Pour atteindre à ce résultat, ou du moins pour en approcher, il était prescrit que la justice se rendît en latin ; c’est en latin que se plaidaient les causes, et une loi expresse défendait au préteur de promulguer un décret en aucune autre langue qu’en langue latine.
Qu’ils renoncent à la définir, ou, s’ils ne peuvent consommer ce sacrifice si cher à leur amour effréné des théories, qu’ils s’en tiennent aux bonnes vieilles définitions de Platon et d’Aristote ; qu’ils nomment la poésie une création, d’après l’étymologie du mot, ou une imitation belle, d’après un caractère incontestable de toute œuvre d’art304 : ils ne seront plus précis, ils ne seront plus originaux, mais ils deviendront vrais ; ils nous édifieront moins par leur imagination, autant par leur science, et davantage par leur justice.
Il fonde des associations, il parle dans les meetings, il surveille des écoles, il rend la justice, il introduit des perfectionnements ; il use de ses lectures, de ses voyages, de ses liaisons, de sa fortune et de son rang pour conduire amicalement ses voisins et ses inférieurs vers quelque œuvre qui leur profite et qui profite au public.
C’est l’immortel caractère de ce monument musical : on y sent à la fois bouillonner le vice, prier l’innocence, défier le ciel, foudroyer le crime, éclater la justice divine, rayonner l’immortalité rémunératrice à travers les fausses joies et les faux triomphes d’un scélérat de plaisir.
Ces hommes de cœur et de goût furent la Providence de sa fortune et de sa renommée : que son nom rayonne sur eux, ce n’est que justice ; leur opulence et leur amitié ont rayonné longtemps sur son obscurité ; la postérité doit reconnaissance à ceux qui furent les nourriciers de ses grands artistes.
La terre est couverte d’un voile sombre ; mais la nuit, qui tient éveillé le méchant, n’effraye pas le paisible bourgeois ; car l’œil de la justice est ouvert.
Pendant la servitude alternative de l’Italie aux Français et aux Allemands, les Vénitiens continuent à rester libres et à triompher tantôt de la France, tantôt de l’Allemagne, sans s’avilir jamais jusqu’à la neutralité, cet égoïsme honteux des nations inertes ; on les voit partout où il y a un équilibre à rétablir en Italie, de la tyrannie étrangère à combattre, de la gloire navale ou militaire à conquérir au nom de Venise ; leur trésor paye les Suisses, qui pèsent la justice des causes au poids de leur solde ; la victoire de Marignan laisse les Vénitiens inébranlables dans leur patriotisme italien.
Une fille de roi, aimée d’un paladin de la cour de son père ; une amitié tendre entre cette princesse et sa suivante, devenue en grandissant avec elle son amie ; la séduction de cette Olinde par un débauché qui abuse de son innocence, cette ruse infernale de l’échange des vêtements sur le balcon, qui donne l’apparence du crime à l’innocence endormie ; le désespoir de ce fidèle amant, témoin de la fausse infidélité de celle qu’il respecte et qu’il adore, le silence qu’il s’impose, et la mort qu’il essaye de se donner pour ne pas flétrir celle qui lui perce le cœur ; ce Renaud, étranger à tous ces intérêts d’innocence, d’amour ou de crime, qui vient, par le pieux culte de la femme et de la justice, se jeter l’épée à la main dans cette mêlée comme la Providence ; ce vieux roi, qui pleure sa fille et qui la livre à sa condamnation à mort par respect pour les mœurs féroces de son peuple ; cet Ariodant, qui se revêt chez l’ermite de son armure de deuil, et qui va combattre masqué contre son propre frère pour le salut de celle dont le crime apparent le fait mourir deux fois ; ce repentir et cette confidence de la suivante Olinde dans la forêt, retrouvée comme la vérité au fond du sépulcre ; ce Renaud, qui interrompt heureusement le combat fratricide entre Ariodant et Lurcin, qui tue Polinesso et qui lui arrache la confession de l’amour de Ginevra ; ces deux amants qui se retrouvent, l’une dans son innocence, l’autre dans son dévouement, et qui s’unissent dans les bras du vieux roi aux acclamations du peuple !
Mais se figure-t-on le rire sur la perte du misérable dont un huissier vend le grabat par autorité de justice, ou qui vient de se suicider par peur du ridicule ?
Il aimait, mais il craignait sa mère comme une justice rigoureuse ; il ne se révélait à aucun des deux.
Voltaire nous touche moins à fond : il regarde le passé, qu’il combat, et nous avons à faire effort pour lui rendre la justice qu’il mérite.
Mario Meunier Oui, le xixe siècle est un grand siècle lyrique, et il mérite à ce titre admiration et justice.
Sans doute les vers du Meunier sans souci et les piquantes leçons du professeur populaire n’ont pas été inutiles à la réputation des Étourdis ; mais on ne fait que justice à cette pièce en la trouvant très agréable.
Sa divinité fut reconnue dans toute la Sicile, il la proclama lui-même. « Amis, qui habitez les hauteurs de la grande ville baignée par le blond Acragas, écrit-il au début d’un de ses poèmes, zélés observateurs de la justice, salut !
La farce est née, dans les fêtes de la Basoche, de ces causes grasses qu’avocats et étudiants en droit plaidaient et jouaient à certains jours dans la grande salle du Palais de justice.
L’histoire les a justement retranchés de cette défense immortelle, elle n’a compté que les héros de la tragédie, sans s’inquiéter des comparses : soustraction qui est une justice.
C’est que, plus les organismes se compliquent, plus leur sélection purement mécanique devient difficile ; un homme paresseux ou inintelligent, par exemple, est-il condamné à mort par la justice de la mécanique universelle, armée de sa balance toujours en équilibre ?
Presque toute la société se rallie à cette théorie, en déclarant qu’un Mirabeau échappe aux règles de la petite probité bourgeoise : « Alors, Messieurs, nous écrions-nous, il n’y a plus de morale, de justice chez les historiens en histoire, si vous avez deux mesures, deux balances, l’une pour les hommes de génie, l’autre pour les pauvres diables.
Dimanche 30 janvier Zola était en train de parler aujourd’hui de la puissance du Figaro, avec une espèce de respect religieux, quand quelqu’un jette dans son amplification : « Vous savez, Scholl dit ne craindre au monde, que La Justice et Le Figaro !
Ces romans existent ; ils seraient peut-être — pénétrés de moins de bonté et de plus froide justice — le modèle, l’esquisse de l’épopée humaine future.
Avec un courage héroïque, qu’aucune pitié pour les vaincus, qu’aucun sentiment pour la justice de leur cause n’ébranlèrent, Victor Hugo, digne fils du Brutus Hugo de 1793, vota avec la majorité, maîtresse de la force.
La démocratie, si sainte en morale parce qu’elle est la justice, est ignoble en littérature parce qu’elle est la médiocrité ; elle a le sens de l’utile ; elle n’a pas formé ni exercé encore en elle le sens du beau.
Le succès est venu à lui, — et c’est justice.
On n’a excepté que : 1º tous les régents, membres et administrateurs de la justice qui ont séduit par des promesses ou effrayé par des menaces ; 2° ceux qui ont eu des correspondances non permises, unerlaubte ; 3° ceux qui ont attiré des troupes étrangères ou abusé du nom du souverain ; 4° ceux qui ont effrayé la nation par la fausse nouvelle d’une attaque de la part du roi de Prusse ; 5° ceux qui ont eu part au traité de 1786 ; 6° ceux qui ont guidé les mécontents et eu part à l’assemblée de 1787 ; 7° ceux qui, tant régents que bourgeois, ont participé à l’expulsion des magistrats ; 8° les chefs, commandants et secrétaires des corps francs ; 9° ceux qui ont menacé indécemment les magistrats ; 10° ceux qui ont voulu rompre les digues nonobstant l’ordre du magistrat ; 11º ceux qui ont résisté aux magistrats ; 12°ceux qui se sont emparés des portes ; 13°tous les ministres et ecclésiastiques qui ont suivi les corps francs ou participé à l’opposition des soi-disant, patriotes (pflichtvergessene Prediger) ; 14° les directeurs et écrivains des gazettes historiques, patriotiques, etc., etc., etc. ; 15° tous ceux qui se sont rendus coupables de meurtres, de violences ouvertes ou d’autres excès graves. » « J’ai retranché toutes les épithètes, et la pièce a perdu dans ma traduction beaucoup de beautés originales. […] Dans ce qui suit, on devra aussi reconnaître la prédisposition opposante de Benjamin Constant, ses opinions libérales Préexistantes, ses instincts de justice politique, le tout exprimé, il est vrai, avec une parfaite irrévérence et avec cette pointe finale d’impiété qui caractérise en lui sa période voltairienne.
. — Même substitution s’il s’agit de la religion, de la justice, de l’armée et de la marine. […] Quantité d’autres divinités, Horai, les Saisons, Dicé, la Justice, Némésis, la Répression, portent dans l’âme de l’adorateur leur sens avec leur nom.
Il s’en tire par un compliment au public mondain ; à lui de rendre pleine justice au petit livre « par son approbation souveraine qui n’est jamais suspecte. » Le succès n’a pas manqué au petit livre. […] Ses dénoûments sont à triple détente : 1º les méchants tuent la moitié des bons ; 2º la justice prend les bons qui restent pour les assassins et les supprime ; 3º les méchants sont punis par quelque « hasard fortuit » et pourtant providentiel. […] On me rendra une autre justice ; amoureux de toute beauté et brutal contre tout « sot livre », je me suis montré également sévère pour les faux artistes des deux sexes, et j’ai soulevé autant de colères puériles chez les femelles imitatrices et chez les mâles impuissants.
Ils procédèrent à des exécutions mémorables, non pas pour le plaisir, mais avec le ferme propos de créer une censure, et, par conséquent, une justice, par la terreur, dans le domaine des études historiques. […] Administration, services (guerre, justice, finances, etc.). […] On comprend que pour tous ces objets la légende serait préférable à l’histoire, car elle présente un enchaînement des causes et des effets plus conforme à notre sentiment de la justice, des personnages plus parfaits et plus héroïques, des scènes plus belles et plus émouvantes. — On renonce aussi à employer l’histoire pour exalter le patriotisme ou le loyalisme comme en Allemagne ; on sent ce qu’il y aurait d’illogique à tirer d’une même science des applications opposées suivant les pays ou les partis ; ce serait inviter chaque peuple à mutiler, sinon à altérer, l’histoire dans le sens de ses préférences.
Mais c’est que la littérature est presque toujours révolutionnaire, puisque son objet est essentiellement (sauf accidents) de nous présenter ou de nous suggérer des images redressées de la vie, et de nous la faire voir ou de nous la faire souhaiter plus belle, ou plus harmonieuse, ou plus conforme à la justice. […] Mais gardons aussi que cette défiance ne nous fasse inintelligents et aveugles, et confessons que de traiter Shakespeare de sauvage ivre, comme on fit il y a cent cinquante ans, ce n’était peut être pas lui rendre tout à fait justice… Mon Dieu, que je suis raisonnable ! […] En nous deux, la justice est deux fois outragée ; Spectre, es-tu satisfait ? […] Sujet philosophique même, si le châtiment du riche, ou du fils du mauvais riche, par ses millions, l’aventure d’une fortune démesurée construite par la spéculation scélérate et défaite par un concours d’escroqueries et de menus pillages, et la reprise, par des volereaux, des rapines d’un grand voleur est un bon exemple de la « justice immanente des choses ».
Il a fait un rêve, un rêve de gloire autant que de justice, et de dilettantisme peut-être autant que de gloire. […] Cela veut dire qu’il souillera son âme et son corps pour l’amour de la patrie et de la justice, et, ensuite, qu’il commettra ou favorisera, en servant Alexandre, autant de crimes peut-être qu’il en doit prévenir en le tuant, et que son « héroïsme » paradoxal commencera donc par coûter à Florence autant de larmes et de sang qu’il lui en veut épargner. […] Il rampe néanmoins vers son but, avec une lenteur tenace, cependant qu’il exhale son désespoir en ironies forcenées sur les autres et sur lui-même, sur l’humanité, et sur ce qu’on nomme la liberté, et sur ce qu’on nomme la justice et sur ce qu’on nomme Dieu. […] On peut cependant être tenté, quand les femmes ne le demandent pas de le leur accorder ou de le leur promettre, — contre tout bon sens, d’ailleurs, et contre toute justice : mais quand elles le demandent, quand elles l’exigent, et en ces termes ! […] Le sujet, d’un intérêt général et toujours actuel, est des plus importants, si rien n’égale la malfaisance et la lâcheté des « hommes d’affaires » improbes, et si c’est un des scandales du Code civil que des gredins puissent si aisément trouver des instruments de fraude et d’iniquité dans des règlements qui ont pour objet avoué la sauvegarde du droit et de la justice. — Les personnages sont peints avec ampleur, chacun ayant bien sa figure.
Il s’échappe un relent de bouge infâme de ces deux vers du magnifique Crépuscule du matin : Les femmes de plaisir, la paupière livide, Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide… Le visage, lustré comme l’ébène, d’une amie aux dents d’ivoire, aux cheveux crépus, semble avoir inspiré cette litanie de tendresse : Je t’adore à l’égal de la voûte nocturne, Ô Vase de tristesse, ô grande taciturne … Des prêtresses païennes eussent reconnu un dévot de leurs fêtes clandestines dans la description de cette alcôve — fermée par autorité de justice — où Hippolyte accoude ses lassitudes. […] C’est pour cela et pour avoir continué de considérer cet accord comme obligatoire qu’il peut se rendre cette justice d’avoir « défendu plutôt qu’amoindri la part de l’Idéal ». […] Il y a un mot admirable de Bossuet sur la justice : « Elle est », dit-il, « une espèce de martyre… » La sincérité implacable de la pensée est parfois aussi cette espèce de martyre. […] S’il est poète, le philosophe s’intéressera aux drames obscurs qui se jouent dans les profondeurs de la conscience entre le doute et le besoin de croire, et il écrira la Justice, comme M. […] A la notion de la créature individuelle, essentiellement diverse et compliquée, la philosophie alors à la mode avait substitué la notion d’un homme idéal, partout semblable à lui-même, partout raisonnable et pour lequel il était possible d’organiser une société à priori en tenant compte de ses droits innés, de son penchant naturel vers la justice, de sa bonté primitive.
Selon qu’il les caractérisera par telle ou telle image, il pourra nous dire ce qu’il pense de la religion, de la justice telle que nous l’entendons, de la charité telle qu’elle devrait être, du luxe, de la misère, de la lutte des classes. […] Dans le tableau de Prud’hon, le Crime est représenté par un assassin qui fuit, tandis que la Justice et la Vengeance divine sont personnifiées. […] Justice en est faite aujourd’hui. […] Force, charité, justice, tempérance, voilà ce qu’on devait lire sur les visages… L’obligation où les artistes furent, pendant trois cents ans, de représenter des hommes supérieurs à l’humanité a donné à l’art du moyen âge son inimitable caractère19. » Les corps sont souvent rudes, émaciés, déformés dans le sens de l’idéal ascétique ; les visages peuvent avoir des traits vulgaires ; l’exécution même est parfois gauche, maladroite : mais dans cette enveloppe grossière l’artiste a su mettre des âmes vraiment divines.
Mais serait-il prudent de les attaquer en foule et de multiplier vos justices sommaires ? […] Croyez-vous que les romanciers et les poètes n’interrogeassent pas plus sévèrement leur pensée, croyez-vous que la tourbe des agioteurs et des dramaturges avilis fît sonner aussi haut tant de fortunes impudentes, si les uns et les autres avaient devant eux, les attendant au guichet de l’année, cette justice retentissante du théâtre, plus redoutable mille fois que la critique du journal ? […] Il sera fatalement (la fatalité, c’est la justice des événements) époux coupable, s’il reste amant ; amant lâche et méprisable, s’il se retranche dans sa nouvelle condition. […] Mais… « la justice du peuple » est souvent tardive, surtout en matière littéraire, et je ne l’attendrai certes pas pour saluer en M.
— Le fils cédait ; il abandonnait sa maîtresse : là eût pu s’arrêter le drame… Mais M. de Faramond prétendit poursuivre arbitrairement, guidé par la seule « abstraction », par le « génie » conféré au jeune professeur, par l’idée préconçue d’une immanente justice… Et ce fut, dix années après, la promenade de M. […] Mais Balthazar, malgré dix ans de pénitence, ne peut apaiser en soi le remords : à la suite de la confession tragique qu’il a reçue d’un criminel, auquel il conseilla dans sa justice née, d’aller se dénoncer, il se sent tourmenté : il n’a pas expié son propre crime ; un autre à sa place fut tué ! […] Ce n’est point par un sentiment de justice qu’il distribue ses biens, c’est par excès de biens, et par générosité naturelle.
J’avais été mis depuis longtemps sur la trace de Mme de Charrière par la lecture des Lettres de Lausanne ; mieux informé de toutes choses par rapport à elle durant mon séjour dans le pays, j’aurais cru manquer à une sorte de justice que de ne pas venir, tôt ou tard, parler un peu en détail d’une des femmes les plus distinguées assurément du dix-huitième siècle, d’une personne si parfaitement originale de grâce, de pensée et de destinée aussi, qui, née en Hollande et vivant en Suisse, n’écrivait à la fin ses légers ouvrages que pour qu’on les traduisît en allemand, et qui pourtant, par l’esprit et par le ton, fut de la pure littérature française, et de la plus rare aujourd’hui, de celle de Gil Blas, d’Hamilton et de Zadig.
Pour moi, j’ai toujours pensé que l’on ne saurait rendre trop hautement justice aux acteurs, eux dont l’art difficile s’unit à celui du poète dramatique, et complète son œuvre. — Ils parlent, ils combattent pour lui, et offrent leur poitrine aux coups qu’il va recevoir, peut-être ; ils vont à la conquête de la gloire solide qu’il conserve, et n’ont pour eux que celle d’un moment.
Vous avez fini par comprendre qu’avec un être aussi faible et aussi mobile que l’homme, la bienveillance faisait partie de la justice, et qu’il fallait donner aux autres cette indulgence dont nous avions besoin pour nous-même ; ainsi vous êtes devenu bon en devenant juste.
Mais il ne sait pas d’avance comment on tient une cour de justice, quels sont les usages dans les parlements, ou au couronnement d’un empereur, et pour ne pas, en pareils sujets, blesser la vérité, il faut que le poète étudie ou voie par lui-même.
« — Que ce soit Cuchullin, dit Caïrbar, qui fasse les lots ; son cœur est le siège de la justice.
L’ascétisme, en même temps qu’il heurte plusieurs de nos sentiments naturels, flatte nos instincts de justice et nos révoltes contre le monde tel qu’il est.
La combinaison détestable de ce faux style (victorieusement et définitivement promu au titre de terme universel de comparaison) et de l’esprit critique, pourtant, qui ne perd rien de ses prétentions, a engendré la funeste habitude de ne jamais entrer dans une œuvre d’art avec le soin de dépouiller tout souvenir afin de rester dans la justice.
Ce temps-ci l’a du moins compris ; c’est une des justices que nous ne refusons pas de lui rendre.
Ils rendaient une certaine justice sommaire dans leurs cantons ; ils exerçaient une hospitalité sans faste, mais libérale.
Dans leur pays originel, l’Allemagne, mais plus encore dans les pays romains où leur génie féconde et renforce des populations amollies, les vertus germaines, l’amour de la liberté et de la justice, le respect des femmes, aboutissent à l’institution de la Chevalerie. […] Née de la pitié du Christ, non de sa colère, ou de sa justice, ou de son sacrifice, Éloa ne connaît devant le mal du monde que le sentiment du Christ devant le mal humain, la pitié.
On ne peut croire que la hâte d’innover, de marcher un peu devant son siècle, de fonder des écoles doive priver les artistes de clairvoyance et de justice. […] 91 J’ai idée qu’un jour cette question d’inspiration lyrique sera enfin résolue et que pleine justice sera rendue à ces vaillants défenseurs de l’idéal et du sentiment de notre poésie. […] Au contraire, il reconnaît, avec beaucoup de justice, l’importance des réformes de cette école, après l’admirable élan, mais désordonné des romantiques qui avaient « sacrifié aux cris éloquents de la couleur la sobre et sûre argumentation que les lignes élèvent vers la Beauté ».
La Pensée des morts, d’une si mélancolique tendresse, dit la perpétuité du lien entre les morts et les vivants et somme Dieu d’être clément au nom même de sa justice et de sa grandeur. […] … Et d’autre part il est évident que ce sont les progrès de l’industrie, parallèles à ceux de la science, qui ont créé les grandes villes modernes, qui ont compliqué les « questions sociales », qui en ont même fait surgir de nouvelles, et qui en même temps empêchent de les résoudre : car c’est seulement dans les médiocres agglomérations, où les hommes se peuvent tous approcher et connaître, que la répartition des biens et des maux a quelque chance de devenir un peu plus conforme à la justice.
Par exemple, quand notre organisme nous imprime un mouvement de colère, nous pouvons amener devant notre conscience, à la place des idées de vengeance, les idées de justice, de modération et de devoir. […] Enfin, en sociologie, l’action du milieu ne suffit pas pour expliquer les phénomènes ; il y faut joindre l’homme, avec sa faculté de sympathie pour les autres hommes et ses idées de bonheur, de progrès, de justice et d’harmonie.
Il y a en critique un mauvais style, le style contourné, qu’il faut fuir à tout prix, tel qu’on le trouve, par exemple, dans les phrases suivantes : « Il ne fallait pas voir dans cette méthode une raison de mépriser une culture qui avait fait ses preuves intellectuelles et qu’avaient adoptée, à travers la vicissitude des luttes et des partis, les hommes les plus éminents par leurs œuvres et leur position sociale, auxquelles tout le monde, à quelque opinion qu’il appartint, rendait hautement justice. » Ou cette autre encore : « Cette théorie séduisit un certain nombre d’écrivains, qui eussent cru manquer au respect des idées de progrès et de démocratie, en défendant les doctrines d’un passé auquel ils devaient une renommée, qu’ils ont le dépit de voir aujourd’hui mépriser par une élite ayant adopté des idées de plus en plus en faveur par la jeunesse toujours avide de nouveautés. […] Ce qui n’a pas changé, non plus, c’est le mauvais style de ces discours, ce style d’amplification facile, qui consiste à répéter, les mêmes idées, comme dans ce morceau : « Ce jour de ta justice, ce beau jour de lumière, qui éclairera, qui illuminera, qui éblouira le monde, je l’attends, Seigneur, je l’espère, je le désire avec toute l’ardeur, avec toute la fièvre de ma foi invincible et inébranlable. […] Il n’avait donc, et c’était justice, aucune chance d’y réussir112. » Émile Zola considérait le journalisme comme un excellent exercice d’assouplissement.
Et, sur le cadavre, le père salue ce Dieu qu’il niait hier : « Seigneur, dit-il, ta justice est terrible. » El Niño de la bola a failli avoir deux traducteurs en français, souhaitons-en un à l’œuvre nouvelle de Pereda ; elle console les réalistes en leur prouvant qu’on peut être vrai, sans s’enfoncer jusqu’au cou dans la saleté chère à MM. […] Et don Pedro de Castille, de sa justice sévère, de ses douces amours, la sème de légendes. […] Filon est intéressant à lire : en quelques lignes brèves, il fait justice des légendes que l’on a entassées autour de l’auteur du Paradis perdu. […] Infligeant à tous les réformés de tous les temps la même injure, elle répète une phrase honteuse de Rohrbacher, les accusant en bloc et en détail de prêcher l’utilité et la justice de l’assassinat, accusation impudente, qui frelate, inconsciemment peut-être, mais pas moins criminellement pour cela, les vraies doctrines morales du protestantisme, les seules qui soient des doctrines dans cette religion qui n’est qu’une morale.