/ 2006
1377. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Bientôt paraît Burns, et Burns est le contemporain de Goethe. […] Revue contemporaine, mars 1856. […] Revue contemporaine, mai 1851. […] Revue contemporaine, mars 1857. […] Revue contemporaine, octobre 1856.

1378. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

N’oublions pas que, pour la psychologie contemporaine, une perception est toujours une « synthèse de sensations et d’images » : quand vous apercevez une orange, vous n’avez que la sensation actuelle d’un disque coloré, mais vous liez à cette sensation telles images et tels souvenirs : forme sphérique, solidité, odeur et saveur. […] Une des conclusions les mieux établies par la psychologie contemporaine, c’est que les souvenirs sont simplement des images ou sensations renaissantes. […] C’est le grand principe qui régit la physique contemporaine ; nous croyons qu’il ne tardera pas à régir aussi la psychologie.

1379. (1899) Arabesques pp. 1-223

Voici pourquoi : au moment de commencer une nouvelle campagne, et afin que toute équivoque soit évitée à l’avenir, j’ai cru nécessaire de répondre à quelques-unes des critiques formulées contre mes publications antérieures et d’établir le critérium selon lequel j’ai jugé, je juge, je jugerai mes contemporains. […] J’ai soulevé beaucoup d’animosités et de rancunes ; il n’est donc guère probable que la plupart de mes contemporains rendent justice à mon labeur. […] Lionel des Rieux, qui écrit des épigrammes et demande qu’on brûle en place publique tous les poètes contemporains, sauf ses amis. […] Non sans peine, du reste, et à travers beaucoup de souffrances, car il se rendait compte de la complexité de l’âme contemporaine en général et de la sienne en particulier. […] C’est ainsi que le mensonge social amène la plupart de nos contemporains à nier l’expérience et à rejeter sur quelques-uns les méfaits d’un système dont tous sont comptables.

1380. (1893) Alfred de Musset

Un autre mal, qu’il partageait aussi avec beaucoup de contemporains, empêchait la plaie de se fermer : « J’ai eu, écrivait-il longtemps après, ou cru avoir cette vilaine maladie du doute, qui n’est, au fond, qu’un enfantillage, quand ce n’est pas un parti pris et une parade. » (À la duchesse de Castries, 1840.) […] Les contemporains l’ont vu à tour de rôle sous ces divers aspects, et ils ont porté sur lui des jugements contradictoires qui contenaient tous une part de vérité. […] Ils imaginèrent les déviations de sentiment les plus bizarres, et leur intérieur fut le théâtre de scènes qui égalaient en étrangeté les fantaisies les plus audacieuses de la littérature contemporaine. […] Les curieux de sensations rares apprendront peut-être avec intérêt que Musset possédait l’audition colorée, dont personne ne parlait alors et dont la psychologie contemporaine s’occupe tant. […] Musset avait descendu de quelques pas, dans sa jeunesse imprudente et libertine, les bords de l’abîme où a roulé Lorenzaccio, et il tenait à dire à ses contemporains qu’on ne peut plus remonter cette pente-là.

1381. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Thiers, qui se pourrait proprement intituler : Histoire administrative et militaire du Consulat et de l’Empire, Et puis, il y a une histoire d’une tout autre physionomie, l’histoire morale contemporaine écrite par des acteurs et des témoins. […] Est-ce à dire que son portrait par Saint-Simon en sera moins vrai, de cette vérité qui saisit, et qui d’ailleurs, se rapporte bien à ce que disent les contemporains, mais en serrant l’homme de plus près qu’ils n’ont fait ?

1382. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

De telles circonstances ne se sont rencontrées que deux fois dans l’histoire : la première fois, elles ont porté à la gloire les noms de Phidias, de Polyclète, de Praxitèle ; la seconde fois, elles ont élevé au-dessus de toutes les renommées contemporaines les noms de Léonard de Vinci, de Titien, de Raphaël et de Michel-Ange. […] Dans chaque coup de ciseau il a ressuscité le génie de la beauté grecque ; il nous a rendus contemporains de Périclès, de Praxitèle et de Phidias.

1383. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

« Nous donnons dans ce monument l’image fidèle de son génie qui a exercé une si puissante influence sur notre époque que mille de ses contemporains ont longtemps vécu et se sont développés sous ses rayons, sans jamais le savoir ; car c’était un soleil d’intelligence qui éclairait toutes les branches de la vie et qui faisait éprouver son action bienfaisante à tous ceux qui ont senti et pensé par elle, même dans les limites les plus étroites de leur être. […] Ici il s’arrête et il pense : XIII « Le tableau général de la nature que j’essaye de dresser serait incomplet, si je n’entreprenais de décrire ici également, en quelques traits caractéristiques, l’espèce humaine considérée dans ses nuances physiques, dans la distribution géographique de ses types contemporains, dans l’influence que lui ont fait subir les forces terrestres, et qu’à son tour elle a exercée, quoique plus faiblement, sur celles-ci.

1384. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

De plus, dans les sermons de Bossuet, les contemporains estimèrent surtout la logique et la science ; et ils ne s’aperçurent pas, lorsqu’il se tut, qu’il leur manquât quelque chose, parce qu’au même instant Bourdaloue vint tenir sa place, et réaliser d’autant mieux leur idéal qu’il ne le dépassait pas438. […] Ces personnalités sont un peu effacées pour nous, et il y a lieu de croire que la malignité des contemporains ajoutait aux intentions du prédicateur.

1385. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

Qu’on essaye d’arriver au vrai sur la manière dont s’est passé tel ou tel fait contemporain ; on n’y réussira pas. […] S’il est avéré qu’aucun miracle contemporain ne supporte la discussion, n’est-il pas probable que les miracles du passé, qui se sont tous accomplis dans des réunions populaires, nous offriraient également, s’il nous était possible de les critiquer en détail, leur part d’illusion ?

1386. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Ébahissement du professeur, très ignorant de la littérature contemporaine, tandis que le jeune Léon rit dans sa barbe future. […] De son contemporain, il passe à Rabelais, son auteur aimé, dont il a nombre d’éditions, se vantant même de posséder le fameux exemplaire, que le Régent lisait à la messe.

1387. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

… Ainsi de nos pères, de nos mères, ainsi de nos enfants, ainsi de nos amis, ainsi de nos contemporains, ces parents de temps auxquels nous nous attachons par contiguïté de berceau, par voisinage de sépulcre ; êtres aimés que nous espérions devoir nous survivre, et dont nous voyons les rangs s’éclaircir prématurément autour de nous, et nous laisser seuls de nos dates comme des traîneurs de la vie, dépaysés dans des générations inconnues ! […] Quand cette heure du vide du cœur et de la solitude faite autour de nous à l’improviste par la mort arrive, nous nous retournons avec anxiété vers l’éternel contemporain de nos âmes, vers Dieu, et nous cherchons dans la religion le secret de cet horrible inconnu de la mort, le pire des supplices pour l’être pensant, car il les renferme tous.

1388. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Terrasson, contemporain du Pere de la Boissiere, a une éloquence douce & naturelle ; l’expression est nette ; il n’y a ni rudesse, ni obscurité. […] Gautier, leur contemporain, avoit la déclamation forte, beaucoup de feu, une imagination aussi brillante que féconde, une action qui entraînoit après elle le suffrage de ses juges & l’esprit de ses auditeurs.

1389. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Comme nous avons des motifs de croire que de vastes régions du globe sont affectées à la fois par le même mouvement, il est probable que des formations exactement contemporaines ont été souvent accumulées sur de vastes espaces dans la même partie du monde, mais nous n’avons aucun droit de conclure qu’il en ait été ainsi à toutes les époques, et que de grandes régions aient toujours été affectées à la fois des mêmes mouvements. […] Pour en rendre compte, il faudrait supposer qu’un isthme a séparé deux mers, habitées par deux faunes contemporaines, mais bien distinctes.

1390. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Nous prétendons que la formation du souvenir n’est jamais postérieure à celle de la perception ; elle en est contemporaine. […] Par deux voies convergentes, en tant qu’il reconstitue notre vie psychologique avec des états nettement découpés et en tant qu’il juge tous ces états exprimables en termes d’images, le raisonnement aboutit donc à faire du souvenir une perception affaiblie, quelque chose qui succède à la perception au lieu d’en être contemporain.

1391. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

vivante image du pasteur de toutes les montagnes du monde, de quels siècles ne serait-elle pas contemporaine ?

1392. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

… Vauvenargues, sous ce masque de Sénèque, ne regarde la littérature que comme un pis-aller : contemporain de Voltaire et déjà son ami, il estime pourtant qu’elle ne compte point assez parmi les hommes pour être le but enviable des efforts sérieux de toute une vie.

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Mais il ne faudrait pas s’exagérer non plus ces lacunes de l’ouvrage, ces omissions qui étaient commandées à l’éditeur par les bienséances contemporaines.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

En lisant cette belle histoire qui sans doute a ses défauts, ses redites et ses longueurs, mais où rien n’est oublié ; où toutes les sources contemporaines se sont versées dans un plein et vaste courant ; où se déploie, sous air de facilité, une si grande puissance de travail ; où tout est naturel, — naturellement pensé —, naturellement dit ; si magnifique partout de clarté et d’étendue, et qui offre dans le détail des touches de la plus heureuse finesse ; où le style même, auquel ni l’historien ni le lecteur ne songent, a par endroits des veines rapides et comme des venues d’autant plus charmantes ; — en achevant de lire cette histoire, à laquelle il ne manque plus qu’un ou deux volumes de complément et de surcroît, je dirai encore ce que diront à distance tous ceux qui la liront : c’est que, quelque regret qu’ait droit d’avoir l’historien dans l’ordre de ses convictions politiques, la postérité trouvera qu’il n’eût pu employer les années fécondes de son entière maturité à rien de mieux qu’à édifier un tel monument.

1395. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Ces sortes de journaux qui, à quelques années de distance, deviennent nécessaires aux contemporains eux-mêmes, s’ils veulent apporter de l’ordre et de la précision dans leurs souvenirs, augmentent de prix, au bout d’un siècle, pour la postérité qui y apprend quantité de choses qu’on ne sait plus, et que presque personne n’a songé à écrire.

1396. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Cet écrivain si distingué, le premier des critiques de guerre proprement dits, qui avait produit son ouvrage de génie à vingt-six ans, et que la nature fit naître par une singulière rencontre dans le temps où elle venait d’enfanter le plus merveilleux des guerriers (comme si elle avait voulu cette fois qu’Aristarque fût le contemporain et le témoin de l’Iliade), Jomini a éclairé, en fait de guerre, tout ce qu’il a traité ; mais il n’en est pas moins vrai que la narration précise, détaillée, de ces trois campagnes pyrénéennes, l’histoire et la description de chacune des opérations qui les composent, écrite d’après les pièces et documents originaux, et vérifiée point par point sur les lieux, restait à faire, et M. 

1397. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Quand on s’est bien édifié autant qu’on le peut sur les origines, sur la parenté immédiate et prochaine d’un écrivain éminent, un point essentiel est à déterminer, après le chapitre de ses études et de son éducation ; c’est le premier milieu, le premier groupe d’amis et de contemporains dans lequel il s’est trouvé au moment où son talent a éclaté, a pris corps et est devenu adulte.

1398. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

La Madeleine de notre Mystère est donc une galante châtelaine du xve  siècle, une contemporaine d’Agnès Sorel, du bon roi René, de la Dame des Belles-Cousines, et plus sage que celle-ci, quoique aussi compromise de réputation.

1399. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il ne faut pas trop vieillir pour bien juger les romans de son temps ; le roman est un genre essentiellement contemporain.

1400. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Un critique très-distingué de ce temps l’a fait déjà : Camille Selden (un pseudonyme et une femme) a donné dans un volume qui se publie en ce moment45 une analyse exacte et forte de trois femmes, à peu près contemporaines : — une Française catholique, Eugénie de Guérin précisément ; — une Anglaise et protestante, Charlotte Brontë, auteur du beau et douloureux roman de Jane Eyre  ; — une Allemande et juive convertie, la célèbre Rahel de Berlin, Mme de Varnhagen.

1401. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, par M. J. Zeller. Et, à ce propos, du discours sur l’histoire universelle. (suite.) »

Pour tout lecteur instruit des questions, Richard Simon, ce contemporain étouffé de Bossuet, brille dans le Discours sur l’Histoire universelle par son absence.

1402. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Dans cette Épître, il y avait un couplet ou une tirade entière à la louange de M. de Louvois, « mais d’une louange si bien tournée, dit un contemporain, qu’elle était encore plus à la gloire du Roi qu’à celle de son ministre. » Voici cette strophe, toute prosaïque d’ailleurs ; je la donne pour ce qu’elle vaut : Avec tant de secret, d’activité, d’adresse, Un si grand dessein s’est conduit, Que la Nymphe qui vole et qui parle sans cesse N’en a pu répandre le bruit : Utile et glorieux ouvrage De ce ministre habile, infatigable et sage, Que le plus grand des rois de sa main a formé, Que ni difficulté ni travail ne rebute, Et qui, soit qu’il conseille ou soit qu’il exécute, De l’esprit de Louis est toujours animé Il fallait être bien avisé pour voir là dedans rien qui pût effaroucher Louis XIV.

1403. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

On n’a pas été tout à fait indigne, à son tour, de ces grands contemporains, Goëthe, Byron.

1404. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

J’accepte le mot sans défaveur, et je dirai à mon tour de Bérénice que c’est moins une tragédie qu’une comédie de cœur, une comédie-roman, contemporaine de Zayde, et qui allait donner le ton à la Princesse de Clèves.

1405. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires de madame de Staal-Delaunay publiés par M. Barrière »

On reviendra, si je ne me trompe, à ces femmes du xvie  siècle, à ces contemporaines des trois Marguerite, et qui savaient si bien mener de front les affaires, la conversation et les plaisirs : « J’ai souvent entendu des femmes du premier rang parler, disserter avec aisance, avec élégance, des matières les plus graves, de morale, de politique, de physique. » C’est là le témoignage que déjà rendait aux femmes françaises un Allemand tout émerveillé, qui a écrit son itinéraire en latin, et à une date (1616) où l’hôtel Rambouillet ne pouvait avoir encore produit ses résultats253.

1406. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Une femme dans ces temps affreux, dont nous avons vécu contemporains ; une femme condamnée à mort avec celui qu’elle aimait, laissant bien loin d’elle le secours du courage, marchait au supplice avec joie, jouissait d’avoir échappé au tourment de survivre, était fière de partager le sort de son amant, et présageant, peut-être, le terme où elle pouvait perdre l’amour qu’il avait pour elle, éprouvait un sentiment féroce et tendre, qui lui faisait chérir la mort comme une réunion éternelle.

1407. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Et ici, il avait de la peine à faire rentrer Lamartine dans le cadre où il enfermait la poésie contemporaine.

1408. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Il a gardé, dans la société contemporaine, quelque chose de la fière allure de ces aventuriers d’autrefois qui, vivant dans des sociétés moins munies de police et de gendarmes, payaient de beaucoup de courage le droit de faire à leur guise et de n’être point jugés tout haut.

1409. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Le ballet de L’Amour malade avait laissé de si joyeux souvenirs parmi les contemporains, que lorsque huit ans après, fut joué L’Amour médecin de Molière, les hommes qui, comme le fameux médecin Guy Patin, ne fréquentaient pas beaucoup le théâtre, prenaient un titre pour l’autre et parlaient de L’Amour malade, de Molière, que Paris allait voir en foule.

1410. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Revue contemporaine, livraison du 15 mai 1866.

1411. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VIII. Les écrivains qu’on ne comprend pas » pp. 90-110

Sully-Prudhomme, qui n’est guère un contemporain, et dont nous trouverions irrespectueux d’insinuer qu’il est redevenu un jeune.

1412. (1890) L’avenir de la science « XII »

Dans les écrits anciens, ce qui nous intéresse le plus est précisément ce à quoi les contemporains ne songeaient pas : particularités de mœurs, traits historiques, faits de linguistique, etc.

1413. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Lorsqu’un des misérables ouvriers dont il nous dit l’effort infinitésimal quitte la loupe et oublie sa minuscule besogne bien « contemporaine » pour regarder un peu autour de lui et penser un peu le monde, M. 

1414. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Or, maintenant, dans l’état actuel des renseignements historiques sur Marie-Antoinette, en se rendant compte des vrais témoignages, et en se souvenant aussi de ce qu’on a ouï raconter à des contemporains assez bien informés, il est très permis de penser qu’en effet cette personne affectueuse et vive, tout entière à ses impressions, amie des manières élégantes et des formes chevaleresques, ayant besoin tout simplement aussi d’épanchement et de protection, a pu avoir durant ces quinze années de sa jeunesse quelque préférence de cœur : ce serait plutôt le contraire qui serait bien étrange.

1415. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Pascal est à la fois plus violent que Bossuet et plus sympathique pour nous ; il est plus notre contemporain par le sentiment.

1416. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Les opéra d’Armide & d’Atys ont élevé le père de notre théâtre lyrique au niveau de ses plus illustres contemporains.

1417. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

On essaya de trouver un certain ordre entre ces empires successifs contemporains des diverses couches géologiques, et l’expression d’histoire naturelle, qui n’avait signifié d’abord que science de la nature, se retrouva justifiée dans son acception nouvelle.

1418. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Ce n’est pas tout : la presse, qui multiplie les récits contemporains, et qui est tour à tour esclave ou complice des partis ou des opinions, est un grand obstacle à la connaissance de la vérité, par la raison même qu’elle est un grand moyen pour y parvenir.

1419. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

. — Seignobos, Histoire politique de l’Europe contemporaine, p. 599.

1420. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Elle n’effacera que peu à peu les traces d’une fatalité séculaire ; pour juger avec équité certains phénomènes sociaux et politiques de l’Italie contemporaine, il faut connaître son malheur passé.

1421. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Saules contemporains, courbez vos longs feuillages Sur le frère que vous pleurez. […] Lamartine a rapproché, a rendu contemporains l’un de l’autre, deux états de société radicalement différents en apparence : D’un côté, des tribus de pasteurs nomades, chez qui se dessinent les premiers linéaments de la civilisation. […] Et donc, en faisant la suprême barbarie industrielle et chimiste contemporaine de la barbarie originelle, à laquelle il l’estime même fort inférieure, Lamartine, par un trait de génie, l’a remise à sa vraie place. […] Ne vous en tenez pas, sur son compte, à l’image de doux archange plaintif qu’ont suggérée jadis à ses contemporains certaines langueurs de ses premières poésies. […] Sa poésie est, pour ainsi parler, contemporaine de trente siècles d’humanité indo-européenne ; et les solitaires de l’antique Gange, fleuve ivre de pavots, Où les songes sacrés roulent avec les flots, l’eussent encore mieux comprise que ne firent les salons de la Restauration.

1422. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Toutefois les travaux les plus récents des physiciens contemporains dénotent une certaine défiance à l’égard de cette théorie prise sous sa forme précise. […] Les lois biologiques (Suite) Nous avons vu, dans la dernière leçon, que l’acte réflexe, auquel la science contemporaine s’efforce de ramener tous les phénomènes physiologiques, est en quelque sorte un phénomène à double face : par un côté, il rentre bien dans la physico-chimie ; mais, par un autre côté, qui est proprement le côté physiologique, il présente des caractères irréductibles. […] Ces lacunes, la science contemporaine essaie de les combler. […] C’est l’erreur de la philosophie contemporaine d’avoir confondu nécessité et déterminisme. […] Ainsi, loin que chez Aristote la nature soit l’opposé de l’art, comme le veut le naturalisme contemporain, la nature et l’art ne font qu’un dans le fond des choses ; la nature artiste tend à réaliser un idéal qui est la cité, et les formes que revêt effectivement la société humaine sont le résultat de cette tendance, plus ou moins satisfaite ou contrariée.

1423. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Sur Marot on fera bien de lire l’article peu heureux peut-être, mais fécond, comme toujours, en réflexions, que Scherer lui a consacré (Études sur la littérature contemporaine, viii). […] Son amour des petits, des humbles, des meurtris et des foulés, sans l’ombre de sensiblerie, ni non plus d’indignation déclamatoire, le fait encore notre contemporain, ou, et plutôt, celui de nos grands-pères. […] Et le bon goût, au moins relatif, qu’on le compare à ses prédécesseurs, à ses contemporains ou à ses héritiers, c’est toujours ce qui met Marot à part et assez haut, et à quoi il faut toujours revenir pour le définir et le bien entendre. […] Quand Rabelais vit Ronsard à Meudon, chez les Guise, « ils se picotèrent » l’un l’autre, dit un contemporain, et la rancune, comme on peut le voir par les œuvres de Ronsard, ne fut pas courte. […] Et quand on jette les yeux à coté de lui à peu près sur n’importe lequel de ses contemporains, on comprend à quel point il devait paraître court, et même concis.

1424. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

que ses vers en langue vulgaire n’eussent de son vivant, aucune célébrité ; ce serait faire au goût de ses contemporains une injure gratuite. […] Il est vrai que les contemporains n’attribuent pas à madame de Montespan une sensibilité bien vive, et signalent en elle une femme de tête plutôt qu’une femme de cœur ; pour peu qu’elle fût, je ne dis pas spirituelle, mais seulement sensée, elle ne devait pas faire parade de sa perfidie en présence de ses alliés. […] Tout ce que l’auteur dit de Louis XIV et de sa cour, des personnages historiques jugés par les contemporains et jugés par la postérité, est parfaitement insignifiant. […] Il n’y avait en effet qu’une seule manière d’assurer l’autorité de son enseignement : c’était de l’appuyer sur des preuves authentiques, et ces preuves ne se trouvent que dans le témoignage des écrivains contemporains des événements qu’ils racontent.

1425. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Deux discours de M. de Maistre, l’un publié lorsqu’il n’avait que vingt-deux ans, et l’autre prononcé quand il en avait vingt-quatre, vont nous le produire au début, ayant déjà l’instinct du style et du nombre, mais des plus rhétoriciens encore, assez imbu des idées ou du moins de la phraséologie du jour, et tout à fait l’un des jeunes contemporains de Voltaire et de Jean-Jacques finissants. […] Contemporain du xviiie  siècle, il l’a toujours en présence. […] Les historiens, les théoriciens viennent alors, les dégagent de ce qui les neutralisait souvent et les voilait aux yeux des contemporains, et en font à leur tour des principes et des systèmes qu’ils opposent aux nouvelles formes naissantes et à peine ébauchées. […] Voir l’étude sur le comte Xavier de Maistre, insérée dans la Revue des deux Mondes, numéro du Ier mai 1839 ; on ne l’a pas mise dans ce volume, d’après la règle qu’on s’est posée de n’y pas faire entrer de vivants. — (Cette étude sur le comte Xavier est entrée depuis dans le tome II des Portraits contemporains, 1846.)

1426. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

J’admire aussi ce naturel auquel les contemporains se méprirent à ce point, que l’on s’aperçut à peine des dix années de prédication de Bossuet, et que l’art exquis de Bourdaloue les fit oublier. […] Il y devait conquérir ce titre de dernier Père de l’Église, que lui décerna La Bruyère, d’accord avec les contemporains. […] Un préjugé fâcheux pour le pur amour, c’est qu’il avait pour partisans les jésuites, qui avaient obtenu de Perrault qu’il effaçât de son livre des Hommes illustres contemporains Arnauld et Pascal ; et qui, par dépit contre Racine, dont l’archevêque de Paris empruntait la plume pour réfuter Fénelon, faisaient prononcer par un de leurs régents une harangue latine sur ce sujet : Racinius an est poeta ? […] J’en trouve une preuve, entre beaucoup d’autres, dans la conduite de ce même Perrault, qui après avoir par complaisance pour les jésuites, rayé de la liste des contemporains illustres les noms d’Arnauld et de Pascal, vint offrir à Bossuet, après la Relation, ses excuses et ses compliments.

1427. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Si cet essai contribue si peu que ce soit à bien montrer cette lacune de la psychologie contemporaine et à engager d’autres à la combler, il aura atteint son but. […] Tout le monde sait que ce mécanisme a été très bien étudié de nos jours et que la théorie de l’association forme l’une des pièces les plus solides de la psychologie contemporaine. […] Plusieurs auteurs contemporains les ont étudiées avec grand soin35 Malheureusement les mémoires et les recueils d’observations sur ce sujet ne sont guère sortis du domaine de la psychiatrie, et la psychologie jusqu’ici n’en a pas tiré profit, du moins en ce qui concerne l’attention. […] Je prie le lecteur de ne pas se laisser dérouter par la phraséologie mystique de cette observation, de ne pas oublier que c’est une Espagnole du XVIe siècle qui s’analyse dans le langage et avec les idées de son temps ; mais on peut la traduire dans le langage de la psychologie contemporaine.

1428. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

dans notre théâtre contemporain… — Et aussi bien, l’ouvrage ne commence de vivre que lorsque, ces concours une fois assurés, l’esprit de l’œuvre ayant pénétré les acteurs et l’harmonie enfin réalisé, on frappe les trois coups… — Mais non ! […] Mais nous voici au seuil de la période contemporaine. […] Il est bien évident que le théâtre du xviie  siècle, pour m’en tenir à lui, ce n’est pas Corneille, Racine et Molière tout seuls ; il n’est même pas sûr que leurs contemporains eussent le sentiment de leur prééminence. […] Mais, généralement, tous les auteurs comiques ou tragiques contemporains, travaillent dans leur partie sur une esthétique donnée et reconnue pour bonne, j’ajouterai même sur une éthique imposée à tous par les mœurs.

1429. (1922) Gustave Flaubert

Cette impression, dont nous ne saurions guère nous défendre, ne paraît pas avoir été partagée par les contemporains, qui l’admirèrent, hommes et femmes, et la courtisèrent à l’envi. […] Nous connaissons assez d’histoire contemporaine pour savoir que, si la clef des destinées d’Emma était celle-là même du capharnaüm, la clef des destinées d’Yonville et de l’État se trouve chez Homais. […] Ainsi Anatole France dans l’Histoire contemporaine, Maurice Barrès dans le Roman de l’énergie nationale, qui, écrits l’un et l’autre dans l’instant même qu’ils prétendent exposer historiquement, faiblissent par manque de recul. […] Et précisément ceux qui comprirent et aimèrent la Tentation, ce furent des contemporains de Flaubert, qui avaient eu vingt ou vingt et un ans en 1848. […] Et j’éprouve la terreur qu’avaient les contemporains de Noé, quand ils voyaient la mer monter toujours126. » Devant ce déluge,

1430. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Les contemporains de La Harpe admirent le ton lugubre et lent que Talma porte encore trop souvent dans la tirade ; ce chant lamentable et monotone, ils l’appellent la perfection du tragique français16. […] Dotée des chefs-d’œuvre des grands hommes contemporains de Louis XIV, jamais la France ne pourra les oublier. […] Voulez-vous absolument que vos contemporains parlent de vous tandis que vous êtes jeune ?

1431. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Nous sommes trop près des romantiques pour ne pas nous répandre en protestations contre leurs défauts, d’autant plus grands à nos yeux que nous craignons presque d’y tomber encore ; notre esprit est en réaction trop directe avec le leur pour que nous puissions clairement démêler le vrai du factice dans l’art romantique, pas plus d’ailleurs que nous ne saurions apprécier dans une exacte mesure les exagérations de l’art contemporain. […] Pour comprendre certaines de ces naïvetés généreuses, il faut pouvoir comprendre l’étrange baiser mystique posé sur les pieds d’une prostituée par tel personnage d’un grand romancier russe contemporain. […] Mais, pour réaliser cet idéal, Hugo n’a foi ni dans le communisme, ni dans le nihilisme contemporain, dont il avait mis, dès 1862, une formule frappante dans la bouche du bandit Thénardier : « L’on devrait prendre la société par les quatre coins de la nappe et tout jeter en l’air !

1432. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Dans ce genre secondaire où la délicatesse et un certain intérêt suffisent, mais où nul génie (s’il s’en rencontre) n’est de trop ; que l’Art poétique ne mentionne pas ; que Prevost, Le Sage et Jean-Jacques consacreront ; et qui, du temps de Mme de La Fayette, confinait, du moins dans ses parties élevées, aux parties attendrissantes de la Bérénice ou même de l’Iphigénie, Mme de La Fayette a fait exactement ce qu’en des genres plus estimés et plus graves ses contemporains illustres s’étaient à l’envi proposé. […] Cette jalousie d’Alphonse, qui parut si invraisemblable aux contemporains, et que Segrait nous dit avoir été dépeinte sur le vrai, et en diminuant plutôt qu’en augmentant, est poursuivie avec dextérité et clarté dans les dernières nuances de son déréglement et comme au fond de son labyrinthe.

1433. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

On se sentait bien avec lui en pleine intelligence humaine, en pleine et haute philosophie antérieure au xviiie  siècle ; on se serait cru, à cette ampleur de discussion, avec un contemporain des Leibniz, des Malebranche, des Arnauld ; il les citait à propos, familièrement, même les secondaires et les plus oubliés de ce temps-là, M. de La Chambre, par exemple ; et puis on se retrouvait tout aussitôt avec le contemporain très-présent de M. de Tracy et de M. de Laplace.

1434. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Hautains avec le bourgeois, ils sont ordinairement bons avec le villageois. « Qu’on parcoure dans les provinces, dit un avocat contemporain, les terres habitées par les seigneurs ; entre cent, on en trouvera peut-être une ou deux où ils tyrannisent leurs sujets ; tous les autres y partagent patiemment la misère de leurs justiciables… Ils attendent les débiteurs, leur font des remises, leur procurent toute facilité pour payer. […] Les cent trente et un évêques et archevêques ont ensemble 5 600 000 livres de revenu épiscopal et 1 200 000 livres en abbayes, en moyenne 50 000 livres par tête dans l’imprimé, 100 000 en fait : aussi bien aux yeux des contemporains, au dire des spectateurs qui savaient la vérité vraie, un évêque était « un grand seigneur ayant 100 000 livres de rente73 ».

1435. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Quand on destine ses vers à la popularité contemporaine on se condamne à lui donner ce montant ; quand on les destine à la postérité il faut mépriser ces malignités et ces personnalités contemporaines.

1436. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Les émigrés, ses contemporains, très légers au commencement, étaient devenus moroses et pédantesques en vieillissant ; ils reprochaient à M. de La Maisonfort d’être resté jeune malgré ses années. […] XXXV Vivement frappé de cette perte, l’idée me vint, idée en général malheureuse, de payer un tribut de deuil et de gloire à ce roi des poètes contemporains, en continuant ce poème sous le titre de Cinquième chant de Childe Harold.

1437. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

On trouverait maints exemples de ce fait dans l’histoire de l’Église catholique et dans le socialisme contemporain. […] Un théoricien contemporain de l’individualisme dit à propos de Gobineau : « Aujourd’hui que les races sont mélangées, l’inégalité ethnique s’est individualisée et la philosophie de l’individualisme aristocratique, subissant la même évolution, a pris la défense, non plus de groupements ethniques, mais des individualités fortes menacées par les passions envieuses des faibles. » (Albert Schatz, L’Individualisme économique et social, p. 540.)

1438. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Mignet y a prononcé l’éloge de Jouffroy, mort il y a plus de dix ans, mais qui est encore assez présent par sa physionomie et par ses écrits au souvenir de ses amis et contemporains pour qu’on ait pu songer naturellement à le célébrer.

1439. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Ce n’est pas le moment de discuter quelques-uns des noms qu’il met en cause : il apprécie les talents célèbres et en vogue, moins encore en eux-mêmes, ce semble, que d’après leurs disciples et leurs influences ; il a de ces condamnations décisives, anticipées, qu’entre contemporains et artistes qui courent plus ou moins la même carrière, il faut laisser au temps seul le soin de tirer entièrement.

1440. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Villehardouin, par exemple, pour nous en tenir à lui, possédait à un haut degré le don de la parole et l’art d’insinuer les conseils que d’ordinaire la prudence lui dictait : c’est un témoignage qu’ont rendu de lui ses contemporains, et c’est ce qui ressort et s’entrevoit aussi d’après l’Histoire qu’il a laissée.

1441. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Ailleurs, c’est plutôt dans l’emploi de certains mots rudement concis, et dans le tour presque latin, qu’on sent le contemporain de Pascal : Car enfin ne vous persuadez pas que Dieu vous laisse rebeller contre lui des siècles entiers : sa miséricorde est infinie, mais ses effets ont leurs limites prescrites par sa sagesse : elle qui a compté les étoiles, qui a borné cet univers dans une rondeur finie, qui a prescrit des bornes aux flots de la mer, a marqué la hauteur jusqu’où elle a résolu de laisser monter tes iniquités.

1442. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

avec quel respect il prononce les grands noms, même ceux de ses contemporains !

1443. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

Je m’y livre entièrement et sans raison quelquefois, car la peinture doit être faite plus simplement. » On aurait pu lui appliquer ce qu’il disait d’un grand peintre contemporain qui n’en finissait pas, et ne parvenait jamais à se satisfaire.

1444. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Ce Lenz, dont il est question dans les Mémoires de Goethe, était un Livonien de cette génération bizarre et vaguement passionnée, contemporaine de Werther, et qui en mit trop bien en pratique l’esprit et l’exaltation, jusqu’à vouloir finir par la démence et le suicide.

1445. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

J’ai souvent pensé qu’un homme de notre âge qui a vu le Premier Empire, la Restauration, le règne de Louis-Philippe, qui a beaucoup causé avec les plus vieux des contemporains de ces diverses époques, qui, de plus, a beaucoup lu de livres d’histoire et de mémoires qui traitent des derniers siècles de la monarchie, peut avoir en soi, aux heures où il rêve et où il se reporte vers le passé, des souvenirs presque continus qui remontent à cent cinquante ans et au-delà.

1446. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Ayant chanté ses premières amours d’enfant dans des poésies délicates et subtiles, il se dit que ce n’était point assez et qu’il fallait élever à la beauté et à la reine de son cœur un monument dont il fût à jamais parlé : La Divine Comédie naquit dans sa pensée, et il mit des années à la construire, à la creuser, à l’exhausser dans tous les sens, à y faire entrer tout ce qui pouvait la vivifier ou l’orner aux yeux de ses contemporains, afin de faire plus visible et plus brillant le trône d’où il voulait présenter Béatrix au monde.

1447. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — II » pp. 76-92

[NdA] Je sais un de nos contemporains, et des plus favorables à Ronsard, qui a encore dit très bien : « Ronsard n’est pas un modèle, mais il demeure un illustre pionnier. » (Dissertation académique intitulée Ronsard et Malherbe, par M. le professeur Amiel, Genève, 1849.)

1448. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

On n’a jamais été moins ébloui qu’elle par les réputations contemporaines et par les gloires d’un jour.

1449. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

., sont excellentes et résument vivement ce qu’ont dit les contemporains.

1450. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

J’aurais voulu que l’auteur, à de certains moments, nous eût montré la notion d’Alexandre telle qu'elle était chez les diverses nations contemporaines, plus exacte ici, moins exacte là, déjà fabuleuse ailleurs ; j’aurais voulu pouvoir considérer d’un coup d’œil et à chaque siècle les différentes nuances et les teintes de cette erreur en voie de progrès, de cette illusion naissante ou déjà régnante.

1451. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon avait l’amour-propre haut et tranquille, d’un équilibre stable : il se jugeait lui et ses œuvres comme la postérité elle-même l’allait faire, comme ses contemporains le faisaient déjà.

1452. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Ce n’est pas jouer sur les mots que de dire qu’au milieu de son siècle et entre les philosophes ses contemporains, Rousseau a été relativement chrétien.

1453. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Delécluze, recueille dans sa vieillesse ses Souvenirs, les publie alors, dépeigne à ses contemporains de ce temps-là les gens avec qui il a dîné trente ou quarante ans auparavant, cherche même à les montrer en laid et à se donner le beau rôle, il n’y aurait rien à cette façon de faire que d’assez simple, d’assez conforme à la loi des amours-propres et d’assez reçu, en effet, dans cette libre et babillarde république des Lettres.

1454. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Tous les genres d’intérêt sont là réunis, et après même que la compassion contemporaine et vivante pour le grand homme souffrant est épuisée, les moindres de ses paroles conservées et transmises appartiennent à jamais au monde et vont émouvoir encore ou instruire la dernière postérité.

1455. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les Saints Évangiles, traduction par Le Maistre de Saci. Paris, Imprimerie Impériale, 1862 »

Il n’y a pas d’art exactement contemporain de cette prédication simple et qui en soit l’expression fidèle.

1456. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Et d’abord il n’y a nul doute qu’il devait se rencontrer dans Don Quichotte quantité d’allusions satiriques et fines que les contemporains saisissaient au passage et qui nous échappent aujourd’hui.

1457. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Le Maître, en effet, dont la conversion était contemporaine des créations de Corneille, avait en lui de la grandeur : c’est son caractère dominant et qui frappe de près ou à distance.

1458. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

La seconde édition des Essais de Morale et de Politique (1809) contenait de plus une Vie de Mathieu Molé, où se mêlent avec convenance, à une manière nette et tout à fait saine, quelques traits d’imagination et de sentiment : « Pendant que Troie était en flammes, écrit l’auteur en commençant, peu de gens ont imité le pieux Énée ; pour moi, moins heureux que lui, je n’ai pu sauver mon père, mais je ne me suis jamais séparé de mes dieux domestiques. » Les dernières pages offrent quelque chose de méditatif, une sorte de reflet détourné, mais sensible, du jeune contemporain de René : « Au terme de sa carrière, dit-il de son grand-aïeul, on ne vit point se réveiller en lui ces regrets si ordinaires aux vieillards.

1459. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

J’avais lu la plupart de ces petits chants, j’avais lu ce Charlemagne, cet Alfred, où il en a inséré ; je trouvais l’ensemble élégant, monotone et pâli, et, n’y sentant que peu, je passais, quand un contemporain de la jeunesse de Millevoye et de la nôtre encore, qui me voyait indifférent, se mit à me chanter d’une voix émue, et l’œil humide, quelques-uns de ces refrains auxquels il rendit une vie d’enchantement ; et j’appris combien, un moment du moins, pour les sensibles et les amants d’alors, tout cela avait vécu, combien pour de jeunes cœurs, aujourd’hui éteints ou refroidis, cette légère poésie avait été une fois la musique de l’âme, et comment on avait usé de ces chants aussi pour charmer et pour aimer.

1460. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

Il aima la médecine comme « étant de tous les temps et de tous les lieux. » 30 Parmi les contemporains, nous signalerons Ibsen pour ses débuts médicaux d’abord, puis pharmaceutiques31 et Jean Richepin, fils d’un médecin militaire, qui, sous la direction de son père, se prépara pendant quelque temps à l’École de Strasbourg : « La dissection et la chirurgie, a-t-il écrit32, furent surtout l’objet de son enseignement et de mes prédilections. » La liste s’allonge tous les jours, des romanciers diplômés, des « évadés de la médecine », comme les étiquette le Dr Cabanès qui les signale consciencieusement en sa curieuse « Chronique ».

1461. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

On peindra donc ses contemporains et ses compatriotes ; on marquera les détails les plus délicats et les plus fugitifs du ton, du langage, des manières, et le poëte, sans y songer, deviendra historien. — Cette recomposition des personnages recomposera l’action.

1462. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

S’adressant à l’intelligence de ses contemporains, elle l’oblige à s’instruire, elle lui apporte des idées qui l’élargissent ; elle légitime par toute sorte de fines considérations les aspirations nouvelles dont les âmes étaient tourmentées, et auxquelles le goût traditionnel refusait le libre passage dans la littérature.

1463. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

On peut dire tout ce qu’on voudra, maint noble cœur prendra parti pour Marie Stuart, même quand tout ce qu’on a dit d’elle serait vrai. » Cette parole que Walter Scott met dans la bouche de l’un des personnages de son roman (L’Abbé), au moment où il prépare le lecteur à l’introduction auprès de la belle reine, reste le dernier mot de la postérité comme des contemporains, la conclusion de l’histoire comme de la poésie.

1464. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Mme la duchesse d’Angoulême a été ou a pu être le centre de toute une littérature contemporaine qu’on suivrait à la trace, depuis la romance de M. 

1465. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame, duchesse d’Orléans. (D’après les Mémoires de Cosnac.) » pp. 305-321

La littérature ici n’a autre chose à faire qu’à enregistrer les témoignages des contemporains et, en quelque sorte, à les découper au milieu des pages d’autrefois.

1466. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

De là l’originalité de Ducis, originalité sincère, généreuse, dont les contemporains ne tardèrent pas à s’apercevoir en écoutant ses tragédies, et qui aujourd’hui ne nous échappe qu’à cause du mauvais goût général, du style banal et convenu où elle est noyée.

1467. (1903) Zola pp. 3-31

Il lisait peu et uniquement des auteurs contemporains pour les traiter avec un mépris souverain dans quelques essais de critique ou plutôt de polémique littéraire.

1468. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Il a semblé qu’en rattachant à ce cas général cette forme ancienne de la présomption à laquelle l’esprit contemporain a ajouté une nuance, qu’en montrant la source profonde où le snobisme se forme, les définitions qui en ont été données jusqu’ici recevraient quelque précision.

1469. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Exception faite en faveur de du Bartas, au xvie  siècle, qui conçut une œuvre une et comme synthétique du savoir contemporain, en une forme châtiée aux rythmes souventefois très adéquats à l’idée — se servant du seul vers alexandrin dont il tient puissamment le secret ; et avec des effets surprenants de musique vocale.

1470. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Précisons cependant que dans son texte sur Flaubert de 1885, le même Hennequin avait été moins net, diagnostiquant chez l’écrivain, à grand renfort de psychiatrie — il cite une lettre d’un aliéné reproduite dans le Traité des maladies mentales de Morel — une « phrasiomanie » prononcée (« Gustave Flaubert », Revue contemporaine, octobre 1885, p. 170-171).

1471. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Revue contemporaine, 25 septembre 1885

1472. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Cette phrase est précédée d’une intéressante liste d’auteurs latins de l’agonie de l’empire, et d’une énumération d’auteurs français dans laquelle se coudoient curieusement des écrivains catholiques qui n’ont d’intérêt que pour des antiquaires en idées et en style, quelques poètes réellement décadents comme Paul Verlaine dont certains volumes ont les subtilités métriques et le niais bavardage des derniers hymnographes byzantins, et une bonne partie de ce que la littérature contemporaine a produit de supérieur et de raffiné.

1473. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 24, des actions allegoriques et des personnages allegoriques par rapport à la peinture » pp. 183-212

Après avoir regardé ces tableaux du côté de l’art, on les regarde encore avec l’attention qu’on donneroit aux recits d’un contemporain de Marie De Medicis.

1474. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

Edmond About, votre camarade d’École normale, écrit La Grèce contemporaine et Le Roi des montagnes d’une plume vive et alerte ; Fortunio et Mademoiselle de Maupin de Th. 

1475. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Sous un certain point de vue on pourrait affirmer que toutes les générations, qui sont contemporaines aux yeux de Dieu, le sont aussi aux yeux du sage.

1476. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre V. Mme George Sand jugée par elle-même »

l’enfant gâtée du public qu’elle fut toute sa vie, se retrouve dans la légèreté avec laquelle elle nous affirme, après tant d’années d’effet funeste sur l’imagination contemporaine, qu’elle est innocente comme l’enfant qui vient de naître ; — et prétend nous imposer, rien qu’en se récriant, une opinion qui demanderait qu’on se mît en quatre pour la prouver ; se flattant sans doute qu’à son premier petit souffle, — tout-puissant, — elle nous fera tourner comme des girouettes !

1477. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Qui ne savait, en effet, comment l’auteur de Monsieur, Madame et Bébé, s’était révélé dans la littérature contemporaine ?

1478. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Mais aucun contemporain n’a eu, au même degré, les qualités du conteur.

1479. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

Cousin écrivain Nous voici arrivés devant les deux écrivains considérables, qui, à juste titre, sont appelés chez nous sinon les pères, du moins les représentants de la philosophie contemporaine, M. 

1480. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Parcourons d’un coup d’œil ces fastes des âges poétiques, et saisissons les rapports et les différences de l’inspiration des muses et des sentiments de la multitude qui leur fut contemporaine. […] Dans l’origine de ces révolutions du Nord et du Midi, le contraste des rites, des lois et des disciplines, les physionomies variées des hordes qui se dépossédaient tour à tour de la Germanie, des Gaules, et des Espagnes, fournissent à la poésie le riche tableau des nombreuses superstitions contemporaines qui se combattaient à la fois sous les enseignes des nations rivales. […] Les lecteurs sentiront que, si M. de Souza eût été l’un des contemporains de Camoëns, il ne leur eût pas ressemblé ; mais qu’en l’arrachant au malheur, il eût écarté les chagrins de sa carrière. […] Quel titre pour lui qu’un souvenir si long remplissant l’intervalle qui sépare la date éloignée de ses vers, de celle des récents éloges que lui accordent nos meilleurs poètes contemporains ! […] Avouons conséquemment, sans rougir, que loin de nous être perfectionnés avec les âges, nous sommes dégénérés de l’antiquité grecque, et que le vieux contemporain d’Hésiode reste encore à nos yeux le plus grand des chantres épiques.

1481. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Peut-être faut-il être contemporains pour comprendre de même une idée sous deux faces diverses, et, pour la manifester sans l’altérer dans deux arts différents. […] On voit que Flaxman a cherché à se faire le contemporain de Dante. […] Était-ce dans la Grèce contemporaine, ou dans la Question romaine ? […] Plus d’un livre que des éditeurs ont lu et refusé avec raison au point de vue commercial, en a appelé victorieusement de leur jugement et de celui des contemporains. […] En dehors des cinq ou six exceptions immenses qui font l’éclat d’un siècle, l’admiration contemporaine n’est guère que myopie.

1482. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Par là il est préservé des folies contemporaines, et il garde, pour l’âge viril, le trésor de ses forces. […] Est-ce à dire que l’éloquence de Berryer ait été quelque chose comme le « flot sonore » d’un célèbre orateur, contemporain d’Auguste, G. […] Nous qui en avons été contemporains, plus ou moins dans la foule, nous ne pouvons guère être que des témoins à charge ou à décharge, avec nos illusions et nos passions. […] Dans quels mémoires contemporains, sur quelle toile de peintre, par exemple, Dufaure est-il plus en pied, plus parlant, plus Dufaure, qu’au moment où interpellé « sur sa résolution de fonder la République » il fait, dit M.  […] Les contemporains se souviennent de ce que firent éclater de dépit, et presque de colère, les partisans de la génération spontanée, d’admiration reconnaissante ceux qui ne croient pas à des créations sans créateur.

1483. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Lui aussi il était de ces artistes, contemporains de Corneille, simples, pauvres, vertueux, chrétiens140. […] Les portraits de Champagne sont autant de monuments où vivront à jamais ses plus illustres contemporains. […] Il est, dans la sculpture, le digne contemporain de Lesueur et de Poussin, de Corneille, de Descartes et de Pascal. […] Ils travaillaient sur des sujets contemporains qui, en leur laissant une juste liberté, les inspiraient et les guidaient, et communiquaient un intérêt public à leurs ouvrages. […] Ce n’est pas la société qui a fait ces principes à son usage ; ils lui sont bien antérieurs, ils sont contemporains de la pensée et de l’âme, et c’est sur eux que repose la société avec ses lois et ses institutions.

1484. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Hermant nous conduit aujourd’hui : sa Surintendante devait, dit-on, avoir pour sous-titre : Fonctionnaires contemporains ; c’est, en effet, une étude sur les employés de ministère qu’a voulu faire M.  […] J’admire son haut et tranquille dédain des agitations contemporaines ; comme lui, je pense que la foi des anciens jours, qui fait encore des martyrs et des prophètes, est bonne à garder et douce aux hommes à l’heure de la mort. […] Peut-être bien le mot est-il d’elle ; en tout cas, Déjazet est la femme de ce siècle à qui ses contemporains auront prêté le plus de saillies et d’aventures. […] Comme la plupart de mes contemporains, je conservais du duc d’Orléans le souvenir d’un prince sympathique, d’un homme élégant, d’un soldat très brave, mais j’avoue que je ne sentais pas en lui cette haute intelligence qu’un paquet de lettres vient de révéler. […] Ne vous fatiguez donc pas, mon cher enfant, à mâcher la besogne à la postérité et à retenir et à numéroter des places dans l’avenir pour vos contemporains grands et petits.

1485. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

La Vie et les commencements de Molière En effet regardez-le, ce jeune homme, aux premières et vives clartés du xviie  siècle naissant, qui s’en va, traîné dans le tombereau de Thespis à la poursuite de cet art qu’il a entrevu dans ses rêves, et cherchant la comédie errante, comme ce héros, son contemporain, qui cherchait la chevalerie ; avec cette différence qu’au temps de don Quichotte, la chevalerie était morte, et qu’aux premiers jours de Molière la comédie était à naître encore. […] Qui que vous soyez, qui vous êtes chargé de parler longtemps au public français des belles choses de la poésie et des beaux-arts, attachez-vous à bien comprendre, à bien savoir les chefs-d’œuvre qui ont été le principe et le commencement du travail même de vos contemporains. […] des stérilités contemporaines, elle retourne aux beautés impérissables, aux choses toujours vivantes, à la grâce éternelle, à l’esprit qui ne peut pas mourir, au chef-d’œuvre enfin, au type éternel. […] Si vous lisez les critiques du temps et surtout les correspondances qui étaient tout le journal de son époque, vous trouvez avec étonnement que Marivaux a été estimé par ses contemporains bien au-dessous de sa juste valeur. […] Non pas que les avocats célèbres fussent rares en ce temps-là ; voici même quelques-uns de ses contemporains que Fabre d’Églantine aurait fort bien pu désigner : M. 

1486. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Mais nul désormais n’a droit de s’imposer ainsi tout sculpté, façonné de ses propres mains, et une fois pour toutes, au culte des contemporains et de la postérité. […] 15 octobre 1835. — (Voir au tome I des Portraits contemporains.)

1487. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Beaucoup de noms s’y rencontrent, dont quelques-uns célèbres : — Varron d’Atace, le poêle didactique, né dans la Narbonnaise, auteur d’un poème sur la Navigation, et qui traduisit Apollonius de Rhodes ; — Cornelius Gallus, qui imita Euphorion, dont Virgile a immortalisé la passion en quelques vers, et qui n’a rien de commun avec le Pseudo-Gallus contemporain de Théodoric ; — l’historien Trogue-Pompée, que Justin a tué en l’abrégeant (on a sauvé l’Abrégé et laissé périr l’histoire originale). […] Sainte Beuve dans la Revue contemporaine, avait été le texte d’une conférence à l’École normale.

1488. (1929) Dialogues critiques

Quant au critique des œuvres contemporaines, il doit pareillement avoir ou acquérir la largeur de vues, se montrer libéral et compréhensif, rendre justice à tous les talents, même aux plus divers et à ceux qui s’inspirent des convictions les plus séparées par des abîmes ou par des nuances (la nuance est plus grave, d’après Capus). […] Paul Comme la corde… On utilise partiellement — et partialement — ses Origines de la France contemporaine, mais on jette par-dessus bord ce qu’on appelle son scientisme.

1489. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

. — « Les princes français, dit encore une dame contemporaine, meurent de peur de manquer de grâces225. » Jusques autour du trône, « le ton est libre, enjoué », et, sous le sourire de la jeune reine, la cour sérieuse et disciplinée de Louis XVI se trouve à la fin du siècle le plus engageant et le plus gai des salons. […] Le monde avait les exigences d’un roi absolu et ne souffrait pas de partage. « Si les mœurs y perdaient, dit un contemporain, M. de Besenval, la société y gagnait infiniment ; débarrassée de la gêne et du froid qu’y jette toujours la présence des maris, la liberté y était extrême ; la coquetterie des hommes et des femmes en soutenait la vivacité et fournissait journellement des aventures piquantes. » Point de jalousie, même dans l’amour. « On se plaît, on se prend ; s’ennuie-t-on l’un avec l’autre, on se quitte avec aussi peu de peine qu’on s’est pris.

1490. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Son père était un de ces citoyens considérables dans la république, que le flux et le reflux des partis en lutte firent exiler avec le Dante, son contemporain et son ami. […] Le jeune poète excellait déjà dans l’ode et dans le sonnet, deux formes récentes de cette poésie ; mais son ambition de gloire poétique était immense, sa modestie était inquiète ; on voit cette naïveté de ses découragements dans une de ses conversations avec son maître intellectuel, Jean de Florence, vieillard contemporain du Dante, qui professait alors les hautes sciences à Avignon.

1491. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Des amis (jamais assez remerciés), qui présumaient trop bien de moi et du public, avaient cru pouvoir tenter, avec mon plein consentement, cet appel à l’intérêt de la nation, appel glorieux quand il est entendu, pénible quand il trouve les contemporains sourds. […] Jusqu’ici ce mouvement sympathique et honorable du cœur des nations s’était produit partout, en Angleterre, en Irlande, en France, toutes les fois qu’on avait fait appel à leurs sentiments ou à leur honneur en faveur d’un de leurs contemporains quelconque, serviteurs du pays, hommes d’État, orateurs, écrivains, poètes.

1492. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Il faut convenir aussi qu’à nous deux nous tenons un large espace dans le monde de l’intelligence en nous donnant la main et en faisant la chaîne. » Cependant à cette époque, 1795, ils dérogèrent tous deux à la noblesse et à la dignité de leur génie en publiant des livres d’épigrammes anonymes, mais mordantes, contre les écrivains et les poètes leurs contemporains et leurs compatriotes. […] XXI La mort de Schiller, de Goethe, du grand Frédéric, de Klopstock, de Herder, de Wieland, de Kant et de leurs contemporains les plus rapprochés par l’âge, tels que les Stolberg, les Guillaume de Humboldt, les Schlegel, les Jacob, etc., etc., laissa l’Allemagne littéraire et philosophique vide, froide et inanimée comme une terre épuisée qui a perdu sa vigueur et qui a besoin de renouveler sa sève par le temps avant de produire de nouvelles moissons de grands hommes.

1493. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Vous m’avez fait réellement comprendre que tout est contemporain pour celui qui comprend la notion de l’éternité ; vous m’avez expliqué Dieu avant la création de l’homme, la création intellectuelle de celui-ci, puis son union à la matière par sa chute, quand il crut se faire un destin de sa volonté. […] Contemporain du passé et de l’avenir, vous vous riez du présent qui m’assomme, moi chétif, moi qui rampe sous mes idées et sous mes années !

1494. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Il a cru au progrès ; mais il a dissocié ces deux idées de progrès et de changement, trop souvent liées par ses contemporains : il a en somme travaillé pour substituer à la foi au progrès continu la notion de révolution continue, pouvant éloigner l’humanité de son idéal pendant d’immenses périodes de durée, pouvant ensuite l’orienter vers lui par l’entrée en jeu d’une force nouvelle antérieurement inactive. […] Rousseau n’est pas un improvisateur ; les phrases s’arrangent lentement dans sa tête : il travaille, corrige, polit avec un soin d’artiste qui achève de le mettre à part parmi ses contemporains.

1495. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Enfin, ce que les contemporains racontent de son action, achève d’expliquer son succès, un des plus éclatants qu’ait obtenus la parole humaine. […] Il n’est que le plus retenu de ses contemporains dans une doctrine glissante, et peut-être le seul disciple inconséquent de l’école commune.

1496. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

La pièce de mœurs, comparée au roman de mœurs contemporain, est trop une misère, une parodie, un rien. […] Et Rops est vraiment éloquent, en peignant la cruauté d’aspect de la femme contemporaine, son regard d’acier, et son mauvais vouloir contre l’homme, non caché, non dissimulé, mais montré ostensiblement sur toute sa personne.

1497. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

……………………………………………………………………………………………………… Des vers de Molière, la conversation, remonte à Aristophane, et Tourguéneff, laissant éclater tout son enthousiasme pour ce père du rire, et pour cette faculté qu’il place si haut, et qu’il n’accorde qu’à deux ou trois hommes dans l’humanité, s’écrie avec des lèvres humides de désir : « Pensez-vous, si l’on retrouvait la pièce perdue de Cratinus, la pièce jugée supérieure à celle d’Aristophane, la pièce considérée par les Grecs comme le chef-d’œuvre du comique, enfin la pièce de La Bouteille, faite par ce vieil ivrogne d’Athènes… pour moi, je ne sais pas ce que je donnerais… non je ne sais pas, je crois bien que je donnerais tout. » Au sortir de table, Théo s’affale sur un divan, en disant : « Au fond, rien ne m’intéresse plus… il me semble que je ne suis plus un contemporain… je suis tout disposé à parler de moi, à la troisième personne, avec les aoristes des prétérits trépassés… j’ai comme le sentiment d’être déjà mort… — Moi, reprend Tourguéneff, c’est un autre sentiment… Vous savez, quelquefois, il y a, dans un appartement une imperceptible odeur de musc, qu’on ne peut chasser, faire disparaître… Eh bien, il y a, autour de moi, comme une odeur de mort, de néant, de dissolution. » Il ajoute, après un silence : « L’explication de cela, je crois la trouver dans un fait, dans l’impuissance maintenant absolue d’aimer, je n’en suis plus capable, alors vous comprenez… c’est la mort. » Et comme, Flaubert et moi, contestons pour des lettrés, l’importance de l’amour, le romancier russe s’écrie, dans un geste qui laisse tomber ses bras à terre : « Moi, ma vie est saturée de féminilité. […] Je me demande, comment toutes les plumes, tous les talents, toutes les indignations ne sont pas soulevées contre cet axiome blasphématoire, comment toutes les idées de justice, semées dans le monde par les philosophies anciennes, le christianisme, la vieillesse du monde, n’ont pas protesté contre cette souveraine proclamation de l’injustice, comment il n’y a pas eu insurrection contre cette intrusion du darwinisme en la réglementation contemporaine, et peut-être future de l’humanité, comment enfin, toutes les langues de l’Europe ne se sont pas associées, dans un manifeste de la conscience humaine, contre ce nouveau code barbare des nations.

1498. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Ce qu’Isaïe reproche à son temps, l’idolâtrie, l’orgie, la guerre, la prostitution, l’ignorance, dure encore ; Isaïe est l’éternel contemporain des vices qui se font valets et des crimes qui se font rois. […] Peut-être, et quelques signes l’annoncent, le verra-t-on bientôt surgir du jeune groupe des écrivains allemands contemporains.

1499. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Macaulay écrit l’histoire pour ses amis de telle ou telle coterie politique, au lieu de l’écrire pour le genre humain ; mais son livre n’en est pas moins un grand signe de vie dans la littérature contemporaine de la Grande-Bretagne. […] Je donnais un souvenir, un moment, une commémoration, une pitié, un enthousiasme de jeune homme studieux à chacune de ces ombres, plus vivantes peut-être dans la pensée des siècles qui foulent leurs cendres que dans la pensée de leurs contemporains et de leurs compatriotes.

1500. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Ces philosophes, pour flatter très sincèrement leurs contemporains, leur postérité, et pour se flatter eux-mêmes, sont obligés de ne voir que ténèbres, ignorance, barbarie, dans les commencements de l’humanité. […] Job, selon moi, était évidemment un de ces fils de la famille patriarcale et pastorale de l’Idumée, plus imbu que ses contemporains des traditions et des vérités de souvenir de la race primitive, et parlant aux hommes, on ne sait combien d’années après le déluge, la langue philosophique, théologique et poétique que nos premiers ancêtres avaient comprise et parlée avant le cataclysme physique et moral de l’humanité.

1501. (1926) L’esprit contre la raison

Mais l’esthétisme de l’apparence n’est d’ailleurs pas le seul à craindre et nous pourrions appeler le « mauvais tour joué par Dostoïevsky » certain besoin d’excentricité sentimental, désir d’affirmer de mauvais penchants, hâte à répéter : « Nous aussi nous pouvons faire des cochonneries. » Ces sinistres farces n’ont rien à voir avec le merveilleux auquel tant ont voulu les assimiler et dont la production littéraire artistique contemporaine offre de bien étranges exemples. […] La rue des Martyrs fait allusion pour les contemporains aux filles de joie.

1502. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

On peut douter que la durée d’une période d’affaissement, comprenant toute l’étendue ou seulement une partie de l’archipel, et contemporaine d’une grande accumulation de sédiment, puisse jamais excéder la durée moyenne des mêmes formes spécifiques ; cependant, un pareil accord des circonstances est indispensable à la conservation des formes intermédiaires entre deux ou plusieurs espèces. […] Cependant, dès cette époque, la vie multipliait et progressait sans doute d’autant plus dans ces mêmes mers, que leur profondeur moyenne était moindre et plus égale ; mais aucune trace n’en pouvait être conservée, nulle part l’accumulation n’étant assez rapide pour recouvrir et protéger les débris des organismes contemporains.

1503. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Il y a une durée réelle, dont les moments hétérogènes se pénètrent, mais dont chaque moment peut être rapproché d’un état du monde extérieur qui en est contemporain, et se séparer des autres moments par l’effet de ce rapprochement même. […] Ainsi se répercute, ainsi se propage jusque dans les profondeurs de la conscience cette extériorité réciproque que leur juxtaposition dans l’espace homogène assure aux objets matériels : petit à petit, nos sensations se détachent les unes des autres comme les causes externes qui leur donnèrent naissance, et les sentiments ou idées comme les sensations dont ils sont contemporains. — Ce qui prouve bien que notre conception ordinaire de la durée tient à une invasion graduelle de l’espace dans le domaine de la conscience pure, c’est que, pour enlever au moi la faculté de percevoir un temps homogène, il suffit d’en détacher cette couche plus superficielle de faits psychiques qu’il utilise comme régulateurs.

1504. (1903) La renaissance classique pp. -

Il suffit de voir dans leur Journal à quelles pauvretés ils aboutissent chaque fois qu’ils tentent de reproduire même la simple conversation d’un savant ou d’un philosophe contemporain : tant il est juste de dire que le fond, en art, a autant d’importance que la forme, ou plus exactement que c’est tout un et qu’il faut se préoccuper de celui-là avec autant de sollicitude que de celle-ci ! […] La débilité mentale de la génération contemporaine de ce beau livre a causé les plus étranges confusions.

1505. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Voyons-le donc un peu chez lui, avec ses qualités propres et dans son courant de récit ; prenons-le à sa vraie date comme un contemporain de Corneille, et comme étant avec Rotrou l’un des derniers Gaulois.

1506. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Les contemporains de Massillon ont nommé plus positivement une autre personne de qualité parmi celles qu’il dirigeait10.

1507. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Les hommes de stature moyenne ont plus d’analogie avec leur siècle que les hommes démesurés n’en ont avec leurs contemporains.

1508. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

» Dans une Histoire contemporaine comme celle qu’il écrit et où il est témoin et quelquefois acteur, il lui est difficile de ne point parler de soi ; il n’évite pas ces sortes de digressions ou d’épisodies, selon qu’il les appelle ; il s’y complaît même ; toutefois, malgré le coin de vanité et d’amour de gloire, qui est sa partie tendre, il a soin le plus souvent de ne pas se nommer, et ce n’est qu’avec quelque attention qu’on s’aperçoit que c’est lui, sous le nom tantôt d’un écuyer, tantôt d’un mestre de camp, qui est en cause dans ces endroits, et qui donne tel conseil, qui tient tel discours.

1509. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Il faut discerner la peau de la chemise39 : l’habile homme fera bien sa charge… ; il l’exercera, car elle est en usage en son pays, elle est utile au public, et peut-être à soi ; le monde vit ainsi, il ne faut rien gâter… » Voilà ce qu’on sent trop dans Charron, ce que les contemporains y voyaient peut-être moins distinctement que nous, et ce que son livre De la sagesse nous a appris à discerner en lui.

1510. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

C’était là une des leçons de Charron qui allaient droit à l’adresse de ses contemporains.

1511. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Et il touche un coin de défaut de la comtesse, qui nous est également attesté par les contemporains : si elle était capable d’affaires et de dévouement utile, elle l’était aussi de rancunes et d’intrigues ; elle en voulait à ceux des serviteurs de Henri qu’elle jugeait opposés à elle et à son influence, à Castille, à d’Aubigné : Faites, pour Dieu !

1512. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Et puis, j’ai surtout pensé aux génies nos contemporains qui, en ceci, n’offrent pas tous l’exemple d’un parfait équilibre.

1513. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

À ce récit de Saint-Simon, on peut opposer quelques autres témoignages contemporains, notamment celui de La Monnoye, présent à cette mort, et qui écrit, dans une lettre du 13 août 1697 à un ami : Ma joie est moindre que mon deuil, J’ai gagné mon procès, mais j’ai perdu Santeuil.

1514. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Quoi qu’il en soit, il est, par le rare assemblage de ses mérites, une des figures originales de notre histoire ; et, quand pour le distinguer des autres de son nom et pour caractériser ce dernier mâle de sa race, quelques-uns continueraient de l’appeler par habitude le grand duc de Rohan, il n’y aurait pas de quoi étonner : à l’étudier de près et sans prévention dans ses labeurs et ses vicissitudes, je doute que l’expression vienne aujourd’hui à personne ; mais, la trouvant consacrée, on l’accepte, on la respecte, on y voit l’achèvement et comme la réflexion idéale de ses qualités dans l’imagination de ses contemporains, cette exagération assez naturelle qui compense justement peut-être tant d’autres choses qui de loin nous échappent, et on ne réclame pas.

1515. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

L’intérêt prodigieux que mettait la société d’alors à ce procès si justement entamé peut-être, mais si odieusement instruit et si arbitrairement conduit, les habiles instances des amis restés fidèles au malheureux surintendant, qui finirent par retourner l’opinion en sa faveur, les plaidoyers anonymes de Pellissoa qui s’échappaient à travers les barreaux de la Bastille et qui se récitaient avec attendrissement, les beaux vers miséricordieux de La Fontaine, et par-dessus tout les bulletins émus, pathétiques, de Mme de Sévigné, ont gagné jusqu’à la postérité elle-même ; et pour peu qu’on ait vécu en idée dans la société de ce temps-là, on fait comme les contemporains, on demeure reconnaissant envers M. d’Ormesson.

1516. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Il avait été auparavant, et sans doute après quelque revers de famille, dans une condition moins heureuse, et l’un de ses contemporains nous l’a montré dans une chambre voisine du ciel et « séparée en deux par une légère tapisserie que le vent soulevait », — une pauvre chambre d’étudiant.

1517. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Tandis que ces autres grandes renommées contemporaines et rivales de la sienne, celles de Chateaubriand, de Joseph de Maistre, se renouvellent, se maintiennent ou même gagnent par des publications posthumes, la sienne reste stationnaire et dès lors recule, s’affaiblit et s’efface un peu dans l’ombre.

1518. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie  siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante.

1519. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

On brodait, on amplifiait, on y introduisait des légendes et des traditions de toutes mains ; on y intercalait des scènes vulgaires, d’une vérité et d’une copie contemporaine, attachante.

1520. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

On ne dira pas que je diminue ceux que je viens de définir ; j’en viens hardiment aux autres : ces autres ne sont ni absolutistes ni serviles, je repousse ce nom à mon tour de toute la fierté à laquelle toute sincère conviction a droit ; mais il en est qui pensent que l’humanité de tout temps a beaucoup du à l’esprit et au caractère de quelques-uns ; qu’il y a eu et qu’il y aura toujours ce qu’on appelait autrefois des héros, ce que, sous un nom ou sous un autre, il faut bien reconnaître comme des directeurs, des guides, des hommes supérieurs, lesquels, s’ils sont ou s’ils arrivent au gouvernement, font faire à leurs compatriotes, à leurs contemporains, quelques-uns de ces pas décisifs qui, sans eux, pouvaient tarder et s’ajourner presque indéfiniment.

1521. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Enhardi par les questions qui m’ont été faites, et muni de toutes pièces, j’ai tâché aujourd’hui de mieux graver les traits et de fixer dans la mémoire de tous l’idée de ce second de Rousseau, de ce disciple unique et parfaitement naturel, dont les rapports de ressemblance avec le maître avaient déjà frappé quelques-uns des contemporains.

1522. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

j’étais jeune, plein d’avenir, ou du moins d’espérance ; mon cœur surabondait d’une continuelle joie, …, Je ne comptais que des heures sereines. » Quant aux descriptions en vers de ces lieux et de ces temps, et du charme particulier qui s’y attache, je ne puis que les indiquer à tous ceux qu’attire la vérité de l’impression : lisez le Hêtre sur l’écorce duquel le poète a gravé un nom ; c’est une pièce qu’on dirait de la dernière manière de Fontanes ; — lisez cette autre pièce plus grave, plus méditative, l’If de Tancarville, cet if dix fois séculaire, contemporain des premiers barons normands, et devant lequel le poète en contemplation s’écrie : Oh !

1523. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Elle s’applique aux Anciens et à tous ceux des grands poètes qui sont déjà, à quelques égards, ou qui seront un jour eux-mêmes des Anciens, à tous ceux qui ne sont plus nos contemporains et vers lesquels on ne revient qu’en remontant à force de rames le courant du passé : « Les œuvres des grands poètes, dit-il, demandent qu’on les approche au début avec une foi entière en leur excellence ; le lecteur doit être convaincu que, s’il ne les admire point pleinement, c’est sa faute et non la leur.

1524. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

C’est plaisir et soulagement, je l’avoue, au milieu des surcroîts et des surcharges de l’érudition contemporaine dont on profite tout en se sentant accablé parfois, de rencontrer un esprit, supérieur, habitué à généraliser et à simplifier, qui prend les choses littéraires par le côté principal et qui les offre comme il les voit, sans diminution, sans exagération non plus ni engouement, qui en sait ce qu’il faut en savoir, qui en ignore ce qui n’est bien souvent qu’inutile et incommode, et qui vous conduit vers le fruit d’une saine lecture par la large voie du bon sens.

1525. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Taine a reçu quelque chose de ces informations contemporaines qui redressent ou qui abrègent ; mais cela n’a pas été fréquent ni assez habituel.

1526. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Mais que celui qui, pendant la durée de l’orage, n’a été froissé par aucune secousse douloureuse, qui n’a sacrifié à aucune passion, n’a épousé aucun parti, n’a éprouvé aucun sentiment de haine ou de ressentiment, dont l’opinion a toujours été calme, l’esprit toujours froid, le jugement toujours impartial ; que celui qui peut dire avec Tacite, non dans une épigraphe pompeusement inscrite sur le frontispice de son livre, mais dans l’intérieur de sa conscience : Mihi Galba, Otho, Vitellius, nec amicitia, nec odio cogniti, que celui-là écrive pour nos contemporains l’histoire de la Révolution.

1527. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Peut-être ce temps-ci n’est-il pas plus privilégié qu’un autre en variations, mais nous y sommes plus sensibles parce que nous les saisissons de plus près et plus en détail dans nos contemporains.

1528. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

C’est l’âge ou jamais, on en conviendra, pour l’ensemble des générations suffisamment contemporaines qui se sont longtemps laissé intituler le jeune Siècle, de prendre un dernier parti.

1529. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Il en est sorti toutefois, il s’est mêlé depuis aux émotions contemporaines par son drame touchant de Chatterton et par ses ouvrages de prose, dans lesquels il n’a cessé de représenter, sous une forme ou sous une autre, cette pensée dont il était rempli, l’idée trop fixe du désaccord et de la lutte entre l’artiste et la société.

1530. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Jules Lemaître, Les contemporains.

1531. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Pinel (1791), Esquirol (1838), sur les maladies mentales  Prochaska, Le Gallois (1812), puis Flourens pour les vivisections  Hartley et James Mill, à la fin du dix-huitième siècle, suivent en psychologie la même voie que Condillac ; aujourd’hui toute la psychologie contemporaine y est rentrée.

1532. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Exemples contemporains. — Exemples anciens. — Nos noms généraux sont des résidus de sons expressifs. — Il n’y a en nous, quand nous pensons une qualité générale, qu’une tendance à nommer et un nom. — Ce nom est le substitut d’une expérience impossible.

1533. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Voilà donc le premier Rabelais176, l’ami de Budé, le contemporain intellectuel de Marguerite et de Marot, et qui achève avec eux d’éclairer la première période du xvie  siècle français.

1534. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre II. L’éloquence politique »

Dès qu’il ouvre la bouche, Napoléon est orateur ; car il règle sa parole pour enlever à ceux à qui il parle, individus ou peuples, contemporains ou postérité, la liberté de leur jugement, pour asservir leurs esprits ou leurs volontés.

1535. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Pourquoi citer celui-ci ou celle-là, quand, au fond de tous les écrits contemporains originaux et de bonne foi, respire le fiel d’une aurore contristée ?

1536. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Les contemporains du grand roi. la dédaignent ; ceux de Rousseau l’admirent, mais encore de loin.

1537. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVI » pp. 413-441

Cette circonstance rend assez difficile de deviner qu’elle est la belle à qui Boileau en voulait ; dans un espace de seize années, il se rencontre bien des contemporaines entre lesquelles Boileau a pu choisir.

1538. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

« La parole du roi, dit un contemporain de Commynes, étoit tant douce et vertueuse, qu’elle endormoit comme la Sirène tous ceux qui lui présentoient oreilles. » Homère nous vante les paroles de miel d’Ulysse.

1539. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Un contemporain de Condorcet, Vicq d’Azyr, est le premier qui ait eu à traiter plus particulièrement les éloges des médecins, et il l’a fait avec beaucoup d’éclat à son moment.

1540. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Littré ne me paraît pas avoir assez dégagé peut-être la nature de l’esprit de Pline, esprit qui est tout voisin du nôtre, qui est à bien des égards notre contemporain, tandis que celui du bon chapelain de saint Louis aurait fort à faire pour le devenir2.

1541. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

C’est qu’en effet Mazarin bien vu, et regardé de près comme si nous étions ses contemporains, avait de ces dons qui, dès qu’ils entraient en jeu, permettaient difficilement de lui échapper.

1542. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Durant trente ans il médita donc ce sujet, historique, le plus fécond en réflexions morales ; il lut tout ce qui s’imprimait là-dessus, il interrogea les contemporains les mieux informés ; il dut à la confiance qu’inspirait son caractère d’obtenir communication de mémoires inédits : en un mot, il ne négligea aucune recherche, aucune enquête, pour arriver à la vérité.

1543. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

En un mot, il croit que la femme maigre était assez bonne pour les héros de Rossbach et pour les philosophes sensualistes du xviiie  siècle, tandis que les héros de Rocroi et les contemporains spiritualistes de Descartes avaient droit à des beautés plus réelles, et à plus de solidité comme dirait Mme de Sévigné ; et, comme dit encore le proverbe, « Tant moins ils en voulaient, tant plus ils en avaient. » Le buste de Mme Du Barry protesterait au besoin contre cette théorie dont M. 

1544. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Lui-même signale quelque part avec esprit cette maladie de ses contemporains.

1545. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

À son avis, l’incertitude des gouvernements contemporains, l’impatience des peuples modernes, la fragilité de toutes nos charpentes sociales et de toutes nos machines politiques, n’ont d’autre cause que la chute du christianisme et l’attente d’une religion nouvelle.

1546. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

La poétique des contemporains de Parny était à la fois un classicisme affaibli et le premier symptôme de la corruption future. […] Dans les Portraits contemporains, nous trouvons réunis deux articles de Sainte-Beuve sur Hugo poète. […] Les grands poètes contemporains, ainsi que les grands politiques et les grands capitaines, se laissent malaisément suivre, juger et admirer par les mêmes hommes dans toute l’étendue de leur carrière. […] Je pus donc goûter à mon aise et sa malice et ses anecdotes sur les aînés romantiques et les contemporains du Parnasse. […] Mais comment voulez-vous que la postérité compense suffisamment les torts des contemporains envers un auteur de drames bourgeois, fut-il celui des Corbeaux ?

1547. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Walter Scott est en ceci, et à beaucoup d’autres égards encore, le vrai père de tous nos conteurs contemporains. […] Qu’on ne voie pas là un reproche ; l’originalité n’est que la note personnelle ajoutée au fonds commun préparé par les contemporains ou les prédécesseurs immédiats. […] Les Étables d’Augias, qu’on peut lire dans le Parnasse contemporain, sont faites avec la certitude de trait, la simplicité de ton et l’ampleur de style d’une peinture murale. […] On y sent la contemporaine par l’âme des grands élégiaques modernes. […] Racine, en écrivant Bajazet, avait introduit dans le cadre du drame antique un épisode de l’histoire moderne et presque contemporaine.

1548. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

J’en tire seulement cette conclusion, que dans la critique des œuvres contemporaines, par bon goût peut-être, par discrétion et aussi par une sorte de compromis secret entre les diverses écoles, Ampère ne sut jamais apporter cette vigueur décisive qui tranche les hésitations, qui fait saillir les caractères (qualités et défauts), et qui classe non-seulement l’œuvre et l’auteur en question, mais le critique lui-même. […] Il devait nécessairement trouver, parmi ses contemporains, je ne veux pas dire des inimitiés, mais des froideurs ; il rencontrait même ses antipathiques. […] Cela tient à l’esprit même qui circule dans tout son travail et qui est un esprit de polémique contemporaine très-sensible.

1549. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Parmi les contemporains de La Fayette, parmi ceux qui furent des premiers avec lui sur la brèche à l’assaut de l’ancien régime, combien peu continuèrent de croire à leur cause ! […] Je ne discuterai pas les principaux faits de la vie de La Fayette depuis 89 jusqu’à sa sortie de France en août 92 ; de telles discussions, rebattues pour les contemporains, redeviendraient plus fastidieuses à la distance où nous sommes placés ; c’est à chaque lecteur, dans une réflexion impartiale, à se former son impression particulière. […] Terminer la Révolution à l’avantage de l’humanité, influer sur des mesures utiles à mes contemporains et à la postérité, rétablir la doctrine de la liberté, consacrer mes regrets, fermer des « blessures, rendre hommage aux martyrs de la bonne cause, seraient pour moi des jouissances qui dilateraient encore mon cœur ; mais je suis plus dégoûté que jamais, je le suis invinciblement de prendre racine dans les affaires publiques ; je n’y entrerais que pour un coup de collier, comme on dit, et rien, rien au monde, je vous le jure sur mon honneur, par ma tendresse pour vous et par les mânes de ce que nous pleurons, ne me persuadera de renoncer au plan de retraite que je me suis formé et dans lequel nous passerons tranquillement le reste de notre vie. » Mais s’il est loin de les avoir tenues à la lettre, il semble s’être toujours souvenu de ces paroles et ne s’être jamais trop départi du sentiment qu’il y exprime.

1550. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais ce drame étonnant est moins une peinture des mœurs contemporaines, qu’une sorte de prophétie. […] Montausier avait, comme elle, quelques vertus réelles et solides, et, surtout, une grande apparence de vertu qui imposait aux contemporains. […] Les médecins, selon le témoignage contemporain d’un de leurs confrères455, n’étaient que de « grands charlatans, véritablement courts de science, mais riches en fourberies chimiques et pharmaceutiques ».

1551. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Que Pierre ou Paul soit un coquin, peu nous importe, c’était l’affaire des contemporains ; ils souffraient de ses vices, et ne devaient penser qu’à le mépriser et à le condamner. […] Il ne parle pas en historien, mais en contemporain ; il semble que sa vie et son honneur sont en jeu, qu’il plaide pour lui-même, qu’il est membre du Long Parlement, qu’il entend à la porte les mousquets et les épées des gardes envoyés pour arrêter Pym et Hampden. […] Pour cela, il faut faire appel à l’observation personnelle du lecteur, partir de son expérience, comparer les objets inconnus qu’on lui montre aux objets connus qu’il voit tous les jours, rapprocher les événements anciens des événements contemporains.

1552. (1904) Zangwill pp. 7-90

C’est là une idée moderne ; c’est là une méthode toute contemporaine, toute récente ; elle ne peut nous paraître ancienne, et acquise, et déjà traditionnelle, à nous normaliens et universitaires du temps présent, que parce que nous avons contracté la mauvaise habitude, scolaire, de ne pas considérer un assez vaste espace de temps quand nous réfléchissons sur l’histoire de l’humanité. […] Quel historien contemporain, quel petit-fils, quel petit-neveu du vieil homme ne reculera de saisissement devant de telles affirmations, devant de telles présomptions, devant cet admirable et tranquille orgueil, devant ces certitudes et ces limitations ; une humanité Dieu, si parfaitement emplie de sa mémoire totale qu’elle n’a plus rien à connaître désormais ; une humanité Dieu, arrêtée comme un Dieu dans la contemplation de sa totale connaissance, ayant si complètement, si parfaitement épuisé le détail du réel qu’elle est arrivée au bout, et qu’elle s’y tient ; qui au besoin, parmi les historiens du temps présent, ne désavouera les ambitions de l’aïeul et qui ne les traitera de chimères et d’imaginations feintes ; qui ne les reniera, car nous n’avons pas toujours le courage d’avouer nos aïeux, de déclarer nos origines, et de qui nous sommes nés, et d’où nous descendons ; les jeunes gens d’aujourd’hui ne reconnaissent pas toujours les grands ancêtres ; ce ne sont point les pères qui ne reconnaissent pas leurs fils, mais les fils qui ne reconnaissent pas leurs pères ; et comme nos politiciens bourgeois ne reconnaissent pas volontiers leurs grands ancêtres de la révolution française, ainsi nos modestes historiens ne reconnaissent pas toujours leurs grands ancêtres de la révolution mentale moderne, les innovateurs des méthodes historiques, les créateurs du monde intellectuel moderne ; et puis, depuis le temps des grands vieux, nous avons reçu de rudes avertissements ; pour deux raisons, l’une recouvrant l’autre, nul aujourd’hui n’avancerait que toute l’histoire du monde est sur le point d’aboutir, nul aujourd’hui, de tous les historiens, ne souscrirait aux anticipations aventurées, aux grandes ambitions pleines de Renan. […] Altier, entier, droit, Taine a eu cette audace ; il a commis cet excès ; il a eu ce courage ; il a fait cet outrepassement ; et c’est pour cela, c’est pour cet audacieux dépassement que c’est par lui, et non par son illustre contemporain, qu’enfin nous connaissons, dans le domaine de l’histoire, tout l’orgueil et toute la prétention de la pensée moderne ; avec Renan, il ne s’agissait encore, en un langage merveilleux de complaisance audacieuse, que de constituer une lointaine surhumanité en un Dieu tout connaissant par une totalisation de la mémoire historique ; avec Taine au contraire, ou plutôt au-delà, nous avons épuisé nettement des indéfinités, des infinités, et des infinités d’infinités du détail dans l’ordre de la connaissance, et de la connaissance présente ; désormais transportés dans l’ordre de l’action, et de l’action présente, nous épuisons toute l’infinité de la création même ; toute sa forme de pensée, toute sa méthode, toute sa foi et tout son zèle, — vraiment religieux, — toute sa passion de grand travailleur consciencieux, de grand abatteur de besogne, et de bourreau de travail, tout son passé, toute sa carrière, toute sa vie de labeur sans mesure, sans air, sans loisir, sans repos, sans rien de faiblesse heureuse, toute sa vie sans aisance et sans respiration, toute sa vie de science et la raideur de son esprit ferme et son caractère et la valeur de son âme et la droiture de sa conscience le portaient aux achèvements de la pensée, le contraignaient, avant la lettre, à dépasser la pensée de Renan, à vider le contenu de la pensée moderne, le poussaient aux outrances, et à ces couronnements de hardiesse qui seuls achèvent la satisfaction de ces consciences ; il devait avoir un système, bâti, comme Renan devait ne pas en avoir ; il devait avoir un système, comme Renan devait nous rapporter seulement des certitudes, des probabilités et des rêves ; mais, sachons-le, son système était le système même de Renan, étant le système de tout le monde moderne ; et ce commun système engage Renan au même titre que Taine ; il fallait que Taine ajoutât, au bâtiment, à l’édifice de son système ce faîte, ce surfaite orgueilleux, parce que ce que nous nommons orgueil était en lui un défi à l’infortune, à la paresse, aux mauvaises méthodes et au malheur, non une insulte à l’humilité, parce que ce que nous croyons être un sentiment de l’orgueil était pour lui le sentiment de la conscience même, du devoir le plus sévère, de la méthode la plus stricte ; et c’est pour cela que nous lui devons, à lui et non à son illustre compatriote, la révélation que nous avons enfin du dernier mot de la pensée moderne dans le domaine de l’histoire et de l’humanité.

1553. (1932) Le clavecin de Diderot

Virginie Tahar, professeur agrégé de lettres modernes, Allocataire moniteur à Paris-Est Marne-la-Vallée À André Breton et Paul Éluard Lénine, dans Matérialisme et Empiriocriticisme, constate, dès l’introduction, que : Diderot arrive presque aux vues du matérialisme contemporain, d’après lesquelles, les syllogismes ne suffisent pas à réfuter l’idéalisme, car, il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’arguments théoriques a. […] Le surréalisme, par le truchement de telle ou telle œuvre individuelle et encore et surtout, par son activité collective, ses enquêtes sur le suicide, la sexualité, l’amour, par ses très justes injures à la France lors de la guerre du Maroc, par ses tracts à l’occasion de l’Exposition coloniale, de l’incendie des couvents par les révolutionnaires espagnols, le surréalisme a mis les pieds dans le plat de l’opportunisme contemporain, lequel plat n’était, d’ailleurs, comme chacun sait, qu’une vulgaire assiette au beurre. […] Fils d’une femme d’amour, il est à cent coudées, certes, au-dessus de ses contemporains et cadets nés de parents unis en justes noces. […] Un contemporain de Diderotbh imagine un clavecin de couleurs, Rimbaud, dans le sonnet des voyelles, nous révèle le prisme des sons, les objets surréalistes de Breton, Dali, Gala Éluard, Valentine Hugo, sont des objets à penser amoureusement : la poésie, ainsi, lance des ponts d’un sens à l’autre, de l’objet à l’image, de l’image à l’idée, de l’idée au fait précis.

1554. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Les contemporains ont remarqué qu’il parlait bien.

1555. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Lorsque Mézeray décrivait la première journée des Barricades qui avait mis Henri III hors de sa capitale (12 mai 1588), ce n’était pas sans en avoir vu faire lui-même sous ses yeux et sans avoir rappris, ainsi que ses contemporains, la puissance et la tactique de ces grands soulèvements populaires.

1556. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Il s’était essayé sous Louis XV, et il réussit complètement sous Louis XVI, dans cette Cour jeune et folâtre, au milieu de ses véritables contemporains.

1557. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

On a, quand on parle de Gibbon, même en France, une prévention défavorable à vaincre ; c’est que lui-même a parlé du christianisme dans les 15e et 16e chapitres de son premier volume avec une affectation d’impartialité et de froideur qui ressemble à une hostilité secrète, et qu’à ne voir les choses que du simple point de vue historique, il a manqué d’un certain sens délicat, tant à l’égard du fond de l’idée chrétienne que par rapport aux convenances qu’il avait à observer envers ses propres contemporains.

1558. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Nul mieux que lui, en effet, n’a compris, en mettant la main aux grandes choses, la réserve imposée aux témoins contemporains et la dignité de l’histoire.

1559. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

C’est un malheur en tout cas pour un homme d’esprit et de talent de prendre ainsi à contresens l’époque dont il est contemporain, et le règne dont il serait un serviteur naturel et distingué ; on le juge, on le critique ce règne qui nous déplaît, mais à la longue on s’y aigrit, ou, si l’on est doux, on s’y relâche et l’on se démoralise.

1560. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau nous montrent Saint-Lambert, en 1756, dans le vif de sa liaison avec Mme d’Houdetot, liaison qui subsista durant presque un demi-siècle, et dont plusieurs de nos contemporains ont vu la fin.

1561. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Linguet veut expliquer à ses contemporains comment Voltaire a pu être et paraître si universel, et par quel enchaînement de circonstances, par quelle suite d’événements qui ne furent des épreuves que le moins possible, la destinée le favorisa en lui donnant une jeunesse si aisée, si répandue, si bien servie de tous les secours, et en lui ménageant à Ferney une longue vieillesse si retirée et si garantie du tourbillon : « La jeunesse de presque tous les écrivains célèbres, disait Linguet, se consume ordinairement, ou dans les angoisses du malaise, ou dans les embarras attachés à ce qu’on appelle le choix d’un état.

1562. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

La nouveauté de cette correspondance est la duchesse de Choiseul, que l’on connaissait déjà pour son mélange de grâce et de raison d’après les témoignages unanimes des contemporains, mais pas à ce degré où la montrent au naturel cette suite de lettres vives, spirituelles, sensées, sérieuses, raisonneuses même, passionnées dès qu’il s’agit de la gloire et des intérêts de son époux.

1563. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Je ne veux parler que de son journal, et montrer l’homme au naturel, tel que plusieurs de ses contemporains l’avaient indiqué déjà, modeste, droit, sincère, plein de scrupule et de candeur, humble chrétien, père de famille éprouvé, le plus humain des doctes ; le digne ami de De Thou : — d’un seul mot, c’est tout dire.

1564. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait

1565. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Je ne fais qu’indiquer la Légende du Bonhomme Misère 17, si en vogue sur la fin du Moyen Age, et qui paraît contemporaine de la Danse des Morts.

1566. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Deleyre, ami de Jean-Jacques Rousseau, qui l’estimait plus qu’il ne l’a témoigné dans ses Confessions, et qui ne cessa de le recevoir jusqu’à la fin de sa vie, Deleyre dont le nom ne se rencontre qu’incidemment dans les mémoires des contemporains, était un de ces hommes secondaires du xviiie  siècle, qui offrent bien de l’intérêt à qui les observe de près.

1567. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame, secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. »

Terminant cette revue d’orateurs contemporains, dans laquelle on a pris assez de plaisir à l’accompagner : « Mais c’est assez parler, dit-il, des différents prédicateurs qu’on suivait le plus à Paris dans le temps que je commençai à tenir ma place parmi eux.

1568. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Un homme de ce temps et de cette race, un contemporain de la Régence et de la Fronde, que M. 

1569. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

. ; dans les séries achevées ou commencées des Mères de famille, du Chemin de Toulon, des Contemporains illustres, etc.

1570. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

C’était un Protée qui vous échappait. « On peut dire de lui, écrivait le marquis d’Arcy, ambassadeur à Turin, ce qu’on disait de Charles-Emmanuel (le contemporain de Henri IV), que son cœur est couvert de montagnes comme son pays. » Ses démonstrations et ses semblants sont pour Louis XIV : son goût est pour le prince d’Orange.

1571. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

J’ai vu, dans mon enfance, une génération convaincue s’avancer intrépidement au-devant des obstacles, et je sais combien de sang et de larmes coûte chaque progrès de l’humanité ; j’ai vu, au lendemain de la Terreur, les restes de cette société égoïste et frivole se dédommager de quelques années d’abstinence en se jetant dans une licence sans limites : j’ai suivi le torrent, et, sans égard aux formes nouvelles, je continue les mœurs de mes contemporains.

1572. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

Il y a à cela des raisons sans nombre et de tous les instants, que sentent les contemporains, qu’on respire dans l’air, dont l’impression se communique dans la tradition immédiate, et que rien ne peut suppléer.

1573. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Exploration du Sahara. Les Touareg du Nord, par M. Henri Duveyrier. »

Ghadamès est une contemporaine de l’Égypte des Pharaons.

1574. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

On est même allé jusqu’à contester cette entière probité et délicatesse qu’aucun des contemporains n’avait soupçonnée, et, s’autorisant d’un passage des Mémoires du duc de Luynes, on a dit que « l’incapacité complète de Saint-Simon en matière d’affaires ne l’empêcha pas, à un moment donné, de faire perdre cinquante pour cent à ses créanciers, en substituant habilement 40,000 livres de rente à sa petite-fille, la comtesse de Valentinois ».

1575. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Ce que les lecteurs mondains diraient de nos jours en lisant le détail des mortifications et de certains excès, un grand nombre parmi les contemporains des personnages le disaient également et presque par les mêmes termes.

1576. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

La Fontaine et Mme de Sévigné, sur une scène moins large, ont eu un sentiment si fin et si vrai des choses et de la vie de leur temps, chacun à sa manière, La Fontaine, plus rapproché de la nature, Mme de Sévigné plus mêlée à la société ; et ce sentiment exquis, ils l’ont tellement exprimé au vif dans leurs écrits, qu’ils se trouvent placés sans effort à côté et fort peu au-dessous de leur illustre contemporain.

1577. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

MADAME DE SOUZA Un ami qui, après avoir beaucoup connu le monde, s’en est presque entièrement retiré et qui juge de loin, et comme au rivage, ce rapide tourbillon où l’on s’agite ici, m’écrivait récemment à propos de quelques aperçus sur le caractère des œuvres contemporaines : « Tout ce que vous me dites de nos sublimes m’intéresse au dernier point.

1578. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Ce qui intéressait le public contemporain, et ce qui nous intéresse encore aujourd’hui le plus dans les Parallèles, c’est de voir la façon dont Perrault s’y prend pour établir qu’en matière de belles-lettres comme en tout, les anciens étaient des enfants, tandis que les modernes représentent la maturité de l’esprit humain ; et que là aussi il suffit de venir le dernier pour être le plus grand.

1579. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

En rapport aussi avec lui étaient les déclamations des jongleurs un peu plus relevés ; nous n’avons qu’à interroger les mœurs contemporaines pour saisir le lien qui unit à la comédie des chansons, des contes ; en général toute pièce destinée à la récitation publique tend vers la forme dramatique, par le surcroit sensible d’effet qu’on obtient en caractérisant les personnages et en les costumant.

1580. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Les six tragédies de ce contemporain de Malherbe font de lui notre dernier lyrique, et vraiment un très aimable lyrique.

1581. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Une telle disposition d’esprit est évidemment pour déplaire à ceux qui goûtent et essayent de comprendre les formes de la vie et de l’art dans le passé, qui y séjournent volontiers, qui y trouvent autant d’intérêt qu’au spectacle de la vie contemporaine, qui voient dans l’Académie soit une institution vénérable et salutaire, soit même une absurdité charmante  et qui ne sont pas pour cela des cuistres ni des snobs, qui ont même quelque chance d’avoir une sagesse plus détachée et plus libérale que cet éternellement jeune Petit Chose.

1582. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

Le socialisme contemporain est une révolte du prolétariat contre l’ordre économique existant.

1583. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

C’est en proposant l’action à leurs compatriotes, à leurs contemporains, qu’ils ont dominé l’humanité.

1584. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Il vous arrive, ange vraiment trop naïf, d’appeler Édouard Drumont, juif en chef de l’antisémitisme, « le prophète contemporain » et de le compter « parmi les héros auxquels la couronne de gloire sera remise par les anges au jour bienheureux du festin mystique ».

1585. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

» C’est le même moraliste, contemporain de Cromwell, qui a dit cet autre mot si vrai et qu’oublient trop les historiens systématiques : « La fortune et l’humeur gouvernent le monde. » Entendez par humeur le tempérament et le caractère des hommes, l’entêtement des princes, la complaisance et la présomption des ministres, l’irritation et le dépit des chefs de parti, la disposition turbulente des populations, et dites, vous qui avez passé par les affaires, et qui ne parlez plus sur le devant de la scène, si ce n’est pas là en très grande partie la vérité.

1586. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

À propos des exactes et sévères critiques qu’elle fait de ses contemporains : Mme Du Deffand, disait M. de Féletz, eût été, sans contredit, un excellent journaliste, quoiqu’un peu amer… Le tableau qu’elle présente de sa société décèle un esprit qui ne voit pas en beau, mais qui voit juste ; un pinceau qui ne flatte pas, mais qui est fidèle ; ses traits malins vous peignent un homme depuis les pieds jusqu’à la tête.

1587. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

Leur réputation à tous deux (chose remarquable) est allée en grandissant au xviiie  siècle, tandis que celle de beaucoup de leurs illustres contemporains semblait diminuer et se voyait contester injustement.

1588. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Voltaire, le premier, l’avait dénoncé au monde avec un sentiment de respect, chez lui bien rare, et qu’il n’a éprouvé à ce degré pour aucun de ses contemporains.

1589. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

La Prusse n’était arrivée véritablement à compter pour quelque chose dans le monde et à mettre, comme il dit, son grain dans la balance politique de l’Europe, que du temps du Grand Électeur, contemporain des beaux jours de Louis XIV.

1590. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

« Je compte pour un des plus grands bonheurs de ma vie d’être né contemporain d’un homme d’un mérite aussi distingué que le vôtre… » Ce sentiment éclate dans toute cette phase de la correspondance.

1591. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Pasquier, avons-nous dit, pense, contrairement à plusieurs de ses contemporains, qu’il faut écrire en français ; mais ce français, où faut-il aller en puiser la naïveté et la pureté comme à sa source ?

1592. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Malgré ces incertitudes, malgré ces tâtonnements et ces faiblesses, et bien que la plupart de ses qualités se tiennent elles-mêmes en échec, le nom de d’Aguesseau s’est transmis l’un des plus beaux et l’un des plus vénérés dans la mémoire française ; les années lui ont ajouté plutôt qu’enlevé de cet éclat et de cette fleur de renommée que, vers la fin, tous les contemporains ne lui reconnaissaient plus avec un égal respect.

1593. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Les petites moralités finales en vers sentent bien un peu l’ami de Quinault et le contemporain gaulois de La Fontaine, mais elles ne tiennent que si l’on veut au récit ; elles en sont la date.

1594. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

Un grand esprit contemporain et acteur dans ces scènes mémorables, Bolingbroke, l’a dit : « Les batailles, les sièges, les révolutions surprenantes qui arrivèrent dans le cours de cette guerre sont d’un genre à ne point trouver leurs semblables dans aucune période de la même étendue. » C’est ainsi que les générations se croient privilégiées par la grandeur des événements et des catastrophes dont elles sont témoins et victimes, jusqu’à ce que d’autres générations surviennent qui leur ravissent l’orgueil de cette illusion.

1595. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Gay, homme d’esprit et qui recevait bien, était ami intime d’Alexandre Duval, de Picard, de Lemercier ; Mme Gay, qui les connaissait déjà, se trouva plus liée que jamais avec eux tous : ce sont là ses premiers contemporains littéraires.

1596. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

On peut juger de ce que peut être la dignité de l’homme mise en musique ; mais les contemporains s’en accommodaient fort, et Beaumarchais essayait par tous les moyens de ressaisir la popularité qui lui échappait.

1597. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Les contemporains nous l’ont peint tel qu’il était dans la société et dans l’habitude ordinaire, très vif, extrêmement aimable, plein de saillies originales, plaisant, mais sans causticité, « facilement ému par la résistance et par la contradiction » ; ayant « de petites colères qui faisaient rire ceux qui en étaient témoins, et dont il ne tardait pas aussi à rire lui-même » ; il avouait qu’il lui était plus facile de se contenir sur de grands objets que sur de petits.

1598. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Cette thèse nous paraît avoir été démontrée par Guyau, dans ses Problèmes de l’esthétique contemporaine.

1599. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

La psychologie anglaise contemporaine, qui s’intitule elle-même psychologie de l’association, va jusqu’à ramener toutes les lois de l’esprit à cette loi unique.

1600. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Ses contemporains le nommaient Lumière.

1601. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

On voit par ses écrits qu’il l’a plûtôt dévinée que comprise, et que loin de pouvoir l’expliquer distinctement à ses contemporains, il ne la concevoit pas lui-même bien nettement.

1602. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Nous ne voulons pas leur contester, nous avons remarqué comme eux, que les productions des lettres et des arts subissent toujours plus ou moins l’influence des opinions et des habitudes contemporaines.

1603. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

C’était jeune, cette voix, c’était presque enfantin, et ce n’était pas de Musset, pourtant ; de Musset, toute la jeunesse d’alors à lui seul ; de Musset, qui régnait sur les imaginations contemporaines, dont il avait fait autant de caméléons qui lui reflétaient son génie !

1604. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre II : M. Royer-Collard »

À ce sujet les contemporains racontent une anecdote que voici : Un matin, en 1811, M. 

1605. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’ai l’air de ne garder que les contemporains ; mais, en réalité, je garde les anciens aussi, puisque nos meilleurs livres, les plus savoureux et les plus rares, sont forcément ceux qui contiennent et résument (en y ajoutant encore) toute la culture humaine, toute la somme de sensations, de sentiments et de pensées accumulés dans les livres depuis Homère, et puisque ceux d’à présent sortent de ceux d’autrefois et en sont la suprême floraison… Mais je suis bien bon de me donner tant de mal. […] Ainsi j’ai essayé de vendre à mes contemporains de fades confiseries, telles que petits contes, petites chroniques, petits feuilletons et autres riens : et voilà que, retiré du monde comme Macaire, je sens présentement que tout est vain, hormis de regarder couler l’eau et de sommeiller à l’ombre. […] De même pour nos contemporains : il n’y a rien qui ressemble à un bonhomme en redingote et en bronze comme un autre bonhomme de bronze en redingote. […] Il est, selon toute apparence, l’homme du monde qui possède la plus belle et la plus riche collection de manuscrits autographes des grands écrivains contemporains. […] Je voudrais que cette histoire du vaudevilliste chassé de chez lui par ses meubles servît de leçon à ceux de mes contemporains qui ont la rage des mobiliers artistiques… Je suis sévère ; mais c’est qu’aussi il y a des choses par trop pénibles !

1606. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Mercredi 29 mars L’atticisme d’Athènes et l’atticisme du grand siècle se révèlent, d’une manière bien ironique, en deux monuments littéraires contemporains, dans Aristophane et dans Molière. […] Je constate que les générations contemporaines ne s’insurrectionnent que pour la satisfaction d’intérêts matériels tout bruts, et que la ripaille et la gogaille ont seules, aujourd’hui, la puissance de leur faire donner héroïquement leur sang. […] Peut-être, si j’avais été son contemporain, la trouvaille ne m’eût été de rien. […] » Quelqu’un fait la remarque que les Allemands contemporains qui ont toutes les sciences, manquent absolument de celle de l’humanité, qu’ils n’ont pas, à l’heure qu’il est, un roman, une pièce de théâtre. […] Le dur, le pénible, c’est le métier d’agent de police et de mouchard qu’il faut faire, pour ramasser, — et cela la plupart du temps dans des milieux répugnants, — pour ramasser la vérité vraie, avec laquelle se compose le roman contemporain.

1607. (1908) Après le naturalisme

Et l’on citera surtout comme obstacle à la poésie — que d’aucuns proclament morte définitivement — les progrès de l’arrivisme contemporain et l’extension sans cesse croissante du matérialisme — lesquels précisément s’opposent à tout succès des œuvres d’imagination. […] Ils incarnaient l’état d’âme de leurs contemporains. […] Nous savons quel ridicule s’attache à vouloir, au nom d’une théorie, si juste soit-elle, imposer des barrières au génie ou aux contemporains.

1608. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

. — Aucun commentateur des écrits du célèbre écrivain ne nous avait parlé des études qu’on va lire, et il est assez curieux de constater que depuis quarante ans que des milliers d’ouvrages et d’articles ont paru sur le penseur, l’ethnologue, l’orientaliste, le romancier, le conteur, le poète, et le sculpteur même, qu’il était, à peine le professeur Schemann dans sa biographie de l’auteur de l’Essai sur l’Inégalité des Races, — et plus récemment deux articles du Figaro littéraire laissaient supposer qu’il avait tenu d’une façon régulière une rubrique sur les œuvres de ses contemporains. […] Il ne s’arrête pas au placage des descriptions de mœurs ou de costumes, et de même que, dans ses poésies, on l’a vu moins soucieux que ses contemporains de ce qu’on appelle la couleur locale, de même, dans ses nouvelles on le retrouve peu enclin à aiguiser la curiosité du lecteur par des peintures de faits matériels. […] Mais pour ce qui est des livres contemporains, leurs auteurs savent trop, en général, que les convenances sociales ont tracé autour de la pensée des barrières difficiles à franchir, et qu’il ne faut pas un mot bien rude pour faire baisser les yeux à une si délicate personne.

1609. (1896) Études et portraits littéraires

Et quiconque ignore l’auteur de l’Intelligence ne peut connaître dans son fond le critique d’art, non plus que l’historien de la littérature anglaise et de la France contemporaine. […]   Les Origines de la France contemporaine contiennent de salutaires vérités dites avec éloquence, avec courage. […] Plus ils demandent de sacrifices à l’autonomie intellectuelle de leurs contemporains, plus ils en obtiennent. […] La critique des contemporains offrit à d’Aurevilly le prétexte, saisi maintes fois, de signifier d’encore plus impertinente façon son fait à « l’état populaire ». […] Paul Bourget, plusieurs de nos contemporains sont maîtres en cet art d’agilité spirituelle.

1610. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

D’ailleurs lord Falkland, presque contemporain de Shakespeare puisqu’il était né plusieurs années avant sa mort, aurait droit d’en être cru de préférence sur des nuances de langage qui, cent cinquante ans plus tard, devaient se perdre pour Johnson sous une couleur générale de vétusté. […] Quant à ses motifs pour préférer le récit du poëte à celui du romancier, il peut en avoir eu plusieurs : d’abord, pour s’être écarté en un point si important de la nouvelle de Luigi da Porto, qu’il a suivie scrupuleusement sur presque tous les autres, peut-être Arthur Brooke, l’auteur même du poëme, avait-il eu quelques renseignements sur l’histoire véritable, telle que l’avait racontée Girolamo della Corte, contemporain de Shakspeare ; il aura pu les lui communiquer, et l’exactitude de Shakspeare à se rapprocher, autant qu’il le pouvait, de l’histoire ou des récits reçus comme tels, ne lui aura pas permis d’hésiter dans le choix. […] » Nashe, intime ami de Green, n’aurait probablement pas parlé sur ce ton d’une pièce de Shakspeare, et peut-être est-ce le succès même de cette pièce qui aura engagé Shakspeare à rendre les deux autres dignes de le partager ; mais, dans cette supposition même, il serait difficile de ne pas croire que, soit avant, soit plus tard, Shakspeare n’ait pas relevé, par quelques touches, le coloris d’un ouvrage qui n’avait pu plaire à ses contemporains que parce que Shakspeare ne s’était pas encore montré. […] Certes, dépouillés de l’harmonie du rhythme, ces poëmes vont paraître plus fades encore qu’ils ne le sont réellement, et l’on se demandera comment il est possible que les contemporains de Shakspeare citent plus souvent Vénus et Adonis, et Taryuin et Lucrèce, que les énergiques et gracieuses inspirations qui caractérisent son génie dramatique. […] Après cette réflexion indispensable, faisons grâce seulement à l’épisode du coursier d’Adonis, et à l’apparition de Brutus qui se révèle à ses amis étonnés, passages qui laissent deviner le poëte, et convenons avec Hazlitt que dans ces tributs offerts au goût de son temps par Shakspeare, tout supérieur qu’il était déjà à tous ses contemporains, si une belle pensée brille çà et là, elle se perd aussitôt dans un commentaire sans fin.

1611. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers en histoire, la manière dont il devint historien, et en quoi il diffère essentiellement des autres grands talents contemporains qui se sont illustrés dans ce genre. […] Naturellement passionné pour le grand et le simple, amoureux de ses propres études et vivant dans l’abondance des pensées, il ne s’occupait guère de ces tentatives d’alentour qui remuaient, plus qu’il ne le croyait, des intelligences sérieuses ; et si, à la rencontre, son regard venait à s’y arrêter, il y opposait aussitôt un tel idéal de simplicité et de pureté, que les contemporains le plus souvent n’avaient rien à faire en comparaison.

1612. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

Il n’a point été impatient de justice ; il ne l’a pas attendue, cette justice, de ses contemporains ; il a jugé que ni les républicains ardents et sectaires, ni les royalistes absolus et irrités, ni les hommes religieux implacables contre sa répudiation du sacerdoce, même sanctionnée par le souverain pontife, ni les démocrates jaloux de toute antiquité de race dans ceux-là même qui les adoptent, ni les démagogues furieux contre ceux qui conservent le sang-froid et la mesure aux révolutions, ni les bonapartistes survivants du premier Empire, qui ne pardonnent pas à l’homme de 1814 d’avoir préféré la patrie à un homme, et prévenu par la déchéance de Napoléon le suicide de la France, ni les apôtres turbulents de la guerre, qui ont toujours trouvé entre eux et leurs mers de sang, dans les ministères, dans les ambassades, dans les congrès, l’homme de la paix, personnifié par le grand diplomate, ni les légitimistes de 1830, qui n’excusent pas ce vieillard monarchique d’avoir conseillé deux Bourbons sur le même trône, ni toutes les médiocrités, enfin, que la longue fortune et la supériorité exaspère contre tout nom historique, il n’a pas jugé, disons-nous, qu’aucun de ces partis contemporains fût assez impartial pour l’écouter, même du fond de sa tombe ; il a su attendre, et il a bien fait.

1613. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

En nous promenant sous le soleil de midi dans l’allée principale, nous causâmes sur la littérature contemporaine, sur Schelling et sur Schelling et Platen. […] Si j’appelais une grande partie des œuvres négatives de Byron des discours au Parlement comprimés, je crois que je les caractériserais par un nom qui ne serait pas sans justesse. » Nous avons enfin parlé d’un des poètes allemands contemporains qui s’est fait un grand nom depuis quelque temps24, et dont nous avons aussi blâmé l’esprit négatif.

1614. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Ennemi aux utopiques théories socialistes contemporaines, fondées, plus étrangement que tous les systèmes sociaux, sur la force, il admet cependant un socialisme plus rationnel et plus chrétien. Néanmoins on pourrait, et cela pour de puissants motifs intérieurs, regarder le socialisme contemporain comme très digne d’être pris en considération par notre société civile, aussitôt qu’il formerait une alliance étroite avec les trois associations mentionnées plus haut, celle des végétariens, celle pour la protection des animaux et la société de tempérance.

1615. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

La difficulté qu’éprouvent la plupart des philosophes contemporains à construire la conscience et la mémoire avec des sensations vient de ce qu’ils supposent ainsi des sensations tout instantanées, se succédant une par une. […] Renouvier, dans notre Introduction à la Genèse de l’idée de temps. « Les disciples contemporains de Kant, renonçant à l’intuition pure, se contentent, avec plus de modestie, de poser le temps comme simple « loi de la représentation ».

1616. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Comprises par les contemporains, elles ne le sont plus par les descendants. […] Désaugiers, son contemporain, délire plus sincèrement ; il est ivre lui-même de l’ivresse de verve qu’il répand à plein verre autour de lui ; le plaisir est la seule politique de cet Anacréon de Paris.

1617. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Ces trois Poëtes étoient presque contemporains, & vivoient plus de 250. […] Sous prétexte de faire parler le satyrique latin en vers françois, il verse sa bile sur les Poëtes ses contemporains.

1618. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Les confidents du xviie  siècle n’étaient pas autre chose ; ils permettaient une exposition rapide ; les contemporains de Racine n’en furent pas dupes plus que nous ; ils admettaient tacitement cette convention. […] Les libertés dont usent et abusent les auteurs contemporains n’auraient-elles pas nui à notre goût littéraire, à notre pénétration psychologique ?

1619. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Et puis, cette prompte et facile consolatrice, la jeunesse, lui tenait lieu de tout ; nul n’était fait pour en jouir mieux que lui ; tous les contemporains nous ont parlé des avantages de sa personne et des agréments de sa figure : « Je me souviens toujours de vos grâces, de votre belle physionomie, de votre esprit », lui écrivait Voltaire après des années.

1620. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Deux contemporains, deux disciples de Malherbe, Balzac et Godeau, ont très bien marqué un des points principaux de son innovation et de sa réforme.

1621. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

C’est le témoignage qu’ont rendu les contemporains les plus délicats et les plus respectables dans le temps de la publication.

1622. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

au Petit-Pont de Paris. » On est frappé, dans le récit que donne Joinville, et en y joignant les témoignages des autres contemporains, de l’absence totale de plan et de tactique des deux côtés, soit dans l’attaque, soit dans la défensive.

1623. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

… La pièce la plus considérable qu’il ait composée dans les dernières années, et qui est d’une imagination aussi forte qu’élevée, a pour titre Le Chêne de Yardley ; elle lui avait été inspirée par un chêne antique qu’il avait vu dans ses promenades autour de Weston, et qui était réputé contemporain de la conquête des Normands.

1624. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Elle aimait sans doute en lui le fils d’un des contemporains et des adorateurs de sa jeunesse ; mais si ce fils n’avait pas eu du bon sens et de la solidité sous ses airs légers, s’il n’avait pas eu du fonds, elle ne lui aurait point été une si invariable amie et protectrice.

1625. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

On ne se met pas de gaieté de cœur dans cette mêlée des discussions contemporaines, dût-on se flatter de la dominer.

1626. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Les contemporains appelaient le marquis d’Argenson (pour le distinguer de son frère plus fin et plus poli) d’Argenson la bête : on conçoit, quand on a lu et vu le marquis en déshabillé avec toutes ses rudesses et ses grossièretés de nature, que des gens du monde, surtout sensibles à la forme, lui aient donné ce surnom-là ; mais il faut convenir que la bête avait de terribles instincts, et qu’elle devinait plus juste bien souvent que les soi-disant spirituels.

1627. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

On avait passé, ce semble, par toutes les phases d’opinions à son sujet, on avait fait le tour : après avoir écouté les témoins directs, les contemporains les plus émus, les plus intéressés et les plus contraires, on avait vu venir avec plaisir les historiens indépendants, ayant encore la tradition, mais sachant aussi s’en détacher et envisager les hommes et les choses du point de vue de la postérité.

1628. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Il avait la plume facile, distinguée, élégante, de cette élégance courante, qui ne se donne pas le temps d’approfondir, mais qui sied et suffit au compte rendu de la plupart des œuvres contemporaines.

1629. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

On y parvient au moyen de témoignages contemporains rapprochés et contrôlés, et surtout si l’on a, de la personne qu’on étudie, des lettres ou toute autre production directe de son âme ou de son esprit.

1630. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Viguier, ce savant émule et ce contemporain de tous nos maîtres, aurait tort de penser que, pour s’y prendre d’une autre sorte devant un public qui nous commande aussi et que nous avons à satisfaire, on ne l’a pas lu et qu’on n’a pas profité de son travail excellent.

1631. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

les contemporains et l’histoire, adoratrice elle-même du succès, leur accordent souvent plus qu’il n’est juste et au-delà de ce qu’ils ont mérité.

1632. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Je sens bien qu’il est resté fort au-dessous de ce qu’il pouvait être, mais il me paraît en même temps s’être élevé fort au-dessus de tous ses contemporains.

1633. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Allez au fond : dans ces règnes longs et glorieux que la reconnaissance ou l’admiration des contemporains ont consacrés, vous verrez que c’est le bon sens, « ce maître de la vie », qui y a présidé, au moins autant que la grandeur d’âme.

1634. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Voyons un peu par nous-mêmes ce qui en est de nos contemporains et comme ils se transforment plus ou moins complétement sous nos yeux.

1635. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

C’est comme un contemporain retardé par accident, venu un siècle après, et qui va compenser par surcroît d’efforts le temps perdu ; c’est un serviteur posthume de cette gloire dans laquelle, comme au premier jour, il va tout replacer.

1636. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

On les connaîtra plus tard et par leurs actions elles-mêmes, quand, en Touraine, ils assommeront à coup de sabots le maire et l’adjoint de leur choix, parce que, pour obéir à l’Assemblée nationale, ces deux pauvres gens ont dressé le tableau des impositions, ou quand, à Troyes, ils traîneront et déchireront dans les rues le magistrat vénérable qui les nourrit en ce moment même et qui vient de dresser son testament en leur faveur  Prenez le cerveau encore si brut d’un de nos paysans contemporains, et retranchez-en toutes les idées qui, depuis quatre-vingts ans, y entrent par tant de voies, par l’école primaire instituée dans chaque village, par le retour des conscrits après sept ans de service, par la multiplication prodigieuse des livres, des journaux, des routes, des chemins de fer, des voyages et des communications de toute espèce730.

1637. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Chateaubriand (suite) XXXIII Cet épisode eut plus de charme que le poëme : la société contemporaine, en retrouvant son pays et ses mœurs, sentit mieux la grandeur du peintre et l’universalité du pinceau.

1638. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il écrivait encore à l’empereur : « Assurons à ceux qui, par leurs qualités naturelles, leur naissance ou leur fortune, sont appelés à marcher au premier rang de la société… la culture de l’esprit la plus large… afin de fortifier l’aristocratie de l’intelligence au milieu d’un peuple qui n’en veut pas d’autre… » — Et c’est pourquoi il supprima la bifurcation en études scientifiques et littéraires, « qui sépare, disait-il, ce qu’on doit unir lorsqu’on veut arriver à la plus haute culture de l’intelligence » ; introduisit dans les lycées l’histoire contemporaine et quelques notions économiques ; restaura la classe de philosophie, si prospère aujourd’hui et suivie avec tant de passion par les mieux doués de nos enfants.

1639. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Le miracle que les filles d’Israël célèbrent dans le cantique de l’Exode, au son du tambourin de Miriame, les Danaïdes, leurs contemporaines, fuyant comme elles une poursuite impie, l’implorent d’un dieu différent. — « Ta droite, ô Éternel !

1640. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Il s’agissait d’arracher de l’alcôve et de traîner à demi-nu, sur la scène, un des plus vils scandales du monde contemporain ; il fallait aborder de front une forme de l’adultère qui aurait épouvanté Juvénal.

1641. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

En un mot, une information si ample, puisée à des sources si directes, servie d’un langage si lucide et si étranger aux prestiges, constitue, chez l’historien qui traite un sujet contemporain, la plus rare comme la plus sûre des impartialités.

1642. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Dans un art qui laisse aussi peu de traces, il est difficile, quand on juge à distance, de faire autre chose que de rapporter les témoignages des contemporains, et l’on n’a presque aucun moyen de les contrôler.

1643. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Ce qui décide des grands succès pour les ouvrages d’imagination, c’est lorsque la création de l’auteur est telle, qu’une foule de contemporains, à la lecture, croient aussitôt s’y reconnaître : ils s’y reconnaissent d’abord par quelques traits essentiels qui les touchent, et ils finissent par s’y modeler pour le reste.

1644. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Les témoins, les contemporains l’ont bien senti après sa mort.

1645. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

Bazin qu’il s’était fait le contemporain du xviie  siècle.

1646. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Après Villehardouin, qui demeure comme le premier monument à l’horizon, on a, même dans ces vieux siècles, une succession d’admirables tableaux d’histoire tracés par des témoins et des contemporains, Froissart, Commynes, et d’autres après eux.

1647. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

— C’est en des termes plus ou moins approchants que tous les derniers contemporains de Ninon parlent d’elle.

1648. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

C’est ainsi que ses poèmes mûrissent pendant des années avant de se produire au grand jour, selon le précepte d’Horace que Jasmin a retrouvé à son usage, et c’est ainsi que ce poète du peuple, écrivant dans un patois populaire et pour des solennités publiques qui rappellent celles du Moyen Âge et de la Grèce, se trouve être en définitive, plus qu’aucun de nos contemporains, de l’école d’Horace que je viens de nommer, de l’école de Théocrite, de celle de Gray et de tous ces charmants génies studieux qui visent dans chaque œuvre à la perfection.

1649. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Quand M. de Bonald parle de Bossuet, il se sent presque son contemporain, il l’appelle habituellement M. 

1650. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Comment serait-il possible, à cinq cents ans de distance, de prononcer que les Templiers étaient innocents ou coupables, lorsque les auteurs contemporains sont eux-mêmes partagés, ou plutôt sont en contradiction formelle les uns avec les autres ?

1651. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Ses contemporains nous le disent, et lui-même ne nous le cache pas.

1652. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

On l’a laissé mourir, il y a une douzaine d’années, en mai 1839, sans lui accorder assez d’attention : il avait, deux ans auparavant, en 1837, réglé en quelque sorte ses comptes avec le public en faisant imprimer les lettres et notes adressées par lui, dans le cours de onze années, à Bonaparte premier consul et empereur ; il y a joint une Introduction qui est un des meilleurs et des plus piquants morceaux d’histoire contemporaine.

1653. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Il ne connut jamais beaucoup cette première Antiquité simple, naturelle, naïve, de laquelle Fénelon était parmi nous comme un contemporain dépaysé : l’Antiquité de Montesquieu était plutôt cette seconde époque plus réfléchie, plus travaillée, déjà latine ; ou, pour mieux dire, il les confondait ensemble, et dans toutes les époques, à tous les âges des anciens, depuis Homère jusqu’à Sénèque et Marc Aurèle, il allait demander des traits ou des allusions faites pour rehausser la pensée moderne.

1654. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Les lettres de consolation qu’il adresse à certaines personnes qui ont perdu de leurs proches sont alambiquées, subtiles, et sentent encore moins le contemporain que le devancier prétentieux et un peu arriéré de Balzac.

1655. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

s’écria Rousseau : vous ne m’avez jamais dit du bien de vous. » J’en viens aux jugements de Grimm sur ses principaux contemporains, à commencer par Fontenelle.

1656. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker caractérise bien l’époque de Louis XVI et cette espèce de réaction modérée et sentimentale qui s’y manifestait contre les excès de l’école encyclopédique ; cet ouvrage est bien le contemporain des Études de la nature de Bernardin de Saint-Pierre, et de l’Anacharsis de l’abbé Barthélemy.

1657. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Voir l’idée moderne du droit et la Critique des systèmes de morale contemporains.

1658. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Quand il a touché aux grands mouvements d’opinion qui ont agité la Russie contemporaine, sa franchise a blessé de tous côtés.

1659. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Revue contemporaine.

1660. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Elle nous tire enfin, par quelque chose de véritablement important et d’élevé, de la littérature croupissante, — de la crapaudière envahissante du naturalisme contemporain.

1661. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Les grands courants de la bêtise contemporaine traversent majestueusement le livre de M. 

1662. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Contemporains de Rabelais, ils l’eussent traité de vil et de grossier bouffon.

1663. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Élevé, comme tous ses contemporains, dans le style exact et simple, il put noter ses idées avec vérité et avec précision.

1664. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Harald Hansen, car son enthousiasme me plaît, et j’aime les gens qui sont fiers de leur pays, quand ils ne haïssent pas le nôtre : « J’ajoute que cette même petite nation possède les deux plus grands compositeurs du Nord contemporain : Grieg et Svendsen, et que le rival d’Ibsen, Bjœrnson, le Victor Hugo du Nord, est encore plus lu, joué, discuté, haï, aimé qu’Ibsen. […] Le plus grand poète n’était pas, ne pouvait être alors le plus grand écrivain, mais celui qui, sous la forme usitée, avait exprimé avec le plus de sincérité et de force naïve les rêves et les sentiments de ses contemporains. […] Les contemporains de Roland ne sacrifient à la femme aimée rien de ce qu’ils savent lui être supérieur. […] Rzewuski est un de ceux qui ont le plus fait, depuis huit ou dix ans, pour répandre en Russie le goût de la littérature française contemporaine.

1665. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il a pour but de faire connaître dans quelles conditions et sur quelle matière travaillaient les auteurs de ce qu’on appelle la Comédie ancienne d’Athènes, c’est-à-dire Aristophane, ses prédécesseurs et ses contemporains. […] Les contemporains de Saint-Évremond ne trouvaient tragiques que le héros espagnol, ou le Romain de convention, ou l’Alexandre légendaire. […] C’est tout simplement ce que les contemporains de Racine appelaient « la noblesse » et quelquefois « la pompe ». […] Mais les contemporains avaient raison cependant. […] Eh oui ; c’étaient des hommes observés par un moraliste, puis recréés et revivifiés et illustrés, et illuminés par un poète ; et ce que les contemporains de Racine appelaient la « noblesse » était tout simplement la poésie.

1666. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Cette prodigalité de magnificences, ces somptueuses folies, ce débridement de l’imagination, cet enivrement des yeux et des oreilles, cet opéra joué par les maîtres du royaume marquent, comme la peinture de Rubens, de Jordaëns et de la Flandre contemporaine, un si franc appel aux sens, un si complet retour à la nature, que notre âge refroidi et triste est hors d’état de se les figurer255. […] Bien des fois, après avoir lu des poëtes de cet âge, je suis resté penché sur les estampes contemporaines, me disant que l’homme, esprit et corps, n’était pas alors celui que nous voyons aujourd’hui. […] Comme les peintres contemporains d’Italie, ils imaginent volontiers un bel enfant nu, traîné sur un char d’or, au milieu de l’air limpide, ou une femme éclatante de jeunesse debout sur les vagues qui viennent baiser ses pieds de neige. […] En même temps le noble paganisme chevaleresque dégénère en sensualité vile et crue340. « Le roi, dit un contemporain, vient de s’enivrer si bien avec le roi Christian de Danemark, qu’il a fallu les porter sur un lit tous les deux… » Les dames quittent leur sobriété, et dans les festins on les voit qui roulent çà et là prises de vin. « Dernièrement, dit un malin courtisan, dans un masque, la chose a fait scandale. […] Leurs écrits ressemblent aux puissantes et pesantes gravures des contemporains, aux cartes d’Hofnagel par exemple, si âpres et si instructives ; leur conception est poignante et précise ; ils ont le don d’apercevoir chaque objet non d’une façon générale, comme les classiques, mais en particulier et singulièrement.

1667. (1925) Dissociations

Aussi passa-t-il toutes ses années de liberté à chercher et il trouva du moins le principe de tant d’inventions modernes qu’il faut le ranger, en tant qu’homme de science, parmi les modernes : c’est un esprit contemporain. […] Encore quelques années et nous serons presque aussi avancés sur ce point qu’un contemporain de Sésostris ou que les barbares de tous les temps et de tous les pays. […] L’honnête homme contemporain a bien le respect de la correspondance, et jusqu’au scrupule, jusqu’à la peur.

1668. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

[NdA] Notice bio-bibliographique sur La Boétie, l’ami de Montaigne, suivie de la Servitude volontaire, donnée pour la première fois, selon le vrai texte de l’auteur, d’après un manuscrit contemporain et authentique.

1669. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

à la date de 1750, « c’est que la conception ou la patience à écouter diminue chaque jour, dit-il, parmi nos contemporains.

1670. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Laboulaye, et qui est fait pour étonner les contemporains survivants du célèbre publiciste.

1671. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Son Histoire a un peu l’inconvénient, presque inévitable, de toutes ces histoires contemporaines où l’on retrouve également, et à bien peu de différence près, l’analyse des mêmes débats parlementaires ; ce qui faisait dire à une femme d’esprit (la comtesse de Boigne) en fermant l’un de ces livres : « C’est bien, mais il me semble que je relis toujours mon Moniteur. » M. de Viel-Castel ne s’élève pas assez au-dessus de ses analyses pour envisager d’ensemble les situations et pour fixer les points de vue.

1672. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Je me suis fait une obligation de relire quelques-uns des jugements de la critique française contemporaine à ce sujet, notamment ce qu’en a dit, dans ses Salons de 1831 et de 1833, un écrivain fort surfait et à qui sa morgue a tenu lieu quelque temps d’autorité.

1673. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

La dignité des genres, comme la noblesse des conditions, n’existe que pour les contemporains, et la postérité ne retient jamais mieux un nom que quand il signifie, à lui seul, quelque chose d’à part et de neuf.

1674. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

D’autres recueils analogues, et sur le patron du sien, s’étaient refaits depuis, d’âge en âge, durant cette longue et lente décadence de la Grèce ; chaque fois seulement, on y faisait entrer une plus grande partie de poésies légères contemporaines, et comme le panier ne s’élargissait pas à proportion, il en tombait quelques-unes des anciennes : ce qui était à regretter, car la plupart de ces poésies nouvelles n’étaient que des imitations, et l’originalité avait disparu.

1675. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Viollet-Le-Duc a poussé ce genre de curiosité plus loin que personne avant lui ; par sa science précise de détail, il est véritablement contemporain de chaque moment du Moyen-Âge ; il est l’hôte familier de chaque classe et de chaque maison.

1676. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Un de nos contemporains au contraire, M. 

1677. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Il put continuer d’être cher à ses amis et leur tenir de fort beaux propos, leur prodiguer de généreux sentiments, et gémir plus haut que personne en se promenant avec eux le soir dans les allées du Luxembourg97 ; mais l’homme public ne comptait plus, il s’était brisé du même coup et devant ses contemporains et devant la postérité.

1678. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Malgré son âge et ses infirmités, il suivait avec une vive attention tous les faits contemporains.

1679. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Un bon nombre des psaumes ou cantiques, qui composent l’Homme de Désir, pourraient passer pour de larges et mouvants canevas, jetés par notre illustre contemporain, dans un de ces moments d’ineffable ébriété où il chante : Encore un hymne, ô ma lyre !

1680. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Ainsi, par exemple, quand il nettoie machinalement le portrait, et que son âme, durant ce temps, s’envole au soleil, tout d’un coup elle en est rappelée par la vue de ces cheveux blonds : « Mon âme, depuis le soleil où elle s’était transportée, sentit un léger frémissement de plaisir ;… » en imposer pour imposer ; sortir de sa poche un paquet de papier… Mais c’est assez : je tombais l’autre jour sur une épigramme du spirituel poëte épicurien Lainez, compatriote du gai Froissart et contemporain de Chapelle, qu’il égalait au moins en saillies ; il se réveille un matin en se disant : Je sens que je deviens puriste ; Je plante au cordeau chaque mot ; Je suis les Dangeaux à la piste ; Je pourrais bien n’être qu’un sot.

1681. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

La comédie contemporaine n’est plus chez vous, pouvait-il dire au Théâtre-Français, elle est toute où je suis, dans l’Héritière, dans la Demoiselle à marier, dans cette foule de pièces chaque soir écloses, que chacun nomme et que je ne compte plus.

1682. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il entra à l’cole normale dans les premiers temps de la fondation, y fut contemporain et condisciple des Cousin, des Viguier, des Patin ; il y devint maître comme eux.

1683. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

M. de Saci, tout de Port-Royal qu’il était, dans ses Enluminures de l’Almanach des Jésuites, n’échappe pas à cette veine persistante ; c’est ainsi que ses vers des Racines grecques iraient mieux à quelque grammairien des bas temps qu’à un contemporain de Pascal.

1684. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Au sein de cette régénération universelle d’alors qui s’opérait simultanément dans les lois, dans la religion, dans les lettres, les publications de MM. de Ségur et d’Hauterive eurent donc leur part ; elles contribuèrent à remettre sur un bon pied et à restaurer, en quelque sorte, la connaissance historique et diplomatique contemporaine.

1685. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Réveil de l’esprit chevaleresque Marot séduisit les contemporains comme la postérité : en vain Sagon et quelques envieux l’attaquèrent.

1686. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Le Néo-hellénisme (les Contemporains, première série.)

1687. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

On sait que le roman, œuvre d’amusement et de pure imagination à l’origine, s’est transformé peu à peu, qu’il a serré de plus en plus la réalité, qu’il tend à devenir une peinture véridique et minutieuse de toute la vie contemporaine.

1688. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Dès la première rencontre, il se bat éperdument. « Après avoir tiré à bout portant ses deux pistolets, il désarme de sa main et fait prisonnier un capitaine de cuirassiers de l’empereur. » Nous savons par les témoignages des contemporains qu’il donnait toujours de sa personne dans la mêlée, que le combat l’enivrait et le transfigurait, et qu’il apparaissait alors, les yeux flamboyants, tout rouge de sang, « pareil au dieu Mars ».

1689. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Les critiques contemporains n’avaient pas manqué de reconnaître, la prévention aidant, par où péchaient les Caractères.

1690. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

« Les savants, les fonctionnaires, les intellectuels de toute sorte s’ils sont les représentants de la culture moderne, se trouvent en revanche, par suite du mécanisme de la vie contemporaine, presque privés de tout contact avec la sphère d’activité des politiciens et des hommes d’affaires.

1691. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Je ne sais guère, dans le théâtre contemporain, de figure plus attendrissante que celle de Raymonde, plus amoureusement femme et mère, mieux relevée par le repentir.

1692. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

On lit à ce propos, dans un journal tenu par un curieux du temps, la note suivante, qui nous donne au juste le ton des contemporains sur Lesage : Lesage, auteur de Gil Blas, vient de donner (janvier 1733) la Vie de M. de Beauchêne, capitaine de flibustiers.

1693. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Maintenon, toute bonne paroissienne qu’elle la croyait, sentait bien pourtant que cette nièce charmante n’était pas devenue une recluse, et qu’elle recevait des amis de toute espèce : « Vous savez bien vous passer des plaisirs, lui disait-elle, mais les plaisirs ne peuvent se passer de vous. » Telle était Mme de Caylus autant qu’on la peut ressaisir d’après quelques pages où ne se trouve encore que la moindre partie d’elle-même : mais, avec l’aide des témoignages contemporains, nous sommes sûrs du moins de ne lui avoir rien prêté en cherchant à la définir.

1694. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

De plus, presque tous les personnages qui figuraient dans les romans de Mlle de Scudéry étaient des vivants et des contemporains dont on savait les noms, dont on reconnaissait les portraits et les caractères, depuis le Grand Cyrus dans lequel on voulait voir le Grand Condé, jusqu’à Doralise qui était Mlle Robineau.

1695. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Pour échapper à ces dégoûts, à cette inaction forcée et à cette attente d’un changement qui, de près et pour les contemporains, semblait si long à venir, M. de Maistre, durant son exil de Saint-Pétersbourg, se jette plus que jamais dans l’étude ; il se sent plus que jamais brûlé de la fièvre du savoir : c’est un redoublement qui ne se peut décrire.

1696. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

On peut juger un homme public, mort ou vivant, avec quelque rudesse ; mais il me semble qu’une femme, même morte, quand elle est restée femme par les qualités essentielles, est un peu notre contemporaine toujours ; elle l’est surtout quand elle n’a cessé de se continuer jusqu’à nous par une descendance de gloire, de vertu et de grâce.

1697. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Il avait des parties bien autrement élevées et rares que La Harpe, Marmontel, et les autres contemporains ; il avait de la portée et de la distinction, jointe à la plus exquise délicatesse.

1698. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Certes, à tout prendre, et surtout pour les contemporains, c’était quelqu’un que M. de La Harpe, et je crois l’avoir assez fait sentir dans mon premier jugement.

1699. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Ces articles du lundi ont souvent provoqué des éditions et réimpressions d’ouvrages dont j’avais parlé avec éloge ; cette fois ça été mieux, et il en est sorti toute une aimable inspiration, tout un roman : La Comtesse de Bonneval, histoire du temps de Louis XIV, par lady Georgina Fullerton, livre délicat dans lequel une plume toute française, qu’on dirait contemporaine des personnages qu’elle produit, s’est plu à retracer, à restituer l’enfance de Judith de Biron, à nous raconter les sentiments de la jeune fille ayant son mariage avec le comte de Bonneval, de telle sorte que les lettres qu’on a d’elle n’en soient plus qu’une suite naturelle et qu’on y arrive tout préparé.

1700. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Les contemporains les mieux informés, et qui ne se payent pas de réponses officielles, savent très bien comment l’illusion du maréchal Marmont, que M. de Bourmont favorisait de son mieux, dura jusqu’au dernier instant.

1701. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Je ne crois nullement, comme l’a dit un esprit d’ailleurs judicieux, que Les Ruines constituent un type dans notre littérature : mais c’est en effet un livre qui, par le ton, est bien le contemporain de certaines formes de David en peinture, de Marie-Joseph Chénier et de Le Brun en poésie.

1702. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Charlton Bastian, qu’a publiée la Revue philosophique d’avril 1892, l’auteur soutient d’abord, avec beaucoup de psychologues contemporains, que la volition n’est pas « la faculté primordiale » mais un développement ultérieur de l’attention.

1703. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Presque tout le théâtre de Casimir Delavigne, d’Emile Augier, de Ponsard est rédigé dans ce style, qui est aussi celui des Janin, des About, des Méry, des Feuillet . « C’était, dit About, comme un roseau fêlé qui plie sous la main du voyageur. » Ici le copiste amis une date au bas de sa sottise ; elle est certainement contemporaine de la vogue du « Vase brisé ».

1704. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Au fond, l’œuvre de l’artiste sera la même que celle du savant ou encore de l’historien : « découvrir les faits significatifs, expressifs d’une loi ; ceux qui, dans la masse confuse des phénomènes, constituent des points de repère et peuvent être reliés par une ligne, former un dessin, une figure, un système. » Le grand artiste est évocateur de la vie sous toutes ses formes, évocateur « des objets d’affection, des sujets vivants avec lesquels nous pouvons entrer en société6. » Le génie et son milieu social, dont les rapports ont tant préoccupé les esthéticiens contemporains et surtout M. 

1705. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Dans nos Problèmes d’esthétique contemporaine, nous avons montré que le sentiment de l’utile n’exclut pas toujours le plaisir du beau ; nous avons réfuté ainsi certaines exagérations de Kant et des évolutionnistes, qui rejettent de la beauté toute finalité, même immédiatement sentie.

1706. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Il faut, pour trouver son analogue, comparer nos contemporains, chez qui la tradition gauloise s’est altérée de toutes celles que nous nous sommes assimilées depuis 1830 : Gérard de Nerval, qui touche aux humoristes allemands ; Musset le disciple du Shakespeare des comédies ; Gautier l’exotique.

1707. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Sans doute si l’on considère combien peu d’hommes dans une société, quelque civilisée qu’elle soit, méritent le nom d’hommes éclairés, combien peu même ont les connaissances strictement nécessaires, combien enfin les idées dans l’homme sont voisines des passions, on peut craindre que cette émancipation des esprits, cette rupture avec toute tradition, cet appel à la raison individuelle, cette liberté de penser en tous sens ne soit la source de bien des maux, et je reconnais qu’il faut avoir l’esprit ferme pour envisager sans terreur l’avenir inconnu vers lequel marche la société contemporaine.

1708. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

L’admiration, générale qu’il obtint sans la mériter soutint le désir de savoir ; le goût des futilités scolastiques passa, celui de la vraie science parut, et tous les grands hommes des siècles suivants sortirent d’autour de ces chaires qu’avaient autrefois occupées Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Abeilard, Jean Scot, et qu’occupent aujourd’hui des maîtres à peu près leurs contemporains d’études.

1709. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

D’ailleurs cette conjecture est réfutée par les mêmes sujets tout autrement exécutés par des artistes antérieurs ou même contemporains.

1710. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Le Capitolium est une antiquité du premier Empire, — non l’Empire de César, — mais l’Empire de Napoléon ; Le Capitolium est contemporain, — non des commentaires de bello gallico, — mais des tragédies de M. de Lancival et de M. de La Harpe.

1711. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Ces lourdes ténèbres qui nous font si souvent contemporains du roi Saul m’enserrent.

1712. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

L’homme a besoin d’être aidé à produire ses pensées ; s’il n’a pas la confiance intime d’un appui dans l’opinion ou le sentiment de ses contemporains, il s’effraie de sa solitude ; s’il ne sent pas dans les autres l’influence qu’il se croyait appelé à exercer, le découragement vient le saisir, et il garde un silence qui le dévore : il n’est pas assez assuré dans sa propre conscience parce qu’il est éminemment un être social.

1713. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Dans le romantisme contemporain que ceux qui sont venus après ce romantisme nous feront adorer, M. 

1714. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Mais l’on peut dire souvent que deux contemporains représentent deux époques distinctes, fussent-ils même assez rapprochés par l’âge.

1715. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

La chute et les légendes héroïques de l’Empire ouvrirent une source nouvelle aux imaginations françaises ; et, sans partialité contemporaine, il faut, dans l’époque qui suivit, reconnaître un âge poétique.

1716. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

De là des rapprochements d’une amusante extravagance, bien que tout n’y soit pas absurde, et qu’il s’y rencontre des lueurs, et que, souvent aussi, il ne faille sans doute y voir que des satires ou flétrissures détournées des contemporains, par la peinture de leurs « doubles » de jadis. […] « L’étonnement dut être grand lorsque Rousseau vint à jeter parmi ses contemporains abâtardis l’homme vierge de la nature. » Jusque-là, Chateaubriand n’est, en effet, qu’un disciple de Rousseau. […] Notez que l’aventure prodigieuse et la gloire de l’empereur ont surexcité un nombre considérable de ses contemporains et des hommes de la génération suivante et, particulièrement, dans les lettres, Chateaubriand, Victor Hugo, Balzac et, je crois même, Stendhal. […] C’est un grand écueil pour la modestie et pour le bon sens que d’être celui qui a le don de faire plus de métaphores que ses contemporains. […] J’ai déjà parlé de l’émulation que la fortune de Napoléon avait suscitée chez les plus forts de ses contemporains.

1717. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

« … Dans les pièces de Molière les plus sérieuses par le fond, ses contemporains affectaient de voir surtout des bouffonneries : dans ses pièces les plus bouffonnes, nous affectons de flairer des drames. […] On pourrait presque dire que l’invisible multitude des âmes contemporaines, — j’entends celles qui ont quelque noblesse et qui sont capables d’inquiétude, — sollicite et détermine, par je ne sais quelle pression, quelle pesée obscure, les inventeurs à produire leurs chefs-d’œuvre. […] Et cette demi-conscience et cette terreur de son propre rastaquouérisme suffisent à rajeunir le type, à le distinguer de tous les autres Brésiliens qu’on nous a montrés et à nous le faire étroitement contemporain, puisqu’elles supposent, en effet, tout un long passé de plaisanteries sur les rastaquouères… Les autres personnages, Yvonne, Jacques et Chambreuil, n’ont point de signes particuliers et ne sont de cette année-ci (ou tout au plus de l’année dernière) que par l’accent et par le ton. […] Meilhac et Halévy consiste à introduire, comme en souriant, les moyens traditionnels de l’ancienne comédie dans l’étude ironique et légère des mœurs contemporaines). […] etc… Et dire que ce vieux goût romantique pour Marie-Madeleine est peut-être tout ce qui reste de christianisme à la plupart de nos contemporains !

1718. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Presque tous ceux de ses aînés ou de ses contemporains que nous aimons le plus ont été l’objet de ses venimeuses et inintelligentes attaques. […] Ses préférences dans le théâtre contemporain ont été exactement, jusqu’au bout, celles de Mimi Pinson, ou même de Dumanet. […] D’être trop aimé, ô mes veules contemporains, cela vous irrite d’abord par le sentiment d’une sorte de mainmise sur vous malgré vous, et par les responsabilités et les devoirs que cela vous impose, quoi que vous fassiez, et auxquels votre lâcheté veut se soustraire. […] Brevet supérieur appartient à la même poétique, — observation aiguë des mœurs contemporaines dans une fable agréablement surannée, — que la Veuve ou que la Cigale. […] Zola et pour un des chefs-d’œuvre du théâtre contemporain, a été mêlée et douteuse.

1719. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Ses contemporains ne voyaient pas que dans une âme ardente, dans une imagination aussi vive et aussi riche que la sienne, la négation devenait une affirmation passionnée, une fureur de destruction et de vengeance qui touchait de plus près qu’on ne le croit à la réhabilitation de la religion dans le sentiment naturel. […] Le jour où elle s’élèvera jusqu’à l’idéal, jusqu’à l’enthousiasme de son modèle, elle pourra jouer un grand rôle et arrêter la décadence de la littérature contemporaine. […] Nicolas Martin fut chargé d’une mission littéraire en Allemagne, et il en rapporta une série d’études sous le titre de Poètes contemporains en Allemagne. […] L’Allemagne est le pays des hallucinations de l’intelligence ; l’ombre de ses antiques forêts contemporaines de Tacite obscurcit encore son génie ; elle y a laissé des traînées de vertige et d’obscurité. […] Leur action sur la poésie contemporaine fut analogue à celle de Malherbe et des Précieuses sur la poésie du xviie  siècle.

1720. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Si vraiment, nous voulons vivre au quinzième siècle, que de choses nous devons oublier : sciences, méthodes, toutes les acquisitions qui font de nous des modernes… Tel historien, tel paléographe est impuissant à nous faire comprendre les contemporains de la Pucelle. […] On ne pouvait pas causer une demi-heure avec Lamartine sans qu’il vous fît l’éloge de vingt « grands poètes » contemporains, qu’il n’avait jamais lus. […] Par exemple, on verra, ici mieux qu’ailleurs, combien Quinet, si nuageux quand il se perd dans la philosophie de l’histoire, fut un bon observateur des choses politiques contemporaines et vit juste en cela, de manière à être prophète, — hélas ! […] Il voit vieillir ses contemporains, ses amis, ses disciples, ses neveux, en vérité même ses fils. […] Il a donné Les Contemporains, les Impressions de théâtre, Myrrha, Serenus, La Révoltée, Le Mariage blanc, Les Bois, L’Aînée, Le Pardon, etc.

1721. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Weiss a dit de moi : « Sans qu’on y prenne garde, c’est le plus intrépide des écrivains contemporains !  […] Catulle Mendès vient de publier chez Charpentier : « roman contemporain », a ajouté l’auteur. […] Autrement la promiscuité et les alliances qui existent de toute éternité dans les familles de lapins resteraient, pour la postérité, le spécimen humiliant de nos soi-disant « mœurs contemporaines ». […] Joignez-y une rare fidélité, je voudrais dire honnêteté, dans le rendu des impressions, et vous vous expliquerez le rang que ses œuvres, une à une et à hauteur égale, prennent dans la littérature contemporaine. […] L’auteur, qui sait tout voir et bien voir, nous initie aux détails journaliers des mœurs anglaises contemporaines.

1722. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

La conversation que je vais reproduire fixera, je l’espère, ce petit point de l’histoire contemporaine. […] C’est une des meilleures études sur les mœurs militaires contemporaines qui aient paru jusqu’à ce jour. […]   Narrer, enseigner, même décrire, cela va et encore qu’à chacun suffirait peut-être, pour échanger toute pensée humaine, de prendre ou de mettre dans la main d’autrui en silence une pièce de monnaie, l’emploi élémentaire du discours dessert l’universel reportage dont, la Littérature exceptée, participe tout, entre les genres d’écrits contemporains.

1723. (1923) Nouvelles études et autres figures

Autant dire que ce discours est un livre considérable ; et il l’est dans tous les sens, car il nous expose, clairement et sans longueur, simplement et sans effet oratoire, une des découvertes les plus curieuses de l’érudition contemporaine. […] Il semble que le malheureux, l’accusé, doive tout à ses prédécesseurs à et ses contemporains. […] Les contemporains n’en jugèrent pas ainsi. […] Il fut aussi discret envers la gloire qu’il était réservé dans la vie, et cette discrétion l’a autant servi près de la postérité qu’elle l’a peut-être desservi près de ses contemporains. […] Les contemporains n’ont pas vu que, de toutes les réfutations du Génie du christianisme, son livre est la seule qui ait porté.

1724. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

et n’allez pas vous fier à ces façons de dire, encore moins pour l’aimable Aïssé ; elle était quelque chose de léger, de ravissant, de tout fait pour prendre les cœurs ; ses portraits le disent, la voix des contemporains l’atteste, et le sans-façon même dont elle accommode ses diminutions de santé ressemble à une grâce88. […] Le nom de Grèce se mariait volontiers à celui d’Aïssé dans l’esprit des contemporains.

1725. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Addison choisit souvent pour lieu de promenade la sombre abbaye de Westminster, pleine de tombes. « Il se plaît à regarder les fosses qu’on creuse et les fragments d’os et de crânes que roule chaque pelletée de terre », et considérant la multitude d’hommes de toute espèce qui maintenant confondus sous les pieds ne font plus qu’une poussière, il pense au grand jour où tous les mortels, contemporains, apparaîtront ensemble919 » devant le juge, pour entrer dans l’éternité heureuse ou malheureuse qui les attend. […] Il y en a plusieurs dans Addison : l’observateur taciturne, William Honeycomb, le campagnard tory, sir Roger de Coverley, qui ne sont pas des thèses satiriques, comme celles de La Bruyère, mais de véritables individus semblables et parfois égaux aux personnages des grands romans contemporains.

1726. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Thiers se dessine entre tous ses contemporains. […] Thiers va de lui-même au-devant de ce reproche dans cette belle page de son premier livre : « C’est, dit-il, cette partie de notre histoire contemporaine que je vais raconter aujourd’hui.

1727. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

« Quand j’aurai chanté en moi-même et pour quelques âmes musicales comme la mienne, qui évaporent ainsi le trop-plein de leur calice avant l’heure des grands soleils, je passerai ma plume rêveuse à d’autres plus jeunes et plus véritablement doués que moi ; je chercherai dans les événements passés ou contemporains un sujet d’histoire, le plus vaste, le plus philosophique, le plus dramatique, le plus tragique de tous les sujets que je pourrai trouver dans le temps, et j’écrirai en prose, plus solide et plus usuelle, cette histoire, dans le style qui se rapprochera le plus, selon mes forces, du style métallique, nerveux, profond, pittoresque, palpitant de sensibilité, plein de sens, éclatant d’images, palpable de relief, sobre mais chaud de couleurs, jamais déclamatoire et toujours pensé ; autant dire, si je le peux, dans le style de Tacite ; de Tacite, ce philosophe, ce poète, ce sculpteur, ce peintre, cet homme d’État des historiens, homme plus grand que l’homme, toujours au niveau de ce qu’il raconte, toujours supérieur à ce qu’il juge, porte-voix de la Providence qui n’affaiblit pas l’accent de la conscience dont il est l’organe, qui ne laisse aucune vertu au-dessus de son admiration, aucun forfait au-dessous de sa colère ; Tacite, le grand justicier du monde romain, qui supplée seul la vengeance des dieux, quand cette justice dort ! […] Quant à moi, depuis que j’ai vu l’histoire vraie derrière les rideaux, et que je lis l’histoire travestie dans les récits contemporains, je n’en crois plus un seul mot ; c’est plutôt le réceptacle de toutes les contre-vérités.

1728. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il imitait de Corneille la politique, les sentences ; il imitait de la société contemporaine, où le ton était donné par les Précieuses, le galant et le tendre, qu’on prenait pour le langage de l’amour. […] Je conviens que ces jeunes filles grecques, juives ou romaines, dans la fable de Racine, sont plus de notre pays que du leur, plus contemporaines du siècle de Louis XIV que de la Grèce héroïque ou de la Rome des Césars.

1729. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Pour qu’une œuvre poétique puisse avoir une influence vivante sur la sensibilité contemporaine, il est nécessaire qu’elle ait été touchée par les lèvres des femmes, que les femmes aient plongé en elle leur visage comme en une rose. […] On trouvera, dans cette étude, une synthèse de la poésie féminine contemporaine, dont je n’ai dédaigné aucune des manifestations. […] … Avec un geste vague Et la phrase ambiguë qui semble dire non… Dans les Accords, l’originalité de la forme s’accentue, se précise : les vers de Mlle Koeberlé, loin d’avoir cette fougue, cette frénésie qui caractérisent la poésie féminine contemporaine, sont au contraire d’une extrême sagesse, d’une ferveur refrénée.

1730. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Nous aurions lieu de penser sur le témoignage de leurs contemporains et des siécles suivans, que ces auteurs étoient admirables dans l’expression. […] Je suis persuadé que nos commentateurs ne sont pas quelquefois plus heureux dans leurs exclamations ; et qu’ils louent bien des choses que les contemporains censuroient. […] Pour commencer par le plaisir que l’iliade a fait aux contemporains d’Homere, il s’en offre d’abord une foule de raisons.

1731. (1842) Discours sur l’esprit positif

Tel est le double but philosophique de l’élaboration fondamentale, à la fois spéciale et générale, que j’ai osé entreprendre dans le grand ouvrage indiqué au début de ce Discours : les plus éminents penseurs contemporains la jugent ainsi assez accomplie pour avoir déjà posé les véritables bases directes de l’entière rénovation mentale projetée par Bacon et Descartes, mais dont l’exécution, décisive était réservée à notre siècle. […] Forte de tels antécédents, scientifiques et logiques, pure d’ailleurs des diverses aberrations contemporaines, elle se présente aujourd’hui comme venant enfin d’acquérir l’entière généralité philosophique qui lui manquait jusqu’ici : dès lors, elle ose entreprendre, à son tour, la solution, encore intacte, du grand problème, en transportant convenablement aux études finales la même régénération qu’elle a successivement opérée déjà envers les différentes études préliminaires. […] En achevant cette sommaire appréciation, il importe d’y remarquer l’heureuse corrélation qui s’établit naturellement entre un tel esprit philosophique et les dispositions, sages mais empiriques, que l’expérience contemporaine fait désormais prévaloir de plus en plus, aussi bien chez les gouvernés que chez les gouvernants.

1732. (1940) Quatre études pp. -154

Pareille fortune, Elisabeth Barrett, sa contemporaine, ne l’a pas eue ; mais je ne sais si elle n’a pas obtenu des dieux une plus précieuse faveur. […] « Aucun âge n’a été moins lyrique, a écrit Carducci, que les cinquante ou soixante premières années du dix-huitième siècle ; âge abondant en recherches audacieuses, en pensées effrontées, en découvertes décisives, et où l’on trouve sur son chemin tout le bien et tout le mal — mais non point de poésie ; âge qui manque tout particulièrement de poésie en vers32. » Écoutons un des penseurs qui, installés en Hollande à la fin du dix-septième siècle, au point de croisement des routes européennes, ont alors dirigé leurs contemporains vers les temps nouveaux ; écoutons Jean Le Clerc, le journaliste international, le savant, le philosophe, l’historien. […] Poésie misérable, j’en conviens ; mais poésie cependant, puisque toute poésie est relative à son temps, aux goûts des contemporains, à leurs habitudes, à leurs désirs. […] * * * Aucun penseur ne semble avoir exercé sur le dix-huitième siècle une influence égale à celle de Locke, qui a donné à ses contemporains et à leurs successeurs immédiats exactement ce qu’ils demandaient : un moyen de se soustraire à la métaphysique, et de ramener sur la terre une pensée qui, jusque-là, s’obstinait à scruter le ciel.

1733. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

On voit que nous sommes loin de la réalité contemporaine. […] Elle s’est germanisée aussi à la lecture de Schopenhauer, — que, décidément, nos actuels bas-bleus vengent bien du dédain de ses contemporaines, — et de Mme Ackermann. […] Nous aurons peut-être, nous les heureux contemporains des demi-vierges et des demi-sexes, un demi-inceste de plus. […] VIII Quelques mères gigognes Nous avons déjà rencontré plusieurs de ces fécondes poseuses de lapins littéraires qui contribuent grandement à transformer la littérature contemporaine en une Australie famélique. […] *** Au lieu de démolir le roman quelconque et les nouvelles médiocres de Jean Dornis, je recommanderai son manuel sur la Poésie italienne contemporaine.

1734. (1887) George Sand

Car il est ample, aisé, généreux, et nul mot ne semble mieux fait pour le caractériser que ce mot des anciens : Lactea ubertas, une abondance de lait, un ruissellement copieux et bienfaisant de mamelle nourricière », Et l’image entraîne une hardie et charmante apostrophe à la « douce Io du roman contemporain »11. […] Quand elle ne servirait qu’à nous consoler, par quelques-unes de ses œuvres, de l’excès et du débordement du naturalisme contemporain, elle aurait eu raison d’écrire, même pour nous, même pour ce qui s’appelle la postérité. […] C’est celle dont l’image s’est imposée à l’esprit de ses contemporains, dans l’ivresse de la jeunesse et des premiers triomphes, celle qui vivait tantôt en étudiant ou en artiste, tantôt en pèlerin, sous des habits d’homme, dans le quartier Latin ou sur toutes les routes de l’Europe et particulièrement sur les grands chemins de la bohème et autres pays imaginaires, abandonnant sa vie aux hasards des bons ou des mauvais gîtes, à la camaraderie des voyageurs de rencontre, dont elle illumine un instant le personnage des feux de son imagination, dont elle partage ou subit l’aventureuse hospitalité, les étranges fantaisies, les passions irréparables. […] Tout le temps qu’elle a vécu, elle a écrit, et par là elle a puissamment agi sur ses contemporains ; c’est agir assurément que d’agiter ainsi les esprits d’un temps, d’inquiéter les consciences, d’y produire ces grands mouvements de sympathie ou d’antipathie qui sont les flux et les reflux de l’opinion publique. […] D’elle-même, elle serait restée volontiers en dehors de ces fantaisies étourdissantes, de ces vives saillies, de cette gymnastique alerte de l’idée, de ces attaques et de ces ripostes où excellaient quelques-uns de ses contemporains et de ses amis ; elle aurait fait, parmi eux, triste figure si l’on n’avait connu d’ailleurs la haute valeur de cette intelligence.

1735. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

[NdA] Ce tact, je dois le dire, lui a été contesté par des contemporains judicieux : j’ai surtout en vue la première moitié de sa carrière.

1736. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Il le força, comme il avait fait pour Muller, de croire à son avenir et de compter sur la justice des contemporains.

1737. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Il n’y a que les contemporains qui aient toutes les qualités, et à la fois les plus contradictoires ; nous serons plus sobres avec les anciens et avec nos classiques : cette sobriété sera elle-même un hommage.

1738. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Ce qu’on appelle les Romances du Cid, d’après lesquelles Guillem de Castro a fait la pièce de théâtre imitée par Corneille, est un assemblage de chants populaires, de date plus ou moins ancienne, qui ont été recueillis pour la première fois au commencement du xvie  siècle et qu’on a légèrement modernisés ; mais il en est qui remontent à une haute antiquité et qui semblent presque contemporains, par le fond, du précédent poème.

1739. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Portraits contemporains, édit. de 1869, au tome I, page 214.

1740. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Cette « démarche violente », comme lui-même la qualifie, coïncidait avec l’arrivée de Moreau au quartier général des Alliés : elles se lièrent et se confondirent dans la pensée des contemporains.

1741. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Camille Rousset, on lit un couplet sur Ninon, et en marge une annotation curieuse d’un anonyme contemporain qui paraît des mieux informés.

1742. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Il ne dit pas le moins du monde, comme le suppose l’auteur d’ailleurs si impartial et si sagace d’une Histoire de la philosophie française contemporaine : « Voilà des personnes dignes de foi, croyez-les ; cependant n’oubliez pas que ni vous ni ces personnes n’avez la faculté de savoir certainement quoi que ce soit. » Mais il dit : « En vous isolant comme Descartes l’a voulu faire, en vous dépouillant, par une supposition chimérique, de toutes vos connaissances acquises pour les reconstruire ensuite plus certainement à l’aide d’un reploiement solitaire sur vous-même, vous vous abusez ; vous vous privez de légitimes et naturels secours ; vous rompez avec la société dont vous êtes membre, avec la tradition dont vous êtes nourri ; vous voulez éluder l’acte de foi qui se retrouve invinciblement à l’origine de la plus simple pensée, vous demandez à votre raison sa propre raison qu’elle ne sait pas ; vous lui demandez de se démontrer elle-même à elle-même, tandis qu’il ne s’agirait que d’y croire préalablement, de la laisser jouer en liberté, de l’appliquer avec toutes ses ressources et son expansion native aux vérités qui la sollicitent, et dans lesquelles, bon gré, mal gré, elle s’inquiète, pour s’y appuyer, du témoignage des autres, de telle sorte qu’il n’y a de véritable repos pour elle et de certitude suprême que lorsque sa propre opinion s’est unie au sentiment universel. » Or, ce sentiment universel, en dehors duquel il n’y a de tout à fait logique que le pyrrhonisme, et de sensé que l’empirisme, existe-t-il, et que dit-il ?

1743. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

En 1772, à propos du vingtième qui se perçoit sur le revenu net des immeubles, l’intendant de Caen, ayant fait le relevé de ses cotes, estime que, sur cent cinquante mille, « il y en a peut-être cinquante mille dont l’objet n’excède pas cinq sous et peut-être encore autant qui n’excèdent pas vingt sous654. » Des observateurs contemporains constatent cette passion du paysan pour la propriété foncière. « Toutes les épargnes des basses classes, qui ailleurs sont placées sur des particuliers et dans les fonds publics, sont destinées en France à l’achat des terres. » — « Aussi le nombre des petites propriétés rurales va toujours croissant.

1744. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Il fit même pour cela de telles dépenses, que non seulement ses contemporains et ce siècle, mais la postérité ont immensément perdu en perdant un tel homme.

1745. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Ce qui a plus de prix, c’est le naturel des sentiments, justement senti, curieusement développé par une intuition spontanée : à force de ne pas se guinder, à force de facilité à retrouver dans l’antiquité évangélique et biblique tout le détail de la vie contemporaine, nos découpeurs des Livres saints, sans art, sans goût, sans style, ont donné à quelques scènes un air de vérité aisée, qui est près de charmer, Il y a des coins de pastorale gracieuse dans le Vieux Testament, dans la Passion : mais surtout il y a quelques commencements heureux d’expression dramatique des caractères.

1746. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

On le supposerait volontiers contemporain d’une autre époque (disons un frère cadet du vieux Chrestien de Troyes), s’il ne se liait à celle-ci par la modernité de son art dont la noblesse quasi féodale rappelle pourtant l’or et l’argent, l’hermine et le vair et les quatre émaux héraldiques ; — mais tout notre art ne regarde-t-il pas sur la route, derrière soi, autant qu’il discerne les choses attendues et qui viendront ?

1747. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Sa théorie du goût85 menait là un public tombé de cette hauteur d’attention ou les sévères méthodes littéraires du dix-septième siècle avaient élevé les contemporains.

1748. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Nous sommes bien éloignés de vouloir avilir nos Contemporains : mais quelle comparaison entre ces temps de grandeur & d'élévation, de franchise & de bonne foi, où la soumission religieuse contenoit les esprits, fixoit les sentimens, régloit les mœurs, & ce temps de vertige où tout paroît permis, où l'on n'est retenu par aucun frein, où l'on craint plus de manquer aux bienséances qu'à la vertu, où les rangs décident la Justice, où l'intérêt public est continuellement sacrifié à l'intérêt particulier ?

1749. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Saint-Just bientôt va jouer au Caton et au Lycurgue ; mais, à l’exemple de tous les réformateurs de la fin du xviiie  siècle, ce Lycurgue a été contemporain de De Sade, et on le sent d’abord.

1750. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Essais de psychologie contemporaine, Éd.

1751. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Et tous ces états, les normaux comme les anormaux, résultent d’une disposition physiologique héréditaire à laquelle rien ne peut être changé, si ce n’est dans une petite mesure par des circonstances fortuites, indépendantes absolument de l’individu lui-même : le milieu où il naît, l’éducation qu’il reçoit, la pénétration intellectuelle dont il dispose et qui lui permettra d’intervenir avec plus ou moins de bonheur dans sa physiologie, l’état peut-être de la science médicale contemporaine.

1752. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Je n’attends rien et j’espère cependant quelque chose d’impossible, un transport, je ne sais comment, loin des milieux où je vis, loin des journaux annonçant ou n’annonçant pas le passage du Tessin par les Autrichiens, loin de mon moi, contemporain, littéraire et parisien, un transport qui me jetterait dans une campagne couleur de rose, semblable à la Folie de Fragonard, gravée par Janinet, — et où la vie ne m’embêterait pas.

1753. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Puis une trop belle syntaxe, une syntaxe à l’usage des vieux universitaires flegmatiques, une syntaxe d’oraison funèbre, sans une de ces audaces de tour, de ces sveltes élégances, de ces virevoltes nerveuses, dans lesquelles vibre la modernité du style contemporain… et encore des comparaisons non fondues dans la phrase, et toujours attachées par un comme, et qui me font l’effet de ces camélias faussement fleuris, et dont chaque bouton est accroché aux branches par une épingle… et toujours encore des phrases de gueuloir, et jamais d’harmonies en sourdine, accommodées à la douceur des choses qui se passent ou que les personnes se disent, etc.

1754. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Au fond dans les tableaux hippiques, il y a une convention pour le galop… On fait tous les chevaux galopants maintenant, à l’image de Pégase, les quatre pieds dans l’air, et le dévorant… et jamais le galop, à moins d’un éloignement infini, ne se présente ainsi… Enfin c’est la mode moderne… Le curieux, tu connais les bas-reliefs du Parthénon, eh bien, je les ai étudiés à fond, c’est extraordinairement juste… bien plus juste que tous les Horace Vernet du monde… Il y a là dedans une volte d’un cheval sur ses pieds de derrière… c’est d’une rouerie… Oui, dans ces bas-reliefs, c’est tout le contraire, du galop contemporain… toujours les deux jambes de derrière sont ramassées sous l’arrière-train… pourquoi cela ?

1755. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

« Une pareille doctrine, dit-il, est particulièrement dangereuse à l’époque où nous sommes : nos contemporains ne sont que trop enclins à douter du libre arbitre, parce que chacun d’eux se sent borné de tous côtés par sa faiblesse ; mais ils accordent encore volontiers de la force et de l’indépendance aux hommes réunis en corps social.

1756. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

De l’empereur Napoléon j’aurais bien envie de dire que je n’ai point retrouvé en lui cette beauté épique et destinale dont le dotent généralement ses contemporains et ses historiens ; qu’il m’est pénible de ne pas voir conserver le caractère extérieur et légendaire des grands hommes, et que le peuple, d’accord avec moi en ceci, ne conçoit guère son héros de prédilection que dans les costumes officiels des cérémonies ou sous cette historique capote gris de fer, qui, n’en déplaise aux amateurs forcenés du style, ne déparerait nullement une apothéose moderne.

1757. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

La vie d’Emerson est déjà lointaine, mais puisque sa parole est encore peu connue en de nombreux pays, et que notamment en France et en Belgique, il ne fut que récemment traduit et commenté, nous pouvons par une illusion d’optique, le considérer comme un contemporain.

1758. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Des groupements multiples, officiellement reconnus ou comme sous-entendus, devaient y résulter, non pas seulement des souvenirs des plus lointains ancêtres, mais de l’accession des contemporains les plus éloignés ; les associations d’origine étrangère venaient s’y mêler aux associations d’origine traditionnelle.

1759. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Cela seul me ferait assez croire à leur vérité, qui du reste a été peu contestée, sauf sur des points de chronologie, et qui s’est vue confirmée presque toutes les fois qu’on a pu contrôler les récits de Jean-Jacques par des lettres de lui et de ses correspondants ou de ses contemporains. […] A six ans, il lisait avec son père l’Astrée et les romans de La Calprenède. — A sept ans, Ovide et Fontenelle, mais aussi Plutarque, La Bruyère, Molière et le Discours sur l’Histoire universelle. — De douze à seize ans, tout un cabinet de lecture, au hasard. — Plus tard, et surtout aux Charmettes, en même temps qu’il apprend le latin, il lit Le Sage, l’abbé Prévost, les Lettres philosophiques de Voltaire, mais aussi (avec Locke et Leibnitz) les ouvrages de Messieurs de Port-Royal, Descartes Malebranche, etc… En somme, peu de livres contemporains, mais à peu près tout le xviie  siècle dévoré dans la solitude, loin de Paris. […] Et, pour gagner sa vie, il s’établit copiste de musique (à dix sous la page, un peu plus que le tarif ordinaire). — Et il n’a pas fait ce métier en passant, durant une seule saison, le temps d’étonner ses contemporains. […] Seulement, si Rousseau s’était contenté d’exhorter ses contemporains à la simplicité des mœurs et de leur recommander la vie de la campagne ou des petites cités, cela n’aurait pas semblé bien original et n’aurait pas fait beaucoup de bruit. […] C’est apparemment que la « nature » n’est pas tout à fait la même chose pour Jean-Jacques et pour notre contemporain.

1760. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Avec le goût du spectacle, que Voltaire avait développé chez ses contemporains, les hommes du dix-huitième siècle rêvaient en action tous les dénouements classiques, et cela n’a fait que croître. […] Excellente observation et excellente adaptation de l’idée de Molière à nos mœurs contemporaines et à nos travers contemporains. […] Remarquez ceci : je ne doute pas que les rapides péripéties de la politique et des destinées nationales introduisant forcément l’histoire contemporaine dans les théâtres, cela n’ait été un acheminement au drame historique proprement dit qui fleurit ou qui sévit, comme vous voudrez, si fort, de 1815 à 1848. […] Et, pour y revenir, en un mot comme en cent, c’était la tragédie populaire, la tragédie qui ne connaît pas les règles, la tragédie qui multiplie les incidents sans se soucier de la logique, la tragédie qui parle beaucoup aux yeux et la tragédie qui, s’adressant à un public qui ne connaît pas l’histoire, prend sa matière non dans l’histoire, mais dans les faits contemporains ou quasi contemporains, récits de la veillée ou du repas du soir ou de l’atelier que connaît le peuple et qui sont l’entretien du peuple. […] Les contemporains ne s’y sont pas trompés et tous les journaux du temps, les uns pour s’en indigner et en rougir et gémir, les autres pour s’en féliciter, mais tous d’accord sur le fait, ont dit : « C’est le mélodrame qui fait son entrée au Théâtre-Français ; c’est le boulevard qui descend dans la maison de Racine.

1761. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Avant lui, la fable n’était qu’une moralité ; tandis que Phèdre, par exemple, compose de dessein délibéré, avec des réflexions philosophiques, enfermé dans son cabinet, appliquant sa leçon à tous les hommes, disant en style sec que « le faible périt quand il veut imiter le puissant26 », La Fontaine vient de la cour ou de la ville, raconte sans songer ce qu’il a vu, et sa morale s’applique aux contemporains. […] On copie ses contemporains en dépit de soi-même, et les Romains ou les Grecs de Racine sont bien souvent des marquis beaux diseurs et d’agréables comtesses.

1762. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

. —  Van Eyck et Chaucer sont contemporains. —  Prologue des Contes de Cantorbéry. —  Portraits du franklin, du moine, du meunier, de la bourgeoise, du chevalier, de l’écuyer, de l’abbesse, du bon curé. —  Liaison des événements et des caractères. —  Conception de l’ensemble. —  Importance de cette conception. —  Chaucer précurseur de la Renaissance. —  Il s’arrête en chemin. —  Ses longueurs et ses enfances. —  Causes de cette impuissance. —  Sa prose et ses idées scolastiques. —  Comment dans son siècle il est isolé. […] Contemporain de Chaucer.

1763. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

III Commençons par son portrait à vingt-cinq ans, car peu de ses contemporains l’ont connu, tant c’était un solitaire de la foule ; il passait seul dans les rues, sur les promenades, le long de nos quais ; on le remarquait à l’élégance de son costume, à la noblesse sans affectation de son attitude, à la sérénité de son beau visage, à la douceur affable de son regard ; on se disait : « C’est quelqu’un au-dessus du vulgaire, c’est un diplomate étranger, c’est un jeune homme sur le front duquel la Providence a écrit une grandeur future. » On s’arrêtait, mais on ne savait pas son nom. […] Il se croyait une destinée à lui seul, qui lui donnait la sécurité de son avenir sans empiéter sur aucun de ses contemporains.

1764. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

* * * — Une des plus grandes révolutions contemporaines est celle du rire. […] Michelet s’est emparé de la pensée contemporaine.

1765. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Sainte-Beuve l’a recueilli dans le second volume des Portraits contemporains. […] Il est à noter que, lorsque l’article a reparu dans les Portraits contemporains, la mention de M.  […] Léon Séché a-t-il pensé que les deux petits passages que je viens de citer et où la mystification est dénoncée étaient, l’un de 1839, l’autre de 1844, contemporains l’un et l’autre des articles au bas desquels on les lit, donc du temps où Vinet vivait encore. […] Les institutions et les personnages d’une même époque, selon leur position respective, se servent de miroir les uns aux autres ; miroirs vivants et sensibles dans lesquels l’objet est mieux observé, mieux connu, parce qu’on y apprend quel sens l’instinct des contemporains lui a donné, de quelle manière il a été senti et répercuté. […] Ainsi, le mouvement industriel de notre époque aura sa poésie dans l’avenir, il l’a déjà dans la pensée du contemporain qui le regarde des hauteurs de l’avenir ; mais tout près du mouvement, au milieu de ses détails et de son fracas étourdissant, il n’y a, pour l’immense majorité des spectateurs, point de poésie.

1766. (1898) La cité antique

Le contemporain de Cicéron (je parle surtout de l’homme du peuple) a l’imagination pleine de légendes ; ces légendes lui viennent d’un temps très antique et elles portent témoignage de la manière de penser de ce temps-là. […] Contemporaine des premiers âges de la race aryenne, elle s’enfonça si profondément dans les entrailles de cette race, que la brillante religion de l’Olympe grec ne suffit pas à la déraciner et qu’il fallut le christianisme. […] Elle a existé longtemps avant les Hérodote et les Thucydide ; écrite ou non écrite, simple tradition ou livre, elle a été contemporaine de la naissance des cités. […] Dans ces livres sacrés chaque page était contemporaine de l’événement qu’elle racontait. […] Ces erreurs mêmes, ayant encore l’avantage d’être contemporaines des vieux âges qu’il étudie, peuvent lui révéler, sinon le détail des événements, du moins les croyances sincères des hommes.

1767. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

On faisait des vers satiriques sur l’ ours de Berne , on se prêtait les Contemporaines de Rétif. […] Ces Contemporaines m’ont tout l’air d’avoir eu le succès des Mystères de Paris. […] (Contemporaines).

1768. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Il savait à merveille la littérature moderne la plus contemporaine ; ses impressions légères me rajeunissaient, et lorsque, ayant à peindre la marquise de Pompadour, nous allions ensemble regarder au Musée le beau pastel de Latour que je voulais décrire, il me suggérait de ces traits fins et gracieux qu’une fraîche imagination trouve d’elle-même en face de l’élégance et de la beauté.

1769. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

L’essentiel est de se mettre en communication régulière avec l’air du dehors ; qu’elle tienne à honneur et à devoir de paraître informée, à son heure, de tout ce que la littérature contemporaine produit de distingué, même dans les branches réputées légères.

1770. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Il enflamme derrière lui des émulations généreuses et des passions qui régénèrent ; il est pour beaucoup dans toutes les nobles pensées de ses contemporains et du jeune avenir. 

1771. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Comme, après un certain laps de temps, la vérité minutieuse et toute réelle est introuvable, comme elle l’est même souvent déjà entre contemporains, il faut ou se condamner à un scepticisme absolu et fatal, ou se résigner à cette grande manière qui nous reproduit bien moins l’individu en lui-même que les idées auxquelles il a contribué et qu’on personnifie sous son nom.

1772. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

A moins d’avoir quelques traits originaux à ajouter aux siens, comme ont fait Lemontey et divers autres contemporains qui l’avaient vue, on n’a qu’à renvoyer, pour l’essentiel de sa personne, à ses délicieux et indispensables Mémoires.

1773. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Il en a sur le cœur et les passions surtout qui rencontrent à l’improviste les analyses intérieures de nos contemporains.

1774. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Avec lui, dit un contemporain, ils n’étaient jamais sûrs de rien, et il fallait toujours attendre567

1775. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Voici ce qu’en dit un historien contemporain : « On n’entend parler ici, dit-il, ni de vols, ni de désordres nocturnes, ni d’assassinats ; de jour et de nuit, tout individu peut vaquer à ses affaires avec la plus parfaite sécurité : on n’y connaît ni espions ni délateurs : on ne souffre point que l’accusation d’un seul trouble la tranquillité générale ; car c’est une des maximes de Laurent, qu’il vaut mieux se fier à tous qu’à un petit nombre. » Son influence diplomatique en faisait le juge de paix de l’Europe.

1776. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Eumée n’est pas à Ulysse ce qu’un porcher peut être à l’égard de Louis XIV : si bien que la traduction par le mot propre est plus fausse que si on prend la périphrase : « gardien des troupeaux du roi », qui du moins est incolore et ne présente à un Français aucun objet fâcheux de la réalité contemporaine.

1777. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

* *  * Cette maladive manie de se séparer du reste des hommes n’empêche pas le décadent d’aimer le bifteck saignant, de recourir, quand il a besoin de protection, aux agents de cette société qu’il dédaigne, d’avoir un tailleur qui l’habille à la dernière mode et de pratiquer sans effort les règles de la civilité puérile et honnête dans ses rapports avec ses contemporains.

1778. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

La politique contemporaine en France m’en fournirait, je crois des exemples, et j’en trouverais parmi les hommes d’État les plus en vue et non les moins actifs de ces dix dernières années.

1779. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Et pourtant elles ne sont à mes yeux que bien secondaires, eu égard à la place nouvelle que le développement de la philosophie contemporaine devra faire à ces études.

1780. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Déjà les partitions de Lulli et des compositeurs contemporains témoignent du déplacement du chant ; la mélodie a passé aux violons et aux flûtes, on prend donc la peine de la transcrire ; les parties intermédiaires continuent à être négligées, et la basse chiffrée, acceptant la seconde place, prend le caractère déterminé d’un accompagnement.

1781. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Si, comme on s’est plu à le dire, le jugement des étrangers est pour nous comme une postérité contemporaine, peut-être n’est-il pas sans intérêt de savoir ce que M. 

1782. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Trois poèmes, dont l’un contemporain d’Homère, l’avaient célébré. : la Thébaïs, l’OEdipodia et l’Alkmœonis.

1783. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Donner les nouvelles sociales, la philosophie des aspects des salons et de la rue, — commencer par un premier article sur l’influence de la fille dans la société présente, — un second sur l’esprit contemporain et sur ce que le monde et même les jeunes filles ont emprunté à la blague et à l’esprit de l’atelier, — un troisième sur la bourse et la plus-value des charges d’agent de change, etc., etc.

1784. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Laissons au reste ces questions, qui sont d’intérêt contemporain, pour aller, avec M. 

1785. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Il n’admet que les témoignages des auteurs contemporains & encore faut-il qu’il soit persuadé de leur bonne foi.

1786. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Il n’est pas le plus osé de cette école-trumeau, que nous vous donnons aujourd’hui pour le plus bas côté de l’histoire contemporaine.

1787. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

L’histoire contemporaine récrit à toutes ses pages, et cet événement, plus perceptible maintenant que mystérieux, auquel tout concourt et tout marche, c’est le retour à l’unité, c’est la convergence universelle vers le principe d’universalité qui est le principe même du catholicisme.

1788. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Si notre science contemporaine agit si peu, ou si mal, sur les mœurs, c’est qu’elle se contente trop souvent d’aligner des faits, sans beauté : elle ne va pas à l’âme.

1789. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Les Confessions du Comte de… par feu M. du Clos, de l’Académie Françoise, furent contemporaines des Egarements du cœur & de l’esprit.

1790. (1900) La culture des idées

Si le contraire était possible, tel contemporain de Buffon, Boulanger, l’auteur de l’Antiquité dévoilée, ne serait pas inconnu aujourd’hui, car il n’y avait de médiocre en lui que sa manière d’écrire ; et n’est-ce point parce qu’il manqua presque toujours de style que tel autre, comme Diderot, n’a jamais eu que des heures de réputation et que sitôt qu’on ne parle plus de lui, il est oublié ? […] On peut du moins juger du présent et aussi accorder quelque créance aux observations contemporaines d’une œuvre. […] Peut-être même serait-on plus près de la vérité en déclarant que la décadence politique est l’état le plus favorable aux éclosions intellectuelles : c’est quand les Gustave-Adolphe et les Charles XII ne sont plus possibles que naissent les Ibsen et les Bjoernson ; ainsi encore la chute de Napoléon fut comme un signal pour la nature qui se mit à reverdir avec joie et à pousser les jets les plus magnifiques ; Goethe est le contemporain de la ruine de son pays. […] Or quel plus étonnant miracle qu’un contemporain de saint Paul dissertant de la hiérarchie ecclésiastique et des diverses sortes de moines ? […] Sans doute, vous n’irez pas jusqu’à la gloire, quoi que puisse faire espérer l’exemple de quelques-uns de nos contemporains qui débutèrent comme vous, sans plus de génie, et avec moins de bonne volonté, — mais, avec un sage régime, vous pouvez prétendre à la graisse : cela n’est pas à dédaigner, à une époque où tant de pauvres braves gens meurent de faim.

1791. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Par l’influence combinée de l’état antérieur et des aptitudes et facultés héréditaires, il explique son état social, intellectuel et moral au moment donné ; par l’influence combinée de cet état nouveau et des mêmes aptitudes et tendances héréditaires, il explique son état social, intellectuel et moral au moment postérieur, et ainsi de suite, soit en remontant le cours des temps depuis l’époque contemporaine jusqu’aux plus anciennes origines historiques, soit en descendant le cours des temps depuis les plus anciennes origines historiques jusqu’à l’époque contemporaine. — On conçoit que dans cette prodigieuse évolution, qui s’étend depuis la formation du système solaire jusqu’à celle de l’homme moderne, les lacunes soient grandes et nombreuses ; elles le sont en effet, et souvent nous n’avons pour les combler que des conjectures.

1792. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Ce livre comprend les mémoires fictifs du colonel Esmond, contemporain de la reine Anne, qui, après une vie agitée en Europe, se retira avec sa femme en Virginie, et y fut planteur. […] On a vu que les mêmes facultés produisent chez lui le beau et le laid, la force et la faiblesse, le succès et la défaite ; que la réflexion morale, après l’avoir muni de toutes les puissances satiriques, le rabaisse dans l’art ; qu’après avoir répandu sur ses romans contemporains une teinte de vulgarité et de fausseté, elle relève son roman historique jusqu’au niveau des plus belles œuvres ; que la même constitution d’esprit lui enseigne le style sarcastique et violent avec le style tempéré et simple, l’acharnement et l’âpreté de la haine avec les effusions et les délicatesses de l’amour.

1793. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

IV Voyons d’abord comment la nature et la société avaient formé ces deux hommes d’élite presque contemporains, Shakespeare et Molière. […] Élève de Molière, elle devint une excellente actrice: sa voix était si touchante, qu’on eût dit, suivant un auteur contemporain, qu’elle avait véritablement dans le cœur la passion qui n’était que dans sa bouche. « Remarquez, dit-il, que la Molière et La Grange font voir beaucoup de jugement dans leur récit, et que leur jeu continue encore lors même que leur rôle est fini.

1794. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Disons plus, ces deux langues ont été conservées de préférence à celles de tant d’autres peuples contemporains, parce que la Providence, en permettant qu’elles servissent de barrière contre l’ignorance, les avoit destinées en même temps à transmettre les oracles des divines Ecritures, & à devenir l’une & l’autre par ce moyen, la langue universelle de toutes les Nations éclairées par la lumière de l’Evangile(*). […] Il eut le bonheur d’être le contemporain & l’ami de Boileau Boileau !

1795. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Puis, au bout de quelque temps, il ajoute : « Ceci est confidentiel… J’ai depuis longtemps l’idée de faire un Panthéon de ce temps-ci… un Panthéon que je ferai avec mes contemporains, hommes et femmes. […] » Lundi 25 juillet Nous parlons avec Daudet, du mensonge, du mensonge cynique du journalisme contemporain, où les journaux font aujourd’hui de Cladel, un écrivain de la taille de Flaubert, quand aucun de ces journaux vantards de son talent, ne voulait hier de sa copie.

1796. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Ce qu’il cherchait à concilier logiquement dans son esprit était concilié par juxtaposition dans l’esprit de ses contemporains. […] En cela très différent de ceux de ses contemporains qui l’ont vue quand ils avaient l’âge d’homme. […] Il ne raisonne que sur la préhistoire et sur l’histoire contemporaine : entre les deux : il y a l’histoire, qu’il ne connaît pas, et j’ajoute qu’il ne pouvait pas connaître. […] La préhistoire et l’histoire contemporaine sont inégalement, mais toutes les deux très favorables à l’homme d’imagination. […] Or il n’est pas douteux que Ballanche, avant Michelet, avant Cousin, étudiant Vico, signalant Herder, a donné à ses contemporains l’idée de la philosophie de l’histoire.

1797. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Examinons la philosophie du livre et la fable si intéressante qui l’enveloppe ; fable qui, si on y regarde bien, si l’on se souvient, est le plus souvent notre navrante chronique contemporaine. […] Après avoir grandement excité l’attention de leurs contemporains, ils sont morts à quelques années l’un de l’autre, en pleine activité, pour ainsi dire les armes à la main, Molière presque sur le théâtre, Bourdaloue en descendant de la chaire ; et la cause immédiate de leur mort fut le zèle que chacun d’eux apportait dans l’exercice de sa profession. […] Lévy, est riche d’études contemporaines ; M. de Pontmartin y a passé en revue Joseph Autran, MM.  […] M. de Loménie fait également apparaître la mère du grand orateur, triste personne assurément, mais qu’il importe de connaître pour expliquer son fils et excuser son mari ; il raconte cette lutte implacable entre les deux époux, qui a défrayé la malignité des contemporains ; les scandales et les pamphlets injurieux contre lesquels le marquis de Mirabeau a eu le tort de se défendre à coups de lettres de cachet ; le rôle singulier de son fils, le futur orateur, sans cesse occupé à exciter ses parents l’un contre l’autre, pour tirer profit de leur division, et justifiant cette parole de son père : « Si la graine aux expédients enragés était perdue, elle se retrouverait dans cette tête-là !  […] La librairie Germer-Baillière vient de mettre en vente un livre que nous recommandons spécialement à ceux qu’intéresse le mouvement philosophique contemporain.

1798. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Je m’aperçois que j’ai consacré à ce roman plus que l’espace qui m’est permis, sans avoir résumé ce livre touffu d’idées, chose rare dans les productions contemporaines. […] S’ils eussent été connus de ses contemporains, que de rectifications immédiates eussent épargné celles qui se font chaque jour, grâce à d’autres mémoires contradictoires ! […] Car les grands esprits, inaccessibles pour la plupart du temps à leurs contemporains, en sont réduits, pour ainsi dire, à mettre leurs lettres à la poste à destination de la postérité. […] Les Contemporains. — 1892. […] Jules Lemaître a fait paraître, dans la nouvelle bibliothèque variée de Lecène et Oudin, une suite d’études et de portraits littéraires intitulée : les Contemporains : MM. 

1799. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Son enthousiasme diminue à mesura qu’il approche des comédiens contemporains. […] Dans cette comédie, plusieurs petits ridicules contemporains sont effleurés en passant et comme si l’on avait peur de s’y arrêter. — Les gros vices sont traités tout à fait comme la révolution de 1830, dont on n’a point parlé. […] Dites à un homme, notre contemporain, qu’il est à la mode, aussitôt, pour peu qu’il ait de l’esprit, votre homme se fâchera net et ferme. — Proposez, même au dandy le plus effréné de faire, seulement pendant vingt-quatre heures, le métier que fait l’homme du jour toute l’année, notre dandy vous répondra qu’il a bien d’autres soucis : le bois de Boulogne le matin, l’Opéra le soir, et le club à minuit. […] C’est ainsi qu’un homme de beaucoup d’esprit, notre contemporain, M. de Vaulabelle, avec quelques vers d’une comédie oubliée de M. de Boissy, a composé une agréable petite comédie, oubliée à son tour : L’Ami de la maison.

1800. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Désaugiers, en ce genre, a la veine plus grasse qu’aucun de ses devanciers et de ses contemporains ; mais on ose mieux louer en lui les vifs et légers accès de son humeur jaillissante, au nombre desquels je rappellerai encore la Manière de vivre cent ans (1810).

1801. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

MADAME DE KRÜDNER197 Dans les personnes contemporaines dont les productions nous ont amené à étudier la physionomie et le caractère, nous aimons quelquefois à chercher quels traits des âges précédents dominent, et à quel moment social il serait naturel de les rapporter comme à leur vrai jour.

1802. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

En retournant à Empédocle, André est de plus ici le contemporain et comme le disciple de Lamarck et de Cabanis51.

1803. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

comme il disparaissait timidement dans le bruit et l’éclat de tant de noms contemporains !

1804. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

On les voit ingénieux, distingués, remarquables ; mais aucun jusqu’ici qui semble devoir sortir de ligne et grandir à distance, comme certains de nos pères, auteurs du premier mouvement : aucun dont le nom menace d’absorber les autres et puisse devenir le signe représentatif, par excellence, de sa génération : soit que, dans ces partages des grandes renommées aux dépens des moyennes, il se glisse toujours trop de mensonge et d’oubli de la réalité pour que les contemporains très-rapprochés s’y prêtent ; soit qu’en effet parmi ces natures si diversement douées il n’y ait pas, à proprement parler, un génie supérieur ; soit qu’il y ait dans les circonstances et dans l’atmosphère de cette période du siècle quelque chose qui intercepte et atténue ce qui, en d’autres temps, eût été du vrai génie.

1805. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Qu’il lui jette la première pierre, celui qui n’a jamais désespéré de ce triste monde, et qui n’a jamais replié son manteau pour partir avant l’heure, en emportant ailleurs son œuvre méconnue ici, et en disant à ses contemporains : « Je vous méprise, adieu ; voilà mon œuvre, jugez-moi ! 

1806. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

ce présent n’a qu’un jour ; ils habitent, dans la permanence de leurs pensées, avec les immortels de l’histoire et de l’art ; ils sont contemporains de tous les passés et de tous les avenirs ; ils sont les abstractions supérieures de notre infime personnalité ; ce qu’ils habitent le moins, c’est notre terre : leur conversation, comme dit l’Apôtre, est avec les esprits invisibles ; purs esprits eux-mêmes, ils sont imperméables à nos misères de fortune ou de vanité.

1807. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Les livres d’Aristote sur les animaux sont contemporains de l’expédition d’Alexandre, son élève.

1808. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

J’ai vu régner Dorat et Parny préféré à Tibulle, et puis je les ai vu reléguer sans souvenir au nombre des poëtes à fantaisies, jouets d’un peuple sans mémoire ; j’ai vu couronner Chateaubriand vêtu de la pourpre de son style : j’ai vu mourir Béranger dans sa gloire aux sons de ses grelots bachiques et politiques ; j’ai vu, et pour peu que je vive, j’en verrai bien d’autres encore : ne nous faisons pas nos dieux éternels, car ce sont les dieux du temps qui souvent n’a pas de lendemain ; jouissons de tout ce qui nous charme dans les différents chefs-d’œuvre dont nos contemporains nous charment ; mais ne répondons ni d’eux ni de nous devant la postérité.

1809. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Gilles Boileau passait le temps des vacances dans une maison qu’il avait à Crosne, près de Villeneuve-Saint-Georges, dans la vallée que domine Montgeron ; le pré qui était au bout du jardin donna, paraît-il, au petit Nicolas ce nom de Despréaux sous lequel ses contemporains le connurent.

1810. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Nous nous ferons les concitoyens, les contemporains de ces puissants génies qui ont éclairé le monde, afin de les mieux comprendre, et de les voir de plus près qu’à travers les siècles.

1811. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

On lui doit La légende du Parnasse contemporain (Bruxelles, 1884) ; Richard Wagner, (Paris, 1886), ainsi que Le roi vierge (Paris, 1881).

1812. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

La Revue contemporaine du 25 : chronique de M. 

1813. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Elle est d’âme assez grande et assez fière pour aimer l’incertain d’une telle destinée ; pour diriger ses yeux vers cette aurore hésitante, le sourire de la gloire posthume ; pour laisser rarement l’ironie d’un regard qui descend très bas tomber sur l’injustice contemporaine, bouche stupide obstinément fermée.

1814. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Nous disons statue par politesse et par peur ; pour ne pas contrarier nos maîtres et pour ne pas déchoir dans l’estime de nos contemporains.

1815. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Il y a joui de l’énorme bonheur de ne différer de ses contemporains et de ses compatriotes que par la forme où il a jeté des idées traditionnellement nationales.

1816. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

Les sçavans, de siécle en siécle, lui ont confirmé cet honneur ; et l’on ne peut sans témérité résister à tant de suffrages ajoutés à l’admiration de ses contemporains.

1817. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Il n’a pas fait tout ce qu’il pouvait faire, sans doute, parce qu’il était homme ; mais il a fait plus qu’aucun autre, parce qu’il était un grand homme : ma plus forte raison pour l’estimer beaucoup, c’est qu’avec des fautes connues, il a plus de réputation qu’aucun de ses contemporains, c’est que, malgré un million d’hommes dont il a privé la France, et qui tous ont été intéressés à le décrier, toute l’Europe l’estime et le met au rang des plus grands et des meilleurs monarques.

1818. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Voilà les règles que mes contemporains et moi avons toujours suivies, et voilà ce dont vous ne voulez pas.

1819. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Tous les deux ont cassé la boussole du Socialisme contemporain et l’ont mis dans cette position ridicule de chercher le vent et de ne plus savoir comment naviguer.

1820. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Victor Hugo »

Je n’insisterai point, mais ai-je besoin d’insister pour qu’on sente que l’énormité est la vie même de Hugo, de Hugo, la plus grande gloire contemporaine, — non la plus pure, non la plus justifiée, mais la plus… énorme !

1821. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Or, les Spécialités contemporaines, ces bœufs qui ne tracent qu’un sillon, nous font vivement aimer les esprits qui savent faire deux choses.

1822. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Les trois espèces de langues et d’écritures furent aussi contemporaines dans leur origine, mais avec trois différences capitales : la langue divine fut très peu articulée, et presque entièrement muette ; la langue des héros, muette et articulée par un mélange égal, et composée par conséquent de paroles vulgaires et de caractères héroïques, avec lesquels écrivaient les héros (σήματα, dans Homère) ; la langue des hommes n’eut presque rien de muet, et fut à peu près entièrement articulée.

1823. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

. —  Comment les événements bibliques et les sentiments hébraïques sont d’accord avec les mœurs contemporaines et le caractère anglais. —  Le Prayer-Book. —  Poésie morale et virile des prières et des offices. —  La prédication. —  Latimer. —  Son éducation. —  Son caractère. —  Son éloquence familière et persuasive. —  Sa mort. —  Les martyrs sous Marie. —  L’Angleterre est désormais protestante. […] Avec Latimer et ses contemporains, la prédication comme la religion change d’objet et de caractère ; comme la religion, elle devient populaire et morale, et s’approprie à ceux qui l’écoutent pour les rappeler à leurs devoirs. […] Si universelle que soit sa morale, si ancien que soit son texte, il l’applique aux contemporains, à ses auditeurs, tantôt aux juges qui sont là, « à messieurs les habits de velours » qui ne veulent pas écouter les pauvres, qui en douze mois ne donnent qu’un jour d’audience à telle femme, et qui laissent telle autre pauvre femme à la prison de la Flotte, sans vouloir accepter caution ; tantôt aux payeurs, aux entrepreneurs du roi, dont il compte les voleries, qu’il place « entre l’enfer et la restitution », et de qui, livre par livre, il obtient et extorque l’argent volé.

1824. (1778) De la littérature et des littérateurs suivi d’un Nouvel examen sur la tragédie françoise pp. -158

c’est elle seule qui fait qu’au-lieu de s’attacher à réfuter les opinions dangereuses, on insulte à ses contemporains ; c’est elle seule qui fait croire qu’on peut se bâtir une renommée en dénigrant ses rivaux : mais, tel que par une foiblesse lâche nous voulons rabaisser, vaut mieux que nous(37) ; nous ne sommes jamais dans le point de vue nécessaire pour nous appercevoir & nous bien apprécier : laissons donc chaque écrivain vivre en paix & déployer ses talens, sans chercher à les dépriser ; l’esprit de parti n’agit que pour un instant. […] D’ailleurs on oppose une masse de vingt siécles à un siécle unique ; des Orateurs publics montés dans la Tribune aux harangues, à des avocats plaidans à la barre de la Cour ; des hommes libres dans une République, aux sujets d’un Monarque ; des langues hardies, poétiques, audacieuses, à une langue que l’Académie Françoise a fixée dans sa premiere enfance : & malgré ces obstacles, ces entraves, ces chaînes de toute espèce (je ne parlerai pas du siécle de Louis XIV, où les Auteurs étoient encouragés, protégés, pensionnés), je dirai que la fin seule du siécle de Louis XV, dans l’éspace de trente années, a produit des Ecrivains éclairés, sensibles, éloquens, vraiment patriotiques, qui ont droit d’être comparés aux anciens : vérité qui ne sera sentie que lors que les haines & l’orgueil des hommes contemporains seront ensevelis avec eux ; alors la justice & l’impartialité prononceront. […] Quand on n’a point de bonnes raisons à donner, on hazarde des extravagances puériles : aurions-nous besoin de dire que l’Homme-de-Lettres est contemporain de Plutarque & de Tacite, qu’il met sa gloire dans la hauteur de l’esprit humain, & qu’il n’est pas nécessaire, pour bien faire la guerre à un peuple, de combattre Addisson, Pope & Milton.

1825. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Même les contemporains, vautrés dans ce matérialisme qui montait alors, comme l’eau du déluge, jusqu’aux frises du siècle, n’accueillirent point avec admiration ce livre, où, sous ces formes insupportablement déclamatoires qui ravissaient l’esprit faux du xviiie  siècle, Diderot étale — il faut bien en convenir — la plus ambitieuse médiocrité. […] La tragédie bourgeoise de Diderot, qui est devenue le drame moderne, n’était rien de plus que du la Chaussée, et les contemporains eux-mêmes de Diderot ne furent pas les dupes des airs superbes de sa théorie.

1826. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

[NdA] J’ai écrit, dans le temps, sur la première édition des Grands Jours, un article qu’on peut lire au tome iii de mes Portraits contemporains ; et dans un autre article sur les lettres de Rancé, publiées également par M. 

1827. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIe entretien. Vie du Tasse (1re partie) » pp. 5-63

Tel est le portrait minutieux qu’un contemporain et un ami trace du Tasse ; ce portrait est parfaitement conforme à celui que nous possédons nous-même, copié sur le portrait original, peint sur le Tasse vivant à Florence, et qui nous a été prêté par notre illustre ami, le marquis Gino Caponi, homme digne de vivre dans sa galerie en société avec ces grands hommes de sa patrie.

1828. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

Parfois l’épopée fut contemporaine ou à peu près des faits qu’elle rappelait.

1829. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

La réalité a toujours pour lui le décousu et l’inexpliqué d’un songe… Il a bien pu subir un instant l’influence de quelques poètes contemporains ; mais ils n’ont servi qu’à éveiller en lui et à lui révéler l’extrême et douloureuse sensibilité, qui est son tout.

1830. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

La Haute et le Nouveau Jeu, Leur Cœur et Nocturnes, le Prince d’Aurec et Viveurs, c’est la surface brillante et pourrie de la société contemporaine, décrite par un esprit aigu, — mais en même temps jugée, le plus souvent sans le dire, par une âme qui, dans sa rencontre avec l’éphémère, continue de porter en soi quelque chose de stable et de traditionnel : la vieille France, simplement.

1831. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Que deviennent les soixante-dix semaines d’années, bases des calculs de l’Histoire, universelle, si la partie du Livre d’Isaïe où Cyrus est nommé a été justement composée du temps de ce conquérant, et si pseudo-Daniel est contemporain d’Antiochus Épiphane ?

1832. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Entre 1645 et 1650, après le mariage de Julie d’Angennes, sa contemporaine, mademoiselle de Scudéry se mit à tenir ruelle.

1833. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Revue contemporaine, du 25 janvier 1885.

1834. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Il eût mérité ce blâme d’un autre évêque, notre contemporain, d’être « bon jusqu’à la bêtise ».

1835. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Madame Sophie Gay était contemporaine de ces quatre ou cinq femmes de beauté mémorable et de célébrité historique qui apparurent à Paris après le 9 thermidor, comme des fleurs éblouissantes prodiguées toutes à la fois, la même année, par la nature pour recouvrir le sol ensanglanté par l’échafaud.

1836. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

L’un et l’autre représentent hautement les deux tendances de la poésie contemporaine.

1837. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

Pour en citer en ce moment un seul parmi les travaux contemporains, je choisirai la belle série de recherches de M. 

1838. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre V : Règles relatives à l’explication des faits sociaux »

Combien l’écart doit-il être plus considérable encore quand la pression que subit l’individu est celle d’une société régulière, où, à l’action des contemporains, s’ajoute celle des générations antérieures et de la tradition !

1839. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Les contemporains, peut-être, ne furent pas bien étonnés.

1840. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Polémique toute-puissante, sans cesser d’être une histoire remarquable par des qualités plus hautes que l’esprit de celui qui l’a écrite, et qui lui donnent un caractère particulier et grandiose comme à un de ces monuments auxquels non seulement un homme, mais une collection d’hommes aurait travaillé, cette histoire de la Compagnie de Jésus — si détaillée, si complète, si armée de renseignements et de raisons, et qui, par la faute glorieuse du sujet même, est taillée comme une apologie, — s’est placée, en attendant son heure et assez forte pour l’attendre, au milieu de toutes les publications contemporaines.

1841. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Fils d’un grand médecin que Dupuytren respectait et matérialiste, de race et d’éducation je ne sais pas, mais assurément matérialiste, il ne pouvait voir le monde que par le dehors, et c’est ainsi qu’il le vit et le décrivit ; car, avant tout et après tout, c’est un descriptif que Flaubert, et il le fut même avec une exactitude et une ténuité qui, parmi les descriptifs contemporains, n’a pas été surpassée.

1842. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Mais ces titres ne défraieraient pas la persévérance d’un nouvel Addisons, qui tenterait, dans un demi-siècle, de remettre en lumière et en honneur ce nouveau Milton, méconnu de ses contemporains comme son illustre aïeul. […] Il ne relève que de lui-même et du siècle où il est né, et il assiste à la gloire contemporaine sans rien convoiter dans la part qui ne lui est pas échue ; car sa part est au nombre des plus belles, et s’il n’a pas dans ses mains le trésor entier que la popularité distribue à ses favoris, il peut compter son majorat parmi les plus richement dotés. […] Si le cadre historique était changé, si Jocelyn, au lieu d’être placé entre Louis XVI et Danton, était contemporain de saint Jérôme, la question ne serait plus la même, et nous aurions le droit d’être plus sévères ; mais après Voltaire et Diderot, Jocelyn ne nous semble pas trop mal affermi dans sa foi. […] Je répugne volontiers à publier ce que je sais des contemporains. […] Ordinairement, le blâme et l’éloge départis aux contemporains ne sont guère que des contrats passés avec la vanité.

1843. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

. — Plus précisément encore, et quels que soient les deux caractères, simultanés ou successifs, momentanés ou permanents, l’attache par laquelle le premier entraîne, provoque ou suppose le second comme contemporain, conséquent ou antécédent, n’est qu’une particularité du premier considéré seul et à part. […] À ce titre, nous devons nous attendre à leur trouver aussi des contemporains, des précédents, des suites, des particularités, des propriétés personnelles, et, pour y réussir, il n’y a qu’à les observer eux-mêmes à part.

1844. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Malheureusement un diable me possède qui me pousse à rire des sacro-saints mystères de l’art contemporain. […] Mais contrefaire son écriture, cela est au-dessous de moi… Et puis, si tu n’as pas confiance dans ma parole, tu peux consulter ton collègue Georges : c’est lui qui m’apporta ce papier. — Il m’apprit même que Démiourge s’ennuyait fort, qu’ayant trop lu les philosophes contemporains, il n’était plus très sûr de son existence, et qu’il me convoquait pour que je le renseigne un peu à ce sujet… Est-ce vrai ? […] C’est pourquoi les ennemis que me valent ma perspicacité sans cesse en éveil aussi bien que les jugements contradictoires portés sur moi par nos contemporains sont largement compensés par les progrès du rythme de destruction dont je suis un des promoteurs.

1845. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Pareillement, on écrirait de curieux chapitres sur les fondateurs de revues littéraires, et l’on trouverait, sans doute avec étonnement, que Philippe de Néri et tel de nos contemporains ont des caractères communs, par exemple le goût de l’inconnu et le désintéressement qui sacrifie à la fortune d’une idée les satisfactions présentes. […] Les gens irrespectueux classent cette question dans l’histoire des superstitions populaires ; ils constatent que la croyance au paradis terrestre initial a été et est encore répandue sur tous les points du globe ; ensuite, ils constatent encore, et avec non moins de plaisir, que la croyance au paradis terrestre futur, si l’on néglige le millénarisme et quelques autres rêveries, fit sa première apparition dans le monde vers le début du xviiie  siècle ; des recherches méthodiques fixeraient facilement une date qui doit être contemporaine des écrits utopistes de l’abbé de Saint-Pierre, homme d’un génie aventureux. […] Leur période uniquement historique se clôt vers 1860 : alors, sans modifier leurs procédés, ils demandent aux faits de la vie contemporaine ce qu’ils avaient demandé au document du passé : la vérité réaliste.

1846. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

[NdA] On a pu lire, dans la Revue contemporaine du 31 mai 1856 (tome xxv, p. 629), les lettres du duc de Nivernais et l’exposé de ses démarches au sujet de l’élection, non approuvée, de l’abbé De-lille et de Suard.

1847. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

C’est qu’il y a vingt-cinq ans de différence dans l’âge de ces deux illustres personnes : Mme de La Vallière est une contemporaine exacte de La Bruyère, presque de Fénelon ; Mme de Longueville était formée entièrement avant Louis XIV.

1848. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Un contemporain de Bernardin de Saint-Pierre, spiritualiste comme lui, et protestant également contre les fausses sciences et leurs conclusions négatives, Saint-Martin, a bien autrement de profondeur.

1849. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Elle trouvait plus court et plus commode de suivre sa pente originelle, de fermer les yeux sur l’homme réel, de rentrer dans son magasin de notions courantes, d’en tirer la notion de l’homme en général, et de bâtir là-dessus dans les espaces  Par cet aveuglement naturel et définitif, elle cesse de voir les racines antiques et vivantes des institutions contemporaines ; ne les voyant plus, elle nie qu’il y en ait.

1850. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Une aristocratie imbue de maximes humanitaires et radicales, des courtisans hostiles à la cour, des privilégiés qui contribuent à saper les privilèges, il faut voir dans les témoignages du temps cet étrange spectacle. « Il est de principe, dit un contemporain, que tout doit être changé et bouleversé535 ».

1851. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Quoique d’un âge bien plus mûr, monsieur, ajoute-t-elle, je viens avouer que je rougissais dans mon cœur de vivre à si peu de distance du pays que vous habitez, Saint-Point, Milly, Monceau, sans avoir cherché, pendant que vous vivez encore, à voir un homme dont nos contemporains ont tant entendu parler et dont la postérité dira peut-être à son tour : « L’avez-vous par hasard rencontré sur les chemins de la Bourgogne, soit dans la maison de son enfance, à Milly, soit dans la masure de Saint-Point, soit dans son château paternel de Monceau, noms familiers à nos oreilles ? 

1852. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Le sort en est jeté, j’écris ce livre : qu’il soit lu par mes contemporains ou par la postérité, n’importe ; il peut bien attendre un lecteur pendant un siècle, puisque Dieu lui-même a manqué, durant six mille années, d’un contemplateur tel que moi. » Cette expression hardie d’un orgueilleux enthousiasme prouve la force intérieure du génie.

1853. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Mais l’amour et la poésie même, selon Brantôme, étaient impuissants à reproduire à cette période encore croissante de sa vie une beauté qui était dans la forme moins encore que dans le charme ; la jeunesse, le cœur, le génie, la passion qui couvait encore sous la sereine mélancolie des adieux ; la taille élevée et svelte, les mouvements harmonieux de la démarche, le cou arrondi et flexible, l’ovale du visage, le feu du regard, la grâce des lèvres, la blancheur germanique du teint, le blond cendré de la chevelure, la lumière qu’elle répandait partout où elle apparaissait, la nuit, le vide, le désert qu’elle laissait où elle n’était plus, l’attrait semblable au sortilége qui émanait d’elle à son insu et qui créait vers elle comme un courant des yeux, des désirs, des âmes, enfin le timbre de sa voix qui résonnait à jamais dans l’oreille une fois qu’on l’avait entendu, et ce génie naturel d’éloquence douce et de poésie rêveuse qui accomplissait avant le temps cette Cléopâtre de l’Écosse sous les traits épars des portraits que la poésie, la peinture, la sculpture, la prose sévère elle-même nous ont laissés d’elle ; tous ces portraits respirent l’amour autant que l’art ; on sent que le copiste tremble d’émotion, comme Ronsard en peignant ; un des contemporains achève tous ces portraits par un mot naïf qui exprime ce rajeunissement par l’enthousiasme qu’elle produisait sur tous ceux qui la voyaient : « Il n’y avoit point de vieillards devant elle, écrit-il : elle vivifioit jusqu’à la mort. » VI Un cortége de regrets plus que d’honneur la conduisit jusqu’au vaisseau qui allait l’emporter en Écosse.

/ 2006