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654. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Elle s’efforçait ainsi de se distraire des souffrances du corps en peignant celles de l’âme ; elle répandait en même temps sur chacune de ces pages tendres un reflet des hautes consolations vers lesquelles chaque jour, dans le secret de son cœur, elle s’acheminait. […] Dans la première, qui a pour titre Veillez et priez, on lit31 : « Presque toutes ces douleurs morales, ces déchirements de cœur qui bouleversent notre vie, auraient été prévenus, si nous eussions veillé ; alors nous n’aurions pas donné entrée dans notre âme à ces passions qui toutes, même les plus légitimes, sont la mort du corps et de l’âme. […] De la lecture rapide qu’il m’a été donné de faire de l’un de ces ouvrages (Olivier), j’avais pris en note quelques pensées, notamment celles-ci : « Il y a des êtres dont on se sent séparé comme par ces murs de cristal dépeints dans les contes de fées : on se voit, on se parle, on s’approche, mais on ne peut se toucher. » « Il en est des maladies de l’âme comme de celles du corps : celles qui tuent le plus sûrement sont celles qu’on porte avec soi dans le monde ; il y a des désespoirs chroniques (si on osait le dire) qui ressemblent aux maux qu’on appelle ainsi : ils rongent, ils dévorent, ils détruisent, mais ils n’alitent pas. » « Le désaccord dans les mouvements du cœur irrite comme le désaccord en musique, mais fait bien plus de mal.

655. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Quant à nous, nous n’en croyons rien, ou plutôt nous n’en croyons qu’une seule chose : c’est que le tyran lettré d’Athènes, Pisistrate, fit en effet rechercher et recueillir en corps d’ouvrage, par les érudits de son temps, les fragments disséminés des poésies homériques confiés à la seule mémoire des peuples de l’Hellénie et de l’Asie Mineure, après des siècles inconnus de barbarie et d’ignorance qui avaient submergé plus ou moins longtemps ces admirables monuments de l’esprit. […] Les traditions racontent et les anciens ont écrit qu’Orphée, le premier des poètes grecs qui chanta en vers des hymnes aux immortels, fut déchiré en lambeaux par les femmes du mont Rhodope, irritées de ce qu’il enseignait des dieux plus grands que les leurs ; que sa tête, séparée de son corps, fut jetée par elles dans l’Hèbre, fleuve dont l’embouchure est à plus de cent lieues de Smyrne ; que le fleuve roula cette tête encore harmonieuse jusqu’à la mer ; que les vagues, à leur tour, la portèrent jusqu’à l’embouchure du Mélès ; que cette tête échoua sur l’herbe, près de la prairie où Crithéis mit au monde son enfant, comme pour venir d’elle-même transmettre son âme et son inspiration à Homère. […] Il lui apprend le patriotisme par le récit des exploits de ses héros, qui quittent leur royaume paternel, qui s’arrachent des bras de leurs mères et de leurs épouses pour aller sacrifier leur sang dans des expéditions nationales, comme la guerre de Troie, pour illustrer leur commune patrie ; il lui apprend les calamités de ces guerres dans les assauts et les incendies de Troie ; il lui apprend l’amitié dans Achille et Patrocle, la sagesse dans Mentor, la fidélité conjugale dans Andromaque ; la piété pour la vieillesse dans le vieux Priam, à qui Achille rend en pleurant le corps de son fils Hector ; l’horreur pour l’outrage des morts dans ce cadavre d’Hector traîné sept fois autour des murs de sa patrie ; la piété dans Astyanax, son fils, emmené en esclavage dans le sein de sa mère par les Grecs ; la vengeance des dieux dans la mort précoce d’Achille ; les suites de l’infidélité dans Hélène ; le mépris pour la trahison du foyer domestique dans Ménélas ; la sainteté des lois, l’utilité des métiers, l’invention et la beauté des arts ; partout, enfin, l’interprétation des images de la nature, contenant toutes un sens moral, révélé dans chacun de ses phénomènes sur la terre, sur la mer, dans le ciel ; sorte d’alphabet entre Dieu et l’homme, si complet, et si bien épelé dans les vers d’Homère, que le monde moral, le monde matériel, réfléchis l’un dans l’autre comme le firmament dans l’eau, semblent n’être plus qu’une seule pensée et ne parler qu’une seule et même langue à l’intelligence de l’aveugle divin !

656. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Et vous, filles et femmes tentées par la misère ou par la folie obscure de votre corps, et vous, mendiants, infirmes et meurt-de-faim, toute la cohue invoquée par Jean Richepin dans la Ballade des Gueux  venez, venez ici ! […] Dans sa première conférence il éprouve le besoin de l’invoquer pour nous dire que la pénitence est à l’âme ce que la médecine est au corps. […] le cadavre lié jadis par des tyrans à un corps plein de vie ne le tourmentait pas plus de ses effroyables baisers que ne tourmente une âme honnête encore l’horrible attouchement du péché.

657. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Quoiqu’il ne soit qu’un imbécile, il connaît certainement les méthodes de vérification des manuscrits ; il n’est point nécessaire d’être un aigle pour les savoir et les appliquer… L’Académie peut bien faire encadrer l’autographe de Rotrou, parce qu’elle n’y regarde pas de très près, parce qu’elle est un corps et que les corps sont toujours bêtes. […] Dans ce frénétisme de vivats, de bravos, la fillette volte, bondit, dissimule si harmonieusement le travail musculaire de tout son corps que sa danse paraîtrait facile, la distraction d’une libellule, sans les quelques pointes de sueur sur la chair gracile et pleine du décolletage et le sourire en coin des lèvres, aiguisé, volontaire, presque méchant, où se trahit l’effort, la fatigue du ravissant petit animal. » Je vous prie de méditer sur cette page.

658. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le Livre des rois, par le poète persan Firdousi, publié et traduit par M. Jules Mohl. (3 vol. in-folio.) » pp. 332-350

Ce poète, pas plus qu’Homère, n’a inventé les sujets qu’il célèbre ; il les a puisés dans la tradition, dans les légendes et ballades populaires, et il en a fait un corps de poème qui, pour ces temps reculés, supplée en quelque manière à l’histoire. […] Il avait dans sa ville natale un ami qui ne faisait qu’un avec lui, et ils étaient comme deux âmes dans un même corps. […] … La couronne, le trône et le diadème ne m’importent pas ; j’irai au-devant de mes frères sans armée, et je leur dirai : Ô mes frères illustres, qui m’êtes chers comme mon corps et mon âme, ne me prenez pas en haine, ne méditez pas vengeance contre moi !

659. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

M. de Balzac avait le corps d’un athlète et le feu d’un artiste épris de la gloire ; il ne lui fallut pas moins pour suffire à sa tâche immense. […] Quand on lit Racine, Voltaire, Montesquieu, on n’a pas trop l’idée de se demander s’ils étaient ou non robustes de corps et puissants d’organisation physique. […] Mais je ne puis accepter, sous le couvert de la physiologie, l’abus continuel de cette qualité, ce style si souvent chatouilleux et dissolvant, énervé, rosé, et veiné de toutes les teintes, ce style d’une corruption délicieuse, tout asiatique comme disaient nos maîtres, plus brisé par places et plus amolli que le corps d’un mime antique.

660. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Saint-Simon, qui nous l’a peinte à ravir dans sa première forme, nous la montre encore dans le plein de sa beauté et dans la grandeur de sa représentation, qu’elle sut soutenir à travers toutes les fortunes : C’était une femme plutôt grande que petite, brune avec des yeux bleus qui disaient sans cesse tout ce qui lui plaisait, avec une taille parfaite, une belle gorge, et un visage qui, sans beauté, était charmant ; l’air extrêmement noble, quelque chose de majestueux en tout son maintien, et des grâces si naturelles et si continuelles en tout, jusque dans les choses les plus petites et les plus indifférentes, que je n’ai jamais vu personne en approcher, soit dans le corps, soit dans l’esprit, dont elle avait infiniment et de toutes les sortes ; flatteuse, caressante, insinuante, mesurée, voulant plaire pour plaire, et avec des charmes dont il n’était pas possible de se défendre quand elle voulait gagner et séduire ; avec cela un air qui, avec de la grandeur, attirait au lieu d’effaroucher ; une conversation délicieuse, intarissable, et d’ailleurs fort amusante par tout ce qu’elle avait vu et connu de pays et de personnes ; une voix et un parler extrêmement agréables, avec un air de douceur ; elle avait aussi beaucoup lu, et elle était personne à beaucoup de réflexion. […] « C’était un beau et grand drôle très bien fait et très découplé de corps et d’esprit », et non une « bête brute », comme dit Louville. […] Elle montre les troupes du pays telles qu’elles sont, les places d’importance dépourvues de tout, « suivant la coutume d’Espagne » ; elle réclame énergiquement de France des secours, des hommes, et, après avoir bien demandé dans le corps de la lettre les gros bataillons, elle ajoute en post-scriptum qu’elle a conseillé au roi d’Espagne d’ordonner des prières.

661. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Il est mis en prison à l’Abbaye ; quelques heures avant les massacres du 2 septembre, il en est tiré par la générosité de Manuel, qui vient lui dire : « Sortez à l’instant de ce lieu. » — Je lui jetai mes bras au corps, s’écrie dramatiquement Beaumarchais, sans pouvoir lui dire un seul mot : mes yeux seuls lui peignaient mon âme ; je crois qu’ils étaient énergiques s’ils lui peignaient tout ce que je pensais ! […] » Dans une de ses lettres finales, nous surprenons de lui un espoir ou du moins un désir sur l’immortalité de l’âme : Je n’aime pas, disait-il à un ami, que, dans vos réflexions philosophiques, vous regardiez la dissolution du corps comme l’avenir qui nous est exclusivement destiné ; ce corps-là n’est pas nous ; il doit périr sans doute, mais l’ouvrier d’un si bel assemblage aurait fait un ouvrage indigne de sa puissance s’il ne réservait rien à cette grande faculté à qui il a permis de s’élever jusqu’à sa connaissance !

662. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

À mesure qu’elle avance dans le pays, elle s’aperçoit pourtant de l’absence du maître ; ce royaume est « comme un corps sans chef, vivant pour vous recouvrer, et mourant pour vous sentir loin ». […] — Non, madame, répondit-il. — Mais songez-y bien, mon cousin, lui répliqua-t-elle. — Madame, j’y ai bien songé, mais je ne sens rien mouvoir, car je marche sur une pierre bien ferme. — Or je vous advise, dit alors la reine sans le tenir plus en suspens, que vous êtes sur la tombe et le corps de la pauvre Mlle de La Roche, qui est ici dessous vous enterrée, que vous avez tant aimée, et, puisque les âmes ont du sentiment après notre mort, il ne faut pas douter que cette honnête créature, morte de frais, ne se soit émue aussitôt que vous avez été sur elle ; et, si vous ne l’avez senti à cause de l’épaisseur de la tombe, ne faut douter qu’en soi ne se soit émue et ressentie ; et, d’autant que c’est un pieux office d’avoir souvenance des trépassés, et même de ceux que l’on a aimés, je vous prie lui donner un Pater noster et un Ave Maria, et un De profundis, et l’arroser d’eau bénite ; et vous acquerrez le nom de très fidèle amant et d’un bon chrétien. […] Cette dame Oisille répond de la manière la plus édifiante : Mes enfants, vous me demandez une chose que je trouve fort difficile, de vous enseigner un passe-temps qui vous puisse délivrer de vos ennuis ; car, ayant cherché le remède toute ma vie, n’en ai jamais trouvé qu’un, qui est la lecture des Saintes Lettres, en laquelle se trouve la vraie et parfaite joie de l’esprit, dont procède le repos et la santé du corps.

663. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

C’est, en honneur, tout ce que la nature a droit de demander d’un bon citoyen… Jordan, tout en convenant que ce serait plus sage d’en agir ainsi, continue de s’affliger des maux qui frappent l’espèce en général, par la raison, dit-il, que « la société ne fait qu’un corps », et que tous les membres sont solidaires. […] Le sang de mes troupes m’est précieux, j’arrête tous les canaux d’une plus grande effusion…, et je vais me livrer de nouveau à la volupté du corps et à la philosophie de l’esprit. […] Quelquefois il y a un retour vers les choses de guerre ; Frédéric, au fort de ses grandes manœuvres, ne peut retenir un cri de satisfaction militaire : Nous exerçons à présent de corps et d’âme (avril 1764), pour remettre nos affaires en bon train.

664. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Le célebre Galilée avoit bien remarqué que les pompes aspirantes élevoient l’eau jusqu’à la hauteur de trente-deux pieds, mais Galilée, comme l’avoient fait ses prédecesseurs, et comme le feroient encore nos philosophes sans la découverte fortuite dont je vais parler, attribuoit cette élevation de l’eau, opposée au mouvement des corps graves, à l’horreur du vuide. […] Par exemple, le corps humain étoit assez connu du tems d’Hippocrate pour lui donner une notion vague de la circulation du sang, mais il n’étoit pas encore assez développé pour mettre ce grand homme au fait de la verité. […] Enfin les microscopes se sont perfectionnez, et l’on en a fait de si bons que par leurs secours on voit le sang couler rapidement par les arteres vers les extrémitez du corps d’un poisson, et revenir plus lentement vers le centre par les veines, et cela aussi distinctement qu’on voit de Lyon le Rhône et la Saone courir dans leurs lits.

665. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Ceux même qui sont parvenus à les mettre en fuite gardent longtemps l’esprit égaré et le corps malade et ne se rétablissent que malaisément. […] Les faro rongent certaines parties du corps des gens qu’elles ont entraînés au fond de l’eau. […] Voir aussi abstractions des contes ci-après : Kahué l’omniscient, —L’éléphantiasis de Moriba, les diverses parties du corps (Le procès funèbre de la bouche).

666. (1900) La culture des idées

L’analyse chimique ne conteste ni l’existence ni les qualités du corps qu’elle dissocie en divers éléments, souvent dissociables à leur tour ; elle se borne à libérer ces éléments et à les offrir à la synthèse qui, en variant les proportions, en appelant des éléments nouveaux, obtiendra, si cela lui plaît, des corps entièrement différents. […] Ici, ce sont des corps multiples à tête unique ; là, plusieurs têtes sur un seul corps. […] Les os du corps humain sont représentation et figure des créatures qui ont être et non vie ni sens, comme pierres et métaux. […] Le corps humain est figure et représentation du grand monde, et il est image et expresse semblance de Dieu créateur et de toute créature. […] La comparaison de l’organisme social au corps humain, c’est encore du Platon.

667. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Dans cette extrême faiblesse du corps, il y avait visiblement une vive énergie de l’esprit. […] Douleurs du corps et douleurs de l’âme, les unes et les autres liées par le mystère de l’esprit. […] Le vêtement qu’il peint est chaste, mais docile au corps, à sa forme, à ses mouvements. […] Ce sont des tissus empesés, sans doute, ou plutôt des tissus théoriques, indifférents aux lois de la pesanteur ; et, quant au corps qui est dessous, — il n’y a pas de corps dessous ! […] Les corps sont fins, nerveux, cabrés, pour la joie de franchir en hâte les divertissantes distances.

668. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Krysinska, Marie (1857-1908) »

. — Folle de son corps (1896).

669. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 113

Ses autres Ouvrages, tous médiocres, & même au dessous du médiocre, sont restés dans l’oubli, & l’on a eu raison de dire dans son épitaphe : Ci-gît un Auteur peu fêté, Qui crut aller tout droit à l’immortalité ; Mais sa gloire & son corps n’ont qu’une même biere ; Et lorsqu’Abeille on nommera, Dame Postérité dira : Ma foi s’il m’en souvient, il ne m’en souvient guere.

670. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Perroneau » p. 172

On en voit la tête de face, et le corps de deux tiers.

671. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Son âme, à moitié échappée de son corps, devient presque visible sur son visage. […] … Tout s’ébranle : ces grands corps se heurtent. […] Il brave doublement la mort : il fait porter dans tous les lieux où l’on combat ce corps faible qui semble renaître… C’est de ce corps mourant que partent ces regards perçants et rapides qui règlent, changent ou suspendent les événements, et font les destins de cent mille hommes. […] Tantôt les membres de la phrase se brisent, et, par leurs irrégularités, imitent la marche interrompue, les brusques évolutions, et le choc tumultueux des divers corps. […] Thomas ne peint qu’un corps mourant qui semble renaître .

672. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VIII. Du pathétique »

Le pathétique ne peut être le corps d’un développement ; c’en est, si l’on veut, l’âme et la vie.

673. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupuy, Ernest (1849-1918) »

Le corps n’est pas gisant depuis une journée Que, dans ses profondeurs, la vie est ramenée ; Les ferments ont trahi leur sourde invasion ; Le cadavre s’émeut, frappé par la lumière, Et l’on voit s’altérer sa majesté première Sous le labeur hideux d’une autre vision… ………………………………………………… Et ce débris boueux qui fut la créature, Touché par l’aquilon brûlant de la nature, Au lieu de reposer s’évertue à pourrir.

674. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 316-317

C’est un malheur pour lui de n’avoir pas existé de nos jours : son orgueil cesseroit d’être ridicule, s’il étoit érigé, comme à present, en esprit de Corps.

675. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 461-462

On avoit trouvé dans une vigne appartenante à M. de Guenebauld, un tombeau de pierre où étoit une inscription Grecque qu’on a traduite ainsi : « Dans le Bocage de Mithra, ce Tombeau couvre le corps de Chindonax, Grand-Prêtre.

676. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

Aucun de nos Ecrivains ne paroît avoir eu plus de talent pour l’Histoire, & sur-tout pour l’Histoire Ecclésiastique, où les discussions doivent être fondues avec adresse dans le corps du récit.

677. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 295-296

Après avoir débuté par des Héroïdes aussi fades que langoureuses, il s’est jeté, depuis quelque temps, à corps perdu, dans la composition des Drames, autres Productions de la même espece.

678. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 384-385

Ce défaut, assez ordinaire aux jeunes Littérateurs, prend sa source dans une imagination trop vive ; car dans quelques esprits, il faut que l’imagination décroisse, pour que le goût se fortifie ; comme il faut, à l’égard de certains tempéramens, que le corps se dégraisse, pour devenir robuste.

679. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Êtes-vous lui-même, guéri de tous les maux du corps et de l’âme ? […] Le 4 août suivant, la ville de Douai accomplissait un devoir douloureux envers son cher poète, et la population douaisienne remplissait cette église Notre-Dame, toute voisine de la maison de naissance de la défunte, pour assister à la messe solennelle qui était célébrée en sa mémoire avec le concours du corps de musique de la ville et de la Société chorale de Sainte-Cécile.

680. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 32, que malgré les critiques la réputation des poëtes que nous admirons ira toujours en s’augmentant » pp. 432-452

Mais elle y revient pour promettre au corps de Pyrrhus qu’on apporte sur le théatre, tous les soins d’une femme tendre et affligée de la mort de son mari. […] Les beaux esprits avoient dit dans leurs vers que le soleil, pour se rendre encore plus semblable au feu roi qui l’avoit pris pour le corps de sa dévise, se défaisoit de ses taches.

681. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « G.-A. Lawrence »

Tel est cet officier qui n’a pas trouvé l’occasion de faire la guerre, et qui dépense dans la fureur des steeple-chases une force de corps samsonienne et une force de courage égale à la force prodigieuse de son corps.

682. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

J’aime ces doux combats, et je suis patient : Dans l’étroit vêtement qu’à son beau corps j’ajuste, Là serrant un atour et là le déliant, J’ai fait passer enfin tête, épaules et buste ! […] Rien de moins dans le cœur, rien de plus sur le corps !

683. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Il fait corps avec notre substance. […] Aristophane, qui avait le diable au corps de la comédie, Aristophane a la gaieté osée, gouailleuse, amèrement et follement bouffonne d’un Rabelais d’Athènes, mais il n’avait pas, il ne pouvait avoir la bonhomie de notre Rabelais, qui, tout épique qu’il fût, se ressentait d’être gaulois.

684. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « G.-A. Lawrence » pp. 353-366

Tel est cet officier qui n’a pas trouvé l’occasion de faire la guerre et qui dépense dans la fureur des steeple-chases une force de corps samsonienne et une force de courage égale à la force prodigieuse de son corps.

685. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Jamais on n’aurait trouvé dans Fanny, dans Catherine d’Overmeire, ni dans Daniel (le plus mauvais de ses romans avant ceux d’aujourd’hui), quelque chose de comparable au commencement d’Un Début à l’Opéra, qui est purement et simplement une dissertation technique et numérotée sur l’intérieur de l’Opéra, l’administration supérieure, le directeur, les sujets de la danse, les protecteurs du corps du ballet, les auteurs, compositeurs, professeurs, maîtres de ballet, les habilleuses, les coiffeurs, les chefs de claque, les abonnés, les feuilletonistes ; et qui, placée là en dehors du roman, comme un feuilleton à part, pouvait se publier toute seule, puisqu’elle ne se rattache en aucun lien appréciable à l’économie du récit qui va suivre. […] Les scalpels eux-mêmes n’ont plus rien à voir dans un corps humain quand il tombe en déliquescence.

686. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Le corps entier, l’extérieur, jusqu’au ton de la voix, tout devait porter la marque de la pénitence et de la grâce. […] Dès l’abord, la bassesse des corps publics avait égalé celle des particuliers. […] Les corps pourris de Cromwell, d’Ireton, de Bradshaw furent déterrés le soir, et les têtes plantées sur des perches au haut de Westminster-Hall. […] Il réduisait les jugements à « l’addition de deux noms », les idées à des états du cerveau, les sensations à des mouvements corporels, les lois générales à de simples mots, toute substance au corps, toute science à la connaissance des corps sensibles, tout l’être humain à un corps capable de mouvement reçu ou rendu562, en sorte que l’homme, n’apercevant lui-même et la nature que par la face méprisée, et rabattu dans sa conception de lui-même et du monde, pût ployer sous le faix de l’autorité nécessaire et subir enfin le joug que sa nature rebelle refuse et doit porter. […] Au convoi, deux frères du roi, des ducs, des comtes, des évêques, les premiers personnages de l’Angleterre portèrent ou suivirent le corps.

687. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Toutes les heures qu’il peut dérober, il les emploie ; et puis vieux, retiré dans sa terre, il coordonne cette masse de matériaux, il la met en corps de récit, en un corps unique et continu, se bornant à la distribuer par paragraphes distincts, avec des titres en marge91 ; et ce long texte immense, il le recopie tout de sa main avec une netteté, une exactitude minutieuse, qualités authentiques qu’on n’a pas assez remarquées, sans quoi on eût plus religieusement respecté son ordre et sa marche, son style et sa phrase, qui peut bien être négligée et redondante, mais où rien (je parle des Mémoires et des notes) n’est jeté au hasard. […] Peu après, à l’occasion de l’ambassade de Rome, qu’il fut près d’avoir un peu à son corps défendant et qui manqua, Mme de Maintenon exprimait sur Saint-Simon un avis qui ne démentait point son bon sens : elle le disait « glorieux, frondeur et plein de vues ». […] Il y avait à profiter, selon lui, de l’erreur populaire qui attribuait à ce corps un grand pouvoir, et on pouvait favoriser cette erreur innocente sans en redouter les suites. […] Cette grandeur qui, nonobstant tout accroc de détail, allait à revêtir d’une imposante majesté l’époque entière de Louis XIV, et qui était la première vérité du tableau, ne pouvait se dévoiler que par la considération des ensembles et dans la suite même de ce corps incomparable d’annales.

688. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

C’est là que je respirais la sainte componction de la douleur de l’âme chrétienne dans la statue de la Madeleine, statue pour ainsi dire d’une âme et non d’une femme, où le corps s’évanouit pour laisser apparaître l’âme, contresens sublime de la sculpture, qui n’exprime ordinairement que des formes et de la beauté. […] « Telle est l’origine à la fois philosophique et poétique de l’anthropomorphisme grec ; c’est la divinité de l’esprit humain que la Grèce adore dans la beauté du corps humain. […] Quant aux anges et aux saints, leur corps n’est que le signe extérieur d’une vie toute spirituelle. […] « C’est sans doute la raison pour laquelle Vitruve établit entre les proportions du corps humain et les lois de l’architecture une analogie, fausse peut-être au point de vue scientifique, réelle au point de vue esthétique. Cette idée même de proportion qui éclate comme la lumière dans toutes les œuvres de l’art grec, et qui donne à l’architecture un caractère de perfection inconnu auparavant, semble suggérée à l’esprit par la contemplation du corps humain, ce chef-d’œuvre vivant de convenance et d’harmonie.

689. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

« Elle sortit du lit et fit les deux ablutions de l’âme et du corps, sa prière et sa toilette. […] sans que toutes les utopies, révolutions, progrès, puissent retrancher un nerf ou ajouter un cheveu à ce mécanisme de notre corps ? […] Misères du corps qui ont plus de noms que l’année n’a de jours ! […] XXXI L’autre philosophie sociale est celle qui, reconnaissant aussi dans la création énigmatique telle quelle, un mystérieux fait accompli, s’y résigne comme à une justice inexpliquée, puisqu’elle est fatale, ce qui veut dire divine : semblable, j’en conviens, au prisonnier des ténèbres, qui, après avoir fait le tour de son étroit cachot, et convaincu qu’il n’y a aucune issue que par le suicide, évasion de la destinée humaine, s’y assoit à la place assignée par la Providence, y livre son corps à sa condition de souffrance et de corruption, sans murmure et sans regret, et y cherche la nourriture de son âme, qu’il sent immortelle, dans la conformité du dessein de Dieu son maître, dans le sacrifice de son bonheur à celui de ses semblables, dans la vertu, ce supplément de bonheur qui vaut mieux que lui, et dans la sainte certitude d’un destin supérieur quand cette voûte de son cachot s’écroulera sur son corps mortel pour lui laisser voir du fond du cercueil le vrai jour de Dieu !

690. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Le Jardin des plantes ; un atelier de trente élèves ; une ville d’Asie Mineure racontée par un coloriste ; une partie de canotage la nuit ; quelques aperçus sur la cuisine russe ; une vente après décès d’artiste pauvre et malchanceux ; un atelier au crépuscule ; l’ouverture du Salon ; ce qu’on voit en omnibus le soir ; le corps d’un modèle ; une pluie de printemps au Palais-Royal ; une synagogue ; un bal masqué chez un peintre ; les amours d’un bohème et d’un singe ; un petit cochon dans un atelier ; l’auberge de Barbizon ; la forêt de Fontainebleau ; la Bièvre et ses paysages ; la plage de Trouville ; je ne sais quelle rue derrière Saint-Gervais ; une pleine eau, la nuit, dans la Seine, sous les ponts… — le tout mêlé de tirades amusantes et truculentes sur l’École de Rome, sur Ingres et Delacroix, sur les primitifs, sur le bourgeoisisme des artistes..   […] Elle est entrée comme servante chez une vieille demoiselle à qui elle se dévoue corps et âme. […] Et elle va ainsi, en proie à son corps, jusqu’à ce que la délivrance lui vienne dans un lit d’hôpital. […] Encore une que son cœur tourmente, sinon son corps : malade du besoin d’aimer et de se dévouer, après une enfance pieuse, renfermée, mélancolique, elle se fait sœur de charité. […] Coriolis a beau être créole, sensuel, indolent, avoir besoin de caresses et être épris du corps de Manette, quand on connaît sa fine et fière nature et quand on le voit, presque dès le début, démêler la sécheresse et la dureté foncière de la juive, puis avoir conscience de la tyrannie que cette femme exerce sur lui, on s’étonne un peu qu’il descende, sans résistance et sachant où il va, jusqu’à l’avilissement complet ; que ce gentilhomme subisse la ladrerie de sa maîtresse, que ce sensuel lui sacrifie ses besoins de luxe délicat, que cet artiste passionné lui sacrifie l’art, et que, la haïssant depuis longtemps, il en vienne à l’épouser.

691. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

On se fait un paradis mystique et tout spiritualiste, bien différent du paradis chrétien, du paradis sur la terre, où les corps devaient renaître quand le règne de Dieu serait venu. […] Voilà les deux seuls mouvements de sa poésie : semblable à la mer qui monte et redescend, qui apporte un instant quelques corps sur le rivage, et bientôt les replonge dans l’obscurité de son sein. […] Sa poésie est comme l’univers, dont Pascal a dit : Centre partout, circonférence nulle part ; la vie, qui pour Lamartine est un tout, une unité, un océan, paraît dans Victor Hugo comme la lumière qui inonde tous les corps, mais qui, tout en les éclairant, en les baignant de ses flots, disparaît elle-même devant eux, et ne se manifeste qu’en dessinant leurs contours et en peignant leurs couleurs. […] Ainsi, suivant ton caprice, tantôt tu vois les âmes sortir des corps avec des ailes d’or comme les séraphins ; tantôt, comme les mânes des anciens, ce sont de tristes fantômes, des ombres du corps attachées comme lui à la terre ; et, devant l’ombre silencieuse de ton Napoléon, passent et repassent sans cesse les ombres silencieuses de ses capitaines.

692. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Pendant sa vie, il avait été si volontaire, si particulier, que nul ne se flattait de pouvoir deviner ce qu’il désirait que l’on fît de son corps. […] Tous les chefs étaient assemblés dans la cellule, autour du grand corps noir, gisant à terre, quand l’un d’eux ouvrit un sage avis : « De son vivant, nous n’avons jamais pu le comprendre ; il était plus facile de dessiner la vie de l’hirondelle au ciel que de suivre la trace de ses pensées ; mort, qu’il fasse encore à sa tête. […] Il avait passé la nuit à déclouer les christs en croix et à tirer les flèches du corps des saint Sébastien. […] Lambeau par lambeau, le corps y passa tout entier ; la balance ne remuait pas encore. Au moment où le dernier morceau du corps du saint homme fut mis dans le plateau, le fléau s’abaissa enfin, le petit oiseau s’envola, et le saint entra dans le nirvana.

693. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

La médecine, qui a existé partout et toujours, n’a pu se passer de l’étude du corps vivant. […] Une science exacte et positive ne peut point se borner à des affirmations vagues ; elle doit prouver et vérifier ses assertions, c’est-à-dire peser les plus minutieux détails ; un chimiste ne craindra pas de consacrer plusieurs années à l’étude d’un seul corps simple et de ses composés, un zoologiste à celle de quelque humble infusoire que le microscope seul découvre. […] Garnier fait remarquer très justement que pour attribuer des faits à des causes diverses, il faut que les faits soient non-seulement différents mais indépendants des phénomènes très différents, opposés même, comme l’ascension des gaz à la chute des corps, pouvant avoir une cause identique. […] On traite les phénomènes psychologiques comme la mécanique pure traite les corps, les mouvements et les forces. […] Ainsi, tandis que chez la presque totalité des animaux, la digestion se fait à l’intérieur du corps dans un organe spécial, parfois, comme chez l’hydre, l’être semble transformé tout entier en estomac ; chez d’autres, l’acte se produit au dehors, entre de nombreux appendices qui servent à la fois de bouche et de bras.

694. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Notre regard saisirait au passage, sculptés dans le marbre vivant du corps humain, des fragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique. […] Je suppose qu’un jour, vous promenant à la campagne, vous aperceviez au sommet d’une colline quelque chose qui ressemble vaguement à un grand corps immobile avec des bras qui tournent. […] Chez Don Quichotte, au contraire, il y a un groupe de souvenirs qui commande aux autres et qui domine le personnage lui-même : c’est donc la réalité qui devra fléchir cette fois devant l’imagination et ne plus servir qu’à lui donner un corps. […] Mais le rêveur, au lieu de faire appel à tous ses souvenirs pour interpréter ce que ses sens perçoivent, se sert au contraire de ce qu’il perçoit pour donner un corps au souvenir préféré : le même bruit de vent soufflant dans la cheminée deviendra alors, selon l’état d’âme du rêveur, selon l’idée qui occupe son imagination, hurlement de bêtes fauves ou chant mélodieux. […] Il s’entend parler, il se voit agir, mais il sent qu’un autre lui a emprunté son corps et lui a pris sa voix.

695. (1894) Critique de combat

Va pour la triplicité des corps et des mondes englobés l’un dans l’autre ! […] Peut-.être est-ce pour le bien de leur corps ? […] On lui met un uniforme à l’esprit comme au corps. […] Entre les deux corps de troupes, une masse indécise qui attend, s’inquiète et s’effare. […] Quand on parle du corps social, on ne fait point une métaphore : on exprime en termes précis une chose réelle.

696. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Au moment du départ du corps expéditionnaire d’Égypte, les relations de Dumas avec Bonaparte étaient fort cordiales. […] Cette satire contre certains médecins a rencontré dans le corps médical les plus vives approbations. […] C’est la reprise des corps et des âmes par l’engrenage du métier. […] Son corps souple, que le travail des champs n’a ni alourdi ni déformé, a des lignes pures comme celles d’une statue, et l’harmonie est belle de ce blanc corps d’homme avec les formes fines de l’alezan qui, renâclant d’inquiétude, courbe son cou veineux. […] Max Collignon convient que « le bas du corps, qui est de profil, se soude gauchement au buste vu de face ».

697. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Ce corps ne pesait guère devant cet esprit. […] Ce médecin ne voit pas dans la justice autre chose que la santé du corps politique, et le livre de Rabelais n’est qu’un livre à l’honneur, au service et au profit de la santé, tant du corps que de l’âme, que de l’esprit, que de la nation et que du monde. […] Ils faisaient corps, moins comme religion que comme armée, moins comme église que comme ville bloquée. […] Le corps donc auquel la marque de Jésus-Christ a été imprimée doit-il être pollué aux abominations contraires ? […] Dieu met les armoiries de son fils en nos corps, et nous les souillerons de fanges et d’ordures ?

698. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 517-518

du Jardin n’a pas craint de les admettre & de les traduire, parce qu’ils donnent une liaison apparente au corps de l’Ouvrage.

699. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Bâtiment. » p. 534

Chaque faculté doit avoir son corps de bâtiment séparé, à l’instar de celui de la faculté des arts qui servira de modèle pour les autres.

700. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

C’est un rare corps que ce La Tour.

701. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Fragonard » p. 280

Fragonard Tableau ovale représentant des groupes d’enfans dans le ciel. c’est une belle et grande omelette d’enfans ; il y en a par centaines, tous entrelacés les uns dans les autres, têtes, cuisses, jambes, corps, bras, avec un art tout particulier ; mais cela est sans force, sans couleur, sans profondeur, sans distinction de plans.

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