Remarquons encore que toutes les fois que des agents surnaturels appartenant à la croyance des chrétiens sont venus animer nos compositions, nous avons toujours été, en cela même, trop serviles imitateurs des anciens ; c’est-à-dire que trop souvent ces agents surnaturels ont ressemblé aux divinités d’Homère ou de Virgile : tant nous avons été fourvoyés dans les voies de l’imitation.
Alfred de Vigny, lui-même, ce cygne, s’abattit un instant, sur cette mare… Avec une vanité littéraire qui ressemblait à de l’hystérie, Mme Louise Colet, ce bas-bleu putipharéen, aux Joseph récalcitrants parmi les faiseurs d’articles — comme Sainte-Beuve, par exemple, qui n’entendit jamais à rien et qui lui jeta, à cette lamproie, son secrétaire, Octave Lacroix, pour s’en débarrasser, Mme Colet avait trop d’impétuosité dans l’amour-propre pour être habile ; mais elle n’en était pas moins intrigante au profit du talent qu’elle croyait avoir ; dévouée, corps et âme, à sa fortune littéraire et à des besoins de publicité dont aucune femme n’eut la rage au même degré qu’elle… Son ambition était d’être poëte, encore plus qu’écrivain…, mais cette femme du pays de la poésie facile, cette Phocéenne plus de Marseille que de Phocée, était, en poésie, à ses compatriotes Barthélémy et Méry, ce qu’un sureau vidé est à des flûtes.
Il n’en est pas moins vrai que ces idées se ressemblent par certains traits, dont l’ensemble constitue justement l’égalitarisme, et qui ne sauraient donc s’expliquer par les traits spécifiques des races.
D’une croyance qui répondait à un besoin on aura passe a une croyance nouvelle qui ressemble extérieurement à la précédente, qui en accentue tel caractère superficiel, mais qui ne sert plus à rien. […] Les perturbations auxquelles nous avons affaire, et dont chacune est toute mécanique, se composent en un Événement qui ressemble à quelqu’un, qui peut être un mauvais sujet mais qui n’en est pas moins de notre monde, pour ainsi dire. […] La poupée dont il se servira n’a d’ailleurs pas besoin de ressembler à l’ennemi, puisque son rôle est uniquement de faire que l’acte se ressemble à lui-même. […] Nous n’avons pas à l’étudier ici ; nous ne pouvons cependant nous dispenser d’en dire un mot, car si le totémisme n’est pas de la zoolâtrie, il implique néanmoins que l’homme traite une espèce animale, ou même végétale, parfois un simple objet inanimé, avec une déférence qui n’est pas sans ressembler à de la religion.
Du moins, cela y ressemblait beaucoup. […] Le bonnet à rubans ressemble à un bonnet de nuit, c’est le bonnet de coton de la femme élégante. […] Cela ressemble à un conte fait à plaisir ; cela pourtant n’est que de l’histoire : l’histoire des plus beaux rêves, des extases divines, des espérances infinies — tout un monde de diamants et d’or qui se brise comme le verre, contre un obstacle ridicule. — Cet obstacle-là, n’en riez pas, c’est la réalité. […] Le dîner même ressemblait à l’accomplissement d’un devoir dans cette maison correcte et chrétienne. […] Il ressemble au cheval pâle de l’Apocalypse, et, comme le cheval de Job, il frappe du pied la terre en s’écriant : « Allons !
On commençait à connaître l’homme ; on ne savait pas encore les hommes ; — et qu’il n’en est pas un qui ressemble à un autre. […] Quoi qu’on en ait voulu dire, ce n’est pas d’être une copie de Ménage ou de l’abbé Cotin qui rend Vadius ou Trissotin intéressants pour nous ; et Alceste vaut ce qu’il vaut, sans avoir pour cela besoin de ressembler à M. de Montausier. […] Jourdain ; qu’ils ne ressemblent qu’à eux-mêmes ; que nous puissions en toute occasion les reconnaître, et, pour ainsi parler, mettre leur nom sur leur visage. […] Son Théodecte en effet et son Eutyphron se ressemblent-ils ? […] Et pourquoi ne se ressemblent-ils pas ?
Parmi les Pères, il goûtait surtout saint Augustin, auquel il ressemble par une certaine subtilité vigoureuse et par l’éclat de l’imagination. […] Gonzague, des utiles talents de le Tellier, et de cette fortune qui ressemble un peu au légitime avancement d’un fonctionnaire exact et capable. […] Nous voulons bien ressembler à des brebis, nous contenter de bêler comme elles, et nous couvrir de leur peau pendant que nous serons faibles ; mais quand les dents et les ongles nous seront venus comme à de jeunes lions, et que nous aurons appris à faire des veuves et à désoler les campagnes, nous saurons bien nous faire sentir et on ne nous attaquera pas impunément. » Qu’est-ce à dire ? […] Assurément, les deux doctrines ne se ressemblaient pas plus par le fond des intentions que les deux hommes par le caractère et la vie.
Il veut ressembler à l’idée que ce livre donne de lui. […] Bref, ils ressemblent à leur père Jean-Jacques. […] Celles du lac de Genève ne ressemblent pas plus aux flots du vaste océan. […] J’appelle naturel ce qui est bon, ce qui me ressemble. […] Et il part avec son élève à la recherche de la jeune personne qui ressemblera le mieux à cette Sophie de ses rêves.
Il ne leur déplairait pas de leur ressembler en tous points. […] » Il est bien vrai que si cette complaisance n’était pas de la colère, il faut confesser qu’elle y ressemblait, et que cela a ôté un peu d’autorité à cet ouvrage supérieur. […] Imiter bien, imiter avec un parfait naturel, c’est ressembler, tout simplement. Jamais je ne ferai un reproche à qui que ce soit de ressembler au Voltaire des Contes. […] Ils sont plus rares, tout simplement, et encore ils ne sont pas beaucoup plus rares que ceux qui ne leur ressemblent point, et je retiens presque le mot exceptionnels que j’avais au bout de la plume.
Elles ressemblent à ces stagiaires : qui sont obligés de soupirer, du matin au soir, après une place. […] comme vous lui ressemblez ! […] Cela ressemble presque à du Dickens. […] Elle ressemblait à ces portraits du xviie siècle, qui ont tous un air de commandement. […] Max Collignon pèche par quelque chose, c’est par l’excès de la discrétion, par une sorte de timidité qui fait ressembler l’atticisme de son talent à la pudeur d’une Déméter voilée.
Il est entré dans un genre ouvert, et il ressemble à ces fils de famille qui n’ont que la peine de recueillir un héritage. […] Tels sont les traits par lesquels se ressemblent les deux œuvres que nous avons voulu rapprocher. […] Reybaud a pris à ceux-ci toute son œuvre ou du moins ses parties essentielles, Le Sage empruntait à ses contemporains seulement les traits généraux par lesquels ils ressemblaient aux hommes de tous les temps. […] Qui que tu sois, ami lecteur, tu vas ressembler à l’un ou à l’autre de ces deux écoliers. […] About ressemble à Voltaire, et aussi par la netteté lumineuse dans l’expression.
Au plus bas degré, dans la moelle, elle est à un état plus incomplet encore, où nous ne pouvons la définir exactement, parce qu’en cet endroit nous n’avons pas conscience d’elle, mais où elle se reconnaît justement à cette incapacité d’apparaître à la conscience, et où probablement elle ressemble à ces sensations élémentaires qui, séparées, sont nulles pour la conscience et ne constituent une sensation ordinaire qu’en s’agglomérant avec d’autres pour faire un total. — Pareillement il y aurait trois degrés de complication dans l’action des centres nerveux. […] Parmi ces mécanismes reliés entre eux, les uns sont subordonnés aux autres ; leur ensemble n’est pas une république d’égaux, mais une hiérarchie de fonctionnaires, et le système des centres nerveux dans la moelle et dans l’encéphale ressemble au système des pouvoirs administratifs dans un État. — Dans chaque département, pour toute affaire locale, le préfet reçoit les informations et donne les ordres : parfois, après avoir reçu l’information, il donne l’ordre aussitôt et de lui-même ; d’autres fois, il en réfère au ministre et attend pour agir la décision de son supérieur. […] Elle est donc vraisemblable ; à tout le moins, elle explique comment, en quoi, par quelle correspondance et par quel genre de service l’écorce cérébrale peut être l’instrument de la pensée. — Cette écorce grise, à quinze ou dix-huit étages superposés, ressemble à une imprimerie où l’atelier actif, éclairé, est entouré de vastes magasins obscurs et immobiles.
Borné par sa nature à ses seuls appétits, semblable aux animaux par ses besoins, qu’aura-t-il au-dessus d’eux, s’il n’a pas même la honte de leur ressembler ? […] Il ressemble à ces fruits sauvages, qui plaisent d’abord à la vue, & dont la saveur détruit le charme. […] Avouons-le : les Dramatistes & les Chimistes de nos jours se ressemblent assez(*) par le secret qu’ils ont trouvé de détruire sans retour, les uns, les plus belles & les plus précieuses productions du génie ; les autres, celles de la nature, sans qu’on puisse retirer la moindre utilité de leurs découvertes.
Gardez-vous bien de leur ressembler. […] En beaucoup d’endroits elle ressemble à une Gazette. […] Leurs ouvrages ne se ressemblent que par le titre.
Il m’est resté de cette affaire un sentiment pénible à tout cœur délicat, et plus de crainte que jamais de recevoir rien qui ressemblât à un service de la part de ceux qui ne sont pas dignes en tout de vous le rendre et de vous tenir obligés pour la vie. […] Son fils lui ressemblait beaucoup, dit-on ; quelqu’un qui avait bien connu Mme Sainte-Beuve, et qui a le droit d’avoir un avis sur ces matières de santé, répétait souvent à M.
Si un rayon simple n’éveillait en nous qu’une seule sensation de couleur, elle aurait un maximum, un minimum et des degrés intermédiaires, rien de plus ; et, faute de pouvoir l’opposer à une autre, nous ne la remarquerions pas79 ; nous n’aurions pas l’idée de couleur ; les ondes lumineuses ne feraient, en croissant ou en décroissant de vitesse et de longueur, que rendre la sensation plus intense ou plus faible ; les objets ne différeraient que par leur teinte plus ou moins foncée ; ils ressembleraient aux diverses parties d’un dessin où toutes les différences sont celles du blanc, du gris et du noir. — D’autre part, si chaque rayon simple éveillait seulement deux sensations de couleur, nous aurions encore l’idée de couleur ; nous distinguerions encore deux couleurs principales, leurs maxima, leurs minima, leurs intermédiaires et leurs composés ; mais quantité de sensations de couleur nous manqueraient, et toute l’économie de nos sensations de couleur serait renversée. — C’est ce que l’on observe en étudiant divers cas de maladie ou d’infirmité congénitale, et la théorie qui réduit nos sensations élémentaires de couleur aux trois sensations du rouge, du violet et du vert, reçoit ici de l’expérience la plus frappante confirmation80. — Certaines personnes n’ont pas la sensation du rouge81 ; d’autres n’ont pas celle du vert82 ; en prenant de la santonine, on perd pour plusieurs heures la sensation du violet. […] Voilà l’antécédent immédiat de l’action de chaque filet olfactif ou gustatif ; et il est impossible de ne pas remarquer combien il ressemble à l’antécédent immédiat de l’action du nerf optique, sauf cette différence que, dans le second cas, le type et les éléments de l’antécédent sont connus.
L’esprit ressemble à un métier ; chaque événement est une secousse qui le met en branle, et l’étoffe qui finit par en sortir transcrit, par sa structure, l’ordre et l’espèce des chocs que la machine a reçus. […] Parmi les innombrables corps qui nous entourent, il y en a plusieurs qui, de près ou de loin, ressemblent au nôtre.
Rousseau, heureux de cet amour qui ressemble à une idylle dans les faubourgs et dans les guinguettes de Paris, refuse cependant de le consacrer par le mariage ; il se donne à la pauvre Thérèse, et il ne se donne à elle que pour la jouissance et nullement pour la réciprocité du devoir. […] XXV À la première rumeur produite à Paris par l’apparition de son livre, il se sauve à Motiers-Travers, village de Neufchâtel, sous la protection du roi de Prusse ; il y revêt le costume d’Arménien, fantaisie grotesque qui ressemble à un déguisement et qui n’est qu’une affiche.
Ces oiseaux ressemblaient tour à tour à des quadrupèdes ou à des poissons. […] Pendant les longues excursions de notre naturaliste, des dangers d’une autre espèce vinrent aussi le menacer ; le récit suivant ne serait pas déplacé dans un des romans de Cooper : Après avoir parcouru le haut Mississipi, dit-il, je fus obligé de traverser une de ces immenses prairies, steppes de verdure qui ressemblent à des océans de fleurs et de gazon.
On ne veut pas ressembler à ce portrait, et l’on a raison. […] Armande Béjart ne ressemblait-elle pas trop à Célimène pour que le mari de l’une n’eût pas tous les sentiments de l’amant de l’autre ?
Il est trop évident que parfois elle a ressemblé à une invasion de la barbarie ; que certains écrivains ont peint de parti pris, sous couleur de mœurs populaires, des mœurs populacières, et entassé à plaisir les laideurs, les vulgarités, les brutalités. […] Nos précepteurs ressemblaient à des hérauts d’armes, nos salles d’études à des casernes, nos récréations à des manœuvres et nos examens à des revues. » A considérer sous une autre face cette prédominance des préoccupations belliqueuses, guerre et centralisation sont deux termes corrélatifs.
La poésie purement formelle ressemble à ces stalactites des grottes qui pendent comme des lianes de pierre, guirlandes délicates et fines, mais inanimées ; on y cherche vainement la fluidité de la vie : elle n’est que dans les gouttes d’eau qui tombent et pleurent, non dans ces fleurs pétrifiées et impassibles. […] J’oublias que je conte une histoire ; Mais en parlant de moi, lecteur, je fais l’aveu, Je parle d’Olivier qui me ressemble un peu.
Son histoire ressemble elle-même à un caprice du hasard. […] XVI Ses premiers vers publiés datent de 1828, ce sont les fantaisies intitulées : Don Paez, Madrid, Portia, Mardoche, les Marrons du feu, la Ballade à la lune, tout un volume enfin dont le plus grand mérite était de ne ressembler à rien dans la langue française.
Les feuilles ressemblent à des taches vertes dentelées par les bords ; c’est pis qu’aux paysages du pont ou la communauté de st Luc. […] Malgré l’attention de ne rien prononcer, d’être court et vague, d’après ce que j’ai dit vingt artistes feraient vingt tableaux où l’on trouverait les objets que j’ai indiqués, et à peu près aux places que je leur ai marquées, sans se ressembler entre eux ni à l’esquisse de Robert.
Le duc de Montausier alla voir la pièce, et dit en sortant, qu’il aurait bien voulu ressembler au Misanthrope de Molière. […] L’acteur qui le représentait avait affecté, autant qu’il avait pu, de ressembler à l’original par la voix et par le geste.
Qu’on juge si le hasard seul a pu produire une parodie si fine, qu’elle ressemble à l’art même.
combien mal lui ressemblaient ceux qui étaient allés aux autres ports pour esquiver le péril !
Quand il parlait comme lorsqu’il écrivait, Fénelon se tenait plus volontiers à mi-côte et sur les collines : « Son style noble et léger, a-t-il dit de Pellisson, ressemblait à la démarche des divinités fabuleuses qui coulaient dans les airs sans poser le pied sur la terre. » On peut le dire de lui-même et en supprimant l’image de fabuleuses ; sa parole avait quelque chose de noble et de léger qui rappelle ces figures angéliques, amies de l’homme, et se tenant toujours à sa portée, qui pourraient s’enlever plus haut, qui ne le veulent pas, et qui aiment mieux, dès qu’il le faut, redescendre.
J’en sais de nos jours, j’en ai rencontré plus d’un, même avant l’édition présente, qui est destinée à les rallier, à en accroître le nombre, et qui peut ressembler à une revanche ou à une victoire.
On sait combien Tite-Live admirait le talent de Cicéron : il conseillait à son fils de lire avant tout Démosthène et Cicéron, et ensuite les autres auteurs « à proportion qu’ils ressemblaient le plus à l’un et à l’autre ».
Les préjugés des peuples ressemblent à des tumeurs enflammées : il faut les toucher doucement pour éviter les meurtrissures.
Elle ne ressemblait pas à Frédéric qui se passait de lecture allemande et ne lisait que des ouvrages français ; elle en lisait aussi en russe et trouvait à cette langue adoptive, qu’elle s’appliquait à parler et à prononcer en perfection, « bien de la richesse et des expressions fortes. » Les Annales de Tacite qu’elle lut en 1754 seulement, c’est-à-dire à l’âge de vingt-cinq ans, opérèrent, dans sa tête une singulière révolution, « à laquelle peut-être la disposition chagrine de mon esprit à cette époque, nous dit-elle, ne contribua pas peu : je commençais à voir plus de choses en noir, et à chercher des causes plus profondes et plus calquées sur les intérêts divers, dans les choses qui se présentaient à ma vue. » Elle était alors dans des épreuves et des crises de cœur et de politique d’où elle sortit haute et fière, avec l’âme d’un homme et le caractère d’un empereur déjà.
si l’on est d’un art particulier, tout en restant le confrère et l’ami des artistes, savoir s’élever cependant peu à peu jusqu’à devenir un juge ; si l’on a commencé, au contraire, par être un théoricien pur, un critique, un esthéticien, comme ils disent là-bas, de l’autre côté du Rhin, et si l’on n’est l’homme d’aucun art en particulier, arriver pourtant à comprendre tous les arts dont on est devenu l’organe, non-seulement dans leur lien et leur ensemble, mais de près, un à un, les toucher, les manier jusque dans leurs procédés et leurs moyens, les pratiquer même, en amateur du moins, tellement qu’on semble ensuite par l’intelligence et la sympathie un vrai confrère ; en un mot, conquérir l’autorité sur ses égaux, si l’on a commencé par être confrère et camarade ; ou bien justifier cette autorité, si l’on vient de loin, en montrant bientôt dans le juge un connaisseur initié et familier ; — tout en restant l’homme de la tradition et des grands principes posés dans les œuvres premières des maîtres immortels, tenir compte des changements de mœurs et d’habitudes sociales qui influent profondément sur les formes de l’art lui-même ; unir l’élévation et la souplesse ; avoir en soi la haute mesure et le type toujours présent du grand et du beau, sans prétendre l’immobiliser ; graduer la bienveillance dans l’éloge ; ne pas surfaire, ne jamais laisser indécise la portée vraie et la juste limite des talents ; ne pas seulement écouter et suivre son Académie, la devancer quelquefois (ceci est plus délicat, mais les artistes arrivés aux honneurs académiques et au sommet de leurs vœux, tout occupés qu’ils sont d’ailleurs, et penchés tout le long du jour sur leur toile ou autour de leur marbre, ont besoin parfois d’être avertis) ; être donc l’un des premiers à sentir venir l’air du dehors ; deviner l’innovation féconde, celle qui sera demain le fait avoué et’reconnu ; ne pas chercher à lui complaire avant le temps et avant l’épreuve, mais se bien garder, du haut du pupitre, de lui lancer annuellement l’anathème ; ne pas adorer l’antique jusqu’à repousser le moderne ; admettre ce dernier dans toutes ses variétés, si elles ont leur raison d’être et leur motif légitime ; se tenir dans un rapport continuel avec le vivant, qui monte, s’agite et se renouvelle sans cesse en regard des augustes, mais un peu froides images ; et sans faire fléchir le haut style ni abaisser les colonnes du temple, savoir reconnaître, goûter, nommer au besoin en public tout ce qui est dans le vestibule ou sur les degrés, les genres même et les hommes que l’Académie n’adoptera peut-être jamais pour siens, mais qu’elle n’a pas le droit d’ignorer et qu’elle peut même encourager utilement ou surveiller au dehors ; enfin, si l’on part invariablement des grands dieux, de Phidias et d’Apelle et de Beethoven, ne jamais s’arrêter et s’enchaîner à ce qui y ressemble le moins, qui est le faux noble et le convenu, et savoir atteindre, s’il le faut, sans croire descendre, jusqu’aux genres et aux talents les plus légers et les plus contemporains, pourvu qu’ils soient vrais et qu’un souffle sincère les anime.
Dans la seconde édition de la Lettre à Segrais, imprimée à part en 1678, il en arrive, en effet, à modifier tellement son opinion qu’elle ne ressemble plus du tout à la-première ; et par exemple, au lieu de commencer comme on vient de le voir, en disant : Je fais à peu près le même jugement des Pastorales de Longus que des romans précédents… il dit, en retournant sa phrase : Je ne fais pas tout à fait le même jugement.
Déjà, je dois le dire, cela commence à impatienter ; l’amour-propre du lecteur est humilié vraiment de cette dépense de petits miracles inutiles autour de cet enfant prodige, et, parmi les lectrices, bien plus indulgentes, il n’y aura que celles qui croiront ressembler à Sibylle et qui s’adoreront un peu en elle, qui l’aimeront.
Grenier, à côté de Lysandre auquel il ressemble, ayant été comme lui moitié lion et moitié renard.
. — L’autopsie à laquelle ont présidé MM. les docteurs Veyne et Piogey, au lendemain de la mort, a révélé la présence dans la vessie de trois pierres dont l’une affecte le volume et la forme d’un gros œuf de poule ; les deux autres ressemblent par la forme et leur grosseur à deux châtaignes ordinaires.
Le désordre des assonances dans l’ode de Malherbe convient au trouble réel de la poésie lyrique ; mais le vers épique doit avoir une tout autre constitution ; il doit pouvoir atteindre à tous les effets du dithyrambe sans se permettre aucun trouble apparent ; il faut qu’il ressemble à ces héros qui ne portent jamais sur leurs visages la marque des combats intérieurs. » La distinction est bien ingénieusement exprimée ; mais il m’est impossible de voir dans l’ode de Malherbe autre chose qu’un ordre majestueux et harmonieux, un concours d’avance réglé de justes consonnances.
C’est Byron, je crois, qui a dit du style d’Hazlitt qu’il ressemblait à une éruption de petite vérole.
8 heures : Un cœur tumultueux soulevant comme les os et la peau de sa poitrine, et une respiration stridente qu’il semble tirer de son estomac… » Nuit de dimanche (19 juin) à lundi : « … Toute la nuit, ce bruit déchirant d’une respiration qui ressemble au bruit d’une scie dans du bois mouillé et que scandent à tout moment des plaintes douloureuses et des “han” plaintifs.
Nous n’aurons encore que du mouvement, et un mouvement, quel qu’il soit, rotatoire, ondulatoire, ou tout autre, ne ressemble en rien à la sensation de l’amer, du jaune, du froid ou de la douleur.
Il eût pu dire qu’il ne prenait pas Pétrarque tout à fait du même côté que Saint-Gelais : et malgré toutes les mièvreries et mignardises de l’Olive, il est vrai que le côté tendre, ému, sincère de Pétrarque ne lui a pas échappé, et qu’en l’imitant il a exprimé dans ses sonnets une façon d’aimer sérieuse et ardente, un idéalisme sentimental, qui ne ressemblent guère au pétrarquisme grivois de Saint-Gelais.
Au premier acte, couchée sur son lit, la mitre au front et un grand lis à la main, elle ressemble aux reines fantastiques de Gustave Moreau, à ces figures de rêve, tour à tour hiératiques et serpentines, d’un attrait mystique et sensuel.
Ce Tartuffe-là ressemble à quelque abbé italien tortueux et élégant, athée, moqueur et sensuel, et qui se complaît, avec une grâce perverse, à ôter à demi son masque.
Leur influence ne s’exerce guère que sur ceux qui rêvent de leur succéder et s’appliquent dès lors à leur ressembler et à marcher sur leurs traces.
» Et quant au mariage, voici Pasquariel, libraire, qui vend un livre, lequel ressemble de bien près à notre vieux livre des Quinze joyes, ce sont : « Les Agréments et les chagrins du mariage, en trois tomes ; le chapitre des agréments contient la première page du premier feuillet du premier tome et le chapitre des chagrins contient tout le reste. » Bon ou mauvais, vrai ou faux, tout cela ne nous vient pas d’au-delà des monts.
L’éducation première est un vêtement dont on ne se dépouille jamais et qui ressemble parfois pour celui qui le porte à la tunique de Nessus.
Enfin, du mélange de ses beautés et de ses défauts, il résulte un poëme qui ne ressemble à rien de ce qu’on a vu, et qui laisse dans l’âme une impression durable.
Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait ressembler plutôt à un prêtre des muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays, les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise et d’une douce négligence mêlée d’ornement.
Chaque jour pour elle se ressemblait, excepté les jours funèbres et marqués par les plus douloureux anniversaires.
M. de Serre, emportant sa blessure au foie en silence, s’en allait mourir à Naples ; M. de Villèle, moins idéal et plus positif, s’en allait faire les affaires de sa province, de sa commune et de sa municipalité, et il les fait encore : sur une échelle ou sur une autre, est-ce que toutes les affaires ne se ressemblent pas ?
Lui-même vieux, à la haute stature, de complexion robuste et rustique, il ressemblait assez à un vieux chêne à demi dépouillé et rugueux, où l’abeille a déposé en un creux son miel.
Garde-toi de ressembler à ce personnage d’Ibsen, toujours prêt à admirer quelque chose en dehors de lui-même.
On croit avoir vu cent prêtres qui ressemblaient à celui-là ; c’est une des plus fortes preuves de la sotise des règles de convention, et du moyen d’intéresser en se renfermant presque dans les bornes rigoureuses de la nature subsistante, choisie avec un peu de jugement.
Un autre s’en prend à notre physique et nous peint fantaisistement comme un vieux professeur à lunettes, qui ressemble à un chat tombé dans de la braise.
Zola, mais à quelques-uns aussi de ses disciples, les vaudevillistes qu’ils étaient, on me permettra de ne revenir ici ni sur le choix de leurs sujets ordinaires, qui appartiennent plutôt au répertoire du Palais-Royal, ni sur leur façon de les traiter, qui ressemble à celle d’un Paul de Kock lugubre et pédant, ni sur leur goût à tous pour la caricature et surtout pour l’équivoque.
Il en fit enfin, en les combinant avec d’autres systèmes tels que ceux de Platon, de Plotin et de Descartes, une doctrine qui ressemblait fort au panthéisme, sans qu’il consentît à l’avouer. […] Saint-René, ressemblaient à la grande fresque de Kaulbach, représentant le combat des Huns, c’est-à-dire que c’est dans les nuages et non sur le sol qu’ont lieu ces terribles batailles. […] Celle-ci au contraire, avec son idéal limité, finit par ressembler à un citron qu’on a pressé jusqu’à la dernière goutte, et à ne plus présenter qu’une écorce sèche et des cellules vidées. […] Ces deux pièces se ressemblent en effet par le mouvement de l’action, la multiplicité des ressorts, la prodigieuse activité d’esprit d’un subalterne supérieur à son maître par le génie, enfin par la rapidité du dialogue, et les tirades philosophiques. […] C’étaient là les armes du réformateur, c’étaient ses moyens révolutionnaires, et c’est pourquoi ses œuvres ressembleront toujours plutôt à des panoplies qu’à des tableaux.
La fin du xviiie siècle et la fin du xixe siècle se ressemblent infiniment. […] À beaucoup d’égards ils nous ressemblaient ; mais ils ne pouvaient voir l’avenir qu’admirablement beau et merveilleusement bienfaisant. […] Car alors nous songeons à la forme humaine en regardant l’animal, et notre amour-propre nous fait estimer que l’animal ne nous ressemble pas assez, qu’il nous imite sans réussir, et non seulement, pour cette cause, il nous paraît laid, mais encore ridicule. […] Cela lui ressemble. […] Sans doute, l’esthète anglais ressemble beaucoup au nôtre.
Je veux dire par là, que rien ne ressemble à une épopée comme une autre épopée, à la Chanson de Roland comme la chanson d’Aliscans si ce n’est un mystère à un autre mystère, et un trouvère à un autre trouvère : Thibault de Champagne à Quesne de Béthune ou au châtelain de Coucy. […] Nous avons nos Mystères, les Allemands ont les leurs, les Italiens aussi, qui se ressemblent tous ; et — n’était la diversité de la langue — on pourrait bien mettre la critique au défi de leur assigner à chacun son pays d’origine. […] Je sais d’ailleurs de lui, dans ses premiers écrits eux-mêmes, des pages qui ne ressemblent pas aux citations sous le ridicule ou l’emphase desquelles on l’accable depuis Voltaire ; qui ne sont pas indignes de la réputation d’unique éloquence qu’il a eue de son temps ; et dont ce n’est pas seulement le nombre et l’harmonie, la sonorité retentissante, la beauté tout extérieure, mais déjà la force et l’autorité qui annoncent Pascal et Bossuet. […] L’esprit français, au xviiie siècle, n’a guère emprunté des Anglais que ce qu’il pouvait s’en assimiler, ou, si vous l’aimez mieux, que ce qui lui ressemblait à lui-même ; il n’a pas essayé de les comprendre ; et, pour cela, de commencer, comme il l’eût fallu, par se déprendre de ses traditions ou de ses préjugés. […] « Qu’on se rappelle le Globe écrivait Sainte-Beuve en 1850, c’est-à-dire quand il en était beaucoup plus près lui-même que nous ne le sommes déjà des Causeries du Lundi, — ce journal si sérieux, si distingué, qui croyait ressembler si peu à un autre et qui a eu de l’influence sur la jeunesse lettrée, dans les dernières années de la Restauration.
La facture, ou la manière, en est un peu molle, peut-être, et ce Bernardin-là ressemble trop encore à celui de la légende. […] Le réel est plus vaste, il est aussi plus varié que l’épopée des Rougon-Macquart, et une femme peut être « vraie », sans ressembler nécessairement aux héroïnes de M. […] Renan fait exprès de fausser ou de supprimer les perspectives de l’histoire, en rabattant ainsi le plan de l’histoire d’Israël sur celui de l’histoire contemporaine, alors, n’est-il pas vrai que le ton de sa plaisanterie ressemble étrangement à celui de la Bible expliquée par les aumôniers du roi de Pologne ? […] Le socialiste de notre temps, qui déclame contre les abus inévitables d’un grand État organisé, ressemble fort à Amos présentant comme des monstruosités les nécessités les plus évidentes de la société, le paiement des dettes, le prêt sur gage, l’impôt. » Et, grâce à l’ordinaire lucidité du style de M. […] Le fût-elle pour le passé, nous avons en nous ce qu’il faut pour faire que l’avenir ne ressemble pas au passé.
sa critique ressemble à son œuvre artiste. […] Les moyens d’aller nu cœur ne se ressemblent pas tous. […] Nous lui ressemblons si bien tous par quelque côté, qu’au lieu de le déshonorer, on l’a transfiguró. […] On croirait les avoir connues, tant elles ressemblent à celles que nous connaissons. […] Bien des auteurs se ressemblent et se confondent.
Ajoutons que nul mieux que lui ne sait nous apporter dans un livre l’image de ce paysan qui ne ressemble à aucun autre, et le parfum salé de l’Océan, sa véritable patrie. […] Ils avaient perdu leur mystère, mais non leur candeur, et si Aline, appesantie, ne ressemblait plus aux vierges grêles des très anciens peintres, du moins elle ressemblait à celle que Rubens a osé peindre, avec les marques de sa maternité prochaine. […] — Aline, dit-il enfin, on prétend qu’il pourrait me ressembler si tu avais beaucoup pensé à moi…. […] Les émotions ne se ressemblent pas ; mais être ému, voilà l’important. […] Ce sont moroses cervelles de fanatiques qui haïssent et méconnaissent tout ce qui ne leur ressemble pas.
À parler sensément, MM. de Banville et Baudelaire se ressemblent comme le nord au midi. […] « … Si quelqu’un entreprenait de sortir de cette sphère étroite qui borne les connaissances des hommes, une infinité d’insectes, qui s’élevaient aussitôt, formaient un nuage pour l’obscurcir ; ceux mêmes qui l’estimaient en secret se révoltaient en public, et ne pouvaient lui pardonner l’affront qu’il leur faisait de ne pas leur ressembler. » (Montesquieu.) […] Toutes les sous-préfectures se ressemblent, faisant cadre aux mêmes ridicules, aux mêmes puérilités. […] Le malheur est qu’ils les font également : rien ne se ressemble comme deux formistes, et cela par la raison toute simple que la forme est chose artificielle et convenue, qui s’apprend comme l’orthographe ou le trapèze. […] Pauvres cerveaux, qui vous emplissez à la hâte d’une érudition baroque, — puisée dans les dictionnaires ou dans les relations de voyage, et dont sourirait le concierge de l’Académie des Inscriptions, — pour la verser ensuite dans des odes uniformément moulées et qui se ressemblent toutes !
Ce grand vieillard athlétique ressemblait à un cabotin en retraite ou à un vieux magistrat fraîchement rasé. […] Si ta Carthage ne ressemble pas à la vieille cité punique, tant pis pour celle-ci, mais tu as vu et très bien vu ». […] La porte s’ouvrait, un grand garçon, qui ressemblait à un Renan poupin, demandait en rougissant et d’une voix craintive, comme si la police était à ses trousses : « — Est-ce que Boylesve est là ? […] Bouleversée d’émotion en lisant ce récit, qui ne ressemblait à rien de ce qu’elle avait lu jusqu’alors, Mme Adam courut porter le manuscrit à Alphonse Daudet. […] Xau avertit le secrétaire de rédaction Brunières, un charmant garçon qui ressemblait à M.
L’exorde du récipiendaire ressemblait volontiers à l’exposition d’un drame sentimental. […] Peu s’en faut qu’il ne ressemble au Marsyas. […] Les scènes s’accumulent plutôt qu’elles ne s’enchaînent ; elles se posent et ne se poursuivent pas ; l’auteur les indique hardiment avec une netteté qui ressemble presque à un défi, mais il néglige de les développer. […] Mais il eût trop ressemblé à ces tombeaux romains dont les ruines se voient encore en Italie, et qui, dédaignant le luxe pompeux de nos modernes mausolées, n’ont qu’une inscription concise sur un sarcophage. […] Louis XIII et Marion ne rappelaient guère madame de Motteville et le coadjuteur ; Didier ne ressemblait pas aux héros de la Fronde.
Par exemple, si l’on prend du tissu d’une glande sublinguale, ou d’une glande de Nuck, et qu’on le fasse infuser dans l’eau tiède, on voit l’eau prendre bientôt une consistance visqueuse et gluante qui la fait complètement ressembler à de la salive sublinguale elle-même. […] Ce liquide ressemblait en réalité à la salive sous-maxillaire. […] En effet, quand on mélange de l’huile d’olive ou un autre corps gras neutre avec de la salive, de la bile, on voit, en agitant fortement le mélange, qu’il s’opère une espèce de division mécanique de la graisse qui ressemble beaucoup à une émulsion. […] On examina les excréments en les faisant bouillir avec de l’eau ; pendant la cuisson ils exhalaient une odeur de graisse rance très désagréable, qui ne ressemblait en rien à l’odeur ordinaire des excréments de chien. […] En incisant le foie, on obtenait une surface qui ressemblait à un beau porphyre vert foncé et grenu ; les conduits biliaires, dilatés, étaient remplis de bile, qui s’en échappait quand on les incisait.
Variant tous par les moyens, ils se ressemblent tous par la tendance. […] Seuls, quatre ou cinq, réfractaires-nés, plus forts que l’ambiance hostile, goûtant les joies de la lutte contre la bêtise envieuse, ne ressemblent qu’à eux-mêmes. […] — Dans ces moments-là, tu ressembles à la fourmi mordant la semelle de la botte qui l’écrase. […] Comme je voudrais lui ressembler ! […] Mais, cher imbécile, il ne faut pas que tu me ressembles.
Son vers voisin de la prose, et qui en était si distinct pour Racine et pour lui, ressemble, j’oserai dire, à ces digues de Hollande qui paraissent au niveau de la mer et qui pourtant n’en sont pas inondées. […] Il affecte assez fréquemment dans son style ces tours précieux qui ressemblent aux mines des coquettes.
Cela ressemble trop à une parodie moqueuse, de voir le pâtre colossal le prendre sur ce ton et faire l’enfant, comme l’Amour piqué qui s’en viendrait bouder sa mère. […] Qu’on n’aille pas trop se hâter de conclure d’après cela ni croire que toutes les femmes de l’antiquité se ressemblaient.
S’ils y couchent, ils n’en sont pas moins négligés. « Je fus confié, dit le comte de Tilly, à des valets et à une espèce de précepteur qui leur ressemblait à beaucoup d’égards. » Pendant ce temps son père courait. « Je lui ai connu, ajoute le jeune homme, des maîtresses jusqu’à un âge avancé ; il les adorait toujours et les quittait sans cesse. » Le duc de Biron juge embarrassant de trouver un bon gouverneur à son fils : « c’est pourquoi, écrit celui-ci, il en confia l’emploi à un laquais de feu ma mère, qui savait lire et passablement écrire, et qu’on décora du titre de valet de chambre pour lui donner plus de considération. […] La gaieté ressemble alors à un rayon dansant de lumière ; elle voltige au-dessus de toute chose et pose sa grâce sur le moindre objet.
Les sourcils, fins et légèrement arqués à leur extrémité, ressemblent aux sourcils de femmes en Perse. […] Il ressemble aux sages les plus distingués de la haute antiquité.
Ses liaisons littéraires avec Bettina d’Arnim ressemblent à une de ces aurores boréales de l’amour que les vieillards, dont l’imagination survit à l’âge, aiment à voir briller sur leur horizon quand le soleil de l’amour juvénile est déjà couché depuis longtemps dans leur ciel. […] Un jour qu’elle était chez le prince primat avec toutes les chanoinesses, portant le costume de son ordre, une robe à queue, un col blanc avec la croix d’ordonnance, quelqu’un fit la remarque qu’elle ressemblait à une apparition au milieu des autres dames, à un esprit qui allait s’évanouir dans l’air.
Ces maisons, en général carrées et basses, n’ont rien qui les distingue trop des maisons de la petite bourgeoisie, qu’une ou deux tourelles qui flanquent les angles, et qui ressemblent plus à des colombiers qu’à des bastions. […] L’écrivain en lui est sans modèle et sera peut-être sans imitateur ; mais le philosophe savoyard ressemble trop à un sophiste grec de la décadence.
Je trouvais bien quelquefois que cette belle langue italienne où le si suona était bien rude et bien martelée, que cela ne ressemblait guère ni à la délicieuse et claire harmonie du Tasse, ni à l’amoureuse et rieuse mélodie de l’Arioste, ni à l’énergie nationale, sensée et abondante de Machiavel ; que cet effort continu de l’écrivain, en tendant l’esprit du lecteur, lui donnait plus de peine que de plaisir ; que les banalités rhétoriciennes, quand on les pressait bien dans la main, ne laissaient que des cailloux mal polis dans l’esprit ; que Dieu avait fait de la facilité la vraie grâce de l’élocution, et que tout ce qui était difficile n’était pas réellement beau. […] Asti ressemble à Mâcon, au luxe près des belles maisons, que l’emphase italienne appelle palais.
Il ressemble à l’enfant qui a tant de paroles à dire qu’il ne sait par où commencer. […] Je ressemble, avec ma pauvre tragédie, à Perrette au pot au lait, et ma comparaison ne sera peut-être que trop réelle !
Le Moyen Âge ressemble par certains côtés aux temps homériques, et qui voudrait pourtant appliquer à des états si divers la même dénomination ? […] Pythagore lui-même ressemble fort à un théurge.
Mais ce n’est pas tout : non seulement tous ces drames sont des organismes vivants, chez lesquels tout se tient dans un réseau d’influences mutuelles, mais chacun est un corps doué d’une individualité marquée, d’une physionomie qui ne ressemble en rien à celle de ses frères. On a pu dire la même chose de la musique des opéras de Mozart ; mais dans Wagner ce n’est pas seulement la musique qui dans chaque œuvre diffère absolument de celle des autres, c’est la structure du vers, la diction, le style… Le poème de Tristan ne ressemble en rien à celui du Ring ; celui de Parsival n’a pas de rapports avec les deux premiers40 al.
On ne voulait pas qu’il les appelât Opéras « parce qu’elles ne ressemblaient pas assez à Don Juan » ; et lui, ne voulait point permettre qu’on dît « Musikdrama », drame de musique ou drame musical, parce que, premièrement, cette dénomination n’a au fond aucun sens (voir au bas de la page 360), et secondement, que la signification qu’elle paraît comporter défigure et dénature l’idée essentielle et première de l’œuvre wagnérienne (voir au bas de la page 362)81. […] Dans les parties itères et pleines de reproches, elle ressemble à celle de Wotan au second acte de la Walküre ; lorsque la douleur l’accable, l’allitération disparaît et la rime prend sa place, une rime riche et très sonore.
Le succès d’un livre est donc le signe certain de la présence dans le public d’un nombre plus ou moins considérable de gens qui partagent, dans une certaine mesure, les opinions, les émotions, les sensations qu’il présente, qui partagent donc les tendances qu’il marque chez son auteur, qui se trouvent lui ressembler. […] Et, chose significative, les côtés par lesquels certains littérateurs français ressemblent à Heine, sont précisément ces façons étrangères de sentir.
Ces Amériques espagnoles ressemblent à ces colonies grecques de l’Asie, devenues libres par la distance, mais restées grecques par la vigueur des caractères et par l’élégance du génie natal. […] L’entretien, entièrement sevré de politique ou d’allusions aux choses du temps, à cause de l’ombrageuse vigilance de la police française en Italie, ressemblait plus à un dialogue des morts qu’à un entretien des vivants ; il roula entièrement sur la prééminence que chaque contrée de l’Italie moderne pouvait revendiquer sur les contrées rivales.
Ces hommes d’exclusion ressemblent à ces Arabes des frontières de Perse qui étendent des toiles autour des palmiers mâles de leurs tribus, dans le temps de la floraison, pour empêcher le vent du désert d’aller porter les semences de leurs palmiers aux palmiers femelles des tribus voisines. […] Les races antiques n’ont rien qui lui ressemble.
La littérature même du prince y trouve son compte ; lorsqu’il lira plus tard le Cours de La Harpe et qu’il y fera des annotations, souvent très fines et très justes, il reprendra le célèbre professeur sur le chapitre des Grecs : Si vous aviez vu, monsieur de La Harpe, et étudié les Grecs d’aujourd’hui comme moi, qui ai eu des affaires de politique à traiter avec eux, vous sauriez qu’ils ressemblent aux anciens.
. — Il faut que les disputes des gens de lettres ressemblent à ces conversations animées, où, après des avis différents et soutenus de part et d’autre avec toute la vivacité qui en fait le charme, on se sépare en s’embrassant, et souvent plus amis que si l’on avait été froidement d’accord.
Le sentiment buffonien y est célébré dans un style, dans une langue qui ressemble le moins à celle de Buffon : en voici une phrase prise au hasard : « Au point de vue où nous apparaît notre immortel Buffon, si admirable et si profond à la fois, nous voyons ce génie sublime lancer l’esprit humain dans des généralisations inspirées par des divinations synthétiques… » Le respect seul m’empêche de multiplier ces citations.
quand il parle si à son aise de Louis XIV, de Louis XIII et de Richelieu, donnant bien haut la supériorité à ce qu’il préfère et à ce qu’il croit qui lui ressemble, je m’étonne que M.
Il n’avait encore rien rencontré qui ressemblât à Corinne, à cette date : Je suis en travail, écrivait-il à son ami Navez, sur mon tableau de Corinne… Il pourra bien s’y trouver quelques bons détails, mais j’ai bien peur de m’être fourvoyé.
. — C’est en avoir assez dit, je crois, et c’est rendre assez de justice à l’homme qui ressemble le moins à Tacite, mais qui cependant a son prix.
Il est vrai que quelques-uns lui ont fait cette charité de revoir ses écrits, et nommément sa Sagesse et sa Divinité (probablement ses Discours chrétiens), pour en retrancher les plus apparentes impiétés ; mais on peut dire que les œuvres de ce Charron ressemblent à une vieille roue toute rompue et démembrée, etc.
Bien au contraire, il cherche constamment à le pousser, à l’enhardir à la guerre, à lui faire livrer plus de batailles qu’il n’en livre (et certainement il ne voulait pas les lui faire perdre), à lui donner plus de ressort et de mouvement, quelque chose qui ressemble davantage à ce qu’il a lui-même.
Rien assurément ne ressemble moins à ses Mémoires que le Journal de d’Ormesson ; l’auteur n’a pas songé une seule fois à être piquant.
On me dira que je m’étonne de peu, mais je suis stupéfait quand je lis sur ce même Baour-Lormian : « Il continuait la tradition et cherchait la nouveauté : il avait pour lui tout le monde » ; et sur sa traduction du Tasse : « C’est le vers de l’ancienne école, solide, plein, harmonieux… Le poëme ressemble à ces vieilles étoffes au tissu ferme et doux, etc. » ; tandis que Baour-Lormian avait le vers harmonieux, sans doute, mais essentiellement vide, creux et mou.
Son père qui, dans sa jeunesse, était très-beau, qu’on surnommait Orondate parce qu’il ressemblait à un héros de roman, qui avait eu des duels brillants au temps de la mode des duels, et avait mérité, par là la faveur du prince de Conti, ce qui fut le point de départ de sa fortune, s’était depuis distingué à la guerre et y serait probablement arrivé jusqu’aux emplois les plus considérables, s’il n’avait rencontré en chemin l’inimitié de Louvois, qui lui barra tout avancement.
Il arrive souvent aux grands poëtes sur le déclin des ans de susciter en de jeunes cœurs des admirations passionnées qui ressemblent à de l’amour : ainsi Gœthe enflamma le cœur ou la tête de Bettina ; ainsi Lamartine, ainsi Chateaubriand en ont enflammé bien d’autres.
N’oubliez pas que Mme de Staël n’avait pas eu tant à se louer des Bourbons en 1814 ; qu’elle n’avait point été admise à parler une seule fois aux princes dans cette année de la première Restauration… Il est téméraire de prétendre dire d’une personne qui vous ressemble si peu, qu’elle a senti exactement d’une façon et non d’une autre, pendant toute la durée de ce rapide et violent orage.
Sous une forme ou sous une autre, il est conquis à Jésus ; il l’est surtout depuis qu’il a visité cette Palestine, objet et terme désiré de son voyage, ce riant pays de Génézareth, qui ressemble à un jardin, et où le Fils de l’Homme a passé le meilleur temps de sa mission à prêcher les petits et les pauvres, les pêcheurs et les femmes au bord du lac de Tibériade ; il faut entendre comme il parle à ravir et avec charme de ce cadre frais et de ce paysage naturel des Évangiles.
Il ressemble à une source dont l’eau est empruntée ; elle coule un certain temps, mais quand le réservoir est épuisé, elle s’arrête. » Il n’y a de vrai génie ou talent que celui dont on ne peut jamais dire : Il a vidé son sac ; car ce n’est pas un sac qu’il a : il est une source.
On a vu jusqu’où la peur de ressembler à Gessner ou à Greuze, ou à Fénelon, peut conduire un farouche pinceau : on se fait loup, chacal et tigre, de peur de paraître joueur de flûte ou berger.
Royer-Collard tout le premier, avec sa forte et haute manière et ce je ne sais quoi d’auguste dans le bien dire qui ne ressemblait à rien de ce que l’on connaissait jusque-là ; et pour M. de Serre, cette grande âme oratoire, au large essor, au coup d’œil étendu, à l’inspiration palpitante et passionnée, un de ces oiseaux de haut vol qui ne s’élèvent jamais plus haut que dans la tempête ; et pour M.
J’avais meublé, dans la tour de l’Aigle, une chambre à arceaux et à vaste cheminée, avec de grands fauteuils de tapisserie et des tapis à verdure et à personnages, dans le style des vieux temps, et pour ressembler aux anciens maîtres.
Après avoir montré avec beaucoup d’art et de finesse en quoi le langage employé dans la Princesse de Clèves est parfaitement délicat et comment il ressemble fort peu à ce qui, chez des poëtes ou des romanciers spirituels de nos jours, a été salué de la même louange ; après avoir reconnu l’accord et l’harmonie des sentiments et des émotions avec la manière de les exprimer, et avoir donné plus d’un exemple des scrupules et des exquises générosités de l’héroïne jusque dans la passion, M.
Au contraire, l’intérieur de l’esprit et de la pensée de mon savant me paraît fort ressembler à l’intérieur de sa chambre.
Pour lui toutes les libertés nouvelles se ressemblaient, c’est-à-dire équivalaient à des tyrannies.
On a attribué ce mot à Fouché, et il lui ressemble en effet.
J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur.
Adolphe Dumas ressemble à Horace ; il a de l’élévation, du mysticisme, du socialisme, des portions hautes et rudes de talent ; comparez-le à Dante le théologien, si vous le voulez absolument, ou à l’Eschyle du Prométhée encore, ou, au pis, à Claudien,… mais à Horace !
Les générations prennent, à mesure qu’elles avancent, des teintes plus uniformes, de certaines couches générales de lumière qui les différencient en masse d’avec celles qui suivent, et en font ressembler davantage entre eux les individus.
Ceux du xvie siècle avaient bien eu déjà quelque avant-goût de rêverie ; mais elle manquait chez eux d’inspiration individuelle, et ressemblait trop à un lieu-commun uniforme, d’après Pétrarque et Bembe.
Étienne, lui, n’était pas du tout du sanctuaire, et une illusion de son ingénieux panégyriste a été, à un certain moment, d’essayer de l’y rattacher, ou, lors même qu’il le rangeait définitivement dans la seconde classe, d’employer à le peindre des couleurs encore empruntées à la sphère idéale et qui ressemblent trop à des rayons.
Ce qui pouvait obtenir l’estime des patriciens était l’objet de l’émulation générale : on pouvait les haïr ; mais on voulait leur ressembler.
Qu’importe de se ressembler par les opinions politiques, si l’on diffère par l’esprit et les sentiments ?
Le siècle refait, du reste, l’antiquité à son image, qui lui ressemble comme les divinités d’Opéra à l’Olympe homérique.
Se détachant du même groupe d’érudits, collaborateurs tous les deux d’Olivetan dans la traduction de la Bible, Calvin s’en alla écrire le livre de la Réforme française, et Despériers quatre petits dialogues. obscurs et railleurs, où l’on entrevoyait ces choses graves : que la foi consiste à affirmer ce qu’on ne sait pas, et que nul ne sait ; que les théologiens ressemblent à des enfants « sinon quand ils viennent à se battre » ; que Luther ni Bucer ne changeront le train du monde, et qu’après comme avant eux, mêmes misères seront, et mêmes abus ; que toute la puissance de Dieu est dans le livre, entendez que le livre, c’est-à-dire l’homme, a fait Dieu ; que les petits oiseaux montrent aux nonnes les leçons de Nature : que toutes les Eglises et tous les dogmes ne sont qu’imposture et charlatanisme ; que les réformateurs sont en crédit par la nouveauté ; que leur œuvre, quoi qu’ils en aient, rendra chacun juge de sa foi.
Il ne ressemble guère aux gens de lettres du xviiie siècle, si remuants, si désireux de s’étaler, d’occuper le monde de leurs personnes.
C’est le visage grimaçant de Fatou-gaye qui ressemble à un singe et à une petite fille… C’est tour à tour l’ennui morne et la volupté furieuse sous le poids du ciel en feu.
Il est le seul qui, depuis Lamartine et Hugo, ait composé des odes dignes de ce nom et qui n’ait pas perdu haleine avant la fin ; et en même temps ce rhétoricien a su écrire de merveilleuses chansons assonancées et qui ressemblent, à force d’art, à des chansons populaires.
Mais les mieux doués eux-mêmes ressemblent à des enfants auxquels il échappe de dire au hasard des choses au-dessus de leur âge.
La France ressemble à l’héroïne du drame à la mode, La Dame aux camélias.
Rien ne se ressemble plus que le syncrétisme et la synthèse ; rien n’est plus divers : car la synthèse conserve virtuellement dans son sein tout le travail analytique ; elle le suppose et s’y appuie.
Supposer un vrai ou un bien indépendant des jugements individuels, c’est ressembler à l’homme qui, entendant chanter en chœur, supposerait une voix abstraite universelle, distincte et indépendante des voix particulières.
Ce portrait est très singulier de physionomie chez La Bruyère, et ressemble tout à fait pour la forme à quelque page moderne.
Elle ressemble à son premier portrait, et point à l’autre.
Cette scène est vraie, elle doit l’être, car elle ressemble à la nature humaine, à la nature des rois, des ministres et courtisans en ces extrémités.
Son originalité la plus réelle consistait en cette vocation et cette verve de pédagogie poussée jusqu’à la manie, qui lui valut tant d’épigrammes, mais qui du moins faisait qu’elle ne ressemblait à nulle autre.
Portalis faisait de cette affreuse époque de la veille un tableau vrai, avec des traits tirés de Tacite ; il ajoutait avec une observation fine qui n’était qu’à lui : On poursuivait les talents, on redoutait la science, on bannissait les arts ; la fortune, l’éducation, les qualités aimables, les manières douces, un tour heureux de physionomie, les grâces du corps, la culture de l’esprit, tous les dons de la nature, étaient autant de causes infaillibles de proscription… Par un genre d’hypocrisie inconnu jusqu’à nos jours, des hommes qui n’étaient pas vicieux se croyaient obligés de le paraître… On craignait même d’être soi ; on changeait de nom ; on se déguisait sous des costumes grossiers et dégoûtants ; chacun redoutait de se ressembler à lui-même.
à dessiner comme un profil de lui-même, et à nous retracer avec amour l’idéal de l’homme auquel il aurait le mieux aimé ressembler.
C’est le sentiment vif de cette incomparable et idéale agonie qui lui inspira un Dialogue entre Platon et Fénelon, où celui-ci révèle au disciple de Socrate ce qu’il lui a manqué de savoir sur les choses d’au-delà, et où il raconte, sous un voile à demi soulevé, ce que c’est qu’une mort selon Jésus Christ : Ô vous, qui avez écrit le Phédon, vous, le peintre à jamais admiré d’une immortelle agonie, que ne vous est-il donné d’être le témoin de ce que nous voyons de nos yeux, de ce que nous entendons de nos oreilles, de ce que nous saisissons de tous les sens intimes de l’âme, lorsque, par un concours de circonstances que Dieu a faites, par une complication rare de joie et de douleurs, la mort chrétienne, se révélant sous un demi jour nouveau, ressemble à ces soirées extraordinaires dont le crépuscule a des teintes inconnues et sans nom !
D…, descendant de l’avocat général de Bordeaux, et qui, lui, n’eut pas l’air de nous trouver extraordinairement criminels, et après D…, le juge L…, une sorte d’ahuri qui ressemblait à Leménil prenant un bain de pieds dans Le Chapeau de paille d’Italie, fourré dans l’affaire comme un comique en un imbroglio, et qui avait de lui, dans la pièce où il nous reçut, un portrait en costume de chasse, un des plus extravagants portraits que j’aie vus de ma vie.
Ce rude travailleur en choses éphémères, ce bénédictin de robe… trop courte, avec ses vastes connaissances, son encyclopédisme littéraire, son amour des idées et de tout ce qui ressemblait à une idée, son besoin plus pressant que sûr de généraliser, son style fringant, piquant, brillant et trempé aux sources de tous les idiomes, Philarète Chasles, n’a pas laissé, en somme, un grand livre pense et voulu, construit avec art, ferme sur sa base, une œuvre centrale, enfin, qui eût donné exactement sa mesure et qui aurait empêché de la chercher confusément, ainsi qu’on le fait aujourd’hui, dans des travaux éparpillés, — disjecta membra poetæ .
Son esprit ressemble à ce cavalier de marbre dont il a parlé, je crois, quelque part, qui, à mesure que son cheval s’agite, devient de plus en plus pesant et fixe sur la selle, le domptant, en le serrant de ses cuisses de marbre, de sa fixité et de son poids.
L’Église ressemble de nos jours à ce vieillard, qui se raccroche à l’existence d’une main désespérée.
« Je souffre, disait-il, toutes les fois que je-suis obligé de traduire en paroles des phénomènes intérieurs ; les expressions de la langue suggèrent à l’esprit des images qui ressemblent si peu aux phénomènes que sent la conscience, que de telles descriptions font toujours pitié à ceux qui les donnent61. » Les grands romanciers donnent des descriptions aussi difficiles que celles des psychologues, et néanmoins très-claires ; c’est qu’ils les composent de petits faits62.
Nos sciences ressemblent à ces villes : des générations meurent occupées à graver sur nos livres l’innombrable catalogue des faits ; et ce terrible labeur n’est rien.
Mes deux philosophes lui ressemblent.
Le style se constate ; en étudier le mécanisme est inutile au point où l’inutile devient dangereux ; ce que l’on peut recomposer avec les produits de la distillation d’un style ressemble au style comme une rose en papier parfumé ressemble à la rose. […] C’est pour cela que les poètes latins et le plus grand, Virgile, disparaissent traduits, se ressemblent tous dans l’uniformité pénible d’une pompe normalienne. […] Il y a des associations d’idées tellement durables qu’elles paraissent éternelles, tellement étroites qu’elles ressemblent à ces étoiles doubles que l’œil nu en vain cherche à dédoubler. […] Croyons à la Gorgone de saint Épiphane, le plus ancien des pasteurs de chimères sacrées : « la Gorgone ressemble à une belle femme ; ses cheveux blonds se terminent en tête de serpents. […] l’objet qui ne me résiste pas et l’objet qui me résiste, l’objet esclave et l’objet contradictoire, l’objet signe et l’objet pensée : — l’homme, l’homme effrayant, l’homme qui m’épouvante, parce qu’il me ressemble.
A l’abri, par le feu, des bêtes, du froid et de la faim (cuisson et conservation des aliments), ils pouvaient ressembler aux Tahitiens tout aussi bien qu’aux Boschimans. […] Son état, dans les cas moins violents, ressemblera à celui de l’homme endormi dont le sommeil est assiégé de rêves. […] Presque tous les crimes se ressemblent. […] Les membres d’un clan Bœuf, chez les Batokas, en Afrique, s’arrachent certaines dents pour faire ressembler leur dentition à celle du bœuf. […] La machine humaine est une machine, cela est incontestable, mais c’est une machine animale qui ne ressemble pas à toutes les autres machines.
Et c’est faute d’avoir constitué ce groupe, qu’on se trouve embarrassé de rencontrer, dans la période suivante, Maynard et Racan, ces deux retardataires, disciples de Malherbe, qui lui ressemblent si peu, mais qui ressemblent tant aux contemporains dont son originalité l’écartait. […] Il apparaît bien ainsi que l’héroïsme cornélien, dans son essence originale, n’a pas forcément un caractère moral, et ressemble fort, avec plus d’étroitesse, à la virtù des Italiens de la Renaissance, comme l’a déjà fait remarquer, je crois, M. […] Je ne retire ni ne contredis ce que je disais tout à l’heure : mais quand on dissèque l’ouvrage après réflexion, et quand on le lit naïvement, on obtient deux impressions, on aboutit à deux jugements qui ne se ressemblent pas. […] L’essentiel est que cela vive, et cela vit ; que cela ressemble à l’humanité, et l’humanité s’y reconnaît. […] Il n’y a point de visage dont l’expression soit unique et constante : le meilleur portrait ne ressemble pas tous les jours.
Direz-vous encore que Manon ressemble à tout ? Je jure qu’elle ne ressemble pas à Marguerite et qu’elle pèche plus gaiement. […] Une mère Spartiate ressemble-t-elle pourtant beaucoup à une mère française ? […] Baudelaire), ne garde plus qu’un peu de mécanique et de musique ; il ressemble assez bien à une toupie qui ronfle dans le ruisseau. […] Flaubert, ressemble à une belle lame d’acier, polie, aiguë et froide, qui pénètre profondément dans les chairs et que remue à loisir, aux places douloureuses, une main sans émotion.
Persévérons à vouloir le triomphe des lois… » Camille Jordan ne ressemble point à ces émigrés qui prêchent l’abstention à leurs concitoyens : c’est qu’il n’est pas un émigré, il n’est qu’un proscrit. […] J’emprunte une expression qui doit être de Degérando même et qui lui ressemble : il prit en main, si l’on peut ainsi parler, les affaires d’un exil qu’il aurait voulu partager, et il n’eut de repos que quand, grâce à lui, son ami eut réussi à passer la frontière. […] Il vient quand il sait que je n’y suis pas. » Et dans une lettre à Degérando lui-même, qu’elle lui adressait de Coppet : « En écrivant à Camille Jordan, dites-lui que j’aime quelqu’un à Genève, seulement de ce qu’il lui ressemble un peu. » L’écrit marquant que Mme de Staël désirait pour Camille, et qui devait dissiper les nuages du passé en le classant décidément dans son vrai parti, il ne tarda pas à le produire : c’est la brochure de 60 pages intitulée : Vrai sens du vote national sur le Consulat à vie, qui est de 1802.
Danou fut moine, comme on dit, il ne lui arriva de l’être que dans ce milieu doux, orné et assez riant, qui lui ressemble. […] Magnin, qui pense que, même en sa plus libre et sa plus énergique allure, le Daunou d’alors était très-près de ressembler à celui que nous savons. […] Dans mon ouvrage (Santa Rosa méditait un grand travail sur les gouvernements), je referai cette seconde partie sous un point de vue plus pratique que théorique, et j’entrerai dans des détails faute desquels l’ouvrage de l’oratorien ressemble à un livre de géométrie plutôt que de politique120. » Cette critique ne peut porter que sur la forme ; quant au fond, le livre de M.
Entourés des œuvres si intéressantes d’Aristophane, de Shakespeare, de Molière, et ne trouvant à reproduire sur leur compte que de vieilles banalités, à peine rajeunies dans la forme ; occupés à compter et à mesurer des grains de poussière sur l’aile des grands poètes, les petits maîtres de l’école du goût ressemblent à des enfants ou à des dames s’amusant à manier dans un salon, en l’absence du naturaliste, un magnifique instrument d’observation dont leur frivolité avilirait l’usage, dont leur ignorance ne soupçonnerait pas la portée. […] Si vous injuriez les crocodiles, prenez garde : je vous accablerai de la ridicule démarche du cygne quand il sort de l’eau, et qu’il ressemble à nos classiques français dès qu’ils s’écartent du style noble, et je vous jetterai à la tête les jambes de fuseau de l’antilope, aussi minces, aussi ténues, aussi grêles, aussi sèches que notre mesquine poésie de salon, qui n’est, a dit Jean-Paul, qu’une épigramme prolongée. […] Nous verrons Goethe, dans son vaste cabinet de travail qui ressemble à un petit musée, entouré de statués antiques, et, durant plusieurs jours, le crayon à la main, l’œil attaché sur les plus parfaits modèles, dessinant des formes idéales avant d’écrire son Iphigénie.
Il ressemble au cours naturel des choses. […] L’absence complète ou d’incidents, ou d’étude de caractères, ou d’étude de milieu, ressemble même à une gageure. […] M. de Pressensé ressemble aux augustes personnages qui proclament l’alliance franco-russe par tous les synonymes possibles du mot alliance, en n’évitant que ce mot lui-même. […] Henri Heine avait reconnu, au moins de temps en temps, en Musset, « le jeune homme vêtu de noir qui lui ressemblait comme un frère ». […] Celle de Vienne ressemblerait un peu à celle de Rome, celle de Londres à celle de Paris ; celle de Saint Pétersbourg… il faudrait voir de près.
Cela ne ressemble pas du tout à Sophocle, mais cela rappelle souvent les dialogues de Platon. […] Son visage, dont les yeux me lancent de côté des regards amoureux, ressemble à un lotus d’or (ah ! […] Et son mari déclare que cette robe, avec tous ses petits crevés, ressemble à une vague écumoire. […] Elle ressemble à 1830. […] C’est exactement le rythme admirable d’Andromaque, la comédie qui a pour fondement l’observation et la tragédie qui a pour fondement l’observation, finissant toujours par se ressembler, par se rejoindre et par se placer, pour ainsi dire, sur le même plan.
Pas une ne se ressemble. […] Qu’est-ce en effet que le réalisme, et en quoi celui de l’auteur de Chien-Caillou ressemble-t-il à cette grande chose ? […] Balzac, Stendhal, Ch. de Bernard ont exploité le grand monde chacun à son point de vue, sans que leurs livres se ressemblent le moins du monde. […] Courbet ne voudrait pas passer pour un utopiste ; mais son allégorie réelle ressemble furieusement à « l’Épître secrète adressée publiquement à S.
Si M. de Chateaubriand est sincère dans la préface des Natchez, si la première moitié de ce poème ressemblait d’abord à la seconde, nous sommes tenté de maudire le caprice littéraire qui nous a gâté ce livre. […] Les incroyables efforts de l’auteur pour décrire les grenadiers et les dragons dans la langue des traditions homériques ressemblent à une gageure contre le bon sens. […] Hormis les grandes divisions chronologiques qui appartiennent à David Hume aussi bien qu’à Samuel Johnson, tout marche à l’aventure et ressemble plutôt à des notes éparses qu’à l’ébauche d’un livre. […] Ne faut-il pas chercher en quoi la tragédie et le drame diffèrent, en quoi la tragédie et le drame se ressemblent ? […] Il lui arrive rarement de se passionner, et lorsqu’il se décide à partager l’entraînement de l’acteur, la sympathie revêt chez lui le caractère de l’approbation ; les accents de sa colère ou de son désespoir n’ont presque rien d’humain, et ressemblent à la voix divine.
S’il s’établit une figure populaire de l’artiste, ce sera une raison pour que l’artiste ne veuille pas lui ressembler. […] La poésie est chose vivante qui parle à l’âme et aux sens, et dont les prestiges ressemblent à ceux de l’amour. […] Beaucoup plus que Dominique à Frédéric Moreau, elle ressemble à Mme Arnoux. […] Ils perdent en relief ce qu’ils gagnent en clarté, ils ressemblent ainsi chez Fromentin aux formes mêmes de sa peinture. […] Il ressemble au désintéressement où notre vie glisse en rêve.
S’il ne partage pas les principes spiritualistes de son maître, il lui ressemble par ses souffrances intimes. […] Ce manuscrit montre chez elle une vie intérieure qui ressemble, avec moins d’agitation cependant, à celle de Mme de Caud, qui était aussi son amie. […] Je ne vois dans Ortis qu’un trait nouveau, cette souffrance patriotique qui se mêle à son chagrin d’amour, et, par ce côté, il ressemble au Werther politique dont je parlais plus haut, à ce malheureux Kleist, victime trop réelle de son désespoir de citoyen. […] Tous et avec eux un autre ami encore, nommé Sautelet, avaient conçu, paraît-il, pour Senancour « une admiration mystérieuse et concentrée, qui ressemblait d’autant plus à un culte, dit Sainte-Beuve, qu’elle était le secret de quelques-uns. » Ce culte, d’ailleurs, ne s’exerçait pas sans opposition. […] Pour bien faire, le poète devait ressembler à ses héros.
Est-ce quelque chose qui y ressemble, si peu que ce soit ? […] Aussi, celles-là tendent-elles non seulement à nous ressembler, mais à se rapprocher entre elles dans des sentiments de paix, de fraternité et d’harmonie universelle. […] La musique tapageuse ressemble à la grosse éloquence et au vin bleu. […] Son Enfant Jésus ressemble à un Hercule enfant. […] On l’a dit : « La Bible ressemble aux Pyramides ; l’Iliade, au Parthénon ; Homère, à Phidias.
À cet égard, et seulement à cet égard, mais c’est déjà intéressant à considérer, à quoi ressemble le plus Rodogune ? […] Albert Lambert fils, toujours très aimable dans les rôles de personnage aimable, aimant, amoureux et aimé — et cette phrase ressemble à un trumeau du dix-huitième siècle — a été aimé, amoureux, aimant et aimable dans le rôle de Xipharès. […] Aussi la représentation de lundi dernier ressemblait à une grande première, et c’était une chambrée de premier choix. […] Augier a fait les Fourchambault, qui, comme tu le dis, Sancho, ne ressemblent pas mal à un bassin de barbier, je veux dire qui, comme vous le dites, M. […] C’est quelque chose encore que de ressembler à Racine, par quelque côté, et même par plus d’un côté.
Saint Louis, pour le bon motif, ressembla un jour à Ulysse.
C’est un bon livre, qui ressemble à sa conversation refroidie ; les noms propres et les exemples qui pourraient égayer ou illustrer la matière font défaut : on a du moins un recueil d’observations fines, de maximes vraies et de définitions exactes.
et n’est-ce pas le cas d’appliquer ici le mot de Vauvenargues : « La plus fausse de toutes les philosophies est celle qui, sous prétexte d’affranchir les hommes des embarras des passions, leur conseille l’oisiveté, l’abandon et l’oubli d’eux-mêmes. » La Fare nous explique d’ailleurs qu’il ne s’agit point d’une paix sobre et recueillie comme l’entendraient certains philosophes ; la sienne était remplie de gaieté, de gros jeu, de festins, de beautés d’opéra, et ne ressemblait pas mal à une ode bachique continuelle.
La phrase y peut paraître longue, traînante, et c’est là une lettre persane qui ne ressemble en rien assurément pour la forme à celles de Montesquieu ; mais le fond est d’un grand sens, et consulté par Chapelle, il lui répond en le mettant de son mieux en garde contre les principaux défauts auxquels il le sait bien sujet, et aussi contre les conclusions où va trop volontiers la philosophie de Gassendi, leur maître commun.
Ces jugements exprimés en dix endroits, et qui ressemblent à des contrevérités sur tous les points, sont aujourd’hui un peu compromettants pour celui qui les a portés : dans la poésie élevée, ou sérieuse avec âme, Voltaire n’a pas eu le vrai style, et il est à craindre qu’il n’ait pas même toujours eu le vrai goût.
Cette harmonie baroque, à laquelle l’intention du débit devait ajouter tout son poids, ressemblait à un tintement de cloche avant la cérémonie.
De tels éclats de rire déchirent le cœur, et, si spirituels que soient les gens, rien ne ressemble plus à des rires de fous, quand on sait quels écroulements il s’en est suivi et quels rochers menaçaient déjà de tomber sur toutes les têtes.
Il n’y a qu’un nom pour les passions que les mêmes objets font naître mais les objets ont tant de faces, et peuvent être envisagés dans des jours si différents, que les sentiments qu’ils inspirent ne se ressemblent en rien… Par notre idée nous ennoblissons nos passions, ou nous les avilissons ; elles s’élèvent ou descendent, selon les cœurs.
Il ne ressemblait pas à ceux qui portent partout avec eux les lunettes de leur village ; il prenait celles de chaque endroit où il passait, sauf à n’en croire en définitive que ses propres yeux.
Mais Beyle n’est point dans ce cas ; il n’a laissé que des livres décousus, ayant des parties très-remarquables, mais sans ensemble, rien qui ressemble à un monument.
» Mais combien il a plaisir à apprendre que son ami a des jours de calme et qui ressemblent presque à du bonheur !
Rien ne ressemble moins à un amateur qu’un faiseur : mot odieux et laid comme la chose.
Il l’admirait sincèrement et eût voulu lui ressembler.
On commence à le savoir assez bien à partir du XVIIIe siècle, qui ne s’est pas fait faute de révélations de tout genre ; mais on voudrait pourtant que des plumes légères aient plus souvent pris la peine de nous le dire et de fixer, à des moments et pour des sociétés distinctes, ce qui ne se ressemblait pas si uniformément qu’on le suppose.
Cousin s’était toujours posé on défenseur et admirateur de Maine de Biran ; une entière fidélité eût ressemblé ici à de l’ingratitude.
Pour les réfléchir et les montrer fidèlement, l’histoire ne saurait trop ressembler à un grand fleuve.
M. de Rémusat, en parlant de Mme de Gasparin48, a été surtout frappé de voir combien ses ouvrages différaient de ses origines, et combien le talent de l’auteur ressemblait peu à ses opinions, à ses croyances premières, toutes calvinistes et genevoises.
La même scène, vue et racontée par un homme vif, bouillant, excessif, impétueux, tel que Saint-Simon, peut ne pas ressembler à celle qu’on lit racontée par Matthieu Marais ou par Buvat.
Vous nous accusez, nous autres d’ici, d’être enfants de Du Bartas, et voilà que du pays de Du Bartas, tout à côté, naît à l’improviste un poëte vrai, franc, naturel et populaire, qui nous ressemble peu, direz-vous, mais que nous saluons parce qu’il nous rend aussi et nous chante à sa manière cette même espérance que nous avons : « Non, la poésie n’est pas morte et ne peut mourir. » La publication de l’Aveugle a mis, dans le pays, le comble à la gloire de Jasmin.
Il a de la plume un vocabulaire très-raffiné et très-recherché, qui ressemble à une palette apprêtée curieusement et chargée d’une infinité de couleurs dont il sait et dont il dit les noms.
Plus le propriétaire ressemble à l’ancien souverain indépendant, plus son immunité est large
L’Égypte est éclipsée ; l’Égypte ressemble à ces étoiles dont les astronomes du temps de Ptolémée nous parlent, mais qui se sont ou éteintes ou enfoncées dans les distances incommensurables de l’éther : leur lueur, incontestée alors, n’est plus aujourd’hui qu’un souvenir du firmament.
Cette robe, qu’on mettait par-dessus ses habits, ressemblait à un linceul qui cachait les pieds et les mains en traînant jusqu’à terre ; en abattant son capuchon percé de deux trous à la place des yeux, on voilait entièrement son visage.
Là, il pouvait faire recevoir des pièces qui ne ressemblaient à rien ; et là, le public, venu seulement pour se divertir, se laissait charmer par d’irrégulières inventions qu’il n’eût pas supportées sur la scène de la comédie classique.
Combien ces Franks à cheveux roux, à grandes moustaches, serrés dans leurs habits de toile, et maniant la francisque, ressemblaient peu aux Franks incolores d’Anquetil !
Mais cette allégresse monastique ressemble à la gaieté des enfants, exprime la légèreté d’âme et la sécurité complète.
. — Si Barrès, a lieu d’être « laid, cagneux et mal bâti », ressemblait à Apollon, et si, au lieu d’être lâche bassement, il montrait, comme d’autres canailles, quelque jolie bravoure extérieure, Tailhade ne verrait peut-être plus sa nullité intellectuelle et son infamie morale.
L’éloquence de l’abbé Lacordaire est toute remplie de ces jaillissements de sensibilité qui ressemblent à des aveux, et après lesquels ceux qui l’entendent sont moins rebelles sur les raisons.
Ce sont là des talents qui se rapprochent, qui se ressemblent, et qu’on est tenté de confondre, mais qui diffèrent par des conditions intimes.
Qu’on se rappelle Le Globe, ce journal si sérieux, si distingué, qui croyait ressembler si peu à un autre, et qui a eu de l’influence sur la jeunesse lettrée, dans les dernières années de la Restauration.
Et dans un autre passage charmant où elle le compare à Walpole dans son manoir de Strawberry-Hill, elle conclut : « Allez, allez, Horace ressemble plus à Michel qu’il ne croit. » Ce qu’elle aime aussi dans Montaigne, c’est qu’il avait un ami et qu’il croyait à l’amitié.
La plume de M. de Chateaubriand ressemble à l’épée de Roland d’où jaillit l’éclair ; mais ici, sur ces choses de 1830, c’est l’épée de Roland furieux, qui frappe à tort et à travers dans le délire de sa vanité, dans sa rage de n’avoir pas été tout sous le régime bourbonien, de sentir qu’il ne peut, qu’il ne doit rien être par honneur sous le règne nouveau, dans son désir que ce monde, dont il n’est plus, ne soit plus rien qui vaille après lui.
L’arc-en-ciel léger qu’elle jette sur les choses ressembla-t-il donc jamais à une couche plus ou moins épaisse de vernis qu’on y met à volonté ?
Il a reconnu les vices et les défauts des hommes, mais il les a reconnus avec douleur, sans cette joie maligne qui ressemble à une satisfaction et à une absolution qu’on se donne en secret, de même qu’il a maintenu les grandes lignes, les parties saines et fortes de la nature, sans cet air de jactance par lequel on semble s’exalter en soi et s’applaudir.
Les réflexions par lesquelles Frédéric termine son récit de la guerre de Sept Ans ressemblent très bien à une page de Polybe : « À deux mille ans de distance, c’est la même façon de juger les vicissitudes humaines, et de les expliquer par des jeux d’habileté mêlés à des jeux de fortune. » Seulement l’historien-roi est, en général, plus sobre de réflexions.
Il ne ressemble pas aux gens préoccupés et frappés qui, mesurant tout à leur horizon visuel, estimant tout d’après leur sensation présente croient toujours que la maladie qu’ils ont est la plus grave que jamais la nature humaine ait éprouvée.
Ce chevreuil si bien dessiné, qui n’est ni tout à fait apprivoisé ni tout à fait sauvage, et qui ressemble à certains poètes, se sent saisi d’un plus violent désir de liberté dans la saison des amours.
Mais c’est bien à Mme des Ursins qu’il me paraît ressembler en effet dans les bons moments, au moins par les principaux traits et notamment par celui d’une raillerie qui enferme une louange.
Lerond, le censeur, lui ordonna de sortir des rangs et lui dit : « Monsieur Carrel, rendez-vous sans retard à la prison ; il est vraiment déplorable qu’un élève aussi distingué que vous ait une tête aussi mauvaise ; avec les idées qui y fermentent, vous révolutionneriez le collège si on vous laissait faire. » — « Monsieur le censeur, répondit Carrel, il y a de ces idées dans ma tête plus qu’il n’en faut pour révolutionner votre collège de Rouen, il y en aurait de quoi révolutionner bien autre chose. » Il y a une anecdote de collège toute pareille qui est racontée par Marmontel, celui de tous les hommes qui ressemblait le moins à Carrel.
Ce Beaumarchais qu’on a généralement regardé comme un Gil Blas de Santillane, un Gusman d’Alfarache, le modèle enfin de son Figaro, ne ressemblait, dit-on, nullement à ces personnages : il portait plus de facilité que d’industrie dans toutes les affaires d’argent32.
Ces ruines de son ouvrage primitif ressemblaient à celles qui sont jetées dans un paysage, et qui le décorent ; il les avait revêtues de fleurs et de verdure.
Au milieu des changements merveilleux qui s’accomplissent et qui inaugurent de toutes parts une ère de paix et de régularité, la littérature ne saurait souffrir : pour peu qu’elle se ressemble à elle-même et à ce qu’elle a été dans les beaux temps, elle aime l’ordre, le travail, une société plus active qu’orageuse, assise et florissante, et qui n’est plus uniquement occupée chaque jour à s’empêcher de périr.
15 novembre Les partis politiques ressemblent, dans ce moment, à ces gens, que de Vigny vit, un jour, se battre dans un fiacre emporté.
Convenez du moins que sur cette multitude de têtes dont les allées de nos jardins fourmillent un beau jour, vous n’en trouverez pas une dont un des profils ressemble à l’autre profil, pas une dont un des côtés de la bouche ne diffère sensiblement de l’autre côté, pas une qui vue dans un miroir concave ait un seul point pareil à un autre point.
Cet amour embusqué pouvoit bien ressembler à quelqu’autre maîtresse d’Alexandre, ou bien à quelqu’un des ministres de ce prince qui avoit voulu traverser le mariage de Roxane.
S’ils se ressemblent, c’est qu’ils sont l’œuvre d’une seule et même faculté.
Le guina bambara ressemble au guinné ouolof.
Malgré ses dires, il est chaste et pur comme l’enfant qui vient de naître ; mais il lui plaît de s’entendre appeler “monstre” par ces bons bourgeois à qui il ressemble si bien et qu’il brûle déjà d’imiter.
Il ne ressemblait pas au Warwick anglais, qui faisait des rois et dédaignait d’en être un.
L’auteur de la Douleur a souvent des élancements vers ce qu’il appelle l’Infini, qui ressemblent aux Exclamations de sainte Thérèse vers Celui qu’elle appelait « son Dieu ».
C’est une organisation à sang blanc et froid, et je ne veux point nommer toutes les espèces de bêtes auxquelles il ressemble.
Et l’on croirait quand il parle ainsi qu’il parle de son talent, qui n’eut jamais que seize ans… Cela finit par devenir trop jeune, comme le filet d’or, aminci quand il ne grandit pas, finit, incertaine auréole, par ne plus ressembler qu’à un fil !
« Car nulle cause ou force ne peut se représenter sous une image qui ressemble à l’étendue ou à ce que nous appelons matière. » « Toute cause efficiente dans l’ordre physique même est une force immatérielle. » « Les êtres sont des forces, les forces sont des êtres : il n’y a que les êtres simples qui existent réellement à leur titre de forces ; ce sont aussi les véritables substances existantes. » « Aussi les esprits conséquents et qui pensent comme il faut, se trouvent-ils éconduits au point de spiritualiser le monde, comme a fait Leibnitz, en n’admettant d’autre réalité que celle des êtres simples dont toute l’essence est la force active.
S’il est permis de rappeler ici une habitude de sa vie qui, tout en excitant sa verve, affaiblit et consuma sa raison, il ressemblait dans son désordre poétique à ces soldats des avant-gardes turques enivrés d’opium, s’élançant avec une audace qui tenait du délire, et tombant vainqueurs, mais épuisés.
Son murmure monotone ressemble au bruissement des feuilles qu’un léger zéphyr agite dans nos forêts. […] « Mais son chant, pauvre petite, ressemblait à un chant de douleur : Oh ! […] Elle le porte et le sent en elle, et le sent en outre dans tous les êtres, chez ceux qui lui ressemblent et chez ceux qui ne lui ressemblent pas, chez les êtres animés et chez les êtres inanimés, Ce feu, que l’âme reçoit de Dieu et ne perd plus, est un feu de charité : c’est l’amour par amour de Dieu, qui vainc en violence et en activité utile, tout autre amour de but profane. […] L’enfant les accompagne, et à mesure qu’il grandit, il ressemble d’une façon terrifiante à Adrienne. […] MALANDRAN Il est blond, il te ressemble, catin !
Raynaud cisèle d’agréables pastiches qui ressemblent aux bijoux du premier empire. […] Il ressemble à ces aveugles d’Écosse dont la vue merveilleuse perçait les murs, franchissait l’espace, atteignait les secrets par une révélation prophétique, et qui trébuchaient contre la première pierre du chemin. » C’est assez exact. […] — Peut-être… C’est pourquoi je vous lirai, mes benoîts rimeurs, avec un esprit fraternel, sans en vouloir à ceux d’entre vous qui ne me ressemblent pas, sans exalter à l’excès ceux chez qui je retrouverai des sensations analogues aux miennes. […] Ses strophes, d’une cadence un peu monotone, ressemblent à des bas-reliefs allégoriques, aux lignes très nobles, dressés, à l’ombre des oliviers, sous un ciel de Provence : Le Jour s’est abattu, comme un oiseau sauvage. […] Autre exemple : les gouvernants se suivent et se ressemblent.
Il ne devoit pas donner à un homme qu’il falloit détester, des qualitez si brillantes, qu’à tout prendre, les lecteurs séduits ne fussent pas fâchez de lui ressembler. […] Le second orgüeil naît du jugement trop favorable qu’ils portent de leurs productions : ils n’estiment que leur maniere, et ils méprisent tout ce qui ne lui ressemble pas : leur sorte de génie, leur goût, c’est la perfection. […] Il a fait beaucoup d’ouvrages sensez et poëtiques mêmes : il avoit particulierement le génie de la traduction ; mais soit que dans celle-ci, le dessein de rendre trop exactement Homere, eût contraint son propre goût, soit qu’il n’eût pas fait assez d’efforts pour vaincre la difficulté, il ne donna que des vers froids et durs : je nomme ici les choses par leur nom, parce que cela ne le touche plus, en un mot, il ne se ressembla pas à lui-même. […] Je ressemble en cela à ce même Agamemnon que je peins, qui se partageoit entre son esclave et son épouse. […] Mais quand ils sont suffisamment instruits par les raisons, il reste encore aux auteurs à donner une leçon plus importante : ils doivent montrer, en se réünissant de bonne foi, que la diversité des opinions ne doit jamais aliener les coeurs ; que l’estime et l’amitié peuvent se soûtenir au milieu même de la contradiction ; et qu’il faut que les disputes des gens de lettres ressemblent à ces conversations animées, où, après des avis differens, et soûtenus de part et d’autre avec toute la vivacité qui en fait le charme, on se sépare en s’embrassant, et souvent plus amis que si l’on avoit été froidement d’accord.
Même scepticisme « cauteleux, insidieux, tranquille et lentement tournoyant et enveloppant », mais destiné à mieux faire apparaître de certaines vérités et qui sert d’introduction à une sorte d’utilitarisme… Il n’est pas jusqu’à l’athéisme « en quelque manière respectueux » de Bayle, et qui est tout ce qu’on peut imaginer de plus opposé à ce que recouvre aujourd’hui ce mot, qui ne ressemble très exactement à ce manque de sens mystique propre à M. […] Ce ne serait pas très bien, parce que je n’y crois pas… Ce qui leur ferait plaisir, ce serait une philosophie… qui cultiverait l’art de croire et en satisferait le penchant ; une philosophie qui aurait l’air d’une religion, une philosophie qui ressemblerait au christianisme et qui ne le serait pas… Cette philosophie, je ne l’ai pas sur moi. […] Il aime Fénelon pour sa « flexibilité onctueuse » et parce qu’il le trouve « infiniment complexe et déconcertant par la multiplicité de ses aspects », et qu’il « n’est pas de ceux qui se ramènent aisément à l’unité », — et parce qu’en somme il a ressemblé à la fois « à Pascal, à Arnauld, et à Voltaire, surtout à Voltaire », ce qui n’est pas commun chez un évêque du grand siècle. […] Faguet ressemble beaucoup à l’humanité. » À la vérité, à l’endroit où nous avons mis son nom, il avait écrit de sa main « le dix-huitième siècle ». […] Mais le Paris de 1750 ne ressemblait en rien à une mauvaise bourgade asiatique peuplée de juifs crasseux : tête réfléchie et gracieuse de l’univers intellectuel, capitale d’une monarchie encore puissante, tout ce qui s’y faisait se développait glorieusement par tout le reste de la terre habitée.
Or le professeur Miguel de Unamuno a prédit à l’Espagne une ère de professorisme, qui ressemblerait comme un frère au militarisme et au cléricalisme, et devrait être un jour combattu comme eux. […] Dans l’horlogerie politique, ils ressemblent davantage au Sénat qu’à la Chambre, ils sont les sénaticules de la petite démocratie locale. […] Cependant l’obstacle de l’Est ressemble fort à l’obstacle du temps de Jaurès. […] Son canot du lac Léman ressemble à celui du batelier qui a à passer le loup, la chèvre et le chou, et qui n’en peut passer qu’un à la fois. […] L’expérience d’un conformisme socialiste par le monopole et l’école unique et syndicatocratique, une éducation nationale (ou internationale) ressemblerait comme une troisième goutte d’eau à l’expérience fasciste et à l’expérience bolcheviste.
. — Il nous faut ici quelque chose qui ressemble à l’éternité, une hérédité, une race, un nom qui se transmette indéfiniment, une famille qui soit le symbole de la perpétuité de la nation. […] Que ce système soit moins grossier que la démocratie pure, il est possible, mais il lui ressemble. […] Est-ce désir et parti pris, louable du reste en son principe, de ressembler le moins possible à Rousseau ? […] Il y a mis une analogie ; celle-ci : l’État ressemble à une famille. […] Le « romantisme » français n’a ressemblé en rien au romantisme allemand, et ce serait faire sagement que de lui trouver un autre nom.
Ce plaisir ne ressemble en rien à la joie physique qui est méprisable parce qu’elle est grossière ; au contraire, il aiguise l’intelligence, et fait découvrir mainte idée fine pu scabreuse ; les fabliaux sont remplis de vérités sur l’homme et encore plus sur la femme, sur les basses conditions et encore plus sur les hautes ; c’est une manière de philosopher à la dérobée et hardiment, en dépit des conventions et contre les puissances. […] « Nous sommes faits pour obéir à la volonté de Dieu — et pour accomplir ses saints commandements. — Car de tous ses ouvrages grands ou petits, — l’homme est la principale créature. — Tout ce qu’il a fait a été fait pour l’homme, comme vous le verrez prochainement115. » C’est là un poëme, vous ne vous en doutiez guère ; appelez-le sermon, c’est son vrai nom ; il continue, bien divisé, bien allongé, limpide, et vide ; la littérature qui l’entoure et lui ressemble témoigne de son origine par son bavardage et sa netteté. […] Les étrangers qui les voient sont étonnés de leur force de corps et de cœur, « des grandes pièces de bœuf » qui alimentent leurs muscles, de leurs habitudes militaires, de leur farouche obstination « de bêtes sauvages152. » Ils ressemblent à leurs bouledogues, race indomptable, qui, dans la folie de leur courage, « vont les yeux fermés se jeter dans la gueule d’un ours de Russie, et se font écraser la tête comme une pomme pourrie. » Cet étrange état d’une société militante, si plein de dangers et qui exige tant d’efforts, ne les effraye pas.
Cela ne ressemble en rien ni à la métaphysique confuse de la théologie du Dante, ni à la lumineuse et harmonieuse lucidité de la Jérusalem du Tasse, ni aux romanesques moqueries de l’Arioste, ni à l’imitation latine du Camoëns, ni à la sécheresse anti-passionnée de la Henriade de Voltaire. Cela ne ressemble qu’à soi-même ou plutôt pour s’en faire une juste image, il faudrait rassembler dans le même cadre les scènes tragiques d’Homère au siége de Troie, et les délicieuses aventures du roman de Daphnis et Chloé. […] Un seul me paraît ressembler à Sîfrit.
J’affirme seulement que cette fausse et banale poésie ne ressemblera jamais à la vraie ; que ces procédés d’expression, empruntés à autrui, étant sans originalité, seront sans vertu. […] Si différentes que soient les deux sensations que je compare, elles peuvent se ressembler pourtant en ce qu’elles me donnent une impression identique, agréable ou désagréable, vive ou légère ; ou bien en ce qu’elles sont toutes deux expressives d’un même sentiment. […] Il s’aperçoit que sa copie ne ressemble guère à l’original. […] Admettons que cette image ressemble à votre idéal. […] Mieux vaudrait chercher à prouver qu’il ne ressemble tout à fait à aucun autre, mais qu’il a son domaine à part, dans lequel il pourra exceller.
Il n’y a d’ailleurs pas que ces deux personnages dans ce livre qui ressemble singulièrement à une comédie, et qui a fourni à l’auteur l’étude de caractères très variés. […] Outre un grand nombre d’impressions d’art prises à la vue d’un tableau, d’un coin de ville, d’église, l’Italie d’hier contient de précieux détails sur la vie italienne d’alors qui ne ressemble plus guère à celle d’aujourd’hui. […] Mais ils étaient vis-à-vis l’un de l’autre à l’état de puissances ; ils ressemblaient aux souverains que leur dignité empêche de se rendre visite. […] La vérité, c’est que l’auteur a formé ses héros de multiples personnalités, et que chacun d’eux peut ressembler à dix autres à la fois. […] » Mais il veut pourtant garder la responsabilité de l’événement, trouvant que la rejeter sur d’autres, même avec vérité, ressemblerait trop à une lâcheté pour qu’il voulût jamais se laisser soupçonner de cette faiblesse.
De notre temps, tout le monde, sauf l’artiste, ressemble à un artiste. […] Et voilà ce qui fait ressembler son œuvre au but que nous poursuivons. […] C’est de cette vie-là que le poète se sent exilé ; il peut la reconstruire, il peut essayer, grâce à son imagination, de modeler d’après cette conception ce qui l’environne : mais tout cela ne ressemble en rien au monde qu’il voit devant lui. […] La réalité sera différente, à coup sûr, de l’image que je me suis faite, mais c’est seulement en corrigeant continuellement ses impressions que l’on se rapproche de quelque chose qui ressemble à la vérité. […] Les yeux à demi fermés, la jambe traînante, tâtonnant du bâton, qu’il tenait d’une main tremblante, comme un aveugle à la recherche de son chemin, il ressemblait à un vaincu de la vie, qui poursuit sa route solitaire, dédaigné du monde et le dédaignant à son tour.
De même, ces femmes-déesses, ces femmes-sphinx diffèrent sans doute de l’une à l’autre ; mais on est frappé surtout à quel point elles se ressemblent. […] Notez qu’ils sont totalement dépourvus de tout ce qui ressemble à une idée. […] Toutes les rhétoriques se ressemblent, en ce qu’elles dérangent et altèrent l’ordre réel des choses. […] Rien ici d’ailleurs qui ressemble à la déclamation romantique : point de théâtrale désespérance, point d’anathème jeté à la création et à la société. […] Ses personnages ressemblent ; ils sont pris dans l’attitude où les contemporains les ont vus et qui leur restera.
Au bout d’une des salles de la Mazarine un buste de lui existe en marbre, et fait pendant à celui de Racine ; j’ai souvent admiré le contraste, et je ne sais si c’est ce que l’ordonnateur a voulu marquer : ce sont bien certainement les deux esprits qui se ressemblent le moins, les deux écrivains qui se produisent le plus contrairement ; l’un encore tout farci de gaulois, cousu de grec et de latin, et d’une diction véritablement polyglotte, l’autre le plus élégant et le plus poli ; celui-ci le plus noble de visage et si beau, celui-là si fin. […] On a remarqué que la plaisanterie d’une nation ressemble (règle générale) à son mets ou à sa boisson favorite.
L’inflexible loi du devoir est la même pour tous, mais les forces morales sont purement individuelles, et la profonde connaissance du cœur humain peut seule donner à nos jugements sur le bonheur et le malheur de ceux qui ne nous ressemblent pas, une équité philosophique. […] Il n’y a que la conscience qui soit en nous comme un être simple et invariable, dont nous pouvons tous obtenir, ce dont nous avons tous besoin — le repos de l’âme. — La plupart des hommes se ressemblent, non pas dans ce qu’ils font, mais dans ce qu’ils peuvent faire, et nul être capable de réfléchir ne niera, qu’en commettant des fautes contre la morale, on sent toujours qu’on était le maître de les éviter.
La société ressemble à un parterre soigneusement ratissé, émondé, élagué ; la nature humaine est mutilée ; « les âmes, comme les corps, manquent d’air, emprisonnées dans l’étroit corset de la routine et de la mode231 », et le spectacle de tant d’honnêtes bourgeois tous pareils est si fade, que « le peuple aime les mélodrames, les procès criminels et les révolutions, pour se délasser au moins par la vue de quelque chose de positif232 ». […] Quant à Charles Moor, cet emphatique gredin veut faire de l’Allemagne en paix et en bon ordre une république, auprès de laquelle Rome et Sparte ressembleraient à des couvents de normes235.
Les pièces de sa machine intérieure ressemblent aux rouages d’une horloge, qui d’eux-mêmes vont toujours à l’aveugle, emportés par l’impulsion et la pesanteur, et qui cependant parfois, en vertu d’un certain assemblage, finissent par marquer l’heure qu’il est. […] Quelle distance il y a entre cette conception et l’objet, combien elle le représente imparfaitement et mesquinement, à quel degré elle le mutile, combien l’idée successive, désarticulée en petits morceaux régulièrement rangés et inertes, ressemble peu à la chose simultanée, organisée, vivante, incessamment en action et transformée, c’est ce que nulle parole ne peut dire.
Tout ce qui se chantait par une voix seule et devait ressembler à un air était vide et froid, misérable ; mais les chœurs sont tous bons et très bons. […] Non, ce qu’on cherche dans ses accords, c’est de la tendresse : la tendresse du père de Mozart n’est si touchante que parce qu’elle ressemble à une tendresse de femme.
Par une de ces providences qui manquent rarement aux hommes en apparence abandonnés du sort, et qui ressemblent à un sourire dans les larmes, un homme de lettres, Ingegneri, qui habitait pendant la belle saison la colline de Turin, entra dans la chapelle au bruit de la clochette qui appelait les paysans à la messe. […] La jeune princesse Léonora de Médicis le combla d’un enthousiasme qui ressemblait à un culte ; ses malheurs semblaient relever son génie.
Il avait les quatre conditions nécessaires pour donner à l’Europe ce chef-d’œuvre si longtemps inconnu : la philosophie pratique, la passion de son modèle, la connaissance du grec et la vertu antique, cette condition supérieure qui force l’homme de ressembler à ce qu’il admire. […] C’est que le bonheur ne ressemble pas aux nombres pairs, dans lesquels la somme peut avoir telle propriété que n’a aucune des parties.
Par malheur, on le comprenait fort mal ; et l’Aristote de notre temps, dont Corneille, il faut bien l’avouer, était bien un peu coupable, ne ressemblait guère plus au véritable Aristote que celui de la scolastique. […] « Ceux qui verraient Glaucus le marin, disait-il encore, auraient peine à reconnaître sa première forme, parce que les anciennes parties de son corps ont été, les unes brisées, les autres usées et totalement défigurées par les flots, et qu’il s’en est formé de nouvelles de coquillages, d’herbes marines et de cailloux, de sorte qu’il ressemble plutôt à un monstre qu’à un homme tel qu’il était auparavant.
Jacques, au contraire, pressé surtout de ne pas ressembler à Pierre, arrache les broderies et met en même temps l’habit en lambeaux, se frotte contre les murs pour effacer les dernières traces de ces odieux ornements et, intérieurement honteux de la destruction de son habit, maudit la modération de Martin. Mais il sent avec désespoir que plus il déchire ses habits plus il ressemble à Pierre, « car de loin, dit Swift, dans l’obscurité, ou pour les personnes qui ont la vue basse, rien de plus semblable à des parures que des haillons ».
Son imagination ressemblait à ces fontaines enchantées d’où l’on retire chargé de broderies féeriques, le rameau nu qu’on y a trempé. […] Rédemption si improbable qu’elle ressemble à une dérision.
L’art suprême de la nature ressemble à celui du poète selon Boileau : c’est « l’art des transitions ». […] Plongez-le à chaque instant dans le fleuve du Léthé, ou supposez que, soit par un arrêt de développement cérébral, soit par une lésion cérébrale, l’animal s’oublie sans cesse lui-même à chaque instant : les images continueront de surgir dans sa tête ; il y aura des liens cérébraux entre ces images et certains mouvements parle seul fait que, une première fois, images et mouvements auront coïncidé : l’animal aura donc, à chaque instant, un ensemble de représentations et accomplira un ensemble de mouvements déterminés par des connexions cérébrales, le tout sans la représentation de succession… Cet état, quelque hypothétique qu’il soit, doit ressembler à celui des animaux inférieurs.
Elle ressemble à ces sectes de philosophes anciens, qui, après avoir été en public au temple, donnaient en particulier des ridicules à Jupiter ; avec cette différence que les philosophes grecs et romains étaient forcés d’aller au temple, et que rien n’oblige les nôtres à offrir d’encens à personne. […] Le découragement que cette conduite introduirait (du moins pour un temps) parmi les gens de lettres, serait à mon avis un plus grand mal que les hommages et l’espèce d’idolâtrie à laquelle l’intérêt les oblige ; et je ne veux point ressembler à cet empereur insensé qui fit brûler la bibliothèque de Constantinople, parce que les gens de lettres de son Empire avaient de la dévotion aux images.
Pas plus tard qu’hier, Granier de Cassagnac était un orateur politique, d’une parole qui ressemblait à ses écrits, et d’un sens droit, ferme et pratique, à étonner ceux qui, l’ayant connu comme journaliste, l’avaient trouvé parfois paradoxal. […] Dès ses premières polémiques sur le nouveau terrain où il s’engageait, Granier de Cassagnac apparut immédiatement le formidable et l’invulnérable polémiste qu’il n’a pas cessé d’être jusqu’à sa dernière heure, et — comme la polémique des idées ressemble à la guerre !
Il ressemble, depuis ce temps-là, à ces montagnes que la foudre, en tombant sur elles, a fendues, et dont elle a fait deux pitons, séparés par un gouffre. […] Taine, le Henri V de la race et des Chroniques ne ressemble en rien à l’adorable création de Shakespeare.
Vous voudrez bien pardonner à mon mari cet errata, cher Monsieur, vu qu’il a dû dicter ; je suis aussi coupable, parce que mes l ressemblent à des c ; je vous en fais mes excuses. […] La substance de l’âme, en ce cas, ressemble à une chair trop palpitante et délicate qui se gonfle et rougit sous la piqûre, sitôt que l’ortie l’a touchée. […] Car tout n’est pas logique dans le produit de certaines combinaisons ; leur impression très instantanée ressemble à celle qui naît du mélange de deux couleurs : avant que l’esprit ait jugé, l’imagination a été saisie, le cœur a retenti. […] Bien des jours de la vie des saints, comme de celle des heureux, se ressemblent : ce sont des labeurs tout réels, arides, épineux, sans cesse recommençants sur cette terre, qui ont bien leur secrète joie, qui ont surtout leur lutte obscure. […] Tous les autres lui ressemblent.
Et puis l’ambition lui est venue : du moment qu’il n’est plus un simple particulier, jouissant à son gré des douceurs et des agréments de la société, il n’y a plus qu’à être un homme public occupé et utile ; il résume en termes parfaits cette alternative : « Être libre et maître de son loisir, ou remplir son temps par des travaux dont l’État puisse recueillir les fruits, voilà les deux positions qu’un honnête homme doit désirer ; le milieu de cela ressemble à l’anéantissement. » De Versailles, certains ministres, qui craignaient son retour, lui tendaient des pièges ; on employait toutes sortes de manèges dont le détail nous échappe, pour l’immobiliser là-bas dans ses lagunes : « Je vois clairement, disait-il, que, par ces artifices, on trouvera le secret de me faire rester les bras croisés dans mon cul-de-sac. » Duverney le conseillait et le calmait dans ces accès d’impatience, qui sont toujours tempérés de philosophie chez Bernis, et qui ne vont jamais jusqu’à l’irritation : Tout ici-bas dépend des circonstances, lui écrivait Duverney, et ces circonstances ont des révolutions si fréquentes, que ce que l’on peut faire de plus sage est de se préparer à les saisir au moment qu’elles tournent à notre point.
Et, en effet, ce qui règne et ce qu’on respire en ces belles et harmonieuses stances de Racan, déroulées avec tant d’ampleur et de mollesse d’abandon dans un style un peu vieilli, qui n’en ressemble que davantage aux grands bois paternels et aux hautes futaies voisines du manoir, c’est la paix des champs, c’est l’étendue et le silence.
Considérée par cet aspect, son Histoire ressemble à une belle et longue retraite devant des nuées d’ennemis : il n’a pas l’impétuosité ni le feu, mais il a la tactique et l’ordre ; il campe, s’arrête et se déploie partout où il peut.
Cette armée de rudes croisés, qui ressemblent en leurs douleurs à une troupe de femmes en travail qui crient, c’est un trait énergique à joindre au tableau des pestes et épidémies célèbres6.
Bérenger (celui des Soirées provençales), qui ne ressemblait pas à notre célèbre chansonnier et qui se hâtait trop de produire : « Tout ce qui sort de sa plume, il le publie ; ce sont des enfants morts qu’on n’a pas le temps d’ondoyer et qui ne feront jamais un article dans les registres du Parnasse.
Je crois voir, en un mot, dans ces travaux de Voltaire, sinon le germe, tout au moins un élément très essentiel de l’action qu’il a exercée sur son siècle… » — Nous autres, Français, nous sommes un peu lestes dans nos conclusions, et nous avons beau faire, nous ressemblons plus ou moins à ce seigneur Pococurante que Voltaire lui-même a introduit dans Candide.
Son journal ressemble à un journal de fièvre morale, une longue fièvre de croissance.
Si je perds l’image du parfait philanthrope et de l’homme de bien modèle qu’on avait réussi à nous faire accepter alors, je me dédommage de reste en retrouvant l’homme de bien original et particulier qui ne ressemble à nul autre.
., — il est très-agréable ; il a, chemin faisant, quantité de choses fort bien dites : ce sont celles qui lui échappent et qui ressemblent à des saillies.
« En vérité, le monde n’est pas si corrompu que ces messieurs le prétendent ; la bonté n’est pas rare ; chaque nation offre à celui qui les cherche une infinité d’hommes estimables, portés par leurs principes ou par leur naturel à aimer, à servir ceux qui leur ressemblent ; partout le mérite et l’honneur trouvent de l’appui, des secours, des amis.
Il peut nous sembler un peu singulier d’être présenté à une princesse du sang à cette heure-là ; mais je vous ai dit qu’il n’est pas un seul de nos usages qui ressemble à ce qu’on voit ici.
Si les femmes des tableaux de Rubens vieillissaient, elles ressembleraient à Mme d’Albany à l’âge où je l’ai rencontrée.
C’est une manière de se fuir eux-mêmes que de fuir ce qui leur ressemble ; mais cette manière ne peut leur réussir longtemps. » Je continuerai cette suite d’extraits, en les dirigeant le plus que je pourrai, la prochaine fois, du côté de la France et des personnes ou des idées qui nous touchent.
Catinat y porta le même esprit de réserve et de circonspection qui avait fini par ressembler à de l’abstention pure.
La princesse Pauline Borghèse, quand elle le vit à Pise en 1823, trouva qu’il ressemblait d’une manière frappante au général Leclerc, son premier mari.
Avec sa longue canne qui ressemblait à une béquille et avec laquelle il frappait de temps en temps sur l’appareil de fer dont sa mauvaise jambe était munie, il s’annonçait impérieusement.
Le piquant, c’est qu’il y en avait parmi les dénoncés qui ne s’en défendaient pas beaucoup, et M. de Vintimille déclara que, sauf quelques traits de noirceur qui étaient plutôt du scélérat que du méchant, il n’aurait pas été fâché de ressembler à Cléon34.
Sur l’aimable et sage M. de Boismorel, qui joue un si beau rôle dans les Mémoires ; sur Sévelinges l’académicien89, qui n’est pas non plus sans agrément ; sur certain Genevois moins léger, et « dont l’esprit ressemble à une lanterne sourde qui n’éclaire que celui qui la tient ; » sur toutes ces figures de sa connaissance et bientôt de la nôtre, elle jette des regards et des mots d’une observation vive, qui plaisent comme ferait la conversation même.
En effet, la théorie poétique de Boileau ressemble souvent à la théorie religieuse des évêques de 1682 ; sage en application, peu conséquente aux principes.
Nous sommes arrivés à une période qui ressemble, sous quelques rapports, à l’état des esprits au moment de la chute de l’empire romain, et de l’invasion des peuples du Nord.
Une phrase ainsi opposée à elle-même, mot à mot, membre à membre, ressemble trop à une équation.
Ensuite, elle est transparente, elle ressemble au firmament ou à l’éther qui répercutent la lumière de l’astre du jour ou des étoiles de la nuit, elle se transfigure sans fin comme le caméléon par ses couleurs changeantes, roulant tantôt la lumière, tantôt la nuit dans ses vagues. — Émotion !
La science ressemble de nos jours à une riche bibliothèque bouleversée.
Ainsi encore un poème mystique ou un conte fantastique, s’il déroule un chapelet d’aventures extravagantes que ne rattache aucun lien logique ; s’il nous montre des êtres avec lesquels nous ne pouvons pas sympathiser, parce qu’ils n’ont plus rien de commun avec nous ; si, au lieu d’être un prolongement ou une transfiguration du réel, il se met en pleine contradiction avec lui, ce n’est plus qu’une chevauchée dans l’absurde et dans l’impossible, la folle aberration d’un cerveau malade. « Je veux qu’un conte, disait Voltaire avec raison34, soit fondé sur la vraisemblance et qu’il ne ressemble pas toujours à un rêve.
Dans les autres Mythologies, l’homme est créé d’une façon baroque : l’engendrement dont il naît ressemble à un cas tératologique, — Belus, dans la Phénicie, l’extrait de la tête coupée d’une déesse informe.
C’est une de ces poupées peintes, comme chacun de nous en a rencontré : spectres mondains dont la poitrine est un corset, dont la cervelle ressemble à un tiroir à chiffons.
Elle ressemble — c’est elle qui le dit avec un mélancolique enjouement — à ces poupées splendides exposées derrière les vitrines du boulevard, qui disent papa, qui disent maman, qui ne coûtent que cinquante francs, avec ce talent d’agrément.
Le ton qui y régnait ne devait pas ressembler à celui que nous voyons établi, vers le milieu du siècle, dans les soupers de Mlle Quinault.
Il raconte en termes simples et véridiques ses impressions premières et sa situation d’esprit à son arrivée à Versailles : Ma position personnelle dans ces premiers moments, dit-il, ne ressemblait à celle d’aucun autre : trop jeune pour concevoir l’idée de diriger une Assemblée aussi imposante, cette situation faisait aussi la sécurité de tous ceux qui prétendaient à devenir chefs ; nul ne voyait en moi un rival, et chacun pouvait y apercevoir un élève ou un sectateur utile.
» Elle, c’est être aimée qu’elle veut, ou plutôt c’est aimer, dût-elle ne pas être payée de retour : « Vous ne savez pas tout ce que je vaux ; songez donc que je sais souffrir et mourir ; et voyez après cela si je ressemble à toutes ces femmes, qui savent plaire et s’amuser. » Elle a beau s’écrier par instants : Oh !
J’avais en une journée cent physionomies diverses, selon la chose dont j’étais affecté : j’étais serein, triste, rêveur, tendre, violent, passionné, enthousiaste ; mais je ne fus jamais tel que vous me voyez là… » Et il ajoute, car il nous importe dès l’abord de le bien voir : « J’avais un grand front, des yeux très vifs, d’assez grands traits, la tête tout à fait d’un ancien orateur, une bonhomie qui touchait de bien près à la bêtise, à la rusticité des anciens temps. » Représentons-nous donc Diderot tel qu’il était en effet, selon le témoignage unanime de tous ses contemporains, et non tel que l’ont fait les artistes ses amis, Michel Van Loo et Greuze, qui l’ont plus ou moins manqué, à ce point que la gravure d’après ce dernier le faisait ressembler à Marmontel : « Son front large, découvert et mollement arrondi, portait, nous dit Meister, l’empreinte imposante d’un esprit vaste, lumineux et fécond. » On ajoute que Lavater crut y reconnaître des traces d’un caractère timide, peu entreprenant ; et il y a lieu de remarquer en effet qu’avec l’esprit hardi, Diderot avait le ressort de conduite et d’action un peu faible.
Mme Necker avait tracé de Mme de Lauzun dans sa première jeunesse un portrait délicat et senti qu’elle terminait en disant : « Les portraits d’imagination sont les seuls qui lui ressemblent », et dans lequel elle la recommandait vivement comme une vierge orpheline à son bon ange gardien : Ô vous !
C’est ainsi encore que, plus de trente ans après, dans son dernier ouvrage (car, chez M. de Bonald, le dernier ouvrage ressemble au premier), dans sa Démonstration philosophique du principe constitutif de la société, il déduira d’une construction philosophique et presque grammaticale la nécessité de l’Homme-Dieu.
À toutes ses plaintes, « on lui répondit, nous dit Mme de Motteville, que ma mère était demi-Espagnole, qu’elle avait beaucoup d’esprit, que déjà je parlais espagnol, et que je pouvais lui ressembler. » Mme Bertaut emmena donc sa fille, âgée de dix ans, en Normandie, où elle acheva de l’élever avec soin.
Si, en imprimant, il n’a rien ajouté ni arrangé à sa Correspondance, il a vraiment du mérite d’avoir dit au Premier consul, en l’engageant à se conserver pour mener à bonne fin et accomplir toute sa destinée : « Que l’homme de nos jours ne ressemble pas aux hommes fameux de l’Antiquité, qui n’ont fait que donner au monde une grande secousse dont le monde s’est ensuite tiré comme il a pu. » Cette Correspondance, dans ces premières pages, résume ce qu’il y a eu d’honorable et de digne de souvenir dans la vie de M.
C’est que Gourville est un observateur qui ne ressemble à nul autre.
Ces entrefilets, précédés d’ordinaire de trois petites étoiles ***, ressemblaient assez à un petit couplet de sa conversation, et étaient proportionnés à son haleine.
Son maintien modeste et libre, a dit de Montesquieu un contemporain18, ressemblait à sa conversation.
C’est son esprit qui en a dicté les principales parties, et il n’est pas difficile d’y suivre une pensée originale, qui ne ressemble ni à celle de La Harpe, ni à celle de Marmontel ; qui est d’un tout autre ordre, et qui ne craint pas le parallèle, en ses bons moments, avec celle de Voltaire.
Par sa puissance à briser les associations banales et communes, qui pour les autres hommes enserrent les phénomènes dans une quantité de moules tout faits, il ressemble à l’enfant qui commence la vie et qui éprouve la stupéfaction vague de l’existence fraîche éclose.
De même les livres les plus joyeux, les plus comiques laissent plus d’excitation que de joie ; et à l’intensité près qui est plus forte pour les émotions esthétiques d’ordre pénible, celles-ci et les plus agréables se ressemblent extrêmement.
Tourguénef ait fait tout un livre de scènes rustiques, il est impossible d’en extraire une somme d’idées générales concordantes sur le paysan russe ; et quoique ses romans se jouent d’ordinaire entre des nobles de haute ou de petite fortune, quelque chose qui ressemble au type du gentilhomme russe ne s’y trouve pas.
Le Londres du seizième siècle ne ressemblait point au Londres d’à présent, mais était déjà une ville démesurée.
S’il y a un poëte dans le monde qui ne ressemble à aucun autre, c’est le grand Corneille : j’en dirais autant de Racine, si Virgile n’avait pas existé.
Voltaire surgit naturellement à la pensée dès qu’on parle de Henri Heine ; car, de tout le xixe siècle, — si différent du xviiie , — Heine est l’esprit qui ressemble le plus à Voltaire.
Les Saints d’Ernest Hello ne ressemblent nullement aux Saints juste-milieu d’Augustin et d’Amédée Thierry, ces Iconoclastes tempérés, qui n’en brisent point les grandes images, mais qui les liment… Sous la plume de Hello, ils apparaissent dans leur intégralité complète, surhumaine et splendide, et on ne les chasse pas à coups de bonnet de docteur jusque dans le fond des Légendes, — ces Contes de fées de l’Histoire, auxquels ne croient même pas nos enfants, ces majestueux polissons !
Je me suis souvenu de la prière que je faisais tout petit, le soir avant d’embrasser ma maman et qui ressemble beaucoup à votre « Pater noster ».
Mais, si toutes ses bonnes comédies peuvent être appelées des surprises de l’amour, ce n’est nullement à dire quelles se ressemblent toutes. […] Comme nous ne connaissons rien de sa première enfance, nous supposerons qu’elle dut ressembler à la première enfance de tout le monde. […] D’abord elles se ressemblent trop dans l’indécence ou dans la grossièreté. […] Il aimait beaucoup d’Alembert, « parce qu’il ne ressemblait à aucun Français, qu’il avait plutôt les défauts et les qualités d’un Italien, et qu’il ne faisait de ses compatriotes qu’une médiocre estime ». […] Il convient lui-même « qu’il faut lui pardonner une page commune en faveur d’une bonne ligne », et il a raison ; mais il se pourrait qu’il eût tort de croire qu’en cela « il ressemble aux anciens ».
Trois femmes en train de plier et de repasser une robe en plumes de paon, avec le fer japonais qui ressemble à une petite bassinoire dans laquelle est un charbon incandescent. […] Ce sont d’abord deux figurations en pied de ce prêtre Raïgô, qui est représenté dans l’une élevant en l’air un rouleau magique, avec des mains qui ressemblent, ainsi que ses pieds, à des pattes griffeuses de rats ; dans l’autre, en train d’exercer son pouvoir sur ces animaux destructeurs, entouré de millions, de milliards de rats passant et repassant autour de l’estrade où il fait ses invocations, agite une sonnette : une planche extraordinaire par le rendu de l’infinie et grouillante multitude, en sa presque effrayante perspective à la cantonade. […] Et le mouvement et la trépidation des muscles chez Hokousaï s’étend aux vêtements, ainsi que dans cette aérienne apparition d’un Darma au haut d’un rouleau de papier et chez lequel, de la courbe de son corps sous sa tête rejetée en arrière, sous ses pieds en retraite, l’envolée derrière lui de sa robe ressemble à des lanières de fouet. […] Non, les lignes du dessin, ça consiste en des ronds et des carrés… Maintenant notre vieil Hokousaï, lui, a pris une règle et un compas, et c’est avec cela qu’il a dessiné toutes les choses pour en bien déterminer la forme : un procédé qui ressemble un peu à ce vieux moyen de tâtonner avec le pinceau-charbon (morceau de bois brûlé, du fusain). […] Il est vu de dos, avec sa calvitie au milieu de la couronne de ses cheveux, et un bout de profil perdu qui ressemble à un profil de gorille.
Le Raisonneur de L’École des maris et celui de L’École des femmes, ne se ressemblent pas du tout : le premier est un homme du monde, poli, aimable ; le second un franc, un gros réjoui que le sort des maris trompés n’afflige ni n’alarme. […] — Bien ridicules, surtout celle qui affecte de porter une mouche sur le sourcil, à la même place où mademoiselle d’Angeville avait un signe. — Elle ne lui ressemblera jamais que par là. — Comme notre Elvire a été gauche dans la scène où elle essaye de ramener son amant ! […] Le dénouement de Molière et celui de Cyrano se ressemblent beaucoup, cependant le dernier est mauvais, le premier est bon, et cela parce que Granger, qui connaît son fils pour son rival, doit se défier de lui et ne pas signer aveuglément le contrat qu’il lui présente ; et que Sganarelle est loin de penser que le faux médecin soit l’amant de sa fille. […] ne ressemble-t-elle pas surtout à celle qu’ont Éraste et Eucile, dans Le Dépit amoureux ? […] D’abord, aucun personnage dont le caractère ne soit en opposition avec celui des autres ; et s’il paraît quelquefois s’en rapprocher (chose très nécessaire pour approfondir, pour peindre le ridicule annoncé), ses diverses nuances le rejettent bien loin de celui auquel il a l’air de ressembler.
Les espèces zoologiques résultent de ces différences… Sous ce rapport, la société ressemble à la nature. […] Car d’un public sort une foule qui lui ressemble. […] Car on a remarqué qu’une foule conserve certains traits de race, que les foules latines ou, si l’on veut, méridionales, se ressemblent et diffèrent des foules des pays du Nord. […] Les mots qu’on cite de lui, ou qu’on lui prête, ressemblent fort à des pantalonnades. […] Il arrive, au surplus, que le terme de la vie ressemble à son commencement et que les deux formes de l’enfance se rejoignent.
Sans doute on essaie de faire ressembler chaque science, mutatis mutandis, aux sciences mathématiques ; mais on ne considère plus les unes comme un simple prolongement des autres : on accorde aux sciences particulières la spécificité de leurs principes. […] Les corps, dans le fond, nous ressemblent déjà, ou ils ne sont pas pour nous. […] De même, dira-t-on, on distingue, dans l’étude des êtres vivants, d’une part des phénomènes physico-chimiques, d’autre part un je ne sais quoi qui ressemble à la finalité : ce dernier élément est renvoyé à la psychologie ou à la métaphysique ou même à l’inconnaissable ; et la physiologie se constitue en ne considérant que les phénomènes physico-chimiques. […] Certaines opinions courantes, touchant cette question, ressemblent fort à des préjugés.
Emerson dit, à propos de la culture intellectuelle des Anglais et de leur penchant à rapporter les choses les plus idéales aux objets les plus familiers, qu’ils ressemblent à des fermiers qui viendraient d’apprendre à lire. […] À cet amour même de la vérité est uni un sentiment pratique qui ressemble beaucoup à la véracité, le sentiment de la réalité. […] Qui a jamais trouvé étonnant qu’un fils ressemblât à son père non seulement au physique, mais au moral ? […] Nous ne croyons pas que le microscope critique puisse découvrir au-delà de Sterne quelque chose qui ressemble encore à du génie. […] Le lieutenant Roger Sterne eut une fin triste et singulière, tout à fait shandyenne et qui ressemble à un des caprices de l’imagination de son fils.
L’Angleterre ressemble assez, au premier coup d’œil, à la Bretagne : des bruyères et des champs entourés d’arbres. […] Quelques rochers battus, par des pluies éternelles, percent de leurs flancs noircis ces vapeurs blanchâtres, et ressemblent par leurs formes et leur immobilité à des fantômes qui se regardent dans un affreux silence. […] Quelle philosophie, et combien peu elle ressemble à la nôtre ! […] La vie est trop courte ; elle ressemble à ces carrières où l’on célébrait les jeux funèbres chez les anciens, et au bout desquelles apparaissait un tombeau : Εσηκεζύγον αὗον ὅσον, etc. […] Les murs, chargés de ces ornements, ressemblent à ces étoffes de l’Orient que brodent, dans l’ennui du harem, des femmes esclaves.
. — Oui, vertus mondaines, acquises, estimables sans aucun doute ; — mais demandez-lui un peu s’il n’a pas à se reprocher d’être négligent, injuste, étouffant contre tel pauvre homme, jeune encore, de savoir, de mérite (il le sait bien), mais obscur et qui ne percera pas et qui n’écrit dans aucun journal, et dont il n’a à espérer aucun éloge, à redouter aucune attaque ; s’il ne le tient pas de son mieux en une place inférieure, avec une sorte de négligence hostile, parce que l’autre ne lui a pas assez fait la cour et ne peut jamais s’en faire craindre ; demandez-lui combien de temps cette iniquité durera, jusqu’à quand ce mauvais caprice ne sera pas lassé contre un homme de mérite sans monde et sans plainte… Et pourtant Filis s’améliore, dit-on ; il a bien gagné, répètent avec sincérité ceux dont il soigne l’opinion et qu’il ménage ; et au dessert, entre amis, si le discours tombe sur lui, on commence à parler de ses vertus. (1838) XI Chateaubriand n’aime pas ses enfants (en littérature), ni rien qui lui ressemble de près ou de loin. […] En revanche, les femmes, et tout ce qui leur ressemble, ont pris avec fureur au charmant poème, et Lamartine a pu m’écrire, peu de jours après la publication, un petit billet en forme de bulletin, qui commence par ces mots : « Jocelyn triomphe d’heure en heure dans le cœur des femmes… » XV De Vigny dit de Jocelyn : « Ce sont des îles de poésie noyées dans un océan d’eau bénite. » XVI Lamartine, dans Jocelyn et dans la poésie privée, domestique, est toujours comme un roi qui se fait berger. […] L’un nous dit que personne ne ressemble tant pour les pensées à M.
Le morceau le plus piquant est le portrait de ces regratteurs de syllabes, qui prennent garde … qu’un qui ne heurte une diphtongue152 ; portrait excellent, parce qu’il y aura toujours des superstitieux de grammaire pour y ressembler. […] Alors il considère sa nature, il se compare à l’esprit humain tel que l’ont peint les grands poètes, il distingue dans ces peintures ce qui lui ressemble ; dans les règles appliquées ou inventées par ces poètes ce qui lui est conforme. […] S’il s’impose le travail du poète pour dire précieusement des choses au-dessous de ce haut état, il fait ressembler la poésie à cet art qui donne à de viles matières le lustre de l’or, ou qui, par la richesse de l’enchâssement, simule des diamants avec des grains de verre.
Il y gagna l’estime et l’affection reconnaissante de Clément XIV, qui le traita avec autant de confiance qu’il était dans sa nature d’en accorder, et avec une distinction qui ressemblait à une amitié particulière.
Sénèque, dans sa lettre 9e à Lucilius, a dit : « Sans doute l’amour ressemble à l’amitié, il en est pour ainsi dire la folie. » Ici, dans le cas des amis de La Fontaine, l’amitié aussi a sa douce folie et son délire.
Ce que nous avons aujourd’hui d’hommes d’esprit à la Cour ou à la ville ne le sont qu’avec une telle malignité, qu’ils ressemblent à des singes ou à des diables qui ne prennent leur plaisir qu’au mal d’autrui et à la confusion du genre humain ; et s’il leur reste quelque franchise, c’est pour ne pas cacher leurs grands défauts, de malice.
C’est une chose remarquable dans la Révolution que le courage passif et la résignation, tandis que rien n’est plus rare qu’un courage actif et entreprenant… Et comme il y a cependant, au milieu de cette apathie publique, d’admirables exemples de ce premier genre de courage, comme on voit des vieillards, des femmes, des jeunes gens à peine sortis de l’enfance, qui marchent à la mort de sang-froid : Beaucoup de gens ressemblent, pour le courage, à ces avares qui gémissent à chaque petite somme qu’ils sont forcés de dépenser, et qui sont capables d’en donner une très grosse sans en être affectés.
Son Henri IV est très original, très instructif, et cependant il ressemble fidèlement à l’ancien, tel que se le figuraient nos pères, tel que Voltaire l’a célébré ; il sort du même fonds.
Royer-Collard et de Danton ; mais le piquant est que tous deux se soient rencontrés, coudoyés, se soient touché la main, et que l’un, à son second point de départ, se soit si nettement souvenu et inspiré de l’autre pour le repousser, l’abhorrer et lui ressembler à tout jamais si peu.
qu’il ressemble peu dans son repos tranquille, A ce cœur d’autrefois qui s’agitait si fort !
Horace, en visitant l’Afrique et l’Asie, ne se fait pas Arabe et Turc, au point de laisser de côté tous ses sentiments d’Europe ; il ne ressemble pas à ces voyageurs, desquels d’ailleurs je ne médis point, qui, en mettant le pied sur la terre d’Orient, se font autant et plus Orientaux que les Orientaux eux-mêmes, et se dépouillent de toute manière antérieure de sentir, jusqu’à se métamorphoser.
Jamais prince d’ailleurs ne ressembla moins à son père.
Gavarni, crayon et légende à part, est un esprit fin, silencieux, nourri de solitude et de méditation, qui ne donne pas exactement la note de sa valeur dans le monde ; mais ce qu’il dit compte et ressemble par le tour et la qualité au meilleur de son talent.
Ici, chez les jeunes France, on prenait même par ton des airs féroces ; on aurait cru ressembler à M.
et que rien n’y ressemble moins que d’être toujours sur les épines comme aujourd’hui en lisant, que de prendre garde à chaque pas, de se questionner sans cesse, de se demander si c’est le bon texte, s’il n’y a pas altération, si l’auteur qu’on goûte n’a pas pris cela ailleurs, s’il a copié la réalité ou s’il a inventé, s’il est bien original et comment, s’il a été fidèle à sa nature, à sa race… et mille autres questions qui gâtent le plaisir, engendrent le doute, vous font gratter votre front, vous obligent à monter à votre bibliothèque, à grimper aux plus hauts rayons, à remuer tous vos livres, à consulter, à compulser, à redevenir un travailleur et un ouvrier enfin, au lieu d’un voluptueux et d’un délicat qui respirait l’esprit des choses et n’en prenait que ce qu’il en faut pour s’y délecter et s’y complaire !
C’était l’idéal du dieu Mars, terrible dans les combats, calme et froid dans les combinaisons, grand administrateur, chéri du soldat, il ressemblait en tous points au maréchal de Saxe.
Jamais rien ne ressembla moins à la romance que ce passage funèbre et sinistre.
Oui, même avant la corde ajoutée à ta lyre, Avant le Crucifix, le Lac, avant Elvire, Lorsqu’à regret rompant les voyages chéris, Retombé de Pæstum aux étés de Paris, Passant avec Jussieu tout un jour à Vincennes À tailler en sifflets l’aubier des jeunes chênes ; De Talma, les matins, pour Saül, accueilli ; Puis retournant cacher tes hivers à Milly, Tu condamnais le sort, — oui, dans ce temps-là même (Si tu ne l’avais dit, ce serait un blasphème), Dans ce temps, plus d’amour enflait ce noble sein, Plus de pleurs grossissaient la source sans bassin, Plus de germes errants pleuvaient de ta colline, Et tu ressemblais mieux à notre Lamartine !
Sa plume eut le tort cependant de trop s’acharner, pour les critiquer, aux derniers écrits de Victor Hugo, ce qui ressemblait trop de sa part à une méconnaissance de leur ancienne liaison si familière et tout agréable.
La critique ainsi faite, l’histoire littéraire ainsi arrosée par des sources secrètes reparues à temps et largement brillantes au soleil, ressemblerait dans ses plus heureuses perspectives à ces fertiles contrées merveilleusement touchées par le poëte : A l’horizon déjà, par leurs eaux signalées, De Luze et d’Argelès se montraient les vallées166.
« La vie ressemble à la mer, qui doit ses plus beaux effets aux orages.
est comme ces sortes d’arbres qui ne donnent leur baume pour les blessures des hommes, que lorsque le fer les a blessés eux-mêmes. » Et encore, pour exprimer qu’il n’est point de cœur mortel qui n’ait au fond sa plaie cachée : « Le cœur le plus serein en apparence ressemble au puits naturel de la savane Alachua : la surface en paraît calme et pure ; mais, quand vous regardez au fond du bassin, vous apercevez un large crocodile, que le puits nourrit dans ses eaux. » Les funérailles d’Atala sont d’une rare beauté et d’une expression idéale.
Tout le monde envie Bossuet comme écrivain ; qui voudrait lui ressembler comme homme ?
La gaieté seule, une inoffensive gaieté inspire cette satire universelle : on n’y sent ni âpreté ni révolte, ni surtout rien qui ressemble à l’esprit démocratique.
Par ces théories, Flaubert se rapproche sensiblement de la doctrine classique, et son impassibilité ressemble fort à la raison du xviie siècle.
Ce sang-froid, cette bonhomie, cette dignité lente du vieil archéologue enregistrant des observations divertissantes ressemble un peu à l’humour de Sterne ou de Dickens (joignez que M.
Molière cesse désormais d’être Mascarille et devient Sganarelle ; il adopte un type moins déterminé, plus mobile ; Mascarille est toujours valet, Sganarelle est placé tour à tour en différentes conditions, tantôt valet ou paysan, tantôt mari, père ou tuteur ; il ressemble, sous ce rapport, aux derniers venus de la comédie de l’art, à Beltrame, à Trufaldin.
Avant Louis Racine, un autre disciple de Boileau, Jean-Baptiste Rousseau, outrant l’art, et du même coup l’abaissant, écrivait dans son Êpître à Marot : Le jeu d’échecs ressemble au jeu des vers.
S’adressant à une foule encore mal dégrossie, ils s’abaissent volontiers à sa taille au lieu de l’élever à leur niveau, ils se gaspillent en œuvres bâclées ; ils ressemblent à cet homme à la cervelle d’or dont parle quelque part Alphonse Daudet : ils s’arrachent chaque matin un morceau du trésor qu’ils ont dans la tête et, quand ils ont durant des années éparpillé ainsi leur pensée, ils s’aperçoivent un peu tard qu’ils sont parvenus au bout de leurs forces et de leur vie sans avoir rempli leur mérite, sans avoir condensé le meilleur d’eux-mêmes en un ouvrage élaboré avec amour.
Ainsi, dans l’époque que nous avons résumée plus haut, la poésie dramatique et la littérature religieuse me paraissent avoir droit aux deux premiers rangs, et ce rapprochement seul de deux genres qui se ressemblent si peu, qui sont même, à certains égards, en pleine opposition, fait comprendre à merveille cette société catholique et mondaine qui voltige avec aisance du théâtre au sermon et se partage entre l’Église et les plaisirs du siècle.
Tel passage, désormais inintelligible, ressemble à une frise raturée.
Il y eut encore un troisième fils de Lesage, qui se fit comédien et courut l’Allemagne sous le nom de Pittenec ; mais ce dernier ressemblait aux moins bons ouvrages de son père.
Il ajoutait encore que l’incrédule, celui qui persiste à l’être à tous les instants, fait un vrai tour de force ; qu’il ressemble à « un danseur de corde qui fait les tours les plus incroyables en l’air, voltigeant autour de sa corde ; il remplit de frayeur et d’étonnement tous les spectateurs, et personne n’est tenté de le suivre ou de l’imiter ».
Il ne s’agit, selon lui, pour que Paris ressemble tout à fait à Athènes et que les forts du Port-au-Blé soient aussi polis que les vendeuses d’herbes du Pirée, il ne s’agit que de supprimer toute police et de laisser les colporteurs crier les journaux en plein vent.
En un mot, pour reprendre une comparaison précédente, elle ressembla à une personne qui est tombée un jour par mégarde du premier étage sans trop se faire mal, mais qui pour cela n’a pas mis et ne mettra jamais la tête à la fenêtre.
Sa vie ressemble à une comédie des plus diverses et des moins vraisemblables, et l’on ne saurait dire avec lui où finit le déguisement.
Si Louis XVI se décide à sortir de Paris comme il le lui conseille, que ce ne soit, point par une fuite, par rien qui ressemble à une évasion, car « un roi ne s’en va qu’en plein jour quand c’est pour être roi ».
Quand on aborde M. de Maistre, il ne faut point lui demander un système politique à proprement parler, ni des conseils pratiques, ni rien qui ressemble à de l’action.
Nous verrons s’armer contre nous des coalitions qui ne poseront les armes que quand nous les aurons rassurées en rétablissant sinon l’ancien pouvoir royal, au moins quelque chose qui y ressemble.
Je sais que dans une troisième pièce, dans La Mère coupable, il se corrigera et que l’auteur essaiera de l’ennoblir ; mais laissons ce Figaro final vertueux et dégénéré, qui ne se ressemble plus à lui-même.
Nous nous flattons de valoir beaucoup mieux à cet égard que les chefs de l’école encyclopédique ; je crains fort pourtant que dans toutes les coalitions et confédérations d’école, de secte et de parti, les hommes ne se ressemblent aujourd’hui comme alors, et qu’ils ne se permettent, à leur manière et dans leur mesure, autant qu’ils le peuvent et autant qu’ils l’osent, ce que se refusaient si peu Voltaire et d’Alembert.
Quoique par la forme ce livre n’eût rien de séduisant, et qu’il rompît par le ton avec la mollesse des écrits en vogue sous Louis XVI, quoiqu’il ne fût pas possible, pour tout dire, de moins ressembler à Bernardin de Saint-Pierre que Volney, celui-ci trouvait, à certains égards, un public préparé : c’était l’heure où Laplace physicien, Lavoisier chimiste, Monge géomètre, et d’autres encore dans cet ordre supérieur, donnaient des témoignages de leur génie.
Plus on la lit, plus on la médite, et plus on s’aperçoit de la vérité de cette assertion ; en sorte que, considérant combien la conduite des nations et des gouvernements, dans des circonstances analogues, se ressemble, et combien la série de ces circonstances suit un ordre généalogique ressemblant, je suis de plus en plus porté à croire que les affaires humaines sont gouvernées par un mouvement automatique et machinal, dont le moteur réside dans l’organisation physique de l’espèce.
Je ressemble au nuage qui, au lieu de recevoir l’éclair, comme le reçoivent mes yeux, le produit et le tire de son sein, parce qu’il y a en lui un passage des forces de tension à des forces motrices.
Par sa puissance à briser les associations banales et communes, qui pour les antres hommes enserrent les phénomènes dans une quantité de moules tout faits, il ressemble à l’enfant qui commence la vie et qui éprouve la stupéfaction vague de l’existence fraîche éclose.
Ce siècle ressemble aux vieilles cours.
Enfin, pour tout dire, accepter une vérité transmise sans la choisir, même après réflexion et contrôle, c’est ressembler aux pies et aux perroquets qui prononcent certaines paroles sans y attacher aucun sens.
Depuis que chacun fait ou veut chercher du nouveau, toutes les œuvres se ressemblent.
C’est que rien ne lutte avec tant d’opiniâtreté contre l’intérêt public que l’intérêt particulier ; c’est que rien ne résiste plus fortement à la raison que les abus invétérés ; c’est que la porte des compagnies ou communautés est fermée à la lumière générale qui fait longtemps d’inutiles efforts contre une barrière élevée pendant des siècles ; c’est que l’esprit des corps reste le même tandis que tout change autour d’eux ; c’est que de mauvais écoliers se changeant en mauvais maîtres, qui ne préparent dans leurs écoliers que des maîtres qui leur ressemblent, il s’établit une perpétuité d’ignorance traditionnelle et consacrée par de vieilles institutions ; tandis que les connaissances brillent de toutes parts, les ombres épaisses de l’ignorance continuent de couvrir ces asiles de la dispute bruyante et de l’inutilité.
Pour qui ne voit que l’art seul, l’art divin d’écrire, il y a dans son livre de ces passages qui ressemblent, pour la profondeur et la netteté pure de l’empreinte, aux plus magnifiques intailles de la glyptique moderne.
Le dard de sa flèche ressemble un peu trop aux plumes dont elle est empennée… Polémiste par habitude et par situation plus que par la nature de son intelligence, c’est en vain qu’il a été rompu à ces luttes incessantes du journalisme qui donnent à l’esprit tant de fil et tant de trempe, et l’assouplissent et l’affermissent comme une épée dont on passerait la lame au feu.
L’ouvrage qui lui fait pendant sous la vitrine de l’éditeur, cet autre premier livre qui dérive du second, et que Chasles invoque trente-six fois comme une autorité dans son Galileo Galilei, cette Virginie de Leyva ou Intérieur d’un couvent d’Italie au commencement du xviie siècle (titre affriolant), fera-t-il mieux les affaires de la Libre-Pensée, et Chasles y mettra-t-il mieux sa perruque pour ressembler à Stendhal ?
Sans ses ennemis politiques, sans ces papes qu’il osait damner, ne croyant pas que ce fût assez de les insulter et de les maudire, Dante, ce Juvénal du Moyen Age, ce pamphlétaire plus grand que Tacite, auquel des critiques qui ressemblent un peu aux petits garçons de Florence ont voulu donner l’air inspiré d’un prophète revenant de l’autre monde, tandis qu’il est un homme du temps, se possédant fort bien, au contraire, et tenant d’une main très-froide son stylet de feu, Dante n’aurait jamais songé à enfoncer son profond regard, fait pour juger les hommes et leur commander, dans cette conception de l’enfer, dont la vision pour lui se mêle à d’autres rêves et qu’il a faussée au profit de ses haines et sous le coup de ses douleurs.
… Le dérivé mental de l’onanisme tel que nous venons de le dépeindre, c’est en effet, la conception fixe que pour parvenir dans le calme de la félicité, à une vision esthétique de l’univers, il faut se détourner méthodiquement de tout ce que colore un rayon de vie, de tout ce qui respire et frémit, de tout ce qui pourrait ressembler même lointainement, à une action, en un mot de tout ce que la vie vulgaire pourrait ternir de sa matérialité sans goût.
Si l’on se rappelle les éléments de notre définition de l’idée de l’égalité, on reconnaîtra aisément que nous n’avons eu, pour les ressembler, qu’à chercher autour de nous, dans les sociétés modernes et occidentales : c’est des réalités les plus proches que nous nous sommes inspirés ; c’est bien l’esprit de notre temps qui nous a soufflé nos mots.
« Pendant beaucoup de siècles il y a eu moins de mouvement sur la terre qu’il ne s’en produit de nos jours en un an76. » Et ainsi — la remarque en a souvent été faite77 — par la multiplication des contacts que la nature disciplinée établit entre leurs membres, les sociétés civilisées ressemblent de plus en plus à des villes énormes.
Quoique les Grecs de ce temps-là fussent aussi loin peut-être de ressembler aux Grecs du temps de Constantin et de Julien, que ceux-ci étaient éloignés des Grecs du temps de Périclès et d’Alexandre, cependant ils parlaient toujours la langue d’Homère et de Platon ; ils cultivaient les arts ; et ces plantes dégénérées, à demi étouffées par un gouvernement féroce et faible, et par une superstition qui resserrait tout, portaient encore au bout de quinze cents ans, sur les bords de la mer Noire, des fruits fort supérieurs à tout ce qui était connu dans le reste de l’Europe.
Le mathématicien au contraire, avoit un air de mépris pour un pareil enthousiasme, d’où il faut conclure que les auteurs ne different pas moins entr’eux, que les fleurs dont les couleurs ne se ressemblent pas, que les animaux dont les qualités ne sont pas les mêmes. […] Nos jardins sont grands, magnifiques, annoncent la pompe & la majesté ; les vôtres, au contraire, sont mesquins, & quand ils sont vastes, ils ressemblent à un hameau délabré qu’on auroit entouré de murs…. […] Cela seroit digne du regne de Louis XVI, ce regne sous lequel on parle tout haut, selon la remarque d’un maréchal de France, pendant qu’on ne parloit que tout bas sous celui de Louis XIV… Mais je dirai toujours que les lettres de cachet ressemblent à l’ostracisme, & que c’est une proscription arbitraire, lorsqu’on en veut à quelqu’un. […] Celles d’automne ne ressemblent point à celles du printemps, & la nature est une excellente chose à copier. […] C’est un tableau changeant qui ressemble à ces étoffes ondoyantes, qui tantôt paroissent rouges, & tantôt bleues.
Paul Hervieu, tâchant de ne ressembler qu’à soi-même, ne ressemble en rien, sinon par les qualités supérieures de l’intelligence et le sens de la vie, je n’ai pas le souvenir d’un tel livre, d’un livre qui m’ait donné aussi complètement que celui-ci, l’impression rare et violente d’être un chef-d’œuvre. […] Extraordinaire, vraiment, et qui ne ressemble à aucune œuvre connue. […] Les Russes, avec leurs trois ou quatre poils à la mâchoire, ressemblaient à des phoques ; de chaque hamac venaient des soupirs interrompus par d’indistinctes paroles, et un nom, toujours le même : celui de la femme du patron. […] Au fond, ils se ressemblent dans la parité des préoccupations que l’on sent exclusivement politiques, et ce que je vois de plus clair dans l’esprit révolutionnaire de M. […] Et s’il ne ressemble pas aux brutes forcenées, aux criminels iconoclastes, brûleurs de tableaux, démolisseurs de statues, qui ne peuvent comprendre que l’Art et que la Philosophie rompent les cercles étroits des frontières et débordent sur toute l’humanité, il sait, croyez-moi, quand il le faut, se « faire casser la gueule » sur un champ de bataille, comme les autres et mieux que les autres.
Ses feuilles sont belles et ses fleurettes blanches ; ses tubercules ressemblent à des pommes de terre allongées, dans le genre du topinambour. […] Ceci et cela Avec sa barbe chenue, taillée en rond, avec son nez long, la ligne de ses sourcils et tout l’air de sa tête, Kyr Spiros pourrait bien ressembler à quelque buste de philosophe ancien. […] Là, sous la rosée céleste, sans cesse s’ouvrent, couronnes antiques et divines, et le narcisse qui a de belles grappes et le safran qui ressemble à l’or du matin. […] Un bonheur passionné ressemble à de l’angoisse. […] Elle va trouver sa plus jeune camériste, celle qui lui ressemble tant de visage et de prestance.
Chose singulière, ni les gens du pays, ni les botanistes les mieux renseignés sur la flore de cette région ne connaissent aujourd’hui le centofoglie, ni le poliastro, ni aucune fleur qui ressemble aux deux dessins du vieux livre43. […] Celle-ci ressemble tellement à la légende italienne sur la Sibylle qu’il faut que l’une provienne de l’autre. […] Quoi qu’il en soit, toutes celles que nous avons se ressemblent par le fond, qui est en abrégé le suivant : « Paul d’Eitzen, docteur de la sainte Écriture et évêque à Schleswig, a raconté à plusieurs personnes que dans sa jeunesse, après avoir étudié à Wittenberg, étant retourné en 1547 chez ses parents à Hambourg, le dimanche suivant, à l’église, pendant le sermon, il remarqua un homme d’une haute taille, aux cheveux longs tombant sur les épaules, debout, pieds nus, en face de la chaire, qui écoutait le prédicateur avec grand recueillement ; et chaque fois que le nom de Jésus était prononcé, il s’inclinait très bas avec grande humilité, frappait sa poitrine et soupirait. […] Voici le conte avare, qui ressemble particulièrement à celui qu’on vient de lire en dernier lieu : Un homme avait tendu des pièges et pris un oiseau. […] Quant au troisième : … Ce que tu tiens en tes mains Ne giete pas jus a tes piés, il est, comme nous l’avons fait remarquer, tout à fait différent du troisième de la seconde traduction française de Pierre Alphonse ; il ressemble plus au premier du texte latin, mais il en diffère par l’expression.
L’Iliade ne ressemble en rien à l’Odyssée par la disposition des parties, ces poèmes n’ont de commun que le caractère épique. […] Elle ne ressemble pas au persiflage et à la raillerie. […] Mais le dix-huitième siècle offrit en France un tableau qui ne ressemble en rien à celui que nous venons de voir. […] Pourtant il leur ressemblait plus qu’il ne le pensait ; prenant en apparence une autre route, il concourait de toutes ses forces au même résultat. […] La vieillesse de Voltaire, de Buffon, de Rousseau, ne vit rien s’élever qui leur ressemblât.
Avouez, lui disait Segrais, que vos Bergers ne ressemblent gueres à ceux de Virgile ? Avouez, reprenait Fontenelle, que ceux de Virgile ne méritent pas toujours qu’on leur ressemble ? […] Tous deux ne se ressemblaient pas. […] Toutes les ouvertures, toutes les symphonies des Opéra de Lully se ressemblent.
La rupture de Titus et de Bérénice n’est pas un lâchage, bien qu’elle y paraisse ressembler ; on « rompt » quand on porte le péplum et qu’on chausse le cothurne, on se lâche au temps des corsages Jersey et des bottines à talons. […] Comme on le voit, les scènes d’amour se suivent dans les romans et ne se ressemblent guère. […] Le type du poète tribun, c’est Victor Hugo, et quoi qu’on fasse pour ne point lui ressembler, il est bien difficile de ne pas marcher parfois dans l’empreinte de ses pas, puisqu’on suit le même chemin. […] C’est que votre femme me regarde avec une attention qui ressemble à de l’étonnement, et je pensais… PAULETTE. […] Des toits mollement dorés par le couchant, des vitres rouges comme des fournaises, tombait une lumière diffuse, qui, dans l’atmosphère déjà humide et bleue, ressemblait à de l’eau dans un aquarium.
Le démocrate lui paraît je ne sais quel ami de l’ombre et des ténèbres humides, tout ce qu’il y a de moins apollinien ; et le socialiste, qui n’est pour lui, et il a raison, que le démocrate logique, un être de nuit, dont le seul souci est de vouloir éteindre tout ce qui ressemble un peu au soleil. […] J’ai un compagnon sublime et fort, à qui je ressemble et qui m’appuie contre le monde si différent de moi et sans doute hostile, et qui me défendra contre lui et me récompensera de lui avoir résisté ; qui, tout au moins, me donne confiance par sa présence ; qui, tout au moins, me sauve du ridicule et de la terreur d’être seul de mon espèce, comme un étranger dans un pays inconnu. » — La morale inventant le monde transcendantal pour se rassurer, c’est le voyageur causant amicalement avec son ombre. […] Elle est la vanité des philosophes qui ont sur la conscience la folie de ce monstre de sagesse qui serait Dieu : ils prétendent que Dieu leur ressemble autant que possible. […] Sterne va même jusqu’à changer les rôles, sans y prendre garde ; il est parfois lecteur tout aussi bien qu’auteur ; son livre ressemble à un spectacle dans le spectacle, à un public de théâtre devant un autre public de théâtre… Est-il besoin d’ajouter que, de tous les grands écrivains, Sterne est le plus mauvais modèle, l’auteur qui doit le moins servir de modèle et que Diderot lui-même a dû pâtir de sa servilité ? […] La vérité, c’est qu’il y a des morales très nombreuses, multiples et multipliées et qui ne se ressemblent pas.
Thiers est l’historien des événements ; il les prépare, il les éclaire, il les groupe, il les accomplit avec un art sans égal ; mais les événements sous sa main ressemblent un peu trop à des abstractions ; l’homme y manque, et l’homme cependant est l’âme de l’événement. […] « Joséphine Bonaparte, mariée d’abord au comte de Beauharnais, puis au jeune général qui avait sauvé la Convention au 13 vendémiaire, et maintenant partageant avec lui une place qui commençait à ressembler à un trône, était créole de naissance, et avait toutes les grâces, tous les défauts ordinaires aux femmes de cette origine.
Emmène avec toi tous les scélérats qui te ressemblent ; purge cette ville de la contagion que tu y répands ; délivre-la des craintes que ta présence y fait naître ; qu’il y ait des murs entre nous et toi. […] Cela ne ressemble guère à celle de la Harpe.
L’esthétique de la nature n’est pas dans telle ou telle figure particulière, dans tel ou tel dessin particulier, mais dans le rapport de tous les dessins et de toutes les figures des choses, et c’est pour cela que telle correction de détail peut être une déformation monstrueuse à l’égard du tout ; il ne faut pas ressembler à un dessinateur qui voudrait rectifier et simplifier les ramifications sans nombre du cerveau d’un Cuvier, afin de produire un meilleur effet pour l’œil. […] La rumeur du large, éteinte, ressemblait à un souffle d’enfant. » (Les Travailleurs de la mer.
S’ils se ressemblent si bien entre eux et paraissent hériter l’un de l’autre, c’est qu’ils sont sortis du même moule où on les a jetés. […] La plupart des traits d’esprit qui se colportent de salon en salon ressemblent à ces mois des enfants, à ces petites niaiseries gracieuses que les mères redisent avec complaisance et que nous ne pouvons écouter sans ennui.
Elle ne ressemble à aucune autre Lyre humaine : Hugo, est tour à tour épique, satirique et attendri. […] Ce sera l’âme fraternelle qui ressemble à la mienne, qui rêve les mêmes rêveries, qu’impressionne le pareil fait extérieur.
Elles ne ressemblent, ces lettres de Baudelaire, ni à celles d’un Taine, ni à celles d’un Flaubert. […] On sait que les fils ressemblent à leurs mères et je ne serais pas éloigné de penser que l’empreinte maternelle ait prédominé en José-Maria de Heredia d’une façon occulte peut-être, mais très sourdement puissante. […] Elle crée avec la vie une vie différente, apparentée à celle qu’elle transforme, et qui lui ressemble comme la Bergère ressemble à la Princesse qu’elle est devenue.
L’intellectualisme ressemblait à une ivresse qui se déguste, le moralisme est à jeun, c’est une famine et une soif qui refusent de dormir. » Où il échoue néanmoins, c’est dans la synthèse organique des deux principes contradictoires. […] À ce degré, l’intellectualisme ressemble à l’alcoolisme : on n’en guérit plus, on en meurt. […] La fin du XIXe siècle ressemble manifestement à la fin du XVIIIe ; elle n’en diffère que par la gravité plus alarmante des symptômes, et les signes plus accentués d’un malaise qui s’étend à toutes les classes de la société et à toutes les sociétés du continent. […] Il ressemblerait fort à celui qu’annonce le christianisme et qu’il réalise sous le nom de conversion. […] Déjà ses ouvrages se ressemblent beaucoup ; nous craignons qu’ils n’aillent se ressemblant toujours davantage.
Les rendez-vous d’Auteuil ressemblaient pour elle à des douches d’hiver. […] C’est ici que commence le roman, roman plein d’une poésie réelle, qui, sans leur ressembler, fait songer aux nouvelles de Musset et de Murger. […] Hélène est un roman dont la forme ne ressemble à aucune autre. […] Les moissonneuses aux costumes éclatants, penchées sur l’éclair de leurs faucilles, ressemblaient à d’énormes pavots, à des bleuets vivants. […] Je ne croyais pas que ces deux années qui nous ont valu tant de volumes de mémoires eussent encore des journées, des aspects ignorés, et cependant je viens de lire avec l’intérêt, je ne dirai pas d’un roman, mais que nul roman ne saurait avoir, le récit fidèle, écrit au jour le jour, à chaque minute, de faits et d’impressions qui ne ressemblent en rien à tout ce que j’ai lu sur ce sujet.
Le romancier ressemble au botaniste qui vous montre, avec son terreau et ses racines, la plante dont le nouvelliste cueille une fleur pour vous la présenter isolée. […] L’on a pu avec raison dire que la société d’aujourd’hui ressemble à la Comédie humaine plus que la société d’après laquelle cette Comédie a été composée. […] Ce bourg fortifié de Villefranche ressemble à ce Sarracoli dont parle Montluc, à la dernière page de ses Commentaires. […] « La Société », disait-il dans la préface de la Comédie humaine, « ressemble à la nature. […] Ce sont deux actes de foi qui se ressemblent, qui s’appelaient l’un et l’autre.
. — Le Directoire exécutif, tel que le projet l’annonce, est un berceau, qu’on nous passe ce mot, un nid de factions ennemies ; et sa destinée serait de ressembler bientôt à tous les conseils de gouvernement que nous avons vus en France depuis trois ans, où Roland et Pache, Robespierre et Billaud se sont tour à tour arraché la puissance… Je n’entre pas dans le détail des voies et moyens, des remèdes plus ou moins efficaces qu’il proposait ; je ne fais qu’indiquer la ligne générale de Roederer en ces années.
Bonstetten, devenu tout à fait littérateur en ces années et auteur en allemand, pensait à se fixer pour toujours à Copenhague ; il avait obtenu l’indigénat, et invitait même son ami Muller à le venir rejoindre ; car il n’avait que relâché un peu ses liens d’amitié avec l’illustre historien ; en acquérant de nouveaux amis, il ne renonçait pas aux anciens, et il justifiait ce joli mot de lui et qui lui ressemble : « Ce qui est léger n’est pas toujours infidèle. » Dès que l’établissement du Consulat eut procuré une trêve à la Suisse, et qu’elle rentra, à l’exemple de la France, dans la voie des gouvernements réguliers, Bonstetten se sentit rappelé vers elle ; il y revint en 1801, non sans donner au bon pays hospitalier qu’il quittait des larmes sincères.
Mais le vrai Cid ne ressemble presque en rien à celui de la légende, et cela est un second point, presque aussi constant que le premier en ce qui concerne ces personnages légendaires : c’est là un désaccord assez dépitant et désagréable, mais par où il faut en passer, quoi qu’il en coûte.
Bayle, célibataire et sans enfants, n’avait laissé après lui qu’un neveu qui ne lui ressemblait en rien, libertin, dévot et même affilié aux Jésuites : si, par hasard, ce neveu avait eu aussi bien liaison avec des Jansénistes, c’en était fait du Bayle posthume, tous les papiers étaient perdus.
Mon poète crie comme un diable, met l’épée à la main, remonte chez le duc de Sully qui trouva le fait violent et incivil, va à l’Opéra conter sa chance à Mme de Prie qui y était, et de là on court à Versailles où on attend la décision de cette affaire qui ne ressemble pas mal à un assassinat.
C’est-à-dire : « Quiconque est assez hardi pour ne pas craindre l’amour, celui-là en fera l’expérience ou douce ou amère. » Quelle que soit la simplicité du bonhomme Palémon, cela me paraît trop ressembler à une vérité de La Palisse.
Carron, excepté moi, lui ressemble plus ou moins.
Sainte-Beuve, le 13 avril 1869 : « … Il ne peut rien y avoir de plus attachant et de plus sérieux que ces lettres qui nous font entrer dans l’intimité d’une existence toute simple, d’une vie qui par là même ressemble à la vie de la plupart.
Elle a ressemblé plutôt à un homme qu’à une femme.
Des réimpressions de La Rochefoucauld, de La Bruyère, avec quelques variantes, avec deux ou trois additions, feraient envie à plus d’un bel esprit, lesquels ressemblent en cela aux bons esprits.
Hippolyte amoureux ressemble encore moins à l’Hippolyte chasseur, favori de Diane, que Néron amoureux au Néron de Tacite ; Phèdre reine mère et régente pour son fils, à la mort supposée de son époux, compense amplement Junie protégée par le peuple et mise aux Vestales.
. — L’illustre Joseph de Maistre, si acharné aux athées, ne s’est pas montré trop rigoureux à l’endroit de Bayle : « Bayle même, le père de l’incrédulité moderne, ne ressemble point à ses successeurs.
Installée dans des cerveaux étroits et qui ne peuvent contenir deux idées ensemble, elle va devenir une monomanie froide ou furieuse, acharnée à l’anéantissement du passé qu’elle maudit et à l’établissement du millénium qu’elle poursuit ; tout cela au nom d’un contrat imaginaire, à la fois anarchique et despotique, qui déchaîne l’insurrection et justifie la dictature ; tout cela pour aboutir à un ordre social contradictoire qui ressemble tantôt à une bacchanale d’énergumènes et tantôt à un couvent spartiate ; tout cela pour substituer à l’homme vivant, durable et formé lentement par l’histoire, un automate improvisé qui s’écroulera de lui-même, sitôt que la force extérieure et mécanique par laquelle il était dressé ne le soutiendra plus.
Le peuple ressemble à un homme qui marcherait dans un étang, ayant de l’eau jusqu’à la bouche ; à la moindre dépression du sol, au moindre flot, il perd pied, enfonce et suffoque.
. — En ceci, les opérations mentales ressemblent aux opérations vitales.
« Ne ressemblons pas au taureau attelé au soc qui s’exténue et s’ensanglante davantage à mesure qu’il regimbe contre l’aiguillon !
Nous savons si la copie ressemble, sans avoir vu l’original.
Le type parfait de cette comédie, c’est Bataille de Daines : cela ressemble aux petits jeux de société, où l’on fait trouver un objet caché : il s’agit d’escamoter, ou de découvrir un proscrit politique.
Sarcey ressemble peu à un héros romantique ; qu’il n’a de René ou d’Obermann ni la sveltesse pliante ni la pâleur nacrée, et qu’une myopie célèbre dans le monde entier aggrave encore le poids de sa démarche.
Et si son nom est encore livré aux vaines disputes des hommes, s’il est malaisé de déterminer l’étendue et les limites de son génie, c’est peut-être que son cas ressemble assez à celui de Ronsard ; c’est que son œuvre n’est pas toute dans ses livres ; c’est qu’il a eu (non pas seul, mais plus qu’aucun autre) la gloire de rajeunir l’imagination d’un siècle et de renouveler une langue, et que, par conséquent, nous ne pouvons pas savoir au juste ce que nous lui devons… Pourquoi lui ?
On demandait où le Saint-Esprit avait marqué dans l’Écriture la forme des coiffes de femme ; si la barbe rousse coupée à un bouc, et que portait Farel, ressemblait à celle d’Aaron ; si Lazare sortant du tombeau était plus blême que Calvin.
Ce que nous nous représentons sous le nom de droite est une image grossière qui ressemble aussi mal à la droite géométrique qu’au temps lui-même.
Mais ceci importe peu ; car il est sûr que, quand le fait rénovateur du monde reviendra, il ne ressemblera pas pour le mode de son accomplissement à celui qui a déjà eu lieu. je suis avec attention l’étonnant mouvement enthousiaste qui travaille en ce moment dans « le Nord.
Si l’on admet que l’art doive être « fainéant », comme dit Victor Hugo, si l’on veut qu’il ressemble aux lys des champs, qui ne travaillent ni ne filent et sont pourtant velus de splendeur, si l’on exige qu’il plane, indifférent et superbe, au-dessus des vils intérêts humains, sans avoir ni patrie, ni religion, ni préférence politique ou philosophique, on supprime, on retranche de la littérature plusieurs genres qui comptent pourtant plus d’un chef-d’œuvre.
Convenez, Lecteur impartial, que jamais les ennemis de notre Nation n’en ont parlé avec ce délire méprisant, & que les François qui honorent la Philosophie ressemblent au moins un peu à la femme de Sganarelle, qui aimoit à être battue.
Ceux-là disaient à voix basse, en la voyant monter à la tour de Scée : « Certes, ce n’est pas sans raison que les Troyens et les Achéens aux belles cnémides endurent pour une telle femme des maux si affreux, car elle ressemble par sa beauté aux Déesses immortelles. » Ceux-ci l’appellent, en la maudissant, des noms qu’on donne aux enchanteresses : « Ame sereine comme la mer tranquille… parure de la richesse… trait charmant des yeux… fleur du désir enivrant le cœur. » — Plus tard, dans l’Oreste d’Euripide, Electre insulte d’abord Hélène, lorsqu’elle rentre de nuit dans Argos, « craignant les pères de ceux qui sont morts sous les murs d’Ilion ».
Cent mille écus offerts en pur don, cela ressemble singulièrement à l’indemnité qu’on accorde à la maîtresse dont on ne veut plus, pour la passer à un autre et lui faire un sort.
Les entrées et les sorties des deux derniers actes ressemblent aux figures brouillées d’un quadrille mal réglé et mal répété.
Après qu’on m’eut éveillé, je ne pus me rendormir… On saisit bien en quoi le Turenne de Bussy ne ressemble point au Condé de l’Oraison funèbre, duquel Bossuet a dit avant Rocroi : « On sait que le lendemain, à l’heure marquée, il fallut réveiller d’un profond sommeil cet autre Alexandre. » Je laisse à ceux qui ont eu l’honneur de se trouver à pareille fête à côté des héros, le soin de décider lequel des deux récits leur paraît le plus voisin de la vérité.
Le marquis, homme supérieur, mais orgueilleux, féodal, antique à la fois et au coup d’œil prophétique, d’une de ces races sans mélange dont l’heure finale avait sonné, éprouvait pour ce fils, qui penchait vers les courants du siècle, vers ce qu’il appelait la canaille philosophique, encyclopédique, plumière, écrivassière et littéraire, une sorte d’étonnement, d’admiration même, antipathique et répulsive, et qui, par moments, ressemblait fort à de l’effroi et à du dégoût.
III Qu’ils relèvent du drame ou de lu comédie, qu’ils montrent une tare de la sensibilité, de l’intelligence ou de l’énergie, tous ces personnages de Flaubert se ressemblent par un point commun.
La liberté et la santé se ressembleront.
L’habitude diminuant peu à peu les intervalles, ces deux classes d’idées tendent à se ressembler.
Je laisse de côté la question de savoir si, délicatisant l’humanité en proportion des jouissances nouvelles qu’il lui apporte, le progrès indéfini ne serait pas sa plus ingénieuse et sa plus cruelle torture ; si, procédant par une opiniâtre négation de lui-même, il ne serait pas un mode de suicide incessamment renouvelé, et si, enfermé dans le cercle de feu de la logique divine, il ne ressemblerait pas au scorpion qui se perce lui-même avec sa terrible queue, cet éternel desideratum qui fait son éternel désespoir ?
malgré toutes ces oppositions de fortune et de pensée, un trait dominant, le style, cette physionomie de l’âme, rapproche tellement ces deux hommes qu’une page de l’évêque de Meaux est le plus fidèle crayon du poëte olympique, et que la prose française de Bossuet, quand il est sublime, est ce qui ressemble le plus à la poésie grecque de Pindare.
À nos yeux, ces rapports accidentels, ces inventions fortuitement semblables, servent surtout à faire mieux comprendre le sublime des livres saints, ce sublime à part, supérieur aux choses mêmes qui lui ressemblent et qui le rappellent.
Mais toi qui fais si bien résonner sur la lyre les doux sons du printemps, commence pour nous des anapestes : « Ô vous, hommes, plongés dans les ténèbres de la vie, semblables à une génération de feuilles, êtres imbéciles, fange animée, foule insaisissable et pareille à une ombre, êtres éphémères sans plumes, misérables mortels, hommes qui ressemblez à des rêves, songez à nous, race immortelle, à nous, vivant toujours dans notre vie aérienne, exempte de vieillesse, contemplateurs des choses éternelles : et, de la sorte, ayant une fois appris de nous la vérité sur le monde céleste, connaissant à fond par moi l’essence des oiseaux, la filiation des dieux et des fleuves, de l’Érèbe et du Chaos, vous direz de ma part à Prodicus de désespérer du reste.
Sans doute, par crainte du rire des philistins ou par un restant de bon goût, leur toilette demeuré préservée contre les pires absurdités, et à part l’habit rouge à boutons de métal et les culottes avec bas de soie par lesquels quelques idiots à monocle et à gardénia cherchent à ressembler aux artistes des théâtres de singes, on remarque en eux peu de choses qui s’écartent du type régnant du costume masculin de notre temps. […] Quand il voit un tableau, il veut ressembler aux personnages par l’attitude et le costume ; s’il lit un livre, il s’en approprie aveuglément les idées ; il prend pour modèles les héros des romans qu’il a justement en main, et s’identifie avec le caractère des personnes qui s’agitent devant lui sur la scène. […] La volonté qui, sous l’impulsion d’un groupe d’aperceptions obtenant temporairement la prédominance, préside à cette distribution de sang, ressemble donc à un serviteur incessamment occupé, dans un appartement, à allumer, sur l’ordre de son maître, ici la flamme du gaz, là à la monter davantage, ailleurs à la baisser ou à l’éteindre, de telle sorte que ce coin de l’appartement est alternativement clair, demi-obscur ou sombre74. […] La conscience de l’homme sain, à volonté énergique et par là attentif, ressemble à une pièce vivement éclairée dans laquelle l’œil voit distinctement tous les objets, où tous les contours sont nets et où ne nagent nulle part d’ombres indécises. […] Dans le poème intitulé My sister’s sleep, on lit à un endroit où il est question de la lune : « The hollow halo it was in — Was like an icy crystal cup ». — « Le cercle creux dans lequel était la lune ressemblait à une coupe de cristal glacé ».
Le style de Raphaël ressemble à ces ébauches où le peintre, délibérant avec lui-même, n’ayant encore rien décidé d’une manière définitive, essaie tour à tour les lignes et les tons qui se présentent à sa pensée. […] L’accusation, en passant par la bouche du père Dutemps, ressemble trop aux objections hérétiques produites dans les églises du moyen âge par l’avocat du diable. […] Don César de Bazan, dont le nom et les titres sont donnés à Ruy Blas par don Salluste, a le malheur de ressembler au type le plus populaire des théâtres de boulevard. […] Il traite son cœur et son intelligence comme des haillons peuplés de vermine, et célèbre la débauche et la gourmandise comme s’il craignait de ressembler encore à quelque chose d’humain. […] Elle proclame et démontre la nécessité des faits accomplis, et ressemble volontiers aux bergers qui attendent la fin de la journée, pour dire s’il doit tomber de la pluie à midi.
» Il dit encore : « Un auteur né copiste… doit éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux qui écrivent par humeur, que le cœur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures et qui tirent pour ainsi dire de leurs entrailles tout ce qu’ils expriment sur leur papier… Je rirais d’un homme qui voudrait sérieusement parler mon ton de voix ou me ressembler de visage. […] Cette critique a, fort assurément, un caractère tout nouveau et ne ressemble en rien, au moins le plus souvent, à celle de Voltaire. […] Ce n’est pas sans doute à ce moment qu’elle a songé à un divertissement qui ressemble fort à une espièglerie. […] Pour moi, ce qui-me frappe le plus, c’est à quel point malgré les différences, pour ce qui est de la disposition de l’action, les deux pièces se ressemblent, au fond, sans en avoir l’air.
Brunetière a toujours porté avec une facilité allègre qui ressemble beaucoup plus à un plaisir qu’à un effort. […] Il a, de l’objet qui est une montre, et qui ne ressemble pas à une pendule, détaché l’idée, la notion — c’est trop dire ? […] C’est que les discours des différents orateurs se ressemblent trop. Ils se ressemblent au moins tous par leurs débuts. […] Elle consiste à s’élancer d’un fait particulier vers tous ceux qui lui ressemblent ou ne lui ressemblent pas, mais qu’on peut considérer un instant comme lui étant semblables, et, une fois qu’on les domine tous, à planer sur eux, à les contempler dans l’ensemble qu’ils font ou qu’on veut qu’ils fassent, et à les caractériser d’une grande définition générale qui les honore ou qui les flétrit.
Mais ce qu’aucune méthode scientifique n’est capable de préciser, n’étant pas capable de nous le faire voir, c’est ce qui fait que la Chanson de Roland diffère de l’Iliade encore bien plus qu’elle ne lui ressemble. […] Gaston Paris a fait attention comme son dilemme ressemblait à celui de M. […] Le sophisme de ceux qui les raillent consiste à les présenter comme autant de recettes pour produire infailliblement des chefs-d’œuvre ; mais aussi c’est un sophisme ; et les règles ne sont rien qui ressemble à l’idée que l’on en donne ainsi. […] Par une double conséquence du prix qu’elle attache à l’individualité, ses propres créations ne réalisent son idéal, ou n’en approchent, qu’autant qu’elles ne ressemblent à rien d’actuellement existant ; et, d’un autre côté, l’étrangeté des créations est ses yeux la seule mesure de la force de l’invention, puisqu’elle l’est de l’originalité du poète ou du romancier. […] C’est aussi un tempérament…Ses métaphores sont énormes… Ses effets tragiques ressemblent à des voies de fait sur les spectateurs.
Il inventorie les différentes formes de la mousse, depuis celle qui ressemble à la chenille jusqu’à celle qui ressemble à l’étoile. […] Au fond, vous savez bien vous-même que ce musée de grotesques ne ressemble à rien ; mais bourgeois et bourgeoises vont s’indigner, mais certains critiques feront la grosse voix en vous disant : Vous calomniez la bourgeoisie ! […] Et alors, arrivant devant chaque auteur dramatique, le père de Bouton de rose lui dit : Me ressembles-tu ? […] Mlles Croizette et Reichemberg sont fort agréables à voir et à entendre ; Mme Provost-Ponsin marque un peu trop, à mon gré, les côtés odieux de Mme Fourchambault ; Mlle Agar ressemble par trop à Niobé changée en statue de sel. […] À un certain âge, on est plus sceptique ; ne le fût-on pas, on craint, en se passionnant pour la morale offensée, de ressembler à M.
Ces œuvres diverses, empreintes du même respect pour la réalité et inspirées par le même besoin d’une poésie domestique et populaire, ressemblent toutes en ce point à Hermann et Dorothée qu’elles ont pour effet de nous rendre la vie aimable, et qu’on ne peut les lire sans être disposé à croire les hommes meilleurs et sans respirer en quelque sorte un air plus pur ; ce sont comme autant de sources fraîches qui nous raniment et nous versent en abondance la jeunesse. […] Je n’en veux recueillir ici qu’une seule, qui prouve, une fois de plus, combien l’histoire ressemble à un conte des Mille et une Nuits. […] La poésie du panthéisme — et la poésie est encore ce qu’il y a de plus philosophique en lui — ressemble à ces vapeurs à demi transparentes qu’on voit s’élever à la campagne par une belle nuit d’été, sur la lisière des bois. […] Friedrich bon nombre d’imputations du même genre, qui, généralisées comme elles le sont, ressemblent, à d’aveugles calomnies. […] Friedrich ressemble à un voyageur altéré qui rencontre de temps à autre de minces filets d’eau bruissant dans les prairies, mouille ses lèvres, continue sa route et ne s’aperçoit point qu’en écartant les herbes, il eût découvert une source.
Lainé ressemblait à Cicéron par la vertu, mais plus ferme, et par le talent de la parole, aussi élégant, mais moins abondant. […] La France, depuis ce temps, eut des hommes qui lui ressemblèrent, aucun qui l’égala.
L’hypnose ne ressemblerait « en rien » au sommeil naturel177. […] Quand on apprend à jouer du piano, on sait mal diriger vers le doigt la force nerveuse, et comme il y a une série de petits mouvements à enchaîner, on est obligé de faire pour chacun de ces mouvements un acte d’attention réfléchie : on ressemble à l’aiguilleur qui, au point de rencontre de deux voies possibles, est forcé de faire attention pour diriger le train dans la bonne voie.
Mercredi 16 janvier Démission du Président… Ça ne dure pas longtemps les présidences… Vraiment le fichu régime que ce parlementarisme, où les parlementaires ressemblent à de grands enfants, pris, de temps en temps, du désir de casser leurs joujoux. […] Mercredi 4 décembre De la salle à manger de la rue de Berri, dont la baie ressemble à un petit théâtre, Primoli nous régale dans le hall, de projections d’après ses instantanés.
Rien ne ressemble tant à un homme qu’un enfant. […] La quantité des mots est bornée, celle des accens est infinie ; c’est ainsi que chacun a sa langue propre, individuelle, et parle comme il sent, est froid ou chaud, rapide ou tranquille ; est lui et n’est que lui, tandis qu’à l’idée et à l’expression il paraît ressembler à un autre. — J’ai, dit l’abbé, souvent été frappé de la disparate de la chose et du ton. — Et moi aussi ; quoique cette langue d’accens soit infinie, elle s’entend.
En un mot, plus la réaction doit être immédiate, plus il faut que la perception ressemble à un simple contact, et le processus complet de perception et de réaction se distingue à peine alors de l’impulsion mécanique suivie d’un mouvement nécessaire. […] La perception ressemble donc bien à ces phénomènes de réflexion qui viennent d’une réfraction empêchée ; c’est comme un effet de mirage.
Tous les traits psychologiques, tous les tics, tous les gestes furent par lui scrupuleusement choisis, pour particulariser des êtres dont nul ne ressemblât aux autres. […] Les clameurs inopinées de Balthazar ressemblent peut-être trop à un coup de théâtre ! […] Je me méfie de la solution unique dont on veut clore trop de divers problèmes, je m’en méfie autant en art qu’en politique, et je voudrais être bien sûr qu’il ne s’agit de rien ici qui puisse ressembler à un acte de foi. […] pas une seule qui ressemble aux autres, bien qu’elles se posent de la même façon : les mêmes traits se combinent différemment en chacune. […] Vous, la molle amitié dont vous vous entourez Ressemble à ces grands cols d’Italie ajourés Et flottants dans lesquels votre cou s’effémine, On y est plus à l’aise — et de moins haute mine.
On lui donna Don Quichotte, qui le calma, sans le corriger de l’idée que la vie ressemble à la forêt enchantée où les quatre fils Aymon rencontrèrent leurs aventures merveilleuses. […] Rien du passé n’existait plus, ou, du moins, rien ne se ressemblait. […] « Tous ceux qui ont connu Alfred de Musset, écrit son frère Paul, savent combien il ressemblait à la fois aux deux personnages d’Octave et de Cœlio, quoique ces deux figures semblent aux antipodes l’une de l’autre. » Les étrangers eux-mêmes le savaient. […] Repoussé par les siens, le merle blanc est méconnu des cénacles emplumés auprès desquels il cherche un asile, parce qu’il ne ressemble à personne.
Il en vint, tant l’habitude de s’appesantir (ce qui n’est autre au fond que de s’appuyer) sur les choses, est pour l’esprit un don providentiel, il en vint, à force d’obstinées réflexions et de souffrance bien acceptée, à tirer de ce minime supplice, comme les forts savent le faire de tous les supplices, toute une philosophie qu’il serait ridicule de résumer en ce court essai, mais dont voici du moins les lignes essentielles : Tu ressembles, dis-tu, à cette pendule ; tu lui ressembles trop ou plutôt pas assez. […] Puis, après tout, à me bien sonder le cœur et les reins, je veux dire le cœur et ses tréfonds, ses tenants et ses aboutissants, et ses entours, il ne serait point impossible, il serait même probable, il est même à craindre que quelque chose qui ressemblerait à une sympathie plus vive et plus active qu’il n’est prudent pour bien faire n’y couve. […] Leurs hachures, par exemple, ressemblaient à un inextricable réseau de lignes disproportionnées : l’estompe, qu’ils mouillaient continuellement de leur langue, produisait des barbouillages ou des trous dans le papier : le fusain était principalement employé à souiller leur figure et à les salir eux-mêmes d’une manière effroyable ; et ils grignotaient la mie de pain destinée à effacer les incorrections.
Qui se nourrit de cœurs, et ce n’est mon dessein De ressembler un monstre ayant deux cœurs au sein. […] Gros-Guillaume, d’une corpulence telle qu’il était toujours garotté par deux ceintures, ce qui le faisait ressembler à un tonneau cerclé ; Gros-Guillaume, disons-nous, avait adopté les rôles de l’homme sentencieux. […] Sorel, dans la Maison des jeux, raconte que le rôle d’Hercule était interprété par un acteur en vêtements ordinaires, mais en manches retroussées, qui le faisaient ressembler à un cuisinier en fonction. […] Ses compositions dramatiques, non-seulement ne ressemblent pas à celles qui avaient paru jusqu’alors, mais nulle des siennes n’a d’analogie avec celle qui l’a précédée ou qui l’a suivie, tant son esprit était inventif, tant son génie avait de ressources. […] Certes, jamais portrait ne ressembla moins que celui-ci au roi Charles VIII, qui n’avait guère de marine, que l’univers était loin de redouter, et auquel le ciel ne promit jamais la conquête de l’univers.
Une statue polychrome, ainsi, ressemble trop par sa matière aux modèles qu’elle a reproduits. […] Ils ne ressemblent pas aux récits symboliques d’autres écrivains, récits spécialement inventés pour être les représentations de doctrines. […] Et ce grandissement des personnages, qui, en apparence, fait ressembler les histoires de M. de Villiers aux mélodrames surannés des romantiques, il est chez lui légitime, artistique, seul séant au caractère natif de son esprit. […] Nous vivons trop dans les livres et pas assez dans la nature ; et nous ressemblons à ce niais de Pline le Jeune qui étudiait un orateur grec pendant que sous ses yeux le Vésuve engloutissait cinq villes. » * * * Est-ce à dire que M. […] Boileau (j’appelle de ce nom tous les vieux professeurs) disait qu’il y avait en art deux sortes d’originalités : celle qui provient de ce que l’on n’est point fait comme tout le monde, et celle qui provient de ce qu’on ne se résigne pas à produire des œuvres qui ressemblent à celles de tout le monde.
Cet homme est un hâbleur de fausse éloquence ; il ressemble à cette femme ambitieuse et vaine dont parle Bossuet pour s’en moquer : « Elle croit valoir beaucoup parce qu’elle s’est chargée d’or, de pierreries et de mille autres ornements. […] Vous avez beaucoup de cette énergie qui ressemble au sentiment, etc. » Madame de Montespan répondait à Lauzun : « Je sais que tu as été l’architecte de ma puissance. » On voyait ensuite Louis XIV jouant aux échecs avec mademoiselle de La Vallière. […] Ces deux échos d’une poésie plus remplie d’idées que d’images ont été bien étonnés de n’avoir rien à dire en tant de grands vers, et, charmantes l’une et l’autre, elles sont restées, comme on dit, le bec dans l’eau, sans doute pour mieux ressembler aux deux statues de la fontaine Molière.
Dieu, chacun a vu un papillon, une grappe de raisin, une de ces écailles de fer-blanc, en forme de rectangle curviligne, comme les chaos des rues mal pavées en font tomber, le soir, de certains camions et qui ressemblent à des hosties retournées, retournées contre elles-mêmes. […] L’andrinopleal dont il était vêtu, quand, d’un soubresaut, il l’avait tendue, lui valait de ressembler à un membre de cheval hors de sa gaine. […] Alors, l’homme sincère n’est qu’un mannequin dont le carton-pâte lui vaut, grâce à de répugnantes peinturlures, de ressembler à l’écorché des cours de sciences naturelles élémentaires.
Comme il vous, plaira, ma verve ; ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne ferai rien sans vous. » Son cabinet de travail, au troisième, ressemblait à un vaste grenier ; il s’y trouvait bien à quatre-vingts ans comme à vingt.
Ruiné dans toutes ses espérances, c’est encore une de ces existences dissoutes dans le mouvement formidable de ce qu’on appelle la civilisation, qui pour beaucoup ressemble au chaos. » « (6 septembre 1854)… Le malheur finit par semer l’épouvante même au sein des familles que le bonheur aurait unies.
Il y a telle page de 1833 qui ressemble plus à telle page de l’Essai que tout ce qui a été écrit dans l’intervalle : les rayons du couchant rejoignent l’aurore.
Le début de cette Correspondance avec Brissot ressemble fort à celui de la Correspondance avec Bancal : « Si mon excellent ami, écrit Mme Roland à Brissot dans les premiers mois de 90, eût eu quelques années de moins, l’Amérique nous aurait déjà reçus dans son sein : nous regrettons moins cette terre promise depuis que nous espérons une patrie.
Brantôme, qui parle avec de grands éloges du talent poétique de la reine d’Écosse, nous apprend qu’on lui attribuait déjà, dans le temps, des vers qui ne ressemblaient nullement à ceux de l’aimable auteur, et qui, selon lui, ne les valaient pas.
— Oui, messieurs ; mais, moi aussi, j’ai voulu étudier cette question ; j’ai lu les réquisitoires du parquet d’alors, je les ai comparés à d’autres réquisitoires plus récents, et j’en ai souffert pour les honnêtes gens qui s’étaient vus obligés de soutenir, en des termes qui se ressemblent fâcheusement à toutes les époques, de semblables accusations contre un homme de bien.
L’esprit, subitement peuplé de leur foule remuante, ressemble à une boîte de rotifères desséchés, inertes depuis dix ans, et qui, tout d’un coup, saupoudrés d’eau, recommencent à vivre et à fourmiller.
Retranchez de l’image tout ce qui la constitue et toutes les propriétés positives par lesquelles elle ressemble à la sensation, pour les reporter sur la sensation elle-même ; elle était un acte plein, vous faites d’elle un acte abstrait ; comme cet acte ne renferme plus rien, on n’en peut rien dire ; on le nomme, et voilà la science faite.
Par hasard resterait-il dans l’esprit des spectateurs romantiques assez de traces de ces superstitions surannées, pour que le drame diabolique de Faust et ceux qui lui ressemblent, produisent encore de véritables émotions ?
Il a peint, non l’amour, mais cinq, dix amours, dont pas un ne ressemble à l’autre : chaque individu aime à sa façon, avec son tempérament, son esprit, toutes les modifications que l’âge, la condition, la situation peuvent imprimer à l’éternel élément de la passion.
Regardez toutes ses nuits : on en ferait une galerie ; il n’y en a pas deux qui se ressemblent : nuit en mer, nuit d’Amérique, nuit de Grèce, nuit d’Asie, nuit du désert663.
Catulle Mendès s’est lassé très vite de ces allures tapageuses et de cette gaminerie poétique… Il explique maintenant les mystères du Lotus, fait dialoguer Yami et Yama, célèbre l’enfant Krichdna et chante Kainadèva en vers d’une rare perfection de forme, malgré la difficulté d’enchâsser dans le rythme ces vastes noms indiens qui ressemblent aux joyaux énormes dont sont ornés les caparaçons d’éléphants.
Ce sont des écrivains de tout point dissemblables, et s’ils ressemblent tous deux, comme vous dites, aux toxotes de Thrace, il faut nécessairement que cette ressemblance s’étende à beaucoup d’écrivains.
Elle lui ressemble vraiment trop.
La carrière de l’instruction publique étant celle qui ressemble le plus à la cléricature, je la choisis presque sans réflexion.
Le paysage s’est un peu effacé de ma mémoire ; pourtant, j’ai le souvenir d’un lac bleu étendu dans la plaine et d’un palais de féérie ou de rêve — toute cette journée, d’ailleurs, est restée pour moi un rêve, un de mes meilleurs, — où le style changeait d’étage en étage, racontant la persévérance des souverains du lieu à construire leur tanière, avec de très fines décorations et de si nombreuses fenêtres qu’il ressemblait à une merveilleuse boîte à jours.
En vérité, l’espèce humaine, dans ces tableaux violents, ressemble à une caricature.
Ce qu’il faisait ressemblait plutôt à du Delille rajeuni, à du Chênedollé plus vif, plus coquet ; il avait de très jolis vers descriptifs : Quand la fleur de Noël, au fond de nos vallées, Frémira sous le dard des premières gelées, Nous irons de l’automne entendre encor la voix.
Prud’homme : ils ressemblent à la fortune du Tiers-État.
L’histoire de la littérature ressemble à l’histoire des découvertes scientifiques ; elle est aussi intéressante, mais toutes deux ne servent, encore une fois, qu’à mieux dégager cette inconnue, le génie, et il est aussi impossible d’expliquer entièrement une œuvre originale qu’une grande découverte ; on ne se rendra jamais beaucoup mieux compte du génie d’un Shakespeare ou d’un Balzac que de celui d’un Descartes ou d’un Newton, et il y aura toujours, entre les antécédents psychologiques à nous connus d’Hamlet ou de Balthazar Claetz et ces types eux-mêmes, un hiatus plus grand encore qu’entre les antécédents du système des tourbillons ou de la théorie de l’attraction et ces théories elles-mêmes.
De ces deux raisons, la première ne ressemble pas mal à ce que nous appelons en logique un cercle vicieux ; la seconde est purement et simplement un préjugé, et même un préjugé odieux.
Polyphile (c’est-à-dire La Fontaine, ici nous sommes certains), Polyphile lui ressemblait en cela, mais on peut dire que celui-ci aimait toutes choses.
Quoique j’aie dit du mulet, presque jamais l’animal n’a rien qui ressemble à ce défaut.
Cousin, dans son ouvrage, ressemble (en sera-t-il flatté ?)
Renan a dit quelque part que Néron ressemblait aux héros détraqués de Victor Hugo, et lui, cet homme d’un goût ordinairement si ferme, il en parle dans un style qui se détraque, en Hugo !
De fait, notre positivisme ressemble souvent à une fuite.
La génération nouvelle, qui avait grandi au milieu des orages révolutionnaires, aspirait à un état plus calme et plus régulier ; elle était dégoûtée des spéculations politiques venue après celle de 89, elle ressemblait un peu à l’expérience au pied boiteux, comptant tristement les débris sur les traces de l’espérance, qui n’aperçoit ni le passé loin duquel son vol l’emporte, ni le présent qu’elle effleure de ses ailes, l’œil tourné vers un avenir qu’elle n’atteindra jamais. […] On ne dira pas que M. de Maistre ressemblait à ce personnage d’un tableau du déluge qui cherche à sauver sa bourse, au milieu du cataclysme universel. […] L’autre, dont le nom est presque universellement inconnu, n’a encore qu’un titre, une chanson, le Roi d’Yvetot, dont les refrains, tout pétillants de la vieille malice gauloise, chantés derrière les victoires de l’empereur, ressemblaient un peu à ces couplets mordants que les soldats romains répétaient derrière le char du triomphateur le jour où il montait au Capitole. […] Cette poésie, j’essayais quelquefois de l’exprimer dans des vers ; mais ces vers, je n’avais personne à qui les faire entendre ; je me les lisais quelques jours à moi-même, je trouvais avec étonnement, avec douleur, qu’ils ne ressemblaient pas à tous ceux que je lisais, dans les recueils ou dans les volumes du jour. […] il ressemble à ces magnifiques lacs qui s’étendent si frais et si purs dans ses vers, et, comme eux, il reflète le ciel qui plane au-dessus des eaux, les oiseaux mélodieux qui les effleurent en se jouant, et les coteaux et les forêts d’alentour.
L’expérimentateur qui se trouve en face des phénomènes naturels ressemble à un spectateur qui observe des scènes muettes. […] Toutes les intelligences se ressemblent sans doute et des idées semblables peuvent naître chez tous les hommes, à l’occasion de certains rapports simples des objets que tout le monde peut saisir. […] Sous ce rapport, le biologue ressemble plus au physicien qu’au chimiste, en ce sens qu’il cherche surtout à déterminer les propriétés des corps en se préoccupant beaucoup moins de leur composition élémentaire. […] Le même individu ne se ressemble pas lui-même à toutes les périodes de son évolution, c’est ce qui amène les différences relatives à l’âge. […] En reprenant la comparaison de Bacon, nous pourrions dire que l’expérimentateur ressemble dans ce cas à un chasseur qui, au lieu d’attendre tranquillement le gibier, cherche à le faire lever en pratiquant une battue dans les lieux où il suppose son existence.
Un cerveau moyen d’aujourd’hui ressemble à ces jardins d’essai où verdissent des spécimens de toutes les flores ; encore ce jardin a-t-il son utilité particulière ; les cerveaux riches d’un peu de tout ne sont bons à rien : le terrain a été transformé non pas même en un parterre, mais en un herbier, et les plantes sèches y sont si médiocres et si défectueuses qu’on ne peut les faire servir à aucun usage décent. […] L’intelligence est un don qui ressemble a un fardeau ; son poids paralyse l’activité. […] L’individu est anormal : on ne le classe que par les limitations imposées à ses manifestations extérieures ; intérieurement, il est anormal, il est un être dissemblable des êtres qui lui ressemblent le plus. […] Cela serait inutile, puisqu’une personnalité ne ressemble à aucune autre, est unique. […] Ainsi Tolstoï, dont les paroles m’épouvantent, aura raison dans l’avenir, — à moins que l’avenir échappe aux constructeurs de sociétés, à moins qu’il ne ressemble, tout bonnement, et au présent et au passé.
Elle n’est pas une pure abstraction ; elle est si peu abstraite, au contraire, qu’elle ressemble aux figures géométriques et aux mathématiques, qui nous fournissent non pas d’une façon abstraite, mais d’une façon visible et continue, non seulement les formes générales de tous les objets susceptibles d’être perçus par nous, mais encore toutes les formes possibles a priori. […] Victor Hugo, par exemple, qui n’était rien moins qu’un esprit métaphysique, a écrit ce mot très profond : Chanter ressemble à se délivrer , sans se douter évidemment qu’il corroborait la pénétrante analyse du philosophe de Francfort. […] Notre lyrique moderne, comme le dit spirituellement Nietzsche, comparée à la lyrique antique, ressemble à une statue de dieu sans tête. […] L’apparition de Wagner dans les arts ressemble à une éruption volcanique des puissances artistiques de la nature se manifestant tout d’un coup dans leur ensemble, après que le monde a été accoutumé à considérer comme une loi la séparation des différents arts. […] Il est infiniment probable que ses évolutions futures ressembleront à ses évolutions passées, aux évolutions de toutes les choses humaines.
Les épisodes successifs de Rolla ne ressemblent qu’à des digressions juxtaposées. […] IV Quand on passe des Méditations aux Harmonies, on croit quitter le déroulement d’un de nos grands fleuves d’Europe pour se voir emporté sur un de ces fleuves d’Amérique qui ressemblent à des Océans. […] L’isolement ne devrait jamais ressembler à l’égoïsme contemplatif. […] Son œuvre grave, son œuvre idéale ressemble à un beau lac, presque toujours limpide, jamais souillé, jamais fangeux, crispé parfois et secoué par des vents d’orage, mais reprenant bientôt son calme et sa sérénité sous le silence de la lune et le regard des étoiles. […] Émile Montégut fait bien ressortir ce dernier caractère : « Elle va cette imagination brillante, spontanément et d’un vol facile et léger, vers tout ce qui lui ressemble, c’est-à-dire vers tout ce qu’il y a de plus français au monde, les farces salées de nos vieux conteurs, la fantaisie gracieusement tourmentée de l’époque Louis XIII l’élégance spirituelle du xviiie siècle.
On jouissait de sa modestie autant que de son triomphe ; ses admirateurs devenaient ses amis ; son visage, penché en arrière, écartait d’une vive saccade les mèches de sa noire chevelure humides de sueur, mais sa bouche était toujours gracieuse, et, s’il n’eut pas eu le nez trop court et cassé par un coup de fer, il aurait ressemblé à un lutteur grec se reposant après le combat. […] répondit le vieillard, qu’il pût ressembler à Bellerose !
C’est positif, son estomac s’est fondu, et son individu est comme allongé, étiré, et ce qui est parfaitement curieux surtout, c’est que le fin modelage de sa figure passée, perdu dans la pleine et grosse face de ces dernières années, s’est retrouvé, et que, vraiment, il recommence à ressembler à son portrait de Manet. […] Le mirobolant de la fin du chapitre, c’est de montrer la députation conservatrice et religieuse de la Bretagne, composée en partie de petits-fils de guillotineurs et de spoliateurs de 93, ce qui les fait ressembler, dit-il assez plaisamment, à des gens qui ont volé un paletot avec une décoration, et qui usent du paletot et de la décoration.
Samedi 21 mai Déjeuner chez Raffaëlli, avec Proust, le ménage Forain, une Américaine, organisatrice de l’exposition de Chicago, dont les dents aurifiées font dire à Forain, que ses dents ressemblent à des jets de gaz, allumés pendant le jour — et encore avec des peintres, que je ne connais pas. […] Ruysdael et Hobbema ont fait la nature, sans l’animation particulière de sa vie végétale, et de plus Hobbema a un feuillé, qui ressemble au feuillé des paysages en cheveux.
C’est peut-être pourquoi la flore de l’île de Madère ressemble, d’après M. […] Nous avons supposé que les espèces originelles de notre genre se ressemblent les unes aux autres inégalement, ainsi qu’il arrive en général dans la nature.
L’âme n’est jamais sans entendre un son ; lorsque le son n’est pas extérieur et réel, il est remplacé par une image qui lui ressemble. […] Il faut arriver au xviie siècle pour trouver la parole intérieure nettement dégagée des phénomènes qui l’accompagnent ou qui lui ressemblent.
Grâce à lui, tout le monde pourra constater que les « cubistes » de la littérature ressemblent à n’importe qui, Paul Dermée rédige en un style délectablement ardu, des faits divers horrifiques et des histoires à agiter les écrans de cinéma. […] L’homme-récepteur, dont le cerveau ressemble à cette réclame américaine pour machines à écrire, représentant une tête contenant une machine.
Faute d’une telle préparation, de vaines syllabes battraient l’air, sans rien laisser dans l’esprit du lecteur d’Occident ; cette nomenclature ressemblerait aux cartes du ciel nocturne, aux catalogues d’étoiles invisibles dressés par les astronomes pour quelques initiés. […] Si c’est là de la littérature, je demande pour l’autre un nom moins exposé aux usurpations ; sauf l’usage des plumes et de l’encre, — on s’en sert aussi pour les exploits d’huissiers, — notre noble profession n’a rien de commun avec ce commerce ; il est légitime à coup sûr, si l’on y apporte de la probité et de la décence, mais il ressemble à la littérature autant qu’une boutique de jouets à une bibliothèque. […] Les régions que fréquentent de préférence ces écrivains ressemblent aux terres des côtes ; on y jouit des collines, des arbres et des fleurs, mais tous les points de vue sont commandés par l’horizon mouvant de la mer, qui ajoute aux grâces du paysage le sentiment de l’illimité du monde, le témoignage toujours présent de l’infini. […] Il a bien servi ce pays auquel il ressemble si peu ; plus que tout autre écrivain, il l’a suscité à la vie intellectuelle ; ce n’est pas trop de l’appeler le Pierre le Grand des lettres. […] Comme le gouverneur qu’il venait juger, il passait pour un progressiste, et, bien que déjà gros bonnet, il ne ressemblait pas à la plupart des gros bonnets.
Vous pourriez m’instruire à ce sujet ; plus d’un d’entre vous aurait le droit de se tourner vers le buste vivant que nous inaugurons, et de lui adresser les mêmes mots de bienvenue, que le personnage du chœur à Perdican, dans la pièce d’Alfred de Musset : « Vous ressemblez à un enfant que nous avons beaucoup aimé. » Toutefois, dans cette adolescence exemplaire, qu’un des amis les plus intimes de Jouffret, M. […] Gustave Lanson a deux ou trois disciples de valeur, et de nombreux élèves qui se flattent de lui ressembler, parce qu’ils ont reçu de lui de bonnes habitudes de travail : y a-t-il de quoi redouter et maudire son influence ? […] » À ceux qui ne connaissent pas les Flèches d’or et les Vignes folles, la lecture du Nocturne révélerait ce qu’il y eut, à un moment, de promesses de renommée dans le talent de Glatigny, de ce nomade lettré dont Verlaine envia les dons et qui lui ressemblait, par bien des traits, comme un grand frère. […] Plus encore qu’à ce Carnaval fantastique, où l’on peut voir comme un allegretto d’introduction de la sonate poétique de Gautier, certains tableaux des Fêtes galantes ressembleraient à l’andante si pénétrant : Clair de lune sentimental.
Portrait du Philinte de Molière par Rousseau : « Un de ces honnêtes gens du grand monde dont les maximes ressemblent beaucoup à celles des fripons ; de ces gens si doux, si modérés, qui trouvent toujours que tout va bien parce qu’ils ont intérêt que rien n’aille mieux ; qui sont toujours contents de tout le monde parce qu’ils ne se soucient de personne ; qui, autour d’une bonne table, soutiennent qu’il n’est pas vrai que le peuple ait faim ; qui, le gousset bien garni, trouvent fort mauvais qu’on déclame en faveur des pauvres ; qui, de leurs maisons bienfermées, verraient voler, piller, égorger, massacrer tout le genre humain sans se plaindre, attendu que Dieu les a doués d’une douceur très méritoire à supporter les maux d’autrui. » Il n’est pas seulement égoïste, il est malhonnête et — ce qui explique le mot « maximes de fripons », il est capable de conseiller des actes de malhonnêteté : « L’ami d’Alceste doit le connaître. […] Ils ressemblent à cet Irlandais qui ne voulait pas sortir de son lit, quoique le feu fût à sa maison. « La maison brûle, lui criait-on. […] Le ministre, qui me paraît lui ressembler, lui fait entendre qu’il se compromettrait lui-même et lui ferait plus de tort que de bien en se mêlant de cette affaire très délicate. […] Tout compte fait, elle ressemble assez à « la femme » tracée dans la Sophie de Rousseau. […] Par là, par l’intention d’imiter fidèlement la nature, s’expliquent, dans le théâtre de Molière, la subordination des situations aux caractères, la simplicité de ses intrigues, l’insuffisance de ses dénouements qui, justement, parce qu’ils n’en sont point, ressemblent d’autant plus à la vie où rien ne commence et rien ne finit. » Ceci ne prouve point du tout que Molière veut qu’on obéisse, dans la vie, aux suggestions de la nature ; il prouve seulement que, comme auteur, il veut peindre la vie telle qu’elle est, plutôt que suivre son imagination ; ceci n’a absolument aucun rapport avec la question posée.
La fin de sa vie n’a pas ressemblé à une partie de whist où l’on gagne en calculant51.
Au timbre de sa voix ferme dans sa langueur… À la fin des lettres de Jocelyn à sa sœur, après tous ces détails journaliers de prière, de travail, de charité, le curé de Valneige se représente, la nuit, veillant, agité encore, lisant tantôt l’Imitation, tantôt les poëtes : Dans mes veilles sans fin, je ressemble, ô ma sœur, À ce Faust enivré des philtres de l’école, etc., etc.
On rapporte (et c’était déjà dans ces années de conversion) qu’un homme distingué qui venait souvent chez elle, épris des charmes de sa fille qui lui ressemblait avec jeunesse, s’ouvrit et parla à la mère, un jour, de l’émotion qu’il découvrait en lui depuis quelque temps, des espérances qu’il n’osait former ; et Mme de Krüdner, à ce discours assez long et assez embarrassé, avait tantôt répondu oui et tantôt gardé le silence ; mais tout d’un coup, à la fin, quand le nom de sa fille fut prononcé, elle s’évanouit : elle avait cru qu’il s’était agi d’elle-même. — Au reste, pour bien entendre, selon la mesure qui convient, ce reste de facilité romanesque chez Mme de Krüdner au début de sa conversion, et aussi la décence toujours conservée au milieu de ses inconséquences du monde, il faut ne pas oublier ce mélange particulier en elle de la légèreté et de la pureté livonienne qui explique tout.
Cette doctrine, qui ne contredit aucune de ses doctrines chrétiennes, et qui agrandit le Créateur en agrandissant son œuvre, est une vérité vieille comme le monde, et qui ressemble à une audace, tant le monde moderne semble l’avoir oubliée.
Engager la guerre générale avec l’Europe pour qu’un pacha factieux du Kaire fumât sa pipe à Damas, à Alep, à Constantinople, cela ressemblait tout à fait à la diplomatie prêchée aujourd’hui à la France par les publicistes garibaldiens, poussant la France à risquer ses trésors de paix, de sécurité, d’or et de sang français, pour qu’un duc de Savoie, brave, aventureux et ambitieux de chimères, fasse des entrées capitoliennes à Florence, à Rome et à Naples !
Paris et Rome se ressemblent ; les temps répètent les temps, et la France, pour avoir laissé ses efforts vers la réforme du monde politique dégénérer en convulsions démagogiques, ne se retrouve plus de force pour faire de sa liberté, modérée par la règle, un gouvernement.
Un homme à la fois si ardent et si léger, trivial et si inspiré, si indécis entre le sang et les larmes, si prêt à lapider ce qu’il venait de déifier dans son enthousiasme, devait avoir sur un peuple en révolution d’autant plus d’empire qu’il lui ressemblait davantage.
Quand nous arrivâmes à la sombre porte à clous de fer du bargello, tout à côté de l’énorme porte de la prison, et que les bœufs s’arrêtèrent, je ressemblais à une Madone de Lorette : on ne voyait plus mes habits à travers les rubans, les couronnes et les bouquets.
Cela ne ressemble pas aux fusées d’imagination qui partent au hasard dans nos conversations.
Mots qui à force d’être savants deviennent barbares et sont en certains cas de vrais monstres ; tel le mot potassium, qui, semi-germanique et semi-romain, ressemble aux fabuleux centaures ; tel le mot centimètre, qui est le résultat d’un alliage imprévu entre Rome et la Grèce ; tels les mots kilomètre et myriamètre, enfants mal venus, estropiés en naissant par des accoucheurs maladroits.
Il ressemble maintenant à un défi ; on dirait que celui qui appelle provoque au combat toutes les puissances du gouffre.
Nous donnerons quelque idée du wagnérisme à Munich en publiant une semaine wagnérienne de la Lœwenbraeu-Keller ; parmi les trois ou quatre grandes brasseries ou cafés qui donnent chaque soir, à Munich, des concerts, nous avons pris les programmes de la brasserie de Lœwenbraeu, jour par jour, pendant la semaine que nous avons passée à Munich ; les programmes des autres maisons ressemblent à ceux là.
disait un auditeur de la première représentation, elle imprègne l’âme d’une irrésistible somnolence, et puis elle est si bruyante qu’on ne peut s’endormir… Les concerts se suivent et se ressemblent.
Pour toute réponse Olivier dépose, sur une table, le paquet de lettres à l’adresse de Suzanne, et il sort : sortie douteuse qui ressemble à l’évasion d’une conscience en peine, par la porte dérobée d’un faux subterfuge.
Ignorante de toute chose, incapable par elle-même de se remuer, elle ressemblait à un animal privé de cerveau.
Ce qui ressemble de loin aux poids, ce sont les influences extérieures et adventives, sensations, paroles, conseils, ordres, suggestions de toutes sortes, qui encore n’agissent qu’en se combinant avec nos dispositions propres ; mais il y a des motifs internes, les plus décisifs en définitive, les seuls vrais motifs d’une détermination volontaire en tant que telle.
Un cimetière, rien ne ressemble plus au pêle-mêle d’une collection d’autographes !
Quelques philosophes ont ressemblé dans l’histoire à cet inventeur, — et ce ne sont pas les moins illustres !
Nous ressemblons à des voleurs qui changent et qui ornent ridiculement les habits qu’ils ont dérobés, de peur qu’on ne les reconnaisse.
Cependant ils n’ont pu ignorer que de tous les chefs-d’œuvre dont ils croient depuis cinq ou six ans avoir enrichi leur scène, aucun n’a reçu, dans les départements, cet accueil bienveillant qui les attache au répertoire, et les fait ressembler à ceux Où tout Paris en foule apporte ses suffrages, Et qui, toujours plus beaux, plus ils sont regardés, Sont au bout de vingt ans encor redemandés.
Il ressemble beaucoup à cet homme-là.
Aussi voulait-il s’y jeter sans réserve (je le sentais, j’en frémissais d’admiration et d’alarme) sans rien même de légitime ou de louable, qui pût ressembler à la prudence.
Il ressemblera nécessairement beaucoup à celui que nous a donné l’examen des Temps multiples ; il ne peut d’ailleurs qu’en être une expression nouvelle.
Or aucune espèce d’observation ne découvre dans la vie des animaux, même des animaux qui vivent en société, rien qui ressemble à ce qu’on nomme, dans toute langue humaine, morale et religion.
Redoutable Dieu, qui ne ressemble guère à la calme intelligence qui sert aux philosophes pour expliquer l’ordre des choses, ni à ce Dieu tolérant, sorte de roi constitutionnel que Voltaire atteint au bout d’un raisonnement, que Béranger chante en camarade et qu’il salue « sans lui demander rien. » C’est le juste Juge impeccable et rigide, qui exige de l’homme un compte exact de sa conduite visible et de tous ses sentiments invisibles, qui ne tolère pas un oubli, un abandon, une défaillance, devant qui tout commencement de faiblesse ou de faute est un attentat et une trahison. […] Le monde ineffable garde ainsi tout son mystère ; avertis par l’allégorie, nous supposons des splendeurs au-delà de toutes les splendeurs qu’on nous offre ; nous sentons derrière les beautés qu’on nous ouvre l’infini qu’on nous cache, et la cité idéale, évanouie aussitôt qu’apparue, cesse de ressembler au White-Hall grossier, édifié pour Dieu par Milton. […] Celui qui ne comprend pas la force et l’efficacité de l’entretien qu’il a avec Dieu ressemble à une harpe ou à une flûte, qui a un son, mais ne comprend pas le bruit qu’elle fait.
— J’abomine les écoles, dit-il, et tout ce qui y ressemble ; je répugne à tout ce qui est professoral appliqué à la littérature qui, elle, au contraire, est tout à fait individuelle. […] Je me penche, et je vois sous le verre quelque chose qui ressemble à des os blanchis. […] il nous donne aujourd’hui, sous le titre de vers, une prose qui ressemble à une sorte de traduction linéaire d’un poème étranger.
Toutes ces tracasseries et toutes ces pédanteries indiquent à mon gré une monarchie céleste ; naturellement celle-ci ressemble à toutes les autres : je veux dire qu’elle s’appuie plus volontiers sur la tradition et sur l’habitude que sur l’examen et la raison. […] Il y a un point par lequel se ressemblent toutes nos connaissances.
On distingue devant soi, sur les bords de la mer, la baie du Tombeau ; un peu sur la droite, le cap Malheureux ; et au-delà, la pleine mer, où paraissent à fleur d’eau quelques îlots inhabités, entre autres le Coin-de-Mire, qui ressemble à un bastion au milieu des flots. […] L’une renfermait la partie supérieure de cette enceinte, depuis ce piton de rocher couvert de nuages, d’où sort la source de la rivière des Lataniers, jusqu’à cette ouverture escarpée que vous voyez au haut de la montagne, et qu’on appelle l’Embrasure, parce qu’elle ressemble en effet à une embrasure de canon.
La ville des morts ressemble à la ville des vivants. […] Tu ressembles à la chrysalide, où le ver s’est enfermé pour renaître un jour avec des ailes, et qui, en attendant la métamorphose, n’est ni chenille, ni papillon, mais un être informe où les deux vies dont elle est le centre se disputent pour ainsi dire et entrent en conflit.
Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau. […] Sans doute la fable, le plus humble des genres poétiques, ressemble aux petites plantes perdues dans une grande forêt ; les yeux fixés sur les arbres immenses qui croissent autour d’elle, on l’oublie, ou, si l’on baisse les yeux, elle ne semble qu’un point.
Ils ressemblent à ces Juifs et à ces pérégrins de jadis qui n’avaient pas de droits, mais à qui incombaient cependant tous les devoirs du citoyen. […] Elle ressemble à ce que serait une perquisition dans le domicile privé à n’importe quel instant du jour ou de la nuit.