Tout y avait changé de face, organisation politique et religieuse, législation civile, classification sociale.
Ils étaient là, dans ce monde aristocratique et libéral, il y a quelque trente ans, un certain nombre de jeunes gens noblement doués, partisans éclairés des idées nouvelles, retenus par plus d’un anneau à la tradition, exacts et réguliers de mœurs, religieux de pratique ou du moins de doctrine ; nés tout portés, dispensés de percer la foule et de donner du coude à droite ou à gauche, n’ayant, s’ils le voulaient, qu’à sortir des premiers rangs et à faire preuve d’un talent ou d’un mérite quelconque pour être aussitôt acceptés.
Tout y est funèbre sans désespoir, tout y est religieux sans faux emblème.
Or, à vingt et un ans, l’austérité d’une fin purement religieuse étant écartée, il n’y a de guérison à ce vice que dans l’amour.
Ce Vénitien, issu de sang espagnol, qui compte dans sa généalogie force bâtards, religieuses enlevées, poètes latins satiriques, compagnons de Christophe Colomb, secrétaires de cardinaux, et une mère comédienne ; ce jeune abbé, qui débute fraîchement comme Faublas et Chérubin, mais qui bientôt sent l’humeur croisée de Lazarille et de Pantalon bouillonner dans sa veine, qui tente tous les métiers et parle toutes les langues comme Panurge ; dont la vie ressemble à une comédie mi-partie burlesque et mi-partie amoureuse, à un carnaval de son pays qu’interrompt une atroce captivité ; qui va un jour visiter M. de Bonneval à Constantinople, et vient à Paris connaître en passant Voisenon, Fontenelle, Carlin, et être l’écolier du vieux Crébillon ; ce coureur, échappé des Plombs, mort bibliothécaire en un vieux château de Bohême, y a écrit, vers 1797, à l’âge de soixante et douze ans, ses Mémoires en français, et dans le meilleur et le plus facile, dans un français qu’on dirait naturellement contemporain de celui de Bussy.
La sorcellerie est en elle-même beaucoup plus effrayante que les dogmes religieux les plus absurdes.
Ce retour vers la Providence ne nous indique-t-il pas qu’aucun ridicule n’est jeté dans ce pays éclairé, ni sur les idées religieuses, ni sur les regrets exprimés avec l’attendrissement du cœur.
Il l’avait fait de commande, comme ses autres pièces religieuses ; il ne pouvait guère être pieux que sur une invitation étrangère.
Trois sortes de journaux, qui ne paraissaient pas destinés par leur nature à se faire écho l’un à l’autre, se signalent par plus d’acharnement contre ce qui porte mon nom : Un journal d’exagération religieuse, qui donnerait la tentation d’être impie si l’on ne respectait pas la piété jusque dans les aberrations du zèle ; Les revues et les journaux des partis de 1830, qui ne pardonnent pas leurs revers à ceux qui ont préservé la France et eux-mêmes des contrecoups de leur catastrophe ; Enfin un journal de sarcasme spirituel, à qui tout est bon de ce qui fait rire, même ce qui ferait pleurer les anges dans le ciel : la dérision pour ce qui est à terre.
Nous avons vu que la littérature, chez Diderot, chez Rousseau, chez Bernardin de Saint-Pierre, devient décidément individualiste : faut-il rappeler que Voltaire même, dans sa forme classique, est constamment tyrannisé par son individualité, que ses théories religieuses et politiques tiennent aux plus secrètes inclinations de son moi, et qu’enfin il n’a pas craint d’appliquer la grave, l’impersonnelle tragédie à la représentation de sa personne, de son ménage et de ses goûts ?
L’Hermès aurait exposé le système de la terre, sa formation, l’apparition des animaux et de l’homme, la vie de l’homme primitif avant la constitution des sociétés, le développement des sociétés, politique, moral, religieux, scientifique : en somme, le cinquième livre de Lucrèce, refait, agrandi, développé au moyen de l’Histoire naturelle de Buffon.
C’est un critique nationaliste qui s’effare, au nom de la patrie, que nos grands Français aient été des hommes et soient peints comme tels, avec leurs travers et leurs petitesses, et qui nous somme de sacrifier l’histoire vraie au mensonge religieux que sa naïveté lui figure essentiel à l’honneur de son pays.
Leconte de Lisle ne soit jamais populaire ; mais on ne peut nier que les sociétés primitives, l’Inde, la Grèce, le monde celtique et celui du moyen âge ne revivent dans les grandes pages du poète avec leurs mœurs et leur pensée religieuse.
Il y a de la gravité à toutes les pages où les sujets sociaux ou religieux sont touchés.
Tout homme a son mensonge vital ; beaucoup vivent de celui auquel leur race et leur milieu social les a adaptés dès l’enfance ; d’autres choisissent parmi les mensonges collectifs qu’ils trouvent préparés d’avance par les dogmes religieux ou laïques ; d’autres enfin se forgent, pour leur usage personnel, et avec leur tempérament propre, le mensonge vital qui leur convient.
Il les copiait, en s’appliquant, avec une sorte de ferveur religieuse, sur son ancien cahier de chambrée où il avait collationné les refrains du régiment.
Mais ne devraient-ils pas en faire autant pour le sentiment religieux ?
Morell « se propose de traiter la psychologie sur le plan et d’après les principes d’une science naturelle. » D’accord avec les auteurs qui précèdent sur toutes les questions de fait, il diffère quelquefois d’eux en théorie par certains points que je réduirai à deux : l’influence des doctrines allemandes, des tendances religieuses et métaphysiques.
La Nation a déjà compris, &, sans nous, l’expérience eût suffi pour lui faire comprendre, que les inventions en Littérature sont moins des moyens de perfection & des signes de fécondité, que des causes de dépérissement & des preuves de foiblesse ; que la révolte contre les principes religieux est un symptome de vertige, & ne sauroit être le fruit du développement de la raison.
Ces hommes-là, ces grands artisans de la civilisation, sans lesquels on en serait resté pendant quelques siècles de plus aux glands du chêne, Virgile les a placés au premier rang, et à bon droit, dans son Élysée ; il nous les montre à côté des guerriers héroïques, des chastes pontifes et des poètes religieux, Inventas aut qui vitam excoluere per artes.
Edmond Schérer (1815-1889) : Pasteur réformé, professeur d’exégèse à l’École évangélique de Genève (1845-1850), ce critique prolixe, commentateur de la vie religieuse (Esquisse d’une théorie de l’Eglise chrétienne, 1845) et politique (La Démocratie et la France, 1883) de son temps, fit aussi une carrière politique : il fut élu député de Seine-et-Oise en 1871, puis sénateur en 1875.
Gasquet se réclame de l’enseignement orphique et affirme son intention de renouer le drame philosophique et religieux.
Notre abbé Galiani que j’aime autant écouter quand il soutient un paradoxe que quand il prouve une vérité, pense comme Webb ; et il ajoute que Michel-Ange l’avait bien senti ; qu’il avait réprouvé les cheveux plats, les barbes à la juive, les physionomies pâles, maigres, mesquines, communes et traditionnelles des apôtres, qu’il leur avait substitué le caractère de l’antique, et qu’il avait envoyé à des religieux qui lui avaient demandé une statue de Jésus-Christ, l’Hercule Farnèse la croix à la main ; que dans d’autres morceaux, notre bon sauveur est Jupiter foudroyant ; st Jean, Ganymède ; les apôtres Bacchus, Mars, Mercure, Apollon, etc.
Hugo n’est-il pas aussi pur et aussi religieux que M. de Laprade ?
Le domaine des lettres, que Cicéron représentait avec tant d’émotion comme l’asile des malheureux et le port des naufragés, est devenu pour nous un champ de combat où nous apportons nos passions politiques ou religieuses.
C’est un peuple subtil, métaphysicien, ergoteur, où les théologiens sont remplacés par les rationalistes, — le rationalisme existant à la Chine comme il existe en Europe, terme pour terme, semblable, identique, avec son faux respect pour les choses religieuses et sa bâtarde fraternité !
Mon cœur se rouvre aux idées religieuses de ma jeunesse, et je vais à la mort comme à une fête.
L’éternelle consigne du Protestantisme et de la Philosophie est d’ôter tout doucement de l’histoire le merveilleux, le mystérieux, le religieux (ces choses synonymes), comme il faut les ôter de l’art, comme il faut les ôter de la vie, et déjà on avait cherché à expliquer, à humaniser, à naturaliser Colomb, au point qu’il n’était presque plus un grand homme.
Mais, disons-le pour l’en glorifier, en fondant son Empire, à lui, Napoléon, comme il l’avait conçu et comme il l’a un moment réalisé, ce despote, puisqu’il est reçu de déshonorer avec ce mot-là les champions du principe de l’autorité et de la nécessité du commandement parmi les hommes, essaya, du moins, de nous replacer dans notre vraie tradition politique, qui, comme la religieuse, est Romaine.
La Philosophie a remplacé la foi religieuse qui, pour tant de gens, est une duperie, par l’infatuation de la vanité, qui pour tout le monde est un profit.
Ouvrez au hasard ce charmant petit livre, à l’encre rouge, et voyez si à toute page vous ne trouvez pas cet amour sensuel de la forme, cette exagération violente du pittoresque, ce mépris du bourgeois qui appartient à Gautier comme le mépris du philistin appartient à Heine, ce mutisme religieux, cette sombre et voluptueuse étreinte des choses finies, cette conception brute et blême de l’amour sans idéal et de la mort sans immortalité, et enfin, pour parachever le tout, l’éternelle assomption des Clorindes du bal Mabille et de la Maison-d’Or, qui meurent, dit le poète (dans Les Vignes du Seigneur) : L’estomac ruiné de champagne Et le cœur abîmé d’amour !
— autour de la pensée du romancier et presque toujours au moment où on le voudrait sérieux et sincère, — par exemple, quand il s’agit des détails de l’éducation religieuse de sa Mme Bovary, l’ouvrage n’offre à l’esprit qu’une aridité désolante, malgré le vif de sa douleur et de son style.
N’est-ce pas, en effet, un hymne religieux et moral que ces vers élégiaques du législateur d’Athènes ?
Il en est encore de même, bien qu’à un moindre degré qu’autrefois, dans l’ordre religieux, qui intéresse l’âme, sa nature et sa destinée. […] et le mouvement de dissolution des croyances non seulement religieuses, mais morales, a son origine dans leurs ouvrages d’une si stoïque austérité26 ! […] et, d’ailleurs, n’est-il pas dans la mission même de l’éloquence religieuse de faire la guerre à l’esprit du siècle, et, par conséquent, de le contredire ? […] Parce que, en France, pays catholique, l’orgueilleux préjugé de la majorité religieuse s’y opposait. […] Guyau a remarqué que des idées philosophiques, religieuses, sociales, inconnues jusqu’alors des poètes, se font jour au milieu des classiques alexandrins de l’abbé Delille.
Si le prince quitte sa maîtresse, elle se fait religieuse. […] Ce que les contemporains remarquent surtout chez un homme, c’est le parti qu’il a pris dans leurs querelles politiques ou religieuses ; rien ne les intéresse plus vivement ; ils le jugent d’après cette pierre de touche. […] Des personnes religieuses la lisent avec édification, et des curieux qui l’ont plusieurs fois lue y trouvent chaque fois de nouveaux documents sur le mécanisme de nos facultés et de nos passions. […] Qu’est-ce que cette immense plaine froide située au-delà du Niemen, où des serfs du xiiie siècle, conduits par des officiers nobles, obéissent avec un enthousiasme religieux à un czar qui est presque leur Pape ? […] Un autre mérite soutiendra son œuvre : c’est que tous ses livres ont pour fond une idée générale, une thèse philosophique, religieuse ou morale, un problème de cœur, de conscience ou d’éducation.
Les premiers livres furent de grosses pierres, couvertes d’inscriptions en style administratif et religieux. […] Il a de la poésie une conception dogmatique, religieuse, autocratique. […] C’est une grande erreur de croire que la superstition est exclusivement religieuse. […] Quand il eut achevé, Popof donna, avec une joie religieuse, du poison à Lucien et à Marfa, pour qui Lucien avait péché. […] Elle s’empressa de consacrer, dès qu’elle le put, cette union, par un mariage religieux et secret.
Or, l’âme religieuse ne s’en ira jamais de notre race. […] Il était si profondément religieux que tout chez lui tournait, à la piété, même le plaisir. […] Il y a une interprétation religieuse, et d’ailleurs inexacte, de la Révolution éparse dans la vague rêverie de beaucoup de Français. […] Flaubert était retiré à la campagne près de Rouen, chez sa mère, dans cette maison blanche de Croisset, ancienne habitation de plaisance d’une confrérie religieuse. […] Il y faut cette sorte de sentiment tout voisin du mysticisme qui se retrouve au fond des grandes extases religieuses ou amoureuses.
Les religieuses du temps d’Othon le Grand ne mettaient pas assurément leur pureté sous la garde de l’ignorance : deux des pieuses comédies de leur sœur Hrotswitha les transportaient en imagination dans les cloîtres du vice. […] Il y a des parties obscures dans sa vie : on dit qu’il fut pendant quelque temps l’associé d’un marchand d’objets religieux du quartier Saint-Sulpice. […] Le fouet aidant, le prieur chanta si haut et si clair que les religieux, réveillés au bruit, accoururent dans sa cellule. […] Je trouvai à son chevet une religieuse qui était la plus tranquille et la plus simple créature du monde. […] Pour ma part, j’y aurais voulu plus de naïveté, plus de candeur, un art plus religieux, plus mystique.
Sur le rôle politique de Chateaubriand, sur la place et la fonction et la descendance religieuse du Génie du Christianisme, M. […] On sait ce que Molière lui doit ; on sait la protection qu’il assura au Tartuffe, en lequel il voyait un acte d’équilibre et de raison en harmonie avec sa politique religieuse. […] Ils sont catholiques parce qu’ils éprouvent certains besoins d’ordre religieux. […] Mais le véritable sentiment religieux ne peut pas plus demeurer dans la dépendance du sentiment national que dans celle du sentiment esthétique. […] Ainsi fait des mystiques l’âme religieuse.
. — Mesquinerie spéculative de sa conception religieuse. — Excellence pratique de sa conception religieuse. […] — Le sentiment religieux et poétique. — Vision de Mirza.
S’il a été sévère dans la forme, et pour ainsi dire religieux dans la facture ; s’il a exprimé au vif et d’un ton franc quelques détails pittoresques ou domestiques jusqu’ici trop dédaignés ; s’il a rajeuni ou refrappé quelques mots surannés ou de basse bourgeoisie, exclus, on ne sait pourquoi, du langage poétique ; si enfin il a constamment obéi à une inspiration naïve et s’est toujours écouté lui-même avant de chanter, on voudra bien lui pardonner peut-être l’individualité et la monotonie des conceptions, la vérité un peu crue, l’horizon un peu borné de certains tableaux ; du moins son passage ici-bas dans l’obscurité et dans les pleurs n’aura pas été tout à fait perdu pour l’art : lui aussi, il aura eu sa part à la grande œuvre, lui aussi il aura apporté sa pierre toute taillée au seuil du temple ; et peut-être sur cette pierre, dans les jours à venir, on relira quelquefois son nom. […] Votre cœur vierge ne s’est pas laissé aller tout d’abord aux trompeuses mollesses ; et vos rêveries y ont gagné avec l’âge un caractère religieux, austère et primitif, et presque accablant pour notre infirme humanité d’aujourd’hui ; quand vous avez eu assez pleuré, vous vous êtes retiré à Pathmos avec votre aigle, et vous avez vu clair dans les plus effrayants symboles. […] Il faudra bien vous laisser dire que l’on ne voit pas assez clairement le point où vous arrivez dans la foi, ni celui où vous tendez ; que le désespoir, avec tous ses scandales, fait plus pour le succès et pour une certaine originalité qu’un premier retour à des pensées religieuses ; que vous paraissez menacé du mysticisme dévot, et qu’en attendant, le mysticisme d’une rêverie toute subjective ne laisse pas assez arriver dans ce sanctuaire toujours tendu de deuil l’air du dehors, le soleil, la vie du monde.
Sa femme, fille unique d’un riche fermier de la Brie, fut pour lui l’objet d’une admiration religieuse, d’un amour sans bornes. […] Lors de ma première communion, je me jetai donc dans les mystérieuses profondeurs de la prière, séduit par les idées religieuses dont les féeries morales enchantent les jeunes esprits. […] En laissant de côté ces livres futiles et un peu cyniques, les Contes drolatiques, écrits dans le commencement de sa vie pour avoir du pain et un habit, qu’il ne faut pas compter pour des monuments, mais excuser comme des haillons de misère, son caractère était probe et religieux au fond, comme les leçons de sa mère et les souvenirs de sa sœur.
C’est l’art de la restriction mentale poussée au plus haut point, l’art de cacher sous une adhésion de forme aux doctrines religieuses officielles la plus grande liberté d’esprit cette attitude, qui ne fut pas rare au xviie siècle, rendit les plus grands services. […] Si Molière eût avoué que sa comédie était une attaque directe contre la religion, que son Tartufe était le type même du dévot véritable, il eût risqué de finir ses jours à la Bastille ; mais en le donnant pour le faux dévot, il se posait même en défenseur de l’intégrité religieuse, et tout le monde y a été pris et on s’y laisse encore prendre. […] La Religieuse ne fut imprimée que sous la Révolution, en 1796, la même année que Jacques le Fataliste et ces deux œuvres sont, avec Le Neveu de Rameau, à peu près tout ce qui se lit de Diderot.
Le religieux respect dont s’entoure la légende s’explique encore par la nécessité qu’éprouve le poète de couler sa pensée dans des creusets capables de mouler sans cassures toutes les saillies, tous les reliefs de ses rêves d’homme. […] Cela constitue vraiment une sorte de poème ; non pas un poème qui raconte des aventures imaginaires, mais un poème mis en action par celui qui le compose, exprimant son âme et son cœur, la réalité humaine qu’il est, avec ses efforts et ses espérances ou aussi avec ses lâchetés et ses désespoirs. » Laberthonnière, Essais de philosophie religieuse, p. 7. […] Art religieux du xiiie siècle en France, p. 91.
S’il expose la naissance et les dogmes de sectes, c’est parce que de religieuses elles sont devenues politiques. […] La mélodie, ici vibrante et d’un brûlant appel aux sens, là-bas grandit et s’amplifie par les effets de la brise ; c’est un chant religieux qui emplit toute la forêt. […] Il est religieux, et, quand Socrate l’a rencontré, il allait au temple l’air recueilli, les yeux baissés vers la terre, dans l’attitude de la vénération. […] Mais le duc n’ose contraindre sa fille, qui veut devenir religieuse. […] De la Perse, de l’Inde, de l’Égypte, de la Syrie, arrivait un souffle mystique, et le vertige religieux, comme une contagion, gagnait les âmes.
. — Comment le caractère saxon et la situation de l’Église normande préparent la réforme religieuse. — Inachèvement et impuissance de la littérature nationale. — Pourquoi elle n’a pas abouti. […] Les brutales et méchantes passions humaines, déchaînées d’abord par la rage religieuse, puis livrées à elles-mêmes, et, sous un appareil de courtoisie extérieure, aussi mauvaises qu’auparavant. […] Nulle grande œuvre poétique ou religieuse ne les manifeste à la lumière. […] On sent bien, par la précocité et l’énergie de leurs réclamations religieuses, qu’ils sont capables des croyances les plus passionnées et les plus sévères ; mais leur foi demeure enfouie dans les arrière-boutiques de quelques sectaires obscurs.
— Poëmes religieux de Dryden : Religio Laici, la Biche et la Panthère. […] Pour comble, il entra dans le conflit des partis politiques et des sectes religieuses, combattit pour les tories et les anglicans, puis pour les catholiques, écrivit la Médaille, Absalon et Achitophel contre les whigs, la Religio Laici contre les dissidents et les papistes, puis la Biche et la Panthère pour le roi Jacques II, avec la logique d’un homme de controverse et l’âpreté d’un homme de parti. […] Celle-ci, égarée hors du sien et entravée d’abord par l’imitation étrangère, ne forme que lentement sa littérature classique ; elle ne l’atteindra qu’après avoir transformé son état religieux et politique : ce sera le règne de la raison anglaise. […] La même amertume envenimait la controverse religieuse.
La Russie, par ses instincts profonds, par son fanatisme à la fois religieux et politique, conservait le feu sacré des temps anciens, ce qu’on trouve bien peu chez un peuple usé comme le nôtre par l’égoïsme, c’est-à-dire la prompte disposition à se faire tuer pour une cause à laquelle ne se rattache aucun intérêt personnel. […] Un sénat comme celui de Rome et de Venise remplit très bien le même office ; les institutions religieuses, sociales, pédagogiques, gymnastiques des Grecs y suffisaient parfaitement ; le prince électif à vie a même soutenu des états sociaux assez forts ; mais ce qui ne s’est jamais vu, c’est le rêve de nos démocrates, une maison de sable, une nation sans institutions traditionnelles, sans corps charge de faire la continuité de la conscience nationale, une nation fondée sur ce déplorable principe qu’une génération n’engage pas la génération suivante, si bien qu’il n’y a nulle chaîne des morts aux vivants, nulle sûreté pour l’avenir. […] Conservons au peuple son éducation religieuse, mais qu’on nous laisse libres. […] On dit souvent : « Les questions religieuses ont de nos jours trop peu d’importance pour amener des schismes. » C’est là une erreur ; des hérésies, des divisions sur les dogmes abstraits, il n’y en aura plus 9 ; car on ne prend presque plus le dogme au sérieux ; mais des schismes dans le genre de celui d’Avignon, des divisions de personnes, des élections contestées et dont l’incertitude maintiendra longtemps affrontées des parties de la catholicité, cela est parfaitement possible, cela sera.
Je crois comme vous qu’on ne voit au fond que la fourbe et la fureur ; mais j’aime mieux la fourbe et la fureur qui renversent les châteaux forts, détruisent les titres et autres sottises de cette espèce, mettent sur un pied égal toutes les rêveries religieuses, que celles qui voudraient conserver et consacrer ces misérables avortons de la stupidité barbare des Juifs, entée sur la férocité ignorante des Vandales. […] On se demande, on s’est demandé sans doute plus d’une fois comment, avec des talents si éminents, une si noble attitude de tribun, d’écrivain spiritualiste et religieux, de vengeur des droits civils et politiques de l’humanité, avec une plume si fine et une parole si éloquente, il manqua toujours à Benjamin Constant dans l’opinion une certaine considération établie, une certaine valeur et consistance morale, pourquoi il ne fut jamais pris au sérieux autant que des hommes bien moindres par l’esprit et par les services rendus. […] Le livre de l’Importance des Idées religieuses, qui parut en 1788 : il voulait le réfuter, d’après ses idées religieuses ou antireligieuses à lui. […] Il paraît que Mme de Charrière avait le talent de critiquer les livres en prenant tout juste la peine d’y jeter les yeux : « J’en ai lu dix moitiés de pages au moins, disait-elle de je ne sais quel ouvrage : ainsi, vous ne m’accuserez pas, comme à propos des Opinions religieuses, de juger sur la couverture du livre. » 155.
* Platon définit l’homme : l’être religieux par excellence. […] Quoique religieux comme Descartes et Newton, il était très résolu, si le résultat contrariait ses sentiments, à l’accepter et à le confesser. […] La question scientifique prit ainsi le caractère d’une question religieuse. […] Aucune considération religieuse n’a dirigé mon œil et ma main, et si mes expériences m’avaient démontré l’existence de générations spontanées, sans hésiter j’en aurais convenu. […] Et le même sentiment religieux par lequel il savait à qui rendre grâce de ses talents, lui apprenait à porter modestement sa gloire25.
Mandez-moi quels livres vous me conseillez de lire. » Antérieurement à cette époque, on a des lettres d’elle à ces mêmes religieuses ; chaque malheur, je l’ai dit, y ramenait involontairement son regard ; elle leur avait écrit lorsqu’elle avait perdu une petite fille, et à la mort aussi de Mme la Princesse sa mère. […] Un mois après sa mort, l’archevêque de Paris, M. de Harlay, se rendit en personne à cette abbaye pour signifier, par ordre du roi, aux religieuses, de renvoyer leurs pensionnaires et leurs postulantes et pour leur défendre d’en recevoir à l’avenir.
Premièrement, rien n’est plus faux que cette prétendue antipathie religieuse, et que cette prétendue extermination systématique des chrétiens de l’Orient par les Turcs. […] Mais surtout lisez-la dans les faits et dans les monuments religieux qui couvrent l’empire ottoman encore aujourd’hui.
Le duc répondit à la supplique que le Tasse lui adressa de Bello Sguardo pour obtenir son congé et son agrément, qu’il ne s’opposait nullement à ce que le malade fût remis aux pères franciscains, si ces religieux consentaient à le recevoir et à répondre de sa santé par leurs soins ; il ajoute que, dans le cas contraire, le Tasse pouvait revenir habiter, libre, son appartement au palais de Ferrare, où il serait servi et soigné comme auparavant par deux serviteurs de la cour. […] X Les religieux franciscains de Ferrare consentirent charitablement à recevoir le malade.
Mais il a échappé par bonheur au pédantisme stérile : la passion religieuse emplit son œuvre — celle qui compte — et la fait sincère, intense et vivante. […] On peut croire qu’elle fut vraiment, après l’excitation de la Renaissance, une forme nécessaire de l’esprit français : car, dès que l’apaisement des troubles civils et religieux donne le loisir et la sécurité, la littérature et la société se précipitent ensemble de ce côté.
Supposez cet homme rebelle par impuissance à la foi de son pays, ou entraîné vers l’incrédulité absolue ; Descartes veut le retenir sur le bord de l’abîme, l’aider à trouver en lui-même les principes qui le ramèneront à la croyance philosophique, et par elle peut-être à la croyance religieuse. […] C’était, de plus, un système, par opposition à l’esprit d’affirmation des sectes religieuses, et une sagesse, eu égard aux excès de cet esprit.
Tel négociant aura pour ses affaires une morale commerciale, une morale religieuse en ce qui concerne le culte, les paroles à prononcer en des circonstances précises, une morale mondaine qu’il emploiera avec ses amis, et bien d’autres encore. […] La sociologie tend bien aussi à masquer ces conflits, mais elle marche ainsi contre ses principes de science, chercheuse de vérité, et ne pourra peut-être pas créer les mêmes illusions que la métaphysique religieuse ou rationaliste.
Cris d’angoisse, de doute, de sensualité inquiète, de religieuse souffrance, dans des rythmes d’une fluidité racinienne, d’une limpidité de source. […] « Et viennent les Paroles, meurtrières, désabusées, terribles et profondes, religieuses, décisives, mystérieuses, dont on ne parle pas, qu’il faut murmurer bouche à bouche avec l’Être ou le Néant.
Le premier réconcilia l’esprit moderne avec le christianisme de la tradition, en nous montrant autour de sa tête pâle l’auréole divine de la beauté ; la seconde apprit aux lettrés de notre âge à retrouver dans la société, dans les arts, dans toute la création, le sentiment religieux, ce christianisme de la raison, non moins immortel que l’autre. […] Pendant plusieurs années ils viennent une fois chaque semaine se presser dans la chambre étroite qu’habite le jeune maître ; qui, debout, adossé à la cheminée, se livre, au milieu d’un silence et d’une attention religieuse, aux recherches les plus délicates sur les plus grands problèmes de la psychologie.
Par fanatisme religieux ?
Il fut pris, à dix-sept ans, de ce que son compatriote Segrais appelait la petite vérole de l’esprit, c’est-à-dire qu’il voulut se faire religieux ; par bonheur pour ses lecteurs futurs et pour le bien du genre humain (c’est lui-même qui nous le dit aussi naïvement qu’il le pense), on le jugea trop faible de santé pour soutenir les exercices du chœur, et sa fièvre de vocation eut le temps de se dissiper.
Pour me servir d’une comparaison appropriée, je dirai : Une bonne traduction littérale, selon cette précise et religieuse méthode, serait à une ancienne traduction réputée élégante à la Dacier ou même à la Dugas-Montbel ce qu’est la statuaire antique tout émaillée et variée de métaux, toute resplendissante d’or et d’ivoire, telle en un mot que l’a vue et retrouvée M.
Mais au fond, depuis la fatale découverte et la perspective mortelle, quelque chose de grave et de résigné, de religieux sans mots ni phrases du sujet, dominait dans sa pensée et se révélait indirectement dans ses discours par une plus grande douceur et une plus grande indulgence de jugement.
Au fond, répétons-le, l’inspiration religieuse ne consiste jamais dans cet appareil extérieur et dans ces moyens.
. : mais son Rêve de Dalembert, son Supplément aux voyages de Bougainville, son Paradoxe sur le Comédien, sa Religieuse, son Jacques le Fataliste, son Neveu de Rameau, c’est-à-dire le meilleur et le pire, le plus caractéristique en tout cas de son œuvre, tout cela est resté enfoui dans ses papiers.
L’explication des textes est identique en son essence à l’exégèse pratiquée dans les sciences religieuses et dans la philologie grecque et latine.
Si ce néo-Grec, que son culte de la nature n’empêche point de montrer dans les choses religieuses les tolérances tendres et amusées d’un Renan, nous parle d’aventure de l’Assomption ou de la Semaine sainte, il y reconnaîtra les fêtes symboliques de l’éternel amour ; il célébrera l’assomption de la femme, Eve ou Vénus anadyomène, et pleurera avec les belles Syriennes sur le cadavre d’Adonis.
Cette alliance de la songerie religieuse et de l’enragement charnel, des jeunes gens l’ont appelée « satanique » Comme il leur plaira !
Edmond Pilon La bonne Vierge-Vénus et la Vénus-Marie Se penchent, se désolent, sanglotent et prient Sur ton tombeau plus blanc que celui des colombes, De l’Olympe, du Pélion, du Paradis, Des anges, des satyres et des séraphins prient Pour le pauvre homme bon et le poète parti Vers les églises d’encens et les riches prairies Où la harpe entremêle à la flûte fleurie Des rythmes de prière à des chansons d’orgie ; Ta vie toute pareille à celle du pèlerin, Dont la violente jeunesse grisée d’amour et de vin Avance peu à peu vers la prière des anges, Aboutit — ô Verlaine — à ce tombeau étrange Bâti des impuretés de ta jeunesse ardente Et des strophes liliales de tes poèmes chrétiens ; Te voici, à présent, couché dans la prairie ; Mais la rouge passiflore à la fleur de Marie Enlace, malgré tout, sa passion orgueilleuse Aux tiges de la pensée et des fleurs religieuses Que placeront des amis, que sèmeront des fidèles Et que planteront de beaux anges avec leurs ailes… La couronne d’épines et la couronne de roses, Le bâton de Tannhauser et la houlette des fêtes Que Watteau dessina, pour toi, voici deux siècles, S’emmêlent sur ton ombre tourmentée et posent Leur symbolique trophée au bord de ton silence… Verlaine, ton tombeau est un tombeau étrange Que veillent à la fois les amours et les anges… [La Vogue (15 juin 1900).]
Brunetière exposa à la Sorbonne que la littérature est une fonction sociale ; c’est-à-dire qu’au regard historique le fait littéraire a son importance, son coefficient (moindre ou supérieur, il n’importe) comme le fait scientifique, le fait religieux, etc.
Mais il faut remarquer que ces mots de « surhumain » et de « surnaturel », empruntés à notre théologie mesquine, n’avaient pas de sens dans la haute conscience religieuse de Jésus.
Par une singularité fort étrange, c’étaient ces incrédules, niant la résurrection, la loi orale, l’existence des anges, qui étaient les vrais Juifs, ou pour mieux dire, la vieille loi dans sa simplicité ne satisfaisant plus aux besoins religieux du temps, ceux qui s’y tenaient strictement et repoussaient les inventions modernes faisaient aux dévots l’effet d’impies, à peu près comme un protestant évangélique paraît aujourd’hui un mécréant dans les pays orthodoxes.
Ce nom, ce serment, les souvenirs de persécution religieuse attachés à ces circonstances avaient tait sur l’âme du jeune Agrippa une de ces impressions qui dans les familles se transmettent de général ton en génération, forment dans l’esprit des enfants qui se succèdent une idée fixe autour de laquelle les premières notions et les premiers sentiments de morale se rangent et s’impriment en caractères ineffaçables75.
Des femmes foibles, des religieux jeunes & plus foibles encore, sentirent bientôt leur cœur brûler de l’amour pur.
Les poètes les plus distingués se firent gloire de composer des hymnes religieuses en l’honneur de Bacchus, et d’y ajouter tout ce que la musique et la danse pouvaient y répandre d’agréments.
Il faut remonter aux sources mêmes, c’est-à-dire aux écrits des philosophes, des penseurs religieux ou politiques, des historiens et des poètes, si l’on veut pénétrer la vie des peuples.
La philosophie religieuse a donné lieu, en France, à des travaux importants.
On loue également un bourgeois et un prince, les cardinaux et les femmes, des saints, des moines, des poètes, des religieuses, ceux qui ont quelque pouvoir dans ce monde, ou ceux qui n’en ont que dans l’autre.
Quelle frayeur religieuse devait saisir le jeune chasseur laconien pénétrant dans les taillis du Taygète ! […] Leur caractère religieux se maintint intact au milieu des travestissements que le caprice mythologique imprima aux autres divinités. […] Qu’étaient ces Mystères dont tous les poètes, tous les historiens, tous les philosophes ne parlent qu’avec un tremblement religieux ? […] Sa tête, tournée vers Cérès, exprime une attention religieuse. […] Des religieux habiles ou ignorants disputoient avec véhémence pour les convaincre des vérités de notre religion.
C’est le cas des textes religieux, des lettres privées et de toutes les œuvres littéraires, qui forment une forte part des documents sur l’antiquité. […] Un auteur est membre à la fois de plusieurs groupes, famille, province, patrie, secte religieuse, parti politique, classe sociale, dont les intérêts sont souvent en conflit ; il faut savoir démêler le groupe auquel il s’intéressait le plus et pour lequel il aura travaillé. […] Or les hommes ne sont pas divisés en compartiments étanches (religieux, juridiques, économiques) où se passeraient des phénomènes intérieurs isolés ; un accident qui modifie leur état change leurs habitudes à la fois dans les espèces les plus différentes. […] Ainsi les historiens politiques ont été amenés à se faire les champions de l’histoire générale et à conserver dans leurs constructions tous les faits généraux (migrations de peuples, réformes religieuses, inventions et découvertes) nécessaires pour comprendre l’évolution. […] Il faut les chercher dans tous les ordres de faits, déplacement de population, innovations artistiques, scientifiques, religieuses, techniques, changement de personnel dirigeant, révolutions, guerres, découvertes de pays.
Le pessimisme n’avait pas fait la fortune qu’on l’a vu faire depuis, quand, il y a plus de quarante ans, Vinet osait bien dire que, « dans la balance où Pascal avait entassé les éléments de sa conviction religieuse, le pessimisme, bien plus manifeste que le pyrrhonisme, avait pesé d’un bien plus grand poids que l’insuffisance de nos moyens de connaître ». […] C’est dans ce long épisode que l’on pourrait, sous le titre de la Religieuse, détacher de la Vie de Marianne, et que ses derniers biographes ont eu grandement raison de mettre un peu plus en lumière que l’on n’avait fait jusqu’ici. — L’une des religieuses du couvent où l’on a pour quelque temps placé Marianne lui raconte son histoire, en y intercalant, pour ne pas dire en y emboîtant, selon le procédé de Marivaux, l’histoire d’une autre religieuse. […] Larroumet, de ne pas voir dans les neuvième, dixième et onzième parties de Marianne le thème initial de la Religieuse. […] Diderot, dans sa Religieuse, n’a pas « imité » Marianne ; il n’a pas davantage « imité » l’Indigent philosophe dans son Neveu de Rameau ; cela va sans dire. […] Hérault, lieutenant de police, recevait la lettre suivante : « M. le Lieutenant de police est très humblement supplié par les Supérieurs Généraux de la Congrégation de Saint-Maur de faire arrêter un religieux fugitif, qui, depuis environ quinze jours, est sorti de la maison de Saint-Germain-des-Prés, sans raison et sans bref de translation qui au moins ait été signifié.
Léon Bazalgette a des enthousiasmes de néophyte, et quand il vous parle de l’Esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse, c’est avec une admirable exaltation. […] L’auteur y oppose les cathédrales de Huysmans à celles de Monet, et le rapprochement m’a paru tout à fait pathétique : « Huysmans, à la fin du dix-huitième siècle, considère la cathédrale comme l’expression toujours vivante et toujours adéquate de la pensée religieuse contemporaine… C’est à travers le flot des puériles légendes, des naïves ignorances, des obscures allégories, charrié par le moyen âge, c’est orné de cette végétation mystique qu’il entrevoit le monument où l’humanité d’hier pétrifia son rêve, et qu’il en exalte la signification tout à la fois d’orgueil et d’humilité. » Mais la conception moderne de Claude Monet s’oppose à la conception catholique de J. […] Entièrement dégagé de tout ressouvenir, de tout culte et de toute tradition religieuse, le peintre n’a considéré l’édifice que comme un fragment de nature, suivant la réalité, non suivant le dogme. […] Mais, d’un autre côté, je tremble et je m’exaspère quand je lis sous la plume de Proudhon des phrases comme celle-ci : « Le culte des grands hommes, que certains soi-disant humanistes voudraient établir aujourd’hui en guise de religion, est une continuation de la théologie ou symbolique religieuse, un reste d’idolâtrie. » Je n’aime point les destructions de légende, et Proudhon m’apparaît trop ici comme un briseur d’images.
Les sentiments religieux de Mme de Rochefort sont fidèlement exprimés dans cette pensée : « La philosophie est plus raisonnable que la religion, mais elle est plus sèche. […] Le culte de l’art, le soin religieux de la forme est une vertu très répandue aujourd’hui parmi la jeune école ; à cet égard, il n’y a guère que des compliments à lui adresser. […] Théodore de Banville commente ainsi ces paroles de Ronsard, si tu entreprends quelque grand œuvre, tu te montreras religieux et craignant Dieu : « Le vers est nécessairement religieux, c’est-à-dire qu’il suppose un certain nombre de croyances et d’idées communes au poète et à ceux qui l’écoutent. […] L’action la plus religieuse était d’exposer des formes pures… On immolait des victimes avec des fleurs autour des doigts. […] L’onction du style, cette qualité proprement chrétienne, se répand naturellement dans tout le récit du grand-père par le seul effet de la présence des sentiments religieux.
Elle y proclamait la nécessité de restaurer en France l’idée religieuse ; mais « en bonne calviniste », disait-elle, elle proposait d’établir comme religion d’État la religion protestante. […] Le frisson qu’il nous en communique ne cesse d’être philosophique que pour devenir religieux. […] Le héros et le martyr ne sont pas des êtres dénués de passions fortes ; mais ils ont pour passion celle de la gloire ou l’enthousiasme religieux. […] L’enthousiasme religieux jette les foules des Croisades dans les souffrances et les périls sans nombre des aventures « aux pays étranges ». […] La préface n’est pas seulement d’un absolutiste en matière religieuse : elle est d’un tortionnaire.
D’ailleurs et foncièrement, la race n’est point religieuse, c’est-à-dire sérieuse et sujette aux alarmes de conscience, mais sceptique, railleuse, prompte à ramener les privilégiés à son niveau, à chercher l’homme sous le dignitaire, à croire que, pour tous comme pour elle, le grand objet de la vie est l’amusement ou le plaisir. […] Ils mettaient un siècle religieux en garde contre la religion fausse ; on ne fabrique la mauvaise monnaie qu’à l’imitation de la bonne, et toute vertu a sa contrefaçon. […] Le gouvernement l’a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses.
Cette origine d’Éloa, quoique un peu précieuse et affectée, était poétique et religieuse à la fois. […] Construit sur la colline la plus élevée du rivage de la Loire, il encadre ce large sommet avec ses hautes murailles et ses énormes tours ; de longs clochers d’ardoises les élèvent aux yeux, et donnent à l’édifice cet air de couvent, cette forme religieuse de tous nos vieux châteaux, qui imprime un caractère plus grave aux paysages de la plupart de nos provinces. […] Car le suicide est un crime religieux et social.
Son génie belliqueux et religieux vient de là ; il a été depuis et constamment recruté par les grandes et belles races caucasiennes des Géorgiens, des Abases, qui vivent sur les racines de ces montagnes, tantôt soumis et tributaires des Persans sur les bords de la mer Caspienne, et envoyant leurs plus belles femmes au harem d’Ispahan pour régénérer leurs générations. […] Je n’attribue pas cela au principe de leur religion, quoiqu’elle permette toute sorte de culte religieux, mais je l’attribue aux mœurs douces de ce peuple, qui sont naturellement opposées à la contestation et à la cruauté. […] Le nom de sorbet et celui de sirop viennent de ce terme de cherab, que les mahométans religieux ont en telle horreur, à cause que le vin enivre, qu’il est impoli de le proférer seulement en leur présence.
Car il peut paraître surprenant que, dans toute rénovation artistique ou religieuse, l’élite de la nation, chaque fois, s’interpose, et que, seuls, les humbles, les frustes, les natures vierges et frémissantes soient les premiers frappés par la bonne parole, s’enthousiasment pour l’œuvre nouvelle. […] Zola et à ses amis Meneurs de l’abominable tapage actuel, il faut vous dire enfin les raisons profondes de la haine, de la belle et solide haine que vous nous avez inspirée, à nous qui ne sommes ni catholiques, ni antisémites, ni cocardiers, à nous internationalistes décidés en même temps qu’adversaires irréconciliables de ces deux anachronismes modernes, l’esprit militaire et l’esprit religieux. […] En attendant, accoudés à nos fenêtres hautes, nous regardons, avec une émotion religieuse, poindre l’aube là-bas, l’aube de la justice humaine, l’aube d’une humanité plus grande.
Les petites pudeurs n’existent pas pour les mères : elles sont, comme les saintes et les religieuses, au-dessus de la femme. […] Car c’est incontestable, les costumes du passé, de grands noms vaguement entendus et le lointain d’une ancienne époque, imposent au peuple et le pénètrent d’un respect religieux qu’il n’a pas pour les drames qu’il coudoie, pour les personnages de son temps. […] C’était lui qui disait dernièrement à un architecte religieux : « Combien coûtera décidément votre église… toute finie, hostie en gueule ?
Ses premiers comédiens sont des prêtres ; ses jeux scéniques sont des cérémonies religieuses, des fêtes nationales. […] le théâtre grec, tout asservi qu’il était à un but national et religieux, est bien autrement libre que le nôtre, dont le seul objet cependant est le plaisir, et, si l’on veut, l’enseignement du spectateur. […] Il semble qu’ils n’aient pas osé réunir tous les traits de ce bizarre et colossal prototype de la réforme religieuse, de la révolution politique d’Angleterre.
Les impôts et les emprunts dont il avait fallu charger la propriété, après les deux invasions dont la Restauration était innocente, puisqu’il fallait payer la rançon du territoire, les fureurs mal contenues de la Chambre de 1815, les massacres de Nîmes et de Toulouse, les listes de proscription dressées à regret par le roi sous le doigt impérieux d’une Chambre vengeresse ; les meurtres incléments et impolitiques des généraux, de Labédoyère, du maréchal Ney, meurtres qui, dans quelques hommes, atteignaient l’armée tout entière ; les procès pour cause de libelles, les prisons pour cause de couplets, les missions plus royalistes que religieuses parcourant le pays, présentant la croix à la pointe des baïonnettes, et répandant sur toute la surface de la France moins des apôtres de religion que des proconsuls d’agitations civiles ; la guerre d’Espagne, guerre qui était en réalité française, mais qui paraissait une guerre intéressée de la maison de Bourbon seule contre la liberté des peuples ; enfin la mort de Louis XVIII, ce modérateur emporté malgré lui par l’emportement de son parti ; l’avènement de Charles X, qu’on supposait le Joas vieilli d’un souverain pontife prêt à lui inféoder le royaume ; les oscillations de son gouvernement, jeté, des mains prudentes de M. de Villèle, aux mains conciliantes de M. de Martignac, pour passer aux mains égarées de M. de Polignac ; l’abolition de la garde nationale de Paris, cette déclaration de guerre entre la bourgeoisie et le trône : toutes ces circonstances, tous ces malheurs, tous ces excès, toutes ces fautes, toutes ces faiblesses, toutes ces violences, toutes ces folies avaient progressivement fait de l’opposition populaire en France une puissance plus forte que le Gouvernement. […] « Si tout le monde faisait cela dans la proportion de son amour et de ses forces, tout le monde serait heureux, ou du moins tout le monde serait consolé ; donc ma religion, au moins pour moi, est bonne ; donc mon devoir religieux est d’aimer et de servir le peuple. […] — Ailleurs, la sainte alliance des peuples se garantissant dans une équité fraternelle la mutuelle indépendance par le respect des nationalités. — Plus loin, la tolérance religieuse affranchissant les consciences de la loi des États pour laisser à la croyance sa seule conviction pour règle, et à la piété sa seule sincérité pour honneur.
Fais ce que tu pourras, pourvu que tu le fasses avec un religieux respect de la langue et du rythme : telle aurait dû être et telle fut, en effet, leur devise. […] De telles irrévérences au prophète rêveur des Méditations religieuses. […] Toujours hautaine et presque religieuse chez l’un, tour à tour enthousiaste ou ironique, passionnée ou désillusionnée chez l’autre, la personnalité chez l’un et chez l’autre déborde, s’impose, veut qu’on s’inquiète sans cesse d’elle seule. […] Comme il y a des demi-dieux dans les légendes religieuses, il y a dans la vie littéraire des demi-génies. […] En effet une force invincible m’attire vers la légende, humaine ou religieuse, inventée ou rénovée, vers la lointaine légende.
Dès sa jeunesse, et de sa jeunesse éclatante et enivrée jusqu’aux derniers jours de sa vieillesse mélancolique et désabusée, les questions religieuses tourmenteront cette grande âme ardente et flexible, car le sentiment religieux, très profond chez Lamartine, subit en lui des variations diverses et des ondulations continuelles. […] Elle justifié la prépondérance que M. des Cognets donne aux préoccupations religieuses dans la vie intérieure du poète, mais il ne faudrait pas voir en lui pourtant une sorte de saint et de héros. […] C’est à ces retours, à ces alternatives, à ces débats que nous fait assister M. des Cognets et, dans cet examen, il est soutenu par un très précieux témoignage, je veux dire les notes prises par Dargaud qui fut, pendant trente ans, l’ami de Lamartine et le confident le plus intime et le plus constant de sa pensé religieuse. […] De là d’interminables conversations, soit religieuses, soit politiques, tout amicales de part et d’autre et que Dargaud notait ou relatait sur le journal qu’il tenait des principaux incidents de sa vie. […] » Et si vos oreilles, Monsieur, étaient ravies de la tournure et de la légèreté des voix et de là perfection des symphonies, vos yeux ne l’étaient pas moins, car « est-il rien de si plaisant que de voir une jeune et jolie religieuse en habit blanc, avec un bouquet de grenades sur l’oreille, conduire l’orchestre et battre la mesure avec toute la précision imaginable ?
Il ne s’agit pas seulement ici de tiédeur religieuse, mais de cette espèce d’anémie morale qui fait qu’on n’a plus foi à rien. […] Les fameuses lettres de la Religieuse portugaise sont tièdes et calmes auprès de quelques-unes de ces pages, qui peuvent compter parmi les plus ardentes que l’amour ait jamais arrachées à une femme. […] Le cruel badinage de Perdican avec une pauvre petite paysanne cause deux victimes : l’innocente Rosette, qui meurt d’avoir été trompée, et l’orgueilleuse Camille, que le regret du bonheur entrevu consumera sous son voile de religieuse. […] L’influence d’une humble religieuse avait contribué au développement des idées graves. […] À Alfred Tattet : « Le samedi 14 mai 1844. — Je viens d’avoir une fluxion de poitrine… Quand je dis fluxion de poitrine, c’est pleurésie que je devrais dire, mais le nom ne fait rien à la chose… Vous comprenez que j’ai eu mes religieuses.
Religieux par principes et chrétien sincère, il se fit des scrupules de conscience, ou du moins il tint à les empêcher de naître et à se mettre en règle contre les remords et les faiblesses qui pourraient un jour lui venir à ses derniers instants. […] Cette manière un peu machinale et brusque de considérer le remède religieux, sans en introduire la vertu et l’efficace dans la suite même de sa conduite et de sa vie, annonce une nature qui avait reçu par une foi robuste la tradition des croyances plutôt qu’elle ne s’en était pénétrée et imbue par des réflexions lumineuses.
Une république démocratique et religieuse, agitée par la parole d’un moine à moitié fou, à moitié factieux, mais toujours fourbe, Savonarola, avait remplacé les Médicis. […] Ses considérations sur les novateurs ou réformateurs politiques ou religieux, dans le même chapitre, sont de la même infaillibilité de vues. « Il y en a de deux sortes, dit-il : ceux qui ne peuvent que persuader et ceux qui peuvent contraindre.
« L’œil de l’homme doit être plus religieux encore devant le lever d’une jeune fille que devant le lever d’une étoile. […] « Quoiqu’il en soit, même tombés, surtout tombés, ils sont augustes, ces hommes qui, sur tous les points de l’univers, l’œil fixé sur la France, luttent pour la grande œuvre avec la logique inflexible de l’idéal ; ils donnent leur vie en pur don pour le Progrès ; ils accomplissent la volonté de la Providence ; ils font un acte religieux.
« Dans la grande rue de Frédéric, devant le gymnase de Frédéric, se tenaient les élèves avec leur directeur ; ils saluèrent le passage du mort de chants religieux ; en passant devant l’Université, au son des cloches, au bruit des chants de la société chorale des hommes de Berlin, le cercueil arriva devant le dôme où l’attendaient, sous le portail, la tête découverte, le prince régent, les princes Frédéric-Guillaume, Albert, Albert fils, Frédéric, Georges, Adalbert de Prusse, Auguste de Würtemberg et Frédéric de Hesse-Cassel ; puis, à l’entrée principale de l’église, les chapelains de la cour, conduits par Strauss, reçurent le cercueil et l’accompagnèrent devant l’autel, où il fut déposé sur une estrade entourée de palmes et de plantes en fleurs, d’innombrables cierges portés par quatre immenses candélabres, et enfin des coussins sur lesquels reposaient les ordres du défunt. […] » V Aucune préoccupation religieuse ne se manifesta en lui à ses derniers moments.
Ils partageaient leur temps entre la pratique des devoirs religieux, le soin de l’enseignement, quelques travaux manuels, à l’exemple des anciens solitaires, et des écrits sur des sujets de morale ou de piété. […] Nicole n’exagère rien, parce que toutes les blessures faites à l’homme, dans le temps qu’il était mêlé aux querelles religieuses, ont été reçues par le chrétien, qui se défie de soi et qui pardonne.
Les croyances religieuses et philosophiques sont une sorte de ciment qui unit les morceaux du moi, l’instinct social et l’instinct personnel. […] Et l’on pourrait, sur le même sujet, dire bien des choses encore ; rechercher, par exemple, le rapport de l’obligation morale avec les formes primitives de la religion et de l’état, analyser les prescriptions et les interdictions religieuses, le tabou, etc.
Sans doute les misérables êtres qui bégayèrent d’abord des sons inarticulés sur le sol malheureux de l’Afrique ou de l’Océanie ressemblèrent peu à ces naïfs et gracieux enfants qui servirent de pères à la race religieuse et théocratique des Sémites, et aux vigoureux ancêtres de la race philosophique et rationaliste des peuples indo-germaniques. […] J’admire profondément les vieux monuments religieux du Moyen Âge ; mais je n’éprouve qu’un sentiment très pénible devant ces modernes églises gothiques, bâties par un architecte en redingote, rajustant des fragments de dessins empruntés aux vieux temples.
Le Pere Giroust, à l’exemple du P. de la Colombiere, ne se distingua pas moins comme Religieux, que comme Prédicateur. […] L’auteur de ce livre est le Pere Hyacinthe de Montargon, Augustin de la place des Victoires, Religieux considéré dans son Ordre, estimé dans le monde, Prédicateur connu, qui après avoir prêché à la Cour avec succès, n’a pas dédaigné d’écrire pour les habitans de la campagne.
Au milieu de tous ses défauts et de ses excès de nature, il était religieux ; il ne s’était jamais trouvé dans aucune entreprise sans invoquer Dieu à son aide, et il nous a laissé la formule de l’oraison qu’il prononçait dans les périls, et qui, lui rendant la netteté de l’entendement, chassait de lui toute crainte.
Parmi les cinq écrivains qu’il rassemble si singulièrement, et dont il fait les hommes forts de sa race (ce qui ne saurait se soutenir de deux d’entre eux, à qui ce caractère de force convient médiocrement), il en est qui n’ont pas obtenu du premier coup cette admiration religieuse et ce grand silence, en supposant qu’on les leur ait jamais accordés.
Bossuet voulut, à cet âge, faire aussi des vers, et cela va sans dire, des vers religieux ; il s’appliqua à traduire en vers français quelques-uns des psaumes ; il s’en remettait pour la révision à l’abbé Genest, un des abbés de la Cour naissante de Sceaux, auteur d’une tragédie sacrée, un assez pauvre poète et, je pense, un mince critique ; mais Bossuet, qui traduisait ces psaumes par esprit de pénitence, les lui soumettait avec une égale humilité.
Dans sa jeunesse, et à l’époque de sa liaison avec Vauvenargues, c’était un jeune homme studieux, aussi lettré que modeste, animé de sentiments délicats et tendres, religieux ou susceptible de revenir à la religion.
Son père, fort considéré en Bresse, de bonne et honnête race bourgeoise, avait abondé dans le sens du mouvement de 89 et avait été l’un des principaux rédacteurs du cahier de la ville de Pont-de-Vaux : avec cela, homme de principes religieux et bon chrétien.
On ne sait pourquoi il fait grâce en un endroit à Montaigne, lequel pourtant a dit en son joli langage : « Et moi, je suis de ceux qui tiennent que la poésie ne rit point ailleurs comme elle fait en un sujet folâtre et déréglé. » M. de Laprade prend même le soin de rassurer les chrétiens, les âmes religieuses, contre l’ironie de Montaigne.
Là aussi, « dans cet ordre littéraire comme dans l’ordre religieux, a dit un pieux et savant Anglais44, un peu de foi et beaucoup d’humilité au point de départ sont souvent récompensés de la grâce et du don qui fait aimer, c’est-à-dire comprendre les belles choses. » Je n’irai pourtant pas jusqu’à dire, avec un autre critique de la même nation, « qu’il faut feindre le goût que l’on n’a pas jusqu’à ce que ce goût vienne, et que la fiction prolongée finit par devenir une réalité. » Ce serait donner de gaîté de cœur dans la superstition et l’idolâtrie.
Biot qui venait de mourir : « C’était un savant du premier ordre, un chrétien des premiers temps, et l’un de mes amis les plus dévoués » On fait plus qu’entrevoir par là que le savant était resté en, relation avec le parti légitimiste, de même qu’il s’était mis en règle avec le parti religieux.
Ils sont les premiers à reconnaître ; « Que l’imagination des auteurs, quand ils traitaient des sujets religieux dont les points fondamentaux étaient fixés par l’Ancien ou le Nouveau Testament, ne pouvait se donner carrière que dans quelques scènes épisodiques et dans le dialogue naïf, familier, souvent trivial, des personnages secondaires, tels que les bergers, les soldats, les démons ; que l’exactitude des tableaux, le langage plus ou moins vrai qu’on prêtait aux personnages, l’effet comique qui résultait des facéties de quelques-uns, constituaient le principal mérite de l’ouvrage aux yeux du public, et en faisaient tout le succès ; que toute espèce d’idée d’unité était absente de ces compositions et étrangère à la pensée des auteurs ; qu’on ne songeait nullement alors à disposer les faits de façon à les faire valoir par le contraste, à concentrer l’intérêt sur certaines scènes, à tenir en suspens l’esprit du spectateur et à l’amener de surprise en surprise, de péripétie en péripétie, jusqu’au dénouement.
Et c’est cet homme, enchevêtré, il est vrai, par son éducation, par sa naissance, par ses alentours (son Journal en fait foi) et tous ses liens originels de famille, de paroisse, de cléricature, dans l’idée ecclésiastique la plus étroite, c’est cet homme religieux, d’ailleurs, et qui se croit charitable, qui a des pratiques vraiment chrétiennes, qui chaque fois qu’il lui naît un enfant, par exemple, le fait tenir sur les fonts baptismaux « par deux pauvres », c’est lui qui va devenir un persécuteur acharné, subtil, ingénieux, industrieux, impitoyable, de chrétiens plus honnêtes que lui, un tourmenteur du corps et des âmes, et le bourreau du Béarn.
Or, je demande déjà (et chacun en est juge) si introduire et répandre sur le petit nombre de faits positifs donnés par Polybe et répétés par d’autres historiens un élément religieux et mystique de cette nouveauté conjecturale, et bientôt un élément de passion amoureuse et tout à fait romanesque, ce n’est pas faire un poème, une invention au premier chef. — Mais je continue d’exposer.
Tout cela revient à dire que la disposition particulière des esprits et le moment précis de culture littéraire qui favorisaient et réclamaient les traductions en vers sont passés et ont fait place à une autre manière de voir, à un autre âge ; et ici, comme dans des ordres d’idées bien plus considérables et bien autrement importants, il n’est que vrai d’appliquer ce mot d’un ancien sage que je trouve heureusement cité, à savoir qu’on ne retourne jamais au même point et que le cours universel du monde ressemble à « un fleuve immense où il n’est pas donné à l’homme d’entrer deux fois. » Les choses allant de la sorte, on doit savoir d’autant plus de gré aux esprits non pas attardés, mais foncièrement religieux à l’art ou obstinément délicats, qui n’ont pas perdu la pensée, même devant un public si refroidi, de lutter de couleur, de relief et de sentiment avec de désespérants modèles.
Enfin l’heure libératrice arriva ; son frère, délivré bien avant lui, avait porté de ses nouvelles à sa famille ; si pauvre qu’elle fût, elle se saigna pour la délivrance de ce dernier fils ; de bon religieux, les Pères de la Rédemption, y aidèrent et ajoutèrent à la rançon un complément indispensable pour atteindre le chiffre exigé (19 septembre 1580).
. — Dans le procès qui lui fut intenté au mois d’août 1827 à cause de son livre, le Résumé de l’Histoire des Traditions morales et religieuses, où l’avocat du roi, Levavasseur, croyait trouver à chaque phrase l’intention manifeste de détruire la croyance à la divinité de Jésus, M. de Sénancour, défendu par Me Berville, voulut présenter lui-même au tribunal quelques explications.
Une pensée religieuse, élevée, sincère, parfois combattue et finalement triomphante, a inspiré un bon nombre de pièces, qui ne sont pas un indigne pendant ni une contre-partie dérogeante de ces graves rêveries que M.
Je crains qu’on ne m’accuse d’avoir parlé trop souvent, dans le cours de cet ouvrage, du suicide comme d’un acte digne de louanges ; je ne l’ai point examiné sous le rapport toujours respectable des principes religieux, mais politiquement, je crois que les républiques ne peuvent se passer du sentiment qui portait les Anciens à se donner la mort ; et dans les situations particulières, les âmes passionnées qui s’abandonnent à leur nature, ont besoin d’envisager cette ressource pour ne pas se dépraver dans le malheur, et plus encore, peut-être, au milieu des efforts qu’elles tentent pour l’éviter.
Nous avions soigneusement enclos dans un coin de notre âme les inquiétudes métaphysiques et les tristesses religieuses, de peur de les mêler à notre vie et qu’elle n’en fût troublée : nous les avions, pour plus de sûreté, résolues en idées et eu actes d’accord avec l’Eglise.
L’autre est un système d’idées, de sentiments, d’habitudes, qui expriment en nous, non pas notre personnalité, mais le groupe ou les groupes différents dont nous faisons partie ; telles sont les croyances religieuses, les croyances et les pratiques morales, les traditions nationales ou professionnelles, les opinions collectives de toute sorte.
Il opère ou tente une quadruple révolution : une révolution économique, liée aux découvertes maritimes qui transportent du bassin de la Méditerranée aux bords de l’Atlantique le siège du grand commerce, qui ouvrent d’immenses débouchés à l’Europe soit aux Indes soit en Amérique, qui accélèrent la substitution de la richesse mobilière à la richesse terrienne, base du régime féodal ; une révolution intellectuelle qu’on a baptisée la Renaissance et qui n’est pas seulement la résurrection de l’antiquité classique, qui est aussi le réveil de l’esprit d’examen, l’essor de la pensée moderne, le point de départ d’une activité féconde dans les sciences, les lettres, la philosophie ; une révolution religieuse qu’on appelle la Réformation et qui, séparant l’Europe occidentale en deux confessions rivales, cause les guerres les plus atroces dont la différence de croyance ait jamais ensanglanté le monde ; enfin une révolution politique, conséquence des trois autres, qui ébranle les bases de la royauté, suscite des théories libérales et républicaines, des soulèvements populaires et même des appels au régicide.
. ; ce sont les faits élémentaires qui servent à nos constructions ; mais il est impossible de comprendre un sentiment dont on n’a pas en soi la source : c’est ce qui rend inintelligibles, pour tant de gens, les formes religieuses ou artistiques différentes de celles qui leur sont habituelles.
Il est difficile d’admettre que celui qui les écrivait fût le moins du monde touché d’une pensée religieuse.
Et il ajoute dans une note, en développant un peu la pensée de Descartes : « Il faut avouer que tous ces raisonnements abstraits sont assez inutiles, puisque la plupart des têtes ne les comprennent pas. » Il est heureux, au point de vue religieux et moral, que la croyance en Dieu trouve des appuis plus naturels et plus sentis dans le cœur de l’homme.
Dans une famille de vielle richesse bourgeoise, et de hautes charges militaires, sous la galante et faible tutelle d’un grand-père épris, l’éveil d’âme d’une petite fille, sa vie de dignitaire minuscule dans l’hôtel du ministère de la guerre ; la naissance de son imagination par la musique, les lectures sentimentales, et cette précoce surexcitation que causent dans une cervelle à peine formée les exercices religieux préparatoires à la première communion l’esquisse de ses passionnettes et de ses amourettes puis le développement de la jeune fille fixé en ces moments capitaux : la puberté, le premier bal, la révélation des mystères sexuels enfin l’étude, en cette élégante, de tout le raffinement de la toilette, des parfums du corps et des façons mondaines son affolement de ne pas se marier, le léger hystérisme de sa chasteté, l’anémie, une lugubre lettre de faire part en ces phases se résume le récent roman de M. de Goncourt, le dernier si l’auteur maintient, pour notre regret, un engagement de sa préface.
La guerre alors fut très-vive entre ce poëte religieux & les dignes rivaux des Théophile, des Des-Barrau, des Bardouville.
J’ajouterai que, sans vouloir mêler la morale à la science, ni juger la valeur d’une dissection anatomique par ses conséquences sociales et religieuses, il est permis cependant, en présence de certains zoologistes si pressés de rabaisser l’homme jusqu’au singe et de se servir, pour le succès de leur thèse, de l’exemple du nègre, que cette thèse intéresse particulièrement, il est permis, dis-je, de demander d’où vient cette répulsion universelle que l’humanité civilisée éprouve aujourd’hui contre l’esclavage.
. — Lyall, Études sur les mœurs religieuses et sociales d’Extrême-Orient, p. 238. — Tocqueville, Démocratie en Amérique, I, p. 299. — Seignobos, Histoire politique de l’Europe contemporaine, p. 599.
Elle soutient le sentiment religieux, elle seconde l’art véritable, la poésie digne de ce nom, la grande littérature ; elle est l’appui du droit ; elle repousse également la démagogie et la tyrannie ; elle apprend à tous les hommes à se respecter et à s’aimer. » Pour mieux prouver que la science m’est indifférente, et que je ne me soucie que de morale, je range avec moi sous le même drapeau des philosophies sans métaphysiques, des métaphysiques opposées entre elles et des religions ; il me suffit qu’en pratique elles tendent au même but, et contribuent à nourrir dans l’homme les mêmes sentiments.
Il est à remarquer que, dans l’antiquité, l’atomisme était une doctrine d’athéisme, ou du moins de non-intervention des dieux, tandis que, chez les modernes, il n’exclut pas en général les croyances religieuses. […] Malgré de nombreux exemples de conciliation entre l’atomisme et les croyances religieuses, il paraît juste de dire que l’atomisme, d’une manière générale, reste défavorable aux idées de providence et de liberté. […] Toutes ces considérations sont en partie poétiques et religieuses. […] Au contraire, le transformisme se présente à nous comme une philosophie grosse de conséquences métaphysiques, religieuses et morales ; il se propose précisément d’expliquer sans hypothèse finaliste l’existence et l’ordre des espèces. […] Le mouvement religieux peut-il être mesuré par le commerce des objets employés dans le culte ?
Qu’eût-il dit s’il eût pu entendre, quatre-vingts ans après, les blasphèmes moraux et politiques dont retentissait cette même Académie, qui, du mépris des anciens auteurs, avait passé au mépris des anciennes institutions civiles et religieuses ? […] Ces vers renferment une récapitulation de ce qu’il y a de plus fort dans le discours : on pourrait être tenté de croire qu’asile est ici un terme trop faible auprès de ceux de père, d’époux et de dieux ; mais on se tromperait : asile se prend non pas dans l’acception ordinaire, mais dans le sens religieux ; il signifie un lieu sacré, inviolable, où les malheureux sont en sûreté. […] Racine eut pour théâtre une maison religieuse, où s’élevaient, à l’ombre de l’autel, des filles nobles, peu favorisées de la fortune ; ses acteurs et ses actrices furent ces jeunes vierges, si touchantes par leur modestie, leur innocence et leurs grâces naturelles ; lui-même les avait formées à la déclamation. […] D’après les sentiments religieux et patriotiques dont Esther et Mardochée sont pénétrés, il serait plus doux pour ce couple vertueux de périr avec leurs frères que de leur survivre. […] S’il avait quelques péchés à expier dans ce monde, une pareille pénitence était plus que suffisante, et la diffamation de son Athalie fut pour le poète religieux et sensible un purgatoire, et presqu’un enfer.
Non seulement cette active tendance journalière à l’amélioration pratique de la condition humaine est nécessairement peu compatible avec les préoccupations religieuses, toujours relatives, surtout sous le monothéisme, à une tout autre destination. […] S’adressant à des populations plus avancées, il a livré à la raison publique une foule de prescriptions spéciales que les anciens sages avaient cru ne pouvoir jamais se passer des injonctions religieuses, comme le pensent encore les docteurs polythéistes de l’Inde, par exemple quant à la plupart des pratiques hygiéniques. […] Si, malgré d’actifs principes de désordre, la moralité pratique s’est réellement améliorée, cet heureux résultat ne saurait être attribué à l’esprit théologique, alors dégénéré, au contraire, en un dangereux dissolvant : il est essentiellement dû à l’action croissante de l’esprit positif, déjà efficace sous sa forme spontanée, consistant dans le bon sens universel, dont les sages inspirations ont secondé l’impulsion naturelle de notre civilisation progressive pour combattre utilement les diverses aberrations, surtout celles qui émanaient des divagations religieuses. […] D’irrécusables expériences ont d’ailleurs prouvé, en même temps, sur une vaste échelle, au sein des masses populaires, que le prétendu privilège exclusif des croyances religieuses pour déterminer de grands sacrifices ou d’actifs dévouements pouvait également appartenir à des opinions directement opposées, et s’attachait, en général, à toute profonde conviction, quelle qu’en puisse être la nature.
Lui seul, peut-être, dans notre siècle incrédule, a conçu des tableaux de religion qui n’étaient ni vides et froids comme des œuvres de concours, ni pédants, mystiques ou néo-chrétiens, comme ceux de tous ces philosophes de l’art qui font de la religion une science d’archaïsme, et croient nécessaire de posséder avant tout la symbolique et le traditions primitives pour remuer et faire chanter la corde religieuse. […] Ce chef-d’œuvre laisse dans l’esprit un sillon profond de mélancolie. — Ce n’était pas, du reste, la première fois qu’il attaquait les sujets religieux. […] Cela est si vrai que Lavater a dressé une nomenclature des nez et des bouches qui jurent de figurer ensemble, et constaté plusieurs erreurs de ce genre dans les anciens artistes, qui ont revêtu quelquefois des personnages religieux ou historiques de formes contraires à leur caractère. […] Accorder tant de contraires n’est pas une mince besogne : aussi n’est-ce pas sans raison qu’il a choisi pour étaler les mystères religieux de son dessin un jour artificiel et qui sert à rendre sa pensée plus claire, — semblable à ce crépuscule où la nature mal éveillée nous apparaît blafarde et crue, où la campagne se révèle sous un aspect fantastique et saisissant.
Les générations s’étaient succédé en se transmettant la crainte religieuse de ce fléau et les formules par lesquelles on célébrait son culte, sans qu’une seule voix se fût élevée pour protester. […] Grâce à cette absence de grande préoccupation morale, philosophique ou religieuse, chaque fait, quelle qu’en soit la valeur, est étudié d’une manière plus désintéressée, avec une froide curiosité, en lui-même et pour lui-même. […] Je vais plus loin et je demande pourquoi les convictions religieuses n’auraient pas les mêmes droits que les convictions politiques ou même les simples convictions littéraires. […] Ainsi les dieux se sont glorifiés eux-mêmes dans la nature, et lorsque l’artiste et le poète chantent avec enthousiasme la beauté des êtres vivants, ils entonnent à leur insu un hymne religieux. […] Regardez attentivement, et vous éprouverez un étonnement mêlé d’effroi : il a quelque chose d’humain, il connaît ses ressources et sa force, il modère librement son ardeur, il sait qu’il fait partie d’un cortège religieux.
Rodenbach croit plus tard, à un grand mouvement lyrique sur l’industrie, et il parle éloquemment des attitudes recueillies, de l’aspect presque religieux des occupations mécaniques, enfin d’une synthèse poétique du travail ouvrier, d’une étude au-delà de la simple photographie littéraire. […] Et je me tenais un peu derrière elle, comme pris d’un sentiment d’adoration religieuse pour cette femme, qui me paraissait d’une essence autre, que celle des femmes de ma famille, et qui, dans l’accueil, le port, la parole, la caresse de la physionomie, quand elle vous souriait, avait sur vous un empire, que je ne trouvais qu’à elle, qu’à elle seule. […] L’enfant tendre, à l’intelligence paresseuse, que j’ai peint sous le nom de Pierre-Charles, était mort d’une méningite, avant le départ de sa mère pour l’Italie, et sur ce pauvre et intéressant enfant, présentant un sujet neuf, sous la plume d’un romancier, j’ai fait peser le brisement de cœur et les souffrances morales de son frère cadet, pendant la folie religieuse de sa mère.
Et comme la prière mentale devenait l’état habituel des âmes profondément religieuses, parvenir à un état plus parfait encore n’était possible qu’à la condition de faire cesser cet état d’oraison muette et discursive que les premiers préceptes avaient déjà nettement défini ; il était donc naturel que l’extase fut mieux décrite par les mystiques chrétiens qu’elle ne l’avait été par les néoplatoniciens, et, par contraste, la parole intérieure devait facilement apparaître comme l’état ordinaire de l’âme humaine. […] Notons la restriction : ou presque jamais ; elle va être expliquée par la suite du passage : « On met en question s’il peut y avoir, en cette vie, un pur acte d’intelligence dégagé de toute image sensible ; et il n’est pas incroyable que cela puisse être durant de certains moments, dans les esprits élevés à une haute contemplation, et exercés par un long temps à tenir leurs sens dans la règle ; mais cet état est fort rare. » L’allusion à certaines prétentions du mysticisme religieux est évidente, et il paraît certain que l’attention de Bossuet avait été attirée sur la parole intérieure et sur sa nécessité dans l’état normal de l’âme par l’étude des écrivains mystiques et non par la lecture des philosophes. […] Instr., VII, 10, 15, 21 ; VIII, 29, 31. — Cf. l’ouvrage latin, Mystici in tuto, 12, où Bossuet cite un religieux qui déclare n’être parvenu à l’oraison parfaite qu’après seize années d’oratio vulgaris ; Bossuet pensait sans doute à ce P.
Je les ai visitées moi-même il y a peu de temps, dans une saison qui en relevait la sérénité ; j’y allais ; ivre des vers amoureux et religieux de Pétrarque, que tous les échos de ces belles collines semblaient se renvoyer pour fêter son tombeau. […] Ce poète quitte la France, où sa Laure n’est plus, et il erre jusqu’à sa vieillesse en Italie, de solitude en solitude, à peine mêlé aux événements politiques ou religieux de son temps, désintéressé de tout, indifférent à tout, excepté au souvenir de la beauté qu’il a trouvée ici-bas et qu’il revoit dans les perspectives de l’immortalité comme le plus beau et le plus doux des rayonnements de la Divinité.
C’est sans doute à ces vives impressions de foi reçues dans l’enfance que je dois d’avoir conservé des croyances religieuses au milieu de tant d’opinions que j’ai traversées. […] Elle semblait prédestinée par là à être un jour l’amie de M. de Chateaubriand, le poète des sensations religieuses plus que des convictions théologiques.
Une grande fête religieuse d’été, fête pour laquelle les seigneurs italiens reviennent toujours à la ville, força la comtesse Léna à rentrer pour quelques semaines dans son palais de Venise. […] Les délices de ces appartements élevés, c’étaient le soleil, la solitude, le silence : on n’y entendait d’autre bruit, le jour, que le pas boiteux du vieux majordome, traversant la salle d’armes pour aller à l’appartement de ses jeunes maîtresses, et le bruit alternatif des rames du gondolier sur le canal ; le matin, quelques roucoulements de pigeons dans les combles, et le tintement lointain des petites cloches des couvents, appelant les religieuses à l’office.
Un jeune homme d’Athènes, plus politique que religieux, nommé Mélitus, qui voulait se faire un nom populaire en se posant en vengeur des dieux chers à l’ignorance et au fanatisme du bas peuple, porte l’accusation contre Socrate ; il l’accuse de corrompre la jeunesse par des doctrines qui sapent le ciel. […] Ces ancêtres, selon nous, qui avons profondément scruté l’Orient religieux, philosophique et poétique, se retrouvent d’abord au fond de l’Inde primitive, puis au fond des dogmes, encore indiens, de l’Égypte.
On l’attribua, — je ne veux pas affirmer avec certitude que telle en fut la cause, — à la brutale férocité d’un religieux, surveillant de la division (prefetto della camerata) où nous nous trouvions. […] Ce dernier aura pu exercer les vertus et l’esprit religieux dont il était si bien doué, pour dominer son émotion et ne pas en être ébranlé.
Dans la littérature religieuse, Pascal lance son immortel pamphlet, les Provinciales, et le jansénisme, à le bien prendre, est une Fronde contre Rome, un essai de rébellion qui a peur d’aller jusqu’au bout de son audace. […] Mais une réaction religieuse s’opère.
Avec des cadences de phrases pompeuses et bruyantes qui ressemblent aux triomphants paraphes de certaines signatures, usant tantôt d’une solennité prêcheuse, tantôt de la grande éloquence des bateleurs, tantôt encore de l’attendrissement contenu des petits traités religieux, recourant au comique de l’argot et au pathétique des mélodrames, l’auteur anglais s’attache constamment à développer le plus copieusement du monde les thèmes les plus minces, par considérations personnelles, par hypothèses, par associations d’idées, par amplifications, par n’importe quel moyen extrinsèque autre que la description et la considération même de l’objet dont il disserte. […] Les préceptes religieux qui sont généralement de cet ordre ont pu prendre l’imagination, modifier nos spéculations, inspirer même des actes antinaturels ; ils n’ont jamais dicté de conduite ni réformé de peuple, et la permanence des grands traits de la nature humaine, dans tous les âges et dans toutes les contrées, est garante de cette impuissance des morales édictées.
La Tentation de saint Antoine dresse, en une éblouissante procession, la liste formidable de toutes les erreurs humaines, tire le néant des évolutions religieuses, entrechoque les hérésies, compare les philosophies et, finalement, quand d’élimination en élimination on touche à l’agnosticisme panthéiste des modernes, montre l’humanité recommençant le cycle des prières dès que le soleil se lève et l’aclion la réclame. […] « Il était empêché d’ailleurs par une sorte de crainte religieuse.
Il en est ainsi du génie poétique et religieux de Racine ; il n’est pas contenu dans Athalie, mais il y est manifesté dans son originalité, dans sa majesté et dans sa puissance. […] Ce caractère distinctif, selon nous, et qui contribue le plus à lui donner son originalité, c’est le caractère religieux et, pour ainsi dire, sacerdotal.
Il venait après les déchirements d’une guerre religieuse et civile, et enfin il arrivait après Henri IV, dont le mérite, pour ceux qui l’admirent, est de s’être retourné après son abdication et son sacre. […] « Robespierre, dit-il, ailleurs, avait du prêtre dans sa nature… Né dans une ville de prêtres, élevé par les prêtres, qui même dès qu’il fut homme le prirent encore à eux et le firent juge d’église… dépassé par la Commune dans la question religieuse (la Commune, c’étaient Chaumette et la fête de la Raison), il devint l’homme d’Arras et de ses tristes précédents.
Mignet évoque et introduit le souvenir de Jouffroy qui se trouve ainsi singulièrement agrandi et présenté comme un des oracles modernes, comme un puissant démonstrateur des vérités invisibles et comme le théoricien religieux de l’ordre universel.
Le prieur et les religieux de Saint-Nicolas-d’Acy près Senlis, apprenant que l’abbé Prévost venait de succomber, et se souvenant qu’il avait été bénédictin, réclamèrent charitablement, et aussi sans doute pour constater leur droit, ses restes mortels ; il fut donc transporté et inhumé dans leur maison comme s’il n’avait pas cessé d’être des leurs.
Marié dans sa jeunesse, il perdit sa femme de bonne heure, et en eut une fille unique qui se fit religieuse.
Dans le temps que Mme de Grammont se réfugiait ainsi avec assez de peine, mais avec sincérité, vers la pensée religieuse, il y avait des exemples à l’entour ou de conversions ou de rechutes, et qui faisaient bruit.
Il y a une part à faire, en toute production plus ou moins ancienne, à ce qui est des mœurs, des coutumes, des particularités religieuses ou même de certaines conventions poétiques, et le beau immortel ne se dégage pour nous qu’après quelque effort et quand on s’est remis au point de vue.
On dit qu’il eut dans les dernières années un retour de cœur à des sentiments élevés et religieux, et l’on cite de lui des stances à Corneille, au « noble et cher Corneille », sur sa traduction en vers de L’Imitation.
Necker, auteur de L’Importance des opinions religieuses : « Ce M. de Saint-Pierre, dit-elle, était son concurrent : je n’aime pas mieux son livre. » Voilà qui abrège.
C’est joli, mais il me semble que la vraie mesure n’est pas où la met cet homme d’esprit, et de doctrine un peu trop idéale : Racine, par exemple, était un génie religieux et croyant, et nul n’a été plus que lui sensible et susceptible ; il était un amour-propre plus vulnérable que Molière ou Shakespeare.
Steinlen, « on en retrouve toujours des membres dans les maisons religieuses d’hommes et de femmes, tandis que les autres, restés dans le monde, sont souvent choisis comme arbitres dans les différends ».
À défaut d’une grande originalité, Turretin eut donc de l’à-propos, de la sagesse pratique, de la persuasion, une influence salutaire, et il contribua à fixer pour un long temps cette température religieuse et morale dans laquelle on respira désormais plus librement, et qui permettait d’être à la fois, dans une certaine mesure, chrétien, philosophe, géomètre et physicien, homme d’expérience, d’examen, de doute respectueux et de foi.
Il demande s’il ne pèche pas en prenant logement dans un couvent de religieuses.
Il ne saurait trop faire de tableaux ; il ne saurait trop éviter les digressions économiques, antisocialistes, et même religieuses : la vraie religion d’un poème est dans l’esprit même qui y est répandu partout.
Ce besoin de transfiguration qui éclate et se consacre assez visiblement dans la sphère religieuse est le même que celui qui tend, dans l’ordre poétique, je ne dis pas à surfaire, mais à surnaturaliser les génies.
n’est-ce pas faire un peu comme le Saint-Simonisme qui voulut opérer en une ou deux années une transformation religieuse, laquelle, dans tous les cas, demanderait des demi-siècles ?
Molé, il me semblait reconnaître une teinte marquée de cette époque qui se réfléchissait dans son discours ; c’était un certain accent de doctrines religieuses, sociales, conservatrices, réparatrices.
En refaisant le Poète mourant dans de grandes proportions lyriques et avec le souffle religieux de l’hymne, l’auteur des secondes Méditations semble avoir pris soin lui-même de manifester toute notre idée et de consommer la comparaison.
Il faut compter dans chaque caractère les douleurs qui naissent des contrastes de bonheur ou d’infortune, de gloire ou de revers dont une même destinée offre l’exemple ; il faut compter les défauts au rang des malheurs, les passions parmi les coups du sort, et plus même, les caractères peuvent être accusés de singularité, plus ils commandent l’attention du philosophe ; les moralistes doivent être comme cet ordre de religieux placés sur le sommet du mont St.
Il s’agit de revenir à la nature, d’admirer la campagne, d’aimer la simplicité des mœurs rustiques, de s’intéresser aux villageois, d’être humain, d’avoir un cœur, de goûter les douceurs et les tendresses des affections naturelles, d’être époux et père, bien plus d’avoir une âme, des vertus, des émotions religieuses, de croire à la providence et à l’immortalité, d’être capable d’enthousiasme.
. — Les moralistes, les psychologues, les esprits religieux qui ont commencé le livre par la fin et sont pourtant forcés d’avouer que le gros de l’ouvrage est écrit dans un autre idiome, trouvent un mystère inexplicable dans cet assemblage de deux langues, et disent communément qu’il y a là deux livres juxtaposés et bout à bout.
Elle ne paraît qu’en 1572 : je ne dis pas au milieu des pires tourmentes religieuses et politiques, mais, ce qui est plus grave, à la veille des Premières Amours de Desportes (1573), et le recueil de Desportes, c’est la fin des grandes ambitions, c’est la banqueroute en quelque sorte de la Pléiade.
Enfin toutes les forces qui devaient concourir à la défense de l’ordre religieux et politique étaient divisées : les Jansénistes tiraient sur les Jésuites, le Parlement faisait échec à la royauté ; dans ces discordes, il était rare que les philosophes n’eussent pas quelqu’un avec eux.
Il s’agit du Juif errant d’Eugène Sue : « Prise en soi, la scène du pôle nord entre le Juif errant et la Voix de Dieu produit un effet de religieuse terreur.
On n’ignore pas que la gourmandise est le péché mignon de beaucoup de personnes religieuses et même d’ecclésiastiques excellents.
C’est ainsi que, l’année dernière, il publiait sa Religieuse de Toulouse dans laquelle il traversait de son air le plus grave un coin du règne de Louis XIV.
Rien de solennel, aucun apparat ; elle était toute en humble chrétienne à l’acte religieux ; elle faisait discrètement et secrètement les choses saintes.
Feuillet près de son lit ; ce bon religieux voulait lui parler et se perdait en longs discours.
Penn, le colonisateur et le législateur de la Pennsylvanie, dans les chartes et conventions fondamentales qu’il avait ou obtenues de la Couronne, ou octroyées à son tour à la population émigrante, avait su très bien stipuler ses intérêts particuliers et ceux de sa famille en même temps que les libertés religieuses et civiles des colons.
voilà justement de nos religieuses, Lorsqu’un père combat leurs flammes amoureuses.
Entraîné par sa haine pour les institutions religieuses, il a voulu faire une satire allégorique, pensée indigne de toute poésie ; et c’est ce qui l’a égaré : il commit déjà la même faute lorsqu’il fit prononcer à Jocaste des sentences générales d’une impiété sans vraisemblance.
Dans un siècle de scepticisme, il était religieux ; dans un siècle d’orgueil et de bruit, modeste et retiré.
A quoi on pourrait objecter que l’époque victorienne fut au premier chef une époque de controverse, et en particulier de controverse religieuse ; mais la controverse précisément implique un accord tacite sur certaines données premières qui ne rend que plus aigus et plus âpres tous les différends qui surgissent autour de leur interprétation. […] Conduite jusqu’où il la mène, entre les mains de tout autre peut-être que de François, cette science de soi aurait pu devenir bien dangereuse pour l’amour même ; et si François esquive toujours ce danger, c’est encore à des propensions religieuses de sa nature qu’il le doit : à ses scrupules et à ses reprises, à ce sentiment d’incessante responsabilité vis-à-vis de la totalité de son être intime — où je vois à tous égards le plus admirable trait de la complexion spirituelle de Jacques Rivière —, à son don d’auto-accusation, à la distinction de son humilité. […] À vrai dire De la foi est un des seuls écrits contemporains qui ait agi profondément sur moi, — non point au sens religieux ; ma position religieuse était alors quasi identique à la sienne (mais par là même d’autant mieux me pénétraient — parce qu’éveillant en moi de si fraternelles résonnances — les pages sur le péché originel et sur la profondeur catholique : j’étais tellement d’accord avec lui sur cette « avance en profondeurhv » qu’il revendiquait pour le christianisme). […] Le pathétique, le mystérieux spectacle que de surprendre notre ami engagé — et aussitôt lancé — sur cette piste de la connaissance : déjà les toutes premières approches l’emplissent d’un religieux tressaillement : plein tout ensemble de vénération, de précaution et d’implacabilité le voici au bord de savoir, tout contre son prodige préféré ; et à l’apogée il semble qu’il goûte l’extase de la Connaissance en soi, et qu’il la goûte sous une forme qui lui est toute particulière (à tel point « sienne », celle-là) : l’extase de la discrimination : « Je sens une étrange et fine lucidité, un esprit délicieux de différence inspirer tous mes jugements. […] Le chapitre intitulé « La Prière de Pascal » au Tome IV de l’Histoire littéraire du sentiment religieux en France, par Henri Bremond, m’induirait ici en un silence total si les quelques observations qui suivent ne se proposaient pour unique objet de demander au seul langage, au seul génie de Pascal des lueurs sur ce qui dépasse en lui et ce langage et ce génie même ; — si surtout je ne faisais miennes les belles paroles de Barrès au seuil de ce grand sujet : « Ne rien dire qu’en me déclarant tout prêt à me rectifier si l’on m’aide à mieux voir ».
Un critique juge ses contemporains avec son tempérament, ses amitiés et ses haines, littéraires, politiques, religieuses, et il fait de tout cela la manière d’autorité dont son talent le rend susceptible. […] Et de fait le xviiie siècle peut bien apparaître comme l’âge de la critique, critique philosophique, critique religieuse, critique esthétique, critique littéraire. […] Il a fallu pour cela que le déclin du sentiment religieux et la médiocrité des prédicateurs fissent déserter les sermons par la bonne société. […] L’ambitieux ou le fanatique religieux agit comme représentent de Dieu, l’ambitieux ou le fanatique politique comme serviteur de sa patrie. […] L’élan profond de la critique se confond avec l’élan profond du romantisme français, mais du romantisme dans son plein sens européen : sympathie avec toutes les formes religieuses, historiques, ethniques, esthétiques, tentative pour les revivre dans leur mouvement original, pour en extraire non plus des signes extérieurs, conventionnels, pratiques, mais des phrases musicales qui en donneraient l’essence.
Léonce de Larmandie a publié chez Jouaust, est le récit de la vie d’un enfant depuis le jour où on le met dans un collège religieux jusqu’au jour où il va entrer à l’École polytechnique. […] « Dieu l’a pris à l’improviste, dit le religieux ; hier, il riait, causait, mangeait avec vous ; aujourd’hui… allez le voir… Vous y viendrez tout à l’heure prier pour son âme et méditer sur le coup de foudre qui l’a frappé. […] que chacun de nous songe à tous les maux de la guerre, qu’il apporte dans ces négociations un sentiment humain et religieux qui le dispose aux concessions possibles. […] Longtemps encore après Tartuffe dans la question des libertés de l’Église gallicane, il ne craindra pas, pour faire triompher sa politique religieuse, de menacer, de pousser jusqu’au schisme, s’il le faut […] Il ne veut pourtant pas que la ruine devenue inévitable des religions « prétendues révélées » entraîne la disparition des sentiments religieux : Le christianisme nous a rendus trop difficiles, trop exigeants.
» On peut imaginer une autre joie religieuse, plus discrète, et fière avec un peu plus de réserve, et qui n’ait pas cette exubérance ou, quelquefois, cette insolence magnifique. […] Crémieux est une œuvre de haine religieuse… » Il va le démontrer. […] Mais il demeure probable qu’avec Corneille, Racine, Molière, Pascal, Bossuet, La Bruyère, on a déjà toutes les remarques essentielles sur la nature humaine, sur l’homme religieux, l’homme politique, l’homme social. […] Estaunié s’est avisé d’apprendre le sien, d’en avoir l’amour et le souci religieux. […] D’ailleurs, le gouvernement de Berlin ne négligeait pas de seconder ces colonies plus ou moins religieuses, quelques centaines d’individus qui bientôt lui seront une base d’influence.
Plein de bonne volonté, du désir, du besoin impérieux de croire, il avait été à Lourdes, espérant être à son tour revivifié par l’atmosphère religieuse dans laquelle il vivrait avec tant de milliers de croyants, par des miracles que la science et la philosophie l’avaient amené à considérer comme des erreurs, sinon des impostures. […] Certes, les malheurs de cette jeune divorcée et de ce brave et beau jeune homme, qui tous deux restent de nos jours les héros d’un drame violent du xvie siècle, sont touchants, mais que deviennent-ils à côté des grandes questions religieuses et sociales abordées par M. […] » Quand on pense à cela, on voit des vieilles gens à moitié en enfance, des jeunes filles à peine nubiles, des religieuses, des prêtres, des chevaliers de Saint Louis, des domestiques, des gamins de quinze ans passant tour à tour sous le couperet. — Me feras-tu bien du mal ? […] » Tournez-vous de ce côté ; voici les religieuses de Valenciennes ; elles sont parties au moment du siège ; elles sont revenues plus tard sur l’ordre de la Mère abbesse ; elles ignorent absolument ce qui se passe. […] Le premier volume contient de belles études sur les origines de la langue française, la poésie narrative religieuse, l’épopée nationale, l’épopée antique, l’épopée courtoise, les chansons, les fables et le roman, les fabliaux, le Roman de la Rose, la littérature didactique, les sermonnaires et traducteurs, l’historiographie, les derniers poètes du moyen âge, le théâtre religieux et comique et la langue jusqu’à la fin du xive siècle.
Dans l’ordre religieux, ce fut tout un réveil ou plutôt un puissant appel qui s’entendait pour la première fois : on vit ce que la philosophie n’avait su faire, on vit de grands saints, un Jérôme avoir tout un cortège de femmes, de dames illustres, ses sœurs ou filles spirituelles. […] Mme de Verdelin n’appartenait pas au monde philosophique ; elle avait des idées religieuses assez libres, assez élevées, sans étroitesse : ni philosophe, ni dévote, c’était sa devise.
L’inspiration directement religieuse ne fut jamais la sienne ; l’inspiration puisée dans la nature avait été une de ses prétentions et de ses illusions plutôt qu’une source véritable. […] Du commerce des anciens il ne rapporta jamais ce sentiment de l’expression magnifique et comme religieuse, ce voile de Minerve, où chaque point, touché par l’aiguille des Muses, a sa raison sacrée.
« Moi qui étais plus sauvage que les cerfs des forêts », écrit-il ; et ailleurs : « Les traits qui m’avaient été lancés jusqu’alors n’avaient fait qu’effleurer mon cœur, quand l’amour appela à son aide une dame toute-puissante contre laquelle ni le génie, ni la force, ni les supplications ne purent jamais rien. » C’est dans ces dispositions de l’indifférence que le lundi de la semaine sainte, 6 avril 1327, à six heures du matin, dans l’église des religieuses de Sainte-Claire, où Pétrarque était allé faire ses prières, ses regards furent éblouis par une dame de la plus tendre jeunesse et d’une incomparable beauté. […] Voici comment il la décrit lui-même dans une de ses lettres, ainsi que la vie ascétique dans laquelle il s’était recueilli pour prier, chanter, rêver et aimer encore : « Quand on trouve un antre creusé par la nature dans les flancs d’un rocher, dit Sénèque, l’âme est saisie d’un sentiment religieux, sans doute parce qu’on y sent l’impression directe de l’Ouvrier divin ; les sources des grands fleuves inspirent la vénération, l’apparition subite d’un fleuve mérite des autels ; j’en veux ériger un, ajoute-t-il, aussitôt que mes ressources pécuniaires me le permettront ; je l’élèverai dans mon petit jardin qui est sous les roches et au-dessus des eaux ; mais c’est à la Vierge, mère du Dieu qui a détruit tous les autres dieux, que je le dévouerai. » « Ici, dit-il après dix ans de séjour dans cet ermitage, ici je fais la guerre à mes sens et je les traite en ennemis : mes yeux, qui m’ont entraîné dans toutes sortes de précipices, ne voient maintenant que le ciel, l’eau, le rocher.
L’Allemand Heine, ce petit-fils de Méphistophélès, croyant et sceptique, religieux et impie, pathétique et ironique, est de cette famille. […] L’homme endurci s’amollit à ses joies religieuses d’enfance.
Gehegan, qui les suivait, ces religieuses sont d’une exquise politesse : elles viennent de me jeter la porte au nez ! […] On y parle français : il y a quelques religieuses d’un mérite très distingué.
Elles s’inspirent moins d’un souci de critique équitable et raisonnée que de l’esprit de propagande politique ou religieuse. […] Mais le vrai sage préférera toujours le doute scientifique à la certitude religieuse.
dit Faux-Semblant, j’habite le monde et le cloître, mais plus le cloître que le monde parce que j’y suis mieux caché : Religieux sont moult couverts ; Les séculiers sont plus ouverts. » Faux-Semblant vit avec les orgueilleux, les fourbes, les gens d’intrigue, Qui mondaines honneurs convoitent Et les grands besognes exploitent Et vont traçant (cherchant) les grands pitances, Et pourchassent les accointances Des puissants hommes, et les suivent, Et se font povres et se vivent Des bons morceaux délicieux, Et boivent les vins précieux ; Et là povreté vont preschant Et les grands richesses peschant. […] Voici pourtant quelques vers de la Ballade sur la paix, dont le tour est agréable et franc : Priez pour paix, le yray trésor de joye Priez, prelats, et gens de sainte vie, Religieux, ne dormez en paresse ; Priez, maistres, et tous suivant clergé, Car par guerre faut que l’estude cesse ; Priez, galants joyeux en compagnie, Qui despendre (dépenser) desirez à largesse Guerre nous tient la bourse desgarnie.
Ces dédains rigoureux correspondent au temps où Malherbe et Boileau dénigraient Ronsard, où Voltaire exhalait son aversion à l’égard d’un siècle durant lequel l’on s’était égorgé pour des controverses religieuses. […] Si l’historien peut glaner de la sorte quelques renseignements utiles, plus riche est la moisson qu’il a droit d’espérer des fêtes religieuses ou patriotiques, populaires ou princières, auxquelles l’esprit a été si souvent intéressé.
Par une porte on entrevoit la bibliothèque, les rayons de bois blanc, le désordre de gros livres brochés, roulés et empilés à terre, des outils d’érudition moyenâgeuse et orientale, des in-quarto de toutes sortes, au milieu desquels un fascicule d’un lexique japonais, et sur une petite table les épreuves de Saint Paul qui dorment, et, par les deux fenêtres, une immensité de vue, une de ces forêts de verdure cachées dans les murs, et la pierre de Paris, le vaste parc Galliera, cette ondulation de têtes d’arbres que dominent des bouts de bâtisses religieuses, des dômes, des clochers, et qui mettent là un peu de l’horizon pieux de Rome. […] 26 novembre À propos de l’éducation religieuse, une chose m’intrigue.
Elle est accompagnée d’une Wurtembergeoise à rougeurs, et à baragouin des banquiers allemands de Balzac, une procureuse, ayant la spécialité de fournir des religieuses en imitation à un Crésus de la banque juive ; — enfin une sous-Guimond, une boutique des secrets, des scandales, des horreurs de Paris, une de ces créatures profondes et bredouillantes, que le Rhin nous envoie armées de toutes les ruses et de tous les dessous d’un Metternich en jupon… Entre ces très jeunes gens, le plaisir est bruyant, brutal. […] Un recueillement, un silence presque religieux… Le président du jury, qui se trouve être le vieux Giraud, le peintre de la princesse, se lève avec sa barbe blanche, déplie un papier, — et d’une voix qui se voile d’un enrouement subit, — lit la déclaration du jury, qui est oui, — et Giraud s’est rassis.
Il a fait à la fois, d’Énée, un prince religieux & un grand homme ; un héros qui craint les dieux, mais à qui les oracles n’en imposent pas ; un héros plein de franchise & de valeur, ne sauvant sa gloire, & ne s’arrachant à Didon, qu’après l’avoir rendue triomphante de ses ennemis, & fait preuve des sentimens les plus élévés. […] Nous ne voulons que des Achilles ou des Céladons, & nous ne pensons pas que celui qui a crayonné Énée a voulu en faire, non seulement un fameux guerrier & un conquérant, mais un grand politique, un véritable législateur, un prince essentiellement religieux ; tel qu’on nous assure avoir été Auguste : car c’est pour flatter les dévots de sa cour, c’est d’après le caractère de ce grand homme que Virgile a tracé le caractère d’Énée.
Il s’éleva sans difficulté jusqu’au niveau de la grossière irréligion de ses lecteurs : car on ne lui demandait pas de sacrifier les effets de banale poésie que le romantisme tirait de l’idée de Dieu et de la Charité chrétienne, sur qui les libres-penseurs se déchargent du soin de soulager les misères que crée leur exploitation ; il put même continuer à faire l’éloge du prêtre et de la religieuse, ces gendarmes moraux que la bourgeoisie salarie pour compléter l’œuvre répressive du sergot et du soldat26. […] « Il n’y a pas d’œuvre plus sublime, peut-être, que celle que font ces âmes (les religieuses).
Beaucoup de commentateurs des dogmes chrétiens ont cherché par des définitions et par des distinctions atténuantes à réduire les enfers à une privation douloureuse de la présence et de la lumière de Dieu dans des climats éternels toujours chargés de nuages ; beaucoup d’autres écrivains ou prédicateurs religieux ont déclaré ne comprendre le mot éternel appliqué à ce supplice que comme expression d’une longue durée ; mais ils n’ont pas interdit au rayon de la miséricorde infinie de traverser une fois ces cachots des mondes surnaturels, et d’apporter aux crimes expiés le pardon divin. […] Dante rencontre là une religieuse de Florence, nommée Piccarda ; il lui demande si les âmes reléguées à ce dernier rang du ciel désirent monter plus haut pour mieux comprendre et mieux aimer.
Il nous permit de lui en parler, et de lui faire hommage des religieuses larmes qu’elle nous avait fait répandre.
Elle n’était pas, sur le chapitre de la comédie, de l’avis de Bossuet, de Bourdaloue et des autres grands oracles religieux d’alors ; elle devançait l’opinion de l’avenir et celle des moralistes plus indulgents : À l’égard des prêtres qui défendent la comédie, écrivait-elle assez irrévérencieusement, je n’en parlerai pas davantage : je dirai seulement que, s’ils y voyaient un peu plus loin que leur nez, ils comprendraient que l’argent que le peuple dépense pour aller à la Comédie n’est pas mal employé : d’abord, les comédiens sont de pauvres diables qui gagnent ainsi leur vie ; ensuite la comédie inspire la joie, la joie produit la santé, la santé donne la force, la force produit de bons travaux ; la comédie est donc à encourager plutôt qu’à défendre.
Lassay, en cet âge de vingt-six à vingt-sept ans, eut donc une peine aussi profonde que sa nature le comportait ; il eut un accès ardent de pénitence, une veine religieuse bien sincère.
Elle la regarde apparemment comme un tribunal tyrannique qui ne laisse pas la liberté des jugements en matière d’ouvrages d’esprit ; elle croit que l’admiration religieuse des anciens en est une loi fondamentale, et qu’en y entrant on lui prête serment de fidélité à cet égard.
Mais il semble que les auteurs, dans leur préoccupation morale, aient vu Buffon plus chrétien finalement et en général plus religieux qu’on n’est accoutumé à se le représenter ; il y est parlé, en un endroit, « de sa profonde religion de cœur ».
Les guerres civiles n’épouvantent point d’Aubigné ; bien qu’il y abhorre la cruauté lâche et l’assassinat, bien qu’en racontant quelques exploits dont se vantaient les massacreurs de la Saint-Barthélemy, il lui échappe de dire énergiquement : « Voici encore un acte qui ne peut être garanti qu’autant que vaut la bouche des tueurs » ; bien qu’il déteste autant que personne ces atroces conséquences des factions parricides, il aime la chose même qui s’appelle luttes et combats entre Français pour cause religieuse ; il en est fier, et non attristé ; il s’y sent dans son élément ; il a bien soin de marquer les époques des grandes guerres de ce genre, conduites avant 1570 sous le prince de Condé et l’amiral de Coligny ; il traite comme enfants et nés d’hier ceux qui ne font commencer ces grandes guerres que depuis la journée des Barricades, quand elles ont recommencé en effet.
S’étant laissé aller un jour, comme il aimait à le faire dans les dernières années, à entretenir un ami de ses espérances religieuses et de sa confiance en une vie future, en l’immortalité, il se reprenait tout d’un coup, mais pour y appuyer davantage : Je fais la réflexion que ce sujet que je traite si volontiers est bien délicat, et qu’il vaudrait mieux garder pour soi les observations qu’on peut faire et en montrer le résultat par ses œuvres.
» Louis XIV remarquait là une chose assez piquante : il eût été digne de son esprit judicieux (s’il eût été plus étendu) de se dire que Schomberg était avant tout un réformé, le soldat européen de sa cause religieuse et politique, et que c’était lui seulement, Louis XIV, qui vers la fin, et quand le vieux soldat s’était cru Français, l’avait trop fait ressouvenir de cette patrie antérieure.
C’est un naturaliste religieux, mais observateur, et qui suit la voie expérimentale.
Haag, une notice biographique très bien étudiée, mais construite comme un acte d’accusation au point de vue moral, religieux, politique.
La gravité, l’autorité de la parole, celle des doctrines, cette immortalité religieuse acceptée et passée dans le cœur, puisée à la source des croyances, qui s’étend de celui qui parle aux personnes qu’il célèbre et les revêt de leurs vertus épurées comme d’un linceul éblouissant et indestructible, tout cela manquait ; et, il faut le dire, la mémoire même de la généreuse et noble margrave n’y prêtait pas.
Mais les plus importantes de ces lettres sont adressées à des amis religieux et politiques, au comte de Senfft, diplomate autrichien, pieux et même mystique, et à sa femme ; au marquis de Coriolis, royaliste et littérateur, homme d’esprit et poète, et qui en avait les prétentions, disciple de Delille, assez singulièrement raccroché à ce tourbillon de Lamennais et ne s’en tirant pas trop mal : il a, pour nous, le mérite de donner la réplique à son célèbre interlocuteur, et de l’attaquer de questions.
— j’ai pensé souvent à ces deux noms, à ces deux jeunes hommes bien regrettables, si tôt enlevés, un peu trop vantés sans doute, mais qui, en vivant, eussent justifié une bonne partie des louanges ; et ces louanges anticipées ou exagérées s’expliquent naturellement par la mort, par l’impression d’une perte soudaine et sensible, et parce que, tous deux, ils sont tombés entre les bras de leurs amis qui sont tout un parti et tout un corps, — le corps universitaire, le parti religieux.
De même pour les conversions, je les laisse aux hommes religieux et dans l’ordre mystique également.
Aussi tout chez eux est comme chez nous, même la nouvelle piété : seulement elle se montre chez eux un peu plus galante et plus spirituelle. » Le mouvement romantique se confondait un peu alors, en France comme en Allemagne, avec le mouvement religieux et néo-catholique, bien que la liaison fût moins étroite.
Les haines religieuses, en bien des lieux, s’associaient et s’accouplaient aux haines politiques pour les mieux empoisonner encore, et ce vieux levain de cupidité, d’avarice et d’envie qui fait le fond de la nature humaine autant et plus que la bonté (quoi qu’en ait dit Bossuet dans une phrase oratoire célèbre, empruntée au déclamateur Tertullien), ce mauvais fond sauvage qu’il n’est besoin que d’éveiller pour le remettre en goût et en appétit, faisait le reste.
Ce Ménédème, par exemple, tout en restant parfaitement naturel, a déjà quelque chose du principe chrétien ou, si l’on aime mieux, du principe religieux en général qui aboutit à l’ascétisme.
Ménard, tout en l’honneur de la Grèce primitive, de la Grèce religieuse et héroïque, peut se résumer en ces mots : « Aucun rêve ne fut plus beau que le sien, et aucun peuple n’approcha plus près de son rêve. » Peuple à jamais aimable, en effet, dont le caractère se marquait en tout, et dès la première rencontre !
Zeller en résume ainsi les préceptes, qui tiennent à la fois de la culture ou de l’hygiène locale et de la morale universelle : « Entretenir avec un soin religieux le feu, chose sacrée, dans le temple et au foyer domestique ; respecter l’eau qui coule et qu’on ne doit jamais souiller par un contact impur, surtout celui d’un cadavre ; couvrir, purifier, embellir la terre en multipliant, par le travail et les arrosages, la moisson jaunissante, la forêt qui tamise les rayons du soleil, et les arbres qui portent les doux fruits ; élever, nourrir les animaux nobles et faire une guerre sans relâche aux impurs, voilà comme le sectateur de Zoroastre combat le mal physique dans la nature.
La princesse, fort jeune, blonde avec de grands yeux bleus, vifs et doux en même temps, avait la physionomie très spirituelle, le caractère excellent, une très bonne éducation et des principes, des sentiments de piété comme il convenait dans une alliance avec le dauphin, personnage si religieux.
Il porta quelque temps l’habit religieux, mais s’en dégoûta vite.
À rebours, avons-nous dit, relève avant tout d’un point de départ auto-neurasthénique, mais les documents relatifs à la grande lèpre68, en ses apparitions médiévales et ses manifestations actuelles lui furent indirectement fournies par un religieux bénédictin que son titre profane de docteur en médecine rendait apte à le documenter.
Sommes-nous si infectés d’esprit religieux ?
Voltaire y opposa une théorie qui, en expliquant la variété des races par l’apparition multiple de l’homme sur divers points du globe, essayait de détourner les esprits de l’idée religieuse d’une création volontaire vers le hasard de plusieurs créations spontanées.
Nulle préoccupation chez lui de dogmes politiques ou religieux et, par là, se trouve écartée une source irritante de conflits.
La terreur et tout ce qui s’y rapporte : timidité, superstition, crainte panique, effroi religieux.
La réserve des mœurs ni celle du langage n’avaient pas attendu la sévérité des habitudes religieuses qui se déclarèrent plus tard, pour s’établir dans la bonne compagnie.
Un jour qu’on aurait lu une page de Voltaire où quelque trait peu religieux se serait glissé, on lirait cet Éloge du général Drouot dont nous parlions dernièrement, et qui prouverait que la religion et le patriotisme se concilient très bien, et dans le guerrier qu’on loue et à la fois dans l’orateur qui le célèbre.
Ces réflexions sont telles qu’on les peut attendre d’un esprit ferme, positif, sans illusion, sans croyance religieuse proprement dite.
On raconte que Bossuet l’étant allé voir, lui dit : « On vous a regardé jusqu’ici, monsieur, comme un esprit fort ; songez à détromper le public par des discours sincères et religieux. » — « Il est plus à propos que je me taise, répondit Patru mourant ; on ne parle dans ses derniers moments que par faiblesse ou par vanité. » Il mourut le 16 janvier 1681, à l’âge de soixante-dix-sept ans.
Il en est résulté que sa grande et ambitieuse tentative, qui mécontentait et inquiétait les hommes religieux et le clergé, ne satisfaisait point d’ailleurs les savants et le petit nombre des libres philosophes ; elle avait contre elle les croyants, et n’avait pas pour elle les physiologistes.
On arrive à Arles dans la famille de la dame, et les deux amants sont prêts à y célébrer leurs noces, quand tout à coup celui qui passait pour mort depuis plus de huit mois, délivré très mal à propos de captivité par des religieux, tombe des nues comme un revenant et un trouble-fête.
Toute sa première tentative poétique, la seule qui compte véritablement pour l’originalité, la tentative des Méditations, a consisté à vouloir doter la France d’une poésie sentimentale, métaphysique et un peu mystique, lyrique et musicale, religieuse et pourtant humaine, prenant les affections au sérieux et ne souriant pas.
Ces masses dégagent une sorte d’intimidation religieuse.
Autre chose est le génie religieux et le génie militaire, le génie de spéculation et le génie d’action, le génie scientifique et le génie poétique.
Tocqueville est le premier qui, regardant la démocratie comme bonne en elle-même et inévitable, ait su voir qu’elle pouvait conduire au despotisme aussi bien qu’à la liberté : observation vulgaire chez tous les publicistes de l’antiquité, et cent fois vérifiée dans les petites républiques de la Grèce, mais qui, appliquée à toute la surface du monde civilisé, inspire à l’entendement et à l’imagination une singulière impression de religieux effroi.
Le mythe ne lui importe en rien, étant du domaine religieux et philosophique.
En vain mon enfance et ses poétiques impressions, ma jeunesse et ses religieux souvenirs, la majesté, l’antiquité, l’autorité de cette foi qu’on m’avait enseignée, toute ma mémoire, toute mon imagination, toute mon âme s’étaient soulevées et révoltées contre cette invasion d’une incrédulité qui les blessait profondément ; mon cœur n’avait pu défendre ma raison… Je n’oublierai jamais la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré.
Questions morales et religieuses : Victor Charbonnel. […] Méthodique, sévère, très religieuse, et plus énergique que tendre, elle menait son petit monde conformément à ses doctrines indiscutables. […] Comme la nuit est lointainement pleine De silencieuse infinité claire : Pas le moindre écho des gens de la terre Sous la Lune méditerranéenne : Au milieu de tout ce recueillement infini, tel que Pierrot, lunaire, il vint et, sur les apparences magiques de la réalité, dit des paroles singulières, dans lesquelles alterne avec une sorte de gravité religieuse une enfantine et adorable moquerie. […] Ce n’est pas par des tendances mystiques que Kahn est amené au Symbolisme, ni par une conception religieuse des choses, ni par les conclusions de quelque métaphysique spiritualiste.
L’importance énorme, presque unique, de Louis XIV au milieu de sa cour, l’amoindrissement de la noblesse ; la passion des dames et du beau monde pour les conversations spirituelles et solides, l’affectation succédant à l’esprit et la pédanterie à la science ; le goût des questions et l’ardeur des querelles religieuses, l’impiété couvant sourdement sous la foi emphatique d’un siècle qui affirmait plus qu’il ne croyait, et l’hypocrisie lui prêtant déjà son manteau ; la licence des mœurs d’une part et l’exemple de l’adultère donné par un roi, d’autre part une pruderie dont l’austérité jetait une ombre importune sur les plaisirs de la cour ; l’affranchissement de la pensée et ses premières luttes contre l’entêtement de l’ignorance et des vieilles doctrines : tels sont les principaux caractères du temps où Molière écrivait. […] Cette opposition des sociétés spirituelles et oisives contre le gouvernement revêtit au siècle de Louis XIV un caractère moral et religieux. […] En l’absence du roi, parti pour la guerre de Flandre, le premier président du Parlement, Lamoignon, opposa son veto formel à une nouvelle représentation ; l’archevêque de Paris fit un mandement qui défendait « à toutes personnes de voir représenter, lire ou entendre réciter la comédie de l’Imposteur, soit publiquement, soit en particulier, sous peine d’excommunication » ; et le Tartuffe ne put être mis en liberté qu’en février 1659, à la faveur de l’apaisement des querelles religieuses, et de la réconciliation momentanée des diverses opinions de l’Église de France.
Rien dans ce qu’il écrivit ne le montre angoissé par des problèmes religieux, et du catholicisme il n’a jamais parlé que pour en percevoir des analogies littéraires. […] La durée sociale n’est pas partout et en tout temps identique à elle-même, elle est en fonction d’états religieux, intellectuels, d’inventions comme l’écriture, l’imprimerie, les chronographies. […] C’est à une attitude religieuse que tiennent en effet ces aspects de Mallarmé. […] Si l’écriture tente l’absolu, de quel religieux respect, doit s’environner son acte ! […] De même, dans l’intellectualisme qui fournit au philosophe sa morale professionnelle, tout se définit et s’étage selon l’intelligence, pour l’économiste selon l’utilité, pour l’âme religieuse selon Dieu.
Barbier un chant triste et religieux pareil à ceux que l’illustre Florentin composait dans son exil, il n’y a pas à s’en étonner : la lecture habituelle de la Divine Comédie et le spectacle de la solitude expliquent très bien cette ressemblance sans altérer l’individualité poétique de M. […] Il a négligé volontairement le problème philosophique, le problème du sentiment religieux formulé dans la foi chrétienne, et s’est abstenu de traiter sérieusement le problème littéraire. La première faute devait naturellement amener la seconde ; en morcelant la démonstration littéraire, l’auteur s’est conduit avec une logique rigoureuse ; puisqu’il n’avait pas pris la peine d’étudier et d’enseigner comment et pourquoi la nouvelle formule religieuse est supérieure à celles qui l’ont précédée, il était tout simple qu’il n’apportât pas dans la seconde partie de son sujet plus de soin et de dévouement. […] Il a vu les spectateurs pénétrés d’une admiration religieuse pour la beauté idéale des types grecs, pour la grandeur surhumaine des types romains, et a conçu le projet de substituer à ces types admirés un type plus voisin de la nature. […] Une pièce en trois actes qui repose tout entière sur la solitude et la pauvreté d’un poète, écoutée avec une attention religieuse, a prouvé aux plus incrédules qu’il y a place sur notre scène pour autre chose que l’entraînement des sens ou la pompe du spectacle.
Baudelaire Le dernier de ces grands sacrements positivistes, où Auguste Comte a déployé une si profonde imagination religieuse et politique, est le sacrement de l’incorporation, l’équivalent de ce jugement des morts que les Grecs avaient cru trouver chez les Égyptiens. […] Il y a dans leur poésie la crainte de la nature comme il y a la crainte de Dieu au fond de la religion, mais on voit le tournant par lequel cette crainte devient amour : ou plutôt amour et crainte sont des coupes momentanées, des figures passagères de cette réalité surhumaine qui occupe tout le champ de l’âme religieuse ou poétique, et qui s’appelle ici Dieu ou la nature. […] Pareillement la crainte religieuse de la nature, qui faisait partie, pour les grands lyriques romantiques, de leur familiarité avec la nature, est devenue chez Baudelaire la haine de la nature. […] Mais il lui manquait d’avoir exécuté de la peinture religieuse et historique. […] Fromentin eût mieux compris le tableau s’il eût été jusqu’au bout de l’ In pictura orator , et cherché, en un temps où la peinture était encore religieuse, l’essence commune de l’éloquence sur le tableau d’église et de l’éloquence dans la chaire chrétienne.
On croit généralement que les seuls écrivains qui aient élevé quelques objections soit morales, soit littéraires contre Molière, c’est Bossuet, c’est Boileau ; Bossuet, par esprit religieux ; Boileau, dans des vers restés célèbres sur « Scapin et le sac où il s’enveloppe », vers qui ne constituent un jugement exact ni dans la forme ni dans le fond. […] » Eh bien, lorsque avec ce mélange d’autorité et de terreur chrétiennes, avec cette dureté froide, cette joie presque violente, l’implacable et religieux Bossuet appliquait si magnifiquement à Molière cette condamnation contenue dans le verset de l’Écriture : « Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez », on pouvait dire que les mots de cette prédiction tombaient bien à faux, et qu’il était bien superflu de faire planer les menaces de la seconde partie du verset sur l’avenir de Molière ; elles s’étaient déjà très suffisamment réalisées dans son passé. […] Voyez-vous cette France livrée aux bourreaux et à la persécution religieuse ? […] En 1664, cela ne pouvait s’appliquer à rien ni à personne ; personne n’assassinait avec un fer sacré ; la seule persécution religieuse était l’ordonnance presque anodine par laquelle l’archevêque de Paris avait condamné les mères du Port-Royal ; en 1664, tout cela n’avait pas d’application ; — tout cela était d’une vérité épouvantable en 1700 : Molière était mort depuis vingt-huit ans. […] On sent très bien qu’au plus fort de la persécution religieuse, à la fin du règne de Louis XIV, alors que tout le monde approuvait tous les actes du Père Tellier, alors qu’ils étaient glorifiés même par le sage La Bruyère, on sent très bien que Dom Juan eût été homme à crier à la barbe des vieilles duègnes repenties, des confesseurs et des directeurs de conscience, avec plus d’énergie encore que devant la statue du Commandeur : « Non, non, il ne sera pas dit, quoi qu’il arrive, que je sois capable de me repentir » 42.
La vieille tradition religieuse de la résurrection est une des idées les plus profondes et les plus justes qu’ait eues l’humanité. […] Elle encourage à la patience et à la persévérance la sainte troupe de religieuses qui l’accompagnent. […] A la duchesse il dit : « De ces religieuses-là Dieu n’a cure et il n’y tient pas du tout. […] Et puis, il y a toute la question religieuse qui reste entière, tout l’obstacle résultant de la question religieuse qui reste entier, tout entier. […] Paul Bourget ; que la duchesse abandonnera peut-être, à regret, ses pratiques religieuses, qu’elle aura une fille, que sa fille fera sa première communion, que la duchesse retrouvera alors tous ses principes religieux à l’état intense, que le docteur Morey sera furieux : « Encore la prêtraille !
Il nous a laissé son credo religieux et son symbole, tout chrétien, sans rien d’exclusif.
On se retire du monde, mais on est bien aise que le monde le sache ; et, s’il ne le devait pas savoir, je doute qu’on eût le courage et la force de s’en retirer… On ne se soucie plus de sa beauté (Ici il s’agit des femmes pénitentes, dont quelques-unes l’étaient avec éclat et avec bruit), mais on est entêté de son esprit et de son propre jugement… S’il y a quelque chose de nouveau, c’est à quoi l’on donne et où l’on trouve sa dévotion… Un laïque s’érigera en censeur des prêtres, un séculier en réformateur des religieux, une femme en directrice, … tout cela parce que, sous couleur de piété, on ne s’aperçoit pas qu’on veut dominer… Il semble qu’être sévère dans ses maximes soit un degré pour s’agrandir.
Rutilius Numatianus est un autre descriptif ému et religieux, exact, avec des ressouvenirs classiques et de l’Odyssée ; ses digressions sont toutes historiques et graves.
Il en est un peu de même de Ducis, qui avait de plus que Roucher l’inspiration présente et le secours des croyances religieuses positives.
À son point de vue religieux, on l’a remarqué, un petit détail lui semble, en effet, aussi important qu’un grand objet : tous s’égalisent par rapport à Dieu qui brille et se révèle aussi merveilleusement dans les uns que dans les autres.
C’est l’heure aussi où j’ai à me recueillir pour me rendre digne, à mon tour, d’entretenir le feu sacré sur ces hauteurs religieuses de l’Antiquité.
S’il y avait quelque chose de capable de renverser ma chétive cervelle, ç’aurait été les choses obligeantes que vous y ajoutez… ; mais, ma chère sœur, en faisant un retour sur moi-même, je n’y trouve qu’un pauvre individu composé d’un mélange de bien et de mal ; souvent très mécontent de soi-même, et qui voudrait fort avoir plus de mérite qu’il n’en a ; fait pour vivre en particulier obligé de représenter ; philosophe par inclination, politique par devoir ; enfin, qui est obligé d’être tout ce qu’il n’est pas, et qui n’a d’autre mérite qu’un attachement religieux à ses devoirs.
Il me semble qu’en rapprochant tout ce qu’on trouve de passages religieux dans ses écrits, de pour et de contre, on n’arrivera qu’à composer une velléité, une inquiétude chrétienne (elle a dû exister à certains moments), non une crise proprement dite, « Ce ne sont que des accidents de foi, m’écrit M.
De crainte que le passage subit de l’air doux et tempéré de la vie religieuse et solitaire à la zone torride du monde n’éprouvât trop mon âme, elle m’a amené, au sortir du saint asile, dans une maison élevée sur les confins des deux régions, où, sans être de la solitude, on n’appartient pas encore au monde ; une maison dont les croisées s’ouvrent d’un côté sur la plaine où s’agite le tumulte des hommes, et de l’autre sur le désert où chantent les serviteurs de Dieu ; d’un côté sur l’océan, et de l’autre sur les bois ; et cette figure est une réalité, car elle est bâtie sur le bord de la mer.
Ayant pris de bonne heure au sérieux, autant et plus que souverain en aucun temps, son rôle et ses attributions de roi, cette idée élevée, ce respect religieux de son état le mena à écrire, à dicter des instructions et des pièces assez nombreuses qui ont été recueillies.
Il ajouta que bien des livres de cardinaux et religieux avaient été censurés de même pour telles imperfections de détail qui ne touchaient en rien la réputation de l’auteur ni de l’œuvre en gros.
Apulée avait l’esprit fortement atteint de superstition ; il avait du goût pour les Chaldéens, les Égyptiens, et leursliturgies secrètes ; il était initié à des mystères et associé à quelque confrérie religieuse du temps.
Rien n’était si flatteur qu’un si prompt succès, et il me paraissait qu’il n’y avait point de présomption à en espérer un plus grand, quand je considérais que, sans avoir ni cabale pour m’annoncer ni famille qui s’intéressât à me ménager des auditeurs, ni parti pour m’en attirer, j’avais été assez heureux pour me faire distinguer parmi tant de prédicateurs qu’il y avait alors dans le Clergé séculier et dans les Ordres religieux. » Quand je l’ai appelé un rhétoricien, on voit quel correctif il convient d’apporter à ce mot en parlant de lui : c’est devant le public, c’est dans l’action extérieure qu’il est rhéteur ou avocat ; mais, hors de là et dans le particulier, il ne se drape nullement, et il nous livre avec une sorte de naïveté, sans en faire mystère, ses raisons d’agir et ses mobiles.
Je n’ai point pris parti systématiquement, comme le donne à entendre M. de Barthélémy, pour aucune des religieuses, ni pour aucun des solitaires.
En 1609, on le trouve faisant partie d’une confrérie religieuse, celle du Saint-Sacrement ; c’était l’usage alors, et les poëtes les plus distingués du temps en étaient membres.
L’idée récente encore et, pour ainsi dire, présente de son amie était si grande et si honorable, son image empreinte dans l’âme de tous les amis de la patrie et de l’humanité était si noble et si touchante, qu’il fallait, en quelque sorte, avoir pour elle un respect religieux et ne rien laisser paraître sous son nom qui pût mêler une idée de malignité d’esprit, de préventions et de petitesses féminines, à celle d’un si beau caractère, d’une telle virilité d’âme et d’un si auguste malheur. » Tel était le sentiment des contemporains immédiats, et il ne faut jamais le perdre de vue dans nos appréciations à distance.
Elle sent et pense comme une personne de son sang et de son éducation doit sentir ; religieuse avant tout, elle a tous les préjugés d’une princesse de la race et presque du siècle de saint Louis : le jour où l’Assemblée accordera aux Juifs la possibilité d’être admis à tous les emplois lui paraîtra le plus horrible des jours et marqué d’une note sacrilège ; elle attribue tout ce qui se passe à la colère du Ciel, à sa vengeance ; puis elle espère qu’il se laissera toucher aux prières des bonnes âmes.
On en resta chez nous durant vingt-cinq ans sur cette espèce d’horreur religieuse.
., il fit une donation à son fils unique avec substitution, absolument comme on fonderait une chapelle et un service religieux à perpétuité.
L’indépendance des idées est nécessaire à l’indépendance de l’admiration. » Ils veulent du présent, du vif, du saignant dans les œuvres : « En littérature, on ne fait bien que ce qu’on a vu ou souffert. » L’Antiquité leur paraît encore à juger ; ils ne paraissent accepter rien de ce qu’on en dit ; ils croient que tout est à revoir, et que le procès à instruire n’est pas même commencé ; ce respect du passé en littérature, ce culte des anciens à tous les degrés, qu’il s’agisse des temps d’Homère ou du siècle de Louis XIV, est, selon eux, la dernière des religions qu’on se prendra à examiner et à percer à jour : « Quand le passé religieux et politique sera entièrement détruit, peut-être commencera-t-on à juger le passé littéraire. » Ils ne font grâce entre les anciens qu’à Lucien, peut-être à Apulée, à cause de l’étonnante modernité qu’ils y retrouvent : ce sont pour eux des contemporains de Henri Heine ou de l’abbé Galiani.
Obligé à un état manuel, et bien qu’il n’en rougisse point, Reboul ne s’en glorifie pas non plus et ne s’y complaît pas ; religieux de cœur, il accepte ce lot comme une part de la tâche imposée par le Maître.
Le couvent, pour elle, c’est quelque chose de gai, d’aimable, de gémissant comme Saint-Cyr ; c’est une volière de colombes amies, ce sont d’ordinaire les curiosités et les babils d’une volage innocence. « La partie du jardin, qu’on nommait pompeusement le bois, n’était qu’un bouquet d’arbres placés devant une très-petite maison tout à fait séparée du couvent, quoique renfermée dans ses murs ; mais c’est une habitude des religieuses de se plaire à donner de grands noms au peu qu’elles possèdent ; accoutumées aux privations, les moindres choses leur paraissent considérables. » Le couvent de Blanche, le couvent d’Eugénie sont ainsi faits.
Je demandai un peu plus loin l’adresse de la supérieure des religieuses qui soignaient les galériens.
On voit poindre cette sensibilité à la fin du xviie siècle : la transformation morale et religieuse de la société en favorise le développement.
Riquet a « l’âme religieuse ».
D’après la pièce, le royalisme religieux est un péché originel qui corrompt tous ses partisans.
Tous les bonheurs lui arrivaient à la fois : « J’ai obtenu en trois semaines, écrivait-il à Boissy d’Anglas (31 mai 1788), le brevet de lieutenant-colonel, la croix de Saint-Louis, mon fauteuil académique, et une abbaye à six lieues de Paris pour une tante à moi, religieuse à Arles. » Le duc de Penthièvre et la duchesse d’Orléans, sa fille, assistèrent à la séance de réception.
La partie politique commence avec le IVe livre des Lettres de Pasquier : on y peut suivre l’origine des troubles (1560), l’invasion, les progrès, les intermittences et redoublements successifs de cette fièvre religieuse et civile.
Voltaire, tout aristocratique au contraire, ne s’adresse qu’à quelques-uns, et la réforme qu’il prêche aux rois, aux grands et aux esprits d’élite, est plutôt civile et religieuse que politique.
L’idée religieuse aussi l’illumina en ce moment comme dans un éclair : il tomba à genoux et il pleura.
. — Il n’a guère persisté dans cette voie, il a continué de platoniser, d’évangéliser vaguement en vers, en même temps qu’il est quelque peu devenu (depuis surtout son entrée à l’Académie) un homme de coterie religieuse et politique. — Un critique de beaucoup de finesse, mais dont il faut détacher les mots piquants du milieu de bien des fatuités et des extravagances, Barbey d’Aurevilly, comparant un jour les dernières poésies de M. de Laprade avec celles d’un autre poète également moral et froid, concluait en disant : « Au moins, avec M. de Laprade, l’ennui tombe de plus haut. » C’est plus satirique que juste, mais le mot est lâché : l’écueil est là ; gare aux beaux vers qui sont ennuyeux !
Bernardin, religieux de cœur, se fit déiste de profession, et il ne cessa de lutter par toutes les raisons imaginables contre les adversaires.
Ce fut un succès mondain, religieux, sentimental, tout de cœur et d’imagination, qui n’est comparable pour nous qu’à certains succès que nous avons vus dans notre jeunesse, et par exemple à celui des Méditations poétiques de M. de Lamartine.
Chaque après-midi, vers la fin de la joyeuse séance, à quatre heures, la cloche sonne, qui avertit qu’il est temps d’aller aux vêpres ; la compagnie s’y rend, non sans avoir fait attendre quelquefois les religieux qui s’y prêtent de bonne grâce.
* * * — De Nittis m’affirmait, qu’il y avait un onguent particulier pour le visage des papes, fabriqué par une congrégation religieuse : un onguent qui donne la plus extrême fraîcheur à leurs vieux traits, jusqu’au jour de leur mort.
Cependant Dubois avait agi, et il a donné de lui des pressentiments superbes à un philosophe du xviiie siècle, à Lemontey, qui ne devait pas l’aimer, cet abbé pour rire, devenu sérieusement prêtre, « auquel dit Lemontey, il ne manqua que le temps pour livrer l’autorité civile à l’action des pouvoirs religieux ».
C’est parce qu’il est, dans tout ce que nous abhorrons le plus, — la haine et la négation des choses religieuses, — un esprit des plus bas, quand Stendhal garde encore, dans cette haine et dans cette négation, une âme élevée… Stendhal, qui est sorti par les années bien plus du xviiie siècle que Mérimée, Stendhal, qui avait été soldat de l’empereur Napoléon, a pour le catholicisme qu’il n’a pas étudié et qu’il ne connaît pas, mais qu’il aurait adoré s’il l’avait connu, un mépris soldatesque mêlé de voltairianisme ; mais dans ce mépris et dans cette haine, Stendhal n’a jamais été un goujat, tandis que Mérimée, sans excuse, en a été un d’expression et de pensée qui aurait répugné à la noblesse fondamentale de l’âme de Stendhal !
Les maîtresses, religieuses ou laïques, qui élèvent les jeunes filles, sont, en général, instruites, même en accent.
Études sur les moeurs religieuses et sociales de l’Extrême Orient, p. 413-416.
Lui-même, après une éducation toute religieuse, grave, studieux, muni de convictions fortes, éprouvé par la proscription, formé pour gouverner les hommes sans les contraindre, et préparé à la politique par la morale, il entrait dans les affaires publiques, lorsque l’anarchie du Directoire et le despotisme de l’Empire lui fermèrent la carrière pour laquelle il était né et il était prêt.
Elle n’y prenait pas une place à part ; elle n’avait pas su attacher aux traditions religieuses et aux fêtes nationales quelques empreintes immortelles d’imagination et d’art, ; elle n’était pas entrée dans la vie des Romains, moins poétique et moins libre que celle des Grecs : et, si elle s’était mêlée parfois à ces œuvres artificielles du théâtre que Rome victorieuse chercha comme une distraction, elle n’avait eu, sous cette forme, qu’un rôle secondaire, dont le cadre même devenait difficile et rare sous le pouvoir absolu d’Auguste.
Renaud de Wilbach, lui jouait avec une complaisance filiale des mélodies d’un sentiment large et religieux, qui rassérénaient son âme, et endormaient ses souffrances. […] De grosses larmes tombèrent des yeux de Lambert, arrachées autant par la conscience de sa supériorité morale offensée que par l’insulte gratuite et la trahison qui nous accablaient Le Père Haugoult vendit probablement à un épicier de Vendôme le Traité de la volonté, sans connaître l’importance des trésors scientifiques dont les germes avortés se dissipèrent en d’ignorantes mains. » Après ce récit il ajoute : « Ce fut en mémoire de la catastrophe arrivée au livre de Louis que dans l’ouvrage par lequel commencent ces études je me suis servi pour une œuvre fictive du titre réellement inventé par Lambert, et que j’ai donné le nom (Pauline) d’une femme qui lui fut chère à une jeune fille pleine de dévouement. » En effet, si nous ouvrons la Peau de chagrin, nous y trouvons dans la confession de Raphaël les phrases suivantes : « Toi seul admiras ma Théorie de la volonté, ce long ouvrage pour lequel j’avais appris les langues orientales, l’anatomie, la physiologie, auquel j’avais consacré la plus grande partie de mon temps, œuvre qui, si je ne me trompe, complétera les travaux de Mesmer, de Lavater, de Gall, de Bichat, en ouvrant une nouvelle route à la science humaine ; là s’arrête ma belle vie, ce sacrifice de tous les jours, ce travail de ver à soie, inconnu au monde, et dont la seule récompense est peut-être dans le travail même ; depuis l’âge de raison jusqu’au jour où j’eus terminé ma Théorie, j’ai observé, appris, écrit, lu sans relâche, et ma vie fut comme un long pensum ; amant efféminé de la paresse orientale, amoureux de mes rêves, sensuel, j’ai toujours travaillé, me refusant à goûter les jouissances de la vie parisienne ; gourmand, j’ai été sobre ; aimant la marche, et les voyages maritimes, désirant visiter des pays, trouvant encore du plaisir à faire comme un enfant des ricochets sur l’eau, je suis resté constamment assis une plume à la main ; bavard, j’allais écouter en silence les professeurs aux cours publics de la Bibliothèque et du Muséum ; j’ai dormi sur mon grabat solitaire comme un religieux de l’ordre de Saint-Benoît, et la femme était cependant ma seule chimère, une chimère que je caressais et qui me fuyait toujours ! […] Si son esprit était excentrique, sa vie était régulière, soumise au devoir, religieuse même. […] Sans doute, tous les généreux sentiments qu’il devait si bien exprimer, l’amour, la foi, la religieuse adoration de la nature, la nostalgie du ciel, bouillonnaient déjà en lui ; mais ce n’était encore pour le inonde qu’un beau jeune homme de la plus aristocratique élégance, de manières parfaites, et destiné aux succès de salon. […] J., qui devient alors Jules Janin tout au long et ajoutera désormais la formule consacrée « de l’Académie française », a écrit de très bons livres et en assez grand nombre : L’Ane mort et la femme guillotinée, un de ces péchés de jeunesse qu’il ne faut pas renier plus tard sous prétexte de sagesse et de bon goût, car ce sont eux qui vous révèlent et vous font célèbre ; Barnave, où flamboient tant de belles pages ; le Piédestal, d’une donnée si hardie et d’une exécution si brillante ; Clarisse Harlowe, retirée de son cadre d’ennui et remise à neuf avec un soin pieux ; la Fin d’un monde, continuation et conclusion du Neveu de Rameau ; la Religieuse de Toulouse, et tant d’autres volumes bien pensés, bien écrits et bien imprimés, dignes en tout point de prendre place, au chalet de Passy, sur les rayons de la bibliothèque choisie à côté des éditions princeps des bons auteurs magnifiquement reliées par Bauzonnet, Capé, Petit et les maîtres de l’art ; orgueil et bonheur du lettré qui vit au milieu de ces richesses qu’il ne se contente pas de regarder, mais qu’il lit, qu’il étudie et dont il s’assimile la substance.
Saint Ambroise, après lui saint Grégoire, sont les derniers défenseurs de cette vénérable musique : ils instituent une précieuse mélodie expressive, le plain-chant, traduction simple et profonde des premières émotions religieuses. […] Au moyen âge, la loi des différences croissantes amène déjà la formation de deux musiques entièrement distinctes : l’une populaire, donc toute de rythme et de mélodie ; l’autre savante, la musique religieuse et scolastique, destinée seulement aux âmes plus complexes. […] La pièce des Fleurs, n’est-ce point l’adagio d’une sonate romantique, ou quelqu’un de ces préludes religieux de Bach, produisant toute l’émotion par un agencement voulu de ses harmonies ? […] Dans le même temps un prêtre Albain, Antistius, a tenté la réforme des mœurs religieuses. […] P. de Charnacé est, en outre, illustré de magnifiques images : on y retrouvera reproduites, notamment, la plupart des fresques peintes à Assise par Giotto, le seul peintre, avec le bienheureux Jean de Fiesole, qui ait su être religieux dans la peinture religieuse.
À cette époque, il est vrai, le sentiment religieux était peu développé ; le scepticisme, qui avait envahi la société française, ne permettait guère à la passion de s’élever jusqu’à l’extase. Aussi n’est-ce pas l’absence du sentiment religieux qui nous étonne dans les élégies d’André Chénier, mais bien la sincérité de son paganisme. […] Hugo professe pour la rime un respect religieux, et nous croyons qu’il a raison, car la prosodie de notre langue est trop vague et trop incertaine pour suffire à la mélodie du vers français ; mais M. […] Bien qu’il professe pour toutes ses œuvres un respect religieux, bien qu’il soit décidé à ne rayer, à n’oublier aucun des vers qu’il a signés de son nom, il doit sentir, mieux que nous, que le cinquième livre des Odes est plutôt bégayé que chanté. […] Il ne s’agit en effet dans le Roi s’amuse ni de la peinture de la cour de François Ier, ni du tableau des passions religieuses qui agitaient la France du xvie siècle.
C’est curieux, si je suis bien nié, bien haï, bien insulté, j’ai des enthousiastes, et surtout chez des femmes du peuple, en ce temps où il n’y a plus de religion, et où je me sens, dans leur imagination, occuper la place d’un prêtre, d’un vieil être auquel va un respect religieux un peu tendre. […] Et de Constantinople et d’Anne Comnène et des croisades, nous sautons au Père Dulac et aux missionnaires, dont Drumont parle avec un lyrisme religieux, disant que ce sont des hommes, dont toute la virilité est passée dans leur foi. […] C’est un espèce de Chemin de la Croix, en plus de cent cinquante pastels, exécutés de la manière la plus exacte, d’après les indications des religieux du pays, et vous donnant ainsi que des photographies, les petits sentiers d’oliviers où a dû passer le Christ, avec là-dedans, des bonshommes indiqués dans les Évangiles, de telle profession, de telle localité, retrouvés dans le type général des gens de ce temps-ci de la même profession, et de la même localité, où le peintre s’est transporté.
Il s’agit dans le livre qui va paraître (complément de la série des Rougon-Macquart) d’un prêtre qui commence sa carrière cléricale comme Jocelyn, qui est tenté, succombe, se repent, et, après sa faute, rentre dans la vie religieuse. […] Dans la foule, un recueillement religieux retient tous les souffles. […] Au bout de plusieurs minutes, des savates se traînèrent, la porte s’entrebâilla, et une religieuse parut. […] Des religieuses emportèrent Mme Aubain. […] Félicité lui en fut reconnaissante comme d’un bienfait, et désormais la chérit avec un dévouement bestial et une vénération religieuse.
À quoi, si l’on ajoute un important diocèse à gouverner, un temporel à administrer, les religieuses à diriger, qui le fatiguaient de leurs infinis scrupules, ses fonctions aussi d’aumônier de la Dauphine, on comprendra que, de 1681 à 1700, il n’ait pas pu donner aux progrès du libertinage toute l’attention qu’il aurait voulu. […] Là-dessus, rappelez-vous que Bayle est un contemporain, ou plutôt lui-même une victime de la persécution religieuse, dont le fondement est cette idée que ni la violence, ni les exils, ni les supplices ne doivent être comptés de rien, si l’on atteint par eux l’unité religieuse. […] Non seulement la morale ne saurait exister indépendamment et en dehors d’une philosophie qui la fonde, mais le problème est toujours en suspens, de savoir si l’on peut la séparer, sans la dégrader, des aspirations religieuses qui la terminent et qui la couronnent. […] La révocation de l’édit de Nantes, la persécution dirigée contre Port-Royal, avaient opéré ce miracle ; — et, après avoir applaudi à la réalisation de l’unité religieuse, dix ans ne s’étaient pas écoulés que l’on se demandait, en vérité, s’il était bien sûr que l’unité valût le prix dont on l’avait payée ! […] Mais les religieuses, qui veillaient, et sa noble famille, avertie, les ayant séparés, elle résolut de se soustraire à un joug odieux, et elle se fit enlever… par un autre, qui l’épousa.
L’enthousiasme religieux succédait chez lui à l’excitabilité érotique. […] Je ne crois pas que nous soyons réduits, pauvres hommes, à cette dure alternative : ou bien épouser avec des transes d’inquiétude une « petite rosse » déjà piquée et gâtée comme ces beaux fruits tardifs que ronge un ver, ou bien faire venir de province une « petite oie blanche », qui passera, bien confessée, du dortoir des religieuses à la chambre de l’époux. […] Les gens curieux d’expériences politiques, de nouveautés religieuses et de solutions sociales n’y sont pas moins satisfaits que les chercheurs d’or, de pétrole ou de nickel. […] Le renoncement aux joies terrestres leur a toujours paru, bien qu’ils soient religieux et volontiers prédicants, une sombre folie. […] Quand elle se réconciliera avec l’esprit religieux, ce sera par d’autres voies et par d’autres moyens.
Malgré la conscience qu’on ne peut s’empêcher d’avoir de ce qu’il y a de passager dans l’éclat du théâtre, il y a aussi quelque chose de grand, de grave et presque religieux dans cette alliance contractée avec l’assemblée dont on est entendu, et c’est une solennelle récompense des fatigues de l’esprit. — Aussi serait-il injuste de ne pas nommer les interprètes à qui l’on a confié ses idées dans un livre qui sera plus durable que les représentations du drame qu’il renferme. […] L’éducation leur laisse toujours quelque chose, à ce qu’il paraît, car je ne l’ai jamais vue oublier de se cacher comme une religieuse
Le cardinal voulait que je ne me séparasse point de lui, à cause des dangers que je pouvais courir ; mais je le suppliai de me laisser aller par Florence, où je voulais embrasser ma sœur, qui avait tant souffert de mes malheurs, et deux cousines, religieuses à Viterbe, où elles gouvernaient un riche monastère, et qui avaient tant fait de prières et récité d’oraisons pour obtenir la grâce de Dieu en ma faveur. » Une tragique aventure l’attendait à Sienne. […] « Ayant pris congé du roi, je repassai la Seine ; je pris chez moi, au lieu d’un sac, une bourse qu’une religieuse de mes parents m’avait donnée à Florence ; et, comme il était encore de bonne heure, je me rendis seul, sans domestique, chez le trésorier qui devait me compter les mille écus d’or.
Reverra-t-on jamais une telle époque, où tant de génies concentrés dans une petite ville étaient le premier miracle, et où un peuple plus miraculeux était digne de les voir, de les entendre et de les admirer, lors même que ses passions civiques et religieuses pouvaient de temps en temps, témoin Socrate, témoin Démosthène, témoin Aristote lui-même, les forcer à accepter ou à se préparer la ciguë ? […] Il faut créer en plus grand nombre de nouvelles phratries ; il faut substituer aux sacrifices particuliers des fêtes religieuses, peu fréquentes, mais publiques ; il faut confondre autant que possible les relations des citoyens entre eux, en ayant soin de rompre toutes les associations antérieures.
» Dimanche 26 janvier Tissot nous contait ce soir, chez Daudet, qu’il avait été au moment d’acheter 7 000 francs, une petite montagne près de Jérusalem, et d’y bâtir un atelier, où il aurait imprimé et gravé son livre : un atelier, qui, disait-il, serait devenu un atelier d’art religieux, en même temps qu’une colonie française, faisant revivre l’influence de notre pays dans les lieux saints. […] Puis aussitôt commence le défilé des cent vingt-cinq gouaches, dont Tissot fait le boniment à voix basse, comme on parle dans une église, avec parfois, détonnant dans sa parole religieuse, des mots d’argot parisiens, disant d’une étude de la Madeleine encore pécheresse : « Vous voyez, elle est un peu vannée !
Issue en bonne partie de fêtes religieuses, puis nourrie de récits légendaires, la tragédie grecque a gardé toujours (plus ou moins, selon les temps et les poètes) des traces sensibles de ses origines lyriques et épiques. […] Ne songeant qu’à la tragédie grecque, ils oubliaient son caractère religieux et oubliaient aussi qu’elle pouvait être précédée ou suivie de pièces comiques (comme de nos jours au Grand Guignol).
Sully n’est donc pas un philosophe ; bien qu’il paraisse, en maints cas, beaucoup plus politique que religieux, il est superstitieux comme on l’était volontiers en son temps.
Vers la fin de son livre, on dirait que Joinville, en le dictant98, s’accoutume peu à peu à être auteur ; parlant de saint Louis et des maisons religieuses de tout genre, des monastères de tout ordre qu’il fonda, il dit : « Et ainsi que l’écrivain qui a fait son livre et qui l’enlumine d’or et d’azuram, enlumina ledit roi son royaume de belles abbayes qu’il y fit. » Voilà une comparaison littéraire proprement dite ; et elle est encore vive et riante.
La suite a montré que la conversion de M. et de Mme Dacier avait été très sincère : Mme Dacier particulièrement était religieuse, pleine de droiture et de simplicité.
Mme de Créqui était sincèrement religieuse et chrétienne, et Senac de Meilhan était franchement philosophe et même épicurien.
L’influence de M. de Chateaubriand (juge d’ailleurs assez équitable de Voltaire), celle de Mme de Staël, c’est-à-dire de Rousseau toujours, le réveil d’une philosophie spiritualiste et respectueuse pour la nature humaine, l’action aussi de la renaissance religieuse qui atteignait au moins les imaginations quand ce n’était pas les cœurs, l’influence littéraire enfin qui soufflait tantôt de la patrie de Goethe et de Schiller, tantôt de celle de Shakespeare, de Walter Scott et de Byron, ces diverses causes générales avaient fort agi sur plusieurs d’entre nous, jusque dans nos premières lectures de Voltaire.
Si l’on publie quelque écrit posthume sans le consulter (comme par exemple la Lettre aux religieuses de Port-Royal), il laisse faire, et, quand c’est fini, il dit : « Pourquoi ne s’est-on pas adressé à moi ?
Mais en 1794, il n’en est pas à cette solution dernière, religieuse, à laquelle il ne s’élèvera que par degrés, et, quoique sans parti pris et sans décision absolue, il incline à tout rapporter à l’état physique et à la machine : Je ne prétends rien décider à cet égard.
C’est un des livres les plus remplis de particularités intéressantes sur le xviie siècle religieux et littéraire.
Ce qui, au premier abord et de loin, semblerait une lâcheté et une platitude, ne se présenta alors que comme une chevalerie posthume, un acte religieux et courageux de fidélité envers le passé.
Un critique, qui est encore plus légitimiste que religieux, tel que M. de Pontmartin, devrait être, ce semble, plus courtois qu’un autre, et M. de Pontmartin, l’est en effet souvent ; il raconte lui-même agréablement qu’on lui a reproché trop de facilité et de complaisance de jugement, et de se montrer trop coulant à dire : « Beau livre, charmant livre, excellent livre !
Le Cid du drame espagnol n’est pas seulement le plus brave des chevaliers, il est aussi le plus religieux et le plus dévot ; c’est, à un moment, le plus fervent des pèlerins.
Cependant les passions étaient surexcitées au dernier degré, et les haines religieuses, dès qu’on les attise, sont promptes.
Lui-même va nous l’expliquer, non sans avoir fait au préalable sa profession de foi : « Ma première éducation, dit-il, mes premières études me ramenaient plutôt aux idées religieuses qu’elles ne m’en éloignaient.
Ses prévisions de 1806 sur le péril d’une grande guerre dans le Nord allaient se réaliser : les succès si chèrement achetés du début présageaient assez le caractère de cette terrible et gigantesque aventure ; il l’a parfaitement définie en quelques traits expressifs, que les plus éloquents historiens avoueraient : « Toutes les passions religieuses et patriotiques avaient été allumées ; il fut aisé de prévoir qu’aux privations de la Lituanie allaient se réunir toutes les fureurs et les embarras d’une guerre nationale : nous allions retrouver une nouvelle Espagne, mais une Espagne sans fond, sans vin, sans ressources, sans villes.
Pardon et la Crainte, l’idée religieuse se mêle tendrement au poids de la faute, à l’amertume du calice : Mme Valmore n’a jamais proféré en poésie de plus hautes paroles.
Gresset avait deux de ses sœurs qui se firent religieuses au couvent des Augustines d’Amiens.
Sophie, Sophie, juge à quel point je ressens l’amitié, puisque c’est chez moi le seul sentiment qui ne soit pas captif. » Mais Sophie seule, même en amitié, ne suffit plus ; vers le milieu de cette année 1776, on aperçoit quelque baisse, on entend quelque légère plainte : « Sophie, Sophie, vos lettres se font bien attendre… » En même temps que d’un côté on pensait à La Blancherie, de l’autre, à Amiens, on pensait au cloître ; Sophie avait eu l’idée, un momeni, de se faire religieuse.
Son épisode de Jenny introduit et personnifie la chasteté de l’émotion ; la Bible, lue tout haut, renvoie sur toute la scène une lueur religieuse.
Voltaire met sans cesse en opposition ce qui devrait être et ce qui était, la pédanterie des formes et la frivolité des esprits, l’austérité des dogmes religieux et les mœurs faciles de ceux qui les enseignaient, l’ignorance des grands et leur pouvoir.
Voyez les formules juridiques et les cérémonies religieuses des âges primitifs.
Mais, outre que le nombre est par nature l’intermédiaire du monde idéal au monde des apparences, dans les belles cathédrales le détail du monument est si bien fondu avec les grandes lignes et celles-ci expriment si naturellement l’idée religieuse que chaque courbe est véritablement subordonnée à la perfection harmonieuse d’une unité.
Bien qu’il ne soit pas malaisé de montrer, dans les drames religieux de l’Inde ancienne, l’image d’une vie tout intérieure mais que des cultes pieux faisaient sociale ; dans les tragi-comédies du moyen âge espagnol, la double expression du mélange trouble, d’un obscurantisme fanatique et d’une nature lumineuse ; dans les licencieuses fantaisies du théâtre italien plus moderne, la mise en scène d’une société brillante et dissolue ; — mieux vaut rappeler, pour convaincre par des exemples tout à fait décisifs, les deux peuples dont la vie sociale fut le plus harmonieuse, et la vie théâtrale le plus artistique, la Grèce et la France.
Bien qu’il ne soit pas malaisé de montrer, dans les drames religieux de l’Inde ancienne, l’image d’une vie tout intérieure, mais que des cultes pieux faisaient sociale ; dans les tragi-comédies du moyen âge espagnol, la double expression du mélange trouble, d’un obscurantisme fanatique et d’une nature lumineuse ; dans les licencieuses fantaisies du théâtre italien plus moderne, la mise en scène d’une société brillante et dissolue ; — mieux vaut rappeler, pour convaincre par des exemples tout à fait décisifs, les deux peuples dont la vie sociale fut le plus harmonieuse, et la vie théâtrale le plus artistique, la Grèce et la France.
Inimitiés politiques ou religieuses, routine ou légèreté de la foule, jalousies ou cabales de rivaux, timidité de l’écrivain ou fierté qui lui interdit certains moyens de parvenir, mille autres causes peuvent priver une œuvre de l’estime qui lui est due.
Des idées de crainte religieuse s’attachaient encore à l’hospitalité primitive.
Parmi les modernes, on a les lettres latines d’Héloïse ; celles d’une Religieuse portugaise ; Manon Lescaut, la Phèdre de Racine, et quelques rares productions encore, parmi lesquelles les lettres de Mlle de Lespinasse sont au premier rang.
Quicherat, est celle d’un enfant sérieux et religieux, doué au plus haut degré de cette intelligence à part qui ne se rencontre que chez les hommes supérieurs des sociétés primitives.
Le caractère de la jeune rédaction de La Quotidienne était de ne donner (c’est tout simple) dans aucun des lieux communs libéraux du temps, d’en rire tout haut, et aussi de rire plus bas des déclamations et des lieux communs monarchiques et religieux qu’elle pratiquait de si près, qu’elle semblait partager et redoubler souvent, mais auxquels elle ne tenait en réalité que par le côté politique.
Il n’est pas jusqu’à l’abbé Trublet, à son tour, ce religieux historiographe de Fontenelle, qui ne vienne à l’appui plus qu’il ne croit par ses témoignages.
Cela se sent trop, et dans Les Époques de la nature, par exemple, il régnerait un sentiment plus religieux relativement et plus sacré, si l’auteur avait pu mettre de côté les précautions, et s’il avait déchaîné avec ampleur cette force immense et féconde de génération, telle qu’il la concevait circulant incessamment dans la nature.
Il est honorable et touchant de voir Mallet, un protestant, je dirai même un déiste67, ou du moins un homme simplement religieux, qui, à l’article de la mort, se contentera de lire avec recueillement les sermons de M.
Rabelais avait fait l’un de ses contes les plus plaisants sur une religieuse de Brignoles ; tout en réfutant le conte dans sa Notice sur Brignoles, Raynouard se souvient que Rabelais a passé par sa ville natale.
Se reportant aux âges antérieurs et à l’esprit de ce qui subsistait alors, il définit en termes singulièrement heureux l’antique et vague Constitution de la France, ce qu’il appelle le mystère de l’État : Chaque monarchie a le sien ; celui de la France consiste dans cette espèce de silence religieux et sacré dans lequel on ensevelit, en obéissant presque toujours aveuglément aux rois, le droit que l’on ne veut croire avoir de s’en dispenser que dans les occasions où il ne serait pas même de leur service de leur plaire.
[NdA] Montesquieu est de la même religion que Polybe lorsque ce dernier parle si bien de la bonne influence de l’opinion religieuse sur la moralité des Romains : « C’est donc avec grande raison que les anciens ont répandu parmi le peuple qu’il y avait des dieux, etc. » 14.
Il avait dès l’enfance un goût passionné pour la lecture ; la bibliothèque de son père, on peut le croire, n’était guère riche ni bien fournie ; elle consistait surtout en livres de polémique religieuse.
Tout ce côté élevé d’avenir ou de passé religieux et monarchique que Fontanes appréciait et admirait dans son ami Chateaubriand, n’allait point à Arnault qui prenait les choses de plus près, plus à bout portant, et en bourgeois de Paris qui gardait de la Fronde même sous l’Empire.
Le Dijonnais réformé est en outre l’auteur de Littérature anglaise et philosophie (1893), ainsi que de quelques essais sur la vie religieuse de son temps.
On a dit souvent que la cause des erreurs philosophiques est dans nos passions, et que si les vérités géométriques étaient aussi contraires à nos passions que le sont les vérités morales et religieuses, il y aurait autant d’hommes qui nieraient la géométrie qu’il y en a pour nier Dieu et la vie future.
C’est pour que le bon plaisir des Gros-Ventres revête cette souquenille d’Arlequin : la Loi, c’est afin d’assurer une heureuse digestion au Propriétaire et au Financier que les fils de Dèmos ont jeté bas la féodalité guerrière et religieuse. […] La Révolution a eu pour résultat immédiat et momentané une transmission de pouvoir des mains de la caste guerrière et religieuse aux mains de la caste mercantile. […] Et il part tout à fait guéri désormais du mirage religieux, confiant dans sa raison, ne croyant plus qu’à la seule science. […] Quant à ceux qu’elle ne satisfait pas, à ceux qui éprouvent l’éperdu besoin de la connaissance immédiate et totale, ils ont la ressource de se réfugier dans n’importe quelle hypothèse religieuse, à la condition pourtant, s’ils veulent sembler avoir raison, de ne bâtir leur chimère que sur les certitudes acquises. […] Toute cette campagne antisémite, croisade religieuse, expression des rancunes et des espoirs du catholicisme — quoique ses promoteurs s’en défendent — ne peut guère nous intéresser parce qu’elle tend tout simplement à remplacer le Capital Israélite par le Capital chrétien.
À ces victimes d’une double oppression, tyrannie politique, tyrannie religieuse, il présente dans un même cadre deux images : celle des tyrans, qu’il peint burlesques, grotesques, ridicules, hideux, et celle de l’apôtre proscrit, du Jérémie révolté, noble, imposante et belle. […] Et nous sommes saisis d’une sorte de terreur religieuse à l’instant où M. […] Honneur, gloire et respect au mariage religieux seul ! […] Si elle se scandalisait de son ardeur guerroyante contre tout sentiment religieux ? […] chez ces deux protestantes que nous allons voir tout à l’heure profondément pénétrées par le sentiment religieux, un tel enthousiasme pour un positiviste et un athée !
« Dans sa nouveauté, remarque Pouvillon, quand ces figures s’enlevaient en couleur sur la sévérité des murailles, quand les plats de faïence arabe incrustés dans la pierre chatoyaient au soleil, le monument devait être, pour les bourgeois casaniers et le menu peuple attaché à la glèbe, comme une vision d’Orient, une évocation des splendeurs de Venise et de Constantinople. » La prospérité régna longtemps dans Saint-Antonin, malgré les croisés de Montfort, malgré les Anglais, malgré les guerres religieuses. […] Avant de se perdre dans la Garonne, au large estuaire de la Pointe, le Tarn décrit une de ses plus belles courbes devant Moissac. » Il nous parle de cette ville, et nous peint, d’une chaude palette, la cérémonie religieuse qui commémore son passé maritime. […] Elle, tout en vidant son verre, parlait gravement des théories religieuses de Creutzer. […] Elles vivaient cloîtrées en façon de religieuses ; et c’était fort gracieux de voir conduire l’orchestre par une jeune beauté, en habit blanc, un bouquet de grenades sur l’oreille. […] Il a besoin de tirer la moralité de sa tragédie, qui a un sens religieux, qui est une sorte de mystère païen.
Aussi les religieux modernes, qui s’en servent comme d’un appât, ont-ils placé le bonheur dans une vie future où il est invérifiable. […] Dès que l’on dit science, on dit opposition avec les forces religieuses. […] Les Chinois, qui n’ont aucunement l’esprit religieux, ont l’esprit superstitieux très développé.
Bien que très subjectif, ou à cause de cela, car penser à soi, c’est penser à soi tout entier, il est religieux. […] L’immoralité, si l’on se place à un point de vue particulier et spécialement religieux, ne serait-ce pas au contraire d’insister sur les exquisités de l’amour charnel et de vanter les délices de la copulation légitime ? […] Il observa les faits religieux avec la peur d’en être dupe et l’espoir qu’ils seraient absurdes ; il a été pris dans les mailles mêmes du credo-quia-absurdum, — victime heureuse de sa curiosité.
Voltaire, quand il vit Bernis devenu cardinal, archevêque, et engagé dans les hautes dignités de l’Église, était disposé à toutes les coquetteries et à toutes les louanges à son égard, à condition d’y mêler plus d’une malice, et, si on le laissait faire, plus d’une impertinence religieuse.
Le monumental le touche peu ; la célébration des fêtes religieuses et autres, les solennités en tout genre, lui paraissent volontiers une superfluité.
Elle fut sans doute écrite à l’occasion des premiers troubles civils et religieux qui déchirèrent la France (1560) ; elle ne s’adresse pas à Montaigne seul, mais aussi à un autre ami, M. de Bellot : Montaigne, toi le juge le plus équitable de mon esprit, et toi, Bellot, que la bonne foi et la candeur antique recommandent, ô mes amis, ô mes chers compagnons, s’écrie le poète (je traduis en resserrant un peu sa pensée), quels sont vos desseins, vos projets, vous que la colère des dieux et que le destin cruel a réservés pour ces temps de misères ?
Estimant avec tout son siècle que le règne des idées religieuses est passé, il ajoute : Celui de la liberté paraît renaître : mais chez les anciens, remarque-t-il, l’amour de la liberté avait sa racine dans le cœur, c’était une passion ; celui qui éclate en ce moment a sa racine dans l’esprit, il est raisonné et systématique.
Ses croyances religieuses se réduisent à peu près à celle de la Providence ; mais il y tient, il y insiste, et il trouve à redire à ceux qui s’en passent.
Il poursuit ses raisonnements au sujet de la perte de sa bibliothèque, et démontre par des applications sa pensée : « À mesure que l’esprit humain avance, une multitude d’ouvrages disparaît. » Le président estime que nous n’avions pas en France, à sa date, de bons historiens : Un historien ne peut avoir de gloire durable que lorsqu’il approfondit la moralité de l’homme, et développe avec sagacité et impartialité les modifications que lui ont fait subir les institutions civiles et religieuses : alors il devient intéressant pour toutes les nations et pour tous les siècles… Ce n’est pas dans nos histoires qu’on apprend à connaître les Français, mais dans un petit nombre de mémoires particuliers, et je maintiens que l’homme qui a lu attentivement Mme de Sévigné est plus instruit des mœurs du siècle de Louis XIV et de la Cour de ce monarque, que celui qui a lu cent volumes d’histoire de ce temps, et même le célèbre ouvrage de Voltaire.
On l’envoya, tout maréchal de France qu’il était, dans les Cévennes pour avoir raison des fanatiques révoltés, et pour extirper du cœur du royaume cette guerre civile religieuse qui devenait une complication fort maligne à cette heure d’une guerre générale extérieure
Rendant hommage au mérite de M. de La Motte, qu’il ne craint pas d’appeler, « de l’aveu de tout le monde littéraire, un des premiers hommes de son siècle », l’abbé de Pons s’exprimait en paroles bien senties et moins contestables sur son caractère moral et ses vertus de société : Cette supériorité24, disait-il, est d’ordinaire compagne de l’orgueil immodéré ; mais le souverain éloge de M. de La Motte, c’est d’avoir su allier aux talents les plus éminents la plus modeste opinion de lui-même ; c’est de n’avoir jamais cherché dans les ouvrages de ses rivaux que le beau pour le protéger, et de s’être imposé un silence religieux sur les fautes dont il aurait pu triompher.
» Et le religieux Channing, au contraire, dans le dernier été qu’il passa sur la terre, entendant agiter en sa présence la question de savoir quel était l’âge le plus heureux de la vie, disait en souriant que c’était à environ soixante ans ; il avait alors cet âge.
Quand les bonnes gens faisaient les noces de leurs enfants, c’était un plaisir d’en voir l’appareil ; car, outre les beaux habits de l’épousée, qui n’étaient pas moins que d’une robe rouge et d’une coiffure en broderie de faux clinquant et de perles de verre, les parents étaient vêtus de leurs robes bleues bien plissées, qu’ils tiraient de leurs coffres parfumés de lavande, de roses sèches et de romarin ; je dis les hommes aussi bien que les femmes, car c’est ainsi qu’ils appelaient le manteau froncé qu’ils mettaient sur leurs épaules, ayant un collet haut et droit comme celui du manteau de quelques religieux ; et les paysannes, proprement coiffées, y paraissaient avec leurs corps de cotte de deux couleurs.
Le récit qu’il fait de la campagne de Russie où il eut une si belle conduite sous les ordres de Ney à l’arrière-garde de la retraite, commence par un aveu d’une effusion extrême, et qui exprime bien le genre d’intérêt religieux que ces militaires esclaves du devoir et de l’honneur attachent à la consécration des souvenirs : L’un des grands regrets que je puisse éprouver aujourd’hui, écrivait Pelleport dans les dernières années de sa vie, c’est de penser qu’il me faudra peut-être mourir sans avoir pu lire dans Thiers l’histoire de notre immortelle campagne de Russie.
Celui-ci a donc découvert et imaginé que toute la veine satirique, railleuse, irrévérente et sensuelle de Villon lui venait de son père, et que la veine tendre et religieuse qu’on lui suppose par moments, ses velléités du moins et ses retours de mélancolie venaient de sa mère.
Chateaubriand en fait son livre le plus éclatant, qui va redorer de son rayon, pour plus d’un demi-siècle, la grille du sanctuaire et le balustre des autels ; Benjamin Constant, à ses moments perdus, entre la maison de jeu et la tribune, refait et retouche sans cesse un livre plus vrai peut-être, plus religieux et plus philosophique que celui de l’autre ; mais sa poudre est restée trop longtemps en magasin, elle est mouillée ; il n’y a pas, comme pour Le Génie du Christianisme, feu d’artifice et illumination soudaine.
Cette doctrine particulière, qu’il étudia et analysa avec une fermeté ingénieuse, ne fut jamais chez lui que secondaire et subordonnée à des principes religieux et moraux supérieurs ; il ne poussa jamais l’examen à ses dernières limites, et les aventures, les constructions de système de ceux qui affectaient en toute occasion de se proclamer ses disciples, par un sentiment de reconnaissance et de déférence sans doute, mais aussi pour se couvrir au besoin de lui, lui restèrent choses extérieures et presque étrangères.
Est-il religieux à cette date ?
Si je pouvais, à l’égard d’un homme si peu mystique et qui, même sous sa forme religieuse première, acceptait si peu la chose, si j’osais pourtant employer le terme qui s’offre le plus naturellement, je dirais qu’il avait fait là son purgatoire.
La mort de Mirabeau, survenue le 2 avril 1791, dut en effet donner le coup de cloche, et l’on crut peut-être avoir trouvé cette occasion propice dans la discussion qui s’éleva sur les principes de la liberté religieuse.
C’est qu’en effet les idées religieuses, qui sont l’amour encore, l’amour rectifié et éternisé, vinrent à cette âme voluptueuse et sensible.
Les idées religieuses prenaient sur cet esprit élevé plus d’empire de jour en jour.
J’en aurai mérité le châtiment ici-bas, je n’aurai pas protesté contre la peine, et j’ai toujours considéré les angoisses et les humiliations qui assiègent depuis dix ans le soir de mon existence comme une juste expiation d’une de ces témérités d’esprit par lesquelles l’homme le mieux intentionné ne doit jamais, selon l’expression des moralistes religieux, tenter la Providence quand il s’agit du sort et du sang d’un peuple.
L’Épître sur l’Amour de Dieu est un beau morceau de raison philosophique et de théologie parfois éloquente, où il n’y a pas un grain de poésie religieuse.
Car, en passant des bords du Gange aux rives de la Marne ou de la Somme, ils perdaient leur sens religieux, leur haute et ascétique moralité ; les peintures vengeresses et salutaires des tours malicieux de l’éternelle ennemie, de la femme, piège attrayant de perdition, devinrent dans la bouche de nos très positifs bourgeois une licencieuse dérision de leurs joyeuses commères et de la vie conjugale.
Il a défini l’épopée comme Chapelain et Scudéry, « un roman héroïque en vers, merveilleux, allégorique et moral » : par superstition d’humaniste, il a, contre Desmarets369, maintenu la mythologie dans la poésie française comme un système d’élégants symboles, sans s’apercevoir quel démenti il donnait ainsi à son vigoureux réalisme ; et par une légèreté de bourgeois indévot, il a estimé que le « diable » des chrétiens était toujours et partout un objet ridicule : ce théoricien de la poésie fermait tout bonnement la poésie au sentiment religieux.
Et il n’est pas mauvais non plus d’avoir été élevé par les prêtres, puis par l’Université, d’avoir reçu une éducation tour à tour religieuse et purement laïque : cela vous aide dans la suite à comprendre un plus grand nombre de choses.
Dans les genres qui semblent plus particulièrement les facultés du dix-septième, la poésie, le théâtre, l’éloquence religieuse, la philosophie morale, les pertes ne sont pas compensées par quelques beautés inspirées des anciennes, ni par d’heureuses nouveautés restées trop loin de la perfection.
Le tourment de l’infini insaisissable, de cet infini que le philosophe n’envisage pas froidement, que le poète exalte avec un religieux émoi, ce tourment qui nous fait humbles quand nous savons être simples, et inconscients quand nous ne le pouvons pas, a particulièrement assombri la métaphysique de M.
Il y a en France des hommes qui admirent beaucoup l’établissement religieux de l’Angleterre, parce que c’est de tous le plus conservateur.
Sa pièce, mal conçue et mal faite, dénouée au hasard, violente au fond, faible à la surface, manque surtout de la gravité impartiale qui sied à la polémique religieuse.
Mais elle craint d’offenser son mari, qu’elle respecte et qu’elle aime avec une sorte de passion religieuse, en installant sous son toit ce témoin vivant de sa faute.
Pourtant, il est certainement l’un de ces hommes à propos de qui il serait permis, à certains jours, de s’adresser cette question : « Qui peut dire et savoir ce qu’arrive à penser, sur toute matière religieuse et sociale, un homme de plus de quarante ans, prudent, et qui vit dans un siècle et dans une société où tout fait une loi de cette prudence ?
Ginguené, dans une bonne Notice sur Galiani, s’est attaché à montrer que le petit abbé était patriote au vrai sens du mot ; qu’il n’a cessé, à travers ses plaisanteries, de chercher à être utile, à améliorer la vie humaine autour de lui, et qu’il n’a pas démenti en effet cette maxime de son Chevalier dans ses Dialogues : « La corvée du sage est de faire du bien aux hommes. » Sur ce point, Ginguené me paraît avoir tout à fait raison ; mais il s’avance beaucoup quand il nous assure que, loin d’être incrédule, Galiani fut toujours religieux.
Par moments (c’était la mode sous la Restauration) elle faisait des vers religieux ; elle chantait Madeleine et un des touchants miracles du Sauveur.
Lorsque mes vestes de basin lui étaient renvoyées, elle regardait vite si la chaîne d’argent qui suspendait la croix avait noirci ma boutonnière ; et, lorsqu’elle y voyait cette marque de mon triomphe, toutes les mères du voisinage étaient instruites de sa joie ; nos bonnes religieuses en rendaient grâces au ciel ; mon cher abbé Vaissière en était rayonnant de gloire.
Cette lettre, tout humble et pacifique, attesterait, au besoin, le ton et les sentiments religieux de La Harpe dès qu’il avait le temps de faire un retour sur lui-même et de s’avertir.
Né à Paris le 30 janvier 1661, fils d’un maître coutelier, reçu maître lui-même dès son enfance, il allait quelquefois servir la messe aux Blancs-Manteaux, où un religieux le distingua, lui apprit le rudiment et lui obtint une bourse à l’un des collèges de l’Université.
Ses Mémoires fournissent à cet égard des renseignements précieux, et sur les débats des Assemblées générales du clergé dans les questions difficiles, et sur l’état des couvents et des communautés religieuses dans le Midi, et particulièrement aussi sur les dragonnades et les conversions en masse des protestants.
… » Et Rousseau lui répondait dans la même pensée : « Il y a un si bel ordre dans l’ordre physique, et tant de désordre dans l’ordre moral, qu’il faut de toute nécessité qu’il y ait un monde où l’âme soit satisfaite. » Et il ajoutait avec effusion : « Nous avons ce sentiment au fond du cœur : Je sens qu’il doit me revenir quelque chose. » Que les personnes religieuses, avant de frapper sur Bernardin et sur Rousseau, veuillent toujours se rappeler ces deux belles paroles de l’un et de l’autre, ce quelque chose et ce quelqu’un.
D’après le docteur Hammond de New-York, l’odeur de sainteté n’est pas une simple figure de rhétorique ; c’est l’expression d’une sainte névrose, parfumant la peau d’effluves plus ou moins agréables au moment du paroxysme religieux extatique.
C’en est une, par exemple, que son parti pris pour les vaincus, dont la sentimentale chevalerie a toujours touché les imbéciles, et c’est ce que j’en peux dire de pis… D’un autre côté, il n’y a pas plus de grands historiens — absolument grands — que de grands poètes — absolument grands poètes — sans le sentiment religieux qui leur parachève le génie, et malheureusement M.
À la désolation du Werther indécis qui agaça la languette de son pistolet, mais qui ne lira pas, à la sauvagerie hagarde du solitaire de la plaine crayeuse de Montrouge, qui, le soir Venu, s’apprivoisait sous les réverbères des faubourgs, a succédé la convenance sociale, religieuse et poétique, d’un faiseur de vers voués au blanc et qu’on peut donner sans inconvénient aux jeunes filles qui n’ont pas besoin d’être consolées… La seule convenance que je n’y trouve pas, c’est l’emploi abusif et presque insolent des images empruntées à ce que nos Évangiles ont de plus divin pour dire… quoi ?
Je crains qu’en se basant sur le fait de l’hallucination religieuse et de l’extase provoquée par une existence contre nature, M.
Les Mœurs religieuses et sociales de l’Extrême-Orient, 1885, p. 80.
Mais je vous demande si les religieuses qui n’ont point d’éventail n’en sont pas moins éloquentes sur le compte du prochain. — Il n’y a point de lieu sur la terre où l’on soit plus exposé à la critique, que dans un parloir. […] Du moins cela produisit-il cet effet chez des religieuses, où l’on s’étoit avisé d’en apporter un exemplaire. […] J’étois déjà parti quand un abbé me sépara de ma compagnie, pour me parler du livre qui roule sut l’importance des opinions religieuses. […] J’ajoutai que l’aveu d’un homme du monde, d’un banquier, d’un administrateur général des finances, qui soutenoit que ni la politique, ni la probité, ne suffiroient pas pour rendre l’homme irréprochable & vertueux, mais qu’il falloit l’influence des opinions religieuses, étoit un aveu précieux pour l’église, & que le clergé, loin de rejeter une pareille autorité, devoit la faire valoir. […] A Dieu ne plaise que je prononce sur l’importance des opinions religieuses, & que je veuille dominer sur le sentiment des autres ; mais je trouve ridicule qu’on se permette des déclamations injurieuses contre le livre & contre l’auteur.
Sans doute, puisque vous y tenez, je vous fais remarquer en passant que, si l’homme n’est pas libre, il croit l’être ; que les sociétés de l’Occident sont fondées sur cette croyance, — hypothèse, préjugé métaphysique ou superstition religieuse, comme il vous plaira de l’appeler ; — et que, par conséquent, vous éliminez de notre roman expérimental ce qu’il y a peut-être de plus intéressant pour l’homme, et de plus vivant, au plein sens du mot, à savoir : la tragédie d’une volonté qui pense.
Ce genre de fureur nous est aujourd’hui bien moins étranger que l’excès du zèle religieux ; il est aussi bien plus redoutable pour nous, bien plus terrible dans ses effets, puisqu’il ébranle la société tout entière jusque dans ses fondements. […] Ces critiques ne me paraissent pas envisager la tragédie de Cinna sous son vrai point de vue : Corneille a voulu peindre le fanatisme politique, comme Voltaire le fanatisme religieux dans Mahomet. […] Richelieu, comme cardinal, comme ministre, n’approuvait pas ce mélange du sacré et du profane ; comme littérateur, il n’avait point assez de goût pour en sentir la beauté ; cependant, comme philosophe, il le toléra, persuadé sans doute que l’esprit religieux était assez fort en France pour ne pas être affaibli par les réflexions d’un païen. […] Zaïre, le chef-d’œuvre du moins religieux des poètes, est aussi une sainte et une martyre, puisqu’elle est tuée en allant au baptême, puisqu’elle meurt victime tout à la fois de la piété chrétienne et de la piété filiale. […] Ceux-là du moins soutiennent noblement la pièce, indépendamment des idées religieuses ; mais dans Zaïre, l’intérêt de la religion une fois ôté, il n’y a plus rien qu’une petite sotte ridiculement crédule et superstitieuse, qui, prête à monter sur le trône du sein de l’esclavage, écoute les fables de deux étrangers, qu’elle prend, sur leur parole, pour son père et pour son frère, et qui lui font perdre son amant, sa fortune et la vie.
Ces pièces, qui avaient la prétention d’offrir un cachet religieux, parce qu’elles avaient pour personnages Dieu, le diable et les saints, étaient représentées dans les églises. […] Vivant sous l’empire des idées poussées au fanatisme religieux le plus déplorable, il ne sacrifie pas aux passions du jour. […] L’auteur d’Alexandre avait un oncle, brave religieux, dont le plus vif désir était d’arracher son neveu au théâtre, et qui, pour cela, avait imaginé de lui laisser un prieuré de son ordre, sous la condition expresse qu’il en prendrait l’habit. […] Un régulier lui disputa le prieuré, il s’ensuivit un procès qui fut à l’avantage du religieux, et ce n’était que justice. […] Dix années avant sa mort, en 1689, et après avoir laissé dormir douze années sa muse, Racine, mu par un sentiment religieux et par la reconnaissance qu’il devait au roi et à madame de Maintenon, se décida, un peu à contre-cœur, à céder aux désirs presque souverains de la femme de Louis XIV.
« C’est aux instants de lassitude, c’est dans les soirées d’ennui, c’est dans les nuits d’insomnie que l’âme se berce de ces rêves ou caressants ou douloureux ; c’est quelquefois aussi durant les heures de contemplation muette et de recueillement religieux. […] Ici le contraste est parfait : Gandar et About, deux cerveaux disparates ; l’antithèse, pour qui les connaît, saute aux yeux et rit à l’esprit : l’un grave, consciencieux, religieux aux anciens, déférant aux modernes, se tenant dans sa voie et ne s’en laissant détourner par rien ; portant du sérieux et de l’affection en tout, de cet approfondissement attentif et pénétré, quelque peu étranger à la nature française, et que les Allemands qui se l’arrogent expriment très bien par le mot Gründlichkeit, réalisant encore l’idée du σπουδαῖος d’Aristote, l’homme vertueux et non léger ; un gros front énorme venant en surcroît au portrait163 : l’autre gai, vif, ironique, espiègle même, le nez au vent, la lèvre mordante, alerte à tout, frondant sans merci, à l’exemple de Lucien ne respectant ni les hommes ni les dieux : chez l’un l’École normale en plein exercice et développement de son professeur modèle, dans tout le large de la tradition régulière et directe ; chez l’autre cette même École en rupture de ban, en pleine dissipation et feu d’artifice d’homme d’esprit émancipé, lancé à corps perdu à travers le monde, mais d’un homme d’esprit, remarquez-le, dont c’est trop peu dire qu’il pétillé d’esprit, car sous sa forme satirique et légère il fait bien souvent pétiller et mousser le bon sens même, et toujours dans le meilleur des styles : toutes qualités par où il témoigne encore de son excellente nourriture et tient, bon gré mal gré, de sa mère.
L’Iliade est un poème tout à la fois religieux, historique, national, dramatique et descriptif. […] Cet exorde religieux est toujours le plus beau, car il donne plus d’autorité au poète, ou à l’artiste, ou au législateur, ou au guerrier, ou à l’orateur, sur les autres hommes.
Il fallait des passions et non des principes à la démocratie ; elle avait trouvé un jeune homme de talent, elle lui dit : « Fais mon portrait, mais flatte-moi, et défigure mes ennemis, je te nommerai peintre du peuple. » Du côté opposé, les historiens de la Révolution dans le parti royaliste, religieux, aristocratique, n’avaient écrit sous le nom d’histoire que le martyrologe des victimes de 1791 à 1794 ; ils avaient barbouillé de sang tous les principes les plus saints et les plus innocents de la philosophie révolutionnaire du dix-huitième siècle. […] Jamais ce mot ne fut plus généralement vrai que dans les temps de vicissitudes soit religieuses, soit nationales, soit dynastiques.
Voyage historique, littéraire, religieux, à travers le monde alors connu des Grecs, ce serait le vrai nom de ce qu’on appelle son Histoire. […] « Comme les Égyptiens, dit-il, sont extrêmement religieux et plus que le reste des hommes, ils ont des rites particuliers que je veux rapporter.
Car il y a chez lui un fonds de candeur intacte, une âme « vieille France », des restes sérieux de bons principes, d’éducation religieuse et provinciale, un penchant aux attendrissements honnêtes, et qui ne craint même pas un rien de banalité, tant il est certain de sauver tout par la grâce. […] Il y avait dans Thermidor plusieurs forts « clous » : le chœur des tricoteuses, le cantique des religieuses dans la charrette, la séance de la Convention, — sans compter, dans un ordre d’intérêt plus rare, l’admirable scène des dossiers.
Il avait à dépeindre un fanatique religieux ; avant tout, il devait connaître le langage de l’inspiration religieuse, de la foi, de l’exaltation.
Et il me parlait de viciations organiques amenées par chaque état chez les individus, des tumeurs séreuses au-dessus du genou des cordonniers, là, où ils martèlent les chaussures, des tumeurs séreuses des religieuses au-dessous du genou, là où elles s’agenouillent, etc., etc. […] » Mardi 12 décembre Pouvillon, de passage à Paris, et qui venait de terminer un roman, en forme de mystère, sur la Bernadette de Lourdes, parle d’un malaise nerveux, qui l’a fait passer deux jours dans son lit, et bientôt il nous entretient de sa grande névrose, qui est chez lui une entêtée hantise de la mort, avec l’effroi de ce qui peut arriver après — et que sans doute, lui donne une éducation religieuse.
Les jeunes filles folâtraient sous l’œil des religieuses ; Le regard de l’impeccabilité ne gêne pas l’innocence. […] Les lignes solennelles de cette architecture, L’attitude religieuse de tous les objets qui entouraient la jeune fille, Les pensées pieuses et sereines qui se dégageaient pour ainsi dire de tous les pores de cette pierre, Agissaient sur elle à son insu.
L’œuvre de Victor Hugo est un musée où l’on pénètre toujours avec une émotion religieuse. […] Victor Hugo symbolisa parfaitement ce siècle : bousculant toutes les idées même les plus antithétiques, religieux et antireligieux, cocardier et méprisant la soldatesque, vulgaire et précieux, et dans tous les rythmes et sur tous les modes procurant toutes les émotions, même les plus subtiles.
Parfois, la prière qu’elle adresse au soleil se fait mystique et semble se souvenir, s’inspirer de réminiscences religieuses. […] Si les individus, ainsi que les sociétés qu’ils composent, ont besoin, pour alimenter leur vie, d’un mensonge religieux, philosophique ou sentimental, les poètes sont les êtres les plus vivants, parmi ces individus, puisqu’ils poussent leur faculté d’illusion jusqu’à la métamorphose, jusqu’à se vouloir tout à fait autres à leurs propres yeux, et à s’inventer des sentiments et des passions qui deviennent les principaux mobiles de leur activité cérébrale, et, par répercussion, physique. […] Et même, après avoir (avec quel déchirement, car Nietzsche était ataviquement religieux et protestant) détruit toute métaphysique, il ouvre encore une fenêtre incertaine sur l’infini, un infini plus désespérant que celui des prophètes et des Christs : le retour éternel des choses.
Au moment dont il est question, fin 1871, nos « assises » se tenaient au premier étage d’un marchand de vins établi au coin de la rue Bonaparte et de la place Saint-Sulpice, vis-à-vis d’un libraire d’occasion (rue Bonaparte) et (rue du Vieux-Colombier) d’un négociant en objets religieux. — « Au dîner du Bon Bock, dit donc M. […] Un jour, à Guernesey, après déjeuner, les deux hommes se prirent de discussion sur des matières philosophiques et religieuses, et comme Vacquerie poussait très avant sa pointe et rétorquait sans ménagement, à mesure qu’ils se produisaient, tous les arguments d’Hugo, celui-ci, tout rouge presque de colère, de se voir acculé de si près, s’écria : « Eh bien, je vous répondrai dans huit jours », et il monta s’enfermer dans le belvédère qui dominait sa maison et qui lui servait de cabinet de travail, y resta huit jours sans en descendre, y couchant, y mangeant. […] Douai n’a pas d’ailleurs besoin d’apologie, avec ses rues si calmes et vertes d’herbe entre les pavés, son magnifique hôtel-de-ville et ses églises vraiment religieuses.
Quand l’animal résiste d’un poids vainqueur et immobile, elle s’effare en une joie religieuse, se prosterne sur toutes les faces, le supplie de renoncer aux grâces trop frêles de l’enfance, de prendre la taille et les forces irrésistibles du taureau. […] Je rencontre « une certaine école philosophique » qui « a voulu infirmer des sentiments religieux de Mme de Lafayette ». […] Elle parle, égale, austère et infatigable, jusqu’à ce que le lecteur édifié médite longuement sur cette religieuse phrase finale : « Dans le monde supérieur où il est parvenu, il lui a été sans doute tenu compte de ce désir du bien qui, durant plus d’un demi-siècle, a tourmenté sa vie et ennobli ses faiblesses. » Je regrette d’ignorer également la musique et l’hymne suisse et de ne pouvoir me jouer quelques mesures après ce beau discours de distribution des prix. […] Je n’ai donc qu’à copier, respectueusement, en un frisson religieux : « Ce livre est divisé en cinq grands chapitres : « Dans le premier : l’Enfer au milieu des Fleurs, l’enfant qui vient de naître est comparé au vieillard et il est parlé du laboureur… Dans le second : Erreurs humaines, le Christ est surnommé Enri-errant, etc. […] Qu’elle continue donc à mendier pour bâtir son école normale de religieuses.
Les solitaires écrivaient d’un style tout extérieur, où ils n’incorporaient presque aucune parcelle de leur sensibilité, la gardant toute pour leur vie, pour leur activité religieuse. […] L’art est incompatible avec une préoccupation morale ou religieuse ; le beau ne porte nie la piété, ni à la contrition, et la gloire de Dieu éclate principalement en des ouvrages de la mentalité la plus humble et de la rhétorique la plus médiocre. […] Deux cent cinquante ans après Hobbes, deux cents ans après Locke, telle a été la puissance destructive du kantisme religieux, qu’on en est réduit à insister sur d’aussi élémentaires aphorismes. […] Le premier est un poète tantôt lyrique, tantôt sensuel ; le second est un esprit religieux qui, tout en cherchant une nouvelle forme de poésie, reste imprégné des vieilles croyances et de la morale traditionnelle. […] Exposé par un fabricant d’articles religieux, il montre que l’art nouveau a pénétré jusque dans les sacristies, jusque sur l’autel.
Pour ce motif, et à plusieurs reprises, elle a été dédaignée, voire condamnée, par certains penseurs, comme vaine, illusoire et puérile ; moins exclusifs, mais aussi moins logiques, dominés à la fois par une notion vague des aspirations humaines et par un impératif moral ou religieux, d’autres — et c’est le plus grand nombre — se sont ingéniés à découvrir une combinaison par où il fût possible de concilier des contraires ; ils ont voulu attribuer de force une espèce de destination sociale aux créations de la littérature ou de la poésie, et alors a été inventé ce genre bâtard et monstrueux, dit l’art utile, deux mots que jamais on ne serait parvenu à accoupler, si on leur eût conservé leur valeur exacte, au lieu de se contenter d’une signification approximative et superficielle. […] Au milieu des misères douloureuses ou des dégoûts profonds, il peut rester à l’homme un soutien suprême dans une foi quelconque, dans la foi religieuse en particulier. […] L’homme d’aujourd’hui n’a plus d’idéal religieux ; ni d’idéal artistique ou littéraire ; ni d’idéal politique. […] Paul Bourget a montré çà et là les marques indéniables126, n’est que superficiellement mélangé de foi religieuse et de théologie. […] De toutes les théogonies qu’ait enfantées ici-bas la pensée religieuse, la leur est peut-être celle qui résiste le plus complètement à l’anthropomorphisme.
Et la religieuse se pendit à son cou, tandis que mes deux autres sœurs, Louise et Anne, attendaient leur tour. […] J’ajouterai que Victor Hugo, artiste et poète, va peut-être un peu loin en trouvant suffisant comme célébration religieuse le culte des fakirs qui cherchent Dieu dans leur nombril, et ne faut-il pas penser que les religions bonnes ou mauvaises qui nous ont valu tant de chefs-d’œuvre d’art, d’architecture, de poésie, tant de belles inspirations, méritent d’être traitées avec moins de dédain ? […] Un matin, le capucin disparaît subitement comme il était d’usage aux religieux à qui l’hospitalité était donnée. […] La veuve ne pardonne pas au criminel que les religieux de la Trappe ont recueilli ; elle veut le maudire jusque dans la fosse où son corps vient d’être déposé : Elle trouva sans peine la fosse qu’elle cherchait. […] Ce n’est cependant que lorsqu’on a atteint au troisième degré que le lecteur vous réunit, vous, auteurs dramatiques, aux grands philosophes, aux grands moralistes, aux grands politiques, aux grands religieux, et qu’il reconnaît votre action sur le développement et le progrès de l’esprit humain.
Non, chez l’homme il y a des facultés d’adaptation et d’imitation, des influences religieuses et sociales qui, avec la race, règlent et déterminent les variations dans sa façon de vivre, dans sa stature et dans sa physionomie. […] C’est comme l’extase religieuse. […] si nous avions seulement quelque Aristophane pour traiter dignement et comiquement le grand problème religieux et social qui agite le fond de nos cœurs ! […] On le tenait d’abord pour un adversaire de la religion ; et c’est justement lui qui a ramené le sentiment religieux dans la conscience des classes civilisées. Il a inauguré ce mouvement de respect qu’on ressent aujourd’hui à l’égard des questions religieuses.
» Un certain abbé Certain s’est même posé quelque part cette autre question peu canonique : « Laquelle des deux vaut-il mieux avoir maîtresse, une religieuse ou une dévote, nonnain ou béguine 36 ? […] Cette force dont parlait l’historien ne s’est exercée, ne s’est déployée que dans le domaine de l’action, — politique ou religieuse, — et rien ou presque rien n’en a passé ni dans la distribution de la justice sociale, ni surtout, puisqu’ici c’est le seul point qui nous intéresse, dans le domaine de la littérature. […] Les sourdes hostilités religieuses qui dans les derniers jours du siècle de Louis XIV, et sous la régence elle-même, dépassaient à peine les bornes du sanctuaire, avaient gagné tout un peuple et commençaient maintenant d’éclater en guerre ouverte : au carnaval de 1756, la mode était de se déguiser en évêque, en moine, en religieuse. […] Il s’était trompé, soit, et trompé sans excuse, et trompé criminellement ; mais la foi religieuse de Calas n’était pas en question. […] Merlet a conçu l’ouvrage dont il vient de publier le premier volume, avec ce titre général : Tableau de la littérature française, 1800-1813, et ce sous-titre : Mouvement religieux, philosophique et poétique.
Une visionnaire comme il y en a, non pas une, mais dix, mais vingt, mais cent dans les annales de la folie mystique, à qui les destins n’auraient peut-être même pas fait la fortune de Marie Alacoque, la religieuse de Paray-le-Monial, et dont je ne sais seulement si les ouvrages auraient été jugés dignes de la moindre mention dans la littérature de l’ascétisme. […] On voulait faire de Mlle de La Maisonfort, cousine de Mme Guyon, une religieuse. […] Ajoutons, en second lieu, que la question des rapports de la morale avec le dogme religieux, quel qu’il soit, n’est pas tout à fait la même que la question des rapports de la morale avec la métaphysique. […] L’importance vraiment politique du privilège ne date que de l’époque des grandes controverses religieuses. […] Vous qui vous demandiez pourquoi ce philosophe avait écrit la Religieuse et Jacques le Fataliste, vous êtes fixé désormais : c’était pour rendre « la vertu aimable ».
Il est religieux et dévot, quoique mondain et bon vivant ; il s’agenouille devant une croix qu’il rencontre, et récite des Pater et des Ave pour les morts ; il félicite les chevaliers qu’il célèbre, et tire sujet de louange pour eux que Dieu leur ait accordé pleine connaissance et entière repentance à l’heure de la mort.
Les lettres de ce genre sont le plus souvent d’une lecture assez fade pour les indifférents : « Ce qui fait que les amants et les maîtresses ne s’ennuient point d’être ensemble, a dit La Rochefoucauld, c’est qu’ils parlent toujours d’eux-mêmes. » La flamme seule et la rapidité de la passion a sauvé quelques lettres de la Religieuse portugaise du sort commun aux lettres d’amour, qui est d’ennuyer bientôt ceux qui n’y sont pas mêlés ; Mlle de Lespinasse, dans les siennes, est quelquefois importune au lecteur presque autant qu’à M. de Guibert ; elle a des longueurs.
Cet asile propice, que la ville éternelle n’a cessé d’offrir depuis trois siècles aux fervents artistes, voués à leur œuvre dans un religieux silence, il en savait le prix et en jouissait à sa manière pour promener sa curiosité.
L’établissement de Blamont, cédé et abandonné par lui aux religieuses appelées filles de la Retraite chrétienne, aux conditions, est-il besoin de le dire ?
Je ne doute pas un moment, dans ma croyance profonde, que ce bon père ne soit le témoin le plus intime de tes actions et qu’il n’ait réveillé en toi le germe de la foi religieuse à laquelle il a sacrifié l’immense héritage de nos oncles protestants. — Je l’ai toujours béni de ce courage, comme de la misère qu’il nous a léguée pour avoir donné tout son bien aux pauvres.
Les opinions religieuses, — on les débite aussi, et, dans tous les cas, elles ont perdu l’obligation et l’attrait du mystère.
Nous avons sous les yeux une quarantaine de vers alexandrins intitulés Méditation, datés de 1802, et empreints d’une haute gravité religieuse ; Béranger les avait composés par contraste avec la manière factice de Delille dans son poëme de la Pitié.
Il était grand temps que cette édition arrivât, et l’on pouvait craindre que, si elle ne se faisait pas sans plus tarder et avec l’exactitude requise, une incertitude croissante ne finît par envahir cette portion si considérable de notre héritage religieux et littéraire.
Comme archiviste, il a été conduit à publier les pièces relatives à la Succession d’Espagne sous Louis XIV, et aussi le volume récent sur Antonio Perez ; comme membre et secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences morales et politiques, il a prononcé des éloges d’hommes d’État ou de philosophes, et lu des mémoires approfondis sur certaines questions de l’histoire civile ou religieuse.
A côté de ces libertés de muse, elle avait la vie pure, irréprochable, disent ses biographes, et peut-être assez de pratique religieuse, au moins pour la bienséance d’abord, et vers la fin (selon toute apparence) avec sincérité.
« Le lendemain, toute la compagnie, après l’accomplissement des devoirs religieux, se rendit, à travers les bois, sur le sommet d’une colline, et arriva bientôt dans un lieu solitaire, où les branches étendues d’un hêtre touffu ombrageaient une source d’eau transparente.
J’ai presque entendu dire à ce digne prêtre, qui fut ensuite si admirable, qu’il n’avait jamais rien vu de plus grand, de plus incroyable que la constance et l’imperturbabilité de Laurent en face de la mort, sa mémoire de son passé, sa façon de disposer les choses présentes, et le soin si sage, si religieux qu’il montra dans sa prévoyance de l’avenir.
Au reste La Rochefoucauld n’est pas janséniste : aucune idée religieuse ne le guide.
Le xviie siècle, dans son ensemble, était trop religieux.
Seulement je suis plus triste Lorsque j’étais enfant, la France était grande A une religieuse : Priez !
Marfa, veuve d’Ivan le Terrible et mère du vrai Démétrius, était religieuse au couvent de Troïtsa lorsque l’imposteur fut couronné à Moscou.
Il suffit de mêler à la pensée religieuse quelque souvenir éloigné et comme épuré des plaisirs qui nous viennent par les sens, dans la contemplation ou dans l’usage des choses de la nature.
Son système religieux est de tous le plus absurde, et elle s’y rattache avec frénésie.
Une fois la guerre civile apaisée, elles se jettent tête baissée dans les querelles religieuses ; ces belles guerrières se font théologiennes ; elles sont jansénistes ou orthodoxes avec la même frénésie et la même légèreté qu’elles ont été frondeuses ou mazarines.
De même il refuse, avec un effroi religieux, de fouler les tapis splendides tendus sous ses pas : « Qu’on ne me fête point comme un roi barbare, par des prosternements et des cris.
Buonaparte l’aurait pu dompter en l’écrasant, en l’envoyant mourir sur les champs de bataille, en présentant à son ardeur le fantôme de la gloire, afin de l’empêcher de poursuivre celui de la liberté ; mais nous, nous n’avons que deux choses à opposer aux folies de cette jeunesse : la Légitimité escortée de tous ses souvenirs, environnée de la majesté des siècles ; la Monarchie représentative assise sur les bases de la grande propriété, défendue par une vigoureuse aristocratie, fortifiée de toutes les puissances morales et religieuses.
À son aurore il a réalisé son désir dans la croyance religieuse ; car il possédait alors le pouvoir d’objectiver sa foi, de créer la réalité de son désir avec la force même et l’intensité de son désir.
Et ainsi de tout, et aller pendant trois cents pages, trépignant, bouleversant les opinions consacrées, les admirations séculaires, les programmes des professeurs d’esthétique de l’Institut, toute cette vieille foi artistique, plus entêtée, plus dépourvue de criterium que la foi religieuse.
Autrefois du moins, quelque foi circulait dans le peuple ; au moment suprême, le souffle religieux qui était dans l’air pouvait amollir le plus endurci ; un patient était en même temps un pénitent ; la religion lui ouvrait un monde au moment où la société lui en fermait un autre ; toute âme avait conscience de Dieu ; l’échafaud n’était qu’une frontière du ciel.
Ce n’est pas sans une sorte de terreur religieuse qu’on voit des astres devenir spectres.
Il prétend (page 172) que des religieux, voués par état à la prière, doivent être plus propres par cette raison même à faire des progrès dans la physique, la géométrie et les autres sciences profanes, parce que S.
Illustrations religieuses et chevaleresques qui n’épuisèrent point, par l’action, la poésie naturelle à ces Guarini ; car, sous Louis le Jeune, florissait à la cour d’Adélaïde de Toulouse, un troubadour de ce nom, seigneur d’Apchier.
Je me rappelle fort distinctement le respect prodigieux qui environnait au temps de notre enfance toutes ces figures, fantastiques sans le vouloir, tous ces spectres académiques ; et moi-même je ne pouvais contempler sans une espèce de terreur religieuse tous ces grands flandrins hétéroclites, tous ces beaux hommes minces et solennels, toutes ces femmes bégueulement chastes, classiquement voluptueuses, les uns sauvant leur pudeur sous des sabres antiques, les autres derrière des draperies pédantesquement transparentes.
ils ont, de plus, la certitude d’être entendus lorsqu’ils élargissent l’horizon terrestre et qu’ils expriment un sentiment religieux ; entendus non pas d’une élite, mais du peuple encore pénétré de christianisme, et qui conserve, de ses origines, un idéal divin mêlé à tous les appétits humains.
Pour ce qui est de moi, je n’ai jamais osé formuler une pensée ou une image en ce vers primitif et définitif, qui va du commencement de l’esprit français à son épanouissement, de notre chanson balbutiée à notre hymne total, qui, à tant de belles heures de notre vie intellectuelle, exprima la plus belle part de notre âme, sans éprouver le religieux frémissement que l’on aurait à parler par la bouche d’un masque de Dieu. […] Voilà une chose étrange, vraie cependant : le génie shakespearien, malgré la religieuse ferveur dont l’adoreront les maîtres de notre poésie moderne, exercera sur elle une domination, plutôt conventionnelle, plutôt officielle pourrait-on dire, qu’intimement acceptée. […] Dès qu’est proféré le nom de Théophile Gautier (l’un des plus grands noms dont se puisse enorgueillir le plus grand des siècles poétiques), l’idée s’éveille d’un très hautain et très impeccable artiste, paisible, auguste, magnifique, bronze ou marbre comme la statue que nous lui élèverons ; l’admiration, en présence de cet Olympien, ne va pas sans un peu de religieux effroi ; on est porté à croire que tant de sérénité implique le dédain des tendresses et des passions ; on le reconnaît dieu, on hésite à croire qu’il fut homme. […] En ma déférente amitié, en ma religieuse admiration, j’ai pensé autrement, jadis ; j’ai cru sincèrement que nos esprits restaient libres sous sa loi ; je pense que je me trompais. […] De là, à côté des œuvres héroïques, religieuses, comme sacrées, des livres gais avec tant d’amertume, cruellement amusants, implacables.
des grands de ce monde comme une prépondérance réelle, qui méprise la foule, c’est-à-dire les travailleurs, qui nie toutes les aspirations et religieuses et humaines, tendantes à un changement de l’ordre existant. […] Que de la mort de sa mère à la sienne, à elle, Henriette d’Angleterre, occupée de sa douleur, et de pensées religieuses et d’affaires diplomatiques très considérables, n’ait pas eu le temps d’organiser ce petit complot littéraire, ni surtout n’ait pas été en disposition de le faire, cela ne m’apparaît pas très clairement. Il faut juste une minute pour avoir cette idée ; deux minutes pour la confier à Dangeau ; et pour ce qui est de la disposition d’esprit, personne n’est occupé d’une douleur, de pensées religieuses et d’affaires diplomatiques à tel point qu’il ne puisse pas un instant penser à autre chose pendant trois ou quatre mois. […] Par exemple Corneille a fait de la tragédie religieuse. […] Il suffit de dire, humainement, qu’Athalie est un drame très humain, l’histoire d’une conspiration religieuse, où Dieu a un rôle en ce sens que les personnages croient en lui, des deux côtés, et ont les uns grande confiance en lui, les autres grande terreur de lui.
Les sentiments qui nous attachent au foyer domestique et qui en éloignent le plus sûrement les inquiétudes et les désirs, sources ordinaires des révolutions, règnent encore généralement sous l’humble toit du paysan russe, le sentiment religieux surtout : pour en demeurer convaincu, il faut suivre attentivement les discours de Kaciane : on entendra sortir de la bouche d’un pauvre serf des paroles qui accusent une inspiration puissante et dont la forme a quelque chose de biblique. […] Mais au sentiment religieux qui le soutient et le guide dans sa pénible carrière le paysan russe joint un tour d’esprit gracieux et poétique ; les pages charmantes intitulées la Prairie semblent avoir pour objet principal de mettre en évidence cette disposition naturelle.
Parlant du voyageur, avec un espèce de respect émotionné, il m’apprend qu’il a eu avec lui une conversation sur les idées religieuses, où Stanley lui avait avoué qu’il ne subsistait en lui, que sa prière d’enfant. […] Et cet effort du style, jamais il ne s’y livra avec plus d’acharnement, que dans le dernier roman qu’il devait écrire, dans Madame Gervaisais, où peut-être la maladie, qui était en train de le tuer, lui donnait, dans certains fragments, je le croirais, comme l’ivresse religieuse d’un ravissement.
Les études religieuses, 20 octobre 1901. — Ch. […] Newmann, essai de psychologie religieuse ; Paris, 1902.
Celui-ci y venait souvent commander toutes sortes d’ouvrages à l’aiguille que faisaient les religieuses. […] Les choses se passèrent comme l’avait annoncé Lonardo ; mais Roméo ayant appris indirectement la mort de Juliette avant d’avoir reçu la lettre du religieux, partit sur-le-champ pour Vérone avec un seul domestique, et, muni d’un poison violent, se rendit au tombeau, qu’il ouvrit, baigna de larmes le corps de Juliette, avala le poison et mourut. Juliette, réveillée l’instant d’après, voyant Roméo mort et ayant appris du religieux, qui venait d’arriver, ce qui s’était passé, fut saisie d’une douleur si forte que, « sans pouvoir dire une parole, elle demeura morte sur le sein de son Roméo6 ». […] Entre eux et lui, la différence est immense et singulière : c’est par l’intelligence des sentiments naturels que Shakspeare excelle ; il les peint aussi vrais et aussi simples, au fond, qu’il leur prête d’affectation et quelquefois de bizarrerie dans le langage ; c’est au contraire dans les sentiments mêmes que les grands poëtes italiens du xive siècle, Pétrarque surtout, introduisent souvent autant de recherche et de subtilité que d’élévation et de grâce ; ils altèrent et transforment, selon leurs croyances, religieuses et morales, ou même selon leurs goûts littéraires, ces instincts et ces passions du cœur humain auxquels Shakspeare laisse leur physionomie et leur liberté natives. […] C’est une remarque qui n’a pas échappé à Schlegel au sujet du vénérable religieux que nous avons déjà vu dans la comédie de Beaucoup de bruit pour rien.
Est-elle, au contraire, le commencement d’une ère de certitudes et de solidité politiques, morales et religieuses ? […] Poubelle, exigeant le caractère le plus élevé, légendaire pour un concours musical, mais interdisant le caractère religieux. […] Les chefs-d’œuvre de chaque race sont les livres religieux de cette race : inutile, n’est-ce pas, d’énumérer Bible, Vedas, Thorah, Kabbale. […] Dans l’occulte le symbole est toujours lié à une série de vérités religieuses, psychologiques, idéales ; dans l’école symboliste, il n’est que l’obscurcissement superficiel de la grimace du style. […] Il se dégage de ces études un cauchemar aussi angoissant que celui suggéré par la vision du chaos religieux dans l’œuvre de Flaubert.
» c’est le cri qui sonne dans ces poèmes marqués d’une sorte de positivisme religieux. […] Tous ces sonnets d’ingénieur-poète étonnent par le mélange d’un lyrisme presque religieux et d’un pittoresque emprunté aux engins de la science et de l’industrie et aux choses modernes. […] Autant que j’en puis juger, les anciens Grecs pouvaient être religieux, ils n’étaient pas dévots ; ils ne connaissaient pas ce que les théologiens appellent la piété affective. […] Le romanesque et la rêverie dans la passion, la forme religieuse donnée au culte de la femme, l’absorption dévote dans sa contemplation, le pétrarquisme, il n’y a pas grand’chose de tel chez les Grecs et rien, je crois, de pareil à l’état de Tiburce devant Mélissandre : J’ai réellement possédé le bonheur des immortels. […] Très varié au moyen âge, tour à tour grivois, religieux, moral ou merveilleux, il est surtout grivois (parfois tendre) au XVIe et au XVII siècle.
Si l’esprit de galanterie devient national, et si la légèreté forme le caractère d’un peuple, la constance de certains engagements également proscrits par la morale austère, la loi civile et la loi religieuse, les rend respectables, et le délit est affaibli par l’influence des mœurs générales. […] La réponse est facile : c’est qu’il s’était fait anti-philosophe ; c’est qu’entre ses fanatiques, ceux qui traîneraient au bûcher l’indiscret qui aurait proféré la moitié de ses blasphèmes, haïssent plus leurs ennemis qu’ils n’aiment leur Dieu ; c’est qu’entre ses fanatiques, ceux qui n’accordent aux opinions religieuses ni grande certitude, ni grande importance, haïssent encore moins les prêtres que les philosophes ; c’est que nombre de vieilles dévotes ont été, comme de raison, de l’avis de leurs directeurs ; c’est que nombre de jeunes femmes ont été séduites par la chaleur de ses peintures voluptueuses ; c’est qu’entre les gens du monde la plupart ont oublié son traité de l’Inégalité des conditions, ou le lui ont pardonné en faveur de son aversion pour des moralistes sévères qu’ils redoutent, pour d’insolents et tristes penseurs qui osent préférer les talents et la vertu à l’opulence et aux dignités ; c’est qu’entre les hommes de lettres, quelques-uns par esprit de religion politique, d’autres par adulation, ont dû faire cause commune avec des protecteurs puissants dont ils attendent des grâces, et que ceux à qui le caractère et la morale pratique de Jean-Jacques étaient le mieux connus, n’en prisaient pas moins son talent, et se confondaient avec ses admirateurs. […] Comme, après avoir mis les jésuites à la tête des moines les plus dangereux, il fut sur le point de prendre leur défense, lorsque l’autorité civile les eut bannis du royaume, et l’autorité ecclésiastique retranchés du corps religieux. […] Le vrai, c’est qu’un militaire convenait mieux à la scène dramatique qu’un philosophe ; le vrai, c’est que, par ses opinions religieuses, Racine n’était pas disposé à accorder au paganisme quelque vertu réelle.
Ce ne devait pas être là encore la passion sérieuse, véritable, longtemps retardée, qui saisit enfin l’âme puissante de Mme Roland, et à laquelle elle fait allusion en deux endroits de ses Mémoires, lorsqu’elle parle des bonnes raisons qui, vers le 31 mai, la poussaient au départ pour la campagne, et lorsque, saluant l’empire de la philosophie qui succédait chez elle au sentiment religieux, elle ajoute que ces sauvegardes ininterrompues semblaient devoir la préserver à jamais de l’orage des passions, dont pourtant, avec la vigueur d’un athlète, elle sauve à peine l’âge mûr !
A travers les conversations galantes et libres qui étaient le bon ton du temps et où elle tenait le dé, on ne saurait méconnaître désormais en elle ce caractère élevé, religieux, de plus en plus mystique en avançant, cette faculté d’exaltation et de sacrifice pour son frère, qui éclate à tous les instants décisifs et qui fait comme l’étoile de sa vie.
Paysages de Bretagne ou du Nouveau Monde, scènes maritimes, scènes religieuses, il y a là toute une suite de tableaux par lesquels le livre vivra, en dépit des idées654.
Enfin, il eût peut-être été utile, à notre époque où l’influence de la morale religieuse disparaît, de laisser à l’enfant cette éducation qui façonna les plus honnêtes gens de notre histoire.
On est donc religieux ; n’est-il pas d’une délicieuse élégance de raconter une scélératesse bien noire avec des mots sacrés ?
C’est l’enfant de l’anarchie politique et religieuse : il n’a ni Dieu ni roi, et il pille indistinctement les deux partis, sous prétexte qu’ils n’ont ni le vrai roi ni le vrai Dieu.
Il les occupa de spéculations religieuses, et les honora par des aumônes et des actes de piété, faisant des charités d’une partie de sa fortune, et demandant par testament à être enterré dans l’hôpital de Notre-Dame des Anges, à Angoulême, aux pieds des pauvres qui y étaient inhumés.
Ils développaient longuement, dans le goût des compositions poétiques du temps, les sujets venus de l’Inde et de la Grèce ; ils y entassaient des digressions, soit philosophiques, soit religieuses, parmi lesquelles brillent quelques éclairs de vive raison, des vers heureux, dont les meilleurs ne diffèrent de ceux de la Fontaine que par l’orthographe.
Il voyait un Etat ruiné, la médiocrité dans les conseils et à l’armée, l’hypocrisie religieuse, et tout ce qu’elle ajoute d’odieux aux vices communs à tous les temps, le peu qui restait de génie, disgracié, s’il ne s’abaissait pas à faire sa cour par la dévotion.
C’est peut-être qu’il était plus « vertueux » que « savant », et aussi qu’il avait plus et mieux philosophé sur le problème religieux que sur les questions de la connaissance.
Lewes, notre triumvirat spirituel. » La première a pour domaine surtout le sentiment ; son office c’est la systématisation de nos conceptions religieuses.
Prométhée, Ajax, Don Juan, Manfred et tant d’autres figurent, tour à tour, ces rébellions de l’âme : Satan par-dessus tous, Satan que les Sabbats du seizième siècle appelaient « Celui à qui on a fait du tort » et dont Milton, le plus religieux des poètes, a fait un héros sublime, invincible dans sa défaite, que « le tonnerre a grandi », puisqu’en brisant sa tête il n’a pas ébranlé son cœur.
Il est plus juste de juger le passé sur le présent, et de convenir que les prétendues vérités historiques n’ont pas plus de réalité que les prétendues vérités religieuses.
Des deux côtés de la cheminée des tableautins, et sur la bordure dorée de la glace un portrait en miniature de religieuse.
Comme on userait la fin de son existence dans la mécanique consolante de la vie religieuse.
De là au temple protestant, à la cérémonie religieuse, qu’a bien fallu subir Burty.
Il n’y avait pas jusqu’à cette position exceptionnelle d’excommuniés, dans ce temps de terreur religieuse, qui ne tournât au profit de ces messieurs et de ces dames.
Il y a la morale religieuse, qui est d’une extrême beauté et qui, pour mon compte, est celle que je trouve, tout compte fait, la plus haute et la plus sublime.
Il tenait cela des Indiens, chez qui c’est une idée religieuse, une idée très ancienne que l’on trouve dans leurs plus vieux poèmes, que les animaux font des sociétés les uns avec les autres même lorsqu’ils sont d’espèces différentes.
Virgile, est saisi, comme Homère l’avait été, par la plus grande tradition héroïque et religieuse de son temps.
Cousin ne s’adressent pas qu’à des tombes chaque jour plus enfoncées et moins visibles dans la poussière du passé, mais à des choses plus contemporaines… Sous leur forme presque religieuse et si soudainement éjaculatoire, ces solennels adieux s’adressent aussi à la tribune, au Conseil d’État et à tout ce monde parlementaire que M.
… Tous les moyens pour atteindre à cette fraternité sublime, — impossible, selon nous, chrétiens, en dehors des voies religieuses et surnaturelles, — Michelet nous les donne dans son Cours, et nous allons les juger.
Il y a une idée dans ce livre ; seulement, cette idée, qui pipe jusqu’aux Dominicains, n’y est pas réalisée de manière à payer un prêtre et un religieux de la peine frivole d’avoir lu un roman plein d’inconséquence et de superficialité.
Qu’il soit politique, ou social, ou religieux, ou moral, ou esthétique, ce principe n’est jamais qu’une autre face ou une autre phase du même problème éternel ; mais au fond peu importe qu’il ne soit qu’un recommencement ou qu’une combinaison d’éléments déjà connus ; rien ne se répète absolument dans l’histoire33 ; le même principe, revenant à quelques siècles d’intervalle, signifie autre chose parce que les conditions du groupe où il se réalise ont changé.
Il semble que de nos jours, étant donné le petit nombre de poésies puisées aux sources de l’Imitation, la critique catholique ait dû saluer avec joie ce livre d’art, conçu dans une extase religieuse, où se mirent les effusions lyriques du petit frère saint François. […] Ce dualisme inné, Mithouard nous le montre chez Verlaine, à la fois cynique et religieux, homo duplex, auteur de Sagesse et de Parallèlement ; — chez Hello, ce « Breton dans l’Infini », ce Pascal du xixe siècle qui possède comme l’autre une extraordinaire aptitude à considérer les extrêmes, les contrastes supérieurs, l’idée pure de la passion, la grandeur et la misère de l’homme ; — chez saint François d’Assise, mystique et naturaliste, dont l’humilité synthétise deux amours exclusifs, celui du Christ et celui des créatures. […] Cet état est d’ordre affectif ; il est caractérisé par l’apparition dans la conscience d’émotions très fortes et très intimes, capables de déterminer chez celui qui les éprouve à la fois une jouissance intense, une sorte de ferveur religieuse et un élan vers l’action.
Né, élevé, grandi isolément dans une atmosphère supérieure au dix-huitième siècle, même à celle de Voltaire ; dédaigneux et dédaigné par tous nos philosophes, excepté Jean-Jacques Rousseau ; n’ayant de maître que la nature ; méprisant nos controverses religieuses ou philosophiques, et qui était apparu tout à coup, comme une comète excentrique, Paul et Virginie à la main, homme bien supérieur à Chateaubriand, capable d’écrire mieux que le Génie du christianisme, le Génie du cœur humain. […] Cependant, ajouta-t-il, allez dire à ma femme qu’elle monte. » Il resta assisté de deux sœurs religieuses, de celles qui viennent ordinairement à Paris quêter pendant le carême, et auxquelles il donnait l’hospitalité.
Jeudi 10 mai On causait, ce soir, de l’aspect église, qu’ont, à l’heure présente, les temples de l’argent, et l’on décrivait le grand escalier du Comptoir d’escompte, l’élévation des salles, leur éclairage tamisé, enfin l’ensemble de dispositions architecturales donnant à un édifice un caractère religieux. […] Le mirobolant de la fin du chapitre, c’est de montrer la députation conservatrice et religieuse de la Bretagne, composée en partie de petits-fils de guillotineurs et de spoliateurs de 93, ce qui les fait ressembler, dit-il assez plaisamment, à des gens qui ont volé un paletot avec une décoration, et qui usent du paletot et de la décoration.
« L’idée doit toujours rester indépendante, il ne faut pas l’enchaîner, pas plus par des croyances scientifiques que par des croyances philosophiques ou religieuses. […] C’est plutôt le miel coulant de Lamartine, une rêverie béate et religieuse, un style qui a la volupté d’une caresse et l’onction d’une prière. […] Personne n’a plus peur de lui ; il est même devenu le refuge des âmes religieuses que la science sèche et nue inquiète. […] Renan, de nature poétique et religieuse, rêve d’être prêtre et plus tard, malgré son érudition très large, malgré ses négations, ne peut se dégager du spiritualisme le plus nuageux ; Claude Bernard, d’esprit exact, va droit à la science expérimentale et n’a plus qu’un but, celui de traquer la vérité d’inconnu en inconnu. […] Celui-ci ne s’écarte pas du dogme philosophique et religieux, il se trouve enfermé dans le domaine de l’âme, même lorsqu’il est de tempérament révolutionnaire.
Quand un normalien parviendra à établir, au moyen de citations incontestables, que Montaigne fut le type même de l’esprit religieux, on criera au génie. […] Guérin subit profondément l’influence de « Monsieur Féli », mais, comme il possède quelque génie personnel, il s’en débarrasse d’assez bonne heure, et, tout en demeurant catholique, se libère peu à peu de préoccupations religieuses trop immédiates. […] Madeleine, transplantée de Chinon dans le Paris de l’Exposition universelle, y ferait un peu figure de religieuse sécularisée, si elle ne possédait une intelligence très souple et un très sûr instinct de la mesure. […] Cet homme qui, dans un univers lancé sans but à travers les espaces, n’indique pour consolation que les jeux de l’esprit ou de la chair ; cet homme que la pensée toujours présente de la fuite des phénomènes et de l’effritement des siècles empêche d’attacher quelque prix aux passions qui font vivre et mourir ses semblables ; cet homme qui incita la foule à chercher un bonheur futur qu’il sait impossible — cet homme-là sera l’objet de la réprobation de toutes les âmes religieuses.
Deux idées avaient soulevé le moyen âge hors de l’informe barbarie : l’une religieuse, qui avait dressé de gigantesques cathédrales et arraché du sol les populations pour les pousser sur la Terre Sainte ; l’autre séculière, qui avait bâti les forteresses féodales et planté l’homme de cœur debout et armé sur son domaine ; l’une qui avait produit le héros aventureux ; l’autre qui avait produit le moine mystique ; l’une qui est la croyance en Dieu ; l’autre qui est la croyance en soi. […] « Lorsque Massillon, dit l’abbé Maury, prêcha son sermon sur l’assomption de la sainte Vierge, aux religieuses de Chaillot, devant la reine d’Angleterre, il crut devoir placer, de courtoisie, dans ce discours le portrait du prince d’Orange, comme un moyen adroit et convenable de plaire à l’épouse du roi détrôné par lui, Jacques II, en présence de laquelle il parlait. […] Le catholicisme avait établi… une seule pensée sous une seule autorité, la soumission de l’esprit à la loi, du pouvoir politique au pouvoir religieux, pour repousser tant d’invasions transformer tant de peuples, assouplir tant de rudesse, maîtriser tant de passions, surmonter tant de désordres… (Mignet, Luther. […] L’imitation de Rousseau est significative dans l’Essai sur l’indifférence, ouvrage de discussion religieuse et philosophique.
Coleridge, dans sa jeunesse, a fait d’admirables Poëmes méditatifs, dans lesquels la nature anglaise domestique, si verte, si fleurie, si lustrée, décore à ravir, et avec une inépuisable richesse, des sentiments d’effusion religieuse, conjugale ou fraternelle ; soit que le soir dans son verger, entre le jasmin et le myrte, proche du champ de fèves en fleur, il montre à sa douce Sara l’étoile du soir, et se perde un moment, au son de la harpe éolienne, en des élans métaphysiques et mystiques, qu’il humilie bientôt au pied de la foi ; soit qu’il abandonne ensuite ce frais cottage, de nouveau décrit, mais trop délicieux, trop embaumé à son gré pendant que ses frères souffrent (vers l’année 93), et qu’il se replonge vaillamment dans le monde pour combattre le grand combat non sanglant de la science, de la liberté et de la vérité en Christ ; soit qu’envoyant à son frère, le révérend George Coleridge, un volume de ses œuvres, il y touche ses excentricités, ses erreurs, et le félicite d’être rentré de bonne heure au nid natal ; soit qu’un matin, visité par de chers amis, dans un cottage encore, et s’étant foulé, je crois, le pied, sans pouvoir sortir avec eux, du fond de son bosquet de tilleuls où il est retenu prisonnier, il fasse en idée l’excursion champêtre, accompagne de ses rêves aimables Charles surtout, l’ami préféré, et se félicite devant Dieu d’être ainsi privé d’un bien promis, puisque l’âme y gagne à s’élever et qu’elle contemple ; soit enfin que, dans son verger toujours, une nuit d’avril, entre un ami et une femme qu’il appelle notre sœur, il écoute le rossignol et le proclame le plus gai chanteur, et raconte comme quoi il sait, près d’un château inhabité, un bosquet sauvage tout peuplé de rossignols chantant à volée, en chœur, et entrevus dans le feuillage sous la lune, au milieu des vers luisants : Oh !
Un de ces inconvénients, c’est, en écrivant sur les auteurs ou en touchant certaines idées religieuses, sociales, d’être trop tenté de prendre les personnes ou les choses par leur surface embellie, par l’expression convenable et consacrée selon laquelle elles se produisent.
Avec moins de raisons de me tenir à l’écart que monseigneur l’évêque de Verdun, le sérieux de mon état me parais sait contraster avec cette gaieté habituelle, qui, au surplus, au dire de monsieur le curé de Saint-Roch, n’a jamais passé les bornes de la décence. » Nous aurons plus tard occasion de revenir sur cette indulgence du clergé et des personnes religieuses pour la malice innocente de Désaugiers, tandis qu’on était, au même moment, très en garde contre d’autres gaietés plus suspectes.
… Partout sur des autels j’entends mugir Apis, Bêler le dieu d’Ammon, aboyer Anubis. » Mais voici le génie d’expression qui se retrouve : « Des opinions puissantes, un vaste échafaudage politique ou religieux, ont souvent été produits par une idée sans fondement, une rêverie, un vain fantôme, Comme on feint qu’au printemps, d’amoureux aiguillons La cavale agitée erre dans les vallons, Et, n’ayant d’autre époux que l’air qu’elle respire, Devient épouse et mère au souffle du Zéphire. » J’abrège les indications sur cette portion de son sujet qu’il aurait aimé à étendre plus qu’il ne convient à nos directions d’idées et à nos désirs d’aujourd’hui ; on a peine pourtant, du moment qu’on le peut, à ne pas vouloir pénétrer familièrement dans sa secrète pensée : « La plupart des fables furent sans doute des emblèmes et des apologues des sages (expliquer cela comme Lucrèce au livre III).
L’étude, la méditation religieuse, l’amitié l’occupent si elles ne le remplissent pas, et détournent ses affections.
Même immunité pour les quêteurs des religieux de la Merci et de l’Étroite Observance.
La vieille mère de de Lisle, royaliste et religieuse, épouvantée de la voix de son fils, lui écrivait : « Qu’est-ce donc que cet hymne révolutionnaire que chante une horde de brigands qui traverse la France et auquel on mêle votre nom ?
Ces deux livres sont les poésies lyriques, philosophiques et religieuses de M. de Laprade, et un autre dont je vais vous parler après.
XVII En ce qui concerne à cette date la constitution civile du clergé, sorte de concordat populaire, aussi illogique et aussi oppressif qu’un concordat royal, je n’ai rien à rétracter de mon jugement ; ce fut une des grandes fautes de la Révolution ; en matière de conscience, son salut et son devoir étaient dans un peuple libre et dans une Église libre, se mouvant librement et respectueusement dans deux sphères indépendantes, la sphère civique et la sphère religieuse.
Depuis le commencement du xvie siècle, l’une de ces régions, par des circonstances particulières dont quelques-unes tiennent à des croyances religieuses, a pris de l’importance aux yeux des navigateurs chrétiens qui parcourent les mers situées sous les tropiques ou au-delà des tropiques, et des missionnaires qui prêchent le christianisme dans les deux presqu’îles de l’Inde ; c’est la région de la Croix du Sud.