., dans lesquels il y avait de grands excès du mot propre et des descriptions impitoyables de crudité : c’est un converti qui revient à mieux et qui s’amende, qui se fait satirique un peu dans le genre, mais dans un meilleur sens que Barthélemy. — Quoi qu’il en soit, c’est moins par des satires directes, ce nous semble, qu’il faut combattre l’ennemi, que par des exemples plus calmes et en continuant de marcher de plus en plus, et chacun de son mieux, dans sa direction littéraire, sans s’en laisser détourner.
Lebrun s’acheminait dans le même sens, mais avec timidité et avec entraves ; les Vêpres siciliennes de Casimir Delavigne ne faisaient pas un mouvement, pas un geste de ce côté.
L'orgueil de la vie, l’enivrement de la jeunesse et des sens, c’est là trop souvent l’inspiration unique de la poésie moderne, et il vient un moment où, poussée trop loin, prolongée au delà des termes, cette inspiration sans partage devient imprudence fatale, tourbillon et ruine.
Sur Louis XIV, en ce même volume, il a pourtant fort mal deviné, à mon sens ; il s’est montré souverainement injuste.
Moyennant ce système de petites notes qui courent sous le texte, je rends à celui-ci son vrai sens ; la note est plus familière et donne la facilité de baisser d’un ton.
Il étoit Philosophe dans toute l’étendue du terme, & cependant il fut toujours éloigné de ce ton dogmatique, de ce style avantageux, de cet orgueil apprêté, de cette aigreur de ressentiment, de cette intolérance presque fanatique, qui fait le caractere dominant de ceux qui ne sont Philosophes que dans le sens actuel.
Mais qu’on ne nous blâme point, en une époque de confusion et d’anarchie, d’avoir réservé nos meilleures louanges à ceux qui gardent fidèlement le sens de la tradition nationale : clarté, sobriété, mesure, méthode ; à ceux qui n’ont pas vêtu la déesse d’ornements étrangers, qui ne l’ont pas éloignée du grand chemin tranquille où passèrent, indifférents aux soucis de la politique éphémère et aux modes qui se fanent, les classiques.
Ce dernier sens est celui de l’hébreu, et la Vulgate le dit dans Jérémie : vox in excelso.
Un de nos plus doux sentiments, et peut-être le seul qui appartienne absolument à l’âme (les autres ont quelque mélange des sens dans leur nature ou dans leur but), c’est l’amitié.
Voilà une allégorie qui a du sens, et non pas cet insipide Exercice des Amours de Vanloo.
Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël Au contraire, les peintres qui travaillent aujourd’hui tirent plus de secours de l’art, que Raphaël et ses contemporains n’en pouvoient tirer.
À notre sens, fort inflexible, Cochut n’est point assez sévère pour Law.
Son livre atteste une sensibilité littéraire des plus rares et qui n’a peut-être pas longtemps à attendre pour devenir exquise, et une justesse de sens très ferme, sous tous les sourires de l’esprit.
Ainsi par le simple secours de l’intelligence, et sans avoir besoin de celui de la mémoire, qui devient inutile lorsque les faits manquent pour frapper nos sens, nous avons rempli la lacune que présentait l’histoire universelle dans ses origines, tant pour l’ancienne Égypte que pour l’Orient plus ancien encore.
Il peut être vrai en ce sens que Bacchus, dieu de la vendange, ait commandé à Eschyle de composer des tragédies.
Les plus francs, les plus coléreux, les plus pléthoriques, dans la bassesse des événements, du ciel, des fortunes de ce temps, au contact du monde, au frottement des relations, au ramollissement des accommodements, dans l’air ambiant des lâchetés, perdent le sens de la révolte, et ont de la peine à ne pas trouver beau, tout ce qui réussit. […] J’éprouve une singulière impression, mes yeux sont heureux, je me sens en rupture de ban avec cette France américaine, avec ce Paris au cordeau de maintenant. […] 9 avril La femme du Midi ne parle qu’aux sens ; son impression ne va pas au-delà. […] * * * — La musique au théâtre, au concert, ne me touche pas, je ne la sens un peu qu’avec le plein air et l’imprévu du hasard. […] Je le trouve cassé, vieux, rabâchant, ayant pour se plaindre du mal qu’il a à vivre, cette mimique sénile, ces fermements d’yeux qui disent : « Allez, je me sens !
ça me développe, je me sens meilleur. […] que je prends aujourd’hui la plume, et je sens que je vais m’exposer aux plus grands périls. […] Hier, nous étions de feu pour les drames d’Ibsen, où je sens bien de la puissance, mais qui, de bonne foi, sont tout de même informes et obscurs. […] Dans chaque incarnation, elles acquièrent un nouveau sens corporel, conforme au milieu qu’elles habitent. […] Aujourd’hui tout adolescent commence par se méfier de ses sens.
Ce prétendu marguillier est un homme plein de sens, qui dans une petite brochure de quelques pages a renfermé des vérités et des observations dignes de figurer dans le jugement de l’Académie. […] Je n’ai pas le temps de vérifier le passage d’Aristote : il m’en faudrait plus que pour écrire cet article ; mais il est probable que Corneille, en se servant du mot absurdités, a dénaturé le sens de l’auteur grec : si par hasard le passage était fidèlement traduit, tant pis pour Aristote. […] Des lecteurs de goût et de sens n’hésiteront pas à regarder cette scène comme supérieure, pour l’énergie des idées et du style, à tout ce que Voltaire a fait de meilleur en ce genre. […] Mais au théâtre les sens ont tant d’empire ! […] La veuve de Pompée force l’admiration et le respect de César ; Pulchérie fait trembler Phocas, Léontine le tourmente ; Viriate s’élève au-dessus des sens, et Aristie au-dessus de la vanité : Laodice déconcerte la politique romaine.
Cependant je ne veux pas dire de mal de ces commencements ; j’étais encore dans l’obscurité, et je marchais en avant sans trop savoir où j’allais, mais cependant j’avais déjà le sens du vrai, une baguette divinatoire qui m’enseignait où était l’or. » J’observai qu’il en était ainsi pour tous les grands talents, car autrement, lorsqu’ils s’éveillent dans ce monde si mélangé, ils ne sauraient pas saisir le vrai et éviter le faux. […] comme si cela avait un sens ! […] La littérature nationale, cela n’a plus aujourd’hui grand sens ; le temps de la littérature universelle est venu, et chacun doit aujourd’hui travailler à hâter ce temps. » — Quel est le plus grand philosophe de tous ? […] Quand sa crue s’arrêtera, ce sera un chêne élevé, fort, élancé, mais il n’aura pas entre sa tige et sa couronne les proportions nécessaires pour être vraiment beau. — Si au contraire un chêne pousse dans un lieu humide, marécageux, et si le sol est trop nourrissant, de bonne heure, s’il a assez d’espace, il poussera dans tous les sens beaucoup de branches et de rameaux ; mais ce qui manquera, ce seront des forces qui puissent l’arrêter et le retarder, aussi ce sera bientôt un arbre sans nœuds, sans ténacité, qui n’aura rien d’abrupte, et, vu de loin, il aura l’aspect débile du tilleul ; il n’aura pas de beauté, du moins la beauté du chêne. — S’il croît sur la pente d’une montagne, dans un terrain pauvre et pierreux, il aura cette fois trop de nœuds et de coudes, c’est la liberté du développement qui manquera ; il sera étiolé, sa crue s’arrêtera de bonne heure, et devant lui on ne dira jamais : « Là vit une force qui sait nous en imposer. » — J’ai pu voir de très beaux chênes, dis-je, il y a quelques années, lorsque de Gœttingue je fis quelques excursions dans la vallée du Weser. […] — Un terrain de sable ou sablonneux, dit Goethe, dans lequel ils peuvent pousser en tous sens de vigoureuses racines, paraît leur être surtout favorable.
Il a plus écrit, mais il ne s’est jamais élevé dans de grandes œuvres à la hauteur de Goethe, et surtout il n’a jamais creusé à la même profondeur mystérieuse de sens. […] Il y a dix ou douze ans, dans ce temps heureux qui a suivi la guerre de la Délivrance, lorsque les poésies du Divan me tenaient sous leur puissance, j’étais assez fécond pour écrire souvent deux ou trois pièces en un jour, et cela, dans les champs, ou en voiture, ou à l’hôtel ; cela m’était indifférent. — Mais maintenant, pour faire la seconde partie de mon Faust, je ne peux plus travailler qu’aux premières heures du jour, lorsque je me sens rafraîchi et fortifié par le sommeil, et que les niaiseries de la vie quotidienne ne m’ont pas encore dérouté. […] Elles sont pour l’artiste, parce qu’elles donnent de la clarté à ses pensées et lui enseignent quels sujets ont un sens pour l’art, et par conséquent quels sont ceux qu’il doit traiter et ceux qu’il doit laisser de côté. […] Dans la matinée du jour suivant, jusqu’à onze heures, il y avait eu du mieux ; mais, à partir de ce moment, l’état empira ; les sens commencèrent à refuser parfois leur service ; il y eut des instants de délire, et de temps en temps dans sa poitrine on entendait un bruit sourd. […] Dans les longs intervalles de ce travail sans fin, il se livre par délassement à son souffle lyrique ; il écrit des odes, des ballades, des poésies symboliques de forme, très élevées de sens, très mélodieuses de rythme, que les femmes et les enfants comprennent, et qui sont, comme le chœur antique, destinées à reposer à la fois et à soutenir l’attention de l’Allemagne devant ses drames.
Maintenant ces images ne seraient pas, comme on l’a cru jusqu’ici, des images à l’usage des maisons de prostitution, elles seraient destinées à faire l’éducation des sens des jeunes mariés ; et dans un volume, illustré par la fille d’Hokousaï, racontant le mariage et ses épisodes, on voit roulée près du lit des jeunes époux, une série de makimono qui doivent être une collection de ces images. Il y a quelques années Nieuwerkerke me parlait d’une série de tableaux érotiques, qui avaient eu pour but d’allumer, lors de son mariage, les sens du roi Louis XV, tableaux que j’avais déjà trouvés signalés dans Soulavie. Je l’emmène voir mon buste de Lenoir, et en revenant, il remonte chez moi, et je sens qu’il a toutes les peines à s’en aller, pris d’un bonheur presque enfantin à causer avec moi. […] Ne prêtant pas d’attention au sens de ses paroles, j’ai deux ou trois fois, la sensation de l’entendre rejouer Henriette Maréchal. […] Et Heredia qui est là, parlant des poètes de la dernière heure, établit que leurs poésies ne sont que des modulations, sans un sens bien déterminé, et qu’eux-mêmes baptisent du mot de monstres, leurs vers à l’état d’ébauche et de premier jet, et où les trous sont bouchés avant la reprise et le parfait achèvement du travail, par des mots sans signification.
« Je vois, dit Ulysse dans une tragédie de Sophocle, que nous ne sommes que des images vaines ou des ombres légères. » C’est dans ce sens que disait La Bruyère : « Il n’y a point d’année où les folies des hommes ne puissent fournir un volume de caractères. » Ajoutez : et de Comédies. […] Il n’y a pas jusqu’à ce mot-là : un riche, qui n’ait tout à fait changé de sens et d’acception. […] Eh qu’importe, barbares, si mon talent est jeune, et si rien, dans mon art, ne se fait attendre : la voix, le geste, le sens, le sourire, le talent, la gaîté ? […] La langue qu’il parle est si retenue en ses plus vifs emportements, elle a quelque chose de si réservé, même quand elle ose le plus, elle est si bien le langage de la meilleure compagnie, même quand elle passe par la bouche de Frontin ou de Lisette, qu’il est impossible, aux femmes les plus sévères, de ne pas écouter, malgré elles, et même assez volontiers, ces beaux discours fleuris, à rencontre des choses du cœur, ces folles dissertations d’amour, cette éloquence enivrante qui appartient beaucoup plus aux sens et à l’esprit qu’elle ne vient de l’âme. […] Ajoutez à ces folies de la tête et des sens, un sincère courage, une bienveillance inépuisable, et la profonde conviction parmi, ces rois d’un monde croulant, que leur empire leur échappe, et qu’ils ne seront plus, demain, que des victimes.
Mais, trop peu poète, au sens sublime du mot, il ne sentait pas la supériorité de l’inspiration chez Ronsard, et qu’il était vraiment rempli de fureur et de divinité . […] Ronsard est bien l’inventeur de ces rythmes ou coupes de strophes : il est inventeur dans le seul sens valable que ce mot comporte : il a soufflé sur la matière. […] les hommes ne se donnent point la peine de démêler le sens véritable de toutes les paroles. […] Sens-tu l’effort de sa beauté. […] « Toutes les glaces du Nord ensemble ne sont pas, à mon sens, plus froides que cette pensée.
Quand elles veulent, leurs avant-bras tournent sur leurs coudes dans tous les sens et se plient en arrière aussi bien qu’en avant. […] À peine suis-je dans ce petit coin ombreux, que je me sens enveloppé d’une profonde paix. […] Mais j’y sens aussi une part de vérité. […] Il y a beaucoup de sens dans cette hyperbole lyrique. […] Et je me sens flatté dans mon amour-propre national… À Monsieur Bob, à propos du dernier livre de Gyp : BOB À L’EXPOSITION.
Un sentiment qui se trouve où il y a travail, exercice, économie, médiocre aisance ; qui se perd où il y a luxe prodigue, paresse, inutile oisiveté, serait-il indifférent aux yeux de l’homme de sens ? […] Aussi Franklin, l’homme de sens par excellence, en faisait cas. […] Une certaine lenteur de ton qui se confond ici dans la grâce décente, l’honnêteté du cœur intacte avec la malice enjouée de l’esprit, la nature prise à point, respirent dans ces pages aimables : le sens moral qui en ressort tendrait à tuer surtout le grand ennemi en nous, c’est-à-dire la vanité. […] C’est cette infirmité dans les deux sens que M.
Ce qui offense la pudeur n’est jamais beau : le cynisme est la laideur de l’esprit ; il n’y en a pas beaucoup dans Horace : sa délicatesse le défendait contre ce vice de la langue latine ; mais la religion d’Épicure ne commandait pas les heureuses chastetés de la religion qui combat les sens comme des corrupteurs de l’âme. […] « C’est l’heure de ceindre, d’enlacer à nos cheveux ou le myrte vert ou les fleurs nouvelles que la terre attiédie fait éclore. » Puis, tout à coup, passant sans transition de ces images de toutes les choses renaissantes qui convient les sens à jouir à la pensée de la mort qui commande aux vivants de se hâter de vivre : « La pâle Mort, s’écrie-t-il dans un vers d’un accent aussi funèbre qu’inattendu, la pâle Mort secoue d’un pied indifférent la porte de la cabane du pauvre ou des tours des palais des rois ; là, heureux Sextius, la brièveté de la vie nous interdit de concevoir les longues espérances. […] ” — Veut-on m’appliquer à moi le sens de cet apologue ? […] Je vis, je me sens roi aussitôt que j’ai perdu de vue ces choses que vous appréciez d’un commun accord comme la suprême félicité ; comme l’esclave dégoûté du pontife, je détourne la lèvre des libations : je préfère le pain sec à tous les gâteaux de miel de l’offrande.
Le bon usage, selon lui, c’était l’accord, sur le sens d’un mot, de la partie saine de la cour, des bons auteurs et des gens savants en la langue. […] Le sens de Vaugelas était si sûr et si impartial, qu’en même temps qu’il laissait mourir, sans protester, certains mots rejetés par l’usage, fussent-ils de Coeffeteau, il hasardait quelques vœux timides en faveur de mots que l’usage n’avait pas encore autorisés. […] Tous les termes sont employés dans le sens le plus général. […] Ne lui suis-je pas redevable de quelques impatiences évitées, d’un peu moins d’attache à mon sens, en présence de ceux qui pouvaient s’en blesser ?
C’est le bonheur où les mots vêtent des sens radieux, où les amants, afin qu’ils se sachent mieux l’un à l’autre, ont des discours sur tout objet, imprégnés de l’intime tendresse débordante. […] Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’invention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre, qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion du drame, Richard Wagner vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées. […] Beckmesser, en l’écoutant, frémit de rage derrière le rideau du marqueur ; sa craie implacable strie l’ardoise en tous sens ; il ne peut se contenir. […] Avouons que le poète a merveilleusement saisi le sens profond de l’époque et supérieurement concentré ses vues.
Et qu’est-ce que la pensée elle-même, étrangère aux sens et jaillissant des sens comme l’étincelle du caillou pour illuminer la nuit ? […] La jonction de la matière et de l’âme dans l’homme, la transformation apparente des sens en intelligence, et de l’intelligence en matière, est le plus étonnant, et sans doute le plus saint de ses secrets. […] Ces livres, ainsi feuilletés et commentés en plein ciel, avec une ardeur continue d’intérêts divers par ces trois solitaires, me parurent renfermer je ne sais quels oracles mystérieux que ces sages venaient consulter dans le recueillement de l’âme et des sens sur ces hautes cimes.
je sens tout mon cœur incliner vers cet enfant, comme s’il était mon propre fils. […] Ainsi, par une analogie aussi morale que physique entre les impressions de l’œil et les impressions de l’esprit, analogie tout à fait conforme à l’harmonie que la nature a établie entre nos différents sens, et entre ces différents sens et notre âme, il y a dans cette littérature une gamme de style, comme une gamme de couleurs, et comme une gamme de sons ; en sorte que les genres de style adoptés par tel ou tel écrivain peuvent se caractériser d’un mot, en style bleu, style rouge, style rose, style jaune, style gris, comme nous caractérisons nous-mêmes, par une analogie d’une autre espèce, nos genres de style, en style élevé, style bas, style brûlant, style tempéré, tant l’esprit humain a besoin d’images pour se faire comprendre. […] Comme une armée en peinture, nos gens s’arrêtent immobiles, à mesure que le charme irrésistible subjugue leurs sens : dans le ciel, en ce moment, flottent de noires vapeurs amoncelées et massives, comme les pics du Vindhya.
Cependant, lorsqu’on dit que les faunes marines ont changé simultanément à la surface du monde entier, il ne faut pas supposer qu’on veuille parler du même millier, ou cent-millier d’années, ou même que cette expression ait en aucune façon un sens chronologique précis. […] Néanmoins, si l’on embrasse une longue série d’âges à venir, il ne saurait être douteux que toutes nos formations marines les plus récentes, c’est-à-dire les terrains Pliocènes supérieurs et Pléistocènes, ainsi que les couches complétement modernes d’Europe, des deux Amériques et de l’Australie, pourront être, avec raison, considérées comme simultanées, dans le sens géologique du mot, par ce fait qu’elles contiendront des débris fossiles plus ou moins alliés, et qu’elles n’offriront aucune des formes propres aux dépôts inférieurs plus anciens. […] Barrande d’autres considérations de grande valeur, tendant à conclure précisément dans le même sens. […] Il me semble donc que la succession parallèle et simultanée des mêmes formes vivantes dans le monde entier, prise dans un sens général, s’accorde parfaitement avec le principe selon lequel les nouvelles espèces seraient surtout produites parmi les espèces dominantes, variables et en voie de grande et rapide extension.
., cesseront d’être des métaphores et prendront un sens absolu. […] Ces lois, prises dans leur sens le plus large, nous les énumérerons ici : c’est la loi de croissance et de reproduction ; c’est la loi d’hérédité, presque impliquée dans la précédente ; c’est la loi de variabilité sous l’action directe ou indirecte des conditions extérieures de la vie et de l’usage ou du défaut d’exercice des organes ; c’est la loi de multiplication des espèces en raison géométrique, qui a pour conséquence la concurrence vitale et la sélection naturelle, d’où suivent la divergence des caractères et l’extinction des formes inférieures. […] Cependant, faire sortir le monde organisé tout entier d’une seule cellule primitive, ce serait retourner à l’ancien mythe de l’œuf cosmique, couvé par la colombe divine, en substituant, toutefois, à l’ancien sens symbolique, large et figuré, un sens absolu, étroit et en tous points indigne des largesses créatrices de la nature, qui mesure et limite le nombre des adultes à la quantité de vie qu’elle peut leur distribuer, mais qui n’épargne jamais les germes.
Ainsi Villehardouin, par instinct et dès le début, était plus dans la ligne directe et dans le vrai sens de la future construction française et de sa brièveté définitive. […] Le nom d’Alphée irait mieux au sens que celui d’Aréthuse.
Son père, fort considéré en Bresse, de bonne et honnête race bourgeoise, avait abondé dans le sens du mouvement de 89 et avait été l’un des principaux rédacteurs du cahier de la ville de Pont-de-Vaux : avec cela, homme de principes religieux et bon chrétien. […] Et moi qui ne sens rien faiblement, je m’affecte d’autant plus profondément que dans notre état il faut avoir l’art de cacher aux autres ses affections particulières.
83 N’ayant pas sous les yeux Ménandre ou tout autre des comiques grecs imités par Térence, nous ne pouvons bien juger du sens et de la nuance exacte du regret exprimé par César. […] Mais la phrase mieux lue et mieux ponctuée ne laisse pas subsister cette association de mots que sépare une virgule ; le comica, au lieu d’aller à vis, se rapporte au substantif qui suh, à virtus, qui n’a plus le même sens.
J’ai dit autrefois dans un précédent article, j’ai redit ici même tout à l’heure que la sœur de Maurice avait un génie égal, sinon supérieur à celui de son frère : prenez génie dans le sens le plus naturel et le plus simple. […] Le paysagiste sent bien qu’il l’est, et il ne craint pas de se trahir et de s’accuser par des mots qui sont purement du métier : « Le ciel prend toute sa valeur » ; — sa valeur au sens pittoresque et technique. — Mlle de Guérin, tout au contraire, n’a que des tons doux, suaves encore jusque dans leur vivacité.
Je ne cherche, en insistant, qu’à dégager le sens historique de cette individualité disparate, de cette production parasite d’un régime social évanoui. […] On peut voir, au chapitre IX du Traité des grandes opérations militaires par Jomini (4e édit., 1851, tome II, pages 1-38), le jugement définitif que la science militaire et l’histoire ont porté sur cette campagne de 1758, qui a immortalisé dans le plus triste sens le nom du comte de Clermont.
Déplorable régime, malsain en tous sens ! […] Sir Henry Bulwer a discuté cet acte capital de l’évêque d’Autun avec bien de l’impartialité, et, après l’avoir exposé dans tous les sens, il ajoute : « Mais il arriva alors, comme cela se voit souvent quand la passion et la prudence s’unissent pour quelque grande entreprise, que la partie du plan qui était l’œuvre de la passion fut réalisée complètement et d’un seul coup, tandis que celle qui s’inspirait de la prudence fut transformée et gâtée dans l’exécution. » Cette motion et l’importance qu’elle conférait à son auteur auraient très probablement porté l’évêque d’Autun à un poste dans le ministère, si les plans de Mirabeau avaient prévalu.
L’idylle, telle que la donnait Gessner et que la reproduisait Léonard, était simplement la pastorale dans le sens restreint du genre. […] En un mot, dans cette carrière ouverte au commencement du siècle par Racine fils et par Voltaire, et suivie si activement en des sens divers par Le Tourneur et Ducis, par Suard et l’abbé Arnaud, Léonard à son tour fait un pas ; il est de ceux qui tendent à introduire une veine des littératures étrangères modernes dans la nôtre.
En même temps que l’activité industrielle et l’invention scientifique se portent en avant dans toutes les voies vers le nouveau et vers l’inconnu, l’activité intellectuelle, qui ne trouve pas son aliment suffisant dans les œuvres ni dans les pensées présentes, et qui est souvent en danger de tourner sur elle-même, se rejette en arrière pour se donner un objet, et se reprend en tous sens aux choses d’autrefois, à celles d’il y a quatre mille ans ou à celles d’hier : peu nous importe, pourvu qu’on s’y occupe, qu’on s’y intéresse, que l’esprit et la curiosité s’y logent, ne fût-ce qu’en passant. […] Je vois les maux , dit-elle, et je ne les sens plus .
Ce sont les mêmes qui veulent nous ramener à la foi ancestrale, sans prendre garde qu’ils ont perdu l’humilité chrétienne et le véritable sens de l’Écriture. […] Puisque le poète a retrouvé sa patrie dans la formule de Wagner, la mélancolie n’est plus de saison et vraiment l’Église contemporaine est par trop dénuée de sens esthétique.
De pareilles recherches, si elles avaient leur but en elles-mêmes, ne seraient sans doute que des fantaisies d’amateurs plus ou moins intéressantes ; mais elles deviennent scientifiques, et en un sens sacrées, si on les rapporte à la connaissance de l’antiquité, qui n’est possible que par la connaissance des monuments. […] Notre immortalité consiste à insérer dans le mouvement de l’esprit un élément qui ne périra pas, et en ce sens nous pouvons dire comme autrefois : Exegi monumentum aere perennius, puisqu’un résultat, un acte dans l’humanité est immortel, par la modification qu’il introduit à tout jamais dans la série des choses.
Les flots de l’Océan ont leur flux et leur reflux qui se calculent ; le sang dans nos artères et dans nos veines a un va-et-vient qui se mesure par les battements du pouls ; la fièvre comme le besoin de manger ou de dormir, revient à intervalles périodiques ; la danse, la versification, la musique nous plaisent par le retour régulier de certains sons et de certaines cadences ; les éclats de la douleur, comme ceux de la tempête, ont leurs intermittences de paroxysme et de répit ; le fleuve, qui coule intarissable, forme des courbes, qui, à moins d’obstacles entravant son cours, sont infléchies symétriquement tantôt dans un sens et tantôt dans l’autre ; la lumière et le son se propagent par ondulations qui se creusent et se renflent comme les vagues de la mer. […] Dans le domaine qui nous intéresse ici particulièrement, à la littérature du moyen âge spontanée, nationale, populaire succède et s’oppose notre littérature classique qui est savante et en un sens artificielle, inspirée de l’antiquité, aristocratique.
Faites l’incrédule, retournez-les en tous sens, mettez-y le scalpel, cherchez chicane à votre plaisir, il peut s’y rencontrer quelques taches, des tons qui crient ; mais, si vous avez le sentiment poétique vrai et si vous êtes sincère, vous reconnaîtrez que le souffle est fort et puissant ; le dieu, dites si vous voulez le démon, a passé par là. […] Après tant d’essais et d’expériences en tous sens, après avoir tenté d’aimer tant de choses pour savoir quelle est la seule et suprême qui mérite d’être aimée, c’est-à-dire la vérité simple et à la fois revêtue de beauté, il n’est pas étonnant qu’au moment où l’on revient à celle-ci et où on la reconnaît, on se trouve en sa présence moins vif et plus lassé qu’on ne l’était en présence des idoles.
M. de La Marck a très bien montré les inconvénients qu’il y eut pour la reine à se restreindre d’abord si exclusivement dans le cercle de la comtesse Jules de Polignac, à donner à celle-ci, avec la qualité d’une amie, l’attitude d’une favorite, et à tous les hommes de cette coterie (les Vaudreuil, les Besenval, les Adhémar), des prétentions et des droits dont ils abusèrent si vite, chacun dans le sens de son humeur et de son ambition. […] » Ce mot, qui est piquant, adressé par une femme à son mari qui se prétend sûr d’une vertu controversée, n’est pas moins vrai dans tous les sens, et peut s’adresser également à ceux qui se croient si sûrs de ces fautes d’autrui dont personne jamais n’est témoin44.
Comme Mirabeau, Retz ne pouvait rendre des services à la reine qu’en maintenant son crédit auprès de la multitude ; et, pour maintenir ce crédit, il lui fallait faire ostensiblement des actes et tenir des discours qui sentaient la sédition, et qui semblaient en sens inverse des engagements qu’il venait de prendre. […] Cette dernière et brusque idée d’humilité solennelle, qui visait à la pénitence, fit beaucoup causer et en divers sens : Je ne vois, Dieu merci, écrivait Mme de Sévigné (24 juillet 1675), que des gens qui envisagent son action dans toute sa beauté, et qui l’aiment comme nous.
Sans ce secours indispensable, on prendra les religions par le dehors, on n’en comprendra ni le sens ni les développements. […] L’établissement, l’interprétation, la coordination des textes, la détermination précise des vrais caractères de chaque école, une intelligence de plus en plus exacte des théories les plus éloignées en apparence de nos idées actuelles, le sens du passé, le discernement des vrais rapports entre les systèmes ainsi que de leurs oppositions, tels sont les gains que l’histoire de la philosophie a faits de nos jours, et qui lui assurent une place durable parmi les sciences historiques.
[Du patriotisme littéraire] À la fin du siècle dernier un jeune poète, à l’imagination enthousiaste, à la sensibilité frémissante, à l’âme vraiment lyrique, reportait son souvenir et sa pensée sur les beautés naturelles de notre pays qu’il avait parcouru en tous sens, depuis Marseille jusqu’à Paris, depuis Narbonne jusqu’à Strasbourg. […] » mais il n’entendait ces mots « reine du monde » que dans un sens restreint et dangereusement exclusif.