Lapauze, revenant, j’imagine, du couronnement du tzar, s’était arrêté à Toula, où habite Léon Tolstoï. […] Ils ne sont pas assez niais pour imaginer qu’on aiguille à son gré l’évolution des organismes que sont une littérature, une langue, une nation.
Mais ce ministre-là devrait aussi se cuirasser d’avance contre les épigrammes des badauds et même des gens de lettres, qui n’imagineraient pas comment on peut employer à de pareilles sottises l’argent des contribuables. […] On se fait souvent des conceptions très fausses sur la vraie manière de vivre dans l’avenir ; on s’imagine que l’immortalité en littérature consiste à se faire lire des générations futures.
Je souhaiterais un cabinet tout tapissé de dessous de cartes au lieu de tableaux… Nous trouvions plaisant d’imaginer que de la plupart des choses que nous croyions voir, on nous détromperait. » 26 juillet. […] On s’y promène ; ce sont des allées où l’on est à l’ombre ; et pour cacher les caisses, il y a des deux côtés des palissades à hauteur d’appui, toutes fleuries de tubéreuses, de roses, de jasmins, d’œillets : c’est assurément la plus belle, la plus surprenante et la plus enchantée nouveauté qui se puisse imaginer.
Imaginez une fusée sentante, lancée dans l’espace au milieu d’une foule d’autres fusées : chaque étincelle qui brille et meurt sera une sensation. […] Ce moi conçu et imaginé devient à son tour un centre de gravitation pour les désirs.
Le moindre prédicateur, devant le plus chétif auditoire, imagine parler aux grands & briller dans la chapelle de Versailles. […] Quand je fais un sermon, disoit-il encore, j’imagine qu’on me consulte sur une affaire ambigue.
Il oblige donc ces personnages à se défaire eux-mêmes par le fer ou par le poison sur le premier motif qu’il imagine. […] Vous ferez encore mieux de choisir le sujet de votre piece parmi les évenemens de la guerre de Troye si souvent mis au théatre, que d’imaginer à plaisir l’action de votre tragedie, ou de tirer de la poussiere de quelque livre ignoré des heros dont le monde n’entendit jamais parler, et d’en faire vos personnages.
Maurice Barrès donna Sous l’œil des Barbares, les causeurs et les critiques trop nombreux qui parlent des livres après les avoir à peine feuilletés, s’imaginèrent que l’auteur entendait par ces Barbares, à la mode romantique, les imbéciles, les bourgeois, les Philistins, tandis qu’au contraire il comprenait dans ce terme tous les hommes, fussent-ils de la plus haute, de la plus délicate culture, qui attentent à l’intégrité de notre moi, ou empêchent que nous en prenions pleine conscience. […] Parmi les bizarreries dont on a pu s’aviser de nos jours, citons celle-ci imaginée par M.
Admettons que, pour la comprendre, une certaine capacité cérébrale minima soit indispensable : on imagine mal qu’une société faite d’hommes à qui leur cerveau ne permet pas de distinguer le tien du mien ou de compter jusqu’à dix s’élève à l’égalitarisme. […] Quant à la philosophie des stoïciens, qui devait pénétrer le Droit romain renouvelé, l’imagine-t-on ailleurs qu’à la fin du monde antique ?
Aucun grand artiste ne paraît avoir réalisé un de ces amours absolus : on ne saurait même les imaginer chez les héros suprêmes, un Platon, un Léonard ou un Goethe, dont les cristallisations amoureuses ne peuvent vivre que comme essais, ébauches de leurs cristalisations esthétiques. […] L’amour, qui est le tout absolu de la cristallisation amoureuse, fait une grande part de la cristallisation artistique, et j’imagine volontiers, comme troisième essai de M.
Vous êtes, vous aussi, de ceux qui cherchent de la poésie partout ; et comme, avant vous, d’autres l’avaient cherchée dans des régions tout ouvertes et toutes différentes ; comme on vous avait laissé peu d’espace ; comme les champs terrestres et célestes étaient à peu près tous moissonnés, et que, depuis trente ans et plus, les lyriques, sous toutes les formes, sont à l’œuvre, — venu si tard et le dernier, vous vous êtes dit, j’imagine : « Eh bien !
Elle aussi peut-être s’imagine appartenir au public, non-seulement par ses écrits et ses travaux littéraires, mais encore par sa vie et par les rôles politiques qu’elle a successivement revêtus.
A-t-il pu imaginer qu’on adopteroit ses decisions, lorsqu’on l’a vu vingt fois s’efforcer de prouver que ce premier Poëte de notre Nation n’est pas si infaillible qu’on le pense ; que ses Ouvrages ne sont pas exempts de fautes contre la Langue & le goût ; qu’il a avancé des erreurs & des mensonges ; qu’il est injuste dans presque toutes ses critiques, indécent & atroce dans ses diatribes ; que tous ses Opéra sont détestables ; que plusieurs de ses Comédies n’ont d’autre mérite que celui de la versification ; que quelques-unes de ses Tragédies sont médiocres ; que ses Histoires sont remplies de faussetés, ses Satires de calomnies, ses Romans d’impiétés ?
Elle s’imagine que tant de larmes, tant d’imprécations, tant de prières, sont des raisons auxquelles Énée ne pourra résister : dans ces moments de folie, les passions, incapables de plaider leur cause avec succès, croient faire usage de tous leurs moyens, lorsqu’elles ne font entendre que tous leurs accents.
Rien de mieux imaginé que ce soldat qui les écarte.
On n’a rien à reprocher au poëte, si son invention ne choque point la vrai-semblance, et si le fait qu’il imagine est tel qu’il ait pû arriver veritablement.
Et, en effet, le Tableau de Paris serait resté dans la poussière des bibliothèques que la postérité s’en serait, j’imagine, fort peu inquiétée.
L’impossibilité où nous sommes de concevoir et d’imaginer la vie d’outre-tombe constitue un des mystères les plus troublants de la foi du chrétien. […] Citons un exemple de ce dernier type : le désir passionné de vivre a-t-il rien imaginé de plus ingénieux que les fondations de prix ? […] Et pourtant on se trompe quand on s’imagine obtenir la fin du conflit et la solution du problème par l’identification pure et simple du fond et de la forme. […] Considérez ou imaginez des créatures différentes de nous : elles voient ou verraient les choses autrement. […] L’immortalité des âmes n’a jamais été imaginée qu’égale et semblable pour tous les élus.
Je n’imagine pas, par exemple, qu’on ait jamais pu être plus intelligent que M. […] Les couronnes de l’arène étaient les seules qu’ils pussent imaginer. […] On ne peut imaginer une plus aimable créature. […] L’archiduc imagina de venir lui parler. […] Imaginez, en effet, qu’André, échappé aux bourreaux, ait vécu sous le consulat.
On pourrait démontrer, en effet, que cette division correspond assez bien à toutes les autres dénominations qu’on a imaginées. […] T’imagines-tu donc qu’il n’y ait pas eu un temps où je l’ignorais ? […] On appelle cela la fièvre, et les bonnes gens s’imaginent que la fièvre est une maladie. […] J’imagine, d’après ce qu’on nous rapporte, que la musique lacédémonienne était une sorte de musique protestante. […] Comprenant la puissance de l’art et les habitudes de l’humanité, le christianisme imagina d’accommoder à ses idées les formes païennes.
Elles ont imaginé une humanité débarrassée du souci de l’au-delà et indifférente à ce qu’on appelle, en termes d’école, l’absolu. […] Il imagine que des savants arrivent à posséder des engins de destruction formidables, aménagés par des calculs d’une délicatesse infinie, et incapables d’être maniés sans une dose exceptionnelle de connaissances abstraites. […] J’imagine que M. […] J’imagine que s’il rédigeait, comme son maître Spinoza, un traité de politique, il commencerait par eux et conclurait de même. […] Quand il s’acheminait vers le bel arbre du petit jardin des Invalides, j’imagine que la grande mélancolie de notre maître était de se dire : « Je n’aurai pas la force de finir mon livre, et mon effort aura été vain pour montrer à mon pays la vérité que je vois. » Et j’imagine aussi qu’à regarder cet arbre, cette fédération bruissante le ravissait.
Jamais auteurs de romans d’aventures n’ont imaginé des ressorts à la fois plus simples et plus puissants. […] Eux partis, il a imaginé leurs aventures ; il leur a donné leur nom ; ils sont devenus Bois-Rosé et Pepe. […] Dans le cas contraire, nous ignorons quel dénouement il aurait imaginé. […] Ils l’ignorent, il est vrai, grâce aux intrigues imaginées par l’habile romancier venant en aide au logicien rigoureux. […] Qu’on ne s’imagine point que nous puissions nous attacher à un des personnages de ces romans.
A cause du titre de cette chanson de geste et surtout du nom qui, dans le titre, faisait penser à quelque Isabeau (Isabeau de Bavièrei, s’entend) je m’étais plu à imaginer une histoire d’amour. […] Comme je me plaisais à imaginer la peau que les autres se plaisaient à cacher, mon adoration ne connut plus de bornes, le jour qu’elle vint, pour la leçon, vêtue d’une robe dont la transparence révélait un fourreau de couleur chair. […] Quant à lui, on imagine qu’il ne dut pas sortir trop satisfait de chez la dame bas-bleu. […] — Et beaucoup mieux que tu ne peux imaginer, mon petit, s’écria-t-elle, devinant ma pensée. […] L’indifférence à la vie ne va point se préoccuper d’imaginer la graine, l’arbre, le fruit.
Ses mœurs, au milieu de cette vie incertaine, n’étaient pas ce qu’on pourrait imaginer ; on voit, par un aveu qu’il fait à mademoiselle Voland (t. […] On l’a comparée à l’impie Babel ; j’y verrais plutôt une de ces tours de guerre, de ces machines de siége, mais énormes, gigantesques, merveilleuses, comme en décrit Polybe, comme en imagine le Tasse. […] On lit au tome second des Essais de Nicole : « … En considérant avec effroi ces démarches téméraires et vagabondes de la plupart des hommes, qui les mènent à la mort éternelle, je m’imagine de voir une île épouvantable, entourée de précipices escarpés qu’un nuage épais empêche de voir, et environnée d’un torrent de feu qui reçoit tous ceux qui tombent du haut de ces précipices.
Il pouvait être créateur, il ne fut que copiste ; il s’imagina élever par la perfection du style la copie au niveau de l’original, il se sentit capable d’élever le poëme en prose au-dessus du Télémaque, la première des copies de ce genre : en copiant une copie en prose, il crut égaler Homère et consacrer son génie à la postérité. […] Était-il juste enfin, en politique, d’imaginer des lois inhumaines (immanis lex) contre la liberté de la presse, en 1819, et de professer ensuite la liberté illimitée de la presse, c’est-à-dire l’anarchie et la démagogie de la pensée la plus téméraire, dont Chateaubriand affecta le dogme, quand la versatilité de ses intérêts le poussait à se déclarer chef de l’opposition aux Bourbons ? […] De là il va jusqu’à la cataracte du Niagara, ce qui est plus douteux encore, car il ne tente pas même, lui si parfait descripteur, de décrire ce miracle des eaux, mais ce qu’il imagine est mieux que ce qu’il décrit ; il rêve des amours sauvages et des mélancolies de solitude.
Je m’imagine qu’il ferait mieux nos affaires par cette profonde connaissance de nos traditions, que le plus habile empirique par la plus grande richesse d’expédients. […] Il n’y a pas ici de système à imaginer ; il n’y a qu’à prendre un à un dans l’ordre des temps et dans la succession des influences, les noms qui ont survécu, et dont la suite nous marque notre chemin. […] Ce n’est pas, comme l’a imaginé le paradoxe, dédain ou incurie de sa gloire : c’est justice.
N’en pouvant obtenir d’audience, est-il vrai qu’il aurait imaginé, pour attirer son attention, de se promener sous ses fenêtres dans un costume grotesque ; qu’alors le chancelier lui ayant dépêché un page pour savoir qui il était, Rabelais lui aurait répondu en latin ; qu’à un autre page il aurait parlé en grec ; à un autre, en espagnol ; à d’autres successivement, en allemand, en anglais, en italien, en hébreu ; et que la rencontre si plaisante de Pantagruel et de Panurge44 ne soit que le récit, sous d’autres noms, de cette anecdote de sa vie ? […] Il n’y eut de trompés que ceux qui avaient disposé de lui en espérance, et qui s’étaient imaginé que l’esprit le plus libre qui fût au monde s’enrôlerait sous le drapeau d’un parti. […] Il ne se borne pas à ce qui est ; il imagine et il crée dans la saleté.
Ses critiques n’imaginaient rien de plus fort à lui dire, sinon que toute la France était empuantie de son éloquence, reconnaissant ainsi ce grand succès en le calomniant. […] On n’en a pas imaginé depuis lors une autre définition, ou si quelques-uns l’ont osé, il leur en est arrivé mal. […] Après un récit qui a pu paraître extraordinaire à l’aimable précieuse, il ajoute : « Il me vient de tomber dans l’esprit que vous imaginerez que tout cela est faux, et que ce que j’en ai dit n’était que pour trouver moyen de remplir ma lettre.
Je n’avais jamais imaginé que le produit de ma pensée pût avoir une valeur vénale. […] Ma part a été bonne et ne me sera pas enlevée ; car je m’imagine souvent que les jugements qui seront portés sur chacun de nous dans la vallée de Josaphat ne seront autres que les jugements des femmes, contresignés par l’Éternel. […] Si parfois j’ai pu désirer d’être sénateur, c’est que j’imagine que, sans tarder peut-être, ce mandat fournira de belles occasions de se faire assommer, fusiller, des formes de trépas, enfin, bien préférables à une longue maladie qui vous tue lentement et par démolitions successives.
Nous ne devons pas exprimer au dehors toute notre existence intérieure ; il en est une partie qui, n’étant que pour nous, doit rester entièrement nôtre ; la raison nous le dit, et, si la raison ne nous trompe pas, il est inutile que nous croyions externer ce qui doit rester interne et reste tel en effet ; quand on est raisonnable, mieux vaut l’être jusqu’au bout ; être raisonnable et s’imaginer qu’on ne l’est pas, c’est ne pas l’être entièrement, c’est mêler un grain de folie à une sagesse qui, dès lors, est imparfaite. L’homme de réflexion n’est vraiment maître de sa réflexion que lorsqu’il n’a pas besoin pour réfléchir d’imaginer un ami ou un auditoire ; la conscience morale n’est en pleine possession d’elle-même que lorsqu’elle se voit telle qu’elle est réellement, personnelle, rationnelle et discursive. […] C’est ainsi qu’Alfred de Musset dit très exactement : Un vers d’André Chénier chanta dans ma mémoire 235 Mais si, avec des mots du dictionnaire usuel, je forge intérieurement une phrase que je n’ai jamais entendue, ce qui arrive sans cesse, les uns pourront dire que j’imagine, car l’ensemble conçu est nouveau, les éléments seuls sont anciens ; les autres pourront soutenir que, les mots étant faits pour être groupés de mille façons, on n’invente pas dans les mots, c’est-à-dire dans la parole, quand on se borne à les ranger dans un ordre nouveau, mais seulement quand on crée de toutes pièces un mot nouveau.
J’imaginais un vieux moine disant, de longues années après, un soir, à l’heure où toute la ville est rose, et où monte dans l’esprit la pensée du jour fini et celle du passé lointain : « J’étais de ce conseil ; j’y entendis parler don Christophe et, pour la joie de ma vie, je fus de ceux qui l’encouragèrent à partir sur les caravelles. » Hélas ! […] Quand ils ont fait dire à un toucheur de bœufs ou à la femme d’un fermier : « Pardienne, m’sieu, mam’selle, not’vache, j’allons, j’étions », ils s’imaginent avoir fait parler un paysan. […] Jules Lemaître, qu’à moins d’un mensonge sacrilège, qui ne doit guère se rencontrer, tout prêtre, quelles qu’aient pu être ensuite ses faiblesses, a accompli, le jour où il s’est couché tout de son long aux pieds de l’évêque qui le consacrait, la plus entière immolation de soi que l’on puisse imaginer ; qu’il s’est élevé, à cette heure-là, au plus 54] haut degré de dignité morale, et qu’il a été proprement un héros, ne fût-ce qu’un instant. » On ne saurait mieux dire.
Il a imaginé de le peindre éclairé par deux bougies, dont l’une fond & s’éteint sans qu’il s’en apperçoive. […] Et comment Boileau qui a si peu imaginé, auroit-il été un bon juge dans la partie de l’imagination ? […] Ces grands maîtres ont laissé imaginer & sentir au spectateur ce qu’ils n’auroient pû qu’énerver, s’ils avoient tenté de le rendre. […] Les autres ont imaginé, pour ainsi dire, goutte-à-goutte, & leur style est comme un filet d’eau pure à la vérité, mais qui tarit à chaque instant. […] il est bien aisé à l’homme d’imaginer des corps plus étendus, plus forts, plus agiles que le sien.
Ce dernier mot donne à imaginer la forme de cette machine et rend cette machine vivante. […] Pourquoi s’imaginer toujours la défaite, quand on a fêté tant de triomphes ? […] A-t-il vécu selon l’une ou l’autre philosophie, celle que fait imaginer sa mine puritaine, ou celle que fait imaginer sa peinture voluptueuse ? […] Le reste, vous l’auriez imaginé. […] On ne saurait imaginer un plus digne penseur que M.
L’air y ajoute encore ; cet air qui a été imaginé par Régnier et repris par Coquelin dériderait un mort. […] Imaginez-le débité au théâtre, le public n’y comprendra goutte et ne sourcillera pas. […] J’imagine qu’ils resteront froids en les regardant. […] Est-ce que je me serais jamais imaginé ! […] coloré, sans doute — il le fallait bien puisque le sujet s’élevait, — mais sobre, mais précis, mais net, et avec la phrase la plus ample qui se puisse imaginer.
Les lecteurs tout à fait contemporains de l’écrivain de Souvenirs aiment à refeuilleter avec lui au hasard quelques années de leur vie ; ceux qui sont venus plus tard, s’ils ont l’esprit curieux, ouvert, un peu oisif, pas trop échauffé à sa propre destinée, apprennent beaucoup de détails à ces causeries familières et devinent toute une société légèrement antérieure, au sein de laquelle ils s’imaginent volontiers avoir vécu.
On n’avait point encore imaginé de soutenir la curiosité par une intrigue romanesque ; l’intérêt des aventures particulières dépend absolument du rôle que jouent les femmes dans un pays.
Ainsi je me trouvai d’abord dans une forêt, que je m’imaginai être celle dont parle le Dante au début de son poème.
On s’imagine volontiers qu’il faut de toute nécessité pour le début une idée ingénieuse, un tour saisissant, et l’on va au besoin chercher hors du sujet.
Rodenbach imagine un nouveau moyen d’être mauvais d’une façon recherchée et curieuse, d’écrire mai, de rythmer de travers avec mille soins délicats.
d’Alembert ; de n’avoir pas mis ce Philosophe au dessus de Descartes & de Newton ; de n’avoir pas parlé des Problêmes qu’il a résolus, des Principes qu’il a trouvés, des Calculs qu’il a imaginés, ce qu’il appelle autant de découvertes, & les plus grandes qui aient été faites dans ce siecle.
Il ne faut pas vous imaginer que tous les genres de Littérature soient également abondans.
Mais l’obscurité qui les environne, est bien imaginée et bien faite.
Comment un homme dont l’esprit est insensible à la gloire militaire, et qui ne regarde ce qu’on appelle vulgairement un conquerant que comme un furieux à charge au genre humain, peut-il être vivement interessé par les mouvemens inquiets de l’impetueux Achile quand il imagine qu’on conspire pour l’empêcher de s’aller immortaliser en prenant Troye.
Je n’ai pas besoin de dire qu’on ne peut guère comprendre comment un esprit grave, un philosophe habitué à combiner ses idées d’une manière raisonnable, se serait occupé à imaginer ces contes de vieilles, bons pour amuser les enfants, et dont Homère a rempli l’Odyssée.
Ne pouvant peindre l’Achille des Grecs, sous peine d’ennuyer les Français, Racine s’est vu obligé d’imaginer un nouveau caractère ; et pour lui donner tout l’éclat dont il était susceptible, il a fallu le former sur le modèle des héros de nos romans de chevalerie. […] La Phèdre de Racine est une Phèdre française ; accablée de honte et de remords tant qu’elle croit son époux vivant, elle prend courage dès qu’elle s’imagine être veuve ; alors elle parle et fait sa déclaration. […] Joad, sans être inspiré de Dieu, a pu imaginer cette ruse, qui n’est contraire ni aux lois de la guerre ni à celles de l’honneur : il fut toujours permis de tromper un trompeur. […] Les deux mères s’imaginent également que leur mari a péri dans un naufrage : toutes les deux, n’en ayant point de nouvelles depuis huit ans, se prétendent veuves : enfin le mari cru mort revient assez à propos pour empêcher le mariage de sa femme. […] À cet inconvénient, la soubrette imagine aussitôt une grande ressource, laquelle ne serait pas du goût de toutes les veuves qui se remarient : … Lit à part.
Mais je crois que c’est là pure invention, imaginée pour agacer son fils Léon. […] J’imagine que son ombre, toujours hautainement ironique, accepterait cette conséquence. […] La grande industrie naissait à peine, on ne pouvait imaginer qu’elle réclamerait un jour tant de bras — au meilleur marché possible ! […] Pour interprète, Barbusse imagine un personnage, Coton, dit « l’Homme-Chiffre ». […] Quand Barbusse feint qu’un soldat français, ancien mineur, parvient — ce qui nous paraît difficilement croyable — à franchir les lignes allemandes et à voir, à travers une fenêtre, sa femme s’abandonner à un Allemand, cela nous paraît impossible, imaginé et faussement imaginé.
Rousseau se l’est imaginé, le remède ne seroit-il pas pire ? […] La peinture & la sculpture ont fait imaginer la gravure. […] Ils imaginèrent de partager avec leurs rivaux une gloire qu’ils ne pouvoient leur arracher. […] Saint-Germain ne consulte aucune faculté : il n’imagine pas même que la chose puisse avoir des suites funestes. […] Il quitta sur le champ, & ne revit plus celui qui l’avoit imaginée.
Je m’imagine pourtant que nulle part peut-être cette faculté de l’intelligence avide, cet appétit du savoir et de la découverte, et tout ce qu’il entraîne, n’a été plus en saillie, plus à nu et dans un exemple mieux démontrable que chez M. […] Je m’imagine (que les mathématiciens me pardonnent si je m’égare), je m’imagine qu’il y a dans cet ordre de vérités, comme dans celles de la pensée plus usuelle et plus accessible, une expression unique, la meilleure entre plusieurs, la plus droite, la plus simple, la plus nécessaire. […] Je m’imagine encore qu’Euler, Lagrange, avaient cette expression prompte, nette, élégante, cette économie continue du développement, qui s’alliait à leur fécondité intérieure et la servait à merveille.
Ce genre de mort et la perte de cet excellent jeune homme, qui m’était très attaché, me furent plus pénibles qu’on ne saurait se l’imaginer. […] Beaucoup moins imaginais-je être reçu ce jour-là, et au moment où le pape, rentré dans ses appartements après la fonction du vendredi saint, et devant retourner quelques heures après à la chapelle pour les matines que l’on nomme Ténèbres, récitait complies et allait, quand il les aurait achevées, se mettre à table pour dîner. […] J’ai raconté plus haut qu’un excès de délicatesse m’avait toujours éloigné de la maison Braschi, dans l’appréhension que l’on pût s’imaginer que je la fréquentais pour faciliter mon avancement. […] Le cardinal (Maury) ayant approfondi toutes ces observations, chercha de son côté comment on parviendrait à faire goûter au chef du parti Mattei et le plan qu’il venait d’imaginer et Chiaramonti, l’objet de ce plan.