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1288. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Que Béatrice ait ou non existé, on ne saurait se tromper sur la nature de la cristallisation qu’elle a subie chez Dante, et toutes les femmes qu’ont idéalisées tour à tour les descendants du grand poète ont trouvé autour d’elles parfois comme une prison ou une meurtrissure la cristallisation de l’art là où elles attendaient le voile diaphane de l’autre cristallisation.

1289. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Les événements heureux trompent et séduisent ; c’est la flatterie la plus dangereuse pour les rois : au lieu que la sévérité du malheur accuse les fautes et les faiblesses.

1290. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Salvadori Ruffini, qui doit être, — ou je me trompe fort, — un pseudonyme sournois de Nestor Roqueplan : « Trois rôles, tous trois différents en caractère, en beauté, en détails ; trois passions, sublimes, puissantes, plus élevées l’une que l’autre ; trois femmes d’une physionomie, d’une volonté et de passions diverses ; trois représentations également grandes de génie. […] Darthenay est un bien bon enfant ; — c’est le Cadet-Roussel de la petite presse, et, franchement, j’ai peur de me noyer dans l’océan de sa phrase bienveillante. — C’est peut-être le cas de retourner le mot de Voltaire sur M. de Haller, et de dire de ces docteurs Tant-pis et Tant-mieux du feuilleton qu’ils se trompent tous les deux. […] » Il ne faut pas s’y tromper, là est véritablement l’autorité de l’Académie. […] Car enfin on pouvait s’y tromper : — les deux termes se trouvaient représentés en même temps dans l’étable de Bethléem. […] About s’est donc trompé de temps, de date et de chemin, lorsqu’il est revenu sur ses pas, dans l’espoir d’y trouver, pour le théâtre, des formes rajeunissantes.

1291. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Et ne vous y trompez pas ! […] Si Moréas croit faire une école, il se trompe de date. […] Moréas se trompe de date, vraiment. […] Quand ils se tromperaient, où serait le mal ? […] » Le commissionnaire s’était trompé, le boulevard X… continuant le boulevard Y !!

1292. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

ne nous y trompons pas, messieurs, notre goût se formera mieux aujourd’hui en apprenant à distinguer le beau et à l’admirer, qu’en nous exerçant à censurer sans relâche : l’envieuse impuissance de produire renouvela dans tous les âges dégénérés la pernicieuse manie de critiquer opiniâtrement. […] Il n’est pourtant pas rare de rencontrer d’habiles gens qui s’y trompent, et Boileau les désignait ainsi : « Tel s’est fait par ses vers distinguer par la ville, « Qui jamais de Lucain n’a distingué Virgile. […] Là, Virgile, trop éclairé pour se faire aucune illusion, et dédaignant de tromper ses lecteurs par un vain artifice, vous déclare hautement qu’il traite une seconde fable d’une espèce toute différente. […] Tous accourent à son antre, et lui demandent quel ennemi l’attaque : lui, trompé par le faux nom que s’est donné le héros, leur répond, personne ; et ce mot qui les tranquillise, et les éloigne, sauve Ulysse, qui s’est couvert de cette appellation ambiguë. […] c’est surtout en songeant aux êtres précieux que nous enleva la mort, qu’on a besoin de se déguiser les réalités de ses pertes par ces rêves fictifs de l’imagination, dont le merveilleux trompe l’absence, et nous transporte dans un autre monde !

1293. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il n’y a chez lui rien de moderne, et croire à une imitation, à un pastiche gothique, ce serait se tromper gravement. […] Nous ignorons ce que cette comédie qui avait été reçue à l’Odéon, si nos souvenirs ne nous trompent, peut-être devenue. […] Si la vie ne nous a pas tenu toutes ses promesses, l’art au moins, rendons-lui cette justice, ne nous a jamais trompé. […] Quels accents il trouvait pour rendre ces chocs de passions contraires, ces luttes de l’amour et du mépris, et surtout cette indignation de la sainte confiance trompée ! […] Un frais souffle, venu de la Grèce traversa les imaginations, l’on respira avec délices ces fleurs au parfum enivrant qui auraient trompé les abeilles de l’Hymette.

1294. (1876) Romanciers contemporains

C’est par système qu’il sort de la vie pour mieux céder la place à ceux qui le trompent. […] Ils ont pu être un instant fascinés, subjugués, trompés. […] Cet excès de couleur, ce grossissement exagéré ont pu, au moment de la publication de ses livres, tromper le lecteur et pervertir son jugement. […] Bovary père, la première femme de Bovary, le père Rouault, sont aussi étincelants de couleur vive que le mari trompé et la femme qui trompe. […] Lecoq, chargé de rechercher les auteurs d’un crime, suit une fausse piste et se trompe.

1295. (1896) Études et portraits littéraires

Mais ce qui le séduit surtout, c’est la force, les hauts faits d’un Malatesta, d’un Castruccio Castracani… Que ses justes sévérités contre nos terroristes ne nous trompent pas. […] Ailleurs il parle des comptes rendus retentissants de livres ou de pièces « qui sonnent la trompe et la tromperie ». […] Ils se demandèrent s’ils ne se trompaient pas, si leur conception n’était pas d’une imagination trop déréglée. […] Non des douceurs, — ne nous y trompons pas, — mais des morceaux d’art, des délicatesses de pensée et le forme qui font dire : « Voyez donc… quand il veut !  […] Artiste pourtant, les délicats ne s’y sont pas trompés.

1296. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Mais Molière avait probablement, dans ses longues séances chez le barbier-chirurgien, une intention, plus directement applicable à son art que l’ancien secrétaire florentin, lequel cherchait surtout, il le dit, à narguer la fortune et à tromper l’ennui de la disgrâce. […] Célimène l’avoit invité à souper comme bel esprit, et jamais il ne parut si sot parmi une demi-douzaine de gens à qui elle avoit fait fête de lui… Il les trompa fort par son silence. » L’un des ennemis de Molière, de Villiers, en sa comédie de Zélinde, représente un marchand de dentelles de la rue Saint-Denis, Argimont, qui entretient dans la chambre haute de son magasin une dame de qualité, Oriane. […] Don Garcie était moins jaloux que Molière ; Georges Dandin et Sganarelle étaient moins trompés.

1297. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

Ses réfléxions sont pensées, mais communes ; & il paroît infiniment mieux instruit des affaires militaires, où un homme de son état se trompe presque toujours, que de celles du cabinet. […] Qu’il se trompe sur quelques noms, sur la position de quelques villes, qu’il prenne l’entrée de quelques groupes dans une ville ouverte pour un siége ; ces légeres fautes ne sont presque rien, parce qu’il importe peu à la postérité, dit M. de V. […] Ces mémoires ne sont pas fort exacts ; mais ils peuvent servir pour les faits publics sur lesquels les historiens se trompent rarement.

1298. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Tant pis ; pour vous, on peut en courir le risque, et de ne s’éveiller jamais : vous, du moins, vous en valez la peine ; entre tout ce qui trompe, vous êtes ce qu’il y a de plus vrai, puisqu’enfin l’on vous dépouille pour vous embellir, et qu’on cherche votre nudité. […] Un monde égaré par toutes les folies est en germe dans le Soir des Rois : tous les héros y sont aveugles, ils se trompent à l’envi, ils s’abusent tous les uns ou les autres : ils en sont même cruels et presque féroces. […] Si des critiques essaient de tirer de ce côté le jugement et l’attrait des lecteurs, ils se trompent et ils sont injustes.

1299. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

Sur l’ordre de son père, il monta sur la table et déclama, sans se tromper, tout un chant d’un poème antique latin ou grec (M.  […] Sainte-Beuve n’avait jamais parlé de cela à personne, et je pourrais me tromper sur l’écriture bien ancienne des trois mots manuscrits qui me feraient croire que cette brochure est de son père.

1300. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

) — Je ne veux pas oublier de vous dire que j’ai trouvé terriblement de l’esprit au comte de Saint-Paul. » Pour ajouter à l’intérêt de cette lettre, qu’on veuille bien se rappeler la situation précise : M. de Saint-Paul, fils de Mme de Longueville et probablement aussi de M. de La Rochefoucauld, venant voir Mme de La Fayette, qui passe pour l’objet d’une dernière passion tendre, et qui voudrait le voir détrompé… ou trompé là-dessus. — Le terriblement d’esprit du jeune prince allait droit, je pense, au cœur de Mme de Longueville, à qui le post-scriptum au moins, et le reste aussi sans doute, fut bien vite montré. […] Nulle part comme dans la Princesse de Clèves, les contradictions et les duplicités délicates de l’amour n’ont été si naturellement exprimées : « Mme de Clèves avoit d’abord été fâchée que M. de Nemours eût eu lieu de croire que c’étoit lui qui l’avoit empêchée d’aller chez le maréchal de Saint-André ; mais, ensuite, elle sentit quelque espèce de chagrin que sa mère lui en eût entièrement ôté l’opinion… » — « Mme de Clèves s’étoit bien doutée que ce prince s’étoit aperçu de la sensibilité qu’elle avoit eue pour lui ; et ses paroles lui firent voir qu’elle ne s’étoit pas trompée.

1301. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il connut Victor Hugo de bonne heure, à la suite d’un article qui n’était pas sans réserve, si je ne me trompe, sur Han d’Islande ; il découvrit vite, au langage vibrant du jeune lyrique, les dons les plus royaux du rhythme et de la couleur. […] A en juger par les fruits plus savoureux en avançant, il faut croire que la fatigue intérieure et trop réelle se trompe, s’élude, dans la production, par de certains charmes.

1302. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

On s’y est trompé de nos jours ; on a fait des statistiques de commissaire-priseur pour ajouter au style le pittoresque. […] A ces mots l’animal pervers (C’est le serpent que je veux dire, Et non l’homme, on pourrait aisément s’y tromper.)

1303. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Alors, je l’ai vu, le pauvre cher ami, et jamais je n’ai vu la mort jouer le sommeil et un sommeil aussi souriant : un sommeil auquel il ne manquait pour vous tromper, que le soulèvement et l’abaissement de la poitrine sous le drap. […] Ils sont exposés comme épouvantails, non pour ceux qui auraient l’intention de les tromper, mais pour ceux qui seraient tentés de parler trop haut de leur cocuage.

1304. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — Attaques de Gerson ; — et de Christine de Pisan ; — témoignage de Pétrarque ; — « Puisque vous désirez un ouvrage étranger en langue vulgaire, écrit-il à Guy de Gonzague de Mantoue, je ne puis rien vous offrir de mieux que celui-ci [le Roman de la Rose], à moins que toute la France et Paris en tête ne se trompent sur son mérite. » — Nombreuses copies du poème ; — et, dès la première invention de l’imprimerie, nombreuses éditions du livre. […] 2º Le Poète ; — et qu’en saluant en lui le seul ou le « premier » de nos « vieux romanciers » ; Boileau ne s’est pas trompé. —  L’écolier parisien du xve  siècle ; — ses aventures ; — et comment elles ont failli le conduire au gibet ; — il était peut-être à la veille d’être pendu quand il a composé sa Ballade des pendus et ses deux Testaments ; — quoique d’ailleurs dans la littérature de son temps le Testament soit une forme consacrée. — S’il a fait partie d’une bande de voleurs, — et qu’en tout cas il était « ès prisons » de La Charité-sur-Loire lors de l’avènement de Louis XI. — Il en sortit à cette occasion, et, de ce moment, on perd sa trace. — Mais on en sait assez pour affirmer que la grande supériorité de son œuvre tient à ce qu’il a « vécu » sa poésie.

1305. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Il a le droit d’être toujours jeune, car il ne nous a pas trompés, lui, il ne nous a pas menti comme quelques idoles ingrates que nous avons portées dans nos panthéons. […] Son étude de Femme nue est une chose commune et qui a trompé son talent.

1306. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XVIII. »

Choisissons de préférence les regrets qu’il adresse à son Église d’Anastasie, non dans le mécompte d’une grandeur déchue, mais dans la longue douleur d’une affection trompée : « Je te désire206, disait-il, peuple bien-aimé ! […] Cette confiance de l’Église ne sera pas trompée par Synésius.

1307. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De la dernière séance de l’Académie des sciences morales et politiques, et du discours de M. Mignet. » pp. 291-307

Vous vous trompez : il y a dans presque toutes les choses de ce monde le spectacle qu’on affiche et le derrière du rideau.

1308. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

On se traite de part et d’autre d’abord avec toutes les douceurs, toutes les affabilités du sourire, pour mieux se tromper : on se caresse et on ment.

1309. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Je sais qu’on doit être fort circonspect quand on signale les hardiesses de jeunesse dans le style de Bossuet, car il est de ceux qui ont été hardis longtemps et toujours ; je ne crois pourtant pas me tromper en surprenant la surabondance de l’âge en certains endroits.

1310. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Les sorciers y font leur sabbat ; Les démons follets s’y retirent, · Qui d’un malicieux ébat Trompent nos sens et nous martyrent ; Là se nichent en mille trous Les couleuvres et les bibous.

1311. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Voltaire, cet homme de goût, s’est trompé du tout au tout sur Saint-Lambert : Buffon a mis le doigt, — que dis-je ?

1312. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Averti qu’il se trompait et qu’il n’était pas avoué, il s’arrêtait devant l’obstacle, il s’inclinait devant l’arrêt rendu ; il souffrait, il se taisait, il priait.

1313. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Sayous, Rousseau trace de sa plume éloquente un tableau de la venue du Christ où la figure du Christ est peinte avec amour : pour ce portrait du juste persécuté, c’est Rousseau lui-même qui a posé devant le peintre ; on ne peut s’y tromper. » Mille pardons : Rousseau a pu être troublé dans sa raison et se montrer maniaque assez d’autres fois, mais il ne l’a pas été ce jour-là, et j’ai beau prendre tous mes verres de lunettes, il m’est impossible de voir dans la belle page de Rousseau autre chose que le plus sincère hommage rendu à ce qu’il a appelé ailleurs « la sainteté de l’Évangile ».

1314. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Il écrivait à l’abbé Fleury dès 1695 : « Son naturel le porte ardemment à tout le détail le plus vétilleux sur les arts et l’agriculture même. » Quinze et dix-sept ans plus tard (1712), il pensait et disait encore la même chose, et cette fois au sujet de la religion : « Il a besoin d’acquérir, si je ne me trompe, une certaine application suivie et constante, pour embrasser, toute une matière, pour en accorder toutes les parties, pour approfondir chaque point principal ; autrement cette lumière, qui est grande, ne ferait que flotter au gré du vent.

1315. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Je me souviens qu’un jour, à une de ces mascarades publiques, ayant appris que tout le monde se faisait faire des habits neufs, et les plus beaux du monde, désespérant de pouvoir surpasser les autres femmes, je m’avisai de mettre un corps couvert de gros de Tours blanc (j’avais alors la taille très-fine), une jupe de même sur un très-petit panier ; je fis accommoder mes cheveux de derrière la tète, qui étaient fort longs, très-épais et fort beaux ; je les fis nouer avec un ruban blanc en queue de renard ; je mis sur mes cheveux une seule rose avec son bouton et ses feuilles, qui imitait le naturel à pouvoir s’y tromper, une autre je l’attachai à mont corset ; je mis au cou une fraise de gaze fort blanche, des manchettes et un tablier de la même gaze, et je m’en allai au bal.

1316. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Si je me suis trompé, il y a eu tout au plus de l’illusion, une erreur d’optique.

1317. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

« On ferait bien, concluait-il, de relire le livre une fois tous les ans, pour s’en renouveler l’impression dans toute sa fraîcheur. » Qu’il y ait eu un peu d’excès dans cette admiration pour une œuvre composée de tant de parties et d’éléments dès longtemps trouvés, que le puissant lecteur, tout plein d’harmonieux souvenirs, ait prêté un peu à cette production du déclin comme à un dernier né qu’on gâte et qu’on favorise, je l’accorderai aisément ; Goethe abondait dans son sens en exaltant si fort le perpétuel âge d’or de la Grèce : mais ce qui ne le trompait pas, c’était le sentiment régnant, respirant dans ce dernier ; tableau, et par lui reconnu et salué, de tout un monde idéal, serein, fortuné, à ciel fixe, à horizon bleu, — l’horizon de la mer de Sicile ou des mers de l’Archipel12.

1318. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Il eût fallu du moins, pour prévenir et tromper le malaise, une bonne et solide réalité.

1319. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

J’ai suivi Dutens, qui dit tenir le récit de M. de Choiseul lui-même, dans une conversation à Chanteloup, et qui, étant diplomate, paraît avoir dû être moins sujet à se tromper.

1320. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Viollet-Le-Duc dans sa première éducation se tromperaient fort.

1321. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

G. de Lavigne, qu’il me permette de le lui dire, s’est trompé dans le plaidoyer qu’il a joint à sa traduction estimable ; il a trop présumé de l’effort de sa docte critique après deux siècles et demi de possession.

1322. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Une réaction tardive s’opérait en haut lieu : avec l’effet naturel du temps, il n’est pas défendu d’y deviner (me trompé-je ?)

1323. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Molé ; si je ne me trompe, il en reste encore d’inédites, et non pas des moins curieuses.

1324. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

Moheau, à qui Lavoisier s’en réfère dans son rapport de 1791, n’en sait pas davantage (Recherches sur la population de la France, 1778, 105) ; Lavoisier dit 83 000 individus, et le marquis de Bouillé (Mémoires, 50) 80 000 familles, tous deux sans aucune preuve  J’ai relevé, dans le Catalogue nominatif des gentilshommes en 1789, par Laroque et Barthélemy, le nombre des nobles qui ont voté, directement ou par procuration, aux élections de 1789, en Provence, Languedoc, Lyonnais, Forez, Beaujolais, Touraine, Normandie, Ile-de-France ; ce nombre est de 9 167  D’après le recensement de 1790 donné par Arthur Young dans ses Voyages en France, le nombre des habitants de ces provinces est de 7 757 000, ce qui, par proportion, donne un peu plus de 30 000 nobles votants parmi les 26 millions d’habitants de la France  En étudiant la loi, et en dépouillant les listes, on voit que chacun de ces nobles représente un peu moins d’une famille, puisque le fils d’un propriétaire de fief vote s’il a vingt-cinq ans ; je ne crois donc pas qu’on se trompe beaucoup en évaluant à 26 000 ou 28 000 le nombre des familles nobles, ce qui, à raison de 5 personnes par famille, donne 130 000 ou 140 000 nobles  La France en 1789 ayant 27 000 lieues carrées et 26 millions d’habitants, on peut compter une famille noble par lieue carrée et par 1 000 habitants.

1325. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Trompés par le langage et par l’habitude, nous admettons qu’il y a là une chose réelle, et, réfléchissant à faux, nous agrandissons à chaque pas notre erreur. — En premier lieu, l’être en question étant un pur néant, nous ne pouvons rien y trouver que le vide ; c’est pourquoi, par une illusion dont nous avons déjà vu des exemples163, nous en faisons une pure essence, inétendue, incorporelle, bref spirituelle164

1326. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Nous ne laisserons donc ni source d’intérêt ni occasion d’erreurs, et nos personnages ne pourront ni amuser ni tromper. — Cette suppression des caractères supprimera l’action, car l’action est le mouvement et la vie, et nos acteurs sont immobiles et morts.

1327. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

Grâce, finesse et bonté, indulgence sans illusions, philosophie douce qui rappelle, avec quelque chose de plus sain et de plus tendre, celle de quelques femmes du siècle dernier, une sagacité qu’on ne trompe pas, mais qui pardonne parce qu’elle comprend, une intelligence très pénétrante et passablement désenchantée, mais consolée par un très bon cœur…, ai-je dit tout ce qu’on trouve dans les Maximes de la comtesse Diane ?

1328. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Weiss, qu’on ne s’y trompe pas, est un fougueux idéaliste.

1329. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

J’ai sous les yeux le tableau des membres de la Compagnie à diverses époques — et je ne crois pas me tromper.

1330. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Ce sont des pestes d’animaux où l’on est plus trompé qu’à tout le reste de l’équipage.

1331. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Il s’était trompé de vocation ; son honneur en a porté la peine.

1332. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Si la conjecture pouvait s’exercer au-delà, je croirais volontiers qu’elle est venue trop tôt, et qu’elle s’est trompée de protecteurs en s’adressant aux amis et aux adhérents de Port-Royal.

1333. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Enfin, que ce soit Horace ou tout autre, quel que soit l’auteur qu’on préfère et qui nous rende nos propres pensées en toute richesse et maturité, on va demander alors à quelqu’un de ces bons et antiques esprits un entretien de tous les instants, une amitié qui ne trompe pas, qui ne saurait nous manquer, et cette impression habituelle de sérénité et d’aménité qui nous réconcilie, nous en avons souvent besoin, avec les hommes et avec nous-même.

1334. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Il n’en demande pas davantage, il ne se plaint pas d’avoir été trompé par son vendeur.

1335. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Cette jeune fille royale, qui croit naturellement au droit de sa race, veut exprimer par là que la fidélité à ses rois dans le malheur est un devoir et une vertu ; mais, même quand il n’en serait pas tout à fait comme elle le pense, son expression droite et naïve ne l’a point trompée ; elle dit vrai encore : car ce qui n’était plus un devoir de fidélité peut-être, en était un pour le moins d’humanité, et quiconque a passé le seuil du Temple en ces trois années et y a paru compatissant à de telles infortunes, mérite l’estime, de même que quiconque y a passé sans être touché au cœur ni serviable, a une mauvaise marque.

1336. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Le snob est sincère, et s’il s’inquiète de fournir aux autres hommes des prétextes de le juger favorablement, c’est afin que leur illusion vienne au secours de la sienne : c’est lui qu’il supplie qu’on trompe.

1337. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Elles expriment certains sentiments d’amertume, de tristesse, d’exubérance, de grandeur, sur lesquelles il est impossible de se tromper.

1338. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Et si l’on considère l’étendue et la pénétration de leur enquête, la façon neuve dont ils parlent de l’homme et à l’homme, leur art sincère et haut, la sérieuse ferveur de l’évangile de pitié qu’ils proposent, le plus déterminé partisan de l’art pour l’art peut se sentir hésiter et réfléchir, jusqu’à ce qu’il recomprenne que le problème de la société, de la vie de l’homme ne peut être résolu par le cri de passion des détracteurs d’intelligence, que l’évangile que prêchent les romanciers slaves a précédé de dix-huit cents ans les maux qu’ils dénomment, que l’enseignement fut la marque même de sa fausseté dans son emportement, que la vérité est paisible, persuade en paraissant et n’a nul besoin d’apôtres, que l’erreur seule parle violemment, que les œuvres d’art ne doivent pas tenter de tromper, qu’il leur suffit de contenir les préceptes latents et obéis, ceux-là du monde dont elles sont la lumineuse image.

1339. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Le boudoir où des Esseintes recevait ses belles impures, le cabinet de travail où il consume ses heures à révoquer le passé, ou à feuilleter de ses doigts pâles, des livres précieux et vagues, cette bizarre et expéditive salle à manger, dans laquelle il trompe ses désirs de voyage, la désolation d’un ciel nocturne d’hiver, le moite accablement d’un après-midi d’été, les floraisons monstrueuses dont se hérissent un instant les tapis, les évocations visuelles et auditives de certains parfums aériens et liquides, et par dessus tout ces phosphoriques pages consacrées aux peintures orfévrées de Moreau, à certains ténébreux dessins de Redon, à certaines lectures prestigieuses et suggestives ; ici le style de M. 

1340. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

On arriverait ainsi à comprendre ce que c’est que l’esprit du savant, de quel point de vue il considère les choses, comment il associe les idées, comment il passe du connu à l’inconnu, comment il se trompe, comment il se corrige, comment il invente, et on pourrait tirer de là de grandes conséquences pour l’éducation même de l’esprit humain ; mais laissons là ces vues ambitieuses, et bornons-nous, quant à présent, à bien faire connaître le livre que nous avons sous les yeux, et qui vient enrichir d’une œuvre nouvelle cette histoire de la logique faite par les savants dont nous avons esquissé quelques traits.

1341. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Ne t’y trompe pas, cette figure-là me fera plutôt faire un péché le matin que toutes tes impures.

1342. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les peuples, par une sorte d’instinct qui ne les trompe jamais, sentaient que le retour de leurs anciens rois était pour eux-mêmes le retour de leurs anciennes prérogatives et de leurs espérances nouvelles ; mais ils étaient trop impatients d’en jouir.

1343. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

On s’est fort trompé sur le droit divin.

1344. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

C’était acte de félin contre un sincère… Balzac dit que l’envie est un vice qui ne rapporte rien, et il s’est trompé, tout Balzac qu’il est !

1345. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Je me trompe.

1346. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Elle arrive vite à tomber et à tromper faute de lecture. […] Et Brunetière, dans son excellent chapitre sur cette querelle, expose que Perrault et Boileau se trompaient également, que celui-là seul est capable de juger une œuvre du passé qui peut la replacer dans son milieu et la revivre historiquement. […] Mais quand elle s’imagine que, sachant prévoir le passé, elle pourra, pour les mêmes raisons et par application des mêmes méthodes, prévoir l’avenir des œuvres présentes, elle aura toutes chances de se tromper. […] Ils sont de bonne foi, ils se trompent eux-mêmes, mais ils ne trompent pas tout le monde. […] Il s’est trompé, comme l’apprenti sorcier.

1347. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Durant quelques minutes, sur le quai, claquèrent éperdument les sabots des pécheurs, rapidement prévenus, et un rauque mugissement tonna du côté du Coréjou, l’appel funèbre de la trompe appelant l’équipage du canot de sauvetage et la population. […] Mme de Burne ne trompe pourtant pas son monde ; voici à cet égard, une petite profession de foi : Nous regardons tout à travers le sentiment. […] Commence le drame, drame terrible dont je laisse les détails à découvrir au lecteur ; qu’il me suffise de dire que s’étant fait lui-même justicier, Cantabeille, qui se voit trompé, déshonoré par la dompteuse et son amant, les étrangle à demi tous les deux et les jette dans la cage de leurs fauves. […] Je ne sais pas le nom de cette bête magnanime ; je sais seulement que pas un homme ne résisterait à trois espérances trompées par jour, durant plus de sept cents jours. […] Je continue : le mari, un artiste, un peintre, vient d’apprendre la déchéance de sa femme ; il faut absolument que lui ou l’ami qui l’a trompé meure.

1348. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Il y a là-dedans des mots féminins dignes de Gavarni et des réflexions dans le genre de celle que fait M. de Valtanant qui, voyant le trompé Pochon enchanté de divorcer avec sa femme, dit pour conclure : « Il a tort de se réjouir tant que ça ! […] Il nous le montre en proie aux désirs, aux passions de la jeunesse, et finalement le marie à une femme qui le trompe. […] Là, nous nous dirons que nous nous aimons, et nous nous aimerons… Nous passerons un siècle entier sans que notre attente en soit jamais trompée !  […] Portés sur les ailes des Valkyries, les brouillards du Nord envahissent notre ciel, amenant les dieux scandinaves qui combattent les dieux de l’Olympe, pendant que des régions brûlantes accourent les divinités de l’Inde, aux bras multiples, aux trompes d’éléphants. […] À la barrière de l’Étoile, nous commençâmes à trouver des barricades, mais on y avait pratiqué déjà des ouvertures qui permettaient le passage d’une voiture, ouvertures toutes gardées par des postes de gens, pardon, je me trompe, de citoyens armés qui jouaient au soldat, à la police, arrêtaient, questionnaient comme de vrais enfants.

1349. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Il avait également peur de tromper et d’être dupe, et il ne craignait pas de proposer des hypothèses contradictoires sur des questions où il croyait la certitude impossible. […] Elle s’était trompée en prenant pour un principe de l’art la liberté, qui n’en est qu’une condition. […] L’Europe interviendra, mais pas assez vite pour qu’il n’y ait avant un désastre immense. » Il ne se trompait que sur un point, l’intervention de l’Europe. […] Madame Michelet se trompe quand elle dit que les pensées et le style du Journal datent de 1820. […] Leur perfection nous permet d’apprécier les dons extraordinaires d’assimilation d’un écrivain auquel plus d’un critique a refusé la facilité, trompé par sa puissance.

1350. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

On a trompé le citoyen Cantwell, et le sequestre n’a point été mis sur mes biens. […] Puisque je me suis trompé, je n’ai plus aucun motif de continuer, je n’en ai plus que de me taire ; et je vous serai obligé si vous vouliez en prévenir M. […] Tous deux s’accordaient à reconnaître que, dans un système de roman, il y a lieu d’inventer des faits pour développer des mœurs historiques : « Or, c’est là, répliquait Manzoni, c’est là une ressource très-heureuse de cette poésie qui, comme je vous le disais, ne veut pas mourir ; la narration historique lui est interdite, puisque l’exposé des faits a, pour la curiosité très-raisonnable des hommes, un charme qui dégoûte des inventions poétiques qu’on veut y mêler, et qui les fait même paraître puériles ; mais rassembler les traits caractéristiques d’une époque de la société et les développer dans une action, profiter de l’histoire sans se mettre en concurrence avec elle, sans prétendre faire ce qu’elle fait mieux, voilà ce qui me paraît encore réservé à la poésie, et ce qu’à son tour elle seule peut faire. » Nous ne croyons pas trop nous tromper en résumant de la sorte l’opinion du poëte. […] Fauriel passer et tromper les saisons du déclin. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que cette phrase sur M. de Chateaubriand, jetée dans une lettre familière et presque intime, jetée là à la fin et comme une pensée à laquelle on revient, témoigne, même sous sa réserve. un intérêt réel et senti, une préoccupation tout aimable. — Puis, quand le Génie du Christianisme parut, Mme de Staël fut à la fois surprise en un double sens, en bien et en mal ; elle y trouva plus de vigueur encore et de hautes qualités qu’elle n’avait attendu, au moins dans l’épisode de René, qu’elle admirait extrêmement ; et d’autre part, elle était fort choquée de certaines considérations qui lui paraissaient un défi porté à l’esprit du temps : « M. de Chateaubriand, disait-elle, a un chapitre intitulé Examen de la virginité sous ses rapports poétiques ; n’est-ce pas trop compter, même dans ces temps malheureux, sur le sérieux des lecteurs ? 

1351. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Voici Adam et Ève tentés, trompés, puis chassés du paradis terrestre et qui s’en vont honteux et dolents. […] Son écorcheur, qui, le couteau entre les dents, glisse complaisamment sa main entre la peau et la chair du martyr, dans la moiteur du sang chaud, fronce le sourcil : qu’on ne s’y trompe pas : c’est un signe, non d’horreur, mais d’attention, symbole de ce que les réalistes loueront, de ce que les idéalistes blâmeront éternellement chez les naturalistes : l’indifférence et l’impassibilité. […] Marmontel dit en parlant de Gluck : « Il faut avouer que jamais personne n’a fait bruire les trompes, ronfler les cordes et mugir les voix comme lui. » En effet, l’orage qui au début d’Iphigénie en Tauride brise le vaisseau d’Oreste éclate soudain par un coup de timbale. […] Mais que l’on ne s’y trompe point, que l’on renonce enfin à la légende, car « Moscou a brûlé comme aurait pu brûler n’importe quelle ville construite en bois, abstraction faite du mauvais état des pompes, qu’elles y fussent restées ou non, comme n’importe quel village, fabrique ou maison, qui auraient été abandonnés par leurs propriétaires et envahis par les premiers venus192 ».

1352. (1922) Gustave Flaubert

Delamarre était un médecin de campagne, ancien élève du docteur Flaubert, qui, trompé par sa femme neurasthénique, avait fini par se tuer. […] Il ne se trompait pas et il ne trompait pas celle à qui il parlait quand il disait : « Madame Bovary, c’est moi. » Le roman correspond chez lui à une période de repliement sur soi, de critique et de clairvoyance. […] Les femmes ne s’y trompent pas, elles reconnaissent en elle leur misère et leur beauté intérieures, comme un homme d’imagination noble se reconnaît dans Don Quichotte. […] Il dut s’apercevoir qu’il s’était trompé. […] des femmes qui trompent leur mari, qui font des dettes, qui ont des rendez-vous dans des jardins, et qui vont dans les ombrages.

1353. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Le roman d’aventures exclut l’amour comme la tragédie classique excluait le personnage d’un mari trompé. […] Tête droite et obstinée, il s’est attaché à la lettre de la religion, et la lettre l’a trompé. […] Mais ils nous trompent abondamment sur la nature, et s’ils nous aident à l’utiliser pour notre action, ils nous empêchent de l’éprouver dans son être. […] Dès lors nos livres tromperont nos successeurs sur l’humanité bien plus encore qu’ils ne nous trompent sur la nature ; ceux-ci ne pourront les corriger par leur expérience, parce qu’ils ne seront pas des hommes ; et ils ne pourront en tirer le schème pratique d’une action sur nous, puisque nous ne serons plus. […] Beaunier expliquerait à ce forcené — comme le fait à son fils la mère même de François — qu’il n’y a pas de vilaines femmes qui trompent leurs maris, mais des femmes que leur destinée a fait tomber sur des maris nés pour être trompés.

1354. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Je terminerai ici avec Théocrite : cette gloire qu’il proclamait la seule durable ne l’a point trompé ; c’est, après tant de siècles, un honneur en même temps qu’un charme de l’aborder de près et de venir s’occuper de lui. […] Voltaire, avec sa promptitude de goût, ne s’y est pas trompé, et il dit dans une lettre : « Ce Théocrite, à mon sens, était supérieur à Virgile en fait d’églogue. » 2.

1355. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Il faut dire que s’il a rencontré juste quelquefois, il s’est trompé souvent. […] vous a trompé.

1356. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Je sortis immédiatement derrière elle ; je n’eus cependant pas le courage de lui parler, je me bornai à la saluer ; elle me répondit par un léger signe de tête. » IX À une seconde réunion dans la même maison, les deux cousins de Gretchen prièrent Goethe d’écrire des vers amoureux au nom d’une jeune fille à un jeune homme qu’ils voulaient tromper par cette feinte déclaration d’amour. […] Mais nous nous trompons, ce personnage même ne lui manquait plus, car un poète anglais, Marlowe, l’avait déjà inventé dans un premier drame de Faust sous le nom de Méphistophélis.

1357. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

C’était une idée fausse, quoique paternelle ; heureusement la Providence la trompa : le jeune homme étudiait le grec, le latin, le grimoire de jurisprudence par obéissance ; mais la veste de velours du paysan provençal et ses guêtres de cuir tanné lui paraissaient aussi nobles que la toge râpée du trafiquant de paroles, et, de plus, le souvenir mordant de sa jeune mère, qui l’adorait et qui pleurait son absence, le rappelait sans cesse à ses oliviers de Maillane. […] Un été j’étais à Hyères, cette langue de terre de ta Provence que la mer et le soleil caressent de leurs flots et de leurs rayons, comme un cap avancé de Chio ou de Rhodes ; là les palmiers et les aloès d’Idumée se trompent de ciel et de terre : ils se croient, pour fleurir, dans leur oasis natale.

1358. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre » pp. 393-472

Pour cela je commence par dresser un Mémoire écrit avec cette espèce de coquetterie qui est nécessaire toutes les fois qu’on aborde l’autorité, surtout l’autorité nouvelle et ombrageuse, sans bassesse cependant, et même, si je ne me trompe, avec quelque dignité. […] Le souverain légitime intéressé dans l’affaire (le roi de Sardaigne) peut se tromper sur ce point ; mais l’usurpateur est infaillible.

1359. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Au fond, je ne cherche qu’à me tromper ; je ne vis point où je suis ; j’habite au-delà des Alpes auprès de vous. […] Allons en Italie, du moins le soleil ne trompe pas ; il réchauffera mes vieilles années qui se gèlent autour de moi.

1360. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (3e partie) » pp. 193-271

D’abord, je ne crois pas m’être trompé en mettant Aristote dans la compagnie de Descartes, de Newton et de Laplace. […] Mais ce serait se tromper que de croire que la science morale ne s’étend pas encore au-delà.

1361. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

Cela arriva le 17 juin 1806, si je ne me trompe. […] Ils nous firent part de leurs inquiétudes, et ce que je vais ajouter prouvera qu’ils ne s’étaient pas trompés.

1362. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Je ne sais si je me trompais à cet égard ; mais du moins j’ai pu m’assurer depuis que les jeunes pewees élevés dans la grotte étaient revenus, le printemps suivant, s’établir un peu plus haut, sur la crique et les dépendances de ma plantation. […] me demanda-t-il, car vous ne vous trompez pas. — Simplement, lui répondis-je, parce que j’ai entendu le chant du pewee, et que cela m’annonce que, non loin, il doit y avoir une caverne ou quelque crique aux roches profondes. » Nous avançâmes ; les pewees s’élevèrent en troupe de dessous le pont ; je le lui montrai du doigt, et de cette manière gagnai mon pari.

1363. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Ils ont peur de se tromper ; ils attendent que quelqu’un commence. […] Vous avouerai-je pourtant que depuis le mois d’août 1914, il me paraît excusable de n’être plus aussi certain que nous l’étions à vingt ans qu’il existe de belles erreurs, de nobles et généreuses erreurs, et qu’on peut se tromper avec magnificence.

1364. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Tout était dit quand on s’était demandé s’il pense toujours, si les sens le trompent, si les corps existent, si les bêtes ont une âme. […] Rabelais dit en avoir été témoin ; il n’était ni trompé ni trompeur.

1365. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Schneider a une telle confiance dans la sûreté du mécanisme naturel, au moins pour la généralité des cas, qu’il en viendrait volontiers à croire, avec Rousseau et Fourier, que la nature ne se trompe pas quand on l’abandonne à elle-même. […] Je puis me faire illusion sur les causes de mes joies ou de mes peines, mais je ne puis pas me tromper sur ce fait même que je jouis ou que je souffre.

1366. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Il trouve qu’on s’est trompé sur ces peuples… que leur douceur pour les animaux n’est pas venue de la métempsycose ; bien au contraire, c’est elle, la métempsycose, qui vient de cette douceur : « Ce n’est pas leur foi, dit-il, qui a fait leur cœur, c’est leur cœur qui a fait leur foi ! » Michelet nous avoue qu’il travaille beaucoup sur les épreuves, parce que l’écriture trompe, parce que dans un moment de passion, il y a des morceaux de calligraphie, écrits d’une écriture émue, auxquels on tient… On voit seulement sur l’épreuve, que cela ne se rapporte ni à ce qui est avant, ni à ce qui est après

1367. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Le poète est sincère dans les Châtiments : il est là tout entier avec sa vanité blessée, son ambition trompée, sa colère jalouse et son envie rageuse. […] « L’Edinburgh Review, écrit-il, s’est complètement trompé en faisant de Lamartine le poète du parti ultra… le véritable poète du parti, c’est M. 

1368. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

L’intelligence peut se tromper, le sentiment peut s’égarer ; la conscience ne peut fléchir ; c’est l’instinct absolu et incorruptible du juste et de l’injuste, du bien ou du mal, du crime ou de la vertu, instinct supérieur à nos passions mêmes et à nos fautes, et qui nous juge même en flagrant délit de nos faiblesses ou de nos iniquités. […] » Les hommes veulent être trompés, enchaînés, immolés ; ils divinisent leurs meurtriers, ils bafouent ou ils tuent leurs libérateurs.

1369. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Il se trompait bien : les opinions et les événements ne prescrivent pas contre les devoirs du cœur. […] Mes amis se récrièrent alors sur la sévérité de ce jugement précoce, qu’ils ont ratifié depuis ; ils m’ont rappelé bien souvent plus tard cette précocité de bon sens qui se laissait séduire, mais qui ne se laissait pas tromper par ce grand génie de décadence.

1370. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Ceux qui crurent s’offrir des voluptés inédites sous couvert de littérature ont été trompés. […] Aussi le titre de son nouveau volume : la Possession, ne doit-il un instant tromper le lecteur.

1371. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

Trompé par le charme de son pinceau, et par son succès dans de petits sujets tranquilles, où l’imagination est secourue par cent modèles supérieurs j’avois dit de lui, (…), je me rétracte. […] Maître La Grenée, vous n’avez donc pas la moindre idée de la coquetterie, des artifices d’une femme perfide qui cherche à tromper, à séduire, à retenir, à réchaufer un amant ; vous n’avez donc jamais vu couler ces larmes de crocodile… eh si bien moi !

1372. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Or, comme Audin est un catholique dont la foi, le talent, l’érudition, les services et l’autorité ne sont mis en doute par personne, il est bon de dire comme il s’est trompé. […] Cependant on se serait trompé.

1373. (1903) La renaissance classique pp. -

C’est pourquoi la critique, même très intelligente, même très au courant, se trompe si souvent sur la signification d’une œuvre littéraire. […] Le fond étant stérile et insignifiant, il a fallu y introduire de force des développements d’emprunt et tromper le lecteur, à force de l’éblouir, sur l’inanité de la matière.

1374. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Je me trompe pourtant d’appeler cela un règne, ce fut une anarchie continuelle : d’autant qu’il vint à la couronne à treize ans ; il fut sous des régents plusieurs années, et puis, étant venu en âge, tomba sous la captivité de ses favoris, et à vingt-six ans en cette longue maladie qui mit presque cette monarchie au tombeau… Si bien que toute sa vie n’a été qu’une folie ou de cerveau ou de jeunesse, et, ni sain ni malade, il n’a jamais eu une once de bon conseil et de forte résolution, mais a toujours été hors de lui-même, ayant été en tout temps possédé par ceux qui l’obsédaient, et ferme seulement en un point, qui était de se changer à l’appétit de tous ceux qui se saisissaient de lui.

1375. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Je me trompe : on avait essayé d’en donner de son vivant une ébauche d’édition faite sur des notes et par des copistes (la sténographie n’existait pas alors) ; c’était sur cette édition incomplète, non authentique, que les critiques étaient réduits à le juger.

1376. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Cette sorte de preuve, n’en déplaise au savant investigateur, est bien périlleuse, bien décevante, prête bien à l’illusion, et peut tromper même des gens de goût. — Froissart, en poésie, n’a pas de style, il n’a qu’un genre qui est celui de son temps, le genre en vogue à cette date ; et ce genre, qui nous dit que d’autres à côté de lui ne le cultivaient pas avec autant de facilité ?

1377. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Ils se trompent : de si grands biens ne s’acquièrent ni ne se conservent à si bon marché.

1378. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

On aime à savoir où ce grand écrivain et ce grand esprit s’est trompé et a décidé trop à la légère avant de bien savoir ; où il a été épigrammatique et injuste envers des prédécesseurs illustres et considérables ; où il a donné dans l’hypothèse pure et hasardée ; où il a deviné juste par étendue d’esprit et par aperçu de génie ; on aime à saisir avec précision sa marche progressive, à mesurer sa prise de possession graduelle de son sujet, à noter l’endroit certain où il devient complètement naturaliste, de physicien qu’il était en commençant.

1379. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Ce lieu commun éloquent se retrouve à la fois dans le troisième sermon Sur la Toussaint dont j’ai parlé, dans le Sermon sur l’amour des plaisirs, et dans celui Sur l’ambition avec quelque variante : Ô homme, ne te trompe pas, l’avenir a des événements trop bizarres, et les pertes et les ruines entrent par trop d’endroits dans la fortune des hommes, pour pouvoir être arrêtées de toutes parts.

1380. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Les lettres qu’il écrit durant le temps de ce séjour à Paris à son ami le chanoine Favart nous peignent à ravir et au naturel sa situation d’esprit : « Vous connaîtrez, si je ne me trompe, au style de cette lettre, dit-il dès les premiers jours, que je suis un peu sombre ; il est vrai que je le suis : que sert de dissimuler ?

1381. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Il est et sera inébranlable sur certains principes d’égalité et de bon sens équitable, qui sont et resteront vrais à travers toutes les fluctuations successives, principes conquis une fois pour toutes et sur lesquels repose désormais l’ordre moderne ; il ne se trompe pas en appréciant ces premiers et grands actes du tiers état auxquels il eut l’honneur de participer, de présider : « Voilà ce qu’elles ont fait seules, dit-il des Communes par opposition aux deux autres ordres privilégiés et résistants ; voilà ce qui fut la base de la Constitution française.

1382. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Souvent c’est par elle seule que l’œil est averti de leur hauteur respectable ; car, trompé dans l’estimation des élévations et des distances, il confondrait ces monts avec tout ce qui, par sa forme et sa situation, copie la grandeur, si cette espèce de lueur céleste n’annonçait que leur cime habite la région de la sérénité.

1383. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Plusieurs s’y sont trompés : Gabriel Naudé, plus docte en latin qu’en français, paraît décerner à Charron une préférence qui supposerait en lui ce dont il manque le plus, c’est-à-dire l’originalité.

1384. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

Fallait-il pas qu’elle jouât d’étranges personnages pour tromper les uns et les autres, et cependant garder comme elle a fait ses enfants, qui ont successivement régné par la sage conduite d’une femme si avisée ?

1385. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Je me trouve fort bien de ce marché ; à cette condition, je les défie de me tromper.

1386. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Veuille le ciel que je me trompe, et que vous me fassiez gronder !

1387. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Persuadé de la durée de la monarchie qu’il avait sous les yeux, le duc de Luynes croyait laisser à ses petits-fils un trésor de précédents : il s’est trompé, et nous en jugeons aujourd’hui à notre aise.

1388. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Mais, quoi qu’on pense du fond des idées, on ne se trompera point en observant que cette pointe finale vers le Ciel était, après l’éloge du roi, un second paratonnerre.

1389. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Les éditeurs trouvant ce petit papier s’y sont trompés : grand honneur pour moi !

1390. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Lacaussade donne à une amie des explications touchantes sur ce qu’elle avait pu penser un moment qu’il rejetait avec colère son ancien culte et les rêves de sa jeunesse : Mon idéal trompé fait ma misanthropie !

1391. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

On se trompe sur les généalogies littéraires, si on les prend de trop près et comme à bout portant, dans le sens apparent et superficiel.

1392. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

C’est fâcheux, car ce serait le meilleur exemple à nous offrir de ces sortes de compositions dramatiques, si tant est que les érudits en telle matière ne se trompent pas en nous le déclarant le plus parfait en son genre.

1393. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Mais l’on comprend très-bien, après cette merveilleuse campagne et cette sorte de pêche miraculeuse à laquelle on vient d’assister, et qui faisait de Foucault l’intendant modèle, celui qui était proposé à l’émulation de tous les autres, que Louis XIV, trop bien servi et trompé dans le sens même de ses désirs, ait cru pouvoir changer de système ; qu’il ait renoncé à l’emploi et au maintien des Édits gradués, précédemment rendus dans la supposition que les conversions traîneraient en longueur, et que, persuadé qu’il n’y avait plus à donner, comme on dit vulgairement, que le coup de pouce (tant pis pour le grand roi, s’il n’est pas content de l’expression, mais je n’en sais pas de plus juste), il se soit déterminé à révoquer formellement l’Édit de Nantes.

1394. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Je me trompe fort, ou ici l’avantage ne restera pas aux plus habiles.

1395. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Serai-je donc encore trompé, moi qui le fus jusqu’au moment où je vous ai connu tous deux ?

1396. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

D’ailleurs, vous n’avez pas pu vous tromper de beaucoup.

1397. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

On sait comment les Étoliens, qui s’étaient abandonnés à leur foi, furent trompés ; les Romains prétendirent que la signification de ces mots, s’abandonner à la foi d’un ennemi, emportait la perte de toutes sortes de choses, des personnes, des terres, des villes, des temples et des sépultures même.

1398. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

En ce qui est du texte seul, s’il semblait qu’il eût suffi de le rétablir couramment dans sa pureté sans avoir à en dire ses raisons, on se tromperait fort, et ce ne serait pas le moyen de convaincre que d’en agir de la sorte.

1399. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Ce qu’on appelle instinct et qui semble à d’autres d’une portée infaillible ne trompe pas mon sage ; il y applique son analyse ; il en démêle le principe et le jeu ; il s’en rend compte d’après les lois de l’optique morale.

1400. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. (Suite) »

Mais le tort des Français, trop souvent, a été de se comporter et de parler devant l’étranger comme s’ils n’étaient point patriotes : on se trompe sur eux, mais on le croit.

1401. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Et en particulier sur cet article des termes en usage : « On a retranché, disait-il, si je ne me trompe, plus de mots (du vieux langage) qu’on n’en a introduit… Je voudrais n’en perdre aucun et en acquérir de nouveaux.

1402. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

— À quoi on peut répondre : Les plus avisés se trompent quelquefois ; Talleyrand put avoir ce jour-là un excès de zèle ; les Bourbons étaient bien loin en 1804, et Talleyrand était homme, à ce moment, à parier tout à fait et à risquer son va-tout du côté de l’Empire.

1403. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur.

1404. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Nous nous trompons fort, ou cette manière de traiter son talent, quand on est surtout grand par là, cette facilité de faire bon marché de sa renommée quand elle est si haute et si légitime, est peu propre à prévenir les hommes politiques spéciaux, parmi lesquels il aurait à prendre rang.

1405. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Le monde, si léger et si indifférent qu’il soit, ne se trompe guère à ce qui est très-bien.

1406. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Son élévation, encore une fois, l’a trompé ; sa haute fantaisie a prêté des lueurs à un sujet tout réel ; c’est un bel inconvénient pour M. de Vigny de ne pouvoir, à aucun instant, se séparer de cette poésie dont il fut un des premiers lévites, et dont il est apparu hier aux yeux de tous comme le pontife fidèle, inaltérable.

1407. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Il ne faut pas se tromper sur les signes extérieurs du respect : étouffer de nobles sentiments, tarir la source des pensées, c’est produire l’effet de la crainte ; mais élever les âmes jusqu’à soi, donner à l’esprit toute sa valeur, faire naître cette confiance qu’éprouvent les uns pour les autres tous les caractères généreux, tel est l’art d’inspirer un respect durable.

1408. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

En prenant la moyenne proportionnelle de dix années, l’on sait, à Berne, que tous les ans il se fait tant de divorces ; à Rome, que tous les ans il se commet tant d’assassinats ; et l’on ne se trompe point dans ce calcul.

1409. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

Si j’ai remarqué suffisamment cette structure intérieure, à l’aspect du squelette blanc, comme à l’aspect du corps vivant vêtu de son poil, je prononcerai sans me tromper le mot chat.

1410. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Et il a toujours affirmé que celui-là ne se trompe pas, qui déclare en vivant sa foi à l’idéal.

1411. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

on se tromperait sans doute un peu ; car, si vous lisez M. 

1412. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Cet instinct social, c’est l’ensemble ou la résultante de tous les sentiments, de toutes les idées, de toutes les impressions, de toutes les tendances, des perceptions mêmes et des faits inconscients ou subconscients qui, en nous, représentent les autres, qui introduisent les autres dans l’intimité de notre esprit, qui les font participer à notre vie mentale ; c’est la partie de nous qui ne nous appartient plus mais veut nous conquérir, qui lutte contre nous et qui nous trompe lorsqu’elle ne peut nous vaincre.

1413. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

Je ne sais qui a dit de ces syncopes fugitives de cardiaques qu’elles sont un télégramme du Destin qui se trompe d’adresse.

1414. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mendès n’a jamais voulu revenir sur cette impression puisqu’il écrivait en 1900 de Mallarmé : Je souhaite ardemment de m’être trompé ; oui, du plus profond de mon cœur, je souhaite en effet que le compagnon de ma jeunesse ait mérité d’être l’initiateur, le guide spirituel des générations futures, mais, avec chagrin, je ne le crois pas et j’ai dû me résigner à le dire.

1415. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

S’améliorer, pour la classe laborieuse, ce n’est pas, selon moi, avoir telle ou telle idée politique, incliner vers tel ou tel point de vue social (j’admets à cet égard bien des dissidences), c’est tout simplement comprendre qu’on s’est trompé en comptant sur d’autres voies que celle du travail régulier ; c’est rentrer dans cette voie en désirant tout ce qui peut la raffermir et la féconder.

1416. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Le roi, ajoute l’historien, eut la preuve de cette perfidie par les lettres qu’il trouva dans la cassette de la princesse après sa mort : « La petite coquine, dit-il à Mme de Maintenon, nous trompait.

1417. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Droz remarquait que plus d’un critique s’était trompé en voulant faire la part des deux collaborateurs dans cet ouvrage : quelquefois une idée légèrement comique était venue de lui, et Picard avait fourni un filet de sentiment.

1418. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Cousin, au risque de se tromper, a fait l’application à Mme de Longueville.

1419. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

Elle aimait avant tout ces sphères d’enchantement, ces îles Fortunées, mi-parties d’Uranie et de Calypso, et elle chercha à les retrouver, à les reproduire dans tous les lieux et sous toutes les formes, soit à sa cour de Nérac, soit dans les rochers d’Usson, soit même finalement dans ce beau jardin le long de la Seine où est aujourd’hui la rue des Petits-Augustins, et où elle tâchait de tromper la vieillesse.

1420. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Cette gaieté est la veine essentielle chez Beaumarchais, et qui ne le trompera jamais lorsqu’il s’y abandonnera, tandis que sa sensibilité le poussera quelquefois vers le pathos.

1421. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Mais il n’y a rien de plus compliqué que les faits qui paraissent les plus simples au vulgaire, et pour parler de ces faits d’une manière vraiment sérieuse, il faut commencer par les décomposer : opération très-difficile et pour laquelle la physiologie n’est absolument d’aucun secours, je me trompe cependant en affirmant que l’auteur n’a pas de théorie sur la nature du génie.

1422. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Il pensait que les démocrates et les conservateurs se trompaient également en prêtant à la démocratie organisée et victorieuse, les uns la grandeur, les autres la férocité des crises révolutionnaires.

1423. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Les deux premiers volumes de ces Mémoires, par convenance interrompus, ont, de toutes manières, trompé l’espoir qu’on pouvait avoir d’un beau massacre.

1424. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

— D’autre part, et a priori, il semble improbable que tant d’esprits pénétrants, depuis Aristote jusqu’à Brunetière, se soient trompés d’une manière aussi absolue, aussi irrémédiable, sur la valeur des genres littéraires… Il est certain que nos abstractions, nos groupements de faits, bien que nécessaires au raisonnement scientifique, ont quelque chose de brutal et de factice ; nous prétendons établir, en classifiant, des catégories aux cloisons étanches dans cet océan de la vie où tout se tient, où tout n’est que flux et reflux.

1425. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Il y a cinq ou six ans, un monsieur, trompé par sa place, vint lui offrir un livre nouveau, et lui demander son crédit sur la presse.

1426. (1902) La poésie nouvelle

Ils se trompèrent lorsqu’ils crurent pouvoir établir une nette et définitive démarcation entre ces deux domaines. […] Il y a donc, si je ne me trompe, dans cette manière d’argumenter, quelque chose comme un cercle vicieux.‌ […] Aucune, si je ne me trompe, au point de vue de la prosodie. […] Mais à cela, si je ne me trompe, se borne l’archaïsme de sa versification, et les « nouvelletés » en sont beaucoup plus importantes. […] Mais il est surtout le frère de du Bellay et de Ronsard, et n’est-ce pas, — à s’y tromper !

1427. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Siècle assez libre de tête pour se trouver fou, et cependant le plus facile à tromper qui fut jamais. […] Ne nous y trompons pas : c’est pour qu’on le lui hospitalise. […] Ne nous y trompons pas ! […] Que les amants se trompent eux-mêmes ! […] Ils n’auraient trompé personne.

1428. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Nisard établit sinon une définition, du moins une nature et un devoir de l’esprit français, qui se cherche, se trouve, se réalise, se trompe ; s’égare, se repent, se connaît à travers la littérature. […] Chateaubriand ne se trompait pas. […] L’accent ne trompe pas, et la mesure du bonheur d’un grand homme n’est pas donnée par ce qui de sa destinée comblerait un médiocre. […] Sans se tromper ou être trompée beaucoup sur leur métaphysique, Mme de Staël a, en vraie Genevoise, compris et fait comprendre les philosophes allemands, du point de vue de leur contribution à la doctrine morale et à la vie religieuse ou aux substituts de la vie religieuse. […] » Leconte de Lisle ne s’est jamais plus solidement trompé que ce jour-là.

1429. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Ce père Dotteville était un enfant naturel, si je ne me trompe, d’un grand seigneur danois qui lui avait laissé 29,000 livres de rente. […] Croyez que, dans une délibération pareille, une Convention nationale ne pourrait sembler injuste et trompée qu’aux dépens du salut public ; car il ne vous suffirait pas d’être sages, vous devez encore le paraître. […] Mais cette cause, qui est la mienne propre et dans laquelle je puis me tromper encore plus qu’en toute autre, n’est point du tout, Monsieur le comte, celle que je vous prie de défendre.

1430. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Cependant il manqua à cette même promesse, et, je l’avoue, nous trompa tous les deux ; mais ici, je prie qu’on distingue entre une promesse et un marché, car certainement il tiendra le marché avec celui qui lui aura fait la plus belle offre. […] Partridge se trompe, ou trompe le public, ou veut frauder ses héritiers985. —  Ailleurs, la lugubre plaisanterie devient plus lugubre.

1431. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Je ne sais si je me trompe, et si, n’ayant pas le tableau sous les yeux, je ne prête pas au peintre des idées qu’il n’a pas eues ; mais il me semble que la nature particulière de la femme et sa condition particulière sur la terre pendant la loi du Christianisme sont exprimées là avec un art sublime. […] Quand Gall émit ses idées, on ne s’y trompa pas ; le monde eut un instant d’horreur et d’effroi ; on sentit que la justice humaine telle qu’elle est aujourd’hui, distributive ou pénale, n’avait plus de base. […] Toute cette fermentation de la mort pour engendrer la vie, toute cette agitation inquiète et sombre, hagarde et comme insensée, qui a lieu à ces époques, principalement dans la sphère des idées politiques et dans l’art, peut tromper celui qui n’y regarde pas de près ; il peut prendre les phénomènes qui se passent sous ses yeux pour de la vie, son époque pour une époque semblable aux périodes antérieures.

1432. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Je veux bien admettre que l’acteur d’une période ne peut la décrire complètement, que l’impartialité est difficile pour parler de ses émules, de soi et qu’il se peut que lorsqu’on croit l’atteindre on se trompe. […] » — Vous ne vous trompez pas. « — Tu dois avoir des vers sur toi… » — Pas des vers, des poèmes en prose… seulement… ; — seulement quoi ? […] Ce n’est pas une métrique nouvelle qu’apportait Verlaine ; ceux qui le disent se trompent, c’était autre chose, c’était l’assertion que le poète doit assouplir la langue poétique à son génie propre et dédaigner d’y plier son génie ; c’était de préférer nettement une hérésie au code poétique accessoire de la rime et de la symétrie, à une faute contre l’essence poétique, à une déviation de la phrase chantée ; c’était la trouvaille de procédés pour peindre l’intime de l’âme humaine sans déroger à la majesté du lyrisme, mais en en rendant les plus frêles nuances. […] * *   * Gabriel Vicaire s’est de nouveau adressé à ce qui fut son fond le plus ferme, la légende aimable et jolie ; souvent, lorsqu’il s’agit pour lui de poésie populaire et de chansons populaires, il se trompe ; sa fidélité, à des refrains entendus, est trop complète ; il lui manque sur ce point d’être un symboliste. […] Pour quelques-uns, les plus futés, il parut certain que, Rimbaud étant l’ami de Verlaine, il était difficile que Verlaine, tout en faisant la part de l’affection, se fût tout à fait trompé sur la valeur d’art de Rimbaud.

1433. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Pour aborder les difficultés de la critique expérimentale et arriver à connaître toutes les conditions d’un phénomène physiologique, il faut avoir tâtonné longtemps, avoir été trompé mille et mille fois, avoir, en un mot, vieilli dans la pratique expérimentale. […] On les emploie sans confusion dans le discours, parce que les hommes en ont une intelligence suffisante et une idée assez claire pour ne pas se tromper sur la chose désignée, si obscure que puisse être l’idée de cette chose considérée dans son essence. […] Il faut nous former à notre tour une idée, chercher un caractère, dont la valeur, bien qu’elle ne soit pas absolue, soit capable de nous éclairer dans notre route sans jamais nous tromper. […] Nous connaissons déjà dans les animaux et les végétaux un assez grand nombre de cas de vie latente, mais outre ces exemples caractéristiques, on peut dire sans craindre de se tromper que la vie latente est répandue à profusion dans la nature et qu’elle nous expliquera dans l’avenir un très grand nombre de faits réputés mystérieux aujourd’hui. […] D’ailleurs, il faut bien le dire, cette idée d’opposition entre les deux règnes a dû exister à toutes les époques parce qu’elle résulte de l’apparence des choses, et l’apparence nous a toujours trompé sur la nature réelle des phénomènes.

1434. (1891) Esquisses contemporaines

» — Son théâtre eût été bien ennuyeux, — mais c’est, ou je me trompe fort, un pessimiste inconscient. […] Je me trompe. […] Plusieurs, trompés par l’apparence, ont cru discerner chez notre auteur « cette disposition d’esprit, très intelligente et très voluptueuse, qui nous incline tour à tour vers les formes diverses de la vie et nous conduit à nous prêter à toutes sans nous donner à aucune ». […] Mais elle devient coupable et le torture comme un remords du jour où le cri de détresse de la femme trompée lui dévoile une vie intérieure qu’il ne soupçonnait pas. […] Ce n’est pas le syllogisme qui trompe ; c’est d’user du syllogisme là où il n’est pas compétent qui est erroné.

1435. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

non, je me trompais. […] Le genre humain se trompait. […] On en voit sortir des tombeaux mal gardés où ils trompaient leur famine en rongeant les os des morts. […] Cette lucidité passagère et si étrangement avertissante que toute grande commotion esthétique fait vaciller quelques minutes dans la tête humaine, me montrait, comme en une extase, la profonde vie cachée de ces êtres de désir et de douleur, de ces Ugolins de l’art, affamés d’infini et s’efforçant, au fond d’un enfer, de tromper leur famine enragée sur le crâne de quelque stupide ennemi. […] Voilà, si je ne me trompe, la grande originalité littéraire de Rollinat, ce qui fait de lui un personnage absolument inouï et hermétique pour la plupart de ses contemporains.

1436. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il a le tort de l’annoncer, mais il ne trompe point en l’annonçant. […] Il a « le regard qui plombe les imbéciles », la dissimulation qui trompe le public, le coup d’œil qui saisit l’occasion. […] « Et tout cela pour une femme qui me trompe, qui se moque de moi quand je ne suis pas là, qui m’appelle un vieux chat teint ! […] Dans cette débâcle, il découvre que sa maîtresse le trompe et pour deux rivaux ; elle-même le lui dit en face avec un soudain éclat d’insolence et d’insulte. […] Nous nous étions trompés.

1437. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Qu’importe qu’il se soit trompé sur un nom de peuple ou de ville, ou même qu’il ait altéré le sens d’un passage de Tite Live ? […] Amyot seul a trompé le lecteur. […] Voltaire se trompait, en voulant ravaler le génie de Shakspeare ; et toutes les citations moqueuses qu’il entasse ne prouvent rien contre l’enthousiasme que lui-même avait partagé. […] Shakspeare aima plus tard ; et, dans ses sonnets, qui sont, à tout prendre, les seuls mémoires de sa vie, il se plaint de vieillir en se laissant tromper. […] Telle est la scène terrible où l’ambitieux cardinal de Beaufort est visité, sur son lit de mort, par le roi dont il a trompé la confiance et opprimé les sujets.

1438. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Rosny pourtant n’est pas de ceux qui la souhaitent en toute circonstance, et, quand il voit l’année suivante le duc de Savoie venir en France (1599) et essayer de tromper la générosité de Henri IV, il est le premier à conseiller au roi de reconduire ce duc astucieux avec une escorte de quinze mille hommes et de vingt canons jusqu’à la frontière, sauf à s’en servir aussitôt après.

1439. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

On se trompe rarement par cette méthode.

1440. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

Nous nous trompions dans la pensée qu’il ne jouerait bien que dans son tripot ; il passe infiniment tout ce que nous avons ouï. » Son tripot, c’est-à-dire la maison professe.

1441. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Il y notait cette espèce de réaction (je me trompe, le mot est trop fort), cet éloignement complet pour le genre de Beaumarchais qui avait été, au début, l’instinct naturel et l’originalité de Collin d’Harleville, le moins fait de tous les hommes pour goûter l’intrigue de Figaro.

1442. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Une femme, Mme Du Deffand, précisément parce qu’elle n’était pas du métier et qu’elle n’en croyait que son impression, se trompait moins lorsqu’elle écrivait à Horace Walpole (12 mars 1769) : Je ne vous enverrai point Saint-Lambert ; rien, selon mon goût, n’est plus fastidieux, excepté huit vers que voici : Malheur à qui les Dieux accordent de longs jours !

1443. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

Littérairement, son goût était sain et sûr : Elle est si bon critique, non par théorie, mais par nature, disait Cowper, et elle a un sentiment si net de ce qui est bon ou mauvais dans une composition, que lorsque dans le doute je lui soumets (ce qu’en pareil cas je ne manque jamais de faire) deux sortes d’expression qui semblent avoir également droit à ma préférence, elle se décide, sans que je l’aie jamais vue se tromper, pour la plus droite et la meilleure.

1444. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Celui-ci opposait qu’il n’était point harangueur, qu’il n’avait jamais prononcé d’arrêt en public, et d’autres raisons encore ; puis il ajoutait pour lui : « Sans doute que nos deux premiers ministres (car c’est de la sorte qu’il qualifiait alors M. de Chauvelin conjointement avec le cardinal de Fleury) ne m’ayant encore connu principalement que touchant les démêlés parlementaires dont je raisonne avec application, le temps présent ne nous offrant meilleur champ, ils s’imaginent que c’est là le fort de ma capacité, et se trompent. » D’Argenson n’eut même d’abord la perspective de quelques fonctions diplomatiques et de quelque ambassade (bien avant celle de Portugal où il n’alla jamais) que dans cette vue éloignée de la première présidence du Parlement : « Si l’on vous employait en quelques négociations étrangères, et de peu d’années, lui disait M. de Chauvelin, au sortir de cela vous seriez bien enhardi. » Depuis la clôture de l’Entre-sol, d’Argenson avait toujours l’idée de renouer et de continuer ailleurs avec quelques amis, parlementaires pour la plupart, des conférences sur le droit public, sur les matières politiques : c’était son goût dominant.

1445. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

[NdA] Voici le récit de Mme Campan, qui, par le ton de morale exemplaire qu’elle y met, ne paraîtra peut-être pas exempt de quelque arrangement : En me parlant (un jour) de l’étrange présomption des hommes, et de la réserve que les femmes doivent toujours observer avec eux, la reine ajouta que l’âge ne leur ôtait pas l’idée de plaire quand ils avaient conservé quelques qualités agréables ; qu’elle avait traité le baron de Besenval comme un brave Suisse, aimable, poli, spirituel, que ses cheveux blancs lui avaient fait voir comme un homme sans conséquence, et qu’elle s’était bien trompée.

1446. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Vous ne vous trompez pas : je me crois le plus heureux des hommes ; mais il ne faut pas que je le dise : cela est trop cruel pour les autres.

1447. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Le second jour qu’il le vit, l’entretien tomba sur Tacite, Plutarque et Commynes : Le roi ayant dit que c’est se tromper que de faire de Tacite le maître unique de la prudence civile, l’historien politique par excellence, je m’empressai de remarquer (c’est Casaubon qui parle) qu’il n’y avait pas un an que j’avais porté le même jugement dans ma préface du Polybe ; et le docte monarque me témoigna qu’il était charmé de cette rencontre de sentiments.

1448. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Dalègre, en devenant curieux à l’excès, est devenu par là même avare, jaloux, rusé, hypocrite ; il joue serré avec son ami de Paris, il se cache de lui et le trompe : c’est un rival en faïence.

1449. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Il faudrait, pour me soutenir, de l’extraordinaire dans les situations. » Et continuant sa pensée, il explique à son ami pourquoi, entre autres choses, il ne saurait réussir à ces nuances de sentiment, à cette finesse et à ce délié de la passion où excelle Racine ; il a l’instinct, sans bien s’en rendre compte, d’un genre opposé à celui de Racine et qui procède autrement que par analyse, qui marche et se développe à l’aide de situations visibles, frappantes, extraordinaires : « Il me semble, dit-il ingénument, que je ne manquerais ni de chaleur ni de vérité ; mais il y a, dans cette passion, une certaine délicatesse fine qui m’échappe, peut-être parce qu’il m’a toujours été impossible de tromper une femme, et que toutes ces ruses d’amour ne me sont pas seulement venues dans l’idée.

1450. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Ils ne se trompèrent pas.

1451. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

La similitude des noms m’avait trompé.

1452. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Ces petits amours sont des oiseaux fort farouches ; les grands mots surtout leur font peur. » En général, Michel se fait peu d’illusion sur les femmes ; il sait la vie, il sait ce que valent la plupart du temps ces grandes défenses : « La parole chez les femmes est toujours un mensonge convenu ; on peut facilement la mal traduire et se tromper de ruse. » Mais ici ce n’est pas le cas.

1453. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

Et celai qui croirait que l’artiste a uniquement voulu plaisanter et se permettre une légèreté se tromperait fort : il a voulu, sous forme vulgaire, exprimer le côté humain bien senti et montrer l’honnêteté de la chose.

1454. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

La postérité, elle, de sa vue à distance, ne s’y est pas trompée : elle a été plus juste dans l’appréciation totale et un peu confuse.

1455. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

il ne vous a pas trompés.

1456. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il ne s’est pas trompé en consultant un tel régulateur : il est bien vrai qu’en s’en tenant au fait et à ce qui a prévalu dans la langue du xviie  siècle et même du xviiie , c’est bien, comme il l’indique et le prévoit, un certain caractère de choix, de noblesse et de distinction qui a pris le dessus.

1457. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Très-peu d’hommes du moins osent la considérer en face et se dire : « Ce sera tel jour, sans faute. » Je ne sais si Cervantes se trompa de beaucoup sur la date de dimanche qu’il assignait comme probable ; il mourut un samedi.

1458. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Le soldat, chaque jour au combat occupé, Sur nos divisions est aisément trompé.

1459. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Elle se trompa.

1460. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Je vins au point du jour rendre compte de son évacuation complète : l’évêque et le prince avaient passé une fort mauvaise nuit, et tout le monde se coucha au soleil levant avec une grande satisfaction. » Me trompé-je ?

1461. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Je retrouve dans des notes, écrites pour moi seul, le portrait suivant qui, si je ne me trompe, doit être le sien quand il avait vingt-cinq ans : « Phanor est honnête, élevé de cœur, il a du talent, mais point d’originalité vraie ; et quelle suffisance !

1462. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy veut bien nous désigner sans nous nommer), ont, il est vrai, reconnu dans André Chénier le parfum exquis de l’Hymette : eh bien, tous se sont trompés et ont jugé à la légère : M.

1463. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

je me trompais ainsi moi-même : comme les enfants, je fermais les yeux et je croyais qu’on ne me voyait pas.

1464. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Je lui demandai pardon de l’avoir voulu tromper, et je lui promis de ne pas le quitter, excepté la nuit, pour l’aider à porter ses chaînes.

1465. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Cependant il ne faut pas s’y tromper : Aristote n’a pas tyrannisé le goût français, il n’a point jeté notre tragédie hors de sa voie naturelle.

1466. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

De là, ce défilé des dieux et des religions qui sont les formes par où l’humanité tente toujours de tromper son ignorance et d’éterniser sa brièveté ; mais ces formes elles-mêmes passent, portant témoignage de l’universel écoulement et de l’éternelle illusion, démasquant le néant dans leur mélancolique succession.

1467. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il y a donc dans ces romans mondains (ne vous y trompez point) la même philosophie à peu près que dans les Rougon-Macquart.

1468. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Vous savez l’erreur de ceux qui nous proposent le salut et qu’ils se trompent sur le but comme sur les moyens.

1469. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Le marquis a été trompé par sa femme : la marquise d’Auberville est, depuis cinq ans, la maîtresse de M. de Sergines, un journaliste célèbre.

1470. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Je ne crois pas me tromper en disant que telle est la forme primitive d’esprit dans sa famille.

1471. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Ainsi, dans les années du déclin, il passait sa vie, et trompa tant qu’il put la vieillesse.

1472. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Je mets Montaigne à la tête de ces faux sincères qui veulent tromper en disant vrai.

1473. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Pasquier n’était point partisan des états généraux ; dès l’abord, il n’augure rien de bon de ceux d’Orléans (1560) : « C’est une vieille folie qui court en l’esprit des plus sages François, qu’il n’y a rien qui puisse tant soulager le peuple que telles assemblées : au contraire, il n’y a rien qui lui procure plus de tort pour une infinité de raisons. » Et il ne se trompait pas trop alors, eu égard aux conditions de gêne où se trouvait le tiers état dans ces assemblées.

1474. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Louis XV pourtant, qui ne manquait pas de jugement, était sévère sur le fait de Saint-Cyr : « Mme de Maintenon, disait-il, s’est bien trompée avec d’excellentes intentions.

1475. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Ceux qui croiraient de loin que d’Antin était un oisif se tromperaient beaucoup.

1476. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Quand j’ai dit que je ne savais trop où fixer le moment de la plus grande détresse et de la crise nerveuse la plus aiguë de Bernardin de Saint-Pierre avant la publication de ses Études, je me trompais : c’est dans l’année et dans les mois mêmes qui précédèrent cette publication.

1477. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le président de Brosses. Sa vie, par M. Th. Foisset, 1842 ; ses Lettres sur l’Italie, publiées par M. Colomb, 1836. » pp. 85-104

Si je ne me trompe, nous avons déjà fait quelques pas de ce côté-là.

1478. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Richelieu, par exemple, ne se croit nullement tyrannique dans le sens où l’était le devancier qu’il flétrit : Lui, au contraire, dit-il, ayant la force en main, méprisait de contenter aucun, estimant qu’il lui suffisait de tenir leurs personnes par force, et qu’il n’importait de les tenir attachées par le cœur : mais en cela il se trompait bien ; car il est impossible qu’un gouvernement subsiste où nul n’a satisfaction et chacun est traité avec violence.

1479. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Il ne se trompe que sur un point, sur la qualité de poète qu’il s’attribue ; mais il y a dans ce premier étonnement d’être devenu capitaine quelque chose d’imprévu et de piquant, et qui jette de la lumière sur le procédé de formation et sur la nature intérieure de Frédéric.

1480. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

* * * — Une femme de ma connaissance disait qu’elle croyait pouvoir, sans se tromper, juger assez bien moralement les femmes qu’elle rencontrait dans la société, en les voyant manger : ainsi pour elle, une femme qui mangeait du foie gras, sans pain, était nécessairement une femme sensuelle.

1481. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

Les anciens qui outre les statuës que j’ai citées, avoient encore une infinité d’autres pieces de comparaison excellentes, ne pouvoient pas se tromper en jugeant de l’expression dans les tableaux, ni prendre le médiocre en ce genre pour l’exquis.

1482. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

« Il n’y aura donc plus à s’y tromper : les Décadents sont une chose, les symbolistes sont l’ombre de cette chose ; les premiers sont pour le progrès, avec l’avenir, les seconds voudraient rétrograder jusqu’au Moyen Age, ils vivent avec le passé.

1483. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VI. Daniel Stern »

Elle l’a signée encore Daniel Stern, tout court, tenant à garder les culottes que le monde et le temps commencent à lui ôter… Madame la comtesse d’Agoult doit être, si je ne me trompe, la petite-fille, par mariage, ou la petite-nièce, de ce capitaine des gardes-françaises qui mit si prestement à la porte les premiers polissons parlementaires de la Révolution, féconde depuis en polissons du même genre, et qui, s’il revenait au monde, ce capitaine Haut-la-Main !

1484. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Quoique l’auteur de l’Histoire de la Comédie soit de la plus étonnante impersonnalité, quoique dans ces deux volumes il n’ait pas (si je ne me trompe) écrit le mot moi, même par distraction, une seule fois, il n’en est pas moins un peintre spirituel, ingénieux, cherché, efforcé, très intense.

1485. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Sincèrement, tel il m’apparaît, à moi, ce Mérimée posthume et postiche, en ces Lettres où il a paru si différent à d’autres… Mais il s’agit de savoir qui se trompe de nous.

1486. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Et quand je dis : « Ils ont », je me trompe.

1487. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Il fait œuvre là d’auteur dramatique, et il n’est pas plus responsable de toute cette fureur que Shakespeare, par exemple, des rugissements d’Othello, Le comte de Maistre, en grand artiste qu’il est, invente une colère, mais il ne la ressent pas ; et, cependant, il n’y a pas que la haine et la violence contre lui qui s’y soient trompées !

1488. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

VI Tout le monde s’y est trompé, et nous-même comme les autres.

1489. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

On peut être trompé, surtout en fait d’âmes, dans ce monde épais et sans transparence, mais jusqu’à nouvel ordre il me fait l’effet d’en avoir une, ce M. 

1490. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

On peut tout à la fois se comprendre et se tromper.

1491. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Vous avez été trompé par les mots.

1492. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Mais il y a apparence que de si lâches mensonges n’étaient ni pour les grands, ni pour les esprits déliés ; c’était l’appât grossier du peuple, qui, dans ces temps de factions et de guerres, était souvent opprimé, égorgé et trompé.

1493. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Le poëte est là tout entier dans ses rêves de liberté sans limites, sa haine de la tyrannie sous toutes les formes, les démentis de son espérance, sa tristesse aussi profonde que sa confiance avait été aveugle et trompée : « Ô vous, nuages, qui, au loin sur ma tête, flottez et vous arrêtez, vous dont nul mortel ne peut régler la marche dans l’espace sans route ; vous, ondes de l’Océan, qui, vers quelque plage que vous rouliez, n’obéissez qu’aux lois éternelles ; vous, forêts, qui écoutez le chant de l’oiseau de nuit penché sur l’écorce d’une branche inclinée, hormis quand vous-mêmes, secouant vos rameaux, vous formez ce majestueux concert des vents devant lequel, comme un inspiré de Dieu, à travers des détours que nul homme des bois n’a jamais foulés, j’ai tant de fois égaré, parmi les herbes sauvages en fleurs, ma course éclairée de la lune, sous l’aspect ou l’écho de chaque image informe qui m’apparaissait, de chaque bruit insaisissable retentissant au désert !

1494. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Armand Silvestre est surtout une musique ; comme la musique, elle est perceptible aux sens et à l’âme plutôt qu’à l’entendement ; on dirait que cet artiste s’est trompé sur l’espèce d’instrument que la nature avait préparé pour lui : il semblait fait pour noter ses sensations et ses rêves dans la langue de Schumann, et M.  […] Les personnes qui prétendent se placer au point de vue littéraire en faisant abstraction des sentiments, des passions, des idées, pour ne considérer que la mise en œuvre, se trompent le plus grossièrement ou le plus naïvement du monde. […] Guizot des généralisations trop ambitieuses et trop compréhensives : il a pu se tromper ; mais ses systèmes n’étaient point bâtis en l’air, ils avaient un fondement, et l’esprit humain ne peut pas se contenter de notions empiriques, il a besoin de théories. […] La Bruyère montre son art, qui est grand ; artiste supérieur, La Rochefoucauld cache le sien et, par une simplicité savante, trompe le lecteur superficiel. […] Lamartine se trompe naïvement sur la valeur relative de ses propres ouvrages.

1495. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Les Poëtes ont amusé l’imagination en réalisant des termes abstraits ; le Peuple payen a été trompé : mais Platon lui-même qui bannissoit les Poëtes de sa République, n’a-t-il pas été séduit par des idées qui n’étoient que des abstractions de son esprit ? […] Ce qui arrive dans certaines circonstances, arrivera toûjours de la même maniere quand les circonstances seront les mêmes ; & lorsque je ne vois que l’effet sans que je puisse découvrir la cause, je dois reconnoître ou que je suis ignorant, ou que je suis trompé, plûtôt que de me tirer de l’ordre naturel.

1496. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Il n’y a pas à s’y tromper : Frimousse m’inspirait de la considération à cause de son premier prix. […] Cela rappelle assez exactement les petites formules magiques usitées chez les paysans romains, et dont on trouve, si je ne me trompe, des exemples dans les fragments de Varron ou du vieux Caton. […] On trompe le public, on lui travestit et on lui rapetisse l’univers en lui laissant croire qu’une douzaine de baraques de la foire au pain d’épice peuvent contenir et reproduire aux yeux l’infinie variété de la face du monde. […] Cette somme en démence, Et, si le malheureux s’est trompé de deux liards, Il faut qu’il recommence ! […] L’autre, encor si digne qu’on l’aime, N’a rencontré qu’un cœur glacé ; Tout a trompé la quatrième Dans le présent et le passé… M. 

1497. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Je me trompe peut-être, mais j’espère, à cette heure, qu’un vent rafraîchissant va souffler, et que, pour peu que les esprits s’apaisent, cette terre française est encore assez riche, généreuse et pleine de suc nourricier pour faire pousser et lever une génération, une moisson d’hommes, une légion nouvelle de penseurs. […] Je me trompe. […] On a voulu nier que la comédienne, qui, dès le lendemain de son mariage, prenait des airs de duchesse, ait jamais trompé son époux. […] Vous voyez, cher Momus, je viens voir les Dieux et j’ai voulu jouer la Mort, afin qu’elle me prit, croyant se venger, et je l’ai trompée par ce stratagème. […] Le Mercure galant, soit dit en passant, se montre fort aimable pour cette comédie des Femmes savantes, qui a valu à Molière le reproche d’avoir attaqué les femmes intelligentes et supérieures : « Jamais, dans une seule année, dit le Mercure, l’on ne vit tant de belles pièces de théâtre, et le fameux Molière ne nous a pas trompés.

1498. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Ils se trompaient étrangement, à parler franc, ceux-là qui, vers la trentième année de ce siècle, qui nous a pour témoins de son adipeuse agonie, saluaient, dans l’avenir, une France adéquate à leurs rêves de mélancoliques espérances, et haussaient jusqu’à leurs graves aspirations les futures destinées d’une patrie tant aimée d’eux, et dont leurs dents déchaussées doivent bien rire aujourd’hui dans leurs sépultures oubliées. […] Je conclus en disant qu’à côté de Moréas, incontestablement maître en son art qui est plus romantique que ne le croient peut-être ses fervents d’aujourd’hui et qui, quelquefois, rappelle à s’y tromper l’effort enfin victorieux pour lui, Moréas, de Petrus Borel trop oublié pour déplus grands, d’ailleurs, que lui, qu’à côté de Charles Morice, si justement baptisé l’esthète de la jeune école par le si compétent Anatole France, à côté de Régnier, de Viélé-Griffin, de Rist, de Retté, de Stuart Merrill, de plusieurs Belges, Raynaud a son imprenable et large place, qu‘il compte et va compter de plus en plus, et qu’il faut le dire très haut. […] La prison des Petits Carmes est un sombre ancien couvent affecté, si je ne me trompe, à son actuelle destination dès après 89. […] Cette querelle sans motif est depuis longtemps terminée, sauf parmi les très jeunes ; écoutons donc Shakespeare, laissons résonner la musique comme il le dit dans le « Marchand de Venise », si je ne me trompe, car, encore une fois, j’écris de mémoire. […] Le recueil de vers que voici est l’œuvre d’un très jeune homme, mais n’allez pas vous y tromper !

1499. (1886) Le roman russe pp. -351

Qu’on ne s’y trompe pas, néanmoins ; dans la pensée de l’auteur, ce livre n’était pas une farce, mais la synthèse de sa philosophie, la philosophie du nihilisme. […] Je note ici, le cœur chagrin et désirant me tromper, l’observation qui résume pour moi un long commerce avec l’étranger : les idées générales qui transforment l’Europe ne sortent plus de l’âme française. […] C’est pour traduire ce mot que celui de nihilisme a été, si je ne me trompe, inventé par Burnouf. […] Trompée, la pauvre Lise renonce à la vie, elle se noie dans un étang, « sous les antiques ombrages naguère témoins de ses transports ». […] On se tromperait en cherchant uniquement dans ce que nous appelons le talent les causes de cette fidélité ; combien, parmi ces lecteurs primitifs et passionnés, s’inquiètent du talent, des artifices de forme, des délicatesses de pensée ?

1500. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Est-ce toi qui m’as trompé ? […] Petre Andrévitch ne se trompait pas ; Voltaire et Diderot remplissaient, en effet la tête de son fils, et non pas eux seulement, mais encore Rousseau, Raynal, Helvétius et consorts ; mais ils ne remplissaient que sa tête. […] Puis il se mit à songer à Lise ; il se demanda si elle pouvait aimer Panchine ; il se dit que s’il l’avait rencontrée dans d’autres circonstances, sa vie eût suivi probablement un autre cours ; qu’il comprenait Lemm, « quoiqu’elle n’eût pas de paroles à elle », comme elle disait ; mais elle se trompait, — elle avait des paroles à elle, — et Lavretzky se rappela ce qu’elle se disait : « N’en parlez pas légèrement… » Il continua sa route la tête baissée ; et puis, soudain, se redressant, il murmura lentement : « J’ai brûlé tout ce que j’adorais jadis, et j’adore maintenant tout ce que j’ai brûlé. » Il poussa son cheval et le fit galoper jusqu’à sa demeure.

1501. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

C’est un mari trompé par sa femme, qui veut la raimer, mais le recollage de la chair ne peut se refaire. […] Je n’ose dire le chiffre de peur de me tromper. […] Je me suis trompé.

1502. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

C’est ainsi que les dictionnaires, et non seulement les écrits littéraires, sont pleins de fausses onomatopées269, qui ont trompé les auteurs des premiers traités sur le langage ; « nous entendons les bruits de la nature, dit très justement M.  […] De telles idées, imparfaitement générales, trompent l’esprit qui s’en sert : les éléments généraux et particuliers rattachés à un même nom et simultanément conçus forment un tout, et ce tout est entendu par l’esprit comme une idée générale ; quoi d’étonnant alors si les images particulières deviennent pour lui les attributs constants du genre tout entier ? […] Ce n’est pas qu’ils se trompent sur le sens de ces morceaux ; ils ne peuvent plus leur en voir aucun ; les mots succèdent aux mots sans être accompagnés de leurs idées.

1503. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On croit tromper les autres, mais on ne se trompe jamais ; & tel prétend à l’estime publique, qui n’oseroit se montrer s’il croyoit être connu comme il se connoît lui-même. […] A l’égard des particuliers qui n’ont que des prétentions pour titres, la liberté de se tromper avec confiance est un privilége auquel ils doivent se borner, & nous n’avons garde d’y porter atteinte. […] On porte à nos spectacles pathétiques deux principes opposés, le sentiment qui veut être émû, & l’esprit qui ne veut pas qu’on le trompe. […] Dans la Tragédie, c’est le spectateur qu’il faut séduire : dans la Comédie, c’est le personnage qu’il faut tromper ; & l’un ne rit des méprises de l’autre, qu’autant qu’il n’en est pas de moitié. […] Mais il faut que cette crédulité soit amusante, & c’est encore un des points où la Mothe s’est trompé ; on voit que dans ses fables il vise à être plaisant, & rien n’est si contraire au génie de ce poëme : Un homme avoit perdu sa femme ; Il veut avoir un perroquet.

1504. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Voilà, si je ne me trompe, beaucoup de choses en quelques lignes. […] Ils prouvent d’abord (si je ne me trompe) que l’auteur du Disciple s’est ennuyé au pays du colonel Buffalo Bill. […] Seulement, on se trompe si l’on croit trouver dans le tohu-bohu de New York ou dans le silence des savanes, le remède aux maux sans nombre dont souffre l’Europe. […] Et le lac n’était qu’une apparence, un enchantement qui trompait les faibles yeux des hommes. […] Afin que nul ne se trompe sur l’état civil de ces « quelques talents », M. 

1505. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

On se tromperait. […] On cherche à se tromper, on a un peu l’illusion de se survivre, quand on évoque ce qui a disparu, les choses dont on a été le témoin. […] Il y a dans ce volume un talent d’analyse de premier ordre et des scènes inoubliables, notamment l’entretien des deux époux, le mari adossé à la cheminée et comprenant qu’il est trompé rien qu’en regardant sa femme. […] On tâchait de lui persuader qu’il se trompait ; mais, comme il n’entendait pas raison, le gérant finissait par aller chercher une bouteille, qu’on débouchait solennellement. […] Il le disait en riant, mais il le disait  : « Je ne me trompe jamais.

1506. (1864) Le roman contemporain

Elle était la protestation des espérances trompées, des aspirations déçues, l’expression de la fatigue des gouvernants et de l’ennui des gouvernés signalé par M. de Lamartine dans une harangue fameuse. […] Ponson du Terrail lui apporta bientôt une espèce de nouvelle philosophique ; c’était, si mes souvenirs ne me trompent pas, l’Icarie. […] Que dans les premiers moments l’éclat de la surface trompe la jeune fille, on peut l’admettre ; mais un esprit aussi vif et un cœur aussi haut que le sien doivent bientôt toucher le tuf de cette nature pusillanime jusqu’à la lâcheté, d’une médiocrité d’esprit voisine de la sottise et d’un égoïsme dont la naïveté va jusqu’au ridicule. […] Je ne crois pas me tromper en plaçant ce roman qui succède à Daniel, à Catherine et à Sylvie, à côté de ces pâles compositions ses devanciers immédiats, et non à côté de Fanny, la première née de l’auteur et la plus brillante de ses filles. […] Le temps leur apprendra combien ils se sont trompés, mais leur erreur n’en est pas moins profonde. » La constitution sociale a remplacé la constitution politique dans le mirage qu’on fait luire aux regards populaires.

1507. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Cette jalousie éclata, si je ne me trompe, dès la minorité de Louis XIII. […] Le pape fut trompé comme les autres. […] On ne se trompa point dans ce qu’on avoit présumé de Clément XI. […] On voulut le faire regarder comme un de ces hommes qui sçavent à la fois tromper le peuple & en imposer aux grands. […] Les jésuites virent que Santeuil ne cherchoit qu’à les tromper.

1508. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Et, en effet, messieurs, comme ce bon fils sauva la vie à son père en le faisant connoitre pour ce qu’il étoit, pourquoi ne puis-je pas me promettre que votre bienveillance et votre justice ordinaire sauveront la vie a cette fille, ou, pour mieux dire, à cette fameuse bibliothèque, quand je vous aurai dit, pour vous représenter en peu de mots l’abrégé de ses perfections, que c’est la plus belle et la mieux fournie de toutes les bibliothèques qui ont jamais été au monde et qui pourront, si l’affection ne me trompe bien fort, y être à l’avenir. »  — Et il finit en répétant les vers attribués à Auguste, lorsque celui-ci décida de casser le testament de Virgile plutôt que d’anéantir l’Enéide  : …. […] Naudé, qui disoit que, pour n’être trompé, il ne falloit admettre ni prédiction, ni mystère, ni vision, ni miracles. » Guy Patin (Nouvelles Lettres à Spon, tome II, page 183).

1509. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Ces longs raisonnements tirés de ligne en ligne vous empêchent d’entrer d’abord en des connoissances plus hautes qui ne trompent jamais. […] Il ne faut point douter que l’on en puisse acquérir lorsqu’un habile homme s’en mêle. » « Ceux qui ont le cœur droit ont le sens de même, pour peu qu’ils en aient ; et prenez garde que de certaines gens qui ont tant de plis et de replis dans le cœur n’ont jamais l’esprit juste : il y a toujours quelque faux jour qui leur donne de fausses vues. » « On ne saurait avoir le goût trop délicat pour remarquer les vrais et les faux agréments, et pour ne s’y pas tromper.

1510. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Nous croyons qu’il se trompe ; l’objet aurait été trop disproportionné à l’action. […] « Il faut laisser, dit-il, à celui qui se trompe si désastreusement, sa grandeur, qui ajoute encore à la grandeur de la leçon, et qui, pour les victimes, laisse au moins le dédommagement de la gloire. » Non !

1511. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

XVI Il ne se trompa point en attendant beaucoup de la versatilité de la France. […] Il se trompe : un gouvernement de publicité ne solde pas d’attentats.

1512. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

dit son mari en la prenant sous le bras, vous vous trompez, Laure ; cela ressemble au billet de faire part d’un mariage. […] et je brisai les trois cachets d’un coup de pouce ; et le grand cachet rouge, je le broyai en poussière. — Après avoir lu, je me frottai les yeux, croyant m’être trompé.

1513. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Non, ces fabricants de musique, et ces illettrés, ils ne vous trompent pas : ils ne sont point des wagnéristes ; leurs développements symphoniques ne sont point la mélodie infinie wagnérienne ; leurs vides sonorités ne sont point les clameurs vivantes de l’orchestre wagnérien ; leurs harmonies ne sont point les expressives polyphonies, troublantes, du drame wagnérien. […] Premier article : Le succès des Maîtres Chanteurs, il ne faut pas s’y tromper, vise beaucoup plus haut qu’on ne le pense, car il ne s’agit pas ici de la réussite plus ou moins brillante d’un opéra quelconque, mais de l’adoption, par un public de langue française, d’un art absolument nouveau, qu’on discutait sans le connaître et que désormais tout le monde pourra comprendre, avec un peu d’étude et de bonne foi.

1514. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Trompés par l’artifice de l’analyse réfléchie et du langage, la plupart des psychologues ne considèrent, dans la conscience et dans la mémoire, que des états déterminés et définis qui apparaissent l’un après l’autre : blanc, bleu, rouge, son, odeur, — autant de morceaux artificiellement tranchés dans l’étoffe intérieure ; aussi n’admettent-ils pas qu’on ait conscience de la transition même, du passage d’un terme à l’autre, de ce qui dans l’esprit correspond au mouvement et à l’innervation spontanée. […] On est même sûr de se tromper.

1515. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Qu’est devenue la fausse dévote, qui veut tromper Dieu et qui se trompe elle-même ?

1516. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Dans la forme du roman, et sous le masque de verre de ce nom de « Jean », qui ne trompe personne, c’est Raymond Brucker qui raconte en son propre nom ; et il y est d’une vérité frappante d’accent et de physionomie, animés l’un et l’autre par des détails charmants, et qui, évidemment, ne peuvent appartenir qu’à cette nature de Raymond Brucker, presque ininventable d’originalité. […] Et les jaloux ennemis de son talent, qui auraient voulu le voir coupé et emporté en deux morceaux par le boulet de la conversion, ont été trompés dans l’espérance de leur ressentiment, et ils l’ont retrouvé, après cette conversion, spirituellement intégral, mais avec une force de plus, attestée par un livre d’histoire plus grave d’inspiration et de portée que tout ce qu’avait écrit précédemment le romancier.

1517. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Or, c’est à Venise qu’il fait son apprentissage, au moins pour les dehors, car les affaires y sont à peu près nulles : « Comme cette ambassade, remarque-t-il, est plus de parade que de nécessité, on a cru quelquefois que tout le monde y était propre, et que le premier venu y serait assez bon : en quoi on s’est grandement trompé. » Et il définit à merveille les qualités essentielles pour faire respecter dans un poste de ce genre le représentant du roi.

1518. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

M. de Choiseul se trompe ; le grand habit arrive avec les dépêches fin de mars : « Il est fond blanc et les fleurs bleues ; on me le demandait fond bleu avec les fleurs blanches, mais on l’aimera autant tel qu’il est. » Et plus loin : « On a trouvé le grand habit fort joli. » L’abbé-ministre n’était pas entièrement brouillé, on l’entrevoit, avec les chiffonneries galantes.

1519. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Mais là où il ne se trompa point, ce fut dans les questions de finances qui se rapportaient aux contributions publiques.

1520. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Cette arrivée du roi est peinte par Joinville avec une vivacité brillante où l’affection et l’admiration se confondent : Là où j’étais à pied avec mes chevaliers, ainsi blessé comme je l’ai dit devant, vint le roi avec toute sa bataille (avec sa troupe) à grand fanfare et à grand bruit de trompes et timbales, et il s’arrêta sur un chemin levé (une chaussée)u : jamais si bel homme armé ne vis, car il paraissait au-dessus de tous ses gens, des épaules jusqu’à la tête, un heaume doré en son chef, une épée d’Allemagne en sa main… Peintres de batailles, que vous en semble ?

1521. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Mais les arbres et les ruisseaux dont le cours rapide défie la rigueur de l’hiver, les retraites des daims, les parcages des brebis tout peuplés d’agneaux bêlants, et les sentiers où la primevère, avant son heure, perce à travers la mousse qui revêt le pied de l’aubépine, ne trompent aucun de ceux qui les étudient.

1522. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Costar na pas fort lu les anciens poètes ; qu’il se trompe en disant que la lune n’a point eu d’amant ; qu’il ignore que l’étoile du matin est la même que celle de Vénus. » Quand on en est là, on est bien près d’en venir aux grosses injures : la querelle allait prendre une tournure décidée de xvie  siècle, et elle fut portée en effet bientôt aux dernières extrémités.

1523. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Elle témoigne assez peu de goût pour leur fille Mme de Staël : « Les enthousiastes ne sont pas mon fait, et j’ai remarqué, dit-elle, que leur chaleur cache très peu d’esprit ; c’est une nouvelle découverte pour moi. » Elle écrivait cela en mars 1789, et elle se trompait en croyant faire cette découverte ; car si l’enthousiasme de Mme Staël méritait de trouver grâce auprès des têtes froides, c’était eu faveur de tout l’esprit qu’il y avait derrière.

1524. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

. — Quelques années après, il avait changé et s’était transformé encore, il était dans sa troisième et dernière phase, et son journal se termine par cette parole qui est un désaveu de la précédente et qui semble indiquer l’entrée définitive dans une autre sphère : Le stoïcien est seul, ou avec sa conscience de force propre le trompe ; le chrétien ne marche qu’en présence de Dieu et avec Dieu, par le médiateur qu’il a pris pour guide et compagnon de sa vie présente et future.

1525. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

S’il avait moins de goût que les grands hommes de la Grèce et de Rome que nous venons de citer, cela tenait aux inconvénients de son époque, de son éducation, et à un vice aussi de son esprit, atteint d’une sorte de pédantisme : mais s’il péchait dans le détail, il ne se trompait pas dans sa vue publique de la littérature et dans l’institution qu’il en prétendait faire pour le service et l’agrément de tous.

1526. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il compte fort en dernier lieu, pour réaliser ce beau rêve, sur le fidèle Bachelier, valet de chambre du roi, et introducteur de Mme de Mailly, la première maîtresse : ce parti d’alcôve et d’antichambre lui paraît pour le quart d’heure, et tant qu’il en espère son avancement, le plus patriotique et le plus honorable : « En effet, tout l’autre parti radote ou trompe, et celui-ci est seul ferme, solide, dans les vrais intérêts de la couronne et plein d’amour pour la personne du roi. » D’Argenson, qui se laisse appuyer par Bachelier, appelle cela être dans l’intrigue passivement.

1527. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Mais la meilleure manière de les réhabiliter, la seule qui ne trompe point, c’est d’être soi-même d’autant plus honnête homme, d’autant plus humain, irrépréhensible et pur dans sa vie ; c’est d’être, aux yeux de ceux qui nous entourent, une réparation vivante à l’endroit surtout où le crime paternel a éclaté, et de forcer en sa personne l’estime qu’on entreprendrait vainement de faire remonter plus haut.

1528. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Elle ne rend pas du tout justice, il est vrai, à l’éloquence de Mme de Staël, mais elle ne se trompe pas trop sur les défauts d’obscurité et de subtilité qu’elle reproche à son ouvrage.

1529. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Après d’excellentes études littéraires, sa famille le dirigeait vers la magistrature ; il était avocat, et presque déjà docteur en droit, si je ne me trompe, quand le génie de la couleur l’a séduit.

1530. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Tessé se risquait à glisser ces mots significatifs : « Il n’y a aucun bon serviteur du roi qui ne doive tout craindre du non-payement des troupes assemblées, et c’est tromper Sa Majesté que de ne lui pas faire connaître à quelle extrémité ce désordre peut aller, et nous y sommes actuellement. » Catinat, témoin de cette misère et de ce dénuement dont son armée et lui étaient victimes, s’abstenait délicatement d’insister auprès de M. de Pontchartrain pour le payement d’une gratification qui lui avait été accordée.

1531. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann a une nature morale assez riche, et c’est assurément un homme d’esprit ; mais son pinceau est mou ; on voit bien qu’au collège il se plaisait à lire en allemand les romans d’Auguste Lafontaine auxquels il avait collé un titre d’ Histoire romaine pour mieux tromper le maître d’étude.

1532. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Ceux qui le prirent à un certain moment pour un maître et pour un guide lui-même se sont bien trompés : ce guide était homme à les mener loin en effet et à les entraîner de bon cœur, mais à les planter là aussi, un jour ou l’autre, au beau milieu du chemin. — J’ai besoin de quelqu’un qui me dirige : ce quelqu’un, il ne s’agit aujourd’hui, quand on étudie la vie de La Mennais, que de savoir le trouver et l’indiquer aux divers moments ; ce quelqu’un ce fut l’abbé Jean d’abord, ce fut ensuite l’abbé Carron, qui, joint à l’abbé Jean, lui fit violence et le décida, quoi qu’il lui en coûtât extrêmement, à recevoir les ordres sacrés à la fin de 1815 et dans le carême de 1816.

1533. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

De nos jours, il n’est pas facile de tromper longtemps.

1534. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Elle a pu et dû se tromper quelquefois, et avec violence, mais toujours avec sincérité ; personne n’a joué plus franc qu’elle à ce jeu si périlleux de la vie.

1535. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Et la jeunesse a pu être trompée en cela par bon nombre de ceux qui précédaient ; il a passé dans tous les rangs comme un souffle de relâchement et de confusion.

1536. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

— Gresset se trompe, il n’est pas si coupable36 Un vers heureux et d’un tour agréable Ne suffit pas ; il faut de l’action, De l’intérêt, du comique, une fable, Des mœurs du temps un portrait véritable, Pour consommer cette œuvre du démon !

1537. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN DERNIER MOT sur BENJAMIN CONSTANT. » pp. 275-299

Nous sommes-nous complétement trompé, comme le veut M.de Loménie ?

1538. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Au reste, je loue de grand cœur l’historien véridique de nous avoir montré Mlle de Liron un peu grasse, puisqu’elle l’était sans nul doute au commencement de cette aventure ; mais je voudrais qu’il se fût trompé en nous le rappelant vers la fin, et lors d’une saignée au pied qu’on lui pratique avec difficulté dans sa dernière maladie.

1539. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

On n’a cessé, par exemple, de nous présenter au théâtre la conduite immorale des hommes envers les femmes, avec l’intention de se moquer des femmes trompées.

1540. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Le citoyen le plus irréprochable dans sa conduite et le moins suspect de vagabondage ne peut donc se promettre de ne pas être enfermé au dépôt, puisque sa liberté est à la merci d’un cavalier de la maréchaussée constamment susceptible d’être trompé par une fausse dénonciation ou corrompu à prix d’argent.

1541. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Je m’imagine encore que, trompés comme moi, ils me disent : « Vous ne nous apprenez rien ; vous ne nous donnez aucun moyen d’adoucir nos peines : au contraire, vous prouvez trop qu’il n’en existe point. » Ô mes compagnons d’infortune !

1542. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Ils se trompent même pour leur gloire.

1543. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il croyait que le travail, la domination sur soi, la sincérité, la justice, le dévouement à la famille, à la patrie, à l’humanité, sont des devoirs dont la base est assez éprouvée pour que nous y donnions notre vie sans crainte de nous tromper trop grossièrement et pour que nos scepticismes et nos ironies ne soient plus qu’exercices de luxe et d’agrément passager.

1544. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Mais prenons garde que ce dernier mot ne nous trompe, et que, pour nous comme pour le vulgaire, il ne signifie : faire naître quelque chose de rien.

1545. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Mais prenons garde que ce dernier mot ne nous trompe, et que, pour nous comme pour le vulgaire, il ne signifie : faire naître quelque chose de rien.

1546. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

A-t-elle été trompée et séduite ?

1547. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Il résulte des témoignages positifs, aujourd’hui connus, qu’elle se promettait et que ses voix lui promettaient beaucoup plus de choses qu’elle ne vint à bout d’en accomplir ; et il lui fallut, à l’article de la mort, un effort de foi et de suprême confiance en Dieu, pour qu’après bien des agonies et des défaillances, elle pût se relever et s’écrier jusqu’au milieu des flammes que ses voix, en définitive, ne l’avaient pas trompée.

1548. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Son père, riche manufacturier, avait, si je ne me trompe, fondé dans le faubourg Saint-Antoine une fabrique de papiers peints dans laquelle il eut pour successeur Réveillon, celui même qui fut odieusement pillé dans les premiers troubles de 1789.

1549. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

par l’aimable saint François de Sales, si on se l’imagine un seul moment jeune, non encore saint, helléniste et amoureux : Et sur le commencement du printemps, que la neige se fondoit, la terre se découvroit et l’herbe dessous poignoit ; les autres pasteurs menèrent leurs bètes aux champs : mais devant tous Daphnis et Chloé, comme ceux qui servoient à un bien plus grand pasteur ; et incontinent s’en coururent droit à la caverne des Nymphes, et de là au pin sous lequel étoit l’image de Pan, et puis dessous le chène où ils s’assirent en regardant paitre leurs troupeaux… puis allèrent chercher des fleurs, pour faire des chapeaux aux images (le bon Amyot, par piété, n’a osé dire : pour faire des couronnes aux dieux), mais elles ne faisoient encore que commencer à poindre par la douceur du petit béat de Zéphyre qui ouvroit la terre, et la chaleur du soleil qui les échauffoit. » Si vous croyez que ce petit béat de Zéphyre soit dans le grec, vous vous trompez fort ; c’est Amyot qui lui prête ainsi de cette gentillesse et de cette grâce d’ange, en revanche sans doute de ce qu’il n’a osé tout à côté appeler Pan et les Nymphes sauvages des dieux.

1550. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

L’Empereur en a paru convaincu, et a dit qu’ayant été trompé une fois à la lecture d’une tragédie, il n’en laisserait désormais jouer aucune qu’elle n’eût été préalablement représentée sur le théâtre de la Cour. » (Journal et souvenirs de Stanislas Girardin, t. 

1551. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Notez que Le Brun, dans son Mémoire judiciaire, argumentait de ses vers et de ses chansons pour prouver qu’il rendait sa femme heureuse : Qu’un enfant des neuf sœurs est facile à tromper !

1552. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

À la longue pourtant, cette série de petites phrases si prestes fatigue un peu ; elles rentrent dans le même moule, et la plus grande preuve que Courier a une manière, c’est qu’il n’a pas été très difficile de l’imiter et de faire de lui des pastiches qui ont trompé l’œil.

1553. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Toute cette brochure pourrait aussi bien s’intituler de cet autre titre : Comment un homme d’esprit se trompe au début d’un gouvernement qui aura quatorze ans de durée.

1554. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Pour quelques-uns, ce n’est qu’une formule vaine et creuse qui se proclame dans les occasions et les cérémonies ; mais chez ceux en qui ce fond de croyance est réel, l’accent ne trompe pas, et cela se sent aisément.

1555. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Cependant le monde ne va ni plus ni moins, et l’influence des opinions les plus hardies est équivalente à zéro. » Grimm se trompe ; en attribuant toute la morale publique aux institutions et à la législation d’un peuple, il oublie que, dans les intervalles de relâchement, les livres ont grande influence.

1556. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker en émît une contraire, je serais aussitôt convaincu que l’univers et moi nous nous trompons. »

1557. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — I. » pp. 455-475

Ne voyez en moi qu’un ami sincère, et vous ne vous tromperez jamais ; mais n’exaltez pas des mérites que je n’ai pas, et qui me font rougir de ne les pas avoir.

1558. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault, rendu à une entière indépendance par le départ et l’émigration de Monsieur, s’abandonna avec feu à sa verve tragique et littéraire, durant ces années orageuses dont sa jeunesse trompait de son mieux le péril et les atrocités ; il nous a tracé de cette époque, en ses Souvenirs, un tableau vrai, presque amusant, sans passion et sans colère ; il en a peint à merveille quelques-uns des acteurs principaux qu’il eut occasion de rencontrer.

1559. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Pour ces deux hommes qui le retiennent, je me trompe fort s’ils ne sont d’une telle proportion que si vous les acheviez, leurs pieds descendraient au-dessous du massif sur lequel vous les avez posés ; du reste, ils font bien ce qu’ils font, ils sont sagement drapés, bien coloriés, seulement, je vous le répète, ils semblent moins empêcher un malade de sortir par une porte que de se jetter par une fenêtre.

1560. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Mais, pour ma part, j’ai peine à croire que le perçant historien des Tableaux de la Révolution, qui ne s’était jamais trompé sur personne dans son histoire, ni sur le Roi, ni sur la Reine, ni sur Necker, ni sur Lafayette, ni sur Mirabeau, ait été ici la dupe de quelqu’un et n’ait pas pénétré de son regard l’impuissance radicale des intrigues dans lesquelles, en émigration, le royalisme s’agitait, Rivarol y mourut au milieu des tronçons dispersés de ces intrigues, qui ne se rejoignirent jamais.

1561. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Lui seul peut-être pouvait s’y tromper à ce point et nous faire illusion encore.

1562. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Renan n’est point l’impuissance d’être clair, c’est la conséquence d’une méthode insensée, mais c’est aussi et c’est surtout, ne nous y trompons pas, la diplomatie sans courage d’un incrédule prémédité.

1563. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

C’est là probablement ce qui a trompé M. 

1564. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Si cela est, je suis trompé, je les ai confondus en un seul ; j’ai attribué à l’un ce qui n’est vrai que de l’autre ; mon raisonnement est faux.

1565. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Le poëte tragique, en particulier, était à l’aise et suffisamment inspiré, dans cette vaste enceinte et cette infinie variété de la représentation tragique, telle que l’esprit la concevait alors, pouvant essayer tous les spectacles, depuis les splendeurs des rois jusqu’à la mendicité des bannis, depuis la terreur la plus éloquente jusqu’à la bouffonnerie, depuis la majesté d’Agamemnon et le délire religieux de Cassandre jusqu’à la fureur d’Oreste et au sommeil des Euménides trompées par Apollon, depuis les Choéphores jusqu’au Cyclope, Le poëte tragique, avec cette fécondité d’un art nouveau, multipliait ses œuvres pour les grandes fêtes de chaque année ; mais il ne s’exerçait pas ailleurs et pour une moindre occasion que les Panathénées et que la Grèce accourue dans Athènes.

1566. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Une lâcheté, la pire des lâchetés, l’abandon de ses armes afin d’être plus prompt à la retraite, la honte d’être soi tout entier, le masque accepté dans l’espoir de tromper le monde, de pénétrer chez l’ennemi et de le réduire par la traîtrise ! […] À peine a-t-il fait quatre pas hors de ses très étroites frontières, qu’il tombe chez des paysans qui, sans se douter de la qualité de l’hôte qu’ils reçoivent, lui apprennent qu’il est ultra trompé par sa femme et méprisé à ce point qu’on le croit tolérant volontiers son déshonneur. […] Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que les grandes éducations d’artistes, comme d’écrivains, ne sont pas faites par l’étude des contemporains. […] » Et tout cela parce qu’il a plu à M. de Bismarck de fausser une dépêche et de tromper son maître comme un Géronte ! […] Le Baron de Batz Dans un Épisode sous la Terreur Balzac dit en parlant de celui qui exécuta Louis XVI : « Ainsi, il n’y eut alors qu’un homme (je crains que Balzac n’ait écrit : un couteau) qui ait eu du cœur en France. » Balzac se trompait, il en fut un autre que Sanson et qui se prêta moins docilement au despotisme révolutionnaire, ce fut : Le Baron de Batz sur qui M. 

1567. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

On a cru trouver des cas de suicide chez les animaux ; a supposer qu’on ne se soit pas trompé, la distance est grande entre faire ce qu’il faut pour mourir et savoir qu’on en mourra ; autre chose est accomplir un acte, même bien combiné, même approprié, autre chose imaginer l’état qui s’ensuivra. […] On imaginera mille moyens de les gagner, de les acheter, voire de les tromper. […] Mais ce qui pourra tromper ici le psychologue, c’est que la seconde causalité est la seule dont on parle. […] Ou je me trompe fort, ou ils confirmeront l’analyse de James.

1568. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Si je ne me trompe, ce moment est venu, et les compositions de David, après un examen rigoureux de près de vingt années, sont sorties triomphantes de cette rude épreuve. […] Mais, trompée dans ses calculs par la prolongation des affaires, elle faisait un dernier effort pour traverser le quai avant le passage du fatal cortège. […] Rien, si ce n’est le dévouement d’un honnête homme en délire et trompé par des scélérats… Tu t’en apercevras, David ! […] On ne peut concevoir jusqu’à quel point ce malheureux (c’est ainsi qu’il désigna Robespierre) m’a trompé. […] Je ne suis pas le seul qui ait été trompé sur son compte.

1569. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Je me trompe, une seconde chose est nécessaire, c’est que l’esprit à qui la nature l’a départi l’emploie tout entier sur la matière qui peut lui fournir son meilleur emploi. […] « Ils ont mis dans sa bouche des paroles prudentes » ; elle va les prononcer, tromper le roi pour assurer le salut commun. […] Leur clameur a trompé les Allemands, et les trompe encore ; le bruit confus qui sort de la rue empêchait d’entendre une autre parole, celle-ci sincère et sérieuse, la voix basse, triste, universelle de l’opinion. ‒ A partir du 19 juillet, ceux-là même qui poussaient à la guerre l’acceptaient par nécessité, non par choix. […] Ainsi, l’on ne se trompe pas de beaucoup si l’on estime à 7 sur 14, à la moitié du total le nombre des électeurs ruraux qui n’ont pas les premiers rudiments de l’instruction la plus élémentaire. […] Ils sont sur leurs gardes ; ils ont été tant de fois trompés !

1570. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Ceux de Mlle de Scudéry, bien qu’ils fussent publiés sous le nom de son frère, ne trompèrent non plus personne. […] Je ne sais comment m’en tirer ; je ne voudrais pas tromper Rousseau, et je ne puis me résoudre à le chagriner. » L’impression de Diderot fut la même. […] Lisez les Satires de Boileau et ses Épîtres, vous ne vous tromperez pas davantage. […] J’ai connu la fausseté et l’indifférence de bien des gens à la comédie de leur éloquence, et la faiblesse de beaucoup d’autres à cela seul qu’ils s’y laissaient tromper. […] Léon Plée, si ma mémoire ne me trompe, a écrit là-dessus de jolies choses.

1571. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Périgot trompé, poussé au désespoir, persuadé qu’elle est une débauchée, la frappe de son épée et la jette à terre, sanglante. […] —  Toujours trompé, il la blesse encore ; elle tombe mourante, mais sans colère. —  « Voici la fin. […] Ne trompe pas celle qui t’aimera la première après moi. » — Enfin, une nymphe la guérit, et Périgot, désabusé, vient se mettre à genoux devant elle.

1572. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Merrill, je ne lui répondrai qu’une chose, c’est qu’il se trompe. […] Je me trompais. […] Peut-être donc, me suis-je trompé.

1573. (1896) Le livre des masques

Cela est très utilisable car tout y est incertain et l’art lui-même n’est sans doute qu’un jeu où, philosophiquement, nous nous trompons les uns les autres. […] Cette réflexion (p. 142) résume assez bien l’état d’esprit d’André Walter : « Ô l’émotion quand on est tout près du bonheur, qu’on n’a plus qu’à toucher — et qu’on passe. » Il y a un certain plaisir à ne pas s’être trompé au premier jugement porté sur le premier livre d’un inconnu ; maintenant que M.  […] Ce n’est pas, quoique l’apparence ait trompé les critiques, jeunes ou vieux, un roman historique, tel que Salammbô ou même Thaïs.

1574. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Je ne sais s’ils ont raison quant au nombre ; mais certainement ils ne se trompent pas quant à la qualité. […] Je retrouve cette puissance sauvage ; ardente, mais naturelle, qui cède sans effort à son propre entraînement… Je ne crois pas m’y tromper, M.  […] Son second tableau attira surtout les yeux ; c’était, si je ne me trompe, le portrait d’une femme onduleuse et plus qu’opaline, presque douée de transparence, et se tordant, maniérée, mais exquise, dans une atmosphère d’enchantement.

1575. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

À un an de là, à la Malmaison, en janvier 1801, le premier consul disait aux sénateurs Laplace et Monge, et à Roederer, au sujet même des injures qu’on s’était permises au Tribunat contre le Conseil d’État pour la loi sur les tribunaux spéciaux : « Je suis soldat, enfant de la Révolution, sorti du sein du peuple : je ne souffrirai pas qu’on m’insulte comme un roi. » Il disait dans un autre moment : « Il faut que le peuple français me souffre avec mes défauts, s’il trouve en moi quelques avantages : mon défaut est de ne pouvoir supporter les injures. » Vers le même temps à Paris, toujours au sujet de la même affaire, comme Roederer lui disait : Les parlements autrefois parlaient toujours aux rois dans leurs remontrances des conseils perfides qui trompaient Leur Majesté, mais leurs séances n’étaient pas publiques. — Et d’ailleurs, reprenait vivement le premier consul, ces choses-là les ont renversés ; et moi j’ose dire que je suis du nombre de ceux qui fondent les États, et non de ceux qui les laissent périr.

1576. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

[NdA] Cependant il disait assez spirituellement des plus grands hommes d’alors, de ceux même en qui il voyait des agents et instruments providentiels destinés à mener à bon terme la Révolution : « Ils se tromperont s’ils se croient arrivés.

1577. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Les meilleurs philosophes s’y tromperaient en usant autrement.

1578. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Je n’ai à le reprendre que d’avoir mal vu le dedans du royaume ; il dit que ce dedans est resté à peu près comme il était ; il se trompe, il est fort dépéri.

1579. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Il se trompe quelquefois dans ses prévisions et ses pronostics, mais seulement sur des points de détail.

1580. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

[NdA] Je m’étais trompé en cet endroit, lorsque l’article, pour la première fois, parut dans Le Moniteur ; j’avais voulu rattacher à Mme de Coigny et à sa fille le souvenir de La Jeune Captive.

1581. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Non, la conscience publique ne s’est point trompée, la reconnaissance nationale et populaire n’a point salué à faux le roi longtemps guerrier qui devint celui des laboureurs et des gens du plat pays, qui les releva de la ruine, réprima les brigandages, permit à tout gentilhomme ou paysan « de demeurer en sûreté publique sous son figuier, cultivant sa terre ».

1582. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Ils se tromperont ; ce que je rapporte est très vrai : les gens honnêtes, les bons citoyens gémirent, en 1793, d’être forcés d’assister aux luttes de ces hommes de sang, qui, en nous déshonorant aux yeux des nations civilisées, finirent par mettre le comble à leurs forfaits en assassinant un prince vertueux, qui ne pouvait être accusé que d’une seule chose, de ne pas savoir défendre sa couronne, et de n’avoir pas assez de tête pour présider à la réforme d’un passé gros d’abus et de haines.

1583. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Si l’on s’est trompé dans le dessein de l’ensemble, te travail entier est perdu ; si dans un vaste sujet on ne se trouve pas toujours pleinement maître des idées que l’on vient à traiter, alors de place en place se voit une tache, et l’on reçoit des blâmes.

1584. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Ce déchet l’a radoucie au point de la rendre plutôt agréable, car elle a de l’esprit et de bonnes manières ; mais vous jureriez, à voir l’agitation de sa personne et les effrois qu’elle ne peut cacher, qu’elle a signé un pacte avec le malin et qu’elle s’attend à être citée dans la huitaine, à l’échéance. » La sagacité de Walpole, d’ordinaire si pénétrante, semble l’avoir ici trompé, et il prête à l’activité de Mme de Luxembourg et à son goût pour les plaisirs de la société un sens plus profond qu’il n’en faut probablement chercher.

1585. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Royer-Collard vivait à Paris au commencement de l’Empire dans un quartier central, du côté de la rue Montmartre (si je ne me trompe) ; sans être trop solitaire ni renfermé, il cherchait à se défendre des visites importunes.

1586. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Avoir le cœur séparé de soi-même, être maintenant en paix, ores en guerre, ores en trêves ; couvrir et cacher sa douleur ; changer visage mille fois le jour ; sentir le sang qui lui rougit la face, y montant, puis soudain s’enfuit, la laissant pâle, ainsi que honte, espérance ou peur nous gouvernent ; chercher ce qui nous tourmente, feignant de le fuir, et néanmoins avoir crainte de le trouver ; n’avoir qu’un petit ris entre mille soupirs ; se tromper soi-même ; brûler de loin, geler de près ; un parler interrompu ; un silence venant tout à coup : ne sont-ce tous signes d’un homme aliéné de son bon entendement ? 

1587. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Fontan » ; — bon Jovard (prenez bien garde de ne pas vous tromper et de ne pas prononcer Jobard), « il aurait plutôt nié l’existence de Montmartre que celle du Parnasse ; il aurait plutôt nié la virginité de sa petite cousine, dont, suivant l’usage, il était fort épris, que la virginité d’une seule des neuf Muses ; — bon jeune homme !

1588. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Léonidas pourtant nourrit une consolation élevée ; il a foi aux Muses, et elles ne l’ont point tout à fait trompé, puisque son nom, son œuvre éparse, nous occupent encore aujourd’hui : « Je gis bien loin de la terre italienne et de Tarente, ma patrie ; et cela m’est plus amer que la mort.

1589. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Mais du moins, sous Louis XIV, si l’on visait au majestueux à tout propos, si l’on se fourvoyait en partant d’un faux principe, on se trompait avec grandeur ; depuis lors on a gardé le faux principe, et la grandeur a diminué.

1590. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Nous crûmes qu’en nous renfermant dans notre triste cimetière, nous pourrions être à l’abri de tant d’outrages ; nous nous trompâmes.

1591. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Si l’on prétendait juger du xviie  siècle par sa littérature, on se tromperait fort et l’on serait loin du compte ; celle du siècle suivant, moins haute et plus étendue, représente plus fidèlement les mœurs ; elle sent davantage son fruit.

1592. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Il écrit de souvenir, un peu au hasard, et laisse galoper sa plume, sauf à se tromper sur des détails : « Je suis fils d’Auguste Roi (roi de Pologne et électeur de Saxe) ; la comtesse de Kœnigsmark est ma mère.

1593. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

S’il était possible d’assigner aux vrais poëtes des heures naturelles d’inspiration et de chant, comme cela existe dans l’ordre de la création pour certains oiseaux harmonieux, nous dirions, sans trop de crainte de nous tromper, que Lamartine chante au matin, au réveil, à l’aurore (et réellement la plupart de ses pièces, celles même où il célèbre la nuit, sont écloses à ces premiers moments du jour ; il ébauche d’ordinaire en une matinée, il achève dans la matinée suivante).

1594. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Han d’Islande, commencé dès 1820, et qu’il ne publia par suite d’obstacles matériels qu’en 1823, devait être, à l’origine et dans la conception première, un tendre message d’amour destiné à tromper les argus, et à n’être intimement compris que d’une seule jeune fille.

1595. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

« Certes, si la France exerce une prépondérance si incontestable et si transcendante en Europe, elle le doit à dix ou douze hommes éminents, hommes d’art, d’intelligence, de poésie et de cœur…, parmi lesquels je suis. » Voilà le début nouveau de toute complainte : c’est à son de trompe qu’on entonne désormais sa pétition ; j’aimais mieux le flageolet de Marot.

1596. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

J’en note, pour acquit de conscience, quelques petites, sans être très-sûr moi-même de ne pas me tromper.

1597. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Il ne s’agit plus que de pourvoir au bonheur des petits amants, et cela sans que la reine se doute qu’elle est trompée et qu’ils s’aiment.

1598. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Après s’être un peu légèrement égayé sur tant de noms bizarres d’écrivains exhumés pour la première fois, Gnyfon, Télon, Gyarée, Ursulus, Crinas et Charmis…, il ajoutait : « Mais je me trompe : les auteurs de cette Histoire littéraire n’ont pas eu l’intention de ne parler que de ceux qui le méritaient : ce choix les eût trop embarrassés.

1599. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Il y a mieux : pour lui, si je ne me trompe, cette grâce, cette aisance de rédaction qui le distiguent, doivent quelquefois déterminer, inspirer, guider la recherche par l’idée d’en faire usage.

1600. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Cela aideroit à tromper l’auditeur qui, ne voyant rien qui lui marquât la diversité des lieux, ne s’en apercevroit pas, à moins d’une réflexion malicieuse et critique, dont il y a peu qui soient capables, la plupart s’attachant avec chaleur à l’action qu’ils voient représenter. » Il se félicite presque comme un enfant de la complexité d’Héraclius, et que ce poëme soit si embarrassé qu’il demande une merveilleuse attention.

1601. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

« Mais, pour plaire aux sages et pour avoir la perfection, il faut que l’unité ait pour limites celles de sa juste étendue, que ses limites viennent d’elle ; ils la veulent éminente pleine, semblable à un disque et non pas semblable à un point. » En songeant à ses erreurs, à ce qu’il croyait tel, il ne s’irritait pas ; sa bienveillance pour l’humanité n’avait pas souffert : « Philanthropie et repentir, c’est ma devise. » Trompé par une ressemblance de nom, nous avons d’abord cru et dit que, comme administrateur du département de la Seine, il contribua à la formation des Écoles centrales  ; nous avions sous les yeux un discours qu’un M. 

1602. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

“Généreux peuple, malheureux peuple, criait-il, on te trompe, on te perd, on immole tes meilleurs amis !

1603. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

N’allons pas nous y tromper : il ne faut pas retarder pour la goûter, et en être encore à Marmontel ou à M. 

1604. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Il trouve tout naturel aussi de tricher sur le paiement, et de frustrer les Sarrasins de dix mille livres qu’on leur doit : est-ce péché de tromper les mécréants ?

1605. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

L’applaudissement va toujours au « trompeur et demi » qui trompe le trompeur : et quand Renart cuidant engeigner autrui est lui-même engeigné, il ne garde que le prestige de sa vieille réputation et l’honneur d’avoir eu la première idée d’une fourberie.

1606. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

J’ajouterai, sans crainte de me tromper, qu’elle était fort belle et de mine fière, car mes études iconographiques m’ont habitué de longue date à reconnaître la pureté d’un type et le caractère d’une physionomie.

1607. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Elle raconte alors comment, ayant observé que Fabio était amoureux de sa sœur Virginia, elle l’a trompé en se faisant passer pour celle-ci ; comment elle l’a épousé secrètement, et comment elle est enceinte.

1608. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il n’y manque pas certaines beautés spécieuses où l’on pouvait se tromper.

1609. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Si alors nous voulons à toute force proclamer qu’ils se trompent, que leur droite n’est pas la vraie droite, si nous ne voulons pas confesser qu’une pareille affirmation n’a aucun sens, du moins devrons-nous avouer que ces gens n’ont aucune espèce de moyen de s’apercevoir de leur erreur.

1610. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Du Plessys, esthète sans tache, Prête-moi ta trompe d’Eustache, J’ai cinq mots à glisser dedans : Nous sommes les bons décadents.

1611. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Et qu’on ne s’y trompe pas, si la légèreté est toujours à la surface, le sérieux est souvent au fond.

1612. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Il n’attache en effet d’importance qu’à la pensée ; il laisse presque tout à fait à l’écart la sensibilité et il la traite assez mal : les sens nous trompent ; l’imagination est, comme dit Pascal, une maîtresse d’erreur et de fausseté ; les passions sont des guides déplorables qui nous détournent de la vertu et de la vérité, etc.

1613. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Assuérus était manifestement le roi trompé par Aman d’accord avec Wasti.

1614. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Une première fois, elle l’a trompé, en n’osant pas la lui révéler ; et ce secret qu’elle a gardé est, pour elle, un constant remords.

1615. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

En littérature ancienne, Huet était du meilleur goût, du plus sain et du plus fin, du plus délicat et du plus sévère : en français, il est sujet à se tromper, à confondre, à ne point marquer nettement les différences.

1616. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

« Mme de Staël s’est trompée deux fois, disait Bettina, la première dans son attente, la seconde dans son jugement. » Cependant cette jeune fille si vive, ce lutin mobile qui a en lui je ne sais quoi de l’esprit éthéré de Mab ou de Titania, a aussi, comme Mignon de Wilhelm Meister, du sang italien dans les veines.

1617. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

On assure qu’il y a ici une petite erreur de Mme de Caylus, qu’elle s’est trompée d’un an, et que la scène de raccommodement dont il s’agit eut lieu après la Semaine sainte de 1675, et non à l’occasion du jubilé, qui n’eut lieu que l’année suivante.

1618. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Napoline aime, elle se croit aimée, et, à un mot qu’elle surprend, elle s’aperçoit qu’on la trompe, qu’elle a une rivale, et qu’on lui est infidèle : La vierge la plus pure a cet instinct sauvage Qui lui fait deviner une infidélité.

1619. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

» Il répondait avec vigueur au nom de cette âme généreuse qui va, au contraire, s’en prendre au corps comme à son plus dangereux séducteur, qui déclare une guerre immortelle et irréconciliable à tous les plaisirs, puisqu’ils l’ont trompée une fois, et qui, venant enfin à s’assiéger elle-même, s’impose de toutes parts des bornes, des clôtures et des contraintes, de peur de laisser à sa liberté le moindre jour par où elle puisse s’égarer : « Ainsi resserrée de toutes parts, disait-il, elle ne peut plus respirer que du côté du ciel. » Une fois entrée dans cette voie de prière et de pénitence, Mme de La Vallière ne se retourna pas en arrière un seul instant.

1620. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

et même, Triste, j’ai tant besoin d’un confident qui m’aime, Me parle avec douceur et me trompe, qu’avant De clore au jour mes yeux battus d’un si long vent, Je veux faire à tes bords un saint pèlerinage, Revoir tous les buissons si chers à mon jeune âge, Dormir encore au bruit de tes roseaux chanteurs, Et causer d’avenir avec tes flots menteurs.

1621. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Le mémoire du 15 octobre fut remis par le comte de La Marck à Monsieur (depuis Louis XVIII), dans l’espérance qu’il en parlerait à la reine : « Vous vous trompez, dit Monsieur au comte de La Marck, en croyant qu’il soit au pouvoir de la reine de déterminer le roi dans une question aussi grave. » Et insistant sur la faiblesse et l’indécision du roi, qui était au-delà de tout ce qu’on pouvait dire : « Pour vous faire une idée de son caractère, poursuivit Monsieur, imaginez des boules d’ivoire huilées, que vous vous efforceriez vainement de retenir ensemble. » C’est alors que Mirabeau tenta sincèrement de se rapprocher de La Fayette, qui, depuis les journées d’Octobre et par suite de la présence du roi à Paris, était le dictateur véritable.

1622. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Il semblait naturellement être désigné pour la commander, et lui-même il se crut nommé jusqu’au jour où il vit le nom du général Bourmont, qui n’avait rien négligé pour le tromper, inséré, au lieu du sien, dans Le Moniteur 3.

1623. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Mais j’y ai été trop rarement pour qu’on ait pu, sans vouloir tromper Votre Éminence, appeler cela des assiduités.

1624. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

À propos de la colique du mari trompé, l’un de nous dit assez plaisamment : « Oui, une colique là, c’est bien… mais il ne fallait pas une colique bourgeoise… il fallait une foire… une foire homérique ! 

1625. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

L’homme qui écrit par clichés est difficile à tromper ; à défaut de mémoire, il a de l’instinct et on ne le ferait pas coucher avec une phrase qui ne se serait pas prostituée à plusieurs générations de grimauds.

1626. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Il s’accable de mépris et d’indulgence, s’insulte et salit sa passion ; la folie de hasarder la paix de son cœur entre les mains traîtresses d’une femme, lui inspire de faux ricanements, et c’est quand son affection trompée, bourrelée et meurtrie lui rend l’âme le plus vide et le plus morne, qu’il s’ingénie à affiler contre sa tendresse et la perfidie de sa bien-aimée les plus jolis sarcasmes.

1627. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

La métaphore du peuple, qui ne se trompe jamais, confirme, sans la connaître, l’invention du poëte ; et, pendant que Shakespeare fait Shylock, elle crée le happe-chair.

1628. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Il faut tenir compte de ces difficultés et les bien connaître pour ne pas se laisser tromper par de fausses apparences ; mais au fond il n’y a qu’une seule méthode pour les sciences naturelles comme pour les sciences physiques, et les premières ne feront de vrais progrès que lorsqu’elles seront largement et décidément entrées dans cette voie.

1629. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Si je me trompe, et qu’ils n’aient contribué en rien à cette fête si superbe, si galante, si longtemps soutenue, et où un seul a suffi pour le projet et pour la dépense, j’admire deux choses, la tranquillité et le flegme de celui qui a tout remué, comme l’embarras et l’action de ceux qui n’ont rien fait.

1630. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Cette ressemblance, quoique imparfaite, trompe ceux qui ne se donnent pas la peine de réfléchir.

1631. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Ou je me trompe fort, ou la main droite de Caesar est trop petite ; le pié de la femme accroupie sur le devant informe, surtout aux orteils, vilain pié de modèle, le vêtement des cuisses de Caesar mince et sec comme du papier bleu.

1632. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Lorsque Rimbrand oppose des clairs du plus grand éclat à des noirs tout à fait noirs, il n’y a pas à s’y tromper, on voit que c’est l’effet nécessaire d’un local particulier et de choix ; mais ici la lumière est diffuse.

1633. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Si quelques desinances sont semblables, le sens de la phrase leve l’ambiguité. à douze ans on ne s’y trompe pas, et à quatorze on n’y hesite plus.

1634. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Les anciens, si je ne me trompe, ont senti cette vérité, et c’est pour cette raison qu’ils ont traité de l’élocution avec tant de détail ; c’est aussi dans la même idée que nous allons en tracer légèrement les principes.

1635. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Ainsi on a lu avec éblouissement l’Histoire des Girondins, ces poésies trompeuses d’un grand poète qui se trompe lui-même, et avec les horreurs du dégoût sinon avec les frénésies d’un désir partagé, cette Histoire de Michelet, qui, je le dis avec tristesse, est un grand crime, si elle n’est pas une honteuse folie.

1636. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Et qu’on ne s’y trompe pas !

1637. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Après l’avoir étudié, il l’a traduit ; je me trompe, il l’a décalqué.

1638. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Si les prévisions d’aujourd’hui ne nous trompent pas, la pensée de l’avenir s’orientera, en chaque individu, vers une existence panthéistique, où tous les éléments qui nous entourent rempliront librement leur rôle respectif à notre égard, une existence qui, loin de sombrer dans cet océan d’actions et de réactions, s’enrichira du tout, de chaque parcelle d’univers, créée pour nourrir sa prodigieuse et toujours plus vaste unité.

1639. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

. — Et si l’on exagère lorsqu’on représente, à la fin de l’Empire romain, tout le peuple pénétré des idées nouvelles, on ne se tromperait pas moins en croyant qu’elles demeuraient cachées dans le cerveau des quelques juristes isolés.

1640. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

et même, après cet espoir trompé, quelle vertu guerrière, quelle effusion de sang généreux au profit d’un maître !

1641. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Revault ne s’y est pas trompé, et cela fait le plus grand honneur à son jugement : la folie ne prouve pas contre le génie. […] Ensuite, quand elle aura assez voyagé, elle se mariera et ne sentira plus le besoin de tromper, après, un mari qu’elle aura trompé avec abondance, avant. […] Ce n’est pas d’envoyer un homme au bagne ou simplement en prison qui rendra aux femmes légalement trompées ni leur virginité, ni leur honneur, ni leur état, pas, toujours enviable, de jeunes filles à marier. […] Je me trompais. […] Maintenant, je croirais volontiers que je me suis trompé.

1642. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

La fin de l’ode semblait menacer l’amant crédule de quelque prochaine inconstance de la perfide : Insensé qui sur tes promesses Croit pouvoir fonder son appui, Sans songer que mêmes tendresses, Mêmes serments, mêmes caresses, Trompèrent un autre avant lui ! […] madame, vous me croiriez capable de vous tromper !

1643. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

La question, assurément, est délicate ; mais elle revient à celle-ci : Jusqu’à quel point l’enfant qui joue de tout son cœur et l’acteur tout à son rôle se trompent-ils eux-mêmes et perdent-ils la notion de leur vraie personnalité ? […] Fouillée se trompe quand il affirme, p. 289-290, l’accord complet de Platon et de Xénophon.

1644. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

» la première répond par une étude méthodique, la seconde au moyen de l’inspiration qui ne trompe pas, puisque les sentiments exprimés par l’artiste dans un poème sont l’équivalent conscient de la cause qui les a produits, la représentation psychologique de la réalité intérieure des choses, leur vraie réalisation dans la conscience, selon l’expression anglaise de M.  […] Il se tromperait ; celui qui penserait découvrir en mes Paysages introspectifs le type idéal si longtemps cherché du poème symbolique tel que je le définis dans cet Essai.

1645. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

. —  Me trompé-je ? […] —  Je ne me trompe pas, un noir nuage — a tourné sa bordure d’argent sur la nuit, —  et jette une lueur entre l’ombre touffue des feuilles501. […] Le fils de Circé a emmené la noble dame trompée, et l’assied immobile dans un palais somptueux, devant une table exquise ; elle l’accuse, elle résiste, elle l’insulte, et le style prend un accent d’indignation héroïque, pour flétrir l’offre du tentateur.

1646. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est un des devoirs du critique ; il se trompe souvent : il suffit de lire Sainte-Beuve pour s’en assurer, qui a méconnu tant de valeurs sûres, lui toujours infaillible dès qu’il jouit d’un certain recul. […] C’est de lui que date, si je ne me trompe, ce théâtre d’atmosphère où le milieu dans lequel respirent et s’agitent les personnages, plus important qu’eux-mêmes, les dissout. […] De celui-ci spécialement, le snobisme des « purs esthètes » s’empara ; mais on se trompa sur son compte.

1647. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Que si, du reste, on se flatte de nous donner ainsi une grande idée de la poésie, il me semble que l’on se trompe. […] Il se trompe du tout au tout. (« he is absolutely wrong » ; intraduisible en français poli…) enfin il conclut que la poésie pure consiste en un « fluide mystérieux », qui transfigure les mots vides ou pauvres de sens, et qui nous fait communier avec l’infini, ou même avec Dieu. […] Que je suis d’accord avec tous ceux qui créent ou sentent poétiquement lorsque la fausse raison ne les trompe pas ?

1648. (1927) Des romantiques à nous

Rimsky a pu se tromper en cette occasion. […] Ceux-là qui, à leur naissance, causèrent aux contemporains la plus vive surprise d’enchantement, ceux-là dont les sensibles nouveautés d’images, de coloris, de sonorités leur firent sentir la séduction d’une magie inconnue, se dépouillent, avec le temps, de ce premier charme capiteux qui intéressait trop particulièrement les nerfs et pouvait tromper. […] Baptiste ne s’était pas trompé en trouvant à Lekeu une « boule de philosophe ». […] Comment un musicien exercé put-il s’y tromper à ce point ?

1649. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

D’ailleurs tu te trompes sur son compte. […] J’obéis à ses décrets insondables sans les discuter, sachant que la raison est fragile et que seule la foi au mystère ne trompe pas. […] Tu ne te trompes point. […] Ne me tromperai-je jamais ?

1650. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Mlle de Montijo aurait répondu : « Je vous tromperais, Sire, si je ne vous avouais pas que mon cœur a parlé, et même plusieurs fois, mais ce que je puis vous assurer, c’est que je suis toujours Mlle de Montijo !  […] Les choses qui se passent accusent en haut une telle incapacité, que le peuple peut bien s’y tromper, et prendre cette incapacité pour de la trahison. […] Il y a au mur, accrochée à une place d’honneur, la trompe écorchée du jeune Pollux, l’éléphant du Jardin d’Acclimatation, et au milieu de viandes anonymes et de cornes excentriques, un garçon offre des rognons de chameau. Le maître boucher pérore, au milieu d’un cercle de femmes : « C’est 40 francs la livre, pour le filet et pour la trompe… Oui, 40 francs… Vous trouvez cela cher… Eh bien !

1651. (1864) Études sur Shakespeare

On se tromperait si l’on mesurait le despotisme d’Élisabeth aux paroles de ses flatteurs ou même aux actes de son gouvernement. […] Les personnages n’y marchent point ou trompeurs ou trompés, entre le vice et la vertu, la faiblesse et le crime ; ce qu’ils sont, ils le sont franchement, nettement ; leurs actions sont dessinées à grands traits ; l’œil le plus débile ne saurait s’y méprendre. […] Et pourtant nous nous trompons ; ce que nous reconnaissons alors en nous n’est pas cette puissance qui se réveille à la vue des souffrances de nos semblables, puissance pleine d’amertume si elle est réduite à l’inaction, pleine d’activité si elle conserve la liberté et l’espoir de les secourir. […] C’est tromper l’esprit sur un événement que de lui en présenter une partie saillante et revêtue des couleurs de la réalité, tandis que l’autre partie est repoussée, effacée dans une conversation ou un récit.

1652. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

J’aime assez cette idée : pourtant si vous accomplissiez l’acte sans cette raison majeure, je verrais que je m’étais trompée sur vous. […] Je me trompais. […] Mais si c’est pour mon bien, sachez que vous vous trompez de la façon la plus désastreuse pour moi. […] Je crois que vous vous trompez.

1653. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Cependant, elle ne se trompait point. […] Il ne se trompait pas. […] Michel Berthier a une maîtresse ; il craint qu’on le sache, et ne trouve rien de mieux, ébloui par les splendeurs de ce monde nouveau pour lui, que d’abandonner la malheureuse qu’il a trompée. […] Si, si… attends… oui, non, c’est moi qui s’trompe. […] Que le lecteur ne s’y trompe pas cependant ; bien que la plupart des nouvelles qui le composent soient à peu près inconnues aujourd’hui, elles ne sont point absolument inédites.

1654. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

On a vu, à toutes les époques, des hommes d’Etat, des politiciens, se tromper lourdement. […] les représentaient à ce monde, facile à éblouir et à tromper, ainsi que des ennemis de classe et des ventres dorés égoïstes. […] On s’est trompé. On vous a trompés. […] Il est des expériences de bonne foi, qui cependant trompent et mentent.

1655. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Accusé de je ne sais plus quelles extravagances, arrêté à Dresde, jeté en prison à Berlin, tenu au secret le plus rigoureux pendant plus de six mois, ma conduite en cette circonstance, les premières rudesses, puis la loyauté du gouvernement prussien qui s’était plu à reconnaître qu’on l’avait trompé, ses offres généreuses, celles du roi des Pays-Bas, mon refus de me séparer de mon pays dans la douloureuse épreuve qu’il traversait, tout cela m’avait composé une renommée bien au-dessus de mon mérite ; en sorte qu’après les élections de 1827, qui renversèrent le ministère de M. de Villèle et portèrent M.  […] Ton erreur est de prendre au sérieux ce qui n’est qu’apparent ; si tu attaches de la valeur à ces apparences, tu te trompes ; si tu en attaches à ton action, tu te trompes encore ; car tout n’est qu’une grande illusion ; l’action, quand on la prend au sérieux, n’est qu’une illusion elle-même ; la beauté, le mérite de l’action, c’est d’être faite avec une entière indifférence aux résultats qu’elle peut produire. […] Ce n’est pas elle qui se trompe, mais ce en quoi elle est l’égare ; de là ses aberrations : elles sont nombreuses ; et comme elles dérivent d’un rapport qui, dans l’état actuel des choses, est notre condition inévitable, elles sont inévitables elles-mêmes. […] Se trompe-t-il en cela ? […] On trouve même, à la réflexion, que le vaincu a dû l’être, et que le génie n’était pas égal des deux côtés ; la seule défaite suppose déjà que le vaincu s’est trompé sur l’état du monde, qu’il a manqué de sagacité et de lumières, qu’il a eu la vue un peu courte.

1656. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Il me semble que l’honorable érudit s’est laissé en ceci dévoyer et tromper par le détail : il s’est perdu par excès de recherches et par trop de conscience.

1657. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

En ces années où Bonstetten prend décidément son parti et où, faisant une bonne fois son deuil de tous les regrets, le rajeunissement pour lui commence, Genève offrait la réunion la plus complète d’esprits éclairés et distingués : Mme de Staël encore, qui allait trop tôt disparaître ; Dumont, l’interprète de Bentham, l’ancien ami de Mirabeau ; le médecin Butini ; l’illustre naturaliste de Candolle, « l’homme parfait, qui avait un aussi bon esprit pour les affaires du monde que pour les végétaux, et le cœur comme s’il n’avait que cela » ; les savants Pictet ; l’érudit Favre ; bientôt Rossi, dont l’esprit fin et l’habile carrière devaient aboutir à la grandeur ; Sismondi, droit, loyal, instruit, mais qui se trompait à coup sûr quand il croyait voir en Bonstetten « un débris de la secte de Voltaire » ; bien d’autres que j’omets, et jusqu’à cet aimable Diodati, qui m’a entretenu d’eux autrefois, et qui, le dernier de tous, vient tout récemment de mourir.

1658. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

J’y ai été trompé comme les autres et séduit par son bel esprit et son exacte prononciation qui pénétrait l’âme.

1659. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Dans les prisons, où l’on trompe souvent l’ennui des heures obscures par des chants en chœur, les prisonniers, interrompant d’ordinaire le coryphée qui leur entonne une gaie chanson, lui demandent autre chose ; ils veulent du triste, une romance, comme ils disent.

1660. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

En ceci, les suites l’ont bien prouvé, M. de La Mennais se trompait de plusieurs façons.

1661. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Tandis que ces personnes de talent brillant et d’imagination vive nous développent des vues générales et des synthèses sur le passé, comment veulent-elles qu’on ne doute pas un peu de la réalité de l’idée, quand on les sait se tromper si à bout portant dans les coalitions qu’elles s’imaginent voir éclore sous leurs propres yeux ?

1662. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

En résultat, grâce à cette édition qui fixe le texte et coupe court aux conjectures, on a droit de dire, si je ne me trompe, que nous avons reconquis le premier Pascal, mais nous le possédons aujourd’hui par des raisons plus entières et plus profondes.

1663. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Quant à la partie si délicate et si ondoyante des intentions, M.Mignet pense que, pour les trois derniers siècles, on peut arriver à la presque certitude, même de ce côté ; car on a pour cet effet des instruments directs : ce sont les correspondances et les papiers d’État, pièces difficiles sans doute à posséder, à étudier et à extraire ; mais, lorsqu’on y parvient, on surprend là les intentions des acteurs principaux, dans les préparatifs ou dans le cours de l’action et lorsqu’ils sont le moins en veine de tromper, puisqu’ils s’adressent à leurs agents mêmes, ou ceux-ci à eux, et au sujet des faits ou des desseins qu’il leur importe le plus, à tous, de bien connaître.

1664. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Ces affinités comme ces antipathies, quand elles s’adressent non pas à un individu, mais à des groupes, dénotent l’esprit secret et ne trompent pas.

1665. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Enfin je voulus voir si je n’étois point trompé dans l’idée que j’avois d’elle, et j’en trouvai une occasion fort honnête.

1666. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Il n’aime guère la femme ; il ne songe pas à se marier : « Je ne sais si un certain fonds de paresse et un trop grand amour du repos et d’une vie exempte de soins, un goût excessif pour l’étude et une humeur un peu portée au chagrin, ne me feront toujours préférer l’état de garçon à celui d’homme marié. » Il n’éprouve pas même au sujet de la femme et contre elle cette espèce d’émotion d’un savant une fois trompé, de l’antiquaire dans Scott, contre le genre-femme.

1667. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Un des ministres de ce temps-là, — le ministre des affaires étrangères, si je ne me trompe, — s’était fait honneur d’y venir, et il tenait l’un des cordons.

1668. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

. — « Le droit de les changer est la première garantie de tous les autres. » — « Il n’y a pas, il ne peut y avoir aucune loi fondamentale obligatoire pour le corps du peuple, pas même le contrat social. » — C’est par usurpation et mensonge qu’un prince, une assemblée, des magistrats se disent les représentants du peuple. « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée… À l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus… Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du Parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien… Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants ; ils ne sont que ses commissaires, ils ne peuvent rien conclure définitivement.

1669. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

» Cette femme qui paraît ivre du jus de la vigne, qui balbutie jusqu’à extinction de voix et de mouvement inarticulé de ses lèvres, et qui répand son âme devant l’autel jusqu’à ce que son Dieu l’exauce et que l’homme s’y trompe, n’est-elle pas la plus parfaite et la plus touchante image du délire lyrique de David ?

1670. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

III Au milieu de ce dédale d’hommes et de choses où chacun se trompe, en appliquant aux idées du présent les dénominations d’hier, une seule nation véritablement indépendante conservait une forte individualité : c’était la Toscane.

1671. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Guillaume de Lorris avait esquissé la figure hypocrite de Papelardie, sans désigner personne : Jean de Meung, avec emportement, brosse l’image horrifique de Faux-Semblant, richement enluminée de tons crus et violents ; et de peur qu’on ne s’y trompe, il ajoute à l’image une légende qui nomme les originaux.

1672. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Avec cela, il a trois parties sensibles : la peau, la bourse et la femme : être rossé, volé, trompé, voilà les trois mésaventures qui le font rire quand elles arrivent aux autres, parce qu’elles le fâcheraient si elles lui arrivaient, il est peu sensible, il a peu d’idées : les peines morales et le tourment d’esprit n’ont guère de prise sur lui.

1673. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

1º Si quelques-uns prétendent que nous possédons, selon votre expression, de « la poussière de critique », ils se trompent : la vérité est que la critique a été parfois mise en poussière par des bibliographes pressés et par des directeurs amis de la concision.

1674. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Elles vont porter la destruction à ses voisins, sur la frontière. » Le cadre est étroit, mais le tableau est achevé et, si je ne me trompe, la composition a sa grandeur.

1675. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Griffin est le miroir de l’action où se développe, où s’avère le moi ; et il ne faut pas s’y tromper, pour l’auteur des Épisodes le songe, s’il nous révèle parfois les images d’une antérieure existence, est un don venu de l’extérieur ; il éclaire notre âme et vivifie le lieu où il se déploie mais demeure une manifestation du Destin.

1676. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Tout vient de sa raison souvent émue par la grandeur des vérités religieuses, souvent trompée par l’intérêt de ce moi qu’il croyait avoir dépouillé, parce qu’il avait réduit son corps aux seuls soins qui pussent empêcher la mort immédiate.

1677. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Il est vrai qu’il s’y trompe quelquefois.

1678. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il est de son siècle, tout en le combattant ; il ne sait pas voir les bornes de la raison, et il s’y trompe d’autant plus souvent, qu’il donne à sa raison l’étendue de son imagination, et qu’il croit raisonner encore quand il rêve.

1679. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Au plus humble degré est le dogmatisme absolu des ignorants et des simples, qui affirment et croient par nature et n’ont pas aperçu les motifs de douter  Quand l’esprit, longtemps bercé dans cette foi naïve, commence à découvrir qu’il a pu être le jouet de sa croyance, il entre en suspicion et s’imagine que le plus sûr moyen pour ne pas être trompé, c’est de rejeter toute chose : premier scepticisme qui a aussi sa naïveté (sophistes, Montaigne, etc.)  

1680. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

On connaît aussi le mot de Ferdinand le Catholique ; Louis XII disait avec humeur : « C’est la seconde fois qu’il me trompe. — Il en a menti, s’écria Ferdinand.

1681. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

De toutes ses vocations à demi manquées, et dont aucune n’a eu pleine carrière, c’est encore son instinct littéraire qui l’a le moins trompé.

1682. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Un grand coup que vous frappez retentit sur le trône et sur le cœur de tous les rois ; les lois et les mesures de détail sont les piqûres que l’aveuglement endurci ne sent pas… On trompe les peuples de l’Europe sur ce qui se passe chez nous ; on travestit vos discussions, mais on ne travestit point les lois fortes : elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l’éclair inextinguible.

1683. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Et l’homme sorti : « Voilà le voleur… C’est un pédéraste… il a fait le coup avec son amant, qui doit avoir la garde du magot… Demain je saurai, qui il est. » Mais Boitelle appuie surtout sur la désorganisation de la police de famille, de cette police qui doit être exercée par un préfet de police, dans les cas, où il faut défendre les honnêtes gens, quand la loi manque pour les protéger, — police qui doit être exercée à la façon d’un cadi, mais à la condition de ne jamais se tromper — répète-t-il deux fois.

1684. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Au reste, qu’on ne s’y trompe pas, cette question de la peine de mort mûrit tous les jours.

1685. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Il n’y avoit pas lieu de croire que ces suppressions fussent du nombre de ces morceaux que les gens de goût pouvoient regretter ; on s’étoit pourtant trompé dans cette conjecture.

1686. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Du moment, d’ailleurs, qu’il y a production d’une richesse dans la société, il y a un possesseur, et il est juste que la richesse produite ne se trompe point, qu’elle n’aille point presque entière à qui l’a moins méritée.

1687. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Le mannequin qui trompe l’exécution des mauvais desseins. — Cf.

1688. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Elle écrivait à une de ses amies : « Mon éducation un peu sauvage, « comme elle se fait dans les bois, et mes goûts retirés offrent peu d’agrément à une femme du monde. » Et sa modestie la trompait.

1689. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Ces formes de bâtiments, qui contrariaient d’abord son œil académique (tout peuple est académique en jugeant les autres, tout peuple est barbare quand il est jugé), ces végétaux inquiétants pour sa mémoire chargée des souvenirs natals, ces femmes et ces hommes dont les muscles ne vibrent pas suivant l’allure classique de son pays, dont la démarche n’est pas cadencée selon le rythme accoutumé, dont le regard n’est pas projeté avec le même magnétisme, ces odeurs qui ne sont plus celles du boudoir maternel, ces fleurs mystérieuses dont la couleur profonde entre dans l’œil despotiquement, pendant que leur forme taquine le regard, ces fruits dont le goût trompe et déplace les sens, et révèle au palais des idées qui appartiennent à l’odorat, tout ce monde d’harmonies nouvelles entrera lentement en lui, le pénétrera patiemment, comme la vapeur d’une étuve aromatisée ; toute cette vitalité inconnue sera ajoutée à sa vitalité propre ; quelques milliers d’idées et de sensations enrichiront son dictionnaire de mortel, et même il est possible que, dépassant la mesure et transformant la justice en révolte, il fasse comme le Sicambre converti, qu’il brûle ce qu’il avait adoré, et qu’il adore ce qu’il avait brûlé.

1690. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

La haine de tous, de tous ceux qu’elle a trahis, dont elle a trompé la cordiale confiance ne fait que sanctionner et rendre manifeste sa déchéance intérieure.

1691. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

En raisonnant de la même manière, on dirait aussi bien : « La digestion est liée chez nous à un estomac ; donc les êtres vivants qui ont un estomac digèrent, et les autres ne digèrent pas. » Or on se tromperait gravement, car il n’est pas nécessaire d’avoir un estomac, ni même d’avoir des organes, pour digérer : une amibe digère, quoiqu’elle ne soit qu’une masse protoplasmique à peine différenciée.

1692. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Mais qu’on ne s’y trompe pas : si le souvenir n’est qu’une perception plus faible, inversement la perception sera quelque chose comme un souvenir plus intense.

1693. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

Corollaire relatif à l’héroïsme des premiers peuples D’après les principes de la politique héroïque établis ci-dessus, l’héroïsme des premiers peuples, dont nous sommes obligés de traiter ici, fut bien différent de celui qu’ont imaginé les philosophes, imbus de leurs préjugés sur la sagesse merveilleuse des anciens, et trompés par les philologues sur le sens de ces trois mots, peuple, roi et liberté.

1694. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

L’homme aux mains innocentes et au cœur pur, qui n’a pas mis sa confiance en de vaines divinités, et qui n’a pas juré, avec le dessein de tromper : celui-là remportera la bénédiction de Jéhovah, et la justice des mains de Dieu, son Sauveur.

1695. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Nous a qui portons par derrière cette trompe aiguë, nous et sommes les seuls Attiques, les vrais nobles et les indigènes du pays, race belliqueuse et qui servit puissamment Athènes dans la guerre, quand vint le barbare, étouffant de fumée la ville et brûlant les campagnes, dans sa rage de nous enlever de force les rayons de la ruche.

1696. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Je me suis trompé ; la Henriade ne prête point au burlesque : je n’y vois ni statue qui défend les Villes, ni cheval de bois qui les prend, ni anges qui luttent contre les diables, ni Dieux qui se mesurent avec les hommes, ni mortels qui blessent les Dieux, & même les plus belles Déesses. […] D’Ariane trompée imitez la douleur. […] L’évenement trompa leur attente.

1697. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Le livre, ainsi que l’être, a un accent de sincérité qui ne trompe pas. […] Qui donc n’a pas frémi dès les premières pages de la Confession d’un enfant du siècle, éprouvé pour son propre compte le martyre de l’amant trompé ? […] et quel connaisseur un peu fin pourrait se tromper au goût d’un quelconque de ces poèmes qui laissent une telle chaleur au sentiment ? […] Et lorsqu’on lit ces revanches de la perruque, il semble voir un troupeau d’éléphants guetter de toutes leurs trompes tendues le vol d’un papillon merveilleux, poudré de pollen et de lumière. […] Le cou de la girafe, la trompe de l’éléphant, le dos rugueux et velu du tatou, le sautillement du kanguroo, autant d’objets qui dilatent le visage des petits enfants et ne sont pas sans satisfaire les grandes personnes.

1698. (1901) Figures et caractères

Je ne prétends pas qu’il ne se soit jamais trompé. […] On pourrait se tromper à cette accalmie ; regardez-y de près : il y a, dans cette âme, une inquiétude maladive, une irritabilité secrète, une colère sourde que rien n’apaise. […] Vigny se trompe. […] L’amplitude démesurée qu’il lui voulut trompa maintes fois l’entente miraculeuse de l’architecte. […] La Fin de Satan ou Dieu font illusion à distance ; de près, on ne s’y trompe pas.

1699. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Tel troque sa femme ; tel court celle d’autrui ; tel bat la sienne ; un autre, trompé, « vendique son bien de couchette, lui chante goguette, l’appelle tout franc et tout net », je n’ai pas besoin de dire comment. […] Le nouveau roi bâille après la finance ; Lui-même y court, pour n’être pas trompé.

1700. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

— forts compagnons,  — qui ne me tromperez pas dans cette lutte !  […] Un d’entre eux, cet Adlhem, parent du roi Ina, qui sur le pont de la ville chantait à la fois des ballades profanes et des hymnes sacrées, trop imbu de la poésie nationale pour imiter simplement les modèles antiques, décora les vers latins et la prose latine de toute « la pompe anglaise72. » Vous diriez d’un barbare qui arrache une flûte aux mains exercées d’un artiste du palais d’Auguste, pour y souffler à pleine poitrine comme dans une trompe mugissante d’auroch.

1701. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ils empruntent et ne rendent point, et s’ils peuvent tromper, ils en perdent rarement l’occasion ; étant sans sincérité dans le service et dans tous autres engagements ; sans bonne foi dans le commerce, où ils trompent si finement, qu’on y est toujours attrapé ; avides de bien et de vaine gloire, d’estime et de réputation, qu’ils recherchent par tous moyens.

1702. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Je ne me trompe pas, c’est bien Racine que je dis et que je veux dire : c’était imprimé ainsi. […] Buloz ajoute : « Quant au récit burlesque de je ne sais quelle scène qui se serait passée à la répétition du Gladiateur, cela rentre, monsieur, dans cet ordre d’inventions et d’injures qui n’atteignent que ceux qui se les permettent. » Vous vous trompez, M. 

1703. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Bellessort nous a tracé un tableau ému de Sainte-Beuve s’accablant de travail pour tromper le désenchantement de ses dernières années, où il professait un matérialisme de plus en plus radical. […] Me trompé-je en reprenant, à propos du grand chimiste, les termes mêmes que j’appliquais à l’auteur dramatique ? […] C’est Renan qui a dit : « Quand j’ai connu l’Allemagne, j’ai cru entrer dans un temple. » Même après 1870, et quand les événements lui eurent montré combien il s’était trompé en « présentant la culture allemande comme synonyme d’aspiration à l’Idéal », — ces mots sont encore de lui, — il déclarait que « la grande supériorité de l’Allemagne est dans l’ordre intellectuel ». […] La bonne volonté d’un Augustin Cochin n’aura pas été trompée. […] En admettant, ce que je crois, pour ma part, que le siècle clos par la grande guerre se soit beaucoup trompé, il y a lieu d’utiliser ses erreurs, en ne les recommençant pas.

1704. (1899) Arabesques pp. 1-223

Un autre exemple : Voici le dilettante qui a coutume d’opposer les idées les unes aux autres, de les disséquer et de jongler avec les notions contradictoires qu’elles lui livrent comme avec des boules de couleur. « Tout est vrai, tout est faux, dit-il, et je me garde de conclure parce que je ne sais jamais si je me trompe, ou si je vois juste. » Il est si content de sa virtuosité qu’il se croit un être d’essence supérieure. […] On sait comment les choses se passent : chaque arrondissement contient quelques malins qui se forment en comité pour envoyer siéger dans cette caverne d’Ali-Baba qu’on appelle la Chambre un notable choisi à cause de sa fortune, de sa voix sonore ou de son habileté à tromper les simples. […] — Tout le reste est chimère. » Nous répondons : « C’est parce qu’on trompe les hommes qu’ils ne savent pas vivre selon la justice. […] Ensuite, le milieu est atroce : on s’y trompe, on s’y vole, on s’y ment, on y glapit, on y grince, on s’y barbouille de fange… Pandémonium de singes, orgie de chacals, jubilé de porcs.

1705. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Bichat, en un mot, s’est trompé, comme les vitalistes ses prédécesseurs, sur la théorie de la vie ; mais il ne s’est pas trompé sur la méthode physiologique. […] Ici l’apparence nous trompe, comme presque toujours ; ce que nous appelons phénomène de vie est au fond un phénomène de mort organique. […] Si on se fondait sur les différences profondes que nous venons d’indiquer pour assigner dans l’économie un rôle vital indépendant à la combustion et à la régénération organique, on se tromperait grandement, car les deux ordres de phénomènes sont tellement solidaires dans l’acte de la nutrition, qu’ils ne sont pour ainsi dire distincts que dans l’esprit ; dans la nature, ils sont inséparables.

1706. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Que si, maintenant, vous ne comprenez pas le titre que j’ai choisi, ou que si, le comprenant, vous jugez que je n’en ai pas tenu les promesses, du moins quelques-unes, — je me serai trompé, et il n’y aura qu’un mauvais livre de plus ! […] Leur attente ne fut pas trompée ; le public accorda tant d’attention à ce mauvais drame que la troupe expia son triomphe. […] Une émotion délicieuse lui piquait les yeux ; car malgré ses quarante ans passés, la vie politique si desséchante, il gardait encore, par un bénéfice de nature, beaucoup d’imagination, cette sensibilité de surface qui trompe sur le fond vrai d’un caractère. […] supporter cette dernière avanie, les cadeaux de l’homme qu’elle trompe, ses bontés et ses marques de tendresse, maintenant qu’il est trop tard, maintenant qu’elle se soucie de bijoux et de parures, comme de la poussière des chemins, et des cailloux de la Crau. […] Pour les mieux tromper, nous jouerons les raffinés de politesse ; quand ils diront quelque chose, applaudissons-les.

1707. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Peut-être vit-il qu’il avait dépassé les bornes, car l’intention de son second poëme, le Viol de Lucrèce, était toute contraire ; mais quoiqu’il eût l’esprit déjà assez large pour embrasser à la fois, comme plus tard dans ses drames, les deux extrémités des choses ; il n’en continua pas moins à glisser sur sa pente. « Le doux abandon de l’amour » a été le grand emploi de sa vie ; il était tendre et il était poëte ; il ne faut rien de plus pour s’éprendre, être trompé, souffrir, et pour parcourir sans relâche le cercle d’illusions et de peines qui revient sur soi sans jamais finir. […] Comme la pensée involontairement vient mettre à côté de Shakspeare, notre grand malheureux poëte lui aussi un philosophe d’instinct, mais de plus un rieur de profession, un moqueur des vieillards passionnés, un railleur acharné des maris trompés, qui, au sortir de sa comédie la plus applaudie, dit tout haut à quelqu’un : « Mon cher ami, je suis au désespoir, ma femme ne m’aime pas !  […] Je n’essaye pas de vous tromper et de vous faire croire au monde où je vous mène.

1708. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Qui trompe-t-on ici ? […] Le réalisme, ou nous nous trompons fort, est la réalité humaine, révélant un corps et une forme artistiques. […] Et celui-ci, certes, a bien, si je ne me trompe, le caractère des grandes généralités ; car, en morale, comme en politique, dans les sciences, comme dans les arts, sans système préconçu et sans parti pris d’aucune sorte, il élucide tout, il harmonise tout, il individualise tout et synthétise tout, en ouvrant à tout de verdoyantes avenues qui se prolongent jusqu’aux arrière-limites de l’avenir ; aussi n’est-ce que quand, sous tous les rapports ci-dessus énoncés, l’Homme-Humanité aura déduit les conséquences du principe ; qu’il aura le droit de dire avec le père de l’Homme-Dieu dans la Bible : Je suis celui qui suis.

1709. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

D’ailleurs il se trompe grossièrement, le Stagyrite, quand il affirme qu’on n’a jamais vu à Carthage d’émeute ni de tyran.

1710. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Les poètes n’y font pas de nids, et les tourterelles mangent comme des ogres… » L’état d’Ondine, à ce second automne passé aux champs, était déjà devenu un sujet d’alarme, et les yeux d’une mère, si crédule qu’elle fût à l’espérance, ne s’y trompaient pas : « … Hors de là, mon cher fils, il faut rentrer dans les détails douloureux, t’avouer que je souffre toujours dans ce même amour de mère, te dire que vingt fois dans un jour une terreur se glisse entre elle et mon regard.

1711. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Les novateurs ne s’y trompèrent pas : le jour de la réception solennelle du grand poète fut pour eux une fête et comme un premier triomphe : ce jour-là, s’il m’en souvient bien, plus d’un jeune romantique, introduit par les portes intérieures sous la conduite de David d’Angers, avait bravé la consigne et occupait par avance, grâce à l’heureuse licence d’alors, une place sur les bancs mêmes de l’Institut, côte à côte avec les immortels

1712. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Chacun y est touché et marqué en quelques lignes ; ils passent tous l’un après l’autre devant nous dans leurs physionomies différentes, et le digne Sers (depuis sénateur), aimable philosophe, habitué aux jouissances honnêtes, mais lent, timide et par là même incapable en révolution ; et Gensonné si faible à l’égard de Dumouriez dans l’affaire de Bonne-Carrère, qui ne sait pas saisir le moment de perdre un homme quand il le faut ; avec trop de formes dans l’esprit et pas assez de résolution dans le caractère ; et l’estimable Guadet, au contraire trop prompt, trop vite prévenu ou dédaigneux, s’étant trompé d’ailleurs sur la capacité de Duranthon qu’il a poussé aux affaires, et ayant à tout jamais compromis son jugement par cette bévue sans excuse ; et Vergniaud qu’elle n’aime décidément pas ; trop épicurien, on le sent, trop voluptueux et paresseux pour cette âme de Cornélie : elle ne se permettrait pas de le juger, dit-elle, mais les temporisations subites de l’insouciant et sublime orateur ne s’expliquent pas pour elle, aussi naturellement que pour nous, en simples caprices et négligences de génie ; mais elle le trouve par trop vain de sa toilette, et se méfie, on ne sait pourquoi, de son regard voilé, qui pourtant s’éclairait si bien dans la magie de la parole.

1713. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Je me trompe fort, ou de tels souvenirs domestiques furent un fait capital dans l’expérience secrète et la maturité du penseur.

1714. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

On y est trompé, on se met à les applaudir et à les louer précisément pour ce qu’ils ont emprunté d’autrui.

1715. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

La pensée généreuse du chef de l’État veut supprimer les peines corporelles ; l’empereur l’avait déjà voulu, et avec une intention très-marquée, quand il s’agissait de la prison pour dettes ; il manifeste le vouloir de nouveau en matière de délits de presse ; le Prince qui, sur le trône, se souvient des jours de l’adversité sait ce que lui, homme de cœur et de pensée, a souffert dans une prison : Non ignara mali, miseris succurrere disco ; et il veut épargner cette même peine aux hommes de pensée, même à ceux qui se trompent ; et cette délicatesse de sentiment n’est pas comprise ; et à diverses reprises on s’est obstiné à réintroduire dans la loi ces peines corporelles : expulsées d’un côté, elles y rentraient de l’autre.

1716. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Ce peuple libre, juste et sage, toujours d’accord avec lui-même, toujours éclairé dans le choix de ses ministres, modéré dans l’usage de sa force et de sa puissance, ne serait jamais égaré, jamais trompé, jamais dominé, asservi par les autorités qu’il leur aurait confiées.

1717. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

En vain vous me promettez de vives jouissances, si je consens à vous suivre ; tant que vous me faites illusion, je consens à tout ; mais je vous échappe dès que vous ne me trompez plus.

1718. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

S’il ne leur offre pas ce qui est conforme à leur croyance, il faut qu’il dise pourquoi : sinon, s’il se contente de nous contrecarrer, c’est lui qui se trompe.

1719. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Là-dessus, impossible de se tromper.

1720. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Taine trompa l’espoir des naturalistes.

1721. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Il n’y eut de trompés que ceux qui avaient disposé de lui en espérance, et qui s’étaient imaginé que l’esprit le plus libre qui fût au monde s’enrôlerait sous le drapeau d’un parti.

1722. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Il est beau d’avoir pu parler ainsi de soi, et de ne s’être point trompé.

1723. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

C’est un mensonge avec lequel on ne cherche pas toujours à tromper, encore que l’on y arrive souvent.

1724. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Dupanloup, qui me conseilla d’accepter : « Ne vous y trompez pas, me dit-il, M. 

1725. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Plus loyalement que lui, nul ne jura des serments ; plus fidèlement que lui, nul ne tint des traités ; plus purement que lui, nul autre n’aima : et, pourtant, tous serments, tous traités, le plus fidèle amour, nul ne les trompa, comme lui.

1726. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Mais tout en insistant sur l’importance de la méthode expérimentale, il s’est totalement trompé sur les procédés à suivie et Harvey n’a pas été trop injuste, en disant de lui : il parle de science comme un lord chancelier.

1727. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Rivarol lui-même s’y était trompé.

1728. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Les hommes à vocation native présentent rarement, ajoute M. un désaccord Hennequin, accusé entre leurs délassements et leurs occupations. « L’expérience générale ne s’est guère trompée sur ce point ; ce qu’on cherche à connaître d’un homme pour le juger, ce ne sont pas ses occupations, ce sont ses goûts L’histoire, de même, nous montre que Louis XVI était simplement un excellent ouvrier serrurier, Néron un médiocre poète, Léon X un bon dilettante. » Ces considérations admettent pourtant bien des exceptions.

1729. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Nous avons été trompé et surpris.

1730. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Assurément je comprends le brusque et sincère mouvement de cet homme écœuré des mensonges de la convention : mais il n’en est pas moins vrai qu’il se trompe, et je lui préfère de beaucoup celui qui portera instinctivement son intérêt à l’arbre entier, à l’écorce rude comme aux fleurs subtiles, aux racines noueuses aussi bien qu’aux feuilles légères, à la branche comme au fruit.‌

1731. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Dans une pareille étude, malheur à celui qui, dénué d’esprit philosophique et de goût esthétique, se laissera tromper par la ressemblance extérieure des formes, qui confondra la valeur relative avec la valeur absolue, la tradition avec la création, ou qui, dédaigneux des faits de la réalité, voudra mettre l’histoire au service de ses sympathies personnelles !

1732. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Il fallut toujours tromper un peu les hommes pour s’en faire écouter.

1733. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Un lettré païen du second siècle, appelé déjà à mêler tous les souvenirs par syncrétisme littéraire, dit, dans un hymne en prose à Minerve : « Pindare nous enseigne qu’assise à la main droite du père, elle reçoit ses commandements, pour les transmettre aux dieux ; car elle est au-dessus d’un ange, et c’est elle qui aux divers anges transmet les ordres divins qu’elle a recueillis de la bouche du Père149. » Avec cette littérature bigarrée de souvenirs, cette mosaïque savante que travaillait Alexandrie, il y a donc souvent à hésiter sur les vraies sources de l’imitation, et la première apparence peut tromper.

1734. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Voilà, ou je me trompe fort, un tableau très exact des pertes irréparables qu’a faites déjà la littérature contemporaine. […] Quant à tromper une pauvre enfant crédule et confiante qui s’adresse à leur conscience et à leur probité littéraire, ces hommes illustres voudraient-ils y consentir ? […] Je ne me suis pas trompé de route ; persévérons !  […] Avec un tact parfait, elle devinait l’âge, la condition, et les mille petites douleurs de la vie oisive, de la vie pauvre, de la vie riche ; elle reconnaissait toutes les passions à certains signes qui ne la trompaient jamais. […] et que, moi aussi, j’étais sorcière sans le savoir. » Trop heureuse cette enfant de s’être trompée de porte !

1735. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

« Rien n’est propre, dit-il, et pur comme les côtes du golfe de Bandol, que j’apercevais à ma droite, en revenant ce matin à Marseille… » Et il conclut : « Un paysage qui reproduirait exactement cette vue passerait pour sec et hors de nature à Paris. » Le railleur Stendhal ne s’y trompe point. […] Je ne me trompais point. […] Et quel moyen mieux approprié pour tromper ou la vie ou la mort, que tant de douceur, tant de couleur bleue, tant d’agréables jardins où les fruits d’or pendent parmi leurs feuilles lustrées ! […] On proteste : — On va nous tromper encore. […] mon cœur ne m’avait pas trompé.

1736. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

C’est encore, si nous ne nous trompons, la même légende qui se retrouve au fond du curieux récit où, pour la première fois avec une date certaine et des traits précis, apparaît, sinon le Juif Errant, au moins un témoin immortel de la Passion. […] Nous remarquons dans cette rapsodie deux traits qui font aujourd’hui partie inhérente de la figure du Juif Errant, et qui, si nous ne nous trompons, sont déjà dans le Volksbuch : l’un, qu’il marche toujours, l’autre, qu’il a dans sa poche cinq sous, qui se renouvellent à mesure qu’il les dépense. […] Si tu avais fouillé les replis de mes entrailles, tu y aurais trouvé une hyacinthe du poids d’une once. » En entendant ces mots, l’homme se mit à pleurer et se frapper la poitrine pour s’être laissé tromper par l’oiseau. […] Écoute donc le conseil que je te donne : N’ajoute plus foi à des paroles extravagantes, et ne dors pas auprès d’une muraille chancelante. » Le renard lui répondit : « Dieu te jugera, puisque tu m’as trompé. — Il est des mensonges qui sont louables », répliqua le moineau ; « Dieu donne de grandes récompenses pour le mensonge qui préserve de la mort et du danger, ou qui sauve les autres hommes. » Le renard se cacha alors tout auprès et se mit à grimper pour saisir le moineau ; mais celui-ci lui lança de sa fiente aux yeux, en lui disant : « Ô insensé ! […] On leur en a fabriqué quelques-unes à l’époque romantique, et entre autres un chant sur la bataille de Roncevaux, le prétendu Chant d’Altabiscar, qui a longtemps trompé les critiques.

1737. (1888) Portraits de maîtres

La gloire n’est pas médiocre pour Lamartine d’avoir vu juste là où tous se sont trompés et de partager en ce siècle le monopole de la clairvoyance avec un autre poète, Edgar Quinet. […] Les vrais connaisseurs ne s’y sont jamais trompés. […] À vrai dire Sainte-Beuve s’est trompé avec une partie de la Société française ; il a pu être indisposé contre les institutions parlementaires par les fautes des uns et des autres, mais mieux eût valu pour son honneur qu’il ne fût pas dans un trop grand nombre de ses Causeries instrument de règne et « muse d’État ». […] En revanche l’historien ne découvre aucun souci de la France chez le conquérant aveugle qui, devant le désastre de Russie, n’a pas même les larmes d’un Xerxès et qui, tour à tour, à Dresde, à Châtillon, refuse avec la paix l’intégrité de notre territoire sacrifiée à son implacable orgueil, Mais voici que, plus imprévoyants encore et franchement odieux, les souverains de l’Europe infligent au vaincu le lointain supplice de Saint-Hélène et trompent les générations en donnant à César la destinée suprême de Prométhée. […] Que Victor Cousin ait trompé l’attente de Quinet en lui découvrant un homme habile au lieu d’un homme austère, qu’il ait manqué surtout à ses engagements d’amitié, nous ne pouvons en disconvenir.

1738. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Nous voulions aller au théâtre ; nous avons été trompés par l’affiche, et nous grondons tout bas d’être au sermon. […] Il peint leurs habits, leur ménage, leur conversation, comme Walter Scott lui-même, et, ce que Walter Scott ne sait pas faire, il imite leur style, tellement qu’on s’y trompe, et que plusieurs de leurs phrases authentiques intercalées dans son texte ne s’en distinguent pas.

1739. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Dans cette clameur des flots (ils l’ignorent) se fiancent des voix si mélodieuses, et pleurent, inconsolables, de sanglotantes harpes, où s’exclame triomphale la pompe des trompes d’airain. […] Mais je crois que tous ces auteurs, qui se plurent, ces derniers temps, au dessin d’atlas sentimentaux, et aux auscultations psychologiques, se trompèrent.

1740. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Envain portons-nous en nous-mêmes le germe des plus belles qualités, il faut le féconder ; la raison veut être éclairée, & si le nom sacré de la vérité n’a jamais frappé notre oreille & pénétré jusqu’à notre ame, tout ce qui nous environne a droit de nous séduire & de nous tromper. […] Que tout y respire les bonnes mœurs, la raison & le goût ; anoblissons nos travaux & nos veilles, en les consacrant à l’instruction de nos semblables ; si nous sommes plus éclairés qu’eux, n’abusons point de nos lumières, ni de leur foiblesse, pour les corrompre, les tromper ou les égarer ; servons-nous, de notre Philosophie pour faire respecter la Religion, les Loix & les Usages reçus ; que la vérité, la sagesse & la vertu brillent dans tous nos ouvrages ; qu’ils les inspirent & les fassent aimer ; qu’ils ne soient point souillés par cette licence effrenée qui ose tout ; bannissons-en cet égoïsme superbe, qui n’a jamais été & ne sera jamais le ton de la modestie & de l’honnêteté ; qu’on y découvre les sentimens de notre ame, non par un vain & pompeux étalage de mots, mais par une simplicité noble, modeste, intéressante, & par des principes solidement établis ; en un mot, en cherchant à instruire ou à plaire, rappelons-nous toujours que rien n’est beau que le vrai.

1741. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Elle me conte que Derenbourg, le directeur des Menus-Plaisirs, lui a confié, que la veille de la première, il dînait dans une maison, qu’il n’a pas voulu nommer, où on avait dit : « Il ne faut pas que la pièce finisse demain. » Et revenant aux applaudissements, aux rappels d’hier, elle m’avoue que, dans la fièvre de bonheur qu’ils avaient Porel et elle, ils ont été soûper, ainsi que deux collégiens, et que dans le fiacre, Porel ne cessait de répéter : « 2, 500 francs de location aujourd’hui… après la presse de ce matin… je ne me suis donc pas trompé… je ne suis donc pas une foutue bête !  […] Ici je me suis complètement trompé dans mes prévisions, car c’est la scène qui a manqué de faire tomber la pièce, mais en dépit des sifflets qui l’ont accueillie, je maintiens que c’est une jolie et originale scène.

1742. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

tout se casserait, c’est possible, mais au moins personne n’aurait rien, ce serait cela de gagné210. » Le communisme et la loi agraire croient résoudre le problème de la distribution des richesses : — « Ils se trompent, dit Hugo, leur répartition tue la production. […] Hugo un courtisan de quel point se trompent ceux qui voient dans chantre de l’autel et du l’opinion. « Qui la flattait en 1825, Victor Hugo ou trône, ou Casimir Delavigne, le poète des Messéniennes Béranger, le chansonnier du Roi d’Yvetot, le prêtre narquois du Dieu des bonnes gens ? 

1743. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Pour tromper une ardeur naissante, encore mal connue de lui, Rousseau se tire d’affaire en homme sensible, mais en littérateur. […] Nous comprendrons ceci en étudiant le développement de l’invention et, si je ne me trompe, nous pourrons aussi y apprendre à mieux connaître l’invention elle-même et les caractères intimes de la synthèse créatrice. […] Les enfants, les peuples primitifs, en s’essayant à des œuvres d’art, se trompent bien souvent en ce sens et juxtaposent des détails qui ne peuvent s’accorder. […] Il n’est pas donné à tout le monde d’imaginer, ni surtout, peut-être, de vouloir réaliser ce que Darwin appelait ses « expériences d’imbécile », mais ces expériences, quand elles n’aboutissent pas, donnent à l’auteur un air de bizarrerie incohérente qui peut tromper le public.

1744. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

On se gardera surtout des effets obligés de perspective qui tromperaient le regard sur la forme réelle de l’objet décoré. […] Il allait de la sorte d’un art à l’autre, prenant garde seulement, comme il disait, de ne jamais se tromper d’outil. […] L’aisance avec laquelle l’écrivain traduit les sons en équivalents colorés risquerait de nous tromper. […] Mais il ne faut pas s’y tromper. […] Mais que ce mot d’idéal ne nous trompe pas.

1745. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Je ne crois pas rêver à cette distance, et il me semble que, sauf rectification, mes souvenirs ne me trompent pas ; la petite comédie se passa à très peu près comme je viens de la raconter, à la chinoise.

1746. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Quand M. de Chateaubriand semble vouloir douter de l’existence des Mémoires entiers de M. de Talleyrand, parce qu’il lui aurait fallu pour cela un travail continu dont il l’estime peu capable, il se trompe.

1747. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

avoir le cœur séparé de soi-mesme, estre maintenant en paix, ores en guerre, ores en trefve ; couvrir et cacher sa douleur ; changer visage mille fois le jour ; sentir le sang qui lui rougit la face, y montant, puis soudain s’enfuit, la laissant pâle, ainsi que honte, espérance ou peur nous gouvernent ; chercher ce qui nous tourmente, feignant le fuir, et néanmoins avoir crainte de le trouver ; n’avoir qu’un petit ris entre mille soupirs ; se tromper soi-mesme ; prusler de loin, geler de près ; un parler interrompu, un silence venant tout à coup, ne sont-ce tous signes d’un homme aliéné de son bon entendement ?

1748. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Mme de Krüdner s’est moins trompée sur l’importance de 1815 même que sur les conséquences qu’elle en augurait.

1749. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Nous croyions qu’ils vous trompaient, et nous nous disions dans notre chagrin : Si notre bon roi le savait !

1750. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

Et cependant, en se trompant de sujet, M. de Laprade ne se trompe pas de talent.

1751. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Je crois donc que ces historiens antiques ou ces historiens routiniers modernes qui ont imité Plutarque en plaçant le portrait à la fin au lieu de le placer au commencement, se sont trompés de place dans leur système historique ; je le crois d’autant plus que ce n’est pas ainsi que procède la nature, cette grande logicienne, cette grande rhétoricienne de l’école de Dieu.

1752. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Le génie de Phidias, qui l’avait bâtie et meublée du céleste mobilier de l’Olympe, nous protégeait seul et devait seul ressusciter cette Athènes toute cadavéreuse à nos pieds ; car, il ne faut pas s’y tromper, c’est Phidias qui a ressuscité la Grèce ; ce sont ses ouvrages que l’Europe a voulu délivrer des Turcs ; la Grèce, pour elle, ne fut qu’un musée captif.

1753. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

» Dieu, tout espoir, les aurais-tu trompés ?

1754. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

CXLIV Mais je vis bien vite que je m’étais trompée, quand un beau jeune paysan de Saltochio, son fiancé ou son frère, détacha de son épaule une petite gourde de coco suspendue à sa veste par une petite chaîne d’argent, déboucha la gourde, et, l’appliquant à mes lèvres, en fit couler doucement quelques gouttes dans ma bouche, pour me relever le cœur et me rendre la parole.

1755. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Puis c’est un poème humanitaire et démocratique : en face du bourgeois égoïste et satisfait, le peuple opprimé, trompé, souffrant, irrité, mourant, l’éternel vaincu ; en face des vices des honnêtes gens, les vertus des misérables, des déclassés, d’un forçat, d’une fille.

1756. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Ce sont bien, en effet, les deux seules choses qui ne trompent point.

1757. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

Chaumié se trompe, la race ne l’a perdue.

1758. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Parmi tous les ouvrages d’esprit, il n’en est pas où les contemporains soient plus sujets à se tromper que les pièces de théâtre ou les romans.

1759. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Elle trompait ainsi sa passion et y trouvait des moments de volupté qui la rassasiaient pour des journées.

1760. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Il met en doute l’existence du monde extérieur, et il ne peut la démontrer (circuit étrange) que par l’existence de l’âme qui perçoit le monde et par l’existence de Dieu qui, étant parfait, ne peut avoir voulu tromper l’homme en lui donnant de fausses perceptions.

1761. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Tous les sept ans il descend un jour à terre pour chercher la fiancée constante ; mais que de fois les femmes, plus perfides que les ondes, l’ont trompé !

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