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533. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Talent byzantin par l’or de sa manière, Méry est vraiment bien le peintre qui convenait à Byzance.

534. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Gabriel de Chénier, nous ont permis de rechercher et de transcrire ce qui nous a paru convenable dans le précieux résidu de manuscrits qu’il possède ; c’est à lui donc que nous devons d’avoir pénétré à fond dans le cabinet de travail d’André, d’être entré dans cet atelier du fondeur dont il nous parle, d’avoir exploré les ébauches du peintre, et d’en pouvoir sauver quelques pages de plus, moins inachevées qu’il n’avait semblé jusqu’ici ; heureux d’apporter à notre tour aujourd’hui un nouveau petit affluent à cette pure gloire ! […] André, dans ses notes, emploie, à diverses reprises, cette expression : j’en pourrai faire un QUADRO ; cela paraît vouloir dire un petit tableau peint ; car il était peintre aussi, comme il nous l’a appris dans une élégie : Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d’autres couleurs cherchent d’autres succès. […] En l’indiquant, j’y vois comme un défi que quelqu’un de nos jeunes peintres relèvera62.

535. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

C’était diaphane, transparent ; c’était dommage pour mes yeux, ce devait être vu par un peintre. […] Voilà le tableau du peintre, qui cette fois n’a pas été un peintre, mais un transfigurateur religieux.

536. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

J’ai pensé à notre peintre et ami, M.  […] Nous avons vu souvent de grands peintres faire leur propre portrait en se contemplant devant une glace : mais la peinture ne peut rendre l’image du peintre que dans une seule expression, une seule attitude, tandis que la plume peint la nature morale dans toute sa mobilité, dans les mille émotions secrètes que la vie donne à ceux qui pensent, qui sentent, qui jouissent, qui souffrent, qui pleurent ou qui prient.

537. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de grève en grève, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, et se rejetant dans la nature, comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon, toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle ; en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge. » Ainsi ce que madame de Staël, qui n’avait devant les yeux que Goethe, déplorait comme étant une maladie et n’étant qu’une maladie, nous, en contemplant Byron, chez qui cette maladie est au comble, nous ne le déplorions pas moins, mais nous le regardions comme un mal nécessaire, produit d’une époque de crise et de renouvellement. […] Vos peintres rendent la nature sans vérité et sans idéal, et aucune pensée ne dirige leur pinceau. […] Le plus grand peintre de la nature chez les anciens, Virgile, a déjà jusqu’à un certain point l’âme chrétienne.

538. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Ils ont étendu aux écrivains la bêtise qu’on faisait déjà pour les peintres, les sculpteurs, les architectes ; les plus fatales conséquences sont à craindre : elles s’aperçoivent déjà. […] Si le jeune écrivain, le jeune musicien, le jeune peintre a quelque chose en lui, son génie ou son talent lui seront un tonique suffisant, sans qu’il lui soit besoin de se réconforter en briguant une place dans un quelconque palmarès. […] Je me demande même si on ne pourrait pas étendre cette conception aux peintres, aux décorateurs, aux architectes.

539. (1902) Le culte des idoles pp. 9-94

« L’âme de la France, écrivait-il, c’est celle dont des poètes comme Racine et La Fontaine, des peintres comme Fragonard, des écrivains comme Montaigne, Montesquieu, Voltaire ont à jamais exprimé l’idéal. […] Edmond, misogyne et renfermé, s’imagina naïvement être le peintre de la femme moderne. […] De même les peintres, s’ils ne s’expriment pas toujours avec justesse, n’ont jamais cette incertitude, ni ces longueurs de la phrase, quand ils notent leurs sensations visuelles.

540. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Enfin, le peintre Marcel, qui ramasse les débris du naufrage de Catherine, ce qui n’est pas une grande aubaine, ce sage d’atelier, ce moraliste de peinture, n’est qu’un bon garçon qui veut vivre à Bruges et qui se moque du préjugé. […] C’est cette préoccupation de peintre dévorant le littérateur, et qui, du reste, est la maladie des pommes de terre de la littérature actuelle, c’est cette préoccupation qui a poussé l’auteur de Catherine a faire un peintre de son second héros, le bon et le définitif, et à lui souffler des théories sur les rapports de la peinture et des gouvernements, pour lesquelles il est évident que l’honnête Marcel n’est que la sarbacane de M. 

541. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Outre qu’après la disparition de la Vogue il continua dans la Revue Indépendante ses notes sur les peintres, il signa aussi dans cette revue mémorable des pages amusantes de petite critique littéraire. […] Huysmans vivisectait les peintres avec la joie d’un chat de gouttière dévorant une souris vivante ; Laforgue était ironique, léger, mélancolique et délicieux ; M.  […] Sa critique est positive ; il exalte le sujet de son analyse ; il dit les signifiances obscurément voulues par le peintre et, ce disant, recompose très souvent une œuvre un peu différente, par les tendances nouvelles qu’il y trouve, de celle qu’il a eue sous les yeux : ainsi, dans son étude sur Henry de Groux, un grandiose pendu nous apparaît, plus grandiose encore et plus lamentable aussi, parmi le renouveau luxuriant des sèves, que le grandiose et lamentable bonhomme du peintre de la Violence. […] Meissonier, peintre fameux des états-majors et des cuirassiers. […] Dès là, il exprimait les deux inquiétudes dont il se souciait avant tout : le peintre est-il sincère ?

542. (1890) Nouvelles questions de critique

C’est qu’aussi bien le peintre n’en saurait user avec nous de la même liberté que le poète. […] Je dis seulement qu’aux environs de 1850, et dans le même temps que le théâtre et le roman s’efforçaient de nous persuader que l’imitation de la vie suffit à la gloire de l’artiste, les peintres l’ont fait voir aux yeux. […] Nous le devons à l’exemple des peintres. Ils nous ont appris ce que peut à lui seul le mérite de la forme ; et, que d’un peintre à un barbouilleur, c’est l’exécution, c’est la technique, c’est l’habileté de main qui font souvent la différence. […] Déjà, dans l’école romantique, le poète et le romancier, Hugo, Gautier, George Sand, rivalisent avec le peintre, l’égalent, ou le surpassent dans leurs descriptions.

543. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Pour plus de netteté, nous diviserons notre examen en trois parts : 1 °  nous parcourrons les pièces purement pastorales, celles qui nous manifestent Théocrite comme le maître incomparable du genre ; 2 °  nous insisterons sur quelques morceaux plus élégiaques qu’idylliques, mais d’une extrême beauté, tels que la Magicienne, le Cyclope, et dans lesquels Théocrite s’est placé au premier rang parmi les peintres de la passion ; 3 °  enfin, si nous voulions être complet, nous aurions à dire quelque chose des pièces de divers genres, héroïques, épiques, satiriques, dont quelques-unes (comme les Syracusaines), moins originales peut-être au temps de Théocrite, sont pour nous des plus neuves et nous rendent des tableaux de mœurs au naturel. […] « Je ne comprends pas de peinture, a dit un grand écrivain qui est peintre lui-même, s’il n’y a de la lumière et du soleil. » Le dialecte dorien chez Théocrite, et dès la première idylle, répond à ce soleil, à cette lumière. […] Théocrite serait compté encore parmi les peintres de l’amour, lors même qu’il n’aurait pas composé des pièces destinées uniquement à le célébrer. […] Hier encore, cet amour d’Antiochus pour Stratonice, qui rebutait si fort La Motte, a été mis en tableau, et représenté physiquement aux yeux par un grand peintre : M. 

544. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il nous parle spirituellement de l’aveuglement des peintres à ce qui est devant leurs yeux, et qui ne voient absolument que les choses qu’on les a habitués à voir : une opposition de couleur par exemple, mais rien du moral de la chair moderne. […] Dans les venants et les passants, peu ou point d’hommes politiques ; des peintres le dimanche entre le coucher du samedi et du lundi ; des hommes de lettres le mercredi ; la famille représentée par le comte et la comtesse Primoli, le jeudi ; et les autres jours, de petits dîners intimes autour de la grande table de vingt-cinq couverts des dimanches, toute rétrécie. […] 6 septembre En chemin de fer, ce soir, en revenant, Victor Giraud, le fils du peintre de la Permission de dix heures, nous contait que la *** avait fait avec lui tant de manières, qu’il n’avait pas couché avec elle. […] Il nous dit que c’est son fils, arrêté par des migraines dans une vocation de peintre en bâtiment, tourné au théâtre, jouant dans les localité riveraines de la Seine, et peut-être appelé prochainement aux Variétés.

545. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Eugène Demolder, un peintre qui après avoir étudié la Hollande de Rembrandt (La Route d’Émeraude), excelle à reproduire le règne des élégances de Versailles dans un livre (Le Jardinier de la Pompadour) digne d’un Pierre de Nolhac qui serait romancier. […] Franc-Nohain, poète de genre comme les petits maîtres hollandais furent peintres de genre ; l’inimitable et cocasse et divin Franc-Nohain, le Thackeray et l’Addison français, le poète de Flûtes, la Chanson des Trains et des Gares, La cuisinière bourgeoise ; le conteur d’Au Pays de l’instar, l’historiographe du fonctionnaire de la IIIe République et du gendarme, M.  […] Mahaut, et le peintre des déserts, Maxime Noiré. […] Gilbert de Voisins est un peintre, un « descriptif », c’est aussi un ironiste.

546. (1926) L’esprit contre la raison

Tant pis, car il faut beaucoup de naïveté pour faire de grandes choses et rien d’admirable n’apparaît possible sans cette innocence dont le spectacle faisait écrire à Robert Desnos, à propos du peintre Miró dont les tableaux venaient de se révéler si libres, si révolutionnaires, que nul ne pouvait se défendre d’en avoir été surpris : « Miró est un peintre béniau. » Ainsi semblablement furent bénis tous ceux qui osèrent briser les frontières des pourritures avantageusesav. […] », illustrée d’un dessin représentant Napoléon et d’une liste de noms de critiques, écrivains, peintres, cinéastes qui « s’en donnent à cœur-joie ». […] Ce développement sur les peintres surréalistes et la vue libérée présente les caractéristiques de l’écriture à la fois lyrique et critique des surréalistes ; l’idée du tableau comme ouverture creusée dans le mur du réel revient chez Breton, au début du Surréalisme et la peinture ; la porte qui livre passage à Crevel est devenue une fenêtre « dont mon premier souci est de savoir sur quoi elle donne, autrement dit si, d’où je suis, « la vue est belle » […]. » cc.

547. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

On a conjecturé d’après un passage de ses Poésies que son père, qui s’appelait Thomas, était peintre d’armoiries : en ce cas, l’enfant put épeler de bonne heure tous ces blasons de famille qu’il devait, à sa manière, si bien illustrer un jour. […] Mais celui des Anglais qui lui rend le plus bel hommage, c’est un génie facile, un peintre au large et courant pinceau, qui n’est pas sans de grands rapports de parenté avec lui, Walter Scott, en ses Puritains d’Écosse.

548. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Et si l’on regarde à la nature des méchants propos qui sont restés attachés au nom de cette dame, on admire la délicatesse du peintre d’avoir ainsi loué une femme qui avait eu les plus odieux démêlés avec son mari et qui avait été chansonnée. […] Reçu dans la même séance que l’abbé Bignon, qui n’avait d’autre titre que son nom et sa naissance, La Bruyère, se levant après lui et prenant la parole, montra qu’il pouvait à la fois rester peintre de caractères et devenir orateur.

549. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Il n’en gardait pas copie d’abord, et il semble qu’il y tenait assez peu ; c’est pendant une maladie du peintre Guérin, l’un de ses amis, et en passant les nuits à son chevet, en 1812, qu’il eut l’idée, pour la première fois, de recopier ses anciennes chansons ; il s’en rappela ainsi une quarantaine : il y en eut de perdues et d’oubliées. […] Dînant chez le peintre Guérin (1812) avec Arnault, Roger et Auger, tous deux rédacteurs alors du Journal de l’Empire, on lui fit chanter de ses chansons, et il obtint un petit triomphe : « Je n’en ai chanté que des gaillardes ; toutes ont obtenu des applaudissements extraordinaires ; Auger, surtout, me les a demandées avec instances ; et, si grands que soient les éloges que tous m’ont donnés, il m’a semblé qu’ils y mettaient de la bonne foi.

550. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Il est bien le peintre de la vie, et même, quant à ce vis comica tant reproché, s’il ne se trouve pas en effet ici dans ce dialogue entre les deux frères, je n’y entends plus rien, je ne le vois nulle part. […] Térence peintre de l’homme, ce n’est rien d’absolu dans la morale ni dans la vie : c’est croire qu’on a toujours quelque chose à apprendre, toujours à modifier et à corriger selon l’âge, le moment, la pratique et l’expérience.

551. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Ménard, qui est peintre et poète, et même chimiste, me dit-on, et aussi un peu polythéiste (c’est évident), a des pages où brillent et respirent la lumière et la flamme qu’il a puisées dans la vive méditation de son sujet. […] Les cartons de Raphaël à Hampton-Court, les fresques du même grand peintre dans les galeries du Vatican, les fameuses statues du Laocoon et de l’Apollon du Belvédère, et l’église de Saint-Pierre à Rome, le plus magnifique édifice qui soit peut-être au monde, produisent également cet effet le plus ordinaire de désappointer le spectateur à première vue.

552. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Jean Richepin 68 Tel littérateur est un orfèvre, tel autre est un peintre, tel autre un musicien, tel autre un ébéniste ou un parfumeur. […] Ajoutez que, considérée par l’extérieur et avec l’œil d’un peintre, la vie des gueux a beaucoup de relief et de couleur, soit parce qu’elle est l’exception et qu’elle fait contraste avec la vie de la société régulière, soit parce que, tout y étant libre et dégagé de conventions, tout y est par là même plus expressif.

553. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Ils sont légion : Retz et la Rochefoucauld, deux adversaires politiques, deux rivaux de gloire littéraire ; Scarron, Molière, Boileau, trois maîtres, à des degrés divers, du comique et de la satire ; Mme de Sévigné, la reine du style épistolaire ; Cyrano de Bergerac, malgré son nom de ; consonance gasconne ; Bachaumont et son ami Chapelle, le bon buveur, qui doit son surnom au village de la Chapelle, devenu aujourd’hui un faubourg de Paris agrandi ; Patru, Chapelain, Conrart, les petits grands hommes de l’Académie naissante ; d’Aubignac, un auteur de pièces sifflées qui se venge en se faisant le législateur du Parnasse ; le galant abbé Cotin, ce martyr de la critique littéraire, d’autres encore, sans compter les peintres Lesueur et Lebrun, attestent la fécondité alors décuplée de la grande ville. […] Ainsi Mérimée, pour n’en pas citer d’autre, plus enclin à regarder au dedans qu’au dehors, se plaisait à décrire en style assorti des états d’âme violents, des caractères âpres, des éclats de passion sauvages pareils aux paysages que les descriptifs et les peintres d’alors jetaient sur le papier ou sur la toile.

554. (1886) De la littérature comparée

Nous avons vu douze générations de penseurs se morfondre sur un problème insoluble, des sculpteurs s’acharner à donner à la pierre la forme de leurs rêves, des peintres incarner dans des corps à peine matériels leur vision intérieure, des poètes courir éperdus dans les régions surnaturelles. […] Un peu plus tard, les peintres viennent à la rescousse : les préraphaélites allemands et anglais, l’école d’Overbeck et celle de Rossetti, rêvent de reprendre la filière de l’art là où la Renaissance est venue l’interrompre, de retrouver la sincérité primitive des Angelico et des Botticelli.

555. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Savant médecin et anatomiste, Vicq d’Azyr possédait, de plus, un riche et flexible talent d’écrivain et de peintre, qu’il appliquait non seulement aux sujets à proprement parler littéraires et académiques, mais même aux descriptions purement scientifiques ; c’est dire que, de sa part, il y avait quelque abus. […] Je ne dirai point que Cabanis était le maître de cette école ; Cabanis était trop consciencieux, trop réellement savant pour mériter d’être classé ainsi, et il ne saurait figurer en tête de ce groupe que par son talent d’écrivain et de peintre physiologiste.

556. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Après l’avoir peint dans son costume ordinaire, avec ses bottes de velours, son habit de drap bleu, et avoir décrit ainsi sa tête : « Sa chevelure, artistement relevée et contournée par le fer des coiffeurs sur les tempes, se renfermait derrière la nuque dans un ruban de soie noire flottant sur son collet » (ce qui, sans périphrase, veut dire qu’il avait une queue) ; après avoir ajouté, en parlant toujours de sa tête : « Elle était poudrée à blanc à la mode de nos pères, et cachait ainsi la blancheur de l’âge sous la neige artificielle de la toilette », le peintre en vient au caractère de la personne et au visage : On eût dit que le temps, l’exil, les fatigues, les infirmités, l’obésité lourde de sa nature, ne s’étaient attachés aux pieds et au tronc que pour faire mieux ressortir l’éternelle et vigoureuse jeunesse du visage. […] Si j’avais affaire à un peintre hollandais en M. de Lamartine, je trouverais qu’il va trop loin, mais du moins j’aurais confiance.

557. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Michelet a la pensée profonde qui creuse, l’œil artiste qui colore, le sentiment généreux qui explique : il écoute et regarde en philosophe, en peintre et en musicien, en moraliste et en homme de cœur. […] C’est dans ces circonstances que, songeant à employer mes journées et à tirer parti de ma bonne volonté pour un travail quelconque, flottant entre les peintres de fleurs sur éventails et tabatières, les portraits à quinze francs et la littérature, je fis, entre tous ces essais, un roman fort mauvais qui n’a jamais paru.

558. (1896) Études et portraits littéraires

J’ai reconnu l’effort et le talent du descriptif, l’attention du peintre aux jeux de la lumière et de l’ombre, aux vibrations de la couleur. […] Celui qu’ils devaient sacrer le grand peintre de mœurs du dix-neuvième siècle, leur apprit à le regarder, ce siècle. […] Parfois on croit feuilleter de ces cartons d’études qui sont pour les peintres comme des travaux d’approche. […] On se plaît à y saisir le tempérament du peintre, son geste spontané, point amorti ni amendé par la tenue du talent qui s’astreint à la composition. […] Voir dans le Correspondant du 25 janvier 1892, p. 253, la belle page d’un critique anonyme sur Maupassant peintre de l’eau.

559. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Demandez-le aux peintres ; demandez-leur ce qu’ils pensent de la difficulté qu’il y a à faire un portrait d’enfant. […] Il est, en vers, un peintre. […] C’est un peintre manqué qui a fait en vers un peintre excellent. C’est un peintre, et vous savez que, d’habitude, sa propre pratique on l’érige en théorie ; avec ses qualités à soi on fait des maximes. […] Pour ne citer qu’un exemple, vous connaissez certainement notre peintre Meissonier.

560. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Enfin, son impartialité de peintre me paraît certaine. […] Quand ils sont partis, le jeune peintre survient. […] Zola, cet accablement même nous fait sentir, je ne sais comment, la force du peintre. […] Les décors du grand peintre Jambon « vaudraient le dérangement » à eux seuls. […] Puis, le jeune peintre a filé, en Amérique, je crois.

561. (1924) Critiques et romanciers

Dans l’intervalle, il est allé prendre conseil de ces réalistes parfaits, et amusants, les peintres hollandais. […] Et voici que devant ce portrait, je me rappelle, stupéfait, l’œuvre délicieuse du peintre, toute en attraits mystérieux, en grâces déjà minaudières. » L’œuvre ne ressemble pas au peintre et lui ressemble si peu qu’on vient à se demander si le portrait de La Haye ne trahit pas le modèle. […] Le voici peintre à son tour, peintre des gens et des objets, peintre de l’atmosphère, peintre de l’âme que dégage l’authentique réalité. […] Ce réaliste n’est pas un peintre de la laideur. […] Il a étudié le talent de nos peintres et de nos sculpteurs les plus adroits.

562. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Le vrai musicien ne possède pas moins d’imagination que le peintre. […] Dites-moi quel est le sentiment qui ne soit pas sur la palette du peintre ? […] Et quel peintre aussi qu’Homère, et, dans un genre différent, le Dante ! […] Si Lesueur est le peintre du sentiment, le Poussin est celui de la pensée. […] J’admire assurément Champagne comme peintre d’histoire et même comme paysagiste ; mais ce qu’il y a peut-être de plus grand en lui, c’est le peintre de portraits.

563. (1925) Proses datées

Mallarmé, en effet, aimait la peinture et fréquentait volontiers les peintres. […] Vêtue d’amples robes flottantes, de claires étoffes estivales, elle eût encore pu tenter le pinceau d’un peintre. […] Là fréquentent des camarades et des amis : poètes, peintres, sculpteurs, tout un petit monde ardent et outrancier. […] Vous recherchiez ceux de Titien et de Véronèse et vous ne dédaigniez pas ceux du Tintoret qui vous semblait, même le « premier des peintres vénitiens, quand il veut bien faire ». […] Il en est qui doivent à l’art seul du peintre leur intérêt permanent.

564. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Il mêlait volontiers à son enseignement des préceptes évangéliques qui rappelaient la manière morale de Bernardin de Saint-Pierre : il prêchait l’amour des hommes et l’indulgence, comme il convenait à l’ami de Collin l’optimiste, du bon Ducis, et au peintre d’Helvétius.

565. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Mais trop pressé déjà par le temps, trop appelé et tenté par la politique et par ses passions dévorantes, il se hâta de dresser le monument de son souvenir ; il fit ses personnages un peu roides ; il les drapa : au lieu de donner le ton cette fois, il semble avoir suivi lui-même le goût des peintres de l’Empire.

566. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Van Bever Empruntant, sous les contours fallacieux de la prose, la plastique et la rythmique du vers, mêlant aux images les plus transparentes le coloris violent des réalités, l’art de ce poète s’affirme en petits tableaux parfaitement achevés, où l’habileté du peintre ne le cède en rien au lyrisme de l’évocateur.

567. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Pour ce qui est de cette dernière pièce il faut rappeler que Boursault crut se reconnaître dans le personnage de Lysidas et, de dépit, fit jouer à l’Hôtel de Bourgogne une petite pièce satirique intitulée le Portrait du Peintre ou la Contre-Critique. […] Le Sicilien ou L’Amour peintre Voltaire a pleinement raison _au jugement qu’il donne de L’Amour peintre : « C’est la seule petite pièce en un acte [de Molière] où il y ait de la grâce et de la galanterie. […] L’Amour peintre ressemble assez sensiblement au Barbier de Séville de Beaumarchais et c’est-à-dire que le Barbier de Séville lui ressemble. […] De ne vivre jamais pour soi… Voilà encore sur quoi nous aurons occasion de revenir, L’Amour peintre est un charmant chef-d’œuvre en un acte. […] Mignard, le peintre célèbre de Louis XIV, avait peint une gloire au dôme de l’église du Val-de-Grâce ; Molière fut prié de célébrer en vers cette belle œuvre d’art.

568. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Il y a du peintre dans Victor Hugo, il y a de l’orateur dans Alfred de Musset, il y a du philosophe dans Alfred de Vigny. […] Aux affamés d’exotisme, comme Théophile Gautier, il offrait un vers capable de se colorer, ainsi qu’une toile de peintre, de tous les tons de la palette. […] Il s’est cru peintre. […] Ces peintres trempent leurs pinceaux dans cette poussière-là. […] Ces deux-là suffisent à montrer que le peintre de caractères aboutit aussi nécessairement à copier le personnage supérieur que le peintre de mœurs à reproduire le personnage moyen.

569. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Pendant que les peintres préparent et brossent les décors, on monte la pièce. […] Mais, pour un même moment, le peintre et le décorateur ne peuvent de la même manière associer la nature à des actes humains. […] Le peintre a ainsi associé une tourmente de la nature à un acte criminel. […] Cette loi, qui ouvre un champ fécond à l’imagination du peintre, domine l’art de la mise en scène. […] Il faut donc la traiter comme un peintre traite les masses, c’est-à-dire sacrifier le détail particulier à l’ensemble.

570. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

. — Je l’ignore, et si je le savais je serais plus grand poëte et plus grand peintre que lui ; mais, si Vernet vous eût appris à mieux voir la nature, la nature, de son côté, vous eût appris à bien voir Vernet. — Mais Vernet ne sera toujours que Vernet, un homme. — Et par cette raison, d’autant plus étonnant, et son ouvrage d’autant plus digne d’admiration. […] Mais si ces personnages n’y étaient pas, il y avait proche de moi, sur la rive du grand bassin, une femme qui se reposait avec son chien à côté d’elle ; en suivant la même rive, à gauche, sur une petite plage plus élevée, un groupe d’hommes et de femmes, tel qu’un peintre intelligent l’aurait imaginé ; plus loin, un paysan debout, je le voyais de face, et il me paraissait indiquer de la main la route à quelque habitant d’un canton éloigné. […] Le poëte, le peintre, le statuaire, le comédien, sont des charlatans qui nous vendent à peu de frais la fermeté du vieil Horace, le patriotisme du vieux Caton, en un mot, les plus séduisans des flatteurs… " l’abbé en était là, lorsqu’un de ses élèves entra, sautant de joie, son cahier à la main. […] Ce n’est pas un grand ouvrage, mais c’est l’ouvrage d’un grand peintre ; ce qu’on peut dire toujours des feuilles volantes de Voltaire, on y trouve le signe caractéristique, l’ongle du lion. Mais comment, me direz-vous, le poëte, l’orateur, le peintre, le sculpteur, peuvent-ils être si inégaux, si différens d’eux-mêmes ?

571. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

C’est par elle que les peintres ont retrouvé l’originalité et l’invention. […] Voilà comment le fabuliste peut se trouver du même coup et au même endroit un peintre d’animaux et un peintre d’hommes.

572. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

Peintre d’éclatantes mascarades et d’aventures singulières. — 3. […] Tout ce qui est vie physique et sensation, apparences et mouvement des choses et des hommes, joie des yeux, caresse des sens, trouve en lui un peintre sans rival. […] Un sermon sur les Péchés Capitaux tourne en Bataille des vertus et des vices, à la mode des peintres primitifs.

573. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Il ne serait pas téméraire d’affirmer que c’est à Venise, voyant en quelle vénération la république conserve à Padoue un os de Tite-Live, qu’il a lu quelque traduction française ou italienne de l’historien romain : car on ne saurait trouver dans la Chronique de Louis XI une trace de la lecture de Tite-Live, au lieu que dans la Chronique de Charles VIII, beaucoup plus courte, la pensée de l’historien se reporte complaisamment vers les Romains et vers le peintre de leur grandeur. […] Henri Baude est parfois étonnant d’audace naturaliste, dans sa manière sobre et mordante, où il détache d’un mot sec et saisissant la réalité qu’il veut montrer : et Dieu sait sur quelles réalités tombe son œil implacable d’observateur et de peintre ! […] Mais Villon est autre chose qu’un gueux peintre des gueux : ce meurtrier, ce filou, cet ami de je ne sais quelle Margot, qu’on estimerait gâté jusqu’aux moelles, et qui l’est, a d’étonnantes fraîcheurs d’imagination ; il pousse sur la pourriture de cette âme d’exquises fleurs de sentiment.

574. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Paul Aubry, un jeune peintre de talent, en train de gagner son nom et sa fortune. […] Il vient demander au peintre de lui prêter son atelier pour une heure. […] Cependant il est, çà et là, des choses qui me blessent dans ce vif ensemble : c’est le rôle de moraliste que s’arroge le jeune peintre vis-à-vis de la femme qu’il va entraîner, tout à l’heure, dans tous les casse-cou de l’amour coupable ; c’est l’attitude vertueuse et presque contrite que prend cette femme devant l’homme auquel elle a jeté son mouchoir ; c’est, en un mot, le faux air d’entrevue de pénitente et de directeur qui déguise mal le caractère de ce profane tête-à-tête.

575. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Cette impression que Mme de Girardin (alors Mlle Delphine Gay) fit sur moi la première fois qu’elle m’apparut, après en avoir beaucoup entendu parler, fut si vive, que le lieu, le jour, le site, la personne, sont restés comme un tableau dans ma mémoire, et que je pourrais dicter aujourd’hui encore à un peintre, le ciel, le paysage, les traits, les couleurs, le regard, sans qu’il manquât un éclair dans les yeux, une inflexion aux lèvres, une rougeur ou une pâleur aux joues, une ondulation aux cheveux, un nuage au ciel, une feuille même au paysage. […] On ne peut s’empêcher de se rappeler, en approchant, les noms de tous les grands poètes et de tous les grands peintres qui sont venus avant nous frissonner d’horreur et d’admiration à ce même site, depuis Horace et Claude Lorrain, jusqu’à lord Byron. […] Un peintre n’aurait pas choisi pour la peindre une attitude, une expression et un jour plus conforme à sa grandiose beauté.

576. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

… La vie élégante, que les hommes soi-disant littéraires dédaignent, et qui paraît aux hommes graves si peu digne de ce superbe regard de myope qui les distingue et qui appuie sur toutes choses sa lourdeur de plomb, cette vie avait en France et en Angleterre — les deux seuls pays où elle soit possible — des peintres et des interprètes ; mais, jusqu’à Balzac, personne, dans ces deux pays, n’avait pensé à en faire la législation et à en dégager la philosophie. […] Ce n’est pas un peintre, du moins dans les Illustrations que nous avons sous les yeux. […] Pour qui connaît les Contes de Balzac, il n’existe pas le moindre rapport entre la sénéchale d’Armignac, le Succube, « la preude et chaste femme, la dame d’Hocquetouville », la Blanche « du bonhomme Bruyn » et « Berthe-la-Repentie », et pourtant, à cela près de quelques détails de costume, d’un profil plus net, d’un menton plus ou moins empâté, c’est toujours le visage mat (la beauté de la chair sans intelligence) de la courtisane Impéria qui passe sous tous ces hennins comme une domination, comme une fatalité de la pensée de l’artiste, et qui nous fait nous demander si cette hantise obstinée du même type est une obsession dont le peintre est trop homme pour pouvoir se débarrasser.

577. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

D’abord, vous vous êtes débarrassé en maître de la plus pénible des corvées, celle de parler de soi… Ensuite, digne ami d’Horace, vous avez décomposé l’art dramatique avec une profondeur qui m’a fait frémir pour l’intéressant Collin ; mais bientôt le peintre habile, en ne ménageant aux curieux que le jour favorable à son modèle, a glissé adroitement sur la sévérité de l’ancienne école pour ne nous peindre que le brillant de la nouvelle. […] Je crois que j’ai bien cela ici… J’espère ne pas mériter dans cet ouvrage le reproche de n’être qu’un peintre de portraits de la rue Saint-Denis.

578. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

C’est donc un écrivain français de plus que nous avons en elle, et un écrivain peintre tout à fait digne d’attention. […] L’élévation de cœur en effet, la noblesse de sentiments qui était inhérente à sa nature et qui, dans ses mémoires, est masquée par l’esprit de plaisanterie et de satire, se prononce davantage dans les lettres : la margrave s’y montre par ses meilleures et ses plus solides qualités, non plus comme le peintre moqueur et caricaturiste de sa famille, mais bien plutôt comme une personne passionnée, aimante, et, quand il le faudra, héroïque et généreuse, dévouée à l’honneur de sa maison ; et c’est aussi par ces côtés sérieux et moins connus que nous prendrons plaisir à la dégager et à la dessiner en face de son frère.

579. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

. — Un jour que, devant une toile de Raphaël, un de nos peintres modernes, grand esthéticien encore plus que peintre, homme à vastes idées et à plans grandioses, avait développé devant quelques élèves une de ces théories sur l’art chrétien et sur l’art de la Renaissance, où le nom de Raphaël sans cesse invoqué sert de prétexte, il se retourna tout d’un coup en s’éloignant, et, en homme d’esprit qu’il est, il s’écria : « Et dire que s’il nous avait entendus, il n’y aurait rien compris ! 

580. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Je me suis regardé, en imitant ce caractère, comme un peintre religieux qui travaille à un tableau d’autel. […] Et quant à l’idée qui lui appartient ici en propre, de faire un Hamlet modèle de piété filiale, et de travailler à ce beau portrait comme un peintre de sainteté ferait « à un tableau d’autel », c’est bien l’idée la plus contraire à l’original et la plus anti-shakespearienne qui se puisse concevoir ; c’est un contre-sens à la Greuze. — Voici la seconde lettre à Garrick ; dans chacune, d’ailleurs, il y a quelque mot remarquable : « A Versailles, le 15 septembre (1772).

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