Toutes les circonstances, au reste, eu préparaient la riche et facile floraison : tandis que le baron du Nord, entre les murs épais de sa maussade forteresse, menacé et menaçant, ne rêvait que la guerre, les nobles du Midi, en paix et pacifiques sous deux ou trois grands comtes, riches, hantant les villes, épris de fêtes, la joie dans l’âme et dans les yeux, l’esprit déjà sensible au jeu des idées, et l’oreille éprise de la grâce des rythmes se faisaient une littérature en harmonie avec les conditions physiques et sociales de leur vie. […] Au reste, la plus mince et imperceptible différence suffit.
Rochefort il est beaucoup plus simple d’avoir la foi sauf à l’exagérer quand on la proclame, et à l’oublier le reste du temps. […] Au reste il n’a point de doctrine.
Le premier reste immobile d’étonnement : “Voilà, dit-il, un instrument bien singulier, il joue tout seul.” […] Si nous en croyons le biographe de Scaramouche, Angelo Costantini, Scaramouche ne craignait pas de faire allusion à ce rôle scandaleux en parlant à la reine mère : « Voilà, Madame, trois coups mortels pour le pauvre Scaramouche, et il faut que je sois assez malheureux pour être marié ; car, sans cela, dans le chagrin où je suis, je m’irais confiner dans un ermitage pour le reste de mes jours.
Il ne faut pas que ce qui reste de la doctrine s’égare aux mains des empiristes, Le plus pressé est de rétablir les textes, de créer le conservatoire ou, pour mieux dire, le Collège de France de l’occultisme. […] Il ne me reste plus qu’à jeter mes vues ailleurs, si toutefois… mais saurons-nous jamais le dernier mot de cette affaire ?
Puis la population ne reste pas stationnaire ; elle croît et décroît ; elle se renouvelle par les naissances et les décès ; elle se mélange par la circulation, les croisements. […] § 2. — Reste à indiquer le comment de cette variation, à trouver les lois suivant lesquelles se transforme une littérature.
Il est au reste, inutile de faire remarquer ces mots : une terre que le roi m’a donnée ; ils prouvent, qu’outre les 200 000 francs dont nous avons vu le don, le roi avait ajouté le complément du prix de la terre, qui s’élevait à 50 000 francs. […] « Le reste (l’intimité de sa maîtresse), par quelque raison que ce puisse être, ne lui tenait plus au cœur.
Henri de Laval se rencontrait souvent chez elle avec le duc de Laval son père ; il tenait bon et ne sortait pas, ce dont le bon duc enrageait, et, comme il avait de l’esprit, il écrivait à Mme Récamier le plus agréablement du monde : « Mon fils lui-même est épris de vous, vous savez si je le suis ; c’est au reste le sort des Montmorency : Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. […] Dans ses souvenirs elle choisissait de préférence un trait fin, un mot aimable ou gai, une situation piquante, et négligeait le reste ; elle se souvenait avec goût.
De l’esprit, des nudités et des crudités, du lyrisme, une grâce et une finesse par moments adorable, de la plus haute poésie à propos de botte, la débauche étalée en face de l’idéal, tout à coup des bouffées de lilas qui ramènent la fraîcheur, par-ci par-là un reste de chic (pour parler comme dans l’atelier), tout cela se mêle et compose en soi la plus étrange chose, et la plus inouïe assurément, qu’eut encore produite jusqu’alors la poésie française, cette honnête fille qui avait jadis épousé M. de Malherbe, étant elle-même déjà sur le retour. […] Certains accents de vous, à coup sûr, atteindront jusqu’à la postérité : voilà votre honneur ; elle couvrira le reste d’un bienveillant oubli.
C’est ce même prince de Ligne qui a dit d’elle ailleurs : « Sa prétendue galanterie ne fut jamais qu’un sentiment profond d’amitié, et peut-être distingué pour une ou deux personnes (je lui laisse son style de grand seigneur), et une coquetterie générale de femme et de reine pour plaire à tout le monde. » Cette impression ou cette conjecture, que je retrouve également chez d’autres bons observateurs qui ont approché de Marie-Antoinette, reste, je crois, la plus vraisemblable. […] Au reste, lorsqu’il s’agit de ces particularités intimes et secrètes sur lesquelles il est si aisé d’avoir maint propos et si difficile d’acquérir une certitude, je crois qu’il est bon de rappeler le mot si sensé que disait un jour Mme de Lassay (fille naturelle d’un Condé) à son mari qu’elle entendait discuter à fond et trancher sur la vertu de Mme de Maintenon : elle le regarda avec étonnement et lui dit, d’un sang-froid admirable : « Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de ces choses-là ?
La théorie de Wundt, tout en s’écartant de Herbart et de Volkmann, reste encore à moitié chemin. […] Au reste, nous ne pouvons avoir sur le fond des choses que des formules symboliques.
Le cerveau n’étant jamais tout d’un coup changé dans sa masse entière, il reste toujours dans l’état nouveau quelque chose de l’ancien. […] Lorsque, dans l’état nouveau de la conscience, il reste encore un souvenir de l’ancien état, l’être s’apparaît toujours à lui-même comme un ; s’il y a une scission plus complète, il semble scindé en deux et peut alors attribuer à un autre ce qu’il a fait lui-même.
Il reste à demander si l’on n’est pas réduit, en vers, à les imiter plutôt qu’à les traduire ? […] Quoi qu’il en soit, au reste, du plan que je me suis fait dans cette traduction, je ne dois pas m’attendre qu’il soit goûté de tout le monde.
Si l’on reste dans la ligne de l’évolution normale, c’est une chute à pic dans la misère des imitations. L’épopée n’a plus une œuvre digne d’être mentionnée ici, et le théâtre en reste à l’édification spirituelle, sans connaître cette fermentation qui donne au théâtre français, dès le xive siècle, son importance historique.
» Le reste est du même ton. […] Mais il ne reste rien que d’exquis pour le goût et la vivacité des couleurs : il n’y manquerait pas même l’enthousiasme, le mens divinior, ce qu’Horace demandait au poëte, et ce qu’il a trouvé pour lui-même, parfois sans y prétendre.
La volonté de voir doit seule tendre les forces de ton être… D’ailleurs tu n’as rien à craindre pourvu que tu restes à côté de moi. […] … Reste près de moi : elles te dévoreraient… Es-tu donc tellement faible qu’il suffise d’une chair féminine rencontrée pour que tu retournes à l’instinct ? […] tu as vaincu la peur. — Aussi, tu verras… Quant à toi, l’Ermite, il n’est pas mauvais, après tout, que tu restes là… Mais d’abord, faisons place nette. […] Homais reste un moment ébahi, puis, pour se remettre, entreprend l’Ermite. […] Il leur reste donc un franc soixante pour se loger, s’habiller, se procurer quelques légumes, car la viande est, pour eux, un objet de luxe.
Tout l’avantage reste à Falstaff dans cette affaire, et Shallow, si clairement désigné par les armes de la famille Lucy, n’est nulle part aussi ridicule que dans la scène où il exhale sa colère contre son voleur de gibier. […] Des hommes accoutumés à se réunir pour leurs affaires se rassembleront aussi pour leurs plaisirs ; et quand la vie sérieuse du propriétaire se passe au milieu de ses champs, il ne reste point étranger aux joies du peuple qui les cultive ou les environne. […] À peine dans le cours des succès du poète démêle-t-on quelques traces de l’homme, et rien ne nous reste de ces premiers temps où lui seul aurait pu nous parler de lui. […] Quelle que soit au reste la date de ces deux petits poëmes, ils se placent, parmi les ouvrages de Shakespeare, à une époque bien plus éloignée de nous qu’aucun de ceux qui ont rempli sa carrière dramatique. […] Le chœur de Roméo et Juliette, conservé peut-être comme un reste de l’ancien usage, n’est qu’un ornement poétique étranger à l’action.
Mais ce n’est pas tout encore, et l’homme n’étant pas à lui seul toute la nature, il reste à voir quels sont les rapports de la nature et de l’homme. […] Il ne leur reste plus, pour achever leur triomphe, qu’à jeter le discrédit sur l’administration ; et justement, aux environs de 1768, les « Économistes » paraissent pour leur en donner l’occasion. […] Il essaie le peu de forces qui lui reste encore contre « l’anglomanie », dont « les progrès effrayants » lui semblent également menacer « la galanterie des Français, leur esprit de société, leur goût pour la toilette », et leur littérature. […] Et que ce soit, au reste, la faute des circonstances ou la sienne, on ne peut dire ainsi de lui ni qu’il termine une époque, ni qu’il en ouvre une autre. […] Le retour à Paris et la mort. — Il ne reste plus qu’à rappeler brièvement les circonstances du dernier séjour de Voltaire à Paris [Cf.
Son propre « moi » apparaît gigantesque à l’œil intérieur de l’hystérique et emplit si complètement son horizon intellectuel, qu’il lui cache tout le reste de l’univers. […] Dans l’extase, la portion cérébrale excitée travaille avec une telle violence, qu’elle supprime l’activité de tout le reste du cerveau. […] La personnalité inconsciente commet des folies et des méfaits, et la consciente, qui reste là impuissante et ne peut les empêcher, cherche à les pallier par toutes sortes de prétextes. […] car qu’est-ce qui nous accompagne, Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ? […] Et, au reste, nul n’aura été plus discret de son âme que cet incomparable penseur124 ».
Au reste, toutes les explications industrielles que nous pourrions donner en diraient moins que le prospectus publié par la Presse elle-même dans son numéro du 1er décembre, et ses colossales annonces ici même dans tous nos journaux.
Le ministère reste donc, mais atteint gravement, et, selon toutes les prévisions, mortellement blessé : hæret lateri lethalis arundo.
Taine lisait Kant et Spinoza pour se distraire et passait le reste de son temps à feuilleter ses camarades ; c’était son mot.
Les temps actuels, aurait-il dit, ne sauraient être comparés aux temps de l’ancienne monarchie pour le théâtre non plus que pour tout le reste.
Il a dit quelque part : « Chaque âme individuelle est une formule énergique qui contient l’Univers. » Il est peut-être à la veille de savoir que nous ne devons songer qu’à notre propre harmonie intérieure et que le reste nous sera donné par surcroît.
Les parties qu’il réussit à maintenir liées entre elles se détachent alors, visibles et précisées quant à leurs contours, sur le tissu inconsistant et sur la fuite de tout le reste.
Le reste de la salle est distribué en un espace nommé parterre, ou l’on est debout, et en un amphithéâtre carré, opposé au théâtre, avec plusieurs rangs de sièges et de loges par étages au pourtour.
Il est étrange, et cependant rigoureusement vrai que tandis que nos pères étaient des barbares pour tout le reste, la morale, au moyen de l’Évangile, s’était élevée chez eux à son dernier point de perfection : de sorte que l’on vit des hommes, si nous osons parler ainsi, à la fois sauvages par le corps, et civilisés par l’âme.
Bientôt, pour dernier trait de passion et de misère, la superbe souveraine de Carthage va jusqu’à souhaiter qu’un petit Énée, parvulus Aeneas 38, reste au moins auprès d’elle pour consoler sa douleur, même en portant témoignage à sa honte.
Si ma poitrine hérissée blesse ta vue, j’ai du bois de chêne, et des restes de feux épandus sous la cendre ; brûle même (tout me sera doux de ta main), brûle, si tu le veux, mon œil unique, cet œil qui m’est plus cher que la vie.
Au reste, nous pouvions nous dispenser de faire lutter le christianisme avec la mythologie, sous le seul rapport du merveilleux.
Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.
Si la mémoire en est passée, et qu’il n’en reste que l’impression, on aura le tact, l’instinct.
Au reste malgré les petits défauts que je reprends dans le tableau de la Magdelaine et dans celui-ci, ce sont deux morceaux rares.
Au-dessus de la gaze qu’elle aurait tenue suspendue de ses doigts délicats, se serait montrée la tête divine de la déesse, sa gorge d’albâtre, ses beaux bras, et le reste de son corps mollement balancé dans les airs.
Ce n’est point par reflexion et en resistant à la tentation qu’un homme à qui il reste encore quelque vertu ne les commet pas, c’est parce qu’il n’est pas en lui de mouvement qui le porte jamais à de pareils excès : il est en lui une horreur d’instinct, et si j’ose dire machinale, contre les actions dénaturées.
Il reste donc que, sans produire le mal qu’il implique, il soutient avec les conditions fondamentales de la vie sociale les rapports positifs que nous verrons dans la suite.
Il reste donc acquis à l’histoire de ce temps-ci que la scène de la publicité sérieuse n’est occupée que par des individualités déjà connues, par des talents mûris ; mais la maturité est un point bien vite dépassé dans la rapidité de la durée !
Mais Tacite nous assure que les sacrifices humains étaient en usage dans la Germanie, contrée toujours fermée aux étrangers ; et les Espagnols les retrouvèrent dans l’Amérique, inconnue jusque-là au reste du monde.
Reste cependant que cette outrance gâte la pièce, du reste vraie, juste, fine et spirituelle à souhait. […] Le reste du texte proprement dit est de Corneille. […] La taquinerie est le commencement de la méchanceté ou le reste d’une méchanceté qui a abdiqué. […] Il lui reste de cela d’être un peu taquin et ironique. […] Elle ne veut goûter que les pures délices de l’intelligence et l’orgueil de mépriser tout le reste et de montrer par son exemple qu’on peut le laisser bien loin.
De là, Dieu est conclu et le reste suit. […] Il pourrait se rencontrer que ces illustres poètes dussent leur autorité à un reste de préjugé, et que ce reste de préjugé fût destiné à s’en aller comme d’autres préjugés qu’on eût cru impossibles à déraciner. […] Tout reste à dire. […] On reste étonné de l’amoncellement. […] Il reste le plaisir de spéculer sur des idées, qui, lui, du moins, est réel.
Dans cette supputation de ce qu’il y a de meilleur, « Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé. […] Le corps de Dardinel reste abandonné sur le champ de bataille, que gardent encore les troupes de Charlemagne. […] C’est là qu’il reste enfoncé durant le cours de deux chants ; son séjour dans cette obscurité rend son essor vers la lumière plus resplendissant que s’il fût sorti plutôt de l’abîme infernal. […] Nous avons passé en revue toutes les règles de composition du poème épique ; il nous reste, pour achever l’examen de ses lois, à faire celui des règles de son exécution. […] Avouons conséquemment, sans rougir, que loin de nous être perfectionnés avec les âges, nous sommes dégénérés de l’antiquité grecque, et que le vieux contemporain d’Hésiode reste encore à nos yeux le plus grand des chantres épiques.
Si notre littérature contemporaine a fait de la société un portrait fidèle, — alors j’ai tort ; et il ne me reste plus qu’à faire amende honorable, à proclamer que M. […] C’est le seul vœu qui reste à former. […] La passion peut s’évanouir, le devoir reste. […] Si la féodalité de l’épée a été détruite, il reste la féodalité de l’argent, qu’il est temps d’abattre comme nos pères ont abattu l’autre. […] L’autre reste chargé de l’enfant ; mais point de travail !
Mais on reste, devant cette affirmation, très malheureux, fort incertain, tout dépourvu de clairvoyance. […] Tout le reste, prose ou vers, le mettait au supplice. […] Que reste-t-il de ce très rude témoignage ? […] Lasserre, devant cet éloge, reste coi. […] Voilà tout ce qui nous reste.
Il reste accablé. […] Que reste-t-il sur ces ruines fumantes ? […] Il reste un peu d’âme aux louches d’un clavecin sur lequel des mains — autrefois — se sont posées. […] 3º Reste le style. […] Daniel reste muet.
Comme il est probable que le voyage actuel est le dernier que j’entreprendrai, je tente de pomper le plus possible et de ramasser les miettes, afin de n’avoir aucun regret par la suite et d’avoir dans mon sac tout le butin nécessaire pour achever le bout d’existence qui nous reste, dans notre solitude de Versailles, qui s’augmentera tous les jours ; car, à nos âges, les jeunes se séparent de vous, et les vieux disparaissent dans le grand trou où chacun de nous va se faire oublier… » Il vient une heure, un moment où, bon gré mal gré tout s’obscurcit en nous et autour de nous. […] Le reste de la troupe était occupe à conduire le troupeau de bœufs qui semblaient se révolter d’être faits prisonniers, tandis que les hommes qui se trouvaient dans le même cas marchaient tristement la tête baissée, comme attendant et se préparant au coup qui devait bientôt la faire rouler dans la poussière. Il y avait quelque chose de fort imposant dans ce cortège qui marchait avec une grande rapidité et comme s’il craignait d’être rattrapé par un ennemi. » Je passe sur le reste du voyage où les contrariétés mêmes, les retards et les coups de vent tournent à intérêt et sont au profit de la curiosité ; jamais six semaines d’une vie ne furent employées plus vivement (mars-mai 1845).
Il est à remarquer, au reste, combien la limite était encore indécise sur de certains points. […] Sur presque tout le reste, les femmes ont gagné plus ou moins la partie, et quiconque a voulu leur plaire en écrivant ou en parlant, a dû éviter les sons durs, les images désagréables, les métaphores qui présentent une idée ignoble ou rebutante. […] On le comprend maintenant de reste, et, toutes choses bien pesées et examinées, il ne doit plus, ce me semble, rester un doute dans l’esprit de personne : Vaugelas avait sa raison de venir et d’être ; il eut sa fonction spéciale, et il s’en acquitta fidèlement, sans jamais s’en détourner un seul jour ; il reçut le souffle à son moment, il fut effleuré et touché, lui aussi, bien que simple grammairien, d’un coup d’aile de ce Génie de la France qui déjà préludait à son essor, et qui allait se déployer de plus en plus dans un siècle d’immortel renom ; il eut l’honneur de pressentir cette prochaine époque et d’y croire.
Venise elle-même ne l’avait pas enchanté, et le doge et les magnifiques seigneurs y ont attrapé un sonnet de sa main et de la bonne encre, un pasquin des mieux lardés, qui reste comme une parodie de leur fastueuse grandeur. […] « Tout le reste, ainsi qu’il le dit, ne sont que ris et choses frivoles dont personne, ce me semble, ne se doit scandaliser, s’il n’a les oreilles bien chatouilleuses. » Si l’on souffre un peu de voir un poète obligé de descendre à ces justifications, on n’est pas fâché du ton de fierté, du ton de gentilhomme ou, pour mieux dire, d’honnête homme, dont il le prend, au milieu de toutes ses déférences, avec son illustre parent et patron. […] On m’assure pourtant qu’il ne sera ni tout à fait inutile, ni désagréable pour ceux mêmes qui le savent déjà, de citer le sonnet célèbre, qu’on s’attend à lire chaque fois qu’il est question de Du Bellay ; j’obéis donc à cette observation qui m’est faite au dernier moment, d’autant plus que c’est la meilleure preuve que je n’ai pas surfait le poète : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Le reste n’est que le reste, et vient après. […] Ils se racontèrent, avec une foi candide dans leurs illusions, tout ce que l’amour, la jeunesse et ce reste d’enfance qu’ils avaient, leur mettaient dans la pensée.
Je ne sais pas au reste s’il est jamais arrivé que l’objet d’une grande passion, au roman et au théâtre, fût peint d’une manière satisfaisante, et parût autre chose qu’un ressort qui met la passion en branle, ou bien une cible où elle tire. […] Ailleurs voici Agrippine, une mère aussi, mais ennemie de son fils, et l’aimant pourtant d’un reste d’instinct : fière, ardente, ambitieuse, d’une ambition de femme, qui n’est pas une énergie d’ordre supérieur, aspirant à pouvoir plus pour agir plus, ni une confiance superbe de savoir réaliser mieux que personne le bien public, mais une vanité avide de l’extérieur, de l’enivrement, des flatteries de la puissance : Agrippine est ambitieuse comme une autre est coquette. […] Reste donc Bajazet, le seul sujet qui ait été choisi par Racine pour sa pure valeur dramatique et réaliste.