Ces dieux auxquels il ne croit pas, il les injurie continuellement, par une convention de rhétorique vraiment un peu trop prolongée. […] Jean Richepin a (surtout dans ses vers, fort supérieurs à sa prose) la sonorité, la plénitude, la couleur franche, le dessin précis, une langue excellente, vraiment classique par la qualité ; et il est le dernier de nos poètes qui ait, quand il le veut, le souffle, l’ampleur, le grand flot lyrique.
La comparaison de cette triple étude des émotions dans le règne animal, le progrès de la civilisation et le développement individuel, rendraient plus facile une analyse vraiment scientifique des phénomènes affectifs. […] Peut-être en esthétique n’y a-t-il qu’une seule méthode vraiment sérieuse et qui n’aboutit pas à l’illusion, en croyant tenir la vérité ?
L’homme qui a pu répéter avec une conviction dolente un tel rabâchage de disciple, d’enfant et de faible, était vraiment fait pour nous peindre, en se regardant, une de ces méprisables âmes à la suite. […] Il est vraiment impossible à quelqu’un d’impartial, à quelqu’un qui fait profession d’hostilité et contre les catholiques et contre les libres-penseurs de troupeau, à quelqu’un qui vit en dehors des temps et qui refuse de se mêler aux laideurs des luttes pratiques, de confondre l’orthodoxie de la pensée avec sa puissance ou avec sa faiblesse.
Les gens de lettres, ceux qui sont vraiment dignes de leur nom et de leur qualité, ont été de tout temps sensibles à certains procédés, à certains actes de prévenance et de délicatesse, à certaines choses faites à temps et d’une manière qui honore. […] Pourtant, il ne sera jamais indifférent à l’honneur d’un pouvoir établi d’avoir ou de n’avoir pas le sentiment de ce qui peut se rencontrer encore du côté de la littérature, et dans les âmes vraiment littéraires, de ressorts vifs et généreux.
Mais il n’y a rien de plus compliqué que les faits qui paraissent les plus simples au vulgaire, et pour parler de ces faits d’une manière vraiment sérieuse, il faut commencer par les décomposer : opération très-difficile et pour laquelle la physiologie n’est absolument d’aucun secours, je me trompe cependant en affirmant que l’auteur n’a pas de théorie sur la nature du génie. […] Mais il resterait à savoir si les idées qui se produisent dans ces circonstances sont vraiment des idées originales et profondes ou si ce ne sont pas de simples lieux communs, des réminiscences qui se réveillent avec une certaine vivacité sous l’empire de la fièvre, et qui étonnent les assistants par leur contraste avec les accidents antérieurs beaucoup plus que par leur valeur propre.
Quant à Montesquieu, le plus grand observateur politique des temps modernes, il n’a vraiment étudié de près que deux grandes formes politiques, la monarchie et le gouvernement mixte. […] On ne sympathise vraiment, les philosophes l’ont fait remarquer, qu’avec les sentiments qu’on a plus ou moins éprouvés soi-même.
Il faut vraiment toute la force, tout l’art de dissolvant du catholicisme pour parvenir à transformer ce centre rayonnant de la vie qu’est le cœur en un symbole aussi mesquin. […] La noble tentative qui a échoué au Panthéon par l’adjonction d’éléments dont l’inhéroïsme vraiment trop puéril vient détruire d’un seul coup la grandeur du symbole, cette tentative grandiose triompherait à Montmartre et y acquerrait une incontestable grandeur.
Mais j’étais vraiment le seul à l’éprouver, et, quoique ce soit un mot divin à ne pas profaner, il faut bien que je l’avoue la candeur la plus entière souriait sur le visage de l’enfant de quinze ans en train de s’approcher du lit, avec l’assiette de soupe fumante en équilibre entre ses doigts. […] Lavedan, le pittoresque de sa mise en scène, on serait pris de colère, ou tout au moins d’impatience, contre ces jeunes et vieux sots qu’a faits notre civilisation vraiment trop raffinée. […] C’est là que se trouvent des pages vraiment éloquentes, rien que par l’énoncé des faits ; c’est là qu’est la moralité de ce bon livre écrit par un homme assez jeune pour aimer les femmes, assez clairvoyant pour les connaître, les étudier et les absoudre. […] Un des moyens littéraires vraiment habiles de M. […] Est-ce vraiment un bien pour ceux chez qui ils portent leurs lumières ?
Vraiment il avait belle mine ce Valmajour, planté au milieu du cirque, sa taillole d’un rouge vif tranchant sur l’empois blanc du linge. […] Encore là, la scène était-elle placée tout autour de ce vieux Luxembourg d’autrefois, que la pépinière continuait et rendait vraiment champêtre. […] Après Milton, il faut aller jusqu’à Shéridan pour trouver un écrivain anglais vraiment grand. […] — Vraiment ! […] Comme si vraiment, il était rien de plus enivrant que la réalité récréée par un tempérament d’artiste !
Les exemples abondent qui témoignent en faveur de cette hypothèse, vraiment large et féconde. […] Cet affaiblissement de la volonté, habituel objet de l’étude des frères de Goncourt, c’est vraiment la maladie du siècle. […] Cette mémoire instinctive n’existe que pour des sens vraiment jeunes. […] L’action mène l’homme au réel, et le réel finit par le forcer à sentir vraiment. […] Il fallait que cette acuité du sens intime fût vraiment extrême et constante chez lui, car il demeura fidèle à ce funeste programme.
J’ai vu, j’ai reçu des lettres d’hommes, même les plus instruits d’ailleurs, des lettres pleines de sens ou de bonne information, et qui avaient de ces taches vraiment fâcheuses.
Si la propriété du langage est si fortement recommandée, c’est que par définition, et généralement, le mot propre est celui qui montre le mieux l’objet : là où il cesse de faire son office, où même il voile l’objet qu’il devrait montrer, au nom de cette même loi de propriété, il doit être repoussé : il cesse d’être, dans la circonstance, l’expression vraiment propre de l’objet.
Et, vraiment, cela purifie l’air, que souillent, à côté, les Zétulbés et les Sélikas.
« Une fois dans cette voie, il ne s’arrêta plus et même alla beaucoup plus loin que des Esseintes, car, avec des moyens restreints, il arriva à des résultats surprenants, vraiment.
Pour rester dans le domaine de la littérature, les grands hommes sont ceux qui apportent quelque chose de neuf et d’original ; ceux qui sont vraiment créateurs de formes, de sentiments, d’idées, de types, non encore réalisés ; ceux, comme dit le poète36, Dont les pas inventeurs ouvrirent les sentiers ; ceux ainsi qui devancent leurs contemporains, qui deviennent bientôt des modèles pour leurs admirateurs, qui sont le point de départ d’une longue vague d’imitation, précisément parce qu’ils ont été de puissants agents d’innovation.
Tels sont, comme je crois, ces Ecrivains qui pensent Que ce ne sont les lieux ou les astres qui dansent A l’entour de la terre ; ains que la terre fait Chaque jour sur son axe un tour vraiment parfait ; Que nous semblons ceux-là qui, pour courir fortune, Tentent le dos flottant de l’azuré Neptune, Et nouveaux, cuident voir, quand ils quittent le port, La nef demeurer ferme, & reculer le bord.
D’ailleurs, les esprits vraiment éclairés savent respecter les erreurs qui tiennent aux vérités les plus neuves, les plus grandes, les plus utiles, parce qu’ils sont plus capables d’apprécier la grandeur des obstacles & l’immensité de la carriere qu’il a fallu parcourir, même pour s’égarer ainsi.
Et en effet la beauté de ces douze mots est vraiment originale ; on ne peut rien reprendre dans leur sonorité et presque rien dans leur forme.
On ne peut guère pousser plus loin l’absorption ; les syllabes anglaises, surtout pour les deux noms propres, n’ont vraiment été qu’un prétexte sonore à composer des mots agréables.
C’est pour elle surtout qu’il travaille, parce que ce serait une gloire bien haute que l’applaudissement de cette élite de jeunes hommes, intelligente, logique, conséquente, vraiment libérale en littérature comme en politique, noble génération qui ne se refuse pas à ouvrir les deux yeux à la vérité et à recevoir la lumière des deux côtés.
Je vais te fournir les moyens de devenir vraiment riche. » Elle entre dans sa case et en ressort aussitôt : « Voici dit-elle le grigri que je t’ai promis ».
… Il faut vraiment, pour risquer pareille comparaison, que nous ayons perdu, depuis 1789, jusqu’à l’aristocratie de notre mémoire !
Ce qui m’y plaît c’est Villers, à qui je trouve vraiment beaucoup d’esprit, et je vous recommande de tirer parti de cet esprit cet hiver : il a toutes les idées du nord de l’Allemagne dans la tête. […] Je vous prie de l’aimer du bien qu’il me fait, ou plutôt du mal dont il me sauve. — J’ai trouvé ici Villers de Kant, qui est vraiment un homme d’esprit et intéressant par son enthousiasme pour ce qu’il croit bon et vrai. […] Il y avait tant de pensées et d’éloquence que ce serait vraiment dommage qu’une telle chose ne fût connue que de votre académie. […] Ce sera une telle émotion pour moi et les miens que vous voir — Je vous remercie des renseignements que vous m’avez envoyés ; mais vous avez ôté le nom de l’homme, de manière qu’il est impossible de lui écrire directement. — Croyez-vous que Mme Lyonne de Boyer ait vraiment envie de venir ici ? […] Peut-on écrire sans froideur à quelqu’un qu’on a vraiment aimé ?
L’excellente édition Delagrave doit-elle être considérée comme vraiment définitive ? […] Il ne compte vraiment pas assez avec le vouloir-vivre et se persuade trop aisément qu’un au-delà de souffrances résume tout ce qu’on peut redouter. […] » conclut Laeta, qui entonne ensuite un « cantique de la Vigne » vraiment digne de Bacchus. […] C’est un petit livre très distingué vraiment, et qui garde une valeur historique. […] Vous ai-je vraiment quitté ?
Qui ne connaît pas les nouvelles de Mme Sand l’ignore vraiment ou est exposé à la méconnaître dans l’étonnante souplesse de son art. […] Ce qui est vrai dans ce roman, ce qui est bien observé et vraiment beau, c’est l’effet de ce faux et mauvais amour sur Amaury. […] C’est le caractère des esprits vraiment supérieurs de se continuer sans se répéter et de savoir se renouveler. […] Qui de nous ou de Mme Sand se trouve le plus rapproché de M. de Lamennais, la seule intelligence vraiment philosophique qu’elle ait connue ? […] « Ouvrage très fort, très beau, disait-elle, mais qui n’a vraiment d’intérêt que pour les artistes et les érudits.
Que Denys d’Halicarnasse, grammairien subtil, signale dans un discours de Démosthène toutes les figures de la rhétorique ; ce qui loue vraiment l’orateur, c’est que l’auditeur ne les aperçoit pas, et n’y fait pas réflexion, et que ce qui est figuré lui paraît propre : il n’imagine point d’autre moyen de dire ce que l’orateur voulait dire.
Si tout n’était pas vanité, c’est alors que nous serions vraiment à plaindre.
C’est la que la popularité est vraiment un poison mortel à l’âme, un irrésistible opium.
« Tout chirurgien vraiment digne de ce nom doit avoir conscience de sa sagacité, de ses aptitudes.
Au point de vue esthétique, si imperméabilisation et prestidigitateur par exemple, manquent vraiment de beauté verbale, il y a moins d’objections contre beaucoup de leurs frères latins, et d’autres, fort nombreux, sont très beaux et très innocents7.
La troisième dispute de ce poëte, vraiment poëte, vint au sujet de ses parens.
Mais elle est vraiment insurmontable, si l’on considère avec Bodin les familles comme composées seulement des fils.
Quant à Philarète Chasles, il n’a vraiment pas sa place. […] Il est vraiment le vates. […] Sous ce rapport nos voisins sont vraiment d’une grande gaieté. […] Pour ce qui est vraiment fort, l’obscurité primordiale est un avantage. […] L’analyse est vraiment une piètre chose.
C’était le prince qui avait vraiment l’air heureux de me voir. […] Est-il vraiment bien possible qu’il ait, lui aussi, étranglé, assommé, massacré des vieilles femmes et des enfants ? […] Vraiment ces jeunes gens, si pleins de talent, sont tous fous. […] En lisant l’histoire de sa vie, on se demande s’il aimait vraiment la liberté, celui qui tint si peu à en jouir pour lui-même. […] » Et puis, la Mi-Carême est vraiment, pour elles, l’occasion d’une légitime absolution.
La science du moi, qu’on peut trouver quelquefois, non sans raison, trop abstraite et trop concentrée en elle-même, n’en est pas moins la base nécessaire, et la seule vraiment scientifique, d’une philosophie indépendante. […] Si au contraire ils sont vraiment versés dans les sciences et en parlent avec exactitude et précision, ce sont alors les connaissances philosophiques qui leur font défaut. […] Pour lui, l’idéal est l’objet d’une conception vraiment rationnelle. […] On estimait trop aisée la solution des grandes questions ; on acceptait sans les contrôler sérieusement des démonstrations vraiment insuffisantes. […] Encore faut-il bien distinguer la génération vraiment spontanée de ce qu’on appelle aujourd’hui l’hétérogénie.
Oui vraiment, je ne peux quitter votre ouvrage que pour en parler et aller dire à tout le monde : Avez-vous lu Baruch ? […] J’ai besoin de le répéter, parce que je viens de le relire : vous avez vraiment créé une critique haute qui vous appartient en propre, et votre manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le germe de ses productions est une source intarissable d’aperçus nouveaux et de vues profondes. […] Je vous écris les larmes aux yeux, et ne sais vraiment quel éloge littéraire vous donner.
Un caractère digne d’être noté honore en mille endroits ces premiers épanchements d’une vie naturelle et pure : ce sont les sentiments de croyance et de moralité, si familiers, ce semble, à toute jeunesse qu’on ne devrait point avoir à les relever, mais si rares (nous assure-t-on) chez les générations venues depuis Juillet, qu’elles sont vraiment ici un trait distinctif. […] chose essentielle et vraiment sacrée en littérature, et qui serait en danger de se perdre chez nous, si quelques-uns, comme élus et fidèles, n’y veillaient sans cesse et ne s’appliquaient à la maintenir ! […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.
Il est vraiment impartial. […] Dès les premiers mots de son prologue, nous sommes avertis : « Vraiment se pourront et devront bien tous ceux qui ce livre liront et verront, émerveiller des grandes aventures qu’ils y trouveront ». […] Mais on remarque, même et presque surtout dans leurs œuvres originales, chez Oresme, chez Gerson, chez Jean de Montreuil, un accent, une sonorité, une bailleur de ton, qui sont vraiment les commencements d’un art nouveau, et comme les premiers bégaiements de la prose éloquente.
Voilà un superbe système de vie, tout idéal, tout divin, et vraiment digne de la liberté des enfants de Dieu. […] Voilà le seul trait vraiment universel, le fond identique sur lequel les instincts divers ont brodé des variétés infinies, depuis les forces multiples des sauvages jusqu’à Jéhovah, depuis Jéhovah jusqu’à l’Oum indien. […] Les religions qui ne prétendent pas s’appuyer sur une révélation, si inférieures comme machines d’action aux religions organisées dogmatiquement, sont, en un sens, plus philosophiques, ou plutôt elles ne diffèrent de la religion vraiment philosophique que par une expression plus ou moins symbolique.
A-t-on vraiment besoin d’écrire des livres à prétention sur ces gens-là ? […] Dans ce récit, écrasant vraiment de vulgarité et de bassesse, dans cette histoire de deux idiots qui se sont rencontrés un jour sur un banc de promenade et se sont raccrochés par vide de tête, badauderie, flânerie, bavardage et nostalgie d’imbécillité, et dont les deux niaiseries, en se fondant voluptueusement l’une dans l’autre, sont devenues la plus incroyable et la plus infatigable des curiosités, — comme, en grammaire latine, deux négations valent une affirmation, — il n’y a pas un mot, pas un sous-entendu qui puisse faire croire que l’auteur se moque de ces deux benêts qui sont les héros de son livre, et qu’il n’est pas la dupe de ce récit prodigieux de bêtise voulue et réalisée… Et il n’est pas que bête, ce récit, qui est un phénomène de bêtise ! […] Y en a-t-il vraiment, des bourgeois, de cette absurdité complète, violente, et continue ?
Elle veut que je continue : « Je n’en ferai rien, madame ; je ne serai pas assez mon ennemie pour me priver du plaisir de vous voir et de vous entendre… » Enfin elle est partie ; reprenons ma lettre ; mais on vient me dire que le courrier de Paris va partir : « Il demande si madame n’a rien à lui ordonner. » — « Et si fait, vraiment ! […] je le suis de vous et de mon Horace… » Mais ces moments sont rares et passent vite ; ils font place à de longs intervalles de sécheresse et de stérilité : alors elle veut savoir ce qu’on pense d’elle au fond, si on l’aime vraiment, et de quelle manière : « Vous savez que vous m’aimez, dit-elle à Mme de Choiseul, mais vous ne le sentez pas. » Elle semble persuadée de cette terrible et cruelle maxime que j’ai vu professer à d’autres qu’elle, et dont le christianisme seul fournirait le correctif ou le remède, que « connaître à fond, et tel qu’il est, un être humain et l’aimer, c’est chose impossible ».
Quand il créa le Centaure, son seul morceau achevé (et qui me fait regretter qu’on ait retrouvé la Bacchante, autre morceau de lui bien inférieur et capable, vraiment, de faire tort au premier), quand au sortir d’une visite au Musée des Antiques, après avoir admiré cette œuvre vivante, correcte, magnifique, irréprochable, qu’on attribue à des sculpteurs cariens, il se dit qu’il allait, « par sa plume, commenter et étendre le ciseau29 » que fit-il, qu’imagina-t-il dans sa conception vraiment puissante ?
« Nous ne sommes point assez sévères peut-être à l’École pour le dessin, et il faudrait vraiment que le dessin de M. […] Je choisis, dans ces séries dernières et désenchantées, celle qui me paraît la plus facile, la plus directe et la mieux trouvée, la plus heureuse vraiment de ces contreparties, gaie encore et plaisante, sans rien d’odieux : les Invalides du sentiment.
Eh bien, il caractérise la personne ou l’époque ; laissez-le… » Cela est juste à la rigueur, mais cela est dit d’un ton bien solennel et vraiment un peu déclamatoire. […] On dirait vraiment qu’elle y a mis de la conscience comme pour un devoir pénible.
J’étais accoutumé à considérer comme un ensemble chacun des poëmes d’Homère, et je les voyais là séparés et dispersés, et, tandis que mon esprit se prêtait à cette idée, un sentiment traditionnel ramenait tout sur-le-champ à un point unique ; une certaine complaisance que nous inspirent toutes les productions vraiment poétiques me faisait passer avec bienveillance sur les lacunes, les différences et les défauts qui m’étaient révélés. » Mais n’était-ce qu’une illusion et une complaisance de sentiment, comme Gœthe paraît le croire ? […] Ils viennent d’être le sujet d’une savante étude et d’un examen vraiment critique de la part d’un des jeunes représentants de l’école française.
Et qui plus est, par une veine de comique qu’il y a intrépidement jetée, c’est ici vraiment un Tacite à la Shakspeare. […] Ce qu’il y a de vraiment vivant dans leur immortalité en demeure plus assuré.
Si c’était le cas de plaisanter, on dirait vraiment, à lire ces quelques extraits, que l’abbé affecte de quitter la reine par degrés, par accès et intermittence, et comme s’en va peu à peu une petite fièvre dont on ne désire pas le retour. […] On a vécu jusqu’ici, en ce qui le concerne, sur le portrait, vraiment odieux, que Mme Campan avait tracé de lui : « Cet abbé de Vermond, dit-elle, dont les historiens parleront peu parce que son pouvoir était resté dans l’ombre, déterminait presque toutes les actions de la reine.
Malgré la difficulté d’être vraiment naïf, en sachant si bien ce qu’on veut et ce qu’on fait, il a laissé échapper sur presque toutes les pages la candeur, que sa piété n’a pas perdue, la facilité à l’enthousiasme, le bonheur d’admirer, d’adorer, la docilité, l’élancement, la simplicité de cœur, toutes ces belles qualités du disciple et du jeune homme, si rares de nos jours à rencontrer, si perverties le plus souvent et si exploitées là où elles essayent de naître. […] Ses livres peuvent attirer et forcer l’admiration pendant quelques pages, mais bientôt leur monotonie fatigue ; car ils sont le contraire de ces écrits chers à Montaigne, pleins de suc et de moelle intérieure, pétris d’expérience et d’indulgence, qui gagnent à être exprimés et pressés, et qui de tout temps ont fait les délices des hommes de sens, des hommes de goût, des hommes vraiment humains… Au résumé, c’est un militant ; il l’est en tout et partout ; comme tel, il laissera dans l’histoire des guerres politiques et religieuses de ce temps une trace lumineuse : Lacordaire et lui, deux lieutenants de La Mennais, et qui ont continué de tenir brillamment la campagne après que leur général avait passé à l’ennemi.