C’est la nuit de Paris qui se lève. […] * * * — Fournisseur de rébus pour assiettes, — c’est un état à Paris. […] Il s’essaye à prouver, contre nous, que la guillotine a augmenté le nombre des équipages à Paris. […] Il est servi dans le moment par une bonne auvergnate, une de ces horribles femmes qui sont, à Paris, les bonnes malheureuses de la misère. […] * * * — De singulières existences dans ce Paris.
Il ne faudrait pas juger sommairement des mœurs par la frivolité tumultueuse de telle ou telle portion de Paris et du pays. […] La Rochefoucauld, La Bruyère, Fénelon, Bossuet, Molière, Racine, La Fontaine, voire même Saint-Simon, sont tous de Paris et de la cour. […] Sur soixante-huit ans qu’il vécut, Paris le posséda douze ans ; puis il courut se cacher à Amiens, vivre et mourir au gîte. […] Il naît à Dijon le 9 juillet 1689 : il meurt à Paris en 1773, à quatre-vingt-quatre ans. […] Il ira vivre à Paris comme il pourra, de poésie.
Cela faisait rire le guet, le commissaire lui-même et, le lendemain, tout Paris. […] La première comédie qu’il avait vue à Paris à son arrivée avait été le Tartuffe ; on raconte que pendant la représentation il répétait souvent entre ses dents : Ah ! […] Rousseau, fâché comme tout94, l’a mandé à nombre de gens à Paris […] Honoré Bonhomme (Paris, Jules Gay, 1863). […] M. Louis Paris. 1835, t.
A l’égard de Gibert, ne pouvant plus continuer la guerre avec Rollin, il la fit avec un ancien professeur de philosophie en l’université de Paris, nommé Pourchot. […] Il fit retenir de ses plaintes la plupart des collèges de Paris, & s’attacha principalement à tourner en ridicule un philosophe qui prononçoit sur des matières dont il n’appartenoit qu’aux rhéteurs de connoître. […] Il fait lui-même allusion à sa qualité de fils d’un maître coutelier à Paris, dans une épigramme Latine qu’il envoya à un de ses amis, accompagnée d’un couteau & de cette réflexion : « Ce présent vous semblera plus digne de Vulcain que des Muses.
Nous avons déjà cité l’exemple de Ronsard en 1585 ; et tout le monde sait comment les cendres de Descartes furent reçues à Paris. […] Londres, Florence et Paris n’avaient point encore assez de dignité pour valoir Rome et Athènes. […] Des savants dans les langues, tels qu’Adrien Turnèbe, un des critiques les plus éclairés de son siècle, Guillaume Budé, qu’Érasme nommait le prodige de la France, et dont il eut la faiblesse ou l’orgueil d’être jaloux, qui passait pour écrire en grec à Paris comme on eût écrit à Athènes, et qui, malgré ce tort ou ce mérite, fut ambassadeur, maître des requêtes et prévôt des marchands ; Longueil, aussi éloquent en latin que les Bembe et les Sadolet, et mort à trente-deux ans, comme un voyageur tranquille qui annonce son départ à ses amis ; Robert et Henri Étienne, qui ne se bornaient pas, dans leur commerce, à trafiquer des pensées des hommes, mais qui instruisaient eux-mêmes leur siècle ; Muret exilé de France, et comblé d’honneurs en Italie ; Jules Scaliger, qui, descendu d’une famille de souverain, exerça la médecine, embrassa toutes les sciences, fut naturaliste, physicien, poète et orateur, et soutint plusieurs démêlés avec ce célèbre Cardan, tour à tour philosophe hardi et superstitieux imbécile ; Joseph Scaliger sort fils, qui fut distingué de son père, comme l’érudition l’est du génie ; et ce Ramus, condamne par arrêt du parlement, parce qu’il avait le courage et l’esprit de ne pas penser comme Aristote, et assassiné à la Saint-Barthélemi, parce qu’il était célèbre, et que ses ennemis ou ses rivaux ne l’étaient pas.
Naudé s’acquitta de son office avec splendeur ; il prit comme corps de sujet, indépendamment des neuf petits panégyriques, l’antiquité de l’École de médecine de Paris. […] Naudé s’attacha à ce cardinal, et le suivit en Italie à la fin de 1630 ou au commencement de 1631 ; il y resta onze années pleines, n’étant revenu à Paris qu’en mars 1642, pour y être bibliothécaire de Richelieu, puis de Mazarin. […] Ces Rose-Croix se rattachaient sans doute à la société de frères que Bacon dit avoir existé à Paris, et dont il raconte une séance228. […] L’arrêt du parlement de Paris qui ordonnait la vente de la bibliothèque du cardinal lui arracha un cri de douleur et presque d’éloquence. […] M. Paulin Paris fait ressortir ces analogies.
Après trois quarts d’heure de promenade heureuse du côté de Paris, il arriva à Asnières et se disposa à passer le pont. […] Il réussit à traverser l’eau, regagna Paris en courant, et la défunte put être enterrée. […] Sans souci apparent, il arpentait Paris avec ses jambes de sept lieues. […] Il parlait de Paris souvent. […] Adieu, Paris !
Il quitte Paris en 1646, et il n’y rentre qu’en 1658, à l’âge de trente-huit ans, treize ans après. […] » qui avait enflammé tout Paris. […] Molière arrive à Paris bien tard. […] Prenez la préface des Précieuses, sa première pièce faite à Paris, vous y verrez le plaisir, la joie folle de se savoir devenu enfin quelque chose à Paris, Parisien ! […] Il dit cela avec fierté, avec orgueil, et ces auteurs de Paris dont il est fier d’être le confrère, je viens de vous les nommer !
S’étant trouvé un jour chez le célèbre coadjuteur de Paris, le futur cardinal de Retz, comme on vint à parler des traductions des poètes et que ce prélat eut avancé qu’il ne croyait pas qu’on en pût faire une de Virgile, à la fois agréable et juste, Marolles répliqua qu’avant de déclarer la chose impossible il faudrait essayer, et il se mit à l’œuvre incontinent : il a bien soin de nous avertir dans sa préface qu’il n’y employa que peu de mois. […] Marolles, appliquant à toute espèce de sujets le nouveau talent qu’il s’était découvert, lâcha donc les rimes par milliers, et de plus il en savait exactement le chiffre : il calculait que, d’une part, l’ensemble de ses traductions en vers des poètes profanes (sans parler d’une géographie sacrée, d’une description de Paris, etc., etc.) formait un total de 133124 vers, et que, d’autre part, ses traductions poétiques des livres sacrés, des grands et des petits prophètes, etc., etc., allaient à plus de 40000 vers : « Si quelqu’un sans besoin (c’est-à-dire apparemment, sans y être forcé) en peut mettre autant en ligne de compte, je serais bien trompé », ajoutait-il ; et il nous assure qu’il s’y est agréablement diverti. […] Et Mercier, l’auteur du Tableau de Paris, dans je ne sais quelle épître de sa vieillesse, a trouvé ce vers qu’il adressait à la nature ou à la Providence : Laisse-moi vivre au moins par curiosité ! […] Il mourut à Paris le 6 mars 1681, à l’âge de quatre-vingt-un ans ; il fut inhumé, en personnage illustre, dans l’église de Saint-Sulpice, avec une belle épitaphe très en vue, et un médaillon en marbre blanc contenant son portrait et surmonté d’un génie pleurant qui tient son flambeau renversé. […] [NdA] Mémoires inédits et opuscules de Jean Rou, avocat au Parlement de Paris, et depuis secrétaire-interprète des États généraux de Hollande, publiés par M.
Officier lui-même de la garde bourgeoise, et bientôt porté par les élections aux premières magistratures de sa ville natale, il fut envoyé à Paris en députation, afin de solliciter du gouvernement les fusils nécessaires à l’armement de la garde nationale. […] Il était parvenu à nouer avec elle un commerce de lettres, et, comme elle partait pour Paris, il résolut de son côté de s’y rendre. […] Cette proposition réussit ; le supérieur de Metz donna au jeune homme son agrément et une obédience, comme on disait, pour la maison de Saint-Lazare ; et voici Merlin prêt à partir le lendemain matin pour Paris. Mais la nuit porte conseil : il réfléchit au danger de son voyage, et il pense que mieux vaut le différer et partir, non pour Paris, mais pour Reims et Vervins, afin de se rendre de là à la Chartreuse du Val-Saint-Pierre-en-Thiérarche, où il avait un parent, dom Barthélemy Effinger, qu’il n’avait jamais vu, mais qui lui destinait une cure : « Je resterai, se disait-il, au monastère sous prétexte d’en vouloir connaître l’intérieur, les pratiques, et peut-être d’en devenir un des moines ; sous ce prétexte, j’exigerai et j’obtiendrai le secret. » il ne serait allé à Paris qu’un peu plus tard et quand déjà sa famille, inquiète de son absence, l’y aurait fait chercher vainement.
Jean Jullien : « Le but est d’intéresser le spectateur et surtout de l’émouvoir. » Barberou l’écrivait à Bouvard : « Le théâtre est un objet de consommation comme un autre, cela entre dans l’article Paris. […] Il y a trois ans, à Paris, on jugea presque subversif un couplet de revue, qui parodiait (si peu !) […] Seule, la fumisterie du prince Napoléon, exploitant la France pour un bail de six-douze-dix-huit, fit jouir aux Tuileries, à Compiègne, à Paris, cette société trépidante, dont la fermentation putride mais mousseuse fut symbolisée par des librettistes vraiment artistes, dans ces folies étourdissantes, dans cet Orphée, dans cette Vie parisienne aux quadrilles enragés, rhythmant la bacchanale d’une société qui se détraque, le grand écart d’un monde qui se disloque. […] Paris aime ses spectacles. […] Un temps viendra où à Paris, comme déjà aujourd’hui à Londres, on comptera quatre théâtres contre vingt-cinq spectacles.
Quand il vint la dernière fois à Paris en 1741, M. de Fontenelle ayant remarqué dans sa prononciation quelque chose de l’accent de Normandie, lui en fit l’observation, et lui demanda s’il n’avait pas d’abord appris notre langue d’une personne de cette province ; ce qui était vrai en effet. […] Il écrivait de Paris à ce même M. […] Il est à présent à l’école ; mais comme ici on ne songe pas à former les mœurs ou les manières des jeunes gens, et qu’ils sont presque tous nigauds, gauches et impolis, enfin tels que vous les voyez quand ils viennent à Paris à l’âge de vingt ou vingt et un ans, je ne veux pas que mon garçon reste assez ici pour prendre ce mauvais pli ; c’est pourquoi, quand il aura quatorze ans, je compte de l’envoyer à Paris… Comme j’aime infiniment cet enfant, et que je me pique d’en faire quelque chose de bon, puisque je crois que l’étoffe y est, mon idée est de réunir en sa personne ce que jusqu’ici je n’ai jamais trouvé en la même personne, je veux dire ce qu’il y a de meilleur dans les deux nations. […] La guerre qui survint entre la France et l’Angleterre ajourna ce projet d’éducation parisienne, et le jeune homme ne fit son début à Paris qu’en 1751, à l’âge de dix-neuf ans, après avoir achevé ses tournées de Suisse, d’Allemagne et d’Italie.
Le roi anglais siégeait à Paris ; le Dauphin français se maintenait à grand-peine sur la Loire. […] Blessée devant Paris le 8 septembre, elle voit pour la première fois la fortune lui manquer, et le conseil de ses voix en défaut, ou du moins ce conseil paralysé et mis à néant par l’hésitation obstinée et le mauvais vouloir des hommes. […] Elle lui répondait qu’elle était trop empêchée au fait de la guerre pour le satisfaire sur l’heure : « Mais quand vous saurez que je serai à Paris, envoyez un message par devers moi, et je vous ferai savoir tout au vrai auquel vous devrez croire, et ce que j’en aurai su par le conseil de mon droiturier et souverain Seigneur, le Roi de tout le monde. » De telles lettres, produites dans le procès, venaient directement à l’appui de l’accusation qu’on lui intentait, d’avoir prétendu usurper l’office des anges de Dieu et de ses vicaires sur la terre. […] Dans la marche de Reims sur Paris (août 1429), comme elle arrivait avec le roi du côté de La Ferté-Milon et de Crépy-en-Valois, le peuple se portait en foule à la rencontre, en criant : Noël ! […] » Quand Jeanne d’Arc donna à Paris l’assaut du 8 septembre 1429, assaut où elle fut blessée, et qui fut le temps d’arrêt de ses succès, c’était un jour de fête, le jour de la Nativité de Notre-Dame ; et ce fut un des points aussi par où les docteurs, ses juges, la voulurent prendre en flagrant délit d’irrévérence et d’indévotion : « Était-ce fête ce jour-là ?
Raynouard n’était jamais plus content que lorsqu’il faisait manger à ses amis de Paris des prunes de Brignoles. Après avoir fait avec succès ses études au petit séminaire d’Aix et pris ses grades à l’école de droit de cette ville, Raynouard vint à Paris vers 1784 ; il ne fit que tâter le terrain et n’y resta pas. […] Nommé en 1791 député suppléant à l’Assemblée législative, Raynouard fut alors ramené à Paris par ses devoirs publics, et il avait l’œil en même temps à ce qui pouvait aider son arrière-pensée secrète de faire son chemin dans les lettres. […] « Je suis un philosophe, disait-il (et quand je cite ses paroles, figurez-vous-les toujours relevées et comme redoublées par l’accent) ; un philosophe n’a besoin que de la besace et du manteau ; mais encore faut-il que la besace soit pleine et que le manteau soit propre. » Dès qu’il eut acquis ce nécessaire, il revint à Paris sous le Consulat, et, cette fois, bien résolu à ne plus lâcher pied. […] Il est probable qu’elle ne sera pas donnée à Paris.
Il a détaillé le projet d’une de ces conspirations dans laquelle il s’agissait, à la première nouvelle d’une victoire que remporterait le comte de Soissons, de soulever Paris et d’exécuter le coup de main avec les principaux mêmes des prisonniers de la Bastille, le maréchal de Vitry, Cramail et autres. […] Retz obtint d’emblée d’être nommé coadjuteur de son oncle à l’archevêché de Paris, et dès lors, pour prendre son langage, il cesse d’être « dans le parterre, ou tout au plus dans l’orchestre, à jouer et à badiner avec les violons » ; il monte sur le théâtre. […] Il ne prit pas garde que ce repos des premières années de la régence n’était pas la santé véritable ; au lieu de ménager les moyens et d’aviser au lendemain par des remèdes, il continua dans les errements qui aggravaient le désordre et la souffrance à l’intérieur : « Le mal s’aigrit, dit Retz ; la tête s’éveilla ; Paris se sentit, il poussa des soupirs ; l’on n’en fit point de cas : il tomba en frénésie. […] Condé et Retz se séparent, chacun dans son opinion, mais avec estime ; l’un pour la Cour et se décidant, tout bien pesé, à la défendre ; l’autre, restant coadjuteur et, avant tout, défenseur de Paris. […] Retz, vous le pensez bien, n’en est pas dupe, et, montrant tout aussitôt Paris, dès qu’on lui a rendu son Broussel, redevenu « plus tranquille que je ne l’ai jamais vu le Vendredi saint », il nous fait sentir la contrepartie railleuse sans l’exprimer. — « La Cour qui se sentait touchée à la prunelle de l’œil… » dira-t-il à propos de la révocation des intendants, mise en délibération par les cours souveraines réunies ; il est rempli de ces expressions sensibles et animées.
Étant à Paris au commencement de 1819, il vit M. Decazes qui lui promit justice : « Quand on saura à Tours, écrivait-il à sa femme, que nous avons à Paris des gens qui pensent à nous, on nous laissera tranquilles… Je vois qu’on se fait ici un honneur et une gloire de me protéger. » Il y eut là un moment d’indécision pour Courier et qui tint à peu de chose ; On cherchait à le rallier, il n’était pas encore irréconciliable. […] Cependant Courier écrivait de Paris à sa femme (juin 1821) : Je ne sais encore si je serai mis en jugement. […] les cagots te feront assassiner. » — Quelle dut être l’impression première, lorsqu’on apprit tout à coup à Paris que Courier avait été trouvé assassiné, en Touraine, dans son bois de Larçay ! […] Mme Courier, absente et à Paris au moment de l’assassinat, soupçonna à l’instant et désigna Frémont, le garde même de son mari.
Un des premiers actes des écervelés des clubs, à Paris, avait eu pour objet de déclarer Montesquieu aristocrate et imbécile. […] Vers 1804, la principale portion de ces manuscrits fut même apportée à Paris, et M. […] On a dit qu’il devait cette idée à Dufresny qui, dans un livre intitulé les Amusements sérieux et comiques, suppose, pour plus de variété, un Siamois à Paris, tombé des nues en pleine rue Saint-Honoré, et faisant ses réflexions à sa manière. […] Quoi qu’il en soit du Siamois ou de l’homme de Java, l’idée est devenue originale chez Montesquieu par le développement qu’il y a donné, et la hardiesse avec laquelle il l’a naturalisée à Paris. […] — De retour en France, Montesquieu se retira à son château de La Brède, loin des soupers de Paris, pour y recueillir et y ordonner ses pensées ; il y resta deux ans, ne voyant que ses livres et ses arbres.
Paris est la capitale d’un versant de l’humanité, Londres est la capitale du versant opposé. […] § V Tel était le théâtre vers 1580, à Londres, sous « la grande reine » ; il n’était pas beaucoup moins misérable, un siècle plus tard, à Paris, sous « le grand roi » ; et Molière, à son début, dut, comme Shakespeare, faire ménage avec d’assez tristes salles. […] À Paris, le vicomte de Montauban, qui était Créqui, avait fondé le Tripot des onze mille diables ; à Madrid, le duc de Médina Sidonia, l’amiral malheureux de l’Invincible, avait fondé el Puno-en-rostro, et à Londres, sir Walter Raleigh avait fondé la Sirène. […] En 1594, pendant que, se regardant de travers et prêts à en venir aux mains, le roi d’Espagne, la reine d’Angleterre et même le roi de France disaient tous les trois : Ma bonne ville de Paris, il continua et compléta Henri VI. […] En 1610, pendant que Ravaillac assassinait Henri IV par le poignard, et pendant que le parlement de Paris assassinait Ravaillac par l’écartèlement, il fit Antoine et Cléopâtre.
Cependant il éprouva le besoin, à la voix de ses amis et de ses protecteurs en France, de venir à Paris étudier son succès afin de le dépasser encore. […] Il s’achemina lentement, très lentement, vers Paris ; la chaîne d’amitié qui le retenait en Italie était lourde ; il accompagna à Florence le prince et la princesse qui fuyaient Rome. […] Voici en quels termes il en écrit à son correspondant le plus intime de Paris, M. […] Dès qu’il s’en aperçut il eut le courage de s’enfuir jusqu’à Paris. […] Mais ces critiques de Paris ne sont jamais allés en Italie ou en Grèce ; ils auraient vu partout des physionomies et des poses héroïques, dans des groupes de pasteurs ou de matelots.
Paris aujourd’hui a une prostitution assise, carrément installée aux cafés des boulevards, en plein gaz, rangée en ligne, faisant front aux passants, et tout à la fois insolente avec le public, et familière avec les garçons à tablier blanc. […] Elle se rappelle avoir donné une fois quinze livres de lard pour obtenir le grand jeu, et la sorcière lui prédit qu’elle aurait sept enfants, qu’elle irait sept fois à Paris, et qu’elle mourrait à trente ans. […] — L’existence au bord de la mer pour les maris, est ce qu’est un jour de garde pour les boutiquiers de Paris. […] À l’endroit où Germinie raconte qu’en arrivant à Paris, elle était couverte de poux, Charpentier nous dit qu’il faudra mettre « de vermine » pour le public… Au diable ce public, auquel il faut cacher le vrai et le cru de tout ! […] Lefebvre… Cette sœur donnait de féroces détails sur l’ensevelissement à Paris, où se montrent tous les cynismes et toutes les avarices de la richesse, racontant qu’elle avait vu, de ses yeux, ensevelir un fils de grande famille, dans un vieux costume de pierrot.
12 janvier Une horrible et sinistre expression du Paris actuel, sur la fin du viveur, sur les maladies, comme celle de M. de M… On appelle ça : Il file son macaroni. […] * * * — Je lis qu’en ce moment tous les arbres de Paris sont en train de mourir. […] 1er avril En omnibus, à côté d’une jeune paysanne, d’une petite boulotte en bonnet blanc, qui semble aujourd’hui arriver à Paris, pour entrer en service. […] On dirait qu’elle a, dans ce grand et écrasant Paris, une espèce de gêne remuante, une inquiétude timide et agitée, qui la fait se jeter, à tout moment, à la vitre, qu’elle a derrière la tête. […] 18 octobre Départ de Trouville pour Paris.
Après dix ans de travail solitaire, acharné, enragé, sans publicité, presque sans relations, un jour un de nos amis, M. de Chennevières, vint nous dire que la maîtresse d’un des grands salons de Paris, ayant lu nos livres, désirait nous connaître. […] Ce fut là, devant un public de lettrés, que nous lûmes Henriette Maréchal, à l’exemple d’autres auteurs plus connus que nous, aussi soucieux de leur dignité, et qui ne croyaient pas faire acte d’insolence envers le public, en consultant le premier salon de Paris sur l’effet d’une œuvre dramatique. […] Il nous reste à faire un appel à l’opinion, à cette grande majorité de spectateurs qui a applaudi Henriette Maréchal, à tout ce monde d’hommes et de femmes du Paris intelligent et lettré qui ne veut pas que la tyrannie de la politique ou l’exagération de la morale touche à ses plaisirs, à ses goûts, à ses sympathies. […] Sifflé un premier acte dont le réalisme n’a même pas le charme de la nouveauté : les Enfers de Paris et la Mariée du Mardi-Gras sont moins retroussés et plus joyeux ! […] Après tout, s’il me prenait fantaisie de faire le tour des théâtres de Paris, il se pourrait bien que les directeurs épargnassent aux censeurs le crime que je leur impute par avance et que notre pièce fût refusée partout.
jusqu’à présent, par M. de Beauchamps, à Paris 1735. […] Elle a paru sous le titre de Parnasse François à Paris en 1732., & l’auteur a publié ensuite divers supplémens, qui n’ont pas été à l’abri de toute critique. […] Cet ouvrage imprimé à Paris 1734. […] Marin si connu par sa savante & impartiale Histoire de Saladin, a consacré quelques-uns de ses momens à composer diverses piéces de théatre & de société, imprimées à Paris en 1767. […] Cette collection a été recherchée ; mais on lui préfére aujourd’hui l’Anthologie françoise, ou recueil de Madrigaux & d’Epigrammes depuis Marot jusqu’à présent ; Paris, 1769. 2. vol.
Sa version parut en 1731. à Paris, chez Gandouin en huit vol. […] Ses plaidoyers parurent à Paris en 1698. […] Erard, imprimés à Paris en 1734. […] Les œuvres de cet illustre Avocat contenant ses Mémoires & Consultations, ont été publiées à Paris en six volumes in-4°. […] Quatorze Avocats de Paris s’assemblent plusieurs jours sans aucun intérêt, pour examiner si un homme roué à deux cens lieuës de-là est mort innocent ou coupable.
Dans la dernière année et quand la maladie déjà mortelle retenait Bossuet à Paris, il l’y venait voir, passait avec lui plusieurs heures, lui lisant l’Évangile et lui en parlant : entretiens doux et graves, élevés et purs, entre ces deux chrétiens si à l’unisson ; c’est là ce qu’on aimerait à entendre et à connaître ; mais Le Dieu ne nous donne que le titre de l’entretien. […] La grande réputation de ce prédicateur après son premier carême à Paris lui mérita de passer de plein saut de la chaire des pères de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré à celle du château de Versailles. […] Tant de discours amoureux, tant de descriptions galantes, une femme qui ouvre la scène par une tendresse déclarée et qui soutient ce sentiment jusqu’au bout, et le reste du même genre, lui fit dire que cet ouvrage était indigne non seulement d’un évêque, mais d’un prêtre et d’un chrétien… Voilà ce que M. de Meaux pensa de ce roman dès le commencement ; car ce fut là d’abord le caractère de ce livre à Paris et à la Cour, et on ne se le demandait que sous ce nom : le roman de M. de Cambray. » Et le dimanche 14 mars de la même année : Il paraît une nouvelle critique de Télémaque, meilleure que la précédente, où le style, le dessein et la suite de l’ouvrage, tout enfin est assez bien repris, et dont on ignore l’auteur. […] Dans cette assemblée, et à ne voir que les dehors, Bossuet est primé par d’autres : l’archevêque de Reims, Le Tellier, veut être président en titre, sauf (quand il est nommé) à dire partout de M. de Meaux : « C’est mon président. » Bientôt l’archevêque de Paris, Noailles, est promu au cardinalat et devient le président titulaire à son tour.
Le comte de Senfft resta ministre de Saxe à Paris jusqu’en 1810. […] Si l’on excepte les relations officielles, il vivait d’ailleurs dans le courant de société le plus opposé à l’Empire, et dans quelques-uns de ces salons de Paris où le maître de l’Europe ne régna jamais. […] Le voyage inopiné du roi de Saxe à Paris, dans l’hiver de 1809, ne fit que retarder son entrée en fonction. […] J’avais ces présomptions avant mon voyage d’Espagne ; ce qui ne m’a pas empêché de l’y faire venir, ni de le voir à Paris à mon retour.
En revenant à Paris, après y avoir passé toute une semaine à m’évertuer en si haute compagnie, j’aurais dit peut-être ouf ! […] On se disait qu’il aurait d’excellents et fermes lieutenants généraux, il avait demandé Chevert, Saint-Germain Contades : Chevert fut retenu à Paris par une maladie grave. […] Il partit de Paris le 1er février 1758. […] Mr le comte de Clermont, qui se publia à Paris l’année de la mort du prince.
C’est à peine si, dans une ville comme Paris, on voit le Temps et les Débats s’offrir le luxe d’une critique régulière occupant un feuilleton comme au temps jadis. […] À l’Écho de Paris, la critique n’existe plus, même pour la colonne que M. […] Deux tribunes critiques, c’est tout ce que le journalisme de Paris peut offrir, et encore grâce à l’esprit réactionnaire du Temps et des Débats qui tiennent à protester par leur tenue sévère contre l’américanisme brutal. […] Voici la Revue des Deux-Mondes, la Quinzaine, la Revue de Paris, la Revue Bleue et la Grande Revue ; elles réduisent la bibliographie à deux pages de couverture.
un prince détrôné, renié par sa famille, exilé, traqué, toupie en dérision, qui erre en paria dans sa bonne ville de Paris et que la misère oblige à coucher sous les ponts. […] En novembre 1882, tous deux viennent à Paris achever leurs études, sans rien abandonner de leurs ambitions littéraires. […] » Guaita n’interrompt ses méditations dans le Paris d’hiver que pour les reprendre dans son domaine isolé d’Alteville où il va passer la belle saison, « au lieu le plus solitaire de la Lorraine allemande, parmi les vastes paysages de l’étang de Lindre ». […] René Martineau : Un vivant et deux morts (Biblioth. des Lettres françaises), Paris, 1914.
M. de Beausset établît aussi que dans la rupture de 1670 madame de Montespan reçut ordre de quitter la cour et fut envoyée à Paris 105 ; en quoi il diffère de La Beaumelle qui, dans les Mémoires de Maintenon 106, a fait une longue narration des circonstances de la séparation : ce fut, selon lui, madame de Montespan qui en prit la première résolution, qui s’éloigna de Paris avec un courage héroïque qu’affermissaient les exhortations de madame de Maintenon ; et le roi, informé de ce départ inattendu, fait appeler celle-ci pour en connaître les moindres circonstances et en approfondir les motifs, et madame de Maintenon emploie toute son éloquence pour combattre la douleur du roi et ramener à une sainte résignation. […] Madame de Montespan vint à Paris, visita les églises, jeûna, pria et pleura ses péchés. […] Une lettre subséquente nous apprendra que la vérité qui était comme à Pomponne le 24 juillet, s’est répandue à Paris dans le mois suivant.
Comme elle parut, à un certain moment, s’éloigner un peu du cercle Polignac et s’habituer dans le salon de Mme d’Ossun, sa dame d’atour, « un habitué du salon Polignac (que M. de La Marck ne nomme pas, mais qui paraît avoir été un des plus considérables de ce cercle) fit contre la reine un couplet très méchant, et ce couplet, fondé sur un infâme mensonge, alla circuler dans Paris ». […] Pour elle, elle ignorait tout cela, et ne se doutait pas de ce qui indisposait contre elle à Versailles, pas plus que de ce qui aliénait d’elle à Paris. […] Elle continuait sa vie de féerie et d’illusion, quand déjà les propos odieux, les couplets satiriques et les pamphlets infâmes couraient Paris, et lui imputaient une influence secrète et continue qu’elle n’avait pas. […] La Dernière Lettre de la reine Marie-Antoinette, Paris, 1851 (Courcier, 9, rue Hautefeuille).
[Du patriotisme littéraire] À la fin du siècle dernier un jeune poète, à l’imagination enthousiaste, à la sensibilité frémissante, à l’âme vraiment lyrique, reportait son souvenir et sa pensée sur les beautés naturelles de notre pays qu’il avait parcouru en tous sens, depuis Marseille jusqu’à Paris, depuis Narbonne jusqu’à Strasbourg. […] Dans les œuvres de nos illustres pères le Vrai, c’est-à-dire la poursuite de la tolérance, la réclamation de toute l’égalité possible, l’ambition de la paix et de la fraternité, se personnifia avec une telle force, un tel éclat, que de tous les côtés de l’Europe les regards se portèrent encore non plus sur Versailles mais sur Paris. […] C’était à Paris également, comme dans une forge de Vulcain, que les idées françaises se frappaient sur une retentissante enclume pour se répandre bientôt, comme en monnaies et en médailles, à travers toute l’Europe. […] Paulin Pâris sur le Roman du Renart, Paris, 1861.
S’il se formoit des pantomimes à Paris, ne conçoit-on pas qu’ils débuteroient par executer dans leur jeu muet les belles scénes du Cid et des autres pieces les plus connuës, en choisissant celles où l’action demande que le comédien prenne plusieurs attitudes singulieres, qu’il fasse plusieurs gestes faciles à remarquer, et qu’on puisse reconnoître aisément quand on les voit faire sans entendre le discours dont ils sont l’accompagnement naturel. […] Apulée qui a pû voir Lucien, nous rend un compte exact de la représentation du jugement de Paris faite par une troupe de pantomimes. On voit dans ce récit curieux que Junon, Pallas et Venus parlerent l’une après l’autre à Paris, et qu’elles lui firent les promesses que tout le monde sçait, en s’expliquant par des gestes et par des démonstrations concertées avec les instrumens qui les accompagnoient. […] Il s’est formé en Angleterre des troupes de pantomimes, et même quelques-uns de ces comédiens ont joüé à Paris sur le théatre de l’opera comique, des scénes muettes que tout le monde entendoit.
Pierre Jean Jouve, Poèmes de la folie de Hœlderlin, Paris, 1930. […] Paris, Hachette, 1912. […] Paris, Champion, 1933. […] Voir, pour ces exemples, René Bray, Chronologie du romantisme, Paris, Boivin, 1932 ; Estève, Byron et le romantisme français, Deuxième édition, Paris, Boivin, 1929 ; André Thérive, Le Parnasse, Paris, Les Œuvres représentatives, 1929 ; Jules Mouquet, Rimbaud raconté par Paul Verlaine, Paris, Mercure de France, 1934. […] Hérostrate, Démétrius de Phalère, 1683 ; éd. de Paris, 1757, I, 109 : G.
C'est lui, d’ailleurs, qui, le premier, n’a pas craint d’inoculer à un public jusqu’alors plus sobre les émotions dépravantes des Mystères de Paris ; il a nourri imprudemment le monstre, et il en est menacé aujourd’hui. — La Revue des Deux Mondes et celle de Paris ne sont pas moins atteintes et menacées par cette vaste coalition de littérature industrielle ; mais on peut dire du moins, à l’honneur de ces deux Recueils, qu’ils ont prévu dès longtemps le mal et n’en n’ont pas attendu l’assaut pour le dénoncer et lui faire bonne guerre.
Je ne suis pas assez sûr de la date exacte du Sonnet des voyelles pour avancer autrement qu’en hypothèse que Rimbaud a parfaitement pu écrire ce sonnet, non en province, mais à Paris ; que, s’il l’a écrit à Paris, un de ses premiers amis dans cette ville ayant été Charles Cros, très au fait de toutes ces questions, il a pu contrôler, avec la science, réelle et imaginative à la fois, de Charles Cros, certaines idées à lui, se clarifier certains rapprochements à lui personnels, noter un son et une couleur.
Tout le monde aujourd’hui, à Paris, est en quelque sorte histrion. […] Voilà ce qui me paraît la réalité actuelle, pour Paris et les plus grandes villes françaises. […] Trente mille personnes à Paris vont au théâtre, chaque soir. […] Que la jeune fille se marie, que le provincial passe huit jours à Paris, que le Parisien reçoive quelques billets de faveur, et ils sont guéris d’une passion toute superficielle. […] Les gens les plus dépourvus de littérature, d’idées générales et d’esprit, y peuvent fort bien réussir dans les divers genres qui se sont développés de préférence à Paris, depuis vingt ans surtout.
Soumet se montrait fier de Saül et de sa Clytemnestre, deux tragédies qui ont fait courir tout Paris. […] — Hélas, monsieur Talma, je quitte Paris demain ou après-demain au plus tard. […] Cependant, à Paris, Ronsard se gorgeait de grec et de latin. […] Pétau, conseiller à la grande chambre du parlement de Paris, lorsque son regard rencontra une écriture rapide, déliée, à lui connue. […] Il est, je crois, président du dîner des « Parisiens de Paris », banquet mensuel où communient quelques courageux indigènes, décidés à lutter, fourchette en main, contre les « Marmites », les « Soupes aux choux », les « Pommes », les « Fouaces », les « Chabichous », les « Bouillabaisses », où les provinciaux de Paris célèbrent les victoires et conquêtes de leurs gloires locales.
Il comptait à Paris cinq ou six théâtres prospères. […] On ne leur parle que de Paris, tout est superbe à Paris ; alors, lorsqu’ils peuvent surprendre Paris en flagrant délit de mensonge et de bêtise, ils triomphent. […] Plus tard, elle eut un grand succès à Paris. […] Paris était à ses pieds. […] L’auteur est à Rome et non à Paris.
C’était sûrement un hôtel unique dans Paris que celui de Mlle Céleste, une espèce d’annexe du séminaire, où la règle du séminaire se continuait presque. […] C’était le lieu de séjour momentané des élèves qui, en entrant au séminaire ou en en sortant, avaient besoin de quelques jours libres ; les ecclésiastiques en voyage, les supérieures de couvent qui avaient des affaires à Paris, y trouvaient un asile commode et à bon marché. […] Berthelot me fit connaître son père, un de ces caractères de médecins accomplis comme Paris sait les produire. […] Consciencieux comme je le suis, je voulus être en règle avec moi-même et je continuai de vivre dans Paris ainsi que j’avais fait au séminaire. […] Le déplacement d’un atome rompait la chaîne de faits fortuits qui, au fond de la Bretagne, me prépara pour une vie d’élite ; qui me fit venir de Bretagne à Paris, qui, à Paris, me conduisit dans la maison de France où l’on pouvait recevoir l’éducation la plus sérieuse ; qui, au sortir du séminaire, me fit éviter deux ou trois fautes mortelles, lesquelles m’auraient perdu : qui, en voyage, me tira de certains dangers où, selon les chances ordinaires, je devais succomber ; qui fit, en particulier, que le Dr Suquet put venir à Amschit me tirer des bras de la mort, où j’étais enserré.
Né en 1741 dans un village près de Clermont en Auvergne, il se nommait d’abord Nicolas ; c’est sous ce nom qu’il fit ses études à l’université de Paris, au collège des Grassins, en qualité de boursier, et qu’il remportait tous les prix. […] Le lendemain de cette première représentation de Paris, elle dit devant tous les ambassadeurs qu’elle avait été la veille dans des transes, « dans l’état du métromane, jusqu’au moment où elle avait appris le succès ». […] Sa voix était flexible, ses modulations suivaient les mouvements de son âme ; mais, dans les derniers temps de mon séjour à Paris, elle avait pris de l’aspérité, et on y démêlait l’accent agité et impérieux des factions. […] Le jugement le plus équitable et le plus indulgent qu’il soit possible de porter sur lui me paraît être celui de Roederer dans un article du Journal de Paris, qui a été reproduit dans l’édition la plus complète des Œuvres de Chamfort. […] Lauraguais à Madame…, Paris, 1802, p. 160 et suiv.
C’est cette société qui a moins de profondeur que le vernis de son carrossier, et dont les habitudes uniformes peuvent se traduire éternellement par la vie de château, Paris et Trouville, Trouville surtout, où les romanciers envoient à présent leurs romans prendre les bains pour les faire devenir forts, et qui en reviennent aussi faibles et aussi bêtas qu’ils étaient partis. […] Les tirades de conversation enfilées ici s’enfilent au même instant dans tous les salons de Paris, et les mêmes plaisanteries y font risette. […] Il n’a ni la morgue ni le charlatanisme retentissant de beaucoup d’autres, toujours sur la brèche de la publicité, faisant incessamment sonner à la Renommée les deux trompettes que lui donnait Voltaire, et ne méritant guères que celle qui sonnait par en bas… Octave Feuillet vit en province une partie de l’année, loin des commérages, des coteries, des affectations et des engouements de Paris, s’assainissant par cette vie de province, la seule chance de salut qui reste au talent, menacé de prostitution parisienne, et qui ne veut pas s’effacer au frottement de tous ces esprits qui s’effacent en effaçant les autres, comme une monnaie encrassée par le pouce de toutes les mains. […] Philippe n’a de mauvais sujet que de vouloir vivre à Paris et de ne pas épouser sa cousine, que sa famille lui garde pour femme de toute éternité. […] » et qui se tourne en hennissant vers Paris, l’abreuvoir de toutes les soifs de son âme, — ce vis-à-vis se serait enflammé des passions des deux personnages, nature et plus grands que nature, — car il faut faire, dans les romans, plus grand que nature, contrairement aux basses théories de la littérature d’à présent !
Mais il a beau lui dire du mal des Français et de Paris, c’est bien le Français le plus Français de tous qu’elle cultive et qu’elle courtise en lui. Ses lettres sont bien de la femme préoccupée de plaire, qui disait au prince de Ligne : « N’est-ce pas que je n’aurais pas assez d’esprit pour Paris ? Je suis persuadée que si j’avais été comme les femmes de mon pays qui y vont en voyageant, on ne m’y aurait jamais donné à souper. » C’est ce souper de Paris qu’elle se donnait par lettres avec Voltaire, et il y a des moments où ils ont l’air en effet de se griser légèrement l’un l’autre de leurs paroles et de leurs louanges.
Charles Nodier était né à Besançon, en avril 1780 ; il fit ses études dans sa ville natale, et, sauf quelques échappées à Paris, il passa sa première jeunesse dans sa province bien-aimée. […] Être un esprit littéraire, ce n’est pas, comme on peut le croire, venir jeune à Paris avec toute sorte de facilité et d’aptitude, y observer, y deviner promptement le goût du jour, la vogue dominante, juger avec une sorte d’indifférence et s’appliquer vite à ce qui promet le succès, mettre sa plume et son talent au service de quelque beau sujet propre à intéresser les contemporains et à pousser haut l’auteur. […] Il ne vint s’établir à Paris qu’au commencement de la Restauration, et, pendant ces années politiques ardentes, il n’aurait point fallu demander à cette imagination si vive le calme souriant où nous l’avons vu depuis.
Le Salon de 1845 et celui de 1846 sont deux de mes plaquettes de prédilection, attestant la sûreté et la divination du même artiste qui, à peu près seul en 1861, saluera Richard Wagner et le Tannhäuser à Paris. […] Seulement le décor mural serait plus ingénument bariolé. — Et après ce double Vernissage, sauvé parce que Paris n’a pas d’autre fête entre l’Hippique et le Derby, on mettrait la clef sous la porte du Salon. » Je ne contresignerai pas l’excentrique proposition que me recommande Chincholle, avec son dilettantisme aigu. […] Les peintres ont ce privilège que tout Paris, une fois l’an, se déplace pour regarder ce qu’ils ont fait, sans qu’il leur en coûte rien.
C’est que le volcan ouvert au Pérou pouvait faire son explosion à Paris, m’ensevelir sous ses ruines, et peut-être me menace encore, au lieu que je ne puis jamais rien appréhender d’absolument semblable au malheur inouï du roi d’Angleterre. […] Cependant, de retour à Paris, et placé sous la protection de Monsieur, frère du roi, rassuré sur l’avenir, il regarde, il observe, il songe. […] La jolie façon de plaisanter, et qu’un homme montre d’esprit lorsqu’il vient vous dire : « Madame, vous êtes dans la place Royale, et tout le monde vous voit de trois lieues de Paris, car chacun vous voit de bon œil », à cause que Boneuil est un village à trois lieues d’ici ! […] Elle l’est, Messieurs, par le lieu de la scène d’abord ; et après avoir vingt ans parcouru l’étranger, nous rentrons enfin, en France, et à Paris. […] À Paris, en plein Paris, dans le Paris de Louis XIV, rue Verdelet ou rue Michel-le-Comte, Oreste assassinait Pyrrhus ; Roxane se vendait à quelque « magicienne » pour s’assurer l’amour de Bajazet ou la mort d’Atalide ; la « fameuse Locuste » n’était pas une invention de Tacite, et tous les jours quelque Phèdre empoisonnait quelque Hippolyte !
Mme de Staël quitta Paris, non sans danger, après le 2 septembre. […] Mme de Staël était revenue à Paris dès l’année 95, et elle ne cessa, jusqu’à son exil, d’y faire de fréquents et longs séjours. […] Forcée de quitter Paris, elle se dirigea aussitôt vers l’Allemagne, s’exerça à lire, à entendre l’allemand ; visita Weimar et Berlin, connut Goëthe et les princes de Prusse. […] L’année 1806 lui sembla trop longue pour que son imagination tînt à un pareil supplice, et elle arriva à Paris un soir, n’amenant ou ne prévenant qu’un très-petit nombre d’amis. […] Elle s’est approchée de Paris malgré mes ordres.
Le public à Paris a marqué de la joie ; les faiseurs d’horoscopes ont fait à ce sujet cent almanachs plus extravagants les uns que les autres ; pour moi, qui ai appris depuis longtemps à supporter la disgrâce et la fortune, je me suis dérobé aux compliments vrais et faux, et j’ai regagné mon habitation d’hiver, d’où j’irai de temps en temps rendre mes devoirs à Versailles, et voir mes amis à Paris. […] En expliquant pourquoi il regrette moins le séjour de Paris dans les années de son exil, Bernis revient plus d’une fois sur cette idée, que la politique y est devenue un sujet habituel de conversation : « Les hommes et les femmes n’ont aujourd’hui dans la tête que de gouverner l’État. C’est une dissertation continuelle et ennuyeuse : rien n’est plus plat qu’une politique superficielle. » Il redira cette même pensée avec une grâce et une vigueur nouvelles, et en résumant sous forme piquante les diverses variations de modes et d’engouements auxquelles il avait assisté dès sa jeunesse : À l’égard de Paris (juillet 1762), je ne désire d’y habiter que lorsque la conversation y sera meilleure, moins passionnée, moins politique. […] Bernis ne revint plus jamais vivre à Paris depuis ces années.