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1377. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

Le duel, cette chose du Moyen Âge, qui n’est pas encore sortie de nos mœurs quoique nous en ayons chassé le Moyen Âge tout entier, mais qui n’en est pas sortie pour la même raison de vanité qui nous en a fait chasser tout le reste ; le duel, pour Jean Gigon, n’a pas de remords.

1378. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Jeune, et par conséquent n’ayant pas la simplicité d’être littéraire, cette visée si contraire à l’américanisme de nos mœurs, M. 

1379. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Le pédantisme italien (je me sers de ce terme à défaut d’un terme absent) a trouvé son expression dans les caricatures de Léonard de Vinci et dans les scènes de mœurs de Pinelli.

1380. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Par elles, les mœurs sont adoucies, épurées. […] Charles de Rouvre montre, sans réticences, la condition qui est faite par nos mœurs et par nos règlements à la femme qui veut s’émanciper par son travail. […] La même dame a couché dans un workhouse, afin d’étudier de près les mœurs des ménages ouvriers. […] Plus tard elle se répandit jusqu’à Moscou, et, là encore, c’est elle qui façonna des âmes neuves, poliça des mœurs rudes, féconda des terres vierges. […] Si l’on veut avoir quelque idée de la richesse et des mœurs des peuples qui honorent Zeus olympien, c’est ici qu’il faut venir, et visiter en détail tous les petits monuments dont les façades bariolées s’alignent sur cette longue rue.

1381. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Le second, c’était d’écrire des drames et des comédies de mœurs vraies, c’est-à-dire de faire du théâtre réaliste, je ne sais pas d’autre mot, et c’est ce que Ponsard essaya, en effet, plus tard, après l’avènement d’Augier et Dumas. […] Il prend la Grand’Rose pour le ressort principal de l’action, et dès lors il la juge mal, je veux dire, il trouve que l’auteur a eu grand tort de lui donner le caractère, les mœurs un peu douteuses qu’il lui a données. […] Avec les mœurs du reportage actuel, le théâtre deviendra impossible. […] Petit cours d’histoire du xviiie  siècle et dissertation sur les mœurs du temps par la marquise. […] Il n’en est pas moins que ce sont là de très bonnes mœurs littéraires et aussi une tactique qui est singulièrement favorable aux destinées d’un ouvrage nouveau.

1382. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Les gens de théâtre, qui rêvent de la supprimer, avouent ainsi l’incompatibilité de leurs visées commerciales avec les mœurs d’un pays libre. […] Mais personne ne nous a dit les mœurs des fleurs ni des plantes. […] Il l’épousera, avec le consentement de l’aïeule et avec celui du maître : car les mœurs sont patriarcales. […] Ce récit rapide, dramatique et violent ne donne évidemment qu’un croquis partiel de mœurs coloniales. […] Ce qu’ils goûtent, dans ces pays d’Afrique et d’Asie, c’est l’originalité de la couleur exotique, que détruit peu à peu l’invasion de nos mœurs.

1383. (1927) André Gide pp. 8-126

On regrettera qu’Édouard, à qui la pureté seule importe, en mette si peu dans ses mœurs. […] Les mœurs ont changé. […] Je passe sur les écoles, collèges, lycées et pensionnats qu’il hanta successivement, par suite de divers incidents ou de sa mauvaise santé ; de même sur des anecdotes comme celle des mauvaises mœurs de la cuisinière et de la femme de chambre. […] André Gide introduit dans la librairie des mœurs étranges.

1384. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Il la fait comparaître, et lit l’acte d’accusation ; il présente ensuite le plaidoyer des défenseurs, qui essayent d’excuser ses légèretés et ses indécences ; enfin, il prend la parole à son tour, et prouve que les raisonnements exposés ne s’appliquent pas au cas en question, que les écrivains inculpés ont travaillé avec effet et préméditation à corrompre les mœurs, que non-seulement ils ont employé des mots inconvenants, mais qu’ils ont à dessein et de propos délibéré représenté des choses inconvenantes ; qu’ils ont pris soin partout d’effacer l’odieux du vice, de rendre la vertu ridicule, de ranger l’adultère parmi les belles façons et les exploits obligés d’un homme de goût, que cette intention est d’autant plus manifeste qu’elle était dans l’esprit du temps, et qu’ils flattaient un travers de leur siècle. […] Les uns ont raconté l’histoire des races, d’autres celle des classes, d’autres celle des gouvernements, d’autres celle des sentiments, des idées et des mœurs ; Macaulay les raconte toutes : « J’accomplirais bien imparfaitement la tâche que j’ai entreprise, si je ne parlais que des batailles et des siéges, de l’élévation et de la chute des gouvernements, des intrigues du palais, des débats du parlement. Mon but et mes efforts seront de faire l’histoire de la nation aussi bien que l’histoire du gouvernement, de marquer le progrès des beaux-arts et des arts utiles, de décrire la formation des sectes religieuses et les variations du goût littéraire, de peindre les mœurs des générations successives, et de ne point négliger même les révolutions qui ont changé les habits, les ameublements, les repas et les amusements publics. […] L’histoire des mœurs se trouve ainsi rattachée à l’histoire des événements ; les uns causent les autres, et la description explique le récit.

1385. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

En tout cas, l’œuvre forte, classique, chaste, la vie mieux qu’irréprochable, exemplaire, de Leconte de l’Isle, ses mœurs, enfin, tout académiques, dans le plus haut sens du mot, tout l’encourageait, puisque l’y poussait son caprice, à poser sa candidature. […] Dès lors plus de braves gens à mes trousses pour sauver les mœurs et les coutumes, peu d’ailleurs en danger, et par conséquent, plus d’exempts ni d’écrous… que ceux évoqués par des jeunes hommes en quête de copie expresse et de qui mon ferme propos de ne plus m’occuper de moi-même dans ce que j’écrirai dorénavant m’empêche de rectifier, non comme ils l’eussent sinon mérité, du moins peut-être voulu, — les inventions. […] En outre, je me trouvais dans un pays tout à fait étranger, de langue diamétralement opposée, comme vocabulaire et comme syntaxe, à la mienne, de mœurs différentes et sans doute en dehors, bien entendu, des bienveillances qui m’entouraient, plus ou moins, sinon hostiles, à coup sûr indifférente aux choses de mon pays à moi. […] Le moyen âge ne semble pas s’être douté, sinon dans les méticuleuses prévisions et précautions de ses théologiens, d’un trouble aussi grave du cœur : il fallut que ce que l’on appelle la Renaissance, époque néfaste, éclatât d’une splendeur diabolique, pour apporter dans la simplicité bénie des fortes mœurs de nos arrière-ancêtres la langueur de telles mœurs. Nous disons « langueur », car, bien que ces mœurs aient été celles des Grecs et des Romains, elles furent toujours considérées par leurs écrivains comme une exception, nous voulons le répéter.

1386. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Le moment de fureur passé, les mœurs reprennent leur train normal et, chose curieuse, les femmes, qui viennent de se comporter en bacchantes, marquent une grande réserve vis-à-vis des hommes. […] On dut transiger avec l’esprit hindou et composer avec les mœurs de ce singulier pays. » Les Européens inspirent à tous les Hindous un dégoût profond, non pas tant un dégoût moral qu’un dégoût physique. […] Ceux qui connaissent un peu les mœurs des Japonais me comprendront. […] En concevant une vieille fille encore avenante, fort dévote et pourtant de mœurs très équivoques, je n’ai pu la voir qu’en violet. […] Ne dirait-on pas que ce paragraphe a été écrit sous l’impression des scandaleuses erreurs d’agents des mœurs qui ont si fort indigné Paris en septembre 1909, et des condamnations non moins scandaleuses qui suivirent ?

1387. (1887) George Sand

Dans les temps où le mal vient de ce que les hommes se méconnaissent et se détestent, la mission de l’artiste est de célébrer la douceur, la confiance, l’amitié, et de rappeler ainsi aux hommes endurcis ou découragés que les mœurs pures, les sentiments tendres et l’équité primitive sont ou peuvent être encore de ce monde. […] Le roman scientifique est en grand honneur de nos jours : la science des mœurs, des institutions, des classes sociales, des caractères et des tempéraments, des influences physiologiques et médicales qui déterminent l’individualité de chacun, des hérédités que l’on subit à travers les âges, voilà la matière indéfinie et toujours variée du roman expérimental. […] Ce sont des mœurs nouvelles qui ont amené le roman à prendre une si grande place dans la vie moderne. […] Et quel art est-ce donc, si c’en est un, de nous donner dans une succession de types avilis, de situations tour à tour ternes et violentes, de scènes triviales, de scandales odieux ou mesquins, sous prétexte d’études de mœurs, la représentation des réalités qui obsèdent notre vie de chaque jour, qui occupent et poursuivent nos regards ? […] … Je conviendrai avec vous que Feuillet et moi nous faisons, chacun à notre point de vue, des légendes plutôt que des romans de mœurs.

1388. (1901) Figures et caractères

Robert de Bonnières, ou la Critique des Mœurs de M.  […] Nul, avec plus de soin, n’interrogea le passé en ses mœurs, ses coutumes, ses monuments, ses faits et ses idées. […] Ils se contentent qu’on leur montre l’état de l’existence contemporaine, avec ses passions coutumières et ses mœurs de tous les jours. […] Il est assujetti par là aux conditions des mœurs et à divers devoirs qui limitent et définissent sa portée. […] Elle nia que, hors l’observation directe de la nature et des mœurs, il y eût rien de valable.

1389. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Loti de dire trop haut la vérité sur les mœurs des matelots — et il les aime cependant, ces braves gens, — ce serait fournir des arguments contre lui. […] Dans son ingénuité de voyageur familiarisé avec les mœurs primitives, il ne se rendait pas compte. […] Vous pressentez ce qu’un moraliste aussi ingénieux y trouve d’occasions de rapprochements et de comparaisons entre les mœurs d’autrefois et les mœurs d’aujourd’hui. […] La loi ne coule donc pas dans nos mœurs ; mais l’opinion, le préjugé, voilà ce qui les pénètre au contraire et les corrompt. […] Celle-ci, jeune fille pauvre, ennuyée et mal surveillée, s’est laissé séduire par un bellâtre sans mœurs, sans esprit, sans cœur.

1390. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

je ne sais qu’une chose, c’est qu’Amour a brisé Jupiter lui-même et son vouloir. » Dans l’épigramme suivante, il s’échappera avec la même vivacité, avec la même incohérence passionnée et de façon à moins choquer nos mœurs, qui ne veulent, en fait d’amour, qu’une seule ivresse. […] Singularité des mœurs !

1391. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

On a découvert qu’une œuvre littéraire n’est pas un simple jeu d’imagination, le caprice isolé d’une tête chaude, mais une copie des mœurs environnantes et le signe d’un état d’esprit. […] Si le sentiment d’obéissance n’est que de la crainte4, vous rencontrerez comme dans la plupart des États orientaux la brutalité du despotisme, la prodigalité des supplices, l’exploitation du sujet, la servilité des mœurs, l’incertitude de la propriété, l’appauvrissement de la production, l’esclavage de la femme et les habitudes du harem.

1392. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Humboldt consacra là de saints loisirs au souvenir de la patrie. » Il étudia tout en marchant les phénomènes locaux nouveaux pour lui, hauteur des montagnes, mœurs des Indiens demi-civilisés par les moines ; volcans, tremblements de terre, grottes, forêts, et revint à Cumana sans avoir fait aucune découverte. […] Chateaubriand, sans avoir voyagé officiellement en Amérique avec ces appareils scientifiques, et Bernardin de Saint-Pierre, en passant seulement quelques jours à l’île Maurice, avaient rapporté, comme par hasard, de ces délicieux climats des trésors nouveaux de style, de mœurs et de sentiment qui ne périront jamais.

1393. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Sa mère était aussi de race noble, et estimée pour l’honnêteté de ses mœurs et la dignité de sa vie dans la province. […] C’était une floraison de l’esprit humain plus luxuriante sur des ruines ; un confluent du paganisme retrouvé et du christianisme ; confluent étrange et adultère, sans doute, mais productif pour l’imagination, pour l’art et pour la littérature, comme ces unions illicites, plus fécondes souvent que les unions légales, le vice même, la licence des dogmes, des idées, des mœurs y favorisant les libertés du génie ; phénomène étrange entre tous les grands siècles !

1394. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Les désordres scandaleux du schisme, les indignes querelles des antipapes, les ambitions, les passions, les mœurs, le luxe des cardinaux et des évêques, le marchandage effréné des dignités ecclésiastiques, la politique et les intérêts personnels se jouant de la religion, la déviation du grand mouvement chrétien qui avait créé les ordres mendiants, les richesses insolentes, l’esprit dominateur et intrigant de ces humbles moines, tout cela n’empêchait pas de croire, mais tout cela détachait de la forme actuelle de l’Église, tout cela rendait la simple obéissance, la docilité confiante à l’Église de plus en plus impossibles : et la foi des peuples se tournait en explosions indisciplinées de zèle individuel, en sombres exaltations où peu à peu se précisait l’idée que l’Église perdait la religion du Christ, et que les gens d’Église perdaient l’Église. […] Deux ouvrages d’éducation, écrits à vingt ans de distance, le livre que le chevalier de la Tour Landry adressait à ses filles (1372) et le Ménagier de Paris, qu’un bourgeois déjà mûr dédiait à sa jeune femme (1302) nous font mesurer la différence des deux classes, la frivolité, l’ignorance, l’amoindrissement du sens moral chez l’excellent et bien intentionné seigneur : chez le bourgeois, le sérieux de l’esprit, la dignité des mœurs, la réflexion déjà mûre, la culture déjà développée, enfin la gravité tendre des affections domestiques, l’élargissement de l’âme au-delà de l’égoïsme personnel et familial par la justice et la pitié.

1395. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Dans ce va-et-vient de Français qui vont au-delà des monts, d’italiens qui viennent par deçà, il se produit une incessante infiltration des mœurs et de l’esprit d’une race plus raffinée, et même un renversement des rapports littéraires qui jusque-là avaient existé entre les deux pays. […] Éditions : le Livre des faits et bonnes mœurs du roi Charles V, coll, des Mémoires de Petitot ; idem, coll.

1396. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Les doctrines catholiques les plus mitigées sur l’inspiration ne permettent d’admettre dans le texte sacré aucune erreur caractérisée, aucune contradiction ; même en des choses qui ne concernent ni la foi, ni les mœurs. […] Le Hir, qui avait confiance absolue dans l’étude, et qui savait de plus le sérieux de mes mœurs, ne me détourna pas de donner quelques années aux recherches libres dans Paris et me traça le plan des cours du Collège de France et de l’École des langues orientales que je devais suivre.

1397. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Il avait déjà fait restreindre aux causes criminelles sa compétence juridique, qui s’étendait sur la religion et les mœurs, sur la police de la cité et sur la garde des lois. […] Que les brebis toujours fécondes, lourdes d’une double portée, mettent bas au temps fixé deux agneaux » La grâce de Pallas les touche, la douceur de l’air et des mœurs d’Athènes les pénètre ; elles abdiquent la haine et elles abjurent le talion.

1398. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Que le jeune poète ne reste pas dans ce lazaret des mœurs délétères où il vient de faire une si intrépide visite. […] Ceci dit, la pièce reste, en bien des endroits, une œuvre jeune et vivante, étincelante d’esprit et de larmes, détachée de toute convention, imprégnée, jusqu’à la moelle, des mœurs et de la vie de son temps.

1399. (1772) Éloge de Racine pp. -

Et cette autre partie du drame non moins importante ; cet art des moeurs et des convenances, qui enseigne à faire parler chaque personnage selon son caractère et sa situation, et à mettre dans ses discours cette vérité soutenue qui fonde l’illusion du spectateur, qui l’avait appris à Racine ? […] Les moeurs, nouvelles pour nous, d’une nation avec qui nous avions eu long-temps aussi peu de commerce que si la nature l’eût placée à l’extrémité du globe ; la politique sanglante du sérail, la servile existence d’un peuple innombrable enfermé dans cette prison du despotisme ; les passions des sultanes qui s’expliquent le poignard à la main, et qui sont toujours près du crime et du meurtre, parce qu’elles sont toujours près du danger ; le caractère et les intérêts des visirs qui se hâtent d’être les instrumens d’une révolution, de peur d’en être les victimes ; l’inconstance ordinaire des orientaux, et cette servitude menaçante qui rampe aux pieds d’un despote, et s’élève tout à coup des marches du trône pour le frapper et le renverser : voilà le tableau absolument neuf qui s’offrait au pinceau de Racine, à ce même pinceau qui avait si supérieurement crayonné la cour de Néron ; qui dans Monime et dans Iphigénie traça depuis avec tant de vérité la modestie, la retenue, le respect filial que l’éducation inspirait aux filles grecques ; qui dans Athalie nous montra les effets de la théocratie sur ce peuple fanatique, toujours conduit par des prodiges, ou égaré par des superstitions.

1400. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Songez que ces mêmes paroles que vous venez de prononcer et que nous insérerons dans nos registres, plus vous aurez pris de peine à les peser et à les choisir, plus elles vous condamneraient un jour si vos actions s’y trouvaient contraires, si vous ne preniez à tâche de joindre la pureté des mœurs et de la doctrine, la pureté du cœur et de l’esprit, à la pureté de style et du langage, qui ne sont rien, à bien prendre, sans l’autre. » Voilà le ton de M. de La Chambre parlant à La Fontaine. […] Il était de plus en plus léger dans sa conduite et dans ses mœurs, dit-on ; je vous avouerai que je n’en sais trop rien.

1401. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Ils étaient là, dans ce monde aristocratique et libéral, il y a quelque trente ans, un certain nombre de jeunes gens noblement doués, partisans éclairés des idées nouvelles, retenus par plus d’un anneau à la tradition, exacts et réguliers de mœurs, religieux de pratique ou du moins de doctrine ; nés tout portés, dispensés de percer la foule et de donner du coude à droite ou à gauche, n’ayant, s’ils le voulaient, qu’à sortir des premiers rangs et à faire preuve d’un talent ou d’un mérite quelconque pour être aussitôt acceptés.

1402. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

L’ensemble de cette petite tracasserie est un trait de mœurs locales au xixe  siècle.

1403. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Et la chose est si naturelle, que sans culture et parmi des moeurs brutales ils sont aussi fins dans la raillerie que les plus déliés.

1404. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

Comme il ne pouvait souffrir les mauvais ouvrages, il en voulait aussi aux auteurs qui jetaient du discrédit sur la littérature par leurs mœurs et par leur caractère.

1405. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Le comte de Volney (1757-1820), donne en 1791 les Ruines : mélange singulier de philosophisme (haine des tyrans et des prêtres ; foi au progrès et à la raison) et de notation exacte des choses extérieures (costumes, moeurs, traits locaux, etc.).

1406. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre III. Retour à l’art antique »

Il a formé des plans de grands poèmes qui s’appelaient la Superstition, l’Astronomie, l’Amérique, l’Hermès : l’Amérique devait contenir « toute la géographie du globe » et « le tableau frappant et rapide de toute l’histoire du monde », considérée du point de vue de la tolérance et de la philosophie ; c’était un Essai sur les mœurs en vers.

1407. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle ne soit jamais populaire ; mais on ne peut nier que les sociétés primitives, l’Inde, la Grèce, le monde celtique et celui du moyen âge ne revivent dans les grandes pages du poète avec leurs mœurs et leur pensée religieuse.

1408. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Niccolo Barbieri dit simplement à ce sujet : « Ces fictions ne peuvent corrompre l’âme des comédiennes, puisque c’est l’usage de l’art. » À une époque plus rapprochée de nous, le marquis d’Argens, remarquant aussi le contraste existant entre la liberté presque illimitée de la scène italienne et les mœurs souvent correctes des actrices de cette nation, l’expliquait par la considération même dont les comédiennes jouissent en Italie.

1409. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

La discipline de l’opinion, des mœurs, des idées, de la sociabilité est plus douce, plus généralement applicable et plus efficacement appliquée pour détruire l’originalité que les moyens violents, que leur violence même rend d’un emploi difficile et exceptionnel.

1410. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Perversion des sens, recherche de l’horrible, propension à se délecter dans les corruptions et les déliquescences de la langue et des mœurs, tout cela relève en une certaine mesure de la pathologie, et les médecins-philosophes ont dans ces phénomènes morbides un sujet de curieuses études.

1411. (1899) L’esthétique considérée comme science sacrée (La Revue naturiste) pp. 1-15

Ne jamais cesser de s’instruire dans toutes les matières possibles, étudier la dialectique, s’embellir perpétuellement, assouplir ses membres par la gymnastique, vivre au grand air tout le jour, prendre part aux travaux civiques et privés, intervenir en plein public dans les circonstances les plus différentes, faire des voyages, voir des contrées, accomplir le périple du monde, aller sans cesse d’un pôle à l’autre, observer les mœurs des contrées les plus lointaines, comparer les flores, les parfums, les lumières et les aromates du sud au nord, voilà quelques-uns des devoirs qui nous incombent.

1412. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Pour en sortir, préférez à tous les plaisirs des mœurs régulières et simples, des devoirs et des intérêts de tous les jours.

1413. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — IV »

Les vérités n’ont par elles-mêmes aucune réalité objective, mais elles sont des moyens de créer des réalités, c’est-à-dire des phénomènes, mœurs, sentiments, actes, états de connaissance.

1414. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Ses romans de mœurs, il les inventa.

1415. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

À des distances très grandes, à des intervalles de siècles, les corrélations se manifestent, surprenantes ; l’adoucissement des mœurs humaines, commencé par le révélateur religieux, sera mené à fin par le raisonneur philosophique, de telle sorte que Voltaire continue Jésus.

1416. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Et nous répondrons incontinent que, dans cet ordre d’idées, il n’est pas non plus indispensable pour vivre, boire, manger, dormir, et, par surcroît, se distraire et voyager, au siècle d’Edison, de Pasteur, de Tolstoï, de Nietzsche, et de tant d’autres génies, de savoir comment on naît et comment on meurt, pourquoi l’on souffre et pourquoi l’on espère, mais que nous ne sommes pas fâchés d’être un peu plus fixés à ce sujet chaque jour, et que c’est peut-être là ce qui constitue notre supériorité sur le Malgache ou le Huron rencontré sur nos boulevards, ou sur le chimpanzé Consul — cependant de mœurs fort civiles, dit-on.

1417. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Ensuite je chercherai si Michel-Ange a pu, avec quelque jugement, mettre la figure de l’homme en contradiction avec ses mœurs, son histoire et sa vie.

1418. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Ces peuples si differens les uns des autres par la langue, par la religion et par les moeurs, se sont réunis dans le sentiment de veneration pour Virgile, dès qu’ils ont commencé à se polir, dès qu’ils ont été capables de l’entendre.

1419. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Quand je m’acquitte de ma tâche de frère, d’époux ou de citoyen, quand j’exécute les engagements que j’ai contractés, je remplis des devoirs qui sont définis, en dehors de moi et de mes actes, dans le droit et dans les mœurs.

1420. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

si ces chasseurs de renommée avaient eu la prudence de mon ami Bianchon, le chasseur de perdreaux… * *  * Bianchon, jeune homme de mœurs irréprochables du reste, a été piqué, comme un chacun, par sa tarentule : lui qui, de sa vie, n’a pu abattre une pièce de gibier, il tient à passer pour un héros du Journal des Chasseurs.

1421. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

Pénétré de leur mérite, il n’exigera pas que tous leur ressemblent ; mais à travers les variétés de langues, de mœurs et de génie, il reconnaîtra plus sûrement la beauté éternelle dont leurs ouvrages exposent à notre étude le portrait le plus achevé.

1422. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

À la première classe dont nous venons de parler appartiennent les hommes qui font dériver les lois sociales de l’existence même de la société, posée comme fait primitif, antérieur à toute convention ; ceux qui croient, par l’association naturelle de leurs idées, et par la forme intime de leur intelligence, que les lois ne peuvent être faites par l’homme, qu’elles sont données par Dieu même au moyen d’une révélation positive et primordiale, ou qu’elles viennent de Dieu encore, mais de Dieu se manifestant par des interprétations, des envoyés, ou seulement par le temps, les mœurs, les traditions.

1423. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Mais dans ces mœurs de cristal, — non par la pureté, mais par la transparence, qui font à présent une espèce d’aquarium de Paris, — personne n’ignora que la main, — beaucoup trop et vainement gantée, — qui avait écrit ce livre sur Byron, était, puisque la main de Byron est glacée, celle de toutes les mains qui avait le plus le droit de récrire, pour être restée dans la sienne… Si les femmes que nous avons aimées deviennent une part de nous-mêmes, c’était une part de Byron, — encore vivante ici-bas, — qui allait continuer les Mémoires et dire leur vérité dernière.

1424. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Buloz »

Louis-Philippe, qui était spirituel, le mit là peut-être pour adoucir ses mœurs.

1425. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Il était l’expression éloquente d’une réaction longtemps irritée, et qui allait se satisfaire, dans les opinions et dans les mœurs.

1426. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Il endoctrinait un dauphin sous le Roi Très-Chrétien et dans une société, chrétienne encore d’esprit, si elle ne l’était plus de mœurs.

1427. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

La Gaule romanisée resta l’égale de la société franke dans sa législation et dans ses mœurs.

1428. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gasparin » pp. 100-116

Le comte de Gasparin était, malheureusement, protestant, — mais nous arrivons à ce moment épouvantable dans les croyances et dans les mœurs, où ceux qui ont gardé, à travers toutes les méconnaissances, toutes les erreurs et toutes les révoltes, un pauvre atome de foi chrétienne dans leur esprit et dans leur cœur, ont, de cela seul, une supériorité relative qui les met bien au-dessus de la tourbe des écrivains de la libre incrédulité.

1429. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

si ce fut le besoin des temps, tel que le comprenait sa sagesse, qui décida le souverain pontife, l’Europe avait donc le besoin du triomphe de la philosophie, de la diminution de l’autorité catholique, du relâchement dans les mœurs et dans les doctrines, de la révolte sous toutes les formes ?

1430. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

Sous la soie rose de ces mœurs pompon et pompadour qui s’y étalaient, elle avait, à l’insu des plus fins, glissé la serge de la carmélite, sans que rien en parût moins rose sur son corps et sur son esprit.

1431. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

1432. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Henri Lavedan dans : Leur cœur (chez Kolb) continue la galerie de tableaux délicatement touchés qui représentent les mœurs, plus encore, la morale de notre temps. […] Quand l’esprit revient de cet étourdissement, de ces éblouissements du bruit et du feu, il commence à percevoir mille détails, mille renseignements, qui ne sont plus le poème héroïque, mais qui sont les éléments de l’histoire et des mœurs d’un temps si curieux. […] Chemin faisant, le soi-disant curé de Meudon étudie l’antiquité, les mœurs, tout jusqu’aux plantes des pays qu’il traverse, notant tout ce qui doit enrichir ce microcosme qui est son livre. […] Certes l’auteur est Anglais et bien Anglais de cœur et d’esprit ; néanmoins il a vécu en France assez pour être impressionné par la différence de nos mœurs avec celles de son pays, assez peu aussi pour s’y être habitué. […] Pour donner idée du livre, je prendrai cette page du chapitre consacré aux comédiens et à leurs mœurs ; après avoir cité le grave Platon et ses opinions sur les acteurs, M. 

1433. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Nous entendions par couleur locale ce qu’au xviiie  siècle on appelait les mœurs, mais nous étions très fiers de notre mot, et nous pensions avoir imaginé le mot et la chose. […] Comment peuvent-elles devenir un fardeau insupportable, un instrument de tyrannie, ou s’implanter dans les mœurs, s’associer aux libertés publiques et former la base de la puissance nationale ? […] Ou bien encore : Essai sur les mœurs, considérées dans leurs rapports avec les institutions. […] Je ne crois pas que jamais, au temps du Bas-Empire, le désœuvrement et la malice aient jamais inventé quelque chose de plus hybride, de plus byzantin, de plus opposé à la rectitude de notre jugement et à la probité de nos mœurs. […] Edmond Scherer, avait l’audace, au grand scandale d’un certain nombre de ses collègues, de décrire ce qu’il appelait « les mœurs du suffrage universel ».

1434. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Mais tout le premier acte de la Cagnotte pourrait être celui d’une comédie de mœurs. […] Parmi nos jeunes peintres de mauvaises mœurs mondaines, M.  […] Voyons d’abord le tableau de mœurs. — Le monde des viveurs dans Viveurs ! […] Ce tableau de mauvaises mœurs est un diptyque. — Premier panneau : un salon d’essayage, chez le grand couturier Honoré Cassel. […] Du tableau de mœurs passons au drame.

1435. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

N’y imprimera-t-on pas les mœurs convenables aux personnages, aux temps, et aux lieux ? […] Suppléons au sublime par le comique, aux mœurs par le travestissement, et à la moralité par la satire, nous aurons la même quantité de conditions dans les deux espèces inférieures de cet admirable genre. […] Tout se souleva, tout se ligua, tout s’arma pour la réparation d’un attentat à la majesté des lois, aux dieux hospitaliers, à la foi des traités les plus saints, et à la pureté des mœurs. […] de quel droit, pour vous en faire frissonner, prendrais-je en main les foudres temporelles et spirituelles, et voudrais-je que vous frémissiez tous, en criant : à la perte des mœurs ! […] Or sa vraisemblance indispensable ne résulte que d’une complète analogie avec l’époque, les mœurs et les actions des personnages.

1436. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Si les mœurs changent, il y a dans la femme un naturel qui ne change guère. […] Ce qu’il peint de préférence ce sont les sentiments les plus ordinaires et les mœurs les plus modestes. […] On rêvait les mœurs de Galatée et la police de Numa. […] On est donc averti que ce que je vais dire ne s’applique pas aux faits postérieurs à ce trait de mœurs champêtres. […] Elles nous mettent dans l’intimité de la cour de Vienne et témoignent des mœurs simples et familiales qui y règnent.

1437. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Mais elle est à part ; ses mœurs lui sont particulières et n’ont rien de commun avec les mœurs plus simples et plus stables de cette multitude humaine vouée à la tâche auguste et rude de gagner le pain de chaque jour. C’est là, c’est dans cette masse laborieuse que sont les vraies mœurs, les véritables vertus et les véritables vices d’un peuple. […] Il s’intéresse à la vie, aux mœurs, aux usages, aux singularités des temps et des lieux. […] Élevée dans les mœurs et dans les arts helléniques, elle avait la grâce, le bien dire, l’élégante familiarité, l’audace ingénieuse de sa race. […] C’est par l’examen des livres qu’il pénètre dans le vif des mœurs, des idées et des sentiments.

1438. (1925) La fin de l’art

On donnait des vues de la nature, des grandes industries, des mœurs lointaines. […] Ces remarques n’auraient tout leur sel que si on pouvait y mettre des noms propres, mais nos mœurs s’y opposent. […] De tout temps les races européennes, et surtout depuis l’extension du catholicisme qui en a fait un de ses fondements, ont bu du vin, s’y sont peu à peu habituées, l’ont incorporé à leurs mœurs.

1439. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Hugo, rejetant les règles arbitraires et les personnages de convention, disait dans la préface de Cromwell : « Le poète ne doit prendre conseil que de la nature, de la vérité, et de l’inspiration. » En s’essayant au roman historique dans Notre-Dame de Paris, Hugo avait déjà peint un état social et un ensemble de mœurs, quelque faiblesse qu’il ait montrée dans la conception des caractères individuels. […] Le romancier observe les mœurs et, en nous les représentant, il doit en rendre compte par les sentiments et les sensations qui en sont la cause : jusqu’alors, on a laissé dans l’ombre certains sentiments, certaines sensations ; le romancier actuel doit les mettre en scène comme tous les autres, en sa qualité de physiologiste et de psychologue. — Cette théorie, selon nous, est insoutenable. […] Avant d’examiner le roman naturaliste et sociologique, disons quelques mots des mœurs mondaines qui, pour quelques-uns, ont un sujet préféré.

1440. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

D’abord parce que l’art, reflet de la société, puise sa lumière dans les institutions et les mœurs ambiantes. « L’œuvre d’art, déclare Taine, est déterminée par un ensemble qui est l’état général de l’esprit et des mœurs environnantes10. » Nous évoluons en durant et une atmosphère sociale irrespirée, des instincts de civilisés tout neufs entraînent fatalement des changements dans notre manière de sentir et créent des états d’âme nouveaux. […] Nous ne percevons jamais qu’une nuance, celle-là seule qui dans l’état actuel de nos mœurs, de nos institutions, s’assortit le mieux avec notre mentalité momentanée.

1441. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Cette religion à qui l’Europe doit ses lois, ses mœurs, sa civilisation ; cette religion qui a aboli parmi nous l’esclavage, l’infanticide, les sacrifices humains ! […] Elle a ceci de remarquable, qui, du reste, doit avoir été toujours observé à chaque époque de renouvellement social un peu brusque, que les mœurs sont en retard sur les opinions. Les mœurs sont traditionnelles, les idées sont novatrices et créatrices à leur tour de nouvelles mœurs. Il arrive, dans les périodes de calme, que les idées ne sont que la traduction des mœurs, la mise en système des coutumes observées par les hommes, une sorte de contemplation admirative et respectueuse de ces coutumes. […] Par exemple, en 1820, le divorce est dans les opinions, et il est repoussé par les mœurs, le duel est dans les mœurs, et il est repoussé par les opinions ; la liberté de la presse est dans les opinions, et les mœurs la trouvent insupportable ; le jury est dans les opinions et non pas dans les mœurs ; les opinions veulent l’égalité et les mœurs s’y opposent ; les opinions sont protestantes et les mœurs catholiques, ou plutôt les mœurs sont restées religieuses et les opinions sont devenues indépendantes des religions. — Qu’est-ce à dire ?

1442. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Comme les deux censeurs précédents, il lui refuse son certificat de bonne vie et mœurs. […] Même aux époques d’extrême désordre des mœurs, par exemple à la Renaissance italienne, un Benvenuto Cellini, dont M.  […] Léon Séché, dans Sainte-Beuve, son esprit, ses idées, ses mœurs, d’autres encore, ont procédé à des enquêtes sur cette question brûlante. […] On s’imaginait que ces mœurs avaient disparu, grâce aux progrès de l’esprit critique et du respect des maîtres. […] Il aime à montrer en posture fâcheuse les cadis, qui ont pour mission de défendre les bonnes mœurs et de surveiller les délinquants.

1443. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

De ces vœux accomplis, fût résulté avec le temps une petite vie provinciale, matériellement très florissante, indifférente à l’instruction et à la culture intellectuelle, assez libre ; une vie de bourgeois aisés, indépendants les uns des autres, sans souci de la science, de l’art, de la gloire, du génie ; une vie, je le répète, assez semblable à la vie américaine, sauf la différence des mœurs et du tempérament. […] Donnez à la France un roi jeune, sérieux, austère en ses mœurs ; qu’il règne cinquante ans, qu’il groupe autour de lui des hommes âpres au travail, fanatiques de leur œuvre, et la France aura encore un siècle de gloire et de prospérité. […] Les universités, centres de haute culture intellectuelle, la cour, école de mœurs brillantes, Paris, résidence du souverain et ville de grand monde, corrigeront ce que la gentry provinciale a d’un peu lourd, et empêcheront que la bourgeoisie, trop fière de sa moralité, ne dégénère en pharisaïsme. […] Ces électeurs pourraient être rassemblés par cantons en temps de crise ; ils seraient les gardiens des mœurs, les surveillants des deniers publics ; ils tiendraient école de gravité et de sérieux.

1444. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Ils ont fait des systèmes de mœurs plus que des systèmes de lois. […] La Grèce et Rome, en passant de l’empire des rois sous celui des archontes ou des consuls, ne virent changer ni leur culte, ni le fond de leurs usages et de leurs mœurs. […] Ainsi, en parlant un jour des mœurs héroïques de l’Odyssée, il les comparait aux mœurs des patriarches, et rapprochait Éliézer et Rebecca de Nausicaa. […] Il est pour l’accord des lois et des mœurs, des principes religieux et de la politique, pour le retour des traditions conservatrices, et (ce qui était rare, ce qui l’est encore) il n’en violait pas l’esprit en les prêchant.

1445. (1925) Portraits et souvenirs

C’est en ce sens que parle aussi l’épigraphe qui le précède, tirée de la Nouvelle Héloïse. « J’ai vu les mœurs de ce siècle et j’ai publié ce livre », s’écrie Rousseau ! […] Pour mieux établir son attitude d’observateur philosophe, il feint que son livre soit le produit involontaire et fortuit de certaines mœurs du temps. […] N’est-il pas presque inévitable pour tous les ouvrages qui comme celui de Laclos, dénoncent un aspect inavoué et exact des mœurs ? […] Le Mauvais Désir est une sorte de paradoxe sentimental, âpre et ironique ; la Carrière d’André Tourette est une très curieuse étude de mœurs ; l’Associée est une peinture de caractère, sobre et forte et qui n’a rien perdu de ses qualités de mesure et de vigueur. […] René Boylesve, par ce qu’ils contiennent de précieux pour la connaissance des mœurs provinciales vers la fin du siècle dernier.

1446. (1914) Une année de critique

Voilà l’apport dans nos mœurs de la philosophie et de la littérature étrangères et surtout des interprétations que nous en avons faites. […] L’âme idyllique de Rousseau se donne carrière, et il n’y aurait rien à redire à ce tableau de mœurs patriarcales, s’il ne tombait dans la fadeur. […] Et le principe moral contenu dans le livre continue, au contraire, d’entretenir parmi nous le désordre des sentiments et des mœurs. […] Ce monde-là, le journal de Madeleine nous y introduit, car le livre de Boylesve, en même temps, qu’un roman psychologique, est un roman de mœurs. […] Nous critiquons les livres ; il critique les mœurs.

1447. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Il y a, en effet, dans l’empire plus de population non turque qu’il n’y a de population turque : il y a des Éthiopiens, des Cophtes, des Abyssins, des Égyptiens, des Arabes, des Bédouins, des Kurdes, des Syriens natifs, des Syriens grecs, des Juifs de Jérusalem et des Juifs de Samarie, des Mutualis, des Druses, des Maronites, des Insulaires, des Candiotes, des Cypriotes, des Arméniens, des Tartares, des Caucasiens, des Hymirètes, des Bulgares, des Serbes, des Albanais, des Grecs surtout en nombre considérable ; en tout, je crois, trente ou quarante races différentes d’origine, de mœurs, de sol, de religion, répandues çà et là dans toute la surface de l’empire. […] Ces deux civilisations tendent à se rapprocher et à se fondre : votre politique est de favoriser ce progrès parallèle, en maintenant l’empire ottoman à la place qu’il occupe sur la carte, et en protégeant par un grand concordat politique avec le chef nominal, et en ce moment très vertueux, de cet empire, les populations tributaires du Grand-Seigneur par le gouvernement, et tributaires de l’Europe par l’origine, les mœurs, les religions ; c’est ce grand concordat entre la Turquie et l’Europe qui doit être en ce moment la pensée dominante de la diplomatie française.

1448. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Donc aucun lien, ni religieux ni légal, ne resserrait l’union entre la comtesse d’Albany et son chevalier servant ; ils étaient libres, excepté des liens que l’habitude et les mœurs de l’Italie consacrent. […] Le monde italien, accoutumé à ces habitudes, ne le trouva pas mal séant ; il fallait un homme, au gouvernail de cette demeure, soit un peintre, ami ou amant, peu importait aux mœurs du pays et du temps ?

1449. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

C’était l’époque de l’empire ; c’était l’heure de l’incarnation de la philosophie matérialiste du 18e siècle dans le gouvernement et dans les mœurs. […] Les arbres entiers brûlaient dans le large foyer ; les moutons, les chevreaux, les cerfs étaient étalés par piles dans les vastes salles, et les outres séculaires des vins d’or du Liban, apportées de la cave par ses serviteurs, coulaient pour nous et pour notre escorte ; après avoir passé quelques jours à étudier ces belles mœurs homériques, poétiques comme les lieux mêmes où nous les retrouvions, le scheik me donna son fils aîné et un certain nombre de cavaliers arabes pour me conduire aux cèdres de Salomon ; arbres fameux qui consacrent encore la plus haute cime du Liban et que l’on vient vénérer depuis des siècles, comme les derniers témoins de la gloire de Salomon.

1450. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Et il ne se trompe pas moins dans l’idéal qu’il propose : le gentilhomme austère et pieux, qui maintient la gravité dans les mœurs et va donner une forte empreinte de sérieuse moralité aux lettres classiques, ce n’est plus à cette heure le huguenot de 1560, le soldat de Coligny ; c’est, ou ce sera tout à l’heure le janséniste, catholique malgré Rome. […] Il y a un tempérament d’écrivain plus vigoureux dans le Roman comique de Scarron287, qui, avec une verve allant parfois jusqu’à la plus dégoûtante bouffonnerie, nous représente les mœurs des comédiens nomades du temps, et les originaux ridicules de la province.

1451. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Le courant disparaît dans la seconde partie du siècle, sous l’éclat de la littérature catholique et sous la décence des mœurs imposée par le grand roi. […] Voltaire, qui après tout s’accommode mieux des doux jésuites que des âpres jansénistes, accuse Pascal de calomnie pour avoir reproché à la Compagnie de corrompre les mœurs.

1452. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs. […] Ajoutez-y tant de vues profondes sur la vie, tant d’idées tirées du monde extérieur, des usages, des mœurs, pour appeler notre mémoire et notre imagination à l’aide de notre esprit, et qui sont comme le connu dont se sert Descartes pour rechercher l’inconnu.

1453. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

La morale, comme toute théorie de faits très complexes, est forcément en retard sur les faits eux-mêmes, sur les mœurs. […] On y retrouve une lente transformation des mœurs et des lois, des soubresauts et des reculs, des déviations nombreuses, l’ébauche encore informe d’une morale nouvelle qui prend une répugnante livrée d’immoralité aux yeux de ceux pour qui la morale qui s’en va reste sacrée.

1454. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

Autant je crois que des fragments choisis de Wagner peuvent recueillir au milieu de nous le succès bien mérité auquel ils ont droit, autant me paraît impossible, étant données nos mœurs, nos impressions et nos aptitudes, la naturalisation complète de l’œuvre du grand homme. […] Autres temps, autres mœurs.

1455. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Tout expurgé qu’il fût, ce culte morbide d’Adonis ne resta pas moins fatal à la Grèce ; il énerva et fondit les mœurs. […] Ce qu’était l’esprit de ces Mystères dépravés, contenu en Grèce par la douceur des mœurs, on peut en juger d’après l’affreux scandale qui éclata à Rome, au deuxième siècle avant Jésus-Christ.

1456. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Combien de fois n’a-t-on pas dit que le rire du spectateur, au théâtre, est d’autant plus large que la salle est plus pleine ; Combien de fois n’a-t-on pas fait remarquer, d’autre part, que beaucoup d’effets comiques sont intraduisibles d’une langue dans une autre, relatifs par conséquent aux mœurs et aux idées d’une société particulière ? […] Disons-le dès maintenant, c’est en ce sens surtout que le rire « châtie les mœurs ».

1457. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer s’est beaucoup essayé dans le genre des scènes historiques ; il a tâché d’en reproduire du xvie  siècle et du temps de la Ligue ; il a voulu, à l’exemple du président Hénault (lequel lui-même se ressouvenait de Shakespeare), représenter et nous rendre l’histoire en action, nous montrer les personnages avec leurs mœurs, leur ton de tous les jours et dans la familiarité.

1458. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

C’est encore un ancien, l’aimable et sage Ménandre, qui disait que dans ce monde, en fait de bonheur et de succès, le premier rang est au flatteur, le second au sycophante ou calomniateur, et que les gens de mœurs corrompues viennent en troisième lieu.

1459. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Les raffinements étranges et impurs que plus tard Théocrite et tant d’autres n’ont pas rougi de chanter, d’embellir, et qu’ils ont reportés en arrière en les imputant aux héros des vieux âges, n’ont de place ni de près ni de loin dans les mœurs homériques.

1460. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Je vis, grâce au ciel, sans reproche ; tel en Hollande qu’à Paris, point dévot, mais réglé dans ma conduite et dans mes mœurs, et toujours inviolablement attaché à mes vieilles maximes de droiture et d’honneur.

1461. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

C’est non seulement à la réunion des hommes en société que ce sentiment est dû, mais c’est à un degré de civilisation qui n’est pas connu dans tous les pays, et dont les effets seraient presque impossibles à concevoir pour un peuple dont les institutions et les mœurs seraient simples ; car la nature éloigne des mouvements de la vanité, et l’on ne peut comprendre comment des malheurs si réels naissent de mouvements si peu nécessaires.

1462. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

La paix de la province entretient l’aménité des mœurs, encourage à la rêverie et aux ouvrages de patience.

1463. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Les Dits moraux et enseignements utiles et profitables, le Livre des faits et bonnes mœurs du roi Charles V, le Trésor de la Cité des Dames…, les adorables titres et qui fleurent l’antique sapience !

1464. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Je laisse le critique littéraire (très classique, ainsi qu’il sied à un Marseillais), l’observateur des mœurs contemporaines, le politique militant, le peintre de portraits (voyez ceux de Gambetta, de Rouher, de Lepère, de M. 

1465. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

. — Bien différent de nos plus récents moralistes, Michelet n’a pas l’ombre de complaisance pour le libertinage, ni pour l’adultère, ni pour cette espèce « de divorce dans le mariage qui est, dit-il, l’état d’aujourd’hui (1858). » Les mauvaises mœurs ne lui inspirent aucune curiosité spéculative.

1466. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Toutefois, si la bête féroce n’est pas morte en elle et n’y est qu’endormie, ne peut-on pas dire que ses réveils se sont quelque peu espacés de notre temps, et que, s’il n’y a peut-être pas moins de cruauté latente dans l’âme des foules, il y en a moins de déclarée dans les lois et dans les mœurs ?

1467. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

., les progrès de la centralisation et par suite l’uniformité croissante des idées, des mœurs, du langage, du costume, de tous les aspects de la vie sociale ne sont pas de nature à esthétiser le spectacle du monde ni à favoriser l’originalité.

1468. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Jamais mœurs politiques ne furent plus violentes, jamais la sécurité des personnes ne fut moindre.

1469. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

La pénitence, dont le baptême était la figure, l’aumône, l’amendement des mœurs 304, étaient pour Jean les grands moyens de préparation aux événements prochains.

1470. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Il n’a pas l’incorrigible insouciance de son père, il est d’une génération qui calcule ; les mœurs positives, qui n’ont pas de prise sur la nature mobile du comte, ont mordu sur lui.

1471. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

un parallèle suivi qui serait curieux pour l’histoire des mœurs du Grand Siècle.

1472. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

À Turin, la galanterie commence ; les belles dames y sont nommées par leur nom, et c’est un autre trait de mœurs encore que ces Mémoires aient pu paraître en 1713, c’est-à-dire du vivant d’Hamilton, avec tous ces noms propres et ces révélations galantes, sans qu’il en soit résulté aucun éclat.

1473. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Il faut bien le dire, parce que cela est, et que, si l’avenir s’occupe un jour de nos petits hommes et de nos petites choses, cela ne sera pas le détail le moins curieux de ce curieux événement, il paraît que nos faiseurs de censure se prétendent scandalisés dans leur morale par le Roi s’amuse, cette pièce a révolté la pudeur des gendarmes, la brigade Léotaud y était et l’a trouvée obscène, le bureau des mœurs s’est voilé la face.

1474. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

En effet, tout ce que nous savons des mœurs, des habitudes, des instincts propres aux poissons, nous oblige à regarder ces animaux comme généralement inférieurs aux insectes, et à les placer fort au-dessous des fourmis et des abeilles, tandis que leur système nerveux, comme celui de tous les vertébrés, offre de nombreux caractères qui le rapprochent du système nerveux de l’homme. » De cette considération, Leuret conclut, à l’inverse de Gratiolet, « qu’il ne faut pas attribuer à la forme de la substance encéphalique une très grande importance11. » Sans sortir de l’ordre des mammifères, il est très difficile d’attribuer une valeur absolue à la forme cérébrale, car s’il est vrai que le singe a un type de cerveau tout à fait semblable à celui de l’homme, en revanche, nous dit Lyell, « l’intelligence extraordinaire du chien et de l’éléphant, quoique le type de leur cerveau s’éloigne tant de celui de l’homme, cette intelligence est là pour nous convaincre que nous sommes bien loin de comprendre la nature réelle des relations qui existent entre l’intelligence et la structure du cerveau » 12.

1475. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Il pourra donc et, par suite, il devra prendre pour matière principale de ses inductions les sociétés dont les croyances, les traditions, les mœurs, le droit ont pris corps en des monuments écrits et authentiques.

1476. (1761) Apologie de l’étude

Quoi qu’il en soit, ceux qui ont décrié la culture de l’esprit comme un grand mal, désiraient apparemment que leur zèle ne fût pas sans fruit, car ce serait perdre des paroles que de prêcher contre un abus qu’on n’espère pas de détruire : or, dans cette persuasion, je m’étonne qu’ils aient cru porter aux lettres la plus mortelle atteinte, en leur attribuant la dépravation des mœurs.

1477. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

Ce devait être un livre à part, comme son auteur, — qui ne fut point un écrivain dans le sens notoire et officiel du mot, qui n’en eut ni les mœurs, ni les habitudes, ni l’influence, ni l’attitude devant le public.

1478. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

Ce devait être un livre à part, comme son auteur, — qui ne fut point un écrivain dans le sens notoire et officiel du mot, — qui n’en eut ni les mœurs, ni les habitudes, ni l’influence, ni l’attitude devant le public.

1479. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

Puisqu’il s’agit inévitablement ici d’impressions personnelles, autant Eugène Fromentin est aimable, intelligent, ouvert aux grands spectacles des mœurs arabes, autant l’auteur d’En Hollande 33 est peu avenant, et, il faut bien le dire, fermé à la Hollande réelle et vivante, qu’il ne voit que dans ses tableaux ou comme un sujet de tableau !

1480. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.

1481. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

On y trouve une censure amère de ces jeux guerriers liés aux mœurs, à la religion des Grecs, et que Pindare devait célébrer.

1482. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

J’allais observer les mœurs du faubourg, ses habitants et leurs caractères. […] Supérieur en cela aux poëtes descriptifs, Balzac voyait l’homme en même temps que la nature ; il étudiait les physionomies, les mœurs, les passions, les caractères du même regard que les sites, les costumes et le mobilier. […] Il n’était pas moins célèbre à l’étranger qu’en France, et les Russes étudiaient dans ses romans les mœurs parisiennes. […] Il contient la peinture de mœurs disparues en une civilisation aussi différente de la nôtre que celle dont on retrouve les vestiges dans les fouilles de Pompéi. […] Oui, c’est un vrai supplice de Tantale, et d’autant plus grand qu’on vient d’un pays plus aride et plus éloigné de nos mœurs.

1483. (1881) Le roman expérimental

Dès que nous aborderons l’histoire littéraire, il nous faudra bien arriver à des éléments étrangers, aux mœurs, aux événements, aux mouvements des esprits, qui modifient, arrêtent ou précipitent les littératures. […] Plus tard, au temps de Voltaire, les mœurs étaient déjà changées. […] Donc, la protection des grands n’est plus nécessaire, le parasitisme disparaît des mœurs ; un auteur est un ouvrier comme un autre, qui gagne sa vie par son travail. […] Les mœurs ont changé, on n’imagine pas aujourd’hui une maison du faubourg Saint-Germain se donnant le luxe d’un La Fontaine. […] À cette heure, ces mœurs sont changées.

1484. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Dès lors son attitude publique, fort peu d’accord avec ses mœurs privées et avec ses anciens sentiments secrets, essaye de se conformer à ce rôle. […] Suivant lui, le Cid pèche contre l’unité d’action, contre la vraisemblance et contre les bonnes mœurs. […] De même qu’il y a, dans l’éloquence, ce que l’on nomme les mœurs oratoires, où l’on paraît orné de toutes les vertus sans avoir l’air d’y songer, il y a dans les sentiments dramatiques un certain grossissement nécessaire, comme dans les décors. […] Quant à ces mots : « Depuis que j’ai l’honneur d’être à Votre Éminence », et à ceux de la Lettre à Scudéry : « Monseigneur le Cardinal, votre maître et le mien », il faut ne pas perdre de vue les idées et mœurs féodales qui se continuaient encore à cette époque et auxquelles tout le monde se soumettait sans peine. […] Et alors combien son théâtre, le théâtre français tout entier, eussent été différents, plus appropriés à notre nation, plus sympathiques à nos moeurs, à nos sentiments, que les sujets grecs et romains !

1485. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Nous ne saurions plus rien comprendre à ces mœurs ; mais, dites-moi, les nôtres vaudraient-elles beaucoup mieux ? […] fais en sorte de te nettoyer de leurs mœurs !  […] Les Florentines avaient donc de bien mauvaises mœurs ? […] Cacciaguida retrace à Dante les mœurs anciennes. […] Par-delà les variations d’idiomes, de mœurs et d’instincts, il découvre, il salue à son berceau l’humanité.

1486. (1933) De mon temps…

Les mœurs du temps ne l’intéressaient guère, et découper des « tranches de vie » n’était pas plus son affaire que raconter une histoire ou conduire une intrigue, mais il était doué du sens descriptif le plus aigu, d’une vive sensibilité visuelle, d’une rare aptitude à traduire verbalement ses impressions de formes, de couleurs et de nuances. […] Il les rédigeait patiemment, tout en fourbissant ses pièces d’armures, en affilant ses épées, et, de la même plume, il écrivit Le Tournoi de Vauplassans, qui fut le premier de ces « récits du temps passé » où il fit revivre si intensément les mœurs et les coutumes de la France à la fin du XVIe siècle, de la France des guerres de Religion et de la Ligue. […] Une fois pour toutes, durant ces années de début, il avait aiguisé, au contact de la réalité, son terrible esprit dont il tira l’âpre plaisir de toujours frapper juste, au point sensible, les ridicules, les vanités ou les vilenies qu’il dénonçait de l’un ou l’autre de ses « mois » célèbres, que tantôt il inscrivait en légende à ses dessins, que tantôt il laissait se répéter de bouche en bouche et qui sont le commentaire vivant des mœurs et de l’histoire d’un temps dont il fut le grand satiriste et l’impitoyable témoin. […] Henry Bordeaux prit séance dans notre Compagnie, j’eus le plaisir d’y saluer l’entrée du romancier de beau talent qu’un souci légitime de moralité n’empêcha jamais de peindre avec venté les passions et les mœurs de notre temps, même en ce qu’elles ont de moins conforme à ses convictions et à ses idées.

1487. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Ce ne fut point, pourtant, vers la peinture des mœurs madrilènes, que Valera tourna sa puissance d’observation25. […] Buet, ce que je pensais du roman, tel que le martyrisent les éditeurs dits catholiques, qui prennent l’étude de mœurs pour un candidat chantre à la chapelle Sixtine et la traitent comme on pense. […] La Bisca (la bouderie) est une appropriation du Dépit amoureux aux mœurs et aux habitudes montpelliéraines, quelque chose d’analogue à l’appropriation des fables de La Fontaine aux mœurs nîmoises qui a fait la célébrité de Bigot. […] Une pièce présentée au concours de Montpellier de 1883 allait, pour la comédie de mœurs, jouer un rôle analogue à celui que nous avons assigné au Pain du Péché pour le drame. […] Région prospère et très peuplée, relativement à son peu d’étendue, les géographes la dépeignent comme une contrée absolument distincte du reste de l’Espagne, par la nature du sol et les mœurs de ses habitants.

1488. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Les mœurs du temps étaient rudes. […] Bien des siècles avant Perrault, l’astronomie céda la place à l’étude de mœurs dans ces récits, qui furent nettement ramenés du ciel sur la terre. […] C’est le principe même de notre législation, lequel n’est malheureusement pas entré dans les mœurs de tous, puisqu’il reste des gens qui se déclarent blessés ou outragés dès qu’on ne souscrit pas leurs convictions. […] On ne la reçoit pas, ou bien on lui fait des avanies, évidemment cruelles et presque toujours hypocrites, mais qu’elle devait prévoir et partant éviter, connaissant l’état des mœurs et des préjugés. […] « Venise n’oblige à rien, pas plus à se grimer en romantique qu’à se déguiser en esthète. » Il ne faut pas s’y faire une âme factice, mais céder sans effort aux influences diffuses et savourer les humbles agréments des mœurs locales.

1489. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Pailleron, la Souris, n’a fait que constater ces nouvelles mœurs. […] Puis il développe ce point « que les mœurs sont cruelles » dans la petite ville qu’il habite ; que les riches sont rapaces, de mauvaise foi et sans pitié. […] par des moyens très doux et très propres, — parce qu’il tient avant tout à avoir de bonnes mœurs. […] Pepa, c’est une comédie de Marivaux dans un cadre amusant et curieux de comédie de mœurs, avec un soupçon de caricature et un ragoût d’ironie presque continue. […] Meilhac et Halévy consiste à introduire, comme en souriant, les moyens traditionnels de l’ancienne comédie dans l’étude ironique et légère des mœurs contemporaines).

1490. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il est douteux en effet que les Chevaliers d’Aristophane, avec les mœurs politiques que le temps nous a faites, fussent possibles aujourd’hui. […] En 1812, il lut à la société royale d’Édimbourg une biographie de John Home, où il a raconté, avec une grâce et un charme inimitables, la vie et les mœurs littéraires de la seconde moitié du dix-huitième siècle. […] Si Corneille, rompu aux mœurs romaines, eût été prié de créer Alceste ou Célimène, je pense qu’il se fût récusé, et il aurait bien fait. […] Il ne s’est guère inquiété de pénétrer les institutions et les mœurs qu’il a vues ; il a perpétué le changement, dans l’espérance de perpétuer le plaisir. […] Depuis le cinquième siècle jusqu’à la fin du quinzième, le châtiment a participé de la rudesse des mœurs : la jalousie se vengeait par le cloître ou le meurtre.

1491. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

On affirmait qu’il avait été chassé de l’École normale pour cause de mauvaises mœurs ; qu’on l’avait surpris une fois dans la chapelle de l’École, devant l’autel éclairé a giorno, ayant près de lui trois femmes (le gourmand !) […] Et toujours, comme les vrais bourgeois de Paris, il repousse avec violence tout ce qui nous vient de l’étranger, les mots anglais, les mets exotiques, les modes et les mœurs américaines. […] De tels crimes sont incompatibles avec les mœurs du Jura. […] S’il est conçu par un vrai poète, le côté roman (c’est-à-dire l’observation des mœurs ; l’étude des caractères, la description des milieux) se trouvera sacrifié. […] Il l’invita à dîner, avec de jeunes personnes de mœurs légères.

1492. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il est entré, pour notre malheur, ce romantisme, dans les institutions et dans les lois, ainsi que dans les mœurs. […] Enfin la peinture de mœurs elle-même s’en est effacée, à la façon d’un pastel non protégé, par la transformation lente de ces mêmes mœurs. […] Chapitre IVAffaissement progressif de la famille, des mœurs, des académies et des arts. […] L’affaissement de l’État au XIXe siècle a ainsi retenti directement sur la famille et sur les mœurs. Ont été d’ailleurs frappés de stérilité, en vertu du principe ci-dessus, tous les efforts faits pour relever la famille et les mœurs, en partant d’elles et en remontant vers l’État.

1493. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Les objections de Celse sont en effet, tellement bien choisies qu’après tant d’années et de révolutions dans les idées, les croyances et les mœurs, elles ont gardé leur pleine valeur, au moins de polémique. […] L’acte de saint François aurait peut-être été le principe d’une révolution dans les mœurs, si les mœurs n’étaient éternellement déterminées par la nature humaine. […] Songer que cet homme qui n’eut jamais ni femme, ni maîtresse, qui mourut vierge, dit-on, qui mena une vie purement mécanique, a eu l’audace de disserter sur les mœurs ! Mais que le titre de son livre est beau : la Métaphysique des Mœurs ! […] Il y a une règle de jugement qui permet d’éviter provisoirement les erreurs générales historiques : Si vous ignorez les mœurs d’une époque, supposez — les semblables aux mœurs du temps où vous vivez.

1494. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

Tourgueneff qu’il faut en accuser ; il s’est borné à retracer consciencieusement les scènes et les traits de mœurs populaires qu’il a recueillis en parcourant, le fusil sur l’épaule, les différentes provinces de l’empire. […] L’analyse psychologique n’étant point son fait, et, pour mon compte, je ne m’en plaindrai pas, les nombreuses observations qui remplissent les Récits d’un Chasseur portent principalement sur l’état social, les mœurs et l’extérieur des paysans russes ; l’auteur nous fait rarement pénétrer dans les replis de leur conscience. […] Ce trait de mœurs des peuples neufs est trop saillant pour avoir échappé à Tourgueneff.

1495. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

« Mais j’ai honte moi-même de vous exciter à votre devoir, chers confrères, vous dont les lumières m’éclairent et dont les vertus m’animent: décidez-vous donc à l’exemple des représentants du peuple, vous qui êtes les représentants permanents des lois et des mœurs. […] Il est même très-remarquable que tous les peuples malheureux par leurs opinions, leurs mœurs ou leurs gouvernements ont produit des classes nombreuses de citoyens entièrement dévoués à la solitude et au célibat. […] s’il ne viendra pas ici des chefs sans mœurs et sans morale ?

1496. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Les tableaux de mœurs contemporaines, qui ont un caractère individuel, où chacun de nous se retrouve en quelque sorte comme personne isolée et voit son sosie sur la scène, relèvent essentiellement du domaine de la comédie. […] Ce que nous pouvons tout d’abord retenir de leurs spéculations, c’est la reconnaissance du rôle considérable de la musique dans la société et de son extraordinaire influence sur les mœurs. […] La musique des Chinois nous est aussi étrangère que leur parler ; la musique des Arabes et des Orientaux nous surprend et nous étonne autant que leurs mœurs, leurs costumes et leurs attitudes. […] Les œuvres musicales qui se composeraient exclusivement d’éléments empruntés à des mœurs, à une langue ou à une culture étrangère ne sauraient vraiment nous toucher, ou du moins elles ne le pourraient qu’après une véritable et patiente initiation. […] À ce point de vue, la musique est en avance sinon sur les mœurs, tout au moins sur l’organisation sociale et sur la linguistique.

1497. (1925) Proses datées

Daudet, Zola, Maupassant, Huysmans, et que d’autres encore et Bonnetain, et Margueritte et Robert de Bonnières et Jean Lorrain, ce Lorrain exubérant et passionné, confus et perspicace, spirituel et informé, curieux de toutes les bizarreries de l’art et des moeurs. […] C’était un observateur et un peintre de mœurs puissant et à qui n’a manqué pour réaliser des œuvres tout à fait incontestables que de savoir résister aux hasards et aux facilités de l’improvisation où il se dispersait trop volontiers. […] Vous fûtes galant, Monsieur, et peut-être-même fûtes-vous passionné, quoique vous parliez volontiers de la « régularité de vos mœurs ». […] Vous vous proposiez d’y voir quelques bons tableaux, d’y entendre de la bonne; musique et d’y recueillir quelque connaissance des mœurs du pays, tout en vous rendant compte que cette connaissance ne pouvait que rester fort imparfaite, et bien décidé à ne pas vous exposer à en parler « tout de travers ». […] Le document dont il s’agit n’a pas certes de valeur historique, ni de mérite littéraire ; il est d’ordre privé, mais assez amusant, a ce qu’il m’a semblé, pour pouvoir amuser les personnes curieuses de mœurs d’autrefois.

1498. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Peu à peu j’apprendrai mieux sa tactique et ses mœurs. […] Paul Georges hésite entre l’étude de caractère et l’étude de mœurs : elle ne prend aucun des deux lièvres. […] Il y a plaisir à lire ses études superficielles et élégantes, d’un talent lent et calme sur les littératures et les mœurs étrangères. […] En dehors de sa littérature enfantine, Mme Gevin-Cassal a publié des Souvenirs du Sundgau, où quelques renseignements sur les mœurs populaires de la haute Alsace font pardonner des nouvelles lentes et ennuyeuses. […] Ses livres sans vérité et sans profondeur ne nous renseignent pas sur des mœurs spéciales et sont bien impuissants à faire revivre une époque.

1499. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Une nouveauté en littérature, en art, en politique, en mœurs, ne peut jamais sortir du groupe ethnique même. […] Il n’y a de livres que ceux où un écrivain s’est raconté lui-même en racontant les mœurs de ses contemporains, leurs rêves, leurs vanités, leurs amours et leurs folies. […] Prenons ses Conversations, petit recueil où il y a des contes et des tableaux de mœurs. […] Les mœurs n’ont jamais beaucoup changé ; le fond de la vie est identique, à peu près, à tous les moments de l’histoire ; le canevas est le même, la broderie est différente. […] Particulariser, ce n’est pas en accumulant les petits faits, en notant les manies, en décrivant, comme un zoologiste, l’animal, ses mœurs et son habitat ; particulariser, c’est mettre une idée dans ce qui, réel, n’était qu’une anecdote.

1500. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Yves Guyot, dans La Lanterne, en profita pour demander l’abolition de la police des mœurs. […] Céleste Prudhommat et L’Ennemi sont des livres consciencieux et massifs qui mettent en scène des mœurs villageoises correctement observées. […] Fabre, quoiqu’il se soit voué d’abord à la peinture des mœurs cléricales ? […] Et, par le reste, entendez les mœurs, la suprématie des nobles, la religion, tout, jusqu’aux ridicules, qui chez nous « ont moins de gaieté etde variété par eux-mêmes que ceux de nos pères160 ». […] Lucien Biart et Mme Henri Gréville, pour les peintures qu’ils nous ont faites des mœurs et coutumes de leurs pays d’élection.

1501. (1899) Arabesques pp. 1-223

Maltraités, honnis pendant des siècles, chassés de la société, parqués dans les ghettos, tenus pour des bêtes immondes dont le contact souillait, ils ne purent point s’assimiler ce qu’il y avait de bon dans les mœurs des Aryens ; ils ont appris la haine et la rancune. […] Il en dénonce l’égoïsme, les mœurs fangeuses et la rapacité. […] Or de quel droit nous approprier des pays, dont les habitants ne demandaient qu’à vivre en paix d’après leurs mœurs et leurs coutumes, pour leur infliger le régime barbare que nous avons l’audace d’appeler notre civilisation ? […] Les philanthropes qui sucent, en guise de pastilles, les boutons de la culotte de Calvin, lui reprochent ses mauvaises mœurs. […] On ne réfléchit pas que leurs actes sont conformes aux mœurs de notre époque.

1502. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Le jeune Saint-Simon est vertueux ; il a des mœurs, de la religion ; il a surtout d’instinct le goût des honnêtes gens. […] Au défaut de bonnes fortunes dont son âge et sa figure l’excluoient, il y suppléoit par de l’argent, et l’intimité de son fils et de lui, de M. le prince de Conti et d’Albergotti, portoit presque toute sur des mœurs communes et des parties secrètes qu’ils faisoient ensemble avec des filles.

1503. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Hugo ; il demandait aux hommes de la bonne volonté, aux femmes des mœurs pures, à tous de la probité. […] Et, secondement, où pouvait mourir une fille publique, née sans père ni mère, débauchée de mœurs d’abord, de misère ensuite ; où pouvait-elle mieux mourir que dans un hospice, providentiellement recueillie par la bienfaisance, et dans la couche préparée par de saintes filles sous les ailes de la religion ?

1504. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Grâce à l’uniformité qui s’est conservée dans les mœurs et dans les habitudes de la vie nomade, les voyageurs modernes ont pu confirmer la vérité de ces tableaux. […] On trouve aussi décrites dans le livre de Job les mœurs des animaux, de l’âne sauvage et du cheval, du buffle, de l’hippopotame et du crocodile, de l’aigle et de l’autruche.

1505. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

L’hérésie quiétiste, condamnée à Rome432, reparut en France, où elle fut renouvelée principalement par un prêtre et par une femme de mœurs pures et d’imagination désordonnée, par P. […] Bossuet ne s’est pas amusé aux descriptions curieuses des mœurs et des passions.

1506. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Des vérités familières, de simples remarques sur les caractères et sur les mœurs, quelle qu’en soit d’ailleurs la justesse, risquent fort de ne pas piquer notre attention. […] C’est principalement à ces deux ouvrages que Saint-Simon fait allusion, à l’endroit de ses Mémoires où, parlant de la dispersion de Port-Royal par l’influence des jésuites, il loue ces « saints solitaires illustres que l’étude et la pénitence avaient assemblée à Port-Royal, qui firent de si grands disciples, et à qui les chrétiens seront à jamais redevables de ces ouvrages fameux qui ont répandu une si vive et solide lumière pour discerner la vérité des apparences, le nécessaire de l’écorce, en faire toucher au doigt l’étendue si peu connue, si obscurcie, et d’ailleurs si déguisée ; pour développer le cœur de l’homme, régler ses mœurs…74 » Cet éloge comprend tout en quelques paroles, le mérite des personnes, celui de la communauté, les grands exemples qu’ils ont donnés, les traditions qu’ils ont laissées, ce qu’ils ont réglé, ce qu’ils ont inventé.

1507. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

On ne comprendra jamais ce qu’il y avait de bonté dans ces vieux Celtes, et même de politesse et de douceur de mœurs. J’en ai vu encore le modèle expirant, il y a une trentaine d’années, dans la jolie île de Bréhat, avec ses mœurs patriarcales, dignes du temps des Phéaciens.

1508. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

On lira toujours ses Sermons avec plaisir, indépendamment du fruit qu’on peut en retirer pour la direction des mœurs. […] L’on en est bien dédommagé par la beauté & la vivacité des images, par les pensées délicates, par les peintures ingénieuses, mais fidéles de nos mœurs, par un style sentencieux, enfin par un langage clair, noble & coulant, presque tout emprunté de l’Ecriture sainte.

1509. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Les héros de ces temps peu regrettables sont morts ; leurs passions, leurs mœurs, leurs religions sont mortes aussi. […] c’est que Molière était vivant au milieu de sa génération ; c’est qu’il peignait les ridicules, les mœurs, les petitesses et les mesquineries des jours qu’il traversait.

1510. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

L’auteur avait voulu peindre les guerres et discordes des comtes et des prélats d’Alsace, ranimer les cadavres de l’histoire, mettre en actions les légendes ou chroniques qui se rattachaient aux débris des vieux châteaux : ils passeront devant les yeux du lecteur dans leur costume antique, disait-il de ses personnages, ils agiront suivant les mœurs de leur siècle ; en un mot, je copierai fidèlement la nature, même lorsque je suppléerai par la fiction aux faits que le temps a ensevelis dans les ténèbres de l’oubli.

1511. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain.

1512. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Cependant, quand il s’agit de Louis XIV et de l’importance qu’avaient alors ces grâces d’entrées, ces permissions de suivre, ces faveurs singulières si fort recherchées du courtisan, il y a lieu de s’arrêter avec M. de Luynes, et de les relever comme des traits de mœurs qui ont leur signification et leur physionomie.

1513. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

— Cet autre homme, lui, est chrétien ; il admet la divinité, une émanation plus ou moins directe de la divinité, une inspiration d’en haut dans la vie, dans les actes et les paroles du Christ : mais il se permet de rechercher quels ont été au vrai ces actes et ces paroles ; il étudie les témoignages écrits, les textes ; il les compare, il les critique, et il arrive par là à une foi chrétienne, mais non catholique comme la vôtre : homme pur d’ailleurs, de mœurs sévères, de paroles exemplaires : et cet homme-là, parce qu’il ne peut en conscience arriver à penser comme vous sur un certain arrangement, une certaine ordonnance, magnifique d’ailleurs et grandiose, qui s’est dessinée surtout depuis le ve siècle, vous l’insulterez, vous l’appellerez à première vue blafard en redingote marron !

1514. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Veuillot et de la tolérance passée dans nos mœurs que, du moment qu’il s’est trouvé, ou à peu près, réduit au silence, personne ne lui en a plus voulu ; on a oublié l’injure pour ne songer qu’au talent, pour regretter même de ne plus rencontrer ce talent chaque matin, à la condition, s’il était possible, d’un moins âpre emploi.

1515. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Il suggéra à l’Académie française, dès qu’il y fut entré, d’ouvrir ses portes (ce qu’elle ne faisait point auparavant) au public pour les séances de réception, et on lui doit l’institution de cette solennité académique, si bien dans nos mœurs et florissante encore aujourd’hui.

1516. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Biot était tout à fait contraire et même hostile à ces sortes de publications familières, épistolaires, qui nous révèlent les mœurs, la physionomie et aussi les incertitudes ou les faiblesses des grands hommes.

1517. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

De ces jugements de Gœthe sur Hugo, je ne donnerai que celui-ci, tiré d’une lettre à Zelter du 28 juin 1831 : « Notre-Dame de Paris de Victor Hugo éblouit par les qualités que lui donne une étude attentive et bien mise à profit des mœurs, de la physionomie locale, des événements du passé ; mais, dans les personnages, il n’y a absolument aucune apparence de vie naturelle.

1518. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Cet homme est un profond hypocrite, n’ayant ni les mœurs ni l’esprit de son état, et livré à un genre d’intrigues qui, d’un jour à l’autre, le conduira sur l’échafaud.

1519. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Et, par exemple, il a dû raconter à merveille des anecdotes comme celle-ci, pour montrer la contradiction fréquente entre les idées et les mœurs.

1520. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

C’est un tableau de mœurs bourgeoises, encore à demi patriarcales : « (10 janvier 1699)… Le mariage fut célébré le 7.

1521. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

De tels contrastes flattaient les goûts du xviiie  siècle, qui était dans la meilleure condition d’ailleurs pour adorer l’idylle à laquelle ses mœurs se rapportaient si peu.

1522. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Je n’ai point prétendu faire une analyse de tous les livres distingués qui composent une littérature ; j’ai voulu caractériser l’esprit général de chaque littérature dans ses rapports avec la religion, les mœurs et le gouvernement.

1523. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Ils sont bien déplaisants et ennuyeux aujourd’hui, avec leur libertinage raffiné et froid, où le thème scabreux est présenté toujours dans l’abstrait, hors de toute peinture des mœurs : mieux vaut encore la grossièreté des fabliaux.

1524. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Mais le romantisme, pour Stendhal, se réduit à ce qu’un disciple de Montesquieu peut accepter : il combat l’imitation, c’est-à-dire le principe classique, qui empêche une littérature d’être ce qu’elle doit, l’expression exacte du climat et des mœurs.

1525. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Paul Adam, outre l’abondante et luxuriante fresque de ses romans byzantins ou modernes, donne depuis quelques années aux journaux une Critique des mœurs et des articles de politique générale autant que l’idéologie pure, qui témoignent d’un esprit supérieurement armé pour l’essai critique ; sa lumineuse intelligence touche à toutes choses, c’est un incomparable associateur d’analogies, une conscience pour la critique comparée.

1526. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Lorsqu’il a été manié par des acteurs de quelque génie, il a fait les délices des plus grands rois et des gens du meilleur goût ; c’est un caméléon qui prend toutes les couleurs. » Arlequin, s’il n’était jadis naïf qu’à demi, devient alors tout à fait scélérat : « Arrogant dans la bonne fortune, dit M Jules Guillemot48, traître et rusé dans la mauvaise ; criant et pleurant à l’heure de la menace et du péril, en un mot Scapin doublé de Panurge, c’est le type du fourbe impudent, qui se sauve par son exagération même, et dont le cynisme plein de verve nous amuse précisément parce qu’il passe la mesure du possible pour tomber dans le domaine de la fantaisie. » Arlequin, avec ses nouvelles mœurs, court fréquemment le risque d’être pendu ; il n’y échappe qu’à force de lazzi.

1527. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Il méprisa du même coup la raison, l’ordre, l’économie, domestique et les mœurs qu’on a l’habitude d’honorer.

1528. (1890) L’avenir de la science « XII »

Dans les écrits anciens, ce qui nous intéresse le plus est précisément ce à quoi les contemporains ne songeaient pas : particularités de mœurs, traits historiques, faits de linguistique, etc.

1529. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

C’était dans cette honnêteté, toute morale, que résidait la grande puissance qui devait ramener un roi dissolu à des mœurs décentes ; car la religion n’agit sur Louis XIV qu’après l’ascendant de la morale, aidée par les charmes de l’esprit et de la raison.

1530. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

On ferait un piquant chapitre de mœurs sur les personnes de bel air, les enthousiastes à la suite, qui l’ont adopté avec engouement, les mêmes qui auraient admiré, il y a vingt-cinq ans, des vers alexandrins, parce qu’ils les auraient crus jetés dans le moule de ceux de Racine, et qui exaltent aujourd’hui les moindres bagatelles du brillant poète, à l’égal de ce qu’il a fait de mieux et de réellement bon.

1531. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Latreille le portaient, vers le même temps, à l’étude des insectes, particulièrement des araignées (les Aranéides), dont il étudia les mœurs, disposa les genres et donna les tableaux.

1532. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

De-là, ajoute t-il, cette sévérité de mœurs, cette disette de sentimens qu’on remarque dans tous ses ouvrages ; de-là, sa Satyre contre les femmes, ses traits contre Lulli, Quinault, &c., & contre toutes les poësies galantes : de-là encore, selon ce même auteur, son aversion pour les jésuites, la Satyre sur l’équivoque, l’Epître sur l’amour de Dieu ; de-là, son admiration pour Arnauld, ses liaisons avec Port-Royal, & avec les jansénistes.

1533. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Leur éloquence même, bien loin d’être simple, uniforme, a toujours porté l’empreinte de la différence de leur caractère personnel, de celle des mœurs générales & de l’esprit dominant de leur siècle.

1534. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Nous lisions dernièrement le récit d’un courageux voyageur américain qui a passé deux ans dans le commerce intime des Esquimaux, partageant leurs mœurs, leur vie, leur langue.

1535. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

On voit, du reste, par son Voyage en Hollande, que, s’il n’était pas ami du déplacement, lorsqu’il se déplaçait, il mettait son temps à profit pour se rendre compte, non des particularités pittoresques, mais des choses utiles : mœurs, coutumes, produits, revenus, industrie, établissements publics, etc.

1536. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Zozime compte même l’invention de l’art des pantomimes parmi les causes de la corruption des moeurs du peuple romain, et des malheurs de l’empire.

1537. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

… Pour ceux qui n’entendent pas l’arabe comme pour ceux qui le comprennent, ce mot de Koran a beau signifier, dans son sens primitif et grammatical, une collection de chapitres, il n’en fait pas moins, dès qu’on le prononce, passer devant nous le monde de l’Orient avec ses dogmes, ses coutumes, ses mœurs, ses tableaux.

1538. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

— Chez Boccace, les nouvelles dramatiques sont peu nombreuses ; ses sources les plus diverses ne l’empêchent pas de donner surtout un tableau de mœurs, de sorte que le Decamerone dans son ensemble serait à la fois, comme les Fables de La Fontaine, une vaste épopée et une « comédie à cent actes divers ».

1539. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Ce n’est pas à dire toutefois que ces mœurs âpres et laborieuses, cet esprit appliqué à l’art de la guerre, cette ambition de la patrie commune et de chaque citoyen n’aient eu leur enthousiasme et, partant, leur poésie.

1540. (1902) Propos littéraires. Première série

Anatole France a donné une suite à ce charmant Orme du Mail qui est des plus amusants romans de mœurs de tout ce siècle et un des plus vrais. […] Bergeret, ses réflexions personnelles sur les mœurs, les travers, les idées, la religion et la politique des Français de la classe moyenne. […] Et enfin vous ne sauriez croire combien ce roman de mœurs légères est moral en ses conclusions dernières. […] Ce que j’ai appelé le roman de mœurs locales dans Rome, ce sont les amours tragiques de Dario Boccanera et de Benedetta Boccanera, sa cousine. […] Et cela paraissait également monstrueux à Léon Tolstoï, qui ne peut comprendre qu’une statue ne soit pas destinée à faire pénétrer une vérité utile aux mœurs parmi les hommes : « À quoi servez-vous ? 

1541. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

c’est une mauvaise situation, quand les mœurs restent les mêmes, l’esprit étant autrement convaincu. […] Et pourtant des Latins la Muse modérée De plain-pied dans nos mœurs a tout d’abord l’entrée. […] Les grandes figures, les grands noms, les scènes touchantes, le mouvement dramatique, la lutte et la persécution, l’héroïsme et le génie,’ le retour inopiné du primitif et de l’antique au milieu de l’âge le plus élégant et le plus décidément moderne, je ne sais quel écho solennel du désert parmi les bruits du grand règne et de la grande cité, que faut-il de plus pour attirer vers Port-Royal des esprits frivoles, à travers l’austérité des doctrines et la tristesse des mœurs ? […] Cependant la masse entière se teint de cette couleur, se pénètre de cette saveur ; l’idée d’un Dieu également saint et bon, l’idée d’un salut inespéré, obtenu par un dévouement divin, l’idée enfin d’un Dieu dont la charité a fait un homme, est trop puissante pour que la morale publique, pour que les mœurs ne s’en ressentent pas. […] Ce caractère, superficiel peut-être, mais général, que la religion de la grâce imprime aux idées, aux sentiments et aux mœurs du grand nombre, peut sembler, dans le point de vue purement religieux et dans l’intérêt de l’éternité qui n’appartient point aux sociétés, un résultat de peu d’importance : mais qui pourrait le dédaigner ?

1542. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Elle existait, cette religion, qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, fourni le sujet de leurs poésies, de leurs tableaux, de leurs statues, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux tour à tour vaincus ou victorieux ! […] Si elle ne décelait pas le goût pur, la foi simple et solide des écrivains du siècle de Louis XIV, elle peignait avec charme les vieilles mœurs religieuses qui n’étaient plus.

1543. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

On conçoit moins encore comment la cour de Rome, gardienne des mœurs, autorisait par trois brefs l’impression de telles jovialités. […] On passe de là, avec une surprise que les mœurs seules du temps expliquent, à un chant rempli tout entier par l’histoire du petit chien qui sème les perles, conte de fées dont les détails égalent Boccace en grâce et le surpassent en poésie.

1544. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

La maison pleine de mélancolie où se sont accomplis les événements de cette histoire était précisément un de ces logis, restes vénérables d’un siècle où les choses et les hommes avaient ce caractère de simplicité que les mœurs françaises perdent de jour en jour. […] Aussi, quoique de mœurs faciles et molles en apparence, M. 

1545. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIe entretien. L’Imitation de Jésus-Christ » pp. 97-176

L’Université en ce temps-là était le royaume des esprits, la règle des croyances et des mœurs, l’Église militante et enseignante, la maison de la foi. […] Nous aurions bien besoin d’être instruits encore, et formés à de nouvelles mœurs comme des novices dociles, pour essayer du moins s’il y aurait en nous quelque espérance de changement et d’un plus grand progrès dans la vertu.

1546. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Il avait beaucoup d’amitié pour moi, parce que j’aimais à aller, à mes heures perdues, visiter son herbier et entendre les explications scientifiques et providentielles sur la vertu des plantes et sur les mœurs des insectes, toutes attestant, suivant lui, la grandeur et les desseins de la Providence. […] Si l’on veut une idée juste d’une pareille figure, qu’on lise les diatribes d’Alfieri contre la France, son langage, ses mœurs, ses habitants ; les imprécations de Corneille contre Rome, celle de Dante, de Pétrarque, et de presque tous les poètes italiens contre leur propre patrie, celles même de lord Byron contre quelques-uns de ses compatriotes ; qu’on lise enfin tous les satiriques de tous les siècles, depuis Juvénal jusqu’à Gilbert.

1547. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Le succès du livre fut immense, le bruit s’accrut de toutes les critiques acharnées dont les hommes de lettres complaisants du gouvernement nouveau s’efforcèrent de dénigrer le livre et l’auteur : on l’accusa de corrompre les mœurs que le consulat voulait épurer par sa police plus que par ses exemples. […] Indépendamment de ses opinions anglaises, qui la portaient à favoriser l’établissement d’un régime représentatif en France pour corriger une longue servitude et pour retremper les mœurs avilies par le despotisme, elle avait un grand intérêt de famille à complaire au roi.

1548. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Les esprits étroits, préoccupés de la conservation des mœurs anciennes, diront que c’est après les guerres puniques, c’est-à-dire précisément au moment où, les préliminaires étant posés, Rome commence sa mission et dépouille les mœurs de son enfance devenues impossibles.

1549. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

On passe à une affaire d’outrage aux mœurs. […] Mon Paris, le Paris où je suis né, le Paris des mœurs de 1830 à 1848 s’en va.

1550. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Nous préférons ce nom de Biset à celui de Pigeon de roche que nous avions employé dans notre première édition, à l’exemple de quelques naturalistes, parce que ce dernier terme, tiré des mœurs particulières de l’espèce, pourrait aussi bien s’appliquer à quelques espèces sauvages très différentes, mais ayant des mœurs analogues, ainsi qu’on peut le voir ci-après.

1551. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Autres temps, autres mœurs ; autres modes, autres écoles. […] Borget Toujours des vues indiennes ou chinoises. — Sans doute c’est très-bien fait ; mais ce sont trop des articles de voyages ou de mœurs ; — il y a des gens qui regrettent ce qu’ils n’ont jamais vu, le boulevard du Temple ou les galeries de Bois !

1552. (1739) Vie de Molière

Les comédies n’étaient alors que des tissus d’aventures singulières, où l’on n’avait guère songé à peindre les mœurs. […] Molière peut avoir contribué à leur ôter leur pédanterie ; mais les mœurs du siècle, qui ont changé en tout, y ont contribué davantage.

1553. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

Ce livre, avec tous ses étranges aveux et avec l’espèce de mœurs si particulières qu’il présente, ne plaît tant que par le parfait naturel et cet air d’extrême vérité.

1554. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Son objet principal et même unique était de faire connaître le caractère, la physionomie et les mœurs des savants qu’il présentait au monde dans ses gracieuses et discrètes notices.

1555. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

[NdA] Ainsi, dans le Sermon pour la fête de l’Épiphanie, on trouve ce mot souvent cité : « L’homme s’agite, mais Dieu le mène. » Et dans le second point du même sermon, dans cette seconde partie qui est d’une grande beauté morale, il y a sur la corruption des mœurs et sur la décadence de la foi, de ces traits de vigueur qui sembleraient appartenir à Bossuet : Les hommes gâtés jusque dans la moelle des os par les ébranlements et les enchantements des plaisirs violents et raffinés ne trouvent plus qu’une douceur fade dans les consolations d’une vie innocente : ils tombent dans les langueurs mortelles de l’ennui dès qu’ils ne sont plus animés par la fureur de quelque passion.

1556. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

De telles paroles prononcées par lui le 27 janvier 1778, au moment où la querelle s’envenimait, était la plus délicate vengeance ; elles devaient être goûtées et applaudies d’un public composé de plus en plus de gens du monde, et qui en avait les mœurs.

1557. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Celui qui venait de développer dans une belle et lumineuse narration la marche et les progrès de la plus parfaite des sciences, cette série et cette gradation ascendante des grands hommes, Hipparque, Copernic, Galilée, Kepler et Newton, celui-là même s’amuse à noter le ton qui différencie les poésies fugitives des divers siècles ; comme quoi Chapelle, plus débauché que délicat, a peint un siècle où les mœurs n’étaient pas déguisées, et où le langage gardait de la grossièreté dans la franchise ; comment Chaulieu, venu après, appartenait à une époque plus polie, où l’on était déjà aimable, où l’on était encore passionné ; comment Gresset, enfin, n’a plus retrouvé ces sources du génie de Chaulieu : Il est venu, dit Bailly, lorsque la galanterie penchait vers son déclin.

1558. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il y a une part à faire, en toute production plus ou moins ancienne, à ce qui est des mœurs, des coutumes, des particularités religieuses ou même de certaines conventions poétiques, et le beau immortel ne se dégage pour nous qu’après quelque effort et quand on s’est remis au point de vue.

1559. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Pour moi, qui me réserve de faire un choix sévère dans cette masse de poésies, ma simple conclusion sera : relisons ces livres du passé, connaissons-les bien pour éviter les jugements tout faits et nous former le nôtre, pour nous faire une juste idée avant tout des mœurs et des modes d’esprit aux diverses époques ; soyons comme les naturalistes, faisons des collections ; ayons-les aussi variées et aussi complètes qu’il se peut, mais ne renonçons point pour cela au jugement définitif ni au goût, cette délicatesse vive : c’est assez que nous l’empêchions d’être trop impatiente et trop vite dégoûtée, ne l’abolissons pas.

1560. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Partout où il y aura une femme spirituelle, douée de charme ; à côté de l’aïeule souriante et qui n’invoque pas à tout propos son expérience, une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs ; un cercle de jeunes femmes amies, honnêtement enjouées, instruites, attirant autour d’elles leurs frères ; partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction et de la culture, des mœurs sans maussaderie, avec le désir de plaire ; partout où tout cela se rencontre, la bonne compagnie à l’instant recommence.

1561. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

Les mœurs espagnoles, les usages de Madrid et de la cour, les bizarreries et les monotonies de cette vie si nouvelle pour une Française et une amie des La Fayette et des Sévigné, y sont touchées avec une discrète ironie.

1562. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

On peut lire toutes choses, surtout les choses déjà anciennes, et en tirer quelques remarques sérieuses, quelques notions au moins sur les mœurs et sur les temps qui ne sont plus.

1563. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Au sortir de l’odieuse crise où il y eut du sang versé, le jeune Favre reprit ses études ; mais cette fois il les dirigea entièrement dans la voie historique et littéraire, il lisait tout, le crayon ou la plume à la maint ; il approfondissait les auteurs anciens et les examinait de près dans leur texte, dans les usages et les mœurs particulières qu’ils supposent, dans les questions de tout genre qu’ils suggèrent.

1564. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Les analyses du Journal de l’ambassadeur deviennent fréquemment, sous la plume du jeune écrivain, de piquants tableaux de mœurs, mais sans excéder jamais et sans sortir de la juste mesure de l’histoire.

1565. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Il n’y aurait pour cela qu’à partir de quelques principes généraux et convenus, à se montrer rigide et inexorable pour tout ce qui s’écarte de nos mœurs, de notre état de société et de civilisation, à faire la leçon d’un bout à l’autre, à condamner au nom d’un symbole whig ou d’un catéchisme libéral tout ce qui s’écarte de la droite ligne, une fois tirée : on arriverait ainsi à un effet certain et à une unité de conclusion qui séduit et satisfait toujours à première vue les lecteurs superficiels et les esprits tout d’une pièce.

1566. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Sandeau, que tous ceux qui le connaissent pour la sûreté de ses relations, pour l’aménité de son caractère, pour ses mœurs gracieuses et bienveillantes, eussent été loin d’accuser sans aucun doute, s’est fait toutefois, avec raison, un devoir de protester publiquement, ne pouvant admettre à aucun degré le soupçon d’avoir trempé dans cette composition équivoque.

1567. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Mais cette suite de physionomies disparates offre l’intérêt d’un tableau de mœurs et d’un tableau de genre20.

1568. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

le premier jugement avait couru et court encore ; c’est le seul qu’on ait réimprimé et qui se lise en tête de toutes les éditions de Bayle qui, dans son Dictionnaire, s’autorise, sans la contrôler, de l’opinion de Huet, ne songe qu’à renchérir, à son tour, sur l’article des mœurs ; non qu’il en prenne la défense et qu’il fasse le rigoriste, mais en érudit qui ne se trouve pas souvent à pareille fête, il badine à sa façon derrière du latin et du grec, il se gaudit des légèretés du roman en y cherchant le graveleux et sans y soupçonner la délicatesse.

1569. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Musset nous présageait, à vingt ans de là, cet autre enfant charmant et cruel qui devait aller sur place observer et étudier la Grèce, qui l’a si bien peinte, mais si malignement et tout en gaieté, dans ses mœurs, dans sa politique, dans ses finances, dans sa police, dans sa pauvre royauté.

1570. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Ajoutez les mœurs et les usages de l’Italie que M. 

1571. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie  siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah !

1572. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

C’est que dans ce temps de mœurs littéraires si mauvaises et si gâtées, en ce temps de grossièreté où la littérature, ce qu’on ose appeler ainsi, trop souvent imite la rue et n’en a pas la police, il importe que l’Académie reste un lieu où la politesse, l’esprit de société, les rapports convenables et faciles, une transaction aimable ou du moins suffisante, la civilisation enfin en littérature, continuent et ne cessent jamais de régner.

1573. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Si Racine, dans les vingt-six années environ qui forment sa pleine carrière depuis les Frères ennemis jusqu’à Athalie, avait eu le temps de voir une couple de révolutions politiques et littéraires, s’il avait été traversé deux fois par un soudain changement dans les mœurs publiques et dans le goût, il aurait eu fort à faire assurément, tout Racine qu’il était, pour soutenir cette harmonie d’ensemble qui nous paraît sa principale beauté : il n’aurait pas évité çà et là dans la pureté de sa ligne quelque brisure.

1574. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

Les événements extérieurs dégoûtaient par leur petitesse et leur pauvreté ; la guerre se faisait misérablement et même sans l’éclat des désastres ; les querelles religieuses étaient sottes, criardes, sans éloquence, quoique persécutrices ; les mœurs, infâmes et platement hideuses : c’était une société et un trône sourdement en proie aux vers et à la pourriture.

1575. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Son fabliau d’Emma et d’Éginhard offre toute une allusion chevaleresque aux mœurs de 1812, sur ce ton.

1576. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Cazalès, après 1830, hésita longtemps entre le mariage avec une jeune personne très-aimable, mais très-indécise comme lui, et l’Église, à laquelle ses mœurs pures et ses principes le disposaient.

1577. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Au fond, l’avocat général Omer de Fleury ne se trompait pas tant quand il dénonçait au Parlement les Encyclopédistes comme « une société formée pour soutenir le matérialisme, pour détruire la religion, pour inspirer l’indépendance, et nourrir la corruption des mœurs ».

1578. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Ce qui est intéressant, c’est une nouvelle, un roman, une comédie de mœurs, un portrait, une chronique, un article de journal ; mais un recueil de « pensées » n’a de valeur qu’à la condition que toutes se rapportent à un même point de vue, ou reflètent une même philosophie, ou tendent à nous faire connaître la personne même du moraliste : et alors il faut que cette personne ne soit point la première venue.

1579. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Alphonse Daudet avance dans son oeuvre, Paris, c’est-à-dire la modernité, l’attire davantage : d’abord le Paris tragique, touchant ou grotesque du siège ; puis le Paris de tous les jours et tous les étages de Paris, du haut en bas (Voyez Mœurs parisiennes et les Femmes d’artistes).

1580. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

À côté de ces cas que chacun imagine et qui relèvent chez l’individu d’une présomption quant à la valeur de son intelligence de son adresse ou de sa force physique on ne va retenir ici, comme exemples de ce Bovarysme tragique, que ces fausses conceptions que, sous l’empire du milieu, mœurs et coutumes, l’individu se forme de sa sensibilité.

1581. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

La religion, la philosophie, la poésie, contribuèrent à perfectionner les mœurs et les lois, mais toujours d’une manière spontanée, sans que l’on s’aperçût encore que l’homme peut par la science se rendre maître de la nature et de la société elle-même, et donner à ses progrès une direction choisie et voulue.

1582. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Les mœurs simples et utiles, le caractère de la vertu, de l’honnêteté, du bon sens relèvent tout ; ce sont nos appartements avec nos glaces, nos buffets, nos magots précieux, qui sont vils, petits, bas et sans vrai goût.

1583. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Parce qu’il t’aura plu de débuter assez peu honorablement (tu l’avoues) dans le journalisme, le Figaro devient tout de suite un atelier de « calomnie » où l’on n’est admis à travailler que sur un certificat de mauvaises mœurs littéraires !

1584. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Un peuple, séparé du reste de l’Europe par ses mœurs beaucoup plus que par les montagnes qui forment ses limites naturelles, se saisit du mouvement progressif.

1585. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Du reste, ce qui fait l’originalité de ces mœurs, c’est leur mélange les unes dans les autres.

1586. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

le scepticisme en toutes choses : l’amour du plaisir dans la vie ; en politique, des goûts démocratiques et des mœurs serviles ; dans l’art, la prédominance de la grâce ; dans la religion, l’anthropomorphisme ; dans la philosophie, qui est l’expression la plus générale de l’esprit d’un peuple, un empirisme plus ou moins ingénieux, une curiosité assez hardie, mais toujours dans le cercle et sous la direction de la sensibilité.

1587. (1923) Nouvelles études et autres figures

Nous associons volontiers la fantaisie de l’esprit à l’insouciance des mœurs. […] L’histoire, les mœurs, les âmes ne les intéressent que médiocrement. […] Bientôt dégoûté du service, il s’établit dans la vieille ville universitaire de Gœttingue, pédante, bigote, où c’est à qui déblatérera contre la corruption des mœurs françaises. […] Dorothée l’initie à ce que Michelet appellera plus tard « l’adorable pureté des mœurs germaniques » et le convainc de la supériorité morale sur les lettres françaises d’une littérature d’essence protestante. […] Stapfer, Benjamin Constant, Cuvier et des Allemands notoires, il regagne l’Allemagne où il se livre aux diatribes les plus outrageantes sur les mœurs de la France.

1588. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Depuis lors, en tout cas, nous avons pris d’autres mœurs ; et les temps ont bien exagéré la monogamie de nos opinions. […] Il a énoncé sur ses contemporains, sur leurs mœurs et leurs croyances, des observations autrement cruelles ; et je crois bien qu’il a exercé une forme de l’ironie artistique à lui seul familière. […] Dans le même temps un prêtre Albain, Antistius, a tenté la réforme des mœurs religieuses. […] Les fables de la mythologie grecque, les traditions païennes, elles sont sans doute l’expression de la vie telle que la concevaient ces âmes lointaines, à travers les qualités spéciales de leur nature et de leurs mœurs. […] Et j’imagine que les mœurs de nos médecins de Paris ne doivent guère différer, à l’exagération près, de celles que prête M. 

1589. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

L’empereur Néron fut un prince de mauvaises moeurs, et barbare jusqu’à faire mourir sa propre mére ; delà on a dit des princes qui lui ont ressemblé, c’est un néron. Caton, au contraire, fut recomandable par l’austérité de ses moeurs : delà S. […] Le sens moral est une interprétation selon laquelle on tire quelque instruction pour les moeurs. […] Si les explications qu’on en done ont raport aux moeurs, c’est le sens moral. […] ô moeurs !

1590. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Mœurs, portraits, événements, récits, depuis les intrigues les plus hautes jusqu’aux plus minimes personnages, l’anecdote vivifie tout, illumine tout. […] Les mœurs littéraires ont changé. […] J’emportai de ma visite ce beau trait de mœurs parisiennes.‌ […] Il eût été incapable de lire d’un bout à l’autre l’Histoire des Variations, l’Essai sur les Mœurs ou les Origines du Christianisme. […] Il a montré le même soin à bien connaître les frontières géographiques des divers territoires de Provence, leurs coutumes, légendes, mœurs et traditions.

1591. (1894) Critique de combat

La Révolution française, pour ne prendre qu’un exemple, fut précédée d’une longue métamorphose des croyances et des mœurs. […] Ô beauté des mœurs de cour ! […] La difficulté est de démontrer que certains traits de mœurs relevés sont bien le produit du milieu professionnel. […] C’est, habillé de neuf, l’Abbé Daniel, d’André Theuriet, un des premiers récits qui firent aimer du public ce peintre délicat des bois, des champs, des mœurs villageoises et provinciales. […] L’Essai sur les mœurs ?

1592. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Littré (sans parler d’une sœur morte en bas âge) avait un frère plus jeune, employé, homme instruit, distingué, qui mourut en 1838 ; mais, par une variété ordinaire dans cet ordre physiologique si complexe et si mobile, il ne portait point, je l’ai dit, l’empreinte des mœurs domestiques comme son aîné. […] Tout y est… » J’obéis au conseil, et je lis en effet, au sujet de cet ami de Pline, dont les mœurs égalaient le savoir, ce bel éloge dont je fais mon profit : « Rien de plus respectable que lui, de plus pur et de plus saint, rien de plus docte, au point que les lettres elles-mêmes et toutes les bonnes études me paraissent en danger avec la vie d’un seul homme (Ariston était alors malade)… Que de choses il sait !

1593. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Pour plus de netteté, nous diviserons notre examen en trois parts : 1 °  nous parcourrons les pièces purement pastorales, celles qui nous manifestent Théocrite comme le maître incomparable du genre ; 2 °  nous insisterons sur quelques morceaux plus élégiaques qu’idylliques, mais d’une extrême beauté, tels que la Magicienne, le Cyclope, et dans lesquels Théocrite s’est placé au premier rang parmi les peintres de la passion ; 3 °  enfin, si nous voulions être complet, nous aurions à dire quelque chose des pièces de divers genres, héroïques, épiques, satiriques, dont quelques-unes (comme les Syracusaines), moins originales peut-être au temps de Théocrite, sont pour nous des plus neuves et nous rendent des tableaux de mœurs au naturel. […] Ce tableau de mœurs mériterait une étude à part.

1594. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

La prose de Dickens et de Thackeray ne serrait pas de plus près les mœurs réelles et présentes. […] Il est doux de sortir de notre civilisation savante, de remonter vers l’âge et les mœurs primitives, d’écouter le paisible discours qui coule abondamment et lentement comme un fleuve sur une pente unie.

1595. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Ce livre était plein cependant de puérilités qui touchaient au ridicule, de naïvetés qui touchaient à la niaiserie, de germanismes de mœurs qui touchaient à la caricature ; c’est vrai, mais le feu y était. […] Les entretiens entrecoupés de tous ces groupes qui passent sont une parfaite imitation des mœurs du peuple ; c’est le chœur dans les tragédies antiques.

1596. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Quant à lui, il était aisé de voir qu’il était de race et de sang légitimistes, c’est-à-dire qu’il croyait à la puissance de la tradition et des mœurs avant tout ; le commandement et l’obéissance par l’habitude, c’était pour lui tout le gouvernement. […] Il avait péché dans sa jeunesse malheureuse contre les mœurs, mais jamais contre le bon sens et moins encore contre Dieu.

1597. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

La pièce de mœurs, comparée au roman de mœurs contemporain, est trop une misère, une parodie, un rien.

1598. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Mais rien n’est plus mauvais pour les mœurs. […] Et lâchant sa dissertation sur l’amour, elle revient à ses caniches, à l’histoire de leurs mœurs, parlant d’un prédécesseur de la caniche ayant l’horreur des bains, et qui lorsqu’on lui en préparait un, simulait le plus admirable rhume de cerveau qui se puisse imaginer.

1599. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

La suite des chapitres qui décrivent avec quel sentiment de trouble, d’horreur, de descellement de tous les fondements sociaux, la prise, l’incendie de Moscou, l’affolement, la sinistre soif de sang et de souffrances de toute cette population confondue, et abolissant dans l’éperdument de tous la raison de chacun, se continue par un raid de cosaques embusqués sur les pas de l’armée française en retraite, sous une pluie battante, dans une forêt défeuillée, par cet étrange bivouac des Russes où apparaissent deux ombres hâves de soldats français bientôt réconfortés, égayés et égayant toute la ronde ; par les larges dîners de club à Moscou, par de minutieux aperçus des salons aristocratiques de Saint-Pétersbourg, par les scènes de famille des Rostow, par cette nuit blanche de lune que Natacha et Sonia contemplent de leur fenêtre avec de légères paroles, tout l’ensemble enfin de ces scènes fugitives, familières, graves, belles, tragiques, toujours humaines, qui, surprises et restituées avec une force d’irrésistible persuasion, avec une accumulation des détails, avec un saisi graphique des incidents, partagent le lecteur entre une adhésion apparemment toute naturelle et une admiration parfois stupéfaite, imposent l’intérêt et la sympathie, font de ces livres, d’invention pourtant, mais auxquels s’applique si mal la désignation de romans, un des plus vastes et des plus véridiques recueils d’observations sur les mœurs et les individus dans la série presque complète des circonstances ordinaires et extraordinaires de la vie. […] La corruption du grand monde russe, qui devait être connue par le menu d’un aristocrate comme le comte Tolstoï, figure à peine dans son œuvre, comme les mœurs ignobles de la populace, et la grossière crapule des marchands.

1600. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Il serait difficile, si on ne connaissait les mœurs du temps et les qualités de la famille Hugo, de comprendre qu’un jeune homme, fût-il de génie, put posséder d’une manière si parfaite, l’art de se contenir et de dissimuler ses sentiments. […] La morale du commerçant, l’autorise à vendre sa marchandise dix et vingt fois au-dessus de sa valeur, s’il le peut ; celle du juge d’instruction l’incite à user de la ruse et du mensonge pour forcer le prévenu à s’accuser ; celle de l’agent de mœurs l’oblige à faire violer médicalement les femmes qu’il soupçonne de travailler avec leur sexe ; celle du rentier le dispense d’obéir au commandement biblique : — « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front… » La mort établit à sa façon une égalité ; la grosse et la petite vérole en créent d’autres ; les inégalités sociales ont mis au monde deux égalités de belle venue : l’égalité du ciel, qui pour les chrétiens compense les inégalités de la société et l’égalité civile, cette très sublime conquête de la Révolution sert aux mêmes usages.

1601. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Ce code de la conscience de l’humanité est tellement inné qu’il a été rédigé partout et de tout temps, par tous les législateurs sacrés et profanes, avec des formes différentes de mœurs, mais avec la même uniformité de volonté d’être juste et saint. Ouvrez les codes indiens, ouvrez les codes de la Chine, ouvrez les codes de la Perse, ouvrez les codes de la Grèce, ouvrez ceux de Bouddha, Zoroastre, Confucius, Pythagore, Socrate, Platon, Moïse, le dogme varie, les mœurs changent ; la conscience est innée et universelle.

1602. (1884) Articles. Revue des deux mondes

La Grèce a succombé surtout par ses dissensions intérieures ; Rome impériale fut vaincue par ses mœurs avant de l’être par les barbares. […] Les derniers chapitres de l’Histoire des animaux présentent un tableau intéressant, parfois brillant, des mœurs de plusieurs espèces, des luttes que provoque la compétition pour la nourriture ou la possession des femelles, des amitiés aussi et des dévoûmens qui font pénétrer comme un rayon de douceur et de bonté humaines dans ce monde, tout en proie aux impulsions tumultueuses de l’instinct.

1603. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Elle devait y naître, mais y naître tard, dans ce repli des mœurs modernes qui se creusent comme nos fronts, comme le sol, comme tout ce que le temps approfondit en le rongeant ; le Temps, ce fossoyeur de gouffres ! […] À lire l’ouvrage de Keith, écrivain protestant qui fait concorder le récit biblique avec les mœurs actuelles de la Palestine, on dirait que la Bible a été écrite d’hier ; rien n’est changé dans l’aspect des lieux, dans les habitudes des personnages, dans les coutumes, les superstitions de ces peuples primitifs que Keith a visités ; mêmes fêtes, mêmes repas, et c’est cette ressemblance qu’il nous faut saisir après lui. » Les deux amis devaient sans doute en tirer d’autres conséquences.

1604. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Ses portraits historiques pèchent par la fermeté : il entend les mœurs mieux que l’histoire.

1605. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Le charmant poète Gray qui, dans sa solitude mélancolique de Cambridge, étudiait tant de choses avec originalité et avec goût, écrivait à un ami en 1760 : Froissart (quoique je n’y aie plongé que çà et là par endroits) est un de mes livres favoris : il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place avec de simples mais fortes couleurs.

1606. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Saint-Simon, le maître et le juge des mœurs sévères et bienséantes, a dit : La mort de Mme Dacier fut regrettée des savants et des honnêtes gens.

1607. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Il s’étonnait du soin, selon lui excessif, qu’on prenait à décrire si longuement leurs mœurs, et surtout à faire admirer leur industrie : « Car enfin, disait-il, une mouche ne doit pas tenir dans la tête d’un naturaliste plus de place qu’elle n’en tient dans la nature. » Il semble que Buffon, se tenant au point de vue de l’homme et placé entre les deux infinis, celui de l’infinie grandeur et celui de l’infinie petitesse, n’ait été sensible qu’au premier.

1608. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Ô justesse dans la vie, ô égalité dans les mœurs, ô mesure dans les passions, riches et véritables ornements de la nature raisonnable, quand est-ce que nous apprendrons à vous estimer ?

1609. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Quand tout bas elle soupire, N’en soyez pas interdit : Écoutez ce qu’on veut dire, Et non pas ce que l’on dit… Il y a ainsi de Maucroix en sa jeunesse quantité de couplets, épigrammes, madrigaux, épîtres familières, desquels il aurait pu dire comme Pline le Jeune envoyant à un ami ses hendécasyllabes : « Ce sont de petits vers dans lesquels tour à tour je raille, je badine, je suis amoureux, je me plains, je soupire, je me fâche. » Il aurait eu grand besoin, comme Pline, de demander pardon des légèretés et des endroits libres, en se couvrant des illustres exemples d’hommes réputés graves dont les mœurs, dit-on, valaient mieux que les paroles ; mais il n’aurait pu ajouter, comme le docte et ingénieux Romain, qu’il avait été, dans sa manière, tantôt plus serré, tantôt plus élevé et plus étendu (modo pressius, modo elatius) : Maucroix n’est jamais ni resserré ni élevé ; il a du naturel et une certaine douceur de rêverie, il n’a pas de force ni de travail.

1610. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Tout en apprenant du latin, du grec, de l’hébreu, et en se rompant aux mâles études, l’enfance et la première jeunesse de d’Aubigné furent telles, et si fréquemment débauchées et libertines, qu’en tout autre siècle il eût probablement dérivé et donné dans cette espèce d’incrédulité qu’on désigne sous le nom de scepticisme, et que les mauvaises mœurs insinuent si aisément : mais au xvie  siècle, ces courants amollissants et dissolvants n’existaient pas, et les dissipations même, dans leur violence et leur crudité grossière, n’empêchaient pas de respirer l’air ardent des croyances diverses et des fanatismes.

1611. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Ce scrupule sur un point fait juger de toute l’économie de la vie et des mœurs.

1612. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière.

1613. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Je suis très frappé dès les premières pages du Journal, et de plus en plus, à mesure qu’on avance dans cette lecture, de l’état de santé de Louis XIV, et je m’explique ainsi bien des changements qui survinrent alors dans son régime et dans ses mœurs.

1614. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

C’est auprès d’un de ces vieillards respectables, M. de Caumartin, ancien conseiller d’État, que Voltaire, pendant un séjour à la campagne, se prit d’enthousiasme pour cette grande renommée royale ; et il se mit aussitôt à la célébrer, tout en l’accommodant à sa manière et en la traitant dans le goût des temps nouveaux : il fit La Henriade, et plus tard le chapitre de l’Essai sur les mœurs, intitulé : « De Henri IV ».

1615. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Arrivé à un certain âge, il eut cependant une sorte d’événement dans sa vie, et une tentative de retour vers la gravité des mœurs et du ton.

1616. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

La Bruyère, chargé de raccommoder ces petites déchirures, écrivait à Santeul, ou le chapitrait quelquefois dans l’embrasure d’une croisée ; mais Santeul était difficile à former, et il fallait toujours en revenir sur son compte à cette conclusion du grand moraliste et du censeur amical, qui lui disait : « Je vous ai fort bien défini la première fois : vous êtes le plus beau génie du monde et la plus fertile imagination qu’il soit possible de concevoir ; mais pour les moeurs et les manières, vous êtes un enfant de douze ans et demi. » Cette insigne faveur de Santeul à Chantilly faisait grand bruit dans la rue Saint-Jacques et ailleurs, et ne laissait pas de donner quelque jalousie : « Santeul est fier, Santeul nous néglige depuis que des altesses lui font la cour ; il ne daigne plus venir même à Bâville, il ne s’abaisse plus jusqu’à nous. » Ainsi disait-on en bien des lieux.

1617. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

On ne s’est jamais mieux rendu compte du monde des émigrés, de leurs qualités et de leurs défauts : Les emplois qu’au temps de la Révolution j’occupais dans ma patrie m’ayant mis en rapport avec quelques milliers d’émigrés, j’ai pu les observer d’assez près pour être étonné de voir combien il y avait de vertus utiles dans les mœurs aimables des Français.

1618. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Ils nous représentent bien ces familles de haute bourgeoisie et parlementaires, chez qui les emplois, les mœurs, la probité, l’esprit lui-même et la langue se transmettaient dans une même maison par un héritage ininterrompu.

1619. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

C’est le temps où Agrippa d’Aubigné savait quatre langues et traduisait le Criton de Platon « avant d’avoir vu tomber ses dents de lait. » Aujourd’hui les mœurs scolaires sont plus douces, et vos maîtres s’en applaudissent les premiers ; la place du grand fouetteur Tempête est supprimée dans l’Université, et le délicat Érasme vanterait les bons lits et la bonne chère de la jeunesse moderne.

1620. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Les mœurs publiques ont changé ; les luttes parlementaires ont montré aux prises, et parfois bien rudement, des athlètes politiques, qui se rencontraient l’instant d’après, et sans apparence de ressentiment, sur le terrain neutre de l’Académie.

1621. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

Cependant, et malgré cette lacune, il y a eu, à cet extrême déclin du moyen âge, un grand théâtre religieux qui compte historiquement et qui est un témoin considérable des mœurs et des goûts de l’époque.

1622. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Il y a quelque chose dans le Mystère de la Passion : il y a toute une branche ou un épisode entrelacé qui peut réellement nous intéresser comme tableau de mœurs et de genre, Marie-Madeleine, ou, si l’on veut, une grande coquette, une élégante du xve  siècle avant et après sa conversion.

1623. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Écoutons Deleyre et sa confession en vue de la mort : « La France où je suis né est tombée de la corruption des mœurs sous le joug du despotisme.

1624. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Toute cette scène est parfaite de vérité et justifierait, à elle seule, l’éloge accordé à Térence d’exceller dans les mœurs, tandis que d’autres étaient réputés supérieurs dans la conduite et la construction de la pièce ou dans l’entrain du dialogue.

1625. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Quand la société s’est compliquée, que les mœurs se sont effacées à force de se polir, que le goût usé se blase de chefs-d’œuvre, il faut cependant faire quelque chose, ou répéter dans une suite de contre-épreuves, de plus en plus pâles, les types classiques… Si Marivaux n’avait pas les défauts que l’on critique en lui et qui ne sont, à vrai dire, que des qualités poussées à l’excès, il se perdrait obscurément parmi la foule obscure des plats imitateurs de Molière.

1626. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

. — Étude biographique sur les deux amis ; tableau des mœurs, état des lettres et de la poésie sous Justinien ; traduction élégante, celle même de M. 

1627. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

L’action, l’arrangement dramatique, les caractères, les mœurs, la langue, tout enfin, les vers même offrent les défauts les plus graves ; et la barbarie d’un art qui commence à peine à se former ne suffit pas, il s’en faut, à les excuser.

1628. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il nous faut des maîtres plus sensibles qu’instruits, plus raisonnables que savants, qui dans un lieu vaste et commode, hors des villes, hors de l’infection de l’air qu’on y respire et de la dépravation des mœurs qui s’introduit par tous les pores, soient les égaux, les amis, les compagnons de leurs élèves ; que toute la peine, que tout le travail de l’instruction soit pour le maître, et que les enfants ne se doutent même pas qu’ils sont à l’école ; que dans des conversations familières, en présence de la nature et sous cette voûte sacrée dont le brillant éclat excite l’étonnement et l’admiration, leur âme s’ouvre aux sentiments les plus purs ; qu’ils ne fassent pas un seul pas qui ne soit une leçon ; que le jour, la nuit, aux heures qui seront jugées les plus convenables, des courses plus ou moins longues dans les bois, sur les montagnes, sur les bords des rivières, des ruisseaux ou de la mer, leur fournissent l’occasion et les moyens de recevoir des instructions aussi variées que la nature elle-même, et qu’on s’attache moins à classer les idées dans leur tête qu’à les y faire arriver sans mélange d’erreur ou de confusion. » Vous voyez d’ici le tableau idéal et enchanteur de toutes ces écoles primaires et rurales de la République française, où chaque enfant serait traité comme Montaigne, Rabelais ou Jean-Jacques ont rêvé de former et de cultiver leur unique élève.

1629. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Nous n’en pouvons parler, du reste, que d’après Lemontey qui avait lu la pièce et qui en reproduit indirectement les termes : « Ces mœurs naïves et pures, dit-il, ce mélange d’études graves et de gaieté innocente, ces devoirs pieux et domestiques, cette princesse qui, aussi simple que la fille d’Alcinoüs, ne connaît de fard que l’eau et la neige, et qui, entre sa mère et son aïeule, brode des ornements pour des autels ; tout retraçait dans la commanderie de Wissembourg l’ingénuité des temps héroïques. » L’idylle ici venait singulièrement en aide à la politique.

1630. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

« … Il serait bien malheureux que le repos de l’Europe dépendît de deux puissances si connues dans leurs maximes et principes, même en gouvernant leurs propres sujets ; et notre sainte religion recevrait le dernier coup, et les mœurs et la bonne foi devraient alors se chercher chez les barbares. » Elle fait un léger mea culpa sur l’affaire de la Pologne, sur ce partage où l’Autriche s’est laissé induire (le mot est d’elle), en se liant avec ces deux mêmes puissances qu’elle qualifie si durement ; elle a l’air d’en avoir du regret ; et l’on entrevoit pourtant, par quelques-unes de ses paroles, que si pareille chose était à recommencer, et si l’Autriche, abandonnée d’ailleurs, n’avait point d’autre ressource qu’une telle alliance, elle pourrait encore la renouer sans trop d’effort et jouer le même jeu, en se remettant à hurler avec les loups : « Car je dois avouer qu’à la longue nous devrions, pour notre propre sûreté ou pour avoir aussi une part au gâteau, nous mettre de la partie. » La femme ambitieuse laisse ici passer le bout de l’oreille.

1631. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Qu’ils suivent chacun leur ligne pour les œuvres individuelles, et consentent à coexister dans de certains rapports de communauté et de confins dans les jugements ; qu’on pratique ainsi la vraie égalité et indépendance, l’estime mutuelle du fond avec les réserves permises : voilà des mœurs littéraires de juste et saine démocratie, ce semble, et qui seraient d’un utile exemple à offrir aux jeunes hommes survenants, lesquels ne trouvent rien où se rattacher, que l’ambition illimitée égare ou déprave, dont quelques-uns tombent du second jour aux vices littéraires, les plus bas de tous, et dont on voit quelques autres plus généreux rôder dans la société comme de jeunes Sicambres, des Sicambres plume en main et sans emploi.

1632. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Lebrun-Tossa, son ami alors et son collaborateur en perspective, non pas un projet de canevas, mais une véritable pièce en trois actes et en vers, presque semblable en tout à celle qui est imprimée sous le titre de Conaxa, et qu’il en tira, comme c’est le droit et l’usage de tout poëte dramatique admis à reprendre son bien où il le trouve, une comédie en cinq actes et en vers, appropriée aux mœurs et au goût de 1810, marquée à neuf par les caractères de l’ambitieux et du philanthrope, et qui mérita son succès.

1633. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

À chaque nouveau roman, je m’entoure de toute une bibliothèque sur la matière traitée, je fais causer toutes les personnes compétentes que je puis approcher, je voyage, je vais voir les horizons, les gens et les mœurs.

1634. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

De là ses descriptions passionnées, et parmi des erreurs que la science a redressées avec son aide, un sentiment de la vie, de la beauté, de la force dans les animaux, de la convenance de leur organisation à leurs besoins, de leurs mœurs à leurs destinées, qui rachète le tort du grand naturaliste en nous rendant plus sensible le Dieu dont il s’est passé.

1635. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

C’est grâce à eux que les mœurs soldatesques se sont épurées et assainies dans une large mesure et que les jeunes recrues se voient aujourd’hui épargner tant de sujets d’écœurement.

1636. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Mais on peut tout entendre sans scrupule à cette distance, et, en faisant la part d’hommage à la personne qui eut en don le charme, il faut oser voir les mœurs d’alors comme elles étaient.

1637. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

L’auteur y avait joint un appendice qui en était peut-être la partie la plus intéressante ; cet appendice se compose de sept cents notes, la plupart extraites des mémoires, des recueils historiques ou satiriques du temps, et contenant des anecdotes sans nombre, quelques-unes tout à fait drôles et scabreuses, sur les mœurs et les habitudes de nos pères.

1638. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

Il y avait comme plusieurs personnes en Mme de Genlis ; mais, dès qu’elle tenait la plume, le ton de la personne intérieure et qui dominait toutes les autres, le ton du rôle principal prenait le dessus, et elle ne pouvait s’empêcher d’écrire ce qu’il faut toujours répéter de la religion, des principes et des mœurs quand on enseigne.

1639. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Le vieux poète a célébré le charme de ces petites réunions dans une épître à Droz, qu’il a représenté dans son intérieur modeste : Goûtez votre bonheur, Couple aimable et sensible ; Dieu rassembla pour vous, sous votre toit paisible, Des trésors de raison, et de grâce et d’esprit ; L’art de se rendre heureux dans vos mœurs fut écrit.

1640. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Gaugiran-Nanteuil, on distinguait une intention morale, un effort vers un genre plus vrai, vers la peinture de mœurs réelles ; il y a dans plus d’une scène comme un premier tracé de bonne comédie.

1641. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

Sommes-nous en mesure de juger de la part que la raison peut avoir dans des écrits que nous connaissons si mal, qui ne répondent pas à nos habitudes, à nos mœurs, à notre tournure d’esprit ?

1642. (1912) Le vers libre pp. 5-41

J’entre donc dans le détail théorique et pour ce faire je vous citerai ce que je publiais sur la question en 1888 dans la Revue Indépendante 1 : « Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent, qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées.

1643. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

La littérature proprement dite est la peinture de notre âme à tous et de nos mœurs à nous tous, avec une certaine exagération savante destinée à mettre en relief les parties les plus importantes et les plus intéressantes de la vérité elle-même.

1644. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Il l’est davantage et il l’est tellement son imagination s’est si trempée et retrempée dans les choses et les mœurs anglaises, que dans tout le cours de son volume il ne se sert que de comparaisons foncièrement anglaises, empruntées au jeu des machines et à la manœuvre des vaisseaux !

1645. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

mais abaissé à sa plus basse puissance ; c’est surtout la Révolution dans les mœurs, comme Michelet l’a déjà mise dans l’histoire.

1646. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Cela n’a rien de commun avec la littérature et ne relève pas de la critique ; cela rentre dans la prostitution et relève de la police des mœurs. […] Même en ces derniers temps, il ne pardonnait pas au plus grand historien moderne, au premier évocateur des figures et des mœurs disparues, à Michelet, dont il disait : « Vous êtes l’Himalaya », d’avoir osé toucher à l’Homme. […] On le discuta, on le dénatura, on le dénonça, car la presse, ainsi entendue, est une belle institution et elle a d’admirables mœurs intellectuelles. […] Il faut les lire ; il faut surtout ne pas s’imaginer que l’écrivain se borne à des descriptions de temples, d’architectures, de cérémonies, à des évocations de rites étranges et de mœurs maudites. […] Ce sont là d’étranges mœurs qui se révèlent plus générales qu’on le pense.

1647. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Mais j’examinerai encore Diderot comme métaphysicien, conteur, historien, romancier, auteur dramatique, critique d’art ou de moeurs ; bref, je le suivrai dans toutes les directions qu’il a données à sa pensée. […] En somme, il ne fut qu’une des pattes de la Bête immense à mille pattes qu’on appelle la Philosophie du xviiie  siècle, de ce monstrueux perce-oreille qui perça tout, doctrines et moeurs. […] Ce fut sa critique de peinture qui l’illustra, du reste, bien plus que sa critique littéraire, laquelle n’a guères d’accompli et d’enlevé que cet Essai sur les mœurs, c’est-à-dire sur les femmes, dont je viens de parler, et où il remanie si magistralement la glaise indécise de Thomas.

1648. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il combat un ridicule qui en ses traits généraux, sans doute, est éternel, mais qui, comme « mœurs du temps », n’est pas absolument actuel. […] Certainement Racine a un fond solide de psychologie humaine, de psychologie générale et universelle qui est de tous les temps et de tous les lieux ; certainement encore le fond de son drame est toujours une pure et simple « comédie », c’est-à-dire, pour prendre l’excellente définition de Fénelon, « une étude des mœurs des hommes dans la condition privée ». […] Au point de vue de l’histoire littéraire, on peut, si l’on veut, rapprocher Les Plaideurs de ces pièces du moyen âge qui s’appelaient Farces, et que les Basochiens jouaient au Palais de justice sur la grande table de marbre de la grande salle, où ils tournaient en ridicule les mœurs et habitudes des juges, des procureurs, des avocats, des huissiers et des plaideurs. […] Cette idée n’est nullement à mépriser, car, tout au moins, elle amène le poète ou le moraliste à étudier les mœurs humaines à un nouveau point de vue et sous un autre angle, et renouvelle ainsi l’observation, sinon l’art dramatique. […] La décoration et la mise en scène doivent être une première révélation générale des mœurs et des sentiments des personnages du drame.

1649. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Il y a donc là, à la fois, une certaine tolérance en matière de mœurs ! […] Elle pose pour son mari, — aussi nue que le permettent, au théâtre, les mœurs d’à présent. […] À force de se complaire et d’exceller dans les ingénieuses et surprenantes combinaisons des faits, il a fini par ne plus sentir combien est intéressante la matière même de ces faits (l’âme humaine, les passions, les sentiments, les caractères, les mœurs), et par la mettre presque en oubli. […] Nous sentions, dans cette comédie du maître, une image si fidèle et si aisément tracée de nos mœurs, de nos sentiments, de nos inconsciences ! […] Je voulais simplement dire que, sauf dans les endroits où je me heurte à des têtes anonymes, j’ai une douceur de mœurs naturelle, qui me rend assez obscurs et peu sympathiques les gens qui assassinent, même quand ils sont mus par un sentiment aussi honorable que l’amour et la jalousie.

1650. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Mais, comme il y a beaucoup de lois et que les mœurs ne sont pas stables, les diversités du crime sont infinies. […] Ses supérieurs estimaient la pureté de ses mœurs, mais ils redoutaient la superbe de son esprit. […] On croit qu’on a tout fait quand on a offensé les mœurs et choqué les convenances. […] Ils ne savent pas que tous les instincts trouvent en définitive leur compte dans les belles mœurs du monde. […] Et, de fait, la Tempête traite des mœurs des sauvages telles qu’on les connaissait au temps d’Elisabeth.

1651. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La corruption des mœurs était scandaleuse. […] Toujours et partout, depuis dix-huit cents ans, sitôt que ces ailes défaillent ou qu’on les casse, les mœurs publiques et privées se dégradent. […] Le vieux maître était un peu dépaysé, déconcerté par les mœurs littéraires dont il remarquait les progrès et les ravages. […] Il a beau être studieux, rangé, modéré dans ses goûts et régulier dans ses mœurs ; il connaît tous les plaisirs et tous les déboires des mondains enragés qui ne sont jamais chez eux. […] Anatole France allait tourner vers l’étude des mœurs contemporaines et des vices mondains les rares facultés d’observation, de divination et de fantaisie par lesquelles il avait ensorcelé tous ceux qui l’avaient suivi aux retraites fleuries et parfumées où se plaisaient jadis son érudition diverse, son ondoyante philosophie, son ironie mouillée de larmes.

1652. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Excellente observation et excellente adaptation de l’idée de Molière à nos mœurs contemporaines et à nos travers contemporains. […] Capus m’ayant pris un peu à partie pour avoir dit qu’il n’y a pas d’action, ou si peu que rien, dans le Misanthrope et ayant assuré que l’action dans le Misanthrope est considérable et même violente, je me suis défendu avec beaucoup de conviction, soutenant que le Misanthrope est surtout d’une part un portrait, de l’autre un tableau de mœurs, et qu’en vérité, pour y trouver de l’action, il faut y en mettre, ce qui ne l’empêche pas du tout, bien entendu, d’être un chef-d’œuvre. […] Jules Guex, a étudié, — insuffisamment ; mais encore il y a lieu de le féliciter, — l’influence du théâtre sur les mœurs et l’esprit public. […] C’est ainsi que le romantisme n’a eu un retentissement appréciable dans les mœurs ou tout au moins dans les habitudes courantes qu’à partir du moment où il a conquis le théâtre. […] Et donc dans les temps où le réalisme, plus ou moins mêlé, plus ou moins cru, règne au théâtre, le théâtre n’a, ce me semble, aucune influence sur les mœurs, et, par conséquent, c’est bien à 185o qu’il faut arrêter une étude sur ce que la société française doit aux représentations théâtrales.

1653. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Il en revient toujours à ses projets de lois somptuaires pour arrêter le luxe et forcer la bourgeoisie, les gens de justice, police, finance, d’écritoire (c’est tout dire), « qui sont ceux qui se jettent aujourd’hui le plus sur le luxe », à rétrograder jusqu’aux mœurs de Louis XII ou de Charles VIII et de Louis XI.

1654. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Mézeray l’embrasse dans son ensemble ; il la décrit au naturel dans tout son cours, et, quand on l’a parcourue avec lui d’un bout à l’autre, on peut dire véritablement qu’on a vécu avec ces hommes du xvie  siècle, qu’on les a vus au juste point, ni trop loin ni trop près, qu’on les a entendus parler, qu’on a eu la saveur de leurs propos, qu’on a conçu la suite des événements dans leur exacte proportion, avec mille particularités de mœurs qui les animent et qui en sortent d’elles-mêmes.

1655. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Il était bien plus jeune que saint Louis, de dix ans environ, et dans tout ce voyage il fut traité par lui comme un jeune homme bien né et d’espérance, aux mœurs duquel le saint roi s’intéressait.

1656. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Il exhortait chacun à aider le monarque dans ses dispositions saintes, mais à l’aider surtout et à concourir pacifiquement avec lui, « ajoutant à son zèle, disait-il, nos bons exemples, l’édification de nos mœurs, la ferveur de nos prières, les secours mêmes de nos aumônes, dont l’efficace et la vertu fera sur l’hérésie bien plus d’impression que nos raisonnements et nos paroles ».

1657. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Le tableau des partis et des cabales du temps, que l’auteur a voulu peindre, manque aussi de cette suite et de cette modération dans le développement qui peuvent seules donner idée d’un vrai tableau de mœurs.

1658. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

On n’avait pas plus de douceur et de sel tout ensemble : C’était, a dit de lui son tendre ami Chaulieu, un homme qui joignait à beaucoup d’esprit simple et naturel tout ce qui pouvait plaire dans la société ; formé de sentiment et de volupté, rempli surtout de cette aimable mollesse et de cette facilité de mœurs qui faisait en lui une indulgence plénière sur tout ce que les hommes faisaient, et qui, de leur part73, en eurent pour lui une semblable… Les siècles auront peine à former quelqu’un d’aussi aimables qualités et d’aussi grands agréments que M. de La Fare.

1659. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

L’auteur, dans ce second chapitre, fait parler en un dialogue le médecin philosophe Bernier et Ninon de Lenclos : « J’avais besoin d’une femme d’esprit qui n’eût pas conservé cette retenue et cette dissimulation que les mœurs imposent à son sexe ; il me fallait une femme qui eût beaucoup pensé, beaucoup vu, et qui osât tout dire. » Et, en effet, il s’y dit froidement beaucoup de choses qui rappellent la conversation des dîners de Mlle Quinault.

1660. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Par elle seule, il était possible d’adoucir les mœurs et de discipliner les hommes d’armes.

1661. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Il joint à une grande érudition une grande pureté de mœurs et une innocence merveilleuse.

1662. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Ajoutons, pour être juste, que dans toutes ses appréciations piquantes et sagaces, mais qui sentent la boutade, Voltaire oubliait ou ne prévoyait pas un adoucissement graduel de mœurs, un progrès insensible et continu auquel lui-même contribuera.

1663. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Un jour, Lamennais veut louer Béranger dans un de ses livres, et il le fait sans restriction aucune : le passage est communiqué d’avance au poëte qui lui répond par ce petit avis, mêlé au remerciement : « A des louanges aussi flatteuses ne conviendrait-il pas d’ajouter : Il est fâcheux qu’en chantant pour le peuple, Béranger se soit d’abord trop laissé entraîner à la peinture de mœurs, que plus tard sans doute il eût voulu pouvoir corriger ?

1664. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. »

— terrible à force d’expédients, qui tond et écorche impitoyablement les provinces conquises ; — un Luxembourg, tout l’opposé de Vauban pour les mœurs, tournant agréablement ses cupidités en railleries, roué, insolent, inhumain et fanfaron d’inhumanité ; et Louvois badine avec l’un, et il n’est pas révolté des exactions, des extorsions de l’autre, puisqu’elles vont au profit du roi : il semble que tout soit permis et légitime sur le territoire ennemi.

1665. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

Il estimait que ce sont les mœurs de chaque époque qui engendrent et suscitent les seuls écrits vivants, que le reste n’est que production de serre chaude et affaire d’Académie.

1666. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Les préférences déclarent les mœurs et les talents.

1667. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Peu importe la différence des temps, des mœurs et des sujets qu’il reproduit : son procédé d’imitation est le même, et il a le même caractère de naturel et de vérité, et, comme eux encore, il se distingue par une fécondité extraordinaire.

1668. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Paris, avec sa bonne humeur et sa bonne grâce, avec une certaine humanité de ton et de mœurs qui y est généralement répandue, adoucit tout et sauve les transitions : Londres laisse se heurter à nu les contrastes.

1669. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

« Elle joint à une pureté de mœurs admirable une sensibilité extrême ; à la plus grande modestie, un désir de plaire qui suffirait seul pour y réussir.

1670. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

» Dans toutes ces scènes qu’elle a commencé à nous décrire, à partir des Horizons prochains, et où la nature occupe le premier plan, mais où les humains ne sont pas oubliés ; dans toutes les courses et promenades qu’elle fait par monts et par vaux, en rayonnant tout à l’entour ; chez toutes ces bonnes gens qu’elle visite, vignerons, bûcherons, vachers, tuiliers et autres, tous les Jacques et les Jean-Pierre des environs, — et la mère Salomé la rebouteuse, — et Marguerite la désespérée, qui craint d’avoir commis le seul péché sans pardon, le péché contre le Saint-Esprit, — et une autre Marguerite, celle à Jean-Pierre, une Baucis sèche et fervente de quatre-vingt-sept ans, — dans toutes ces historiettes à conclusion édifiante, Mme de Gasparin a fait la Légende Dorée du protestantisme, légende très-modernisée, rehaussée et enluminée, à la mode du jour, de couleurs très-réelles, et présentée sous forme de mœurs populaires ; mais le protestantisme y est, il y revient bon gré, mal gré, il ne souffre jamais qu’on le perde de vue, et l’on pourrait intituler cet ensemble de volumes déjà si variés : le protestantisme dans la nature et dans l’art au xixe  siècle.

1671. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Un peu de folie dans son talent, un peu de vertu dans son égoïsme, ajoutaient aux variations de ce Protée que la Cour avait vu changer successivement de parti, de goûts, de mœurs, et qui probablement aussi eût changé d’amis s’il en avait eu.

1672. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Celui-ci n’a guère vu que ses défauts, ses vices, sa jactance, ses gasconnades, son intrépidité de bonne opinion, ses pilleries à l’armée, ses mœurs de soudard jusque dans l’extrême vieillesse.

1673. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Excepté l’histoire des derniers temps, je ne lui ai présenté que les faits importants, surtout ceux qui font époque dans l’histoire de nos mœurs et de notre Gouvernement.

1674. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

De plus, ils sont entrés dans la littérature et dans l’art par le xviiie  siècle d’abord, par le xviiie  siècle exclusivement : ç’a été là leur première et unique Antiquité, et de cette étude ils ont passé immédiatement à celle des mœurs et des personnages du jour, sur les traces et à l’exemple de Gavarni.

1675. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy s’était borné à faire remarquer qu’André Chénier, malgré tout, était de son temps ; à indiquer en quoi il composait avec le goût d’alentour, comment dans tel sujet transposé, dans tel cadre de couleur grecque, il se glisse un coin, un arrière-fond peut-être de mœurs et d’intérêt moderne, on n’aurait eu qu’à le suivre dans ses analyses.

1676. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Mme Roland juge sévèrement Kersaint dans ses Mémoires ; elle n’aimait pas en lui certaines habitudes de mœurs du gentilhomme ; mais nous, postérité, nous aimons à marier leurs noms généreux, consacrés dans la même cause.

1677. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Son adoption était un retour à la liberté et aux mœurs.

1678. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Il sentait bien qu’en dépit de tout les anciens étaient beaux : mais il s’obstinait à démontrer qu’ils avaient la noblesse, la politesse, de bons principes, de bonnes façons, tout l’extérieur enfin et le fond des « honnêtes gens », et il ne se rendait pas compte que de les défendre ainsi et se montrer incapable de se déprendre des mœurs et du goût de son siècle en ces matières, c’était une autre façon d’être « moderne », mais c’était être aussi « moderne » que les plus acharnés détracteurs de l’antiquité.

1679. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Manuel qui tenta d’enfermer dans de petits tableaux, discrètement teintés d’émotion, les mœurs du peuple parisien, les scènes de la rue et de l’atelier ; mais l’idéalisme du poète le condamnait à dérober une partie de ses modèles derrière la noblesse de son propre sentiment.

1680. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Les Allemands disent de Jean Paul qu’il réunit les qualités les plus diverses, à la fois poète, philosophe, naturaliste, peintre de mœurs.

1681. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Aussi, tandis que la prédication de mœurs ne subit guère que des diversités de style, il faut que la prédication d’enseignement et de controverse, souple autant que l’ignorance, subtile autant que l’erreur, imite leur puissante versatilité, et les pousse, avec des armes sans cesse renouvelées, dans les bras de l’immuable vérité.

1682. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Après les premiers temps de la conquête musulmane, il arriva en effet que les chefs et gouverneurs des provinces orientales, les feudataires les plus éloignés de Bagdad, siège du Califat, tendirent à s’émanciper, et, pour se donner de la force, ils cherchèrent à s’appuyer sur le fond des populations, et particulièrement sur la classe des propriétaires ruraux, qui, dans tout pays, sont naturellement attachés aux vieilles mœurs.

1683. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Elle le jugea du premier coup d’œil, le prit en dégoût, le quitta, essaya par moments de se remettre avec lui, en trouva l’ennui trop grand, et finit par se passer avec franchise toutes les fautes et les inconséquences qui pouvaient nuire à la considération, même en ce monde de mœurs relâchées et faciles.

1684. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Est-ce un gentilhomme sincèrement converti à l’égalité démocratique des mœurs modernes ?

1685. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

En 1738, par exemple, au moment où Mme de Graffigny tomba à Cirey, Voltaire était dans une de ces crises et de ces quintes littéraires qui « altéraient tout à fait la douceur charmante de ses mœurs ».

1686. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Mais ce n’était pas assez : le père de Frédéric, estimable de près à bien des égards, n’était pas respecté de loin ; sa modération même et la simplicité de ses mœurs lui avaient nui.

1687. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

La voilà donc à dix-sept ans (1652), dans sa première fleur de beauté, mariée à un mari infirme et qui ne pouvait lui être de rien, au milieu d’une société joyeuse et la moins scrupuleuse de propos comme de mœurs : il lui fallut tout un art précoce et un sentiment vigilant pour se faire considérer et respecter de cette jeunesse de la Fronde.

1688. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Ainsi, ces discours, qui devinrent plus châtiés, plus académiques, et qui firent un genre à part, du moment qu’ils se prononcèrent en public, sont une des nouveautés qu’on doit à Perrault, et une de ces nouveautés qui sont assez dans les mœurs françaises pour avoir gardé de leur attrait au milieu de tous les changements qui se sont succédé depuis2.

1689. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

« Elle a des mœurs à l’escarpolette », écrivait Louville au duc et à la duchesse de Beauvilliers.

1690. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Chlewaski qui lui avait demandé ce que c’était que le livre des Voyages d’Anténor, Courier répond que c’est une sotte imitation d’Anacharsis, c’est-à-dire d’un ouvrage médiocrement écrit et médiocrement savant, soit dit entre nous : Je crois, ajoute-t-il, que tous les livres de ce genre, moitié histoire et moitié roman, où les mœurs modernes se trouvent mêlées avec les anciennes, font tort aux unes et aux autres, donnent de tout des idées fausses, et choquent également le goût et l’érudition.

1691. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Il semblait que la nature eût voulu assortir ses formes et ses traits à ses mœurs et à ses occupations.

1692. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Brunetière donnant l’occasion de clarifier quelques notions : « Il faut bien admettre que, ainsi des mœurs et des modes, les formes poétiques se développent et meurent, qu’elles évoluent d’une liberté initiale à un dessèchement, puis à une inutile virtuosité ; et qu’alors elles disparaissent devant l’effort des nouveaux lettrés préoccupés, ceux-ci, d’une pensée plus complexe, par conséquent plus difficile à rendre au moyen de formules d’avance circonscrites et fermées.

1693. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

* *   * Bourgeois, fils de bourgeois, appartenant à cette classe moyenne qui fut si longtemps la maîtresse de nos destinées, Émile Augier ne pouvait pas, sans angoisses, assister à la rapide et inévitable dispersion de cette élite, oublieuse des vertus et des efforts passés, engourdie dans son bien-être et dissipant, en moins de deux générations, le patrimoine d’honneur, de travail, de modestie dans les goûts, de pureté dans les mœurs, légué par les ancêtres.

1694. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ajoutez à ces causes la dépravation des mœurs, ce goût effréné de galanterie universelle qui ne peut supporter que les ouvrages du vice, et qui condamnerait un artiste moderne à la mendicité, au milieu de cent chefs-d’œuvre dont les sujets auroient été empruntés de l’histoire grecque ou romaine.

1695. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Simple dans sa mise, correct dans ses mœurs, il a pour idéal le Beau dans le Bien et cherche à conformer ses actes avec ses théories.

1696. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Une seule chose peut l’en empêcher, c’est que la Chine est un Empire, et même un Empire d’un certain despotisme, et que des femmes comme Mme Stern, des femmes de cette virilité fière, doivent à la forte décence de leurs mœurs, de ne parler que des Républiques !

1697. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

J’ai parlé de l’enlevante et amusante peinture de la société et des mœurs chinoises, au premier volume de cette histoire, mais je crois supérieure encore la peinture de la société athénienne après la mort de Socrate, lors de l’invasion chez les Grecs de la Comédie nouvelle, dont Ménandre fut le poète comique, Ménandre, si compromis par les éloges des grammairiens.

1698. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Saint-Simon a les mœurs extérieures de son temps, qui créa peut-être l’hypocrisie, cet hommage que le vice rend à la vertu, mais qui, ayant l’inconvénient, a les avantages, la dignité dans le langage et dans la conduite, la convenance, la gravité.

1699. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

C’est comme Alceste est de la cour de Louis XIV, dont il gourmande si vertement les mœurs.

1700. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Infaillible, permanente et universelle, prolongement de l’Incarnation et deux fois Rédemptrice, car elle sauve les âmes et dix fois elle a sauvé l’Humanité civilisée de la Barbarie, l’Église est encore plus étonnante pour le simple historien que pour le mystique, seul pouvoir qu’on ait jamais vu donner des résultats aussi fulgurants que celui-ci : sur dix-neuf siècles et deux cent cinquante-cinq papes, il n’y en a que dix qui furent accusés de mauvaises mœurs, et que trois sur les dix contre qui l’accusation est convaincante.

1701. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Ces singuliers caméléon s, qui renvoient des couleurs plus brillantes au prisme de leur temps que celles qu’ils en reçoivent, se teignent le plus souvent de quelque passion de leur époque, qu’ils n’auraient certainement pas eue s’ils étaient venus plus tôt ou plus tard… Milton, le chantre de la Révolte, est d’un temps où les mœurs étaient régicides.

1702. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Si la mode est la même, faut-il en dire autant des habitudes et des mœurs ?

1703. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Études sur les moeurs religieuses et sociales de l’Extrême Orient, p. 413-416.

1704. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Il y a eu quelquefois des réputations, quoiqu’en petit nombre, qui choquaient les mœurs et les idées générales dominantes dans un pays ; c’était comme un aveu involontaire et forcé, que certaines qualités brillantes arrachaient à ceux même qui étaient le plus loin de les partager : mais quand le mérite d’un grand homme se concilie parfaitement avec les préjugés, le caractère et les penchants d’un peuple, alors sa célébrité doit augmenter, parce que l’amour-propre de chaque citoyen protège pour ainsi dire la réputation du prince ; et c’est ce qui arriva à Henri IV.

1705. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Dans Colomba, Mérimée, Européen cultivé qui présente à des Européens cultivés, amateurs à la fois ironiques et badauds d’émotions fortes et de vie intense, les mœurs primitives de la Corse, a placé comme délégué de ses lecteurs et de lui-même le colonel anglais et sa fille. […] Quelques mois après, comme je me trouvais encore en Italie, les journaux retentissaient de comptes rendus d’un procès intenté à Marinetti, à d’autres futuristes aussi peut-être, pour outrages à je ne sais plus quoi, les mœurs je crois. […] Maurras, Lasserre, Benda, ont utilisées pour une critique des mœurs et qui flottaient à l’état épars, dans la pensée française, depuis 1850. […] La littérature va ici à l’encontre des mœurs. Les mœurs et même les lois, qui permettent à l’homme de « s’amuser », le défendent à la femme.

1706. (1881) Le naturalisme au théatre

Rien n’est singulier comme la formation de ces deux mondes si tranchés, le monde littéraire et le monde vivant ; on dirait deux pays où les lois, les mœurs, les sentiments, la langue elle-même, offrent de radicales différences. […] C’est l’époque même, ce sont les mœurs, les tendances des esprits, la marche de toutes les connaissances humaines, qui transforment l’art dramatique, comme les autres arts. […] Taine, le sol même, les mœurs, les moments historiques, la race et les facultés maîtresses. […] Seulement, cette trinité de l’auteur, du directeur et de l’acteur réunis en une seule personne, n’est pas dans nos mœurs, et tous les essais qu’on a pu tenter de nos jours ont échoué misérablement. […] Car les faits sont là, ce qui a pris le public, ce sont les scènes entre Guillaume et Ursule, c’est la peinture de ce monde ouvrier, étudié dans ses mœurs et dans son langage.

1707. (1908) Après le naturalisme

Mais aujourd’hui, tant d’arrivisme est dans les mœurs et tant de gloire et de profits échoient à ceux que pare le titre d’écrivain, qu’on ne veut pas être privé de ces avantages. […] Sa vie, expliquons-nous sur ce point, réside dans le succès qu’elle rencontre auprès de la multitude intelligente — et par succès, nous entendons non pas la faveur seule qui s’attache aux œuvres, mais l’influencé qu’elles portent dans les mœurs. […] On eut bien effrayé les enthousiastes de 1830 en leur définissant leur rôle social théorique et même le rôle exact qu’ils jouèrent parmi leurs semblables — eux qui s’imaginaient n’en remplir aucun, ne toucher à rien des mœurs.

1708. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Dans la démocratie qui s’organise autour de nous, et dont nous n’apercevons que les principaux traits, il y aura, de plus en plus, entre la littérature et les mœurs, des rapports étroits. […] Elle prouve que l’Académie, quoi qu’en disent les méchants, ne se croit pas quitte envers les écrivains, lorsqu’elle leur a décerné quelques billets de banque en déclarant que leurs ouvrages sont utiles aux mœurs. […] Mais, parfois, lorsqu’il est de retour parmi nous, il s’amuse, par une opération inverse, à démêler, dans les actes de ses contemporains, la survivance des mœurs et des coutumes de l’homme primitif. […] L’Année sainte est pleine de détails sur la société et les mœurs des deux derniers siècles ; ce vaste répertoire est, de plus, un document inappréciable pour quiconque veut étudier de près la vie d’un monastère, voir l’intérieur de ces âmes qui, rebelles aux joies du monde, déçues par l’amour des créatures, effrayées par le néant de tout ce qui passe, ont cherché, dans la retraite et la méditation, une beauté immuable, une éternelle vérité. […] Le Français ne sort plus de son boulevard, où il voit tout à son image : on s’en aperçoit tristement dans ces contrées reculées dont nous avons oublié le chemin et où notre langue, nos mœurs, nos idées perdent chaque jour du terrain au profit des peuples voyageurs. » Déjà il visait à l’efficacité pratique ; il jugeait que tout écrivain a charge d’âmes ; et, depuis qu’il est revenu du pays des croisades, il n’a pas cessé de tendre à l’action.

1709. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Durant ces troubles, quelques-unes d’entre elles, moins avancées dans la corruption et les lumières, s’élèveront sur les débris des premières, pour devenir à leur tour la proie de leurs dissensions et de leurs mauvaises mœurs : alors les premières nations tombées dans la barbarie en émergeront de nouveau et reprendront leur place sur le globe ; ainsi de suite dans une révolution sans terme. » Scepticisme politique et pessimisme social, voilà où en est Chateaubriand vers 1795, par esprit de contradiction aux idées contemporaines. […] Il en resterait ce qui ne vient pas directement de l’antiquité et ne s’y rattache point, la littérature politique et philosophique, l’Essai sur les mœurs, le Contrat social, l’Encyclopédie ; mais nous savons que c’est là (sauf exception pour Montesquieu) ce que Chateaubriand déteste de la haine la plus vigoureuse. […] Son influence sur les mœurs a été considérable, à ce point qu’il les a touchés en leur source, au fond de l’âme.

1710. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Elle habitait d’ordinaire à Colombier, à une lieue de Neuchâtel ; elle observa les mœurs du pays avec l’intérêt de quelqu’un qui n’en est pas, et avec la parfaite connaissance de quelqu’un qui y demeure. […] Je venais de voir dans Sara Burgerhart 220 qu’en peignant des lieux et des mœurs que l’on connaît bien, l’on donne à des personnages fictifs une réalité précieuse.

1711. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Or, durant quatorze années que j’ai vécu dans l’armée, ce n’est qu’en elle, et surtout dans les rangs dédaignés et pauvres de l’infanterie, que j’ai retrouvé ces hommes de caractère antique, poussant le sentiment du devoir jusqu’à ses dernières conséquences, n’ayant ni remords de l’obéissance ni honte de la pauvreté, simples de mœurs et de langage, fiers de la gloire du pays, et insouciants de la leur propre, s’enfermant avec plaisir dans leur obscurité, et partageant avec les malheureux le pain noir qu’ils payent de leur sang. […] Ses opinions politiques étaient au fond monarchiques, mais ses mœurs, aristocratiques avant tout.

1712. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Prenez ce télescope qui rapproche les âges et qui vous introduit dans les mœurs de ce temps, comme le télescope d’Herschel vous introduit dans le monde supérieur des astres et des nébuleuses du septième ciel ! […] Michel-Ange, que ses années devaient rendre plus sage, les convie à une véritable orgie, qui donne une idée des mœurs licencieuses de l’époque.

1713. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Walckenaer me semble avoir touché avec trop peu de ménagement cette partie de la vie et des mœurs de Virgile. […] Et en acceptant même sur son compte les quelques anecdotes assez suspectes que les anciens biographes ou grammairiens nous ont transmises, et qui intéressent ses mœurs, on y trouverait encore ce qui répond bien à l’idée qu’on a de lui et ce qui le distingue à cet égard de son ami Horace, de la retenue jusque dans la vivacité du désir, quelque chose de sérieux, de profond et de discret dans la tendresse.

1714. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Le caractère ou les mœurs, c’est ce qui distingue les gens qui agissent et permet de les qualifier ; et l’esprit, c’est l’ensemble des discours par lesquels on exprime quelque chose, ou même on découvre le fond de sa pensée. « Ainsi, l’on peut compter dans toute la tragédie six éléments qui servent à déterminer ce qu’elle est et ce qu’elle vaut : ce sont la fable, les mœurs ou caractères, le style, l’esprit ou les sentiments, le spectacle et la mélopée.

1715. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

XXXI Quant aux mœurs des deux peuples combattant par leurs chevaliers, elles sont barbares dans le combat et chrétiennes dans les négociations, et après la victoire, l’honneur que nous croyons une fleur de vertu moderne, y dépasse presque les habitudes des armées de nos temps. […] Les mots sanscrits dont le dialecte allemand est étymologiquement composé ne laissent pas de doute à cet égard ; ainsi mœurs, langage, histoire tout concorde pour faire restituer à l’Allemagne féodale et primitive le caractère oriental qu’elle a conservé jusqu’à nos jours.

1716. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

La politique, rabaissée dans le voyage de Lilliput aux débats d’une fourmilière, disparaît devant la calme sagesse des habitants de Brobdingnag et de ce roi philosophe qui, prenant dans sa main et caressant doucement le panégyriste éloquent des institutions et des mœurs de l’Angleterre, lui dit, sans émotion, que d’après ses propres peintures, « la plupart de ses compatriotes sont la plus pernicieuse vermine à qui la nature ait jamais permis de ramper sur la surface de la terre ». […] Mais l’île des Houyhnhnms est l’abîme où l’humanité s’engloutit tout entière ; les arts, les lois, les mœurs, la religion, la raison même, tout succombe ; la beauté s’avilit, l’amour fait horreur, et après cette universelle dégradation de tout ce qui peut occuper, charmer, élever l’homme sur la terre, on n’est plus surpris de voir le voyageur qui est rejeté parmi le genre humain, au sortir d’une telle épreuve, se voiler la face et refuser de voir des hommes.

1717. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

En fait de mœurs inouïes, de cupidités sans nom, de mépris de toutes les choses jusque-là respectées, de perversité et même de bêtise, ces roués canailles ont vaincu les roués grands seigneurs. […] Elle, en effet, voulut faire de nous des Grecs et des Latins d’idées et de mœurs, par l’imitation littéraire.

1718. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Il y a une morale statique, qui existe en fait, à un moment donné, dans une société donnée, elle s’est fixée dans les mœurs, les idées, les institutions ; son caractère obligatoire se ramène, en dernière analyse, à l’exigence, par la nature, de la vie en commun. […] C’est dans les mœurs, dans les institutions, dans le langage même que se déposent les acquisitions morales ; elles se communiquent ensuite par une éducation de tous les instants ; ainsi passent de génération en génération des habitudes qu’on finit par croire héréditaires.

1719. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Il tient à former Joinville, à le fortifier dans la foi en même temps qu’à lui donner tous les bons conseils de civilité, de régime et de mœurs, qui pouvaient convenir à un jeune homme comme il faut d’alors.

1720. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Bonne et fidèle amie, sûre, vraie, droite, aisée à prévenir et à choquer, fort difficile à ramener ; grossière, dangereuse à faire des sorties publiques ; fort Allemande dans toutes ses mœurs, et franche ; ignorant toute commodité et toute délicatesse pour soi et pour les autres, sobre, sauvage et ayant ses fantaisies.

1721. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Dans ces volumes agréables et d’une lecture variée, Beyle parlait de la peinture et de mille autres choses, de l’histoire, du gouvernement, des mœurs.

1722. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Je remarquerai seulement qu’en Angleterre, la vie privée est plus close, plus abritée, mieux encadrée dans son ensemble, plus conforme par son esprit aux mœurs générales de la race et de la nation ; ainsi ornée et préservée, ainsi à demi enveloppée de son mystère comme le cottage l’est dans ses roses ou comme un nid dans le buisson, elle prête davantage à cette douce et poétique ferveur qu’elle inspire et dont on vient de voir tant de purs exemples.

1723. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Parlant de cette patrie excellente de Voiture : « Il n’est rien, disait-il, qui sente mieux le sel attique ou l’urbanité romaine. » Girac allait plus loin, il voyait dans quelques-unes des lettres de Voiture un caractère moral assez marqué pour qu’on pût se représenter une image de l’âme de l’auteur, de ses mœurs, de son esprit plaisant et doux, de son agréable liberté de parole ; il citait comme exemple quelques-unes des lettres adressées à M. d’Avaux, et celle entre autres où il parlait de la duchesse de Longueville faisant diversion et lumière au milieu des graves envoyés germaniques au congrès de Munster.

1724. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Cet affaiblissement ou adoucissement graduel, tant de mœurs que de croyance, se fit de plus en plus sentir après la décapitation du parti par Richelieu, et cette disposition des esprits, sagement appréciée de Mazarin dans ce qu’il appelait le petit troupeau, aurait dû l’être davantage par Louis XIV ; car il s’ensuivait l’idée et la pratique possible de la tolérance.

1725. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Elle n’eut rien, quant aux mœurs, de ce qu’on est convenu d’attribuer en propre au xviiie  siècle, et M. de Meilhan qui s’y connaissait, dans le portrait presque enthousiaste qu’il a tracé d’elle sous le nom d’Arsène, a pu dire en toute vérité : La jeunesse d’Arsène n’a point été troublée par les passions ; c’est dans le temps des erreurs et de la dissipation qu’elle a cultivé son esprit et exercé son courage par les privations et sa patience par les contrariétés.

1726. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il fallait, à l’exemple de Montesquieu, considérer les révolutions qui sont arrivées dans les mœurs, dans la politique, dans la religion et dans les arts, en établir la réalité, en chercher les causes, en marquer les moments, en un mot, peindre les hommes comme vous l’aviez promis, et non peindre quelques hommes, comme vous l’avez fait.

1727. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

c’est un si bon homme… « Pour le reste, disait Chapelain, il a de la naissance et aurait les mœurs commodes, si l’amour excessif de la louange ne le perdait et ne l’étranglait. — Ce serait un bonhomme, disait-il encore, s’il n’était point si cupide de gloire et si jaloux de tous ceux qui en ont acquis par leurs ouvrages, surtout en fait de traduction. » Dans tous ces passages, et dans d’autres que je supprime, Chapelain n’a pas manqué de bien saisir et de noter cette faculté (dirai-je heureuse ?)

1728. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Nous arrivons donc un jour avec lui sur l’heure de midi, à cette fameuse Chartreuse dont il nous fait un magnifique tableau pour la grandeur des bâtiments, pour y hospitalité opulente et toutes les choses du dehors, et sur laquelle il nous apporte un véridique et saisissant témoignage en ce qui est des mœurs et des sentiments cachés.

1729. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

On est trop heureux d’être oublié de ceux dont on dédaigne les mœurs, dont on croit le cœur incapable de bonté, de reconnaissance et d’amitié.

1730. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Fromentin ne se borne pas, dans ses Voyages, à l’expression directe du pays ; il s’inquiète de l’historique, du passé, des mœurs et du naturel des habitants, du caractère différent et individuel de ceux qu’à première vue on est porté à confondre.

1731. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Elle avait vu de beaux pays, découvert toutes sortes de nouveautés, de mœurs, d’idées, de costumes.

1732. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

L’admiration presque excessive et légendaire qu’on a pour le Catinat final est fondée sur cette idée qui, pour être vulgaire, n’en est pas plus fausse, que d’ordinaire « les honneurs changent les mœurs. ».

1733. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

En parlant des amours de ce temps-là, des amourettes de sa jeunesse, je regrette qu’il en prenne occasion (tome 1, page 43) de déclamer contre les amourettes de ce temps-ci : il invoque même contre les mœurs nouvelles des autorités bien imposantes, — celle d’un célèbre directeur de l’École normale. — Je ferai remarquer que, quand on a été jeune en 1814 et qu’on parle de la jeunesse de 1864, on n’est pas très en position de comparer par soi-même et de mesurer exactement la différence qu’il peut y avoir entre les deux jeunesses.

1734. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

La religion, les mœurs, si nécessaires pour attirer la bénédiction de Dieu et pour contenir les peuples, ne sont pas oubliées ; enfin je suis dans la joie de mon cœur, et prie Dieu qu’il vous conserve ainsi pour le bien de vos peuples, pour l’univers, pour votre famille et pour votre vieille maman que vous faites revivre. (16 juin 1774.) » Elle y mêle de sages avis, de ne rien précipiter, de tout voir de ses propres yeux, de ne rien changer à la légère ni par un premier entraînement.

1735. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

. — « Les traits, a dit La Bruyère, découvrent la complexion et les mœurs », et il ajoute : « mais la mine désigne les biens de fortune ».

1736. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Pour ne pas nous perdre ici en des apologies de détail dont le lecteur n’a que faire, nous poserons tout d’abord un principe, et ce principe est celui-ci : Il faut avoir l’esprit de son âge, dit-on : cela est vrai en avançant ; mais surtout et d’abord il faut en avoir la vertu : des mœurs et de la pudeur dans l’enfance, de la chevalerie, de la chaleur de conviction et de la générosité de pensée dans la jeunesse.

1737. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

» Vingt-cinq ans avant la Révolution, il n’était pas rare d’en voir quinze ou vingt « tomber dans une ferme pour y coucher, intimider les fermiers, et en exiger tout ce qu’il leur plaisait »  En 1764, le gouvernement prend contre eux des mesures qui témoignent de l’excès du mal760 : « Sont réputés vagabonds et gens sans aveu, et condamnés comme tels, ceux qui, depuis six mois révolus, n’auront exercé ni profession ni métier, et qui, n’ayant aucun état ni aucun bien pour subsister, ne pourront être avoués ni faire certifier de leurs bonnes vies et mœurs par personnes dignes de foi… L’intention de Sa Majesté n’est pas seulement qu’on arrête les vagabonds qui courent les campagnes, mais encore tous les mendiants, lesquels, n’ayant point de profession, peuvent être regardés comme suspects de vagabondage. » Pour les valides, trois ans de galères ; en cas de récidive, neuf ans ; à la seconde récidive, les galères à perpétuité.

1738. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Toutefois, pendant notre période classique, surtout en son milieu, l’exotisme se glisse avec une discrétion relative dans les âmes et dans les mœurs.

1739. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Aphrodite versa la volupté sur ses membres, et elle alluma dans son sein « les désirs qui lassent les jeunes corps ». « Hermès » — dit le vieux poète dont les idées sur la femme sont celles de l’Oriental qui l’enferme comme une belle bête malfaisante, — « lui inspira l’impudence de la chienne, et les mœurs furieuses, les flatteries et les perfidies ».

1740. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Les révoltes individuelles, les protestations isolées, retomberont toujours, impuissantes, au pied de ces barrières inflexibles qui ont leurs racines dans le fond des mœurs et dans l’instinct de conservation de la société.

1741. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Elle a un tort pourtant comme toutes les femmes de cette école de Rousseau : elle ne parle pas seulement de sa sensibilité et de ses grâces, elle parle de son caractère, de ses principes, de ses mœurs et de sa vertu.

1742. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il est à présent à l’école ; mais comme ici on ne songe pas à former les mœurs ou les manières des jeunes gens, et qu’ils sont presque tous nigauds, gauches et impolis, enfin tels que vous les voyez quand ils viennent à Paris à l’âge de vingt ou vingt et un ans, je ne veux pas que mon garçon reste assez ici pour prendre ce mauvais pli ; c’est pourquoi, quand il aura quatorze ans, je compte de l’envoyer à Paris… Comme j’aime infiniment cet enfant, et que je me pique d’en faire quelque chose de bon, puisque je crois que l’étoffe y est, mon idée est de réunir en sa personne ce que jusqu’ici je n’ai jamais trouvé en la même personne, je veux dire ce qu’il y a de meilleur dans les deux nations.

1743. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Cette idée aventureuse, qui tentait Jeanne, de s’en aller guerroyer en France, avait transpiré malgré elle, et déplaisait fort à son père, honnête homme et de bonnes mœurs, qui disait qu’avant d’être témoin d’une telle chose, il aimerait mieux voir sa fille noyée, ou la noyer de ses propres mains.

1744. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Plusieurs la regardèrent avec admiration : tous avouèrent que, dans la gravité et la douceur de ses yeux, on connaissait la grandeur de sa naissance et la beauté de ses mœurs.

1745. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Ce vieux chevalier de Saint-Louis avait, en effet, des idées philosophiques et politiques ; il était de son siècle par les idées, sinon par les mœurs.

1746. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Dans les premiers articles qu’il donnait une fois par semaine dans les gazettes du lieu, il s’efforçait de polir les mœurs, les usages, de corriger les mauvaises et inciviles habitudes, la grosse plaisanterie, les visités trop longues et importunes, les préjugés populaires superstitieux et contraires aux bonnes pratiques.

1747. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker réfutât l’idée d’un catéchisme purement moral qu’elle venait de proposer, lui décerna le prix récemment fondé pour l’ouvrage le plus utile aux mœurs.

1748. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

9º comment les habillements, les mœurs, les usages ont-ils changé ?

1749. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Les mœurs étaient dures et presque farouches.

1750. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

C’est le vieux bourgeois de Paris, non le bourgeois badaud comme l’Étoile, notant jour par jour ce qui se passe dans la rue ; non le bourgeois railleur et frondeur comme Gui Patin, qui se dédommage dans les lettres familières du décorum des fonctions officielles ; non le bourgeois pédant et esprit fort comme Naudé, qui fait le politique parce qu’il a été le secrétaire d’un cardinal italien ; non le bourgeois naïf et licencieux, comme la Fontaine, qui flâne en rêvant ; — c’est le bourgeois parlementaire, né près du palais de justice, ayant jeté aux orties le froc de la basoche, mais ayant conservé le goût des mœurs solides et des sérieuses pensées, le bourgeois demi-janséniste, quoique dévoué au roi, aimant Paris, peu sensible à la campagne, détestant les mauvais poètes et les fausses élégances des ruelles et des salons, peu mondain, indifférent aux femmes, et par cela même un peu gauche, un peu lourd, mais franc du collier.

1751. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Cette explication est démentie en outre par la plus forte de toutes les raisons, par l’expérience, car on ne voit pas qu’il y ait une liaison nécessaire entre les doctrines et les mœurs, et l’on a vu trop souvent en philosophie de graves erreurs soutenues par des hommes d’une conduite irréprochable.

1752. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Il s’agit de Saints dans ce livre, tout aussi original de christianisme que de talent ; car, dans ce temps de mœurs incrédules et superficielles, le Christianisme entendu à cette profondeur semble une prodigieuse originalité.

1753. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

A d’autres, l’admission loyale des éléments extérieurs paraît pratiquement impossible. « Vous ne ferez jamais que des éléments hétérogènes se combinent, nous disent-ils ; il ne faut attendre aucune fécondité du contact de races ou d’individus tout à fait divergents. » Mais les races les plus distantes l’une de l’autre par leur histoire, leur passé, leur situation, leurs mœurs n’ont-elles pas un caractère commun, qui les relie malgré tout, celui d’humanité ?

1754. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Les chefs-d’œuvre ont leur âge ingrat, — ceux du moins où l’observation de mœurs en partie transitoires tient une certaine place. […] » Il faut que nos mœurs soient d’une étrange veulerie pour que je me croie obligé de formuler la première question, et pour qu’on ait pu contester à Olivier le droit d’empêcher le mariage de l’intelligente et hypocrite courtisane avec le loyal et candide Raymond de Nanjac. […] Mais, en quittant cette farce canaque de Monsieur de Pourceaugnac pour la Vie parisienne, je sens plus vivement l’esprit de grâce et de douceur dont le théâtre de Meilhac et d’Halévy est tout pénétré, et je me réjouis de la variété des génies, et je me félicite de la gentillesse de nos mœurs. […] (Car ce que M. de Bornier nous montre, ce sont bien plutôt encore les mœurs du onzième et du douzième siècle que celles du temps de Charlemagne. ) Le château fort du comte Amaury ressemble à un couvent, et les pages y mènent une vie de novices. […] Et elle constatera avec satisfaction, l’intègre postérité, que nos mœurs sont allées s’adoucissant.

1755. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Mais on y garde une âpre fidélité aux anciennes mœurs. […] » Et il continue : « Français, non contents de nous avoir ravi tout ce que nous chérissions, vous avez encore corrompu nos mœurs !  […] En plus d’une rencontre, les Mémoires du général de Gelder complètent par un trait de mœurs, rapidement saisi, habilement noté, ce que nous savons par les autres témoins. […] Que faisait-il, aux haltes, en dehors des moments où il étudiait les mœurs des indigènes et les habitudes des colons ? […] D’ailleurs, la simplicité de ces mœurs patriarcales est souvent exquise.

1756. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Et le peintre ressuscité regagne le vieux moulin du père Barent où il illustrera sur ses toiles le décor réconfortant du pays et les mœurs de ceux qui l’entourent. […] * * * À côté de ces écrivains au tempérament bouillant, dont le coloris brutal éblouit souvent, la Belgique possède des romanciers ou conteurs, d’origine wallonne pour la plupart, d’un caractère autrement paisible, qui peignent avec des tonalités moins sanguines les paysages plus aimables, les mœurs plus douces de leur contrée. […] La comédie de mœurs, de mœurs légères, trouve en Francis de Croisset un bien aimable représentant. […] Et, plus tard encore, que n’a-t-on dit de la phrase brisée de La Bruyère et de son observation impitoyable, succédant à la période cicéronienne et aux critiques de mœurs toutes générales des sermonnaires ?

1757. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Les Allemands disaient que toute nation, toute période, toute civilisation a son idée, c’est-à-dire son trait principal, duquel tous les autres dérivent ; en sorte que la philosophie, la religion, les arts et les mœurs, toutes les parties de la pensée et de l’action peuvent être déduites de quelque qualité originelle et fondamentale de laquelle tout part et à laquelle tout aboutit. […] Ils ont fondé l’Angleterre à travers la corruption des Stuarts et l’amollissement des mœurs modernes, par l’exercice du devoir, par la pratique de la justice, par l’opiniâtreté du travail, par la revendication du droit, par la résistance à l’oppression, par la conquête de la liberté, par la répression du vice. […] La philosophie qui a produit et conduit la révolution était simplement destructive, proclamant pour tout Évangile « que les mensonges sociaux doivent tomber, et que dans les matières spirituelles suprasensibles, il n’y a rien de croyable. » La théorie des droits de l’homme, empruntée à Rousseau, n’était « qu’un jeu logique, une pédanterie, à peu près aussi opportune qu’une théorie des verbes irréguliers. » Les mœurs en vogue étaient l’épicurisme de Faublas.

1758. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

. — La liaison établie, l’habitude de société que le cardinal eut jusqu’à la fin avec la princesse de Santa Croce, et dont quelques voyageurs ont fait la remarque, n’avait rien qui choquât dans les mœurs romaines.

1759. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Il reconnaît n’avoir point eu les éléments ni les informations nécessaires pour écrire une telle histoire : celle qu’on doit chercher dans son livre n’est donc que « l’histoire des hommes et des mœurs ».

1760. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Mais on voit quelle nature suave et pure c’était que Saint-Martin, jeune officier au régiment de Foix, à l’âge de vingt-trois ans, et quel contraste il faisait avec les mœurs et les sentiments de son siècle.

1761. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il le dit et le redit, comme un bon citoyen qui s’en alarme, comme un homme qui en souffre, d’une manière pénétrée et touchante : il discerne un principe de mort, à travers cet esprit qui scintille, sous cette politesse méchante et glacée : J’en reviens au progrès des mœurs.

1762. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Né à Montrejeau dans la Haute-Garonne, en 1773, d’une bonne famille bourgeoise à mœurs patriarcales, il avait dix-neuf ans, avait fait ses études au collège de Tarbes, et était destiné par ses parents à l’état ecclésiastique, lorsque, la société changeant subitement de face, la levée en masse le saisit.

1763. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Ici, où vous n’apprenez pas seulement la langue avec facilité et rapidité, mais où vous pouvez aussi voir sur quels éléments elle repose ; notre sol, notre climat, notre manière de vivre, nos mœurs, nos relations sociales, notre constitution, votre esprit emportera tout cela en Angleterre. » C’était à un Anglais qu’il parlait.

1764. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Mais c’est par d’autres côtés plus considérables qu’il apparut dans cette Chambre de 1815 ; il avait tous les titres pour se faire écouter d’elle, son passé, sa fidélité éprouvée et constante pour la cause royale, la gravité de ses mœurs et l’autorité de son accent.

1765. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Ces livres, qui marquent une date et un genre, gagnent à être feuilletés et relus après des années : ce sont des témoins de mœurs.

1766. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

La scène où don Diègue remet à Rodrigue son épée et sa vengeance a d’ailleurs toute la vigueur et même la crudité de ton que comportent nos mœurs : « Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel affront ; Meurs ou tue………. » Le mot est d’une assez belle rudesse, la seule qu’une oreille française pût supporter.

1767. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Haag, la France protestante, à l’article Jean-Bon Saint-André, je trouve cette remarque sur la Relation qu’il a donnée de sa captivité : « Elle n’est pas sans intérêt, y est-il dit ; elle renferme des détails curieux sur le caractère et les mœurs des Turcs ; mais il nous semble qu’un homme tel que Jean-Bon, qui avait traversé sans sourciller le règne de la Terreur, aurait dû être plus endurci aux contrariétés et aux privations.

1768. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Guttinguer avait publié vers 1828, Amour et Opinion, les mœurs de l’époque impériale, celles de 1815, étaient déjà bien exprimées : élégie de fin d’Empire, écrite par un ex-garde d’honneur, où les personnages sont de beaux colonels et des généraux de vingt-neuf ans, de jeunes et belles comtesses de vingt-cinq ; où la scène se passe dans des châteaux, et le long des parcs bordés d’arbres de Judée et de Sainte-Lucie : en tout très-peu de Waterloo. — Mais Arthur est le vrai, le seul roman de M.

1769. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

La pureté du goût antique passa dans sa manière et produisit, en se mêlant à son cynisme de caserne et à ses mœurs quelque peu hussardes, un contraste des plus singuliers et des plus piquants.

1770. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

On s’arrache un mot de moi comme une faveur ; on ne parle que de ma réputation d’esprit, de bonté, de mœurs.

1771. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

La peinture du monde clérical, dans le Lutrin, manque de profondeur psychologique : mais trouvez au xviie  siècle une représentation de mœurs ecclésiastiques plus exacte et plus vivante.

1772. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Le consentement universel est signe pour lui de vérité : si trente siècles et dix peuples ont adoré Homère, c’est que ces siècles, ces peuples ont reconnu la nature dans Homère ; et il y a chance qu’elle y soit, si tant d’individus si différents de mœurs et de goût l’y ont vue.

1773. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Amours passionnées, sacrifices sublimes, mœurs et décors Aristocratiques, voilà les éléments essentiels du roman romanesque, et vous les retrouverez dans les délicieuses histoires de M. 

1774. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Molière a donc cette fois la véritable initiative, il aborde la critique des mœurs contemporaines, il y exerce son propre esprit d’observation, il est lui-même et doit fort peu aux autres.

1775. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Elle nia que, hors l’observation directe de la nature et des mœurs, il y eût rien de valable.

1776. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Toute rudesse primitive tombe comme une vieille écorce de cette nouvelle souche ; ses mœurs, ses arts, sa religion même font peau neuve.

1777. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Quand il philosophe et quand il spécule, quand il se détourne de l’étude des mœurs vers la métaphysique abstraite ou sociale, M. 

1778. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

[NdA] On cite quelquefois une phrase de Huet comme ayant un air de prophétie ; elle est dans son Histoire du commerce et de la navigation des anciens, qu’il écrivait sous le ministère de Colbert ; il parle des Russes, qu’on appelait encore Moscovites : « Que s’il s’élevait parmi eux quelque jour, dit-il, un prince avisé qui, reconnaissant les défauts de cette basse et barbare politique de son État, prît soin d’y remédier en façonnant l’esprit féroce et les mœurs âpres et insociables des Moscovites, et qu’il se servît, aussi utilement qu’il le pourrait faire, de la multitude infinie de sujets qui sont dans la vaste étendue de cette Domination qui approche des frontières de la Chine, et dont il pourrait former des armées nombreuses ; et des richesses qu’il pourrait amasser par le commerce, cette nation deviendrait formidable à tous ses voisins. » Je ne donne pas la phrase comme bien faite, mais elle est curieuse et prouve que Huet, avec un tour très latin en français, est capable, plus qu’on ne croirait, d’un sens très moderne.

1779. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

M. de Pontmartin, qui se croit des principes, est dans le rôle et dans la coterie jusqu’au cou ; il est légitimiste par état, comme d’autres sont orléanistes ; il est homme de ce beau monde qui se pique d’être moral sans pratiquer les mœurs, et de professer la religion sans aller toujours à confesse.

1780. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il fait sentir jusqu’à l’évidence qu’il est des choses qu’on ne refait ni à la main ni après coup ; qu’on ne change point les habitudes et les mœurs d’une nation à l’aide de trois ou quatre articles de loi.

1781. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

comme, après la lecture de ces pages bigarrées, toutes tachées encore de boue et de sang, et convulsives, image vivante (jusque dans les meilleurs endroits) du dérèglement des mœurs et des âmes, comme on sent le besoin de revenir à quelque lecture judicieuse où le bon sens domine, et où le bon langage ne soit que l’expression d’un fonds honnête, délicat, et d’une habitude vertueuse !

1782. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

En ces cent années il s’est fait une assez grande révolution dans l’ordre et le gouvernement de la société, dans l’ensemble des mœurs publiques, pour que l’existence et la vie que menait cette petite reine fantasque nous semble presque comme un conte des Mille et Une Nuits, et pour qu’on se dise sérieusement : « Était-ce donc possible ? 

1783. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

La reine mère, Anne d’Autriche, jalouse de l’amitié de son fils que lui ôtait Madame, trouvait fort à redire, au nom des mœurs, à une telle intimité : pour la mieux entretenir et pour la couvrir, il fut convenu entre Madame et Louis XIV que le roi ferait l’amoureux de quelqu’une des filles d’honneur de la princesse, ce qui lui serait un prétexte naturel à se mettre de toutes les parties et à venir à toutes les heures.

1784. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

On a un bel article d’André Chénier, inséré dans le Journal de Paris (12 février), qui venge les mœurs, la langue et le goût, également outragés dans cette ridicule et révoltante préface de l’éditeur magistrat.

1785. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Nos mœurs littéraires (sans être excellentes) sont devenues, j’aime à le remarquer, plus convenables et plus dignes.

1786. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

C’est de la sorte que l’art adoucit les mœurs, et c’est également ainsi qu’il affaiblit le patriotisme, le lien de nationalité.

1787. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Les mœurs de ces cours tragiques étant données, du moment que Hamlet, par la révélation du spectre, connaît le forfait de Claudius, Hamlet est en danger.

1788. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Voltaire n’est ni un poëte lyrique, ni un poëte comique, ni un poëte tragique ; il est le critique indigné et attendri du vieux monde ; il est le réformateur clément des mœurs ; il est l’homme qui adoucit les hommes.

1789. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Quand on éveille la jalousie par un grand talent, il ne faut pas prêter le flanc du côté des mœurs.

1790. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

À quoi bon apporter ma pelletée à ce tas de descriptions qu’ont amoncelées — dans notre époque d’Études de mœurs — les romanciers qui énumèrent un individu bouton par bouton, ridicule par ridicule ?

1791. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Les anciens se donnaient là-dessus beaucoup plus de liberté que nous, qui, en bannissant de nos mœurs la délicatesse, l’avons portée jusqu’à l’excès dans nos écrits et dans nos discours.

1792. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

La démocratie, de 1786 à 1789, c’est Louis XVII C’est le faible Louis XVI, comme on dit, qui a intronisé cette manière de gouverner que pratiqua la Convention, et qui consiste à vouloir réaliser de haute lutte un système de choses antipathiques aux populations, à leurs préjugés, à leurs mœurs.

1793. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Les Mœurs religieuses et sociales de l’Extrême-Orient, 1885, p. 80.

1794. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Ainsi parut épuisée cette littérature si forte dans sa surabondance, tour à tour enthousiaste et moqueuse, prodiguant à pleines mains la poésie et concentrant avec précision la pensée, capable de tout, même d’un correct et ingénieux bon sens, si aventureuse dans son théâtre, et classique avec tant de grâce dans les vers de don Luis de Léon, si admirable enfin, pour la peinture des mœurs et la vie de l’histoire, dans Cervantès, dans Quevedo, dans Hurtado de Mendoza.

1795. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Mais quand ces situations, ces vices, ces infamies, se transposent de la vie à l’art, et quittent la réalité quotidienne pour s’incorporer, même atténuées, dans une œuvre de pure imagination, alors ils s’indignent vertueusement et protestent, au nom des grands principes, contre la possibilité que de telles mœurs soient vraies, ou même plausibles. […] Peut-être, objecterez-vous, que, depuis ce temps, les mœurs politiques, en Russie, sont devenues plus douces et qu’elles marquent enfin un progrès notable sur celles du Dahomey. […] Comment cela est-il possible que des supplices physiques comme ceux dévolus à Oscar Wilde, soient encore tolérés dans les mœurs judiciaires d’aujourd’hui ? […] me dit-il, non sans tristesse, une tristesse douce et résignée qui met une jolie mélancolie dans la gaieté de ses yeux noirs… Et je ne reconnais plus le Dahomey… Il semble que je vis maintenant en un pays inconnu et décoloré, soumis à des lois stupides et à des mœurs barbares. […] Et j’en étais réduit à souhaiter que revinssent les époques plus douces, plus tolérantes de la tyrannie politique et de l’inquisition religieuse, puisque, sous un régime de libre discussion, il est formellement interdit à des hommes libres d’exercer un droit que les lois consacrent il est vrai, mais que les mœurs, plus fortes que les lois, abolissent.

1796. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

On n’obéit vraiment, du fond du cœur, on n’obéit activement qu’au mystérieux, qu’à des forces obscures et puissantes, mœurs, coutumes, préjugés, état général des esprits et des âmes, qui nous enveloppent, nous pénètrent et nous animent, à notre insu. […] C’est un caprice national. — Dans les mœurs ? […] Quand il vous dit que le christianisme a réparé et comme créé la moralité humaine, parce que les mœurs dépendent de la femme, et que la femme date du christianisme, quel aperçu profond ! […] « Cette inamovibilité les charges, les mœurs l’avaient étendue à presque tous les emplois ; … tout était possédé à titre d’office (encore une fois, il y a du vrai, mais c’est trop dire), tout était propriété. […] Je dirai peu de chose du livre de l’Allemagne considéré comme étude du caractère et des mœurs du peuple allemand.

1797. (1922) Gustave Flaubert

» Du Camp et lui avaient rapporté d’Égypte un gros cahier sur les mœurs musulmanes, rapsodie notée des conversations d’une sorte de drogman payé trois piastres l’heure. […] Madame Bovary, mœurs de province, cela tombait sous leur contrôle direct. […] en France, dans notre belle France, en province, là où les mœurs sont si pures ! […] La Revue et Flaubert furent poursuivis pour outrages aux bonnes mœurs. […] » Il avait conscience d’avoir écrit, au-dessus des « mœurs de province », le grand roman complet, balzacien et parisien, que réclamait son époque et qui s’imposait à l’art de cette époque.

1798. (1898) Essai sur Goethe

Peut-être sentent-ils que là est leur point faible : dans ces délicates choses, que ne règlent ni les codes, ni peut-être même les mœurs, qui donc n’a jamais erré ? […] Séparés par la qualité de leur génie autant que par leur race, ils semblaient deux grands monarques régnant sur des pays voisins, dont diffèrent le climat, les paysages, les lois, les mœurs, les habitants : l’égalité de leur puissance les rapproche, crée entre eux un lien, du moins pour les yeux qui les observent d’en bas. […] Les mœurs en étaient simples, le gouvernement patriarcal. […] Remarquez encore l’influence toute bienfaisante qu’exerce sur le fougueux poète l’âme tranquille de la princesse, l’art savant dont elle use pour le modérer, pour retenir sa passion dans les limites que prescrivent les mœurs et sa faible santé. […] On n’offense pas les mœurs impunément.

1799. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Nous naissons dans le nôtre, nous en prenons les mœurs et les idées, nous l’aimons ; à vivre dans le suivant, même sans vieillesse, nous serions douloureusement choqués. […] Et, bien entendu, Daudet rêve aussi de romans de mœurs contemporaines. […] Imposant et fort majestueux en public, il avait dans son intérieur une simplicité qui ne laissait pas d’être un peu de la négligence, mais qui agréait à ce peuple ami des mœurs patriarcales. […] Je ne saurais flétrir avec trop d’indignation le crime de lèse-patrie qu’il a commis dans les abominables pages sur Paris que je viens de résumer, en les atténuant par une pudeur que vous comprendrez ; mais je ferai remarquer qu’on n’étudie bien que ce que l’on étudie avec sympathie, et que cette anglomanie, si coupable qu’elle soit au point de vue moral, était une excellente condition pour pénétrer un peu les mœurs anglaises et pour nous en faire un tableau fidèle. […] Et je m’aperçois que je n’ai pas parlé de toute une partie de ce roman qui est bien intéressante encore pour l’étude des mœurs anglaises.

1800. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

; on n’a pas écrit une page remplie de gros mots et d’obscénités qu’il ne faille la qualifier d’étude de mœurs. […] Ce n’étaient même plus les mœurs sentimentales de la monogamie chrétienne qui disaient : Non ! […] Autrement la promiscuité et les alliances qui existent de toute éternité dans les familles de lapins resteraient, pour la postérité, le spécimen humiliant de nos soi-disant « mœurs contemporaines ». […] La science ne doit pas devancer les mœurs. […] L’auteur, qui sait tout voir et bien voir, nous initie aux détails journaliers des mœurs anglaises contemporaines.

1801. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Cette décadence de Louis XIV, où la corruption pour éclater n’attendait que l’heure, faisait encore une société bien spirituelle, bien riche d’agréments ; cela était surtout vrai des femmes et du ton ; le goût valait mieux que les mœurs ; on sortait de Saint-Cyr, après tout, on venait de lire La Bruyère. […] Mes parens m’ont souvent raconté des détails curieux sur ces anciennes mœurs.

1802. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Cette pension, connue sous le nom de la Maison Vauquer, admet également des hommes et des femmes, des jeunes gens et des vieillards, sans que jamais la médisance ait attaqué les mœurs de ce respectable établissement. […] Ainsi, à l’exception de l’abbé Prévost qui n’eut d’autre modèle que la nature, et de Chateaubriand, dans René, qui n’eut d’ivresse que celle du sentiment, presque tous les romanciers français suivirent servilement les mœurs de l’époque et n’écrivirent que pour un jour.

1803. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Combien plus dans nos sociétés modernes, où les mœurs et la religion lui ont rendu son rang, et où l’union de la beauté morale et de la beauté physique compose l’idéal de la femme ! […] L’ambition dans une cour où les mœurs en font une sanglante intrigue, et où la mort violente est au bout de tous les desseins, c’est tout Acomat.

1804. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Elle veut le changement, et, dût-elle toujours le prendre pour le progrès, de quel droit lui ôteriez-vous le seul aiguillon qui pousse les nations en avant, et qui produit cette succession d’époques, de mœurs, de formes sociales dont la variété fait la beauté même de la nature humaine ? […] Lui en donner des portraits vivants, dans un récit tout plein des usages, des mœurs, du beau ciel de la Grèce, c’était tout ensemble graver plus avant dans son esprit les beautés de ces grands poètes, et lui enseigner la vie par des images qui lui étaient familières.

1805. (1879) À propos de « l’Assommoir »

On dirait même que, plus tard, entièrement dominé par sa pensée philosophique, obéissant sans réserves à son désir de peindre les mœurs dans toute leur crudité, M.  […] Je suis descendu, j’ai parcouru, à travers un ennui noir et une répugnance écœurante, cet égout collecteur des mœurs et de la langue, enjambant, à chaque pas, des ruisseaux fangeux, des tas de linge sale humés avec ivresse par leurs ignobles brasseuses, Et ce que Bec-Salé vomit sur son chemin.

1806. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Scènes se passant à Paris, scènes se passant à Constantinople, scènes se passant sur le Nil, scènes d’hypocrisie européenne, scènes sauvages du huis-clos de là-bas, et noyade et tête coupée pour un soupçon, une mauvaise humeur : une œuvre qui ressemblerait assez bien, selon sa comparaison, à ces bateaux qui ont sur le pont, à l’avant, un Turc habillé par Dusautoy, et à l’arrière, sous le pont, le harem de ce Turc, avec ses eunuques et toute la férocité des mœurs du vieil Orient. Flaubert s’éjouit et se gaudit à la peinture de toutes les canailles européennes, grecques, italiennes, juives, qu’il ferait graviter autour de son héros, et il s’étend sur les curieux contrastes que présenterait, çà et là, l’Oriental se civilisant, et l’Européen retournant à l’état sauvage, ainsi que ce chimiste français qui, établi sur les confins de la Libye, n’a plus rien gardé des mœurs et des habitudes de sa patrie.

1807. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

En s’appliquant à la composition de ses tragédies historiques indépendamment de toute règle factice, en combinant l’étude sévère et la passion, la fidélité à l’esprit, aux mœurs et aux caractères particuliers de l’époque, et les sentiments humains généraux s’exprimant dans un langage digne et naturel, Manzoni ne faisait autre chose que réaliser avec originalité le vœu déjà ancien de son ami, et donner la vie poétique aux idées qu’ils avaient autrefois agitées ensemble. […] Tous deux s’accordaient à reconnaître que, dans un système de roman, il y a lieu d’inventer des faits pour développer des mœurs historiques : « Or, c’est là, répliquait Manzoni, c’est là une ressource très-heureuse de cette poésie qui, comme je vous le disais, ne veut pas mourir ; la narration historique lui est interdite, puisque l’exposé des faits a, pour la curiosité très-raisonnable des hommes, un charme qui dégoûte des inventions poétiques qu’on veut y mêler, et qui les fait même paraître puériles ; mais rassembler les traits caractéristiques d’une époque de la société et les développer dans une action, profiter de l’histoire sans se mettre en concurrence avec elle, sans prétendre faire ce qu’elle fait mieux, voilà ce qui me paraît encore réservé à la poésie, et ce qu’à son tour elle seule peut faire. » Nous ne croyons pas trop nous tromper en résumant de la sorte l’opinion du poëte. […] L’homme de goût, l’homme délicat et sensible se retrouvait jusque dans l’érudit en quête du fond et dans l’investigateur des mœurs simples. […] Charlemagne, de son vivant, avait donné Louis le Débonnaire à l’Aquitaine comme roi particulier, et le pays, toujours prompt, se réparait déjà sous le gouvernement de ce jeune roi, qui en avait assez adopté d’abord les mœurs et l’esprit.

1808. (1891) Esquisses contemporaines

L’auteur ne l’ignore pas et se contente de moins : « Il n’est pas absurde de penser, dit-il, que la difficulté sociale pourrait trouver dans quelque réforme des mœurs une imparfaite solution, la seule qu’elle comporte… Le salut social exige un changement volontaire dans la conduite individuelle, une révolution morale ; mais cette révolution n’est pas en dehors de toutes les analogies de l’histoire. […] Notre éducation, nos mœurs, nos idées, nos lois et nos constitutions, tout ce que nous faisons et tout ce que nous sommes porte l’empreinte indélébile au coin de laquelle, si longtemps, fut frappée l’âme de nos ancêtres. […] Il est devenu membre, lui aussi, de cette « aristocratie d’un ordre particulier, dont les mœurs complexes n’ont pas encore eu leur peintre définitif. […] L’abbé Taconet en avait toujours imposé à Claude par un de ces caractères irréprochables qui contrastent trop avec la bassesse des mœurs courantes pour que leur seule existence ne constitue pas un blâme constant au regard d’un enfant du siècle, perdu de vices et affamé d’idéal, comme était l’écrivain. […] Nous ne connaissons plus la religion, mais des religions ; la morale, mais des mœurs ; les principes, mais des faits… Et par là même quelle merveilleuse entente de l’histoire !

1809. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Un homme que recommandaient de rares vertus et une haute capacité politique, du moins aux yeux de ceux qui ne sont pas assez aveugles pour méconnaître dans leurs adversaires les qualités qui les honorent, M. de Serre, en 1820, au progrès alors un peu menaçant peut-être de l’esprit de liberté, s’écriait avec un accent pathétique : « La démocratie coule à pleins bords. » Un homme que recommandaient des vertus tout aussi pures et une capacité tout aussi haute, et qui y joignait une intelligence admirable du temps présent, lui répondait : « Si par démocratie vous entendez le progrès toujours croissant depuis quelques siècles de l’industrie, des arts, des lois, des mœurs, des lumières, j’accepte une pareille démocratie ; et, pour ma part, loin de blasphémer mon siècle, je remercie la Providence de m’avoir fait naître à une époque où il lui a plu d’appeler un plus grand nombre de ses créatures au partage des vertus, des mœurs, des lumières, naguère réservées à quelques-uns. » Je vous gâte, messieurs, les belles paroles de M.  […] Ôtez à chacun des individus dans lesquels se divise un peuple, l’identité de langue, de mœurs, de religion, d’art, de littérature, d’idées, vous leur enlevez, avec le lien qui les unit, le fonds même sur lequel ils vivent et qui les fait être ce qu’ils sont. […] La patrie n’est pas le sol en lui-même, c’est l’idée, c’est le sentiment qu’expriment pour tous et le sol qu’ils habitent, les institutions, les lois, la religion, les mœurs, les préjugés même dont ils sont imbus dès l’enfance. […] Enfin le peuple français lui-même, délaissé par la royauté qui ne l’employait plus, par la noblesse qui ne lui donnait plus l’exemple, par le clergé qui lui enseignait languissamment des croyances qu’il ne soutenait plus de l’autorité de ses mœurs, le peuple français était arrivé à un état déplorable de corruption, que trahit assez le succès de ces ouvrages qui circulaient alors dans toutes les classes et y portaient le poison d’une immoralité systématique. […] À côté de la vieille Autriche s’élevaient dans le nord deux empires nouveaux, nés à la voix du génie, jeunes, et par conséquent pleins d’avenir, pénétrés de l’esprit nouveau, et en même temps absolus dans leur forme et militaires dans leurs mœurs.

1810. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Un corps bien rédigé des lettres de Gui Patin n’offrirait pas seulement un tableau de l’histoire de la médecine durant cinquante ans : on y verrait un coin très étendu des mœurs et de la littérature avant Louis XIV.

1811. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

La physionomie du vieillard décèle l’histoire de ses mœurs.

1812. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

C’est, qu’ils ne sont pas polis comme était notre ami, que je soutiens toujours qui l’était, malgré ceux qui n’ont que la politesse des paroles. » L’admiration de Marais pour l’auteur de ce curieux Dictionnaire historique, où la part des faits et celle des réflexions sont en effet distinctes, n’allait pas cependant jusqu’à lui passer l’article David où l’érudit s’était par trop émancipé en malices, et où il avait donné carrière à un certain libertinage d’esprit qui calomniait ses mœurs.

1813. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

« J’admirai, continue Rancé, la simplicité de cet homme, et le mettant en parallèle auprès des grands dont l’ambition est insatiable, et qui ne trouveroient pas de quoi se satisfaire quand ils jouiroient de toutes les fortunes, plaisirs et richesses d’ici-bas, je compris que ce n’étoit point la possession des biens de ce monde qui faisoit notre bonheur, mais l’innocence des mœurs, la simplicité et la modération des désirs, la privation des choses dont on se peut passer, la soumission à la volonté de Dieu, l’amour et l’estime de l’état dans lequel il a plu à Dieu de nous mettre. » Ce sont là (suivant l’heureuse expression de Dom Le Nain) de ces premiers coups de pinceau auxquels le grand Ouvrier se réservait d’en ajouter d’autres encore plus hardis pour conduire Rancé à la perfection.

1814. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Ce détail infini des intentions et des motifs divers ne donne, selon lui, que le temps avec sa couleur particulière, avec ses mœurs, ses passions et quelquefois ses intérêts ; mais les circonstances déterminantes des grands événements sont ailleurs, et elles ne dépendent pas de si peu ; la marche de la civilisation et de l’humanité n’a pas été laissée à la merci des caprices de quelques-uns, même quand ces quelques-uns semblent les plus dirigeants.

1815. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Il eut du Chaulieu dans ses mœurs, dans sa vie de bénéficier assez licencieux ; son tour exquis, railleur, ne rappelle pas mal cet autre abbé poëte, Mellin de Saint-Gelais.

1816. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Ses mœurs n’étaient pas moins respectables que son génie.

1817. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Je trouve sur la même liste Jean-Jacques Rousseau pour ses Confessions, une œuvre de courage, où se mêle sans doute une veine de folie ou de misanthropie bizarre, mais production à jamais chère à la classe moyenne et au peuple, dont elle a osé représenter pour la première fois les misères, les durs commencements, les mœurs habituelles, les désirs et les rêves de bonheur, les joies simples, les promenades au sein de la nature, sans en séparer jamais l’espérance en Dieu ; car, à celui-là, vous ne lui refuserez pas, je le pense, de croire en Dieu, d’y croire à sa manière, qui.à l’heure qu’il est, est celle de bien des gens.

1818. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Les estampes431 représentent dans une chaumière délabrée deux enfants, l’un de cinq ans, l’autre de trois, auprès de leur grand’mère infirme, l’un lui soulevant la tête, l’autre lui donnant à boire ; le père et la mère qui rentrent voient ce spectacle touchant, et « ces bonnes gens se trouvent alors si heureux d’avoir de tels enfants qu’ils oublient qu’ils sont pauvres »  « Ô mon père432, s’écrie un jeune pâtre des Pyrénées, recevez ce chien fidèle qui m’obéit depuis sept ans ; qu’à l’avenir il vous suive et vous défende ; il ne m’aura jamais plus utilement servi. » — Il serait trop long de suivre dans la littérature de la fin du siècle, depuis Marmontel jusqu’à Bernardin de Saint-Pierre, depuis Florian jusqu’à Berquin et Bitaubé, la répétition interminable de ces douceurs et de ces fadeurs  L’illusion gagne jusqu’aux hommes d’État. « Sire, dit Turgot en présentant au roi un plan d’éducation politique433, j’ose vous répondre que dans dix ans votre nation ne sera plus reconnaissable, et que, par les lumières, les bonnes mœurs, par le zèle éclairé pour votre service et pour celui de la patrie, elle sera au-dessus des autres peuples.

1819. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Alexandre n’était point méchant, mais ses mœurs étaient dépravées par l’amour ; il fit de Florence le sérail de ses plaisirs ; il corrompait ou séduisait les femmes ou les filles des plus illustres maisons de la capitale.

1820. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Mais de plus, Jean de Meung a le sens de la vie, surtout, il faut le dire, de la vie basse et ignoble : il peint grassement les mœurs de la canaille.

1821. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il a trouvé dans les institutions, les opinions, les mœurs, depuis la façon de s’habiller jusqu’à la morale et la religion, le plus universel, épouvantable et grotesque conflit qui se puisse imaginer.

1822. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

La révolution était mûre alors ; elle était déjà faite dans les mœurs : tout le monde voyait une flagrante contradiction entre les idées nouvelles, créées par le xviiie  siècle, et les institutions existantes.

1823. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Nous discuterons la pièce en la racontant : elle débute bien, et dans un beau cadre, moitié féodal et moitié champêtre, où la bonne odeur des vieilles mœurs se mêle à un parfum de nature.

1824. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

. — « M. de Malesherbes, lui disait Louis XVI, vous et moi avons ici le ridicule de tenir aux mœurs du vieux temps ; mais ce ridicule ne vaut-il pas mieux que les beaux airs d’aujourd’hui ? 

1825. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Disons notre pensée bien sincère : ces désordres, ces turpitudes de mœurs se retrouveraient de tout temps ; les meilleures époques sont celles où elles se dérobent.

1826. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Né en 1762 à Constantinople, d’une mère grecque, nourri d’abord en France sous le beau ciel du Languedoc, après ses études faites à Paris au collège de Navarre, il essaya quelque temps de la vie militaire ; mais, dégoûté bientôt des exemples et des mœurs oisives de garnison, il chercha l’indépendance.

1827. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Pourquoi nous, la France, si rayonnante, si intellectuellement diffuse, si envahissante par nos idées, nous une nation d’une si grande déteinte sur tout le monde, pourquoi subissons-nous sur toutes nos frontières la langue et les mœurs de nos voisins.

1828. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Arrivé dans la ville de Tcheou-Sou, avec des lettres de recommandation pour le mandarin qui lui faisait les honneurs des curiosités de la ville, il lui demandait d’être mis en rapport avec quelque femme galante de la localité, étant venu, lui disait-il, pour étudier les mœurs du pays.

1829. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

La chose a eu lieu après juillet, dans un temps de douces mœurs et de progrès, un an après la célèbre lamentation de la Chambre sur la peine de mort.

1830. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Étalages de princes, de « monarques », et de capitaines ; du peuple, des lois, des mœurs, peu de chose ; des lettres, des arts, des sciences, de la philosophie, du mouvement de la pensée universelle, en un mot, de l’homme, rien.

1831. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

L’intrigue est naturelle, la scène animée par les actions qui s’y passent, les mœurs sentent l’antique ; le langage est noble & poétique sans être affecté, les personnages sont intéressans.

1832. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

XI : « Il pense et il parle tout à la fois ; mais la chose dont il parle est rarement celle à laquelle il pense ; aussi ne parle-t-il guère conséquemment et avec suite. » [Il s’agit du portrait de Ménalque ou le caractère distrait dans La Bruyère, Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle, « De l’homme », 7 (VI), éd.

1833. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Mais c’est vrai que le travail et le labeur normal font les mœurs et les courages, sans lesquels rien n’est possible et d’où naissent les supériorités, et je reconnais, je salue tout ce qu’il y a de réel et de bienfaisant dans cet orgueil de classe, dans cette piété du travail manuel qui rattachent l’enfant à la stabilité et l’empêchent de se jeter aux courants rapides.

1834. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Or, comment cette bizarrerie, nécessaire, incompressible, variée à l’infini, dépendante des milieux, des climats, des mœurs, de la race, de la religion et du tempérament de l’artiste, pourra-t-elle jamais être gouvernée, amendée, redressée, par les règles utopiques conçues dans un petit temple scientifique quelconque de la planète, sans danger de mort pour l’art lui-même ?

1835. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Ils croyaient avoir besoin d’adoucir ce qui s’éloignait trop de nos idées et de nos mœurs ; ils le voilaient, par discrétion, et le gâtaient un peu par zèle.

1836. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

(Et le plus fort c’est qu’avec les mœurs (politiques) actuelles dans les campagnes, dans les petites villes, et même dans les grandes, c’est vrai.) […] — La force de (la) grâce de Corneille est telle qu’elle n’effectue pas seulement cette célèbre purgation des passions que disaient, que voulaient les anciens ; cette purgation des caractères et des mœurs. […] Ce sont des mœurs et des coutumes toutes différentes. […] De ce deuxième parti vous serez, non plus seulement vous, Halévy, mais vous aussi, non point tout à fait aujourd’hui, j’y consens, mais de ce deuxième parti quelque jour vous aussi vous serez, ami lointain, cher entre tous, par l’amitié même, et comme en outre par l’éloignement ; vous en serez, homme jeune, plein de sang ; qui naguère maréchal-des-logis d’artillerie coloniale vous enivriez de la vitesse et de la force des batteries à cheval ; qui avez un sabre, et c’est pour vous en servir ; qui dans une maison glorieuse, (dans le siècle), de tant de gloire avez réintroduit l’antique gloire militaire ; et aussi l’antique gloire navale, l’antique gloire coloniale ; qui dans une maison glorieuse des travaux de la paix avez réintroduit la guerre et l’antique gloire guerrière ; vous en serez, homme jeune, jeune de sang, homme au cœur pur ; qui dans une maison laïque avez réintroduit la gloire antique, la première gloire, la gloire de la guerre ; grand enfant, grand ami, homme au grand cœur ; vous qui fondez des camps et qui fondez des villes ; artilleur ; colonial ; vous qui réveillant votre vieux sang breton, et votre vieux sang méditerranéen, et votre vieux sang de patience hollandaise nous restituez la vaillance antique aux héroïsmes des guerres mauritaniennes ; vous en serez ; Latin, Romain, Français vous qui de tous ces sangs nous faites un sang français et un héroïsme à la française ; Romain héritier des guerres numidiennes ; Français héritier des guerres jugurthiniennes ; artilleur héritier des antiques artilleries ; des balistiques romaines ; cavalier héritier des cavaleries antiques, des antiques Numides ; artilleur héritier des frondeurs baléares ; colonial héritier des colonies romaines ; et des autres colonies grecques ; fondateur héritier des fondateurs latins ; sous-lieutenant d’artillerie coloniale hors cadre, à Moudjéria, Mauritanie, par Saint-Louis, Afrique Occidentale Française, Grec héritier des colonies grecques ; gardien de notre culture, héritier, décuple héritier, héritier de toutes parts, vous qui savez ce que c’est que de fonder une ville ; ce qui était le métier d’Alexandre et le métier de César, fonder une ville où il n’y a rien ; grand ami ; qui avez voyagé comme Ulysse, et connu les mœurs de beaucoup d’hommes ; homme de grand soleil, homme aux yeux frais, au cœur émerveillé ; vous qui connaissez le désert, et l’oasis dans le désert ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a personne ; et ce que c’est qu’un pays où il n’y a rien ; et je ne peux plus revoir sans penser à vous cette esplanade des Invalides, d’heureuse mémoire, et le dôme ; et j’irai revoir la cour intérieure, la cour carrée, ce cloître militaire, si sévère et si juste ; aux arcades alignées, si régulièrement austères ; officier à la Courier, cet autre artilleur, qui dans votre cantine emportez du français ; car votre bibliothèque de campagne ne comprend que les Pensées de Pascal, les Sermons de Bossuet, le Règlement d’artillerie de montagne, la table des logarithmes de Dupuy, et un exemplaire de Servitude et Grandeur militaires auquel vous tenez, parce qu’il composait l’unique bagage littéraire du sous-lieutenant de cavalerie Violet, mort à l’ennemi ; qui sut si bien mourir à Ksar Teurchane en Adrar, l’an dernier ; il était je pense votre ami, l’un de vous, l’un de vos camarades, braves comme vous êtes tant, et vous étiez dignes l’un de l’autre ; et cinq autres petits livres que je n’ai pas le droit de nommer ; vous en serez de mon grand parti ami aux yeux clairs, au parler militaire, plus près du cœur encore et plus près de la pensée par cet éloignement constant, par cet éloignement qui recommence tous les deux ou trois ans ; gardé (intact) par cet éloignement même, par cette occlusion, par cette réclusion à distance, par cette réclusion libre ; qui dans un court séjour à Paris, un an, deux ans, passés comme un jour, demeuriez comme un roi, vous et vos canons, sous-officier demeuriez comme un roi dans notre grand palais de l’École Militaire, à deux pas de nos grandes Invalides ; et quand vous alliez à la manœuvre, par les clairs matins de Paris, levés bien de bonne heure pour des Parisiens, et quand vous en reveniez, à l’heure où nous autres civils ne sommes pas encore descendus du train, quand il y a un train, vos canons de 75, nos grêles canons modernes, si pertinents, un peu trop lourds toutefois pour vos batteries à cheval, pour vos batteries de cavalerie, pour vos batteries volantes, et comme nous le disons familièrement entre nous pour les volantes, vos canons de 75, si grêles, (d’aspect), réellement si solides et si incassables, défilaient respectueusement devant les canons monstrueux ; tous les matins, avant la soupe, dans la fraîcheur de l’aube, ces petits jeunes gens de canons modernes, ces gringalets de canons modernes au corps d’insecte, aux roues comme des pattes d’araignée, serrés à la taille, défilaient sous la gueule des canons monstrueux ; nos gringalets, nos freluquets ; et ces vieux anciens les canons monstrueux à ta porte accroupis, assis sur leur derrière, en rang de canons, alignés encore tout au long du beau terre-plein, derrière le fossé, comme pour une parade éternelle, avaient l’air de commander le défilé.

1837. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il faut du loisir, de l’élégance de mœurs, du superflu de temps et d’aisance pour les arts de l’esprit ; quand il n’y a plus de lecteurs, où sont les écrivains ? […] Ce phénomène fut l’émigration : cent mille familles françaises, l’élite littéraire de la nation par le rang, le nom, l’élégance, les mœurs, le langage, s’étaient dispersées dans toutes les cours et dans toutes les villes de la Suisse, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Angleterre, traînant avec elles la haine qu’elles portaient à la révolution et la pitié qui s’attache aux proscrits.

1838. (1888) Études sur le XIXe siècle

Sous prétexte que nous ne pouvons pas savoir ce qui se passe à l’intérieur de l’homme, que nous ne pouvons connaître de ses passions que les actes qui les manifestent, et point le mécanisme qui les gouverne, certains romanciers s’en tiennent de préférence à l’étude générale des mœurs ; leurs œuvres deviennent alors des sortes de livres d’histoire qui renseignent la postérité sur l’état moyen de la société beaucoup mieux que sur la façon de sentir particulière à leur génération. […] Pourtant, dès 1877, dans un volume de nouvelles intitulé Nodda, à coté de quelques exquises études se rattachant à son précédent courant d’idées, il publiait des croquis de mœurs villageoises qui montraient son talent sous un aspect inattendu. […] Verga a-t-il réussi à s’identifier avec des êtres aux mœurs primitives, aux sentiments simples ? […] Passion maudite, Mères pour rire et les Comédies de Vénus sont des pamphlets pour le moins autant que des romans ; et ce n’est pas seulement contre le peintre peut-être trop hardi de mœurs très vives que le public se souleva, c’est surtout contre le contempteur de la société établie et des idées reçues. […] Domenico Ciampoli, d’abord, qui s’est fait peintre de mœurs des Abruzzes, et a révélé dans Tresses noires et dans Diana un talent peut-être un peu confus, mais pittoresque et intéressant ; Mme Mathilde Serao, qui dégage peu à peu une personnalité fortement impressionnée par la lecture des romans français ; M. 

1839. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Que l’on se représente, au contraire, un Schopenhauer qui n’aurait pas été l’auteur de livres étonnants, et l’on n’aurait devant soi qu’un original repoussant que ses mœurs devaient exclure de toute société honnête et que son délire de la persécution désignait pour l’asile d’aliénés.

1840. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Il gouvernait les mœurs de son temps ; au contraire Iffland et Kotzebue se laissaient gouverner par les mœurs du leur ; ils n’ont pas su les franchir et s’élancer au-delà. […] Ce sont ces séjours en province, l’étude qu’il faisait des mœurs, des traditions, des caractères et même du langage, des patois de la province, qui permirent à Molière de mettre au théâtre des types si divers de provinciaux, gentilshommes prétentieux comme M. de Sotenville, ou gens de peu, comme l’huissier Loyal de Tartuffe ou les paysannes de Pourceaugnac. […] Il est mort, ce Grand Réformateur de tout le genre humain, ce Peintre des Mœurs, cet Introducteur des Plaisirs, des Ris et des Jeux, ce Frondeur des vices, ce redoutable Fléau de tous les turlupins ; et pour tout renfermer en un seul mot, ce Morne de la terre qui a si souvent diverti les dieux.

1841. (1932) Les idées politiques de la France

Reste en somme ceci, qu’en 1932, trente ans après l’année où Faguet consacrait le livre annuel du mois qu’il passait à Dinard à démontrer que la France est un des pays les moins libéraux de l’univers, que le libéralisme n’est pas français, et que lui Faguet n’avait jamais rencontré un Français qui fût libéral, si ce n’est quelques royalistes, la France nous apparaît comme le seul grand pays de l’Europe continentale (je laisse de côté les petits États) où le libéralisme des idées et des mœurs ait survécu. […] Une somme considérable de libéralisme religieux est passée, avons-nous dit, dans les mœurs, avec la séparation de l’Église et de l’État. […] Que le peuple puisse se prononcer directement sur des questions politiques et sociales, cette éventualité est exclue des mœurs politiques françaises depuis les plébiscites de Napoléon III. […] Comme le libéralisme dans la critique, dont il forme l’atmosphère naturelle, le traditionalisme garde sa place dans l’intelligence, dans les mœurs, dans la société, dans ce qu’on appelle la civilisation.

1842. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Ce père de Lamartine est un gentilhomme d’ancienne noblesse provinciale, avec tout ce que cela comporte de simplicité de mœurs et de vie patriarcale. […] Le bourgeois de chez nous est un homme d’ordre, de mœurs régulières ; rangé, méthodique, qui a le souci de ses intérêts, de son bon renom et de sa situation sociale. […] La jeune fille, il est très difficile de la peindre, parce que la grande réserve que lui imposent les mœurs fait qu’elle ne livre pas ses idées, ses sentiments, et parce qu’il y a chez elle forcément quelque chose d’indécis, d’incertain encore.

1843. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Mme  de Boufflers (mère de M. de Sabran) est loin encore de cet âge ; sa vivacité, cependant, sa mobilité, son piquant, sont du bon ancien temps, et n’ont rien à faire avec les mœurs du jour.

1844. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Il avait beaucoup voyagé et avait observé toutes les coutumes et les mœurs des divers pays ; il avait tout lu, et il procédait par citations, par autorités, comme au xvie  siècle.

1845. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

La seconde fondation Montyon, toute littéraire, est, aux termes du même testament, destinée à récompenser le Français qui aura composé et fait paraître le livre le plus utile aux mœurs.

1846. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Ses fils le voyaient à peine et ne l’interrogeaient pas ; ils n’auraient pas même osé lui adresser un culte direct : « Je n’ai jamais eu l’honneur, dit le marquis, père de Mirabeau, de toucher la chair de cet homme respectable. » Sa femme, par nature ou par obéissance, avait contracté les mêmes mœurs.

1847. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

On oublie que deux mille ans ont passé, et que des millions de barbares ont été colonisés avec leurs mœurs nouvelles pendant des siècles et des siècles en Italie et en Grèce.

1848. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

C’était en deux mots la poésie et l’art que Chateaubriand ramenait à la place de la rhétorique et de l’idéologie : c’était le sentiment de la nature et l’inquiétude de la destinée qu’il offrait comme thèmes d’inspiration, pour remplacer la description des mœurs de salon et la mise en vers de toutes les notions techniques.

1849. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Tous s’étudiaient à emprunter à l’antiquité ce qui y est plus particulièrement le fruit des mœurs des formes de la société civile et politique, des religions, du sol, tout ce qui la fait différer essentiellement des temps modernes, et en particulier de la France.

1850. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Calviniste dans sa jeunesse, avec les mœurs des pantagruélistes mangeur de viande en carême et incestueux, la grâce de Dieu et celle des doublons d’Espagne, dit la satire, l’a déterminé à signer la sainte Ligue.

1851. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Ce fut déjà une impression nouvelle et délicieuse, une première morsure au fruit défendu, une vraie échappée hors des mœurs philistines dont on a toujours quelque peine à se délivrer lorsqu’on échappe à peine aux régularités de l’existence familiale.

1852. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On me le peint encore, dans cette même demi-teinte à la fois fidèle et adoucie, arrivant tard à la littérature sérieuse, ne s’y naturalisant qu’avec effort ; s’en distrayant souvent ; s’essayant de bonne heure à des sujets de poésie plus ou moins imités de l’anglais, de l’allemand, à de petites pièces remarquables de ton et de coloris, mais où l’expression trahissait la pensée, et qu’il a corrigées et retravaillées depuis, sans les rendre plus parfaites et plus faciles ; « nature exquise pour l’intelligence, avec des moyens de manifestation insuffisants ; point d’amour-propre en tête-à-tête, humble aux observations dans le cabinet, douloureux et hargneux devant le public ; généreux de mœurs et désintéressé, mais faisant mille tours à ses amis et à lui-même. » D’un cœur ardent, passionné, d’un tempérament vif et amoureux, il avait un grand souci de sa personne et de tout ce qui mène à plaire.

1853. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Il saurait de plus, s’il me connaissait, que mes mœurs sont probablement beaucoup plus populaires et égalitaires que celles de beaucoup de républicains à enseigne.

1854. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Quand pourront les neuf Sœurs, loin des cours et des villes M’occuper tout entier, et m’apprendra des cieux, Les divers mouvements inconnus à nos yeux, Les dons et les vertus de ces clartés errantes Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?

1855. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

— des théâtres du Moyen Âge, qui exaltaient l’amour des choses saintes et resserraient l’union du peuple dans la communauté d’une même foi, et il n’a oublié qu’une seule chose : c’est que le théâtre, au Moyen Âge, avec ses Mystères et ses Légendes, n’était que la conséquence d’un état de sentiments et de mœurs qu’aujourd’hui il faudrait créer pour sauver la France et pour laquelle ni lui, Michelet, ni personne parmi ceux qui se targuent de la régénérer, n’apporte un moyen de salut nouveau, absolu, infaillible, et dont la Libre Pensée puisse dire : « Ceci est à moi, car je l’ai trouvé ! 

1856. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Elle rencontre un ouvrier paisible, de mœurs honnêtes, d’une intelligence médiocre, d’une force physique moyenne, qui gagne des journées passables ; elle suppute tout cela, elle discute le pour et le contre d’un établissement avec lui.

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