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1212. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Au lieu de « traîner jusqu’au mariage une jeunesse inutile », elles apportent leur quote-part au progrès social. […] L’auteur nous raconte d’abord la jeunesse de son héros, depuis l’année 1585 jusqu’à l’année 1614. […] Mais sa vieillesse pensive avait plus de grâce que sa jeunesse élégante et dissolue. […] les aubaines, en ces chevauchées de jeunesse, sont encore plus nombreuses que les fâcheuses rencontres. […] Le voici, gracieux et sans barbe, tout rayonnant de jeunesse.

1213. (1876) Romanciers contemporains

Elle jeta un regard de détresse sur les portraits de ses ancêtres, et crut voir autant de minotaures qui avaient dévoré sa jeunesse et sa destinée. […] Son enfance, sa jeunesse se sont écoulées en pleine indépendance. […] La jeunesse du jour est moins légère, plus grave, plus studieuse. […] Sans doute, nous rappelant ce qu’ils ont fait dans leur jeunesse, nous nous intéressons davantage encore à leurs actes de l’âge mûr. […] Le Drame de la jeunesse, ce sont les mémoires personnels de M. 

1214. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

III Le comte Ivan Tourgueneff touche à cet âge où l’homme précoce sort de la première jeunesse pour s’approcher de la maturité. […] Il avait la figure ronde, de grands yeux vifs, un nez bien fait et des lèvres roses qui avaient conservé la fraîcheur de la jeunesse, une fraîcheur rehaussée encore par la teinte argentée de ses cheveux. […] Je me suis demandé d’où vient que, dans sa jeunesse, l’homme est si souvent peu porté au mariage ? […] Dans sa première jeunesse, on remarquait en elle une certaine beauté, mais bientôt cette beauté s’était flétrie. […] Battu dans ma jeunesse par mon maître allemand, battu à la fleur de mes ans par mes compagnons, et maintenant… — Âme de filasse !

1215. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Ses idées et ses talents se perfectionnaient à mesure que sa raison supérieure s’élevait au-dessus de l’esprit de faction et de l’influence des vices qui avaient longtemps égaré sa jeunesse. […] ô souvenirs de notre première jeunesse ! […] On suit les époques de-son enfance, de sa jeunesse, de sa maturité, de sa vieillesse et de sa décrépitude. […] Il avait dit dans un des ouvrages de sa jeunesse : Ô vous, Gloire, Vertu, déesses immortelles,            Que vos brillantes ailes Sur mes cheveux blanchis se reposent un jour ! […] Il fut le compagnon de sa jeunesse et son ami.

1216. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Arriver est donc devenu, dès l’adolescence, l’occupation de toute la jeunesse française. […] Et quoi de plus stupide aux yeux du chroniqueur parisien, que le renoncement de l’écrivain qui, pouvant gagner de l’argent, voue sa fortune ou sa jeunesse au seul but de faire du nouveau, d’ouvrir le long de la montagne un sentier de plus menant vers rien, vers l’art pur, vers une statue toute nue de la Beauté ? […] Il n’a ni cheveux, ni barbe ; dès sa première jeunesse, il doit couvrir d’une perruque son crâne de poussin duveté à peine ; pourtant, ce n’est ni un idiot ni un noué : c’est une maquette. […] un seul instant, revenir vers le passé qu’on a vu mourir, un soir d’adolescence, un soir de jeunesse, un soir d’amour : Il y a de grands soirs où les villages meurent ― Après que les pigeons sont rentrés se coucher. […] Mais là, Aurier pécha moins par omission que par jeunesse, et s’il montra un talent moins sûr que son intelligence, c’est que toutes les facultés de l’âme n’atteignent pas à la même heure leur complet développement ; chez lui, l’intelligence avait fleuri la première et attiré à soi la meilleure partie de la sève.

1217. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Il s’était donné cette enfance et cette jeunesse. […] Cela éclate dans le Cid, où toute cette jeunesse, la plus belle et la plus jeune jeunesse qu’on ait jamais mise en poétique, aime l’honneur d’amour et comme un amour, honore l’amour d’honneur et comme un honneur. […] Ils aiment tout, dans leur jeunesse, ils aiment  tout d’amour, et l’honneur plus que tout. […] J’entends à la jeunesse du monde chrétien, qui fut ce que j’ai nommé comme une jeunesse de la grâce. […] Que nos jeunesses ne s’excitent point.

1218. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Beaucoup de gens se rappellent encore le succès qu’il remportait dans sa jeunesse, simplement par le prestige de sa personne. […] On parle toujours de l’enfance, de la jeunesse ! […] Le temps de la jeunesse et de la folie est passé ; le temps est venu de se faire une conception grandiose de l’art et de la vie. […] L’infamie de son père, traître à tous ses devoirs, pèse sur sa jeunesse ; son nom est maudit, et le ressort de sa vie est brisé. […] La Jeunesse contemporaine et le général Boulanger, Maurice Barrès.

1219. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Le généralissime Joffre et vainqueur de la Marne croyait cela (qui est absurde et funeste) parce que la presse républicaine et ses maîtres républicains le répétaient depuis sa jeunesse. […] L’homme que j’ai rencontré dans ma jeunesse, quelquefois, chez des amis communs, était adéquat à l’œuvre, faiseur de mots à l’emporte-pièce, mais d’esprit médiocre et d’une terrible prétention. […] Tournant les pages après les pages, retrouvant ces affirmations hautaines, ce ton autoritaire qui, jadis, enchantaient ma jeunesse, je m’ébahissais et je souriais de leur fragilité. […] Cependant je ne m’en suis guère aperçu, au cours des quelques séjours que j’ai faits, dans ma jeunesse, à l’étranger, notamment en Angleterre, en Hollande, en Belgique, en Espagne. […] Je l’ai entendu un soir, dans ma jeunesse et sa vieillesse, chez Charcot, marquer, en quelques traits durs et sûrs, à propos précisément de l’Evolution, son scepticisme total.

1220. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ses journaux de jeunesse (et presque d’adolescence) sont intéressants. […] L’effort est aussi nécessaire et même bien plus nécessaire à mesure qu’on vieillit que dans la jeunesse. […] La jeunesse lui manqua vite. Il est singulier, mais très exact, que le vrai moyen de perdre la jeunesse plus tôt que les autres est de la prolonger. […] Il en est, du reste, qui restent jeunes dans la maturité, et d’autres qui sont trop mûrs dès la jeunesse.

1221. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Après des études rapides, mais qui laissèrent une trace durable dans cette facile et spirituelle intelligence, le jeune Saint-Arnaud entra en 1815, à dix-sept ans, dans les gardes du corps ; sa jeunesse fut vive et orageuse. […] Il ne pouvait en finir de cette longue première jeunesse. […] Cette légion était le plus singulier ramassis qui se pût imaginer, des aventuriers de tout pays, parlant toutes les langues, ayant fait tous les métiers, ayant chacun son épisode orageux et ses naufrages de jeunesse : « Du reste, disait-il au premier coup d’œil, ces hommes feront, je l’espère, d’excellents soldats.

1222. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Dès ma jeunesse, j’ai toujours compris la critique autrement : modeste, mais digne. […] Borgnet, recteur, un homme équitable et juste, et dans le public et dans la jeunesse une disposition à l’écouter avant de le juger. […] Il eut depuis bien d’autres vicissitudes ; il fit un séjour forcé à Londres pour échapper à une accusation de complot à Paris sous cette même Restauration, où, lui dit son père, « ton avenir, avec mon nom, est désormais perdu en France. » II apprit l’anglais (qu’il sait si bien) en Angleterre, mais il n’a pas oublié non plus cette première rencontre de sa jeunesse (presque de l’enfance) avec M. 

1223. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Le jardin du couvent était consacré par la vision de saint Augustin, Pétrarque africain d’une autre date, qui s’y était converti des désordres amoureux de sa jeunesse. […] Son ami Boccace venait de Florence le visiter ; Boccace n’osait pas lui lire son Décaméron, recueil de contes charmants, mais légers, dont il avait amusé et scandalisé l’Italie pendant sa jeunesse. […] ” » XXVII Après ces sanctifications de l’amour par la séparation et par la piété il se complaît quelquefois, comme pour se reposer les yeux de ses larmes, à se représenter Laure dans les printemps et dans les fraîcheurs de sa jeunesse.

1224. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Ils proclamèrent la résolution d’entrer en dominateurs dans les affaires de la vieille Europe, qu’ils déclarèrent caduque avec la forfanterie de leur prétendue jeunesse. […] « Aussi une joie pure et vive, une sorte de volupté paisible, embellirent-elles les années de ma jeunesse, remplies de ces observations qui préludaient à de plus pénibles travaux, et qui me ravissaient. […] « Le nombre de mes dessins augmentait ; ma collection se complétait ; je commençai à rêver la gloire ; le burin d’un graveur européen ne pourrait-il pas éterniser l’œuvre de ma jeunesse, le résultat de ce labeur continu et de ce zèle persévérant ?

1225. (1856) Cours familier de littérature. I « IIIe entretien. Philosophie et littérature de l’Inde primitive » pp. 161-239

Nous aimerions mieux rêver, imaginer et croire que l’homme fut plus doué et plus accompli dans sa jeunesse que dans sa caducité ; nous aimerions mieux rêver, imaginer et croire que l’homme, encore tout chaud sorti de la main de Dieu d’où il venait de tomber, encore tout imprégné des rayons de son aurore, instruit par la révélation de ses instincts intellectuels, pourvu d’une science innée plus nécessaire et plus vaste, d’un langage plus expressif du vrai sens des choses, vivait dans la plénitude de vie, de beauté, de vertu, de bonheur, Apollon de la nature devant lequel toute autre créature s’inclinait d’admiration et d’amour. […] Pourquoi m’as-tu ravi ma part de ciel, de lumière, d’air, de jeunesse, de joie, de vie ? […] Nous nous transformons, mais ce n’est pas mourir ; l’âme, dans ces transformations successives, éprouve l’enfance, la jeunesse, la vieillesse, comme nous les éprouvons ici-bas.

1226. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

C’est la jeunesse de la création, coulant avec une sève de vie qu’on voit et qu’on entend sourdre aux rayons des premiers soleils. […] La pitié ne peut émouvoir le cœur par un plus grand avilissement de la jeunesse, de la beauté et de l’innocence. […] Faisons des vœux, ajoute-t-il, pour que cette poésie nouvelle, à force d’être antique, et qui présente des traits de ressemblance et souvent de supériorité avec la poésie des Grecs, soit associée un jour à ces œuvres de la Grèce dans l’enseignement de la jeunesse. » Nous disons comme lui.

1227. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

À cela je réponds qu’on peut exercer et étendre la mémoire des enfants aussi facilement et plus utilement avec d’autres connaissances que des mots grecs et latins ; qu’il faut autant de mémoire pour apprendre exactement la chronologie, la géographie et l’histoire, que le dictionnaire et la syntaxe ; que les exemples d’hommes qui n’ont jamais su ni grec ni latin, et dont la mémoire n’en est ni moins fidèle, ni moins étendue, ne sont pas rares ; qu’il est faux qu’on ne puisse tirer parti que de la mémoire des enfants ; qu’ils ont plus de raison que n’en exigent des éléments d’arithmétique, de géométrie et d’histoire ; qu’il est d’expérience qu’ils retiennent tout indistinctement ; que quand ils n’auraient pas cette dose de raison qui convient aux sciences que je viens de nommer, ce n’est point à l’étude des langues qu’il faudrait accorder la préférence, à moins qu’on ne se proposât de les enseigner comme on apprend la langue maternelle, par usage, par un exercice journalier, méthode très avantageuse sans cloute, mais impraticable dans un enseignement public, dans une école mêlée de commensaux et d’externes ; que l’enseignement des langues se fait par des rudiments et d’autres livres ; c’est-à-dire qu’elle y est montrée par principes raisonnes, et que je ne connais pas de science plus épineuse ; que c’est l’application continuelle d’une logique très-fine, d’une métaphysique subtile, que je ne crois pas seulement supérieure à la capacité de l’enfance, mais encore à l’intelligence de la généralité des hommes faits, et la preuve en est consignée dans l’Encyclopédie, à l’article CONSTRUCTION, du célèbre Dumarsais, et à tous les articles de grammaire ; que si les langues sont des connaissances instrumentales, ce n’est pas pour les élèves, mais pour les maîtres ; que c’est mettre à la main d’un apprenti forgeron un marteau dont il ne peut ni empoigner le manche, ni vaincre le poids ; que si ce sont des clefs, ces clefs sont trèsdifficiles à saisir, très-dures à tourner ; qu’elles ne sont à l’usage que d’un très-petit nombre de conditions ; qu’à consulter l’expérience et à interroger les meilleurs étudiants de nos classes, on trouvera que l’étude s’en fait mal dans la jeunesse ; qu’elle excède de fatigue et d’ennui ; qu’elle occupe cinq ou six années, au bout desquelles on n’en entend pas seulement les mots techniques ; que les définitions rigoureuses des termes génitif, ablatif, verbes personnels, impersonnels sont peut-être encore à faire ; que la théorie précise des temps des verbes ne le cède guère en difficulté aux propositions de la philosophie de Newton, et je demande qu’on en fasse l’essai dans l’Encyclopédie, où ce sujet est supérieurement traité à l’article TEMPS ; que les jeunes étudiants ne savent ni le grec ni le latin qu’on leur a si longtemps enseigné, ni les sciences auxquelles on les aurait initiés ; que les plus habiles sont forcés à les réétudier au sortir de l’école, sous peine de les ignorer toute leur vie, et que la peine qu’ils ont endurée en expliquant Virgile, les pleurs dont ils ont trempé les satires plaisantes d’Horace, les ont à tel point dégoûtés de ces auteurs qu’ils ne les regardent plus qu’en frémissant : d’où je puis conclure, ce me semble, que ces langues savantes propres à si peu, si difficiles pour tous, doivent être renvoyées à un temps où l’esprit soit mûr, et placées dans un ordre d’enseignement postérieur à celui d’un grand nombre de connaissances plus généralement utiles et plus aisées, et avec d’autant plus de raison qu’à dix-huit ans on y fait des progrès plus sûrs et plus rapides, et qu’on en sait plus et mieux dans un an et demi, qu’un enfant n’en peut apprendre en six ou sept ans. […] L’idiome de tous ces auteurs est très-difficile, et je demande si les choses qu’ils ont traitées sont fort à la portée de la jeunesse. […] Presque tous ces écrivains sont peut-être sans conséquence entre les mains d’un homme fait ; mais je demande si l’on parle de bonne foi lorsqu’on assure que la langue de ces auteurs, difficiles pour le style, profonds pour les choses et souvent dangereux pour les mœurs, peut être la première étude de la jeunesse ; si l’on souffrira sous des yeux innocents et purs les leçons de Plaute, dont je n’ai point parlé ; celles de Térence que je me rappelle en ce moment, Térence, dont l’élégance et la vérité sont au-dessus de tout éloge, mais dont les peintures n’en sont que plus séduisantes ; les leçons d’athéisme de Lucrèce : j’aimerais encore mieux qu’on exposât les élèves à se corrompre le goût dans le dur, sec et boursouflé Sénèque le tragique, à qui je devais cette petite égratignure pour l’ennui qu’il m’a causé, et à qui j’en demande pardon pour quelques belles scènes qu’il a inspirées à notre Racine.

1228. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

… Malgré ses prétentions à la jeunesse, l’Amérique, cette fille de l’Europe, est née vieille comme tous les enfants de vieillards, et elle a les épuisements spirituels de sa mère. […] Mais l’alcool n’en asphyxia pas moins sa puissante jeunesse. […] Victor Hugo, traître à cet art pour l’art qui ne fut jamais pour lui qu’une religion de préface, et qui, en vieillissant, a livré sa Muse à de bien autres préoccupations ; Victor Hugo, même aux plus chaudes années de sa jeunesse, est bien tiède et bien transi dans son amour fanfaron de la forme et de la beauté, en comparaison d’Edgar Poe, de ce poète et de cet inventeur qui a la frénésie patiente, quand il s’agit de donner à son œuvre le fini… qui est son seul infini, hélas !

1229. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Ce ne sont pas des jeunesses fougueuses et remuantes, mais de secondes jeunesses qui connaissent le prix de la vie et qui en jouissent avec tranquillité. […] C’est bon — il y a là dedans du courage, de l’esprit, de la jeunesse.

1230. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Sa vie d’ailleurs, comme sa libre philosophie, ne l’a pas jeté dès la jeunesse sur les mêmes traces que le jeune et ardent lévite de Nazianze. […] Synésius, au contraire, celui que Bossuet appelle le grand Synésius, n’a respiré dans sa jeunesse que l’atmosphère païenne et philosophique. […] Fais briller à mon âme une lumière échappée de la source spirituelle ; donne à ma jeunesse la vigueur d’un corps sain et robuste, et la gloire de bien faire.

1231. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Lorsqu’on entre dans la première période de la jeunesse, on aperçoit devant soi la vie entière, comme un ensemble complet de malheurs ou d’infortunes, qui peut devenir votre partage. […] La vie n’est ni un plaisir ni une douleur, c’est une affaire grave dont nous sommes chargés, et dont notre devoir est de nous acquitter le mieux possible… Il y a encore une des chimères de la première jeunesse contre laquelle il est bien important de se prémunir.

1232. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Cet homme d’étude, qui, dans sa jeunesse, avait été précepteur du comte Tanneguy Duchâtel (les Suisses sont volontiers précepteurs dans leur jeunesse), n’avait pas varié une minute au fond du cœur ni faibli dans sa première et vieille trempe helvétique ; et quand je pense à cet homme de bien, vétéran des universités, ancien membre de la Diète aux heures difficiles, si modeste de vie, mais intègre et grand par le caractère, je me le figure toujours sous les traits d’un soldat suisse dans les combats, inébranlable dans la mêlée comme à Sempach, la pique ou la hallebarde à la main.

1233. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Ces productions de jeunesse que nous possédons attestent un sentiment vrai sous l’inexpérience extrême et la faiblesse de l’expression et de la couleur ; avec un peu d’attention, on y démêle en quelques endroits comme un écho lointain, comme un prélude confus des chœurs mélodieux d’Esther : Je vois ce cloître vénérable, Ces beaux lieux du Ciel bien aimés, Qui de cent temples animés Cachent la richesse adorable. […] Animé par la jeunesse et l’amour de la gloire, aiguillonné à la fois par ses admirateurs et ses envieux, il se livra tout entier au développement de son génie.

1234. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] L’excellent Bayle n’a, je crois, jamais fait un vers français en sa jeunesse, de même qu’il n’a jamais rêvé aux champs, ce qui n’était guère de son temps encore, ou qu’il n’a jamais été amoureux, passionnément amoureux d’une femme, ce qui est davantage de tous les temps.

1235. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

J’étais le plus jeune, et, outre le peu de désir que j’avais de parler, ma jeunesse m’interdisait de donner mon avis sans qu’on me le demandât. […] M. de La Rochefoucauld-Liancourt avait été galant dans sa jeunesse, et il n’est pas fâché de le faire sentir.

1236. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Fénelon le fit quand Saint-Cyr n’existait pas encore : il est ainsi l’un des fondateurs chez nous de l’éducation des filles Son traité est une œuvre exquise de jeunesse, solide et fine, où se révèle une sûre intuition de l’âme féminine, de ses défauts et de ses qualités, et des moyens de la prendre. […] Il faut lire le Télémaque à temps, dans l’innocence de la première jeunesse, dans l’étourdissement des premières connaissances, pour sentir le charme de l’ouvrage.

1237. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Chapitre II La jeunesse de Voltaire (1694-1755) Les « années d’apprentissage » de Voltaire. — 1. Jeunesse ; prison, exil ; succès mondains et littéraires.

1238. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Voltaire lui-même avait eu, dans sa jeunesse, sa part de la prévention universelle. […] Malgré ces défauts où Voltaire est trop de son temps, on a raison de mettre le Siècle aux mains de la jeunesse studieuse.

1239. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Un magistrat préside chaque école, et l’inspection générale de toutes les écoles est confiée, à titre gratuit, à un grand seigneur « des plus qualifiés. » Pour inciter la jeunesse à la vertu, Bernardin de Saint-Pierre voudrait qu’un Élysée fût créé dans une des îles de la Seine, plantée d’arbres exotiques. […] » N’appartient-il qu’à la jeunesse de ressentir des troubles de cœur indéfinissables, d’avoir de ces rêveries où l’on est attentif aux moindres choses, au bruit de la feuille qui tombe, à l’oiseau qui traverse le ciel, à la fumée qui monte dans les arbres, au clocher qui s’élève au loin dans la vallée ?

1240. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Là est le secret de la foi de cette jeunesse catholique dorée, profondément sceptique, dure et méprisante, qui trouve plaisant de se dire catholique, car c’est une manière de plus d’insulter les idées modernes. […] Mais je ne puis m’empêcher de dire que, pour une grande partie de la jeunesse aristocratique, le catholicisme n’est qu’une forme du scepticisme et de la frivolité.

1241. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Mauriceau avec le docteur Rémonin, un vieil ami de jeunesse, qu’il a perdu de vue depuis dix-huit ans. […] Mauriceau connaissait pourtant les torts domestiques du duc de Septmonts, et il en parlait, au premier acte, du ton dégagé d’un vieux libertin indulgent aux fredaines de la jeunesse qu’il voudrait bien partager.

1242. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

La jeunesse croit aisément se la procurer. […] C’est à toute la jeunesse du royaume, à toutes les gardes nationales, de prendre les couleurs du deuil, lorsque l’assassinat de leurs frères est parmi nous un titre de gloire pour des étrangers.

1243. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Jeudi 16 janvier Triste, triste cette journée, comme l’un de ces matins de sa jeunesse, où, au sortir du bal masqué, l’on a couché avec une femme, qui n’avait pas de drap à son lit, et où, au jour levant, on est entré voir l’enterrement d’un pauvre, dans l’église en face. […] Dimanche 2 mars La timidité, cette paralysie de ma valeur personnelle en société, pendant toute ma jeunesse et ma maturité, cet état nerveux, où en présence de deux ou trois imbéciles inconnus, j’éprouvais comme un nœud de l’aiguillette de l’esprit, il me semble que je m’en suis débarrassé à l’heure présente, mais il n’y a pas bien longtemps.

1244. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Lorsque nous publiâmes ses lettres, elle avait donc ce terrible demi-siècle qui met la dernière pierre à notre temps de jeunesse et de maturité, et la première à notre tombe. […] Cette jeunesse et cette vieillesse n’ont point fait beaucoup plus de pas l’une que l’autre, et, si le vieux Milton nous touche davantage, ce n’est pas que la gloire ait une magie dont nous ne puissions nous défendre, mais c’est qu’il était méconnu quand la fleur du Cayla n’était qu’ignorée, et qu’avec la supériorité du génie, il avait la supériorité du malheur.

1245. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Au premier moment de la mobilisation, le 4 août 1914 un instituteur de Paris, secrétaire général de la Jeunesse républicaine du troisième arrondissement, M.  […] Si notre jeunesse, si notre force servent à assurer leur existence d’homme, nous nous serons battus pour notre idéal qui reste vivant, souriant, à travers les éclairs et le tonnerre.

1246. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Comme la jeunesse et la maturité, elles produisent des œuvres sages et hardies. […] On croit découvrir par-ci par-là des échantillons de progrès ; mais si de certains tableaux plus récents témoignent que certaines importantes qualités ont été poussées à outrance, l’esprit impartial perçoit avec confusion que dès ses premières productions, dès sa jeunesse (Dante et Virgile aux enfers est de 1822), M. 

1247. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Il a été remarqué que l’auteur, en se proposant et en professant hautement un but moral des plus honorables, jette quelquefois bien durement le défi à la société ; qu’il la maltraite en masse et de parti pris plus qu’il ne conviendrait dans une vue plus impartiale et plus étendue ; qu’il n’est pas très juste de croire, par exemple, qu’un jeune homme tel qu’il nous a montré le sien, Georges, le personnage principal de la pièce, riche, aimé, considéré à bon droit, puis ruiné un matin à vingt-cinq ans par un si beau motif, doive perdre en un instant du même coup tous ses amis, moins un seul ; il a été dit que l’honneur et la jeunesse rencontrent plus de faveur et excitent plus d’intérêt, même dans le monde d’aujourd’hui.

1248. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — V » pp. 123-131

Comme ce grand feu d’esprit n’est pas toujours, dans la jeunesse, accompagné de prudence, celui-ci était un grand poète et fort étourdi.

1249. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « M. de Sénancour — Oberman, édition nouvelle, 1833 »

Vers 1818, plusieurs jeunes gens s’étaient rencontrés après le collége et unis entre eux par une amitié vive, comme on en contracte d’ordinaire dans la première jeunesse.

1250. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Ce n’était pas à la fin de son règne seulement qu’il était ainsi ; la jeunesse elle-même ne lui put jamais donner une étincelle d’énergie.

1251. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

Jusqu’aux journées de prairial, les royalistes, et ceux qui sortaient des cachots, et ceux qui rentraient du dehors, et ceux, de plus fraîche date, qui étaient des révolutionnaires convertis, demeurèrent dans les rangs de cette jeunesse dorée, et servirent sous les ordres de la faction thermidorienne.

1252. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Le cant doctrinaire qui menaçait d’envelopper une portion de la jeunesse ; qui faisait fi de tout ce qui sortait du diapason magistral, de tout ce qui était vif, pétulant, spontané, passionné, poétique, et, comme on disait, jacobin ; le cant doctrinaire, si opposé au génie net, actif, entreprenant et accommodant de la France, a cessé de peser sur la société ; ce que les hommes de ce bord ont gagné en pouvoir matériel et temporaire, ils l’ont à jamais perdu en autorité morale.

1253. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Il y faut la jeunesse des sens et de l’esprit, une âme neuve dans la nature neuve.

1254. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Dans un article : les Symbolistes, il écrivait : « À qui suit de près la jeunesse littéraire et se rend compte de la totalité de son effort, il n’apparaît point que les esprits soient tournés plutôt vers le Symbolisme que vers n’importe quoi.

1255. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

La jeunesse évoluait.

1256. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Même en sa jeunesse première, dans la gloire de sa beauté blonde, quand il portait fièrement la tête d’un Christ qui rêve d’être Madeleine : cet être à deux faces jouisseuses aima surtout les besognes crépusculaires et équivoques.

1257. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Ce n’est pas le talent qui lui a manqué, pour faire la sensation la plus forte dans ce pays-ci, elle en avait de reste, c’est la jeunesse, c’est la beauté, c’est la modestie, c’est la coquetterie ; il fallait s’extasier sur le mérite de nos grands artistes, prendre de leurs leçons, avoir des tétons et des fesses, et les leur abandonner.

1258. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Pajou » pp. 325-330

C’est la déesse de la jeunesse et elle a vingt-quatre ans au moins.

1259. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Rien n’est capable de retenir la fougue d’un jeune homme, séduit encore par la vanité, dont l’excès seul est à blâmer dans la jeunesse.

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