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1299. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Ce n’est, il est vrai, qu’un fragment bien court de l’Histoire du xviiie  siècle, mais ce fragment est supérieur à sa manière aux diverses histoires écrites par les contemporains, et par l’excellente raison que Collé est aussi peu un contemporain que possible.

1300. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Il faut qu’un homme soit fièrement organisé pour juger sa maîtresse, et MM. de Goncourt n’ont pas cette faculté supérieure et cruelle du jugement.

1301. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Fin, lucide, fluide, élégant, d’un spiritualisme resté pur, je le reconnais, au milieu de toutes les souillures d’un matérialisme à peu près maintenant universel, mais sans une idée supérieure dont il se réclame et sur laquelle il s’appuie, M. 

1302. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

Ses aspirations le portaient (croyait-il) vers la Trappe, mais il en fut doucement repoussé par les supérieurs, qui voyaient peut-être qu’il était réservé à autre chose ; car ces hommes, accoutumés à regarder dans les âmes, y discernent souvent les germes de leur avenir.

1303. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Pour moi, il n’était pas né pour être nettement et absolument supérieur dans l’ordre de la pensée comme il eût pu l’être dans l’ordre de la sensation et du sentiment.

1304. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

L’abbé Brispot accompagne le texte concordé des Évangiles de commentaires, explications et notes, tirés des écrivains les plus illustres de l’Église dans l’ordre de la sainteté ou de la science, et c’est dans le choix de ces annotations, qui viennent ajouter leur lumière à celle du texte souvent d’une trop divine pureté pour tomber dans des yeux charnels sans les offenser, que l’abbé Brispot a montré les richesses d’une forte érudition religieuse et le tact supérieur qui sait s’en servir.

1305. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

Mgr Salvado aurait pu ajouter aux paroles si sensées et si courageuses du docteur, ce passage des Monthly Records, plus courageux et plus explicite encore : « S’il est un fait incontestable, — disent les Monthly Records, — qui nous humilie et qui nous afflige, c’est que là où nous, anglicans, nous agissons timidement, dans nos possessions australiennes, l’Église de Rome est activement à l’œuvre avec un zèle et une sagesse que nous ferions bien d’imiter… Ses évêques sont partout où il y a des âmes à conquérir et à changer… Une maîtresse pensée (master mind) anime et dirige leurs travaux… Quand un seul membre de notre clergé poursuit solitairement une tâche accablante, sans être assisté des conseils de ses supérieurs, l’Église de Rome ne cesse d’apparaître avec tous ses moyens d’action au grand complet… » Certainement, jamais le sentiment de ce qui manque à sa patrie n’a inspiré à un anglais plus de noble jalousie et de justice, et il n’y aurait qu’à admirer, si, en sa qualité d’anglican, l’écrivain auquel on applaudit ne provoquait pas le sourire en nous parlant des moyens d’action au grand complet de cette Église romaine dont il faut bien compliquer le génie pour en comprendre la puissance, quand on ne croit plus à sa divine autorité !

1306. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

Il y a celui qui fait rire et celui-là qui ne fait que sourire, et c’est celui qui ne fait que sourire qui est le comique supérieur, aussi humain, aussi réel que l’autre, mais idéalisé et donnant un plaisir plus noble et plus profond que le comique qui fait rire.

1307. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

La poésie, comme la beauté, est de création supérieure à l’homme.

1308. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Thierry, du Moniteur) dans une appréciation supérieure : pour trouver quelque parenté à cette poésie implacable, à ce vers brutal, condensé et sonore, ce vers d’airain qui sue du sang, il faut remonter jusqu’au Dante, magnus parens !

1309. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

On ne peut le séparer de son génie, et quand il a voulu s’en séparer lui-même, quand il a voulu greffer sur le Lamartine poète le Lamartine politique et ajouter cette autre gloire inférieure à la gloire supérieure qu’il avait, son inséparable génie le suivit pour le punir de cette ingratitude envers son génie, et c’est son génie qui a frappé son génie et qui l’a vengé.

1310. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

L’éducation, — excellente pour les gens médiocres, mais inutile et même funeste aux hommes supérieurs, qui, plus tard, sont obligés de faire la table rase de Descartes, — l’éducation prodigieusement forte de Milton fut un des premiers boulets de plomb qu’on mît sur l’aile de son génie.

1311. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Or, nous l’avons dit un jour à propos de Frédéric Soulié, supérieur à M. 

1312. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Comparez, dans le Grand Homme de province à Paris, les conversations qui s’y font, — mais à temps, mais amenées par les nécessités du récit et ses transitions, — ces conversations à points de vue supérieurs, à mots mordants ou profonds, à soudainetés renversantes, et placez-les en regard de ce ramassis foisonnant, qu’on nous jette à brûle-pourpoint, de mots qu’il semble que l’on ait entendus déjà, et il vous sera bien démontré, par tous ces rapprochements utiles, que l’imitation n’a pu être volontaire, tant elle eût été imprudente !

1313. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Balzac eut l’incroyable puissance de se planter sur les épaules la tête de Rabelais, et même d’un Rabelais supérieur à Rabelais de toute la force de l’idéalité et du pathétique, que l’auteur du Pantagruel n’avait pas !

1314. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Elles ont vu sortir la jeune fille, que Julio renvoie à son père du presbytère où une nuit il l’avait recueillie, et c’en est assez pour qu’elles fassent prendre en suspicion les mœurs du jeune prêtre par ses supérieurs ecclésiastiques.

1315. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Nous sommes unis, en France, parce que, depuis l’intellectuel jusqu’au petit paysan, nous avons la claire vision de quelque chose de supérieur à nos petits intérêts personnels et une sorte d’instinct qui nous fait accepter joyeusement le sacrifice actif de nous-mêmes au triomphe de cet idéal.

1316. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Quelque jugement qu’on porte sur le caractère moral de ce ministre, le premier de son siècle, et fort supérieur aux Bukingham et aux Olivarès qu’il eut à combattre, son nom, dans tous les temps, sera mis bien loin hors de la foule des noms ordinaires, parce qu’il donna une grande impulsion au-dehors ; qu’il changea la direction des choses au-dedans ; qu’il abattit ce qui paraissait ne pouvoir l’être ; qu’il prépara, par son influence et son génie, un siècle célèbre ; enfin, parce qu’un grand caractère en impose même à la postérité, et que la plupart des hommes ayant une imagination vive et une âme faible, ont besoin d’être étonnés, et veulent, dans la société comme dans une tragédie, du mouvement et des secousses.

1317. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Est-il vrai que dans tous les genres il n’y ait qu’un certain nombre de beautés marquées, et que lorsqu’une fois elles ont été saisies par des hommes supérieurs, ceux qui marchent ensuite dans la même carrière, soient condamnés à rester fort au-dessous des premiers, et peut-être à n’être plus que des copistes ?

1318. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Sardou de vivre d’une vie morale et passionnelle si supérieure à la nôtre. […] Les pâles faubouriens assiégeront les galeries supérieures. […] Et alors, on pourra dire que les hommes supérieurs portent réellement en eux la conscience, la volonté et l’âme de l’univers. […] Ils y sont passables à trop bon compte, et en même temps ils n’ont plus assez de liberté pour y être supérieurs, quand ils le pourraient. […] est encore une chanson proprement parisienne, et d’un comique un peu supérieur, où entre un grain d’observation.

1319. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

C’est, au contraire, par une vue juste et supérieure de l’ensemble qu’il parvient à une entente exacte des parties. […] Il a réussi du moins à faire une œuvre d’art d’un ordre supérieur, un beau conte. […] Ils sont bien supérieurs. […] Le conseil supérieur de l’instruction publique ne pouvait prendre son parti si aisément. […] Mais la volonté d’un conseil, même supérieur, n’est jamais ni bien stable ni bien efficace.

1320. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Qu’on ait peu ou beaucoup de talent, il faut tâcher toujours de le dominer et d’y être supérieur. […] J’avais payé ces bonnes grâces d’un esprit supérieur par un portrait littéraire et par des articles de la Revue des deux mondes, à l’occasion de ses livres. […] LXXV Royer-Collard disait à l’un de ses familiers, dans une de ses dernières malices à l’adresse de Villemain : « Devinez ce que j’ai fait depuis que je ne vous ai vu (1839) : j’ai pioché dans ces deux volumes que vous voyez (Tableau du xviiie  siècle) pour tâcher d’y découvrir une idée qui lui soit propre, afin de tâcher de lui en faire mon petit compliment… Je savais bien d’avance que je n’y trouverais rien… Alors voici ce que je viens de lui écrire : “Je ne veux pas encore vous juger d’après ces deux volumes : j’attends toujours votre Grégoire VII…” Et comme Grégoire VII ne viendra jamais, vous voyez que cela me laisse de la marge. » — Il disait encore, en lui appliquant un mot qu’on avait dit de Crébillon le tragique : « Il a fait, il fait et il fera toujours Grégoire VII. » Et si l’on trouve que c’est là un jugement bien dur et fort injuste sur deux agréables et charmants volumes, qui avaient été autrefois une suite de leçons merveilleuses, et que c’est de plus une injustice par trop commode de la part d’un esprit supérieur, mais qui ne s’est jamais donné la peine de faire un livre, eh ! […] — En cela, bien supérieur à Guizot. […] On peut se tromper, mais il faut viser à satisfaire ses égaux (pares) ou ses supérieurs, et non pas écrire pour ceux qui ont moins de goût et d’esprit que nous ; en un mot, il faut viser en haut et non en bas.

1321. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

S’agit-il d’expliquer l’embarras d’un jeune homme obligé de choisir une carrière parmi les convoitises et les doutes de l’âge où nous vivons, il vous montre1393 « un monde détraqué, ballotté, et plongeant comme le vieux monde romain quand la mesure de ses iniquités fut comblée ; les abîmes, les déluges supérieurs et souterrains crevant de toutes parts, et dans ce furieux chaos de clarté blafarde, toutes les étoiles du ciel éteintes. […] En voici un vestige dans un morceau presque digne de Swift, et qui est l’abrégé de ses émotions habituelles en même temps que sa conclusion sur l’âge où nous voici1410 : « Supposons, dit-il, que des cochons (j’entends des cochons à quatre pieds), doués de sensibilité et d’une aptitude logique supérieure, ayant atteint quelque culture, puissent, après examen et réflexion, coucher sur le papier, pour notre usage, leur idée de l’univers, de leurs intérêts et de leurs devoirs ; ces idées pourraient intéresser un public plein de discernement comme le nôtre, et leurs propositions en gros seraient celles qui suivent : « 1º L’univers, autant qu’une saine conjecture peut le définir, est une immense auge à porcs, consistant en solides et en liquides, et autres variétés ou contrastes, mais spécialement en relavures qu’on peut atteindre et en relavures qu’on ne peut pas atteindre, ces dernières étant en quantité infiniment plus grande pour la majorité des cochons. […] D’autre part, l’histoire, le roman et la critique, aiguisés par les raffinements de la culture parisienne, ont fait toucher les lois des événements humains ; la nature s’est montrée comme un ordre de faits, l’homme comme une continuation de la nature ; et l’on a vu un esprit supérieur, le plus délicat, le plus élevé qui se soit montré de nos jours, reprenant et modérant les divinations allemandes, exposer en style français tout ce que la science des mythes, des religions et des langues, emmagasine au-delà du Rhin depuis soixante ans1422. […] Pour lui, les textes et les objets sont capables de deux interprétations : l’une grossière, ouverte à tous, bonne pour la vie usuelle ; l’autre sublime, ouverte à quelques-uns, propre à la vie supérieure. « Aux yeux de la vulgaire logique, dit Carlyle, qu’est-ce que l’homme ? […] La chose visible, qu’est-elle, sinon un habit, le vêtement de quelque chose de supérieur et d’invisible, d’inimaginable et sans forme, obscurci par l’excès même de son éclat1427… Toutes les choses visibles sont des emblèmes : ce que tu vois n’est pas là pour son propre compte.

1322. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Bref, il est de toutes façons supérieur au comte Vladimir, lequel se conduit, d’un bout à l’autre du drame, comme une brute déchaînée. […] A coup sûr, il est moralement supérieur à la baronne d’Ange ; mais il en a trop conscience, trop vite, et trop imperturbablement. […] C’est la plus belle histoire d’héroïsme, de sacrifice, de désintéressement, de communication avec un monde supérieur, — rêvé, qu’importe ? […] C’était, en eux, quelque chose de supérieur à eux-mêmes qui était ému et qui vibrait. […] Les contemporains de Roland ne sacrifient à la femme aimée rien de ce qu’ils savent lui être supérieur.

1323. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Mais un tel état n’est pas pour durer, et l’ordre renaîtra bientôt en toutes choses : un ordre supérieur dans une société qui saura mieux user de ses richesses et au sein de laquelle se produiront de nouveaux génies créateurs. […] » Cette ombre inquiète, qui garde dans l’enfer la sollicitude et les illusions de l’amour paternel, et qui ne connaît pas à son fils de supérieur en génie, c’est Cavalcante Cavalcanti, le père de Guido. […] Combien, par ce sentiment de l’attraction vers les choses divines qui fait l’âme de la femme supérieure au génie de l’homme, Dante et Gœthe me semblent à la fois plus poétiques et plus vrais que Milton ! […] Cette monnaie d’un titre supérieur donna un avantage considérable aux Florentins dans les échanges ; elle contribua à leur puissance commerciale ; mais elle devint bientôt l’objet des convoitises de Rome, l’occasion d’un luxe excessif, et fut à la fois ainsi pour la république une cause de richesse et de calamités. […] On la voudra supérieure à toute sanction, et trouvant son bonheur dans la seule conformité aux lois de la conscience intime.

1324. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Chez les animaux supérieurs en particulier, la sensibilité plus exquise amène des réactions et des perturbations encore plus considérables. […] Mais comment connaître ce milieu intérieur de l’organisme si complexe chez l’homme et chez les animaux supérieurs, si ce n’est en y descendant en quelque sorte et en y pénétrant au moyen de l’expérimentation appliquée aux corps vivants ? […] Les limites supérieures de température compatibles avec la vie ne montent pas en général au-delà de 750. […] Les organismes inférieurs possèdent moins d’éléments vitaux distincts que les organismes supérieurs ; d’où il résulte que ces êtres sont moins faciles à atteindre par les influences de mort ou de maladies. […] En effet, à quoi servirait d’étudier, si l’on ne pouvait changer d’opinion ou de théorie ; mais les principes et la méthode scientifiques sont supérieurs à la théorie, ils sont immuables et ne doivent jamais varier.

1325. (1886) Le naturalisme

Supérieures aux contes populaires, elles étaient inférieures aux romans proprement dits. […] Son imagination riche et intense évoquait avec une force supérieure. […] Par là, il est supérieur à Balzac qui employa tant d’ornements superflus. […] Il observe aussi que la critique n’a pu trouver d’infériorité relative entre les différents livres qu’il publia, ni choisir et signaler une œuvre de lui supérieure aux autres, — ce qu’elle a fait pour les Goncourt, Flaubert et Zola. […] En outre, le roman anglais, même quand il est supérieur, porte imprimé si avant le sceau d’une autre religion, d’un autre climat, d’une autre société, qu’à nous autres Latins il nous paraît forcément exotique.

1326. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Tout, en cette adorable enfant, trahissait l’esprit supérieur. […] Mes supérieurs iront en voiture, moi à pied, nous serons toute une société. […] on prend une créature qui est attachée à ses maîtres, qui a parfois une intelligence bien supérieure à celle de certains bipèdes, mais qui n’est pas en état de se défendre, voilà le sublime de la petitesse et de la méchanceté. […] C’est l’image la plus fine, la plus complète et la plus grandiose de l’esprit supérieur qui voit défiler devant lui les vices, les ridicules et les infamies de l’humanité. […] Mais vous vous croyez sans doute bien supérieur à un peintre en fouillant inutilement dans le mécanisme de la pensée humaine.

1327. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il y a dans la perfection même des autres poëtes supérieurs quelque chose de plus libre et hardi, de plus irrégulièrement trouvé, d’incomparablement plus fertile et plus dégagé des entraves ingénieuses, quelque chose qui va de soi seul et qui se joue, qui étonne et déconcerte par sa ressource inventive les poëtes distingués d’entre les contemporains, jusque sur les moindres détails du métier. […] Tout ceci est pour dire que, comme Shakspeare et Cervantes, comme trois ou quatre génies supérieurs dans la suite des âges, Molière est peintre de la nature humaine au fond, sans acception ni préoccupation de culte, de dogme fixe, d’interprétation formelle ; qu’en s’attaquant à la société de son temps, il a représenté la vie qui est partout celle du grand nombre, et qu’au sein de mœurs déterminées qu’il châtiait au vif, il s’est trouvé avoir écrit pour tous les hommes. […] Ces imitations, en un mot, ne sont le plus souvent pour nous que le résumé heureux de toute une famille d’esprits et de tout un passé comique dans un nouveau type original et supérieur, comme un enfant aimé du ciel qui, sous un air de jeunesse, exprime à la fois tous ses aïeux. […] Molière, comme Shakspeare, le sait ; comme ce grand devancier, il se meut, on peut le dire, dans une sphère plus librement étendue, et par cela supérieure, se gouvernant lui-même, dominant son feu, ardent à l’œuvre, mais lucide dans son ardeur.

1328. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Né, élevé, grandi isolément dans une atmosphère supérieure au dix-huitième siècle, même à celle de Voltaire ; dédaigneux et dédaigné par tous nos philosophes, excepté Jean-Jacques Rousseau ; n’ayant de maître que la nature ; méprisant nos controverses religieuses ou philosophiques, et qui était apparu tout à coup, comme une comète excentrique, Paul et Virginie à la main, homme bien supérieur à Chateaubriand, capable d’écrire mieux que le Génie du christianisme, le Génie du cœur humain. […] Devenir l’épouse de l’auteur de Paul et Virginie lui paraissait un don du ciel, supérieur à tous les dons de la terre. […] Bien qu’on soit deux moitiés de la société, Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité : L’une est moitié suprême, et l’autre subalterne ; L’une en tout est soumise à l’autre qui gouverne ; Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son père, À son supérieur le moindre petit frère, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance, et de l’humilité, Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître24.

1329. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Un Royaume, quelque riche & puissant qu’il soit, quelque supériorité qu’il ait sur ses voisins par la politique & par les armes, est loin encore de la véritable puissance, s’il n’est pas également supérieur par les lumières. […] C’est par-là que les grands hommes du siècle dernier, se sont assuré les éloges & l’admiration de la postérité la plus reculée ; & loin d’avoir eu le sot orgueil de se croire supérieurs à leurs maîtres, ils ont avoué qu’ils leur étoient redevables des beautés qu’on trouvoit répandues dans leurs ouvrages. […] Indépendamment de son talent supérieur, qui le rendoit indulgent pour les talens des autres, Crébillon eut un mérite qu’on ne sauroit trop admirer. […]   Ce manège d’aller de maison en maison déclamer ses ouvrages, pour se faire des partisans, n’a jamais été employé par les hommes à talens supérieurs.

1330. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Samedi 30 janvier Pour être connu en littérature, pour être universellement connu, on ne sait pas combien il importe d’être homme de théâtre, car le théâtre, pensez-y bien, c’est toute la littérature de nombre de gens, et de gens supérieurs, mais si occupés qu’ils n’ouvrent jamais un volume, n’ayant pas trait à leur profession : l’unique littérature en un mot des savants, des avocats, des médecins. […] Saperlote, moi qui me crois aussi intelligent que ledit journaliste, je puis affirmer, que ce que j’ai entendu dire par Michelet, Gavarni, Montalembert, Théophile Gautier, Flaubert, est supérieur à ce qu’il entend, tous les jours. […] Avec la séduction, qu’une femme supérieure met dans de l’éducation élevée, on ne sait pas combien grande peut être sa puissance sur une intelligence d’enfant. […] Enfin au dernier tableau, les acteurs sont couverts d’applaudissements, et surtout Duflos, qui joue d’une manière tout à fait supérieure sa scène de la folie, qui joue toute la pièce, au dire de Havet, comme il n’a jamais joué dans aucune pièce.

1331. (1895) Hommes et livres

L’espèce qui paraît supérieure, au xviie  siècle, est celle où l’on trouve quelques individus supérieurs : ce n’est pas la tragédie qui est un genre supérieur à l’épopée ou au roman, c’est Corneille et Racine (vus dans leurs œuvres, bien entendu) qui valent mieux que M. et Mlle de Scudéry. […] Quelle que fût sa vocation, il avait attendu sans impatience jusqu’à trente-deux ans que ses supérieurs lui commandassent de s’appliquer au travail : il pratiqua l’obéissance jusqu’en suivant son goût. […] Mais là, nous rencontrons le genre où Montchrétien est supérieur : c’est la poésie religieuse. […] Il a la douceur patiente des têtus, quand il sent l’obstacle supérieur à sa force. […] Le Philosophe sans le savoir est une bonne pièce, assez vraie, assez vivante, assez tout ce que peut être une bonne pièce, et rien avec l’intensité qui fait les œuvres supérieures.

1332. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Dans le gâchis des opinions contradictoires, des écoles tâtonnantes, de toutes les idées qui se remuent dans les couches supérieures de la littérature, celui qui voudrait distinguer un chemin plus clair que les autres serait bien téméraire. […] Maurice Beaubourg a fait un bon départ avec ses Contes pour les assassins, et ses amis en attendent des bizarreries supérieures encore. […] Après avoir fait du naturalisme supérieur, même en la stricte formule imposée, à celui de M.  […] Le poète se peut donc comparer, organiquement parlant, à une harpe supérieure s’adressant aux harpes moindres des peuples. […] alors trop heureux, c’est-à-dire malheureux de leur mine patibulaire devant cette invasion de supérieures Charmantes, les derniers mortels iront se cacher dans les sépulcres — et s’ouvrira la Restauration de l’une Beauté complexe.

1333. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Il entend, il comprend, était le mot de passe, faute de quoi on était exclu à jamais de la sphère supérieure des belles et fines pensées.

1334. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Ce n’est pas que les Grecs soient supérieurs aux modernes, c’est qu’ils ont peint les premiers ces affections dominantes, dont les principaux traits doivent toujours rester les mêmes.

1335. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Il n’est pas vrai non plus que la morale existe d’une manière plus stable parmi les hommes peu éclairés ; il suffit de la probité sans des talents supérieurs, pour se diriger dans les circonstances ordinaires de la vie ; mais dans les places éminentes, les lumières véritables sont la meilleure garantie de la morale.

1336. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Les horizons mal fermés de ces scènes lointaines incitent au rêve mieux qu’une pièce bien close d’Émile Augier ; et les esprits les plus incurablement classiques se souviendront que les régents qui gardent devant les lycéens les chefs-d’œuvre nationaux situent le charme décisif et supérieur du Misanthrope dans l’incertitude, presque l’inexistence du dénouement.

1337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Un tel dessein ne pouvoit naître que d’une ame sensible, & il falloit un génie supérieur pour le rendre aussi intéressant.

1338. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

En faisant l’opposition de la traduction en prose & de la traduction en vers, il jugea celle-ci supérieure à l’autre.

1339. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Le seul exemple bien constaté de la chute d’une religion, c’est la chute du polythéisme antique, vaincu et absorbé par une religion supérieure.

1340. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

» Et elle les a si bien attrapés, que le révérend père Didon s’est excusé, avec une humilité très empâtée d’embarras, vis-à-vis de ses supérieurs ecclésiastiques, de son admiration confidentielle et trahie ; et que M. 

1341. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Nous l’avons dit déjà, Tallemant des Réaux n’est capable d’aucune conclusion de jugement inévitable et souveraine, d’aucune observation vigoureusement liée, d’aucune vue d’ensemble et supérieure, sur cette société qu’il picore, abeille d’une espèce étrange qui va aux puanteurs comme l’autre aux parfums, et qui ne sait pas même construire son rayon de venin comme l’autre son rayon de miel !

1342. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Renée, par cela seul qu’il n’a pas la prétention philosophique de son devancier, a un sens pratique et politique supérieur.

1343. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Louis XIV. Quinze ans de règne »

dans l’erreur, sacrent un livre et le classent de primesaut parmi les œuvres supérieures.

1344. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Ernest Semichon aime l’Église romaine, et cela seul donnerait à son livre une lumière et une valeur très supérieure à celle de l’érudition malveillante ou indifférente.

1345. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Cette distinction n’empêche nullement Weill de répéter, en la variant, cette affirmation, à laquelle il tient bien davantage : c’est que « la femme mariée qui fait son devoir est supérieure à l’homme (même quand il fait le sien ?)

1346. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Elles créent en effet, elles révèlent, elles incarnent en elles-mêmes une corruption supérieure à toutes les autres et que l’on serait tenté d’appeler une corruption idéale : le libertinage des passions méchantes, la Luxure du Mal ! 

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