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818. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il est homme de lettres aussi, celui que le feu de son imagination porte sans cesse vers des sujets nouveaux ; qui, doué de verve et de fécondité naturelle, n’a pas plutôt fini d’une œuvre qu’il en recommence une autre ; qui se sent jeune encore pour la production à soixante ans comme à trente ; qui veut jouir tant qu’il le peut de cette noble sensation créatrice et mener la vie active de l’intelligence dans toutes les saisons. […] Les erreurs donc étant individuelles, et le bon sens étant le sens commun, les travers particuliers se combattent, se neutralisent, et la raison, comme on l’a dit, finit par avoir raison. […] Qu’on nous pardonne de prendre le rôle de moraliste : nous espérons faire comme cet orateur sacré qui, assez peu dévot de sa nature, prêcha tellement la pénitence qu’il finit par se convertir.

819. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Les plébéiens avaient encore à supporter les usures intolérables des nobles, et les usurpations fréquentes qu’ils faisaient de leurs champs ; au point que, si l’on en croit les plaintes de Philippe, tribun du peuple, deux mille nobles finirent par posséder toutes les terres qui auraient dû être divisées entre trois cent mille citoyens. […] Les dix ans du siège de Troie célébrés chez les Grecs, répondent, chez les Latins, aux dix ans du siège de Véies ; c’est un nombre fini pour le nombre infini des années antérieures, pendant lesquelles les cités avaient exercé entre elles de continuelles hostilités77 78. […] Les consuls, pendant leur règne, étaient, comme on sait, sujets à l’appel, de même que les rois de Sparte étaient sujets à la surveillance des éphores : leur règne annuel étant fini, les consuls pouvaient être accusés, comme on vit les éphores condamner à mort des rois de Sparte.

820. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Parlant des honnêtes gens, des gens bien intentionnés et sincères qui se trouvèrent d’abord jetés de part et d’autre dans les deux camps : Et c’est ainsi que Dieu travaille, a dit lui-même le président Jeannin, quand il veut nous châtier sans nous perdre, quand il ne veut pas que la guerre finisse par le feu, le sang, la désolation générale, la ruine entière et le changement d’un État. […] La France était lasse décidément et voulait en finir ; on s’aperçut comme soudainement alors que la raison était de son côté, « tant la justice et le droit ont de puissance sur les hommes, selon la remarque judicieuse de Villeroi, spécialement après que les maux les ont faits sages ».

821. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Le plus rébarbatif de tous, M. de Bonald, a dit : « Je crois que la poésie érotique est finie chez nous, et que, dans une société avancée, on sentira le ridicule d’entretenir le public de faiblesses qu’un homme en âge de raison ne confie pas même à son ami. […] Je ne sais si leur règne est aussi fini que le prédisait ce prophète du passé.

822. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Elle avait, à la minute, des réponses et des solutions pour toutes les difficultés : « Le grand-duc, depuis longtemps, an’appelait, nous dit-elle, madame la Ressource, et, quelque fâché ou boudeur qu’il fût contre moi, s’il se trouvait en détresse sur quelque point que ce fût, il venait courir à toutes jambes, comme il en avait l’habitude, chez moi, pour attraper mon avis, et dès qu’il l’avait saisi, il se sauvait derechef à toutes jambes. » Un jour, poursuivi par son secrétaire, qui le relança jusque dans la chambre de la grande-duchesse, elle sut, en moins d’un quart d’heure, avec cinq ou six petits oui ou non, finir des affaires qui traînaient depuis des mois. […] Il avait, d’ailleurs, des amours publiques avec des femmes de la Cour, et il finit par entretenir une liaison affichée avec une des frailes ou dames d’honneur (Élisabeth Woronzoff), qui prit sur lui un empire absolu, et qui le poussait au divorce dès qu’il serait le maître.

823. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Sans prétendre peser les torts, on sent qu’il y avait entre la vie monastique et lui de ces incompatibilités d’humeur qui devaient s’accumuler à la longue et finir par un éclatant divorce. […] Je compte de donner incessamment le 1er tome de M. de Thou, il est fini ; mais je suis bien aise d’attendre l’édition latine d’Angleterre.

824. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Topffer, sans rien changer à sa vie modeste, avait fini par percer, par obtenir son rang, et il jouissait avec douceur des suffrages de cette estime publique qui, même de loin, ne séparait pas en lui l’homme de l’artiste et de l’écrivain. […] Comment il s’intéresse au premier aspect à ces deux jeunes personnes étrangères, comment il les remet dans leur chemin qu’elles avaient perdu, comment il les rencontre de temps en temps et se trouve peu à peu et sans le vouloir mêlé à leur destinée : tout cela est raconté avec une simplicité et un détail ingénu qui finit par piquer la curiosité elle-même.

825. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Pendant qu’il a l’air d’écouter, il a pris le point de départ ou l’a placé l’auteur, et il voyage pour son compte : quand vous avez fini, il vous dit le livre qu’il aurait fait à votre place, et c’est sa façon d’entendre la critique. […] Dès le milieu du siècle, il annonce, bien témérairement, que le règne des mathématiques est fini : mais il annonce, par une sûre divination, que le règne des sciences naturelles va commencer.

826. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Ils veulent « entrer dans un journal » ; ils finissent par y entrer et ils y montent en grade à peu près comme dans un ministère. […] Cherchez bien, et vous finirez par découvrir chez M. 

827. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

C’est Françoise d’Aubigné, qui fut depuis madame Scarron, et finit sous le nom de marquise de Maintenon. […] Le maréchal d’Albret, alors comte de Miossens, lui avait fait la cour et n’avait pas réussi ; mais il avait conçu pour elle une estime et une tendresse qui ne finirent qu’avec sa vie, plus de vingt ans après.

828. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

. — Infidèle à Du Boulay comme elle l’avait été à tous, et après quelques derniers éclats, Mme de Courcelles, devenue veuve, finit par faire ce qu’on appelle un sot mariage. […] Elle eut, après tout, de la justesse et de l’économie jusque dans la prodigalité de ses qualités et de ses dons ; elle ne se contenta pas d’avoir de l’esprit, elle l’aima chez les autres ; elle rechercha les lumières, chose alors nouvelle, et sut partout s’entourer d’un cercle d’hommes distingués ; elle vécut enfin et mourut comme une grande dame, tandis que la pauvre Sidonia, avec tout son esprit et ses grâces, a fini comme une aventurière.

829. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

Malheureusement La Fontaine, et en cela il se sépare de Boileau et de Racine, qui l’un et l’autre protégèrent jusqu’à la fin leur ami, au moins par leur silence, finit, dans la suite de la querelle, par épouser le parti de l’Académie. […] Ainsi que plusieurs autres romans de la même époque, entre autres le Roman comique, le Roman bourgeois ne finit point, ou, du moins, il n’est pas complet.

830. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Sa tache généreuse commence ou l’intérêt finit, etc. » Dans un endroit où il parle de la protection que Talbot donnait aux arts : « Bien différent, dit-il, de ces hommes vains qui, usurpant le nom de protecteur qu’ils avilissent, osent sacrifier un homme de mérite à leur orgueil, et répandre la rougeur de la honte sur un front honnête, quand il accordait une grâce, c’était une dette qu’il semblait payer au mérite, à la nation et à l’être qui est la source éternelle de tout bien. […] » Ce discours finit par une apostrophe à l’âme du czar, qui est sans doute dans les cieux, d’où l’orateur le prie de veiller sur son empire.

831. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Émile Blémont excelle à décrire en poésie, ainsi qu’on faisait jadis, les tableaux de nos peintres, auxquels ses vers semblent rendre leurs mouvements et leurs couleurs ; signalons, avant de finir, une pièce charmante : « Le Volant », un élégant Watteau en quatrains.

832. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

Le monde commence et finit sans cesse ».

833. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

Son Histoire Ecclésiastique, qui finit au Concile de Constance, est un des plus beaux & des plus utiles monumens élevés à la gloire du Christianisme, & le titre d’une célébrité durable.

834. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

La mort des personnes les moins connues est bientôt suivie d'une espece d'apothéose, & le moindre Artiste, sur le point de finir une carriere ignorée, pourroit presque dire comme Vespasien : Voici le temps où je vais devenir un Dieu.

835. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

Je vous rends de très-humbles graces d'un pareil envoi ; & je finis en vous priant d'être bien persuadé que vous avez en moi un Serviteur très-respectueux & sincere Admirateur ».

836. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Cependant, a-t-on dit, s’il est un peu trop vert dans le paysage que vous venez de décrire, c’est peut-être qu’il a craint qu’en se dégradant sur un long espace, il ne finît par être trop faible.

837. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Je ne vous ai rien dit ni des fruits ni des fleurs, ni des travaux rustiques ; je n’aurais point fini. à présent, Monsieur Julliart, dites-moi si vous êtes un paysagiste.

838. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Or, quand on touche à l’Antiquité, ce foyer froidi d’inspirations éteintes, il faut au moins trouver dans les cendres ces précieux débris que l’amour d’une société finie cherche encore dans la poussière d’Herculanum.

839. (1925) Dissociations

si l’on voulait entrer dans toutes ces histoires de psychologie, cela n’en finirait pas. Et il faut en finir, puisque cela recommence toujours. […] Il faut que les exploitées elles-mêmes disent : il faut que cela finisse. […] Mais si longtemps que vive un homme, il finit bien par mourir. […] Le mouvement avait encore son centre entre la rue Drouot et la rue Lepeletier, finissait à la chaussée d’Antin.

840. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Il y mit tant d’acharnement, qu’un de ses voisins, impatienté, finit par le rosser d’importance. […] Est-ce pour augmenter sa gloire que Beethoven voulait finir son œuvre ? […] Lorsqu’une œuvre est finie, il faut songer à en faire une autre. […] Après avoir détruit beaucoup de pirates, il finit par succomber sous l’attaque de toute une flottille. […] Il finit par toucher le septième de la recette, et parfois des gratifications supplémentaires vinrent s’ajouter à ce revenu régulier.

841. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Son rôle politique était fini. […] Tant que Napoléon n’a pas mis le pied sur la passerelle du Bellérophon, on ne sent pas le drame fini. […] Elle avait bien l’intuition que son rôle était fini. […] Si on ne se les fait pas, c’est fini, on ne reviendra plus. […] Thermidor finit par arriver, qui fut une douche d’eau froide, malgré la date.

842. (1927) André Gide pp. 8-126

Mais ces rêveries finissent par lui déranger le cerveau. « La connaissance intuitive est seule nécessaire, disait-il aussi ; la raison devient inutile… Voilà ce qu’il faut : engourdir la raison et que la sensibilité s’exalte !  […] Seul le prophète a fini par être admis auprès du prince, mais plus il l’approchait, plus le prince dépérissait : on ne peut pourtant avouer au peuple qu’il est enfin mort, si tant est qu’il ait jamais vraiment existé. […] Le roman ne finit pas. […] Oui vraiment, il ne me paraît pas que le roman pur (et en art, comme partout, la pureté seule m’importe) ait à s’en occuper… Le romancier, d’ordinaire, ne fait pas suffisamment crédit à l’imagination du lecteur. » Allons-nous avoir une question du roman pur, après celle de la poésie pure, qui n’a pas fini de faire gémir les presses ? […] Mais le théâtre pur, c’est Scribe ; le roman pur, c’est Dumas père ou Pierre Benoit ; M. l’abbé Bremond a fini par conclure que la poésie pure n’existait pas et qu’elle était impossible.

843. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Mais ces prétentions rallument la haine et la colère des hommes qui croyaient en avoir fini avec le passé, et la lutte continue avec acharnement. […] C’est que nous n’avons pas que le présent, et que le problème, insoluble au point de vue du fini absolu, est soluble au pointée vue de l’infini. […] Plus que toi j’ai besoin d’infini ; laisse-moi chercher au moins l’ombre de cet infini qui m’est nécessaire dans le fini qui seul nous reste. […] De même que l’ombre n’existe que par la lumière et à cause d’elle, de même le fini et toutes ses formes n’existent que par l’infini et à cause de lui. […] Toutes ces idées de fini absolu, de présent absolu, de désordre absolu, de hasard absolu, d’athéisme enfin, sont des idées négatives qui n’ont par elles-mêmes aucune existence.

844. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Cette réaction, commencée en Écosse, a revêtu depuis longtemps la forme germanique, et a fini par tout envahir. […] S’il s’agit d’êtres, comme dans les propositions de choses, tout son effort est de joindre un fait à un fait, pour rapprocher la somme finie des propriétés connues de la somme infinie des propriétés à connaître. […] J’en sais autant en le commençant qu’après l’avoir fini. […] Il y a dans votre idée de la connaissance une lacune qui, incessamment ajoutée à elle-même, finit par creuser ce gouffre de hasard du fond duquel, selon lui, les choses naissent, et ce gouffre d’ignorance au bord duquel, selon lui, notre science doit s’arrêter. […] Mill l’a confondue avec les expériences ; il n’a pas distingué la preuve et les matériaux de la preuve, la loi abstraite et le nombre fini ou indéfini de ses applications.

845. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

Le public finira par faire leur part aux talents sincères et modestes qui ne viseront qu’à se perfectionner.

846. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

c’est très-grave ; tout est perdu, tout est fini dans un pays où les renégats sont protégés par les femmes ; car il n’y a au monde que les femmes qui puissent encore maintenir dans le cœur des hommes, éprouvé par toutes les tentations de l’égoïsme, cette sublime démence qu’on appelle le courage, cette divine niaiserie qu’on nomme la loyauté.

847. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Le genre comique n’a pas été négligé à Bussang : un acte amusant, le Lundi de la Pentecôte, a mis en joie les spectateurs avec les aventures de divers personnages auxquels la dive bouteille a fait oublier une vieille amitié ; tout finit bien d’ailleurs : réconciliation et mariage remettent les choses en état et rectifient à jamais le fâcheux zigzag que l’ivrognerie a fait faire à l’amitié de ces braves gens.

848. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « III »

Elles ont commencé, elles finiront.

849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Si l’Ecrivain dont nous parlons étoit réduit à la seule gloire d’avoir mis au jour de pareilles Productions, sa célébrité auroit fini avec sa vie, & même avant.

850. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

On est fâché que cette Histoire ne soit qu'un Fragment, & que la paresse de l'Auteur ne lui ait pas permis de la finir en entier.

851. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Le poète trouve dans notre ciel des êtres parfaits, mais sensibles, et disposés dans une brillante hiérarchie d’amour et de pouvoir ; l’abîme garde ses dieux passionnés et puissants dans le mal comme les dieux mythologiques ; les hommes occupent le milieu, touchant au ciel par leurs vertus, aux enfers par leurs vices ; aimés des anges, haïs des démons ; objet infortuné d’une guerre qui ne doit finir qu’avec le monde.

852. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

C’est par lui que nous finirons cette liste critique.

853. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Ce bonnet carré m’apprend que le sermon commence ou qu’il finit ; mais lequel des deux.

854. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Vien » pp. 202-205

Les accessoires sont d’ailleurs d’un goût exquis et du fini le plus précieux.

855. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

et vous verrez où il ira, ce voluptueux de la description, et si l’homme, l’âme de l’homme ne finira pas par s’emparer de son pinceau, et n’y coulera pas une vie supérieure.

856. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Ensuite vint Sophocle et après lui Euripide qui nous laissèrent la tragédie nouvelle, dans le même temps où la vieille comédie finissait avec Aristophane.

857. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Mais deux mois se furent à peine écoulés depuis sa disgrâce, qu’il se trouva réduit à emprunter sur gages, son crédit étant déjà fini et son argent. […] L’an 1672, le pacha d’Acalziké, voyant que la guerre ne finissait point entre ces deux petits souverains de Mingrélie et d’Imirette, ni par ses accommodements, ni par ses remontrances, ni par ses ordres, résolut de les exterminer et de donner à d’autres leurs pays. […] L’antichambre est faite d’un velours à fond d’or, dont la corniche est ornée de vers qui finissent ainsi: « Si tu demandes en quel temps a été fait le trône de ce second Salomon, je te dirai: Regarde le trône du second Salomon. » Les lettres de ces derniers mots, prises pour chiffres, font mille cinquante-sept ans. […] Tous ces exercices, qui sont les carrousels des Persans, finirent à une heure après midi, après le congé donné aux ambassadeurs. […] La négociation finie, on servit le dîner, qui fut tout à fait magnifique, et un quart d’heure après on donna congé à l’envoyé.

858. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Il faut dire aussi, à la gloire du poète des révolutions, que son talent, d’abord badin et moqueur, grandit avec les circonstances, et qu’après avoir joué avec l’opinion il finit par frémir avec elle ; la passion publique le trouva à la hauteur de ses colères. […] À force de peindre le laid ils finissent par ne plus pouvoir peindre le beau. […] c’en est trop pour si petit théâtre ; Finissons-en : le monde est assez vieux,           Le monde est assez vieux. […] Trente ans, amis, j’ai cru le voir éclore ; Finissons-en : le monde est assez vieux,           Le monde est assez vieux. […] C’était lui qui était son poème ; il le revoyait, il le retouchait, il le raturait tous les jours, et il avait fini par en faire ce chef-d’œuvre de génie, de bonté, de raison que nous avons connu.

859. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Sans doute, pour être juste, il faut reconnaître qu’il se manifeste, de temps à autre, dans d’honorables conditions, des réminiscences de l’école haute, dite classique, qui sont accueillies avec estime, mais sans enthousiasme, comme appartenant à un genre démodé, fini en conséquence, incapable de conduire le mouvement littéraire actuel. […] Il est de toute évidence que l’auteur de Germinal et de la Terre, à force de chercher des effets dans l’expression et l’image de l’ordure, a fini par s’y familiariser et y prendre goût. […] C’est un plaisir qu’on goûte sans besoin de compagnie le soir, quand la corvée est finie, la distraction est là, sous la main, sans dérangement, sans aucun frais. […] Quand il a fini une description, il en recommence une autre, heureux encore s’il ne fait pas deux fois la même. […] Nous finissons par nous y familiariser, par juger tout au même niveau et à nous croire naïfs et dupes si nous nous avisons de le dépasser.

860. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

» et qui finit par tomber en criant : « Malheur à moi !  […] Il a fini de lui donner son plein sens. […] Mais l’idée de travail n’a pas fini de se développer. […] Demain, par la seule vertu du mot magique, « on en aura fini avec tout ça ». […] C’en sera fini alors du mythe et de sa nocivité.

861. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Un siècle suffit aux plus graves changements, commence par le sentiment, finit par la pensée ; un autre appartient à l’idée seule. […] Cette chasse au bonheur qui finit toujours mal, cette ivresse du désir que rien n’arrête, ni le crime, ni la vertu, c’est le rêve de vivre ! […] « La vérité, disent-elles à l’homme, tu ne saurais la trouver par tes propres forces, et c’est chose d’essence étrangère à ta nature, ô passager de l’espace et de la durée : pourtant, comme le fini a sa raison d’être dans l’infini et se fonde en lui, tu ne saurais vivre sans cette vérité, sans cette proie au-dessus de tes prises. […] C’est, d’une manière en quelque sorte sensible, le fini fondé sur l’infini, la vie éternelle servant de sanction au passage terrestre. […] Berthelot, déclarent un jour qu’il n’y a plus de mystères et un autre jour affirment que les rêveurs du moyen âge ont connu des secrets aujourd’hui perdus, — même de ceux qui, comme Auguste Comte, professent, toute leur vie durant, que l’ère métaphysique du monde est close et finissent en fondant une religion toute voisine de celle que nous désirons et qui repose sur la vénération des grands types humains.

862. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Le passage suivant de Boileau finira de vous rappeler cette affaire. […] Il voulait pour son ouvrage un titre battant neuf, et il finit par l’appeler Idylle héroïque. […] Pour Thésée et Dircé, ils continuent leurs galanteries, qui pourraient bien finir par un mariage. […] Pouvais-je finir cette esquisse sur La Fontaine plus convenablement que par une semblable citation ? […] Une ébauche, déjà pleine de vigueur, que la Nature comptait reprendre pour lui donner le fini nécessaire.

863. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

On a dit aussi que j’avais commencé mes études en cette ville et que j’étais entré en 1822, pour les finir, au collège Charlemagne. […]finit ma vie heureuse, indépendante et primesautière. […] Tous les jours arrivaient des lettres qui demandaient qu’on en finit  On trouvait Balzac ennuyeux ! […] On s’arrange une maison : « La maison finie, la mort entre », comme dit le proverbe turc. […] Le papier finit.

864. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

le faisan est mangé, et le dîner n’est pas fini. […] Et puis on a trop dit à ce pauvre public qu’il était bête et stupide ; dans sa modestie il a fini par le croire. […] Ponsard va finir, voilà un poète qui va avoir plus de succès que lui !  […] le faisan est mangé, et le dîner n’est pas fini. […] Tout est fini, ce M. 

865. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

 » Et l’ode est finie, comme elle est commencée, par une image de félicités, entre lesquelles une sombre image de la brièveté de la vie, comme un cyprès noir entre deux arbustes verts et roses couverts de la blanche neige des fleurs du myrte ou des pâles roses des premiers églantiers fleuris. […] » L’épître finit, comme la précédente, par l’apologue du cheval et du cerf, versifié par Horace, et chez nous par La Fontaine. Mais cet apologue, volé par les deux poètes à Ésope, et par Ésope lui-même au fabuliste indien, Lakman, finit, dans Horace, par un vers lapidaire qui contient avec une énergie sublime le proverbe éternel de la modération des désirs : Serviet æternum qui parvo nesciet uti ; Il sera éternellement esclave celui qui ne sait pas se contenter de peu. […] Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !

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