Si les Grecs nous ont laissé quelque chose d’auguste et de grand dans le genre des hymnes, il faut convenir que c’est celle du philosophe stoïcien, nommé Cléanthe.
Ces noms étaient encore chers aux Romains, et leur rappelaient de grandes idées, à peu près comme les Grecs esclaves d’un bacha se promènent avec orgueil à travers les ruines de leur pays.
Les vers d’Horace étaient pour les Romains ce qu’était le ciseau de Phidias pour les Grecs, ils embellissaient ce qu’il fallait adorer : aussi l’usurpateur caressait le poète, et le poète reconnaissant ne cessa de célébrer un vainqueur qui tremblait dans une bataille, un législateur qui violait ses lois, un réformateur soupçonné d’inceste avec sa fille.
Que le fond du poëme soit de date ancienne, comment pourrait-on en douter, après la magnifique invocation de Lucrèce à Vénus, mère des fils d’Énée, mère du peuple de Mars, et en songeant à ce temple qui lui était consacré dans Rome au-dessus de l’amphithéâtre, à cette statue de Vénus armée, à cet attribut si étranger au dogme mythologique des Grecs, et qui, pour ainsi dire, la personnifiait romaine ?
André Gide sait l’allemand, ainsi que l’anglais, l’italien, le latin et le grec, et il cite beaucoup de textes dans ces diverses langues : les textes grecs sans l’ombre d’accentuation, malheureusement). […] Dans des « considérations sur la mythologie grecque », Gide trouve étrange qu’« un grand poète tel que Hugo l’ait si peu comprise ; qu’il se soit plu comme tant d’autres à décontenancer de tout sens ces figures divines pour ne plus admirer que le triomphe sur elles de certaines forces élémentaires et de Pan sur les Olympiens ». Mais toute la philosophie grecque a de même subordonné le polythéisme à l’unité, théiste ou panthéiste, idéaliste ou matérialiste. […] Un drame de Shakespeare, une tragédie de Corneille ou de Racine, ressemble à tout ce qui se faisait à l’époque, et le Panthéon à tous les temples grecs.
Sans doute la science mathématique aurait pu ne pas prendre, à l’origine, la forme que les Grecs lui ont donnée. […] Je veux bien aussi que cette part si modique d’intuition se soit élargie, qu’elle ait donné naissance à la poésie, puis à la prose, et converti en instruments d’art les mots qui n’étaient d’abord que des signaux : par les Grecs surtout s’est accompli ce miracle. […] Deux autres volumes étaient annoncés, qui ne vinrent jamais ; mais, tel que nous l’avons, l’ouvrage est un exposé complet de la métaphysique d’Aristote et de l’influence qu’elle exerça sur la philosophie grecque. […] Dans la comparaison qu’il institue entre la doctrine d’Aristote et la pensée grecque en général, c’est l’âme même de l’aristotélisme que M. […] La philosophie grecque, dit-il, expliqua d’abord toutes choses par un élément matériel, l’eau, l’air, le feu, ou quelque matière indéfinie.
Voici les Grecs, Thalès et Pythagore, Aristote et Platon, Épicure et Zénon, avec Lucrèce à leur suite ; — le seul Romain qui peut-être ait jamais pensé. […] Nous ne songeons point, en France, à réformer le flamand ni le grec… Je consens cependant qu’à des besoins nouveaux il faille une langue nouvelle. […] Spronck, comme du marbre grec connu sous le nom de Vénus de Milo. […] Changeons le mot, si peut-être nous le trouvons aujourd’hui trop grec, trop pédantesque, trop rébarbatif : la chose n’en demeure pas moins. […] On leur demanderait pourquoi les Latins et les Grecs ont si passionnément cultivé la rhétorique.
Vers 1820, un très-jeune homme qui était reçu chez M. de Maistre, et qui s’effrayait de lui voir entre les mains quelque tome tout grec de Pindare ou de Platon, fut un jour fort étonné de lui entendre chanter de sa voix la plus joviale et la plus fausse quelques couplets du vieux temps, la Tentation de saint Antoine, par exemple. […] Certains souvenirs des républiques grecques y figurent et trahissent à la fois l’inexpérience et la générosité du jeune homme. […] Je les ai trouvés tous d’accord sur ce point, c’est que jamais il ne sera possible d’établir une souveraineté grecque… Je ne demande qu’à me tromper ; mais aucun œil humain ne saurait apercevoir la fin du servage de la Grèce, et s’il venait à cesser, qui sait ce qui arriverait ? […] Chaque jour M. de Maistre avait à peine achevé son repas que le Père Hintz (c’était le nom du savant) arrivait chargé de vieux livres, et des dissertations s’établissaient à fond entre eux sur le grec, l’hébreu, le copte. […] C’est aux chrétiens plus ou moins séparés et pourtant fidèles encore à la hiérarchie, c’est aux catholiques gallicans, aux épiscopaux anglicans, aux Églises grecques photiennes, qu’il va chercher querelle directe et faire la leçon.
« Je fais du grec et du latin, comme tu sais, ni plus, ni moins. » Nous le croirons sans peine. […] Au grec comme à l’anglais il s’acharnera jusqu’en 1855, toujours à trois mois, dans ses lettres, de lire à livre ouvert Sophocle et Shakespeare. […] Je ferai du grec, de l’histoire, de l’archéologie, n’importe quoi, toutes choses plus faciles enfin. […] Flaubert a senti qu’il fallait ici un Grec. […] C’est bien sous cet aspect que le Grec alexandrin, l’Asiatique ou le Romain pouvaient attendre l’envoyé ou le fils de Dieu.
Telle devoit être l’illusion des Grecs & des Romains aux comédies de Ménandre & de Térence, non à celles d’Aristophane & de Plaute. […] Cependant, nous dira-t-on, les Grecs ont crû devoir embellir la Tragédie par le nombre & l’harmonie des vers. […] Le seul avantage qu’Ovide ait eu sur ses rivaux, est celui de l’invention ; car ils n’ont fait le plus souvent qu’imiter les Grecs, tels que Mimnerme & Callimaque. […] Mais pourquoi recourir à l’exemple des Grecs ? […] On se plaint que notre histoire est froide & seche en comparaison de celle des Grecs & des Romains.
Jules Lacroix traducteur de Sophocle Un opéra grec au collège. — Œdipe à Colone en musique […] vous êtes vainement, depuis, allé demander un écho de cette langue musicale à l’Athènes du roi Othon, où les coryphées ne parlent plus que le grec de Limoges ! […] Aussi fit-il bravement, ouvertement, des Grecs et des Romains qui sont des seigneurs français. […] Sous ces noms grecs il ne faut pas chercher d’individualités grecques ; ici, Thésée, Ajax et les autres ne conservent point leur nationalité ; ces noms historiques deviennent, dans la tragédie racinienne, des noms de fantaisie, comme Éraste, Valère, Alceste, dans les comédies de Molière. […] quand même cela serait possible, quand même nous autres, Français et modernes, nous pourrions, à notre fantaisie, et de manière à faire illusion, nous déguiser en Virgiles ou bien en Homères, en Phidias ou bien en Praxitèles, et produire des œuvres vraiment grecques ou latines, à quoi bon ?
Après une perte de 250 francs au baccarat, qui avait précédé un gain de 140 francs, j’ai découvert un Grec. […] Un doute seul gâte ma joie : Ce Grec était-il vraiment un Grec ? […] Il vécut peu en Grèce, mais il vécut beaucoup avec les poètes grecs. […] On oublia que c’était une traduction d’auteur grec et l’on ne prit plus la peine de mentionner sur les affiches le nom d’Euripide. […] Drame antique, sujet antique, les Grecs et les Romains envahirent de nouveau la scène.
Son imagination, d’abord nourrie de religieuses et sentimentales lectures, et tempérant Pascal par Fénelon et par Virgile, se plaisait aux fables grecques, au monde de Pythagore, d’Orphée et d’Homère. […] C’est la même matière religieuse, littéraire, le même fonds d’inspiration mélancolique ; c’est quelque chose d’harmonieux, de lyrique, d’élégiaque. » Retournons donc, s’écrie le jeune auteur, retournons, il en est temps, aux idées religieuses ; les littérateurs et les artistes ne peuvent rien sans elles. » Et ce sont çà et là, en accompagnement de cette croyance, des couleurs de mythologie grecque, des essais de peintures homériques, évandriennes, pastorales ; Antigone, Eurydice, tous ces noms favoris y ont des autels. […] Mais les divinités de l’Olympe grec, en intervenant, même avec un art relevé d’espièglerie, refroidissent ces riantes peintures, et Norfrank, bienvenu et sage en dépit des embûches de Mercure et de Cupidon, Norfrank dans l’heureux chalet nuptial me touche moins que l’honnête Pierre Simon, devisant dans l’ermitage étroit sur l’étendue des destinées humaines, et taisant quelque timide espoir qu’aucune récompense terrestre ne doit couronner.
Ils allèrent tout d’abord par le pays pour dîner ; puis, s’étant approchés du bord du marais, la grenouille entraîna le rat au fond, faisant clapoter l’eau, et coassant brekekex, coax, coax. »158 Ce détail amusant et vrai est une escapade pour le triste compilateur des vieilles fables grecques. […] Ces tristes fables d’Esope, qui se sont jouées dans l’imagination grecque pendant tant de siècles, n’ont pas rencontré dans leur nation un poëte qui les abritât sous son génie. Empêtrées plutôt qu’habillées dans le style lourd du rédacteur byzantin, elles ont traversé les siècles sous cet informe vêtement, et n’ont trouvé leur Homère que dans un Français, dans un chrétien, dans La Fontaine ; il est vrai que pour les recevoir il s’est fait grec et païen.
Cette contrée avait été jadis la Grande Grèce, site de colonies grecques visitées et civilisées par Pythagore. […] J’ai commencé aussi à déclamer en grec sous Cassius ; mais, pour le latin, je m’exerce plus volontiers avec Bruttius. […] Les courtisanes telles que Phryné, Laïs, à Athènes, étaient en général de jeunes esclaves grecques ou syriennes affranchies dans leur enfance pour leur extrême beauté.
Lisons : nous ne lirons rien de plus frais dans aucun poète, à moins de remonter au poème unique, mais en prose grecque, de Daphnis et Chloé. […] Ignorant que ce captif délivré par lui soit un rival, mais témoin de ses exploits incomparables dans la bataille contre les Grecs, Léon, aussi modeste qu’il est amoureux, propose à Roger de prendre son casque, sa cuirasse, son cheval, et de combattre à sa place contre Bradamante. […] Roland et Renaud, neveux de Charlemagne, se réjouissent de ce que la fleur des héroïnes de leur armée ne deviendra pas la dépouille d’un prince grec ; les pairs décident que Roger et Léon combattront l’un contre l’autre, et que le sort des armes prononcera entre eux de la possession de Bradamante.
Ce ne sont que rencontres impossibles, confusions de noms, générosités tombées du ciel, pardons où l’on attendait des vengeances, cachettes dans les murailles, derrière les tapisseries, aparté pour unique moyen des effets de scène ; un mélange grossier de traditions grecques et latines, espagnoles et italiennes ; et pour la part de la France, de gros sel gaulois, la seule chose qui ait quelque saveur dans ce ragoût. […] Les Grecs, qu’il connut plus tard et mal, ne le frappèrent pas aussi vivement que les Espagnols ; et quant aux Latins, qui lui furent plus familiers, ceux qu’il goûta le plus furent les Latins de sang espagnol, Lucain, Sénèque le Tragique, qu’il appelle le grand Sénèque42. […] Le procès qu’on fait à la nôtre, pour avoir habillé à la française des personnages grecs ou romains, n’est pas encore vidé ; ce n’est pas impunément qu’on a des procès avec l’érudition.
Selon de Gobineau, la poésie des races blanches supérieures serait la poésie épique ; celle des races noires, la poésie lyrique ; la poésie grecque, mélange de poésie lyrique et de poésie épique n’a pu exister que parce que le peuple grec n’appartenait pas à la race aryane pure et qu’il entrait dans le sang grec à la fois un élément blanc et un élément noir. — La qualité intellectuelle des races blanches supérieures (races nordiques) serait la supériorité du jugement ; la race hindoue se caractériserait par l’imagination débordante et par la puissance d’abstraction ; la race jaune par le sens de l’utilité.
La cause de cette révolution sera non pas notre littérature, qui n’a pas plus de sens aux yeux des Orientaux que n’en eut celle des Grecs aux yeux des Arabes du IXe et du Xe siècle, mais notre science, qui, comme celle des Grecs, n’ayant aucun cachet national, est une œuvre pure de l’esprit humain 34. […] Déjà l’étude de la science et de la philosophie grecques avait produit chez les musulmans, au Moyen Âge, un résultat analogue.
Nous préférons, dans le Bonheur, ce tableau enthousiaste de la philosophie grecque, où semble passer le grand souffle des Heraclite, des Empédocle, des Parménide : Par-dessus tout la Grèce aimait la vérité ! […] Aux Grecs il a emprunté la conception d’une sorte de monde des formes et des idées qui est le monde même de l’art ; bannissant la passion et l’émotion humaines, on dirait qu’il voit toutes choses, comme Spinoza, sous l’aspect de l’éternité. […] La pensée grecque vient se rattacher à la pensée hindoue.
La licence de l’ancienne comédie grecque n’allait pas plus loin. […] Euripide et Archippus avaient traité ce sujet de tragi-comédie chez les Grecs ; c’est une des pièces de Plaute qui a eu le plus de succès ; on la jouait encore à Rome cinq cents ans après lui ; et, ce qui peut paraître singulier, c’est qu’on la jouait toujours dans des fêtes consacrées à Jupiter. […] Ceux qui ont dit qu’il a imité son prologue de Lucien, ne savent pas la différence qui est entre une imitation, et la ressemblance très éloignée de l’excellent dialogue de la Nuit et de Mercure dans Molière, avec le petit dialogue de Mercure et d’Apollon dans Lucien : il n’y a pas une plaisanterie, pas un seul mot, que Molière doive à cet auteur grec.
Il ne sait pas le latin assurément ; mais, à l’entendre parfois discourir du théâtre et remonter de Molière, Racine ou Shakspeare aux tragiques de l’antiquité, je suis tenté de croire qu’il sait le grec, qu’il a été Grec, comme il le dit dans le Voyage imaginaire, tant cet ordre de beauté et de noble harmonie lui est familier.
Bayle, né au Carlat, dans le comté de Foix, en 1647, d’une famille patriarcale de ministres calvinistes, fut mis de bonne heure aux études, au latin, au grec, d’abord dans la maison paternelle, puis à l’académie de Puy-Laurens. […] Hermant, docteur de Sorbonne, qui a composé en françois les Vies de quatre Pères de l’Église grecque, vient de publier celle de saint Ambroise, l’un des Pères de l’Église latine.
Les législateurs grecs attachaient une haute importance à l’effet que pouvait produire une musique guerrière ou voluptueuse. […] La première partie de cet ouvrage contiendra une analyse morale et philosophique de la littérature grecque et latine ; quelques réflexions sur les conséquences qui sont résultées, pour l’esprit humain, des invasions des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres ; un aperçu rapide des traits distinctifs de la littérature moderne, et des observations plus détaillées sur les chefs-d’œuvre de la littérature italienne, anglaise, allemande et française, considérés selon le but général de cet ouvrage, c’est à dire, d’après les rapports qui existent entre l’état politique d’un pays et l’esprit dominant de la littérature.
Cependant après que les Grecs nous ont enseigné que l’enthousiasme poétique est une ivresse, un délire, une divine manie, après que nos romantiques, envoyant par les plaines et par les monts les poètes « sacrés, échevelés, sublimes », nous ont confirmés dans l’idée qu’il est de leur essence de ne point être raisonnables comme le commun des hommes, nous nous étonnons d’entendre Boileau rappeler incessamment les poètes à la raison. […] D’autres fois, à force d’étudier les Grecs et les Latins, il se familiarise avec les formes particulières que certaines circonstances et le caractère de la civilisation antique ont données aux sentiments de l’âme et à leur expression littéraire.
Ce n’était pas tout encore : selon le hasard qui présidait à la vie des écrivains, selon le livre qui leur tombait entre les mains, le voyageur ou le croisé qu’ils avaient entendu, selon enfin qu’eux-mêmes avaient été promener leur curiosité en telle province ou en tel pays, une incroyable diversité de récits réclamait tour à tour l’attention du public : romans grecs et byzantins, contes orientaux, traditions anglo-saxonnes, légendes locales de Normandie ou du Poitou, fables incroyables, anecdotes vraies ou vraisemblables, sujets pathétiques, comiques, féeriques, historiques, et même réalistes. […] On peut rire d’abord de cette Troie féodale avec son donjon et ses tours crénelées, toute pleine de chevaliers et de dames courtoises, et de cette non moins féodale année des Grecs qu’accompagne comme à la croisade l’évêque Calchas.
On les exerce, en septembre, au maniement des armes à feu et aux manœuvres de la tactique des Grecs ; on les fait dormir sur l’herbe, « à l’ombre des forêts. » Les maîtres des Écoles de la patrie ne prennent pas la qualification de maîtres ni de docteurs, comme dure et orgueilleuse ; leurs noms, tirés du grec, signifient les amis de l’enfance, les pères de la patrie.
Les Grecs l’appellent l’aboulia, les Romains taedium vitae. […] Cela sentait le miel d’Hymète et le laurier-rose ; cela était grec sans pédanterie et sans hellénisme, comme ces camées ou ces fragments d’anthologie qui portent, empreint dans l’agate ou dans la strophe, un fin et pur détail des mœurs antiques.
Une langue vague et confuse est, chez un peuple, un sûr indice de décadence intellectuelle et morale ; au contraire, le grec et le latin sont considérés comme les langues éducatrices par excelence, parce que les mots qui les composent expriment des notions bien faites ; dépôts des efforts d’attention des Hellènes et des Romains, ces deux langues nous obligent à nous faire nous-mêmes des âmes grecques et romaines pour nous les assimiler.
Voilà, ce me semble, à peu près tout pour ce qui est des Grecs et des Latins. […] C’est Horace qui l’a dit ; non pas le premier, car les philosophes grecs l’ont souvent dit, mais c’est Horace qui l’a dit d’une façon immortelle lorsqu’il a créé cette expression : Aurea mediocritas que nous répétons encore.
Curtius, Histoire grecque, III, p. 494, et I, p. 286, 478. […] Curtius, Histoire grecque, II, p. 502.
Quand nous intervenons, nous d’une génération déjà autre, au milieu des jeunes gens avec nos souvenirs, nous faisons plus ou moins l’effet de Nestor revenant avec ses éternels combats des Épéens et des Pyliens, au moment le plus intéressant de l’action entre les Troyens et les Grecs, et coupant l’intérêt qui ne demande qu’Achille et qu’Hector.
Le soin qu’il prend en sa préface de vouloir identifier le népenthès avec l’opium est peine perdue ; je m’en tiens, en le lisant, au népenthès d’Homère ; et ce titre, assez dans le goût allemand, et qui fait appel à l’érudition grecque, résume à merveille pour moi la variété multiple, curieuse, amusante, l’instruction étendue, agréablement bigarrée, légèrement moqueuse, le bon sens raffiné et salutaire, la saveur en un mot d’un livre écrit par l’un des plus distingués littérateurs en une époque comme celle de Lucien, où l’on se rappelle encore de bien loin son Homère, et où l’on extrait avec recherche le suc de toutes choses.
Les sujets sont à tout le monde ; chaque écrivain qui veut se les approprie, sans croire voler ses devanciers, comme nos peintres peuvent faire des Sainte Famille après Raphaël, des Adoration des Mages après Rubens, comme nos sculpteurs réalisent après les Grecs les types de Diane et de Vénus.
L’imitation classique des œuvres grecques ou latines n’a plus de raison d’être : un écrivain perdrait son temps à se donner des mérites que presque personne ne sentirait.
Anatole France, et surtout le charme anecdotique de l’histoire de l’église, des apôtres et des saints : la beauté plus directement plastique des lettres et des arts grecs et français ne l’attira pas moins ; ni la beauté intellectuelle de la philosophie déterministe, de la science moderne, si relativiste, et si sceptique.
Essayons de revenir en arrière et de nous figurer ce qu’aurait pensé un Grec à qui l’on serait venu dire que la lumière rouge vibre quatre cent millions de millions de fois par seconde.
Cette province comptait parmi ses habitants, au temps de Jésus, beaucoup de non-Juifs (Phéniciens, Syriens, Arabes et même Grecs 107).
Il désignait tantôt des païens, tantôt des Juifs parlant grec et habitant parmi les païens 658, tantôt des gens d’origine païenne convertis au judaïsme 659.
est alors tout animée de l’esprit de l’antiquité classique qu’elle se modèle de parti pris sur les Grecs et sur les Romains qu’elle est par suite savante et faite surtout pour une aristocratie ; les œuvres qui la composent ont presque toutes un caractère hybride ; elles sont semi-païennes et semi-chrétiennes ; elles sont anciennes par la forme, les sujets, les titres, l’imitation voulue, l’emploi de la mythologie ; modernes par les idées et les sentiments qui sont coulés dans ces moules d’autrefois.
Evidemment non, car c’est précisément un des traits qui distinguent son œuvre de celle des poètes grecs et même des pièces de Corneille.
On voit dans la première lettre de Balzac à la marquise de Rambouillet, qu’il a le premier hasardé le mot d’urbanité, pour opposer un caractère de la civilisation romaine à l’atticisme qui caractérisait l’esprit des Grecs.
On y voit l’imagination la plus vive & la plus féconde, un esprit flexible pour prendre toutes ses formes, intrépide dans toutes ses idées, un cœur pétri de la liberté Républicaine, & sensible jusqu'à l’excès, une mémoire enrichie de tout ce que la lecture des Philosophes Grecs & Latins peut offrir de plus réfléchi & de plus étendu ; enfin une force de pensées, une vivacité de coloris, une profondeur de morale, une richesse d’expressions, une abondance, une rapidité de style, & par-dessus tout une misanthropie qu’on peut regarder comme le ressort principal qui a mis en jeu ses sentimens & ses idées.
Quelque succès qu’eussent eu Mélite, Clitandre, la Veuve, la Galerie du palais, la Suivante, la Place royale, Médée, s’il en fût resté là, jamais la scène Françoise n’eût égalé la scène Grecque.
Le costume est ici mal observé ; Minos est le juge des enfers dans la Mythologie grecque, mais ne l’est point dans la religion du Mogol, qui est le mahométisme.
La premiere idée qui lui vint à la vûë de la statuë de ce heros grec, dont la renommée avoit porté la gloire aux extrémitez de la terre, ne fut point l’idée des fautes qu’Alexandre avoit faites dans ses expeditions.
Homère, plus près des traditions primitives que les tragiques grecs, fait fléchir la rigueur du Destin devant la volonté de Jupiter.
à quelle loi supérieure remontait-il pour reconnaître toujours, à coup sûr, la beauté dégradée de ce monde, cet art puisqu’il a parlé des choses de l’art encore plus que des choses littéraires — qui se rêve dans le cerveau grec, mais qui se sent dans le cœur chrétien ?