Il eût été honteux à Sully de l’accepter, aussi le refusa-t-il. » Sur quoi un écrivain de notre temps, bien fait pour juger de Sully avec toute sorte de compétence, M. […] Ce qu’il fera en 1589, dans un des quartiers de Tours qui lui est confié, pour le mettre en défense, il le fit plus ou moins de tout temps. […] Henri comprit aussi, presque dès les premiers temps, l’usage qu’il pouvait tirer de lui comme négociateur. […] Il devient épris de la fille du président de Saint-Mesmin, qui était une personne à la mode en ce temps-là, et, ce semble, un peu coquette. Il songe à l’épouser ; mais il s’arrête à temps.
» La calme intelligence de ton regard aimé (béni soit l’art qui a pu l’immortaliser et ravir au temps le droit de l’éteindre) brille ici sur moi toujours la même. […] Un mal d’yeux interrompit quelque temps ses études ; il fut mis ensuite à l’école de Westminster, où il eut pour amis des condisciples distingués qui se firent connaître depuis ; il y resta jusqu’à dix-huit ans. […] Après le dîner, qui avait lieu à trois heures, si le temps le permettait, on allait au jardin où, entre Mme Unwin et son fils, il s’entretenait jusqu’au thé de sujets sérieux et chrétiens. […] Alors je pensai qu’il était grand temps de changer cette occupation pour une autre, de peur, dans mes productions suivantes, de compromettre l’honneur que je m’étais si heureusement acquis. […] Je commençai par des laitues et des choux-fleurs ; de là je passai aux concombres, puis aux melons ; alors j’achetai un oranger auquel, en temps opportun, j’ajoutai deux ou trois myrtes.
Est-ce un écrivain qui doive, dans un temps éloigné ou prochain, faire autorité en histoire ? […] Duc de Bar et de Lorraine par héritage, René d’Anjou, qui ne mit jamais qu’un fantôme de couronne sur son casque, fut roi de Sicile et de Jérusalem ; mais, roi de Sicile titulaire, il n’y régna réellement que le temps qu’il y combattit, et ce nom de Jérusalem, qui sonnait encore si haut de son temps, ne fut autour de lui que le vain bruit d’un clairon qui, hélas ! […] Le roi René, je l’ai dit déjà, appartient à un temps où les femmes furent plus grandes que les hommes. […] L’histoire même fut, à ce René d’Anjou, plus dure que la vie… Dans sa vie et dans la vie de son temps, il eut au moins la place de son action. […] Seulement, le Roi René est trop exclusivement pour elle un bon vieux poète baguenaudant avec toutes les curiosités artistiques de son temps, s’endormant dans le radotage d’une petite Capoue littéraire.
J’ai toujours cru que Madame de Staël était trop passionnée et trop entraînée par la fureur de la conversation pour passer son temps à écrire des lettres. […] toute l’épistolature de son temps. […] Sa bouche n’est pas la sensuelle cerise des becquetages du temps. […] Le naturel donc, le naturel dans un temps de rococo et de chinoiserie, dans un temps où Marivaux marivaudait et où Madame Necker écrivait que Diderot n’aurait pas été naturel s’il n’avait pas été exagéré. […] C’est un temps trop athée à l’amour pour admirer cette dévote à l’amour d’un homme, et d’un homme qui ne méritait certes !
L’éducation en France devait-elle être maintenue la même au fond, dans les mêmes principes et la même voie que du temps du bon Rollin ? […] Arago de côté), comme le demandait déjà en son temps Franklin ? […] Il faut toutefois reconnaître que le genre d’ardeur qui animait les générations de ce temps-là est depuis longtemps épuisé, et que tout le bien ou même le mal qu’on en pouvait attendre en est sorti. […] Il a fait taire la querelle, a mis l’union en pratique, en a confié les bienfaits au temps (et le temps de nos jours est rapide) : pour employer des noms déjà cités et qui nous aident à figurer le résultat, il a donné satisfaction à Franklin sans faire réellement tort à Rollin51. […] En politique, comme en éducation, remplacer l’édifice de Charlemagne, telle était la mission de l’empereur ; mais le temps lui a manqué en cela comme en toute chose.
III et IV) musique et technique (Temps) plastique (Espace) Rythme Harmonie Coloris Proportion lumineuse Rythmes Mesure ………… …………… Mouvement Stabilité Geste Attitude (Activité) (Passivité) Élégance Noblesse …………… ………… Mouvement Stabilité Subjectivité Objectivité ………… ………… Temps (Espace) Subjectivité Objectivité (Temps) Espace TECHNIQUE ET PERSONNALITÉ (Ch. […] Vielé-Griffin M. de Régnier Invention Talent Instinct, spontanéité Sens de l’équilibre Poète Artiste Naïveté (Artificialité) Fluidité Rigidité Inconsistance Fermeté plastique Variété Homotonie Mouvement Stabilité Manière Impersonnalité (Flaubert) Un style Le style Subjectivité Objectivité (Temps) (Espace) Et encore cette petite table d’analogies : MUSIQUE PLASTIQUE Rythme (mouvement) Harmonie (son) Forme (lignes) Lumière Les rythmes Mesures Timbres L’harmonie Geste (trait) Attitude Coloris Valeurss TEMPS ESPACE On remarque que chaque ordre dans la musique correspond à l’ordre de même rang et de même position dans la plastique ; ainsi Rythme à forme, Harmonie à lumière, valeurs à harmonie, rythmes libres à gestes, etc. Plus on se rapproche de la gauche, plus les phénomènes se manifestent en fonction directe du temps, plus aussi ils sont subjectifs ; plus on va vers la droite, plus ils participent exclusivement de l’espace, plus ils sont objectifs. […] Car rien ne nous touche d’absolument étranger, rien ne possède pour nous d’éloquence s’il ne trouve en nous-même son écho véridique ; et, ainsi que pour la physique supérieure tous les phénomènes ne sont peut-être que des modalités de l’unique Énergie, l’objectif serait un mode ignoré de notre âme, tout le possible encore obscur qu’elle contient et où elle se découvre par sa trace, comme le rythme dans l’harmonie, comme le temps à travers sa mesure d’espace.
J’omets quelques noms, comme moins marquants, non comme méprisables une certaine jeunesse et naïveté de langage donnait du prix aux plus obscurs de ce temps-là. […] Ce ne sont, toutefois que des écrivains à consulter un seul ouvrage, dans cet ordre, est à lire, parce qu’il a défendu la bonne politique du temps par des moyens et avec un art qui sont de tous les temps : c’est la Satire Ménippée. […] Notre imprimeur y court : mais il ne trouve ni bon temps, ni riche laboureur. […] Il en paraît enfin une image dégagée de toutes les formes qu’elle reçoit dans chaque temps particulier, des religions et des sociétés diverses et composée de ces traits généraux et communs qui constituent l’unité de l’homme, si divers par le temps et le lieu. […] Il sentit que le temps était venu où l’image de la France, arrachée aux partis intérieurs et victorieuse de l’étranger, devait se réfléchir dans les lettres ; et il fournit aux quatre meilleurs esprits du temps, Charron, Malherbe, Régnier, saint François de Sales, un premier idéal.
L’état de grossièreté où reste, chez nous, par suite de notre vie isolée et tout individuelle, celui qui n’a pas été aux écoles est inconnu dans ces sociétés, où la culture morale et surtout l’esprit général du temps se transmettent par le contact perpétuel des hommes. […] Une vaste exégèse allégorique s’appliquait à tous ces livres et cherchait à en tirer ce qui n’y est pas, mais ce qui répondait aux aspirations du temps. La Loi, qui représentait, non les anciennes lois du pays, mais bien les utopies, les lois factices et les fraudes pieuses du temps des rois piétistes, était devenue, depuis que la nation ne se gouvernait plus elle-même, un thème inépuisable de subtiles interprétations. […] Les prophètes, Isaïe en particulier et son continuateur du temps de la captivité, avec leurs brillants rêves d’avenir, leur impétueuse éloquence, leurs invectives entremêlées de tableaux enchanteurs, furent ses véritables maîtres. […] Ce livre, composé par un Juif exalté du temps d’Antiochus Épiphane, et mis par lui sous le couvert d’un ancien sage 137, était le résumé de l’esprit des derniers temps.
Son opinion sur la campagne ne regarde point les maisons de campagne, plus qu’urbaines, de notre temps. […] Madame de Staël a dit, dans nos temps d’agronomie et d’horticulture, qu’elle aimerait assez l’agriculture si elle ne sentait pas le fumier . […] Auguste fut la fin du bon temps, Scipion en fut la fleur. […] En tout temps, il vaut mieux, dans le monde, parler des mots que des personnes. […] Ces lettres ne sont point datées dans les nombreuses éditions qui ont été faites des œuvres diverses de Balzac, elles paraissent être de 1620 à 1630, temps où Balzac était âgé de 26 à 36 ans, et la marquise de 38 à 48.
De tous les livres que peuvent publier la science et la foi réunies, le plus élevé dans tous les temps, mais le plus utile dans les temps actuels, c’est à coup sûr la Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ. […] Au bout d’un certain temps, la balbutie de l’erreur et son radotage se rejoignent dans la vie des générations comme dans la vie individuelle. […] En cela, il a répondu toujours par l’histoire, par le texte, par le fait, — les meilleures réponses de ce temps, — à de certaines notions erronées et dangereuses qui circulent, à cette heure, dans une foule d’esprits ignorants ou prévenus. […] Dès les premiers temps de l’Église, en face des premières hérésies, saint Jérôme écrivait au pape saint Damase sur la nécessité vivement sentie par les fidèles de relier et de concentrer les quatre Évangiles en un seul. […] » Et l’auteur de la Vie de Jésus-Christ ne s’est pas contenté de ces noms anciens et illustres, l’éternel honneur des premiers temps.
Qu’est-ce que le temps ? […] Le temps n’est, suivant la grande parole de Timée, qu’une image mobile de l’éternité. […] Mais dans l’éternité elle-même il n’y a plus de temps ; car le temps n’est pas identique avec elle, tandis que l’éternité est en quelque sorte identique à Dieu. […] Le temps n’existe pas pour lui ; le temps n’existe que pour nous. L’éternité est divine ; le temps est purement humain.
Ces erreurs de goût sont la punition de ses premières complaisances pour les mœurs et les préjugés de son temps. […] C’est tout ce qu’on pouvait obtenir de l’amour-propre de l’homme et de l’orgueil du temps. […] Au commencement du récit, tout est au futur : c’est le temps qui sied à une hypothèse. […] Si Lesage avait eu le dessein de peindre son temps, l’original aurait trop souvent changé d’attitude. […] Le plus mauvais temps de Gil Blas est celui qu’il passe à la cour.
L’être parlant qui confondrait l’affirmation et la négation, l’actif et le passif, le temps présent, le temps passe, le temps futur, ne serait plus qu’une « cymbale retentissante ». […] De plus nous ne sommes pas encore sortis de l’idée de temps. […] Mais le temps est une abstraction ou un extrait de quelque réalité : il n’a pas de sens appliqué au néant complet, qui est le néant de temps comme le néant de tout le reste. […] Il faut donc considérer le temps réalisé dans les choses. […] Cette notion de l’inactivité du temps est confirmée par l’expérience.
De la longue durée des temps géologiques déduite de la lenteur avec laquelle les strates fossilifères se déposent ou se dénudent. — IV. […] De la longue durée des temps géologiques, déduite de la lenteur avec laquelle les strates fossilifères se forment et se dénudent. […] Le flux, la plupart du temps, n’atteint les rochers que deux fois chaque jour et seulement pour quelques heures. […] Car nous savons que d’importants changements géographiques ont eu lieu pendant ce même temps en d’autres parties de l’Amérique. […] Même dans un laps de temps aussi court que celui qui s’est écoulé entre la première et la seconde édition du grand ouvrage de M.
Or, comme la poésie se superpose toujours à la société, nous allons essayer de démêler, d’après la forme de celle-ci, quel a dû être le caractère de l’autre, à ces trois grands âges du monde : les temps primitifs, les temps antiques, les temps modernes. […] Il était temps. […] Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques. […] Verser la même dose de temps à tous les événements ! […] Le temps fera justice du livre, ou la lui rendra.
L’Académie française a mis depuis quelque temps au concours une étude sur Froissart. […] De même que, dans ses vastes Chroniques, l’histoire de son temps se réfléchit comme dans un large miroir, de même la prose déjà et la langue s’y déroulent avec tout leur développement, leur facilité et leur éclat. […] Son enfance précoce annonça ce qu’il serait : il s’est décrit lui-même dans des pièces de vers selon le goût du temps, imitées, dans la forme, du Roman de la Rose, allégoriques, et plus faciles et abondantes qu’originales. […] En un mot, il est proprement l’organe de la chevalerie, comme d’autres en pareil temps le seraient de la chrétienté. […] Il a la morale de son temps, celle des seigneurs et chevaliers qu’il hante et qu’il sert ; il a le culte de ce qui paraît beau et brillant autour de lui, de ce qui rapporte profit, honneur et renommée à travers le monde.
J’ai donc laissé faire le temps, et j’ai aussi beaucoup laissé dire. […] Une surdité qui lui survient et qui l’afflige dès la jeunesse lui est un premier temps d’arrêt, un premier rappel intérieur qui le sollicite à la retraite. […] Ronsard en fut atteint ; Lazare de Baïf, auprès duquel il avait été quelque temps en Allemagne, l’initia à ce goût nouveau d’études. […] Tu t’es mis dès lors au plain-chant de la messe ; mais depuis ce temps-là ce n’est plus ta muse, c’est ta messe qui chante. […] Le temps s’en va, le temps s’en va, ma dame ; Las !
Rome, dès les premiers temps, s’incorpore et s’assimile les vaincus : les ennemis de la veille deviennent des concitoyens. […] Si Bossuet a hautement défini au moral l’esprit public des Romains dans les beaux temps de la République, M. […] Tout est détraqué à Rome ; le calendrier, l’horloge des temps comme la Constitution. […] Si je comprends bien cette pensée, César encore devançait en ceci les temps. […] Il aurait par là assuré pour quelque temps l’enceinte de l’Empire et retardé peut-être le siège qu’en firent les barbares.
Il s’appliqua dans un temps à la jurisprudence, et il plaida comme avocat. […] Il poussait son économie du temps jusqu’à l’avarice. […] Votre interruption nous a fait perdre dix lignes. » Il regardait comme perdu tout le temps qui n’était pas donné à l’étude. […] Et ici Pline se sépare des opinions populaires de son temps ; il ne croit pas (est-il besoin de le dire ?) […] L’opinion publique, en leur temps, ne les séparait point.
Cela était bon pour notre enfance ; mais, à cette heure, il n’est plus temps de vivre en enfance. […] Mais ne devançons point les temps. […] On a des lettres d’amour qu’elle adressait à l’un de ceux qu’elle a dans un temps le plus aimés, Harlay de Champvallon. […] Pendant ce temps, la reine Marguerite ne cesse pas absolument de correspondre avec le roi son mari, devenu roi de France. […] Pendant le même temps Marguerite avait des pensées sincères et plus que des accès de dévotion.
Une pareille constitution ne peut être que l’ouvrage du temps, parce que c’est le temps seul qui met en harmonie les mœurs et les opinions. […] Désaccoutumons-nous de vouloir toujours suppléer au temps, de vouloir faire nous-mêmes le travail des siècles. […] C’est ce que la nation a fait tout le temps que le divorce a été autorisé par notre législation. […] Les mœurs, selon le cours ordinaire des choses, ont marché avec la révolution du temps ; les opinions, au contraire, ont marché en avant avec la révolution des hommes. […] Autant que, je puis le croire, du temps de Henri IV les peuples se laissaient encore guider par les affections.
alors tu possèdes toutes choses. » Les études les plus contraires se disputaient l’inquiète curiosité du jeune Rancé ; il s’adonna quelque temps à l’astrologie. […] En un mot, il y avait de la foi jusque sous le libertinage de ces temps-là, et il se glisse du scepticisme jusque dans nos croyances philosophiques d’aujourd’hui, et pourquoi ne pas ajouter : jusque dans nos professions chrétiennes ? […] Il s’y sentait bien de la répugnance dans les premiers temps ; il gardait de ses préjugés de mondain et d’homme de qualité contre le froc. […] Aujourd’hui les temps sont changés ; les hautes indications de Bossuet subsistent sans doute, mais il y a autre chose encore. […] Quelle aimables ombres verrais-je dans les temps à venir ?
On y consacrera le temps qu’il faudra. […] Il est temps de la fermer. […] À quoi sert le temps ? […] C’est le Temps qui aurait tout gâté. […] Le Temps est immédiatement donné.
N’anticipons point sur les temps et jouissons avec Parny de ces premières et indulgentes années. […] Les petits vers anodins, comme du temps du Mercure, les madrigaux philosophiques pleuvaient sur Parny pour le féliciter. […] Il n’est sans doute plus temps. […] Serait-il donc, par hasard, retourné à Bourbon vers 1778-1779, dans le temps où paraissaient à Paris les premières éditions de ses poésies ? […] Cessons plutôt que de douter ; mieux vaut s’arrêter à temps, mieux vaut renoncer à toi plutôt que de t’avilir !
Virgile, je n’ai fait que le voir ; et le destin avare a laissé peu de temps Tibulle jouir de mon amitié. […] Rien de tel ne se rencontre sous la domination d’Octave, ni dans le génie des temps où il a régné. Ces temps étaient marqués par une affreuse corruption où la cruauté s’alliait à la mollesse. […] « Quelles ruines ne fait pas le temps destructeur ! […] Cela nous dit que le temps et le sujet de l’enthousiasme lyrique étaient passés.
Ainsi jamais le Temps ne remonte à sa source. […] Quand vous eûtes passé ce temps plein d’innocence. […] il y a des gens qui ne comprennent rien à leur siècle, à leur temps ! […] Mais les temps ont changé. […] La Fontaine, à cet égard comme à beaucoup d’autres, n’a pas été tout à fait de son temps.
Juste dans le même temps (1844), il obtenait une place plus respectable et très motivée dans le livre sévère de M. […] » La plupart de ceux qui ont mis ainsi leur pensée en tout son jour y perdent avec le temps et diminuent. […] De son temps, le libertinage allant jusqu’à l’escroquerie, il ne sut pas s’en préserver. […] je ne demande pas mieux ; mettons sur le compte du temps tout ce que nous pouvons à la décharge du poète. […] du temps de Villon, il y avait eu une mode et un travers du même genre.
Ulric Guttinguer, par son âge et ses débuts, remonte aux premiers temps de notre réveil poétique. […] Il a publié en divers temps plusieurs recueils de vers. […] C’est là tout Arthur, auquel il est temps d’arriver. […] — Précieux temps ! […] Du temps d’Horace on eût osé écrire ce chapitre ; on n’ose plus maintenant.
Lesage procédait un peu comme les auteurs de ce temps-ci, comme les auteurs de presque tous les temps. […] Cet Asmodée eut un succès fou ; on ne lui donnait pas seulement le temps de s’habiller, disent les critiques d’alors ; on venait en poste l’enlever en brochure. […] Ce livre ne saurait être mal écrit, étant de Lesage ; mais il est aisé de s’apercevoir, par les matières que cet auteur traite depuis quelque temps, qu’il ne travaille que pour vivre, et qu’il n’est plus le maître, par conséquent, de donner à ses ouvrages du temps et de l’application. […] À son tour, Lesage semble avoir été peu favorable à ce qu’on appelle la grande et haute littérature de son temps, qu’il trouvait guindée. […] Depping, dans un article du journal Le Temps (numéro du 29 décembre 1835), a donné, d’après un auteur anglais, quelques détails nouveaux sur Lesage.
Pope, en son temps, en sut quelque chose. […] » Le fait est que, chez La Harpe, il y eut de tout temps une dépense de chaleur tout à fait stérile, et hors de proportion avec le résultat. […] Le 18 Fructidor, en le frappant et en l’obligeant de se cacher à la campagne, le rendit pour quelque temps au calme et à une meilleure santé du corps et de l’esprit. […] C’était le temps des mystifications, et on en imagina une qui parut de bonne guerre à cette vive et légère jeunesse. On savait que La Harpe avait beaucoup aimé de tout temps les dames, et que ç’avait été un de ses grands faibles.
On l’a poussée de notre temps jusqu’au mépris. […] Une pièce naît dans le temps, à un certain moment du temps, pour ce temps et non pour un autre. […] Des morceaux de chefs-d’œuvre : il n’eut pas le temps de mûrir. […] Il n’aura pas à forcer sa nature pour se mettre au ton de son temps. […] Si j’ai décrié notre temps, croyez que je l’admire aussi.
Elle offre la plus vive image de l’esprit du temps. […] L’âge qui suit n’est qu’un temps d’érudition. […] Le bon temps, comme on l’a dit, le siècle de nos bons aïeux ne fut pas toujours, ne fut jamais un temps de pureté morale. […] C’est un trait distinctif du temps. […] La vie entière du temps est là.
Ce n’est pas seulement à la diversité des caractères, c’est à celle des temps qu’il faut attribuer de telles dissemblances. […] Leurs écrits en latin et en grec ont un caractère tout à fait distinct de celui des littérateurs du temps d’Auguste ; ils ont plus de force et plus de concision que les philosophes républicains eux-mêmes. […] Les écrivains du temps des empereurs, malgré les affreuses circonstances contre lesquelles ils avaient à lutter, sont supérieurs, comme philosophes, aux écrivains du siècle d’Auguste. […] La pensée de l’auteur, souillée par l’histoire de son temps, ne peut s’astreindre à cette pureté d’expressions qui doit toujours servir à peindre les images même les plus révoltantes. […] Les flatteries ont souillé les écrits de quelques philosophes de ce temps ; et leurs réticences même étaient honteuses.
Or qui n’est pas fragile, et même un peu fêlé, par le temps qui court ? […] Le temps a marché, mais le temps (est-ce un compliment ?) […] C’est la pensée, — comme son temps la comprenait, — c’est la science de son temps qui le pervertirent. […] Il est vrai que son temps était moins corrompu que le nôtre. […] Mais le moraliste, qui n’est pas d’un temps, mais de tous les temps, le moraliste qui juge et qui flétrit le sien, vivra — et avec honneur — dans Proudhon.
Il n’a pas même compris ces brigandages, qui, pendant un temps assez court d’anarchie féodale, furent l’exception, pour ces générations et nations guerrières, quand la règle était le point d’honneur ! […] Il a étudié les conciles du temps et il a traduit çà et là, avec beaucoup de bonheur, les magnifiques langages qu’on y parlait. […] Dans le résumé de son histoire, il donne pour conséquence de la paix de Dieu la civilisation moderne et l’égalité politique de notre temps. […] Du temps de la Trêve de Dieu et de l’établissement des communes, on comptait par feux ou familles. […] Ce livre, dans lequel l’auteur a développé la nécessité de l’intervention des évêques dans les temps processifs de notre histoire, temps qui furent périodiques à travers les crises et surtout les changements de race, ce livre a répondu nettement une fois de plus à l’imbécile accusation d’usurpation cléricale que les ennemis de l’Église n’ont pas cessé de faire entendre, et de faire croire, qui plus est.
— une des grandes importances littéraires de ce temps-ci par l’action qu’ils ont exercée ; et il est facile d’expliquer leur succès et leur influence. […] ils ont fait modestement un livre, — puis deux, — puis trois, et la littérature du temps a été modifiée. […] M. de Goncourt ne l’est que dans le temps. […] MM. de Goncourt ont compris les goûts de leur temps, ou plutôt ils les ont partagés, si même ils ne les ont subis ; et j’avais raison tout à l’heure de dire qu’avant eux, et avant que les choses de l’art eussent parmi nous leur toute-puissance, personne n’avait pensé, comme eux, à faire tenir toute l’histoire d’un temps dans un catalogue de peinture, et à l’écrire comme Diderot écrivait son Salon. […] mais dans ce temps-là !
Et c’est ainsi que Renan a très bien dit qu’un temps viendrait où la lecture des auteurs serait remplacé par celle des historiens littéraires. […] L’introduction à l’intelligence de Corneille, c’est l’histoire du temps de Corneille, toute l’histoire du temps de Corneille et particulièrement l’histoire de la littérature française de 1600 à 1660. […] Au bout d’un certain temps, à la vérité, ils cessèrent de m’être utiles, parce que je m’aperçus que de tous les livres dont ils parlaient, ils n’avaient jamais lu une page, ce qui m’expliqua la netteté de leurs décisions et l’originalité de leurs aperçus. […] Ma curiosité ayant été éveillée, en rhétorique, par le devoir français d’un de mes camarades que je ne connaissais pas autrement, parce qu’il était d’une autre pension que moi, j’allai à lui, quelque temps après, et je lui demandai ce qu’il faisait : « Depuis quelque temps, me dit-il, je m’occupe beaucoup de philosophie. » Il s’occupa sans doute des littérateurs latins et français l’année suivante. […] Du temps où j’ai fait mes études, on ne mettait entre nos mains aucun critique.
Il eut le temps de prendre quelques habitudes de province, au moins dans le goût ; il admirera jusqu’à la fin Mlle de Scudéry, il sera son soupirant idolâtre. […] Ainsi, c’est une règle presque générale que l’Académie, après un temps où elle était complètement de niveau avec l’opinion littéraire extérieure et où elle en représentait les aspects les plus en vue et les plus florissants, baisse ensuite ou retarde un peu. […] C’est assez, à le bien prendre, et dans cette voie elle a fait avec le temps ce qu’elle avait mission de faire. […] Il y a des illustres qui sont de l’Académie et qui n’y vont jamais ; une fois reçus, ils croiraient perdre leur temps ou diminuer de leur importance en y mettant les pieds. […] En peu de temps, à la vérité, elle fit d’étonnants progrès, ainsi que nous le voyons par les écrits d’Amyot, pour la prose, et de Marot pour les vers ; mais, attentifs à leurs plus pressants besoins, les écrivains de ce temps n’allaient pas tant à polir notre langue qu’à l’enrichir » ; à propos de ce passage, M.
Elle quitte, reprend, requitte sa colère coup sur coup, sans se donner le temps de respirer. […] Dans une tragédie française, selon les conditions d’alors, il n’était pas si mauvais qu’on n’eût pas le temps de respirer. […] Il est prudent de ne pas lui laisser le temps de se reconnaître. […] Tant que la scène dure, ne laissez pas à la critique le temps de naître ; ne donnez pas aux spectateurs le temps d’aller au foyer se refroidir dans un entr’acte. […] Cette trop généreuse infante passe son temps à donner ce qui ne lui appartient pas.
Il n’observe pas le style du temps. […] Bazin s’est attaché à contredire et, comme on dirait vulgairement, à démolir le plus qu’il a pu le cardinal de Retz, en qui il voyait un spirituel brouillon de ce temps-là, assez pareil à d’autres brouillons qu’il désignait de ce temps-ci. […] Vivant dans le commerce des hommes du meilleur temps et de la meilleure langue, il était allé, à cet égard, se perfectionnant lui-même. […] Il avait le goût et un peu la prétention de ne lire et de ne pratiquer que les gens de ce temps-là. […] Enfin, c’était un des esprits rares et l’un des originaux de ce temps-ci.
Il y avait depuis quelques temps des comédiens établis à l’hôtel de Bourgogne. […] Depuis ce temps, l’usage a toujours continué de donner de ces pièces d’un acte, ou de trois, après les pièces de cinq. […] Il y avait quelque temps que sa poitrine était attaquée, et qu’il crachait quelquefois du sang. […] Mais celui qui donna la fête, et l’auteur du prologue, furent tous deux mis en prison peu de temps après. […] On ignorait le théâtre du temps de Desmarets.
La France a laissé passer le temps. […] Avant tout et en tout il faut être de son temps. […] De tous temps les poètes ont souffert de l’indifférence ou de l’ignorance du public. […] Aucun peuple d’aucun temps ne peut lui disputer la palme de la comédie. […] De temps à autre de nouvelles combinaisons de plaisirs, de nouvelles conditions de succès deviennent nécessaires.
J’en juge par celui que me font les Souvenirs de Mme de Caylus, les Mémoires de la mère du Régent, ceux de Saint-Simon (on ne les connaissait alors que par fragments), et cinquante auteurs d’anecdotes de la cour de France de ce temps-là. […] Le 17 mai 1757, il vit pour la première fois les postes avancés ; il entendit siffler les premières balles : « J’étais heureux comme un roi. » Son impatience s’accommode assez peu en tout temps de la lenteur méthodique du maréchal Daun ; on chante, après chaque succès, des Te Deum qui font perdre le temps. […] La paix faite et après quelques années, il y reparut souvent, il y vécut et fut quelque temps avant d’y être apprécié comme il devait. […] Il ne lui a peut-être manqué, pour marquer hautement sa place de ce côté, qu’un commandement en chef donné à temps ; car, sans parler de l’intrépidité sur le champ de bataille, il avait le coup d’œil. […] Tout ce qui, à Belœil, était grand, régulier, dans le genre de Le Nôtre, venait du père du prince : lui, il s’occupa d’y jeter le varié et l’imprévu ; il ne lui manqua que plus de temps pour achever son œuvre, son poème.
Les vers furent de tout temps plus à son usage que la prose. […] La vogue des Messéniennes devait porter naturellement le jeune auteur vers d’autres applaudissements : Casimir Delavigne y avait de tout temps songé. […] Toutes les opinions s’inclinaient devant son talent ; il échangeait vers ce temps avec le plus célèbre poëte de l’autre parti (il y avait encore des partis en ce temps-là), avec M. de Lamartine, des félicitations poétiques, pleines de bon goût, de bonne grâce, et dignes de tous deux. […] presque tout entiers de mémoire avant de les écrire, il avait besoin de temps, de recueillement. […] Casimir Delavigne resta et voulut rester homme de lettres : c’est une singularité piquante en ce temps-ci, un trait de caractère bien digne d’être étudié.
Mme Suard, qui lui avait voulu du bien dans un temps, a dit de lui : « Il avait une belle tête et d’une expression aimable ; mais sa taille était petite et sans aucune élégance. » Certaine inégalité d’épaule semblait même indiquer une vague intention première de la nature de pousser plus loin l’irrégularité ; mais cette velléité primitive s’était arrêtée à temps. […] Dans son bon temps, durant les premières années de cet enseignement alors tout nouveau, et avant que la déclamation politique s’y fût mêlée, il exerçait sur son auditoire une action puissante et même un charme. […] Il eut dans son temps des succès ou des demi-succès mérités. […] Elle était entière du temps de La Harpe, et nul n’a plus que lui contribué à l’environner de raisons justes et lumineuses. […] Il semblait que l’expérience ne lui eût pas appris « que ce qui nous a paru vrai dans un temps, peut ensuite nous sembler faux dans un autre15 ».
Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. […] Cela n’empêcha point que, dans des panégyriques de son temps, et même après sa mort, il n’ait été appelé le grand Henri III. […] On a remarqué que le temps des grands crimes est presque toujours celui des grandes vertus. […] La nation en l’admirant, aimait à se persuader qu’on peut mêler la galanterie à la grandeur et que le caractère d’un Français fut en tout temps d’allier la valeur et les plaisirs. […] Un conseiller au parlement de Paris, vingt ans après, lui fit élever un mausolée de marbre, orné d’inscriptions, avec une très belle statue, faite par le meilleur artiste du temps.
Les Bas-bleus (Blue stockings), ainsi nommés, à Londres, du temps de Pope, pour dire des femmes qui, de préoccupation intellectuelle, en étaient arrivées à ne plus faire leur toilette et qui portaient des bas comme tous les cuistres d’Angleterre, sont restés imperturbablement ce qu’ils étaient, du temps de Pope. […] Rudement mais nettement posé par la Révolution française, et toujours frémissant dans les limites entre lesquelles Napoléon, qui savait l’indomptabilité du monstre, l’enferma, le principe de l’Égalité sautera, dans un temps donné, ses barrières. […] Les idées répandues dans ses livres ou qui en découlent, ne continuent pas moins de s’infiltrer dans tous les esprits ; et comme l’huile, dont le temps grandit toujours la tâche, à envahir de plus en plus nos mœurs. […] Mais en attendant les éblouissantes acquisitions des temps futurs, le bas-bleu médiocre, vaniteux et impudent, fleurit et s’étale, comme jamais il n’avait fleuri, comme il ne s’était jamais étalé ! […] En effet le genre d’influence que la femme exerçait en France et en Europe, aux temps chevaleresques de leur double histoire, n’est plus, et toute trace en est effacée ; mais elle a été remplacée par une autre, moins généreuse et plus grossière, — et cette autre espèce d’influence tend à devenir un empire, — le Bas-Empire d’un temps où les Monarchies ne tombent plus en quenouille, mais les Mœurs, — si on peut dire de quelque chose « tomber en quenouille » alors que les femmes n’en veulent plus !
Quand on veut faire joüer un rolle important à l’amour, il faut du moins qu’il soit né depuis un tems, qu’il ait eu le loisir de s’enraciner dans un coeur, et même qu’il ait eu de l’esperance. […] Un autre inconvenient, ajoute l’anglois, qui vient de la mauvaise mode de mettre de l’amour par tout ; c’est que les poëtes françois font amoureux à leur mode des princes âgez et des heros qui, dans tous les tems, ont eu une reputation de fermeté qui nous les répresente d’un caractere bien opposé à celui qu’ils leur prêtent. […] Suivant notre auteur la nation françoise a beaucoup de pente vers l’affectation, et dans les tems où elle cessoit d’être grossiere sans être encore polie, elle a voulu montrer plus de gentillesse qu’elle n’en avoit. […] C’est assez parler de ces caprices qui feroient prendre les françois, les espagnols et quelques autres nations pour des peuples de fols par les grecs du tems d’Alexandre et par les romains du tems d’Auguste, si, pour me servir de l’expression tant usitée, les uns et les autres pouvoient revenir au monde. […] Il n’en est pas de même des peintures de l’amour qui sont dans les écrits des anciens : elles touchent tous les peuples ; elles ont touché tous les siecles, parce que le vrai fait son effet dans tous les tems et dans tous les païs.
Je donnerai ici une partie de la réponse que j’ai faite dans L’Athenaeum du 29 décembre 1855 : Il m’en coûte de ne voir dans le fils de M. d’Argenson qu’un éditeur critiqué et mécontent, qui vient faire l’apologie d’une édition dont je n’ai relevé les défauts qu’incidemment, qui pouvait être suffisante pour le temps où elle parut, mais qui ne remplit aucune des conditions d’exactitude exigées aujourd’hui dans ces sortes de travaux. […] Je vis avec de bonnes gens en les lisant ; dès que ce sont des romans de mœurs, les auteurs y peignent les mœurs de leur temps, et non celles du temps où vivait le héros. […] J’aime beaucoup ce temps-là, j’aurais voulu y vivre ; j’aime les alcôves et les balustrades ; je recherche les dessins de Berain et de Melian. […] J’aime ces auteurs qui me décrivent les usages de leur temps, peu soucieux, il est vrai, du temps où vécut leur héros. […] Or je maintiens que le marquis d’Argenson, philosophe et citoyen, philanthrope en son temps, s’occupant des intérêts du genre humain, et qui écrivait tous les matins ses idées pour qu’elles ne fussent point perdues, appartient à quiconque sait le lire, le comprendre et le peindre ; et si un éditeur de sa famille vient après un siècle nous l’arranger, nous l’affaiblir, lui ôter son originalité et l’éteindre, je lui dirai hardiment : « Laissez-nous notre d’Argenson. »
On a dit, dans le temps, que ce portrait n’était pas de nature à plaire à la maison de Bouillon. […] Elles s’étalaient presque ouvertement du temps de Bussy. […] En 1673, le roi lui permit de venir passer quelque temps à Paris pour ses affaires. […] Il avait été nommé de l’Académie française à temps, un mois juste avant sa disgrâce et sa prison (mars 1665). […] [NdA] Cependant, c’est-à-dire pendant ce temps-là.
De même la tendance démocratique des temps modernes est un fait manifeste ; mais est-elle légitime ? […] Avec du temps, des lumières, de l’expérience, on peut réussir à combattre, peut-être même à guérir ce grand mal et cette déplorable tendance. […] C’est là, il faut le dire, la plus grande victoire des temps modernes : « Nous sommes ici, vous et moi, disait naguère M. […] Les sociétés humaines, comme tous les objets de la nature, sont des phénomènes très-complexes, qui ne peuvent être la plupart du temps devinés à priori. […] C’est ce qui a lieu surtout dans les temps modernes.
On peut dire de lui qu’il jouait franc jeu tous les jeux de son temps, et, naissance à part, tous ces beaux seigneurs avec qui il vivait l’eussent avoué pour un des leurs. […] Et, à votre avis, l’aimeront-ils ou l’estimeront-ils moins, à cause que de son temps les rentes sur l’hôtel de ville se seront payées un peu plus tard, ou que l’on aura mis quelques nouveaux officiers dans la chambre des comptes ? […] Il mourut l’année suivante (1648), à cinquante ans ; il disparut à temps avant la Fronde : « Ce fut son dernier trait d’esprit », M. […] On a comparé Voiture, et de son temps et depuis, à bien des écrivains et des poètes célèbres, à Horace, à Catulle, à Lucien, à Voltaire, à Delille, à d’autres encore. […] Nos passions et nos désirs taillent en nous, selon le temps et l’occurrence, plus d’une figure et d’un personnage.
Peu de temps avant sa mort, M. […] Després ; mais, peu de temps après, étant menacé d’une vente forcée de tout son mobilier, M. […] Mais passons aux temps modernes, et hâtons-nous d’arriver à l’époque la plus mémorable de notre gloire dramatique, à l’apparition de Molière. Son théâtre n’est-il pas le tableau le plus parfait des mœurs de son temps ? […] Histoire, chronique, inscriptions, médailles, tout s’est abîmé dans la nuit des temps, et les comédies seules ont survécu à cette destruction universelle.
Ernest Hello, à chacune de ses publications, a été signalé et salué par moi comme un de ces esprits qui, dans un temps donné, — hélas, toujours trop long ! […] pendant combien de temps ? […] triste temps ! temps désespérant et désespéré que celui où l’esprit humain, qui se croit entier, a fini par se mutiler de sa propre main et s’est émasculé de la plus grande de ses facultés, — la faculté religieuse. […] Hello tout seul, que le peu de souci pris de ses œuvres par l’impiété du temps où il vit.
Tels furent les plus forts de ce temps ! […] parmi les autres décadences du temps, il n’était point une décadence. […] Thiers n’a pas mieux vu dans notre temps, au xixe siècle, ce que Champagny n’a pas vu au siècle d’Auguste. […] Si cela est, le poignard de Brutus atteignit plus loin que le cœur d’un grand homme, il atteignit les temps qui n’étaient pas encore, et Rome elle-même. […] C’était elle qui donnait une unité si grande à ce peuple que, dans les premiers temps de la République, il gouvernait les États d’Italie même avant de les avoir conquis.
Cousin, — l’influence de ces systèmes allemands, Barbares de la pensée civilisée et savante, contre lesquels il n’y a plus maintenant que le catholicisme pour refuge, comme il n’y avait non plus que le catholicisme, du temps des Barbares matériels ! […] Mais si M. de Rémusat a eu raison d’écrire l’histoire du temps de S. […] Anselme vivait dans un temps où le catholicisme n’était plus seulement un ensemble de nobles et pieuses aspirations vers le bien et vers le ciel. […] Du temps d’Anselme également, les Croisades avaient opéré le rapprochement des tendances religieuses de l’Europe et de son premier intérêt terrestre. […] Au fond l’intelligence profonde de la double grandeur du temps et de l’homme lui échappe.
il est un torrent plus entraînant et plus turbulent que tous les torrents romantiques, qui tombent des Alpes et qui traversent les œuvres complètes de Chateaubriand : c’est celui de la publicité, tour à tour dévorante et dévorée, de notre temps. […] En vérité, on le croirait quand on lit les poésies du xvie et qu’on les compare aux poésies de notre temps. […] Roger de Beauvoir, qui est de ce temps, qui a le malheur peut-être d’être trop littéraire pour un poète, M. […] Elle se dissoudra au souffle du temps. […] Auguste Barbier, lesquels firent palpiter, dans le temps, tous les grossiers instincts de nos âmes que nous prenions pour de la force ?
En ce temps-là, la satire domine ; elle se glisse partout et devient virulente. […] Il y avait en ce temps-la une douane littéraire. […] On demandait en ce temps-là à Sièyes « à quoi il pensait ». […] On a mieux à faire que du purisme en temps de révolution. […] C’est en ce temps-là que le socialisme reçoit son nom de baptême.
La notion de longueur en espace est construite à l’aide de la notion de longueur en temps. Les anciens croyaient qu’Uranus ou l’espace infini était le père de Saturne ou du temps ; l’école anglaise, au contraire, croit que le Temps est le père de l’Espace. […] L’espace est l’ensemble des directions, comme le temps est celui des successions. […] La sensibilité perçoit donc la direction dans l’espace plus facilement qu’elle ne perçoit l’ordre dans le temps. […] Tous les rapports d’étendue se résoudraient, au fond, en rapports d’activités coexistantes clans le temps.
Bossuet, lui, embrasse dans son cadre tout l’univers ancien, connu de son temps, et selon la science de son époque. […] On n’y a que la succession des temps et la concordance des faits, rien de plus. […] pourquoi toute l’éloquence semble-t-elle s’être rassemblée vers le temps et aux alentours de Cicéron, toute la poésie au siècle d’Auguste ? […] Il n’est point de ces voyageurs qui, allant de Paris à Jérusalem, s’oublient et passent le meilleur de leur temps à Sparte ou à Athènes. […] Il était temps : la tradition orale était devenue insuffisante ; le désordre était partout.
Quel est, quel peut être le rôle de l’Académie dans notre temps ? […] Des coteries, de tout temps il y en a eu au sein de l’Académie. […] On est bien loin de ce temps-là. […] Je conçois que l’Académie mette du temps et grande réserve à trier. […] L’abbé Émery y avait bien la louange qu’on lui donnait en ce temps-là.
Des temps où fleurissent les moralistes. — De la société française au dix-septième siècle. — § II. […] Des temps où fleurissent les moralistes — De la société française au dix-septième siècle. […] Moraliser a été presque de tout temps un tour d’esprit propre à notre pays. […] Le temps était mûr pour l’art des moralistes. […] La déclaration de La Rochefoucauld n’est pas une précaution mondaine dans un temps de dévotion : les Maximes parurent en 1665, près de vingt ans avant le mariage secret de Mme de Maintenon et le temps des réserves dévotes.
La premiere, c’est que de tout temps certaines plantes ont atteint une plus grande perfection dans une contrée que dans une autre, et que dans le même païs les arbres et les plantes n’y donnent pas toutes les années des fruits également bons. […] Est-ce d’aujourd’hui que les peres et les meres choïent trop leurs enfans, et les enfans de toute condition n’étoient-ils pas élevez par leurs parens dans les tems dont je parle, ainsi que le sont ceux d’aujourd’hui ? […] Qu’on entre en certains temps dans le détail de cent familles, et l’on en trouvera quatre-vingt où le fils sera d’une stature moins élevée que celle de son pere. La race des hommes deviendroit une race de pigmées s’il ne succedoit point à ces temps de décadence, des temps où la stature des corps se releve. […] On a vû des temps où l’on tiroit facilement les principaux d’une nation de leurs foïers.
Havet, un des maîtres accomplis, un des esprits les plus nets et les plus fermes de ce temps, a eu et a gardé sur lui une grande influence. […] On compte le temps d’une autre manière qu’auparavant. […] Les autres bonheurs passent vite ; les moins fugitifs s’usent avec le temps et se déflorent par l’habitude. […] Il fut un temps où la Notice de Suard sur La Rochefoucauld était le chef-d’œuvre et le nec ultra du genre. […] Voir dans le journal le Temps, du 5 juin 4864, un article signé Horace de Lagardie, sur le livre de M.
Joubert de son vivant n’a jamais écrit d’ouvrage, ou du moins rien achevé : « Pas encore, disait-il quand on le pressait de produire, pas encore, il me faut une longue paix. » La paix était venue, ce semble, et alors il disait : « Le Ciel n’avait donné de la force à mon esprit que pour un temps, et le temps est passé. » Ainsi, pour lui, pas de milieu : il n’était pas temps encore, ou il n’était déjà plus temps. […] Sérieusement, la plaie littéraire de ce temps, la ruine de l’ancien bon goût (en attendant le nouveau), c’est que tout le monde écrit et a la prétention d’écrire autant et mieux que personne. […] Le temps permet aux gens de bien de vivre partout où ils veulent. […] J’en connais, je crois, encore un ou deux, mais je n’ai pas le temps de m’en souvenir. […] « Nous vivons dans un temps malade ; il le voit.
C’est un caractère à peu près universel pour la littérature du temps d’être nourrie du suc de la littérature antique, sans en être étouffée ni alourdie. […] Il y a sans doute quelques exceptions à ce dédain des écrivains du temps, soit pour la littérature des pays voisins, soit pour celle de la vieille France. […] Les hommes de ce temps-là essaient de donner aux formes du moment une éternelle fixité. […] Ce qui s’observe ensuite dans la littérature du temps, c’est un caractère aristocratique et mondain. […] Ainsi protestent quelques indépendants (toujours les mêmes) ; mais le reste des écrivains du temps acceptent et reflètent la philosophie régnante.
C’est le suffrage universel qui fait les langues, même du temps où la Cour paraît être tout. […] Vaugelas a fréquemment de ces horoscopes de mots, et la plupart du temps il devine juste. […] On aime à bien dire, argute loqui, comme du temps des Gaulois. […] Cependant, il ne faudrait pas non plus se le dissimuler, les temps ont changé et changent de plus en plus chaque jour. […] C’est cet homme du métier, — ce groupe et ce noyau de gens du métier, — qui a trop manqué depuis quelque temps à l’Académie française.
Quelque temps après cette confiscation de leurs livres, les deux amis se brouillèrent. […] Dans un temps où tout le monde se hâtait de confisquer au profit de la théologie cette raison à peine renouvelée et agrandie par la Renaissance, Rabelais la tint comme suspendue et voltigeante au-dessus de tous les débats. […] La vérité philosophique, la vérité de tous les temps et de tous les lieux, celle à laquelle toutes les sociétés humaines se reconnaissent, cette vérité qui n’a de sanction que dans l’expérience, voilà la nourriture habituelle de Rabelais. […] Rabelais, regardant les hommes de son temps, a pénétré jusqu’à l’homme de tous les temps, et le plus souvent les contemporains ne sont que l’occasion ou l’assaisonnement de leçons faites au genre humain. […] C’est en premier lieu cette partie immonde de ses œuvres, que ne justifie même pas ce qui restait de grossièreté dans les mœurs de ce temps-là.
Thucydide est un historien qui a jeté sur les événements de son temps le regard clair d’un fils de Minerve aux yeux pers. […] L’avenir se moque très bien de ceux qui le prédisent, mais il n’en est pas moins vrai que le génie grec est cette raison avec laquelle les têtes païennes de ce temps, qui rabâchent le mot de Socrate, prétendent expliquer l’univers. […] Pour lui comme pour nous, Thucydide est un Grec très digne du temps de Périclès, mais, pour nous, c’est justement parce qu’il est un Grec de ce temps-là qu’il n’est pas le plus grand des historiens, — même de la Grèce, car dans la Grèce il faut distinguer les époques et les races. Il est de la Grèce harangueuse, disputeuse et civilisée, qui doutait au lieu d’affirmer, tandis qu’Hérodote, par exemple, le religieux et majestueux Hérodote, étant d’un temps et d’une race qui savaient affirmer, est par cela seul plus grand que lui ! À le bien prendre, ce grec d’Athènes ne fut qu’un artiste comme on l’était à Athènes du temps de Périclès et de Phidias.
Forcément attaché à l’ordre des temps, Lavallée nous dessine aujourd’hui le profil virginal et charmant. […] Cette institution de Saint-Cyr, étudiée comme il nous la montre, exprime mieux la société de ce temps que toutes les autres institutions. […] — car on les trouve pêle-mêle dans les Mémoires du temps, léchés par la flamme de la Passion ou gravés sous les acides du Vice ; — mais, au contraire, la femme qui fait les mœurs et dont rien ne reste quand les mœurs d’un siècle ne sont plus : la femme générale, le type de toutes les autres femmes à une certaine hauteur de société. […] Cette grande Rêveuse que chacun de nous a dans l’esprit, cette Sultane favorite de nos facultés, l’imagination, préférera toujours aux lignes géométriques d’un camp les arabesques infinies d’une société, à moitié effacées sous le pied du Temps, et, à cause de cela, plus mystérieuses. […] Madame de Maintenon, « cette vieille fée », comme dit Saint-Simon, « cette intrigante », comme l’ont écrit tant de plumes d’oie avec une insultante superficialité, madame de Maintenon est, en réalité, l’une des femmes les plus incontestablement supérieures de son temps et de tous les temps.
Vauvenargues est un esprit distingué, réfléchi, délicat, plus élevé certainement que les hommes de son temps, parce qu’il vécut à l’écart d’eux ; mais entre ces qualités et celles que lui donnait Voltaire, il y avait l’imagination et le caprice de cet esprit de vif-argent et de feu grégeois. […] Mais il mourut jeune, à temps, avec la beauté d’une espérance que la mort a trompée, mais que la vie n’a pas trahie. […] Sans la maladie, sans la douleur qui lui a donné le peu de fil et de mordant qu’on trouve dans ses œuvres, il aurait été, comme tous les humanitaires de son temps, un badaud, un optimiste, un philanthrope, un niais d’esprit, et sans la mort prématurée qui le fait vivre, il serait mort, sur pied, de son vivant ! […] Nous avons parlé des miasmes du temps qui l’atteignirent. […] Le premier, c’est qu’il resta marquis de Vauvenargues, malgré sa pente vers les idées et les innovations de son temps ; et le second, qu’il eut les jambes gelées dans la campagne de Bohême pour le service de la France et du Roi.
Vauvenargues est un esprit distingué, réfléchi, délicat, plus élevé certainement que les hommes de son temps, parce qu’il vécut à l’écart d’eux, mais entre ces qualités et celles que lui donnait Voltaire, il y avait l’imagination et le caprice de cet esprit de vif-argent et de feu grégeois. […] Mais il mourût jeune, à temps, avec la beauté d’une espérance que la mort a trompée, mais que la vie n’a pas trahie. […] Nous avons parlé des miasmes du temps qui l’atteignirent. […] Vauvenargues, avec sa Méditation sur la foi, et les autres passages de ses écrits, que Voltaire appelait des « capucinades », en se priant de les excuser, est un sceptique du dix-neuvième siècle qui a devancé le temps où il aurait dû vivre. […] Le premier, c’est qu’il resta marquis de Vauvenargues, malgré sa pente vers les idées et les innovations de son temps ; et le second, qu’il eut les jambes gelées dans la campagne de Bohême pour le service de la France et du Roi.
… Qui pense à Milton, à cette heure, dans ce monde moderne, attelé aux plus âpres besognes, qui n’est ni religieux, ni poétique, — tout ce que fut Milton, — et qui, tas de fourmis en travail, passe au pied de la statue des plus grands hommes sans avoir même le temps de la regarder ? […] Edmond de Guerle déclare avoir peu de goût pour les théories avec lesquelles on explique présentement les grands hommes, en les diminuant ; car tout est jaloux dans un temps envieux, même les théories. […] Quand il arrivera à l’examen du Paradis perdu, il ne mettra pas, bon gré mal gré et de force, et en faussant tout autour de soi pour l’expliquer, toute l’Angleterre politique et sociale du temps de Milton dans ce poème, qui n’eut d’autre source que la Bible, entrée dans la tête d’un grand poète. […] On lui apprit huit langues et toutes les sciences du temps, même l’astronomie. […] Les passions de son temps l’avaient pris et pénétré.
Depuis peu de temps la grâce avait introduit dans les ouvrages des artistes ces formes douces et arrondies, et cette expression de la nature, qui plaît dès qu’on peut la connaître. […] C’est dans le temps que les grands hommes sont le plus communs, dit Tacite7, que l’on rend aussi le plus de justice à leur gloire. […] Cicéron, dans le second livre de l’Orateur, nous apprend que de son temps on avait un grand nombre d’ouvrages grecs qui contenaient les éloges de Thémistocle, d’Aristide, d’Épaminondas, de Philippe et d’Alexandre. […] Il attaqua comme La Bruyère les vices et les ridicules de son temps ; mais moins fort et moins ardent que lui, ayant plutôt cette fleur d’esprit qu’eut dans la suite Fontenelle, avec plus de hardiesse et de saillie dans le caractère, il mêla partout la philosophie à la légèreté, et la satire à la grâce. […] La première moitié a cet agrément qui caractérise presque tous les ouvrages de Lucien ; la dernière est pleine de grandeur ; elle est digne des plus beaux temps de la Grèce.
Correspondances de temps et d’espace, de subjectivité et d’objectivité, de geste et d’attitude. […] Mais la Poésie n’est pas que l’espace, elle est aussi le temps ; elle n’est pas l’image seule mais encore la musique, et le mouvement lui appartient au moins autant que la stabilité. […] Désormais complétée elle s’est découverte elle-même en son double mode, comme chez les lyriques grecs, art musique et art plastique, selon le temps et selon l’espace. […] Elle est, comme la Poésie, dans le temps par la musique apparente qu’elle développe, dans l’espace par la couleur et l’attitude, dans le temps et l’espace à la fois par le geste — le geste, moment de la durée et moment de l’étendue qui y symbolise l’action. […] Mais il a respiré aussi l’air des temps nouveaux.
On en a de lui dès ce temps-là. […] Le Génie est le dieu des âges : Lui seul embrasse tous les temps. […] Cette pièce de vers de Le Brun dégoûta dans le temps par l’indécence de l’adulation. […] On se serait cru revenu aux beaux jours de la petite guerre d’épigrammes entre Scarron et Gilles Boileau, et c’était le temps d’Austerlitz ! […] « Je ne meurs pas, disait-il, je sors du temps ».
Et elle vient à temps ! […] Il ne suffisait pas que, par ce temps de République qui fait revenir les exilés, on délivrât de captivité Saint-Simon, qu’on ne craignait plus, comme on a délivré Blanqui, que l’on craint peut-être toujours ! […] Écoutez sa voix majestueuse et toute-puissante qui retentit et fait tout taire, dès les premières lignes de ce Mémoire, qui se trouve involontairement un livre sublime : « De tout temps — dit-il — il y a eu des bâtards, parce que de tout temps la nature humaine est corrompue. […] « De tout temps (continue-t-il encore), de tout temps il y a eu des bâtards, et de tout temps aussi des lois qui les anéantissent. […] Cette histoire de choses mortes qui donne une si grande idée du temps où elles étaient vivantes, n’est à présent qu’un vain document sur un temps qui n’est plus.
Il fut un temps où il paraissait de bon goût de railler l’auteur de Clovis et d’Arbogaste. Ce temps est passé. […] Viennet est le poète du temps le plus agréable à l’Institut assemblé. […] Viennet n’en reconnaît guère que huit avant ce temps-ci, avant l’invasion des novateurs. […] De tout temps il s’est plu à étudier la puissance des papes, à en méditer la naissance, l’accroissement, à en signaler les excès.
Ô temps ! […] Avis à ces réalistes que nous adorons depuis quelque temps ! […] Plusieurs de nos parents, ainsi rapatriés par des lois complaisantes, venaient de temps en temps nous demander l’hospitalité. […] n’est plus temps : s’allanguissent tes esles ! […] Contre le temps, eh !
Caractère de Montaigne ; sa vie ; son temps. — § V. […] Que fallait-il au temps d’Amyot ? […] C’est l’effet du temps où vivait Montaigne. […] Je vous responds en mer, où j’ay voulu courre une bordée par le doux temps. […] C’était le temps des fausses paix de religion.
Quoi qu’il en soit, Saint-Évremond, averti à temps du danger, quitta la France, se réfugia en Hollande, puis en Angleterre, alterna quelque temps entre les deux pays, opta finalement pour Londres, et ne revint jamais. […] Il entretint de tout temps quelque commerce de lettres avec la France. […] Son idéal pourtant à lui, c’était le temps de la régence d’Anne d’Autriche, avant la Fronde, de 1643 à 1648 : il a chanté cet heureux temps dans ses stances les plus passables : J’ai vu le temps de la bonne Régence… Sa pièce la plus jolie et la plus citée est la Conversation du Père Canaye et du maréchal d’Hocquincourt. […] On voit, parla, quelles étaient les habitudes de la société de ce temps. […] Le piquant, c’est qu’il a Shakspeare sous sa main, à deux pas, et que ni lui ni les beaux esprits du temps de Charles II ne paraissent s’en douter.
André Chénier va nous personnifier en lui une autre manière d’être et de se comporter en temps de révolution, une manière de sentir plus active, plus passionnée, plus dévouée et plus prodigue d’elle-même, une manière moins philosophique sans doute, mais plus héroïque. […] La forte impulsion donnée à une si pesante masse la fait vaciller quelque temps avant de pouvoir prendre son assiette. […] Ce n’est pas le temps de se taire… Élevons tous ensemble une forte clameur d’indignation et de vérité. […] Dans ces temps de violence, ils osèrent parler de justice ; dans ces temps de démence, ils osèrent examiner ; dans ces temps de la plus abjecte hypocrisie, ils ne feignirent point d’être des scélérats pour acheter leur repos aux dépens de l’innocence opprimée ; ils ne cachèrent point leur haine à des bourreaux qui, pour payer leurs amis et punir leurs ennemis, n’épargnaient rien, car il ne leur en coûtait que des crimes ; et un nommé A. […] C’était (car le temps permet aujourd’hui de soulever le voile), c’était Mme Laurent Le Coulteux, née Pourrat, sœur de Mme Hocquard, et qui habitait alors à Luciennes.
La liaison épique qu’on y a vue et admirée depuis daterait de ce temps-là seulement. […] Il se passa là ce qui s’est vu souvent : nos hommes instruits, nos professeurs du temps de l’Empire, de la Restauration, nos académiciens même étaient à peine informés de ces doctes débats. […] Ayant moi-même autrefois éprouvé pareille impression à plus d’une lecture d’Homère et dans un temps où j’avais loisir de vaquer à ces nobles études, que je n’ai pu, hélas ! […] Il y eut donc un temps, on peut le concevoir, où la récitation, se trouvant être le seul mode de publication, était merveilleuse de durée, d’étendue et de fidélité, et il n’est pas invraisemblable d’admettre qu’il a pu exister, dès ce temps-là, de longs poëmes qui se sont transmis et conservés. […] Grote le reconnaît ; il se refuse néanmoins à croire que ce n’ait été que du temps de Pisistrate, et grâce à une sorte de Commission déjà littéraire et grammaticale, que l’architecture de l’Iliade, telle que nous la possédons, ait été trouvée.
La débauche alors était tout aussi monstrueuse qu’elle avait été au temps des mignons, ou qu’elle fut plus tard au temps des roués ; mais ce qui rapproche cette époque du seizième siècle et la distingue du dix-huitième, c’est surtout l’assassinat, l’empoisonnement, ces habitudes italiennes dues aux Médicis ; c’est la fureur insensée des duels, héritage des guerres civiles. […] Cela est faux ; le temps de Voiture et de Balzac était déjà loin. […] Nous regretterons seulement qu’en cette occasion le cœur de Mme de Sévigné ne se soit pas davantage élevé au-dessus des préjugés de son temps. […] On a fort écrit dans ces derniers temps sur l’hôtel de Rambouillet : on en pourrait noter depuis Rœderer quatre ou cinq petites histoires ou notices diverses. […] « La joie de l’esprit en marque la force, » écrivait en ce temps Ninon à Saint-Évremond.
C’était dans ce temps-là la mode du burlesque, dont Scarron avait donné le signal. […] Il aidait de tout son pouvoir à l’organisation de l’Académie des sciences qui se fit vers ce temps, et dans laquelle son frère entra l’un des premiers. […] Il faut que Colbert subvienne à cet extraordinaire de dépenses ; son humeur change : Nous remarquions, que jusqu’à ce temps, quand M. […] Daunou) ; je ne vois rien dans cette activité de Perrault qui sente le corrupteur ; je ne vois pas plus en lui le courtisan qu’en bien d’autres de ce temps-là, qu’en Racine et en Boileau même. […] Ceux qui ont assisté, il y a vingt-cinq ans, aux querelles romantiques de ce temps-ci, et qui s’en souviennent encore, souriront de voir Boileau accusé d’enjambements et de mauvaises césures.
Il sut conserver au milieu des écueils de cette vie universitaire sa fleur de pureté et de chasteté, se livrant dès ce temps-là à des méditations et à des préparations intérieures pour avancer dans la poursuite de la piété et de la vertu. […] Ce fut lui qui disposa par ses soins un des plus illustres guerriers du temps, le connétable de Lesdiguières, à se convertir, comme plus tard Bossuet disposera Turenne. […] Il y avait alors, comme de tout temps, et plus qu’en aucun temps, des esprits qui aimaient à se poser des questions épineuses pour s’y blesser et s’y courroucer. […] Voilà la vraie grâce de l’écrivain chez saint François de Sales ; il n’y aurait, ce semble, qu’à arrêter sa plume à temps pour que ce fût parfait. […] On a des portraits de saint François de Sales, mais aucun n’a pu rendre cette circonstance singulière de teint et de transparence, et dans le temps on disait, en effet, qu’il n’y avait pas de bon portrait de lui.
Cette vive proclamation : « Le temps est proche 785 ! […] Si son unique pensée eût été que la fin des temps était proche et qu’il fallait s’y préparer, il n’eût pas dépassé Jean-Baptiste. […] En acceptant les utopies de son temps et de sa race, Jésus sut ainsi en faire de hautes vérités, grâce à de féconds malentendus. […] La société n’étant plus sûre de son existence, en contracta une sorte de tremblement et ces habitudes de basse humilité, qui rendent le moyen âge si inférieur aux temps antiques et aux temps modernes 816. […] Luc écrivait quelque temps après ce siège (XXI, 9,20, 24).
L’Occident étoit barbare du tems d’Aristote. L’éloquence véritable commença à se montrer dans Rome du tems des Gracques, & ne fut perfectionnée que du tems de Cicéron. […] Voilà peut-être le seul fruit qu’on peut tirer de la connoissance de ces tems reculés. […] On a distingué les tems en fabuleux & historiques. Mais les tems historiques auroient dû être distingués eux-mêmes en vérités & en fables.
En mesure avec le temps et avec lui-même, il avait, calme comme un homme qui a la sécurité d’avoir été, ses facultés données, tout ce qu’il peut être dans son art, attendu le moment favorable où il devait le mieux se produire. […] Les premiers recueils romantiques virent de ses vers, et on les distinguait déjà parmi ceux qui avaient le plus de cette verve impatiente et tourmentée, laquelle a marqué les œuvres de ce temps convulsif. […] Il n’avait pas seulement, comme tous les romantiques du temps, fait ses humanités dans Shakespeare et bu dans la coupe Tête de mort où lord Byron avait laissé le sang de ses lèvres pour sa peine d’avoir osé jouer avec la douleur ! […] Lefèvre-Deumier, par le fait du temps, de l’étude, de tous les apaisements de la vie, est devenu plus artiste, plus correct, plus savant de langage, que quand il vomissait son cœur dans les vers de ses Confidences. […] Vous ne comprenez pas ces morts de tous les temps, Tenant tous à la fois dans un seul de vos champs ; Ces assises du globe, où, poussière à poussière, L’Éternel pèsera la terre tout entière !
Son âme sensible eut de tout temps des arriérés de tendresse dont il ne sut que faire. […] … Mais ne devançons pas les temps. […] Après elle, et quand elle lui manqua, il erra quelque temps comme une âme en peine avant de savoir où se fixer. […] Il faut savoir prendre le temps comme il vient. […] Je suis arrivé à temps ; mais quelle arrivée !
On y rencontre de tems en tems de belles pensées, de solides réfléxions, & des descriptions fort vives. […] A cela près, il mérite la préférence, & il l’auroit eue dans son tems, si Mr. […] Ils étoient bons pour leur tems, mais ils ne valent plus rien du tout pour le nôtre. […] L’éditeur écrivoit bien pour son tems. […] C’est ce qu’on a de plus exact & de plus curieux sur ces tems mêmorables.
* * * — Mauvais temps pour nous que ces temps. […] Le Roi était simplement la religion populaire de ce temps-là, comme la Patrie est la religion nationale de ce temps-ci. […] Il n’a plus la notion du mois, des jours, des heures, du temps. […] Cela me reporte à du vieux temps. […] La blague, toujours la blague dans ce temps-ci.
Il est temps de conclure. […] Temps total : six heures. […] Temps total : pas même vingt-quatre heures. […] Temps total : trente-six heures. […] Le temps minimum est de quatre heures, le temps maximum de quatre jours.
Si le lieu est unique, on déroule tout simplement les faits selon l’ordre des temps : chacun a sa place fixée par sa date. S’il n’y a pas succession de temps, mais dispersion dans l’espace, on va d’un lieu à l’autre, sans s’embarrasser de rien. […] Ce n’est pas ainsi qu’il faut procéder : l’ordre des temps, la division des lieux doivent être un secours et non une tyrannie pour l’écrivain. […] C’est ce que Cicéron compare au soin qu’un homme de bon goût prend pour placer de bons tableaux dans un jour avantageux. » On combinera donc les événements moins selon leur place sensible dans le temps et dans l’espace que selon leur liaison intime. […] Tout ce qui ne commence pas, ne se développe pas, ne s’achève pas dans les limites d’une année, ne laisse qu’une impression confuse, à moins que par un travail qui veut du temps et de la patience on ne rejoigne les tronçons épars de l’événement démembré par la chronologie.
Le National du temps, qui n’aimait pas la police et prenait des airs avec elle, l’arrêta un jour en flagrant délit de vol, comme un simple sergent de ville littéraire. […] L’éditeur, qui brouillait en lui les temps comme il brouillait les sexes, a pu mêler à ces Souvenirs, recueillis dans des chiffonnières dont il avait volé ou emprunté la clef, les langages et les passions d’une autre époque. […] C’est un visage inattendu, quand on pense au temps où elle écrivait et surtout au temps où elle avait été jeune, — une physionomie qui tranche sur celles du xviiie siècle, toutes agitées, toutes molles et violentes, comme il convient à une société qui laissait évaporer ses mauvaises mœurs et couvait une révolution. […] De là elle contempla son temps plus que pâle et elle en jugea les hommes plus que petits. […] Atticisme, poésie, loisir, loisir surtout, presque bafoué dans nos sociétés ouvrières, toutes ces choses qui produisent des esprits comme cette marquise de Créqui, par exemple, disparaîtront, dans un temps plus prochain qu’on ne le croit, pour ne plus revenir.
Armand Pommier est d’un intérêt très-passionné, et même très-haletant, tout le temps que, le livre dure, mais on se repent presque de l’avoir éprouvé à la fin, parce que cet intérêt n’est nullement justifié par la grandeur du résultat qu’on attendait. […] C’est ce que Balzac, le plus grand romancier de notre temps et de tous les temps, sans exception, avait compris. […] Pommier, qui ne fait pas du tout du fantastique pour du fantastique, a prétendu nous intéresser, et, comme je l’ai dit, il nous y intéresse tout le temps qu’il ne peint que par dehors l’épouvantable créature, et que nous croyons qu’il y aura un défaut de cuirasse humaine dans cette organisation de l’enfer. […] J’ai cité Shakespeare, et je disais quel parti ce foudroyant intuitif avait su tirer dans Macbeth du phénomène somnambulique, de ce phénomène obscur encore aujourd’hui, et qui de son temps l’était bien davantage. […] … Beaucoup d’entre eux, en proie aux préoccupations d’un temps auquel ne résiste pas leur faiblesse, se sont servis dans leurs livres de cette ressource d’un merveilleux si aisé maintenant, le somnambulisme.
Notre société, notre temps, en seraient-ils arrivés là ? […] Vauvenargues, en louant les passions, ne fait que prendre parti, à son insu, pour les relâchements de son temps contre les sévérités du temps précédent. […] Dans sa morale, il n’est guère que de son temps ; et, quoi qu’on dise, être de son temps n’est pas assez. […] Dans sa critique, il n’est pas seulement meilleur que son temps, il est contre son temps. […] Celles de Vauvenargues défendaient le génie du maître contre les défauts de son temps.
Les critiques du temps saluent comme une piquante nouveauté cette traduction littéraire d’une œuvre musicale. […] Il resterait à se demander combien de temps une littérature peut se passer de clarté et vivre dans des régions crépusculaires. […] C’est le temps où Marivaux est, sinon le père, du moins le parrain du marivaudage. […] Or quel est le costume du temps ? […] Et les modes du temps sont à peu près conformes à cet édit royal.
Il serait temps que la critique, si elle osait encore être de la critique, y vînt apporter quelques restrictions utiles et rappeler quelques règles salutaires. […] Il y a d’estimables écrivains réformés qui s’attachent depuis quelque temps à noircir, à obscurir du moins la gloire de Henri IV, et qui assombrissent sans raison le tableau de la prospérité publique dans les douze années qui suivirent la paix de Vervins, prospérité dont toutes les voix du temps rendent témoignage. […] L’expérience nous fera connaître en peu de temps le sujet légitime que nous avons de le pleurer et regretter. […] Mais ne devançons point les temps. […] Il nous montre d’ailleurs sans fard les motifs habituels aux acteurs de son temps, les revirements hideux et non colorés à chaque tour de roue de la fortune et à chaque vacance du pouvoir.
La science, l’étude de la nature et de la physique, tint de tout temps une grande place dans sa vie et dans sa pensée. […] Le temps est une chose bizarre. […] Les talents ordinaires sont toujours emprisonnés dans leur temps et se nourrissent des éléments qu’il renferme. […] Quand il a rendu à son temps ce qu’il en a reçu, il est pauvre. […] Il lisait en ce même temps les Mémoires de Saint-Simon.
Les vers coulent de ma veine sur le papier sans que j’aie même le temps de les comprendre et de les écrire. […] Il n’est déjà plus temps de ravir la palme. […] Lebrun, composés à cette époque, que d’avoir éclaté à temps et de n’avoir pas trop gardé la chambre. […] Sais-tu depuis quel temps ? […] c’était assez bien pour* le temps.
En ce temps où tout renaissait, il y avait en certains coins comme une reflorescence et, si ! […] La conversation délicate et polie d’un temps semblera empesée dans un autre. […] La pauvre enfant n’a que le temps de prévenir le voisin aimable et tendre qu’elle n’a jamais vu. […] Quoique vieillie avant le temps, sa santé semblait un peu meilleure, ou du moins lui laissait plus de liberté d’action. […] Laissez faire à la vie et au temps pour nous en apporter.
La même raison qui doit obliger les poëtes à ne pas laisser prendre à l’amour un trop grand empire sur leurs heros, doit les engager aussi à choisir leurs heros dans des tems éloignez d’une certaine distance du nôtre. […] J’en tombe d’accord, mais l’auditeur s’en souvient, il les redit lorsque le heros a vêcu dans un tems si voisin du sien, que la tradition l’a instruit de ces petitesses. […] Ils ont mis sur la scene des souverains morts depuis peu de tems, et quelquefois même des princes vivans. […] Nos poëtes ne peuvent se tromper impunément aujourd’hui sur le choix du tems et du lieu de leurs pieces. Monsieur Racine soutient dans la préface de Bajazet, dont la mort tragique étoit un évenement recent quand il le mit au théatre, que l’éloignement des lieux où un évenement est arrivé peut suppléer à la distance des tems, et que nous ne mettons presque point de difference entre ce qui est arrivé mille ans avant notre tems et ce qui est arrivé à mille lieuës de notre païs.
Voilà pourquoi les romains, qui avoient entre les mains les élegies de Tibulle et de Properce, furent un temps avant que de leur associer celles d’Ovide. […] Il semble qu’ils aïent voulu usurper les droits de la posterité en le proclamant le premier des poetes françois pour leur temps et pour les temps à venir. […] Après ce que je viens d’exposer on voit bien qu’il faut laisser juger au temps et à l’expérience quel rang doivent tenir les poetes nos contemporains parmi les écrivains qui composent ce recueil de livres que font les hommes de lettres de toutes les nations, et qu’on pourroit appeller la biblioteque du genre humain. […] Le public lorsqu’il a entre les mains autant de poesies qu’il en peut lire, rend alors trop difficilement justice à ces ouvrages excellens qui se produisent, et pendant un temps assez long, il les place à une trop grande distance des ouvrages consacrez. […] Mais, me dira-t-on, êtes-vous bien assuré que la postérité ne démentira point les éloges que les contemporains ont donnez à ces poetes françois, que vous regardez déja comme placez dans les temps à venir à côté d’Horace et de Terence ?
La ville présentait, du temps de Jésus, à peu près la même assise qu’aujourd’hui. […] C’est là que Jésus passait ses journées, durant le temps qu’il restait à Jérusalem. […] Les hommes célèbres du Talmud ne sont pas des prêtres ; ce sont des savants selon les idées du temps. […] Hillel et Schammaï étaient morts ; la plus grande autorité du temps était Gamaliel, petit-fils de Hillel. […] On en peut juger par le Talmud, écho de la scolastique juive de ce temps.
Des sensations de douleur et de plaisir affectant le moi, transformées par le moi en perceptions, situées par le moi dans l’espace et dans le temps, voici toute la substance de l’univers. La douleur et le plaisir déterminent ici et fixent le sujet qui disperse hors de lui, parmi les perspectives de l’espace et du temps, les causes de ses douleurs et de son plaisir. […] L’objet de cette science en effet s’est en peu de temps entièrement transformé. […] Toutes ces conceptions où s’est tour à tour arrêté l’esprit scientifique ont été des vérités en leur temps. […] Ainsi les vérités ne sont, indissolubles qu’en apparence et durant le temps qu’elles sont utiles à la vie ou à la connaissance.
Le temps n’était pas aux saintes. […] Aimable d’ailleurs, et même gentil, à sa manière, tout le temps que durent la sybarite et l’amazone, qu’il aime toutes les deux, ce pauvre cul-de-plomb de bibliophile, peut-être par l’effet du contraste, il ne se sent plus, hélas ! […] comme s’il fallait un grand courage pour parler de l’ascendant du prêtre, dans un temps où il n’en a plus ! […] Les horribles Jansénistes, qui jaunissaient beaucoup l’esprit religieux de son temps, l’auraient abhorrée, parce qu’elle portait allègrement sa croix, — cette croix dont cependant elle n’allégea jamais le poids ! […] Elle fut enfin gaiement une sainte, comme on était, en France, gaiement un héros, du temps de Fontenoy !
On mit du temps à être indiscret. […] … Par ce temps d’imbécile clarté qui tombe sur tout avec indifférence, on se cache quelquefois pour mieux se montrer… Le voile impatiente, et, pour l’écarter, tente la main. […] Et qui sait même si ces lettres, en ce temps-là, ne paraîtront pas incompréhensibles ? […] Elle est moins céleste ; elle est plus humaine… Elle est d’un autre temps et d’une autre société… Elle est de notre siècle, à nous, avec les développements d’esprit et de passion de notre siècle. […] Mais l’amour est venu avec son rayon, l’amour l’a avertie à temps ; l’amour a éveillé en elle ce génie du cœur, ce génie composé de grâce et de caresses, et elle n’a plus été qu’une femme.
Cependant le temps s’écoulait en pure perte. […] Je l’assaisonnais à la sauce moderne, comme je disais dans ce temps-là. […] Si le temps de Robespierre peut être comparé à un accès de fureur, les cinq années du gouvernement du Directoire doivent passer pour un temps d’ivresse. […] C’était un homme comme les événements de ce temps en mirent beaucoup en évidence. […] Je retrouvai, après l’avoir cherché quelque temps, un de mes camarades.
En un mot, on ne connaît jamais mieux un esprit, un talent, un caractère ou un amour-propre, que quand on l’a vu quelque temps à ce jeu-là. […] M. de Broglie est un des hommes de ce temps-ci qui étudient le plus et le mieux. […] Il passa quelque temps en Espagne, à Valladolid, en qualité de secrétaire général de l’administration française. […] Un roi est le maître, en tout temps, et par sa seule volonté, d’abolir le droit public de son pays, d’en substituer un autre, ou de n’en substituer aucun ! […] » M. de Broglie était de l’avis qu’il a depuis donné en temps utile à M.
moi aussi, j’ai cru quelque temps que tout était fini pour notre vieille Europe. […] Une dynastie restaurée lui paraissait un arbre sacré qu’on replante après qu’il a été déraciné par l’orage, et auquel il est accordé un temps pour reprendre racine ; passé ce temps, l’arbre, s’il n’a pas repris la séve et la vie, n’est qu’un morceau de bois mort digne d’être rejeté. […] Ballanche est peut-être l’homme de ce temps-ci qui a eu à la fois le plus d’unité et de spontanéité dans son développement. […] Ballanche, qui en ce temps-là devint un élément essentiel de sa vie. […] Depuis ce temps, il avait vécu sur son capital dix-sept années durant, sans prendre jamais souci du lendemain.
de la littérature de ce temps-ci, a propos du « népenthès » de m. loève-veimars (1833). Je ne sais quel effet la littérature de ce temps-ci fera dans l’avenir à ceux qui la regarderont à distance respectueuse ; il est à croire que, moyennant les inclinaisons de la perspective, et un peu de bonne volonté et d’illusion chez les spectateurs, tout cela prendra une tournure, une configuration générale et appréciable, une sorte de simplicité. […] Ce voyageur qui passe, et qui n’a pas le temps de s’approcher ni d’entrer, a-t-il donc tout à fait tort dans l’idée qu’il emporte de cette ville ? […] Précisément à cause de cela, dès qu’on veut assigner un caractère un peu précis à la littérature de ce temps, elle est telle qu’à l’instant même il devient possible d’alléguer des exemples frappants du contraire. […] dites que c’est là le trait distinctif de la littérature de ce temps, et plus d’un écrivain qu’on lit non sans plaisir et qui vous paraît facile vous avouera, s’il l’ose, qu’il corrige, qu’il rature et qu’il recopie beaucoup.
Bailly est un des esprits les plus lettrés de son temps, un de ceux qui font le plus d’honneur à cette époque tempérée de Louis XVI, que je me plais depuis quelque temps à parcourir. […] Mais de tout temps Bailly garda un goût, je dirai même un faible pour les lettres proprement dites. […] C’est l’âge des illusions ; c’est le temps où la nature puissante grave des traits profonds, mais où en même temps elle peint avec des couleurs si douces et si chères. […] Le temps, loin de nous éclairer, nous rend plus opiniâtres. […] Bailly a beau faire, il ne peut se détacher de l’idée de son temps :
On publie en ce moment deux éditions nouvelles des chroniques les plus particulières de ce temps-là. […] Comment vivait en ce temps-là un gentilhomme qui était au service ? […] On dira que c’est plus ou moins l’histoire de tous les temps ; mais l’amour alors avait son cachet particulier. […] Pour comprendre qu’elles le parussent de son temps à d’autres que lui, on a besoin de se rappeler que ce temps était celui où l’art, le génie épistolaire, qui allait briller et éblouir dans la correspondance de la charmante cousine de Bussy, était encore à s’essayer et à se former. […] À toute heure, en tout temps, je tiens entre les mains Les ouvrages fameux des Grecs et des Romains.
Buchon pour la Franche-Comté, cette circonstance de changer de patois, d’un pays et d’un clocher à l’autre, était vraie dans un temps pour toute la France. […] Depuis lors je n’avais cessé d’être avec lui en de bons et excellents rapports, plus fréquents pendant notre jeunesse, mais que le temps, en les rendant plus rares, n’avait ni rompus ni même relâchés. […] je voudrais bien que le temps Passât vite sur son printemps ; Oui, je voudrais qu’elle fût vieille ! […] Il s’en plaint avec bien du sentiment dans un sonnet, l’un des meilleurs de sa façon : UNE GLACE DU VIEUX TEMPS. Glace de l’ancien temps, dans ton vieux cadre à fleurs Couronné de ramiers, au frémissement d’ailes, Que d’êtres ont passé dans tes reflets fidèles !
Ainsi le temps nous découvre un dessein dans la suite d’événements qui semblaient n’être que le pur effet du hasard ; et l’on voit surgir une pensée, toujours la même, de l’abîme des faits et des siècles. […] La religion des peuples du Nord leur inspirait de tout temps, il est vrai, une disposition à quelques égards semblable ; mais c’est au christianisme que les orateurs français sont redevables des idées fortes et sombres qui ont agrandi leur éloquence. […] Il faut des secousses violentes pour porter l’esprit humain sur des objets entièrement nouveaux ; ce sont les tremblements de terre, les feux souterrains, qui montrent aux regards de l’homme des richesses dont le temps seul n’eût pas suffi pour creuser la route. […] Les questions théologiques, dans leur temps, avaient été l’objet d’un intérêt aussi vif, d’une analyse aussi profonde, parce que les querelles qu’elles faisaient naître étaient animées par l’avidité du pouvoir et la crainte de la persécution. […] La connaissance des langues anciennes, qui a ramené le véritable goût de la littérature, inspira pendant quelque temps une ridicule fureur d’érudition.
Catherine de Médicis, si la politique, comme l’auteur des Guise doit le penser, est la seule loi et le seul but de l’Histoire, est évidemment la plus grande figure de son temps. […] … Naturellement, il laisse ces grandes questions dans l’ombre, — dans l’ombre du mépris de son temps, — mais il ne les met jamais dans la clarté de son esprit. […] … L’historien catholique qui n’est pas venu, s’il était venu et s’il eût écrit une histoire du temps de Philippe II, était seul capable d’avoir cette plume-là. […] S’il n’avait fait que cela du temps de Henri IV ! Mais ce que les politiques, du temps, et même de ce temps-ci, prennent pour une transaction, fut pour le Catholicisme une défaite.
Dans les temps peu civilisés, cette classe est peu nombreuse. […] Le style, dans ce temps-là, n’était que la correction grammaticale. […] Leur temps était consacré à acquérir la science. […] tout cela n’est-il pas parfaitement assorti au temps où il vivait ? […] Son avènement avait paru l’aurore d’un temps meilleur et plus honorable.
Le mot d’âge signifie un temps trop court pour m’en servir ici, et d’ailleurs le monde est dans l’habitude de se servir du mot de siecle, quand il parle de ces temps heureux, où les arts et les sciences ont fleuri extraordinairement. […] La Grece ne craignoit plus d’être envahie par les barbares du temps de Philippe. […] Une loi du droit des gens de ce temps-là portoit, qu’on ne pouvoit point abbatre le trophée que l’ennemi avoit élevé pour éterniser sa gloire et notre honte. […] Enfin, les ouvrages des grands maîtres n’étoient point regardez, dans le temps dont je parle, comme des meubles ordinaires destinez pour embellir les appartemens d’un particulier. […] Le regne du feu roi, fut un temps de prosperité pour les arts et pour les lettres.
Il y a plus que du temps, il y a de l’événement, il y a la révolution française et les Napoléon, deux fois sauveurs ! […] Bourdaloue et Bossuet, ressuscités parmi nous, seraient donc tenus de jeter sur le temps, — sur le détail des questions du temps, — ce regard pénétrant qui n’a jamais manqué au prêtre, si surnaturellement pratique. […] L’individualisme, qui veut se sauver du moins jusqu’à la mort, intervient avec ses fantômes et, resté muet, s’il peut l’être, le chrétien prend à sa charge une partie des malheurs du temps et il en répond devant Dieu ! […] C’est une réponse aux questions des novateurs du temps. […] Louis Veuillot, dont le talent, on peut le dire, a pris depuis quelque temps un surcroît d’aplomb, et le caractère, presque l’éclat d’une popularité.
» qu’ils pourraient appeler sublime, mais qu’ils nommeront d’un autre nom, et l’injure, qui atteignit le grand et glorieux Bonald dans des temps funestes, atteindra, dans des temps pires, son descendant. […] Ce n’est pas un esprit de ces temps affolés. […] Aussi les maquignons du royalisme ne manqueront pas de le nommer un absolutiste, aveugle au temps, et politiquement impossible ! […] Puisse-t-il s’arrêter à temps ! […] Or, si, au dire des sages du temps et des diplomates de transaction, la chose est impossible, regardons, comme Maurice de Bonald, avec des yeux lucides, ce qui doit nous faire mourir, et toisons fièrement notre bourreau.
Le scepticisme et l’espérance, signes caractéristiques de tous les énervés de ce temps ! […] L’auteur de l’Être social, qui a bu largement aux abreuvoirs du temps, est, tout aussi bien qu’eux, un empoisonné de scepticisme et d’espérance. […] » Et, ailleurs encore, avec la conscience de la petitesse des temps présents, l’auteur de l’Être social affirme que la micrographie (logomachie moderne), qui nous perd dans les infiniment petits de la science totale, n’est que la nécessité du moment. […] Sur la question à feu, en ce moment, de l’égalité entre les deux sexes, — ce ridicule préjugé physiologique et psychologique des femmes-hommes et des hommes-femmes de ce temps, — l’auteur de l’Être social (page 162) reconnaît que le jour n’est pas venu où le droit des femmes à la virilité triomphera. […] C’était un tableau où rien n’eût été oublié des mœurs du temps par un homme que son temps n’eût pas enivré, et qui aurait manié avec énergie le mordant poinçon de Chamfort.
En ce moment, ne passe-t-il pas pour le premier poète comique de ce temps, — peu comique d’ailleurs ? […] A nos yeux, dès qu’un homme édite ses œuvres de jeunesse, c’est qu’apparemment il les croit dignes de sa maturité, et c’est que le temps ne l’a pas rendu plus grand qu’elles. […] Son accent est donc plus animé et plus chaud, mais, après tout, c’est le clair de lune d’un homme qui a été lui-même un clair de lune, et nous demandons ce que, de clair de lune en clair de lune, doit devenir, dans un temps donné, la vie de la littérature… On a beaucoup parlé de l’originalité de Musset, et ce n’est pas là son plus grand mérite. […] On n’y trouve qu’une voix du temps et un écho de plus des Méditations et des Harmonies, lesquelles ont produit tant d’échos ! […] Mais tous les trois donnent, chacun à sa façon, une note déjà entendue ; tous les trois mettent en relief ce signe du temps : l’absence de l’originalité !
De notre temps. […] Il remonte le temps. […] Le temps passe. […] Il était temps. […] Du temps à l’éternel.
Elle est dans l’air du temps. […] Ce fut le temps de René et d’Obermann. […] Il était temps d’opposer enfin le Jésuite vrai au Jésuite faux. […] Il connaît la petitesse de l’esprit de son temps, qui n’est fait ni pour les grandes choses ni pour les choses complètes. Il sait l’inutilité des livres grands dans un temps petit.
Vos héros, gens très singuliers, et fort peu historiques, grâce à vos changements de temps et de lieu, changent également de caractère. […] bien, ils font sur moi l’effet du temps qui noircit un tableau et en détruit l’effet. […] Ils ont ressuscité Ronsard, si bien qu’ils ont plutôt l’air d’écrire pour nos aïeux que pour les hommes de notre temps et pour la postérité. […] Vous voyez que je vous parle d’un temps où peut-être vous n’étiez pas né. […] De mon temps on donnait une soixantaine de places à l’auteur, dont le plus souvent il ne savait que faire (1).
Ninon devait vers ce temps partir, dit-on, pour Cayenne, où se portait un grand nombre d’émigrants de toutes les classes. […] Du Marais où elle habitait d’abord, elle était allée au faubourg Saint-Germain où il paraît que se passa le temps de sa plus grande licence. […] Jusqu’à quatre-vingt-dix, elle fut recherchée encore par la meilleure compagnie de son temps. […] Il est temps de me résumer sur Ninon et de bien marquer le seul côté par où je l’envisage. […] C’est ainsi que, dans la série des temps, quelques esprits font la chaîne.
Mais, malheureusement pour nous qui n’étions pas de son temps, et pour lui qui n’est plus d’aucun temps, il préféra le monde à la littérature et les salons à la postérité. […] Là, comme ailleurs, c’est l’homme de son temps, et c’en est la victime. […] Historiquement, il hait le Moyen Âge ; mais du moins il ne méconnaît pas ce qu’il eut de réglé, de fort et de politique, ce fier temps ! […] Il n’émigra pas devant la quenouille que s’envoyaient chevaleresquement les gentilshommes du temps pour se décider à partir. […] En ce temps-là, les séminaires versaient dans la plus haute société française une corne d’abondance d’esprits distingués et supérieurs.
Et voilà les raisons pour lesquelles je parlerai de ce livre, qui, tout en étant un livre de métier et d’instruction pratique pour les officiers de l’armée française, entre pourtant par l’esprit qui l’anime dans la philosophie du temps ; mais, Dieu merci ! […] Seulement, dans un temps où la philosophie émet sur la nature humaine les notions les plus orgueilleusement fausses et la pousse à toutes les indépendances et à toutes les révoltes, et où la philanthropie, à son tour, bave d’attendrissement sur l’homme et sur le bonheur qui lui a toujours manqué, à ce pauvre homme ! […] L’auteur des Études sur le Combat dit plus simplement : « Vaincre, c’est être sûr de vaincre. » C’est enfin l’âme qui gagne les batailles et qui les gagnera toujours, comme elle les a gagnées à toutes les époques du monde… La spiritualité, la moralité de la guerre, n’ont pas bougé depuis ces temps-là. […] Mais je n’ai voulu que signaler la sublimité de la tendance dans un livre didactique qui, pour moi, a des ailes comme une poésie céleste, et m’a ravi au-dessus et bien loin des abjections matérialistes de mon temps ! […] Aussi, même en dehors de ce qui est l’instruction et la discussion, en ces Études où il est plus particulièrement un critique de guerre dans l’antiquité et surtout dans les temps modernes, il a laissé des pages où le penseur a fait équation avec l’écrivain.
Dans le temps qu’il lança contre les docteurs du jour cette masse qu’il faut contre eux relancer encore, Brucker était dans le plein midi de sa force. […] On glorifia dans ce temps-là Montalembert et Lacordaire à pleines volées, mais Brucker, qui n’eût, d’ailleurs, jamais sa part dans ce monde ingrat, ne l’eut pas davantage dans ce bruit. […] Balzac lui-même, le plus grand et le meilleur de tous, qui amis tout le monde de son temps dans l’immense cercle de sa Comédie humaine soit dans les romans, sous des noms supposés, soit sous les vrais noms, dans ses préfaces, n’a pas, que je me rappelle, écrit une seule fois le nom de Brucker. […] Je l’ai dit plus haut : à ce triste moment du siècle, Brucker, cet esprit ardent, ce Don Juan intellectuel, qui avait cherché dans toutes les idées de son temps, comme l’autre Don Juan dans toutes les femmes du sien, un infini qui n’y était pas davantage, avait tué raide l’auteur en lui. […] … La société actuelle est descendue dans le mal d’autant de marches qu’elle a descendu d’années depuis le temps où Raymond Brucker écrivait les Docteurs du jour.
Vous vous en souvenez, il a débuté, en littérature, par son gros livre d’Ahasverus, dans un temps où jeunes de toute manière, hélas ! […] Excepté le talent, qui a subi l’action du temps, non son action féconde, mais son action funeste, excepté le talent, je ne vois dans Merlin l’Enchanteur, au bout de trente ans d’intervalle, qu’une redite de l’Ahasverus ! […] Edgar Quinet a fait, pendant ce temps, autre chose que Merlin. […] Par les allusions, par l’allégorie, par la guerre au temps présent, par ce bon Merlin qui joue à l’écho avec ce bon Pantagruel, M. […] Nous qui savons le prix du temps mieux que lui, nous n’en aurions pas tant parlé, si les lâchetés de l’amitié, des partis et de la camaraderie, n’étaient pas en train de lui arranger une gloire hypocrite et dont on ne pense pas un mot.
Les mœurs putrides de ce temps n’y étaient étreintes que dans quelques âmes. […] On a dit qu’Homère est épique parce qu’il a pu mettre dans son poème toute la civilisation de son temps. […] Il reste dans les nuances de cette civilisation de notre temps, où l’âme, grâce au Christianisme, tient tant de place encore. […] Je les ai prises le temps qu’elles ont passé dans ce volume ouvert devant moi. […] Il ne fait point le catéchisme de la vertu à l’usage des bégueules du temps, hommes ou femmes ; car les hommes parfois sont aussi de vieilles demoiselles !
On peut plaindre le temps, mais non accuser le citoyen. […] Combien de temps ta rage éludera-t-elle nos lois ? […] Ô temps ! […] … Ce qui me reste de temps à vivre n’est pas destiné à guérir mes maux, mais à les finir ! […] Il y a des temps si malheureux que les meilleurs patriotes n’ont le choix qu’entre deux calamités pour leur patrie.
Il faut distinguer ici entre notre propre durée et le temps en général. […] Concevons-nous que ce contenu augmente, et quand nous parlons d’un temps indéfiniment divisible, est-ce bien à cette durée que nous pensons ? […] Ce prétendu temps homogène, comme nous avons essayé de le démontrer ailleurs, est une idole du langage, une fiction dont on retrouve aisément l’origine. […] veut-on, avec Kant, que l’espace et le temps soient des formes de notre sensibilité ? […] Maintenant, si l’on compare les deux hypothèses opposées, on leur découvre un fond commun : en faisant du temps homogène et de l’espace homogène ou des réalités contemplées ou des formes de la contemplation, elles attribuent l’une et l’autre à l’espace et au temps un intérêt plutôt spéculatif que vital.
Les caractères : types du temps et types généraux. […] Molière vivait dans le monde le plus libre de son temps et le plus irrégulier. […] Mais dans Don Juan, le temps est de convention, au moins pour certaines scènes : afin d’en avoir l’équivalent réel, il faut diluer la brièveté rapide de l’action dans un temps plus long. […] De là son succès, qui fut très grand de son temps, en dépit de ses ennemis. […] Corneille, sa me et son temps, Hachette, in-8. 1893.
» Puis le poëte se plaint de l’amertume des temps et interjette un modeste appel à la postérité ! […] Les héros de ces temps peu regrettables sont morts ; leurs passions, leurs mœurs, leurs religions sont mortes aussi. […] Ils parlaient de leur temps. […] Il faut être de son temps ; je ne saurais trop le répéter ! […] Qu’il oublie le fatras des choses éteintes et qu’il vive avec son temps et pour lui.
Aussi ses amis ne le jugent-ils pas ; ce n’est pas le temps encore. […] Le temps qui abat l’homme, fortifie le chêne. […] Au temps des Précieuses ridicules, s’est-il rien dit de plus précieux ? […] Victor Hugo a rebâti tout le Paris de ce temps, hommes et maisons. […] La vérité politique existe-t-elle pour plus d’un siècle ou de deux siècles dans les temps anciens ; pour plus d’un an ou de deux ans dans les temps modernes ?
Des voyageurs nous ont raconté des combats d’Alligators mâles au temps du rut. […] Néanmoins, j’incline fortement à croire que, même chez ces derniers, deux individus, soit habituellement, soit au moins de temps à autre, doivent concourir à la reproduction de leur espèce. […] La seule longueur du temps ne peut rien par elle-même, ni pour ni contre la sélection naturelle. […] Nous pouvons supposer de même que, dès les temps les plus reculés, certains individus ont préféré les Chevaux les plus vites, et d’autres, les Chevaux les plus trapus et les plus forts. […] Elles ne sont pas censées apparaître simultanément, mais peut-être à de longs intervalles, et peuvent être considérées comme se perpétuant durant des temps inégaux.
Il était temps : le maître de Cervantes, le Dey remplacé à Alger par ordre du Grand Seigneur, repartait pour Constantinople et emmenait avec lui son captif, déjà à bord et enchaîné. […] Avant d’être lui-même et de dégager son talent original, Cervantes subit la loi commune ; il adopta les modes des temps et des lieux où il vivait. […] De ces pièces aucune ne fut imprimée dans le temps ; mais lui-même nous a donné les noms de neuf d’entre elles, dont deux ont été recouvrées depuis. […] Je composai dans ce temps jusqu’à vingt ou trente comédies, qui toutes furent jouées sans qu’on leur jetât des concombres ou autres projectiles. […] Charles Romey (Hommes et Choses de divers temps, chez Dentu).
C’est à peine si, dans une ville comme Paris, on voit le Temps et les Débats s’offrir le luxe d’une critique régulière occupant un feuilleton comme au temps jadis. […] Lepelletier remplissait jadis de temps à autre. […] La Revue Bleue et la Revue Encyclopédique publient de temps à autre une « revue des livres récents ». […] Il faut croire que le prestige de l’imprimé agit encore aussi fortement qu’au vieux temps. […] Les circonstances de publicité l’entravent autant que les dispositions intellectuelles du temps présent.
En ce temps-là le merveilleux semblait toujours tout près des moindres événements de la vie. […] Sa parole, remarquable dans le latin du temps, d’ailleurs toute nourrie et imitée de saint Augustin, au milieu des oppositions de mots et de sons qu’elle affecte, a une sorte de douce magnificence. […] Et de son temps même, il trouva un petit moine très sensé et très poli, appelé Gauniton, qui lui dit avec toute sorte de respects ce que tout homme de bon sens et de sens commun lui dirait aujourd’hui. […] Royer-Collard disait d’un temps d’où il se retirait, le faut-il répéter d’un autre temps, par cela seul qu’on n’y a plus sa part d’action politique et d’influence ? […] Moi, spectateur, je passe mon temps à me figurer pour les autres des rôles que je dessine à plaisir, et qui me font l’effet d’être admirables, si on daignait seulement les réaliser.
Section 20, de la difference des moeurs et des inclinations du même peuple en des siecles differens Il arrive encore des temps dont les évenemens font penser qu’il étoit arrivé quelque altération physique dans la constitution des hommes. […] Ceux des seigneurs de ce temps-là, qui comme le maréchal De Saint-André, le connétable De Montmorenci, le prince De Condé et le duc De Joyeuse furent tuez dans des actions de guerre, y moururent assassinez. […] Qu’on ne dise pas que le motif de religion qui entroit dans les guerres civiles du temps des Valois, envenimoit les esprits, et que ce motif n’entroit pas dans nos dernieres guerres civiles. […] C’est la politique, secondée par l’esprit du siecle, qui a fait commettre toutes ces noirceurs à des gens, dont, pour me servir de l’expression du temps, toute la religion gisoit dans une écharpe rouge ou dans une blanche. […] Comme il ne s’en est pas trouvé de tels durant les dernieres guerres civiles, il faudra tomber d’accord qu’il est des temps où des hommes de ce caractere qui rencontrent toujours assez d’occasions d’extravaguer, sont plus communs que dans d’autres.
C’était un chef des temps tranquilles qui n’avait rien de dominateur. […] Il y reconnaissait que la suppression de l’Institut de Loyola était indispensable, mais que les temps n’étaient pas mûrs. […] Ils ont, pour leur part, repoussé ces calomnies que des écrivains de ce temps-ci, moins sages et moins intelligents, répètent encore comme s’ils étaient du siècle passé. […] Le temps propice n’est pas encore arrivé pour vous, il viendra et il passera pour les autres. […] Alors on comprend les mots du Jésuite à ses frères : « Le temps propice n’est pas encore arrivé pour vous, il viendra et passera pour d’autres.
En ce temps-là aussi on se croyait arrivé au comble de l’expérience humaine et de l’histoire (il en est ainsi de chaque génération), et, si le monde tournait autrement qu’on n’avait compté, on s’écriait : « Eh ! […] Elle est nécessairement antérieure à la fondation du Journal des savants (1665), et elle doit se rapporter aux premiers temps de l’influence de Colbert (1663). […] Sur le chapitre des finances, il s’était laissé aller à son antipathie naturelle et avait trop oublié qu’il n’écrivait plus en temps de Fronde. […] Ce que les saint-simoniens de mon temps traduisaient dans leur sens : « À chacun selon sa capacité, et à chaque capacité selon ses œuvres », tirant de la sorte à eux Mézeray. […] Il n’est pas mal, après un temps de vogue et de renom, de s’écouler dans la foule, d’être de ceux qui aiment à vivre et à mourir aussi près de terre que possible.
Il y a des genres qui sont à l’état d’arbustes dans l’Antiquité et qui ne sont devenus des arbres que dans les temps modernes. […] On a fait, dans un temps voisin du nôtre, presque un crime à Macpherson et surtout à Chatterton de quelques supercheries littéraires qui ne leur auraient valu que des compliments et des éloges en un autre temps. […] Quelle bonne fortune qu’une telle excursion, pour un jeune homme curieux et avide de merveilles comme on l’est en tout temps, comme on l’était surtout alors ! […] Apulée avait l’esprit fortement atteint de superstition ; il avait du goût pour les Chaldéens, les Égyptiens, et leursliturgies secrètes ; il était initié à des mystères et associé à quelque confrérie religieuse du temps. […] Il a eu, de tout temps, la bonne fortune d’échapper aux classifications et aux règles des Aristote, des Horace, des Despréaux.
Maurel et traitant de l’une des gloires du pays, Vaugelas, lequel se trouve, par une singulière destinée, avoir été en son temps l’organe accrédité du meilleur et du plus pur parler de la France. […] Il était évident désormais, à voir ces deux colonnes debout, isolées, d’un orgueil et d’un aspect triompha], qu’on était entré dans une voie vraiment moderne, et qu’après un temps d’anarchie et de confusion, on visait à la règle et à l’unité dans la grandeur. […] Son père avait rendu des services à la France lors du mariage de Madame de Savoie, fille de Henri IV, et avait obtenu de Louis XIII une pension de deux mille livres pour son fils Vaugelas, alors établi en France, pension assez mal payée de tout temps. […] Il y en avait de son temps ; Arnauld, dans sa Grammaire générale, et les écrivains de Port-Royal essayeront de porter le plus de raison possible dans la langue : Vaugelas se borne à constater le fait existant, en le puisant à sa meilleure source. […] Et si elles étaient comme elles eussent pu être ; si un meilleur ouvrier que moi y eût mis la main, combien de personnes en pourraient-elles profiter durant ce temps-là !
Cervantes, dans le même temps où sa prose enlevait tous les suffrages, ne cessait d’aspirer moins heureusement à la palme du poëte qu’on lui contestait. […] Le temps est court, l’agonie s’accroît, l’espérance diminue, et avec tout cela je vis, parce que je veux vivre assez de temps pour baiser les pieds de Votre Excellence, et peut-être que la joie de la revoir en bonne santé, de retour en Espagne, me rendrait la vie. […] Saint-Évremond, qui est avec La Rochefoucauld l’esprit le plus philosophique de son temps, en faisait ses délices. […] Quelque temps après, il vint dire, tout satisfait, au comte d’Oxford qu’il savait l’espagnol. […] Rabelais eut plus à faire en son temps, et il vint au milieu de la mêlée.
Ajoutez à cela le mauvais goût du temps : Richelieu n’est pas seulement venu avant Pascal, il s’est formé à la phrase avant Balzac. […] On a pu se demander déjà, et j’ai entendu faire l’objection : « Comment Richelieu trouva-t-il le temps d’écrire ses mémoires, et sont-ils bien, en effet, tout entiers de lui ? […] Il demande lui-même au roi de se retirer en son diocèse : on le prend au mot, et, pendant quelque temps, on le voit, dans son prieuré de Coussay près de Mirebeau, faisant l’évêque ou même le solitaire, « réduit en un petit ermitage », et résolu en apparence « à couler doucement le temps parmi ses livres et ses voisins ». […] Le favori eut, vers ce temps, quelque velléité de faire liaison avec la reine ; il sembla même rechercher une alliance avec Richelieu, et la nièce de l’un épousa le neveu de l’autre. […] Il en était encore en la fleur, et au temps que la jouissance en est plus agréable ; et, quant à sa fortune, elle ne faisait encore que de le saluer, et n’avait pas eu loisir de se reposer auprès de lui.
La suite des temps l’a bien prouvé. […] Saint-Simon, le grand peintre d’histoire, avec la magie de son talent, pouvait, s’il n’avait écouté des passions mesquines, montrer au moins le prix de ces deux grandeurs incomprises de notre temps. […] Dans les temps actuels, nous ne connaissons pas un écrivain qui, en histoire, soit aussi dangereux que Saint-Simon, pas même M. […] Les Mémoires de Saint-Simon, tout le temps qu’ils durent, ne sont qu’un sublime pamphlet contre le grand roi. […] Il fut même un honnête homme, comme on ne l’était pas toujours de son temps.
On appelle ainsi le temps qu’on emploie dans les collèges à s’instruire des préceptes de la langue latine. […] S’ils osaient encore davantage, et si leur exemple était suivi, nous verrions peut-être enfin les études changer de face parmi nous : mais c’est un avantage qu’il ne faut attendre que du temps, si même le temps est capable de nous le procurer. […] Il est certain qu’on pourrait apprendre ainsi beaucoup de mots dans une langue en assez peu de temps. […] Par exemple, les mots tems et temps sont aujourd’hui à peu près également en usage dans l’orthographe ; le premier est un peu plus conforme à la prononciation, le second à l’étymologie : c’est à l’auteur du dictionnaire à choisir lequel des deux il prendra pour l’article principal : mais si, par exemple, il choisit temps, il faudra un article tems, avec un renvoi à temps. […] Dans les verbes, il faut toujours prendre l’infinitif pour la racine des dérivés, parce que l’infinitif exprime une action indéfinie, et que les autres temps désignent quelque circonstance jointe à l’action ; celle de la personne, du temps, etc., et par conséquent ajoutent une idée à celle de l’infinitif.
Il en couta, pour un tems, la liberté à ce Philosophe. […] Dès ce tems-là même on avait écrit sur sa théorie & ses principes. […] Son Poëme est, en même tems, un traité méthodique. […] C’était, en partie, la faute du tems où il a vécu. […] Il eut le tems de se plier au goût national.
Justement, dans le temps même où M. […] Pons, comme d’un temps qui marquait dans sa critique, et dans lequel il avait mis aussi tout son aiguillon, ainsi qu’il l’a dit ailleurs de ses Poésies. « En France, ajoutait-il, on n’a que ma critique écrite de ce temps-là, c’est-à-dire celle dans laquelle je ne pouvais dire tout ce que je pensais sur les productions littéraires du moment. […] Cela a toujours été un peu ainsi : la presse littéraire n’est pas du tout libre en France ; il s’est formé de tout temps des coalitions de journaux au profit de telles ou telles coteries. […] En 1864, la publication du Journal de Mathieu Marais, — un ancêtre, en Chronique littéraire, du temps de Louis XIV, l’ami de Boileau, le correspondant de Bayle, alors en Hollande, — fut pour Sainte-Beuve l’occasion d’expliquer l’idée qu’il avait eue autrefois d’entretenir avec M. […] Les gens de Lettres pensent de même sur la critique littéraire ; ils n’osent pas proposer de la proscrire entièrement, mais leur délicatesse sur cet article est si grande, que, si l’on y avait tout l’égard qu’ils désirent, on réduirait la critique à rien. » — Il paraît que les auteurs du temps de Malesherbes avaient recours à la censure, quand ils voulaient se venger d’un critique.
Restreignons-nous aux idées importantes d’espace, infini, temps et mouvement. […] Temps. […] Temps est un mot compréhensif, renfermant toutes les successions ou la totalité de l’ordre successif. L’idée de temps est une idée de successions ; elle consiste, en cela, rien de plus. […] Mais ces trois choses, c’est le temps.
Mais je ne condamnerois pas de même celui qui reprendroit dans cette piéce de Racine beaucoup de choses pleinement démenties par ce que nous sçavons positivement des moeurs et de l’histoire des romains de ce tems-là. […] Il cite bien l’expression dont Seneque se sert pour dire qu’elle étoit la jeune personne de son tems la plus enjouée ; festivissimam omnium puellarum. […] Racine suppose dans sa préface que l’âge seul de Junia Calvina l’empêcha d’être reçuë chez les vestales, puisqu’il pense avoir rendu sa reception dans leur college vrai-semblable, en lui faisant donner par le peuple une dispense d’âge, évenement ridicule par rapport à ce tems-là, où le peuple ne faisoit plus les loix. […] Paterculus reproche même à ces poëtes, comme une erreur grossiere, d’avoir appellé Thessalie cette partie de la Grece qui fut ainsi nommée dans la suite, en des tems où elle ne portoit pas encore ce nom. En effet, la faute choque d’autant plus dans le poëte tragique, qu’il la fait commettre à un personnage qui vivoit dans des tems où il ne pouvoit point faire cette faute.
Krantz appelait tout à l’heure le temps de l’imitation nécessaire. […] Frantin, dans des temps très anciens ; M. […] Elles n’ont pas moins réussi dans leur temps. […] Ce n’est pas lui qui a changé, c’est nous ; ce n’est même pas nous, c’est le temps ; et, bien plus que le temps, c’est peut-être le sens des mots. […] La nouveauté d’ailleurs, en son temps, fit presque scandale.
Nous avons, sur le simple titre de l’ouvrage, ressenti une forte et involontaire sympathie pour un homme qui, par ce temps de civilisation économique, écrit un livre sur les vieux iarls scandinaves, les pères oubliés des éleveurs de la vallée d’Auge et des herbagers du Cotentin. […] Les individualités assez fières pour se mettre à l’écart de leur temps et se consacrer vaillamment à un travail qui n’importe qu’à quelques esprits d’un ordre élevé sont des exceptions qui, chaque jour, deviennent plus rares, et l’Histoire des ducs de Normandie n’en a pas révélé une de plus. […] il est de son temps, et il n’est pas au-dessus. […] , ni Guizot, qui a vu les mélanges du bien et du mal, mais qui n’a pu les expliquer, ni personne, enfin, parmi les gloires modernes, n’a porté la lumière et la main sur le nœud gordien de ce temps et son implication formidable, tandis que quelques vers de Shakespeare, quelques pages de Walter Scott, en font du moins passer l’âme dans nos esprits, comme une vision trop tôt évanouie ! […] Dans un temps d’indulgence prostituée, où le mépris lui-même s’est fait bon enfant, c’est une locution commode et déjà vulgaire qu’on ne doit point, en parlant gravement de son livre, donner de l’importance à un homme qui par lui-même n’en a pas.
Admirons la Providence d’avoir permis qu’avant cette époque les hommes fussent des géants : il leur fallait, dans leur vie vagabonde, une complexion robuste pour supporter l’inclémence de l’air et l’intempérie des saisons ; il leur fallait des forces extraordinaires pour pénétrer la grande forêt qui couvrait la terre, et qui devait être si épaisse dans les temps voisins du déluge.... […] On dit que dans les temps les plus anciens, les achats et les ventes se faisaient par échange, lors même qu’il s’agissait d’immeubles. […] Telle fut sans doute la raison pour laquelle on ne trouve dans les anciennes archives du moyen âge, d’autres contrats que des contrats de cens seigneurial pour des maisons ou pour des terres, soit perpétuel, soit à temps. […] À ce droit héroïque Ulpien oppose le droit naturel des peuples civilisés (gentium humanarum) ; il les appelle civilisés ou humains, par opposition aux barbares des premiers temps ; et il ne peut entendre parler des barbares qui de son temps se trouvaient hors de l’Empire, et dont par conséquent le droit n’importait point aux jurisconsultes romains. […] C’est cette tradition vulgaire sur la sagesse des anciens qui a trompé Platon, et lui a fait regretter les temps où les philosophes régnaient, où les rois étaient philosophes .
Mais, d’autre part, des surcharges de style, de fausses couleurs et quelques expressions douteuses renverraient l’ouvrage aux temps de décadence. […] Quelques parties conservent une grâce antique : le reste a pris le faux goût de chaque mode passagère, et contracté les vices du temps. […] Le poëte lyrique du temps, ce fut Néron, chantant du haut d’une tour la ruine de Troie, à la lueur de l’incendie qu’il avait fait allumer dans Rome. […] Un autre martyr du même temps, un autre témoin des règnes de Claude et de Néron, Sénèque, dans la variété de ses ambitions et de ses talents, n’eut-il pas quelque lueur de poésie lyrique ? […] Vous y sentez, non l’image des temps héroïques, mais l’oppression de l’empire.
Un historien plus considérable que M. de L’Épinois, Rohrbacher, a fait, dans ce temps, une monumentale histoire de l’Église, en beaucoup de points admirable et de la plus profonde orthodoxie ; — mais Rohrbacher était un prêtre, et il n’est guères lu que des prêtres comme lui et de quelques esprits qui ont la foi des prêtres. L’action du talent du prêtre, si grande encore du temps de Lamennais, est maintenant cruellement limitée. […] Le temps, qui s’ajoute à la nature des choses et qui la développe, la logique invincible des événements, firent grandir et multiplier ce grain de sénevé. […] Les donations de biens-fonds, entre autres, furent fréquentes, et déjà l’affreux cri moderne, poussé une fois de plus par Victor Hugo, contre les richesses de l’Église et son gouvernement temporel, fut poussé par Ammien Marcellin, le Victor Hugo de ce temps, comme Victor Hugo n’est que l’Ammien Marcellin du nôtre. […] IV Je n’ai point à entrer dans le détail immense des faits à travers lesquels cette légitimité sublime a agi pendant tant de siècles sans jamais forfaire à elle-même, ni quand, pour défendre les corps aussi bien que les âmes, elle s’appuya, un jour, du temps de Léon, sur Charlemagne ; un autre jour, du temps de Grégoire VII, sur la grande Mathilde ; sur Othon, au temps des effroyables anarchies romaines ; et, plus tard, sur elle-même.
… de Vitet, un autre comparse des petits grands hommes de son temps, qui était le temps de Charles de Rémusat, un autre de ces esprits distingués qu’on distingue en leur temps, mais que, leur temps passé, on n’aperçoit même plus. […] Mais à présent, quand toutes les expériences et applications ont été faites de la fausse Poétique dont le manifeste fut la préface du Cromwell, nous savons à quoi nous en tenir sur ces drames sans logique, ni dans l’espace ni dans le temps, qu’on nous a donnés pour un art nouveau, quand ce n’était qu’une impuissance. […] Charles de Rémusat appartient à la troupe des philosophes de ce pauvre temps, stériles comme des architectes, qui ne pensent point par eux-mêmes et qui vouent leur stérilité à des monographies et à des commentaires. […] le conceptualiste Abélard, qui voulait unir, dans une unité équivoque, le réalisme et le nominalisme de son temps, a plus d’un rapport évident avec un esprit fin, éclectique et de juste milieu, comme celui de Charles de Rémusat ; et s’il y a des différences qui rabougrissent Charles de Rémusat, ce sont des différences de tempérament (non d’intelligence) et de siècle. […] Il manque même de haine philosophique, quoique de Rémusat doive avoir, tapies quelque part, les haines de sa philosophie, et quoique le scepticisme du temps et la glace de son tempérament aient bien diminué cette rage contre l’Église qu’ont tous, au fond du cœur, les philosophes, et que Cousin, lâche, mais indiscret, révélait en la couvrant de ce mot, dit justement à propos d’Abélard : « Il avait déposé dans les esprits de son temps le doute salutaire et provisoire, qui préparait l’esprit à des solutions meilleures que celles de la foi. » Charles de Rémusat n’a jamais eu de ces imprudentes et impudentes paroles d’un homme dont l’espérance trahit l’hypocrisie, mais à quelque coin, dans cet esprit moyen, dans cette âme de sagesse bourgeoise, il y a toujours, prête à se glisser au dehors, l’hostilité contre toutes les grandes choses que nous croyons… Comme Abélard, le héros de toute sa vie, comme Bacon, qu’il a aussi commenté, de Rémusat s’est toujours plus ou moins vanté d’être un écrivain de libre examen et de libre pensée, un philosophe contre la théologie, un adversaire de l’autorité sur tous les terrains, en religion comme en politique, — et comme l’Église est l’autorité constituée de Dieu sur la terre et qu’elle a le privilège divin « que les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre Elle », de Rémusat, qui est une de ces portes-là, — non pas une porte cochère, aux cuivres insolemment luisants et aux gonds tournant à grand bruit, mais une petite porte, discrète et presque cachée à l’angle et sous les lierres prudents de son mur, — de Rémusat entend bien prévaloir contre l’Église et lui prouver que son privilège divin n’est qu’une prétention !
III C’était dans ce temps-là un terrible temps… Louis XV régnait sous Voltaire. […] aussi païenne que le monde antique l’était du temps de Diogène, Mais ses Diogènes, à elle, étaient d’une autre espèce. […] Et cet enfant était la perle qui devait rouler sur le fumier du siècle, sans que le fumier s’en aperçut ; et celui de ce temps-ci ne s’en apercevrait pas davantage, si l’Église, de sa main maternelle, ne l’eût pas ramassée, cette perle, et ne l’eût mise à sa couronne. […] Ils croyaient tous, les Sardanapale et les Héliogabale de ce temps-là, que la mortification, cette duperie des chrétiens, cette bête de mortification, était radicalement finie ; que la pauvreté, pire qu’un vice, qui est toujours bon, était bafouée et honnie à jamais. […] — et qui stupéfiait les mondains de ce temps, quand ils rencontraient ce Lépreux de la cité d’Aoste de la pauvreté, comme je l’ai nommé déjà.
Nous ne le croirons jamais, quand les apparences continueraient d’être ce qu’elles sont depuis quelque temps, depuis quelques jours. […] Ce n’est point à cette révolution même que je l’impute, mais au manque absolu de direction morale qui a suivi, et auquel les hommes d’État les mieux intentionnés n’ont pas eu l’idée, ou le temps et le pouvoir, de porter remède. […] De là bien des haines ; de là aussi la difficulté de trier les bons, et un souci qui peut sembler exclusif parfois, un air négatif et préventif, et qui n’est la plupart du temps que prévoyant. — « Il y a dix ans que je ferme la porte aux Barbares, » disait un jour le fondateur de cette Revue. […] Mais ce rôle d’urgence pour la critique n’a qu’un temps ; il trouve naturellement son terme dans le triomphe même des œuvres et des talents auxquels cette critique s’était vouée. […] Un nom qui réveille l’idée de toutes les convenances dans la critique, et qui est devenu presque synonyme de celui d’urbanité, le nom de Fontanes, paraîtra certes un peu loin de ce temps-ci ; nous ne résistons pas à l’ironie de le prononcer.
On n’aurait pas eü le temps de s’y asseoir. On n’avait que le temps de lire ; car celui-là on le prenait. […] Elle connaît son temps, cette femme acérée. Son insensible temps est malade d’une sentimentalité affectée, quand elle n’est pas niaise. […] Il n’y a plus ici de ces risque-tout qui finissent par être, sous une plume qui s’arrête toujours à temps, des victoires !
Le temps les effeuille comme leurs actes et leurs ouvrages à chaque période de leur existence, à chaque année de leur vie. Leurs opinions, modifiées par les circonstances, changent selon qu’ils ont acquis plus ou moins d’expérience par leur contact avec le temps. […] « Je demandai à ce bon vieillard quel temps il faisait alors. […] Werther a fait époque parce qu’il a paru, et non parce qu’il a paru dans un certain temps. […] J’ai connu ces troubles dans ma jeunesse par moi-même, et je ne les dois ni à l’influence générale de mon temps, ni à la lecture de quelques écrivains anglais.
C’est le temps des légendes des saints ; c’est le temps où Charlemagne et Arthur ont leur mythologie. […] Nos pères nous donnent, dès ce temps-là, une excellente leçon. […] Quoique le savoir ne soit pas le génie, il y a des temps où le génie est le savoir. Cela est vrai, surtout du temps où vivait Jean de Meung. […] Trouvère du même temps.
Je suis sûr que lorsque le temps aura éteint l’éclat un peu dur et cru des couleurs fraîches, ceux qui pensent que Chardin faisait encore mieux autrefois changeront d’avis. Qu’ils aillent revoir ces ouvrages lorsque le temps les aura peints. […] Chardin et Vernet voient leurs ouvrages à douze ans du moment où ils peignent, et ceux qui les jugent ont aussi peu de raison que ces jeunes artistes qui s’en vont copier servilement à Rome des tableaux faits il y a cent cinquante ans ; ne soupçonnant pas l’altération que le temps a faite à la couleur, ils ne soupçonnent pas davantage qu’ils ne verraient pas les morceaux des Carraches tels qu’ils les ont sous les yeux, s’ils avaient été sur le chevalet des Carraches tels qu’ils les voient. Mais qui est-ce qui leur apprendra à apprécier les effets du temps ? […] Mais un coup de l’aile du temps ne laissera rien qui justifie la réputation du premier.
Enfin, il avisa, pour se divertir, d’aller voir les dames veuves de son temps et de sa connaissance, et tâcha à passer son temps doucement ; et, pour ce que le malheur des guerres lui ôtait la liberté de sortir la ville et s’aller promener à Ormesson, il loua un petit jardin, proche sa maison, où il s’allait promener souvent. […] Il est humain, chose assez rare chez les magistrats de ce temps ! […] Le seul avantage du journal sur les mémoires, est d’être plus complet et plus sûr, plus véridique ; je parle des mémoires qu’on écrit tard, sans notes prises dans le temps même et de pur souvenir. […] Il y prêcha l’Avent. » — Un historien du barreau (si une telle histoire est possible) aurait également à consulter d’Ormesson pour les plaidoiries et actions mémorables des avocats pendant ce laps de temps. […] C’est ce qui a toujours été et sera : se plaindre du temps présent. » Voilà aussi ma leçon pour aujourd’hui.
Il fit prévenir à temps le roi de l’excès du danger et de la nécessité d’en passer à tout prix par les conditions qu’on exigerait. […] « J’ai peu vu de gens en ma vie, dit Commynes, qui sachent bien fuir à temps. » Commynes était de ce petit nombre qui savent saisir l’heure et le moment. […] Commynes a vu et sondé la plaie de ces temps rudes et violents du Moyen Âge, la guerre. […] Il a remarqué que, de toutes les seigneuries du monde dont il a connaissance, celle où la chose publique est le mieux traitée, où règne le moins de violence sur le peuple, même en temps de guerre civile, c’est l’Angleterre. […] Dans un temps où tout le monde se croit propre à la politique, il ne serait pas mal d’aller regarder en lui quelles sont les qualités requises chez ceux que la nature a destinés à cette rare science.
Quelque temps après, il se présenta une occasion au Parlement, où M. […] Six mois s’étaient écoulés depuis la mort de Mazarin : ce fut le temps qu’il fallut pour consommer cette ruine et opérer ce coup de maître. […] Les gens de lettres, ceux qui sont vraiment dignes de leur nom et de leur qualité, ont été de tout temps sensibles à certains procédés, à certains actes de prévenance et de délicatesse, à certaines choses faites à temps et d’une manière qui honore. […] Je parle des gens de lettres dans le temps où ils faisaient une classe à part, et de l’élite de cette classe. […] C’est ainsi qu’on avait tiré conjecture et présage d’une comète qui avait paru dans le temps de son procès.
On ne voit d’ailleurs dans ces pièces où il parle de Bon Temps rien de cet esprit ou de cet à-propos de circonstance qui popularise un nom. il y a quelque gaieté et de la facilité, c’est tout. […] Quant aux anciennes éditions du temps, par Jean de Tournes, il n’y a plus à y penser : il faut être un Yemeniz ou un d’Aumale pour les disputer et les acquérir à la folle enchère : elles se vendent au poids de l’or. […] Laquelle si elle est belle, elle contregardent tant bien contre les pluies, vents, chaleurs, temps et vieillesse, qu’elles demeurent presque toujours jeunes. […] Louise poète a beau faire, elle se ressent un peu de son maître lyonnais, Maurice Scève, le plus obscur et le plus âpre des doctes rimeurs du temps. […] Il ne reste plus rien de cet ancien nous-mêmes ; Sans pitié ni remords le Temps nous l’a soustrait.
Mais, dès ces premiers temps, il avait créé à son usage une forme de comédie, sobre, sérieuse, vraie, sur laquelle nous reviendrons. […] En d’autres termes, unité de lieu, unité de temps, signifie pour Corneille minimum de variation dans le lieu, minimum de durée dans le temps, donc maximum de vraisemblance : mais la quantité minima de temps ou d’espace n’est pas absolue, elle est relative, et se détermine par la constitution particulière de chaque sujet. […] En son temps surtout, c’était la vérité : il y a une harmonie admirable entre l’invention psychologique de Corneille, et l’histoire réelle des âmes de ce temps-là : même les femmes sont peu féminines ; leur vie intérieure est plus intellectuelle que sentimentale. […] Il suivait en cela le goût de son temps. […] C’est donc pour nous surtout, et non selon la réalité des mœurs du temps, qu’il faut rabattre des froides horreurs de la tragédie politique.
Dans un temps où Richelieu dominait et « où la tyrannie régnait si hautement, même sur les personnes royales », elle garda en elle le culte intact et la haute idolâtrie de sa propre race. […] Elle était des chasses de Louis XIII, au temps des amours de ce prince avec Mme de Hautefort. […] Le temps qui s’écoula depuis la mort de Louis XIII jusqu’à la Fronde (1643-1648) fut un brillant moment pour Mademoiselle. […] Il y avait des jours pourtant où l’on aurait dit qu’il commençait à entendre ; mais il s’échappait toujours à temps « par des manières respectueuses qui étaient pleines d’esprit », et qui achevaient d’enflammer l’innocente princesse. […] Louis XIV permit d’abord le mariage, mais on eut tort de ne pas profiter de la permission dans les vingt-quatre heures, et de lui donner le temps de la réflexion.
Elle est successive, parce que l’homme vit dans le temps, parce que l’homme est un être collectif, qui ne peut jamais être isolé. […] La succession du temps lui était moins nécessaire, parce que chaque expression avait un sens plus vaste et plus profond. […] Elle est l’histoire de l’homme, le tableau de ses rapports avec Dieu, avec les intelligences supérieures, avec ses semblables, dans le passé, dans le présent, dans l’avenir, dans le temps et hors du temps. […] Les lois somptuaires, relatives à l’éducation et au costume, témoignent la sagesse de ces temps reculés. […] Elle choisit son temps pour paraître, et, si cela lui convient, pour se réfugier ensuite dans l’ombre comme une courtisane.
Il donna aussi quelques articles littéraires au Globe dans les premiers temps de sa fondation. […] Et cependant que j’y ai mal employé de temps et de forces ! […] Et j’ai pu être assez faible pour livrer plus de la moitié de ce temps aux autres, pour ne pas m’établir définitivement dans cette félicité. […] « Adieu jusqu’en des temps et des pays lointains ; jusqu’aux lieux où la nature accueillera l’automne de ma vie, jusqu’aux temps où mon cœur sera paisible, où mes yeux seront distraits auprès de vous ! […] Loyson insistait, le mourant nomma un ami qu’on ne trouva pas chez lui, et qui ne fut pas informé à temps pour venir.
de notre moderne Savoir qui ne m’a paru que retrouver le sens sacré, par quoi, sous les signes monstrueux, les Initiés portaient occultement le poids du peuple, — des temps étaient maintenant révolus, remueurs des diaprures aux strophes, et du double mouvement de la poitrine animale scandés ! […] Mais la voix, il est su du même temps, est un instrument essentiel et multiple : essentiel et multiple par les diverses Voyelles produites, ainsi qu’instruments divers, de groupements divers d’harmoniques. […] L’exception imprudemment dite, un temps, pathologique, de percevoir en même temps que de son une sensation de couleur, — peut-être vient-elle à se généraliser et à l’état normal des individus. […] Les divisions du Vers aussi, valent organiquement, parce qu’en le temps de totale expiration l’émotion, le sentiment, l’idée, inscrivent des intervalles à deux directions : montante et descendante. […] Mais aussi, qui peut n’exister pas, s’il est utile de passer sous silence la dite mesure, — ou, tout à l’heure qui en insistant marquera des temps, de toute l’intensité du son se répondant en puissances de suggestion.
Rappelez-vous plutôt Don Juan, qui est à peu près du même temps ! […] C’est ce qui n’est possible encore que dans un temps de libre satire sociale. […] Cela est d’un temps dont nous ne comprenons plus les sentiments, bien loin de les partager. […] Il y avait d’ailleurs, en ce temps-là, plus d’un Samuel Bernard comme plus d’un La Fare. […] Mais Marivaux, lui, Marivaux est de son temps, entièrement, uniquement de son temps ; il en est à fond, comme on dit en termes familiers ; il n’est que de son temps ; et c’est pourquoi, si nous voulons le comprendre, il nous faut commencer par nous renseigner sur ce temps, l’un des moins connus et pourtant des plus curieux de notre histoire littéraire.
Car le temps que j’ai à attendre n’est plus ce temps mathématique qui s’appliquerait aussi bien le long de l’histoire entière du monde matériel, lors même qu’elle serait étalée tout d’un coup dans l’espace. […] — Parler ainsi est méconnaître la différence capitale qui sépare le temps concret, le long duquel un système réel se développe, et le temps abstrait qui intervient dans nos spéculations sur les systèmes artificiels. […] Elles nous permettent d’abréger beaucoup le temps que l’évolution biologique paraissait réclamer. […] Car le temps y est dépourvu d’efficace, et, du moment qu’il ne fait rien, il n’est rien. […] Nous ne pensons pas le temps réel.
Si Proust a démontré quelque chose, c’est que rien ne pouvait suppléer le temps. […] Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. […] Tel est vraiment le premier temps de son esprit, quand il s’exerce. […] Elle échappe au temps. […] À la recherche du temps perdu, tome I.
L’étoient-elles davantage du temps de Corneille & de Racine ? […] Encore, s’il n’y eût eu à la lecture de tant d’Ecrits frivoles d’autre perte à craindre que celle du temps ! […] Que de couronnes arrachées par le Temps & par la force de la Vérité ! […] Elles sont toutes ensevelies dans la nuit des temps. […] Depuis ce temps, on ne trouve plus chez les Juifs l’Ecriture Sainte qu’en lettres Chaldaïques.
J’en connais, je crois, encore un ou deux ; mais je n’ai pas le temps de m’en souvenir. […] Sa politique, à lui, garde son arrière-pensée méfiante à travers tous les temps. […] Son témoignage en resta là et sommeilla quelque temps. […] Du temps de Naudé, on en vint d’emblée aux injures. […] Cette porte particulière n’eut pas temps de s’ouvrir, à cause des troubles.
parlez-moi de ces temps oubliés. […] et combien de temps ? […] Les temps n’étaient plus aux vers. […] Vous expliquez l’homme par son temps. […] Le temps ne nous regarde plus.
Il a lu et relu d’excellents livres, Proclus, Joseph de Maistre, les grands poètes de tous les temps. […] Dans un temps où le sophisme raffermit la lâcheté et où chacun est le doctrinaire de ses vices, M. […] Baudelaire, cette poésie sinistre et violente, déchirante et meurtrière dont rien n’approche dans les plus noirs ouvrages de ce temps qui se sent mourir. […] Auguste Barbier, partout ailleurs l’auteur des Fleurs du mal est lui-même et tranche fièrement sur tous les talents de ce temps. […] Les poètes en ce temps-là n’écrivaient que pour les poètes ou pour les âmes assez grandes pour comprendre l’Art.
Le verbe, enfin, embrasse tous les temps, et crée le souvenir et la prévision. Oui, la pensée même de Dieu, la pensée éternelle et contemporaine de tous les temps, cette pensée est dans le verbe. […] Le temps, à cet égard, est grand poète et grand coloriste. […] Le temps use tout. […] Leurs livres sibyllins n’existaient plus dans le temps où les Romains commencèrent à cultiver les lettres.
L’activité presque fébrile, qui nous caractérisa en tout temps, quitte la politique pour se porter vers le bien-être matériel : ou je me trompe fort, ou nous allons voir d’ici à peu d’années d’immenses progrès dans ce sens. […] C’est là le plus grand problème du temps ; il est posé, mais non résolu. » Il a l’art d’élever les questions, mais aussi de les éloigner en les généralisant. […] Il n’y a, au fond, que les choses de notre temps qui intéressent le public et qui m’intéressent moi-même. […] Vous qui avez souci du peuple, rappelez-vous des temps, même très-récents, auxquels vous avez assisté et pris part. […] Lorsque son livre de la Démocratie parut, j’en écrivis quelques mots d’éloge que je fis insérer dans le journal le Temps, dirigé alors par M.
La nature ne lui avait point accordé les élégances ni les grâces de la jeunesse, non plus que l’envie de les acquérir ou d’y suppléer : c’était du temps de gagné pour les choses sérieuses. […] S’il fût mort à cette époque, il eût laissé la réputation d’un des hommes les plus vertueux et les plus éclairés de son temps. […] Si je fais quelque chose de bien dans tout le temps qui me reste à vivre, je suis sûr que le souvenir de M. de Malesherbes animera mon âme. […] Enfin il était toujours temps pour qu’une mettre de cachet intervînt, qui envoyait l’auteur à la Bastille. […] Il remarquait encore, en parlant de Louis XVI, « que cette extrême sensibilité, si aimable, si désirable dans la vie privée et dans des temps tranquilles, devenait souvent, dans un temps de révolution, plus fatale à un roi que certains vices ».
Distraction venue à temps et qui nous empêche de songer au retardement de notre roman dans La Presse. […] Pendant tout ce temps, pendant ces deux mois il n’a vu personne. […] Quel drôle de temps ! […] Personne n’a vraiment rendu la passion, l’excitation, la furie, le grand delirium tremens de ce temps. […] Et comme dans les temps antiques, toujours des individualités en relief, et la guerre ayant encore l’air d’être entre des hommes et non entre des multitudes.
Il faut cependant, pour vivre avec tous ces gens-là, un grand fonds de connaissances qui ne satisfont ni le cœur ni l’esprit, et qui prennent tout le temps de la jeunesse. […] Elle n’a pas toujours été aussi grande, mon cher Mirabeau ; il y a eu des temps où j’ai lu ; mais ces temps-là sont un point dans ma vie. […] Si les plaisirs vous dominent, suivez-les ; mais songez que le temps se passe. […] décidez-vous ; vous avez trop d’esprit pour tuer le temps. […] Mais pendant ce temps-là, Mirabeau court le monde, rompt avec sa dame, arrive à Paris et s’y établit.
Vatout était aussi un barbiste de ce temps-là, Vatout gai, vif, léger dans sa lourdeur, esprit frivole sous son enveloppe épaisse ; M. […] Parlant du Prado de son temps et de la Chaumière, M. […] Coulmann d’avoir eu toutes les nobles et bonnes passions de son temps, et de les avoir eues à leur heure. […] Il est difficile, en général, à une femme de se créer sa palette ; elle accepte d’ordinaire celle de son temps. […] Aimer follement lui avait paru de tout temps la seule manière raisonnable d’aimer.
Les jugements qu’elle porte sur les hommes de lettres de son temps sont décisifs ; l’accent dont elle les note en passant les grave. […] Elle parle assez favorablement de Rivarol ; ce n’est pas qu’elle ne sache ce qu’on y peut reprendre : « Mais, vu la misère des temps, je le trouve bon ; il y a une sorte d’originalité dans le style et des aperçus qui ne sont que trop justes, mais il faut s’en distraire. » Il s’agissait de quelque écrit de Rivarol, qui touchait aux affaires du temps. […] Pendant ce temps-là, quelques vieilles femmes assises dans leur chambre parlent le français à ravir, familièrement, crûment, comme chez elles, sans demander la permission à personne, et tout à fait comme des vieilles d’Athènes. […] Du temps de l’hôtel Rambouillet, bien des jeunes femmes comptaient et brillaient entre les précieuses, qui plus tard et en vieillissant revinrent à la parfaite et saine justesse. […] Mme de Créqui ne paraît avoir songé en aucun temps à émigrer.
Ses frères se montraient aussi amateurs d’épées, de chevaux, de chiens et de chasse, que, lui, il était posé, enjoué, amateur de livres et de peintures, de musique, de contes et d’histoires du temps passé. […] Quelquefois le jeu y était admis, mais il avait ses limites ; et la lecture des bons livres y trouvait son temps, aussi bien que la piété solide, aux heures qui lui sont principalement dédiées. […] À peine le précédent abbé avait-il rendu le dernier soupir, que Marolles, alors sur les lieux, en donna avis en toute hâte à son père, grâce à l’obligeance d’un maître de poste qui par un très mauvais temps, à dix heures du soir, expédia un courrier qui devança tous les autres. […] Cette pièce, adressée à l’archevêque de Tours, Victor Bouthillier, à la date d’octobre 1644, montre que Marolles avait mis du temps à songer à la réformation de l’abbaye dont il jouissait depuis quatorze ans. […] Mais du moins quelqu’un le connaît, quelqu’un s’occupe de lui, quelqu’un sourit de lui ; et, chose presque inouïe de son temps !
Qu’elle se maintienne et roule quelque temps, elle aura bientôt tout le monde à sa suite. — J’ai vu, disait quelqu’un, la naissance de plusieurs bruits de mon temps ; et bien qu’ils s’étouffassent en naissant, nous ne laissions pas de prévoir le train qu’ils eussent pris s’ils avaient vécu leur âge. […] Et puisque le lièvre est levé, pourquoi ne risquerai-je pas cette opinion assez singulière d’un Suisse de ce temps-là sur M. […] On y loue comme par arrêt des hommes loués déjà, et qui doivent être loués de nouveau dans toute la suite des temps. […] Genève est à la fois une retraite et un lieu de passage ; on y est curieux, et l’on y sait le prix du temps ; on s’y recueille, et l’on y voit tout défiler devant soi. […] Genève a été de tout temps une forte nourrice des esprits ; elle peut l’être encore.
Leur malheur fut, dans tous les temps, de ne pas demeurer à Rome : elle serait devenue la capitale de leurs États, et les papes auraient été soumis sous l’œil du maître. […] On voit encore, dans les histoires du temps, qu’il contribua par sa valeur à la victoire de Caprona, remportée aussi par les Florentins sur les républicains de Pise. […] Partout ce poëte a heurté les préjugés de son temps ; et ce temps est un des plus malheureux que l’histoire nous présente. […] Mais il est temps de nous occuper du poëme de l’Enfer en particulier, de son coloris, de ses beautés et de ses défauts. […] C’était assez pour son temps, pas assez pour le nôtre.
Chacun a son idéal dans le passé, et la nature, la vocation de chaque esprit ne se déclarerait jamais mieux, j’imagine, que par le choix du personnage qu’on irait d’abord chercher si l’on revenait dans un temps antérieur. […] Mais on n’y dit rien des livres pantagruéliques qu’il avait déjà composés et qu’il devait composer encore ; et Rabelais ne se crut en aucun temps obligé de se les interdire. […] Ponocrates laisse donc le jeune Gargantua suivre quelque temps son train accoutumé, et Rabelais nous décrit cette routine de paresse, de gloutonnerie, de fainéantise, résultat d’une première éducation mal dirigée. […] Il est grand temps de réformer cette éducation vicieuse ; mais Ponocrates, en homme sage, ne fait point la transition trop brusque, « considérant que Nature n’endure mutations soudaines sans grande violence ». […] Eugène Noël, suit un peu cette dernière méthode, en l’appliquant selon les idées et les données de notre temps, c’est à dire en l’exagérant encore.
Il commença par les débuts de son père, qu’il connaissait depuis le temps de l’École militaire, et depuis Toulon. […] Le premier était du temps de la première guerre d’Italie, et se rapportait à l’époque du traité de Campo-Formio qui brisa l’antique république de Venise. […] » Marmont n’avait pas eu le temps d’y penser. […] Ceux qui l’ont le mieux connu ont signalé en lui la sagacité extraordinaire du jugement, une connaissance innée des hommes, qui lui faisait deviner ce qu’il n’avait eu ni le temps ni l’occasion d’observer. […] Par un sentiment précurseur, et comme il arrive à ceux qui, loin du ciel natal, se sentent décliner et approcher du terme, il nourrissait depuis quelque temps un vif et secret désir de revoir la France.
Quand on lit aujourd’hui cette histoire si fine, si courue, si touchée à peine, si arrêtée à temps, on a besoin de quelque retour d’imagination pour en ressaisir toute la grâce et en recréer l’enchantement. […] Étant allée avec la reine sa mère faire visite à Londres à son royal frère pendant les premiers temps de cette restauration, elle y enflamma les cœurs et y fit l’essai de ses charmes ; elle avait au plus dix-sept ans. […] Quelque temps après son mariage, Madame vint loger chez Monsieur aux Tuileries ; elle ne quitta plus tard ce logement que pour le Palais-Royal, de sorte qu’elle était bien une princesse parisienne. […] Au voyage de Fontainebleau qui se fit à peu de temps de là, Madame porta la joie et les plaisirs. […] Madame, informée à temps, et redoutant l’effet de ce libelle sur Monsieur, s’adressa à Cosnac pour qu’il prévînt le prince et allât au-devant de son mécontentement.
Mais, même avant Talma, et du temps de Brizard ou de Larive, La Harpe sentait bien qu’il y avait là-dessous une force supérieure cachée : « C’est bien heureux, disait-il en parlant de Ducis, que cet homme n’ait pas le sens commun ; il nous écraserait tous. » Personne ne fit, dans le temps, à Ducis les vraies objections ; on lui reprochait de trop imiter Shakespeare, et non pas de l’imiter mal. […] Dans le temps où il travaillait à sa pièce du Roi Léar, il écrivait : Nous portons, nous autres, des volcans dans notre âme : nous sommes lions ou colombes. […] Mais, en choisissant chez Ducis et, en coupant les citations à temps, combien l’on trouverait ainsi de ces belles et douces pensées ! […] Qu’il nous suffise de reconnaître qu’il demeura en tout temps, et au milieu des diverses illusions qu’il put traverser, l’honnête Ducis. […] Je ne suis plus qu’une ruine couverte d’un peu de mousse et de quelques petites fleurs qui me consolent et me déguisent les outrages du temps.
Il y avait, même du temps de Rancé, de ces gens du monde curieux et assez zélés qui allaient volontiers passer vingt-quatre heures à la Trappe et qui s’en faisaient une partie de dévotion. […] Le temps de sa retraite à Veretz se marque par quelques traits plus adoucis et par quelques expressions de contentement, si ce mot est applicable à une nature comme celle de Rancé : « Je vis chez moi assez seul. […] Une pensée historique ressort avec évidence de la lecture de ces lettres de Rancé et jusque du sein de la réforme qu’il tente avec une énergie si héroïque : c’est que le temps des moines est fini, que le monde n’en veut plus, ne les comprend ni ne les comporte plus. […] Ce sont nos péchés qui en sont cause. » (Lettre du 14 septembre 1689). — Ainsi le grand siècle, ce siècle de Louis XIV que nous nous figurons de loin comme fervent, était à bout des moines, et cela de l’aveu du plus saint et du plus pur des réformateurs monastiques du temps. […] Les lettres de Rancé à l’abbé Nicaise, sans avoir un intérêt de lecture bien vif, en ont un très-réel pour l’histoire littéraire du temps.
Pourquoi les nouveaux habitans d’un païs deviennent-ils semblables au bout de quelque temps à ceux qui habitoient le même païs avant eux, mais dont ils ne descendent pas ? […] Mais la nature a fait revivre dans les catalans d’aujourd’hui, les moeurs et les inclinations des catalans du temps des Scipions. […] Dans le temps qu’on déliberoit sur la proposition d’Annibal, des ambassadeurs de la république romaine, qui n’avoient avec eux que leur suite, demandoient audiance. […] C’est de tout temps qu’on a remarqué que le climat étoit plus puissant que le sang et l’origine. […] Au contraire, les grecs établis à Marseille contracterent avec le temps l’audace et le mépris de la mort particulier aux gaulois.
Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. […] Je franchis les temps pour parvenir à Cicéron même ; je ne répéterai point tout ce qui a été dit de ce grand homme. […] Peu de temps après il en parut deux autres ; l’un était d’un Fabius Gallus, que nous connaissons peu : l’autre était de Brutus. […] L’un est consacré à un Sulpicius, jurisconsulte, orateur, républicain zélé, et vertueux dans un temps où les vertus se remarquaient à Rome. […] Mais le temps approchait où l’éloquence allait être employée dans Rome à louer ceux qui opprimaient les citoyens, et non ceux qui les vengeaient.
La Critique de son temps n’a pas toujours été pour lui ce qu’elle aurait dû être, et les raisons de cette injustice, je les dirai. […] C’est un Barbier rieur, du temps où le Barbier qui ne riait pas se forcenait dans ses Iambes ou dans son Pianto. […] Dans un temps où la gloire n’était pas difficile et où Victor Cousin disait : « On a trois ou quatre amis. […] Croyez-vous qu’il en voulût à la Critique de son temps d’une si choquante injustice ? […] … Amédée Pommier était de cette génération d’hommes nés pendant l’Empire, qui semblent avoir gardé sous leur peau un peu de la trempe bronzée des canons du temps.
Saint-Simon pensa de bonne heure à être l’historien de son temps : à l’armée, à la cour, il a ramassé curieusement la plus ample information. […] Il veut relever la noblesse : il fait un rêve féodal, il remonte jusqu’à Philippe le Bel, au temps où il s’imagine voir les « fiers légistes » aux pieds des nobles pairs qui composent le Parlement, la cour du roi. […] Le temps ne se prêtait guère à réaliser ses rêves ; et il ne s’en aperçut pas. […] Ces idées sont d’un autre temps, surtout parce qu’elles revêtent la forme de théories surannées. […] Il écrit avec ses nerfs : il cherche les mots qui équivalent à son sentiment, mots à la mode, ou du vieux temps, mots de boutique ou de village, et mots de cour, vertes locutions, ou tours délicats.
Cependant l’incalculable petitesse et la prodigieuse insignifiance numérique de cet atome, comparé à l’immensité de l’espace et au nombre des mondes qui le peuplent, devrait donner quelque mépris aux hommes et aux peuples qui s’acharnent à s’en disputer des surfaces inaperçues, ou à se créer sur ce néant d’espace et de temps ce qu’ils appellent des mémoires éternelles. […] De même qu’il y a un horizon d’espace au-delà duquel la vue se trouble et n’aperçoit plus rien, de même il y a un horizon de temps au-delà duquel la mémoire des peuples semble condamnée à ne pouvoir jamais remonter. […] Ces livres forment avec le temps d’autres dépôts de l’expression humaine, destinés à périr à leur tour. […] Il y a une brume sur les temps très-reculés, comme sur les distances. […] Nous prendrons en main tour à tour une de ces œuvres, nous en traduirons les principaux textes, en faisant goûter les beautés et en indiquant les imperfections, et nous nous rendrons compte ainsi des trésors d’intelligence, de sagesse et de génie que possède l’homme intellectuel au temps où nous vivons.
Mais entre laïques, instruits, positifs, de leur temps, allons donc ! […] Réjouissons-nous de ce que, grâce à l’initiative de l’Académie, nous puissions parler, sans être moine et à d’autres qu’à des moines, d’un des plus grands esprits du temps passé, qui eut le malheur moderne d’être moine. […] Quel est le lettré de ce temps où les Mémoires de mademoiselle Céleste Mogador trouvent des plumes galantes qui en écrivent, quel est le lettré qui, par un mot, ait seulement donné une idée juste de ce beau et utile travail de bénédictin que M. […] Il est bien un peu payen aussi, et de famille payenne, par-dessus le marché, ami de son temps, mais il est épris d’une chrétienne qu’il veut faire accepter par les siens. […] Saint Thomas d’Aquin, c’est la nature se faisant écho à elle-même, à travers les temps, recommençant un homme comme une création et remoulant un Aristote sur l’exemplaire qu’elle avait gardé du premier.
Il finit par ces mots sublimes et simples : « Mais il est temps de nous en aller, moi pour mourir et vous pour vivre : de ces deux choses, quelle est la meilleure ? […] Pour moi je voudrais qu’au lieu des ruines du temple de Minerve, le temps eût conservé la prison où est mort Socrate. […] Juges qui condamnez les hommes, vous pouvez immoler un sage et flétrir un instant l’homme que la calomnie poursuit, le glaive est dans vos mains ; vous frappez, mais l’œil inévitable du temps vous observe et vous juge. Le temps renversera sur vous l’opprobre dont vous aurez couvert les gens de bien, et vingt siècles écoulés ne l’effaceront pas. […] Enfin, dans tous les temps, il est bon de présenter aux hommes des exemples de courage.
Aussi dès que le temps de la nouveauté s’est écoulé, dès que la conjoncture qui soutenoit la piece est passée, le public oublie pleinement ces farces, et les comédiens qui les ont joüées ne s’en souviennent plus, ce qui prouve, olim cùm stetit nova, … etc. . Mais, ajoutera-t-on, le succès du Misantrope fut incertain durant un temps. […] C’est que le théatre de ces temps-là n’étoit pas un tribunal à comparer au nôtre. […] Il faut du temps aux personnes désinteressées pour se reconnoître et pour s’affermir réciproquement dans leur sentiment par l’autorité du grand nombre. […] Je crois que le temps où le poëme nouveau, qui est un bon ouvrage, se trouve défini en general suivant qu’il mérite de l’être, arrive aujourd’hui, environ deux ans après sa premiere édition.
Le temps était venu où Richelieu, réunissant à la dignité de cardinal les fonctions de connétable, de grand-amiral et de premier ministre, se rendît terrible aux grands. […] Dans le même temps parut aussi à l’hôtel de Rambouillet mademoiselle de Coligni, qui fut depuis la comtesse de la Suze, du même âge que mademoiselle de Bourbon-Condé, dix-sept ans. […] Elle fut fort aimée du duc de Saint-Aignan, et sa correspondance avec Bussy-Rabutin la placée au rang des bons épistolaires de ce temps-là. […] Mais à peu près dans le même temps elle reçut Pierre Corneille, dont la vie poétique commença en 1625 par la comédie de Mélite dont nous avons parlé. […] Enfin, dans le même temps, on y voit le marquis de Salle, qui fut depuis le duc de Montausier, âgé de 21 ans.
Lord Byron se taisait, parce qu’il comptait sur le temps. […] Le temps a couru. […] Tout cela est du domaine du temps et se transfigure avec lui. […] … Elle perd notre temps ! […] Donnez-lui du temps, on ne fonde pas un gouvernement en une séance !
Le temps nous pousse et nous le lui rendons bien ». […] En temps ordinaire, la bombance et la joie ne sont guère moindres. […] L. de Loménie, Beaumarchais et son temps, I, 403. […] (Beaumarchais et son temps, par L. […] L. de Loménie, Beaumarchais et son temps, II, 304.
Dans l’un comme dans l’autre genre, le tour d’esprit du temps plutôt que le génie l’avait décidé. […] On en sait plus sur les conditions du poème épique qu’au temps d’Homère. […] Je ne m’étonne pas, d’ailleurs, que le caractère d’Achille ait été si mal critiqué dans un temps où il était si médiocrement admiré. […] S’ils ne voulaient pas, par modestie, le devoir à leur mérite, quel scrupule avaient-ils à le devoir au temps ? […] On sent dès ce temps-là l’homme qui aimera mieux la vérité que l’erreur, mais qui préférera toujours ses aises à la vérité.
J’en aurais honte si j’y pensais sérieusement ; mais, monsieur, ai-je le temps ? […] pas moi, pas même en l’essayant de toutes mes forces ; car il faudrait pour ma justification redescendre dans des temps qui me font peur à repasser. […] « … Mon sort a été d’une rigueur ces derniers temps à ne pas me laisser reprendre haleine. […] Elle avait, à cette date, adressé une espèce de cantique à la reine Marie-Amélie au nom des femmes et des mères : cette complainte touchante a été imprimée dans Pauvres Fleurs, mais elle a un certain air de ballade du temps jadis, du temps de la reine Blanche ; le poète s’y déguise en trouvère. […] Je trouve dans une lettre de ce temps-là, adressée par un père à son fils âgé de quatorze ans, un tableau des mêmes scènes, qui est une pièce poignante à l’appui.
Le poète a ouvert la bouche et a poussé un beau son, mais les mots gaulois, le français de son temps, sont trop minces pour cette gravité latine et cette plénitude continue qu’il y faudrait. […] Il y justifie l’éloge qui lui fut donné de son temps, par opposition à d’autres : le doux-coulant Du Bellay. […] D’autres poètes aussi ont été gens d’affaires : l’abbé de Chaulieu, en son temps, fut comme l’intendant des Vendôme, et le spirituel épicurien, dit-on, n’y perdit point sa peine. […] Cela n’a guère cessé que du temps de Corneille. […] Indépendamment des notes du temps, il y a joint ses propres explications et commentaires.
Les hommes de ma génération qui sont au pouvoir, et qui furent des libéraux de ce temps-là, ont trop oublié, selon moi, les impressions de leur jeunesse. […] De temps immémorial en France, l’humeur gauloise, on le sait, s’en est donné à cœur joie sur les moines, les femmes et les maris : témoins les fabliaux qui couraient déjà du temps de saint Louis, les noëls licencieux et les couplets du temps de Louis XIV, et tous les mémoires secrets sous Louis XV. Quand on a parcouru, comme il est permis aux érudits, ces amas d’ordures, on est plus indulgent pour le temps présent. […] Mais admettons que, depuis quelque temps, en effet, et à l’avenir, on soit disposé à le respecter davantage. […] La plupart du temps, elles sont mécontentes ; elles nous feraient un procès si elles l’osaient.
De mon temps, c’était encore ainsi. […] Cela ressemble aux farces et moralités du temps de Gringoire. […] On en raconte une de ce temps-là, après les Fils ingrats et Callisthène. […] Piron, que le Ciel semble m’avoir envoyé pour passer le temps agréablement. […] Le temps et les talents, quand on en a, doivent, ce me semble, être mieux employés.
Son père lui donna les premières leçons de dessin ; plus tard il travailla quelque temps dans l’atelier de M. […] De tout temps et jusqu’à là fin, sous l’uniforme de la garde civique, il se montra aussi exactement et rigidement militaire qu’il pouvait l’être. […] — Coquin de temps ! […] La question, n’en déplaise aux Delécluze de tous les temps, se présentait alors de la manière la plus simple et la plus pratique. […] Un feuilletoniste du temps (Jay ou Jouy) se représente comme ayant une lettre d’introduction pour le peintre en renom.
Denain mérite donc d’être connu, étudié comme Rocroy, d’autant plus que le récit de ce beau fait d’armes offrait des points douteux et non éclaircis, des obscurités qui n’ont été levées que dans ces derniers temps. […] Qualités et défauts, Villars était bien en tout un type parfait de l’officier français tel qu’on l’a vu de tout temps et tel qu’il est encore. […] Villars, en faisant battre le tambour, criait au contraire aux siens Milites, Milites, et les refaisait deux fois soldats, sans qu’ils eussent même le temps d’y songer. […] Le prince Eugène cependant, averti vers quatre heures du matin, accourut au galop de Landrecies à Denain avec quatre ou cinq officiers seulement, et, les premières dispositions prises pour la défense, il retourna pour ramener à temps, s’il se pouvait, son armée. […] Il se rendit à mes raisons, et nous continuâmes notre marche, après avoir perdu une heure de temps. » Telle est la version de Montesquiou, désobligeante pour Villars.
HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert Je ne sais si notre temps sera aussi fondateur et créateur qu’on a pu, à certains moments, l’espérer sans trop d’invraisemblance ; mais, à coup sûr (ce qui d’ailleurs n’est pas une incompatibilité avec la force de création), il est un temps de renaissance par l’étude et par l’entente intelligente de ce qui a précédé. […] le temps se passe, des difficultés surviennent, des troubles à l’intérieur du pays ; et puis, la diffusion de l’esprit nuit à l’œuvre, la science opprime un peu le nerf de l’art. […] Laissant aux futurs génies de nos temps le souci de se tirer à leur tour, par un coup d’aile sublime, de tant d’études croissantes et de tout ce fardeau du passé, et en prenant les choses comme elles se présentent aujourd’hui, notons déjà le bienfait. […] Ainsi, poésie lyrique personnelle et esprit des temps ! […] Il arrivait fréquemment, en ce temps, que des personnes pieuses exaltées par l’oraison, par le jeûne, eussent des visions, des communications suivies avec la Vierge ou les saints.
Depuis quelque temps, M. […] Bourdaloue et Massillon furent de leur temps les maîtres de la chaire dans le genre du sermon. […] La première, celle d’O’Connell, me plaît peu ; elle n’est pas exempte de la déclamation propre à ce temps-ci. […] Dès les deux heures du matin, quelquefois plus tôt, il était debout ; c’était le temps où le travail domestique recommençait à la lueur d’une seule et mauvaise lampe. […] C’était, en ce temps-là, le premier académicien du monde.
De jolis vers, tour à tour satiriques ou flatteurs, à l’adresse des personnages du temps, en faisaient dans sa nouveauté quelque chose de plus vif et de plus animé qu’il ne nous semble aujourd’hui. […] Rulhière se rattachait à cette manière de voir de Voltaire ; et, plus sage, plus conséquent que le maître, il n’y dérogea en aucun temps par imprudence ni par pétulance. […] Sa pension d’historien fut quelque temps supprimée. […] Mais ses meilleures raisons étaient encore dans son caractère et dans le tour de son esprit, qu’on pourrait définir, de tout temps, libéral mais ministériel. […] Dumouriez fut quelque temps agent du ministère français auprès de ces Polonais, les confédérés de Barr.
Il est grave, guindé, pédant et intellectuellement ressemble à ce qu’est ostéologiquement une gouvernante anglaise qui a beaucoup voyagé et que le temps, l’ennui, les voyages, ont durcie et pétrifiée sous son busc. […] Ce sont des pensées, des réflexions et des maximes sur la condition humaine, l’homme, la femme, la vie morale, le cœur, l’esprit, l’éducation, le temps présent, les arts et les lettres, l’aristocratie, la bourgeoisie, le peuple et la religion des contemporains. […] Le bon temps de la femme émancipée n’est que le temps bien juste des Mille et une Nuits. […] Elles sont des hommes par la pensée » ; mais le temps, qui est un galant homme aussi, et plus homme qu’elles, les a prises sous son bras et, comme on fait à l’enfant qu’on va fouetter, il leur a, d’une main patiente et douce, mais irrésistible, ôté simplement leurs culottes. […] Le livre de Mme Stern est, par la forme, le pensum de la gravité affectée, comme il est, par le fond, le doctrinarisme de la Libre-Pensée et l’expression de ces misérables généralités philosophiques qui sont les vulgarités intellectuelles de ce temps.
Le temps a manqué pour le compléter. […] Nous tenons à démontrer que tel est, en effet, le caractère de la poésie de notre temps. […] Mais qu’on ne parle pas de Scott et de Cooper pour nier le caractère général que nous assignons à la poésie de ce temps. […] De là ce Christianisme de décadence ou de renaissance, comme on voudra l’appeler, qui court dans tant de livres de notre temps. […] » Ô malheur à l’artiste d’être ainsi en dehors de son temps !
Est-ce là le temps où les ennemis de la superstition devraient se brouiller ? […] Duclos ne pouvait plus se contenir ; ses propos éclataient contre les personnages en place : on lui conseilla de s’absenter quelque temps, et il se le conseilla à lui-même. […] On est revenu depuis quelque temps de beaucoup de préjugés, mais on s’accoutume trop à regarder comme tels tout ce qui est admis. […] » Duclos, fort et robuste comme il était, mourut avant le temps, le 26 mars 1772, à l’âge de soixante-huit ans. […] [1re éd.] et il justifie, plume en main, l’axiome de son temps qu’il professe avec Condillac
L’intendant Foucault, lui, n’était qu’un homme de son temps, et, s’il en servit le mouvement et le progrès dans le sens de bien des améliorations pratiques, il en partagea fortement aussi les préjugés et les erreurs. […] On avait eu soin de le faire tonsurer dans le temps où il avait reçu la confirmation, à l’âge de dix ans : cette tonsure le rendait apte à obtenir des bénéfices. […] De tout temps la nature humaine est ainsi. […] Quand il mourut, la Gazette de France parla de lui comme du plus vieux militaire de son temps et du plus ancien magistrat. […] Ils se sont contentés de ne point paraître dans les rues les dimanches, à l’heure du prêche. » Cette démolition a lieu, et les religionnaires ayant refusé de l’exécuter, elle est faite par les catholiques en sept heures de temps.
Tout son temps se passait à lire en cachette. […] Cet abîme, surtout dans les premiers temps, il désespéra de le franchir. […] Cette valse non plus, cette valse à deux temps qui me fit tant de mal ! […] Quel heureux temps et comme il est loin de nous ! […] Victor Bertin le paysagiste, qui était fort en vogue en ce temps-là.
La poesie a eu de tout tems ses censeurs et ses panégyristes. […] On dira peut-être que le poëte lyrique se donne la plûpart du tems pour inspiré ; et qu’ainsi la timide précaution de ne point trop promettre, ne conviendroit pas à sa supposition. […] Mais enfin, autant qu’on le peut, il faut distinguer dans les auteurs les défauts de leur tems d’avec leurs défauts particuliers. […] J’ai osé traduire quelques-unes de ses odes, où je serai demeuré sans doute fort au-dessous de mon original : mais comme il n’y en a point encore de traduction publique en vers françois, qu’il n’en a couru de tems en tems dans le monde que de simples imitations, et même la plûpart en vers irréguliers, je me suis encore laissé gagner à la nouveauté. […] J’ai étendu quelquefois ses fables, et fait entrer, pour ainsi dire, le commentaire dans le texte ; parce que ce qui s’entendoit à demi mot du tems d’Horace, n’est pas aujourd’hui aussi connu ; et il me semble que dans une traduction où l’on veut plaire, le traducteur doit suppléer ainsi à la distance des tems, et tâcher toujours de rendre l’équivalent, aussi bien pour les faits que pour les pensées.
Le temps que Mazarin avait perdu à mal régner, Colbert l’employait à bien servir le roi. […] Les témoignages du temps sont unanimes sur ce point. […] Les crimes, si communs dans les temps de faction, firent place aux vices, qui sont de tous les temps, aux travers, encore plus universels que les vices, et qui sont la vraie matière de la comédie. […] Il se contentait de l’avertir par des regards furtifs, et toujours quand il n’était plus temps. […] Les prédicateurs de son temps n’eurent pas d’auditeur plus assidu.
En un temps où les hommes éminents ne pèchent point, en général, par trop de méfiance d’eux-mêmes, c’est là un trait presque touchant. […] Cousin, et cela importe d’autant plus que, depuis quelque temps, ce puissant esprit a fait toute une révolution dans la critique. […] Charles Nodier avait su y introduire, en son temps, de la fantaisie et des manies charmantes ; mais, ici, on a l’utilité du but sous l’idéal de la passion. […] J’ai pour idée que l’on est toujours de son temps, et ceux-là mêmes qui en ont le moins l’air. […] Villemain appartient à notre temps par un certain souci et une certaine curiosité d’expression qui y met le cachet ; c’est un style, après tout, individuel, et qui ressemble à l’homme.
Personne ne se souvenait qu’il y avait une traduction de Shakespeare par Guizot, faite en des temps anciens déjà… un à peu près de traduction, une toute de Shakespeare, le barbare chevelu, et de Le tourneur, ce second Barbare qui avait traduit le premier. […] Mais nous, et Guizot avec nous, qui maintenons l’originalité profonde et même incomparablement profonde de Shakespeare ; nous qui ne voulons pas qu’il soit seulement une perle dans une coquille d’huître, et qui ne nous sentons aucun respect pour cette huître où elle s’est formée ; nous qui ne croyons pas, comme Emerson, que le mérite inadéquate de Shakespeare ait été d’être à l’unisson de son temps et de son pays, car son pays et son temps n’ont pas dit un mot du succès de ses pièces et n’ont pas classé son génie, — ce qui prouve qu’ils ne le sentaient pas ; — nous disons, nous, que « le biographe de Shakespeare n’est pas Shakespeare », si on entend par là son œuvre. […] Ni Aubrey, le premier historien de Shakespeare, qui écrivait cinquante ans après la mort de ce grand homme, compris par le public de son temps avec la finesse et la sûreté d’appréciation ordinaires à toutes les foules et à tous les publics ; ni Nathan Drake, qui a fait un livre énorme sur Shakespeare qu’il appelle Shakespeare et son temps (Shakespeare and His Time), un titre, je crois, de la connaissance de Guizot ; ni Guizot enfin, lequel pourtant, je m’imagine, ne doit pas être l’ennemi complet du représentatif dans l’humanité, n’ont pensé comme Emerson et, comme lui, fait également bon marché de la prodigieuse originalité du génie de Shakespeare et de la vie privée de cet homme phénoménal, — à lui seul tout un monde perdu, qui attend encore son Cuvier ! […] La Vie de Shakespeare n’a pas la longueur et les développements du Shakespeare et son temps de Nathan Drake. […] On dit qu’une autre illustration de ce temps se prépare à traiter ce sujet, enflammant pour les esprits ambitieux par sa difficulté même.
Cette incroyable amitié fit un bruit du diable, — et du diable attrapé, car il ne s’y mêla pas un grain de scandale, le musc du temps ! Au contraire, c’était une réponse victorieuse et morale aux mauvaises langues philosophiques qui disaient que les Rois ne pouvaient pas avoir d’amis, et dans un temps où les Rois passaient de rudes quarts d’heure avec les philosophes. […] Quand, jeune, il menait à Paris cette vie de prince de la bohème encore plus que de prince polonais qui pendant quelque temps fut la sienne, Madame Geoffrin le sauva du Clichy d’alors, qui ne badinait pas ! […] Le visage est si correctement beau qu’on en dirait une au lieu d’un homme, sans la coiffure, qui est celle des hommes de ce temps. […] Elle vint juvénilement à près de soixante-dix ans, et à travers cinq cents lieues d’espaces qui auraient dû, dans ce temps-là surtout, épouvanter une vieille Parisienne sédentaire, assez courageuse pour abandonner son salon.
Resté l’homme des pensées du temps, il ne se serait jamais beaucoup élevé au-dessus de la fonction vulgaire d’un médiocre littérateur. […] Un peu plus, il serait déclamateur, mais il s’arrête à temps et le goût est sauvé. […] Turbulences dans un temps turbulent, cris éloquents poussés sous la pression des circonstances, les autres écrits de Donoso Cortès, discours, articles de journaux ou lettres, ne sont pas des livres, à proprement parler, et dont la Critique puisse donner l’anatomie. On les lira encore quelque temps, puis ils tomberont des mains, ne laissant dans les esprits d’autre impression que l’impression du bruit qu’ils firent, et ce sera bientôt effacé ! […] On s’en souvient : ils avaient, au dix-huitième siècle, mis partout leurs trois dieux, Voltaire, Rousseau et Franklin, qu’ils appelaient le Flambeau de l’humanité dans le style du temps, sérieux et comique, déclamatoire et plat.
Lacordaire, n’était qu’un simple dominicain peu sympathique d’état et d’opinion à messieurs les philosophes éclectiques ou voltairiens qui avaient la bonté d’élire des évêques ou des rois du temps, des avocats ! […] Lacordaire, sous une forme respectueuse et croyante, qui n’est qu’une force d’illusion de plus, va au naturalisme du temps, au rationalisme du temps, à l’humanisme du temps, enfin à ce prosaïsme du temps qui doit tuer les religions comme la poésie, car il tue les âmes ! […] … Pour le faire plus homme, il le ferait peut-être plus aimable compagnon… Oui, peut-être en ferait-il quelque admirable compagnon du devoir du temps, lui qui était charpentier ! […] Ce livre, dont je crains le succès, n’exprime pas à la rigueur un tout radicalement mauvais et qui doive être rejeté intégralement ; mais il a les corruptions du temps, sa sentimentalité malade, son individualisme, son mysticisme faux, son rationalisme involontaire. […] Lacordaire pourrait viser sans inconvénient à la popularité de ce temps-là, sainte ou innocente, mais il est malheureusement du dix-neuvième siècle, où la popularité n’est ni l’une ni l’autre, et où il est plus dangereux de la rechercher !
pour avoir été trop Matliurin Régnier par l’expression, en ce prude temps de République où l’on publie impudemment des livres athées, comme les Dialogues philosophiques de Renan, par exemple, et qu’on ne poursuit pas ! Mais laissons ces choses que le temps emportera. […] la poésie ne se mesure pas à la mesure du temps. […] Je constate seulement que cette langue n’est plus dans la préoccupation littéraire, et que s’il y a un contemporain qui la rappelle encore, mais en la faisant vibrer plus fort que Racine, c’est Lamartine, le souverain des poètes français du xixe siècle, et peut-être de tous les temps. […] Par la vertu de ce Christianisme qui peut tout, le poète d’Armelle a été le seul socialiste pratique de ce temps.
Pourquoi, en effet, consacrerait-elle à les examiner un temps relativement plus long que celui que l’auteur a mis à les faire ? […] About, qui fait des bouquets d’un autre genre pour les boutonnières industrielles et les corsages de notre temps ? […] pour donner à ce temps autre chose que des globules homœopathiques de talent, puisqu’il ne lui faut plus que cela ! […] Voilà comme, en très-peu de temps, a jailli la renommée de M. […] et cependant obligé d’être de son temps et d’intéresser des bourgeois blasés et même un peu pourris, voilà le problème.
C’est vers ce temps aussi que, M. […] C’est vers ce temps que M. […] Vers le temps de Pâques et pendant les derniers mois, M. […] M. de Sainte-Beuve père n’était étranger à rien de ce qui se publiait et qui faisait quelque bruit de son temps. […] l’on était vraiment patriote en ce temps-là, plus qu’aujourd’hui, et l’on sentait autrement les outrages politiques !
Mais elle eut en son temps un rôle à part, sérieux et délicat, solide et charmant, un rôle en effet considérable, et dans son genre au niveau des premiers. […] Mme de La Fayette eut le temps d’y aller dès avant son mariage et d’y profiter, aussi bien que Mme de Sévigné. […] Songez-y, ma fille, vous trouverez qu’il est impossible de faire une perte plus considérable et dont le temps puisse moins consoler. […] Il est temps de laisser chaque chose à sa place, et de vous mettre à la vôtre. […] Mademoiselle, dans la Princesse de Paphlagonie, traçant des portraits de ces deux dames, a dit : « C’est de leur temps que l’écriture a été mise en usage.
Ces trois hommes se touchaient par le temps. […] C’était le temps où César préludait à la conquête de la souveraineté romaine par la conquête des Gaules ; c’était le temps où Cicéron s’efforçait de soutenir par sa parole l’ancienne constitution républicaine que Pompée n’avait pu soutenir par son épée. […] Épicrate, l’homme le plus considéré dans Athènes, Léonidas et plusieurs personnes du même rang passent une partie de leur temps avec moi. […] César jugeait comme nous de ces différents caractères attribués aux différents tempéraments des hommes de son temps. […] Horace était jeune ; il tournait depuis quelque temps à la philosophie facile et accommodante d’Épicure.
Et, en effet, ce défaut de Socrate et de Platon tient aux défauts du temps et du peuple d’Athènes. […] « Mais il est temps que nous nous quittions, dit-il en finissant, moi pour mourir, vous pour vivre. […] Dieu, qui a voulu en tout temps la conservation des âmes, n’a laissé manquer aucun temps de la portion de vérité naturelle ou révélée, indispensable pour que sa création subsiste et pour qu’elle l’entrevoie lui-même à travers ses mystères. […] Il leur parla quelque temps en présence de Criton et leur donna ses dernières instructions. […] Tout le temps que j’ai été ici, il m’est venu voir souvent et il s’est entretenu avec moi ; c’était le meilleur des hommes, et maintenant comme il me pleure de bon cœur !
Lamé et de tous les ministres de ce temps, était qu’il ne fallait nous donner la Charte que peu à peu, comme si la loi fondamentale d’une société se coupait par morceaux. […] « La vieillesse des rois est un malheur public parce qu’elle les isole ; les passions de leur jeunesse les mettent du moins en communication avec les idées de leur temps. […] Le temps des fictions est passé ; si elles doivent revenir, laissez-leur le temps de se refaire. » Nous n’en voyons pas la nécessité, ni M. […] Cela pouvait durer six mois, six ans, comme dans les temps d’ignorance : cela a duré trois jours, grâce à l’admirable éducation que notre nation est parvenue à se donner en défendant quinze années de suite ses libertés. Mais l’idée qu’on avait généralement des pouvoirs et de l’administration publique n’en reste pas moins affaiblie pour plus ou moins de temps.
La langue gauloise du seizième siècle répond si parfaitement et si exactement à la langue grecque du temps d’Hérodote, qu’il est impossible même de supposer une traduction d’un autre temps qui puisse l’emporter sur une traduction à cette date. […] La langue qu’écrit l’homme d’un temps l’imprègne et le pénètre de son génie et lui communique une saveur que rien, quand on n’écrit pas cette même langue, ne peut remplacer, Notez-le bien : en matière de traduction, le génie de la langue importe bien plus que le génie individuel dont se trouve doué le traducteur. […] Mais, à partir d’Hérodote, le temps de la bonhomie dans l’esprit et dans la langue est passé. […] Seulement, il n’aurait traduit Hérodote qu’à la condition de mettre à ses pieds la langue de son temps et de se servir de cette langue du seizième siècle, qu’il savait parler de par la force de l’esprit gaulois qui était en lui, tandis qu’au seizième siècle, sans exception, tous pouvaient, sans être des La Fontaine, traduire avec succès l’historien grec, comme Pa fait Amyot en divers passages et Pierre Saliat intégralement. […] Mais, au seizième siècle, elle est formée, sa mue est faite ; elle a traversé le Moyen Âge, elle a passé à travers Froissard et Commines, puis elle s’est engouffrée dans Rabelais, dans cette espèce d’orgue immense, aux mille tuyaux redoublés et prodigieux aux mille spirales sonores, et elle en est sortie, en harmonies variées et toutes-puissantes, pour ruisseler dans les œuvres d’un temps fécond en écrivains comme ceux que j’ai nommés plus haut.
Pendant tout le temps qui nous en sépare, on eût passé pour un cœur bien dur si on avait dit, sans précaution, la vérité sur Gérard de Nerval, et le sentiment, cette niaiserie toujours triomphante dans les choses de l’esprit, se serait révolté, comme une femme à qui l’on dit des indécences. […] Mais nous sommes tellement enfants qu’il y a toujours bénéfice pour Gérard de Nerval à raconter ses premiers temps. […] Gérard de Nerval, qui fut un bohème, dans le temps qui inventa le bohème, — on ne connaissait jusque-là que les Bohémiens, — n’en fut point un à la manière de Murger, par exemple. […] comme voyageur, qui regarde et comme peintre de ce qu’il a vu, ce n’est pas un homme de l’acuité de regard et de la puissance pittoresque du marquis de Custine, un voyageur à peu près du même temps. […] Il fit des vers et de la prose, comme on en faisait de son temps et comme il en eût fait au xviiie siècle, dans une autre modulation.
Nulle démonstration ne vint plus à temps. […] Mélange singulier d’Auriol et de Commerson, mais centaure où, dans un temps donné, la bête doit dévorer l’homme, le rimeur des Odes funambulesques ne roulera pas, comme il le dit, hélas ! […] Mais sous ce morceau de paillon que l’auteur des Odes funambulesques attache à l’épaule de sa Muse, il y a bien plus important qu’un poète, fût-il charmant dans le passé et eût-il pu devenir grand dans l’avenir : il y a la poésie, — la poésie telle qu’elle est acceptée, saluée et malheureusement comprise par beaucoup d’esprits de ce temps. […] Il faut du temps pour préparer ce monstrueux avatar de son corps ou de sa pensée. […] Il n’y a donc point à s’étonner qu’au bout d’un certain temps, — le temps nécessaire à la corruption du goût pour achever sa putridité, — le symbole de la poésie lyrique soit Mme Saqui l’Immortelle !
La Germanie suivit la même règle dans les premiers temps, et l’on peut conjecturer la même chose des autres nations primitives du moyen âge. […] Nulle probabilité que les pères de famille de ces temps eussent connu la tendresse paternelle. […] Dès le temps de la république, les préteurs commencèrent à faire attention aux droits du sang, et à leur prêter secours au moyen des possessions de biens. […] Le droit de cité ne s’était donné dans les temps anciens qu’à d’illustres étrangers qui avaient bien mérité du peuple romain ; ils l’accordèrent à quiconque était né à Rome d’un père esclave, mais d’une mère libre, ne le fût-elle que par affranchissement. […] Mais avec le temps les choses changèrent au point que Constantin abolit entièrement les formules, et qu’il fut reconnu que tout motif particulier d’équité prévaut sur la loi.
L’amour de la gloire et la vertu, qu’il trouvait si absents dans le train de vie moderne, lui paraissaient avec raison l’âme du monde antique en ses beaux temps. […] Nous avons pu à cet égard les surpasser ; mais notre supériorité ne peut être attribuée qu’au laps des temps, à la progression des lumières accumulées. […] Cette brochure de M. de Meilhan est aujourd’hui pour nous plus intéressante à lire qu’elle ne le parut de son temps, où elle se perdit au milieu du bruit et de l’inflammation des passions publiques. […] Ne croyez-vous pas qu’il viendra un temps où les lumières seront répandues généralement, où tous les hommes seront instruits ? […] Combien de ceux-là qui tenaient dans le monde et la société de leur temps une grande place n’ont pas même laissé un nom !
Nous le prendrons un peu comme nous avons pris en notre temps M. […] Le vrai avantage qu’il me procurera, c’est de pouvoir de temps à autre me montrer à moi-même tel que j’ai été, tel que j’aurais voulu être, et tel que je l’aurais pu si j’eusse été secondé. […] Les femmes du temps ne s’épargnaient pas à dire à ce jeune mystique « qu’il serait aimable s’il le voulait ». […] Voyons-le donc dans le monde où il vivait alors et comme un des témoins les plus discrets et les plus originaux de la société de ce temps. […] les princesses françaises et allemandes se le disputaient ; dans un temps il avait son logement au Palais-Bourbon.
C’était le temps de l’expédition d’Égypte ; il en payait pour sa part les frais et la rançon. […] Il eut tout le temps de se refroidir sans altérer son caractère33. […] Son intégrité, dans les deux temps de sa vie publique, est parfaite et au-dessus du soupçon. […] Soumis à des vexations et des avanies journalières, il eut tout le temps de rapprendre l’humanité, la justice, s’il avait pu précédemment les oublier. […] Le temps, l’occasion, lui ont manqué.
Or, ceci s’est produit de tout temps, et particulièrement au XVIe siècle comme au nôtre, dans une ressemblance frappante. […] Ce qu’il y a de vrais talents et d’avenirs cachés dans ces premières fleurs se dégagera avec le temps. […] Il entra à l’cole normale dans les premiers temps de la fondation, y fut contemporain et condisciple des Cousin, des Viguier, des Patin ; il y devint maître comme eux. […] Sa renommée littéraire a souffert, dans le temps, de ses qualités politiques ; sa modération lui avait fait bien de vifs ennemis. […] Dans l’endroit le plus retiré des bocages, il consacre un petit bouquet de cyprès, de bouleaux et d’arbres verts, aux jeunes écrivains morts avant le temps.
C’était, en ce temps-là, l’objet pressant. […] Mais c’est une autorité fort ébranlée, et le temps n’est pas loin où celui qui représentait à lui seul dans nos études la poésie lyrique, rangé désormais en une place proportionnée, entre le grand poète qui l’a créée en France et les hommes illustres de notre temps qui en ont déployé toutes les richesses, ne représentera plus l’ode qu’au temps où elle n’est qu’une œuvre d’imitation et l’application habile d’une recette. […] Moins le poète a eu le temps de consulter l’auteur, mieux elle vaut. […] Comme le médecin, dans les temps d’épidémie, le mal qu’il voulait guérir, il se l’est inoculé. […] Les temps qui se sont écoulés, et chaque jour qui s’écoule, nous le disent assez haut.
Ils conservèrent pour des temps moins épris d’élégance mondaine des richesses que poètes et prosateurs ont été fort aises de retrouver. […] Une pendule devenait « la mesure du temps » ; la terre, « ce bas élément », etc. […] La conversation, qui semble une fête, et un délassement que se donnent les penseurs du temps, est pour eux une chasse aux idées. […] Il est admis, en ce temps-là, qu’un prince ne marche pas, ne parle pas, ne meurt pas, comme un simple mortel. […] Suivant une expression du temps, « il représente » toujours.
Mais nous n’avons ni la place ni le temps d’essuyer ces mouchetures. […] Thierry lui a appliqué cette vue moderne, enfantine, orgueilleuse, qui ne veut être dupe de rien, qui tyrannise tous les historiens de ce temps et qui leur rend suspects tous les grands courants de la tradition historique. […] Thierry mais non plus le temps où se mut le fléau sur l’aire ! […] Les Saints du temps, ces figures inouïes d’inspiration et de grandeur, éprouvent aussi le même déchet que la figure du roi des Huns. […] Mais, après les avoir discutés, on les oubliera l’un et l’autre, car c’est la destinée de toutes les théories historiques d’être brisées au bout d’un certain temps.
Il n’en est pas des temps comme des hommes. […] Parmi ces hommes, les uns sont morts, laissant leur gloire diminuée des passions de leur temps, éteintes, et de cet éclat tout personnel qui s’en va souvent avant la vie ! […] En si peu de temps, il n’a pas si complètement changé ! […] C’est toujours cette même plume, abondante et redondante qui résiste au temps par sa mollesse même, comme le sac de laine au boulet, et ce sont aussi les mêmes principes, quoique, hélas ! […] Il nous eût fallu trop de temps et d’espace.
Michel-Ange y avait perdu son temps, sa fortune et ses yeux ; sa vue resta plusieurs années affaiblie par l’attitude forcée de la tête, qu’il avait dû renverser en peignant la voûte. […] Être enseveli dans un temple et dans des sarcophages décorés de la main de Michel-Ange paraissait aux Médicis une fortune dans la postérité égale à leur fortune dans le temps. […] Son buste inachevé de Brutus, qu’on voit dans le musée de Florence, doit être de ce temps. […] Sa douleur, adoucie par le temps, s’était convertie en une mélancolie pieuse qui ne cherchait son repos que dans l’ombre des cloîtres. […] Je le sais, moi l’ami et le confident de la sublime sculpture ; moi qui vois chaque jour le temps m’échapper et tromper ma confiance en lui !
Dans un temps comme le nôtre, en deux ans, l’instinct des masses devient goût. […] On le sent attentif, sympathique, plein de bon vouloir, soit qu’on lui fasse, dans une scène d’histoire, la leçon du passé, soit qu’on lui fasse, dans un drame de passion, la leçon de tous les temps. […] tout est toujours possible à tous les moments donnés, et jamais plus de choses ne furent possibles qu’au temps où nous vivons. […] Que ce génie, caché encore, s’il existe, ne se laisse pas décourager par ceux qui crient à l’aridité, à la sécheresse, au prosaïsme des temps. […] Les hommes que les cheveux blancs avertissent et devant qui le temps s’abrège ont des œuvres à terminer, sortes de testament de leur esprit.
On est aussi peu surpris de voir mourir celui qui en arrivant de la campagne, loge dans les endroits où l’air est corrompu, et même ceux qui dans ce temps-là y viendroient habiter des endroits de la ville où l’air demeure sain, que de voir mourir l’homme qu’un boulet de canon a touché. […] Les bâtimens de cette ville si vaste aïant été renversez par les gots, par les normands de Naples et par le temps, les décombres des édifices bâtis sur les sept colines ont comblé les vallées subjacentes, de maniere que dans ces vallées, l’ancien rez-de-chaussée est souvent enterré de quarante pieds. […] Tite-Live seroit rempli du récit des sacrifices faits pour l’expiation de ces prodiges, si l’on avoit vû ces phénomenes dans la campagne de Rome au temps dont il a écrit l’histoire. […] Ceux qui voudront être instruits plus au long sur le temps et sur les autres circonstances de ces inondations, peuvent lire les deux premiers volumes de l’ouvrage de Monsieur Menson Alting, intitulé, descriptio agri batavi. […] La Hollande aïant été desséchée et repeuplée dans les temps suivans, elle est aujourd’hui une prairie de niveau, coupée par une infinité de canaux et sémée de quelques lacs et flaques d’eau.
Dans le chapitre où Quintilien parle avec plus d’étenduë qu’ailleurs, du geste convenable à l’orateur, on trouve bien des choses qui font voir que de son temps les comédiens avoient des écoles particulieres où l’on enseignoit l’art du geste propre au théatre. […] Quintilien en parlant de la contenance qu’un orateur sur qui tous les yeux des auditeurs sont déja tournez, quoiqu’il n’ait pas encore commencé à parler, doit tenir durant un temps avant que d’ouvrir la bouche, dit que les comédiens appellent en leur stile ce silence étudié, des retardemens. […] L’acteur qui récitoit et l’acteur qui faisoit les gestes, étoient donc obligez de suivre une même mesure dont l’un et l’autre devoient également observer les tems. […] Quoi qu’il en soit, il est toujours constant que l’un et l’autre suivoient les temps d’une même mesure batuë par le même homme, qui avoit sous les yeux les vers qui se récitoient, et dont les syllabes marquoient les temps, comme on l’a vû. […] On remarquera encore que ces ballets qui plûrent dans le temps, étoient executez par des danseurs très-novices dans le métier que Lulli leur faisoit faire.
Nos temps barbares ont eu leur poésie ; car ils ont eu leur merveilleux. […] ou que ne vous écrirai-je pas en ce temps ? […] L’auteur est sophiste ; et pouvait-il ne pas l’être au temps où il écrivit ? […] reste quelque temps. […] De son temps, la tragédie était conçue simplement comme une représentation d’événements singuliers ou terribles, qui se succédaient sans unité ni de temps ni de lien.
Il y mena quelque temps une vie d’indépendance, d’union parfaite, de bonheur sans nuage auprès de la personne distinguée qui (autant qu’on peut l’entrevoir) lui était supérieure et qui semblait l’avoir fixé. […] Le temps opéra, la jeunesse en lui reprit son cours, et, la dévotion lui passant d’abord et s’évanouissant, il se trouva tout étonné de l’engagement solennel qu’il avait juré. […] Après être resté quelque temps à Vienne à observer les intrigues politiques et, qui sait ? […] Cette considération, qui le fuyait et qu’il ne rattrapera point, était précisément ce qui lui tenait le plus à cœur : vers la fin, il la regagna petit à petit et en détail moyennant les longues années qu’il vécut, mais jamais à temps ni avec éclat, et sur le pied qu’il aurait souhaité. […] Le mécontentement de Louis XIV tenait à ce que Lassay avait quitté le servies quelque temps après son mariage.
Le dramatique régne dans l’iliade à tems et à contre tems ; et tel en est le charme, qu’il ne laisse pas quelquefois d’orner le poëme, lors même qu’il y est une faute. […] Je sçais bien que de tout tems les passions sont au fonds les mêmes dans les grands et dans les petits ; mais de tout tems aussi, n’y différent-elles pas par les expressions et par les manieres ? […] Les dernieres armes des apologistes des anciens, c’est la différence du goût des tems. […] Les unes laissent une ambiguité fatiguante dans la construction, et rendent en même tems le style dur et contraint. […] Elle est agréable, un certain tems, mais à la longue, elle fatigue.
Les mœurs du temps en fournissaient les sujets ; les contemporains, sous des noms allégoriques, en étaient les personnages. […] Et en quel temps de la vie cette lutte prend-elle fin ? […] L’histoire littéraire du temps parle de sujets essayés par lui, puis rejetés après une première ébauche. […] Aristie insiste : Mais il est temps qu’un mot termine ces débats. […] Le tour d’esprit de son temps lui imposa le mélange de la politique et de la galanterie.
Mais le soleil avait tourné, le temps des triomphantes journées n’était plus51. […] … Et dans quel temps, grand Dieu ! […] Jomini l’avait averti, dès le 13, qu’il était temps de se mettre à l’abri d’une surprise. […] Cela était vrai du temps de Napoléon Ier ; cela reste vrai aujourd’hui. […] Le temps lui permit de développer tous ses mérites et de se montrer de plus en plus sous son vrai jour.
Et il m’est arrivé ces temps-ci de me priver de regarder, tout un jour de travail, un objet acheté la veille et apporté le matin. […] Du temps de notre gloire, il y avait un peintre isolé, comme Vernet, comme Raffet, mais non tout un petit monde, pouvant faire les frais d’une exposition spéciale. * * * — Quel malheur de n’avoir pas trouvé le temps de faire notre « Catéchisme révolutionnaire de l’art ». […] Vingtras est un livre symptomatique de ce temps. […] Après cela, je veux essayer d’une tentative originale… je veux prendre deux ou trois familles rouennaises avant la révolution, et les mener à ces temps-ci… montrer — hein !
Le temps des présomptions et des imprévoyances est passé. […] Eh bien, donc, préoccupé dès les premiers temps de l’Empire et à l’époque de ses triomphes (c’est assez dans ma nature d’être préoccupé), me posant dès lors la question du lendemain et de la situation morale des esprits, de ceux surtout de mon ordre, de l’ordre littéraire, qu’ai-je vu ? […] une leçon pour devoir prêter plus d’attention à ce genre de mérite, de talent si cher de tout temps à la France, et pour se soucier davantage de la valeur des hommes ? […] Mais enfin, qu’il y ait eu un jour un gouvernement qui ait fait à temps et jusqu’au bout sa réforme complète, son acte réfléchi de bon sens, de justice et de liberté, ce sera un bel exemple et qui ne s’est pas encore vu jusqu’ici. […] Cet article était précédé, dans le Temps, de la lettre suivante : « Mon cher Nefftzer, ma santé décidément (je ne m’en aperçois que trop à la dernière heure) m’interdit d’aller prendre part au Sénat à une discussion pour laquelle je m’étais fait inscrire.
Nous n’aurions pas tant d’efforts à faire si nous n’écrivions que pour un temps ou pour un lieu. […] Aucun poète de son temps n’en avait reçu le don plus pleinement ; nouvelle preuve qu’une loi préside à la diversité des talents, et les approprie, selon les temps et les lieux, aux besoins de l’esprit humain. […] C’est le temps de ses plus belles épîtres. […] Mais le plaidoyer va plus loin que le temps et l’ennemi présents. […] La Défense des beaux esprits de ce temps contre un satirique, par de Lerac.
Il en sera de même, après un certain temps, sur tous les objets d’un commun intérêt. […] Le temps montrera comment nous aurons su nous en acquitter. […] C’étaient de beaux temps, après tout, si l’on ne se reporte qu’aux sentiments éprouvés, des temps où l’instinct de la lutte ne trompait pas. […] On a beaucoup parlé de Sieyès dans ces derniers temps ; sa mort l’a remis en scène. […] Il s’était fait de 28 à 30, 000 livres de bénéfices, grosse fortune pour le temps.
On a dit ingénieusement que nous avions une patrie dans le temps comme dans l’espace. […] Nous avons tenté à la fois d’expliquer les hommes par le temps et le temps par les hommes. […] Mais il faut du temps pour que ce travail s’opère. […] Il n’avait point participé aux entraînements de son temps. […] Qu’est-il devenu pendant ce temps ?
Son histoire que je viens de relire a déjà fini son temps. […] Quand viendront le temps et l’occasion pour agir ? […] On voit comme une œuvre grossit, même quand on se borne à n’y ajouter qu’un peu de temps en temps. […] Quel temps que celui qui loue un pareil livre ! […] Il transige aussi sagement avec les nécessités du temps.
Il lisait tous les ouvrages de philosophie, de politique, de législation, de morale et d’histoire les plus autorisés de son temps, Locke, Adam Smith, Bonnet, Montesquieu et les économistes. […] Je ne reviendrai pas sur ces tristes époques : il faudrait être un Tacite pour parler avec intérêt et puissance de ces horribles temps, et tant de gens qui ne sont pas des Tacite s’en sont constitués les historiens. […] Caché après le 10 Août jusqu’à ce qu’on eût levé le scellé mis sur ses papiers, il resta quelque temps en prudence et ne se montra point. […] C’était dans un temps où les subsistances se dérobaient au besoin, qui ne pouvait les payer que par du papier avili. […] Tout ce discours est pénible à lire ; les discours de ces temps insensés sont des cauchemars dans les temps paisibles.
Même quand il eut tout le loisir, il n’eut jamais le recueillement ; son esprit, de tout temps, resta partagé. […] Je ne sais pas si elle aura plus, mais elle m’a fait rire dans le temps que j’étais au désespoir. […] Le théâtre, la tragédie, qu’adorait Voltaire et où il excellait selon le goût de son temps, le livrait au public par un plus noble côté. […] Dans le temps où il faisait ses cours de physique si intéressants et si suivis, M. […] Il vient un temps, aimable Thalie, où le goût du repos et les charmes d’une vie retirée l’emportent sur tout le reste.
Grün a établi les divers temps et les principaux chapitres de la vie publique de Montaigne. […] Il ne devenait un autre personnage que pour un temps et un passage assez courts. […] Mais il était temps qu’une situation si tendue cessât ; on l’entrevoit, pour peu qu’elle se prolonge, un peu trop forte et trop onéreuse pour Montaigne. […] Mais la suite et la fin sont un peu moins belles, quoique je ne voie pas que personne, en ce temps-là, lui en ait fait un sujet formel de reproche. […] Quelqu’un, je le répète, lui a-t-il dans le temps reproché cette absence ?
Il y a telle dévotion littéraire qui fera la même chose pour le patron auquel elle s’est une fois consacrée ; elle lui élève une chapelle, si ce n’est un temple ; elle dessert l’autel, et y expose les reliques, et sonne la cloche en tout temps pour réveiller les fidèles. […] M. de Cayrol a vécu quelque temps en Picardie, il est membre et a été chancelier de l’Académie du département de la Somme ; il n’en a pas fallu davantage pour enflammer chez lui une prédisposition qu’on peut croire préexistante et comme innée. […] C’est comme un contemporain retardé par accident, venu un siècle après, et qui va compenser par surcroît d’efforts le temps perdu ; c’est un serviteur posthume de cette gloire dans laquelle, comme au premier jour, il va tout replacer. […] Dans une lettre à peu près du même temps, que Gresset écrivait à sa mère après son retour de la pénitence à La Flèche, et avant sa sortie définitive de chez les jésuites, il lui disait d’un ton de plaisanterie qui rentre bien dans notre remarque : « Ma très-chère mère, « Voilà qui n’est, en vérité, point édifiant : dater une lettre d’une heure après minuit31, temps auquel une vertueuse mère de famille doit, comme la femme forte, goûter dans le sein du repos la douceur des songes évangéliques ; temps auquel une jeune prosélyte doit tranquillement sommeiller et rêver pieusement. […] Qu’est-ce que cette mollesse et finesse de l’air que les Anciens trouvaient au ciel d’Athènes, que les Latins du temps des Césars croyaient ressentir à Rome (proprium quemdam gustum urbis), que Voltaire recommandait si fort aux poëtes trop absents de Paris, et dont lui-même, à ce qu’il semble, il savait se passer si bien ?
Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé Une littérature n’est pas isolée dans l’espace ni dans le temps. […] Mais, dans les temps modernes, l’indépendance de deux mouvements parallèles n’est pas aussi facile à reconnaître. […] Il faut dater de ce temps-là le commencement de ce cosmopolitisme que la suppression des distances par la vapeur et l’électricité a si prodigieusement accru durant le siècle qui finit. […] Vers le même temps, le passé de l’humanité, comme son royaume planétaire, est fouillé dans ses recoins les plus obscurs. […] Le Huron de Voltaire et le Chactas de Chateaubriand sont là pour rappeler le temps où le drapeau français flottait au Canada et dans la Louisiane.
Reposons-nous un moment avec Mme de Motteville, l’auteur des judicieux Mémoires, avec cet esprit sage et raisonnable qui a vu de près les choses de son temps, qui les a appréciées et décrites dans une si parfaite mesure, avec une si agréable justesse. Lorsque les Mémoires de Mme de Motteville parurent pour la première fois en 1723, les journalistes et critiques du temps, en y louant le ton de sincérité, jugèrent qu’il y avait trop de détails minutieux, trop de petits faits. […] Les premiers temps de la régence d’Anne d’Autriche sont exposés et démêlés par Mme de Motteville, de manière à nous y faire assister avec elle. […] Quelque temps après, on connut que les vertus de cette reine gothique étaient médiocres : elle n’avait alors guère de respect pour les chrétiennes ; et, si elle pratiquait les morales, c’était plutôt par fantaisie que par sentiment. […] En parlant de Cinq-Mars, elle l’appelle « cet aimable criminel » ; en racontant les disgrâces de ceux que frappe la Fortune, elle s’attendrit sur « tant d’illustres malheureux » ; même jeune, elle regrette légèrement le temps d’autrefois.
Depuis, ce misérable passe-temps, quoique respectable et étrange, m’a même manqué à mon grand déplaisir, et quelle est ma vie depuis ce temps, je vais vous le dire. […] C’était le temps héroïque de l’Italie ressuscitée, la virilité de ce qu’on appelle le moyen âge. […] Avant de l’avoir poussée jusqu’à son temps, trop difficile à toucher sans offenser le maître de Florence, il porta son histoire à Rome au pape Clément VII. […] Machiavel n’était pas plus avancé que son temps ; voilà son principal crime dans le livre du Prince. […] et que lui aurait dit Machiavel s’il eût vécu de notre temps ?
Ce n’est point à dire que la réalité historique soit autre dans les temps anciens que dans les temps modernes. […] Avec infiniment plus de naturel et de charme, Froissard n’a pas compris ni écrit autrement l’histoire des temps chevaleresques. […] On sait comment cette critique explique Homère, Hésiode et les vieux poëtes des temps primitifs. […] Chacun de nos développements est ce que l’ont fait être le temps, le lieu, l’occasion, toutes les circonstances de la vie. […] Un éminent critique de notre temps, M.
En ce temps-là Robert Macaire n’était pas inventé. […] comme il a pris sa revanche depuis ce temps-là ! […] quel temps fut jamais plus taché d’encre, que le nôtre ? […] Le temps n’est plus, hélas ! […] les Françaises de ce temps-là.
Nous nous sommes mis à courir et sommes arrivés à temps pour voir entrer en ville ce cortège singulier. […] Il ne s’agit donc que d’en faire l’application en son temps. […] L’Empereur, depuis quelque temps, était à Compiègne ; on attendait son retour aux Tuileries. […] Il prend le premier dessin, et après l’avoir regardé quelque temps : « Eh bien, j’aime mieux l’autre. » Il n’avait pas encore vu l’autre. […] Qu’il ne vienne jamais ce temps présagé par de tristes prophètes, où l’on chercherait vainement des talents français en France.
., tous écrivains ou poëtes, nés à dater de 1632, et qui débutèrent dans le monde au plus tôt vers le temps du mariage du jeune roi. […] Cela veut-il dire qu’il y fut simplement élevé ou qu’il y fut engagé quelque temps ? […] Ils n’attendent presque rien du temps et des années. […] Si heureux d’emblée qu’eût été La Bruyère, il lui fallut, on le voit, soutenir sa lutte à son tour comme Corneille, comme Molière en leur temps, comme tous les vrais grands. […] L’heureux et sage La Bruyère n’était point tel en son temps ; il traduisait à son loisir Théophraste et produisait chaque pensée essentielle à son heure.
C’étaient, à la distance de quelques siècles, les mêmes hommes, les mêmes institutions, les mêmes temps, les mêmes mœurs qu’il avait à peindre. […] Voltaire invente davantage, et sur un temps moins éloigné. […] Virgile, est saisi, comme Homère l’avait été, par la plus grande tradition héroïque et religieuse de son temps. […] Mais, s’il n’est pas critique, ce qu’il est bien, ce qu’il est comme personne ne le fut avant lui, c’est un individu parfaitement de son temps, car avant son temps nous ne connaissions pas ce genre d’homme et de talent sans nom spécial auquel je me risque à donner celui-ci : un articlier. […] L’article, son article a concentré tous ses efforts, toutes ses heures ; j’allais dire tout son cœur, mais je me suis arrêté à temps.
Enfin, si nous ajoutons à ces deux raisons de notre temps la raison de tous les temps, qui fait si dur le métier des hommes de génie, à savoir, hélas ! […] Illusion qui ne sera pas longue, car le temps sait arracher l’oripeau. […] « Le temps fait un pas ! […] la politique du temps ? […] la fantaisie d’un homme à qui son temps en permet et qui a la fatuité de la faveur publique !
… Le temps n’est ni aux esprits ni aux œuvres mâles. […] Pour ma part, à moi, qui ai eu mon temps de frivolité, je ne hais point les papillotes, mais je ne les exagère pas. […] Eh bien, aux premières pages de ce roman si peu romanesque, Philippe déclare cette volonté à son père, un gentilhomme de l’ancien temps qui croit qu’on peut continuer, dans son château de province, la tradition des gentilshommes, en ce temps-ci qui les a mis à pied comme des postillons qui ont mal mené ! […] Lui, n’a pas bougé. — Il a dédaigné de descendre jusqu’au fleuve de fange du réalisme, qui est le Rubicon du temps et que passent tous les Laridans qui se croient des Césars ! […] … Quels que soient les mérites intrinsèques des livres d’Octave Feuillet, on ne peut nier qu’il n’ait dans le talent, dans la tournure de son talent, je ne sais quelle gracile élégance, et c’est même cette élégance qui le fît nommer un jour le clair de lune vertueux — quoiqu’ils soient très peu vertueux ordinairement, les clairs de lune, — de ce radieux libertin d’Alfred de Musset… Dans tous les temps, ce serait là quelque chose que cette appellation gracieuse ; mais par ce temps de littérature ignoble qui coule, c’est une gloire.
Il est donc temps de résumer notre opinion. […] Le goût du temps le veut ainsi. […] Bats le rappel, et que chacun se réveille du lourd sommeil de ce temps-ci. […] Incontestablement, c’est fort chevaleresque et très commémoratif des anciens temps. […] Mais passons vite, l’heure nous presse ; nous n’avons pas le temps d’assister à la profession de foi que M.
Personne dans son temps, dans aucun temps, personne, fût-ce Voltaire, qui ne s’ennuya jamais, lui, ne fut plus intéressant et plus charmant que cette vieille, son égale en esprit et en grâce, dont l’ennui si intéressant pour nous fut si cruel et si tenace pour elle ; et ces deux volumes, en attendant ceux qui viendront encore, sont de nature à confirmer sur cette femme, la plus singulière de son siècle, ce que les volumes précédemment publiés nous avaient appris. […] la Métaphysique et la Morale, est comme toutes les femmes de son temps une incrédule, dont le bon sens, très sûr, mais circonscrit, n’est jamais monté jusqu’à Dieu. […] » Mais, de son temps, la Grâce frappait moins, après souper, que l’apoplexie. […] Il ne partage nullement, sur le compte de la duchesse, les illusions de Madame Du Deffand, cette aveugle d’amitié, et de l’abbé Barthélemy, ce commensal reconnaissant, et dans plus d’une note il a relevé les sottises de cette femme qu’ils crurent tous les deux supérieure, et qui sont, il est vrai, moins ses sottises personnelles que celles de son temps. Car elle fut de son temps et ne fut pas plus que de son temps, ainsi que l’attestent les lettres, et c’est la différence qu’il y a entre elle et Madame Du Deffand, qui fut aussi du xviiie siècle, et même qui en fut l’expression la plus concentrée et la plus complète, mais qui, du moins, eut la tête et le cœur plus haut que ce temps.
Le goujat, en effet, est tout l’intérêt et l’importance de ce temps. […] Pendant ce temps-là, on lui tuait son neveu, le duc d’Enghien. […] À quelque temps de là, Mademoiselle de Condé alla reprendre à la cour son rang de princesse et La Gervaisais rentra dans les rangs de son régiment. […] D’après les lettres seules de Mademoiselle de Condé, La Gervaisais, malgré l’auréole de son amour qu’elle lui met autour de la tête, fait l’effet d’un homme meilleur peut-être que les hommes de son temps, mais affecté pourtant des vices de son temps. […] … Ces Lettres intimes embrassent un temps bien court et forment un bien petit volume.
Tout mettre à pied comme un postillon, — tout descendre, — tout incliner au niveau de tout, telle est la consigne donnée par les plus ignobles passions de nos cœurs ; telle la tendance des temps modernes dans la Critique et dans l’Histoire. […] Cette réaction contre les mœurs du temps, comme dit Alceste, selon du Boulan, ne vient pas de si haut. […] Mais cela ne suffit pas aux chasseurs de mouches ; il faut qu’Alceste soit un janséniste, pour être plus du temps de Molière. […] Seulement il fait un janséniste de ce républicain anticipé, un peu par discrétion et beaucoup pour rester dans la couleur du temps de Molière. Les jansénistes étaient, au fond, les républicains de ce temps-là.
et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera ! […] Elle peut mettre du temps à le faire et à le compléter, — Balzac mit huit ans à écrire son Médecin de campagne, — mais elle reste, couvant son œuvre comme une mère. […] Savez-vous à quoi je pensais en lisant ce livre qui a la prétention d’être un livre écrit dans l’esprit et pensé dans la langue d’un temps qui n’est plus ? […] Théophile Gautier, à qui je refuse absolument aujourd’hui les qualités du romancier, — quel que soit le genre de roman qu’il conçoive ou qu’il réalise, — n’en est pas moins un des écrivains les plus caractérisés de ce temps, et, dans le sens le plus élevé du mot, un poëte. […] Pendant le temps, le trop long temps qu’il a mis à nous écrire, dans un style qui sent à la fois son Pierre Gringoire et son Trissotin, cette chronique bravache, galante et coquebine du Capitaine Fracasse, il pouvait nous donner un recueil de vers comme La Comédie de la Mort, ou un voyage comme les voyages d’Espagne ou d’Italie.
Quelle auscultation des vices et des hypocrisies du temps plus profonde ! […] Il n’y a que dans un temps comme le nôtre, épris et raffolant d’égalité, qu’un livre intitulé : les Mémoires d’une femme de chambre pouvait promettre et donner les jouissances démocratiques les plus vives aux esprits qui sont friands de ce genre de jouissances… Il n’y avait que dans un pareil livre qu’on pouvait rabattre — joliment et bien ! […] Piètre observateur, pour toutes ces raisons, des mœurs de son temps, qu’il n’a point pénétrées, mais qui n’en joint pas moins le dix-huitième siècle au dix-neuvième, où des femmes de chambre pourront beaucoup mieux nous renseigner sur les mœurs de ce temps, à nous, que Rousseau sur les mœurs du sien, quand elles voudront s’en mêler. […] Tout le temps que je le lisais, cet auteur : Voilà, me disais-je, une femme de chambre qui parle comme tous les livres à couvertures jaunes que je connais, et Dieu sait, hélas ! […] sans peur) de la femme la mieux placée pour les connaître, je dis qu’il est temps d’en finir avec ce monde écœurant de drôlesses, qui a pris tant d’importance dans les préoccupations des écrivains du dix-neuvième siècle, qu’on dirait qu’en dehors des filles, il n’y a plus en France de mœurs à peindre et de sentiments à étudier.
C’est une mythologie à peu près inévitable qui se mêle à tous les paysages de ce temps-là, et qui tend à les gâter par le convenu. […] Parmi celles de ses pièces qu’on peut citer, on appréciait fort dans le temps Le Melon ; il y célèbre à pleine bouche ce roi des fruits, et raconte son origine, sa première apparition sur la table de l’Olympe le jour où les dieux firent gala après la défaite des titans. […] C’en est un, et je ne sais s’il y en a quelque autre plus extrême, que de s’adresser à tous les hommes de son temps, et à tous ceux qui viendront dans la suite des siècles, sans avoir rien que de malhonnête à leur dire. […] Scarron a de l’esprit, de la gaieté, mais du prosaïsme, de la platitude, et une facilité banale qui lui a procuré auprès de la bourgeoisie de son temps les honneurs du genre. […] On peut dire qu’il mourut à temps, au moment où la noble figure de Louis XIV allait mettre en déroute tous ces grotesques de l’art, et avant d’avoir essuyé les traits satiriques de Boileau.
Comme d’autres, en se rappelant leur temps passé, disent naturellement : Quand j’étais jeune… lui, il disait naturellement : Quand j’étais vieux. […] En France, vers le même temps, combien de jeunes héritiers de la noblesse se comportaient plus ou moins de même ! […] Il était temps. […] Il est bien de connaître, de partager les nobles fièvres de son temps, car ce sont souvent des fièvres de croissance pour l’humanité, cette éternelle enfant qui n’a jamais fini de grandir. […] On a la contrepartie du récit de Bonstetten, le témoignage de Gray lui-même sur ce jeune ami, et un témoignage tout vif donné dans le temps de son séjour.
Mortimer-Ternaux, était, en fait d’histoire politique et diplomatique contemporaine, un des écrivains les plus remarquables et les plus autorisés de ce temps-ci ; il a fait un livre que les diplomates des divers pays de l’Europe ont lu le crayon à la main, et qui restera. […] La Bruyère, en son temps, a fait un admirable portrait du Plénipotentiaire ou parfait diplomate, portrait qui, à bien des égards, n’a pas vieilli, et dont quelques traits s’appliquent à vue d’œil à un Talleyrand ou mieux encore à un Metternich. […] Lefebvre eut cessé de parler, elle leva la tête et tourna vers lui ce visage sillonné moins encore par le temps que par les soucis du trône : son regard avait, en ce moment, quelque chose de dur et de sinistre qui semblait dire que toutes ces explications arrivaient trop tard. […] Quelque temps auparavant, un décret du 7 septembre 1854 avait institué la première Commission chargée de publier la Correspondance de Napoléon Ier : M. […] Pour faire prévaloir cette vue, il n’était pas temps ; la masse de documents, d’analyses et d’exposés versés par M.
En peu de temps l’édition était enlevée en France et contrefaite à l’étranger. […] C’est un grand et lucide esprit qui ne prit point de part aux polémiques violentes du temps. […] Turgot538 fut un des plus nobles esprits du temps. […] Il prenait cette position, originale en son temps, de respecter le christianisme en n’obéissant qu’à la raison. […] Victor de Riquetti, marquis de Mirabeau 1715-1789), consacra au bien public tout le temps qu’il n’employait pas à écraser les siens.
L’Écosse, durant tout ce temps, ne lui parut que comme un pays barbare et sauvage, qu’elle espérait bien ne jamais revoir, ou du moins ne jamais habiter. […] Chastellard avait été de la troupe qui fit escorte à Marie à son départ pour l’Écosse, et, poussé par la passion, il y retourna quelque temps après ; mais il ne sut pas se contraindre et s’en tenir, comme il convenait, à une flamme poétique, en attendant qu’il fît partager, s’il le pouvait, sa flamme réelle. […] Pendant ce temps, Marie était allée à un bal masqué au palais d’Holyrood ; elle n’avait quitté le roi son mari que dans la soirée, et quand tout avait été préparé dans le dernier détail. Bothwell, qui avait assisté quelque temps au bal d’Holyrood, était sorti d’Édimbourg après minuit, et avait présidé à tout le forfait. […] Aux prises sans défense avec une rivale cauteleuse et ambitieuse, sujette à tous les contrecoups du dehors, victime d’une politique avare et tenace qui ne lâche point sa proie et qui met un si long temps à la torturer sans la dévorer, elle ne s’abandonne pas un seul moment, elle se relève.
Ne serait-il pas temps enfin de laisser les imbéciles crier tous seuls à la décadence des lettres dans un siècle (et il n’est encore qu’à sa moitié !) […] Tu avais bien, dans ce temps-là, vingt-six ou vingt-sept ans ; et moi, qui en ai vingt-trois à peine, je rougirais jusqu’aux oreilles d’avoir fait ce triste métier. […] Si nos ennemis politiques triomphent, chose inadmissible, l’habit ne serait pas perdu : on ajouterait quelques palmes vertes, et tout serait dit… Mais nous avons bien le temps. […] Retiré dans son Coblentz, il maugréait avec tant de grâce et d’urbanité contre les révolutions de syntaxe et la littérature violente et anarchique de notre temps ! […] Il n’était plus temps !
C’est ainsi que les barrières naturelles, en mettant obstacle aux migrations, jouent un rôle presque aussi important que le temps lui-même le peut faire à l’aide du lent procédé de modification par sélection naturelle. […] Berkeley j’eusse tenté moi-même quelques expériences, on ne savait pas même combien de temps des graines pouvaient résister à l’action nuisible de l’eau de mer. […] La plupart d’entre elles enfoncèrent rapidement ; mais quelques-unes de celles qui, vertes encore, n’avaient flotté que pendant un temps très court, une fois sèches flottèrent beaucoup plus longtemps. […] Mais des graines peuvent être de temps à autre transportées d’une autre manière. […] Nous avons aussi d’excellentes raisons pour penser que les phénomènes glaciaires ont duré un temps considérable sur chaque point, si on l’évalue par le nombre des années.
C’en fut assez pour nous brouiller, au moins pendant un temps. […] C’est là le cachet de notre temps. […] c’est bien celle de notre temps. […] On touche encore à son temps, et très fort, même quand on le repousse. […] Les catholiques l’ont pris très au sérieux quelque temps.
Dans les derniers temps, Nélaton vint lui faire une visite. […] Mme de Nittis disait qu’elle n’avait de ce temps qu’un souvenir, un seul. […] Et les voici, tout le temps sans me connaître, à parler de mes livres, de ma maison. […] C’est le coup de hache qui coupe la dernière amarre retenant le temps présent au passé. […] Le premier peintre de ce temps est un paysagiste : c’est Théodore Rousseau.
Rhéteur et bel esprit à force de mémoire, mais au fond trop dépourvu de ressources et de vigueur pour avoir été un sophiste, ce Gorgias manqué de notre temps passera dans l’histoire comme cette foule de beaux esprits dont les noms fatiguent, le regard sans l’intéresser. […] Ce fut dans les derniers temps de sa vie que Villemain publia un Essai sur Pindare, qui, sous sa plume de scoliaste, devint un énorme livre de six cents pages. […] Il ne relève plus que des linguistes et des archéologues, et n’a de saveur appréciable que pour quelques dégustateurs littéraires qui démêlent, comme certains chimistes, la présence d’un arôme que le temps n’a pas encore entièrement rongé dans une liqueur vieille de plusieurs siècles. […] Deux grandes questions de critique qu’un jour il faudra bien résoudre, quoique les pusillanimes de ce temps n’osent y toucher, de peur de ne plus avoir ά se trouver de talent. […] Mais ce n’est là qu’une question de temps, et le temps va vite.
C’est une œuvre qui a des ancêtres, et qui vient à son heure dans la suite des temps. […] Il était encore, en ce temps de Thérèse Raquin, M. […] Zola, cet homme de mots, cet écrivain d’un temps de trissotinisme et de décadence, n’en est pas moins — comme tous les amollis et les ramollis de son temps — l’ennemi de toutes les forces qui le gênent. […] Tout marche, en ce temps de progrès. […] Mais, pour mon compte, je connais mon temps, je crois cette fortune assurée.
De même le toit pour la maison entière, parce qu’aux premiers temps on se contentait d’un abri pour toute habitation. […] L’ironie ne peut certainement prendre naissance que dans les temps où l’on réfléchit. […] De même Homère, au temps duquel on ne connaissait pas encore les lettres alphabétiques, nous apprend que la lettre de Pretus contre Bellérophon fut écrite en signes, σήματα. […] Or, dans les premiers temps, les hommes avaient à trouver, à inventer toutes les choses nécessaires à la vie. […] Il ne nous reste aucune connaissance des langues que parlaient alors les Italiens, les Français, les Espagnols et les autres nations de ce temps.
Je crains surtout qu’il ne confonde les temps. […] Qu’en a-t-il retranché, qu’y a-t-il ajouté pour l’accommoder au goût français de son temps ? […] Le temps, alors, a recommencé de couler. […] Il en était autrement du temps de Molière. […] Mais il serait temps aussi de reconnaître que c’est là le contraire de la religion.
Ces jours si semblables pour le malheur, si uniformes pour l’ennui, offrent à l’homme, dont l’étude remplit le temps, beaucoup d’époques variées. […] Comme le jugement qu’on doit porter sur de telles circonstances dépend d’un petit nombre d’idées simples et promptement aperçues, le temps qu’on y donne par-delà, est tout entier rempli par les illusions de l’imagination et du cœur. […] La sage modération des philosophes studieux dépend, peut-être, du peu de temps qu’ils consacrent à rêver aux événements de leur vie, autant que du courage qu’ils mettent à les supporter. […] Il parle, il écrit sur des sujets divers, mais pendant ce temps son âme continue d’être la proie d’une même douleur. […] Le malheureux alors revient à l’étude pour échapper à la douleur, il arrache un quart d’heure d’attention à travers de longs efforts, il se commande telle occupation pendant un temps limité, et consacre ce temps à l’impatience de le voir finir ; il se captive non pour vivre, mais pour ne pas mourir, et ne trouve dans l’existence que l’effort qu’il fait pour la supporter.
. — Au temps jadis, où l’on assonançait, il fallut, prétend-on, suppléer à la faiblesse des sons par leur répétition persistante ; ceci pour dessiner suffisamment la mesure. […] Je dirai simplement qu’en ces derniers temps, Jean Moréas, le bon musicien ; le raffiné poète des Lassitudes, Louis Dumur, sans oublier Verlaine dans quelques pièces liturgiques de Bonheur, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Gustave Kahn et combien d’autres, ont tenté de remettre en honneur l’assonance. […] Cette dualité éternelle se retrouve, inconsciemment, chez les poètes de tous les temps. […] Au rondel qui suit — chaperon mi-partie blanc et rouge — s’entrelacent les assonances et les rimes : Chanson d’Amour Une chanson d’amour d’un autre temps. […] Jusqu’à ces derniers temps, les critiques incompréhensifs et les fabricants de prosodie considéraient l’assonance à l’intérieur du vers comme une discordance, et dans tous les cas comme un grave défaut.
Mais ce qui caractérise surtout les orateurs de ce temps, c’est la flatterie la plus basse ; c’est ce qui acheva de dénaturer les arts et d’anéantir le goût. […] Il est à remarquer que dans ces temps-là, on ne trouve plus de traces de l’éloquence latine, que dans les Gaules. […] En conséquence, on ne manqua pas de le faire descendre, en droite ligne, de cet Hercule qui, du temps d’Évandre, était venu ou n’était pas venu en Italie. […] En suivant l’ordre des temps, nous trouvons un panégyrique prononcé par Eumène pour l’établissement des écoles publiques d’Autun. […] Mais il y a des temps où l’on dirait que les grandes vérités morales sont obscurcies.
Du temps de Cicéron et de César, on avait vu fleurir l’éloquence républicaine animée par la liberté et de grands intérêts ; sous les premiers empereurs, une espèce d’éloquence monarchique, fondée sur la nécessité de flatter et de plaire ; vers les temps de Marc-Aurèle, l’éloquence des sophistes, qui, n’ayant aucun intérêt réel, était un jeu d’esprit pour l’orateur et un amusement de l’oisiveté pour les peuples. […] Le monde réparé, la terre réconciliée avec le ciel, un pacificateur entre Dieu et l’homme, un nouvel ordre de justice, une vie à venir et de grandes espérances, ou de grandes craintes au-delà des temps, tel était le tableau que cette éloquence présentait aux hommes. […] Il faut l’avouer, presque tous les orateurs et panégyristes de ce temps-là, sont des renards qui caressent des tigres. […] L’auteur est cet Eusèbe de Césarée, fameux par ses ouvrages et par ses vices, courtisan évêque, historien suspect, et panégyriste comme on l’était dans ces temps-là. […] On compare l’empire qu’il a sur la terre avec l’empire éternel que Dieu a sur le monde ; on le peint comme ayant un commerce immédiat avec la divinité, et on l’invite à faire part aux fidèles (quand il en aura le temps) de cette foule infinie d’apparitions, de visions, de songes célestes où Jésus-Christ s’est manifesté à ses regards, et de beaucoup d’autres mystères inconnus à tout le monde, excepté à lui, et qui restent déposés dans sa mémoire impériale comme dans un trésor ; enfin, on le loue, on le trompe, on l’instruit ; et le zèle adroit, mêlant le style de la chaire et celui de la cour, lui prodigue à la fois les flatteries et les leçons.
Allons il fait temps d’arriver et de toucher notre gloire. […] Deux tueurs de temps et deux amis de la femme restée femme du peuple sous la soie, et qui gagne sa vie avec le plaisir. […] Il faut qu’on lui fouette le temps, la pensée, la causerie, les nerfs. […] Édouard Lefebvre nous conte ce soir ce fait, un fait rare en ce temps. […] si on pouvait revivre dans ce temps-là, seulement trois jours !
S’il avait vécu du temps de M. […] Et encore, dans un temps donné et prochain, ce nom gonflé se dégonflera. […] Ronsard fut pourtant le premier de son temps. […] C’était le mot du temps pour ne pas dire maîtresses. […] Le triomphe d’outre-tombe de Diderot n’a pas à présent grand temps à durer.
Ces temps ne sont plus, heureusement ! […] Par les chemins mouillés de rosée, sans avoir pris le temps de dire adieu à ses hôtes. […] Et le temps pressait. […] Que de temps perdu ! […] Ce fut le temps d’une intimité profonde et charmante.
Le Français a été dans tous les temps, même lorsqu’il était barbare, vain, léger et sociable. […] Depuis le sire de Joinville, jusqu’au cardinal de Retz, depuis les mémoires du temps de la Ligue jusqu’aux mémoires du temps de la Fronde, ce caractère se montre partout ; il perce même jusque dans le grave Sully. […] Concluons donc que c’est au changement des affaires humaines, à un autre ordre de choses et de temps, à la difficulté de trouver des routes nouvelles en morale, en politique et en philosophie, que l’on doit attribuer le peu de succès des modernes en histoire ; et, quant aux Français, s’ils n’ont en général que de bons mémoires, c’est dans leur propre caractère qu’il faut chercher le motif de cette singularité. […] Dans aucun temps, dans aucun pays, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, jamais la liberté de penser n’a été plus grande qu’en France au temps de sa monarchie.
Law1 Il ne faut pas s’y tromper, les habitudes de la pensée sont inexorables, et on ne fait pas impunément la même chose quand on la répète constamment ; il se trouve qu’au bout d’un certain temps, et lorsqu’on veut la modifier ou la changer, on la répète toujours. […] Nous étions « jolis » peut-être du temps de Galiani, mais à présent nous sommes prosaïques et affreux. […] Law, l’aventurier Law, n’est point un accident dans le xviiie siècle ; il n’est point un aérolithe vivant tombant du pays des Chimères, dans une époque et dans un pays où l’esprit du temps prenait son ivresse pour sa force. Law est le produit très normal et très spontané d’un temps qui valait moins que lui, puisqu’il l’a gouverné, mais qu’il n’aurait pas gouverné s’il n’y avait pas eu entre lui et ce temps des choses communes et profondes.
Nous avons déjà dit plus haut que toutes les anciennes histoires profanes commencent par des fables ; que les peuples barbares, sans communication avec le reste du monde, comme les anciens Germains et les Américains, conservaient en vers l’histoire de leurs premiers temps ; que l’histoire romaine particulièrement fut d’abord écrite par des poètes, et qu’au moyen âge celle de l’Italie le fut aussi par des poètes latins. — 2. […] Mais les Pisistratides furent chassés d’Athènes peu de temps avant que les Tarquins le fussent de Rome, de sorte qu’en plaçant Homère au temps de Numa, comme nous l’avons fait, les rapsodes conservèrent longtemps encore ses poèmes dans leur mémoire. Cette tradition ôte tout crédit à la précédente, d’après laquelle les poèmes d’Homère auraient été corrigés, divisés et mis en ordre du temps des Pisistratides. […] Mais comment savoir ces particularités de l’histoire d’un homme, lorsqu’on en ignore les deux circonstances les plus importantes, le temps et le lieu ? […] Il laissa des ouvrages considérables écrits, non en vers, mais en prose, et par conséquent incapables d’être retenus par cœur ; nous le placerons au temps d’Hérodote.
Ils placent parmi les lyriques Amphion de Méthymne, poète très ancien des temps héroïques. […] À les entendre, le temps des poètes lyriques vit aussi fleurir des poètes tragiques distingués, et Diogène Laërce assure que la première tragédie fut représentée par le chœur seulement. Ils disent encore qu’Eschyle fut le premier poète tragique, et Pausanias raconte qu’il reçut de Bacchus l’ordre d’écrire des tragédies ; d’un autre côté, Horace qui dans son art poétique commence à traiter de la tragédie en parlant de la satire89, en attribue l’invention à Thespis, qui au temps des vendanges fit jouer la première satire sur des tombereaux. […] Pindare vint au temps où la vertu grecque éclatait dans les pompes des jeux olympiques au milieu d’un peuple admirateur ; là chantaient les poètes lyriques. […] Ensuite vint Sophocle et après lui Euripide qui nous laissèrent la tragédie nouvelle, dans le même temps où la vieille comédie finissait avec Aristophane.
Enfant du XVIIIe siècle et païen à sa manière, — païen vertueux et innocent, — les scrupules néo-chrétiens, qui de notre temps ont prise sur tant d’âmes jeunes ou vieilles, lui sont restés inconnus et étrangers. […] Personne presque n’a assez de mérite pour jouer ce rôle avec dignité, ni assez de fonds pour remplir le vide du temps, sans ce que le vulgaire appelle des affaires. […] Sa politique est courte, elle est celle d’un homme qui n’a guère vu ce côté-là de son temps que des rangs de la garde nationale. […] Les Académies croient posséder des recettes et des formules générales ; or il n’en existe pas de parfaitement applicables d’un temps, d’un lieu et d’un peuple à un autre. […] Mais dans son bon temps, de 1818 à 1830, que d’esprit, de sagacité !
Car il savait bien qu’on imputerait, malgré tout, sa résolution à faiblesse, et que tous ses succès anciens, éclipsés pour un temps, seraient méconnus,, attribués uniquement et comme jetés à la fortune. […] Charles-Quint sans doute était guerrier et capitaine, et il le prouva en plus d’une rencontre à la tête de ses vieilles bandes ; il s’était montré de bonne heure passionné pour les exercices corporels, habile aux armes, le meilleur cavalier de son temps. […] On a publié dans ces derniers temps un Journal de la santé et du régime de Louis XIV ; ce n’est rien auprès des relations qu’on a du régime et des maladies de Charles-Quint. […] Malgré médecins et confesseur, il recherchait en tout temps les mets qui convenaient le moins à sa santé. […] On ne le savait pas généralement du temps de Brantôme : celui-ci dit de Charles-Quint qu’il était plus sobre que chaste ; Bayle le répète d’après lui.
Cette haine si provoquée, qui avait puissamment contribué et coopéré à la ruine de la Restauration, lui survécut quelque temps, et on en vit trop la preuve dans des journées de désordre et de pillage qui en rappelaient d’autres de la pire époque : on avait rebroussé par-delà 1800. […] Certains corps religieux ont eu, de tout temps, l’art d’élever et de captiver les jeunes esprits : ils ne négligent rien pour cela, ni les méthodes nouvelles, ni les études variées, ni même l’agrément et les grâces : tout est bon pour prendre les enfants du siècle. […] elle se montre depuis quelque temps bien épineuse, bien querelleuse : elle a passé de la défense à l’attaque. […] C’était autrefois une affaire de consulter Rome et d’en recevoir réponse, cela demandait du temps : ce n’est plus qu’un jeu aujourd’hui. […] Avec cette célérité de communication, on n’a plus le temps, quand on est catholique, de ne pas être immédiatement romain, Quoi qu’il en soit des complications passageres ou des causes durables, il s’est créé et il se crée tous les jours, sous nos yeux, un danger.
Le jeune duc, dans les derniers temps, paraissait soumis, résigné, caressant même, quand une maladie inopinée vint tout à coup à la traverse de ce parfait semblant d’obéissance. […] Le mot de verges revient souvent dans les ordres et dépêches de ce temps : il y est question de montrer les verges aux nations et aux souverains, comme aux enfants, pour leur faire peur. […] Pareille chose et pareil excès se sont renouvelés du temps de notre jeunesse : on sait trop les suites. […] Il y a dans les vallées vaudoises du Piémont de pauvres religionnaires établis depuis des siècles et de temps immémorial, qui y vivent en paix. […] C’était dans le temps du carnaval (février 1687).
Le temps a épargné l’épitaphe du cheval d’Adrien, et anéanti la sienne… Tout est folie, vanité nourrie de vent. Les momies égyptiennes, que Cambyse et le temps ont épargnées, sont maintenant la proie de mains rapaces. […] Car il habitait dans son œuvre comme dans un antre de Vulcain, où il forgeait et frappait à coups redoublés sur l’enclume ; et, durant tout ce temps-là, le monde extérieur n’existait pas pour lui. […] Et là-dessus, ajoute-t-il, nous convînmes de jeter sur le papier toutes les réflexions spontanées qui nous passeraient ainsi par la tête, tout le temps que nous serions ensemble. […] C’est ainsi, à la rigueur, que Pline le Jeune et Tacite, se trouvant pour quelque temps ensemble dans la villa du lac de Côme ou en cette maison de Laurentinum qui nous a été si bien décrite, auraient pu, pendant quelques semaines, faire assaut et gageure de philosophie et de morale.
Ce poète, pas plus qu’Homère, n’a inventé les sujets qu’il célèbre ; il les a puisés dans la tradition, dans les légendes et ballades populaires, et il en a fait un corps de poème qui, pour ces temps reculés, supplée en quelque manière à l’histoire. […] Il serait temps que cette impression reprît et continuât. […] C’était le temps où, en France, nous étions en plein âge de fer, en pleine barbarie, et où, après l’agonie des derniers Carlovingiens, une monarchie rude s’ébauchait sous Hugues Capet et le roi Robert. […] Mais le monde alors était rempli de guerres, et le temps semblait peu favorable aux récompenses. […] Le temps fanera la joue de rose et obscurcira l’œil de l’âme brillante.
Il est bien le grand roi de son temps ; il a le cachet du siècle de l’analyse. […] C’est ce que fit réellement Frédéric, en paix, en guerre, presque en tout temps, et il y dérogea le moins possible. […] Quand il aborde les affaires de son temps, celles qu’il a dirigées et auxquelles il a coopéré, Frédéric garde le même ton, ou plutôt il en prend un encore plus simple que dans son histoire du Brandebourg. […] L’auteur ne s’y borne pas à l’ensemble des opérations stratégiques, il embrasse le tableau des cours de l’Europe durant ce laps de temps. […] Si l’on joint à cette narration si noble et si unie les lettres qu’il écrivait à Voltaire durant le même temps, on assistera au plus beau moment de Frédéric, à la crise d’où il sortit avec la persévérance la plus héroïque et la plus glorieuse.
À l’entendre, ce jeune prince fait des vers comme Catulle du temps de César ; il joue de la flûte comme Télémaque ; c’est Auguste-Frédéric-Virgile […] Il y a temps pour lui de rire, de jouer de la flûte, de faire des vers, et temps de régner. L’homme de lettres peut balancer quelque temps le roi et s’ébattre au-devant, mais pour lui céder le pas chaque fois qu’il le faut, à l’heure précise. […] Il faut quelque temps à ce diamant brut pour se dégager de sa gangue. […] Les plaies du cœur sont les plus sensibles de toutes, et, malgré les belles maximes des philosophes, il n’y a que le temps qui les guérisse.
Étienne Pasquier n’est point de ces écrivains originaux qui devancent les temps et qui font faire des miracles à leur langue maternelle. De tels écrivains en tout temps sont rares, et au xvie siècle je n’en vois que deux qu’on puisse raisonnablement saluer à ce titre éclatant, Rabelais et Montaigne. […] Il n’est femme si belle, pense-t-il, qui ne soit indifférente à l’homme au bout d’un an de possession, ni laideur modérée qui ne se rende tolérable aussi avec le temps : l’essentiel, selon lui, est dans les mœurs, dans leur pureté comme dans leur douceur. […] Ces lettres sont véritablement une pièce des plus essentielles à joindre aux mémoires du temps. […] S’il ne sortit pas des horizons de son temps, on peut observer à son honneur qu’il les embrassa tout entiers.
Aussi individuel que qui que ce soit dans sa manière de caractériser les œuvres et les hommes, Aubryet est cette rareté de tous les temps, devenue presque introuvable dans le nôtre, le diamant bleu de Μ. […] C’est un Rivarol soleillant qui sait s’éteindre à temps dans un Henri Heine clair de lune, et qui a appris le latin des lutins dans Shakespeare. […] Est-ce que Xavier Aubryet, qui n’est pas très fou de son temps, — bien au contraire ! […] — Lovelace avait déjà, de son temps, deviné cela devant le corsage fermé de Clarisse ; mais ce qu’il avait senti n’avait pas été mis en coupe réglée d’axiomes et de vérités à déduire. […] Le temps n’y est pas.
Depuis quelque temps, on peut se le demander. […] À ce compte, si un phénomène physique est possible, le phénomène inverse doit l’être également et on doit pouvoir remonter le cours du temps. […] L’idée la plus ingénieuse a été celle du temps local. […] Les montres réglées de la sorte ne marqueront donc pas le temps vrai, elles marqueront ce qu’on peut appeler le temps local, de sorte que l’une d’elles retardera sur l’autre. […] Depuis quelque temps toutefois, une de ces explications semble prendre le dessus et on peut raisonnablement espérer que nous tenons la clef du mystère.
Taine veut démontrer un point de méthode historique, prouver que toute une série de documents, négligés jusqu’ici, sont à consulter pour connaître les hommes du passé ou de ce temps. […] Signalons que la formule « évolution de la critique » servira de titre à une série de cours professés à l’Ecole Normale Supérieure par Ferdinand Brunetière durant l’hiver 1889, soit très peu de temps après la parution du livre d’Émile Hennequin. […] Installé à Paris à partir de 1860, il entre à la rédaction du Temps, puis devient une figure importante de la vie intellectuelle française protestante, comme en témoignent ces lignes combatives de Zola, publiées dans Le Figaro en 1881 : « c’est notre République surtout qui est menacée d’une invasion de protestants. […] Schérer recueillit entre 1863 et 1895 ses articles du Temps dans une série de 10 volumes intitulés « Etudes critiques sur la littérature contemporaine », publiées chez Michel-Lévy frères, puis chez Calmann-Lévy. […] Alfred Mézières (1826-1915) : originaire de Moselle, ce professeur de littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Paris, co-fondateur du journal Le Temps, membre de l’Institut, puis de l’Académie française (1874), a notamment consacré des études à la littérature européenne (Pétrarque, Shakespeare, Goethe).
C’est depuis moins de temps, au reste, que le nombre des formules de la prose s’est accru, par la raison toute simple que la prose est toujours la dernière à se perfectionner. […] Néanmoins, quel que soit mon désir d’abréger, je ne puis m’abstenir de redresser quelques idées qui ont été émises dans ces derniers temps. […] Voyez, en effet, comme nous avons besoin déjà de nous transporter au temps où notre littérature classique et nationale a paru tout à coup avec tant d’éclat, si nous voulons l’apprécier et la sentir, du moins en partie. […] Je ne parle même pas de ces heureux préjugés qui subsistaient encore naguère, sans raison de leur existence, débris vénérables des temps anciens, qui viennent de disparaître du milieu de nous, sans autre raison aussi de leur fin. […] Ne sent-on pas qu’elle ne reprendra plus ces attitudes si naïvement majestueuses qui lui furent données par le prophète des temps modernes ?
Mais il est toujours temps pour la critique de dire son mot sur un livre qui doit rester. […] Qui sait si avant de s’abîmer ou de disparaître les peuples ne restent pas quelque temps comme figés et conservés dans leur propre corruption ? […] on ne peut pas dire que jamais, dans aucun temps, la Chine ait été absolument jolie, mais si l’expression proverbiale a raison en parlant de belles laideurs, il doit y avoir de jolies laideurs aussi. […] de tout ce que le Temps éteint sur le sépulcre de la Chine, où la Philosophie européenne, en pleureuse, vient brûler les pastilles de ses admirations, l’esprit est le dernier rayon qui brille et qui lutte avec l’inévitable obscurité. […] « Toutes les erreurs n’ont qu’un temps.
La parole se substituant à l’écriture a, dans tous les temps, été le symptôme des littératures qui vont mourir. […] Les Grecs l’eurent du temps de leurs sophistes. […] De Constantin à Innocent III, il y a du temps et de l’espace, et ce saut-là, qu’on nous fait faire, peut étonner. […] Entrée dans l’espace et le temps à un jour donné, qui éclaire l’Histoire comme une colossale lentille de feu, elle ne devait pas subir les providentielles tyrannies du temps et de l’espace. […] Ce n’est là qu’un coup d’œil et quelques coups de langue sur un sujet très vaste, très chargé, et qu’il est impossible de creuser sans y mettre l’effort, le détail et le temps.
Tous les critiques de notre temps, qui nous disent avec des variantes que Joseph de Maistre n’est qu’un sublime brise-raison, et Bonald un antiquaire d’idées, ont vanté M. l’abbé Mitraud et en ont fait un colosse, portable encore, il est vrai, mais un de ces jours trop lourd, même pour le triomphe. […] À ce titre seul, nous avions reconnu le problème du temps présent, la chimère dit siècle, comme disait saint Bernard, — car les littératures font beaucoup de théories sociales, lorsque les peuples ont relâché ou brisé tous les liens sociaux, absolument comme on écrit des poétiques, lorsque le temps des poëmes épiques est passé, — et il était curieux de savoir comment le prêtre avait remué, à son tour, le problème vainement agité si longtemps par les philosophes. […] C’est un utopiste du même genre, resté utopiste, malgré des expériences qui auraient corrigé l’abbé de Saint-Pierre s’il avait vécu dans notre temps, et si les prêtres tombés de plus haut que les autres hommes dans l’Ordre spirituel, pouvaient se relever et n’étaient pas presque toujours incorrigibles ! […] Enfin, comme tous les utopistes de ce temps et de tous les temps, qui ont renversé le grand aperçu chrétien, M. l’abbé Mitraud semble prendre la société pour un état définitif, au lieu de la concevoir comme un état de passage, et alors la question devient pour lui ce qu’elle fut, par exemple, pour Fourier, Saint-Simon et tant d’autres réformateurs, c’est-à-dire — qu’elle consiste à trouver des institutions qui établissent le ciel sur la terre, — ce qu’on cherchera probablement longtemps encore, — au lieu de faire monter la terre dans le ciel, comme la Religion nous l’enseigne, et, dans son affranchissement des âmes, sait l’exécuter tous les jours ! […] Pourquoi les premiers mots qui vous frappent dans un écrit, ayant la prétention d’être une solution chrétienne à la grande question du temps présent, sont-ils une définition orde et païenne de la notion de Droit : « Le Droit est la résultante des besoins de la nature » ?
Est-ce que, pervers ou vertueux, tout ce qui a jamais écrit quatre lignes d’histoire ne s’est pas toujours réclamé de la vérité et de la justice, et la critique a-t-elle le temps ou la puissance d’écouter ces trop naïves ou trop rusées déclarations ? […] Faute si grande, qu’il n’importe guères à présent de savoir au juste si le pontife agit par haine ou bien sans haine ; car une pareille faute, au bout d’un certain temps, fait toujours équation à un crime, et le temps à attendre où le crime qui ne s’était pas nettement dressé dans la conscience de Clément XIV a surgi, tout à coup, évident dans la conscience des hommes, ce temps à attendre n’a pas été long ! […] N’y a-t-il plus là qu’un souvenir qui pèse sur une tombe, la nuée seule d’un souvenir sinistre, allégé par le temps, et que le souffle du P. […] Ce qu’il veut, ce qu’il essaie à toutes les pages de son livre, c’est de justifier Clément XIV d’une abolition devenue nécessaire, soit à cause du besoin des temps, soit à cause des abus qui s’étaient produits, disait-on (et qui disait cela ?) […] Et quant à ce besoin des temps dont nous parle le P.
Inutile sacrifice, du reste, au génie matériel de ce temps ! […] Dans un temps rapproché, les poètes matériels, comme les poètes immatériels, périront. […] On ne lit plus Desportes, qui eut dans son temps beaucoup plus de talent que Banville ; on ne lit plus Ronsard, cet Homère manqué de l’imitation archaïque. […] La vraie poésie, surtout dans ce temps d’extrême civilisation, est essentiellement individuelle et solitaire. […] Gouttes d’encre que le métier répandit, elles pourront reluire de leur sécheresse même ; mais le temps trouvera bien moyen de les couvrir de sa poussière et de les effacer.
Le plus estimé de ses Ouvrages est sa Chronologie universelle, ou Science des Temps, publiée en 1627. Les Noirs, les Fabricius, les Vossius, les Dacier, les Morus, tous les Savans de son temps semblent s’être épuisés en louanges, pour en exalter l’excellence. Son Rationiarum Temporum, qui en est une espece d’abrégé, est un guide des plus sûrs pour l’ordre des temps, des faits, & la comparaison des dates. […] « Quand on les lit, on ne comprend pas, dit cet Ecrivain, qu’il ait pu trouver du temps pour composer tant d’autres Ouvrages sur les matieres les plus importantes, & l’on est tenté de croire qu’il a passé sa vie à lire Homere & Virgile, dont il prend si bien le tour & le caractere ».
En ce temps-ci, c’est chose aussi rare qu’édifiante de voir si bien réussir dans le monde un pauvre orphelin posthume, et de méchantes langues, qui cherchent malice à tout, se sont permis de gloser sur une adoption si paternelle. […] Là où d’autres n’ont vu qu’une tyrannie violente et passagère, qu’une dictature militaire en un temps de siège, qu’une contrefaçon classique des souvenirs républicains d’Athènes et de Rome, lui, il y trouve le premier essai pratique d’une réorganisation future. […] Il serait bien plutôt tenté de les considérer comme un poste de transition et de reconnaissance placé à la limite de deux âges, ou encore comme ces fanaux semés sur les hauts lieux, qui servent à lier, à travers les siècles, les divers temps de cette grande expérience incessamment accomplie par l’humanité. […] Là, autant qu’il est possible de lire dans des cœurs d’homme en ces temps d’orages, on devra distinguer quels furent les fanatiques, les sanguinaires, les systématiques, les lâches, et, — s’il en fut, comme on n’en saurait douter, — les héros et les vertueux. […] S’il eût vécu au milieu de ces circonstances, et s’il eût compris aussi bien qu’aujoud’hui quel devait être le parti libérateur pour la Révolution, il est présumable que son âme, ouverte inévitablement aux impressions de l’atmosphère de ces temps orageux, se serait mise au niveau de sa tête.
Cette page unique et exhilarante, qui embarrassera peut-être les professeurs d’Athénée de l’avenir, si dans les athénées ou les cours publics les bons vivants ne remplacent pas les gens graves, s’appellera « les Dîners littéraires du xixe siècle » ; et elle formera, dans l’histoire des lettres de ce temps, la contrepartie de la page célèbre des banquets dans l’histoire politique, moins pourtant une révolution. […] Le Romantisme, qui n’eut jamais de gens d’esprit à son service (il n’eut que des gens de talent), le Réalisme, qui n’a ni les uns ni les autres, le Réalisme qui est le Romantisme du ruisseau lorsque le ruisseau n’est pas pur, sont deux faits d’ordre littéraire également mortels à plus d’une faculté de l’intelligence, et qui doivent, dans un temps donné, ruiner l’intelligence tout entière. […] C’est un signe du temps. Le fondateur des Dîners littéraires, à bon mot et à dix francs, n’est pas seulement un professeur d’hygiène intellectuelle aussi simple que cet ivrogne de Sheridan, qui disait : « Quand la pensée est lente à venir, un verre de bon vin la stimule, et quand elle est venue, un verre de vin la récompense », c’est un homme plus profond que cela : il connaît son temps et sait jouer du vice de son temps. […] Puisque nous sortons de Cabanis, qui a fait un livre de l’influence du physique sur le moral de l’homme ; puisque c’est la plus puissante inspiration du cerveau de ce temps qu’une bonne digestion stimulée ; puisque nous appliquons en grand la doctrine de Broussais, que l’homme tout entier n’est qu’un tube ouvert aux deux bouts, nous demandons le résultat cérébral du dîner et de la doctrine.
Pendant ce temps l’esprit critique a grandi. […] Les temps de l’ignorance et de la naïveté sont passés. […] À parler vrai, il était temps qu’on renonçât à la gracieuse friperie des regrets poétiques. […] C’est le même diamant contemplé sous ses diverses facettes dans le temps et dans l’espace. […] Il est beau d’avoir éludé l’espace, trompé le temps, reculé les frontières de la nuit.
De tels actes étaient son seul langage dans un temps où la France, épuisée de cris et de phrases, rendait l’âme dans l’éloquence de ses tribuns. […] Affaire de temps et de circonstances ! […] Ce fut réellement le « Aux-Épaules » du journalisme de ce temps. […] Parmi les journalistes, que les temps présents multiplient et qui n’auront, certes ! […] C’est l’écrivain des choses éternelles que je souffre de voir sacrifié à la nécessité des choses du temps.
Transportons-nous au temps où Louis XIV vieilli survit à sa grandeur et à sa fortune. […] Parcourez la philosophie du temps : même rébellion commençante contre la morale courante. […] Or, cherchez en ce temps-là de grandes et belles œuvres ! […] L’histoire littéraire du temps laisse une lugubre impression de vide. […] Il dit à l’écrivain que l’on presse : — Le temps ne fait rien à l’affaire.
Quel temps merveilleux ! […] Bien du temps s’est écoulé depuis, et notre éblouissement est toujours le même. […] Beaux temps où les choses de l’intelligence passionnaient à ce point la foule ! […] En ce temps-là, la peinture et la poésie fraternisaient. […] Ce temps fut le beau temps de Bocage.
— considérations sur l’esprit du temps. — mollesse et apologie. — optimisme. […] Il est temps qu’on renonce à des tentatives qui, pour avoir tout leur prix, ont besoin de science, de talent et de religion littéraire : ici ce n’était qu’une grossière et informe spéculation. […] Il y a des considérations très-fines sans doute sur l’esprit du temps, mais on est surpris de cette excessive indulgence, et il semble que le moment est mal choisi pour venir absoudre ce qui se dispense très-bien d’autorisation. […] Quel que soit l’optimisme dont se piquent quelques gens d’esprit, ce qui nous semble à nous une vraie calamité publique de ce temps-ci, c’est la facilité avec laquelle les talents supérieurs eux-mêmes tournent au sophisme.
Mais de leur temps les tranpositions vicieuses étoient à la mode, l’abus des mots étoit autorisé, et l’on les emploïoit sans égard à leur signification propre, soit dans des épithetes insensées, soit dans ces figures dont le faux brillant ne presente point une image distincte. Il est si vrai de dire que ce sont les jeux de mots et l’abus des métaphores, qui, par exemple, défigurent la prose de Sidonius Apollinaris, que les loix faites par Majorien et par d’autres empereurs contemporains de cet évêque, paroissent faites du temps des premiers Cesars, parce que les auteurs de ces loix astreints par la dignité de leur ouvrage à ne point sortir d’un stile grave et simple, n’ont pas été exposez au danger d’abuser des figures et de courir après l’esprit. […] Virgile, Horace, Ciceron et Tite-Live ont été lûs avec admiration tant que la langue latine a été une langue vivante, et les écrivains qui ont composé cinq cens ans après ces auteurs, et dans les tems où le stile latin étoit déja corrompu, en font encore plus d’éloge qu’on n’en avoit fait du temps d’Auguste. […] Il est certainement plus facile de ne point faire de mauvaises remarques sur des poesies dont a connu les auteurs, et qui parlent des choses que nous avons vûes, ou dont une tradition encore récente a conservé les explications, ou si l’on veut, les applications, qu’il ne le sera dans l’avenir, quand toutes ces lumieres seront éteintes par le temps et par toutes les revolutions ausquelles les societez sont sujettes. […] Monsieur Despreaux composa son épitre à Monsieur De Guilleragues vers mil six cens soixante et quinze, dans un temps où la nouvelle physique étoit la science à la mode, car il est parmi nous une mode pour les sciences comme pour les habits.
Ce bourgeois protestant, sceptique, athée peut-être, comme beaucoup d’honnêtes gens de ce temps-là, n’a pas même l’involontaire et beau respect qu’inspirent les grands hommes aux esprits bien faits qui adorent la gloire. […] On ne sait pas bien, et c’est là ce qu’on ne pourrait affirmer quand on interroge le texte seul du rapport de cette espèce de Vidocq des ruelles de son temps, qui l’écumait chaque jour de ses sottises, de ses ridicules et de ses vices, au profit d’un mystérieux manuscrit qu’il devait laisser derrière lui à l’histoire, comme un document à apurer ! […] Son livre, comme une grande quantité de mémoires de ce temps, nous révèle beaucoup de choses curieuses et, quoique dégoûtantes, utiles. […] Grâce à cet homme, qui pêche des anecdotes comme on pêche des anguilles, jusque dans la vase, un esprit politique n’aurait-il pas, au moins, indiqué le mal de ce temps qu’on prend pour une époque de force et de virilité, et qui n’offre aux yeux fascinés que la ruine suspendue d’une société dont la tête va tout à l’heure porter contre le fond de l’abîme, mais qui, jusque-là, trouve doux de tomber ? […] N’est-ce pas à croire que pour l’esprit aussi « qui a compagnon a maître », selon le dicton du roi Henri III, puisque Paulin Paris, un homme accoutumé à l’histoire, avec tous les avantages que lui donne le temps ou il vit pour juger le temps où Tallemant écrivait, n’est pas plus fort, quand il s’agit d’en embrasser l’ensemble et d’en agiter les problèmes, que l’homme vulgaire qu’il a commenté ?
L’air du temps est aux réhabilitations. […] L’air du temps est aussi aux paradoxes, mais beaucoup moins ; car le paradoxe implique de l’invention dans l’esprit, chose rare ! […] comme on dit), l’air du temps. […] C’était la marquise de Rambouillet, Catherine de Vivonne, qui massa autour de sa jupe les beaux esprits du temps et régna dans cet empire de l’idéal, sous l’anagramme d’Arthénice. […] Homme de son temps (c’est l’éloge du temps), et voyant partout, comme les historiens de ce temps, des influences, il a pénétré celle qu’exerça la marquise de Rambouillet : « Sous cette influence — dit-il — les hommes commencèrent à rechercher la société des femmes, qu’ils n’avaient jamais recherchée jusque-là. » On le sait, ils vivaient dans les bois !
Il aurait compté les poux de Sylla… Encore une fois, la virilité de l’esprit, voilà la qualité dominante de ce livre, qui n’a aucune des nervosités et des tensions du temps présent. […] Et M. d’Héricault, avec son regard aigu, a regardé dans le fond de ces mains-là… Elles n’étaient pas toutes tachées de sang, mais toutes, sans exception de fange ; car c’est une fange que la lâcheté… En ce vil temps, on était plus bas que sous Marat. […] Et la France du temps de Robespierre, et la Convention, et même l’Europe, ne furent point de l’avis de Michelet dans sa fausse histoire. […] Charles d’Héricault pouvait peindre à grands traits, avec les reliefs du style et de la langue et le frémissement d’un artiste, il l’a dit sans s’y arrêter, avec la sobriété voulue, réfléchie et maintenue résolument, tout le temps de son livre, et que je ne puis m’empêcher d’admirer. […] Si sa popularité, disent les hommes de son temps, fut monstrueuse, elle l’est encore après sa mort, et il faudrait s’en étonner, si les hommes n’étaient pas toujours les mêmes : lâches devant la force brutale qu’ils prennent pour la force réelle, mais qui ne l’est pas !
ils ont compté sans le Temps, ce grand défaiseur de toutes choses. […] Comme les anciens rois persans, ce républicain avait un prestige tout le temps qu’il était invisible, c’est-à-dire qu’on ne lisait pas ses écrits et qu’on oubliait sa vie. […] David d’Angers avait fait à Carrel une statue contre laquelle le Temps, qui était passé, ne serait pas revenu. […] Il ne domina que la sottise et la lâcheté de son temps. […] Il cachait ainsi une ambition verte, comme l’a si bien dit un écrivain de son temps, qui savait peindre ce qu’il voyait.
Peu de gens ont le temps de se pencher ainsi sur eux-mêmes et d’observer les infiniment petits, — les fils de la Vierge intellectuels, — sur lesquels M. […] Dans cette vie, qui a un but sans doute, un but important et peut-être terrible, puisque c’est le tout de notre destinée, on a moins le temps d’apprendre comment se font les choses que le temps de les faire. […] Elle est plus laide qu’elle n’était du temps de sa vie. […] Or, comme il estime que la science doit faire, dans un temps donné, les destinées du genre humain, il se trouve que la religion et la morale, qui ne sont pas la vérité scientifique et sur lesquelles les philosophes ont pris l’avance, s’en iront un jour avec les vieilles lunes. […] Son Dieu — le plus grand psychologue de ce temps, dit-il — c’est Henri Beyle (Stendhal) ; Henri Beyle, un esprit puissant, c’est incontestable, mais d’un matérialisme presque crapuleux.
Parmi les grands succès contemporains, — (et dans ce temps-là on aimait la poésie pour elle-même, on n’avait pas les ineptes dégoûts d’à présent,) — rien de plus prompt ne s’était produit. […] Il y a des talents qui s’élèvent et qui tombent, mais qui mettent du temps et des efforts à s’élever et à tomber ; qui, en raison de la force qui les éleva, se retiennent dans leur chute et planent encore à différentes hauteurs, avant de définitivement sombrer. […] voilà comme je m’y prenais dans le temps que je n’étais qu’un écolier maladroit… » Et il ne dit pas maladroit, car il s’admire rétrospectivement et son amour-propre se baise lui-même sur son front d’enfant. […] On croira que j’exagère tout le temps qu’on n’aura pas lu le volume entier de ces Silves, dont je ne puis pas, en un chapitre, faire les extraits que je voudrais… Mais qu’on le lise, et on verra ! […] Mais j’espérais pourtant encore de lui dans ce temps-là ; car qui est sûr de rien avec ces poètes ?
Dans ces dernières années et depuis quelque temps, La Boétie a trouvé des investigateurs et des biographes qui se sont attachés particulièrement à le mettre en lumière. […] Comme toute la jeunesse de son temps, et l’un des premiers, il prit feu au signal poétique donné par Du Bellay et par Ronsard, et il fit des sonnets dans leur genre. […] Les hommes de parti s’en sont servis en tout temps pour s’en faire une arme. […] Toutes greffes ne conviennent point à tous les arbres : le cerisier refuse la pomme, et le poirier n’adopte point la prune : ni le temps ni la culture ne peuvent l’obtenir d’eux, tant les instincts répugnent. […] L’amitié, au contraire, se forme peu à peu, avec le temps, par la pratique, par un long commerce.
J’ai le cœur et le sentiment lent, mais rude et tenace pour quelque temps, c’est-à-dire opiniâtre… Il a dit : Je ne puis vaquer à aucune besogne, qu’au bout de fort peu de temps le cœur ne se mette de la partie, soit pour, soit contre, soit pour les affaires, soit pour les hommes ; je m’affectionne ou je m’indigne. […] De là son âme est égale en tout temps ; s’il a peu de plaisirs sensibles, du moins ses peines sont légères, car il a les passions douces. […] Cependant voilà le malheur du Français : on prend pour médecins des gens d’imagination (Silva), et pour ministres les robins qui ont le plus fréquenté la Cour, c’est-à-dire ceux qui ont le plus perdu leur temps et qui ont le plus négligé les pauvres et la justice. […] Je disais que la politesse ayant fait des progrès, les effets des vices étaient peu de chose en comparaison du temps de la barbarie… Ce qui est aujourd’hui tracasserie était anthropophagie du temps des druides… Mais j’observe une chose terrible de notre âge : l’amour s’éteint, on n’aime plus par le cœur ; peu de cœurs sensibles ; adieu la tendresse ! […] [NdA] Il a dit aussi, en pensant aux efforts contre-nature qu’il avait dû faire pendant quelque temps pour être courtisan et pour réussir auprès de Louis XV : Il faut flatter les princes absolument pour les bien servir.
J’y voudrais parfois un peu plus de repos, un peu plus d’air, d’espace, le temps de souffler et de reprendre haleine. […] Il ne faudrait pas essayer de faire l’histoire de Mme de Boufflers, dans sa jeunesse ; ses mœurs furent celles du grand monde de son temps, c’est-à-dire plus que légères. […] Elle n’était pas toujours très-bien avec Mme de Lauraguais, une des trois sœurs ; mais avec Mme de Châteauroux, elle fut, dans tous les temps, de l’intimité et de l’étroite confidence. […] A peine l’eus-je vue que je fus subjugué : je la trouvai charmante, de ce charme à l’épreuve du temps, le plus fait pour agir sur mon cœur. […] Personne même ne fit sur le temps son oraison funèbre.
Je me suis fait une obligation de relire quelques-uns des jugements de la critique française contemporaine à ce sujet, notamment ce qu’en a dit, dans ses Salons de 1831 et de 1833, un écrivain fort surfait et à qui sa morgue a tenu lieu quelque temps d’autorité. […] Horace Vernet, qui avait à peindre le siège et la prise d’assaut de Constantine, partit de Paris (fin d’octobre) quinze jours après l’affaire, pour voir les lieux, les débris encore fumants, et il espérait bien arriver à temps pour assister à quelque petite fusillade. […] Si j’avais le temps de lui donner une petite éducation, je lui apprendrais à chanter Rabadablabadabla-blabla, pour que sur ma terre d’Afrique il puisse apprendre à ses semblables ce délicieux refrain, et peut-être qu’un jour tous les échos nous le répéteraient. […] Certes, j’étais loin de m’attendre à des sensations si différentes dans un si court espace de temps, et cependant je n’étais pas au bout. […] Son costume bizarre lui plaît, et, dès le lendemain, il commence un tableau représentant un de ces soldats improvisés, arrêté par le mauvais temps dans la campagne, et saisissant son fusil pour le décharger sur quelqu’un ; on aperçoit dans le lointain un petit corps de troupes et la plaine déserte.
Mais il reste toujours cette contradiction piquante qui exprime bien la confusion du temps et qui montre un maître de la précédente école un peu étonné et tout lier de son disciple émancipé. […] pécherois-je pas (comme dit le Pindare latin) contre le bien public, si par longues paroles j’empêchois le temps que tu donnes au service de ton Prince, au profit de la Patrie et à l’accroissement de ton immortelle renommée ? […] Après tout, le livret de Du Bellay a amorcé la voie qui, agrandie avec le temps et aplanie, et le génie de la France s’en mêlant, est devenue la route royale de Louis XIV. […] Berthelin, d’une cinquantaine de pages, s’intitule : Étude sur Amadis Jamyn : son Temps, sa Vie, ses OEuvres. […] « En ce temps-là, je ronsardisais, disait Gérard de Nerval. » Et c’est ce qu’a écrit M.
Alfred de Vigny, resta, jusqu’à ces derniers temps, inaperçu et, disons-le, méconnu de Lamartine, qui n’avait rien, il est vrai, à tirer de ce mode d’inspiration antique, et dont le style était déjà né de lui-même à la source de ses pensées. […] Une personne grave et peu habituée aux comparaisons poétiques, qui avait en ce temps l’occasion de le voir avec ses sœurs sous l’aile de la mère, ne pouvait s’empêcher de comparer cette jeune famille aimable et d’un essor si naturel à une couvée de colombes. […] Après le collége, vers 1809, Lamartine vécut à Lyon, et fit, je crois, dès ce temps, un premier voyage et séjour en Italie. […] La renommée, un héritage opulent, un mariage conforme à ses goûts et où il devait rencontrer un dévouement de chaque jour, tout lui arriva presque à la fois ; sa vie depuis ce temps est trop connue, trop positive, pour que nous y insistions. […] Il est permis, en parlant d’un tel homme, de s’attacher à l’esprit des temps plutôt qu’aux détails vulgaires qui, chez d’autres, pourraient être caractéristiques.
Pendant un certain temps, toute l’ardeur propre à l’esprit français se tourna vers l’étude des langues anciennes. […] Les hommes supérieurs de ce temps-là sont des grammairiens et des érudits. […] Les vieillards faisaient mentir l’admirable portrait du vieillard d’Horace, qui ne trouve chose à louer que dans le temps où il a été jeune. […] L’écrivain de génie est supérieur à son temps et à tous les temps, et le titre n’en convient qu’à celui qui ajoute en quelque manière aux facultés de sa nation. […] Mais qu’y a-t-il là qui lui fasse tort, ou qui sorte des formules de la galanterie du temps ?
Huet perdit de bonne heure ce père excellent ; il perdit aussi sa mère peu de temps après, et se trouva en bas âge aux mains de parents éloignés, qui furent des tuteurs négligents. […] Il leur en demeura à jamais reconnaissant ; il garda avec eux de tout temps tous ses liens : et vieux, affaibli de corps, ce fut chez eux à Paris, dans leur maison de la rue Saint-Antoine, qu’il voulut achever de vieillir et qu’il vint mourir. […] Il y a dans chaque siècle des temps marqués, des coups d’archet, ou, si l’on veut, des coups de tonnerre. […] » Ajoutons que si Huet put avoir dans un temps cette pensée ou porte de derrière, il en usa si peu, qu’elle finit par se condamner d’elle-même et par être en lui comme si elle n’était pas. […] Je n’ai pu que l’effleurer en passant, mais j’ai tâché de ne hasarder aucun trait qui ne fut exact et vrai sur un personnage si considérable en son temps et de loin si original.
Mais par ces temps d’imitation et d’industrialisme, par ces temps de bibelots littéraires, de précocité, de truquage et d’ignorance, il se pourrait bien que les critiques intelligentes survécussent aux productions qui les motivèrent. […] Ernest-Charles ne soit un des critiques les plus probes de ce temps et l’un des rares qui ait étudié les choses dont il discute. […] voici le véritable homme de lettres de tous les temps et de notre temps. […] Ils ont examiné l’évolution des types et des classes sociales à travers les œuvres de ce temps ». […] Le Temps, les Débats, le Figaro, Gil-Blas et quelques autres ont toujours possédé un critique attitré et parfois plusieurs.
C’était une idée de tous les temps, une idée vieille comme la monarchie, comme le monde, comme la souffrance et la misère : c’était l’impôt. […] Pouvait-il changer, lui, le garde de la constitution de la monarchie, cette constitution, fille des temps ? […] En cela, il s’est mis d’un seul trait au-dessus de la funeste passion philosophique de son temps ; il a rompu avec des habitudes erronées et universelles. […] Dirai-je que l’auteur — l’un des premiers journalistes de ce temps — est un de ces écrivains de grande venue qui touche enfin à la maturité de ses facultés ? […] Les dangers menaçants des temps actuels rendent grossier et brutal aux choses délicates du génie.
Charlet, qui est de la même époque que Pigal, est l’objet d’une observation analogue : le mot moderne s’applique à la manière et non au temps. […] C’est un homme très-artificiel qui s’est mis à imiter les idées du temps. […] Du reste, celles de ses œuvres datées de ce temps-là diffèrent beaucoup de ce qu’il fait aujourd’hui. […] Henri Monnier l’a étudié, le Prudhomme vivant, réel ; il l’a étudié jour à jour, pendant un très-long espace de temps. […] Selon moi, c’est un artiste éminent et qui ne fut pas dans son temps délicatement apprécié.
Son désespoir s’accrut encore par les efforts qu’il fit pendant quelque temps pour le dissimuler. […] « Ô temps ! […] Boursault, quelque temps après, prit sa revanche avec bien de l’avantage. […] Dans un temps où les tartuffes étaient puissants, les prudes devaient abonder. […] Où est le temps où de semblables caprices enfantaient de semblables ouvrages ?
dans le même temps que l’ordre et l’administration s’introduisaient dans l’Etat. […] Le temps n’était pas encore arrivé de discipliner la littérature, d’instituer des règles, de choisir. […] Il tirait du temps même une autorité de plus pour ses remarques ; car, pour peu qu’il attendît, il pouvait discerner l’usage passager de l’usage définitif, et il n’enregistrait qu’avec plus de confiance des mots qui avaient pu résister à la double épreuve de l’usage et du temps. […] Le temps où nous vivons nous prépare mal à juger cette censure exercée par une compagnie sur le travail d’un de ses membres. […] Elle met l’homme en liberté et en franchise à l’égard de l’individu et de toutes les circonstances extérieures dont il dépend, le temps, les pays, le tempérament particulier.
Il y a des hommes à qui la sagesse du conseil a été donnée : ils sont rares, et pourtant il y en a eu dans tous les temps. […] Du temps des troubles de la Ligue et dans les premières années de Henri IV, il en fut de même : on comptait de ces hommes de sagesse et de conseil, et auprès de Henri IV et dans les rangs opposés, car, en temps de révolution, les hommes ne choisissent guère les partis où ils entrent, ils y sont jetés. […] Ce conte ou cette légende transmise par les matrones du temps a paru depuis aux panégyristes du président un présage de sa grandeur. […] Il ne faudrait pourtant point se le figurer à cet âge un sujet trop régulier, toujours esclave de son travail et le front courbé sur le Digeste : tel n’était point le président Jeannin en sa jeunesse : Car nous avons appris de tous ceux de son temps, dit Saumaise, qu’il avait exercé toutes les libertés que la chaleur du sang et celle de l’âge peuvent imaginer en cette heureuse saison. […] Je le pressais aussi au même temps avec les plus fortes raisons que je pouvais pour le disposer à cette réconciliation, nous dit le président Jeannin, mais tout en vain pour lors, me restant toutefois quelque espérance de gagner avec le temps sur lui ce que je n’avais pu emporter tout d’un coup.
Ce furent des curieux de tout temps que les de Luynes ; non que je veuille remonter, pour retrouver en lui ce trait caractéristique, au chef même de leur race, à l’auteur de leur illustration historique, et insister sur les talents ornithologiques par lesquels il gagna, dit-on, la faveur de Louis XIII. […] Causant avec un homme de la vieille Cour, M. de Luynes, qui aimait ainsi à interroger chacun sur son coin d’histoire, tirait de lui cette jolie anecdote : Du temps du feu roi, toutes les petites circonstances par où on pouvait lui faire sa cour étaient des grâces importantes. […] On me contait aujourd’hui ce qui se passa dans le temps du grand carrousel que Louis XIV donna en 1662. […] C’était dans le temps que l’on venait de donner les fermes générales ; les fermiers craignaient fort qu’on ne leur retirât le domaine de Paris. […] Elle a pour elle, à la longue, le parti des honnêtes gens ; elle est devenue avec le temps, si l’on peut ainsi parler, une maîtresse légitime.
C’étaient ces mêmes figures sculptées et peintes qu’on voit encore sur les retables d’autel de ce temps-là, et qui se mettaient à marcher et à agir devant les curieux édifiés. […] Il y a à sourire plus qu’à s’étonner de ces transformations, de ces costumes du temps et du pays donnés à des personnages bibliques ou évangéliques. […] Il semble qu’elle s’arrête à temps. […] Après avoir ainsi roucoulé quelque temps leur duo, Rodigon se lève et prend congé de Madeleine : « Point ne faut faire l’ennuyeux », dit-il. […] Il n’est pas dénué de cette espèce d’avantage et de dédommagement qui semble revenir surtout aux œuvres modernes : il peint les mœurs modernes, les coutumes et costumes d’un temps ; il en est un témoignage.
Un homme de son temps, au contraire, un habile que la nature avait doué d’une rare faculté philologique comme elle avait doué Malebranche d’un génie métaphysique éminent, avait entrepris cet examen puisé aux sources et avait fondé la véritable critique des Écritures en l’appuyant sur la connaissance de l’hébreu, des langues orientales prochaines qui en sont comme autant de branches, et sur la familiarité avec les anciens commentateurs juifs les plus compétents. […] Ces cinq cents ans n’embarrassent pas Bossuet : « Dieu donna, dit-il, à la majesté de son Fils de faire « taire les prophètes durant tout ce temps pour tenir son peuple en attente de Celui qui devait être l’accomplissement de tous leurs oracles. » Il franchit ce temps de silence, toujours son fil conducteur à la main, et le flambeau de l’autre. […] erreur du temps, de la profession tant que l’on voudra, mais aussi erreur et faiblesse de caractère ou d’esprit en celui qui parle et qui, à force d’embrasser l’universalité des siècles, ne prévoit pas ce que lui garde le jugement du lendemain ! […] On dirait même qu’il a d’avance quelque pressentiment de ce que notre siècle a ressaisi et remis en lumière des mystères ensevelis de l’antique Égypte ; il exhorte Louis XIV à faire fouiller la Thébaïde ; il est très au courant pour son temps, il cite les Voyages publiés par M. […] Toute la magnificence des Romains, dans le bon temps, était publique : l’épargne ne régnait que dans les maisons des particuliers.
L’érudit est entêté : il tient d’autant plus au résultat de ses recherches que ce résultat est plus mince : il ne veut pas avoir perdu son temps. […] Je jouis de sentir à tout mon être des racines si profondes dans les temps écoulés et d’avoir tant vécu déjà avant de voir la lumière. […] Gaston Paris est un des exemplaires accomplis de l’érudit lettré de notre temps. […] Ou bien enfin est-ce qu’il n’a pas eu le temps d’y atteindre en cinq cents ans ? […] — Les hommes de la première moitié de ce siècle croyaient à une mission providentielle de la France dans le monde, comme les hommes du temps des croisades.
Sa famille possède ses cahiers manuscrits de ce temps. […] Il essaya, vers 1805, d’entrer dans l’administration et fut quelque temps placé auprès du comte Estève, trésorier général de la Couronne. […] Du temps de M. […] Il sait en temps ordinaire les tenants et les aboutissants de chacun, les parentés, les voisinages. […] Ses informations secrètes lui ont tout donné, — tout, excepté la note juste du langage de ce temps-là.
Quel effet produisirent sur M. de La Mennais ces articles d’abord tout favorables, puis terminés par un temps d’arrêt et une sorte de holà ? […] Il n’est pas exact non plus de dire que je fis en ce temps-là une évolution vers le pouvoir. […] Je crois me rappeler qu’en effet, après l’article sur les Affaires de Rome, je rencontrai un jour sur la place de l’Odéon, au bras de je ne sais plus qui, M. de La Mennais que depuis quelque temps j’avais cessé de voir ; je ne me souviens pas de la mine que je pus faire, car on ne se voit point soi-même. […] Je n’avais pas été le premier à le rechercher au début de notre liaison ; lui-même m’avait fait, par Victor Hugo, des avances dès le temps des Consolations ; je l’avais connu prêtre et disant encore la messe, ultramontain et pur romain de doctrine : je l’avais pris avec vivacité et sympathie par tous les points desquels je pouvais me rapprocher et qui m’offraient un moyen de correspondre ; je m’étais efforcé de multiplier ces « points d’attouchement, » comme les appelle Lavater dans son manuel de l’amitié ; je n’avais eu, dès son premier pas dans le libéralisme, que d’excellents et chauds procédés envers lui et lui avais hautement rendu, je puis dire, de bons offices littéraires. […] La vérité aussi, c’est que M. de La Mennais, avec ses jugements absolus, devait assez peu goûter ma forme de critique d’alors et même celle où, de tout temps, ma curiosité n’a cessé de se complaire.
Les temps actuels, aurait-il dit, ne sauraient être comparés aux temps de l’ancienne monarchie pour le théâtre non plus que pour tout le reste. […] Las des querelles de parti, presque saturés des discussions parlementaires, bien des esprits, jeunes, ardents et généreux, sans déserter leurs devoirs comme citoyens et sujets, ressentent un vif besoin de ces distractions nobles et légitimes, qui se sont liées de tout temps à la gloire de la France et à la splendeur du trône. […] Puis, quand l’ancienne littérature est partout ; qu’elle occupe les places, les Commissions, les Académies ; que le gouvernement s’en rapporte à ses décisions en toute matière littéraire où il a besoin de s’éclairer ; quand, il y a quelques mois à peine, une pétition, signée de plusieurs auteurs classiques les plus influents, et tendant à obtenir pour eux le monopole du Théâtre-Français, est venue mourir au pied du trône ; n’y aurait-il pas, de la part du gouvernement du roi, peu de convenance et d’adresse à frapper d’interdiction la première œuvre dramatique composée depuis ce temps par un des hommes de la jeune littérature, une pièce avouée d’elle, réclamée par le public, et sur laquelle on veut bien fonder quelque espoir ? Le poète aurait pu dire encore qu’il avait, fort jeune, et en plus d’une circonstance mémorable, donné à la monarchie et au prince d’humbles gages qu’il ne séparait point, dans sa pensée, des autres gages qu’on devait donner aussi aux libertés et aux institutions du pays ; il aurait pu (et le roi l’eût cru sans peine) protester de son aversion contre toute malice détournée, de sa sincérité d’artiste, de sa bonne foi impartiale à l’égard des personnages que lui livrait l’histoire ; et, alors, la conversation tombant sur le caractère de Louis XIII, et sur le plus ou moins de danger ou de convenance qu’il y aurait à le laisser paraître dans la pièce en litige, le poëte eût pu expliquer à loisir à l’auguste Bourbon que le drame n’ajoutait rien là-dessus, retranchait bien plutôt à ce qu’autorisait la franchise sévère de l’histoire, et que l’image de temps si éloignés et si différents des nôtres ne pouvait le moins du monde paraître une indirecte contrefaçon du présent.
L’abbé Cadoret14 On a beaucoup parlé de César dans ces derniers temps. […] Chaque époque de l’histoire a ses analogies, ses ressemblances de situation, d’événements, de caractères, et c’est de tout cela que l’imagination, frappée plus que la réflexion encore, fait une espèce de miroir dans lequel l’esprit d’un temps s’observe, se retrouve et s’admire. […] Il faut bien le dire, malgré la propagande électrique du mal, tout le temps qu’une société ne sera pas complètement déchristianisée et recevra le baptême, des hommes comme Hegel et Proudhon resteront plus ou moins monstrueux. […] En 93, ils parlaient par la bouche de Camille Desmoulins du sans-culottisme de Jésus-Christ, et depuis ce temps-là ils ont continué de nous donner le Sauveur des hommes pour l’ennemi de ce pouvoir temporel qu’il est venu, au contraire, affermir en le purifiant. Un homme que l’histoire nommera d’un nom que nous épargnerons à sa vieillesse, Lamennais, fut le premier de notre temps qui reprit, dans les Paroles d’un croyant, bien plus avec l’éclat de sa renommée qu’avec l’éclat d’un talent qui pâlissait et qui allait mourir, cette idée révolutionnaire et menteuse de l’hostilité de la religion et du pouvoir.
En ce temps-là, on peut constater une certaine décadence des études classiques. […] Qu’est devenu le temps où Budée, pour écrire à ses amis, se servait de la langue d’Athènes ? […] Le corps académique a de la sorte encouragé, suivant les temps, telle ou telle tendance sociale. […] C’était bon pour les populations ignorantes de ces temps barbares. […] Heureux ceux qui savent se détacher du troupeau, où ils se sont fourvoyés, assez à temps pour redevenir eux-mêmes !
Entendez par là qu’en aucun temps l’écrivain n’a moins mis de sa personne dans son œuvre. […] Leur temps est celui que l’on a quelquefois appelé l’âge d’or de la littérature du Moyen Âge, mais ce n’est pas encore le temps de rompre la solidarité qui lie l’individu à ses semblables. […] La préoccupation du présent les absorbe tous tout entiers ; et aussi bien le conçoit-on si l’on songe en quel temps ils vivent. […] et — puisqu’on ne peut enfin le nommer sans la rappeler — qu’y a-t-il de plus humain dans sa mélancolie que la Ballade des dames du temps jadis ? […] La Ballade des dames du temps jadis] ; — une âpre éloquence de satirique ; — telle même que chez aucun de nos poètes on ne saisit mieux la parenté du lyrisme et de la satire ; — assez de virtuosité pour que personne en son temps ni depuis ne l’ait surpassé ou égalé dans la ballade ; — et puis, et enfin, de son œuvre entière sort un accent de détresse profonde qui nous remue nous-mêmes jusqu’aux entrailles.
Le bon temps pour la critique ! […] mais c’est notre temps lui-même qui est paradoxal. […] Tout y est durable et à l’épreuve du temps. […] Ce temps éparpille des richesses inouïes. […] Le temps seul peut répondre.
Mais ces sortes d’adhésions, pour être valables et sincères, ne doivent se manifester que dans leur temps, et, jusqu’à cet invincible éclat intérieur, on n’y saurait mettre en paroles trop de mesure, je dirai même trop de pudeur. […] Ce retour imparfait n’eut lieu toutefois qu’après un premier chaos et au sortir des doutes tumultueux qui avaient pour un temps prévalu. […] Dans le temps qu’il demeurait à Saint-Malo, chez sa sœur, il lisait beaucoup toutes sortes de livres, des romans en quantité, et puis on en causait comme en un bureau d’esprit avec passion ; il y mêlait une gaieté très-active. […] Il y eut un temps de sa vie où il chérissait la rêverie et la fuite du monde, au point de sauter par-dessus un mur à la campagne pour ne pas rencontrer un domestique de la maison qui venait par le sentier ordinaire. […] « Ils ont aussi passé sur cette terre, ils ont descendu le fleuve du Temps ; on entendit leurs voix sur ses bords, et puis l’on n’entendit plus rien.
Seule la revue ou les feuilletons du Temps et des Débats offrent une place suffisante. […] Mais je commence à me rendre compte que la plupart du temps il est nuisible. […] Sa conscience le met à l’abri des tentations, son caractère l’élève au-dessus de son temps, son goût est entretenu par la seule lecture des maîtres. […] Le magistère du goût exercé par Sainte-Beuve était possible et souhaitable dans un temps où les esprits cultivés étaient encore à peu près d’accord sur les principes. […] Le lendemain, des articles en première page du Temps et de ses émules informeront de votre manifestation Paris et l’univers.
Ces vertus étaient dans son cœur ; elles étaient de son temps. C’est le temps des grands sentiments par lesquels on se rachetait des grandes fautes. C’est le temps où l’on mourait héroïquement dans son lit. […] Son temps l’a arraché à cette contemplation fugitive, et la lumière chrétienne l’a éclairé un moment sans le pénétrer. […] Quels hommes furent plus mêlés aux affaires de leur temps ?
Car, suivant une autre maxime du temps, qui sert loyalement sa dame est sauvé. […] En ce temps-là, dans la société aristocratique (celle qui alors influe le plus sur la littérature), le mariage est considéré comme une institution surannée et contre nature. […] J’appelle un apologue du temps à mon aide pour expliquer leurs désirs. […] que faisiez-vous pendant ce temps-là ? […] Il y a encore là bien des sentiments, bien des situations, bien des luttes qui ont fourni aux écrivains de tous les temps une abondance inépuisable de sujets.
Il en faut mettre. » Voilà un premier avertissement qu’il se donne à lui-même et qu’il donne aux poètes de son temps. […] Psyché, je vous en préviens, est d’un temps beaucoup plus rapproché de nous et d’un âge de La Fontaine beaucoup plus avancé. […] Nous avons employé le temps à l’étude. […] Il est bien temps d’ôter à mes yeux ta présence, Quand tu luis dans mon cœur ! […] J’ai le temps de vous le dire.
Sous la sauvegarde des cinq Directeurs régicides et des deux tiers conventionnels, la Constitution de l’an III put être mise en vigueur et observée quelque temps. […] Il eût bravé la proscription pour sa cause ; mais alors le temps des proscriptions était passé. […] Le Directoire en effet, composé de cinq bourgeois, plus ou moins dignes d’estime, n’avait rien, en ces temps d’effervescence, qui pût éblouir et subjuguer. […] Il faut que toute une génération disparaisse, alors il ne reste des prétentions des partis que les intérêts légitimes, et le temps peut opérer entre ces intérêts une conciliation naturelle et raisonnable. […] En attendant les effets du temps, il n’y a qu’un grand despotisme pour dompter les esprits irrités.
Ce voyageur qui passe et qui n’a pas le temps de s’approcher ni d’entrer, a-t-il donc tout à fait tort dans l’idée qu’il emporte de cette ville ? […] Précisément à cause de cela, dès qu’on veut assigner un caractère un peu précis à la littérature de ce temps, elle est telle qu’à l’instant même il devient possible d’alléguer des exemples frappants du contraire. […] dites que c’est là le trait distinctif de la littérature de ce temps, et plus d’un écrivain qu’on lit non sans plaisir et qui vous paraît facile, vous avouera, s’il l’ose, qu’il corrige, qu’il rature et qu’il recopie beaucoup. […] Quelque caractère particulier et déterminé que vous tâchiez d’indiquer, il se trouve toujours à côté autre chose d’assez imposant et d’aussi légitime que le reste, qui vous répond ; « Non, la littérature de notre temps n’est pas cela. » C’est toute la définition que j’en veux donner aujourd’hui. […] Le recueil que voici comprend, outre les morceaux précédemment indiqués et d’autres petits romans à la façon de la vicomtesse de Chamilly, un ensemble d’articles déjà publiés dans le Feuilleton dramatique dont est chargé au Temps M.
Il eut, comme d’autres, futilement glorieux, sa part dans le vent de son temps, car il fit du bruit, un bruit terrible ! […] À cette époque, le mot national n’était pas encore inventé, mais provisoirement il fut classé parmi les plus grands poètes, et non pas seulement par les Prud’hommes du temps, mais par les premiers, les esprits les plus difficiles et les plus forts. […] Ils avaient pourtant, dans ces derniers temps, déterré toutes les malpropretés du xviiie siècle. […] L’auteur des Philippiques, jetant l’imprécation à son temps, l’attaquait dans son impiété et ses mœurs. […] Au ton de son livre il nous est impossible de le confondre avec les idolâtres de ce temps.
Les fruits du panier d’aujourd’hui, presque tous oranges, citrons et grenades, cueillis en Espagne du temps que le poète y voyageait, — et c’était du temps de sa jeunesse, il y a déjà quelques années, — ont gardé le vert de la jeunesse… Nous avons eu de lui, depuis ce temps-là, plus mûr, plus varié et plus beau. […] Et ce n’est pas le front radieux devenu pensif, la lèvre rieuse devenue souriante, qui pensent et chantent tant de vers comme ceux-ci : Le cœur, lys éternel, fleurit dans tous les temps ; Le bonheur est un dieu qui vaut bien le printemps ! […] J’aurais désiré lui persuader qu’il était temps de cesser d’être un beau jeune homme en poésie et d’y être un homme tout à fait. […] Eh bien, le temps a passé ! […] En soi, le talent existe : cela est sûr ; il est même évidemment très grand, quand on compare ces vers à tous les vers qui s’impriment dans ce temps de descripteurs qui se croient des poètes, de tricoteurs de vers qui n’ont pas une idée ou un sentiment à fourrer dans leur petit ouvrage, et de réalistes qui, comme Calemard de Lafayette, font tomber Delille dans de la bouse de vache ; — mais d’une vache personnelle, disait si drôlement Sainte-Beuve.
Il y en avait bien moins encore du temps de Racine. […] mais c’est la nature et la vérité de ce temps-là. […] Racine était assez grand pour attendre la lente justice du temps. […] C’est que les temps, les spectateurs et les acteurs sont changés. […] Œdipe eût été dans ce temps-là un grand conquérant.
Elle eut le temps de se confesser et ne mourut que deux heures après. […] Mais il n’avait pas perdu son temps à Uzès. […] Il y faudrait du temps, et l’exposé en serait difficile à suivre. […] Elle « régna » pendant quelque temps, mais ce fut Pallas qui gouverna. […] Qu’a-t-il fait pendant ce temps-là ?
On verra qu’il a été de tout temps jugé, et que les bons mots sur son compte ont été dits il y a beau jour. […] Delille a régné, ou du moins il a été le prince des poètes de son temps. […] On a dit de l’abbé Galiani que c’était un meuble indispensable à la campagne par un temps de pluie ; à plus forte raison, et en tout temps, l’abbé Delille. […] On publia, vers ce temps, un recueil de ses poésies diverses et fragments, auquel M. […] Elle fut achetée à l’auteur quarante mille francs d’abord, bien grande somme pour le temps.
ce chef-d’œuvre du temps seul ? […] « Le père ayant cessé de parler, ses trois filles se regardèrent en silence pendant quelque temps. […] Un tel politique en un tel temps est la merveille de l’antiquité. […] Ils rappelleront en leur temps leurs devoirs à nos descendants. Ces temps de désordre et de corruption ne sont pas dignes de nous comprendre !
J’avais trop à en rougir pour l’avoir jamais racontée à personne ; je la dis seulement à mon amie quelque temps après. […] Cela marchait du même pas sourd sans que le temps lui-même, qui s’occupait de bien autre chose, en sût rien. […] On trouve peu d’exemples de telles inconséquences d’esprit et de cœur dans les lettrés de ce temps-là. […] Alfieri ne parut pas et disparut avec elle peu de temps après. […] Le 18 août il part avec la comtesse, sans avoir eu le temps de pourvoir à tout ce qu’il laisse à Paris.
Par ce temps, elle vit dans l’eau et l’air glacés, à la façon d’une espèce de monstre boréal, inventé par la mythologie scandinave. […] Quel comique symptôme du temps ! […] oui, nous entrons dans cet hôtel, pauvres de dix mille livres de rentes, et en ce temps-ci. Mais de tout temps nous avons été de déréglés amateurs. […] Notre tante était de ce temps-là.
Le Portugais est un aventurier, l’aventurier national, héroïque et poétique des temps modernes. […] Le bon sens est : la moyenne rigoureuse de l’esprit humain dans tout l’univers et dans tous les temps. […] dit l’Avarice, il est temps de marcher ! […] Il représentait ce qu’il y a de plus beau à représenter dans son temps : la postérité. […] Peu de temps après cette plainte et cette mort, Boileau lui-même n’était plus.
Il ne vit Voltaire que de loin, couronné à la représentation d’Irène ; mais il n’eut pas le temps de lui être présenté. […] Properce, s’adressant en son temps au poëte Ponticus, qui faisait une Thébaide et visait au laurier d’Homère, lui disait (liv. […] Bayle a appelé Du Perron le procureur-général du Parnasse de son temps, comme qui dirait aujourd’hui le maître des cérémonies de la littérature. […] Il eut le temps, avant de mourir, de lire les premières Méditations : je doute qu’il se soit donné celui de les apprécier. […] Ce fut un des grands événements de ce temps-là.
Le cachet du temps et du monde où il avait vécu s’y marque par un coin ; et quoiqu’il ait dit. […] Il ne tarde pas cependant à être plus circonspect, moins pressé en pronostics : les puissances coalisées n’ont pas fait ce qu’il souhaitait ; elles ont laissé à la France le temps de s’aguerrir. […] Si Montaigne et le bon La Fontaine avaient vécu de notre temps, l’un avec ses vérités, l’autre avec ses naïvetés et ses distractions, ils auraient été pendus les premiers. […] Découragé sur la gloire, goûté de tous, il charmait la société autour de lui et trompait de son mieux le temps. […] dit-on ; comme le temps s’est passé !
Il le redit en cent façons frappantes de vérité : « On commence par les passions ; les doutes viennent ensuite. » Ces doutes, il n’essaye pas de le dissimuler, étaient déjà dans le beau monde le langage le plus commun de son temps. […] C’est par cette ouverture pénétrante que Massillon s’attaquait au vif à l’incrédulité de son temps, à celle qui était le propre des hommes de plaisir, qui était encore de bel air et de prétention bien plus que de doctrine, et qui pouvait s’appeler du libertinage en réalité. […] On dit que Voltaire, en un temps, l’avait toujours sur sa table à côté d’Athalie. […] Massillon, dès ce temps-là, montre que, sans avoir vu les Childe-Harold et les René, et tant d’autres illustres dégoûtés à leur suite, il en savait sur leur mal aussi long que personne, et qu’il en avait appris le secret de Job et de Salomon, sinon de lui-même. […] C’était peu après la tentative d’assassinat par Châtel, dans les premiers temps de son règne et de son entrée à Paris.
Quelquefois, dès le matin, il lui arrivait des demi-douzaines de duchesses qui lui prenaient son temps et lui coupaient sa correspondance. […] Du temps de Louis XIV, on décachetait les lettres à la poste et on les lisait ; on en faisait des extraits qu’on montrait au roi et quelquefois à Mme de Maintenon. Madame savait cela et ne continuait pas moins son train, usant de son privilège de princesse, disant chemin faisant des vérités sans gêne ou des injures à ceux même qui, en décachetant le paquet, devaient y trouver le leur : Du temps de M. de Louvois, on lisait toutes les lettres aussi bien qu’à présent, mais on les remettait du moins en temps convenable ; maintenant (février 1705) que ce crapaud de Torcy a la direction de la poste, les lettres se font attendre un temps infini… Comme il ne sait pas beaucoup d’allemand, il faut qu’il les fasse traduire. […] Elle assiste en honnête femme au débordement du temps, à celui de sa famille, et elle exprime le dégoût profond qui lui en vient. […] [NdA] Par exemple à la page 134 de ces Nouvelles lettres : « Le temps est venu où, comme dit la sainte Écriture, sept femmes, etc. »
Dans mon dessein de montrer de tout temps en lui l’homme de travail et d’étude, je noterai, à cette date de 1812, une seule particularité qui me semble caractéristique. […] Daru ait trouvé le temps et se soit donné le plaisir d’écrire cette réponse si régulière, si bien discutée, et qui n’était pas du tout indispensable. […] Aussi rapidement que solidement exécutée, l’Histoire entière parut pour la première fois en 1819 ; l’auteur depuis ce temps n’a cessé de la revoir et de l’améliorer. […] Laissez faire le temps : ce sera aussi sur des faits que s’appuieront bientôt ceux dont l’opinion s’est modifiée en sens inverse. […] Daru, qui se trouva chargé, quelque temps après, du rapport annuel.
Il était temps de revenir à la sévère histoire et à la réalité. […] Pendant la guerre, j’ai couru où le feu était plus allumé, pour l’étouffer ; maintenant que la paix est revenue, je ferai ce que je dois faire en temps de paix. […] Il est fort heureux qu’il ait lu Plutarque dans son enfance et par les soins de sa mère, car il ne l’aurait sans doute pas lu plus tard ; il n’en aurait eu ni le temps ni la patience, et nous n’aurions pas cette charmante lettre, la plus jolie de celles qu’il adresse à Marie de Médicis, et qui est des premiers temps de son mariage (3 septembre 1601) : M’amie, j’attendais d’heure à heure votre lettre ; je l’ai baisée en la lisant. Je vous réponds en mer où j’ai voulu courre une bordée par le doux temps. […] Il existait dans l’antiquité, au temps d’Aulu-Gelle, des recueils de lettres du roi Philippe le Macédonien, père d’Alexandre : on les disait pleines d’élégance, de bonne grâce et de sens (« feruntur adeo libri epistolarum ejus, munditiae et venustatis et prudentiae plenarum »).
Voilà que je fais le Nestor et que je radote du vieux temps : j’en viens vite à l’idée qui m’a mis la plume à la main. […] La Fontaine, à travers toutes ses distractions et ses rêveries, avait lui-même entendu de ses oreilles le sage ou soi-disant tel crier selon les temps, et du jour au lendemain : Vive le Roi ! […] La Bruyère, déjà plus éloigné, avait pourtant assez appris et oui de ce temps-là pour se dire que rien n’est plus ordinaire que de voir un même homme changer du tout au tout dans sa vie, et en moins de vingt années, sur les points les plus importants et les plus sérieux. […] Or, cela dépasse le moraliste proprement dit qui voit l’homme tel qu’il est, tout formé, à l’état stationnaire, et le même en tout temps. […] Les meilleurs moralistes sortis de ces temps révolutionnaires ont été des serviteurs de la France, profitant de leur expérience pour l’appliquer avec une modération constante et un bon sens varié aux diverses situations, tels que nous avons vu par exemple feu le chancelier Pasquier ; la connaissance des hommes les a menés au maniement des hommes avec mesure et indulgence.
Questions de mon temps, 1836 à 1856. […] Puissent ceux qui les ont vus ne jamais revoir de pareils temps ! […] Sans doute, et je le reconnais avec lui, il est très-vrai en général que le lieu commun règne jusqu’au jour où il est convaincu d’avoir fait son temps et où on le détrône : on est tout étonné alors d’avoir été si longtemps dupe d’un mot, d’un préjugé. […] Les disciples de Turgot en leur temps, les Condorcet et autres en ont fait la rude et cruelle expérience. […] Questions de mon temps, tome Ier, pages 276, 277, 280.
« Vertueuse Esther, le temps de l’épreuve est passé, celui de la gloire commence ! […] Il n’y avait point de glace d’abord et pendant les premiers temps, mais seulement de la timidité de part et d’autre. […] Elle était arrivée en France dans un temps d’affreuse misère, et avait pu voir de ses yeux l’état lamentable des provinces qu’elle traversait. […] Car, le croirait-on, ces deux époux, qui avaient eu tant d’enfants, avaient de tout temps très peu causé ensemble. […] Il était temps et grand temps au gré de la jeunesse ; il ne se pouvait de Cour moins amusée et moins galante que pendant toute cette période de l’étroite habitude du roi avec la reine.
Ce rôle, ainsi transformé, devait rester quelque temps suspect aux anciens libéraux et démocrates qui disaient : « Est-il sincère ? […] Dès les premières lignes du livre, M. de La Mennais remarque que « le temps fuit de nos jours avec une telle rapidité, qu’en quelques années l’on voit s’accomplir ce qui jadis eût été l’œuvre d’un siècle ou même de plusieurs. » Cette idée sur la rapidité du temps et la multiplicité de ce qui s’y passe, qui est juste et même banale à un certain degré, devient propre à M. de La Mennais par la singulière préoccupation qu’elle a toujours formée dans son esprit. […] Cette pensée ardente ne mesure pas le temps à la manière des autres hommes ; elle a son rhythmepresque fébrile : l’horloge intérieure, qui dans cette tête n’obéit qu’à la mécanique rationnelle, n’est pas d’accord avec l’horloge extérieure du monde, qui, bien qu’il aille vite, a pourtant ses frottements et ses retards. […] Or, la Papauté, en manquant l’à-propos, et en proclamant alors certains principes politiques serviles, s’engageait dans une voie d’où elle ne pourrait plus revenir en aucun temps. […] En tout cas, on a droit de réclamer là-dessus d’autre parole que celle-ci (page 179) : « Des sentiments nouveaux, de nouvelles pensées annoncent une ère nouvelle. » Ces derniers temps ont un peu trop usé le vague du symbole.
Ils avaient commencé, enfants, par être des héros à la guerre, et ils furent de tout temps des débauchés plus que voluptueux. […] Il est temps, ce me semble, de faire une remarque : c’est que notre siècle tant maudit a du bon. […] Les méchants couplets satiriques contre lui, dont j’ai parlé, sont de ce temps. […] Disciple de Chaulieu, on lui accordait dans le temps moins de feu et plus de mollesse, nous dirions aujourd’hui plus de faiblesse. […] C’est dans La Fare et dans Chaulieu qu’il convient d’étudier ce double aspect, celui par lequel ils se détachent de leur temps, et celui par lequel ils y plongent.
Je ne veux insister que sur quelques-unes des vues de M. de Laborde, ou, pour mieux dire, sur sa vue principale en ce qui touche à l’histoire de ces temps qu’il a étudiés de si près. […] Vers le même temps (1836), M. […] Nous ne nous figurons guère Mazarin que vieux, goutteux, moribond sous la pourpre ; sachons le voir tel qu’il était dans les temps où il éleva et fonda sa fortune. […] Richelieu l’avait apprécié dès ce temps et le conquit au service de la France. […] Il était temps qu’il finît, pour le roi comme pour la reine.
Les temps sont différents, les analogies seraient illusoires et trompeuses : mais l’idée générale d’étudier les personnages de réparation et d’ordre après ceux de révolution et de ruine, et d’en évoquer l’esprit, ne saurait être que bonne et utile dans son ensemble. […] Le jeune auteur y note assez bien quelques-uns des défauts et des travers de son temps, sans se montrer entraîné en aucun sens, ni engoué ni trop sévère. […] Mais toujours et en tout temps, malgré les menaces de mort qui s’approchaient de lui, il se refusa à quitter le sol de la France. […] Un autre écrit, intitulé : Il est temps de parler, ou Mémoire pour la commune d’Arles, est également de ces premiers mois de 1795. […] Il est plus aisé de rendre des décrets que de former des hommes. » Il demande donc du temps et du soin pour corriger et ramener les esprits.
Montesquieu a voulu autant qu’homme de son temps une société nouvelle, si nouvelle même que l’on peut encore désirer une partie de ce qu’il rêvait. […] Je ne l’examine pas ; mais j’interroge toutes les écoles politiques de notre temps, et il n’y en a pas une qui, soit pour louer, soit pour blâmer, ne résume l’état actuel de la société parle mot démocratie : c’est le mot du Contrat social. […] La critique novatrice elle-même, devenue sceptique avec le temps, serait à peine plus sensible que la sienne à toutes ces nouvelles beautés. […] Sans doute il y a des époques plus ou moins favorables au beau ; mais, à toutes les époques, c’est en recherchant le beau sous des formes nouvelles, inspirées par le génie du temps, que l’on peut n’être pas tout à fait indigne des grandes époques de l’art. […] J’accorde donc qu’il y a de grandes époques littéraires, que le goût a ses révolutions et, ses décadences, que les époques politiques, scientifiques, industrielles, sont peu favorables à la beauté pure, que les langues se gâtent avec le temps, et qu’en général il n’y a qu’un temps où se rencontre une parfaite harmonie entre la forme et le fond, que ce sont ces époques que l’on appelle classiques, et que les autres s’approchent d’autant plus de la beauté qu’elles s’approchent de cet idéal.
Or, si c’était cela, si Rolande exprimait les mœurs générales de son temps, ce serait écrasant pour l’Empire. […] Si leur Rolande veut exprimer une idée générale de son temps, si c’est là le type du genre de femmes qui furent les femmes de l’Empire, ah ! […] Fervaques est d’un temps — et il en enrage ! […] Fervaques est l’écrivain du sentiment et des choses aristocratiques de ce temps. […] Un ou deux hommes de génie ont pu seuls, dans le néant de société moderne des temps, nous y faire croire, au faubourg Saint-Germain, en nous ressuscitant des types de ce monde merveilleux, l’enchantement de nos ancêtres.
[Suit une longue dissertation sur le grotesque]… Nous voici parvenus à la sommité poétique des temps modernes. […] Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques. […] Et si le drame est « la poésie complète », c’est-à-dire définitive, allons-nous faire des drames jusqu’à la fin des temps ? […] Il est grand temps vraiment de réintroduire dans la notion « littérature » l’idée essentielle de l’esthétique. […] , de moyen âge, de temps moderne et d’époque contemporaine !
C’est un France vieilli, le France des derniers temps de sa vie. […] Peut-être raconterai-je un jour le temps que j’y passai sous la triple direction de M. […] Lemaître et Brunetière étaient en ce temps-là les deux conférenciers à la mode. […] Et pourtant, au temps du symbolisme il comptait. […] Le temps passe et l’heure de se séparer est venue.
« Au retour des temps doux, le pasteur sollicite son troupeau à quitter les étables, à gagner les hautes montagnes et les bords des ruisseaux rafraîchissants. […] Si l’emploi de tant de temps, de génie, d’artifices, avait eu un plus juste et plus digne objet, dans quel calme heureux et consolant tu verrais aujourd’hui s’écouler ta vie ! […] Jean sort à cheval pendant ce temps, et la foule s’amuse à le suivre. » Ils allèrent passer l’hiver à Caffagiolo. […] Vous comprendrez, j’espère, ces avis, et vous les mettrez en pratique lorsqu’il en sera temps, mieux que je ne puis vous les retracer ici. […] Mariano, selon le récit de Politien, était le prédicateur le plus remarquable de ce temps.
Ainsi, dans les premiers temps de notre langue, les chroniqueurs rhétoriciens ; ainsi les deux disciples de Ronsard. […] Tout reconnut ses lois, et ce guide fidèle Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle. […] Ils négligeaient ou ne voyaient pas ce qui est de l’homme de tous les temps, et ce qui en effet se retrouve, mais ne s’imite pas. […] La langue du peuple n’est pas sujette aux variations de la mode ; elle est dans tous les temps la langue naturelle des passions. […] Le mérite de ces poésies est donc le même qu’au temps qui les vit pour la première fois paraître : c’est d’être nouvelles.
Le plus rêveur en apparence des poètes de ce temps-là ne rêve jamais. […] C’est là une des causes de la popularité de La Fontaine, la plus grande popularité littéraire des temps modernes, et certainement de notre pays. […] Le plus souvent même le poète ne leur donne aucune propriété particulière, et l’histoire naturelle n’a rien à y prendre : ce sont des hommes du temps sous des noms d’animaux. […] 83 de la critique littéraire du temps. […] Nul ne donna plus de temps aux anciens.
Il fut le contemporain de tous les temps. […] La suite des temps lui était apparue longue. […] Il faut du temps pour se reprendre. […] Il est le plus grand faiseur de vers de tous les temps. […] Il y en a dont l’autorité a le poids du temps.
Au bout de quelque temps il épouse Mme Audouin. […] Elle marche avec son temps. […] Mais il est bien temps ! […] Ce n’est pas le temps de désespérer. […] Le temps ni le lieu ne sont fixés.
Notre temps a connu plusieurs orateurs de ce genre. […] Est-ce qu’en si peu de temps les choses auraient changé ? […] C’est le problème du temps. […] Ce temps viendra-t-il jamais pour le chef du second Empire ? […] Trouver le temps d’y vaquer n’est pas chose si simple.
On devine aussi à ce moi une nature positive que n’a dû entamer ni attendrir en aucun temps la rêverie. […] Il disait que celle machine dura je ne sais combien de temps, trente ou quarante ans, je crois. […] Il faut subir son temps pour agir sur lui. […] Quant à Bacon, il y mit plus de temps et de détours ; il aimait évidemment à le lire et à le citer. […] Et quel temps fut jamais plus fertile en miracles ?
Les travers sont de tous les temps. […] Il est temps de me faire connaître. […] Elles sont du temps de Corneille ou du temps de Victor Hugo. […] Souvenirs du temps sacré. […] Quelle économie du temps de son lecteur !
Quel dommage, pour l’histoire littéraire du temps, que tout cela soit enfoui, enterré ! […] Moi-même j’en ai largement usé en mon temps ; je ne me suis fait faute de marcher avec le secours et l’appui des antres. […] Sa santé, de tout temps délicate, était devenue déplorable. […] Il en eut besoin, car, dans les derniers temps, il était affligé de toutes les infirmités de la vieillesse, et littéralement cloué sur son lit ou à son fauteuil. […] Cette Bibliothèque auguste, telle que nous l’avons vue encore du temps de M.
Par un scrupule de conscience, il rendit un bénéfice qu’il avait obtenu du temps où on le destinait à l’Église, et il restitua même une somme égale à tous les revenus qu’il avait touchés. […] Il a pensé, il a parlé comme tout le monde de son temps pensait et parlait. […] À Bâville ou à Paris, depuis le temps même des Satires, notre poète tenait une grande place dans le cercle des Lamoignon. […] Tels vers de ses derniers temps ont l’accent de Voltaire1. […] Interrogé sur son état, il répondit par un vers de Malherbe : Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages.
Ses soins ne purent faire Qu’elle échappât au Temps, cet insigne larron. […] Il est imité d’un anacréontique ; je n’ai pas le temps de faire, avec vous, la comparaison. […] Est-il vrai que La Fontaine ait été exilé, pour peu de temps, mais enfin exilé en même temps que son oncle, Jannart, et que ce voyage ait été forcé ? […] Elles n’ont pas été publiées de son temps, pourquoi ? […] Je ne vous saurais dire comme elle est faite, ne l’ayant considérée que fort peu de temps.
La préoccupation du maître était déjà tournée sur le personnage, et il m’a dit une fois que le sujet l’avait bien des fois tenté, sans qu’il eût jamais eu occasion d’écrire sur lui : « Mais il y a, ajoutait-il, un portrait à faire. » La lettre qu’on va lire, antérieure de près de deux ans à la publication des articles qui ont paru dans le Temps, me semble être le fruit et le résumé d’une opinion qui n’a pas changé : « Ce 9 février 1867. […] Vous m’avez écrit dans le temps un mot qui me revient, que M. de Talleyrand ne serait qu’un enfant de chœur auprès de lui. […] Retz devait avoir un peu plus de générosité que lui… » Et dans une autre lettre, très peu de temps après (23 février 1867), à M. de Chantelauze, M. […] Sainte-Beuve disait lui-même qu’on ne peut encore aujourd’hui, et tant que les Mémoires de M. de Talleyrand n’auront pas été publiés, écrire un travail complet sur celui qui résume le mieux en lui, dans les temps modernes, tous les sens du mot grec Ὑποκριτής.
Comme il avoit l'esprit vif, il se laissoit emporter par l'impétuosité de son imagination, qui ne lui donnoit pas le temps de réfléchir sur les Pieces qu'il mettoit au jour. La Religion, sur-tout, n'étoit point respectée dans les saillies qui lui échappoient au milieu des Sociétés ; ce qui ne contribua pas peu à le faire rechercher de la jeune Noblesse de son temps, qui prétendoit allier les excès de la débauche aux agrémens du bel-esprit. […] La bonhommie de ce temps-là permettoit sans doute de se livrer à de pareilles saillies, qui ne seroient pas goûtées par nos modernes Soleils, qui valent bien ceux du temps de Théophile.
C’est l’histoire la plus compréhensive qui se puisse voir ; le fleuve, à mesure qu’il diminue et va se perdre dans les sables, reçoit quelque nouveau torrent désastreux qui achève de détruire sa rive, mais qui aussi le continue quelque temps et l’alimente. […] Il triomphe pourtant, arrive à Lausanne, et, après quelques premiers petits mécomptes inévitables, il se trouve bientôt en possession de lui-même, de tout son temps, de l’étude, de l’amitié, et du paradis terrestre. […] Chaque place, chaque allée, chaque banc lui rappelaient les douces heures passées dans l’entretien de celui qui n’était plus : « Depuis que j’ai perdu ce pauvre Deyverdun, s’écriait-il, je suisseul, et, même dans le paradis, la solitude est pénible à une âme faite pour la société. » Vers ce temps, il songea assez sérieusement ou au mariage, ou du moins à adopter quelqu’une de ses jeunes parentes, une jeune Charlotte Porten (sa cousine germaine, je crois) : « Combien je m’estimerais heureux, écrivait-il à la mère de cette jeune personne, si j’avais une fille de son âge et de son caractère, qui serait avant peu de temps en état de gouverner ma maison, et d’être ma compagne et ma consolation au déclin de ma vie ! […] Il apprit, au printemps de 1793, que la femme de son ami lord Sheffield venait de mourir ; il n’hésita pas à voler vers lui, à se mettre en route pour l’Angleterre par l’Allemagne, et à faire ce voyage depuis quelque temps différé, que les circonstances présentes et la guerre engagée rendaient alors plus difficile. […] C’est le témoignage qu’ont rendu les contemporains les plus délicats et les plus respectables dans le temps de la publication.
Sous Louis XIV, et surtout pendant la seconde moitié de son règne, la France, même en temps de paix, fut obligée de garder son attitude militaire imposante, une puissante armée de 150 000 hommes sous les armes. […] Le danger, en effet, dans ce voisinage de Versailles, était grand ; il importait que la prédiction de Mme de La Fayette ne pût jamais se vérifier, et que les demoiselles de Saint-Cyr ne ressemblassent dans aucun temps à celles de M. […] Il ne demanda point dans ce temps-là un directeur à la mode : il ne vit qu’un bon prêtre de sa paroisse. […] Je ne finirais pas si je voulais raconter tout le bien qu’elle fit aux classes dans ces temps heureux. […] Pendant la paix, au retour des chasses, il vient souvent trouver Mme de Maintenon en ce lieu de retraite, mais toujours après s’être donné le temps de mettre, par respect pour les Dames, un habit décent.
Il ne voulut pas prendre garde qu’il est d’usage, jusqu’à des temps meilleurs, que tout ce qui approche du trône participe aux faveurs injustes. […] Richer d’Aube, neveu de Fontenelle à la mode de Bretagne, auteur d’un Essai sur les principes du droit et de la morale, esprit rectiligne des plus rigides5, et l’un des plus terribles disputeurs de son temps. […] ) Une des principales causes de la disgrâce de M. le garde des sceaux Chauvelin est de ce qu’il était né avec trop d’élévation ; il eût été un bon ministre du temps de Louis XIV. […] Il a des pensées et des remarques du meilleur aloi, et qui se rapportent bien à la nation française de son temps, et de tous les temps. […] Dans le grand nombre d’idées et de projets d’amélioration qu’il a agités, le temps a fait son triage, et il en est vraiment qui, par un singulier tour de roue de la Fortune, semblent devenus des à-propos.
Tous les deux se rapportent à ce qu’on appelle la réaction, et ils en marquent comme deux temps, coup sur coup, dans leur applaudissement sonore. […] Ce que les anciens moralistes nommaient tout crûment la sottise humaine, est sans doute à peu près la même en tout temps, en tout pays ; mais en ce temps-ci et en France, comme nous sommes plus rapides, cette sottise en personne se produit avec des airs d’esprit, de légèreté, avec des vernis d’élégance qui déconcertent. […] L’époque est bien riche en talent, en esprit, en monnaie d’œuvres ; quelques connaisseurs des mieux informés pensent même que si on rassemblait tout ce numéraire en circulation, aucun temps peut-être n’aurait à se vanter d’être aussi riche que nous. […] Mais il s’agit ici de plus que d’un délassement de l’esprit ; il s’agit de la vie morale et intellectuelle d’un temps et d’un peuple. […] Le temps des essais, des escarmouches brillantes est dès longtemps passé ; on a déjà dû livrer sa grande bataille.
Jean-Jacques Rousseau usa fort de ce miroir-là, et le passa aux femmes de son temps. […] La corruption de tous les temps se ressemble fort, à la voir au fond, mais elle diffère de forme, de ton et de costume. […] Sa Correspondance forme les Annales de la littérature de cette époque en France avec un aperçu de la politique et surtout du train de vie de ce temps. […] Toute la littérature de son temps est dans Grimm comme la société d’alors est chez Mme d’Épinay. […] Dès les premiers temps de leur intimité elle écrit : « Nous avons causé jusqu’à minuit.
L’éditeur a pris soin de rassembler, à la suite, les témoignages des historiens et chroniqueurs du temps sur la Pucelle, et toutes les pièces accessoires que les curieux peuvent désirer. […] Nourrie dans les idées du temps, elle s’était peu à peu accoutumée à entendre ses voix et à les distinguer comme celles des anges de Dieu et des saintes qui lui étaient les plus connues et les plus chères. […] Tous les narrateurs et témoins du temps en sont là quand ils parlent d’elle, et les moindres circonstances, les incidents les plus naturels leur semblent miracles. […] Encore une fois, je crois entrevoir là une Jeanne d’Arc primitive, possédée de son démon ou génie (nommez-le comme vous voudrez), mais de son génie accoutré à la mode du temps, la vraie Pucelle en personne, sans rien de fade ni de doucereux, gaie, fière, un peu rude, jurant par son bâton et en usant au besoin, un peu exaltée et enivrée de son rôle, ne doutant de rien, disant : Moi, c’est la voix de Dieu, parlant et écrivant de par le Dieu du ciel aux princes, aux seigneurs, aux bourgeois des villes, aux hérétiques des pays lointains, disposée à trancher dans les questions d’orthodoxie et de chrétienté pour peu qu’on lui laissât le temps d’écouter ses voix. […] Un jour qu’à Poitiers, dans les premiers temps de son arrivée près du roi, un des docteurs du lieu voulait absolument savoir d’elle de quel idiome se servait l’archange en lui parlant, elle avait répondu à ce Limousin trop curieux : « Il parle un meilleur français que vous. » Chose mémorable !
Sur Shakespeare, il est le plus avancé et le plus net des littérateurs français de son temps. […] Les services qu’il rendit par ses notices et ses livres agréables sur les sciences, par l’esprit philosophique qu’il y mit avec art et mesure, furent réels et se répandirent utilement dans la société de son temps : son style et son faux goût littéraire faillirent produire un mal durable. […] Dans tous les temps, les hommes ont préféré l’instant pendant lequel ils vivaient, à cette immense durée qui avait précédé leur existence. […] Mme d’Épinay, dans les derniers temps de sa vie, s’était vue atteinte dans sa fortune ; les réformes que M. […] Depuis ce temps jusqu’au jour où il adressait ce remerciement et cette louange à Catherine, Grimm avait fait bien du chemin, et on peut dire qu’il avait accompli le cercle de l’expérience morale.
Necker, que le bien que j’avais à faire, et que j’aurais fait si l’on m’en eût laissé le temps. » Les divers ouvrages que M. […] Au moment où Mirabeau agitait déjà sa Provence, et où le signal des États généraux résonnait dans l’air : Quel temps, je le sais bien, s’écriait en finissant M. Necker, quel temps je suis venu prendre pour entretenir le monde de morale et de religion ! […] de laisser aux ordres le temps de s’irriter dans des discussions préliminaires qu’on eût pu trancher ? […] Necker a prévalu depuis lui dans une école politique et littéraire ; on le reconnaîtrait à l’origine des principaux écrivains doctrinaires de ce temps-ci, et jusque dans bien des parties de la langue imposante et forte de M.
Preuss, qui préside à la publication de cette œuvre royale et nationale tout ensemble, me faisait l’honneur de m’écrire, il y a quelque temps, « qu’il y travaille avec enthousiasme ». […] Il a très bien montré comment, du côté de la France, l’écho répétait et doublait en quelque sorte des paroles familières dites à huis clos à Berlin ou à Potsdam, et que l’Allemagne, en son temps, n’entendait pas. […] Sa jeunesse, avant ce temps, se partage en deux portions distinctes, l’une qui va jusqu’à sa tentative de fuite à dix-huit ans et jusqu’à son incarcération, et l’autre qui date de sa réconciliation avec son père. […] Le ciel ne permet pas que vous ayez le temps d’exécuter vos bons desseins envers moi. […] On lit à la suite de la correspondance tous ces détails affectueux et même pieux, tristes pourtant en ce qu’on sent qu’à mesure que le temps marche et que le souvenir s’éloigne, le philosophe et le roi, tout en faisant son devoir, n’y mêle plus rien de la flamme première.
L’événement le prouva : car madame de Soubise ne tarda pas à lier avec le roi une intrigue qui dura quelque temps. […] C’est aussi dans ces temps où les princes ne se montraient qu’à moitié, que le roi s’amusant à la campagne (à Clagny sans doute) à renverser à demi les fauteuils des dames, passa droit derrière celui de madame Scarron, en disant : Pour celle-là je n’oserais. […] Il fait le même temps que nous avons eu dans la route, c’est-à-dire le plus beau du monde, le prince est assez gai. […] Je me porte bien101. » C’est dans le même temps qu’eut lieu un premier don de 100 000 fr. fait par le roi à la gouvernante. […] La conclusion fut que j’emploierais encore quelque temps à tâcher de me raccommoder de bonne foi.
Dans un temps où la poésie du siècle était l’adultère, il fallut les adultères de toute sa vie et son existence de bohème (délicieusement affolante au regard des esprits d’alors) pour qu’on pardonnât à Mme Sand ne n’être pas, en réalité, aussi voyou qu’elle se vantait d’être. […] On ne s’en souvient plus, peu de temps après qu’on les a lus. […] Pour en arriver là, elle ramasse, d’une main sans fierté, les plus sottes idées de ce sot temps sur le Péché originel et sur la Grâce, qui sont tout le christianisme, et elle les lui lance à la tête, ces sottes idées qu’elle sait peut-être sottes… « Quand je vis, dit-elle quelque part avec la nonchalante fatuité d´une raisonneuse dépaysée, qu’il (Dieu, — notre Dieu, à nous !) […] Elle a la négation raisonnée de toute autorité et de toute hiérarchie, la fureur de l’égalité avec l’homme, dans l’intelligence, dans les œuvres, dans l’amour et surtout dans le mariage… Les femmes du temps de Molière ne faisaient que les savantes, et lui, en faisait des personnages de comédie. […] Pour dire qu’entre amoureux qui vont ensemble, le temps paraît court !
Rengaine du temps ! […] Les sottes idées d’un temps égalitaire le prennent à la gorge. […] Quoique, dans d’autres temps, elle ait été la terre des plus effroyables despotismes, elle devait être un jour la terre des républiques et de la libre pensée, et on l’aime pour cette raison, même dans le passé ! […] Ils n’en ont pas moins fait des civilisations sur les ruines desquelles l’Histoire doit pleurer toutes ses larmes, comme si tout, pour l’Histoire, était dans ce mot de civilisation, devenu presque mystique tant il est sacré pour les imbécilles de ce temps. […] Le pédantisme des sciences modernes, voilà son caractère et celui de son livre, et c’est un caractère qu’il est bon de ne pas mépriser par le temps qui court.
La littérature vraiment utile de ce temps est la littérature historique. […] Dans un temps de turgescence universelle, où toutes les grenouilles s’enflent comme des bœufs et crèvent si ridiculement à la peine, c’est être heureusement exceptionnel que de garder les proportions de sa pensée et de n’avoir pas peur d’un cadre étroit. […] Nous le répétons : par le temps qui court, une telle qualité d’esprit, tout ensemble solide et aiguisée, est fort rare. […] Fils de ses œuvres, cet imposant plébéien donnait aux hommes de race et de destruction qui l’entouraient le spectacle de la prospérité la plus merveilleuse, obtenue, à une époque de guerre, par le Commerce, la plus grande force des temps de paix. […] Dans tous les temps, les hommes qui l’ont le mieux servie sont les chroniqueurs, les hommes voués au fait, à la recherche laborieuse, tous ceux qui, comme Pierre Clément, plongent dans une époque et ne rapportent dans leurs mains sincères rien de plus ni rien de moins que ce qu’au fond ils ont trouvé.
Et cette charmante et tranquille situation dans la renommée, ils la doivent au parti-pris de la réalité cruelle, qui leur a fait donner, à eux, les premiers, le nom de réalistes, — la sottise du temps ! […] C’est elle qui a conduit, en peu de temps, à ce système bête et grossier qu’on appelle, en ce moment, « le Naturalisme », et qui passera dans le rire et dans le mépris, comme tous les systèmes littéraires. […] MM. de Goncourt ont senti cela comme tous les hommes de leur temps, et cette passion pour le xviiie siècle a faussé quelquefois et souvent leur histoire, en y mettant par trop de rayons. […] de la putréfaction universelle de ce temps, qui n’était pas uniquement la putréfaction des hautes classes, comme l’a tant dit la basse classe des écrivains, si insolemment et si faussement moralisateurs. […] Le Roi, ce Jupiter qui brûlait toutes les Sémélés du temps, qui ne demandaient qu’à être brûlées, ne tiédit même pas cette incombustible, qui, avant d’être maîtresse en titre, exigea avec une inflexibilité moqueusement féroce qu’on la fît duchesse de Châteauroux et qui le fut, et qui aurait été on ne sait plus quoi si elle avait vécu, tant son ambition — une ambition à profondeurs infinies !
Seulement, comme nous ne sommes pas encore arrivés aux temps prédits par le prophète Proudhon, où une paire de souliers sera plus estimée par les esprits bien faits que l’Iliade, Μ. de Girardin a eu l’extrême bonté et la condescendance, vu les faiblesses du temps présent, qu’il appelle « un temps de transition, un temps crépusculaire », d’écrire une comédie… crépusculaire, une œuvre d’entre chien et loup ; mais moins près du loup que du chien, car cette œuvre n’est nullement féroce. […] La réussite, la fortune, le million, dont il est le poète et l’apôtre, lui ont persuadé, avec cette facilité d’illusion qui est particulière aux gens heureux, qu’une comédie pouvait s’improviser, en deux temps, sous le ciel de Naples, « lorsqu’on n’avait pas de journaux à lire et qu’il faisait trop chaud pour sortir ». […] La première condition d’une œuvre littéraire, c’est le temps, le sérieux, l’effort, la conscience, le respect de soi et du public, auquel on ne jette pas les bavures de son portefeuille à la tête. […] Adam, qui représente la sagesse, la vérité et l’opinion de Μ. de Girardin tout le long de la pièce, « ne sont pas faits comme les autres hommes (textuel) ; ils sont les centaures de ce temps-ci : ils ont une tête de savant sur un corps de soldat », ce qui est la manière progressive d’être centaure au xixe siècle. […] Elle y serait aidée encore par les opinions du jeune marquis, qui veut se faire médecin et qui est l’homme de ce temps de transition, l’homme crépusculaire, s’il n’aimait pas une de ses cousines germaines, sans fortune.
Ils nous corrompent, nous rongent, nous dévorent… Ils sont la maladie pédiculaire de ce temps sans génie, qui n’a plus dans le sophisme, comme en autre chose, que des insectes… Les Sophistes contemporains ! […] Au bout d’un certain temps, les systèmes, rongés par les erreurs qu’ils contiennent, ne sont plus que des cadavres. […] Funck Brentano, l’être plein de Parménide avait absorbé les notions de temps, d’espace et de mouvement. […] Funck Brentano les prend à partie dans une discussion irrésistible, et atteint à travers eux le Positivisme de notre temps. […] … Il parle beaucoup d’idées contingentes et nécessaires, que la Sophistique de tous les temps a pour habitude ou pour calcul de confondre.
puisqu’il n’échappa pas à l’ivresse de cet horrible spiritueux de son temps, qui jeta par terre les esprits les plus fermes quand elle ne les jeta pas sous le couteau… La vie des poètes est rarement poétique. […] Mais ils ont cédé à la pente du temps vers la biographie et l’analyse et leurs doubles curiosités vaines ; car c’est plus pour le poète que pour personne que le mot de Voltaire est vrai : « La vie des écrivains n’est que dans leurs écrits », ce qui retranche d’un seul coup les insignifiances, les futilités et les rapetissements des biographies. […] C’est là une impression donnée avec une légèreté coupable, et qui, malheureusement, est dans les mœurs de ce temps-ci, que M. […] … André Chénier finit lui-même par sentir que tout ce travail de fourmi, engrangeant dans son cerveau tant de miettes de latin et de grec, finirait, de ses petits tas, par encombrer son génie : « Je donne trop à ma mémoire », disait-il dans les derniers temps de sa vie. […] Un jour, on appela, dans les journaux du temps, le grand Mirabeau : « Riquetti ».
Évidemment, un temps et une littérature qui oubliaient le grand marquis de Ronsard, l’astre majestueux de la Pléiade, devaient bien plus profondément oublier ce vieux soldat huguenot de d’Aubigné, qui rimait à la diable, — à la fière franquette du soldat, — l’arquebuse sur le cou ou le cul sur la selle. […] Son père l’avait, en effet, trempé dans le Styx de toutes les horreurs du temps, pour le faire demeurer ce qu’il ne cessa d’être contre l’Église catholique : — éternellement implacable ! […] Il avait toutes les passions de son temps, tous les goûts de son temps, toutes les littératures : grecque, latine, hébraïque, de son temps, où les sciences elles-mêmes étaient poussées jusqu’à la fureur. […] Mais elles n’y furent jamais pour lui l’impedimentum belli dont parle Tacite… Entre temps d’une lecture d’Homère, de la Bible, de Platon, il se battait comme un lansquenet. […] Avoir besoin de ce pauvre rayon d’une date au-dessus de sa tête, n’est-ce pas tout ce qu’on peut dire de pis du génie, qui ne relève pas du temps et qui est absolu comme Dieu ?
Il est temps, en effet. […] Mérimée ressemblait à la plupart des esprits de son temps (j’excepte Balzac) par le manque d’originalité intrépide, il ne ressemblait nullement aux autres esprits de cette époque ardente, dont l’exubérance était la qualité, et l’exagération, le défaut. […] Dans ce temps-là, on marchait en phalange, on se soutenait, on se poussait ; et, d’un autre côté, le bonheur fut si obstiné pour M. […] Excepté l’étreinte (qui dure le temps d’une étreinte de Mme de Turgis dans la Chronique de Charles IX), il n’y a, dans les romans de M. […] L’autre Mérimée, l’homme de la double vocation, l’historien et l’antiquaire viendront ailleurs… En ces derniers temps, celui-ci a publié deux livres d’histoire, où la vocation de l’ancien romancier, — indécise comme toute vocation partagée, — se trahit encore dans le choix des sujets qu’il a essayé de traiter.
Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables Le temps où les génies parviennent au mérite dont ils sont capables, est different. […] Dès que les jeunes gens sont arrivez au temps où il faut penser de soi-même, et tirer de son propre fonds, la difference qui est entre l’homme de génie et celui qui n’en a pas, se manifeste et devient sensible à tout le monde. […] Plus un artisan doüé de génie met de temps à se former, plus il lui faut d’expérience pour devenir moderé dans ses saillies, retenu dans ses inventions, et sage dans ses productions, plus il va loin ordinairement. […] La nature n’a pas voulu, dit Quintilien, que rien de considerable fut achevé en peu de temps. […] Ainsi, plus les fibres d’un cerveau doivent avoir de ressort, plus ces fibres sont en grand nombre, plus il leur faut de temps pour acquerir toutes les qualitez dont ils sont capables.
. — On disait chez les Latins greges operarum, comme greges servorum, parce que de tels ouvriers, ainsi que les esclaves des temps plus récents étaient regardés comme les bêtes de somme que l’on disait pasci gregatim. […] Cette dénomination d’hommes, leur fut donnée sans doute par opposition à la faiblesse des vassaux, faiblesse dont l’idée était dans les temps héroïques jointe à celle du sexe féminin. […] Au temps où brillait de tout son éclat la liberté populaire de Rome, les plébéiens vêtus de toges allaient tous les matins faire leur cour aux grands. […] Cicéron remarque que de son temps il restait à Rome bien peu de choses qui fussent ex jure optimo ; et dans les lois romaines du dernier âge, il ne reste plus de connaissance des biens de ce genre. […] C’est que dans la sévérité des temps héroïques où la cité se composait des seuls héros, tout meurtre de citoyen était un acte d’hostilité contre la patrie, perduellio.
S’agit-il de sa vision des premiers temps du monde ? […] Il projette à travers le temps son imagination. […] Il a beaucoup amusé les gens de son temps. […] Elle en veut aux jeunes nobles de son temps de n’être pas des gentilshommes du temps de Henri III. […] Mais la fidélité au malheur ne dure qu’un temps.
Quelques détails de toilette assez gracieux et vivement rendus, et qui révèlent une main de femme dans un temps où l’on ne décrivait pas, ne sont point assez pour qu’on nomme hardiment madame de la Fayette, cette platonicienne sans le savoir, qui ne voit absolument rien dans le monde que l’expression chaste des sentiments. […] D’un autre côté, que madame de la Fayette fût de l’hôtel de Rambouillet et portât des jupons musqués de peau d’Espagne, la quintessence du goût dans une si délicate créature ne pouvait aller jusqu’au faux et au violent, et l’aurait, à ce qu’il nous semble, empêchée d’écrire l’épisode de la chemise, au madrigal sanglant, qui touche à l’impudeur, et qui est bien plus une idée du temps d’Henri IV qu’une idée du temps de Louis XIV. […] Faibles de donnée et d’exécution, entre Scarron et mademoiselle de Scudéry, sans les qualités et le relief de l’un et de l’autre, les Mémoires de Hollande pouvaient rester dans l’ombre où le Temps, juste, cette fois, les avait mis. […] L’invincible droiture qui était en lui, et qui l’avait empêché d’être gauchi par l’action funeste de son temps, le fit mourir chrétiennement, posant à un de ses amis nouvellement converti toutes les questions du catéchisme, écoutant les réponses, et, foudroyé d’évidence, ne faisant pas une objection.
Je ne puis m’empêcher de remarquer que cette libre éducation, si peu semblable à la discipline de plus en plus stricte d’aujourd’hui, sous laquelle on surcharge uniformément de jeunes intelligences, est peut-être celle qui a fourni de tout temps aux lettres le plus d’hommes distingués : l’esprit, à qui la bride est laissée un peu flottante, a le temps de relever la tête et de s’échapper çà et là à ses vocations naturelles. […] Il vit beaucoup dans ces première temps Mme Tastu, à laquelle il adressa des vers. […] (Pièces de théâtre inédites de sa jeunesse et du temps de la Révolution ; lettres autographes.) […] Il raisonne avec une idée fixe, avec cette logique opiniâtre qui mène à l’absurde, qui aboutirait en deux temps à l’Inquisition et à 93. […] Je trouve dans une lettre de lui, datée des derniers temps de son séjour à Rennes (fin de février 1842) et adressée à ce même ami d’enfance, M.
Mais, pendant ce temps, son père crut devoir le marier. […] Il paraît n’être resté dans cette espèce d’exil, faux ou vrai, que très peu de temps, environ six mois. […] On ne donne pas de date, puisque les sociétés de ce genre se dénouent plutôt qu’elles ne se brisent, peu à peu, et par trait de temps. […] Je n’ai pas le temps de vous lire cet éloge. […] Colbert qui arriva peu de temps après une grande maladie que fit le chancelier M.
Les façons de parler vulgaires sont les témoignages les plus graves sur les usages nationaux des temps où se formèrent les langues. […] Une langue ancienne qui est restée en usage, doit, considérée avant sa maturité, être un grand monument des usages des premiers temps du monde. […] Qui peut soutenir encore qu’au temps où les Égyptiens enrichissaient le monde de leurs découvertes, ils étaient déjà philosophes, déjà capables de généraliser ? […] Qu’on m’accorde, et la raison ne s’y refuse pas, qu’après le déluge, les hommes habitèrent d’abord sur les montagnes ; il sera naturel de croire qu’ils descendirent quelque temps après dans les plaines, et qu’au bout d’un temps considérable, ils prirent assez de confiance pour aller jusqu’aux rivages de la mer. […] Ainsi dans les temps modernes les Chinois ont ouvert leur pays aux Européens.
Voilà ce que le public désirait confusément, au temps où commençait le long déclin du grand Corneille. […] Sous les noms de la Grèce héroïque, il a vu l’homme de tous les temps. […] Les mères aiment de la même façon en tout temps et en tout pays. […] Leur antiquité, la mode, qui peut s’attacher même à des règles, en faisaient de son temps une chose sainte. […] Et cependant il y manquait l’Athalie de ces derniers temps.
Vivent ces amours embrouillés, avec un paysan bouffon pour valet, plutôt que des événements trop rapprochés de notre temps ! […] Au bout de quelque temps, ayant ôté son masque, il s’assit dans un coin d’où il pouvait voir et être vu. […] On en ignore quelque temps la vraie cause. […] On voit par là que ces Gesta Romanorum ne remontent pas précisément aux temps antiques. […] Nouvelle preuve du goût du temps.
Mais qu’importe le temps de leur naissance. […] L’avocat bavarda tout le temps. […] C’étoit alors le temps de la ligue. […] Léon XI lui succéda, mais pour très-peu de temps. […] Dans le temps qu’on en parloit le plus, le P.
Le temps de la justice et de l’apothéose est venu pour Cicéron, le temps de l’impartialité n’est pas venu et ne viendra pas de plusieurs siècles encore pour Voltaire. […] Ce poëme, reçu dans le temps comme une œuvre du génie épique de la France, n’avait rien de la véritable épopée que le titre et la forme. […] Son poëme de la Henriade, imprimé par souscription en Angleterre, lui produisit une somme considérable pour le temps. […] Il écrivait à peine, l’histoire seule l’occupait encore ; ce fut le temps où il rédigea son premier livre historique, la vie du roi de Suède Charles XII. […] Le temps et le repentir de Frédéric adoucirent la blessure sans la cicatriser complétement.
Tout suivra bientôt, et tous les genres conformes au génie du temps en quelques années toucheront leur perfection. […] L’œuvre de Malherbe fut menacée pour un temps, et partiellement stérilisée, non par une réaction, qui l’eût détruite, mais par une complication, qui la dévia. […] Parler, c’était la grande affaire, et les lettres du temps nous représentent à merveille cette conversation des premiers temps, encore un peu lourde, et qui croit se donner de la légèreté en se tortillant. […] Les sentiments sont en harmonie avec le costume : cela n’est d’aucun temps. […] Et les œuvres de Sarrazin, Godeau, etc., ainsi que les Correspondances du temps (cf.
et qui n’écrira plus jamais que ces sortes de choses, parce que le temps et surtout l’orgueil ont solidifié son génie au point qu’il lui serait impossible, quand même il le voudrait, de seulement le modifier. […] Plus tard, il ne serait plus temps. […] ils ont le temps et la patience de s’écouter, ces passionnés, au lieu d’agir, et ils ne songent pas à s’interrompre une seule fois ! […] — pourrait déshonorer intellectuellement la vieillesse d’un homme qui n’a pas su se taire à temps, par pudeur pour des facultés faiblissantes… Voilà pour l’esprit ! […] Et ce n’est pas seulement un héros dans le sens le plus fier et le plus idéal du mot, mais c’est de plus l’homme d’État qui voit le mieux dans les nécessités du temps, et qui a raison — absolument raison !
Ce n’est guère que du temps d’Alexandre que datent les statues-portraits. […] Bossuet reste pour nous un Père de l’ancienne Église, nous l’admirons dans le mystérieux édifice des temps écoulés. […] Il ne les a point trouvés dans son génie, mais dans le goût de son temps. […] Il y a très peu de temps que cet usage existait encore en Espagne. […] Un des plus grands vices de l’esprit de ce temps, c’est de vouloir déplacer toutes les limites.
On en pourrait donner plus d’une raison, si l’on le voulait ; — et si c’en était présentement le temps. […] Nous lui ferions donc tort de la discuter aujourd’hui : ce n’est pas encore le temps. […] En effet, la langue latine, par exemple, qu’ont écrite Cicéron et Virgile, était déjà fort changée du temps de Quintilien et encore plus du temps d’Aulu-Gelle. […] Comprise entre les années 1824 et 1830, c’est le temps de la collaboration de Sainte-Beuve au Globe, et c’est le temps aussi de sa première ferveur romantique. […] Voilà, si nous en avions le temps, ce que j’aimerais à vous montrer.
Immensité dans le temps. […] Il s’y fixe pour quelque temps. […] Car les œuvres sont dans le temps. […] Ils ont peu de temps et n’en ont pas à perdre. […] Pour lui, il aime son temps.
Lundi 7 avril 1862, Il y eut pour le grand-duc, dans les années qui précédèrent son avènement au trône (1745-1762), deux périodes distinctes : celle où il prenait sa femme pour confidente, où il la consultait et se laissait assez volonvtiers diriger par elle dans les affaires qui touchaient à la politique ; et un second temps durant lequel il s’émancipa, sîirrita et devint plus ennemi et plus menaçant de jour en jour : mais en fait de ridicule et de puérilité gnotesque et grossière, ilne varia jamais. […] Entouré de flatteurs de bas étage qui comptaient se servir de lui et l’exploiter, ivre la plupart du temps, se croyant un grand soldat et fier de son admiration servile, non pour le génie, mais pour les uniformes et les parades du grand Frédéric, il avait fait venir du Holstein tout un détachement, une troupe à lui (1,300 hommes), qu’il fit camper près d’Oranienbaum, et qu’il soignait comme la prunelle de ses yeux ; il s’en fit le colonel, n’en porta plus que l’uniforme et s’aliéna l’opinion russe par cette affectation tout allemande. Non content de ces soldats en chair et en os, de ces hochets militaires en grand, il en avait encore à domicile dans sa chambre, et d’une autre sorte, pour le temps qu’il passait en ville : « Dans ce temps-là (1755), et longtemps après, le principal jouet du grand-duc, en ville, était une excessive quantité de petites poupées, de soldats de bois, de plomb, d’amadou et de cire, qu’il rangeait sur des tables fort étroites qui prenaient toute une chambre ; entre ces tables à peine pouvait-on passer. […] Quand je vois, depuis le commencement de ce récit, le grand-duc, le futur Pierre III, ne pas faire un seul pas qui ne l’achemine à l’abîme et à la ruine profonde, il me semble constamment voir dans le même temps, derrière lui et au-dessus de lui, debout et voltigeant, ce fantôme fatal qui, le pied sur la tête des mortels, les pousse aux actes insensés, et qu’Homère appelle l’Imprudence. […] Vers ce même temps (1755), arriva à Pétersbourg, en qualité d’ambassadeur d’Angleterre, sir Charles Hanbury Williams, amenant à sa suite le jeune Poniatowsky : cet Anglais, homme d’esprit et de hardiesse, d’une conversation amusante, encouragea la grande-duchesse dans son esprit d’émancipation, et elle noua même avec lui, à ce début de la guerre de Sept Ans, une intrigue politique dans le sens de l’Angleterre et aussi de la Prusse contre la France.
Le vice moderne qui a fait le plus de mal peut-être dans ces derniers temps a été la phrase, la déclamation, les grands mots dont jouaient les uns, et que prenaient au sérieux les autres, que prenaient au sérieux tous les premiers ceux mêmes qui en jouaient. […] Il s’en rencontrerait sans doute des exemples en tout temps, même dans les âges anciens : témoin Philippe de Commynes et Montaigne. […] Nourri de bonne heure en France, ayant vécu ensuite à la cour à demi française de Charles II, de tout temps élève de Saint-Évremond et du chevalier de Grammont, avec une veine en lui des Cowley, des Waller et des Rochester, il ne fit que croiser ce qu’il y avait de plus fin dans les deux races. […] Comment se fait-il que, dans les ouvrages d’esprit qui ont plu en naissant à de bons juges, il entre ainsi toute une partie qui se mortifie avec le temps et qui passe ? […] Hamilton, quand le comte de Caylus le vit chez sa mère, était vieux, fatigué peut-être ; de tout temps, d’ailleurs, on le conçoit volontiers capricieux, d’humeur assez inégale, comme l’était sa sœur ; il avait ce coin de singularité dont parle Saint-Simon.
Il n’en a pas le temps, il ne s’en donne pas le souci. […] Il a fait la seule œuvre qui fût possible de son temps, qui fût parfaitement adaptée. […] Des jurisconsultes des derniers temps de la République romaine ont les premiers introduit dans la jurisprudence, en faveur des femmes et des enfants, des garanties inconnues au législateur trop sévère et trop rude des premiers temps. […] Eh bien, il y a seulement cent cinquante ans, du temps de Molière, on ne le ressentait pas ainsi. […] Ne flattons pas le temps présent, ne nous flattons pas nous-mêmes.
De là nous pouvons voir pourquoi toutes les espèces d’une même région finissent par se transformer au bout d’une période de temps plus ou moins longue, car celles qui ne changent pas doivent fatalement s’éteindre. […] Elle s’élève ensuite en s’épaississant, gardant parfois pendant un certain temps une épaisseur égale. […] Mais, dans le cours des temps, les formes les mieux douées tendront à prévaloir, quel que soit leur lieu d’origine. […] Une forme très ancienne peut, de temps à autre, durer beaucoup plus longtemps qu’une forme produite autre part plus récemment, surtout dans le cas d’espèces terrestres habitant des districts séparés. […] D’où il suit qu’après de longs intervalles de temps les habitants du monde entier semblent avoir changé partout simultanément.
Poètes de ce temps-ci, vous êtes trois ou quatre qui vous disputez le sceptre, qui vous croyez chacun le premier ! […] Rien ne subsistera de complet des poètes de ce temps. M. de Musset n’échappera point à ce destin dont il n’aura peut-être point tant à se plaindre ; car il y a de lui des accents qui iront d’autant plus loin, on peut le croire, et qui perceront d’autant mieux les temps, qu’ils y arriveront sans accompagnement et sans mélange. […] S’il semble s’être drapé, à ses débuts, dans les guenilles romantiques, on croirait aujourd’hui qu’il a pris ce costume de carnaval pour se moquer de la littérature échevelée du temps. […] [Le Temps (25 septembre 1899).]
Saint Bernard vivoit du même tems. […] Prenons du temps pour nous assembler quelque part & peser tout mûrement. » Il voulut en même-temps avoir une entre-vue avec Abailard. […] Et quel temps choisit-on pour le décrier ; le temps où il devoit être à l’abri de toute médisance ; où il avoit souffert le dernier outrage pour un amant ; où le chanoine Fulbert avoir épuisé les rafinemens de sa vengeance ; où la tendre Héloïse, ce modèle des amantes, désespérée, & brûlant de plus de feux que jamais, avoir porté dans un cloître, avec tous les agrémens de sa jeunesse & de son esprit orné de mille connoissances, les charmes d’une figure adorable ; où ces amans n’avoient, contre leur fatale destinée, d’autre ressource que l’illusion, l’image de leur ivresse passée, le souvenir de ces transports dont ils étoient pénétrés, lorsque le prétexte de l’étude favorisoit l’intelligence du maître amoureux & de l’écolière passionnée*. […] La prière & la lecture remplissoient tout son temps. […] Sa tombe fut encore honorée d’une épitaphe* dans le goût du temps.
De ce manque de vif dans leur œuvre, de cette insignifiance qui étonne, est-ce Pélisson, est-ce d’Olivet qu’il faut accuser, ou leur temps, moins apte à creuser que le nôtre dans les œuvres et dans les amours-propres, ou enfin leur position intéressée vis-à-vis de l’Académie ? […] Du temps de Pélisson, dans cette société où l’on vivait sous le despotisme d’une politesse plus absolue que Louis XIV, toute critique franche, directe et à fond de train, ressemblait à une grossièreté, et personne ne se la permettait. […] C’était un temps où l’on ne faisait pas quatre pas dans un menuet sans saluer jusqu’à terre, et où Louis XIV tirait son chapeau aux filles de chambre. […] Avons-nous besoin de savoir exactement, par pieds, pouces et lignes, la mesure de ces esprits médiocres, relativement meilleurs que les autres dans leur temps parce qu’ils furent cultivés, et à qui leur temps paya leur culture en les faisant d’une académie ? […] voilà le véritable historien de ces anonymes, qui eurent un nom quelques jours, le temps que l’engouement de la société de leur époque mit à le répéter, et qui n’en ont plus depuis qu’elle est morte.
Ils ont doublé de grossièreté leur sottise, et c’est une raison pour que ce livre des Deux Masques les ait maintenant contre lui deux fois plus qu’il ne les aurait eus autrefois… Ce livre, en effet, détonne de beauté sur les laideurs du temps présent. […] ce ne sera pas la faute d’une supériorité trop évidente pour ne pas échapper aux vues basses d’un temps qui ne regarde plus qu’à ses pieds. […] Ce livre, d’une conception magnifiquement nette, avait été déjà tenté, mais dans un plan tout à la fois plus vaste et plus étroit, par un homme de ce temps qui, comme Saint-Victor, unissait l’imagination à une érudition peut-être supérieure encore à la sienne. […] Ses facultés ont en effet, dans ce livre, la nouveauté d’une perfection définitivement atteinte… L’énorme talent que ses innombrables feuilletons ont prouvé vient de réaliser enfin un de ces chefs-d’œuvre qui fixera sa renommée dans le silence de l’avenir, quand les turbulents bavardages du temps présent auront passé. […] par aucune des affectations et des mensonges auxquels ce pauvre temps nous a accoutumés.
S’il ne le porte pas cependant, il faut prendre occasion de là pour admirer, dans un temps où toutes les sciences ont leur ivresse, la forte sobriété du procédé employé de préférence par l’homme qui doit la source de tous ses genres d’illustrations à l’Histoire, et qui, en écrivant de simples biographies, en dit profondément le dernier mot. […] Oui, il est nécessaire de le répéter aux esprits superbes qui depuis quelque temps ont exagéré les proportions de chaque chose : dans l’orgueil de leurs sciences trompeuses, comme dans les grandes pyramides, il n’y a, au fond de l’Histoire, que des cadavres qui se remuèrent quelques jours ! […] de l’Histoire, qui est bien le caractère de la pensée historique de notre temps. […] Après le républicain comme Ludlow, il y a le niveleur comme John Lilburne, — le niveleur, c’est-à-dire le socialiste du temps. […] C’est la différence qui marque les deux sociétés, les deux révolutions, et qui, continuant, marquera, si l’on n’y prend garde, l’avenir prochain de la société française d’un signe terrible, qui n’a jamais marqué les temps les plus mauvais de l’Angleterre.
Mais il y a aussi des visages, imposants encore, qui ne se voient bien qu’au bout d’un certain temps, lorsque la poussière des choses contemporaines est un peu tombée, et ceux-là on peut les appeler les Seconds de l’Histoire, les branches cadettes dans la dynastie des grands hommes. […] Ce fut un homme de caractère, ce qui, dans un temps comme le nôtre où l’on n’en a qu’à certains jours, est plus rare peut-être que le génie. […] De ces trois hommes, dont deux l’emportent incontestablement par le génie, le plus rare est celui qui en a le moins, mais dont la supériorité, d’un autre ordre, virile, positive et presque militaire, est certainement plus éloignée que le génie lui-même des niaiseries qui gouvernent ce temps, et tous les temps, hélas ! […] Dans l’histoire de son temps qu’il a écrite sous ce nom personnel de Mémoires, on ne voit briller, de son sobre éclat, que ce genre de bon sens sur place des hommes d’action, qui sont tous, avec l’uniforme ou sans l’uniforme, des soldats. […] Les causes de son temps, il les voit.
Saisset a baissé infiniment de note depuis le temps où il se croyait un prêtre, et, qui sait ? peut-être un évêque des temps futurs. […] La France fut assez jeune, dans le temps que M. […] Ils paraissent insuffisants, fades et même fadasses aux goûts développés et à la fureur d’un temps dépravé. […] Si la question philosophique du temps présent est, comme l’a dit M.
En effet, on dirait qu’on l’oublie : l’organisation du travail, qu’on intitule la grande question des temps modernes, est une question éternelle. […] Comme fait, si le temps l’a détruite, fille de la vérité sociale elle trouve une expiation vengeresse dans les désordres et les souffrances qui ont déchiré les entrailles du monde depuis qu’elle ne le protège plus. […] En effet, le droit municipal des anciens (municipes) n’était qu’un droit d’émancipation personnelle en ces temps d’inégalité, tandis que le droit communal des modernes est le droit de tous à la communion sociale, en vertu de l’égalité humaine. […] « Le temps — a dit Bacon — est le plus grand des novateurs », mais c’est un grand rénovateur aussi. […] Nous ne voulons en aucune façon nier l’amélioration que le temps doit toujours apporter dans la condition humaine.
c’est là une mesure qui n’est plus de notre temps, un terme qui a cessé de faire partie du dictionnaire de nos mœurs ! […] Ce n’est pas plus l’ivrogne du bon vieux temps que l’ivrogne, pâle et convulsif, de ce temps-ci, le froid buveur de feu moderne, comme Edgar Poe, qui sombre dans l’ivresse pour fuir la vie, et comme Hégésippe Moreau, qui y trouve la mort. […] soit dans la tristesse, voilà, par ce temps d’orgueil qui crie, l’accent profond et surmonté de cette poésie qui n’est pas ivre, même de douleur, quoique la douleur ait été véritablement sa grand’pinte ; tel est le fond de cette poésie qui a parfois peint, à la flamande, les murs du cabaret où la pauvre fille s’est assise et a bu un coup, pour se réconforter un peu et pour oublier cette misère de la vie. […] Oui, telle est la corde vraiment humble trouvée par M. de Châtillon, et trouvée par le fait d’un naturel charmant, car M. de Châtillon n’est pas religieux, et c’est un reproche à lui faire, à ce sceptique des temps actuels qui a ajouté cette pauvreté à l’autre pauvreté, bien plus intéressante. […] Nous, qui avons toujours accueilli avec joie et même avec tressaillement toute personnalité de poète qui a cherché à se dégager de la prose du temps, nous savons trop combien cette prose, qui monte toujours, a été puissante contre l’énergie des plus fiers instincts, révoltés pour lui échapper.
Le temps fait un pas. […] Songe-t-elle au temps ? elle conçoit ou un temps déterminé, le temps à proprement parler, ou le temps en soi, le temps absolu qui est l’éternité, comme l’espace absolu est l’immensité. […] à la condition du temps. […] Il est de tous les lieux et de tous les temps.
Cousin, le grand héraut littéraire depuis quelque temps, a proposé jeudi à l’Académie de décerner à l’auteur de Lucrèce le prix réservé à la meilleure tragédie, prix qui, depuis nombre d’années, était demeuré vacant, in partibus… ; mais le règlement s’oppose avec raison à ce qu’on enlève ainsi les choses d’emblée. […] — L'essentiel en critique, c’est de bien marquer le temps. La pièce de Lucrèce est un temps, c’est-à-dire qu’elle dénote quelque chose de bien tranché dans la disposition du public. […] Les feuilletons de théâtre du National, très-remarqués depuis quelque temps, sont de M.
Fit-il des vers dès ce temps-là, ou n’est-ce qu’un peu plus tard ? […] Une éclipse a lieu en ce temps-là, on l’observe. […] C’est vers ce temps que M. […] Ampère attendit quelque temps cette réponse avec anxiété, comme un véritable oracle. […] Enfin, M. de Lalande étant venu à Bourg vers ce temps, M.
Il faut plus de temps pour l’un que pour l’autre. […] C’est ainsi qu’en parlent tous les écrivains du temps. […] Mais je vois dans les temps une double route s’ouvrir, et le destin hésiter. […] On dirait que la lumière d’une belle âme y découle sans ombre sur le plus bel esprit de tous les temps. […] Quel écrivain lui comparerez-vous dans les temps modernes ?
apprenez aux enfants de la géométrie et vous verrez avec le temps l’effet de cette science. […] Le temps qu’ils y emploieront ne sera pas long, c’est l’affaire de quelques mois. […] Combien l’algèbre abrège de discours et de temps ! […] J’oubliais Démosthène que l’ordre des temps place après Xénophon. […] On a, de temps à autre, des exemples de semblables phénomènes.
et surtout dans les temps où nous sommes ? […] si l’espace et le temps sont des « choses » ou de pures conditions de notre sensibilité ? […] L’homme n’a pas de port, le temps n’a pas de rive. […] D’être né en son temps, comme Pascal, il se pourrait que ce fut une part du génie même ! […] Mais si je les résumais, j’anticiperais sur les temps du règne de Louis XV.
Voltaire, en son temps, s’est moqué de ces philosophes optimistes Qui criaient : Tout est bien ! d’une voix lamentable ; mais que faut-il penser de ces philosophes modernes ou de ces esprits académiques qui, lorsqu’ils ont dit du temps présent et du régime où l’on vit : Tout est mal ! […] Mais c’est qu’autrefois, dans une leçon à l’École normale, vers le temps où M. […] Les systèmes furent confrontés comme les temps. […] Ici, maître de son terrain, manœuvrant de pied ferme, prenant son temps et ses mesures, il étudie les faits, il les ordonne et les combine, il les appuie et les enchaîne dans des compositions savantes qui ont de l’intérêt, du jugement, de la force et des parties d’éclat.
Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps Par M. […] Guizot qu’avec tout autre, parce que deux points essentiels surmontent et domineront toujours les objections à son égard, le respect pour l’homme, et l’admiration pour le talent ; parce qu’aussi, plus aguerri de tout temps aux luttes et aux contradictions, il a l’élévation de les comprendre et la générosité de les excuser. […] Ses Mémoires n’apprendront que peu de chose aux hommes de son temps qui ont vécu à côté de lui ; ils sont très propres à instruire ceux qui sont venus depuis et qui viendront par la suite ; et c’est en vue de ces derniers que l’auteur semble les avoir composés. […] Thiers, durent l’ajourner, le rentrer en eux et n’étaient pas en mesure de l’arborer au début, c’est-à-dire quand il était temps. […] Laffitte laissait tout aller, sans but précis : survient Casimir Perier (il était temps), qui, par son énergie, fonde et fixe le système du juste-milieu.
Ses études terminées, le jeune homme songea à prendre un état ; il essaya du barreau et entra quelque temps dans une étude de procureur. […] Ayant commencé très-jeune à produire et à publier, dans un temps où le peu de concurrence des talents et un goût vif des Lettres renaissantes mettaient l’encouragement à la mode, il a subi l’inconvénient d’achever et de doubler, en quelque sorte, sa rhétorique, en public, dans les concours d’académie. […] On a pu trouver ingénieux, dans le temps, cet endroit de son poëme d’Austerlitz, où il parle noblement de la baïonnette en vers : Là, menaçant de loin, le bronze éclate et tonne ; Ici frappe de près le poignard de Bayonne. […] Anacréon n’a laissé qu’une page Qui flotte encor sur l’abîme des temps, a dit M. […] C’était le temps de la mode d’Ossian et d’un Charlemagne enjolivé, le temps de la fausse Gaule poétique bien avant Thierry, des Scandinaves bien avant les cours d’Ampère, de la ballade avant Victor Hugo ; c’était le style de 1813 ou de la reine Hortense, le beau Dunois de M.
Il vaut mieux que sa réputation, et il a rendu en son temps de grands services. […] Cette tendance fut enrayée pour un temps par la critique. […] Mais il est comme la conscience de son siècle : j’aperçois chez lui nettement ce qu’il faudrait beaucoup de peine et de temps pour analyser dans la société et dans la littérature du temps ; il révèle certains dessous, qui expliquent les caractères apparents. […] Jusque-là elle vécut à côté du christianisme, en paix avec lui, dans les mêmes intelligences ; et je ne doute pas même qu’elle n’ait aidé pendant un temps certains esprits, tels que Boileau, à rester chrétiens. […] Il rentre à Paris en 1625, et s’y cache pendant deux ans à tous ses amis, pour sauver son temps et son indépendance.
La philosophie de Biran aurait trouvé sans doute dans Jouffroy un disciple et un maître tout prêt à la transformer en la développant, comme a fait Fichte à l’égard de Kant ; mais Jouffroy, que je sache, n’a pas connu Biran, et il mourait à peu près vers le temps où les œuvres de celui-ci trouvaient dans M. […] Les écrits posthumes de Biran et d’Ampère ne semblent guère répondre aux interrogations anxieuses du temps présent. […] Entre le noumène et le phénomène, il a trouvé un intermédiaire, à savoir les formes à priori de l’intuition, de l’expérience, de la pensée en général, temps, espace, causalité. […] Au-delà d’un certain temps, nous ne savons plus que par autrui que nous avons vécu et senti. […] Ce n’est pas tout ; non-seulement l’esprit n’a conscience de lui-même que dans une portion limitée du temps, resserrée entre un avant et un après infinis, mais cette durée même de la conscience n’est pas continue.
Entre temps il publiait une brochure, un article ou un livre. […] Remarquez-vous comme les hommes de ce temps sont obsédés de l’idée du meurtre ? […] Les temps antiques ont été la période de l’imagination. […] Lorsque Dieu a parlé dans le temps, il a parlé la langue de l’homme et du temps. […] On a perdu beaucoup de temps.
Levallois sait son Jean-Jacques et le possède comme personne en ce temps-ci ; il le sait par devoir et aussi par amour. […] Une révolution s’ensuivit avec le temps dans la destinée de la femme. […] Le temps des poètes était éloigné encore. […] Les déclarations qui aiment un homme libre n’ont pas eu le temps de lui venir. […] Aimable, il l’était à ses heures ; aimé, il le fut de tout temps.
« Le temps, l’expérience aussi, désabusent. […] que le temps passe vite ! […] Le temps amuse alors, j’avais quatre ans. […] Ce n’est pas le temps des oiseaux nocturnes. […] C’est un temps à faire de la musique ou de la poésie.
J’étais de bonne foi comme un enfant à qui on a dit tout bas : « Admire cet immense génie, encore peu connu ou pas connu du tout dans ce monde des lettrés que tu viens de feuilleter pendant tes études ; c’est un grand homme tout entier, c’est un Italien du temps de Machiavel, c’est un Romain du temps de Tacite ! […] La vraie raison, c’est que je n’étais pas du pays, et que la mode du temps ne m’avait pas plié suffisamment à cet enthousiasme de convention. […] Je partageais donc mon temps entre les promenades, les théâtres, les filles et ma mélancolie habituelle. […] Il s’y refusa avec énergie ; mais, quelque temps après, elle quitta elle-même le prince, sous prétexte de mettre sa fille au couvent à Paris. […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps ; le roi mon père en avait une prédilection toute particulière.