigneusement rimés ?
Pourquoi ne pas acclimater parmi nous des dispositions esthétiques capables d’inspirer des récits comme la Famille Tulliver, cette histoire inimitable et divine ? […] Il y a de l’exotisme dans tous les récits de voyage : aucun n’inspire le saisissement que Loti nous apporte des terres océaniennes comme des pluvieux crépuscules de Paimpol. […] Chose bizarre, cette création voluptueuse a inspiré à quelques-uns du lyrisme très pur. […] Sa fermeté pendant la Terreur prêtait une magie romanesque à cette charmante femme qui a inspiré tant de dévouements passionnés. […] Éprouvant de l’amour à un âge où il ne lui était plus possible d’en inspirer, il put enfin prolonger les délices d’un sentiment qu’une possession trop rapide étouffait toujours trop tôt.
Elle était faite pour y obtenir de véritables succès ; mais l’affectation dans laquelle elle avait été élevée, le faux esprit qu’on lui avait inspiré dès son enfance, lui avaient ravi tout moyen de plaire aux gens que n’avait point encore gagnés cette fièvre du mauvais goût. […] Le chevalier de Gramont est celui qu’Hamilton nous a fait connaître, et La Grange, en inscrivant le lendemain cette visite comme due, nous montre que les comédiens commencèrent par lui faire crédit, ce qui, attendu les habitudes du visité, nous inspirait des inquiétudes ; mais La Grange a inscrit plus tard : « Reçu deux cent vingt livres. » Plus heureux que sages ! […] Il ne faut pas mesurer les hommes par leurs actions, qui sont trop dépendantes de leur fortune, mais par leurs sentiments et leur génie », Colbert n’avait pas fait plus pour le jeune poète : cent louis avaient également été la récompense de sa muse pour l’ode qu’elle lui avait inspirée l’année précédente sur le mariage du Roi. […] Mais l’horreur succéderait au mépris qu’inspire ce portrait, si l’on devait croire avec Bussy-Rabutin que madame de Châtillon ayant été mise par le duc de Nemours dans le malheureux état qu’on peut appeler l’écueil des veuves, et ayant recouru aux expédients de Desfougerais, celui-ci n’aurait pas reculé devant une ressource criminelle, et l’aurait délivrée à l’aide de vomitifs. […] J’ai voulu que l’innocence de mon choix me répondît de mon bonheur : j’ai pris ma femme pour ainsi dire dès le berceau, je l’ai élevée avec des soins qui ont fait naître des bruits dont vous avez sans doute entendu parler : je me suis mis en tête que je pourrais lui inspirer, par habitude, des sentiments que le temps ne pourrait détruire, et je n’ai rien oublié pour y parvenir.
Point de haute philosophie sans imagination ; l’observation et l’induction, qu’on a nommées les deux béquilles de la science, n’avancent pas si elles ne s’inspirent de la puissance vitale de l’imagination. […] Ce n’est pas une simple morale ; Dieu ne veut pas seulement une obéissance fondée sur la beauté de la loi, sur l’amour qu’elle peut inspirer ; il veut que la loi tire son autorité de lui-même ; il veut être obéi comme souverain. […] Mais ce n’est pas la politique qui inspire la profession de foi du chancelier ; il expose ce qu’il estime conforme à l’humanité et au véritable esprit de la religion ; Aux États d’Orléans, en 1560, où nous le rencontrons d’abord, il prend, en homme pratique, l’expédience et l’utilité pour point de départ, et n’arrive qu’ensuite à la question d’équité. […] Mais quelque sympathie que nous inspire ce courageux dégoût d’une âme droite et vraiment religieuse, n’oublions pas toutefois que cet abus indique un sentiment vrai, un respect, un honneur pour tout ce qui touchait à la religion, une religion, en un mot, qui s’honorait elle-même dans une part assez considérable de ceux qui l’enseignaient ou la pratiquaient. […] Il est moins guidé par une pensée dominante qu’inspiré par un ensemble de sentiments nobles, humains et en général chrétiens.
comment exprimer les sentiments d’amour et le ravissement que sa vue m’inspire ! […] « Car l’homme, ajoute-t-il, doit se souvenir qu’il n’est pas seulement pour lui seul, mais pour les siens, pour sa patrie, et que c’est de la moindre partie de lui-même qu’il lui est permis de s’occuper ; et, comme la nature nous a doués d’un invincible attrait pour la vérité, inspirés que nous sommes par ce noble instinct, nous aimons forcément tout ce qui est vrai et réel, comme la bonne foi, la fidélité, la candeur, la constance, et nous haïssons tout ce qui est faux et trompeur, comme la fraude, le parjure, la méchanceté, l’injustice.
Malgré mon respect pour son rang et malgré mon appréciation très haute de son esprit politique, cette attitude ambidextre m’inspirait plus d’éloignement que d’attrait pour ce prince. […] XLII J’étais au coin de la cheminée, muet et consterné de la résolution, selon moi si fatale, conseillée ou acceptée par tous ; mais je n’étais que témoin sans responsabilité officielle dans le débat ; mon visage seul, triste et désapprobateur malgré moi, montrait sans doute que la résolution de dissoudre la chambre en ce moment m’inspirait un trop juste effroi.
Non moins finement rendu, le sentiment complexe, fait de mépris et d’émerveillement, qu’inspire à l’Américain Jerry ce futile Paris, ville de joie et capitale du plaisir. […] … Il détesta, ou, mieux, il ignora les poésies et les littératures, car il avait horreur de toutes les exagérations, étant un homme précis et régulier… Et si les spectacles de la misère humaine ne lui inspirèrent jamais que le dégoût, en revanche, les spectacles de la nature ne lui suggérèrent jamais rien… » Je cite pour ma démonstration, mais pour mon plaisir aussi, car toute cette oraison funèbre du bourgeois est, en soi, un bon morceau de rhétorique.
Tous ces messieurs autour du tapis vert, tous ces mielleux bonshommes de la Commission, tous ces administratifs littérateurs, poussant leur carrière par la toute-puissance du « passe-moi la casse, je te passerai le sené » m’inspirent presque un dégoût physique. […] Il nous parlait après de la terreur, qu’inspirent dans les villages certains hommes, et à l’appui il nous narre cette anecdote.
Remy de Gourmont, fut heureusement inspiré en écrivant que « Victor Hugo fut toute la poésie et toute la pensée du xixe siècle ». […] C’est l’esprit de Walter Scott, de Casimir Delavigne, de Ducis qui a inspiré les « Odes et Ballades » et les « Orientales » ; l’esprit de Sainte-Beuve anime les « Feuilles d’Automne », celui de Leconte de Lisle respire dans la « Légende des Siècles » et Théophile Gautier a fourni la formule des « Chansons des rues et des bois ».
Le mot litigieux est pour Boileau synonyme d’ordre et de mesure ; Jean-Jacques s’en inspire pour affranchir l’homme des liens sociaux. […] Jamais, pensons-nous, nous ne pourrons gravir le pic d’une âme, plonger dans les précipices de la conscience, soutenir l’éclat des firmaments éternels que bleutent les neiges immaculées de l’être. « Mais si, mais si », nous répond le poète, et nous le surprenons en train de souffler sur notre vie morose son souffle inspiré.
Ce ne sera pas la nostalgie de son pays qui l’inspirera, mais la curiosité des horizons nouveaux devinés du seuil de sa de meure qui regarde la mer. […] Parfois, la prière qu’elle adresse au soleil se fait mystique et semble se souvenir, s’inspirer de réminiscences religieuses. […] C’est à eux, à « Mes Fils », qu’elle dédiera ses chants actuels, qu’ils lui ont inspirés : L’Aîné !
Certes la jeunesse romancière d’à présent continue sans doute à admirer l’œuvre si volontaire, si originale et si personnelle des deux illustres frères, mais elle ne s’en inspire guère. […] Il préféra, à Madrid, écouter Velasquez et contempler à l’Armeria Real l’épée guerrière et pontificale du premier des Borgia qui devait lui inspirer le sonnet fameux : Au pommeau de l’épée, on lit : Calixte, Pape …k Ces quelques excursions ramenèrent définitivement le poète aux paysages français dont il avait, dès son enfance, senti le charme. […] Ces personnages, Laurent Evrard dissimule assez ordinairement l’intérêt passionné qu’ils lui inspirent, en les traitant avec quelque ironie, mais cette ironie n’empêche nullement de ressentir le malaise très particulier qui se dégage des récits où ils sont engagés, généralement en des circonstances plus sourdement angoissantes que visiblement dramatiques. […] La nature utilisée et conduite doit inspirer à l’homme le sentiment de sa supériorité volontaire, de sa puissance ordonnatrice.
Rien ne subsiste de sa prodigieuse jactance, de son goût de l’aventure, de son désir d’inspirer la terreur. […] Leur vie intérieure décèle un malaise persistant, et l’avenir pour eux, parmi d’ardentes compétitions, n’est pas sans inspirer quelque inquiétude. […] Il devrait contenir le plan d’une triple réformation, physique, morale, mentale, et dans chacun de ces domaines apporter des solutions adéquates aux problèmes capitaux qui s’y rapportent ; des solutions inspirées par la même conception occidentale et moderne, se rattachant toutes au même esprit d’anti-romanisme. […] Il n’y aurait d’ailleurs en cette matière qu’à s’inspirer de l’éducation grecque, corrigée et complétée par les méthodes modernes de gymnastique. […] Il faudrait bien se garder, par exemple, de s’inspirer des ignobles pratiques inventées sous Louis XIV et Bossuet par Louvois, contre les Huguenots, durant les années qui précédèrent la Révocation de l’Edit de Nantes.
L’honneur du nom restait sauf… Et quand le roi manquait aux remparts, j’avais soin que sa place ne fut pas vide… Mais à Paris… à Paris… Jusqu’ici elle avait parlé lentement, froidement, gardant au bout de chaque phrase une intonation de pitié et de gronderie maternelle qu’inspiraient bien les yeux baissés du roi, sa boudeuse mine d’enfant vicieux qu’on sermonne. […] Mon oncle Victor m’inspirait aussi beaucoup de considération par ses redingotes à brandebourgs et surtout par une certaine manière de mettre toute la maison sens dessus dessous dès qu’il y entrait. […] Mais je n’entrais ni dans ces répugnances ni dans ces reproches, et l’oncle Victor m’inspirait le plus pur enthousiasme. […] Il y est souvent parlé de Dieu, car Victor Hugo est déiste et croit à son âme ; il a raison, et rien n’est mieux fait pour inspirer la croyance en une autre vie que les chefs-d’œuvre prodigués et renouvelés sans cesse par la création. […] Ces belles pages, inspirées d’un souffle si noble, si patriotique, Dumas seul pouvait les écrire.
Deuxième cas : la jeune fille est extrêmement flattée d’inspirer de l’amour à un jeune homme qui en a inspiré et qui a un passé, sinon aussi encombré, du moins presque aussi illustre que celui de Don Juan, gentilhomme espagnol du xvie siècle. […] 2º Hautaine, ombrageuse, dure et même méchante : l’habitude de voir le vice, quand on ne l’aime pas, inspire une austérité un peu farouche, une manière de misanthropie récalcitrante et de pessimisme qui ne laisse pas d’être injuste. […] Il est probable même que Renan lui inspirait une profonde horreur, mêlée d’un prodigieux étonnement. […] Le mot de La Bruyère est dépassé : « Un ouvrage qui inspire de bons sentiments est bon. » Nous sommes plus loin. Nous sommes à ceci : « Il n’y a que les ouvrages qui inspirent de bons sentiments qui soient de l’art. » La preuve ?
Poictevin de donner à ses livres une affabulation compliquée ; l’extériorité du drame est toujours, en tous ses livres, homologue : un être souffre ou jouit de la réaction des choses ; deux êtres unis souffrent ou jouissent de la réaction du présent et des souvenirs et des sites sur eux, et vivent d’une vie commune remplie par les rêves divergents qu’inspirent les mêmes faits et les mêmes lignes vues par des cerveaux différents. […] L’une qui produisit les Fêtes Galantes, les Uns et les Autres, nombre de petits poèmes charmeurs et caressants, l’autre qui inspira les cris de foi de Sagesse, le dialogue avec Dieu, et ceux où la passion poignante et clairvoyante pour la femme sa sœur, s’affirme en tant de sonnets qui resteront aux mémoires humaines. […] Dans sa terre d’exil, des personnages taciturnes se définissent le silence et leurs rares mouvements, et se perfectionnent entre eux les idées fines que leur inspire l’assiduité presque monacale de leurs réflexions sur l’âme des choses ; il y a là un décor éteint exprès, mi-jouré, d’une chapelle à la Vierge où pendent les ex-voto de pèlerins selon l’Inconscient. […] Dans le Miracle de saint Nicolas, il a tenté ce que nous venons de dire être le devoir, la tâche du poète qui s’inspire de la chanson populaire ; il a voulu donner l’essence d’une légende en une œuvre à lui d’un ton personnel, en bien des pages il y a réussi, et c’est avant la lettre, un Hænsel et Gretel français qu’il a créé là. […] Les Lamartiniens se perdent en des extases catholiques platement versifiées ; Barbier s’impose, rude et classique de ton, semblable à un Marie-Joseph de Chénier plus inspiré et doué du métier élargi des romantiques.
S’il est beau par-dessus tout au héros militaire et civil d’inspirer de tels sentiments d’admiration à ceux qui l’approchent, il n’est pas moins honorable à l’homme politique déjà éprouvé par les révolutions d’avoir gardé son esprit assez ferme et assez intègre pour être capable de les ressentir.
Louis XIV, en lui donnant l’ordre de partir, lui a dit expressément « qu’il voudrait bien inspirer à ce qui est à la tête des armées l’audace naturelle à quiconque mène des Français » ; et ce mot-là a plus que suffi pour l’électriser lui-même.
Fort sévère pour la Rome pontificale, mais toujours candide et incapable de haine, s’il s’affligeait peu de l’abaissement politique du Vatican, l’état de la campagne de Rome lui inspira quelques-unes de ses recherches les plus approfondies, quelques-unes de ses pages les plus éloquentes : elles se trouvent dans son principal ouvrage, le Voyage dans le Latium.
Dans un autre discours bien mémorable que lui prête Thucydide, et que sans doute il ne lui prête pas sans de bons motifs, Périclès traite déjà les Athéniens comme plus tard on traitera les Romains ; il s’efforce de les soutenir et de les fortifier contre la double épreuve de la guerre et de la terrible peste ; il prétend inspirer à ces citoyens d’une grande ville, et nourris dans des mœurs et des sentiments dignes d’elle, la force de tenir tête aux plus grands malheurs.
Grâce à l’effroi qu’inspiraient ses armes, le terrible condottiere, à ce moment d’indépendance où il avait toute la liberté de ses mouvements et où il pouvait se porter à volonté sur tel ou tel point du pays pour le ravager, s’était créé un revenu fort considérable ; il touchait — tant, de Bérenger, comte de Barcelone ; — tant, du prince de Valence ; — tant, du seigneur d’Alpuente ; — tant, du seigneur de Murviédro, etc. ; on a les chiffres de ces sommes régulières que lui payaient les princes et seigneurs musulmans ou chrétiens, et qui constituaient ce que M.
Aux pages 387 et 388 du premier volume, Gabrielle d’Estrées est non seulement nommée, mais présentée comme agissant sur les intérêts politiques par la passion qu’elle a inspirée au roi, et laissant par sa mort le champ libre au divorce et au second mariage de ce prince.
Messieurs, il y a dans la loi qui vous est soumise une préoccupation touchante : c’est celle qui concerne le conjoint survivant, c’est-à-dire, dans la plupart des cas, la veuve de l’homme de lettres : « Pendant une période de cinquante ans, est-il dit, le conjoint survivant, quel que soit le régime matrimonial, et indépendamment des droits qui peuvent résulter, en faveur de ce conjoint, du régime de la communauté, a la jouissance des droits dont l’auteur prédécédé n’a pas disposé par acte entre-vifs ou par testament. » Déjà cette préoccupation avait inspiré Napoléon Ier, lorsque par son décret du 5 février 1810, qui étendait à vingt ans le droit des enfants des auteurs, d’abord fixé et limité à dix ans par la loi du 19 juillet 1793, il établissait que la veuve, si les conventions matrimoniales lui en donnaient le droit, jouirait viagèrement de la propriété garantie a l’auteur lui-même.
. — C’est, avec une autre application, le même esprit qui l’a inspiré lorsqu’il a flétri, dans Talleyrand, les vénalités du Temple politique… » — Un mot encore qui résume en un sentiment général l’impression laissée par la lecture de ce second article, et qui répond à un scrupule de la fin.
Cousin d’avoir donné de lui une telle idée ; il n’y a que les esprits despotiques et dominateurs qui inspirent de ces craintes.
La réforme pratique que le prêtre Bourdoise opéra dans les mœurs de son Ordre, après les désastres de la Ligue, excite son émulation ; il se croirait heureux, après des désastres pareils, d’en provoquer une du même genre et d’en inspirer le besoin : « Ô Bourdoise, s’écrie-t-il, où êtes-vous ?
Que si, dans tout ceci, nous avons trop souvent arraché à un talent, le plus humble de cœur, les voiles dont il aime à s’envelopper, qu’il veuille songer, pour notre excuse, que l’effet de ces paroles, que nous aurions voulu rendre plus dignes, sera peut-être de convier quelques lecteurs de plus aux fruits des travaux que l’idée de l’utilité et du bien lui inspira ; et puisse-t-il ainsi nous pardonner !
Sans se faire reflet ni écho de personne en particulier, il s’est laissé couramment inspirer des divers essais et des vogues d’alentour, et en a rendu quelque chose à sa manière.
Si quelque chose pouvait nous faire apporter quelque réserve à l’admiration, à l’estime que nous inspirent certains écrivains de nos jours, énergiques et simples163, ce serait la manière, j’oserai dire fastueuse, avec laquelle M.
Faugère en son Introduction, nous croyons avoir surmonté ces difficultés autant qu’il était possible de le faire ; du moins nous y avons travaillé, non-seulement avec patience, c’eût été trop peu pour une pareille tâche, mais avec l’infatigable passion qu’inspire aisément la mémoire d’un écrivain en qui se rencontrent dans une merveilleuse alliance la beauté de l’âme et la grandeur du génie. » Connu déjà par l’Éloge de Gerson et par celui de Pascal que l’Académie française avait tous deux couronnés, M.
Parcourez les harangues de tribune et le club, les rapports, les motifs de loi, les pamphlets, tant d’écrits inspirés par des événements présents et poignants ; nulle idée de la créature humaine telle qu’on l’a sous les yeux, dans les champs et dans la rue ; on se la figure toujours comme un automate simple, dont le mécanisme est connu.
Contre leurs débordements et leurs dévastations, il a fallu installer une force égale à leur force, graduée selon leur degré, d’autant plus rigide qu’elles sont plus menaçantes, despotique au besoin contre leur despotisme, en tout cas contraignante et répressive, à l’origine un chef de bande, plus tard un chef d’armée, de toutes façons un gendarme élu ou héréditaire, aux yeux vigilants, aux mains rudes, qui, par des voies de fait, inspire la crainte et, par la crainte, maintienne la paix.
Comme cet insecte m’inspirait de la frayeur, je l’ai prise avec le coin de mon drap.
… Etc. » On calomnia jusqu’à sa douleur, en attribuant ces strophes, dont Politien mourut, aux regrets amoureux que lui inspira la mort d’un jeune Grec, son élève.
Ces romans de Graal inspirés du même esprit qui animait les grands ascètes et les ardents mystiques du xiie et du xiiie siècle, étaient trop en contradiction avec les goûts, les désirs et les nécessités même de la société laïque, pour représenter autre chose que l’idéal exceptionnellement conçu par quelques âmes tourmentées.
Leur religion les faisait jeûner et ouvrir leur bourse à l’Église ou aux pauvres, elle ne leur inspirait pas de réfléchir sur la Trinité ou sur le mode d’union de l’âme au corps.
C’est un mérite : et de là vient que leur Christ si pâle, si froid, si peu vivant, n’a pas de caractère, tandis que Notre-Dame les inspire mieux.
Il s’inspira de l’Arioste et surtout de Voltaire, dont la langue et l’esprit lui étaient plus familiers.
La troisième objection en particulier inspire à Calvin une réponse pleine d’éloquence, où l’on voit une première application parfaite de la méthode antique aux idées qui ont le plus profondément remué la société moderne.
En revanche, il y aura toujours une place d’honneur pour la belle et poétique intelligence qui s’inspira, au commencement de ce siècle, de tout ce qui voulait revivre du passé, de tout ce qui commençait à vivre de l’avenir.
» implore Laurent Tailhade qu’on n’accusera point de révérence eucharistique et qu’inspire, seul, un souci de dignité humaine.
Je me garderai de suivre l’économie politique dans ses déductions ; les économistes attribueraient sans doute à mon incompétence les défiances que ces déductions m’inspirent ; mais je suis compétent en morale et en philosophie de l’humanité.
Notre Journal des Débats eût fait gorge chaude de ces gens-là, et cependant ils ont vaincu, et, quatre siècles après, les plus beaux génies se sont fait gloire d’être leurs disciples et, au XIXe siècle encore, des intelligences distinguées les tiennent pour des inspirés.
Il a eu cependant de grandes difficultés pour s’y faire admettre et ne s’en est tiré qu’en produisant un certificat d’études domestiques, malgré la répugnance que lui inspirait ce moyen obreptice.
» — Et toujours courant et gambadant : « C’est que sous les rois ce sont les femmes qui gouvernent, et ce sont les hommes sous les reines. » Le règne des favorites en France a prouvé la justesse de cette boutade, et, sans parler des Maintenon ou des Diane de Poitiers qui ont, chacun le sait, inspiré, commandé, suscité des œuvres conformes à leurs préférences, il y a des temps où les hommes féminisés subissent un ascendant qui, pour être doux et insinuant, n’en modifie pas moins leur façon de penser et d’écrire.
Tout n’est pas faux pourtant dans le préjugé courant qui fait volontiers de celle-ci le bouc émissaire des péchés d’Israël ; des craintes qu’elle inspire nous retiendrons seulement ceci : que les moindres des productions littéraires ont comme une vertu magique dont nul ne peut calculer ni méconnaître la puissance ; et que, tantôt corruptrices, tantôt éducatrices, elles sont toujours des forces sociales.
Supposez, dit-il, deux races particulières d’êtres humains, — l’une ainsi constituée dès l’origine, que de quelque façon qu’on l’élève et la traite, elle ne pourra s’empêcher de penser et d’agir de manière à être une bénédiction pour tous ceux qui en approchent ; — l’autre d’une nature originelle si perverse, que ni éducation, ni châtiment n’ont pu lui inspirer quelque sentiment de devoir ni l’empêcher de mal faire.
Elle va plus loin, elle nous assure que la Révélation ne nous apprend que des choses absurdes & sans raison, & qu’elle ne nous inspire que des sentimens d’aversion pour nos semblables, & de frayeur pour nous-mêmes J.
On sait gré de la timidité ; elle donne à deviner et n’inspire point de méfiance.
Dans ce mélange obscur et ténébreux, la part de Saint-Just passe pour avoir été au moins égale à celle de l’autre : il inspirait souvent, il imposait ses résolutions, il ne cédait jamais.
Une fois ces infortunés arrêtés, la colère indignée que nous avait inspirée leur attentat s’est changée, chez nous comme chez tout le monde, en une profonde pitié.
L’Aminte du Tasse inspira aux Poëtes italiens le goût de la Pastorale.
L’auteur est évidemment de ceux chez qui le goût s’inspire aux sources de l’âme.
C’est ainsi que nous arrivons à La Fontaine, qui s’est inspiré, pour ses contes, et de l’antiquité, et des fableaux, et des conteurs du seizième siècle français, et enfin des conteurs italiens comme Machiavel, l’Arioste et Boccace.
Vous entendrez dire que ces hommes travaillent pour la gloire et qu’ils tirent leurs joies les plus vives de l’admiration qu’ils inspirent.
Le plus grand seigneur du monde ne s’indignera point d’être aimé d’une bergère ou d’une esclave ; et même, — pourvu que la façon dont il en est averti implique que la bergère ne prétend rien sur lui, fût-ce en pensée, — il ne pourra concevoir sans émotion qu’il y a quelque part une âme qui est à lui sans le dire ; et, dans le moment où il le concevra, il éprouvera nécessairement pour elle un peu, un tout petit peu de ce qu’il lui inspire. […] Mais alors, pour qu’une mère si monstrueuse, — plus exceptionnelle en vérité par l’âme que son enfant ne l’est par le corps, — nous demeurât vraisemblable, et nous inspirât du moins une façon de sympathie épouvantée, il fallait de toute nécessité que sa fureur infanticide nous apparût purement comme une perversion du sentiment maternel, et que ses mobiles secrets fussent tous, en dépit de leur cruel aboutissement, des mobiles d’amour. […] Auguste Strindberg n’est qu’un mélodrame inspiré à la fois des préfaces de M. […] Dumas, dont, visiblement, il s’inspire, mais qui, lui, ne s’insurge que contre la Bête, et qui croit à la « femme de temple » et à la « femme de foyer ». […] C’est de ce vers charmant d’Agrippa d’Aubigné que s’est inspiré M.
La métaphysique ne lui inspirait que du mépris. […] Il y eut comme une aube indécise de l’Histoire sainte : « Les vieux souvenirs d’Our-Casdim et de Harra remontaient en la mémoire ; les prophètes apparaissaient comme les guides inspirés d’Israël. […] Si j’avais de l’argent, j’irais au diable, je ne sais où… Le suffrage universel et les politiciens lui inspiraient une indicible répugnance. […] Quelle âme avait chanté sur des lèvres plus belles Et brûlé plus limpide en des yeux inspirés ? […] Il inspirait à Corinne un sentiment de respect qu’elle n’avait pas éprouvé depuis longtemps. » Rien n’est plus instructif que ces comparaisons.
Frédéric Masson, après Albert Sorel, Ernest Denis et Gross-Hoffinger, nous explique les causes profondes : François éprouve contre la Révolution et la France cette sorte d’horreur religieuse que doivent lui inspirer à la fois un cerveau peu développé, une éducation religieuse très stricte et le sentiment de sa majesté outragée. […] … L’anglomanie, et, pour parler plus exactement, la « xénomanie » de Corinne sont inspirées par les conseils et par les suggestions de cet homme d’État manqué, de ce romancier malcontent, qui ne pardonna jamais à la France les mécomptes de son ambition. […] Le désastre de l’armée française à Waterloo fut célébré par les étrangers, avec une pompe et un faste qui démontrent, mieux que tous les récits, l’épouvante que cette armée sema sur son passage et l’admiration qu’elle inspira, jusque dans son agonie, à nos ennemis vainqueurs. […] Nous sommes, à présent, délivrés de l’espèce d’horreur sacrée que nous inspiraient jadis ces choses inouïes, inaccessibles, extravagantes. […] Mille cérémonies burlesques, qu’on dirait copiées sur le scénario du Bourgeois gentilhomme, une infinité de simagrées bouffonnes ou grossières, inspirées par les plus folles superstitions, occupent les habitants du palais impérial de Pékin.
La pensée qui a inspiré cette composition est digne d’éloges. […] Si une lecture attentive des Récits d’un Chasseur inspire une profonde aversion pour les droits dont disposent les seigneurs russes, ce n’est point M.
En d’autres termes, c’est un ensemble de mouvements par lesquels l’être vivant reprend possession de soi ; l’idée réagit contre l’influence morbide, hausse le ton vital, comme un musicien inspiré qui traduit son inspiration par les sons les mieux adaptés ; tout l’organisme se relève, se tend, se renforce : l’idée de la guérison d’un mal déterminé a favorisé la réaction déterminée sur ce mal et, conséquemment, a facilité la guérison même. […] Delbœuf rapproche de ces faits l’action calmante exercée par la présence du docteur, par la confiance qu’il affecte et qu’il inspire.
Des imposteurs l’accréditèrent : ils se disoient inspirés du nouveau saint. […] Ils ressentoient cet intérêt vif & tendre qu’inspire aux ames bien nées tout corps auquel on appartient. […] On y saisit assez bien les ridicules de quelques philosophes modernes qui abusent de ce nom, le mépris fastueux de la gloire qu’ils affectent pour y parvenir plus surement ; leurs cabales, leurs intrigues ; l’intérêt qu’ils veulent inspirer, en exagérant la persécution, en citant sans cesse les Montesquieu, les Voltaire, pour être mis à côté de ces grands hommes ; leur attention à se renvoyer des brevets de célébrité ; leur ton décisif, leur charlatannerie ; la hauteur avec laquelle ils commandent à la nation de croire au mérite de leurs protégés ; la violence avec laquelle ils veulent emporter les suffrages du public, qu’ils obtiendroient mieux par la modestie ; enfin tant de pensées, tant d’expressions, tant de débuts emphatiques. […] Leurs maximes, leurs loix, leurs raisonnemens parurent fondus dans ce livre(*), « le code des passions les plus odieuses & les plus infames, l’apologie du matérialisme & de tout ce que l’irréligion peut dire pour inspirer la haine du christianisme & de la catholicité. […] C’étoit un poëte qui n’avoit pas, à beaucoup près, autant d’imagination & de force que Santeuil ni que La Rue, mais que la fureur inspira dans ce moment, au lieu de ces graces qui l’accompagnoient partout ; un poëte doux, aisé, fécond, ingénieux, fleuri, le même que regardent ces vers du P.
L’une d’elles qui représente des enfants jouant d’instruments, aurait pu inspirer une bonne partie de l’art plastique florentin. […] Les mythes naturalistes les plus antiques nous parlent non point du « plaisir sensuel » que la Nature donnerait à l’homme, mais de la terreur que la Nature inspire. […] et un autre fragment du sixième livre mérite d’être cité : « Jamais un jeune homme descendu de la race troyenne n’éveillera de nouveau de tels espoirs en ses ancêtres du Latium, jamais un adolescent N’inspirera plus noble orgueil dans l’antique terre de Romulus. […] Il était fait pour prononcer les oracles de la Divinité, pour être à la fois un prophète inspiré et un prêtre saint, et nous pouvons sans exagération, à mon avis, la considérer comme telle. […] « Tout inspire la crainte, tout est sombre. » Point de brillante fantaisie autour des souvenirs qui s’attachent aux montagnes.
Voici comment on pourrait présenter les réflexions qu’inspire cette partie de la théorie freudienne : 1º Il est d’une importance considérable, au point de vue de la psychologie de la création, d’avoir établi les sources, si l’on peut dire, charnelles, de toute création spirituelle. […] Si elle me l’avait confié, j’aurais mis à assurer sa réalisation une ardeur que personne autant qu’Albertine n’eût pu m’inspirer. […] Mais comme il aimait Odette, comme il avait l’habitude de tourner vers elle toutes ses pensées, la pitié qu’il eût pu s’inspirer à lui-même ce fut pour elle qu’il la ressentit, et il murmura : « Pauvre Chérie 43 ! […] Un des premiers indices de la profondeur et de l’importance des innovations de Proust, nous le trouvons dans la conversation même que nous tenons en ce moment, dans la possibilité qu’il crée pour nous de nous entretenir ainsi calmement, objectivement, de l’amour, sans nous laisser entraîner à aucune des déclamations habituelles que ce sujet inspire.
Mais qu’est-ce au fonds que ces grands sentimens pour lesquels on voudroit nous inspirer tant d’estime ? […] Polidamas étoit devin aussi ; et cependant lorsque dans la suite de l’iliade, il conseille à Hector de rentrer dans Troye, et qu’il lui annonce de l’air le plus prophétique, les malheurs qui arriveront s’il s’obstine à demeurer hors des murs ; malheurs qui arrivent en effet : ce qui prouve en passant que Polidamas étoit mieux inspiré qu’Hélénus dont l’ordre n’a point eu de suite, Hector résiste sans scrupule à Polidamas ; et il traite hardiment de chimere son inspiration prétenduë. […] Qu’importe qu’une sentence condamne la perfidie, si ensuite Minerve, la sagesse même, en inspire une des plus noires ; qu’importe qu’une sentence recommande la modestie, si Nestor le plus sage des hommes se louë à tout moment sans pudeur et sans retenuë. Un poëme dépourvû de sentences pourroit être très-moral, s’il y regnoit une idée constante et uniforme de la vertu et du vice, et si tout y étoit peint de maniere à inspirer de l’amour pour l’une et de l’horreur pour l’autre.
Ainsi l’auteur de La Colline inspirée et de ces pages où les péripéties de la guerre ont leurs images pathétiques. […] L’Italie ne lui inspire pas une confiance à toute épreuve : il est prêt à l’accuser d’ingratitude. […] Il a écrit, sur Guillaume de Machaut, poète du quatorzième siècle, un chapitre charmant de justesse ; et l’amie du poète, Péronne d’Unchair, dame d’Armentières, « mon cœur, ma sœur, ma douce amour », il l’a très joliment éveillée de l’oubli et amenée à la demi-lumière des héroïnes amoureuses, poétesses qui n’ont point écrit leurs vers et les ont inspirés seulement. […] Les « récits de l’Occulte » ont leur sort lié ainsi, eh quelque mesure, à celui des doctrines dont ils sont inspirés. […] Le gouvernement fut mal inspiré (l’événement le prouve assez), lorsqu’il ne se contenta point des assurances que lui donnait le prince Antoine et réclama les assurances du roi Guillaume.
Ainsi nous le conseillent les prophètes inspirés de l’amour, les poètes auxquels il se révèle comme un oubli de tout ce qui a été, de tout ce qui sera, dans l’extase partagée de deux cœurs qui battent à l’unisson, dans le frémissement de deux bouches qui joignent leurs lèvres. […] Dumas, l’identité paraît de plus en plus grande entre l’esprit qui les a inspirées et celui qui se manifeste dans le grand ouvrage du philosophe allemand : le Monde comme volonté et comme représentation. […] Il y a à faire ici pour un collectionneur comme moi, et voilà, je crois, un sujet que je n’ai pas encore catalogué. » C’est tout ce que lui inspire la vue de Jane de Simmerose, avec ses beaux grands yeux de vierge effarouchée, avec son mince profil busqué de jeune Grecque, avec son charme de naturel et de distinction, — ce qui ne l’empêchera pas tout à l’heure de la sauver d’une façon toute chevaleresque. […] Ce désir d’être soulevé par l’applaudissement des foules et d’en devenir le porte-parole inspiré n’a-t-il pas précipité un génie comme celui de Lamartine dans les misères de la politique quotidienne ? […] C’est ce goût du rêve qui a inspiré à ce réaliste des nouvelles comme Apparitions et comme le chant de l’Amour triomphant, dont la mysticité rappelle la Ligeia ou la Morella d’Edgar Poe.
Vous avez la bonté, me dit-il, de me faire des remerciements et des compliments : ce n’était pas ce que je souhaitais de vous ; nous aurions bien voulu pouvoir vous inspirer un peu d’amitié, parce que nous en avons beaucoup pour vous ; mais vous n’êtes point obligé de nous la rendre ; tout de même, nous vous aimerons parce que vous êtes aimable ; tout de même, nous nous intéresserons tendrement à vous parce que vous êtes intéressant ; je suis seulement fâché que vous vous soyez cru obligé de nous faire des remerciements ; vous vous êtes donné là un moment d’ennui qui aura ajouté à votre fatigue ; vous aurez maudit les parents et l’opinion des devoirs ; je vous prie de ne pas nous en rendre responsables ; nous sommes bien loin d’exiger et d’attendre rien. […] Cet excès d’infamie, dont j’ai vu les preuves, m’a inspiré un tel dégoût, que je n’entends plus les mots d’humanité, de liberté, de patrie, sans avoir envie de vomir… » Nous continuons de démontrer le pour et contre en ce grand et mobile esprit du futur tribun : « (1792.) […] Il est à remarquer que Benjamin Constant éprouva toujours une grande répugnance à s’avouer Suisse : cela tenait, en partie, comme on le verra, à l’antipathie que lui inspirait le régime bernois, dont la famille Constant eut souvent à se plaindre.
Je vais décrire une nature d’esprit extraordinaire, choquante pour toutes nos habitudes françaises d’analyse et de logique, toute-puissante, excessive, également souveraine dans le sublime et dans l’ignoble, la plus créatrice qui fut jamais dans la copie exacte du réel minutieux, dans les caprices éblouissants du fantastique, dans les complications profondes des passions surhumaines, poétique, immorale, inspirée, supérieure à la raison par les révélations improvisées de sa folie clairvoyante, si extrême dans la douleur et dans la joie, d’une allure si brusque, d’une verve si tourmentée et si impétueuse que ce grand siècle seul a pu produire un tel enfant. […] Involontairement et hors de propos, il vient d’écarter le masque tragique qui couvrait son visage, et le lecteur, derrière les traits contractés de ce masque terrible, découvre un sourire gracieux et inspiré qu’il n’attendait pas. […] Il ne s’épanche point en conversations légères, en prose agile et bondissante ; il éclate en larges odes rimées, parées de métaphores magnifiques, soutenues d’accents passionnés, telles que la chaude nuit, chargée de parfums et scintillante d’étoiles, en inspire à un poëte et à un amant.
On connaît cette fin d’un petit Poème en prose : « Il y a des femmes qui inspirent l’envie de les vaincre et de jouir d’elles. […] Madame Marcelle Tinayre Quand Victor Hugo, pater familias et pontife de plusieurs générations, prononçait ses fameuses paroles sur l’indéfectible rigueur des haines littéraires, c’était en un temps où la production féminine ne se manifestait que comme fait isolé, d’autant plus remarqué peut-être, mais qui n’inspire nulle crainte de concurrence. […] De ton harmonieuse haleine Inspire-nous, Psappha !
, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ».
Donnez une base solide à votre bonheur par votre raison et par votre conduite ; et, croyez-moi, votre bonheur profitera à votre beau et original talent que personne ne vous contestera. » Quelle juste leçon donnée à ceux qui cultivent l’art du comédien, et qui sont trop tentés d’oublier que cet art brillant, loin d’être l’ami des mœurs déréglées et de ne jamais mieux s’inspirer que dans le désordre, a besoin, comme tous les arts où il s’agit avant tout d’exceller, d’une juste économie de la vie et de beaucoup de conduite !
Quant aux femmes je ne dis pas qu’elles aient dû et qu’elles puissent inspirer des têtes de Vierges, comme on pourrait en trouer en d’autres pays ; elles sont trop brunes, le regard trop brillant pour cela ; mais elles ont une fermeté d’expression, une démarche si distinguée, une taille si souple, qu’il devait suffire de comprendre la nature dans ce qu’elle a d’élevé pour la traduire en peinture, de manière à laisser dans la pensée du regard quelque chose de noble et de généreux.
La place qu’ils occupent à l’Institut leur fait croire qu’ils sont au pinacle, et ils considèrent les livres qu’on leur envoie comme un hommage qu’on leur doit, et qui ne les engage à rien. » Il a souvent l’occasion de rencontrer Chateaubriand chez Mme de Duras ou chez Mme de Vintimille ; il l’entend causer, et il revient, à son sujet, de quelques-unes des préventions que lui avaient inspirées les livres brillants, mais de parti pris, de l’illustre écrivain.
» L’A est, selon Dupleix, une lettre incomparablement plus noble, plus mâle, et il en donnait, entre autres, cette raison superlative : « Le langage des premiers hommes, qui fut inspiré de Dieu à Adam, en fait preuve, puisque ce même grand-père de tous les hommes a son nom composé de deux syllabes avec A, et Abraham, le père des croyants, de trois syllabes aussi en A.
Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Au chapitre des Grands, il s’est échappé à dire ce qu’il avait dû penser si souvent : « L’avantage des Grands sur les autres hommes est immense par un endroit : je leur cède leur bonne chère, leurs riches ameublements, leurs chiens, leurs chevaux, leurs singes, leurs nains, leurs fous et leurs flatteurs ; mais je leur envie le bonheur d’avoir à leur service des gens qui les égalent par le cœur et par l’esprit, et qui les passent quelquefois. » Les réflexions inévitables que le scandale, des mœurs princières lui inspirait n’étaient pas perdues, on peut le croire, et ressortaient moyennant détour : « Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur : il manque à quelques-uns jusqu’aux aliments ; ils redoutent l’hiver ; ils appréhendent de vivre.
Cette loi, en vérité, a eu bien de la peine à se faire comprendre dans son principe et dans l’esprit qui en avait inspiré le projet.
Cette Médée, redoutable patronne de notre village, fait encore trembler nos femmes du peuple sous la terreur de ses noirs enchantements ; voyons comment va s’y prendre notre maître pour nous inspirer envers elle des sentiments plus doux.
la multitude en tout pays, n’a déjà que trop de goût pour le spectacle des supplices qui, vrais ou imaginaires, devraient inspirer presque autant d’horreur que les crimes.
On peut regretter d’être obligé de recourir à de tels expédients pour faire goûter le beau naturel des anciens : mais tant qu’une société n’a pas des mœurs et un goût qui lui rendent aimable la grossièreté de l’humanité primitive, la pire infidélité, après tout, c’est de prendre, pour traduire les anciens, les mots qui en inspirent le dégoût et la dérision : mieux vaut ne pas donner tout Homère, que de rendre tout Homère ridicule.
Il a donné des leçons d’individualisme, dont nos romantiques s’inspireront ; et à travers Byron, ce sera encore Chateaubriand qui leur reviendra.
Mais quelque chose que la critique en puisse retrancher, c’est une belle recommandation pour la mémoire de Balzac d’avoir inspiré à Descartes cette théorie du grand écrivain.
De même que Bossuet trouvait dans sa croyance passionnée à la tradition de l’Église, la sagacité historique qui en aperçoit l’enchaînement sous la mobilité et sous les contradictions des grands corps qui la perpétuent, le sens du moraliste qui découvre au fond des cœurs les causes de la longue obéissance des peuples, l’intelligence qui comprend les grands orthodoxes, et je ne sais quelle amitié, à travers les siècles, qui fait de lui leur frère d’armes dans leurs luttes théologiques ; de même la prévention de Saint-Simon pour une monarchie absolue appuyée sur la noblesse, lui inspira une pénétration impitoyable pour découvrir les vices de la monarchie absolue remplaçant par des roturiers la noblesse disgraciée.
Il y a une ironie naïve et une ironie désabusée, il y a l’ironie du misanthrope et celle du philanthrope, celle de l’assassin qui raille sa victime et celle qui peut-être inspira Jean Huss sur son bûcher.
L’infinie bonté que j’ai rencontrée en ce monde m’inspire la conviction que l’éternité est remplie par une bonté non moindre en qui j’ai une confiance absolue.
Dans son roman L’ombre s’étend sur la montagne (1907), Rod s’inspire de l’amour de Wagner et de Mathilde pour décrire la passion du violoniste Franz Lysel pour une femme aimée.
Il inspira plus d’un dévouement de femme, sans parler de la sienne (car il était marié, et à une femme de mérite, ce qu’il cachait aussi tant qu’il pouvait) ; il se fit plus d’une fois aimer.
Le retour de ma santé ; les bontés que j’ai éprouvées de tout le monde ; ce bonheur, si indépendant de tout mérite, mais si commode et si doux, d’inspirer de l’intérêt à tous ceux dont je me suis occupé ; quelques avantages réels et positifs76 ; les espérances les mieux fondées et les plus avouées par la raison la plus sévère ; le bonheur public (on était alors sous le ministère Turgot), et celui de quelques personnes à qui je ne suis ni inconnu ni indifférent ; le souvenir tendre de mes anciens amis ; le charme d’une amitié nouvelle, mais solide, avec un des hommes les plus vertueux du royaume, plein d’esprit, de talent et de simplicité, M.
Il inspire à quiconque l’aborde d’un peu près et en est digne, une curiosité profonde, du respect plutôt que de la sympathie.
Et d’ailleurs, le cerveau ne peut jamais être deux fois dans le même état, pas plus que notre pensée, à laquelle on peut justement appliquer le mot d’Héraclite : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, ni dans le même courant de représentations. » Ceux à qui la métaphysique, cette recherche des causes, inspire une sorte de sacer horror, prendraient volontiers pour devise, à l’encontre de Virgile : Felix qui potuit rerum non quærere causas.
Si Ibsen a exprimé la crainte qu’inspire à quelques esprits contemporains cette fausse conception que les hommes du temps présent risquent de prendre d’eux-mêmes en subissant la fascination du passé, le beau livre de Fustel de Coulanges, La Cité Antique, nous montre avec des documents précis comment et sous quelles formes ce Bovarysme s’est produit dans l’histoire.
Platon avait déjà comparé l’influence du poète inspiré sur ceux qui l’admirent et partagent son inspiration à l’aimant qui, se communiquant d’anneau en anneau, forme toute une chaîne soulevée par la même influence.
Enfin le christianisme, ainsi compris, inspirera le respect à tous ses adversaires.
car son amour de Mme de Chevreuse ne l’a point inspiré.
Renan, à faire du Christianisme révélé le syncrétisme de toutes les philosophies du monde, et qui, sous la même plume, a consisté depuis à faire de l’Apocalypse, cette Vision de prophète inspiré, le syncrétisme de tous les contes populaires d’un monde à peu près fou.
Il a des expressions nettes, tranchantes, d’un réalisme vif ; des insistances qu’il n’a point eues ailleurs ; des jugements d’une sûreté, d’une sévérité, d’un absolutisme que le roman ou le voyage ne lui ont nulle part inspirés.
Nous avions, il est vrai, le Roman comique de Scaron, & le Roman Bourgeois de Furetiere ; nous avions même le Gilblas de le Sage : mais tous ces Romans peignoient des ridicules, sans attaquer les vices, sans même nous faire bien appercevoir le danger de certaines passions, sans inspirer aucun sentiment louable.
Les uns en bons patriotes, les autres en égoïstes ; car il est impossible d’inspirer à tous les hommes une même maniere de penser. […] elle a pour voisinage les belles eaux du Danube, elle abonde en arbres de la plus belle espece, ainsi qu’en différentes allées, tant sombre que découvertes, & néanmoins elle inspire la mélancolie, parce qu’on a l’air de n’y venir qu’à regret, (les allemands n’aimant point la promenade) parce qu’on n’y rencontre point nos jeunes étourdis, qui sautillans comme des écureuils, sont les êtres les plus propres à égayer un jardin. […] Qui leur a inspiré ce goût pour tout ce qui est agréable, commode & joli ? […] Il écume, dans le transport où il est ; & ce qu’il y a de comique, c’est que sa poésie est à la glace : mais il l’échauffe par ses contorsions ; & plus il s’agite, plus il se croit inspiré. […] Il adressa l’an dernier une ode aux tours de Notre-Dame ; il les prie de l’inspirer ; nous aurons, sans doute, bientôt une piece de sa façon, où il conjurera les pyramides d’Egypte de lui être favorables.
Ce qu’on y a su du désastre de 778, on l’a appris du dehors, d’abord par les pèlerins, puis par Rodrigue de Tolède et ceux qui se sont inspirés de lui. […] En outre, le poète est beaucoup plus libre avec les légendes qu’avec l’histoire : il lui suffit de s’inspirer de l’idée qu’il croit y reconnaître ; il la développe ensuite à sa guise, comme ont fait à travers les siècles ceux qui nous les ont transmises en les variant à l’infini. […] Pour cette partie de son œuvre, il s’est largement inspiré d’une fantastique et ultra-romantique nouvelle d’Hoffmann, Henri d’Ofterdingen, où le mystérieux Minnesinger de la Wartburg est représenté comme ayant une nature à moitié satanique, où une chanson lascive célèbre les joies indescriptibles du séjour de Vénus, et où la belle Mathilde, nièce du landgrave, se sent gagnée par les accents audacieux d’Ofterdingen, qui remplissent d’horreur et d’indignation les représentants du pur amour chevaleresque : c’est, on le voit, tout le second acte du drame ; Mathilde est devenue Élisabeth, en empruntant un reflet mystique à l’auréole de la sainte qui devait être la belle-fille du landgrave Hermann, et Henri d’Ofterdingen a été remplacé par Tannhäuser, auquel le poète a même laissé le prénom d’Henri. […] Une autre complainte avait été imprimée en français dès 1609, à Bordeaux, avec un petit livre traduit du Volksbuch allemand, Cette complainte (reproduite dans Schoebel, p. 20) n’offre rien de remarquable : elle est directement inspirée du récit attribué à Paul d’Eitzen ; elle fait seulement rencontrer le Juif « en la rase campagne », par « deux gentilshommes au pays de Champagne », auxquels il raconte son aventure. […] Vénus finit par donner congé à Tannhäuser et lui recommande de la célébrer ; la chanson ne donne pas de suite à cette indication, dont Wagner s’est inspiré pour la scène de la Wartburg. — Elle lui dit aussi : « Prends congé des vieillards », désignant sans doute les plus anciens des habitants de la montagne, auxquels, dans les habitudes courtoises du Moyen Âge, il devait demander congé avant de partir.
Le style et les actions s’élèvent jusqu’à la grandeur de l’épopée. « Au mot Hulot et deux cent mille francs, Valérie eut un regard qui passa, comme la lueur du canon dans sa fumée, entre ses deux longues paupières. » Un peu plus loin, surprise en flagrant délit par un de ses amants, Brésilien et capable de la tuer, elle fléchit un instant ; redressée dans la même seconde, ses larmes sèchent. « Elle vint à lui, et le regarda si fièrement que ses yeux étincelèrent comme des armes. » Le danger la relève et l’inspire, et ses nerfs tendus envoient à flots le génie et le courage dans son cerveau. […] Rien de plus propre à inspirer l’aversion.
Mallarmé juge un tableau, une fresque, une statue à la quantité de pensées que lui inspirent ces œuvres, à la somme d’idées discursives qu’elles éveillent, et que le plaisir émotionnel, l’ivresse esthétique le laissent indifférent. […] Et parce qu’il fut attentif aux enseignements de la maternelle Maïa, et pour avoir ouï les chênes de Dodone, il comprit comment la grâce éblouissante des formes peut se transsubstantier — palpitante — dans le contour verbal des phrases sonores, comment enfin les courbes arrondies des fleuves inspirent les méandres flexibles de nos périodes poétiques.
Bien certainement ces dessins ont inspiré les fonds moyenâgeux des premières illustrations de Doré. […] Et il nous exécute un chant de prisonnier de la prison de Nantes, la prison de Carrier sous le règne de la guillotine, dont l’orchestration inspirée par le son des cloches, a un grand caractère.
Et parlant du dessin, qu’il a publié ce matin, dans L’Écho de Paris, il me dit qu’il avait voulu exprimer, à propos de l’adultère, l’espèce de remords qu’une femme de la société éprouve devant le dégoût inspiré, dans une chambre d’hôtel, par la serviette posée sur le pot à l’eau, pour le bidet… Et en effet, il me montre un dessin, où la femme est douloureusement hypnotisée par ce pot à l’eau ; mais il n’avait pas trouvé la légende philosophique, montant de ce pot à l’eau. […] Était-ce la greffe d’un peu de sa peau prêtée par un mari à sa femme, à la suite de la brûlure de ses mains qui me l’inspirait, je ne sais… Mon article, c’était la fuite du bacille du vomito negro, d’un tube de chez Pasteur, et sa recherche dans les endroits excentriques de Paris par les membres de l’Académie de médecine : une poursuite moliéresque.
Le mal est présent à tout pour protester… Le bien a l’unité, le mal a l’ubiquité. » Cette antithèse philosophique ne pouvait manquer d’inspirer à Hugo une série d’antithèses poétiques qui en sont l’expression figurée, depuis la « profondeur morne du gouffre bleu », l’identification du ciel et de l’abîme, jusqu’aux oppositions perpétuelles de l’ombre et de la lumière126. […] » Plus tard, le Sunt lacrymae rerum, cette sorte de panégyrique attendri que la mort de Charles X exilé inspire au poète du sacre, venait juste à l’encontre du sentiment populaire.
La lecture devient active si nous déchiffrons ; la réflexion devient passive si nous sommes inspirés. […] On peut songer aussi à identifier l’activité avec l’innovation verbale, la passivité avec la simple remémoration ; à première vue, l’invention seule semble impliquer un certain degré d’effort mental ; mais quelquefois nous nous remémorons avec peine, et souvent nous inventons sans effort : il n’est pas besoin pour cela d’être inspiré ; quand nous lisons un texte pour la première fois, la suite des mots intérieurement prononcés est une combinaison nouvelle de souvenirs anciens, et pourtant nous n’avons conscience d’aucun effort.
M. de Roux a été très heureusement inspiré en consacrant les tout premiers chapitres de son histoire à ce qu’il conviendrait d’appeler la préparation française de la Restauration, je veux dire l’effort pour créer un mouvement royaliste dans le pays, non pas avec l’aide des envahisseurs, mais contre eux. […] Si ces Pisans du quinzième siècle pensaient ainsi, est-ce les méconnaître que d’avoir de leur pays la sensation qui inspirait au jeune homme que j’étais, quand je visitai ce Campo Santo pour la première fois, ces vers adressés à une amie malade et que je m’excuse de transcrire ici, mais ils correspondent si exactement au souvenir que je conserve et de ce cimetière et de la ville : O femme qui te sens dépérir de langueur, Choisis, pour endormir tes révoltes de cœur Dans un beau rêve d’art et de mélancolie, Une vieille cité de la vieille Italie, Près d’un fleuve indolent, glauque et comme lassé. […] La cordialité de nos relations me permit de lui dire sur un ton enjoué qui lui prouvait le dédain que m’inspiraient ces attaques : — « Eh bien ! […] Cette dernière composition s’inspire manifestement du groupe de marbre ancien des Trois Grâces qui se trouve à la cathédrale de Sienne.
Le critique ignorant est celui qui ne connaît point ou qui connaît mal ces objets de comparaison. » Nous retrouvons la lignée de Chapelain et de Boileau : le critique est l’homme qui connaît la nature propre de chaque genre, les règles que ce genre doit inspirer, les conditions auxquelles l’œuvre doit satisfaire pour se trouver en conformité avec lui. […] D’autre part, son évolution des genres littéraires Brunetière l’a accrochée à une théorie de l’évolution aujourd’hui ruinée, celle de Spencer, qui suppose cela même qu’il s’agit d’expliquer, à savoir l’acte créateur, et qui recompose l’évolution, dit Bergson, avec des fragments de l’évolué : tentative encore bien plus chimérique en littérature qu’en n’importe quelle autre matière, puisque la littérature ne retient que des œuvres du génie créateur, pleinement créateur, les retient d’autant plus qu’elles étaient plus imprévisibles, moins inspirées par le passé, moins composées par les fragments de l’évolué. […] Il s’agit d’un critique moraliste qui à la fois s’inspire du théâtre, cherche à le remplacer et voudrait même le régenter. […] Il a souvent mal inspiré les critiques.
En sa qualité de majesté détrônée, Nicolas Joubert inspirait de vives sympathies. […] L’Andrienne appartient à Scipion, comme Cinna appartient au cardinal de Richelieu, comme Britannicus appartient à Louis XIV, et la tragédie d’Esther à madame de Maintenon ; par l’honneur des couronnes il faut croire que les grands poètes sont inspirés, par les intelligences toutes-puissantes qui marchent devant eux. […] Et tout d’un coup ces sont des roses qui tombent de ses lèvres bien inspirées, roda eirein , un mot de sa poésie que lui eût envié Anacréon lui-même. […] Lui, cependant, machinalement, il s’assied au coin de la cheminée froide et sombre, sa femme lui donne sa robe de chambre ; et, quand elle a tout remis en ordre, elle revient s’asseoir sur le tabouret accoutumé ; elle place sa tête sur les genoux de cet homme qu’elle aime et qui lui inspire une si grande pitié, pour le regarder de plus près et pour le réchauffer. […] En ce temps-là, messieurs les comédiens ne s’imaginaient pas qu’ils exerçaient la plus difficile des professions ; ils s’estimaient heureux de gagner leur vie à si bon compte ; ils ne mettaient pas à ce métier-là plus d’importance que la chose ne vaut ; ils se donnaient pour ce qu’ils valaient : celui-ci pour un grand paresseux qui n’avait pas osé aborder les occupations sérieuses de la vie ; celle-là pour une fille vaniteuse et coquette qui faisait bon marché de la vertu ; tous enfin pour de bons vivants, très contents de vivre, en faisant rire ou pleurer leurs semblables, au gré des poètes qui les inspiraient.
Et cela leur inspire un légitime orgueil, dans la retraite studieuse où ils se sont volontairement enfoncés. […] Libre à nos Inspirés, cœurs qu’une œillade enflamme, D’abandonner leur être aux vents comme un bouleau ; Pauvres gens ! […] Il doit être toujours très correct, plutôt mis avec recherche, afin d’inspirer confiance et plus aisément faire des dupes ; pour la même raison, faire partie d’un cercle coté. […] Il doit connaître tous les cadavres, car autant le Tapeur doit inspirer la confiance par ses relations et la correction de sa tenue, autant il doit inspirer la défiance par sa science parfaite du potin et son adresse à faire des mots cruels.
Vinet, dans le Semeur (23 mars 1836), l’abbé Gerbet, dans l’Université catholique(août 1836), se sont montrés d’une sévérité inspirée et mitigée par l’admiration et la tendresse.
Bien des anecdotes piquantes de Suard et de Fontanes lui offrirent, avant tout, des coins d’arrière-scène et quelque dessous de cartes, plus qu’elles ne lui inspirèrent le culte de certains hommes et de certaines idées.
Ainsi prennent les plus sévères hommes plaisir d’ouïr parler de ces propos, encore qu’ils ne le veuillent confesser. » Et la poésie, qui donc l’inspire ?
Nous ne croyons pas nous tromper en disant que cette dernière pièce a été également inspirée par lui. — Dans une dernière édition de Joseph Delorme (1861), on peut lire (page 299) une lettre de Jouffroy adressée à l’auteur ; il s’était en partie reconnu.
« Cependant Acéronia, assez mal inspirée pour crier qu’elle est Agrippine et qu’on sauve la mère de l’empereur, est écrasée à coups de crocs et de fers de rames et de tous les agrès qui tombent sous la main des meurtriers.
j’ai cette confiance, que tes sentiments religieux me donnent, que la miséricorde de Dieu m’inspire.
Voilà pourquoi elle lui inspire une aversion dont triomphent seuls l’esprit d’aventure et la nécessité.
Il arrive aussi que ses héros, ses personnages de premier plan sont plus vaporeux, plus insubstantiels — plus faux, pour parler brutalement — que les comparses et caractères accessoires : c’est qu’elle embellit, et déforme les types réels, selon l’intérêt, la sympathie qu’ils lui inspirent.
Le vieux barde de Temrah se tue sous les yeux du beau jeune homme inspiré qui, tour à tour, lui parle divinement du Christ et le menace sauvagement de l’enfer14; et les prêtres et les vierges se laissent massacrer en chantant par le chef chrétien Murdoch, un farouche apôtre15.
Quand ils reçoivent l’instruction parmi des contes faits à plaisir, ils sont, par manière de dire, ravis d’aise et de joie. » Pénétré de cette vérité, nous avons mis tous nos soins à nous dépouiller de la gravité des écoles ; et, sans prétendre à vous ravir d’aise et de joie, comme le veut le philosophe de Chéronée, notre ambition sera satisfaite si nous parvenons à vous inspirer quelque intérêt pour nos études, et quelque bienveillance pour nous-même.
De là vient en partie mon inaptitude à laisser ma pensée se gouverner par la rime, inaptitude que j’ai depuis bien vivement regrettée ; car souvent le mouvement et le rythme me viennent en vers, mais une invincible association d’idées me fait écarter l’assonance, que l’on m’avait habitué à regarder comme un défaut et pour laquelle mes maîtres m’inspiraient une sorte de crainte.