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1209. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

J’ai toujours senti qu’admirer — et nos contemporains aussi bien que les autres ! car certaines gens n’admirent que les morts, — était une chose bonne et hygiénique. […] Plaignons-les : elles ne savent admirer ni aimer. […] On a vu à quel point il admirait le Dante, et combien il s’en inspirait. […] Raphël, qui ne nous est guère connu que comme peintre, était pour le moins aussi admiré de ses contemporains comme architecte.

1210. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

En revanche, je leur reconnais une valeur humaine, une qualité d’âme, une force de personnalité que j’admire autant que j’estime peu la stérile corruption d’une aristocratie dégénérée, et il me paraît que cette valeur humaine ne gagne rien à se déclasser, fût-ce par en haut. […] Qui n’a admiré, dans les conversations avec Eckermann, les pages où l’auteur de Faust développe ses vues de demi-savant, mais si ingénieuses, sur les métamorphoses des plantes, sur l’unité de plan dans la création ? […] Vous admirerez avec quelle vigueur Balzac fait jaillir d’un accident le problème de conscience qui s’y cache. […] On l’admirait, mais il déplaisait. […] Ceux qui l’ont écouté causer devant une galerie — et pour lui la galerie commençait aussitôt que cessait l’absolue confiance, — ont pu admirer l’éblouissement de sa parole, ils n’ont pas goûté le charme d’abandon de ce railleur en qui palpitait un cœur resté très jeune.

1211. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Mais il ne faut pas oublier que notre intelligence, qui constate cet ordre et qui l’admire, est dirigée dans le sens même du mouvement qui aboutit à la matérialité et à la spatialité de son objet. […] J’admirerai alors la précision des entrelacements, l’ordre merveilleux du cortège, l’insertion exacte des lettres dans les syllabes, des syllabes dans les mots et des mots dans les phrases. […] Certes, l’intelligence admire a bon droit, ici, l’ordre croissant dans la complexité croissante : l’un et l’autre ont pour elle une réalité positive, étant de même sens qu’elle. […] Comme d’ailleurs l’intelligence se découpe dans l’esprit par un processus du même genre, elle est accordée sur cet ordre et cette complication, et les admire parce qu’elle s’y reconnaît.

1212. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Baudelaire a encore des fidèles, mais la plupart ont des façons bien affligeantes de l’admirer. […] Il est donc bien difficile de ne pas admirer un tel homme. […] Et même il admire Darwin, aime M.  […] Brunetière de reconnaître belle une œuvre moderne qu’il avoue parfaite, ne sont-ce point précisément ceux qui sont communs aux œuvres les plus admirées du XVIIe siècle ? […] On admire avec effroi combien il y en a et ce qu’il a fallu de travail pour en faire un si beau tas.

1213. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Je quitte ces hommes vêtus de pourpre, pour m’entretenir avec un homme à demi nu : je l’admire ; et comment ne l’admirerais-je pas ? […] Je trouve dans ce trait de l’hypocrisie ; j’admire davantage Néron, lorsque, partageant le consulat avec C. […] Sois méchant, puisque tu veux l’être ; je ne m’y opposerai pas davantage. » Oui, si Sénèque eût attendu la mort à côté de son élève, près de son souverain ; si son sang eût arrosé les pieds de Tigellin et de Poppée, je ne l’en admirerais que davantage. […] S’il faut admirer Régulus, c’est lorsqu’il s’oppose à l’échange des captifs, et non lorsqu’il retourne à Carthage, où le tonneau hérissé de pointes l’attendait. […] Qu’il y a beaucoup à louer, beaucoup même à admirer dans ses ouvrages : Multa probanda, multa etiam admiranda.

1214. (1923) Au service de la déesse

Il ne demande qu’à aimer et admirer ; seulement, il n’aime ou n’admire qu’à bon escient. […] On lui fit observer que, s’il n’admirait pas les écrits de M.  […] S’il faut, pour admirer M.  […] Est-ce qu’il les admire ? […] Je n’admire pas également son Cantique des cantiques, en deux tomes.

1215. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

» Cet argument me paraissait niais, piteux ; je le dis à Drumont, que j’aimais et admirais de toutes mes forces, et nous faillîmes nous disputer. […] Étymologiquement, « stupet » : il demeure là, au même point, immuable, béat et réjoui, comme un âne assis dans une mare ; et il s’admire et il se mire, et il convie les passants à le célébrer et à l’admirer. […] Il était devenu même populaire, car la vraie forme de la gloire est d’être admiré sans être lu, ce qui supprime les réserves et réticences. […] Les contemporains ne se lassaient pas de l’admirer, de confronter à la sienne leur conception de l’existence et de les déclarer identiques. […] Je les comprends et je les admire maintenant.

1216. (1802) Études sur Molière pp. -355

La chute jolie, amoureuse, admirable , que le complaisant Philinte admire dans le sonnet, pourrait bien avoir été dérobée aux Espagnols, j’ai trouvé dans leur Convié de Pierre, El que un ben gozart espera Quanta espera desespera. […] Vous voyez journellement des Harpagon qui, loin de se redresser et de se rajeunir de leur mieux, lorsque Frosine, voulant admirer leur bonne grâce, les prie de se tourner et de marcher un peu, affectent au contraire de se décomposer et de marcher en vrais podagres. […] Venez admirer un tel, vous dis-je, grâce à son talent, il n’a que vingt-cinq ans. […] Admirons en même temps et la force des exagérations et la finesse des concetti. […] Un époux prétend être maître chez lui et pouvoir disposer de ses enfants ; son épouse a les mêmes prétentions ; mais elle annonce hautement ses volontés, et les soutient d’un ton despotique ; le mari n’ose être homme, à la barbe des gens, que lorsque sa femme n’est point présente : et c’est de toutes ces oppositions ménagées avec art, c’est de cette source féconde, que Molière a tiré toutes les scènes que nous avons admirées.

1217. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Si un homme a vécu soixante et quelques années, et qu’il soit né écrivain, il y a à admirer sans doute, mais il n’y a pas à s’émerveiller de voir sortir de ses mains un pareil livre. […] Il aurait voulu embrasser le brave homme, mais il se contint, et s’écria : « Katel, apporte donc ces cerises par ici, que je les goûte. » Et Katel les ayant apportées, il les admira d’abord. […] La petite Sûzel, au bras de Fritz au milieu de cette foule, jetait des regards furtifs, pleins de ravissement intérieur et de trouble ; chacun admirait les longues nattes de ses cheveux, tombant derrière elle jusqu’au bas de sa petite jupe bleu-clair bordée de velours ; ses petits souliers ronds, dont les rubans de soie noire montaient en se croisant autour de ses bas d’une blancheur éblouissante ; ses lèvres roses, son menton arrondi, son cou flexible et gracieux.

1218. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Si le témoignage de notre raison nous fait admirer avec enthousiasme dans la nature vivante une foule de combinaisons d’un mécanisme inimitable pour nos faibles moyens artificiels, néanmoins, cette même raison nous montre aussi d’autres combinaisons organiques plus défectueuses, bien que toutefois il faille avouer que nos jugements peuvent errer dans l’un comme dans l’autre cas. […] Si l’étonnante finesse d’odorat à l’aide de laquelle les mâles de beaucoup d’insectes trouvent leurs femelles mérite à juste titre notre admiration, pouvons-nous admirer de même la création de milliers de faux bourdons, entièrement inutiles à la communauté des Abeilles, et qui ne semblent nés en dernière fin que pour être massacrés par leurs laborieuses mais stériles sueurs, puisqu’un seul d’entre eux ou quelques-uns tout au plus sont nécessaires à la fécondation des jeunes reines nées dans la même communauté ? Nous devrions admirer aussi, bien que cela nous puisse paraître difficile, la haine sauvage et instinctive qui pousse la reine-Abeille à détruire les jeunes reines, ses filles, aussitôt qu’elles sont nées, ou à périr elle-même dans le combat ; sans doute, c’est le bien de la communauté qui l’exige, et la haine maternelle peut provenir comme l’amour, bien que par bonheur plus rarement, de ce même principe inexorable de sélection naturelle.

1219. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Sarrazin admire. […] Écoutez cet aveu curieux qui lui échappe à propos du gentleman Romney, type de l’humanitaire moyen qu’il trouve dans Aurora Leigh d’Élisabeth Browning : « Pour mon compte, écrit-il, en fait d’idéalistes, je n’admire tout à fait que les don Quichotte, ceux qui ne calculent rien et qui se brisent bravement la tête contre les moulins. […] Les horizons qui s’ouvrent à nous sont si beaux que je doute qu’à aucune époque l’homme ait eu plus de raisons de vivre d’une vie sublime : pas même en cette magnifique Renaissance dont on ne peut trop admirer le génie, pas même en ce siècle héroïque de Périclès, où les hommes nous paraissent ressembler à des dieux !

1220. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Celui-ci, je l’admire, pour ma part, profondément. […] Ce qu’il admirait, c’était la Révolution en soi, et il ne jouait pas la comédie ! […] Son imagination lui montrait ces grands hommes, et qu’il admirait avec l’enthousiasme de la seizième année, penchés, à son âge, sur les mêmes besognes, assujettis aux mêmes disciplines. […] Regardons-y d’un peu près et admirons l’audace de cette chimérique assimilation. […] Je n’ai, pour ma part, jamais admiré ce geste de démission que la noblesse française a si impulsivement accompli dans cette fameuse nuit du 4 août, que l’on nous propose comme modèle.

1221. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

J’ai exposé consciencieusement les expériences rapportées par M. de Varigny et j’ai feint d’admirer leurs résultats, mais je ne crois guère au principe. […] Ruskin se moque des paysages composés, mesurés, équilibrés, tels que nous ne pouvons tout de même que les admirer dans Poussin, ou Claude Lorrain. […] Ses accès de délire sont d’une belle franchise ; la plupart de ses pensées sont jolies et bien séduisantes : « Chaque instant de plaisir est un présent des dieux. » Ce vers, que l’on admirerait et qui serait célèbre, si on l’avait trouvé dans André Chénier, est-il bien d’Helvétius ? […] Admirez donc aussi les anti-chrétiens qui incendient les églises, ou bien mettons-nous d’accord et disons : « Polyeucte était un de ces anarchistes militants dont aucun état policé ne peut tolérer les dangereuses fredaines. » Etre vu. […] C’est vulgaire, dès qu’on admire.

1222. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il a, ce Molière, toute l’honnêteté bourgeoise, toute la probité, toute l’humeur laborieuse de sa famille ; il a la science, la mesure, le goût du beau, l’amour du bien, la soif inassouvie du bonheur, le courage dans la souffrance, il a surtout la pitié, cette vertu suprême, cette vertu des grands cœurs, et l’on ne peut s’empêcher de l’aimer après l’avoir admiré. […] Victor Hugo, qui veut qu’on admire surtout dans Shakespeare ou dans Eschyle en particulier, et dans le génie en général, la monstruosité ? […] C’est à la faveur de ces sortes de compositions que le gros des spectateurs avait pris goût pour l’auteur, et plus de gens vont à la comédie pour rire qu’il n’y en a pour admirer. » Certes. […] — Non, dis-je. — C’est ce que j’admire, Repart-il, de voir qu’Élomire Des farceurs le plus ingénu, Vous puisse être encore inconnu. […] Je tiens d’ailleurs à le répéter en achevant ces rapides études sur un des hommes que notre pays doit le plus admirer : — l’heure est venue où la France, condamnée à répudier pour un moment la force, ou du moins à la chercher dans les triomphes intellectuels, doit puiser dans ces souvenirs de gloire littéraire une nouvelle conscience de sa valeur, de sa puissance morale, de son rôle, et une espérance nouvelle dans son avenir.

1223. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Bien moins connu, bien moins en vue, vous avez dès les premières pages le vieux Montal, « ce grand vieillard de quatre-vingts ans qui avait perdu un œil à la guerre, où il avait été couvert de coups », et qui se vit injustement mis de côté dans une promotion nombreuse de maréchaux : « Tout cria pour lui hors lui-même ; sa modestie et sa sagesse le firent admirer. » Il continua de servir avec dévouement et de commander avec honneur jusqu’à sa mort. […] Quant à la noblesse dont il est, et sur laquelle seule il compte pour la générosité du sang et le dévouement à la patrie, il s’indigne de la trouver abaissée, dénaturée et comme dégradée par la politique des rois, et surtout du dernier : en accusant même presque exclusivement Louis XIV, il ne se dit pas assez que l’œuvre par lui consommée a été la politique constante des rois depuis Philippe-Auguste, en y comprenant Henri IV et ce Louis XIII qu’il admire tant.

1224. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il se croit malade par manie, il se fait élégant faute de mieux ; sa jeunesse se va perdre dans les futilités, et son âme s’y dessécher, lorsqu’une nuit, allant au bal du Casino, un incendie qu’il admire d’abord comme pittoresque, le prend au collet sérieusement ; il est obligé de faire la chaîne avec ses gants blancs ; il s’irrite d’abord, puis la nouveauté de l’émotion le saisit ; le dévouement et la fraternité de ces braves gens du peuple lui gagnent le cœur : il a retrouvé la veine humaine, et son égoïsme factice s’évapore. […] Ratin à tout propos contre le fou rire et contre les immoralités qu’il engendre. « Réfléchissant depuis à cette verrue, dit notre historien, je me suis imaginé que tous les gens susceptibles ont ainsi quelque infirmité physique ou morale, quelque verrue occulte ou visible, qui les prédispose à se croire moqués de leur prochain. » Chez quelques-uns, par une. variété de la maladie, au lieu de se croire moquée, la verrue se flatte d’être admirée, elle se rengorge.

1225. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

J’admire combien cette retraite est tranquille et solitaire. […] J’admire combien cette retraite est tranquille et solitaire.

1226. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

La mort de lady Macbeth et la féroce intrépidité de son époux en lutte désespérée contre le destin, mais sans fléchir, même en succombant, relèvent tout, même le crime ; on déteste, mais on admire. […] Ce sont deux saisons qui ne se ressemblent pas et qu’il faut également admirer.

1227. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Il a même fait effort pour être bien informé : il n’est pas de ceux qui craignent de savoir, de peur de ne pouvoir plus admirer ou aimer. […] Il se fit admirer surtout dans l’oraison funèbre : il eut toutes les qualités mondaines en parlant des gloires du monde, et même le tact suprême d’être sincèrement chrétien.

1228. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Avant de se passionner pour les remèdes à l’aide desquels la religion nous guérit, il avait admiré la profonde connaissance qu’elle a de nos maladies ; avant d’y croire comme à la seule certitude, il lui avait semblé, selon ses paroles, qu’on ne pouvait avoir que de l’estime pour une religion qui connaît si bien tous nos défauts. […] Si Démosthène a eu quelques avantages du côté de la matière et du théâtre, je n’en admire que plus Pascal d’avoir égalé ses plus beaux mouvements dans de simples lettres, et dans une matière dont l’intérêt devait sitôt se refroidir.

1229. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Lémontey admirait fort ces traits et plusieurs autres qui prouvent également l’écrivain aguerri.

1230. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Ici il n’y a qu’à admirer ce que peut un sentiment énergique et l’aiguillon de la gloire.

1231. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Fanny. Étude, par M. Ernest Feydeau » pp. 163-178

Mais après avoir encore une fois savouré ces tristes délices de la lecture d’Adolphe, avoir goûté cette finesse consommée d’expérience sociale, cette vérité aride et terne, si bien dissoute et démêlée, et avoir reconnu, par-dessus tout, le cachet d’élégance et de distinction achevée empreint dans l’ensemble, je n’ai pu m’empêcher d’admirer la différence des temps, des sociétés, des écoles diverses.

1232. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Pour moi, et, je pense, pour la plupart des lecteurs, la campagne de France, si louée, était auparavant, et malgré d’intéressants mais incomplets récits, un merveilleux poème écrit plus ou moins dans une langue étrangère que je ne comprenais qu’en gros, à peu près, que j’admirais un peu sur la foi des gens du métier : M. 

1233. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Qui pourrait les lire sans les admirer ?

1234. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

nous courions risque d’admirer comme une beauté de langage et comme un tour singulier d’une plume incomparable ce qui n’était qu’un arrangement du chevalier de Perrin.

1235. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Une réflexion m’obsède, et qui sera venue certainement à d’autres que moi : goûtons, bénissons les douceurs de la civilisation acquise, et admirons comme en ces temps-là la condition des plus honnêtes gens n’avait rien de garanti ni d’assuré.

1236. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Un jour qu’elle a assisté à une profession de religieuse au Bon-Sauveur, elle raconte ainsi à sa chère Louise son impression enflammée et attendrie : « Si Cholet ne m’avait pas dit que les charbonniers (qui servent de messagers) partent à onze heures, je vous parlerais au long de la cérémonie du Bon-Sauveur, cérémonie belle et touchante, qui fait admirer, qui fait pleurer.

1237. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

On ne peut qu’admirer, en somme, la large et intelligente manière dont Bossuet a parlé de la Grèce.

1238. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond.

1239. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Elle tient encore, si je l’ose dire, de celle de la chèvre125 qui, après avoir bondi d’un saut abrupt, tout d’un coup, au lieu de courir, tourne court au bord du précipice et s’y tient pendante avec hardiesse dans un arrêt net et élégant : de l’autre côté du ravin le promeneur indécis ne sait d’abord si c’est un jeu du rocher, et admire.

1240. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

On y admire une sûreté d’idées et de ton qui ne laisse pas d’effrayer un peu ; il y a si peu de superflu qu’on est tenté de se demander s’il y a tout le nécessaire.

1241. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Et comme les femmes ont besoin d’admirer ce qu’elles aiment, les hommes se plaisent à exercer sur leur maîtresse l’ascendant des lumières, et souvent ils hésitent entre l’ennui de la médiocrité, et l’importunité de la distinction.

1242. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Leurs chansons, saluts d’amour, tensons et jeux-partis 72 qui sont les genres qu’ils empruntent aux Provençaux, sont des formes compliquées qu’il faut analyser pour les admirer : leurs rythmes subtils, toujours différents, laborieusement renouvelés dans chaque pièce73, sont parfois expressifs, mais le pins souvent ils sollicitent la réflexion à les décomposer ; plus intelligibles que sensibles, ils appellent le jugement de l’homme de métier, échappant au sens populaire ou le déconcertant.

1243. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

C’est une œuvre de combat, venue après la défaite : œuvre d’un esprit vigoureux et pénétrant, mais systématique, partial, fermé à tout ce que son parti pris ne l’autorise à comprendre, juge délicat des œuvres qu’il se reconnaît le droit d’admirer.

1244. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Mais, après avoir admiré cette exposition si large et si précise, si majestueuse et si pleine, songeons qu’elle résume tout un amoncellement d’études spéciales, minutieuses, insignifiantes, sans lesquelles cette exposition n’est pourtant pas possible ; qu’un érudit de l’espèce de M. 

1245. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Ce que j’admire, par exemple, c’est la bonté, la crédulité, la stupidité de ce peuple qui a si longtemps pris et qui prend peut-être encore M. 

1246. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

Ce qu’il admire surtout en lui, c’est la synthèse des arts qu’il a effectuée dans son drame, et l’influence moralisatrice qu’il attribuait au théâtre, en opposition à ceux qui prêchent l’art pour l’art.

1247. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

Comment ne pas admirer la profondeur de raison et d’honnêteté qui caractérise le jugement de madame de Sévigné sur la situation de madame de Montespan, et sur les avantages qu’elle en peut retirer !

1248. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Ce cœur que rien ne peut vaincre, cette bonté qu’on ne peut assez admirer, tous ces dons si précieux dont le ciel vous a si heureusement comblé, me donnèrent à votre Éminence.

1249. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre troisième. L’appétition »

Résultat : il ne restera plus à la fin que les chenilles vertes, — et Fénelon admirera la Providence qui leur a donné la couleur la plus propre à les conserver.

1250. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

D’ailleurs il y a dans les arts mécaniques les plus communs un raisonnement si juste, si compliqué, et cependant si lumineux, qu’on ne peut assez admirer la profondeur de la raison et du génie de l’homme, lorsque tant de sciences plus élevées ne servent qu’à nous démontrer l’absurdité de l’esprit humain.

1251. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

La superstition en faveur de l’antiquité nous fait supposer que les anciens se sont toujours exprimés de la manière la plus heureuse ; notre ignorance tourne au profit du modèle et au détriment de la copie : le traducteur nous paraît toujours, non au-dessous de l’idée que l’original nous donne de lui-même, mais au-dessous de celle que nous en avons : et pour rendre la contradiction entière, nous admirons en même temps cette foule de latinistes modernes, dont la plupart, insipides dans leur propre langue, nous en imposent dans une langue qui n’est plus ; tant il est vrai qu’en fait de langues, comme en fait d’auteurs, tout ce qui est mort a grand droit à nos hommages.

1252. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Nous ne parviendrons point à soulever le dernier voile qui couvre la statue d’Isis ; mais du moins il nous sera permis d’admirer le tissu merveilleux dont il est formé.

1253. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Elle est là, devant nous, frémissante et nue ; et combien sa réalité nous apparaît supérieure aux pâles effigies que l’on voulut tant de fois nous faire admirer !

1254. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Entretenez en vous le noble sentiment du respect ; sachez admirer : ayez le culte des grands hommes et des grandes choses.

1255. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Pour cela, enchâssons-nous dans l’ordre établi avant nous tout autour de nous ; appuyons-nous sur les sentiers qu’ont suivis nos pères ; et, s’ils ne nous suffisent pas totalement, implorons de Dieu lui-même la force et la nourriture qui nous conviennent spécialement ; faisons-lui, pour l’amour de lui, le sacrifice de quelques répugnances de l’esprit, pour qu’il nous fasse trouver la paix de l’âme et la vérité intérieure, qu’il nous donnera à la juste dose que nous pouvons supporter ici-bas… » Peu de temps après son mariage, il écrivait : « J’aime décidément ma femme, à force de l’estimer et de l’admirer. […] J’admire et ne suis point jaloux. […] Et (admirez une fois de plus l’harmonie du développement moral de Jocelyn), de même qu’il était entré au séminaire par un acte de charité humaine, c’est par un acte d’humaine charité que le jeune clerc consent à recevoir l’onction sacerdotale. […] Tout cela est exprimé dans des vers moins clairs sans doute que des vers de Boileau, mais cependant aussi précis qu’ils le pouvaient être, et où il faut admirer le plus grand effort qu’ait sans doute fait la poésie pour énoncer des conceptions métaphysiques. […] Où Jéhovah s’admire et se diversifie Dans l’œuvre qu’il produit et qu’il s’identifie.

1256. (1894) Études littéraires : seizième siècle

L’admiration de l’antiquité non en ses idées, mais en ses œuvres littéraires et artistiques, n’a jamais été condamnée par le christianisme, il a hésité sur ce point un instant, puis s’humanisant, dans tous les sens du mot, il a permis d’admirer les anciens pour leur beautés, et de les cultiver, en quoi, du reste, pour ses intérêts, il a eu tort2. […] C’est étonnant comme la page, tant admirée comme révolutionnaire, de La Bruyère sur les paysans, a été souvent écrite avant La Bruyère. […] Il lui arrive alors de parler sans avoir rien à nous dire et seulement pour nous faire admirer son adresse verbale ou rythmique. […] On admire, et avec raison, la gracieuse chanson de Malherbe : « Ils s’en vont, ces rois de ma vie, ces yeux, ces beaux yeux… » ; mais ne la donneriez-vous pas pour ces deux stances de Marot où la netteté lumineuse s’allie à tant de grâce mélancolique ? […] On s’en aperçoit surtout quand on prend garde à ne pas l’admirer pour ses défauts.

1257. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Il est tout rempli de citations, genre de mérite que son temps admirait, qu’au nôtre encore, à première vue, quelques-uns admirent, tandis que plusieurs sont tentés d’accuser l’auteur de pédantisme. […] Ici, je le déclare, je ne puis assez admirer tant de beaux morceaux de l’Ancien Testament, tout ce qu’il y a de spirituel et de chrétien, jaillissant du sein de ces formes étroites, et s’épanchant çà et là dans la prophétie. […] Qu’admirez-vous en eux ? […] voilà la vertu par excellence, et que chacun admire, et dont chacun se pique ; tout le monde veut passer pour bon. […] Cet homme si sociable est, au fond, l’homme le plus isolé ; car l’égoïsme l’entoure comme d’une barrière mystérieuse, que la sympathie ne franchira jamais327. » Pour en revenir à La Bruyère, les mérites d’homme de bien, d’écrivain exquis et de peintre habile que nous avons admirés en lui, ne nous ont guère instruits sur l’idée fondamentale de sa morale.

1258. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

On peut donc dire que, si le xviiie  siècle n’avait pas admiré Massillon par-dessus Bossuet et Bourdaloue, comme il admirait, je le crains, Fontenelle par-dessus Malebranche et Descartes, il ne serait pas le xviiie  siècle. […] Admirons comme le choix est heureux ! […] Et les plus sincères admirateurs de son talent aimaient mieux, comme Malesherbes, l’admirer de loin que de près. […] Peut-être savez-vous sa façon d’admirer la nature : « Ma Sophie ! […] Car ce Florentin et ce Hollandais, dans une combinaison de lignes ou dans une association de couleurs, voient et admirent quelque chose que nous pouvons bien admirer sur leur parole, et de confiance, mais que nous n’y voyons pas, nous, très clairement.

1259. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Bayle est « moderne », admire froidement Homère, le trouve souvent un peu « bas », et, du reste, est aussi fermé à la grande poésie, et même à toute poésie, qu’il soit possible. […] Il sait trop bien qu’on n’aime point les philosophes ; on les admire. […] C’est dans le foisonnement des pensées qu’il a fait naître chez les autres qu’il pourrait s’admirer. […] Ses contemporains l’admirent beaucoup et le méprisent un peu. […] Passer sa vie, ou à bien peu près, à montrer que l’horloge est dérangée et n’a jamais été réglée ; et d’autre part, quand l’idée de l’horloger lui vient à l’esprit, vite s’appliquer à admirer l’horloge, c’est à la fois démontrer Dieu, et démontrer qu’on n’y croit point.

1260. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

La chose a besoin d’être dite, vu qu’on croit encore que c’est Vinet qui a dit ou suggéré à Sainte-Beuve qu’il avait trop admiré une pièce fausse. […] Et cependant Sainte-Beuve s’éloignait de plus en plus de ce christianisme qu’il avait admiré et senti « à l’ombre de la cathédrale », dans l’antique et studieuse retraite de Vinet. […] Le poète a besoin d’admirer ; il est, au sens simplement humain, le pontife du vrai, du beau et du grand ; de quelque côté qu’il étende ses ailes, croyez qu’il va porter à ces dignes objets, à leur idée du moins, le culte universel. […] D’autres le loueront plus dignement ; mais je ne sais s’ils l’admireront davantage. […] Et ici, comment ne pas admirer cette espèce de courant qui fait dériver incessamment vers la vérité ceux que leurs opinions en éloignent le plus !

1261. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Je ne sais pas non plus si je dois admirer sa conduite, ou m’abandonner au petit mouvement de répugnance qu’elle m’inspire lorsque j’y réfléchis. […] Nous nous tordions, parce que c’était fort comique, mais nous admirions aussi. […] Nous l’admirons, sacrifiée ; heureuse, nous l’aimerions moins. […] Là, je suis tranquille, j’admire avec sécurité. […] Je prévois qu’un nombre considérable de nos contemporains voudront l’entendre et y viendront admirer, comme dans un miroir, la bonté de leur propre cœur.

1262. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Les gentilshommes anglais de cette époque sont restés des modèles de perfection sur lesquels toutes les générations suivantes ont eu les yeux, des modèles classiques de courtoisie qu’elles ont étudiés et admirés comme on admire et comme on étudie les chefs-d’œuvre de la littérature et de l’art. […] À côté de l’âme humaine qu’il faut haïr, je vous ai montré celle qu’il faut admirer, Miranda, une créature pure, virginale, immaculée, angélique, dont le souffle est bonté, dont le regard est pitié, riche de trésors que sa naïveté ignore, forte d’énergies d’amour et de dévouement que sa noblesse saura découvrir, et dont émanent naturellement les belles paroles et les touchantes actions, comme la lumière émane des astres et le parfum des fleurs. […] Lisez donc poète au lieu de magicien, et Shakespeare au lieu de Prospero, car un personnage de drame n’a jamais tenu un langage aussi modeste que lorsqu’il parlait pour le compte de son auteur ; mais n’admirez-vous pas une fois de plus avec quelle fierté discrète les grands hommes parlent de leurs dons et avec quelle tendre humilité ils en rapportent tout l’honneur à la nature ? […] Certainement le cœur lui saignait en pratiquant les amputations auxquelles il a été contraint, car on peut assurer en toute confiance qu’il admirait tout ce qu’il a retranché et qu’il en comprenait l’importance et la valeur. […] On injurierait volontiers Sterne au moment même où l’on ne peut s’empêcher d’admirer l’art extraordinaire avec lequel sont filées ses histoires et ses dissertations scabreuses.

1263. (1905) Propos littéraires. Troisième série

C’est dans ces époques que la postérité curieuse va très souvent chercher je ne dirai pas ses favoris, ses grands favoris, mais ses demi-favoris, ses amis de second degré, ceux qu’on admire moins et qu’on aime un peu plus, ceux pour qui l’on a une complaisance secrète, et à qui on refuse l’hommage, mais pour leur accorder l’engouement, c’est-à-dire un peu moins, mais un peu mieux. […] « Nature et raison », comme disait Rabelais, n’ont pas voulu que nous n’admirions qu’un seul modèle. Si nous n’admirions qu’une seule chose, je ne sais quoi me dit que nous n’admirerions pas même celle-là. […] On lit leurs disciples, qui, plus modernes, attirent toute l’attention ; on ne fréquente plus le maître ; on admire les fils, on ne songe plus à admirer les fils dans leur père et l’on se contente d’admirer le père dans ses fils. […] il a pris parti pour les coquins, les a aimés, les a admirés, a tout à fait passé dans leur camp.

1264. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Comme mélodrame, Voltaire est contraint d’admirer Rodogune. […] Vous aimez Rodogune autant que l’aimait Pierre Corneille, et vos raisons de l’aimer sont excellentes ; mais… n’auriez-vous pas, un peu, refait la tragédie pour mieux l’admirer et pour avoir à l’admirer les mêmes raisons que Corneille, qui l’avait faite ? […] Il s’agissait, il y a un siècle, de me faire admirer les aventures illustres et pitoyables d’un roi, d’un ministre ou d’un général. […] malheur à ce siècle déçu ; Il vous admire et vous l’avez perdu, Fléaux des arts, auteurs de leur ruine, Ô plat Boileau, froid bel esprit Racine ! […] Vous l’avez vu, Messieurs, vous l’avez admiré, Et ses éclats de rire et son air assuré ?

1265. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Car l’originalité qu’on avait admirée, dont on avait eu peur en lui, sans en bien discerner la nature, qu’était-elle autre chose, et de quoi la meilleure part en était-elle faite, que de son mépris des conventions mondaines ? […] Représentons-nous maintenant l’effet littéraire des Méditations et des Odes sur une génération dont les poètes admirés étaient les Andrieux et les Népomucène Lemercier, les Casimir Delavigne et les Pierre-Jean de Béranger. […] Même, il faut les admirer d’avoir, comme Hugo, si bien « décrit » la Grèce ou l’Orient, sons les avoir jamais vus. […] Mais, en attendant, c’est de quoi les contemporains leur ont d’abord été reconnaissants ; et le talent d’écrire qu’on admirait en eux a fait la fortune de leurs doctrines esthétiques. […] Qui ne sacrifierait à ce généreux idéal un peu de son « individualisme », et l’étrange vanité d’être seul à s’admirer ou à se comprendre lui-même ?

1266. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Si l’on a le loisir pourtant d’examiner de plus près et d’entrer dans le golfe même, si l’on s’approche, pour le mieux étudier, de ce qu’on admire, si l’on compare avec les monuments les plus connus et les mieux situés ceux qu’ils nous masquaient trop aisément, les œuvres plus reculées et de moindre renom dont les dernières venues ont profité jusqu’à les faire oublier, et dont il semble qu’elles dispensent, mille réflexions naissent ; les dernières œuvres qui se trouvent pour nous autres Modernes les premières en vue, et qui restent les plus apparentes, n’y perdent pas toujours dans notre esprit ; mais on le comprend mieux dans leur formation et leur mérite propre. […] Callimaque, dans l’Hymne à Apollon, paraît avoir fait allusion à son ancien élève dans ce passage : « L’Envie a dit tout bas à l’oreille d’Apollon : Je n’admire pas un poëte qui n’a pas autant de chants que la mer a de flots. — Apollon a repoussé du pied l’Envie, et a répondu : Vois le fleuve d’Assyrie, son cours est immense, mais il entraîne la terre mêlée à son onde et la fange.

1267. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

cette nature qu’il aimait et qu’il parcourait en tous sens alors avec ravissement, comme un jardin de sa jeunesse, il ne la voyait pourtant et ne l’admirait que sous un voile qui fut levé seulement plus tard. […] N’admirez-vous pas ici la contradiction inhérente à l’esprit humain, dans toute sa naïveté ?

1268. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

Roger le foudroie en découvrant son écu magique, qui a la puissance d’éblouir et d’atterrer tout ce qui est frappé de son éclat ; profitant de l’éblouissement du monstre engourdi, Roger déchaîne Angélique, la fait monter en croupe sur l’hippogriffe, part à travers les airs et ne peut s’empêcher de se retourner souvent pour admirer trop amoureusement celle qu’il a sauvée. […] On ne peut assez admirer dans cet épisode une des plus touchantes conceptions de ce martyrologe de la vertu ou de cette épopée de l’amour.

1269. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

J’admirais ce courage du sauvage, stoïque du désert et stoïque sans vanité. […] » Je fis peu d’attention à ses paroles ; je lui laissai sans défiance le bijou qu’elle semblait admirer si naïvement, et, pressé d’un grand appétit, je me mis à souper ; mon chien me tenait compagnie et partageait mon repas.

1270. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Ce fut là que j’eus l’occasion de voir et d’admirer, suspendue aux bras de sa mère, cette ravissante princesse Christine, dans toute la fleur de beauté et d’intelligence, que son sort destinait pour épouse au roi d’Espagne, Ferdinand VII, et qui a su, au milieu des tempêtes, plaire, gouverner, transmettre un trône à sa fille, régner, tomber, ou plutôt se retirer du trône, plus heureuse et plus habile que Christine de Suède, dans le demi-jour d’une existence à l’abri des coups de vent. […] Je l’ai toujours admiré, surtout comme puissance politique ; mais il m’éloigna toujours de lui, même quand il fut mon ministre et qu’un mot de lui pouvait me placer sans faveur à un poste plus élevé dans ma carrière.

1271. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Et, enfin, lorsque ceux-là même qui, de par le monde entier, haïront, de naissance, Ma Mu-sique, seront acculés jusqu’à se voir forcés de l’admirer et de l’applaudir quand même, sous peine de passer pour des imbéciles, je te dis et jure que Ma Mu-sique résistera même à leur admiration profane. […] Et qui l’admire est un halluciné, un fou, un sectaire !

1272. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

On admirera la virtuosité musicale, oui, et l’on confessera l’insignifiance du drame ; mais entendre là un drame psychologique, c’est le monstrueux effet d’une éducation déviée par l’invétéré préjugé d’un Wagner resté dramaturge en 1877 comme en 1849. […] vous-mêmes ne vous croyez pas… quand vous sortirez du théâtre de Bayreuth, n’occupez pas tous vos esprits, et ne faites plus retentir la belle route ombrée sous la lune, et les brasseries, et l’auguste toit de Wahnfried, et les wagons ; « la Malten fut-elle plus belle que la Sucher, le Vogl eut-il un plus beau moment à cet acte que le Gudehus… » puisque vous êtes en une œuvre d’art, ayez quelque respect ; rêvez d’être le Rhein-Thor, mais ne soyez pas seulement le Thor admirez ce que vous pourrez entendre ; vous, brave homme, la jolie anecdote ; vous, musicien, la savante musique ; vous, dilettante, l’harmonieuse féerie ; et laissez que les cœurs poignables d’émotions palpitent de l’immortelle symphonie ; fauteurs obstinés de l’art complexe, si votre chimère vous tient, soyez à vous réjouir de la salle obscure et du chef d’orchestre invisible ; et que ceux que possède le désir des suprêmes hautanités entrevues ferment les yeux, et songent en ces musiques !

1273. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

J’admirai, j’adorai cette parenté universelle des êtres, cette fraternité de la vie entre tout ce qui respire, entre tout ce qui sent, entre tout ce qui aime ici-bas dans la mesure de son intelligence et de sa destinée. […] « On admire vos organes matériels, mais l’âme est bien plus admirable : l’âme est au-dessus de l’intelligence ; mais qui est au-dessus de l’âme ?

1274. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

VII Mais vous approchez des Alpes ; les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament, profond comme une mer ; l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’océan de l’espace infini ; les grandes ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins ; des chaumières, isolées et suspendues à des promontoires comme des nids d’aigles, fument du foyer de famille du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, les barques sont chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où la femme et les enfants du pêcheur l’attendent au seuil de sa maison ; ses filets y sèchent sur la grève ; un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés, interrompent par moments le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les feux brillent çà et là à travers les vitraux des chaumières ; on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames ; le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce bassin de montagnes ; l’âme quitte la terre, elle se sent à la hauteur et à la proportion de l’infini ; elle ose s’approcher de son Créateur, presque visible dans cette transparence du firmament nocturne ; elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas, et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle : elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit ; elle croit parce qu’elle voit ; elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther ; elle participe à la divinité du spectacle. […] « Arrêtons-nous ici », dit en s’interrompant le savant traducteur de cet épisode, « et admirons la délicieuse et touchante naïveté du poète, qui tantôt rappelle la majesté d’Homère, tantôt la sublimité de la Bible.

1275. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

On peut admirer tout de lui, excepté le caractère naturel, vrai, proportionné et sobre de son pays. […] Énumérez seulement quelques-unes des conditions innombrables de ce qu’on nomme style, et jugez s’il est au pouvoir de la rhétorique de créer dans un homme ou dans une femme une telle réunion de qualités diverses : Il faut qu’il soit vrai, et que le mot se modèle sur l’impression, sans quoi il ment à l’esprit, et l’on sent le comédien de parade au lieu de l’homme qui dit ce qu’il éprouve ; Il faut qu’il soit clair, sans quoi la parole passe dans la forme des mots, et laisse l’esprit en suspens dans les ténèbres ; Il faut qu’il jaillisse, sans quoi l’effort de l’écrivain se fait sentir à l’esprit du lecteur, et la fatigue de l’un se communique à l’autre ; Il faut qu’il soit transparent, sans quoi on ne lit pas jusqu’au fond de l’âme ; Il faut qu’il soit simple, sans quoi l’esprit a trop d’étonnement et trop de peine à suivre les raffinements de l’expression, et, pendant qu’il admire la phrase, l’impression s’évapore ; Il faut qu’il soit coloré, sans quoi il reste terne, quoique juste, et l’objet n’a que des lignes et point de reliefs ; Il faut qu’il soit imagé, sans quoi l’objet, seulement décrit, ne se représente dans aucun miroir et ne devient palpable à aucun sens ; Il faut qu’il soit sobre, car l’abondance rassasie ; Il faut qu’il soit abondant, car l’indigence de l’expression atteste la pauvreté de l’intelligence ; Il faut qu’il soit modeste, car l’éclat éblouit ; Il faut qu’il soit riche, car le dénûment attriste ; Il faut qu’il soit naturel, car l’artifice défigure par ses contorsions la pensée ; Il faut qu’il coure, car le mouvement seul entraîne ; Il faut qu’il soit chaud, car une douce chaleur est la température de l’âme ; Il faut qu’il soit facile, car tout ce qui est peiné est pénible ; Il faut qu’il s’élève et qu’il s’abaisse, car tout ce qui est uniforme est fastidieux ; Il faut qu’il raisonne, car l’homme est raison ; Il faut qu’il se passionne, car le cœur est passion ; Il faut qu’il converse, car la lecture est un entretien avec les absents ou avec les morts ; Il faut qu’il soit personnel et qu’il ait l’empreinte de l’esprit, car un homme ne ressemble pas à un autre ; Il faut qu’il soit lyrique, car l’âme a des cris comme la voix ; Il faut qu’il pleure, car la nature humaine a des gémissements et des larmes ; Il faut… Mais des pages ne suffiraient pas à énumérer tous ces éléments dont se compose le style.

1276. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Le Moyen Âge (842-1498) [Discours] I « J’ai eu l’occasion — a dit quelque part un historien philosophe — d’étudier les institutions politiques du Moyen Âge en France, en Angleterre et en Allemagne ; et, à mesure que j’avançais dans ce travail, j’étais rempli d’étonnement en voyant la prodigieuse similitude qui se rencontre en toutes ces lois ; et j’admirais comment des peuples si différents et si peu mêlés entre eux avaient pu s’en donner de si semblables. » [Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, livre I, chap.  […] C’est vraiment la reine de village dont Pascal parlera quelque part, la « jolie demoiselle toute pleine de miroirs et de chaînes, qui s’admire, mais qui fait rire ».

1277. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Il venait après les déchirements d’une guerre religieuse et civile, et enfin il arrivait après Henri IV, dont le mérite, pour ceux qui l’admirent, est de s’être retourné après son abdication et son sacre. […] Pour Richelieu, c’est une raison de l’admirer encore.

1278. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

. — Tous les demi-savants, après avoir consciencieusement admiré un tableau de Corot, et lui avoir loyalement payé leur tribut d’éloges, trouvent que cela pèche par l’exécution, et s’accordent en ceci, que définitivement M.  […] Cet enfant qui se pend à une grappe, et qui était déjà connu par quelques charmants vers de Sainte-Beuve, est une chose curieuse à examiner ; c’est de la chair, il est vrai ; mais c’est bête comme la nature, et c’est pourtant une vérité incontestée que le but de la sculpture n’est pas de rivaliser avec des moulages. — Ceci conclu, admirons la beauté du travail tout à notre aise.

1279. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Et cependant ce génie contemplatif, qui ne trouvait toute sa grandeur que dans le repos, sous la main de Dieu, dans la tristesse solitaire, avait été bien des années en butte au choc des passions humaines, entre les grands et le peuple, admiré, applaudi, calomnié, battu de toutes les agitations des conciles, ce forum du monde chrétien. […] De là, les accents de vraie poésie élégiaque, admirés dans Grégoire de Nazianze, mais qui ne devaient pas nous faire oublier son génie lyrique.

1280. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Le critique allemand Jacob Grimm a fait à ce sujet un livre de recherches et de discussion très admiré et réputé classique dans son genre.

1281. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

. — Mais n’admirez-vous pas comme les horizons littéraires s’étendent, comme les points de vue changent et se déplacent ?

1282. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Mais l’Alpe a été rude à conquérir tout entière ; les montagnes ne se laissent pas brusquer en un jour ; les René et les Childe-Harold les traversent, les déprécient ou les admirent, et croient les connaître : elles ne se livrent qu’à ceux qui sont forts, patients et humbles tout ensemble.

1283. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Il fut plus difficile de l’y faire consentir que d’y résoudre le roi d’Espagne. » À lire les dépêches du président Jeannin, on admire beaucoup moins une résistance dont les motifs personnels sont évidents.

1284. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Entré en philosophie au collège de Navarre, il y brilla dans les thèses et les actes publics ; il fut un prodige et un ange d’école avant d’être cet aigle que nous admirons.

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Les deux amis nous promettent une édition prochaine des œuvres de Maurice de Guérin : nous les engageons à ne plus tarder, et notre vœu, qui, nous le pensons, ne pourra qu’être partagé de ceux qui auront lu cet extrait, c’est qu’aux œuvres du frère ils ajoutent la meilleure partie des pages que le présent volume, réservé à un trop petit nombre, renferme et fait de loin admirer.

1286. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

On sait combien Tite-Live admirait le talent de Cicéron : il conseillait à son fils de lire avant tout Démosthène et Cicéron, et ensuite les autres auteurs « à proportion qu’ils ressemblaient le plus à l’un et à l’autre ».

1287. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Dans les visites que faisait à la Chartreuse le jeune enfant accompagné de son précepteur, il s’entretenait avec dom Durant, qui était ravi de le voir prendre si bien à la poésie jusqu’à admirer son poème ; de ces visites l’enfant rapportait toujours quelque image en taille-douce, dont il ornait les murailles de sa chambre à coucher.

1288. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

) La puissance de la nation française pour agir sur les autres, même sur les moins changeantes, même sur celles qui la haïssent, est un phénomène que je n’ai jamais cessé d’admirer sans le comprendre.

1289. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Saussure, le premier explorateur et peintre des Alpes, est particulièrement admiré et mis en lumière par M. 

1290. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Il s’aperçut tout à la fois de combien on était en arrière dans la maison de ses parents sur la marche qu’avaient suivie les arts depuis dix ans, et pressentit tout ce qu’il fallait qu’il connût et qu’il étudiât pour rattraper le gros de l’armée dans laquelle il se trouvait enrégimenté tout à coup. » La remarque est juste, et l’expression aussi : voilà Étienne enrégimenté et enrôlé dans l’armée de David ; c’est là son premier groupe et son premier milieu ; c’est ce qu’il va entendre, embrasser, admirer et puis commenter à merveille : mais que les années s’écoulent, que de nouveaux courants s’élèvent dans l’air, que l’École de David, en se prolongeant, se fige comme toutes les écoles, qu’elle ait besoin d’être secouée, refondue, renouvelée, traversée d’influences rafraîchissantes et de rayons plus lumineux, lui, il ne voudra jamais en convenir ; il y est, il y a été élevé, nourri ; il y a pris son pli, le premier pli et le dernier ; il n’en sortira pas.

1291. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Un jour (c’était un an avant sa mort), Eckermann le remit sur la voie en lui disant qu’il lisait Daphnis et Chloé dans la traduction de Courier :    « Voilà encore un chef-d’œuvre que j’ai souvent lu et admiré, dit Gœthe, où l’on trouve l’intelligence, l’art, le goût portés au plus haut degré, et qui fait un peu descendre le bon Virgile.

1292. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Il suffit que « tout uniment et avec des paroles claires, honnêtes et bien disposées, dans une période sonore, et par le cours naturel d’un récit amusant, l’auteur peigne ce que son imagination conçoit et qu’il fasse comprendre ses pensées sans les embrouiller ni les obscurcir : « Tâchez aussi, se fait-il dire par un interlocuteur de ses amis, qu’en lisant votre histoire, le mélancolique s’excite à rire, que le rieur augmente sa gaieté, que le simple ne s’ennuie pas, que l’habile admire l’invention, que le grave ne la méprise point, et que le sage se croie tenu de la louer.

1293. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Entre ces trois reflets comme entre trois arcs-en-ciel radieux et pluvieux, entre Charlemagne ou Siegfrid, Bounaberdi et le peuple fait homme, le Napoléon réel, vivant, qu’on a vu, qu’ont connu et admiré ceux de l’Institut d’Égypte, ceux du Conseil d’État et de l’État-major, ce Napoléon-là disparaît trop.

1294. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Je me hâte de dire que la seule version que j’admette et que j’admire, c’est la première, celle qui a obtenu le prix aux Jeux Floraux, et qui est d’ordinaire reléguée parmi les notes.

1295. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Il était intéressant de savoir à quelle source avisée Wagner avait puisé, surtout s’il avait eu conscience, en ces fresques géantes, d’avoir atteint la précision clinique que nous y admirons aujourd’hui.

1296. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Quand l’infortune est générale dans un pays, l’égoïsme est universel ; une portion quelconque de bonheur est un élément nécessaire de la force nationale, et l’adversité n’inspire du courage aux individus atteints par elle, qu’au milieu d’un peuple assez heureux pour avoir conservé la faculté d’admirer ou de plaindre.

1297. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Pétrarque, le premier poète qu’ait eu l’Italie, et l’un de ceux qu’on y admire le plus, a commencé ce malheureux genre d’antithèses et de concetti dont la littérature italienne n’a pu se corriger entièrement.

1298. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

Le public se plaît à donner à celui qui possède ; et, comme ce sultan des Arabes, qui s’éloignait d’un ami poursuivi par l’infortune, parce qu’il craignait la contagion de la fatalité ; les revers éloignent les ambitieux, les faibles, les indifférents, tous ceux enfin qui trouvent, avec quelque raison, que l’éclat de la gloire doit frapper involontairement ; que c’est à elle à commander le tribut qu’elle demande ; que la gloire se compose des dons de la nature et du hasard, et que personne n’ayant le besoin d’admirer ; celui qui veut ce sentiment ne l’obtient point de la volonté, mais de la surprise, et le doit aux résultats du talent, bien plus qu’à la propre valeur de ce talent même.

1299. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Il s’agit de revenir à la nature, d’admirer la campagne, d’aimer la simplicité des mœurs rustiques, de s’intéresser aux villageois, d’être humain, d’avoir un cœur, de goûter les douceurs et les tendresses des affections naturelles, d’être époux et père, bien plus d’avoir une âme, des vertus, des émotions religieuses, de croire à la providence et à l’immortalité, d’être capable d’enthousiasme.

1300. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Il mêle ses sentiments à son récit ; il juge ses personnages, il a oublié qu’ils sont des fictions ; il les raille ou en prend pitié, les gourmande ou les admire ; il monte avec eux sur le théâtre, et devient lui-même le principal spectacle ; nous connaissons dorénavant ses goûts, ses habitudes, son histoire même ; nous suivons à chaque ligne les mouvements de son imagination ou de son âme.

1301. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Quelque admirée que la Franciade ait été à son apparition, elle fut sans influence : ce qui compte, ce ne sont pas les chants imprimés en 1572, c’est le dessein annoncé bien des années auparavant par Ronsard de tenter l’épopée, c’est la confiance unanime des poètes et du public qui, avec Du Bellay, le désignaient pour le souverain effort du poème héroïque, c’était l’admiration grave, le respectueux enthousiasme dont pendant tant d’années on entoura celui qui marchait dans les voies d’Homère et de Virgile.

1302. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Ses vers à effet, sa vigueur éloquente, sa phrase magnifiquement gonflée, ses passages éclatants n’y font rien : on pourra le faire admirer dans d’habiles extraits, mais le faire lire d’un bout à l’autre, jamais.

1303. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

J’avoue que je l’admire très pieusement.

1304. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

La bonne-maman d’Athis et le grand-papa Sallé se rencontraient tous les soirs au coucher de leur petit-fils ; le vieux braconnier, son bout de pipe noire rivé au coin de la bouche, l’ancienne lectrice au château, avec ses cheveux poudrés, son grand air, regardaient ensemble le bel enfant qui se roulait devant eux sur le tapis et l’admiraient autant tous deux89.

1305. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

La première quinzaine fut véritablement la lune de miel ; elle admire tout, elle aime tout.

1306. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Contentons-nous de les sentir, de les pénétrer, de les admirer, et nous, venus si tard, tâchons du moins d’être nous-mêmes.

1307. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

J’ai dit l’ordre de sentiments où il faut se borner à la chercher et à l’admirer.

1308. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Il eût été digne de connaître face à face ce génie qu’il admirait confusément, et d’allumer son âme au tonnerre même.

1309. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Quoi qu’il en soit, il n’en admirait pas le désordre sublime, et il faisait tout son possible pour empêcher les tonnerres de Moïse d’arriver jusqu’à nous, absolument comme pour l’autre tonnerre.

1310. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

Ceux qui l’ont connu ne savent lequel admirer le plus, ou son immortel Anacharsis, ou l’ensemble de sa vie.

1311. (1903) Zola pp. 3-31

Mais dans ces mêmes auteurs, ou encore mieux dans leurs imitateurs ridicules, le mot cru et gros, la couleur violente et aveuglante, la description acharnée qui ne demande à l’intelligence aucun effort et qui fait simplement tourner le cinématographe, le relief des choses, cathédrale, quartier, morceau de mer, champ de bataille, aussi l’imagination débordante et enlevante, qui vous entraîne vers des hauteurs ou des lointains confus comme dans la nacelle d’un ballon, toutes ces choses qui ne demandent au lecteur aucune collaboration, qui le laissent passif tout en le remuant et l’émouvant ; aussi et enfin une misanthropie qui ne donne pas ses raisons et qui ne nous fait pas réfléchir sur nous-mêmes, mais seulement flatte en nous notre orgueil secret en nous faisant mépriser nos semblables sans nous inviter à nous mépriser nous-mêmes : voilà ce que le lecteur illettré de 1840 voit, admire et chérit dans les romantiques ; voilà la déformation du romantisme dans son propre cerveau mal nourri, dans la misère physiologique de son esprit.

1312. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Garde-toi de ressembler à ce personnage d’Ibsen, toujours prêt à admirer quelque chose en dehors de lui-même.

1313. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle Comme un devoir m’est de répondre à l’heur qui m’est offert de résumer en cette Revue l’égoïste vouloir de ma Poésie, en même temps de rendre à chacun ce qui lui est dû avec l’impartialité de qui admire et de qui, d’autre part, ne peut être ému devant choses lui étant indifférentes.

1314. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Mais la plupart des artistes ne se bornent pas à produire aveuglement, en suivant les indications latentes de leurs aptitudes, lis se font un idéal imité ou original dont ils tâchent de rapprocher le plus possible leurs productions, une image composite d’une œuvre d’art ou d’une propriété d’œuvre d’art, conçue comme douée de toutes les qualités que l’artiste admire et qu’il cherche à réaliser.

1315. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît et, à mesure qu’il y comprend moins, l’admire davantage ; il n’a pas le temps de respirer ; il a à peine celui de se récrier et d’applaudir.

1316. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Ici, il faut abaisser sa pensée, et admirer en silence le magnifique tableau tracé par Bossuet.

1317. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

Mais nous avons tellement admiré Mme Sand, que nous méritons bien qu’elle l’ait, avec nous, cette manière !

1318. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

C’était aussi bête que de lui reprocher d’avoir des cheveux noirs… Si Shakespeare, que ces imbéciles admirent par lâcheté de tradition, donnait aujourd’hui son Hamlet, le plus beau de ses drames, ils diraient de la scène du cimetière où Hamlet, de ses mains de prince, joue au bilboquet avec des têtes de mort fraîchement déterrées, ce qu’ils disent des peintures horribles et sépulcrales de l’auteur des Névroses ; car Hamlet et M. 

1319. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Très élégante, très spirituelle, mais très extravagante, ayant déjà les taches de la corruption parisienne sur l’esprit au moins, si elle ne les a pas sur le cœur, possédant au plus haut degré le génie de l’ironie et de la plaisanterie parisiennes, aveugle sur son père qu’elle admire d’enfance et de confiance, parce qu’il a toujours été heureux dans ses plans et qu’il est fou d’elle, madame de Manteigney est la femme amoureuse de son mari, maigre, mièvre, mal fait, chétif, jaunâtre, roussâtre, un crevé du temps, qui lui mange sa dot et ses diamants avec des filles.

1320. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Cousin dans toute sa force, ce n’est point ici, c’est dans ses études sur Abailard, sur Xénophane et sur d’autres sujets semblables, qu’il faut l’admirer.

1321. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Je ne t’apporte rien que l’ardeur de bien faire, L’amour du vrai, des yeux que le beau fait pleurer, Un immense besoin de croire et d’admirer. […] Tous s’accordent à admirer son désintéressement, la flamme généreuse qui inspire ses actes, ses écrits et ses discours. […] Mais, on ne peut s’empêcher d’admirer ce bouillonnement de sève. […] Il regardait ces hommes graves, ces jeunes gens élégants, et il était prêt à les admirer de bonne foi. […] Les connaisseurs y admiraient la sobriété d’un talent sûr de lui-même, la netteté d’un style nerveux, simple et coloré, l’art de conter et de peindre, une réunion de qualités qui étaient celles d’un grand écrivain.

1322. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Un de ceux qui l’ont aimé et admiré depuis son enfance jusqu’à sa mort s’est chargé de cet acte de justice en écrivant sa vie et en la faisant connaître par sa correspondance, c’est M.  […] Ils admirent la pourpre du sang versé, ils notent la musique des cris du martyr !  […] L’épreuve la plus cruelle était le doute même qui s’élevait en son esprit sur cette Allemagne qu’il s’entêtait à admirer devant les autres, au moment où il hésitait sur elle dans le secret de sa pensée. […] » On dirait aujourd’hui : si je comprends ces vers, cette prose, cette musique, cette peinture ou cette sculpture, je ne les admire pas. […] On se mit à lire, à relire et à admirer sur l’album la beauté de cette langue qui en dit tant et qui en laisse encore plus à supposer, lorsque le jeune homme qui avait récité de l’Ibsen, étonné de voir que celui qui venait de partir lui avait jusque-là caché sa connaissance des langues du Nord, s’approcha du texte, le parcourut, rougit et laissa tomber d’un accent indigné ce simple mot : « Fumiste ! 

1323. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Faites cela, monsieur, et la jeunesse — qui, déjà, vous admire, — vous aimera car elle aime ceux qui s’indignent à propos. […] Vous savez ces « pièces montées » qui dominent au milieu des grands repas bourgeois : ce nougat aux étages superposés à l’infini paraît miraculeusement équilibré, l’on admire qu’il ne s’écroule point, on oserait à peine respirer ! […] Il est plus d’un morceau de cette tragédie que nous admirons à l’égal, des plus beaux du Cid et de Cinna. […] J’admire qu’on professe encore dans nos lycées que les poètes du xviie  siècle sont les fils légitimes et ressemblants des Anciens ; que Pierre Corneille a continué Sophocle ; et Racine, Euripide. […] B*** disait : « Il ne suffit pas d’admirer, il faut encore faire admirer.

1324. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Elle devait faire tous les matins cette prière que les Anciens adressaient à Vénus : « Accordez-moi de ne rien faire qui ne soit agréable et de ne rien dire qui ne plaise. » — « Au fond de mon cœur, — s’écrie Méléagre, — l’amour a fait d’Héliodore qui parle si bien l’âme de mon âme. » — Il ne désire pas seulement Héliodore, il l’aime, il l’admire, il s’humilie devant elle. […] Et ce peuple d’artistes crie, applaudit, admire, feint de se pâmer devant les pirouettes et les roulades du Divin Néron ! […] On admire le rugissement de lion que poussa Charles le Téméraire aux prises avec son inextricable réseau ; « Je combats, — s’écrie-t-il dans une proclamation, — l’universelle araignée. » Il la combattit en vain. […] Il ne se lasse pas d’admirer les grâces et les fiertés du style toscan, pour lui si nouvelles. […] Je puis cependant la voir et la montrer aux autres en tous lieux, mais toutefois moins distinctement qu’en France. » Tel qu’il est, tel qu’il s’est peint de couleurs bilieuses et sanglantes, on l’aime et on l’admire ce bravo de génie.

1325. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Le goût, les habitudes, l’intelligence même, avaient chez moi quelque chose de gaulois, de barbare, dont il fallait qu’elle se dépouillât, pour arriver à l’état d’érudition et de pureté sans lequel on admire les stanze de Raphaël, mais vaguement, sans y rien comprendre et sans savoir en profiter. […] On étudiait, on admirait même la réforme théâtrale qu’avait introduite Alfieri ; on traduisait les poésies de Klopstock, les drames de Shiller et de Kotzebue, le Werther de Goëthe, et l’on se plaisait à comparer les poésies d’Homère avec celles d’Ossian. […] Dans les malheurs de l’exilé Marcus Sextus on vit ceux des émigrés, et toutes les classes de la société sans exception suivirent l’impulsion donnée, et admirèrent également l’ouvrage et l’intention présumée du jeune artiste. […] Les chevaux sans bride contrarièrent bien les idées de la plupart des spectateurs, mais ils s’accordèrent pour admirer le Tatius, le général de la cavalerie remettant son épée dans le fourreau, et l’homme mort renversé à terre. […] David louait quelquefois ces talents accessoires chez ses élèves, il les admirait même, tant il regrettait de ne pas les posséder.

1326. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Stendhal ne croit à rien, et si l’admiration est une espèce de foi, et si donc il faut chercher ce qu’admirait Stendhal, il n’admirait que la force. […] Il faut ajouter qu’à partir du moment où l’amour de Mathilde s’est déclaré et est tenu par le lecteur comme chose acquise ; quand nous n’avons plus qu’à suivre la lutte de son orgueil contre son amour, il n’y a plus qu’à admirer. […] Ils goûtèrent Volupté, admirèrent les Lundis et Rouge et Noir. […] On n’aime pas une loi, on la reconnaît et l’on s’y soumet ; on n’aime pas la raison, on l’admire ; on n’aimerait pas un être doué seulement d’une raison souveraine, on l’admirerait froidement. […] Il regretterait que de tels hommes n’eussent pas existé, tant ils sont intéressants à étudier ; il est heureux qu’ils aient existé pour les pouvoir admirer ; et enfin il les condamne, au fond, de tout son cœur.

1327. (1894) Critique de combat

J’ai négligé d’admirer les chercheurs de brutalités faciles ou de saletés lucratives. […] On ne peut pourtant pas l’admirer comme une brute ! […] On dira : Un automne beau et sec ; mais Une automne pluvieuse. — N’admirez-vous pas cette intrusion de la mélancolie dans la grammaire ? […] Il ne trouve rien à lui dire, sinon que sa robe lui va mal ; mais il lui écrit : — Je n’ai vu que vous, je n’ai admiré que vous ; je ne désire que vous. […] Faguet se hâte d’ajouter, remarque pleine de malice, nous déclare-t-il lui-même, ou néanmoins je vois surtout une intrépidité d’affirmation que j’admire.

1328. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Au Vaudeville, on admirait un pot-pourri qui s’appelait Piron chez Procope. […] Il prit à peine le temps d’admirer, sur la place Vendôme, la colonne que MM.  […] Et le peuple de Paris admira, sur la place du Carrousel, les hussards de Pajol, les dragons d’Exelmans, les carabiniers de Donop, les cuirassiers de Milhaud et du comte de Valmy. […] Trop sévère pour ses devanciers — notamment pour le colonel Charras dont j’admire, avec M.  […] Ce spectacle lui parut plus beau que toutes les descriptions qu’il avait admirées en classe.

1329. (1896) Les Jeunes, études et portraits

On dit seulement qu’ils ne cesseront pas d’être admirés tant que l’esprit humain n’aura pas perdu ses titres. […] Il se peut qu’il arrive à dégager sa pensée des entraves qui rembarrassent et à écrire des livres que rien ne nous empêchera d’admirer pleinement. […] Nous admirons chez autrui ce dont nous sentons que nous-mêmes nous serions incapables. […] Car il est de ceux sur qui nous comptons le plus pour substituer au théâtre d’hier, — que nous admirons de toutes nos forces, mais qui a fait son temps, — un théâtre nouveau plus curieux de la vie intérieure, des problèmes du sentiment et enfin des idées. […] Le verbe admirer s’y conjugue avec tous ses dérivés.

1330. (1940) Quatre études pp. -154

Pour les Français, la nature est une puissance qu’on admire, certes, mais non sans quelques restrictions. […] Tout cela a été traduit, imité, lu, admiré — mais non sans hésitations et protestations, non sans de longues périodes d’attente. […] La plus fameuse de toutes, Lenore, n’est pas, je crois, traduite en français, ou du moins il serait bien difficile qu’on pût en exprimer tous les détails, ni par notre prose, ni par nos vers… Bürger a fait une autre romance moins célèbre, mais aussi très originale, intitulée Le féroce chasseur 14… Il avait fallu l’émigration ; et les grandes guerres napoléoniennes, mettant certains officiers français en contact direct avec les productions allemandes : comme Stendhal, qui trouve la romance de Bürger « très touchante », et admire qu’on y ose dire qu’un cheval fait trop, trop, trop, et que les tambours font tam, tam ; comme le baron de Mortemart-Boisse. […] « Même la poésie de Victor Hugo me laisse froid ; j’ai le malheur de n’être pas capable d’admirer Olympio22… » M.  […] Even Victor Hugo’s poetry leaves me cold ; I am so unhappy as not to be able to admire Olympio… 23.

1331. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Pour moi, dussé-je trahir en ce point ma légèreté et me dénoncer d’une génération frivole, il me sera toujours très difficile, je l’avoue, de me contempler et de m’admirer si constamment dans la personne de l’Humanité. […]  » Ces points principaux admis, et sauf les réserves déjà faites, on ne peut qu’admirer la nouveauté la sagacité, la fermeté ingénieuse et fine que M. 

1332. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Règle générale : il y a un certain air de famille entre l’admiratrice et l’admiré. […] N’admirez-vous pas comme cet homme qui, dans le même temps, jugeait déjà si à faux de sa propre situation, et dont la vue allait se troubler de plus en plus sur tout ce qui le concernait lui-même, voyait et disait juste sur le cas d’autrui ?

1333. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

L’école matérialiste moderne, qui parle de l’art pour l’art, qui prétend le réduire à un calque servile de la nature, belle ou laide, sans préférence et sans choix, qui trouve autant d’art dans l’imitation d’un crapaud que dans la transfiguration de la beauté humaine en Apollon du Belvédère, qui admire autant un Téniers qu’un Raphaël, cette école ment à la morale autant qu’elle ment à l’art ; elle place le beau en bas au lieu de le placer en haut : c’est un sophisme ; le beau monte et le laid descend ; l’art véritable est le Sursum corda des sens de l’homme comme la vertu est le Sursum corda de l’esprit et du cœur. […] C’est ici encore qu’il faut admirer l’instinct naturel réfléchi ou irréfléchi du peintre.

1334. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

C’est dans cette chambre qu’en été je venais apprendre mes leçons, contempler un orage, admirer le coucher du soleil et soupirer après la campagne. […] Il y a assez à réfléchir et à admirer sur cette première moitié de l’œuvre du poète, qui, en créant Faust et Marguerite, a créé non plus la tragédie des cours, des dieux ou des rois, mais la véritable tragédie du cœur humain !

1335. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Sa jeunesse n’avait pas été sans troubles, et les agitations de son âme, les circonstances romanesques de sa vie avaient laissé sur toute sa personne une empreinte de mélancolie et quelque chose de caressant. » Le duc de Laval, dans un billet, parle ainsi d’elle à madame Récamier : « Je m’entends avec la duchesse (de Devonshire) pour vous admirer. […] Je ne l’ai connue que par ses amis et je ne l’ai admirée que par sa fille, madame la duchesse de Rauzan, très jeune femme alors, en qui sa mère semblait, dit-on, revivre.

1336. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

J’étais de bonne foi comme un enfant à qui on a dit tout bas : « Admire cet immense génie, encore peu connu ou pas connu du tout dans ce monde des lettrés que tu viens de feuilleter pendant tes études ; c’est un grand homme tout entier, c’est un Italien du temps de Machiavel, c’est un Romain du temps de Tacite ! […] Un matin, Mme Orlandini vint déjeuner chez la comtesse et lui proposa, en sortant de table, d’aller faire une visite au couvent des Dames-Blanches (le Bianchette), pour y admirer certains travaux d’aiguille, véritables merveilles d’élégance.

1337. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Nous admirons l’offre que vous nous faites de nourrir nos familles, et de pourvoir aux besoins d’un peuple dont les maisons sont écroulées ; mais nous subsisterons comme nous pourrons, sans vous être à charge. » — On croit voir le fier sourire d’Athènes refusant, avec les présents de Xerxès, les aumônes de Sparte. […] On l’admire et elle épouvante.

1338. (1909) De la poésie scientifique

Il m’honorait trop de m’écrire, avec sa grande sincérité d’âme, en 1907 : « Plus j’étudie votre œuvre, plus j’admire sa grandeur et sa portée universelle. […] « Si la critique se croit le droit d’admirer le talent d’Emile Verhaeren et parfois de Mallarmé, de G.

1339. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il y a des gens, presque aussi inconnus de nous que du public, qui disent nous admirer. […] J’admirais les diamants de ses boucles d’oreilles : « Oui, j’en ai là pour cent francs de rente par jour ! 

1340. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Toute époque particulière du développement littéraire de l’humanité perd d’ailleurs son importance exclusive quand on la compare à l’ensemble de ce développement : même les époques classiques, si justement admirées, ne sauraient marquer toujours, pour l’historien de la littérature, un point culminant ; elles peuvent être un plus parfait modèle pour l’étudiant, comme Racine est un plus parfait modèle que Corneille, et Corneille que Shakespeare, mais leur supériorité classique ne saurait constituer une supériorité esthétique absolue. […] Mais, quand il s’agit de réaliser à son tour les belles qualités qu’on a admirées, il est possible que l’exercice des facultés purement représentatives ait affaibli, amolli l’exercice des facultés actives, et qu’on s’en tienne enfin à l’amour platonique des vertus morales ou sociales.

1341. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Que l’on énumère les grands écrivains, dramaturges et romanciers qui, épris de vérité, ont senti obscurément que l’homme, la société et la nature représentés et recréés tels qu’ils sont, forment les livres les plus mûrement et les plus sérieusement admirés ; que l’on rappelle Shakespeare, Balzac, le morne Flaubert, Zola, l’on pourra assimiler à ses tragédies, aux tableaux plus populeux de leurs romans, cet immense déroulement d’êtres, d’aspects, d’actes, d’événements, de houles humaines, de méditations solitaires, de batailles humides de sang, de souples et tendres caresses de jeunes filles à d’indulgentes vieilles mères, d’amours, de morts, de carrières, cet abrégé de toutes les existences que présente La Guerre et la Paix et Anna Karénine ; l’esprit le plus négateur du progrès artistique et le plus respectueux des modèles, sera frappé de l’élargissement que ces romans massifs, déduits au-delà des dimensions habituelles, donnent à la description coordonnée de l’ensemble des phénomènes sociaux intimes et publics. […] Cet ensemble de scènes, les plus importantes que nous avons citées, les moins notables qui forment la contexture même de l’œuvre, sont faites, non d’indications descriptives, de traits anecdotiques, de considérations exposées par l’auteur, en son nom personnel, mais des actes mêmes, des paroles et des manifestations de la foule des personnages dont on admire et la variété, et la vérité, et l’étonnante vie fictive.

1342. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Par là il en viendra nécessairement à considérer l’objet non plus en artiste qui l’admire, mais en savant qui l’examine : il s’efforcera de le connaître et de le faire connaître intellectuellement ; rien ne sera moins poétique, plus prosaïque, et s’il a à montrer de la même façon une passion, une émotion, une idée, il se bornera de même à la donner à concevoir, à comprendre et nullement à évoquer ; de sa tentative résultera une notion et non un sentiment. […] Comme le penseur ne s’admire que pour avoir, lui existant, imaginé le terme de tout ce qu’il perçoit, il sent sourdre en lui l’envie de durer sans lin au-dessus des êtres matériels passagers ; et veut du moins que l’expression de sa pensée subsiste dans une humanité perpétuellement respectueuse et admiratrice.

1343. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

L’abbé Fraguier manqua d’en mourir de chagrin, lui qui, dans moins de quatre ans, avoit recommencé six ou sept fois la lecture d’Homère ; qui, pour mieux retenir, ou pour reconnoître plus facilement les beaux endroits de ce poëte, les soulignoit d’un coup de crayon dans son exemplaire ; & qui, à force d’admirer & de remarquer toujours, souligna toute l’Iliade. […] Elles ne laissoient pas d’être lues, & généralement admirées.

1344. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Juvénal était le Caton d’Utique des poètes ; Boileau pouvait bien admirer ce beau rôle, cette protestation héroïque contre la servitude et contre la corruption de Rome, mais il n’aspirait point à l’imiter. […] Ces beautés sont des crimes d’esprit qu’on ne peut admirer qu’en les déplorant, crimes brillants, mais inutiles, même au bon goût qu’ils prétendent venger ; car le temps suffit seul à éteindre toutes ces fausses gloires.

1345. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Les rides roses de cette mer ondulaient doucement dans le lointain comme une étoffe moirée qu’on déploie et qu’on replie pour en faire admirer les chatoiements. […] C’est ce sens mystique et symbolique des amours et de la poésie de Dante qu’Ozanam s’efforce de découvrir, et c’est dans ce sens mystique et symbolique du poème qu’il s’efforce aussi de faire reconnaître et admirer la philosophie religieuse du moyen âge chrétien.

1346. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Ils pourront bien mériter quelque louange particulière, ils pourront bien se surpasser l’un l’autre, aplanir le chemin peu à peu, y apporter de plus en plus de nouvelles clartés : mais certes il y aura toujours dans leurs ouvrages beaucoup plus à désirer qu’à admirer, plus de choses obscures que d’éclaircies, et moins de vérités que de conjectures.

1347. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Massillon orateur, si nous avions pu l’entendre, nous aurait tous certainement enlevés, pénétrés, attendris : lu aujourd’hui, il n’en est pas de même, et, considéré comme écrivain, tous ne l’admirent pas au même degré.

1348. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Je dirai donc qu’au temps de ses plus grands succès et de ses prédications les plus admirées et les plus émouvantes, la vie de Massillon fut odieusement incriminée.

1349. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Cependant « Le Malade imaginaire n’est pas celle des comédies de Molière que j’aime le mieux, disait-elle ; Tartuffe me plaît davantage. » Et dans une autre lettre : « Je ne puis vous écrire plus long, car on m’appelle pour aller à la Comédie ; je vais voir Le Misanthrope, celle des pièces de Molière qui me fait le plus de plaisir. » Elle admirait Corneille, elle cite La Mort de Pompée ; je ne sais si elle goûta Esther : elle aurait aimé Shakespeare : « J’ai souvent entendu Son Altesse notre père, écrivait-elle à sa demi-sœur, dire qu’il n’y avait pas au monde de plus belles comédies que celles des Anglais. » Après la mort de Monsieur et durant les dernières années de Louis XIV, elle avait adopté un genre de vie tout à fait exact et retiré : « Je suis ici fort délaissée (5 mai 1709), car tous, jeunes et vieux, courent après la faveur ; la Maintenon ne peut me souffrir ; la duchesse de Bourgogne n’aime que ce que cette dame aime. » Elle s’était donc faite absolument ermite au milieu de la Cour : Je ne fraye avec personne si ce n’est avec mes gens ; je suis aussi polie que je peux avec tout le monde, mais je ne contracte avec personne des liaisons particulières, et je vis seule ; je me promène, je vais en voiture ; mais depuis deux heures jusqu’à neuf et demie, je ne vois plus figure humaine ; je lis, j’écris, ou je m’amuse à faire des paniers comme celui que j’ai envoyé à ma tante.

1350. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Lassay n’était âgé que de dix ans au moment où arriva cette aventure, et sa jeune imagination en avait été frappée ; il avait eu l’occasion presque au sortir de l’enfance de rencontrer Marianne et s’était accoutumé à l’admirer, à l’aimer.

1351. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

N’a-t-on pas vu Saint-Simon l’admirer d’autant plus qu’il avait comme greffé sur lui et sur son règne futur tout son système de quasi-féodalité6 ?

1352. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Mon cher ami, si vous ne faisiez que des vers comme Racine, si vous n’étiez pas bon par excellence comme vous l’êtes, je vous admirerais, mais vous ne posséderiez pas toutes mes pensées comme aujourd’hui, et mes vœux pour votre bonheur ne seraient pas si constamment attachés à mon admiration pour votre beau génie.

1353. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Bien neuf à toute intrigue, bien peu instruit des manœuvres qui devaient incessamment éclater, je l’étais encore moins de la part qu’on lui en a attribuée : j’avais admiré, quand il passa avec la minorité de son ordre, et sa popularité qui trouvait la nation dans les Communes, et son zèle pour la chose publique qui le portait à la réunion ; je voyais alors en lui le premier de la noblesse des États, et je le jugeai le plus propre à m’éclairer et à me dire jusqu’à quel point je pouvais soutenir les droits contre les prétentions.

1354. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Il a poussé ses qualités jusqu’aux défauts mais, considéré tout entier par les côtés qu’admire la raison et par ceux que condamne la morale ; regardé, en un mot, des hauteurs de l’histoire, et non par les dessous d’une chronique méticuleuse, Henri IV ne sera jamais haïssable. » — Ainsi Henri IV, somme toute, n’est pas haïssable !

1355. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

, non seulement un homme de grand savoir (ce qu’il était), mais d’un savoir bien digéré et élaboré (ce qu’il n’était guère), d’une critique saine et sûre et scrupuleuse (ce qu’il était encore moins) ; on en a fait même un homme de goût (il était précisément le contraire), et presque un écrivain léger et élégant ; et ce que je n’admire pas moins, c’est qu’à ce prompt travail de métamorphose ont tous concouru à l’envi, par indifférence, par entraînement, par complaisance, par égard pour une veuve éplorée et attentive, pour un fils qui avait sa carrière à faire, ceux-là précisément qui savaient le mieux comme quoi tout cela n’était pas. — Je n’ai aucune raison aujourd’hui pour ne pas mettre le nom ; Pancirole, c’est M. 

1356. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Il fut très remarqué de ce dernier, qui l’encouragea fort, admira ses premiers essais de vers latins (la pièce sur la Bulle de savon), et lui donna, à travers ses louanges, toutes sortes de conseils qu’il ne suivit qu’à demi.

1357. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Mais le fils du grand Condé, Monsieur le Prince, mais surtout M. le duc et Mme la duchesse, et aussi leur sœur la duchesse du Maine, firent le plus grand usage de Santeul, l’admirent dans leur familiarité, dans leur train de raillerie habituelle, et il en est resté des monuments.

1358. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Il n’écrit pas pour les rimeurs du jour ni pour les courtisans, dit-il, « qui n’admirent qu’un petit sonnet pétrarquisé ou quelque mignardise d’amour » qui n’a qu’un propos et qu’un ton ; mais il s’adresse aux « gentils esprits, ardents de la vertu ».

1359. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

J’ai admiré votre attention de faire signer votre lettre par mes deux fils.

1360. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

La margrave prend la part la plus entière à son sort ; elle l’admire comme son héros, comme le plus grand prince régnant, « et un de ces phénomènes qui ne paraissent tout au plus qu’une fois dans un siècle. » Après ses premiers succès dont il ne profite peut-être pas autant qu’il aurait pu65, elle le voit près d’être écrasé entre les trois puissances ennemies : elle brûle de s’entremettre en sa faveur.

1361. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

M. de La Rochefoucauld en est curieux : Mme de Vins et moi, nous en attrapons ce que nous pouvons. » Mme de Villars avait un premier mérite auprès de Mme de Sévigné, c’était d’admirer beaucoup Mme de Grignan.

1362. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Son œil fauve et puissant devient aussi paisible Qu’aux jours où sur son dos Europe osa s’asseoir ; Il admire, et Léda subit sans le savoir La fascination du regard invisible.

1363. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

À genoux devant Molière et La Fontaine, il admire Athalie, goûte Bérénice, sait par cœur les chansons de Béranger, et raconte parfaitement nos plus nouveaux vaudevilles.

1364. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

A voir le luxe de déguisements mythologiques où elle s’enveloppe, et le peu d’analyse morale qui la concerne, on se reprend à admirer, à chérir d’autant plus ces aimables et touchants anachronismes des anciens poètes, de ceux qui ont dépeint des reines carthaginoises ou des magiciennes de Colchide, et qui nous les ont montrées dévorées d’amour.

1365. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Certes, je suis loin de méconnaître les progrès que l’art musical a faits depuis les couvents, j’ai admiré plus que tout autre le Requiem de Mozart et les messes de Cherubini, et, pour qui se tient au point de vue de l’art pur, nul doute que les vastes proportions, la richesse d’harmonie, les grands effets d’instrumentation des compositions modernes n’offusquent singulièrement la simplicité, la nudité du chant grégorien ; sous ce rapport, il n’y a pas de comparaison à établir : mais voulez-vous sentir où gît la supériorité réelle du simple chant d’église ?

1366. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

On me dira qu’il ne faut pas tant admirer des particularités de diction si simples, et que c’est la nécessité du vers qui détermine le plus souvent et commande cet heureux placement des mots.

1367. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

. — Poésie modérée, bien que depuis lors nous en connaissions une autre, grande, magnifique, souveraine, et que nous nous inclinions devant, et que nous l’admirions en ses sublimes endroits ; — poésie d’entre-deux, moins vive, moins imaginative, restée plus purement gauloise ou française, plus conforme à ce que nous étions et avant Malherbe et après ; — poésie qui n’es pas pour cela la poésie académique ni le lieu commun, et qui as en toi ton inspiration bien présente ; qui, à défaut d’images continues, possèdes et as pour ressources, à ton usage, le juste et ferme emploi des mots, la vigueur du tour, la fierté du mouvement ou la naïveté du jet ; poésie qui te composes de raison et de sensibilité unies, combinées, exprimées avec émotion, rendues avec harmonie ; puisses-tu, à ton degré et à ton heure, à côté de la poésie éclatante et suprême, te maintenir toujours, ne cesser jamais d’exister parmi nous, et d’être honorée chez ceux qui t’ont cultivée avec amour et candeur !

1368. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Quelquefois, souvent même, des faits inopinés se produisent avec un grand éclat, rapides conquêtes, institutions neuves, États qui s’improvisent ; parmi les spectateurs, le petit nombre s’étonne et s’inquiète : la foule admire, applaudit et s’exclame.

1369. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Mme de Prie entre à tous moments dans ses appartements pour voir ce qu’elle fait, et elle n’est maîtresse d’aucune grâce. » Or, un matin, la reine trouva sur sa table un papier d’une fort belle écriture, et elle y lut, sous ce titre d’Instruction de Mme de Prie à la reine de France et de Navarre, les mauvais vers suivants qui parodiaient le discours d’Arnolphe à Agnès avec la gaieté de moins : Marie, écoutez-moi : laissez là le rosaire, Et regardez en moi votre ange tutélaire, Moi qui suis de Bourbon l’amante et le conseil, Moi qu’il chérit autant et plus que son bon œil52 : Notre roi vous épouse, et cent fois la journée Vous devez bénir l’heur de votre destinée, Contempler la bassesse où vous avez été, Et du prince qui m’aime admirer la bonté ; Qui de l’état obscur de simple demoiselle, Sur le trône des Lys par mon choix vous appelle.

1370. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Mais, indépendamment de toute preuve, ce que j’admire surtout dans ce dernier volume de M. 

1371. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

. — Adieu, mon cher maréchal, je vous aime autant que je vous admire, et c’est beaucoup dire. » Mme de Pompadour parle de ce brevet du prince de Conti comme elle ferait du bon billet de La Châtre.

1372. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Ces mêmes historiens de la langue et qui l’admirent surtout aux xiie et xiiie  siècles, dans sa première fleur de jeunesse et sa simplicité, sont portés à proscrire, à juger sévèrement toute l’œuvre de la Renaissance, comme si elle n’était pas légitime à son moment et comme si elle ne formait pas, elle aussi, un des âges, une des saisons de la langue.

1373. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Ce qu’il admire le plus au ciel, c’est tout ce qu’une physique savante lui en a dévoilé ; ce sont les mondes roulant dans les fleuves d’éther, les astres et leurs poids, leurs formes, leurs distances : Je voyage avec eux dans leurs cercles immenses ; Comme eux, astre, soudain je m’entoure de feux.

1374. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Horace se moque, dans l’une de ses épîtres, de ceux qui admirent les anciens poètes romains, Ennius et ses contemporains.

1375. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Or, sans ce tribunal toujours existant, l’esprit des jeunes gens ne peut se former au tact délicat, à la nuance fine et juste, qui seule donne aux écrits, dans le genre léger, cette grâce de convenance et ce mérite de goût tant admiré dans quelques écrivains français, et particulièrement dans les pièces fugitives de Voltaire.

1376. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Le poème ne reçoit pas tout à fait la même interprétation dans l’esprit qui l’a fait, et dans ceux qui l’admirent.

1377. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Dans les compagnies étranges où le sort le jette, il apprend combien Gil Blas est peu de chose dans le monde, que le monde n’a pas pour principale affaire de contenter, d’admirer Gil Blas.

1378. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Cela ne m’empêche pas d’admirer fort les Blasphèmes.

1379. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

En lisant les sermons de saint Bernard, le plus grand parmi les théologiens de cette période, je l’admire moins sur cette cime élevée où il se tient, égalant quelquefois ses paroles aux paroles sacrées, que je ne m’étonne de le voir si indifférent au détail de la vie humaine, comme s’il l’ignorait, ou le trouvait au-dessous de ses extases.

1380. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Dans celui qu’il fit de Haller, un des morceaux les plus admirés était l’endroit où il montrait Haller et son ami le poète Gessner herborisant ensemble dans les hautes montagnes, et Gessner, épuisé de fatigue, se couchant à terre et succombant au sommeil au milieu d’une atmosphère glacée : M. de Haller, disait-il, vit avec inquiétude son ami livré à un sommeil que le froid aurait pu rendre funeste.

1381. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Et continuant de parler d’elle : « C’est, ajoutait-il, comme une nuance de raison et d’agrément qui occupe les yeux et le cœur de ceux qui lui parlent ; on ne sait si on l’aime ou si on l’admire : il y a en elle de quoi faire une parfaite amie, il y a aussi de quoi vous mener plus loin que l’amitié. » Et l’éloge continue sur ce ton délicat.

1382. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Il la fit jouer aux jonchets avec les dames devant lui, il admira son adresse. » Il l’examine, ni plus ni moins, comme un joli animal, comme on ferait une gazelle.

1383. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Ouvrages de main, ouvrages d’esprit, récitation par cœur de vers et de prose, enregistrement de chaque anecdote, de chaque aventure de société, dont elle fera bientôt quelque comédie ou quelque nouvelle, et avec cela sept ou huit heures de harpe par jour, elle suffit à tout, et encore à plaire, à charmer les sociétés qui l’admirent.

1384. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

On ne pouvait se lasser de l’admirer en l’étudiant.

1385. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

Portalis avait, pour ainsi dire, une mémoire d’aveugle : Je fus nommé secrétaire (du Conseil des Anciens) lorsque mon ami Portalis fut appelé à la présidence, a dit le général Mathieu Dumas, et j’eus de fréquentes occasions d’admirer son beau talent et sa prodigieuse mémoire.

1386. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

Il admirait beaucoup Carrel ; ils étaient unis tous deux mieux que par la haine qu’ils portaient à la même dynastie ; ce qu’il y avait de valeureux et de chevaleresque en tous deux était un attrait, un lien.

1387. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Mais je ne les considère ici qu’au seul point de vue littéraire, et, à ce point de vue, on ne peut trop les admirer.

1388. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Évidemment il était le héros et l’espoir de sa famille, fils unique entre cinq sœurs, dont trois seulement étaient restées en France, et qui toutes, soit pour l’esprit, soit pour le cœur, l’adoraient et l’admiraient.

1389. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Regnard, quand il eut produit quelques-uns de ses meilleurs ouvrages en vers, eut la bonne grâce de dédier sa pièce des Ménechmes à Boileau, en se professant son disciple et en lui disant : Le bon sens est toujours à son aise en tes vers ; et Boileau, à quelqu’un qui, pour lui faire la cour, traitait devant lui Regnard de poète médiocre, eut la justice de répondre : « Il n’est pas médiocrement gai. » « Qui ne se plaît pas à Regnard n’est pas digne d’admirer Molière », a dit excellemment Voltaire.

1390. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Plus on vanterait l’originalité de ses idées et la force de ses conceptions, plus on paraîtrait vouloir le ranger au nombre de ces malades que l’histoire admire.

1391. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Le romanesque est un être très aimable qui nous donne bien des satisfactions : celle d’abord de l’aimer ; celle ensuite de l’admirer un peu comme un noble exemplaire en somme de l’humanité ; celle ensuite de ne pas le craindre, encore qu’il ne fallût pas, à cet égard, avoir une pleine confiance ; celle enfin de lui donner ces fameux conseils de bon sens, de prudence, de sagesse pratique, qu’à donner nous nous épanouissons, nous nous élargissons, nous nous enorgueillissons et qui comblent de plaisir, de pleine satisfaction, de joie intime et profonde, du sentiment de la supériorité indulgente et bienfaisante, ceux de qui ils partent.

1392. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Et l’on croasse sur ses livres, sur sa personne, sur sa causerie, sur ses ridicules et jusque sur ses pots de pommades et ses cosmétiques, car il fut longtemps comme Mazarin, qui ne voulait pas déchoir et mettait du rouge pour ne pas paraître mourant, ce que le marquis de Mirabeau a admiré, par parenthèse, dans une phrase magnifique.

1393. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Nous admirons déjà moins les abstractions, les obscurités, le style solennel, les phrases à queue, les barbarismes.

1394. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

De temps en temps, il prend des notes sur un cahier relié fort propre, avec un porte-crayon d’argent, toujours rempli de mine de plomb choisie, d’une petite écriture régulière et nette, qu’un copiste admirerait.

1395. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

J’aime la terre comme elles et non comme vous les hommes : je l’aime sans l’admirer, sans la poétiser, sans l’exalter. […] S’il lui arrive de relire un de ces chefs-d’œuvre que nous, n’apercevons plus qu’à travers les jugements de tous les commentateurs et dont il nous est devenu à peu près impossible de recevoir une impression directe, il admire, sans doute, mais il n’est pas ému : il ne sent rien. […] Ce que j’admire autant que le nombre des colères qu’a soulevées M.  […] préservez ceux que nous aimons et que nous admirons, de la paix du silence34 !  […] Faguet écoute avec aussi peu de préventions un drame réaliste ou un vaudeville de la vieille école ; il admire franchement les Revenants d’Ibsen, après avoir, lui seul à peu près, échappé à l’engouement auquel a cédé presque toute la critique pour la Puissance des ténèbres de Tolstoï.

1396. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

Le plus souvent ils y admiraient ce qui méritait peu d’être envié. […] Que de gouvernements, que de constitutions nous avions admirés et considérés comme des modèles, qu’il nous faut maintenant regarder d’un autre œil ! […] Ils offrent à l’esprit matière à réfléchir longtemps, et, même en les rejetant, ils laissent admirer l’imagination forte et ingénieuse qui les a créés. […] Il était libre à chacun de trouver grande et poétique la guerre de Troie, mais admirer les Croisades eût été une chose inouïe. […] Lire et admirer est en effet un sentiment ; comme les autres il peut être fidèlement représenté.

1397. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Ce dada, à son gré, est comme une verrue, d’abord si petite qu’on l’aperçoit à peine, et seulement lorsqu’elle est sous un bon jour ; mais la voilà qui peu à peu grossit, se couvre de poils, rougit et bourgeonne tout alentour ; son propriétaire, qui en jouit et l’admire, la nourrit, jusqu’à ce qu’enfin elle se change en loupe énorme, et que le visage entier disparaisse sous l’excroissance parasite qui l’envahit. […] Véritablement ici la raison a pris le gouvernement du reste, et elle l’a pris sans opprimer le reste : rare et éloquent spectacle, qui, rassemblant et harmonisant en un seul personnage les meilleurs traits des mœurs et de la morale de ce temps et de ce pays, fait admirer et aimer la vie pieuse et réglée, domestique et disciplinée, laborieuse et rustique. […] VII Au centre de ce groupe se tient debout un personnage étrange ; le plus accrédité de son temps ; sorte de dictateur littéraire : Richardson est son ami et lui fournit des essais pour son journal ; Goldsmith, avec une vanité naïve, l’admire en souffrant d’être toujours primé par lui ; miss Burney imite son style, et le révère comme un père.

1398. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

L’Histoire littéraire en France, et de la Poésie particulièrement, doit être admirée par surcroît, de se présenter conservatrice de toute intense volonté. […] Mais d’aucuns admirèrent le rose de la couverture ! […] D’ailleurs, il n’importe… De l’école symboliste actuellement en Apogée, il ne restera d’ici peu que des talents individuels et admirés malgré et non pour les théories. […] Notre aîné, nous l’admirions pour le présent et la certitude que nous avions de son génie nouvellement porteur d’un monde. […] Nous avons haine et dégoût de l’impuissance, et elle est partout dans la Jeunesse actuelle et dans les maîtres qu’elle admire et qu’elle imite : M. 

1399. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Admirons Louis XIV d’avoir vu en roi M. Jourdain, mais admirons Molière d’avoir créé en poète M.  […] Homais dans le Fanal de Rouen et les fassent admirer d’un public nombreux. […] Voilà ce que ces snobs admirent ! […] Chez les jésuites, dans le droit d’aînesse, dans la monarchie, c’est une énergétique qu’il admire.

1400. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Plumes terribles, semblables aux balistes et aux catapultes du moyen âge, on les peut haïr pour le mal qu’elles ont fait, on les doit admirer pour leur habileté, pour leur génie et leur fureur. […] On admire beaucoup certains duos de la musique de Rossini, où l’un chante pendant que l’autre pleure, où celui-ci accompagne l’orchestre avec sa voix, pendant que l’orchestre déclame l’air que le chanteur devrait chanter ; mais combien cela n’est-il pas plus difficile de transposer ainsi, de Don Quichotte à Sancho, de Don Juan à Sganarelle, du maître au valet, du fait à l’idée, les plus excellentes qualités de la comédie, à savoir le rire et la leçon ? […] Toujours est-il qu’on ne rit pas à cette comédie de Don Juan ; en vain l’esprit, l’ironie, la licence et le bon sens se heurtent et s’entrechoquent, à chaque scène, pour arriver à la plaisanterie et au bon mot… nous admirons, comme au premier jour, cette verve entraînante, mais toute cette verve nous laisse froids et impassibles. […] Ce Don Juan est une œuvre à mille faces ; on le peut admirer à outrance, on le peut critiquer sans pitié, et même on ne voit pas à quel point l’on pourrait soutenir, sans quelque danger, que cette très sérieuse comédie, établie sur un fond si noir, et dans laquelle se montrent à nu les plus honteuses passions du cœur de l’homme : le vice sans frein, l’ironie sans respect, le doute sans examen, l’athéisme sans motif ; un drame où le héros, qui insulte Dieu, ne sait pas même rendre à son père des respects apparents, soit en effet une comédie irréprochable.

1401. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Pallas elle-même, à qui sans la connaître il fait des contes, l’admire et le loue : « Ô fourbe, menteur, subtil et insatiable en ruses, qui te surpasserait en adresse, si ce n’est peut-être un dieu !  […] Voilà donc le corps vivant tout entier et sans voile, admiré, glorifié, étalé sans scandale, aux regards de tous, sur son piédestal. […] Certainement le spectacle était beau lorsque ces grands jeunes gens, les plus forts et les mieux faits de la Grèce, avec leurs cheveux longs et soigneusement rattachés au sommet de la tête, avec leur tunique rouge., leurs larges boucliers polis, leurs gestes de héros et d’athlètes, venaient chanter des vers comme ceux-ci : « Combattons avec courage pour cette terre notre sol, — et mourons pour nos enfans sans épargner nos âmes. — Et vous, jeunes gens, combattez ferme l’un à côté de Fautive ; — que nul de vous ne donne l’exemple de la fuite honteuse ni de la peur, — mais plutôt, faites-vous un grand et vaillant cœur dans votre poitrine… — Pour les anciens, les vieillards dont les genoux ne sont plus agiles, — ne les abandonnez pas, ne fuyez pas, — car il est honteux de voir tomber au premier rang, devant les jeunes gens, — un homme vieux qui a déjà la tête et la barbe blanches ; — il est honteux de le voir gisant, exhalant dans la poussière sa vaillante âme — et serrant de ses mains sa plaie sanglante sur sa peau nue. — Au contraire, tout convient aux jeunes — quand ils ont la fleur éclatante de l’adolescence. — Admirés par les hommes, aimés par les femmes, — ils sont encore beaux s’ils tombent au premier rang… — Ce qui est laid à voir, c’est un homme gisant dans la poussière, —  percé par derrière, le dos traversé par la pointe d’une lance. — Que chaque homme après l’élan reste ferme, — fixé au sol par ses deux pieds, mordant sa lèvre avec ses dents — les cuisses, les jambes, les épaules au-dessous, la poitrine jusqu’au ventre, tout le corps, — couvert par son large bouclier ; — qu’il combatte pied contre pied, bouclier contre bouclier, — casque contre casque, aigrette contre aigrette, — poitrine contre poitrine, tout proche, — et que de tout près, corps à corps, frappant de sa longue pique ou de son épée, — il perce et tue un ennemi. » Il y avait des chants semblables pour toutes les circonstances de la vie militaire, entre autres des anapestes pour aller à l’attaque au son des flûtes. […] Aristophane admire, avec une nuance de raillerie athénienne, leur fraîche carnation, leur florissante santé, leur vigueur un peu brutale51.

1402. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Je crois, d’ailleurs, que ce formidable Balzac commence à être un de ces auteurs qu’on aime mieux admirer sur parole que d’y aller voir. […] Mais, lorsqu’ils n’admirent pas Edmond Kean, Edmond Kean est immédiatement persuadé que « c’est l’impuissance de produire qui les a jetés dans la critique ». […] Dumas sont, dans le théâtre contemporain, celles que j’admire le plus, sur qui j’ai écrit le plus de pages, — et auxquelles j’ai fait le plus d’objections. […] Il y a, dans Nos Intimes, une chose que j’admire sans réserve. […] Je vous rappelle la « fable » pour que vous en admiriez la lucide ordonnance et la vraisemblance morale.

1403. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Sully, qui admire cette magnanimité, n’en avait rien pour son compte.

1404. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Un tableau sans figures ressemble à la fin du monde. » Pourtant le prince de Ligne, dans les dernières années de sa vie passées à son Refuge sur le Leopoldsberg près de Vienne, paraîtra en être venu à admirer plus véritablement la nature pour elle-même.

1405. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Autrefois, disait Duclos dans son livre des Considérations, les gens de lettres livrés à l’étude et séparés du monde, en travaillant pour leurs contemporains, ne songeaient qu’à la postérité : leurs mœurs, pleines de candeur et de rudesse, n’avaient guère de rapport avec celles de la société ; et les gens du monde, moins instruits qu’aujourd’hui, admiraient les ouvrages, ou plutôt le nom des auteurs, et ne se croyaient pas trop capables de vivre avec eux.

1406. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Jusque-là, n’admirez-vous pas cette vie constante, unie, enfermée, toute à l’acquisition des connaissances sacrées, toute à l’éducation et à la formation intérieure du talent naturel ?

1407. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Tout cela prouve une seule chose, que le besoin de faire admirer nos talents n’est pas le seul besoin de notre amour-propre, qu’il nous faut encore, outre les applaudissements, de la considération ou de l’autorité, ou de l’éclat, etc.

1408. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

À la proposition de sa femme, Gilpin répond : « De toutes les femmes, je n’en admire qu’une seule, et celle-là c’est toi, ma chérie bien-aimée ; fais donc comme tu l’entends.

1409. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Ce personnage original qu’on aimait assez, sauf à en rire, et qui s’était fait une place à part dans les assemblées du Clergé et à la Cour, s’était mis comme tout son siècle sur le pied d’admirer Louis XIV, de l’adorer passionnément, et de le lui dire.

1410. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Parlant quelque part d’un homme d’un esprit étroit et faux qui mettait son orgueil à déplaire, et qui méprisait par principe la bonté et la douceur des gens véritablement grands : « Il n’admire du fer, dit-il, que la rouille. » Parlant du caractère des Français qu’il a si bien connus, qui sont portés à entreprendre et à se décourager, à passer de l’extrême désir et du trop d’entrainement au dégoût, il dit : « La lassitude du soir se ressent de l’ardeur du matin. » Enfin, voulant appeler et fixer l’attention sur les misères du peuple des campagnes dont on est touché quand on vit dans les provinces, et qu’on oublie trop à Paris et à Versailles, il a dit cette parole admirable et qui mériterait d’être écrite en lettres d’or : « Il nous faut des âmes fermes et des cœurs tendres pour persévérer dans une pitié dont l’objet est absent. » Si ce n’est pas un écrivain, ce n’est donc pas non plus le contraire que d’Argenson : sa parole, livrée à elle-même et allant au courant de la plume, a des hasards naturels et des richesses de sens qui valent la peine qu’on s’y arrête et qu’on les recueille.

1411. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Besenval était ami de Crébillon fils, et il le consultait sur ses essais littéraires, il fit même un roman dans le genre de l’auteur à la mode, qu’il admirait : ici il aurait pu lui donner des mémoires, et, pour marquer l’époque dans son plein, c’est assurément mieux qu’un roman de Crébillon que ces deux chapitres de Besenval.

1412. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Cette supposition, au premier abord, pourrait intimider ; mais un peu de timidité ne messied pas en abordant les maîtres qu’on admire.

1413. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

N’allons pas cependant, passant d’un premier effroi à la superstition, et pour nous payer de notre peine, nous mettre à admirer des choses très simples et des plus ordinaires, uniquement parce qu’elles sont revêtues de ces formes devenues pour nous un peu étranges.

1414. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Nous y fîmes une halte assez longue, appuyés sur nos hâtons et tout émerveillés… En regagnant le Val, nous admirâmes la position d’une maisonnette habitée par un vieillard.

1415. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il y a nombre de gens qui savent le goûter et l’admirer de la bonne manière et qui souffraient de la fausse ; ils étouffaient d’impatience, ils avaient besoin d’être vengés.

1416. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Un tel récit justifie presque ce mot de Bussy-Rabutin à propos de cette même campagne : « J’admire encore, disait-il du roi, sa manière d’écrire, la netteté et l’exactitude avec laquelle il observe jusqu’aux moindres particularités, et cela me fait croire que comme il ne s’attend pas à ses généraux d’armée pour faire des conquêtes, il ne s’attendra pas à ses historiens pour les écrire : personne ne peut si bien dire ce qu’il fait que lui… » « Flatterie sans doute, et de la part d’un disgracié qui avait tout intérêt à se faire pardonner de Louis XIV, flatterie tant qu’on le voudra !

1417. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Montaigne en voyage »

A peu de distance de là, il admire fort le paysage : « Ce vallon semblait à M. de Montaigne représenter le plus agréable paysage qu’il eût jamais vu ; tantôt se resserrant, les montagnes venant à se presser, et puis s’élargissant à cette heure de notre côté, qui étions à main gauche de la rivière, et gagnant du pays à cultiver et à labourer dans la pente même des monts qui n’étaient pas Ri droits, tantôt de l’autre part ; et puis découvrant des plaines à deux ou trois étages l’une sur l’autre, et tout plein de belles maisons de gentilshommes et des églises.

1418. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

N’admirez-vous pas le sentiment politique persistant ?

1419. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Ce n’est pas un de ces secrétaires et familiers qui, le dos tourné, ne disent que du mal ou qui disent indifféremment le bien et le mal, comme l’abbé Ledieu pour Bossuet : l’abbé Legendre admire son prélat ; il l’aime et lui est demeuré reconnaissant.

1420. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Un père me disait un jour, en voyant son fils pâlir dès l’âge de douze ans sur les vieux livres, non pour les lire et en tirer des pensées, mais pour en admirer les vignettes, les fermoirs, les reliures (et le fils est devenu depuis un bibliophile féroce) : « Au moins il a un noble goût. » Un galant marquis, âme ardente, qui avait connu toutes les passions, chasse, amour, cavalcades effrénées, et qui finissait par les livres, répondait à quelqu’un qui s’en étonnait : « Après tout, c’est encore moins ruineux que les femmes, les chevaux et les chiens. » Ainsi il peut être utile en même temps qu’il est honorable à un jeune homme de s’adonner aux curiosités des livres, et c’est rassurant pour les siens de le voir commencer par là ; mais alors pourquoi ne pas s’en tenir au simple goût d’amateur ?

1421. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

Dans cette espèce d’Élysée bizarre et bachique qu’on se figure aisément pour ces libres et un peu folâtres esprits d’avant Louis XIV, il me semble d’ici les voir, à cette heure de réveil, à cette nouvelle d’un regain si inattendu : l’Ombre du joyeux Saint-Amant a tressailli ; le poète Théophile se tient pour consolé et vengé dorénavant de ses disgrâces ; Scarron a bondi d’aise sur son escabeau, et Cyrano enfin, retroussant sa moustache, passe et repasse en idée, plus fier que jamais, sur ce Pont-Neuf populeux où une double haie de bourgeois et de marauds ébahis l’admire.

1422. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

N’admirez-vous pas comme tout cela est bien démêlé et ingénieusement déduit ?

1423. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Il l’admirait sincèrement et eût voulu lui ressembler.

1424. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

J’admire comme, dans la bouche du plus grand fou de la terre, Cervantes a trouvé le moyen de se faire connaître l’homme le plus entendu et le plus grand connaisseur qu’on se puisse imaginer… Quevedo paraît un auteur fort ingénieux ; mais je l’estime plus d’avoir voulu brûler tous ses livres quand il lisait Don Quichotte, que de les avoir su faire. » Racine et Boileau lisaient Don Quichotte pour se divertir ; ils en parlent dans leurs lettres comme d’un sujet qui leur est familier et qui est entré dans la conversation des honnêtes gens.

1425. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Pour être juste, il faudrait commencer par dire que Pope a parfaitement bien senti et bien admiré Homère ; que sa préface est d’une excellente critique pour le temps, et bonne encore à lire aujourd’hui ; que la grandeur, l’invention, la fertilité de l’original, cette vaste universalité première d’où chaque genre ensuite a découlé, sont admirablement comprises.

1426. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Nous avons vu de quelle nature étaient les reproches adressés par la Décade et par les contemporains amis au premier éditeur : écoutons le dernier éditeur maintenant, et admirons la contrariété des points de vue : « Nous avons poussé le scrupule, dit M. 

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

— Les autres admirent mon courage, mais ils ne connaissent pas mes jouissances ; toi, qui dois les sentir, conserve-leur tout leur charme par la constance de ton courage. » Faut-il insister sur ce tutoiement perpétuel qui aura certainement frappé et peut-être étonné quelques lecteurs ?

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

La femme de cœur, voilà ce qu’il faut à jamais admirer en Marie-Antoinette, non la femme politique.

1429. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Ensuite, au bord du lac, s’est élevé un petit oiseau qui volait devant nous comme pour se faire admirer.

1430. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

La liaison épique qu’on y a vue et admirée depuis daterait de ce temps-là seulement.

1431. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Camille Rousset, lui qui apprécie et admire, comme je sais qu’il le fait, le grand Frédéric, de ne l’avoir introduit dans son travail que pour lui donner tort deux ou trois fois et pour le réfuter.

1432. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Après tout, la pire des choses pour un siècle et pour un roi si admirés étant d’être et de devenir ennuyeux à la longue aux yeux de la postérité, Saint-Simon a paré à cet inconvénient-là par sa baguette d’Asmodée.

1433. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

on le lit, on l’étudie, on l’admire ; on le loue précisément à cause de cette manière un peu marquée et appliquée, qui faisait question en son temps, qui semblait trop forte, qui n’est que suffisante aujourd’hui : il en demeure le premier modèle.

1434. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Voltaire, de son côté, prenait acte de l’admiration des bourgeois de Paris, lorsque dans une pièce, assez faible d’ailleurs, sur les événements de l’année 1744, il s’écriait : L’Ombre du grand Condé, l’Ombre du grand Louis, Dans les champs de la Flandre ont reconnu leurs fils, L’envie alors se tait, la médisance admire.

1435. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

1837 On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, de poésie populaire ; on en a remis en honneur le règne et la floraison, trop oubliés jusqu’alors, et qui avaient orné un certain âge adolescent de la vie des nations ; on est même allé jusqu’à se figurer un temps privilégié où la poésie circulait comme dans l’air, où chacun plus ou moins y participait, et où l’œuvre admirée se formait du génie de tous.

1436. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Je conçois, Messieurs (et d’assez beaux noms autour de moi me le disent), que le divorce entre les différentes applications de la pensée ait cessé de nos jours, qu’un noble esprit habitué à tenter les hautes sphères, à parcourir la région des idées en tous les sens, ne se croie pas tenu à circonscrire son activité sur tel ou tel théâtre, qu’il ne renonce pas à sa part de citoyen, à faire peser ou briller sa parole dans les délibérations publiques, à compter dans l’État ; — je conçois, Messieurs, et même j’admire un tel rôle ; mais ce n’en est pas moins un aimable contraste que cette modération de désirs et, si l’on veut, d’idées, chez un homme aussi distingué, aussi désigné, et qui pouvait espérer beaucoup.

1437. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Vous savez que c’est un des plus honnêtes garçons qu’on puisse voir, et propre aux galères comme à prendre la lune avec les dents. » Le style de Mme de Sévigné a été si souvent et si spirituellement jugé, analysé, admiré, qu’il serait difficile aujourd’hui de trouver un éloge à la fois nouveau et convenable à lui appliquer ; et, d’autre part, nous ne nous sentons disposé nullement à rajeunir le lieu-commun par des chicanes et des critiques.

1438. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Ainsi l’on pouvoit voir en ces trois serviteurs de Dieu trois différents mouvements : en l’un la crainte du châtiment, en l’autre l’espoir de la recompense, et dans le dernier le désintéressement et la tendresse d’un parfait amour. » Et n’admirez-vous pas comment l’esprit chrétien se maintient fidèle, en ceux qui l’ont, à travers les siècles, et arrive à peu près dans le vieil abbé du Sinaï ou dans la grande dame de nos jours aux mêmes distinctions morales et aux mêmes éclaircissements ?

1439. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Les peuples corrompus veulent des crimes politiques admirés et justifiés, comme ils le sont dans l’histoire de Machiavel.

1440. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

S’inspirant des drames anglais, dont le pathétique intense et la violence d’action le frappaient488, il professe que Molière et Racine, qu’il admire fort, ont pourtant laissé presque tout à faire.

1441. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Jean Paul est surtout pour eux l’idéal de la simplicité unie à la grandeur ; ils admirent en lui une vigueur, une élévation de génie peu communes, jointes à une pureté, à une bonté de cœur singulières.

1442. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Du vivant de Napoléon, l’action couvrait tout ; on ne se doutait pas qu’il y aurait là, plus tard, matière à admirer la parole même.

1443. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Il est assurément le prédicateur de nos jours qui, aux yeux de ceux qui observent et admirent plus encore qu’ils ne croient, se montre à la plus grande hauteur de talent.

1444. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Il voit son fils assis à un festin : il l’admire, il le compare, pour la force et la beauté, à sa propre race ; on dirait, à un moment, que le sang au-dedans va parler et lui crier : C’est lui !

1445. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

J’admire ma chatte qui va faire ses petits, et je suis éternellement votre fidèle esclave ; sans travailler, libre d’aller où je veux et n’allant nulle part.

1446. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

S’étant mise à étudier les mathématiques, d’abord avec Maupertuis, et ensuite plus à fond avec Clairaut, elle y fit des progrès remarquables et dépassa bientôt Voltaire, qui se contentait de l’admirer sans pouvoir la suivre.

1447. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Vauvenargues, sous une forme plus modeste, porte dans la morale quelque chose du génie vaste et conciliateur qu’on admire chez Leibniz, et que lui il n’a pas eu le temps de développer et d’étendre dans tout son jour.

1448. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

N’admirez-vous pas cette résistance respectueuse jusqu’en pleine fidélité ?

1449. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Elle avait besoin d’être singulièrement distinguée et admirée de ceux auprès de qui elle vivait, quels qu’ils fussent, et qu’on dît d’elle : C’est une personne unique.

1450. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Voltaire le plus souvent cédait et criait de sa place, en s’apercevant du changement : « Le petit a raison ; c’est mieux comme cela. » Tel il était jeune à Ferney près de Voltaire, tel près de Chateaubriand à la fin de sa carrière, quand il disait à l’auteur du Génie du christianisme : « Enfermez-vous avec moi pendant quelques matinées, et nous ôterons tous ces défauts qui les font crier, pour n’y laisser que les beautés qui les offensent. » Je tiens à bien marquer en La Harpe cette nature essentielle de critique qui, à travers tous ses écarts, est son titre respectable ; qui fait que Voltaire a pu l’appeler à un certain moment « un jeune homme plein de vertu » (ce que les Latins auraient appelé animosus infans), et qui fait aussi que Chateaubriand l’a défini, « somme toute, un esprit droit, éclairé, impartial au milieu de ses passions, capable de sentir le talent, de l’admirer, de pleurer à de beaux vers ou à une belle action ».

1451. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Je renvoie au tome IV de Saint-Simon ceux qui voudront admirer la présence d’esprit avec laquelle Mme des Ursins, ainsi rappelée à l’improviste et touchée de la foudre, ne se laissa déconcerter en rien, la tranquillité de sa démarche, l’art avec lequel elle ménagea sa retraite lentement, en bon ordre, ne lâchant le terrain que pied à pied, sans affecter pourtant de désobéir, et disposant dès lors ses mesures en cas de retour.

1452. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Mme des Ursins nous associe sans difficulté à ses sentiments et nous entraîne, tant que sa résistance à la paix semble chez elle l’inspiration directe, le cri du patriotisme et de l’honneur : on ne lui pardonne pas seulement cette opiniâtreté, on l’en admire ; mais, dès qu’on y soupçonne une ambition et une cupidité personnelle, l’impression devient toute contraire, et son rôle se gâte à nos yeux, Or, il est certain que, vers la fin de cette période sanglante et dans les négociations si lentes qui la terminèrent, elle fit tout pour obtenir des puissances contractantes une souveraineté en son nom dans les Pays-Bas ; le roi d’Espagne s’obstinait sur cette condition si peu convenable et si disproportionnée aux grands intérêts en litige, et il refusait de signer la paix avec la Hollande, si les Hollandais, non contents de mettre Mme des Ursins en possession de cette souveraineté, ne s’en faisaient, de plus, les garants vis-à-vis de l’empereur.

1453. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Avec le Consulat et l’Empire, la femme militaire paraît, celle qui aime franchement la gloire, qui l’admire et qui s’honore de la récompenser ; qui a les sentiments en dehors, la parure d’éclat, le front haut, les épaules éblouissantes, l’esprit (quand elle en a) franc, naturel et pas trop compliqué.

1454. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

MM. de La Fayette, d’Argenson et d’autres de la petite Église républicaine de la Restauration, eurent vers ce temps (1826) l’idée de fonder une Revue américaine, destinée à faire connaître et, s’il se pouvait, à faire admirer les républiques du nouveau continent, tant celles du Nord que celles du Sud et de l’Équateur.

1455. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Mais si, malgré la modération que nous nous étions imposée, il nous est échappé quelque expression qu’il désapprouve, nous le prions de nous la pardonner… Nous avons combattu ses idées, sans cesser d’admirer son style… Mirabeau était atteint ; il le désirait peut-être : il s’élança.

1456. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

César, Frédéric, Napoléon, ont mérité d’être pareillement loués et admirés pour la simplicité de leurs récits quand ils expliquent leurs opérations de guerre.

1457. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Ce sage monarque de la littérature, ce véritable empereur de la latinité à son époque, choisissant pour consoler Marguerite le moment où elle était sous le coup du désastre de Pavie, lui écrivait : Il y a longtemps que j’ai admiré et aimé en vous tant de dons éminents de Dieu, une prudence digne même d’un philosophe, la chasteté, la modération, la piété, une force d’âme invincible, et un merveilleux mépris de toutes les choses périssables.

1458. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

J’admirais l’adresse, la grâce, avec laquelle ces hommes jonglaient, dans le noir de la nuit tombante, avec les méandres du fer, avec les rubans de feu, passant du rouge à l’orangé, de l’orangé au cerise.

1459. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Orffyreus, qui aima mieux briser sa machine que d’en laisser voir le dedans au landgrave de Hesse, Orffyreus, si admiré de S’Gravesande, l’auteur du Matheseos universalis Elementa, ferait hausser les épaules à nos mécaniciens.

1460. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

La véneration qu’on a pour les anciens ne pourroit-elle pas en des temps plus éclairez que les temps qui ont bien voulu les admirer, se changer en une simple estime ?

1461. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

sur le Byron d’Aubryet et sur sa superbe notion de la supériorité poétique de l’Angleterre, qui est de la beauté la plus vraie et de la plus belle vérité… IX Dans les circonstances actuelles de la vie d’Aubryet, de telles pages, dignes d’être admirées en tout temps, deviennent prodigieuses.

1462. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

disait-on, et on admirait ce diable, qu’on croyait profond, de Mérimée.

1463. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

… Nous sommes peut-être une dizaine en France qui admirons ce grand esprit, inconnu pour trois ou quatre raisons suffisantes, justifiant très bien, du reste, sa majestueuse obscurité.

1464. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

L’auteur y oppose la révolution à la révolution, et lui met sur la gorge les témoignages écrits de ceux qui l’ont voulue et de ceux qui l’ont admirée.

1465. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Pitoyable Narcisse, qui s’ennuie de sa contemplation même et qui se fait pour s’amuser des grimaces dans la glace où il s’admire, le moi en a bientôt assez du moi !

1466. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Sergent respecté et admiré de tout le régiment pour sa bravoure et son esprit complet de sacrifice. » (J.

1467. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

De Condillac, il passait à Descartes, à Leibnitz, Platon, Plotin lui-même, admirait M. 

1468. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Donc, déjà elle n’était point jolie ; mais elle avait onze ans ; on lui accorda le bénéfice de l’âge ingrat ; on admira ses yeux et son teint et l’on se dit que le reste s’arrangerait. […] Elle admire en artiste le pays qui est original et elle est admirée, avec un mélange d’inquiétude, par tous ceux qui lui sont présentés. Un surtout — vous l’attendiez — M. de Prédern, l’admire avec un trouble profond. […] Tarde et de sa hâte à écrire et à publier un livre qui lui paraît utile et qui l’est en effet, je n’ai qu’à admirer cet ouvrage si plein d’informations, si plein d’idées et si inspirateur. […] Tarde ait pris pour y arriver, je n’ai rien à dire, si ce n’est que je les admire et que j’y adhère de tout mon cœur.

1469. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Jean les recomptait encore, les touchait, les admirait, cherchant maintenant du regard un endroit où les dissimuler et ne trouvant aucune cachette plus sure que sa poitrine. […] Jamais je n’admirai rien de si héroïque, et David ayant tué Goliath ne dut pas avoir l’air plus enivré de triomphe. […] Mme Monach admirait avec orgueil cette foule qui était venue chez elle, en somme. […] Les femmes, ou bien se récriaient et l’admiraient de toute leur force, ou bien ne lui accordaient rien. […] — Que vous fûtes belle, lui dis-je un jour, Madame, et combien admirée !

1470. (1886) Le roman russe pp. -351

Ils professent un beau mépris pour l’auteur bourgeois qui s’inquiète d’enseigner ou de consoler les hommes, et ils consentent à faire la roue devant la foule, à cette seule fin de lui faire admirer leur adresse ; ils se vantent de n’avoir rien à lui dire au lieu de s’en excuser. […] Je comprends et partage le plaisir qu’on trouve aujourd’hui à relire la Chartreuse ; j’admire la finesse de l’observation, le mordant de la satire, la désinvolture du badinage : sont-ce là des vertus en honneur dans le réalisme actuel ? […] Mérimée a révélé à la France le nom de Gogol, il a dit, avec la sagacité habituelle de son jugement, ce qu’il fallait admirer dans le premier des prosateurs russes. […] Tous deux admirent et sentent la nature ; mais pour le premier de ces artistes, c’est un modèle qui pose devant le chevalet et dont on choisit certaines attitudes ; pour le second, le modèle est devenu une maîtresse despotique, dont on exécute humblement toutes les fantaisies. […] Par cela même qu’un homme est né pour les lettres et qu’il en a l’amour, il s’attache aux doctrines régnantes à l’aurore de sa jeunesse ; les premiers chefs-d’œuvre qu’il a admirés lui sont sacrés.

1471. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

C’est ce moment que Byron choisit pour louer Voltaire et Rousseau, admirer Napoléon1250, s’avouer sceptique, réclamer pour la nature et le plaisir contre le cant et la règle, dire que la haute société anglaise, toute débauchée et hypocrite, fabrique des phrases et fait tuer des hommes pour garder ses sinécures et ses bourgs pourris. […] Il en a employé les ressorts moteurs à sa façon, pour son but propre, de sorte qu’aucun d’eux ne reste le même, et c’est pour cette raison surtout que je ne saurais trop admirer son génie. » En effet, l’œuvre était originale. « Je n’ai jamais lu le Faust de Gœthe, écrivait Byron, car je ne sais pas l’allemand ; mais Matthew Monk Lewis, en 1816, à Coligny, m’en traduisit la plus grande partie de vive voix, et naturellement j’en fus très-frappé. […] I am a great reader and admirer of those books (the Bible) and had read them through and through before I was eight years old. —  That is to say the Old Testament, for the New struck me as a task, but the other as a pleasure.

1472. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Dans cette lettre, il dit à son ami Le Vasseur qu’il vient de lire toute la Callipédie, et qu’il l’a admirée tout entière. […] Au surplus, tous l’admirent, même ceux qui le haïssent. […] Elle invective le vainqueur, mais courtoisement, et sans pouvoir se tenir de l’admirer. […] Ceux qui n’entreront pas assez dans les choses l’admireront, ceux qui veulent des beautés pleines y chercheront je ne sais quoi 5 qui les empêchera d’être tout à fait contents. […] Et la grosse Sévigné, après avoir assez vivement admiré Bajazet, n’osa plus le faire quand son odieuse fille l’en eut réprimandée.

1473. (1910) Rousseau contre Molière

Admirez le misanthrope, dit Fabre ; on n’est misanthrope que par amour de la vertu, et quand on aime la vertu on est stoïcien, sensible et toujours en train de sacrifier ses biens et sa vie à n’importe qui. […] Autant vaudrait dire que le public admire Tartuffe, que Tartuffe a l’intérêt, que Tartuffe est applaudi et que Tartuffe est l’honnête homme de la pièce, parce que le public rit d’Orgon. […] Il est parfaitement exact que Molière ne cherche pas autre chose ici qu’à ridiculiser un pauvre homme qui n’a pas grand’chose à se reprocher et qu’à faire admirer l’adresse et l’esprit d’invention d’une aimable femme adultère ; et par conséquent George Dandin est une assez mauvaise action. […] On le voit enfin sous les haillons du « pauvre » de Don Juan, et le pauvre de Don Juan est héroïque ; mais ici Molière n’a pas allumé sa lanterne et il est bien difficile de démêler s’il a présenté son pauvre pour faire admirer son héroïsme ou pour démontrer à quel point son héroïsme est stupide. […] Il faut donc que la jeune fille soit musicienne, chanteuse et danseuse dans la mesure où elle pourra plaire à son mari sans être admirée par les autres.

1474. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Ce sont figures individuelles et types tout ensemble, portraits construits sur des dessous solidement établis, traités dans une manière large et grasse qu’on ne saurait trop admirer. […] On en veut à l’auteur d’avoir été inégal à sa matière. — Or cette impuissance n’est que le rachat des mérites mêmes qu’on admire le plus chez M.  […] Ce paysage qu’il admire, quel beau décor ! […] Il va sans dire que Weiss admire comme il convient nos grands siècles littéraires ; il a une pleine intelligence de nos classiques. […] Il n’est pas. jusqu’au style de Dumas qu’il ne soit prêt à défendre et à admirer.

1475. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il emprunte le métier du maître qu’il admire le plus. […] Taine admirait tant, semble un tableau de nature morte. […] Asmus goûte et admire dans la fille de son hôtesse, c’est la jolie Française de la frontière, une créature d’une civilisation plus ancienne et plus complète que celle dont il est issu. […] Un élève de Vinci, Bernardino Luini, a peint une Hérodiade que nous avons au Louvre, symbole, admiré par Balzac, de la femme plus amère que la tombe, qui tue l’homme de pensée et se complaît à ce meurtre. […] Un préjugé assez répandu affirme que l’un diminue l’autre et qu’il ne faut pas connaître les écrivains dont on admire les œuvres.

1476. (1895) Hommes et livres

L’honnête maître d’école rêvait de voir son Félix aller à cheval par les rues, comme tous ces vénérés médecins, que l’enfant fut dressé tout petit à admirer et à envier. […] Il avait le goût des sciences naturelles, des collections, un herbier que Montaigne admira. […] Quand on songe à ce qu’étaient les érudits du vieux temps, à leurs polémiques plus injurieuses que celles des poètes et des théologiens, on admire Mabillon de n’avoir eu de dispute avec personne. […] Et je sais, du reste, que la partie cultivée et lettrée de ce public, les honnêtes gens, le beau monde, ont toujours été au fond très « modernes » et tinrent pour Perrault, précisément parce qu’ils admiraient Boileau et Racine. […] Mais ce domaine est trop vaste : il faut opter entre le réel sensible et le vrai intime ; on ne peut à la fois montrer le dehors et le dedans : si l’on veut faire admirer les délicatesses de l’épiderme, il faut renoncer à disséquer le sujet.

1477. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Admirons ici le courage de M.  […] Mais, justement, c’est elle qu’il faut que l’on néglige, pour ne retenir que les épisodes qui la diversifient ; et c’est alors que l’on admire la richesse, la fécondité, la subtilité d’invention et d’observation de d’Urfé. […] Nul plus que lui n’admire Corneille ou Racine, mais, dans ce progrès universel des arts et des sciences, il ne peut s’empêcher de croire que ses tragédies, à lui, sa Zaïre et sa Mérope, valent mieux que les leurs, ont quelque chose au moins d’autre et de plus que le Cid, que Cinna, qu’Iphigénie, qu’Athalie. […] Nous sommes bien aises d’y voir tous ceux qui travaillent à corriger en eux la nature, tomber, comme Orgon et sa mère, dans le ridicule ou dans la sottise ; et, inversement, nous admirons dans l’honnêteté d’Elmire ou dans le bon sens de Dorine la beauté de notre indifférence.

1478. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Le plus froid de tous, Johnson, se contente de dire : « Plusieurs passages de cette tragédie méritent d’être remarqués, et on y a généralement admiré la querelle et la réconciliation de Brutus et de Cassius ; mais jamais en la lisant je ne me suis senti fortement agité, et en la comparant à quelques autres ouvrages de Shakespeare, il me semble qu’on la peut trouver assez froide et peu propre à émouvoir. » C’est adopter un principe de critique entièrement faux que de juger Shakespeare d’après lui-même, et de comparer les impressions qu’il a pu produire, dans un genre et dans un sujet donnés, avec celles qu’il produira dans un autre sujet et un autre genre, comme s’il ne possédait qu’un mérite spécial et singulier qu’il fût tenu de déployer dans chaque occasion, et qui restât le titre unique de sa gloire. […] Bénédick était un des rôles favoris de Garrick, qui y faisait admirer toute la souplesse de son talent. […] Mais l’intrigue occupe constamment la curiosité, on doit y admirer une foule de pensées poétiquement exprimées, et plusieurs scènes excellentes. […] Malgré cette confusion de temps, de noms et de mœurs ; malgré l’invraisemblance de la fable et l’absurdité du plan, Cymbeline est une des tragédies les plus admirées de Shakspeare. […] Peut-être en doit-on admirer davantage le génie qui a su se tracer sa route dans ce chaos, et diriger à travers ce labyrinthe un fil qui ne s’interrompt et ne se perd jamais.

1479. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Tandis qu’ils chevauchaient de l’Osterfranken vers le Swanevelt, on pouvait les admirer pour leur superbe allure, ces héros dignes de louange. […] Maint brave guerrier parmi les Hiunen admirait la prestance et l’armure d’Hagene de Troneje.

1480. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

, La Patrie (24 mars) : M. de Thémines : Rassurez-vous ; je ne vous parlerai pas des Maîtres Chanteurs, poème et musique de Richard Wagner… M. de Thémines, qui « admire, tout autant que le fait le plus acharné et le plus convaincu wagnérien, la partie symphonique des œuvres du grand pontife », ne peut comprendre que Richard Wagner n’ait point voulu écrire des cavatines pour « des voix comme celles de la Patti ou de Faure, de Krauss ou de Richard, de Lassalle ou de Talazac. » … Si par malheur et par impossible, on donnait les Maîtres Chanteurs à Paris, j’en parlerais — contraint et forcé. […] Quant à l’orchestre, on ne peut qu’admirer ses progrès et louer la clarté avec laquelle se dégage à présent le chant sublime dont il est l’organe principal dans l’œuvre de Wagner.

1481. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Et puisque la possession d’une automobile est aujourd’hui pour tant d’hommes l’ambition suprême, reconnaissons les services incomparables que rend l’automobile, admirons cette merveille de mécanique, souhaitons qu’elle se multiplie et se répande partout où l’on a besoin d’elle, mais disons-nous que, pour le simple agrément ou pour le plaisir de faire du luxe, elle pourrait ne plus être si désirée dans peu de temps d’ici, — sans toutefois être délaissée, nous l’espérons bien, comme le sont aujourd’hui le girofle et la cannelle. […] Dans une oeuvre dont on ne saurait trop admirer la profondeur et la force, M. 

1482. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

On sait les beaux vers de Virgile (églogue V) sur la mort de Daphnis : « Daphnis, est-il dit, tout éblouissant de lumière, admire le seuil inaccoutumé de l’Olympe, et voit sous ses pieds les nuées et les étoiles. » Cette consolation est celle qu’on aime toujours à donner aux vivants en deuil lors de la séparation et du départ d’une âme élevée et céleste.

1483. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme.

1484. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

On le voit, si une idée auguste et grandiose préside à l’inspiration de Gibbon, l’intention épigrammatique est à côté : il conçoit l’ancien ordre romain, il le révère, il l’admire ; mais cet ordre non moins merveilleux qui lui a succédé avec les siècles, ce pouvoir spirituel ininterrompu des vieillards et des pontifes, cette politique qui sut être tour à tour intrépide, impérieuse et superbe, et le plus souvent prudente, il ne lui rendra pas justice, il n’y entrera pas : et de temps en temps, dans la continuité de sa grave Histoire, on croira entendre revenir comme par contraste ce chant de vêpres du premier jour, cette impression dénigrante qu’il ramènera à la sourdine.

1485. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Nous avons pu admirer l’héroïsme plein à la fois d’éclat et de douceur de saint Louis ; nous aimons aussi, sinon tout à fait l’héroïsme, du moins le courage plein de naturel et de bonhomie de l’aimable Joinville.

1486. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Parlant de l’impression que cause sur place la vue du Forum contemplé du haut des ruines du Colisée, et se laissant aller un moment à son enthousiasme romain, il craint d’en avoir trop dit et de s’être compromis auprès des lecteurs parisiens : « Je ne parle pas, dit-il, du vulgaire né pour admirer le pathos de Corinne ; les gens un peu délicats ont ce malheur bien grand au xixe  siècle : quand ils aperçoivent de l’exagération, leur âme n’est plus disposée qu’à inventer de l’ironie. » Ainsi, de ce qu’il y a de la déclamation voisine de l’éloquence, Beyle se jettera dans le contraire ; il ira à mépriser Bossuet et ce qu’il appelle ses phrases.

1487. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru, dans des vers sympathiques, d’une cordialité respectueuse, et où un léger blâme assaisonnait une grande louange, se faisait l’organe du sentiment de tous à l’égard d’un poète aimé et admiré.

1488. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Le ver, avant pris garde à son intention, le harangua ainsi très éloquemment : « Si vous admiriez ma lampe, lui dit-il, autant que moi votre art, ô ménestrel, vous auriez horreur de me faire du mal autant que moi d’attenter à votre chanson ; car c’est la même puissance divine qui nous a appris, vous à chanter et moi à briller, afin que vous avec votre musique, moi avec ma lumière, nous puissions embellir et réjouir la nuit. » Le chanteur entendit cette courte harangue, et, gazouillant son approbation, il le laissa, comme le dit mon histoire, et il alla trouver un souper quelque part ailleurs.

1489. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

À cela près, il déclarait admirer sincèrement l’auteur pour ses grâces d’esprit, et n’avoir voulu que noter quelques taches dans un beau corps.

1490. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Parmi ses neveux, il en avait un qu’il aimait, qu’il admirait presque en un âge encore tendre, et qu’il s’était accoutumé à considérer comme son propre enfant : c’était un prince Henri aussi, le second fils de ce prince Guillaume qu’on a vu mourir après sa disgrâce.

1491. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Une telle manière de sentir vaut mieux et honore plus les grandes dames sensées de l’ancien régime que les impertinences que leur prête M. de Courchamps, et que notre âge, envieux à la fois et copiste des aristocraties, est trop disposé à admirer.

1492. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Mirabeau, à l’origine, admire plus Vauvenargues qu’il ne le connaît, et il se le figure plus philosophe ou moins ambitieux qu’il ne l’est en réalité : il lui fait part de ses sentiments tumultueux en ces années où il hésite encore entre plusieurs carrières, et il paraît envier de loin sa tranquillité d’âme, les jours où il ne la stimule pas : L’ambition, lui dit-il, me dévore, mais d’une façon singulière : ce n’est pas les honneurs que j’ambitionne, ni l’argent, ou les bienfaits, mais un nom, et enfin d’être quelqu’un ; pour cela, il faut être dans un poste.

1493. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

» et la pensée admirée serait non de Frédéric, mais de La Beaumelle.

1494. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Je ne puis qu’admirer la patience, le soin, l’industrie, le bel ordre qu’il a mis dans le rassemblement et la distribution de ces pièces innombrables dont il discernait et goûtait les grandes et maîtresses parties, et dont il sentait aussi l’utilité continuelle pour l’éclaircissement de l’histoire.

1495. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Il eut le temps de prendre quelques habitudes de province, au moins dans le goût ; il admirera jusqu’à la fin Mlle de Scudéry, il sera son soupirant idolâtre.

1496. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Elle avait été la première à lui écrire en 1761 ; elle lui avait adressé à Édimbourg une de ces lettres de déclaration et d’admiration comme les gens de lettres célèbres commençaient à en recevoir alors ; elle savait l’anglais, elle avait lu dans le texte l’Histoire de la Maison de Stuart ; elle admirait cela avec autant d’enthousiasme qu’une femme de nos jours, du temps de notre jeunesse, pouvait en avoir pour Lamartine ou pour Byron.

1497. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Quand il fit volte-face et qu’il changea subitement de sentiments et de parti, il erra au hasard d’abord, de manière à faire peine et pitié même à quelques-uns de ceux dont il se trouvait devenu l’allié et qui admiraient le plus sa vigueur et sa portée d’intelligence.

1498. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Révilliod n’est pas un éditeur, c’est un ami des lettres, libéral et généreux, qui ne se fit éditeur, cette fois, que pour avoir le droit de mettre un prix aux Poésies posthumes d’une muse qu’il respectait et admirait.

1499. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — M. de Sénancour, en 1832 »

Cela est assez vrai et le sera de plus en plus, j’espère ; pourtant, jusqu’ici, il y aurait lieu de soutenir, sans trop d’injustice, que cette fièvre de publicité, cette divulgation étourdissante, a eu surtout pour effet de fatiguer le talent, en l’exposant à l’aveugle curée des admirateurs, en le sollicitant à créer hors de saison, et qu’elle a multiplié, en les hâtant, l’essaim des médiocrités éphémères, tandis qu’on n’y a pas gagné toujours de découvrir et d’admirer sous leur aspect favorable certains génies méconnus. 

1500. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Chaque jour je m’attache davantage à lui ; chaque jour je vois s’effacer en lui les petites choses qui me faisaient souffrir ; chaque jour je vois luire et briller les belles choses que j’admirais.

1501. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

On ne saurait assez admirer vraiment le train singulier des esprits et le va-et-vient des opinions en ce capricieux et toujours gai pays de France.

1502. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

J’ignore s’il est quelqu’un de nos amis qui ait su garder, à travers les épreuves diverses, cette fleur de libéralisme primitif, de libéralisme pour ainsi dire platonique et en dehors de toute action, et cette tendresse extrême de conscience qui ne souffre examen ni doute à l’endroit des anciennes idoles ; s’il en est de tels, je les admire et je les envie.

1503. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Dans ces pages que les yeux contemporains, atteints du même mal et épris de la même couleur jaunissante, admirent comme également belles, et qu’une sorte d’unanimité complaisante proclame, le temps, d’une aile humide, flétrit vite ce qui doit passer, et laisse, au plein milieu des objets décrits, de grandes plaques injurieuses qui font mieux ressortir l’inaltérable du petit nombre des couleurs légitimes et respectées.

1504. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

On n’est donc curieux que des ouvrages qui peignent les caractères, qui les mettent en action de quelque manière, et l’on n’admire que les écrits qui développent dans notre cœur la puissance de l’exaltation.

1505. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il a admiré les exemples d’énergie, de fierté qu’ont donnés les stoïciens de Rome sous les mauvais empereurs.

1506. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

On arrive enfin à Saragosse, à ce siège unique, effroyable, qu’on est bien forcé d’admirer au milieu de l’horreur, et qui restera comme le plus fameux exemple de la résistance patriotique en face d’une invasion étrangère : Rien dans l’histoire moderne, dit M. 

1507. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Après le premier sentiment d’intérêt et d’admiration pour cette jeune, simple et généreuse victime, on sent le besoin, afin même de mieux l’admirer, de se l’expliquer tout entière, de se rendre parfaitement compte et de sa sincérité et des mobiles qui la faisaient agir, du genre de foi qu’elle y attachait ; et la pensée va encore au-delà, elle va jusqu’à s’enquérir de ce qu’il pouvait y avoir de réel dans le fond de son inspiration même.

1508. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Bazin qui rentrent dans les mêmes études du xviie  siècle ; il s’était fort occupé de Saint-Simon et de Mme de Sévigné, laquelle il admirait comme écrivain par-dessus tout.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Diderot, qui hantait les ateliers, arrive dans celui de David : il voit un tableau que le peintre achevait ; il l’admire, il l’explique, il y voit des pensées, des intentions grandioses.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Mme Du Deffand a peint cette même gracieuse personne quelques années plus tard (20 février 1767) : La petite Lauzun arriva… La petite femme est un petit oiseau qui n’a encore appris aucun des airs qu’on lui siffle ; elle fait de petits sons qui n’aboutissent à rien ; mais, comme son plumage est joli, on l’admire, on la loue sans cesse ; sa timidité plaît, son petit air effarouché intéresse.

1511. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

On admira, on se récria.

1512. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Elle était adroite, et ses belles mains en cet emploi faisaient admirer toutes leurs perfections.

1513. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Pour donner idée de Colbert, il croyait nécessaire de tracer auparavant l’idéal d’un administrateur des finances, et il amenait cette sorte de description générale et abstraite, à l’aide d’une raison des plus subtiles : Pour faire admirer un grand ministre, quelque supérieur qu’il soit, il faut encore user d’adresse avec la faiblesse et la malice humaines ; il faut peut-être présenter ses qualités séparées de son nom et de sa personne ; car les plus grandes perfections cessent de nous étonner quand nous les contemplons dans un homme : le rapport physique que nous nous sentons avec lui détruit notre respect, et nous ne croyons point à la grandeur de ce qui nous ressemble.

1514. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Cette modestie chez Frédéric est sincère ; on sent qu’il rougit, en effet, d’être si loué, si admiré par son ami ; il se rabat toujours, en lui parlant, à n’être qu’un individu marqué au coin de la plus commune humanité, digne de lui pourtant par le cœur, et capable d’apprécier un ami « qui fait revivre les temps sacrés d’Oreste et de Pylade, du bon Pirithoüs, du tendre Nisus… » À la manière et à l’accent dont tout cela est dit, on ne peut supposer que ce soient des lieux communs.

1515. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Tout ce côté élevé d’avenir ou de passé religieux et monarchique que Fontanes appréciait et admirait dans son ami Chateaubriand, n’allait point à Arnault qui prenait les choses de plus près, plus à bout portant, et en bourgeois de Paris qui gardait de la Fronde même sous l’Empire.

1516. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

C’est en partie d’après cette esthétique que sont écrits les Martyrs, cette œuvre tant admirée par Flaubert et vieillie un peu vite.

1517. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Il n’y a pas d’analyste plus profond des ravages et des périls de l’amour que l’auteur de Fumée et Eaux printanières ; il n’y eu a pas qui sache mieux toutes les nuances de dégradation par où passent les âmes faibles, intelligentes et lasses de ces infamies de la vie spirituelle, les ratés ; ses âmes féminines, avec leurs bontés d’enfants et leurs vues de captives, leurs variations, leurs perfidies, leurs candeurs et leurs infinies douleurs, sont pénétrées et décrites par Tourguénef avec un charme, une intimité qu’on ne se lasse ni de goûter ni d’admirer.

1518. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Eh bien, le poëte belluaire, que vous admirez dans Orphée, reconnaissez-le dans Juvénal.

1519. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Par exemple, j’admirerai et défendrai sans réserves la théorie des idées de Platon, les preuves de l’existence de Dieu données par Descartes, etc. ; mais si j’appliquais à ces principes le même genre de critique impitoyable que je dirige contre la sensation transformée ou l’impersonnalité de Dieu, qui me prouve que même ces grands principes resteraient encore debout ?

1520. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

car l’incognito du talent est impossible, et le voile qu’elle avait mis sur le sien a été levé… Mme de Gasparin est une chrétienne qui n’écrit que pour des chrétiens, et ce n’est pas moins pour tout le monde, car son livre est bien capable d’en faire naître ; mais n’y eût-il dans ce livre divinisé par le sentiment chrétien que l’imagination humaine où il y a le génie des plus saintes croyances, qu’il faudrait admirer encore le poëme touchant et sublime que l’imagination aurait composé avec les idées de la foi !

1521. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Et alors il est beau, comme le Romulus nu de David dans Les Sabines, de la seule beauté de la pensée… De tous les Rivarols qui faisaient de Rivarol une gerbe de tant de couleurs différentes, c’est ce Rivarol-là que M. de Lescure a plus spécialement voulu nous faire admirer dans son édition, manifestement plus historique que littéraire· C’est le Rivarol très mâle au fond, sous son luxe de Sardanapale, qu’il savait grandement brûler comme Sardanapale brûle le sien, non pas quand il fallait mourir, mais quand il s’agissait d’écrire l’histoire.

1522. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Mais pour l’admirer comme il convient, il faut en comprendre la très profonde et très particulière beauté.

1523. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

il est à la peine, ce vaillant, nous n’allons pas lui chicaner son droit de prendre son réconfort où il le trouve ; admirons plutôt qu’il se crée de la volupté, là où tant d’autres gémiraient.

1524. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Mais plus que cette ingéniosité et plus que cette pénétration, plus que votre infatigable persévérance, j’admire le courage qu’il vous a fallu, dans les premières années surtout, pour lutter contre les préventions d’une bonne partie du public et pour braver la raillerie, qui fait peur aux plus vaillants.

1525. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Cousin, chargé d’années et de gloire, dernier père de l’Église, successeur admiré de Bossuet.

1526. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Les frères d’Eschyle, les deux guerriers dignes de son nom par leur courage, comme son courage à lui-même était digne de son génie, le pressaient un jour d’écrire un hymne à l’honneur d’Apollon ; il leur répondit « que la chose était faite dès longtemps, et pour le mieux, par le poëte Tynnichos ; que si à l’œuvre de celui-ci il opposait maintenant une œuvre nouvelle et sienne, elle aurait même fortune que les statues récentes des dieux, en présence de leurs statues antiques : c’est-à-dire que celles-là, rudes et simples, sont réputées divines, et que les autres, plus jeunes et travaillées avec plus d’art, sont admirées, mais qu’elles ont moins du dieu en elles. » Devant Eschyle, son ancien de si peu d’années, Pindare dut raisonner de même ; et, content de sa gloire lyrique renouvelée sous tant de formes, liée à tant de faits royaux et domestiques, il n’avait pas à essayer cette autre gloire du théâtre élevée si haut dans Athènes.

1527. (1902) Propos littéraires. Première série

Ils ont admiré jusqu’à l’enthousiasme le talent de leur professeur ; mais ils se moquent du kantisme à vingt-cinq ans, avec très peu d’intelligence, mais une très forte conviction négative. […] Dans Napoléon ils admirent et embrassent « le professeur d’énergie », ce qui n’est pas très juste, car Napoléon est un exemple d’énergie, je ne songe pas à le nier, mais non un professeur d’énergie. […] Et ici, en homme qui a commencé par être un étudiant en droit admiré, je m’en souviens, de ses professeurs, M.  […] On voit assez qu’il n’est que le développement de cette idée de tous les moralistes : « L’art est inutile, à moins qu’il ne renonce à son objet, et qu’il ne devienne une simple dépendance de la morale et un simple moyen à son service. » C’est exactement ce que disait le moraliste Pascal quand il écrivait : « Quelle vanité que la peinture, qu’un art qui prétend nous faire admirer des imitations dont on n’admire pas les originaux !  […] Nous admirons l’harmonie des couleurs ou l’élégance des lignes ; mais sans nous inquiéter de distinguer la moisson de blé du champ d’avoine, ni les chiens des moutons qu’ils gardent.

1528. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Celle-ci, notamment la jeunesse impressionnable et facile à l’enthousiasme pour tout ce qui est étrange et semble nouveau, doit donc être avertie et éclairée sur la nature réelle des créations aveuglément admirées. […] A la foule, au contraire, qui les admire et jure par eux, qui imite les modes qu’ils ont imaginées et se plaît aux étrangetés décrites dans le chapitre précédent, s’applique avant tout le second des diagnostics établis plus haut : chez elle nous avons principalement affaire à l’hystérie et à la neurasthénie. […] Le grand poète des symbolistes, leur modèle admiré, celui duquel ils ont reçu, de leur aveu unanime, la plus forte impulsion, c’est Paul Verlaine. […] Les symbolistes admirent cette manifestation de l’imbécillité, en l’appelant « la recherche de l’épithète rare et précieuse ». […] Mallarmé est professeur d’anglais dans un lycée de Paris), et on l’admire comme un grand poète, comme le Poète, le seul, l’exclusif, et on accable de toutes les expressions de mépris qui s’offrent à l’imagination d’un aliéné en colère, les « sots », les « nigauds » qui rient de lui.

1529. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Bossuet reste pour nous un Père de l’ancienne Église, nous l’admirons dans le mystérieux édifice des temps écoulés. […] Les qualités de l’homme complètent chez Ballanche le génie de l’écrivain dans un type rare et digne autant d’être aimé que d’être admiré. […] L’homme de goût par excellence est celui qui n’a jamais rien admiré. […] À ceux donc qui admirent la force, abstraction faite de son but et de son principe moral, nous laissons le culte de César et de sa fortune. […] Sentir le beau, l’admirer, l’aimer, aspirer à lui et s’y dévouer, en un mot s’élancer vers Dieu par quelqu’une des énergies de notre âme, voilà le point de départ de la poésie.

1530. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Le courage était discret dans ce temps-là et parlait tout bas, alors même qu’il parlait avec fermeté, devant cette grande fortune que personne ne voulait ébranler, et ce génie que tout le monde admirait, tandis que les voix approbatrices étaient bruyantes. […] La pensée de cette note28, c’est qu’il faut que l’histoire de France soit écrite par un écrivain dévoué, qui envisage toute la suite de nos annales au point de vue d’unbonapartisme rétroactif, de telle sorte qu’au lieu d’apprécier les faits en eux-mêmes, l’historien subventionné ne soit préoccupé que de deux choses : faire désirer l’empereur avant son avènement, le faire admirer après. […] C’est la querelle des deux puissances, la puissance de l’esprit et celle du glaive ; or, l’empereur dont le sens était si droit, quand il n’était point faussé par une passion, avouait lui-même, dans ses heures d’épanchement, qu’à la fin la victoire demeure toujours à la première. — « Fontanes, disait-il un jour au grand maître de l’Université, savez-vous ce que j’admire le plus dans le monde ? […] On a dit de l’ancien régime que c’était le despotisme tempéré par une chanson ; assertion inexacte, car le pouvoir rencontrait chez nous bien d’autres tempéraments et bien d’autres barrières que Machiavel lui-même a admirés ; ce qui est vrai, c’est que la chanson peut devenir une puissance en France, et il était réservé à M. de Béranger de l’apprendre à ceux qui l’ignoraient. […] Votre dernier ouvrage n’est pas français. » Ainsi, il n’était pas permis, sous l’empire, d’admirer le génie littéraire de l’Allemagne, et de frayer avec ses grands écrivains59.

1531. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Toujours le modèle idéal exprime la situation réelle, et les créatures de l’imagination, comme les conceptions de l’esprit, ne font que manifester l’état de la société et le degré du bien-être ; il y a une correspondance fixe entre ce que l’homme admire et ce que l’homme est. […] Il en est ravi, il ne peut s’empêcher de regarder et d’admirer la charmante créature qui vient d’éclore ; il veut la voir encore, en voir de pareilles, et ne songe point à autre chose. […] Chaque objet ainsi pensé et imaginé acquiert l’être définitif en acquérant la forme vraie ; après des siècles, on le reconnaîtra, on l’admirera, on sera touché par lui ; bien plus, on sera touché par son auteur. […] Les yeux restent attachés sur la nature, non plus pour l’admirer, mais pour la comprendre. […] he that shall but see that geometrical tower of Garizenda at Bologna in Italy, the steeple and clock at Strasburgh, will admire the effects of art, or that engine of Archimedes to remove the earth itself, if he had but a place to fasten his instrument ?

1532. (1925) Dissociations

On peut admirer ou ne pas admirer, mais il faut en tout cas renoncer à comprendre. […] Ce n’est que vers 1889 qu’elle commença à devenir à la fois une voie commerçante et une voie commerciale et cela fut dû principalement aux étrangers et aux provinciaux qui affluèrent cette année-là et qui venaient admirer l’Opéra de Garnier, auquel les Parisiens furent très longtemps à s’habituer.

1533. (1896) Le livre des masques

Verhaeren est le moins complaisant à se laisser admirer. […] Comment peut-il se faire, en effet, qu’un jeune poète admire « exclusivement et successivement » trois « maîtres » aussi divers que ces deux-là et M.  […] Donc, par scrupule, beaucoup se turent, — mais je vote ici, disant ; Aimant et admirant beaucoup Stéphane Mallarmé, je ne vois pas que la mort de Verlaine me soit une occasion décente d’aimer et d’admirer aujourd’hui plus haut qu’hier.

1534. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Rassemblez ces traits de vertu, d’humanité, d’amour du bien général, épars dans vos ouvrages, et composez-en un tout qui fasse aimer votre âme autant qu’on admire votre esprit.

1535. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — II. (Fin.) » pp. 109-130

[NdA] Il avait dit aux femmes de son temps bien des impertinences en effet et aussi des vérités ; il les avait montrées plus faciles à séduire par l’éclat et la vanité, que par le sentiment ou même les sens ; il avait dit par exemple : Louez, admirez, soyez étonné, en extase, ne craignez pas d’outrer les flatteries, l’enthousiasme auprès des femmes ; faites croire, si vous pouvez, à celle que vous voulez séduire qu’elle est une substance particulière plus près de l’ange que de la femme : vous serez cru ; que dis-je ?

1536. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il n’admirait point alors Shakspeare, — pas plus Shakspeare que Paul de Kock, je vous jure, — et il se souciait très-peu de Phidias.

1537. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

— Je n’avais pas assez de temps pour l’employer A compasser des mots : — adorer mon idole, La parer, admirer sa chevelure folle, Mer d’ébène où ma main aimait à se noyer ; L’entendre respirer, la voir vivre, sourire Quand elle souriait, m’enivrer d’elle, lire Ses désirs dans ses yeux ; sur son front endormi Guetter ses rêves, boire à sa bouche de rose Son souffle en un baiser, — je ne fis autre chose Pendant quatre mois et demi.

1538. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

. — Il y a des esprits qui ne peuvent admettre et admirer les autres qu’en les tirant à soi.

1539. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Elle s’est démêlée de tout ceci avec toute l’adresse imaginable ; je n’ai su que l’admirer.

1540. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

» Et qui a connu Mme Valmore en ces longues années d’épreuves, qui l’a visitée dans ces humbles et étroits logements où elle avait tant de peine à rassembler ses débris, qui l’y a vue polie, aisée, accueillante, hospitalière même, donnant à tout un air de propreté et d’art, cachant ses pleurs sous une grâce naturelle et y mêlant des éclairs de gaieté, brave et vaillante nature entre les plus délicates et les plus sensitives, qui l’a vue ainsi et qui lira ce qui précède se prendra encore plus à l’admirer et à l’aimer.

1541. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Si, par hasard, un de ces aimables ou doctes écrivains me tombe sous la patte, je feuillette et admire, mais je le referme aussitôt, pour ne pas me laisser entraîner à une déviation de mes ennuyeux travaux.

1542. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Si, en effet, Lamartine resta tout à fait étranger au travail de style et d’art qui préoccupait alors quelques poëtes, il ne restait nullement insensible aux prodigieux résultats qu’il en admirait chez son jeune et constant ami, Victor Hugo ; son génie facile saisit à l’instant même plusieurs secrets que sa négligence avait ignorés jusque-là.

1543. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Il admire, comme on le peut penser, les ouvrages de son illustre frère, et, en toute tolérance, sans ombre de dogmatisme, il semble les adopter naturellement comme l’ordre d’idées le plus simple du monde ; il trouve que le plus beau livre du comte Joseph est celui de l’Église gallicane.

1544. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Allez aux grands noms, aux pics éclatants ; laissez ces bas-fonds et ces marnières. » Mais il ne s’agirait pas ici de réhabiliter des noms ; les noms en ce genre sont peu ; les hommes y sont médiocrement intéressants d’ordinaire, et même les personnes morales s’y trouvent le plus souvent gâtées et assez viles ; il s’agirait de relever des idées et de prendre les justes mesures des choses autour des œuvres qu’on admire.

1545. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

Et il arrivait que cette pensée, commençant par M. de Pontivy, n’aboutissait bientôt qu’à sentir et à admirer tout ce qu’avait de délicat la conduite de M. de Murçay, qui, l’aimant (elle n’en pouvait douter), agissait si sincèrement pour le retour et dans l’intérêt d’un rival.

1546. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Quelque aménité doit se trouver même dans la critique ; si elle en manque absolument, elle n’est plus littéraire… Où il n’y a aucune délicatesse, il n’y a point de littérature. » A aucune en particulier, mais à toutes en général, ce qui ne peut, certes, blesser personne, dans ce sexe plus ou moins émancipé : « Il est un besoin d’admirer, ordinaire à certaines femmes dans les siècles lettrés, et qui est une altération du besoin d’aimer. » Et ces pensées qui semblent dater de ce matin, étaient écrites il y a quinze ans au moins, avant 1824, époque où mourait M. 

1547. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Il nous est toutefois impossible de ne pas admirer la sagacité et presque la prophétie de Favier, quand il insiste sur les inconvénients constants de cette alliance autrichienne qu’on a vue depuis encore si fertile en erreurs et en déceptions : « Il faut, écrivait-il en faisant allusion au mariage du Dauphin (Louis XVI) et de Marie-Antoinette, il faut avoir peu de connaissance de l’histoire pour croire qu’on puisse en politique se reposer sur les assurances amicales qu’on se prodigue, ou au moment de la formation d’une alliance, ou à celui d’une union faite ou resserrée par des mariages.

1548. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Il s’admirait comme un géant au milieu de ces nains du peuple.

1549. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

n’en revenait-il pas toujours, pour faire admirer un passage de la Genèse, à « la douceur majestueuse des paroles », et ne demandait-il pas seulement, pour que tous les esprits en reconnussent la beauté, « une bouche qui les sût prononcer », et « des oreilles qui les sussent entendre » ?

1550. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

L’excellent sénéchal admire, aime de tout son cœur la grande perfection qu’il voit en Louis IX.

1551. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

A la cour, son luthéranisme ne l’avait pas discrédité : mais là il était plus facile de l’admirer que de l’imiter.

1552. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

La querelle des anciens et des modernes, dont nous parlerons en son temps, montra que l’accord n’était pas parfait entre l’auteur de l’Art poétique et le monde qui l’admirait.

1553. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

De fait, il a abdiqué les haines littéraires des romantiques : il admire jusqu’à Boileau, dont il ne souffre pas qu’on dise du mal, parce qu’enfin il a fait ce qu’il a voulu.

1554. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Je m’en sens si profondément incapable que je commence à admirer ceux qui ont cette puissance en eux.

1555. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Il lui restait en propre l’art avec lequel il avait su fondre ces éléments divers, en conservant la verve la plus franche, le trait le plus net et le style le plus vif qu’on eût jusqu’alors admirés sur la scène française.

1556. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Suard dit avec raison « qu’en lisant avec attention les Caractères de La Bruyère, il semble qu’on est moins frappé des pensées que du style, et que les tournures et les expressions paraissent avoir quelque chose de plus brillant, de plus fin, de plus inattendu, que le fond des choses mêmes. » Mais il a tort d’ajouter que c’est moins « l’homme de génie qu’on admire alors que le grand écrivain. » Qu’est-ce donc dans les lettres qu’un grand écrivain qui n’est pas un homme de génie ?

1557. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

« Un certain nombre de jeunes gens, las de lire toujours les mêmes tristes horreurs, dites naturalistes, appartenant d’ailleurs à une génération plus désabusée que toutes les précédentes, mais d’autant plus avide d’une littérature expressive, de ses aspirations vers un idéal, dès lors profond et sérieux, fait de souffrance très noble et de très hautes ambitions, — injustement, sans doute, un peu dépris de la sérénité parnassienne et de l’impassibilité pessimiste d’un Leconte de Lisle, d’ailleurs admiré, s’avisèrent un jour de lire mes vers, écrits pour la plupart en dehors de toute préoccupation d’école, comme je les sentais, douloureusement et joyeusement poétiques encore, et pleins, j’ose le dire, du souci de la langue bien parlée, vénérée comme on vénère les saints, mais voulue aussi exquise et forte que claire assez.

1558. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Son individualisme eut des individus successifs ; mais, pessimiste ou saturnien, mystique ou populaire, ce qu’avant tout on admire en lui c’est le don verlainien, et le don verlainien fut délicieux.

1559. (1890) L’avenir de la science « II »

Il y a en France des hommes qui admirent beaucoup l’établissement religieux de l’Angleterre, parce que c’est de tous le plus conservateur.

1560. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Tous admirent qu’elle puisse suffire à tant de soins dans une maison aussi désemparée.

1561. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

J’admirai la patience du roi et l’emportement de cette glorieuse.

1562. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Il admire et il vénère les Géants, les Titans, les Hécatonchires aux cent bras, tous ces révoltés des nuages et des volcans qu’on voit à l’œuvre, sous leur aspect cosmique, dans les chants védiques.

1563. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Sa narration est composée de telle sorte qu’elle le fait admirer de face, de profil, de trois quarts, sous tous les aspects.

1564. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet, que trop de savoir conduisait, comme il arrive souvent, à moins admirer, tout en reconnaissant dans ce passage le sublime de la chose racontée, se refusait à y voir, pour l’expression et même pour la pensée, rien de plus qu’une manière de dire, une tournure habituelle et presque nécessaire aux langues orientales, avec lesquelles il était si familier.

1565. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Ce n’est pas une guerre de détail que je viens faire à un poète que j’admire ; mais cette guerre, cet examen de détail, veuillez le remarquer, on n’en a fait grâce pourtant jusqu’ici à aucun des poètes modernes, excepté Béranger.

1566. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il paraît, au reste, reconnaître lui-même cette supériorité d’une nature riche et capricieuse, qui se produit chaque fois sous une forme toujours surprenante, toujours nouvelle : « Tu es ravissante, ma jeune danseuse, lui dit-il ; à chaque mouvement, tu nous jettes à l’improviste une couronne. » C’est qu’aussi elle le comprend si bien, elle sait si bien l’admirer !

1567. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Mlle de Launay, durant plus de quarante ans, demeura auprès de sa maîtresse, et elle a laissé des Mémoires piquants, qui sont depuis longtemps admirés pour la qualité du langage et l’agrément du récit.

1568. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Condorcet aimait et admirait Turgot, rien de mieux ; mais il abhorrait et détestait M. 

1569. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Ce n’est pas conçu d’un jet ; je puis admirer le métier , mais je ne vois pas l’œuvre.

1570. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Il n’y entrait que par désœuvrement d’abord, pour regarder et admirer comme d’autres curieux les merveilles d’architecture élégante et fine qu’offre cette jolie église : Et la rougeur au front je l’avouerai moi-même… Dans le temple au hasard j’aventurais mes pas, Et j’effleurais l’autel et je ne priais pas.

1571. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

On admire, en le lisant, à quel point il est homme à idées et à ressources ; il en a plutôt un trop grand nombre ; et si, au lieu de conseiller, il était mis en mesure d’agir, il aurait certainement à choisir et à élaguer.

1572. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

La plus haute de ces amitiés, et qui était pareille elle-même à un culte, fut celle qui l’attacha à M. de Buffon, qu’elle peut contribuer mieux que personne à nous faire connaître et apprécier par les côtés intimes et encore élevés, car elle n’est pas femme à entrer jamais dans rien de familier avec ce qu’elle admire.

1573. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On admirait surtout l’art avec lequel l’orateur avait su se tirer de l’endroit périlleux des Croisades : En lisant le Panégyrique de saint Louis, prononcé par M. 

1574. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Quoique je ne fusse pas de son avis, ajoute Bailly, j’admirai sa fermeté qui lui fit honneur à cet égard ; mais le mécontentement sur le fond de son opinion me fit préjuger qu’il ne serait pas député. » Bailly a-t-il bien eu lieu de se féliciter de l’être ?

1575. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

On lui voudrait un peu de ce sentiment qu’il simulait lorsqu’à un Arabe qui lui demandait pourquoi il était venu de si loin, il répondait : « Pour voir la terre et admirer les œuvres de Dieu. » Volney monte au sommet du Liban, d’où il jouit du spectacle des hautes montagnes : « Là, de toutes parts, dit-il, s’étend un horizon sans bornes ; là, par un temps clair, la vue s’égare et sur le désert qui confine au golfe Persique, et sur la mer qui baigne l’Europe : l’âme croit embrasser le monde. » Du haut de cette cime témoin de tant de grandes choses, et d’où l’esprit se porte en un clin d’œil d’Antioche à Jérusalem, quelles vont être ses pensées ?

1576. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Toute réussite pratique et toute œuvre admirée, toute gloire de tout ordre, littéraire, artistique, militaire, religieuse, politique, industrielle, comprend donc les mêmes éléments, le même accord entre esprits supérieurs et inférieurs : l’œuvre, l’entreprise, est d’abord une conception, résultant, de plus en plus profondément, de l’intelligence acquise et originelle de son auteur, de la constitution de son cerveau, de tout son corps, des influences obscures encore qui l’ont formé tel : elle est ensuite cette conception détachée pour ainsi dire de son auteur et y tenant, comme un germe issu d’un être, passée de ce cerveau à d’autres, où elle se répercute, se reproduit, renaît, redevient efficace et cause des actes ou des émotions analogues à ceux qui existent dans l’âme primitive : cette reproduction, son degré marquent la similitude entre l’âme réceptrice et l’âme émettrice, en vertu du fait que les phénomènes psychiques d’un individu forment une série cohérente, en vertu encore du fait qu’une conception suppose la coopération de toute une série de rouages mentaux et qu’ainsi le fait de partager pleinement une conception montre ta similitude de ces rouages.

1577. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Ces vues de Kant, renouvelées du stoïcisme, seront éternellement admirées, et représentent sans doute un des progrès les plus réels de la philosophie morale ; mais, tout en éclaircissant certains points, elles laissent planer sur beaucoup d’autres une très-grande obscurité.

1578. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Retté à Émile Zola, il a admiré des romantiques.

1579. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

“On ne peut assez admirer, dit l’Abbé Goujet, la complaisance que l’auteur a eu de s’humaniser avec le plus bas peuple, pour s’enrichir de ses façons de parler & de penser ; & d’employer ses veilles à puiser tout ce qu’il y a de plus libre dans les ouvrages qui sont réprouvés de quiconque n’a pas encore perdu toute pudeur.

1580. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Continuant de tourner dans le même sens une foule d’auditeurs hommes, femmes, enfants, assis, debout, prosternés, accroupis, agenouillés, faisant passer la même expression par toutes ses différentes nuances, depuis l’incertitude qui hésite, jusqu’à la persuasion qui admire ; depuis l’attention qui pèse, jusqu’à l’étonnement qui se trouble ; depuis la componction qui s’attendrit, jusqu’au repentir qui s’afflige.

1581. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Les auteurs latins sont remplis de ces phrases imitatives, qui ont été admirées et citées avec éloge par les écrivains du bon tems.

1582. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Plus préoccupé, comme critique, — et selon nous avec raison, — de la moralité des œuvres, de leur portée dans l’intelligence humaine et des épouvantables dangers qu’elles créent aux sociétés qui les admirent que de leur valeur esthétique, il se recommande et se distingue par cette noble préoccupation, devenue un peu trop la distraction de la Critique moderne, exclusivement attachée à l’autre côté des choses et ne voyant guère, comme on sait, que la question de la forme en littérature.

1583. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Dans ce Joseph Delorme que j’admire, parce qu’il y a assez de sincérité pour qu’on s’y moque du mensonge, il y a deux inspirations, l’une collective, imitative, compagnonne de toutes les poésies de 1830, poésie partagée, renvoi d’échos et de reflets, large réverbération, étincelante expression d’un temps ou les Partis (les Partis littéraires) prenaient les hommes et fondaient leur individualité dans la leur ; l’autre solitaire, isolée, personnelle, et celle-là, c’est la vraie, c’est celle-là qui a créé la poésie de Joseph Delorme.

1584. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

III Mais, à part ces défauts qui tiennent à l’incomplet de la notion chrétienne dans l’esprit du poète et au manque d’étendue de son cadre, il n’y a plus qu’à louer et à admirer dans le poème de M. 

1585. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Ce que nous admirons, à juste titre, chez le prêtre, c’est le reste d’humanité, qu’on n’a pu étouffer en lui ; tout ce qui est faux, difforme, odieux provient au contraire de son caractère sacerdotal.

1586. (1900) La culture des idées

Tout ce que l’on peut concéder à cette théorie, c’est qu’une œuvre originellement belle et d’une forme originale, si elle survit à son siècle, et plus, à sa langue, les hommes ne l’admirent plus que par imitation, sur l’injonction traditionnelle des éducateurs. […] Il y eut là, au seul point de vue intellectuel, un effort considérable d’abstraction qu’on ne peut s’empêcher d’admirer quand on regarde froidement fonctionner la machine cérébrale. […] Enfin, c’est partout une telle variété de formes qu’il y a plus de plaisir à lire sur le marbre que dans les parchemins, et que l’on passe plus volontiers les journées à admirer tant de beaux chefs d’œuvre qu’à étudier et à méditer la loi divine40. […] Plusieurs écrivains célèbres se vantent, dit-on, d’un tel chef-d’œuvre ; j’avoue qu’ils en approchèrent, mais pas au point que je les admire sans réserve ; il leur manque d’avoir évité la vulgarité. […] À la moindre imprudence, ils se jetteront sur vous et vous dévoreront en commençant par les parties molles, mais tout y passera jusqu’aux os et jusqu’aux excréments, et on les admirera sur le boulevard, fiers de leurs lèvres encore sanglantes.

1587. (1883) Le roman naturaliste

Ni grands ni bons d’ailleurs : parce qu’il ne faut pas que le lecteur puisse risquer de les admirer, ou d’en garder un souvenir ému ; ni vicieux, à proprement parler, ni passionnés dans le crime : car ne sont-ce pas inventions de poètes que la profondeur de perversion dans le vice, et le délire dans la passion ? […] S’il ne s’inquiète enfin que de la première et qu’il juge avoir tout fait quand il a donné du réel une copie servile, j’admirerai la patience de l’observateur, et l’habileté de main de l’artiste ; mais, quant à l’œuvre, j’ose bien dire, ― et l’expérience semble prouver ― qu’elle ne réussira complètement que dans la représentation du grotesque. […] C’est bien assez que cette concision, cette sobriété, cette rapidité de récit qu’on admirait naguère dans l’auteur de Carmen ou de la Vénus d’Ille ait cessé d’être une vertu littéraire ; — et nous n’aurons pas, pour nous, l’imprudence ou la maladresse d’en faire à personne un défaut. […] C’est que, dans l’école moderne, quand on a pris une fois le parti d’admirer, l’admiration ne se divise pas, et l’on a contracté du même coup l’engagement de trouver tout admirable. […] Si l’on veut tirer de là des conséquences, la meilleure, la plus sage, comme en toute rencontre du même genre, est de rester chacun ce que l’on est, et de savoir chacun se défendre d’imiter ce qu’on admire, surtout s’il y a dans l’admiration, comme si souvent, autant ou plus d’étonnement que de sympathie.

1588. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Mais le boiteux apporte à son compère une terrible nouvelle : « Un saint vient de mourir, qui fait des miracles comme s’il en pleuvait. » Admirez ici, dans ces deux belles âmes, un effet imprévu de la foi : « Dieu ! […] J’admire de bon cœur la majesté d’une telle critique. […] Nous voyons en somme que ce qui choquait le plus dans l’École des Femmes, c’est précisément ce que nous y admirons le plus aujourd’hui. […] — Je tâchais d’être belle. — Et quand il t’avait bien admirée, que lui disais-tu ? […] Alexandre Parodi contient, avec la Reine Juana, la Jeunesse de François Ier , drame qui « dut successivement être représenté sur trois théâtres », qui fut goûté par Émile Perrin, refusé par la Comédie-Française et admiré de Victor Hugo.

1589. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Mais ce n’est point-là ce qu’on admire le plus en lui : ce qu’on admire, ce sont ses exagérations et ses excès ; c’est cette théorie de la force, son seul idéal ; c’est la monomanie prise pour type et expression suprême de la passion ; c’est la tendance au réalisme et la description outrée de l’homme physique ; c’est en un mot tout ce qu’il a mêlé de physiologie, d’anatomie, d’études repoussantes sur les monstruosités et les maladies mentales, à ses peintures vraiment belles et durables de la nature morale de l’homme. […] « Je médite, dit-il, sur l’ordre de l’univers, pour l’admirer sans cesse, pour adorer le sage auteur qui s’y fait sentir. […] C’est ici qu’il faut admirer l’audace de logique que le roman porte dans ses théories, et l’impudente assurance avec laquelle il formule sa morale nouvelle. […] Il est des affections si vraies que, sans se connaître, elles se reconnaissent pour sœurs en se rencontrant143. » N’admirez-vous pas cet amour adultère assimilé, égalé à l’amour maternel ? […] Que de telles choses aient pu être dites sérieusement, qu’elles aient été écoutées, admirées, applaudies, c’est ce qui fera l’étonnement de la postérité, si après nous il reste à la postérité à s’étonner de quelque chose.

1590. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

on ne les en admirera pas moins. Peut-être même admirera-t-on d’autant plus ces beaux dessins qu’on ne les rattachera pas trop complètement à l’œuvre sévère et mystique du poète florentin. […] L’indignation donne sans doute jusqu’à un certain point la mesure du sens moral, mais l’admiration la donne aussi et d’une façon qui promet bien plus pour l’avenir, car elle suppose, dans un temps donné, l’imitation ; Dans ce fameux temps qu’on cite si souvent, où la jeunesse était jeune, on admirait beaucoup et fort bruyamment : mais peut-être est-ce notre faute si la jeunesse n’admira plus ? […] Dans un petit chef-d’œuvre de quelques pages, qu’il a intitulé Une Correspondance, l’auteur fait dire à son héros : « Admirez un peu mon sort. […] Nous les avons félicités ouvertement de l’occasion qui leur était offerte de nous admirer.

1591. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Il aura des déboires, quand sa femme et ses enfants n’admireront guère ses bibelots et, à table, se révolteront si, renonçant au dessert, il se met à manœuvrer la scie et souffle sur les tartines la poussière du bois. […] Mais il admire Montesquieu et Rousseau : Montesquieu, parce qu’il voit en lui la raison ; Rousseau, parce qu’il voit en lui la nature. […] Il admire ceux de ses camarades qui, plus robustes ou ingénieux, acquièrent quelque prestige. […] On n’ose pas le juger : on l’admire et il vous fâche ; il vous amuse et vous irrite ; il vous enchante et vous déplaît. […] L’auteur de l’Aventure se plaint aussi des romantiques, et de ceux qu’il admire par ailleurs, et de Victor Hugo : quoi !

1592. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Elle est nouvellement fourbie, On l’intitule Zénobie, Et l’auteur est monsieur Magnon, Honnête homme, bon compagnon, Dont on doit admirer les veilles Et qui fait des vers à merveilles. […] Plaute n’est plus qu’un plat bouffon, Et jamais il ne fit si bon Se trouver à la comédie ; Car ne pense pas qu’on y rie De maint trait jadis admiré, Et bon in illo tempore. […] Les biographes de La Fontaine rapportent le désappointement tout semblable d’un amphitryon du fabuliste, et l’abbé de Villiers raconte qu’un de ses amis s’était trouvé durant plus de six mois à la même table que l’auteur de Cinna sans s’apercevoir que le Corneille son convive fût le Corneille dont il admirait les ouvrages. […] Quand je la vois, une émotion et des transports qu’on peut sentir, mais qu’on ne saurait exprimer, m’ôtent l’usage de la réflexion ; je n’ai plus d’yeux pour ses défauts, il m’en reste seulement pour ce qu’elle a d’aimable : n’est-ce pas là le dernier point de la folie, et n’admirez-vous pas que tout ce que j’ai de raison ne serve qu’à me faire connaître ma faiblesse, sans en pouvoir triompher ? […] Retrouvant dans le sonnet d’Oronte ce qu’ils admiraient dans les poésies de leurs auteurs les plus à la mode, les antithèses et les traits brillantés, et prenant encore en cette circonstance Philinte pour l’organe de l’auteur, les spectateurs s’empressèrent d’applaudir comme lui au chantre de Philis, et témoignèrent par leurs bravos qu’ils trouvaient que La chute en est jolie, amoureuse, admirable.

1593. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Cette explication que je crois vraie, si elle intéresse jusqu’à un certain point les admirateurs dans la gloire du poète admiré, n’ôte pourtant rien, ce me semble, à la beauté du sentiment, et elle ramène le génie humain à ce qu’il devrait être toujours, à une condition de fraternité généreuse et de partage. […] Un grand talent littéraire recommande l’ensemble de l’ouvrage ; l’Introduction, les Essais I et XI, sont des morceaux d’un travail achevé et où l’on peut admirer ce mélange de l’abstraction et de l’imagination dans le style, originalité singulière de M. de Rémusat.

1594. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Chez nous, quelques-uns admirent Balzac, mais personne ne voudrait le tolérer. […] Le lecteur, saisi par cette logique, admire l’œuvre qu’elle a faite, et oublie de s’indigner contre le personnage qu’elle a créé ; il dit : le bel avare !

1595. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

IV Celle de Cicéron était répandue dans tout l’univers romain et décimée par tout le monde, en sorte que ce n’est pas seulement le génie qu’il faut admirer dans Cicéron, c’est la volonté. […] Ce que nous voulons surtout vous faire admirer aujourd’hui, c’est l’homme, c’est l’esprit transcendant, c’est le lettré, c’est l’écrivain, c’est le philosophe.

1596. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Les citoyens d’Argos, témoins de ce spectacle, admiraient la force des jeunes gens, et leur donnaient de grands éloges : les femmes félicitaient la mère, et l’estimaient heureuse d’avoir de tels fils. […] J’admirais cependant la magnificence de ses vêtements, et j’étais également surpris du deuil que je voyais chez Harpagus.

1597. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Et, comme ils l’aimaient et l’admiraient un peu en cachette de leur évêque, ce culte qu’ils me faisaient partager avait pour moi l’attrait de quelque chose de vaguement défendu ; et le Macchabée catholique m’apparaissait avec le prestige d’un héros réfractaire, d’un outlaw, suspect aux puissances établies. […] J’en appelle à cette meilleure part de toi-même, qui t’élève quelquefois au-dessus de tant de misères, j’en appelle à ton génie, qui t’a permis souvent de voir, de sentir et d’admirer ce qui est grand et beau, et pur.

1598. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Non que le mécanisme de l’action ait déjà la rigueur que nous admirons chez Racine. […] Il admire surtout Shakespeare, il le sent et il l’aime, et non en théoricien, mais en ami. […] Si j’ai décrié notre temps, croyez que je l’admire aussi.

1599. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Voici un des derniers instantanés : il ne s’approche d’une langue, ou d’une idée que s’il la croit bien morte, et qu’il la voit momifiée dans une vitrine et que ça ne peut plus mordre ; et il s’en approche sur la pointe des pieds. deux professeurs de faculté-l’un et l’autre écrivains de marque-me reprochent d’admirer Paul Valéry. […] Chez l’autre, une souffrance : vous, mon cher ami, clair esprit de Provence, fils de Mistral, admirer, défendre les obscurités prétentieuses, les subtilités torturées d’un Paul Valéry … que j’ai de peine à vous lire ! […] " vous admirez Valéry ; donc vous ne lui trouvez aucun défaut.

1600. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Bien plus, ils n’ont pas besoin d’être retournés seuls à Robinson après y avoir été avec une bonne amie pour comprendre et admirer la Tristesse d’Olympio, pour en recevoir l’impression profonde : c’est que la Tristesse d’Olympio suit une voie largement frayée par toute la littérature et la poésie d’amour, et que pour suivre ce beau flot il n’est pas nécessaire d’avoir soi-même éprouvé l’amour, il suffit d’y porter cette disposition à l’amour qui appartient à tous les tempéraments et à tous les âges, et les critiques ne disent pas autre chose lorsque, voyant dans ce poème la manifestation d’un lieu commun éternel, ils l’opposent aux originalités factices et aux bizarreries de Baudelaire. […] Dans une page de ses Souvenirs littéraires, Maxime Du Camp met en présence le pauvre poète mystificateur qui s’était teint les cheveux en vert (il est probable qu’il s’agissait simplement d’un remède contre une maladie du cuir chevelu dont Baudelaire était atteint), et le parangon de haute intelligence et de froide rectitude que le lecteur est prié d’admirer en le futur académicien. […] Il n’est donc point disposé à admirer les géants de l’art « comme une brute », à déployer de la critique romantique, et, de fait, devant la Leçon d’Anatomie et la Ronde de Nuit, il nous rappelle parfois l’Académie devant le Cid et Voltaire devant Polyeucte. […] Et tout en comprenant que la Compagnie du capitaine Cocq n’en ait pas eu pour son bel argent plus que la Société des Gens de lettres quand Rodin lui présenta son Balzac, il me suffit d’admirer dans la Ronde de Nuit le poème de la lumière. […] Amiel admire alors son esprit, son style, mais lui reproche l’absence de sérieux, un scepticisme de façade qui recouvre la complaisance à l’opinion, une facilité de style qui fait corps avec la facilité de conscience, une « adresse obséquieuse envers le chauvinisme français ».

1601. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Dalmeyda me paraît admirer démesurément ce bavardage plausible, mais parfaitement quelconque, de deux bourgeoises qui vont voir passer un cortège. […] Mœurs assez simples, avec des dehors qui ont de l’élégance : bourgeois et ruraux parlent une jolie langue ; et, dans les temples de cette petite ville, les paysannes peuvent admirer des tableaux d’A-pelle et des statues ciselées par les propres fils de Praxitèle (Au temple d’Asklépios, mime IV). […] Il a la dureté des hommes trop admirés, de ceux qui ont fait glousser et pâmer beaucoup de femmes, de ceux dont elles se sont disputé les mouchoirs, les boutons ou les poils de barbe ; qui, traités comme des dieux, se comportent en dieux et ne trouveraient point étrange de marcher dans la rue sur une jonchée volontaire de corps féminins. […] On les admire beaucoup, sans toujours les avoir lues. Je crois que ce qu’on admire au fond, c’est l’étrange effort dont elles témoignent.

1602. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Lorsqu’au théâtre de Toulouse, où demeuraient ses parents, il entrait dans la loge de sa mère, une beauté célèbre, les spectateurs souvent se retournaient pour admirer l’arrivée de ce jeune homme, dont les cheveux blonds cendrés encadraient langoureusement la noble et sensuelle figure judéo-hellénique. […] Quand il retourne à la lumière, après avoir accompli sa tâche, il se sent héros, et croit fermement que les autres l’admireront pour sa vaillance. […] — Je l’admire profondément ; Flaubert a une façon honnête et nette de dire les choses qui me va droit au cœur ; seulement son langage est trop rhythmique à mon avis, et il a une manière de lier ses phrases, comme s’il en voulait faire des strophes, qui me déplaît, parce que je crois que si on veut écrire de la prose il ne faut faire absolument que de la prose. […] Voilà pourquoi j’admire tant les gens qui ont la faculté d’exprimer complètement leur idée avec toutes ses circonstances et toutes ses nuances. […] Je ne dirai point qu’on ait besoin d’une science profonde pour écrire un roman psychologique ; mais il faut pourtant une dose de connaissances diverses très respectable et je ne m’étonne guère de l’air pâle et fatigué que prennent nos romanciers quand, le soir, leur travail terminé, ils se laissent admirer avec quelque bienveillance et, adossés à la cheminée du salon, passant la main fiévreusement sur leur front, murmurent d’une voix mourante : “J’ai mal à l’âme.”

1603. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Par là nous sommes en droit d’admirer l’inspiration élevée du poète et de justifier la parole précitée que le symbolisme ou lyrisme contemporain s’appuie sur des pensées et non sur l’imagination seule ou sur de simples descriptions. […] Arrêtons-nous un instant pour admirer ce tempérament de poète très pur et la qualité de cette sensualité lyrique, si vivante et si fraîche. […] Or je demande, aujourd’hui que la poésie dite symboliste est universellement connue, sentie, admirée, où nous pourrions rencontrer quelque obscurité susceptible de nous arrêter au milieu d’une lecture. […] On a trop peu admiré aussi la fraîcheur et l’abondance de ces images qui recréent, pour nos yeux avides, le monde extérieur.

1604. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

Il y eut là un moment à jamais mémorable, et que nul mieux que lui ne peut nous aider à ressaisir et à admirer.

1605. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

« Je lis Wolf, disait-il, je l’admire, mais il ne m’arrache pas mon assentiment.

1606. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Il y a, je le sais, de plus hautes vocations, et la vôtre est de ce nombre ; je les reconnais, je les honore, je les admire, en leur adressant toutefois ce conseil dont Bossuet fait honneur au grand Condé : qu’il faut songer d’abord à bien faire, et laisser venir la gloire après. » En même temps qu’il le tempère, il l’encourage, il l’élève, il l’exalte même : à ses conseils particuliers il mêle des paroles d’oracle, des éclairs de prophétie qui portent loin.

1607. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Je rappellerai seulement deux ou trois traits de cette lettre : « N’as-tu pas admiré, dans le discours de M. de Montesquiou, comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ?

1608. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

N’as-tu pas admiré dans le discours de M. de Montesquiou comme quoi les Français ont trop d’esprit pour avoir besoin de dire ce qu’ils pensent ?

1609. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Ainsi, dans cette première lutte avec la Hollande et pendant les années qui la préparent (1668-1672), on peut admirer l’art profond avec lequel le roi isole à l’avance ce petit peuple et le sépare successivement de tous ses alliés, pour l’écraser ensuite ; mais patience !

1610. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Bayle, qui vécut toujours hors de France, qui ne tient point, à vrai dire, au règne de Louis XIV, qui, par le style comme par les idées, fut plutôt du siècle d’avant ou de celui d’après, Bayle admira beaucoup cette petite école ; il la jugeait très-poétique et tout à fait à son gré.

1611. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Prévost avait étudié sur les lieux, et admirait sans réserve l’Angleterre, ses mœurs, sa politique, ses femmes et son théâtre.

1612. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Bayle lui-même remarque, à ce sujet des périodes du Père Maimbourg, que ceux qui s’inquiètent si fort des règles de grammaire, dont on admire l’observance chez l’abbé Fléchier ou le Père Bouhours, se dépouillent de tant de grâces vives et animées, qu’ils perdent plus d’un côté qu’ils ne gagnent de l’autre.

1613. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

On avait toujours dit, et avec assez de raison, que je le servais fort à ma commodité, et on avait voulu me faire de cette légèreté un grand démérite à ses yeux ; mais son apathie, qui lui rendait tout indifférent, l’avait empêché de s’en choquer, et j’avais usé plus que personne de cette facilité que l’on admirait en lui pour les gens qui l’approchaient, et qui n’était que l’effet de la plus complète indifférence.

1614. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il m’est arrivé plus d’une lois, messieurs, en assistant à certaines de vos discussions, de former un regret et un vœu : ce vœu, ce serait de voir plus souvent dans cette enceinte un prince si remarquable par les dons de l’intelligence, si riche de connaissances qu’il accroît de jour en jour, d’un esprit vraiment démocratique, doué d’éloquence, d’une capacité multiple et prompte que tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher admirent, et qui, pour tout dire d’un mot, est digne de sa race.

1615. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Rousseau admirait encore Montesquieu, tout en faisant ses réserves ; mais, depuis, la théorie s’est développée et l’on rejette tout droit historique. « Alors, dit Condorcet (Ib.

1616. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Admirer, dans ce cas, serait presque aussi insolent et aussi impie que critiquer.

1617. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

La nature, en même temps, lui créa dans Raphaël d’Urbin un émule et un rival ; ils s’admirèrent l’un l’autre en sentiment et ne se confondirent que dans la double immortalité qu’ils répandaient sur leur pays.

1618. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il admire les anciens pour leur justesse vigoureuse, il blâme les modernes de trop d’esprit et d’affectation : un siècle et demi plus tard, Fénelon n’aura pas autre chose à dire.

1619. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

On admire comme il sait s’intéresser à des histoires minuscules, à des draines qui évoluent tout entiers dans les bornes d’un rond de cuir, à des Lutrin et à des Seaux enlevés, à des épopées héroï-comiques qu’il aura oubliées dans cinq minutes.

1620. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Et, quant à lui, non seulement il les voit, mais il les voit plus grands que nature ; l’intensité du regard qu’il fixe sur eux les gonfle, les rend démesurés ; il les admire, il les craint, il les trouve sublimes ou redoutables, il frémit sous leur parole.

1621. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Il faut d’autant plus l’admirer que le mauvais côté de Calvin, la part du mal n’est plus qu’un fait inoffensif qui appartient depuis longtemps au passé.

1622. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Le plus sûr moyen d'y parvenir, est de dévoiler leur charlatanisme, & les ressorts qu'ils ont mis en œuvre, pour séduire les esprits ; de faire connoître leurs usurpations, leurs injustices, leur mauvaise foi, l'absurdité de leurs principes, les dangers de leur doctrine, & la fausseté de leurs raisonnemens ; de prouver, en un mot, à la multitude qui les admire, qu'ils ont corrompu le goût, perverti les genres, dénaturé les sentimens, dégradé les ames, & rendu les hommes plus malheureux.

1623. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Il nous est impossible, malgré le succès, la vogue et les dix mille francs de l’Académie, d’admirer cette comédie à cravate blanche et en lunettes d’or, qui met en vers la prose de la vie, et professe l’enthousiasme de la médiocrité.

1624. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elles sentent vaguement que, dans leur intérêt même, elles auraient eu besoin d’un chef et d’un maître ; elles l’admirent lorsqu’elles le rencontrent.

1625. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Nous sommes trop sensibles à la gloire pour ne pas admirer ce lord Wellington, qui retrace d’une manière si frappante les vertus et les talents de notre Turenne.

1626. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Les voici, négligeant tous les actes où leur énergie eût pu réussir et s’évertuant à des modes d’action, de sentiment, de pensée qu’ils ont bien pu concevoir et admirer, mais qu’ils ne peuvent reproduire, en sorte que toute leur énergie, détournée des buts accessibles et stimulée vers l’impossible, se dissipe en vains efforts, avorte et fait faillite.

1627. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Mais ce qu’il convient d’admirer, c’est qu’avec la médecine, avec ce premier souci qui poussa l’homme à intervenir dans sa propre physiologie, le Génie de la Connaissance semble avoir créé une cause d’effort qui, s’étant une fois exercée, se cause elle-même à l’infini, se légitime et s’engendre avec une force qui va toujours croissant.

1628. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Je vais écrire ici ce que je pense sincèrement de l’œuvre d’un homme que j’aime, et dont j’ai admiré sans réserve le premier livre.

1629. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

En un mot, au style près, qui, soit par la longueur des phrases ou par l’usage de certaines expressions, fait quelquefois perdre à la narration une partie de ses graces, on ne peut s’empêcher d’admirer la fécondité de l’auteur, & son art à faire des tableaux agréables.

1630. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Si les associations antérieures ont toujours été réglées par un esprit juste, rigoureux, soumises à une discrimination attentive, la mémoire verbale peut être consultée avec profit pour la pensée même : avant de parler, on ne savait pas au juste ce que l’on voulait dire ; après qu’on a parlé, on s’admire, on s’étonne d’avoir si bien dit et si bien pensé.

1631. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Je ferme le livre et j’admire qu’un tel cœur batte dans le socialisme.

1632. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Il signale l’inhabileté de ses congénères à la conquête de l’argent, il admire leur idéalisme invincible, leur héroïsme doux, leur antiquité ininterrompue. […] Ils ont plus ardemment admiré, grâce à l’attrait de la nouveauté, l’étrange imagination germanique, si différente de notre imagination traditionnelle. […] Comme on admirait Victor Hugo ! […] Ce n’est pas du mal de l’enthousiasme que souffrent nos contemporains, et pour une fois qu’ils admirent, fût-ce avec hyperbole, un grand et pur homme de lettres, il n’y a pas lieu de trop se plaindre. […] A me pénétrer de cette vérité, je suis bien près de ne plus admirer dans l’historien que cette imagination toute-puissante, et comme cette puissance se manifeste dans les défauts au moins autant que dans les qualités, d’aimer passionnément ces défauts nécessaires, partant précieux.

1633. (1774) Correspondance générale

J’ai beaucoup pensé aux critiques qu’on vous a faites, et je me crois obligé en conscience de vous avertir que celles qui tombent sur votre Amour ne marquent pas une véritable idée du sublime dans les personnes à qui elles se sont présentées ; que ces critiques passeront, et que ce casque dont vous aurez couvert la tête de votre enfant restera et détruira en partie ce contraste du doux et du terrible que quelques artistes anciens ont si bien connu, et qui produit toujours le frémissement dans ceux qui sont faits pour admirer leurs ouvrages… Celui qui saura voir sera frappé dans le vôtre d’un enfant et d’une femme en pleurs, mis en opposition ici avec votre Hercule, là avec un spectre effrayant ; d’un autre côté, avec ces animaux que vous avez si bien renversés les uns sur les autres. […] Thiriot, votre ami et le nôtre, vous aura dit combien je vous suis attaché, combien je vous admire et vous respecte. […] L’Europe sera surprise de votre patriotisme et de votre succès ; ou plutôt elle admirera l’un et se réjouira de l’autre. […] Une certaine Mme de Borosdin, qui chante avec beaucoup de goût et une très-jolie voix, m’a promis quelques airs nationaux ; mais je crains qu’elle ne soit trop évaporée, trop admirée, trop éprise peut-être d’admiration, trop indolente par le fait pour songer à tenir sa parole. […] Ce n’est pas encore tout : Je n’oublierai pas non plus certaine tête d’Emperesse d’Orient, qui, si belle et si grande fût-elle, ne fut ni si grande, ni si belle que celle qui se fait admirer de près et au loin, et aimer de tout ceux qui la voyent et l’ont vue.

1634. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Lorsque mon peuple souffre, ou qu’il lui faut des lois, J’élève mes regards, votre esprit me visite ; La terre alors chancelle et le soleil hésite, Vos anges sont jaloux et m’admirent entre eux, Et cependant, Seigneur, je ne suis pas heureux ; Vous m’avez fait vieillir puissant et solitaire, Laissez-moi m’endormir du sommeil de la terre. […] Lève-toi, créature de Dieu, faite à son image, et admire-toi encore dans cette condition !

1635. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Alors c’est l’exhibition du surtout, et c’est la bourgeoise invitation sans pudeur à admirer cela, et à toujours l’admirer.

1636. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

J’admire autant que personne les immortels travaux de Darwin, et quand on compare l’influence de sa doctrine à celle des découvertes de Newton, j’y souscris volontiers. […] Placez Joanna Southcote à Rome, elle y fonde un ordre de Carmélites aux pieds nus, prêtes à souffrir le martyre pour l’Église26. » Ou en d’autres termes, faute d’être un gouvernement, le protestantisme, dont on est convenu d’admirer la souplesse, perd à jamais ses moindres hérétiques, tandis que le catholicisme, dont on a si souvent méconnu la « plasticité », absorbe d’ordinaire, annule, et parfois réussit à utiliser les siens, parce qu’il est un gouvernement.

1637. (1930) Le roman français pp. 1-197

Sans Byron, sans l’espèce de révélation que furent pour nous ses poèmes, sans leur orgueil, leur désespérance, l’esprit d’insurrection morale dont ils sont pénétrés, sans Ossian aussi — allais-je oublier cette curieuse mystification de Macpherson, qu’on admira, que Napoléon lui-même admira à l’égal d’Homère, plus qu’Homère, et qui fit que même de nos jours il est encore des gens, dans notre pays, qui s’appellent Oscar ! […] Ils attaquaient ou admiraient l’ancienne société. […] C’est cela que Loti admire et aime en elles. […] François Mauriac ne sait peindre que des adolescents qui séduisent, mais qui sont « perdus » et des dames plus ou moins pieuses qu’il admire, mais qui sentent irrémédiablement mauvais… M. de Lacretelle aussi… M. 

1638. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Toutefois le livre du Professeur Veitch9 prouve qu’en tout cas, il y a « dans le pays des galettes » des gens capables d’admirer et d’apprécier ses merveilleux chanteurs d’autrefois, des gens que leur admiration pour le Lord des Îles, et pour l’Ode à une pâquerette de la montagne ne rend point aveugles aux beautés exquises du Testament de Cresseida, du Chardon et de la Rose, du Dialogue entre Expérience et un Courtisan. […] — C’est tout simplement un commissaire-priseur qui admirerait toutes les écoles d’art, dit un autre. […] La Comtesse de Pembroke, sœur de Sir Philippe Sidney, fut très admirée comme poétesse en son temps. […] Lady Rachel Russell, à qui on peut attribuer l’inauguration de la littérature épistolaire en Angleterre ; Eliza Heywood que son mauvais style a immortalisée, et qui occupe une niche dans la Dunciade ; et la marquise de Wharton, dont Waller dit avoir admiré les poésies, sont des types fort remarquables, la plus intéressante de toutes étant naturellement la première nommée, qui était une femme de naturel héroïque et d’un caractère plein de noblesse et de dignité. […] Elle n’a rien produit, elle n’a rien fait qui puisse être admiré.

1639. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Un peu plus loin : Fixant mon attention tout entière sur mes impressions si confuses, et ne songeant nullement à me faire admirer de M. de Norpois, mais à obtenir de lui la vérité souhaitée 34 … Un peu plus loin, recevant une lettre de Gilberte qu’il n’avait jamais osé espérer, croyez-vous que son premier mouvement soit de la joie ? […] Je voudrais vous faire sentir maintenant par des lectures jusqu’à quel degré cette masse formidable de sensibilité que nous avons soupesée au début et dont nous avons admiré la densité, est imprégnée en même temps de vérité et rayonne pour l’esprit. […] bien Proust, d’une façon un peu différente, sans ce vigoureux effort de synthèse que nous admirons chez Racine ou chez Corneille, avec une patience plus lente, mais non pas avec une moindre volonté d’éclaircissement, par l’attention, par la curiosité inflexible de l’esprit, par un constant cheminement vers l’évidence, Proust « purge » lui aussi sa sensibilité, et dans la mesure où il a intéressé la nôtre, la nôtre aussi. […] Et si nous jetons maintenant pour finir un coup d’œil d’ensemble sur son œuvre, je crois que ce que nous y admirerons surtout, c’est quelque chose d’assez voisin de ce que Swann admirait dans la sonate de Vinteuil, et particulièrement dans la petite phrase : Quand après la soirée Verdurin, se faisant rejouer la petite phrase, il avait cherché à démêler comment à la façon d’un parfum, d’une caresse, elle le circonvenait, elle l’enveloppait, il s’était rendu compte que c’était au faible écart entre les cinq notes qui la composaient et au rappel constant de deux d’entre elles qu’était due cette impression de douceur rétractée et frileuse ; mais en réalité il savait qu’il raisonnait ainsi non sur la phrase elle-même mais sur de simples valeurs, substituées pour la commodité de son intelligence à la mystérieuse entité qu’il avait perçue, avant de connaître les Verdurin, à cette soirée où il avait entendu pour la première fois la sonate.

1640. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

L’un est philosophe aux pensers nobles et élevés, il a écrit des méditations où l’on ne sait ce qu’il faut admirer le plus de la mâle sévérité du sujet, ou de la correction avec laquelle il est traité. […] Vert est aussi l’étourneau, à peine sorti de son nid, qui, sur toute matière, jase comme un fou ; mûr, celui qui s’en moque, mais qui pour l’encourager, l’admire, le loue et le range entre Sénèque et Solon. […] Zola, qui vécut en Provence assez longtemps pour en connaître le grand soleil, admire cette reconstruction du vrai où la scène réelle se joue toute vibrante de l’originalité du romancier, ce don du style qui est Le sang même de l’œuvre et se confond avec le don de vie. […] Elle admira surtout le galoubet, la naïve flûte rustique à trois trous des anciens tambourinaires à laquelle Valmajour était revenu par respect pour la tradition, dont il avait conquis le maniement à force d’adresse et de patience. […] Dans ce grand kaléidoscope du Paris artistique et lettré, trop de silhouettes demeureraient anonymes pour le vulgaire ; et puis, si vous prenez un collier de perles, en brisez le lien et laissez courir çà et là par la chambre les larmes blanches, combien peu les apprécieront à leur valeur, éparses, qui les eussent admirées, enfilées et dans l’écrin !

1641. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Je savais qu’il avait été fort admiré de son temps, que l’on opposait son naturel à l’affectation de Dorat, et que Voltaire l’appelait son cher Tibulle. […] Les immortels, instruits de sa naissance, Pour l’admirer descendirent des cieux : Sur lui, sur vous, ils attachaient leurs yeux, Leurs yeux charmés ; et dans un doux silence, Ils souriaient au plus puissant des dieux. […] Il admire, mais il déteste Molière. […] Le vieux prend le petit dans son berceau ; il le tripote, il l’admire : « Mais c’est qu’il me ressemble… Il est rudement bâti, le mâtin !  […] Et c’est pourquoi Mette, qui n’est point philosophe, consulte la vieille Gate, la « devine », et son bouc Barrabas… Admirez ici cette eau-forte : « … Endeuillée de cotonnades violettes, la figure à l’ombre d’une indienne déteinte, Gate se glisse le long des cépées, hésitante, à la façon des voleurs ou des ivrognes.

1642. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

De plus, l’aliénation se faisant sans réserve, l’union est aussi parfaite qu’elle peut l’être et nul associé n’a plus rien à réclamer ; car, s’il restait quelques droits aux particuliers, comme il n’y aurait aucun supérieur commun qui pût prononcer entre eux et le public, chacun étant en quelque point son propre juge prétendrait bientôt l’être en tous ; l’état de nature subsisterait, et l’association deviendrait nécessairement tyrannique ou vaine. » Ni Rousseau ni personne n’a jamais clairement compris ce texte, et c’est pour cela qu’il a été si profondément admiré de Rousseau et de tout le monde ; mais le fond en est bien, cependant, que le citoyen, devant l’Etat, n’a rien à revendiquer, rien absolument, et qu’à lui laisser quelque chose il y aurait péril pour l’Etat tout entier. […] Le vers de Racine qu’il doit admirer le plus, c’est celui qui résume le « discours du trône » de Burrhus : Pourvu que, dans le cours d’un règne florissant, Rome soit toujours libre et César tout-puissant. […] L’amour de la démocratie est encore l’amour de la frugalité… Dans les républiques où les richesses sont également partagées, il ne peut y avoir de luxe, et cette égalité de distribution faisant l’excellence des républiques, il suit que moins il y a de luxe dans une république, plus elle est parfaite. » En conséquence, il va jusqu’à admirer de tout son cœur l’Etat du Paraguay qui est exactement une république collectiviste administrée par les R. […] Ce n’est pas lui qui admire le Paraguay. Il voit très bien que ce gouvernement est très analogue à l’ancien gouvernement de Lacédémone ; mais il n’admire ni l’un ni l’autre.

1643. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

« … Fontanes, savez-vous ce que j’admire le plus dans le monde ? […] Or, une fois par semaine, le dimanche, M. de Fontanes avait à dîner l’Université, recteurs, conseillers, professeurs, et il faisait admirer sa vue, il ouvrait sans façon le pudique boudoir. […] Aux graves modes de ma lyre Mêle des tons moins sérieux ; Phébus chante, et le Ciel admire ; Mais, si tu daignes lui sourire, Il s’attendrit et chante mieux.

1644. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Buvons l’heure qui coule ; Ne perdons pas de temps à nous laver les mains ; Hâtons-nous d’admirer le pigeon qui roucoule,   Car nous le mangerons demain.

1645. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Quoiqu’on n’aime aujourd’hui que le saillant et le coloré, je citerai le passage : « En voyant un si grand homme dans le négligé de sa vie domestique, j’admirais encore en lui une simplicité de manières qui encourageait la modestie timide, sans permettre cependant la familiarité ; un entier oubli de sa gloire, mais qui n’excluait pas le goût de la louange ; une habitude de distractions toujours réparées par les retours d’une bonté naïve ; une vivacité de discours qui avait l’air de l’abandon, mais d’où s’échappaient des éclairs de génie. » C’était le goût d’alors, tout en nuances : on ne saurait moins appuyer et mieux dire. — Il y avait une chose que Suard n’eût jamais dite en pleine Académie, mais qu’il aimait à raconter.

1646. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Mais il n’appartient qu’à lui d’avoir eu l’idée d’insérer au chapitre du Cœur les deux pensées que voici : « Il y a des lieux que l’on admire ; il y en a d’autres qui touchent et où l’on aimerait à vivre. » — « Il me semble que l’on dépend des lieux pour l’esprit, l’humeur, la passion, le goût et les sentiments. » Jean-Jacques et Bernardin de Saint-Pierre, avec leur amour des lieux, se chargeront de développer un jour toutes les nuances, closes et sommeillantes, pour ainsi dire, dans ce propos discret et charmant.

1647. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Paroles de Fontanes, qui l’avait connue et l’admirait (Sainte-Beuve,

1648. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Puisqu’on lui dit que « c’est nature », qu’attend-il pour applaudir et admirer ?

1649. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Chateaubriand dérive foyer de foi ; et là-dessus nous fait admirer dans la foi la source de toutes les vertus, de toutes les joies domestiques.

1650. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

C’était le temps où l’on commençait à détruire la vieille Sorbonne pour édifier la somptueuse caserne universitaire que nous admirons aujourd’hui.

1651. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

J’admire en toute ferveur néo-parnassienne la Pagode, qui fut jadis l’œuf d’un gros volume à finir, Mendès, à finir !

1652. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Cette dame les fit voir à un jésuite, qui en admira la solidité, et tâcha de persuader à François de Sales de les recueillir et d’en faire un ouvrage suivi, le menaçant, à son refus, de les publier lui-même.

1653. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Avant, certes, j’admirais le génie de Wagner : depuis, je l’ai senti et aimé.

1654. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Pour cette propagande, nous avons demandé la collaboration de ceux de nos écrivains que le public connaît, aime et admire comme défenseurs de la cause Wagnérienne.

1655. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Les wagnéristes de toutes nations ont connu et admiré ces lithographies admirables, que recommandait encore l’extrême habileté technique.

1656. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Quels seront les sentimens de la Postérité, quand, après avoir admiré la Henriade, Mérope, Alzire, &c. elle verra paroître, à leur suite, la Guerre de Geneve, la Défense de mon Oncle, les Honnêtetés Littéraires, & une infinité d’autres Libelles, qui supposeroient dans elle le plus grand degré de perversité, si elle ne les rejetoit avec horreur !

1657. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Mais à la façon dont il le contourne, sous la pluie de feu, comme un colosse de Michel-Ange, — dispettoso e torto, — on sent qu’il l’admire à l’égal de Farinata degli Uberti « ce magnanime », — quel magnanimo — qu’il rencontrait au cercle d’avant, dressé hors de sa fosse ardente « comme s’il avait l’Enfer en grand mépris ».

1658. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Quand l’enfant voit le soir, dans sa chambre, l’obscurité s’éclairer tout à coup, il pense qu’en tournant les yeux il reverra la bougie souvent admirée : l’image renaissante appelle pour ainsi dire son objet et tend à s’y superposer.

1659. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Eh bien, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse d’un dessin une fois fait : il n’y a qu’à le donner. » Puis il nous parle du théâtre, de ses idées contre l’illusion scénique en faveur du tréteau, déclarant qu’il n’admire que deux pièces : Les Précieuses ridicules et Le Bourgeois gentilhomme, parce que ce sont des leçons de philosophie sous la forme la plus tangible, sous la forme la plus parade, — et s’interrompant : « Avez-vous jamais regardé attentivement non le théâtre, mais la salle ?

1660. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

On parle, en marchant, de Meilhac et de la modernité de ses pièces, on parle des femmes de la société bourgeoise se disputant Gambetta, on parle des catastropheux de la littérature, et de la mission officielle qu’ils se donnent, d’apprendre à leurs amis, sans en être priés, que leurs livres ne valent rien, on parle des Mémoires de Philarète Chasles, dont Daudet admire la vie du style.

1661. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Je suis très grand, mes pieds sont sur les nations… J’élève mes regards, votre esprit me visite, La terre alors chancelle et le soleil hésite ; Vos anges sont jaloux et m’admirent entre eux.

1662. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

C’est ici qu’il faut admirer avec quelle facilité les esprits les plus vigoureux et les plus solides arrivent à abonder dans leur propre sens, lorsqu’une fois ils ont pris un parti, et combien il est facile en logique, aussi bien qu’en morale, de voir la paille dans l’œil de son voisin sans voir la poutre qui est dans le sien.

1663. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Je m’étonne, dit l’Abbé Lenglet, que M. le Courrayer, homme habile en qui j’avois toujours reconnu & admiré beaucoup de douceur, ait augmenté par ses notes les aigreurs que des intérêts particuliers contre la Cour de Rome, avoient engagé le premier auteur à semer dans son histoire.

1664. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Nous aurions été choqués de cet oubli de toutes les relations, de cette manière d’envisager les devoirs positifs comme secondaires ; enfin, d’une absence si complète de la soumission que nous admirons avec justice dans Iphigénie.

1665. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Donc, voici ce que La Fontaine lui disait avec sa grâce coutumière et avec tout le talent qu’il montra souvent : … Il admira les traits de la fille de l’onde.

1666. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Était-ce parce qu’il lui ressemblait moins et que nous admirons surtout ce dont nous sommes incapables ?

1667. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan, dupe lui-même de cette impériale duperie, est presque tenté d’admirer !

1668. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Ce sentiment, vous pouvez le condamner quand il étend des grèves ; vous l’admirerez quand il engage les voisins à adopter les enfants d’un voisin mort.

1669. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Aussi lui qui fut, malgré tout et sous ces réserves, un artisan et un semeur de pensée, admire-t-il particulièrement la prose la plus vide d’intelligence, celle de Gautier, de Janin, de Saint-Victor, de Banville, de Mendès12. […] Et ceux-là mêmes qu’exaspère l’obscurité de Mallarmé, ne faudrait-il pas les convier à admirer au contraire l’honnêteté de son scrupule ? […] Verve logique, que peut-être Mallarmé enviait et admirait, ainsi qu’il faisait de la verve lyrique de Banville. […] Il admire l’existence de ceux qui résident dans ces cloîtres fleuris, dans cette dentelle ouvragée, patience des âges « ombre doctorale, comme une robe, autour de la marche de quelques messieurs délicieux120 ». […] Admirez le berger, dont la voix, heurtée à des rochers malins jamais ne lui revient selon le trouble d’un ricanement.

1670. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Hegel ; j’admirais la vigueur de son esprit, et cette fermeté imperturbable avec laquelle il appliquait l’ancien système de M.  […] Ce que les uns avaient rejeté par la réflexion, les autres l’admirent par la réflexion encore : là est l’unité de la philosophie grecque depuis l’an 470 avant notre ère jusqu’à l’an 529 après notre ère, où sous le consulat de Décius, par l’ordre de Justinien, fut fermée la dernière école philosophique dans cette même Athènes qui avait servi de berceau et de théâtre à Socrate, à Platon, à Aristote. […] Tout comme on avait admiré avant de se demander pourquoi on admirait, comme on avait fait des actes de, désintéressement avant d’avoir analysé le désintéressement, de même on avait appliqué la raison avant d’avoir interrogé sa nature et mesuré sa portée. […] On ne m’accusera pas de les admirer trop peu ; mais à côté de tant de grandeurs, que de choses déplorables j’aperçois ! […] Ainsi je vois dans la Charte tous les contraires ; c’est là ce que déplorent certaines gens : il en est qui n’admirent dans notre constitution que sa partie démocratique, et qui voudraient se servir de celle-là pour affaiblir tout le reste ; il en est d’autres qui gémissent de l’introduction des éléments démocratiques et tournent contre eux la partie monarchique de la constitution.

1671. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il mourut fou, comme Nietzsche, qui l’admirait d’avoir osé réduire la matière à une pure conception de l’esprit. […] Ils le connaissent depuis longtemps, ils l’aiment et l’admirent pour son grand âge peut-être et sa verdeur plus que pour ses véritables mérites. […] On apprit qu’il avait à Paris des amis puissants et des admirateurs : on admira aussi, sans bien comprendre. […] Si l’on admire le courage de ceux qui se sont exposés les premiers sur les flots de cet élément, il y a sans doute aussi de quoi s’étonner qu’on ait osé s’engager parmi tous les écueils de ces affreuses montagnes. » Qui oserait aujourd’hui, en parlant des montagnes, les qualifier d’affreuses ? […] Il ne faut pas lui en vouloir : il était romantique, et le propre des romantiques c’est de fermer les yeux à la beauté réelle des choses, pour admirer les chimères de leurs rêveries.

1672. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Elle est parfaite en son genre, pareille à un cheval dangereux et superbe qu’on admire en le redoutant. […] Snob, mot d’argot intraduisible, désignant un homme « qui admire bassement des choses basses. » 1351.

1673. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Les organes, acoutumés à une telle impression, en sont flatés de telle sorte, qu’une impression diférente ou contraire les aflige, ainsi malgré l’examen et les discussions, nous continuons souvent à admirer ce qu’on nous a fait admirer dans les premières années de notre vie ; et delà peut-être les deux partis, l’un des anciens, l’autre des modernes. […] Il est plus facile d’admirer, j’en conviens ; mais une critique sage, éclairée, exemte de passion et de fanatisme est bien plus utile. […] il ne reste à la plupart des comentateurs d’autre liberté que pour louer, pour admirer, pour adorer ; mais ceux qui font usage de leurs lumières et qui ne se conduisent point par une prévention aveugle, etc. .

1674. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

assez, assez, maman, tu me fais mal… « — Son père qu’elle admirait tant, qu’elle plaçait au-dessus de tout autre, le magistrat intègre et ferme ! […] J’admirais beaucoup mon oncle, le capitaine, tant parce qu’il avait brûlé la dernière cartouche française à Waterloo que parce qu’il confectionnait de ses propres mains, à la table de ma mère, des chapons à l’ail, qu’il mettait ensuite dans la salade de chicorée. […] Sa confiance en lui-même, son aplomb convaincu, sa grande fortune, imposaient au monde, et il ne manquait pas de gens qui l’admiraient. […] Ô vierges du zénith, nuées, Ô doux enfants de l’air, oiseaux, Blancheurs par l’aube saluées, Que contemple l’œil bleu des eaux : Vous qu’Ève nomma la première ; Vous pour qui le Dieu redouté Fit cet abîme, la lumière, Et cette aile, la liberté ; Vous qu’on voit, du gouffre où nous sommes, Dans le grand ciel mystérieux ; Vous qui n’admirez pas les Romes, Les fourmilières valant mieux ; Vous que la rosée en ses ombres Abreuve ou crée avec ses pleurs, Oiseaux qui sortez des nids sombres, Nuages qui sortez des fleurs, Parlez ; vous que le jour fait naître Pour un essor illimité, Vous que le libre éther pénètre De gloire et de sérénité, Vous qui voyez le mont austère, Le frais matin, le soir obscur, Toute la mer, toute la terre, Éternels passants de l’azur ; Que dit-on, dans la nuit sereine, Que pense-t-on, dans la clarté, De tout cette honte humaine Qui rampe sous l’immensité ?

1675. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Chaque objet nous parle notre langue, et nous l’aimons, et nous l’admirons sans nous apercevoir, le plus souvent, que nous sommes sur la terre étrangère, Il me semble qu’un enfant se sentirait ainsi à l’aise avec sa grand-mère, bien qu’il ne l’eût jamais vue. […] En toi, comme en toute créature humaine, il y a deux parts, deux régions, deux formes, presque deux âmes : celle que tout le monde voit, apprécie, admire ou envie, et celle que tu caches et qu’on ignore. […] Ils pourront ainsi étudier tout à l’aise les doctrines du père du Saint-Simonisme, de Comte, de Fourier, de Karl Marx, de Lassalle, aller admirer les maîtres à Venise, à Munich, suivre sur les étangs bavarois les cygnes et les rêves wagnériens de Louis II, et, ce qui fait tout pardonner, trouver le bonheur dans ce petit phalanstère d’idées et de sentiments mis en commun. […] Rosny, s’en prenant au héros du livre, Servaise, il s’écrie : Jadis, à vingt ans, nous savions admirer. […] Cependant nulle créature digne d’admirer ces merveilles et de les célébrer n’est encore là.

1676. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Certes, j’aime et j’admire le génie de Ronsard, l’extraordinaire fécondité de son invention verbale et rythmique ; son intelligence de l’antiquité ; l’audacieuse largeur de son inspiration ; tant de beaux Sonnets, d’Hymnes et de Poèmes, un peu prolixes par malheur, et dont la langue est encore incertaine et mêlée, mais où brillent tant de beaux vers, où la grâce du sentiment, un peu précieux et un peu mièvre, s’allie de façon si curieuse à l’éclatante magie des mots, où si souvent enfin respirent à la fois tant de mélancolie et tant de volupté. […] Car peut-être alors ne croirait-on pas qu’en fait de philosophie « Bossuet en est toujours resté à ses vieux cahiers de Sorbonne » ; et peut-être, en rapprochant son Discours des circonstances qui le lui ont inspiré, le comprendrait-on mieux, si l’on ne l’admirait pas davantage ! […] Assurément, beaucoup d’autres intentions se mêlent, dans ce grand ouvrage, à celle que nous signalons, et nulle part on ne saurait mieux saisir, ni trouver une plus belle et plus ample occasion d’admirer, la complexité, la richesse, la fécondité de la pensée de Bossuet. […] Racine s’est fait assez admirer dans l’hôtel de Bourgogne. » Ces deux adverbes sont malheureux ! […] La Vie de saint Bruno — que je n’admire pas plus qu’il ne faut, — et les Sept Sacrements, qui sont une des grandes choses de la peinture, ne doivent rien qu’au génie de leurs auteurs, et aux sentiments qu’ils partageaient avec leurs contemporains.

1677. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Wordsworth pense avec Akenside, dont il prend le mot pour devise, que « le poëte est sur terre pour revêtir par le langage et par le nombre tout ce que l’âme aime et admire ; » et Lamartine nous dit quelque part en son Voyage d’Orient :« Je ne veux voir que ce que Dieu et l’homme ont fait beau ; la beauté présente, réelle, palpable, parlant à l’œil et à l’âme, et non la beauté de lieu et d’époque.

1678. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Nul ne le sait que nous ; et ce que le monde admire ensuite de nos œuvres, n’est guère que le reflet affaibli et l’ombre d’un sublime moment envolé.

1679. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Mais cette préférence pour les poètes d’enthousiasme sur les poètes d’indignation ( facit indignatio versum ) ne nous empêche pas d’admirer profondément des vers tels que ceux-ci, que Laprade vient de jeter au temps qui court du haut de son immortalité.

1680. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Nous l’admirons et nous le regrettons.

1681. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

On s’étonnait de l’admirer et de le respecter dès qu’il y montait.

1682. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Cela ravive, fait du bien, tant à sentir qu’à jouir, qu’à admirer.

1683. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Mais, cette fois, homme du Nord, passionnément épris de toute poésie, je perçois une occasion de rendre hommage au Midi, que j’aime, aux Méridionaux que j’admire.

1684. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Ne sait-on pas que les Allemands seuls admirent Wagner, que la Revue Wagnérienne, — voyez son style, — est rédigée par des Prussiens ?

1685. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

L’homme qui, en Belgique, se montra l’adversaire avoué, irréconciliable de Wagner et qui mit à le combattre une opiniâtreté aveugle de sectaire, était précisément celui que sa haute culture intellectuelle et sa profonde science musicale rendaient le mieux apte à deviner le génie novateur, à le faire comprendre et admirer de ses contemporains. — Mais combien de fois, en matière musicale, n’a-t-on pas vu ceux qui devaient faire la lumière, employer leurs efforts à répandre l’erreur ?

1686. (1904) En méthode à l’œuvre

René Ghil n’en admire pas le sincère effort et la durable manifestation, en la maîtrise de quelques très-hauts poètes.

1687. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Dans un tableau d’Hogarth, qui fait partie de la série de son Mariage à la mode, et qui représente un laboratoire ou un capharnaüm d’apothicaire, on voit un appareil d’une complication singulière et presque menaçante ; on s’approche pour l’étudier ; et on s’aperçoit, ou du moins on croit s’apercevoir, car il ne faut répondre ici de rien, que cet appareil si savant, dont on ne peut s’empêcher d’admirer l’inventeur, n’a d’autre usage que de servir à déboucher les bouteilles.

1688. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Il les admira ; et, selon toute apparence, les fautes qu’on lui reproche ne viennent que de la noble ambition qu’il a eue de vouloir surpasser tous ces modèles.

1689. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Il est vrai que jadis, respectant leurs ouvrages, Le cœur était touché de leurs doctes images ; Les vives passions s’y faisaient admirer : On était assez sot pour y venir pleurer.

1690. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Villemain, qui s’est fait grec le plus qu’il a pu pour admirer sans honte cette vaine poésie qui ne parle pas plus à notre pensée qu’à nos cœurs, prétend que de toute cette poussière, mêlée de sueur, foulée par la muse de Pindare, sortirent tous ces héros, beaux comme des demi-dieux, qui sauvèrent la Grèce et suivirent en Asie Alexandre.

1691. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

» Et le commandant ajouta : « Je préfère être commandant du 66e que roi ou empereur. 66e, je vous salue (et il a enlevé son képi) et je vous admire ! 

1692. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Les sept sages furent admirés pour avoir commencé à donner des préceptes de morale et de politique en forme de maximes, comme le fameux Connaissez-vous vous-même ; mais, auparavant, Ésope avait donné de tels préceptes en forme de comparaisons et d’exemples, exemples dont les poètes avaient emprunté le langage à une époque plus reculée encore.

1693. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Homais admire Athalie bien qu’il ne croie pas aux miracles et qu’il réprouve le fanatisme du grand-prêtre Joad. […] Il admira Corneille, Racine et Molière pour des raisons dont quelques-unes n’avaient pas été dites avant lui. […] Il a bien compris Corneille, l’a bien vu dans son milieu, a bien démêlé ce qui, dans son œuvre, revient à son temps et ce qui revient à son génie ; il a bien senti sa grandeur morale. — Il écrit : « Si nous pouvions voir Corneille tel qu’il était, avec son grand manteau noir, sa perruque, sa calotte, son extérieur simple et négligé, son air grave et modeste, nous sentirions qu’un homme de cette espèce ne doit pas penser comme nos petits auteurs. » — Il trouve le premier, contre l’opinion de tout le xviie  siècle et même du xviiie , que Polyeucte est aussi intéressant que Sévère ; il qualifie Polyeucte de « chef-d’œuvre unique. » Il a cette formule : « Pour Pauline le sentiment du devoir est une passion » ; et celle-ci : « Corneille émeut par des vertus plus puissamment que d’autres par des passions » ; et celle-ci encore : « On parle d’amour chez Corneille, l’amour agit chez Racine. » — Non seulement il admire le dénouement de Rodogune, mais il défend la pièce tout entière, « une des plus fortes conceptions dont notre théâtre puisse se glorifier. » Il voit dans Cléopâtre « le sublime de la scélératesse. » — Il signale, seul entre ses contemporains, ce que le théâtre de Corneille a gagné à la Révolution. […] Il écrit comme nous pourrions faire : « Racine n’était point un poète galant ; il excellait à peindre le véritable amour, qui presque toujours exclut la galanterie. » Il fait cette réflexion : « C’est à des femmes que Racine a donné ces passions violentes qui troublent la raison ; en cela il s’est rapproché de la vérité et des convenances » ; et cette autre, qui fut neuve en son temps et qui allait contre l’opinion commune : « Chez Racine, l’action marche toujours : dans les tragédies de Voltaire, l’intrigue languit ; les tirades seules sont animées. » Il admire Bajazet sans restriction et relève cette sottise de La Harpe, que « Bajazet est une tragédie du second ordre qui n’a pu être écrite que par un auteur du premier ». […] C’est encore une grande grâce qu’on lui fait ; car son esprit ressemble si fort au bon sens, que beaucoup de beaux esprits le prennent pour de la bêtise. » Mais, si Geoffroy admire en Molière l’artiste, et par où il le faut admirer, il voit clairement ce que son œuvre eut, dans le fond, de destructeur.

/ 1878