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77. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

La vie ne saurait se décomposer ainsi ; elle est une et, par conséquent, elle ne peut avoir pour siège que la substance vivante dans sa totalité. […] Des représentations qui n’expriment ni les mêmes sujets ni les mêmes objets ne sauraient dépendre des mêmes causes. […] À parler rigoureusement, dans l’état actuel de nos connaissances, la question ainsi posée ne saurait recevoir de solution catégorique. […] Mais on ne peut savoir si la société est ou non la cause d’un fait ou si ce fait a des effets sociaux que quand la science est déjà avancée. De telles définitions ne sauraient donc servir à déterminer l’objet de l’investigation qui commence.

78. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

— Pourtant, vous le savez, vous qui regrettez de n’être pas avec eux, les jeunes gens ont toujours raison ; même dans leurs erreurs, la vérité germe. […] Mallarmé, je sais fort bien quelle est son influence sur la génération nouvelle, mais je ne sache pas qu’il ait avoué aucun disciple. […] Longtemps même, et c’est notre littérature classique, on ne sut voir que l’Ame. […] Mallarmé, ce très pur poète, disent des mots si hautement simples que cette époque ne les saurait entendre, perdue qu’elle est de petites complications. […] Mais nous le savons, et ce n’est pas inconsciemment que nous retournons aux sources de la langue d’une part et de l’autre aux sources des Mythes

79. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Le ciel le sait. […] Je sais que vous êtes tous les jours obsédé, mais je sais qu’il faut être poli. […] Il suffit qu’on sache phraser, pour qu’on soit éloquent. […] Ma foi, je n’en savois rien ; mais c’est un ton. […] Il sait être fat & sot tout à la fois.

80. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Un matelot qui sait les parages s’offre pour essayer d’entrer le Vétéran dans le petit port de Concarneau. […] Je l’ai jeté, exprès dans un commandement isolé et en chef, car je ne crois pas au proverbe que pour savoir commander il faut savoir obéir. » La campagne de Prusse donna au prince Jérôme une occasion de prouver la bonté naturelle de son cœur. […] Savoir être roi est chose difficile ; savoir ne plus l’être après l’avoir été est chose plus difficile encore. […] Il ne savait ni quand ni comment sa race serait rétablie, mais il savait que tôt ou tard elle aurait son jour, et que la France la rappellerait : il en avait comme la tranquille certitude. […] On le sentait bien, et la France, qui s’était accoutumée à voir dans ce dernier frère de Napoléon un survivant permanent d’une autre époque, aimait à le savoir là toujours.

81. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Et, vous savez ? […] On ne sait pas. […] Coquelin a su le dérouler ! […] Je voudrais bien le savoir. […] si nous savions avant ce que je viens de savoir après !

82. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Et savez-vous pourquoi le vilain bat sa femme ? […] Mais le fait est que nous n’en savons rien. […] Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose : cette universalité est la plus belle. […] Que sait-il, que savons-nous si Pascal n’en eût pas fait usage et tiré quelque argument imprévu pour sa cause ? […] Comme il a su réparer, racheter son erreur !

83. (1883) Le roman naturaliste

Je sais que M.  […] Je ne sais ! […] Qui sait ? […] Nous le savons. […] Qu’en savons-nous ?

84. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Ils n’en savent rien. […] Ils ne le savent pas davantage. […] Je ne sais. […] Nos enfants le sauront. […] non, tu sais, il ne ment pas.

85. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il serait assez intéressant de le savoir. […] L’homme qui sait le bien ne le fait pas, parce qu’il se contente de le savoir et que cela suffit à son amour-propre et parce que, à savoir le bien et à se rendre compte qu’il le sait, il croit le faire et avoir accompli et consommé son devoir. […] L’homme civilisé, c’est l’homme qui sait, l’homme cultivé, c’est l’homme qui sait. […] Le criminel seul sait à quel point il est coupable, ou plutôt il ne le sait pas ; mais il le sait incomparablement plus que vous. […] Le voleur lui-même a honte en présence du sommeil… Ce n’est pas une petite chose que de savoir dormir : il faut savoir veiller tout le jour pour savoir dormir.

86. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Je dis là ce que chacun sait. […] Je doute qu’il m’en ait su gré. […] Trois fois déjà il a tout su, trois fois il l’a vue en pleurs et lui a pardonné. […] Je vais lui répondre au hasard sans savoir où le trouver. Si vous en savez quelque chose, vous me le direz.

87. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Qui sait si la face du globe ne va pas être renouvelée ? […] Savons-nous ce que seront les batailles futures ! […] Non pas, que je sache. […] le plus humble d’entre vous et un des derniers venus, je le sais ; mais aussi un fervent qui saura pousser sa foi jusqu’au martyre.

88. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Elles veulent savoir la pensée et la parole du journal ! […] Il y a des gens qui savent tout prévoir. […] Vous savez l’instant où M.  […] Vous savez, et les races futures le sauront, si les principaux acteurs de cette petite comédie ont eu à subir des fortunes bien diverses. […] Vous savez le reste.

89. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Son âme sensible eut de tout temps des arriérés de tendresse dont il ne sut que faire. […] Comment parler pertinemment d’une littérature et d’un peuple dont on ne sait pas la langue ? […] Il faut savoir prendre le temps comme il vient. […] Nul homme n’a jamais été dévoré plus que lui de la rage du savoir en tous genres. […] Jusqu’ici on n’a su vraiment où prendre M. 

90. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Une mouche, un bruit de porte, une pensée qui vient, que sais-je ? […] Qui sait où elle va ? […] qui sait si elle ne cherche pas quelque Paris où elle a un frère ? […] Il me tardait de le voir, de savoir quel jour tu étais parti de Gaillac. […] On dirait qu’il me comprend, qu’il sait que je remplace sa maîtresse.

91. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« Cosette ne savait pas ce que c’était que l’amour. […] Ne pas savoir l’adresse de son âme ! […] Si vous saviez ! […] tu le sais ! […] Ils s’étaient pris les mains sans savoir.

92. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

On ne saurait assez remercier M. […] Nodier, l’habile magicien, avait su répandre sur ces recherches, en apparence fort arides, je ne sais quel attrait mystérieux qui de proche en proche s’est communiqué. […] Je ne sais si le nom de Gerson ou celui de Pascal opérèrent magiquement et furent le mot de passe, mais M. […] quoique dans les douleurs, je t’ai senti et je suis soulagé. — Sachez que la déesse Diane est dans cette enceinte. […] Mais il faut savoir aussi quelque gré à ceux qui réussirent un moment à tout concilier.

93. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Je ne sais. […] Je sais sa physiologie. […] Thiers sait tout, parle de tout, tranche sur tout. […] Elle savait trop bien qu’elle jouait la comédie. […] Sachons seulement en rabattre à part nous, in petto.

94. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Les poëtes français. Recueil des chefs-d’œuvre de la poésie française »

Rien pourtant ne saurait m’empêcher de dire que ses notices sont spirituelles, étudiées, exprimant des jugements ou des impressions qui sont bien à lui, et qui se revêtent d’un tour piquant. […] Il n’a manqué aux deux recueils de poésies qu’il a publiés en 1854 et 1855 que peu de chose, et je ne sais quel rayon venu à propos, pour être plus en vue et pour attirer l’attention. […] Et pourtant il y a de charmantes pièces dans les recueils de M. de Belloy, notamment celle-ci, un petit chef-d’œuvre, que Brizeux savait par cœur et qu’il aimait à réciter. […] Voici une pièce, par exemple (omise encore, je ne sais pourquoi, dans notre recueil), qui me semble exquise et parfaite à tous égards, et qui unit composition, grâce, malice. […] Ce n’est pas un de ces sonnets savants, fortement pensés, habilement ciselés, comme Soulary sait les faire ; c’est un sonnet tendre et chaste : un souffle de Pétrarque y a passé.

95. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Voulez-vous savoir ce que c’était que Baudelaire ?  […] La butte entière sait que je reviens du Mirliton. […] Est-ce que l’auteur le sait lui-même ? […] Je ne saurais vous le dire. […] Voulez-vous savoir ce qui m’y a le plus frappé ?

96. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

Ils ont, ici, je ne sais quoi de forain. […] nous sommes, comme vous savez, des « cérébraux ». […] » savoir exactement de quoi il s’agit. […] Et ainsi on devient cruel sans le savoir. […] Tous ces gens-là ne savent pas être riches.

97. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Le lecteur ne sait où il en est, ainsi que les animaux que l’auteur introduit dans cette fable. […] Fut fait savoir, etc. […] Tous ceux qui aiment les vers de La Fontaine, le savent presque par cœur. […] On ne sait ce qu’on doit admirer davantage. […] On sait que l’époux de Psyché, c’est l’Amour.

98. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il n’était pas même haï des Jansénistes les plus sensés : il avait su parer adroitement des coups que l’on voulait leur porter. […] Mais ceux qui le connaissaient mieux, qui savaient qu’il avait le désir d’être cardinal et qui le voyaient compromettre à jamais une ambition si légitime par sa conduite envers Rome, y donnaient une autre explication. […] On a dit (et c’est la version de Legendre) que le Clergé lui en voulait d’avoir été amené par lui à offrir quatre millions annuels de don gratuit, quand on sut bientôt que le roi se serait à la rigueur contenté de la moitié. […] Laissant la question de l’éternité à part, c’est quelque chose, dirons-nous, que d’avoir su s’acquérir en cette vie des amis si affectionnés et si fidèles. […] On sait les aventures de jeunesse de cette muse.

99. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

« Savez-vous ce que c’est que mon neveu ? […] Je ne sais. […] On sait l’histoire, mais on ne la peut savoir de personne plus fidèlement que de celui qui y était présent et sur le terrain même. […] je sais ce que valent bien souvent tant d’éloges que chacun répète et enregistre. […] Ce qu’on en sait et ce qu’on en cause n’est pas du tout ce qu’on en écrit.

100. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

On sait combien Fénelon goûtait La Fontaine. […]  ») Il y a ce rapport entre Fénelon et La Fontaine, qu’on les aime tous deux sans bien savoir pourquoi et avant même de les avoir approfondis. […] Fénelon, on le sait, avait été des plus protégés, des plus écoutés et consultés par elle, avant qu’elle eût la faiblesse de l’abandonner. […] En apprenant la mort du duc de Bourgogne, Fénelon n’a qu’une parole ; elle est brève et sentie, elle est ce qu’elle doit être : « Je souffre, Dieu le sait ; mais je ne suis point tombé malade, et c’est beaucoup pour moi. […] Littérairement, on a beaucoup loué et cherché à définir Fénelon, mais nulle part, selon moi, avec une sensibilité d’expression plus heureuse et une plus touchante ressemblance que dans le passage suivant, où il s’agit autant de son style que de sa personne : « Ce qu’il faisait éprouver n’était pas des transports, mais une succession de sentiments paisibles et ineffables : il y avait dans son discours je ne sais quelle tranquille harmonie, je ne sais quelle douce lenteur, je ne sais quelle longueur de grâces qu’aucune expression ne peut rendre. » C’est Chactas qui dit cela dans Les Natchez.

101. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Je le sais ; mais je sais aussi que la mort l’en a seule empêché. […] C’est ce que je ne crois pas que personne ait mieux su que Bayle. […] On le saurait, si l’on savait « lire » les textes du xviiie  siècle. […] Nos optimistes eux-mêmes, et nos épicuriens ne sauraient le nier. […] Je ne sais !

102. (1890) L’avenir de la science « XX »

La science populaire m’est profondément antipathique, parce que la science populaire ne saurait être la vraie science. On lisait sur le fronton de telle école antique : « Que nul n’entre ici s’il ne sait la géométrie. » L’école philosophique des modernes porterait pour devise : « Que nul n’entre ici s’il ne sait l’esprit humain, l’histoire, les littératures, etc. » La science perd toute sa dignité quand elle s’abaisse à ces cadres enfantins et à ce langage qui n’est pas le sien. […] Savoir, dit-on, ne sert point à faire son salut ; savoir ne sert point à faire sa fortune, donc savoir est inutile 186. […] Je voudrais bien savoir si Périclès fit valoir ce motif aux Athéniens, quand il s’agit de bâtir le Parthénon. […] Et moi, qui vais à l’âme, moi, le prêtre de la vraie religion, je ne sais en vérité ce qui, l’an prochain, me donnera du pain.

103. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il savait très bien l’anglais. […] Je n’en sais rien. […] On ne sait donc pas ce que M.  […] Je ne sais trop comment. […] Lucien est un père, non pas sans le savoir, mais sans savoir qui est sa fille.

104. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Il faut donc savoir trancher les questions, même au risque d’errer. […] Quand nous savons que l’eau et toutes ses propriétés résultent de la combinaison de l’oxygène et de l’hydrogène, dans certaines proportions, nous savons tout ce que nous pouvons savoir à ce sujet, et cela répond au comment, et non au pourquoi des choses. […] Nous n’en savons rien. […] La connaissance absolue ne saurait donc rien laisser en dehors d’elle, et ce serait à la condition de tout savoir qu’il pourrait être donné à l’homme de l’atteindre. […] Il ne saurait en être autrement.

105. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Il avait le goût ferme et sobre et savait s’arrêter, quelle que fût son envie. Michelet ne le sait pas. […] Savez-vous ce qu’il a cru faire avec son livre de l’Amour ? […] Qui sait ? […] On sait maintenant qu’il l’est et même pour qui.

106. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Qu’importe à l’œuvre que les instruments sachent ce qu’ils font ? […] Je ne sais pourquoi nous n’imitons plus les anciens sur ce point. […] L’Être immortel n’apprend rien : il sait par essence tout ce qu’il doit savoir. […] Pour moi, je n’en sais pas douter. […] Votre souverain pontife ne sait pas s’il sera demain souverain ou proscrit.

107. (1889) Méthode évolutive-instrumentiste d’une poésie rationnelle

Et encore, MM Jean Moréas et Gustave Kahn, les promoteurs de ce lieu commun, ne surent-ils pas s’abstraire du simple Symbole d’images successives tel que le montre en ses essais M.  […] « Tant que de même la poésie, présentement après la musique et le savoir du savant, première désormais ! […] « D’éternité et pour éternité et dans l’illimité la matière devient amour de soi : et qui est en un seul deux désirs dont un autre s’engendre, son amour fait son devenir, et, qui intégrale ne s’aimera que si intégrale elle se sait, elle devient à se savoir. […] à se savoir la matière devient. […] ………………………………………………………………………………………………   « A en s’aimant s’aimer et se savoir : qui éternellement et infiniment fait effort mâle et femelle pour, éternellement et infiniment, le fruit en qui elle se mieux saura, selon l’ellipse devient et se transforme la matière en mouvement. » (Traité du Verbe.)

108. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Je n’en sais rien. […] Je ne saurais me refuser à tant de monde qui m’invite. […] Les petits madrigaux infâmes de Catulle, j’en sais les trois quarts par cœur. […] Point de grands sculpteurs qui n’aient su faire le buste. […] Mais il faudrait savoir animer les choses mortes ; et le nombre de ceux qui savent conserver la vie aux choses qui l’ont reçue, est facile à compter.

109. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Weiss, lui, sait pourquoi. […] Le savez-vous ?  […] « Vous savez ? […] … Je ne sais pas, moi. […] cette fois, qui sait ?

110. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Car, nous le savons trop, hélas ! […] Je n’en sais pas de pire, assurément. […] Je ne sais point d’enseignement plus retardataire. […] Il a su remettre tout en place. […] Il sait que la mort est une renaissance.

111. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Je ne sais ce que cet homme devient. […] Sachez, l’ami Pierre, qu’il ne faut pas copier ou copier mieux, et de quelque manière qu’on fasse, il ne faut pas médire de ses modèles. La fuite en Egypte est traitée d’une manière Tableau de 5 pieds piquante et neuve ; mais le peintre n’a pas su de haut sur quatre de large. tirer parti de son idée. […] Le beau tableau, si le peintre avait su faire des montagnes au pied desquelles la Vierge eût passé ; s’il eût su faire ses montagnes bien droites, bien escarpées et bien majestueuses ; s’il eût su les couvrir de mousses et d’arbustes sauvages ; s’il eût su donner à sa Vierge de la simplicité, de la beauté, de la grandeur, de la noblesse ; si le chemin qu’elle eût suivi eût conduit dans les sentiers de quelque forêt bien solitaire, et bien détournée ; s’il eût pris son moment au point du jour ou à sa chute. […] Voilà, mes amis, ce qu’il faut savoir imaginer et exécuter, quand on se propose un pareil sujet.

112. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Tout ceci est bien terre à terre, je le sais, aux yeux de cette opinion factice et amoureuse de popularité, qui tient le pouvoir, quelles que soient les mains qui l’exercent, pour l’adversaire présumé de la société. […] Ce métier, sachez-le bien, est un des plus pénibles et des plus méritoires que l’on puisse faire. […] C’est alors que je me recommande à vos prières ; car alors seulement se posera et se débattra au-dedans de moi cette redoutable question de savoir si je puis, oui ou non, tirer désormais parti de ma vie. […] Je ne sais en vérité ce que je deviendrais si cette unique occupation me manquait. […] La question, pour lui, est de savoir s’il pourra transformer l’homme politique en homme de science et d’érudition ; il s’y applique à cinquante ans avec toute l’ardeur de la jeunesse.

113. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

L’Europe et la France savent quelle fut la vérité de cet éloge. […] Jamais la France n’eut autant d’éclat que sous Louis XIV ; mais cet éclat, comme on sait trop, fut mêlé d’orages. […] Louis XIV eut dans son caractère je ne sais quoi d’exagéré qui se répandit sur sa personne, comme sur tout son règne. […] Il leur manquait je ne sais quoi de calme qui arrêtât leurs forces et qui les rassemblât, qui les rendît utiles en les dirigeant. […] On doit savoir gré à Louis XIV d’avoir répandu l’éclat sur les talents et sur les arts, d’avoir su apprécier ces hommes que leur fortune rend obscurs, mais que leur génie rend célèbres ; qui ne sont point destinés par leur naissance à approcher des rois, mais qui sont quelquefois destinés à honorer leur règne.

114. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Je ne le sais. […] J’en sais que vous oubliez, ne fût-ce que les vôtres. […] Je savais que cela ne tirait pas à conséquence. […] Rouher savait tous mes sentiments pour sa personne. […] P*** si impatient de me savoir hors de Paris ?

115. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Les œuvres du passé ne sauraient être comprises et jugées que par ceux qui savent le passé. […] D’où le sait-il ? […] Savoir douter ! […] Savoir goûter, savoir douter, les deux se muent l’un dans l’autre en nuances vivantes. […] Qui sait ?

116. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Le Clerc a composé, comme chacun sait, de savants ouvrages ; il en a fait de spirituels. […] Demandez-lui compte de son travail, à peine saura-t-il vous en faire le récit. […] Qu’une remarque ici, une conjecture me sait permise. […] Le sait-on soi-même de soi ? […] On ne saurait entrer d’un pied plus léger dans la rapidité romantique.

117. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

On me dit qu’on eût été bien aise de connaître les œuvres de Veyrat avant de savoir s’il faut s’intéresser à sa vie ; mais il en est de lui comme de tous les poëtes personnels et lyriques : sa lyre et son âme, sa vie et son œuvre sont une même chose. […] Ce sont de beaux accents, dignes des Harmonies de Lamartine, avec je ne sais quelle saveur plus pénétrante et plus âcre. […] Il voyait en eux des êtres étranges, revenus de tout, des lutteurs angéliques, que sais-je encore ? […] Je ne saurais m’enfoncer dans une étude ; j’effleure la corbeille si remplie qui nous est offerte, je prends le dessus du panier. […] Mordre l’inconnu est dur ; le goût, ce je ne sais quoi d’indéfinissable qui devrait être de tous les temps et de toutes les écoles, rejette de pareilles expressions.

118. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

Quelle académie, en Europe, mettra sérieusement au concours la question de savoir si l’illuminisme est un développement définitif de l’être mental, ou bien si c’en est une aberration ? […] Positivement, on ne sait rien, et, en attendant qu’on sache quelque chose, on insulte le mysticisme, on nie les faits de l’ordre surnaturel et on mutile la faculté de connaître ! […] Nous nous étions laissé dire que Gérard de Nerval étudiait avec amour les sciences occultes et reprenait, pour savoir ce qu’elles contiennent encore, ces vieilles méthodes du Moyen Âge que Bacon et Descartes ont écrasées sous leur mépris de novateurs. […] Ou enfin, troisième parti, on ne sait qu’en penser. […] Sait-il ou ne sait-il pas ?

119. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

» Voilà ce qu’il fallait savoir comprendre. […] Voltaire est continuellement contradictoire, comme vous le savez. […] Vous savez que les gens de génie ont quelquefois le flair critique, encore que ce soit assez rare. […] Eh bien, s’il est un romantique réaliste avec beaucoup de talent, savez-vous ce qu’il est ? […] Vous savez que La Fontaine a parlé pour sa maison ; eh oui !

120. (1911) Études pp. 9-261

Il a je ne sais quoi d’achevé, de comblé. […] à l’aigle qui ne sait pas faire son nid même ? […] Que savons-nous d’elle maintenant ? […] comme le bonheur saura ruser avec cette âme ! […] Elle se savait pleine de réserve et de dédain.

121. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Celui-là goûtait la science et savait ce que c’était qu’un fait. […] Gaston Paris savait que ce qu’il nous faut prendre à la science, Messieurs, c’est sa conscience. […] Je ne sais pas si alors nous ferons de la science, mais je suis sûr, du moins, que nous ferons de la meilleure histoire littéraire. […] Distinguer « savoir » de « sentir », ce qu’on peut savoir de ce qu’on doit sentir, ne pas sentir où l’on peut savoir, et ne pas croire qu’on sait quand on sent : je crois bien qu’à cela se réduit la méthode scientifique de l’histoire littéraire. […] Dans l’ordre intellectuel, comme dans l’ordre moral, c’est contre soi-même d’abord qu’il faut savoir être libre.

122. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Savez-vous ce que j’ai là-dedans ? […] il est bien tard, sais-tu ? […] pourquoi ai-je jamais su écrire ! […] Sais-tu seulement où tu es, pauvre petite ? Et où tu vas, le sais-tu ?

123. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Ainsi, voulant tout enseigner et tout apprendre, absolument tout, n’admettant aucune ignorance partielle, on aboutit à un savoir littéral sans vertu littéraire. […] C’est dire que la littérature n’est pas objet de savoir : elle est exercice, goût, plaisir. On ne la sait pas, on ne l’apprend pas : on la pratique, on la cultive, on l’aime. […] Il était inutile de charger mes notes de l’indication de tous les articles de Sainte-Beuve : on saura toujours y recourir. On saura aussi aller trouver Nisard au besoin.

124. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Savez-vous pourquoi vous ne sentez pas ce qu’ils valent ? […] Il faut voir comme un auditoire choisi sait applaudir à toutes ces beautés naturelles. […] Il est à la vérité tombé sous un fer ennemi ; mais que sais-je ? […] Je sais que Voltaire a daigné employer de pareils prestiges, et je serais tenté de croire qu’il eût mieux fait de n’en avoir pas besoin. […] On sait quels mots Racine a su ennoblir, et que sous sa plume savante, l’expression la plus propre et la plus simple demeure la plus tragique.

125. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

On ne sait pas. […] L’être innocent, celui qui ne nuit jamais, ne saurait vivre. […] Il en indiquait la portée, et sans doute savait-il parfois se taire. […] Il ne sait pas s’adresser aux puissances suprêmes. […] Il saura que le problème moral est insoluble.

126. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Le Tasse a su mieux modérer son essor, sans lui rien faire perdre sous le joug de l'Art qui le conduit. […] « Nous n'avions point de Poëme épique en France, & je ne sais même si nous en avons aujourd'hui. […] La Passion ne fut jamais sententieuse ; la Nature sait s'expliquer sans emphase & sans détour. […] La maniere de raconter, quoique piquante, ne sauroit suppléer au fond des choses, ou justifier la malignité des réflexions. […] Ce que la saine Philosophie ne sauroit avouer pour son ouvrage, l'indépendance, le désordre, la corruption, le bouleversement de toutes les idées.

127. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Mais, comme il a su parler de cette Algérie alors vierge ! […] Quant à Madeleine, nous ne savons pas ce qu’elle devient. […] Vous ne saviez pas ce que c’est. […] Rappelez-vous cet entant ému jusqu’aux larmes sans savoir pourquoi. […] Il ne sait pas que l’absence véritable est dans la volonté de l’âme.

128. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Mais Dieu sait quel usage M.  […] C’est une méthode que je ne saurais approuver. […] Pour savoir vraiment la place que M.  […] Il sait et ne sent pas. […] Nul ne saurait le dire.

129. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Levallois sait son Jean-Jacques et le possède comme personne en ce temps-ci ; il le sait par devoir et aussi par amour. […] Quoi de plus simple ensuite qu’on lui en sache un gré immortel ? […] L’heureux ne sait s’il est aimé, dit un poète latin ; et moi, j’ajoute : L’heureux ne sait pas aimer. […] On ne sait plus rien de ce qui la regarde. […] Je ne sais si vous avez ouï conter cette anecdote de leur roman, qui est singulière.

130. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

Vous savez la phrase très commune, mais très vraie : « Quel mérite a-t-on d’aimer ses enfants ?  […] Deux ou trois personnes tout au plus surent les misères de ce pauvre grand homme, qui s’est plaint heureusement dans ces lettres, mais comme jamais ne se plaignit un homme qui a droit de se plaindre. Ainsi qu’on le savait avant les Correspondances, ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne réfugié à Gagliari, auprès de l’empereur de Russie, Joseph de Maistre fut pendant dix-sept ans en proie aux plus cruelles détresses, ce qu’on ne savait pas et ce que la Correspondance diplomatique a seule révélé. […] » Ce Job de la diplomatie savait tenir contre la misère avec la gaité de Beaumarchais, mais il ne savait plus qu’être triste devant l’abandon d’un gouvernement, stupide de cœur comme de tête, qui ne lui donnait ni mission réelle, ni instructions, et, en échange d’admirables conseils demandés pour ne pas les suivre, lui renvoyait d’ordinaire d’ineptes duretés… Ah ! […] Il faut lire ces lettres pour le savoir.

131. (1894) Études littéraires : seizième siècle

On le savait encore, on ne le sentait plus. […] Surtout il savait les hommes, ce qui est le plus rare. […] Ce qui n’est pas fortuit c’est le savoir, et surtout le savoir scientifique. […] Dieu sait ce qu’il a à nous donner. […] Il les a sus et il les a faits.

132. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Il est très vrai qu’il y a des esprits d’une malheureuse fécondité, qui savent parler avant d’avoir pensé, échauffés de je ne sais quelle chaleur, qui emporte leur langue ou leur plume d’une folle et infatigable allure : n’ayant pas toujours le temps de se rendre compte de ce qu’ils disent, confiants en leur démon et dans la bonne foi du public, qui saura bien y trouver un beau sens. […] Le sentiment des proportions fait défaut : à peine sait-on si la pensée que l’on tient est essentielle ou incidente, s’il faut glisser ou appuyer. Je ne sais quelle gêne, quelle incertitude vous envahit, vous empêche de vous livrer tout entier à votre œuvre : je ne sais quelle appréhension de ne faire que du provisoire, vous poursuit dans la moindre de vos phrases, vous glace, et vous empêche de rien écrire d’une main ferme et hardie. […] Un moindre génie, qui sait ordonner ses inventions, touche plus sûrement le but, fait une œuvre plus forte et plus belle qu’un grand esprit qui dédaigne ce soin asservissant. […] Je ne sais que deux écrivains qui aient pu se passer d’être méthodiques sans y perdre.

133. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il sait plus que l’histoire littéraire française. […] Il est vrai, que savons-nous d’Épicure ? […] Avec des prétentions sentimentales je ne sais que des idées. […] Si nous savions tout, nous ne pourrions pas supporter la vie une heure. […] France, je présume, est trop conscient et connaisseur même de soi pour ne pas se savoir apte à mieux.

134. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Tandis que sa main frôleuse glisse le billet doux, son regard et ses lèvres sourient des promesses ou des malices et par le mot excitant qu’elle souffle à l’oreille on ne sait si elle raccroche pour elle ou pour sa maîtresse. […] Sans doute, il sait se déguiser de toutes les ambitions et il lui arrive de représenter le poète ou le critique comme un cabotin, aux lumières, est le roi ou l’honnête conseiller. […] Pourtant cette cabotine, il faut le reconnaître, sait se maquiller et un dauphin prit un singe pour un homme. […] Cette fille sait s’habiller à la mode. […] Seulement Régnier ne sait pas cacher, maussade, que l’anecdote ou le michet l’embête et qu’il aimerait mieux se reposer : il ne mérite guère son petit cadeau.

135. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

En soi, des choses si opposées ne sauraient être confondues, et sans aucun doute, M.  […] Nous ne savons pas si c’est un seigneur, grand ou petit, comme l’insinue M.  […] Et que sait-on ? […] Il comprend et rend merveilleusement son auteur, et il ne sait pas le juger. […] Malheureusement, la Critique ne saurait donner une idée de ces esquisses d’Yvan Tourgueneff ; car on ne décompose pas des esquisses.

136. (1932) Le clavecin de Diderot

J’oubliai, d’un coup, les notes, le doigté, le morceau que je savais par cœur. Après six ans, j’en sus moins qu’au bout de trois semaines. […] Nous qualifions d’impondérable, non ce qui ne saurait être pesé, mais ce que nous n’avons su peser. […] Nous savons, depuis Freud la réaction du fils. […] Lafcadio sait que ça finira mal.

137. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Il ne sait, il ne peut s’arrêter. […] Je ne sais si cela est vrai. […] Qui sait ? […] On sait que le P. […] Mais vous le savez, vous.

138. (1894) Critique de combat

Il lui dit : — Sais-tu ce que c’est que l’atavisme ? […] » On ne saurait mieux dire. […] Mais je ne saurais m’empêcher d’exprimer un regret. […] On ne sait pas ce qui peut arriver. […] Je ne sais.

139. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Vos accents imparfaits savent-ils émouvoir, Plaisent-ils ? vous savez tout ce qu’il faut savoir. […] Il y a évidemment réaction chez l’auteur ; il ne sait pas tenir en présence, en échec, une idée avec une autre idée qu’il s’agit, non d’anéantir, mais de modifier, de réconcilier. […] Le travail de l’homme, s’unissant aux soins de la Providence, a quelque chose de saint, d’attendrissant, qui ne saurait se rendre. […] Je prends sur moi de corriger la faute, et je cite la pièce que le désireux lecteur ne saurait où trouver : LES ÉTOILES.

140. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Je ne sais trop comment l’expliquer, et Bettina y était bien embarrassée elle-même. […] Vous savez qu’il m’est impossible de rester assise, en personne bien élevée. […] Il vit ce jeune homme ardent, enthousiaste, qui était emporté par son génie sans savoir le conduire. […] C’est un don rare et une preuve de génie aussi, il faut le reconnaître, que de savoir, à ce degré, apprivoiser les génies. […] Il est évident que Beethoven fut touché au cœur par cette jeune personne qui savait si bien l’écouter et lui répondre avec ses beaux regards expressifs.

141. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Avant le livre de Granier de Cassagnac, je ne savais pas de plume qu’elle n’eût plus ou moins fait trembler, qu’elle n’eût plus ou moins égarée. […] Ils savent que dans les races d’idées c’est comme dans les races physiologiques, et qu’on peut dire à tout être, à toute chose, à toute créature : « Que je sache d’où tu viens et je saurai ce que tu vaux. » Si, comme on le verra, Cassagnac a réussi, il a rendu le plus grand service que, dans les circonstances présentes, un écrivain isolé pût rendre à la cause de l’Ordre et du Pouvoir, et il a bien mérité des gouvernements de l’Europe. […] Fascinés par ce triple charme, ils avaient presque consenti à reconnaître aux événements et aux hommes de ce temps de perdition je ne sais quelle supériorité mystérieuse. […] Toute cette partie de l’Histoire des Causes et de l’Histoire de France est faite en grand, par un esprit de la plus rare compétence et qu’on ne saurait trop admirer. […] Et savez-vous où ils étaient et où il les a pris ?

142. (1890) Nouvelles questions de critique

oui, le document inédit, nous savons comment cela se traite ! […] On saura gré à M.  […] Il est bon de le savoir, et de le répandre. […] » vraiment, qu’en savons-nous ? et qu’est-ce qu’en sait M. 

143. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

Vielé-Griffin a peut-être déjà composé d’inattaquables chefs-d’œuvre… — Tel, c’est un grand poète, qu’on sache. […] Je sais que cela dépend des patries et que cela dépend des races, je me soumets à l’atavisme qui les différencie. […] Analyser Clarté de vie serait le relire, et je ne sais le juger que par des images. […] J’ai su connaître là toute la grâce tourangelle, sa ligne heureuse et grave, et sa mollesse lumineuse. […] On n’en saurait trop dire la louange et conseiller le bienfaisant repos.

144. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Quoique je susse que les Anglais étaient tristes, je ne pouvais m’imaginer que le séjour de leur capitale le fût au point où je l’a trouvé. […] Ce peuple est né pour la liberté ; il y est habitué, et, en respectant son supérieur, il sait qu’il est son égal devant la loi. […] Je ne sais que devenir ; toutes les occupations me sont odieuses ; j’aimais tant la lecture ! […] Il a succombé en six jours, sans savoir qu’il finissait, et a expiré sans agonie, comme un oiseau ou comme une lampe à qui l’huile manque. […] Delécluze (p. 163-168), et qui sont à ajouter à ce qu’on savait déjà.

145. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Grâce à je ne sais quelle conjonction d’étoiles, tous les portefeuilles s’ouvrent d’eux-mêmes et toutes les lettres pleuvent à la fois. […] Que dirait-elle si elle me savait plutôt disposée à rebrousser chemin qu’à courir à l’exil ? […] Seulement, on me fait trop de compliments : cela m’effraye, parce que je ne sais comment je pourrai les mériter. […] Voilà à quoi sert un Mentor homme d’esprit qui parle à demi-mot à qui sait entendre. […] Les trois quarts du plaisir pour nous étaient dans le travestissement ; la comtesse de Provence avait des inventions uniques ; son mari, qui savait toujours ses rôles par cœur, savait aussi ceux des autres, et nous servait de souffleur quand nous bronchions.

146. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

On sait et l’on savait depuis longtemps par Mme Campan que Marie-Antoinette, après plus de sept ans de mariage, n’avait pas encore le droit de concevoir l’espérance d’être mère. […] On n’a pas plus exactement le journal de la santé de Louis XIV qu’on n’a présentement le journal des espérances ou des déceptions de Marie-Antoinette pour cette grossesse toujours reculée : on en suit tous les moments, on sait les époques. […] Elle sait certainement, autant et mieux que personne, les heureuses et charmantes qualités de sa fille, de « cette gentille Antoinette », comme elle l’appelle ; est-ce à une mère tendre qu’il faut apprendre ces choses ? […] Vous savez que j’étais toujours d’opinion de suivre les modes modérément, mais de ne jamais les outrer. […] Vous me direz : Il les sait, il les approuve.

147. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il savait supprimer sans retour. […] Ils n’en savent rien. Ils ne peuvent pas le savoir. […] On sait l’anecdote de M.  […] On ne sait.

148. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Catlin sait fort bien peindre et fort bien dessiner. […] Decamps sait faire comprendre un personnage avec quelques lignes. […] Decamps, qui sait si bien faire le soleil, n’a pas su faire la pluie ; puis il a fait nager des canards dans de la pierre, etc. […] Célestin Nanteuil sait poser une touche, mais ne sait pas établir les proportions et l’harmonie d’un tableau. […] Vidal un grand éloge de savoir rendre la beauté moderne. — Je ne sais pourquoi M. 

149. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Pour savoir si on aime quelqu’un, il faut comparer ce qu’on éprouve pour celui-là avec ce qu’on ressent pour un autre. […] s’écrièrent-ils d’une même voix, et que prétendais-tu faire en te détruisant ainsi et en te sauvant tu ne sais pas où ? Et, en abandonnant ton père et ta tante, sais-tu seulement où les sbires ont emmené ton cousin ? […] Qui sait, peut-être me laissera-t-on lui parler et soutenir ses fers pour le soulager dans son travail ? Quand il saura que sa sœur souffre avec lui, il souffrira la moitié moins, car une âme prend, dit-on, plus de la moitié des maux d’une autre âme sur la terre, comme dans le purgatoire.

150. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Lacaussade l’a su par M.  […] elle sait aimer et admirer, celle-là ! […] Honorons nos pères, — ou Marceline qui sut les voir ainsi. Et comme elle sait admirer ! […] Vous savez qu’il s’était attelé à la gloire de cette humble femme.

151. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Mais il y a encore en littérature la part critique, celle de l’étude et du savoir mis en œuvre avec plus ou moins d’utilité et d’agrément. […] » et qu’à ces questions le suisse, sans s’étonner et croyant savoir naturellement de qui il s’agissait, ferait une réponse. […] Il sait très bien distinguer entre la complaisance et l’amitié. […] Il racontait cela par hasard à quelqu’un devant Mme de Choiseul, et le lendemain il trouvait les douze figures sur sa table sans savoir d’où elles lui venaient. […] L’abbé Barthélemy sut ramener l’opinion par sa modération et en renonçant de lui-même à une petite pension qu’il avait sur le Mercure.

152. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Sait-il vouloir ? […] On sait qu’il y a des lois de la vie psychique. […] Il ne saurait être détruit que par lui-même. […] Mais nous ne savons pas à qui nous parlons. […] Il sut leur parler.

153. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

C’est là l’effet que produiront, à qui saura les lire dans une disposition convenable, la plupart des sermons de son Avent et de son Grand Carême. […] Massillon qui paraissait pour la première fois devant Louis XIV, et qui y venait précédé d’une réputation d’austérité, savait mêler le compliment et l’hommage à la leçon même. […] Il n’est pas donné à tous les esprits de sentir et de goûter également ce genre de beautés et de mérites de Massillon : il en est, je le sais, qui le trouvent monotone, sans assez de relief et de ces traits qui s’enfoncent, sans assez de ces images ou de ces pensées qui font éclat. […] L’action, il faut bien se le dire, ne saurait être dans un sermon ce qu’elle est dans les autres genres de discours ; le mouvement ne saurait, sans inconvenance ou sans bizarrerie, y franchir certaines limites qu’il est admirable de savoir toujours atteindre sans jamais les dépasser. […] s’écrie-t-il, vous qui vîtes dans leur naissance les dérèglements des pécheurs qui m’écoutent et qui, depuis, en avez remarqué tous les progrès, vous savez que la honte de cette fille chrétienne n’a commencé que par de légères complaisances et de vains projets d’une honnête amitié : que les infidélités de cette personne engagée dans un lien honorable n’étaient d’abord que de petits empressements pour plaire, et une secrète joie d’y avoir réussi : vous savez qu’une vaine démangeaison de tout savoir et de décider sur tout, des lectures pernicieuses à la foi, pas assez redoutées, et une secrète envie de se distinguer du côté de l’esprit, ont conduit peu à peu cet incrédule au libertinage et à l’irréligion : vous savez que cet homme n’est dans le fond de la débauche et de l’endurcissement que pour avoir étouffé d’abord mille remords sur certaines actions douteuses, et s’être fait de fausses maximes pour se calmer : vous savez enfin que cette âme infidèle, après une conversion d’éclat, etc.

154. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Nous en savons déjà assez pour connaître ce qu’était Froissart, quelle nature légère, enjouée, musarde, curieuse. […] Dans la première partie, il avait eu pour guide, comme il le dit lui-même en commençant, la chronique de Jean le Bel, chanoine de Saint-Lambert de Liège (je change à peine quelques mots dans ma citation pour qu’on puisse lire couramment) : On dit, et c’est vrai, que tout édifice est formé et maçonné une pierre après l’autre, et toutes grosses rivières sont faites et rassemblées de plusieurs ruisseaux et fontaines : de même les sciences sont extraites et compilées par plusieurs clercs et savants, et ce que l’un sait l’autre ne le sait pas : pourtant il n’est rien qui ne soit su de loin ou de près. […] Cette fois messire Jean Froissart se met en route en plus respectable état que jamais, et il n’a pas moins de quatre lévriers en laisse qu’il va offrir au comte Gaston, grand amateur de chasse comme on sait. […] Froissart contant les guerres de Loire qu’il sait si bien, mais écoutant surtout celles de Gascogne qu’il ne sait pas et que le bon chevalier lui raconte à plaisir. […] Mais chez Froissart ne cherchons point de système ni d’inspiration plus profonde : les Claverhouse pas plus que les de Maistre en théorie ne sauraient le revendiquer comme un des leurs.

155. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Il est clair que cette méthode ne saurait donner de résultats objectifs. […] Quand on croit savoir en quoi consiste l’essence de la matière, on se met aussitôt à la recherche de la pierre philosophale. […] Et cependant, il est impossible de savoir par une simple inspection si réellement la coopération est le tout de la vie sociale. […] Or, au début de la science, on n’est même pas en droit d’affirmer qu’il en existe, bien loin qu’on puisse savoir quels ils sont. […] Mais nous savons qu’elle présente cette particularité que, sans cesser d’être elle-même, elle est susceptible de se cristalliser.

156. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

On sait ou l’on ne sait point. […] À un je ne sais quoi de mystérieux. […] Mais je ne sais si M.  […] Vous le savez. […] Le critique est un homme de goût et de savoir à qui son savoir sert à avoir du goût.

157. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Ma foi, on le saura dans cinquante ans. […] Savez-vous, Monsieur, que les décadents osent se permettre même l’hiatus ! […] Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez. […] Quant à Vaugelas, je ne sais pas en vérité pourquoi vous le considérez comme votre ennemi. […] Nous savons qu’en art il est dangereux d’imiter.

158. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Je ne sais. […] Je voudrais le savoir. […] Ils ne savent pas. […] Qui sait ? […] Je n’en sais rien et ne veux pas le savoir.

159. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Mais voilà que Margiste, mauvaise conseillère, imagine de dire à l’oreille de Berte que Pépin est un mari à craindre, et qu’elle sait de bonne part, qu’il pourrait bien la tuer dès cette nuit. […] Or, Margiste a sa fille Aliste, suivante de Berte, Aliste qui ressemble à Berte mieux qu’un peintre ne saurait la peindre, et d’ailleurs Pépin n’y regarde pas de si près. […] Pendant qu’Aliste est au lit, un peu avant le jour, Margiste introduit Berte dans la chambre sous je ne sais quel prétexte, probablement pour qu’elle s’assure si la pauvre Aliste est réellement morte en sa place. […] Moyennant quelque histoire qu’elle invente, on la garde : elle sait d’ailleurs si bien travailler et filer ! […] Il y a, nous le savons, neuf ans et demi de séparation : aussi on n’a garde de se reconnaître ; mais Berte est toujours belle, et Pépin toujours galant.

160. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Aristote n’a pas su distinguer assez complètement l’âme et le corps. […] A-t-il su trouver dans l’âme et dans la réflexion le principe de la véritable méthode ? […] Et pour l’immortalité, que dire encore, que tout le monde ne sache ? […] On sait quelle est l’interversion des livres de l’Odyssée. […] Savoir d’où il vient, savoir ce qu’il est, savoir où il va, que demanderait-il encore ?

161. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le roi cherche un âne, et invite les courtisans à le trouver ; politique achevé, il est resté tyran et est devenu hypocrite. « Qui ne sait dissimuler ne sait régner. » Celui-ci sait régner, et de toutes les manières. […] N’y savez-vous remède ? […] Nous en usons, Dieu sait ! […] Le meunier répond comme Sancho, en homme qui sait les proverbes. […] Le quidam la sait aussi bien que le meunier.

162. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Pourtant le surhomme ne saurait être que le but immédiat de l’homme, non le but final de l’univers. […] Or ce qu’il a bu n’est pas du vin, mais je ne sais quelle essence formidable : de l’éternité condensée en instant. […] Il dit l’effort de l’homme pour « percer les parois qui séparent sa raison qui ne sait presque rien, de son instinct qui sait tout, mais ne peut se servir de sa science ». […] Lucien Arréat constate que la philosophie est « tout le savoir, sans être spécialement aucun savoir ». […] Ils ne savent pas que Platon, Plotin et Malebranche sont les plus hardis des poètes et que toute synthèse est nécessairement faite d’autant de rêve que de pensée ou, s’ils le savent, ils ne parviennent point à se consoler de cette beauté inéluctable.

163. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Le premier président (Molé) les savait très bien relever, le peuple ne les trouvait nullement bonnes, les ecclésiastiques s’en scandalisaient au dernier point. […] — Je sais qu’encore aujourd’hui, ajoute-t-il, les misérables gazettes (qui traitent) de ce temps-là sont pleines de ces ridicules idées. […] Mais quand on sait ce qu’était Monsieur, peureux, défiant, dissimulé, changeant d’avis plusieurs fois le jour, se mettant à siffler quand il ne savait plus que dire, et employant tout son esprit à cacher sa lâcheté par des faux-fuyants, on s’expliquera la perplexité et les embarras journaliers de Retz. […] Sa conclusion sur la question fondamentale de cette métaphysique était, tout bien examiné, que l’on ne savait ce qui en est. […] Mme de Sévigné l’a pleinement justifié : Vous savez, écrit-elle à Bussy, qui ne demandait pas mieux que d’être des railleurs (27 juin 1678), vous savez qu’il s’est acquitté de onze cent mille écus.

164. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

ils sauront se montrer. […] Qui sait ? […] Je ne sais. […] Je ne sais. […] Je ne sais.

165. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

me dit mon fils ; “que sait-on ? […] Il a sauvé, le sait-on ? […] Vous ne savez pas qui est Monteil !  […] Monteil le savait par cœur. […] Et puis, qui sait ?

166. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

— Que sais je ? […] Sais-tu ce que je lui aurais dit ? […] Qu’a-t-on besoin de savoir tout ce qui se passe ! […] Personne, que je sache, ne lui avait reproché cet oubli. […] Personne ne le sait, mais vous verrez !

167. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Vous savez comment la guerre éclata. […] Il s’agit de savoir ce que valent ces conquêtes ou ces innovations. […] je n’en sais rien. […] C’est ce que n’a pas su Diderot. […] Que savons-nous des sentiments de Voltaire pour Mme du Châtelet ?

168. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Lui seul saurait évaluer, lui seul saurait goûter, lui seul saurait apprécier. […] Il le sait, il ne veut pas savoir, il se ment, (il le sait), il ne veut pas savoir qu’il y a dans la plume un venin, un mystère, une réprobation, un épuisement qu’il n’y a point dans la charrue et la herse. […] Le Juif sait lire. […] Mais je ne sais pas si on le sait assez. […] Un seul homme l’a su.

169. (1921) Esquisses critiques. Première série

On ne saurait décider. […] Mais nous savons fort bien qu’il en a connu lui-même. […] Il voit et sait faire voir. […] On sait que nous n’en manquons pas. […] Eux ne savent apercevoir que des mouvements élémentaires.

170. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Celui-là, il est voué, je le sais, aux dieux infernaux. […] On sait avec quelle finesse acérée Racine répondit à l’injure dans laquelle il se voyait compris. […] On veut de nos jours que tout le monde sache lire. […] Sainte-Beuve de loi faire savoir quels étaient les amis qu’il désignait de son côté à cette même fin. […] Dans ce résumé rapide, il m’est arrivé d’oublier, je ne sais comment, le livre de M. 

171. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

On ne saurait imaginer en effet combien ce voisinage gêne un écrivain critique qui se respecte. […] Je ne sais pas en notre langue d’article critique de pareille étendue qui soit mieux pensé, mieux frappé. […] Tous ceux qui ont eu à passer sur un des chemins que M. de Maistre a traversés savent à quoi s’en tenir sur son exactitude et ses scrupules en matière de citation. […] Il sait gré à cet infatigable coureur, même à travers toutes ses chutes et ses culbutes, d’avoir été sincère et de s’être fait le chevalier errant de la vérité : M.  […] Il porte dans son esprit je ne sais quelle vision apocalyptique qu’il promène devant lui et qu’il projette dans les différentes sphères d’idées et de passions qu’il traverse.

172. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

On débite tout ce qu’on sait de l’auteur et du livre. […] On ne saurait soumettre cet exercice à des règles trop sévères. […] Il faut savoir se borner. […] Enfin, on sait lire. […] D’ailleurs, faut-il savoir l’espagnol pour être en état d’étudier le Cid ?

173. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Puis on sait où et comment se recrute, en grande partie, la rédaction des journaux. […] Il sait tout ou du moins devine tout et semble s’être tout assimilé. […] Sur toute question historique, sociale, morale ou littéraire, il sait tout ce qu’un « honnête homme » peut savoir au moment précis où il écrit. […] Il sait, à l’occasion, entrer dans toutes les folies et s’y intéresser ; mais il n’a pas le moindre grain de folie pour son compte. […] Je sais que j’idyllise un peu la conception de M. 

174. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Après sa mort, on ne saurait laisser en paix ses os. […] Vous savez que ma mère était Allemande. […] J’y attache je ne sais quelle superstition. […] mais je ne saurais l’accepter. […] Il ne saurait qu’en dire, écrit-il.

175. (1925) La fin de l’art

Qui sait ? […] Je ne sais plus m’arrêter. […] On n’en sait rien. […] On ne sait plus. […] On sait que M. 

176. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Je ne sais si M.  […] Il s’ennuie, il rêve, il ne sait que faire de sa vie. […] Qu’importe de savoir comment ils ont le nez fait ? […] Eh bien, je sais ce que je voulais savoir. […] Je ne sais ce qui étonne le plus chez M. 

177. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Tout l’inquiète ; il veut tout savoir. […] C’est tout l’argument, on le sait, de M.  […] Un romancier qui sache inventer ? […] Il ne savait ce qu’il faisait. […] Je le sais très bien.

178. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Voilà tout ce que je sais, tout ce que je veux savoir. […] Dieu sait quelle sueur ! […] Qui sait ? […] — Et la sais-tu ? […] Qu’en savez-vous ?

179. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

si les lions savaient peindre ! […] Je sais le plus grand gré à M.  […] Tout le monde sait que M.  […] Besson savent faire des portraits. […] Je sais que M. 

180. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Qui le sait ? […] Engagé dans une voie vraie, il n’a pas su s’arrêter à temps. […] Mais je ne saurais approuver la conversation belliqueuse de M.  […] Mais qui ne sait comme les larmes mènent aux baisers ? […] Sandeau ne saurait être contesté.

181. (1890) L’avenir de la science « Préface »

Nul ne le sait, et pourtant il serait capital de le savoir, car ce qui est bon dans une des hypothèses est mauvais dans l’autre. On aiguille sans savoir où l’on veut aller. […] Nul ne sait, dans l’ordre social, où est le bien. […] Qui sait d’abord si elle nous l’enlève ? […] On se trompe moins en avouant qu’on ignore qu’en s’imaginant savoir beaucoup de choses qu’on ne sait pas.

182. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

C’est ce que nous ne savons pas ; c’est précisément le passage du matériel à l’immatériel qu’il s’agit d’expliquer. […] Mais ses adversaires en ont une bien plus grave à résoudre, à savoir : comment le corps devient-il esprit ? […] Lorsqu’on leur demande comment le cerveau, qui est un organe matériel, peut produire la pensée, c’est-à-dire un phénomène essentiellement immatériel, ils répondent modestement que le comment des choses nous échappe, que nous ne savons pas plus comment le cerveau pense que nous ne savons comment le soleil attire la terre, comment une bille en pousse une autre. […] Sans doute, nous ne savons pas le comment de la pensée ; mais nous savons de toute certitude qu’il ne peut y avoir une contradiction explicite entre la pensée et son sujet. […] L’embryon dans le sein de la mère ne sait rien des conditions d’existence auxquelles il sera un jour appelé, et il peut croire que l’heure de la naissance est pour lui l’heure de la mort.

183. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

En l’absence de William Shakespeare, trépassé il y a trois siècles, Beaumont-Vassy avait pensé à nous ressusciter le galbe imposant de cet halluciné sublime dans je ne sais quel drame, — ou plutôt dans je ne sais quelle scène historique de longue haleine comme ont imaginé d’en écrire les hommes qui ne savent pas remuer puissamment l’échiquier du théâtre, où les conceptions de la pensée se carrent et se cubent sous l’empire des plus difficiles combinaisons. […] L’histoire, qui met la main sur toutes les artères d’une société, ne saurait naître que quand une société existe assez pour avoir le besoin de se raconter et de se connaître. […] L’ouvrage en question, entièrement russe, a été traduit en français par un homme d’esprit, de savoir et de goût. […] Le seul livre vrai qu’elle possède, en savez-vous le nom ? […] Les Mémoires ne contiennent sur Pierre le Grand, qui n’est qu’un grand barbare rongé de fausse civilisation, que ce que nous savons tous !

184. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Vous ne savez pas combien vous serez remonté par l’affection de vos amis. […] Je ne sais rien qui s’accorde mieux que votre jeunesse et sa vieillesse. […] Je désire savoir les divers effets de l’ouvrage. » « P. […] Je ne sais pourquoi vous négligez la gloire. […] Savez-vous bien que M. 

185. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ce qu’il a le mieux su, c’est l’anglais qu’il avait appris de bonne heure et qu’il lisait couramment. […] Je ne hais rien tant que ceux qui font semblant de savoir ce qu’ils ne savent pas, de sentir ce qu’ils sentent peu, et qui en imposent. […] Je ne sais faire que ça ! […] Quelques instants après, il s’approcha tout à coup de moi, et me dit à l’oreille : « Il faut que nous fassions un échange, moi aussi je sais improviser. » Comme j’étais naturellement très-curieux de savoir ce qu’il entendait par là, il me répondit : « C’est mon secret. » Mais c’est un véritable enfant, et il ne sut pas garder son secret un quart d’heure. […]  » On ne saurait mieux marquer ni définir la prétention du haut style par opposition à la réalité vive.

186. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Elle était devenue pauvre, et elle ne savait pas vieillir. […] Le plus beau vers de M. de Lamartine, le sais-tu ? […] Tu sais que j’ai horreur de dîner en ville. […] Mais tu dois savoir depuis longtemps qu’il n’y a guère que les malheureux qui se secourent entre eux. […] Nous savons que l’une des deux nobles personnes fut véritablement bonne et ne s’en tint pas toujours aux paroles.

187. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Le public, même éclairé, ne sait trop sur eux à quoi s’en tenir. […] Je soupçonne qu’il y a quelque illusion à penser qu’on sache jamais mieux les choses en s’en éloignant beaucoup. […] Pour dire toute ma pensée, a-t-on raison de prétendre savoir mieux le moyen âge aujourd’hui qu’avant la révolution ? […] Savez-vous qu’on était fort en train de connaître l’Allemagne en France avant 89 ? […] Savoir en détail ces petits faits cela donne un corps vraiment à bien des colères de La Harpe, aux épigrammes de Fontanes.

188. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Il sut mieux voir, mieux jouir des formes. […] Bonnard a soixante-dix ans, son cœur est resté jeune, il sait aimer. […] Anatole France a su nous la montrer très vivante et très particulière. […] Sachez commander ; elle saura obéir. […] Anatole France sait peindre, lui aussi, à la façon de Dickens ou de M. 

189. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le sait-elle bien elle-même ? […] Cependant Mme de Maintenonl’élève, et l’élève comme elle savait faire, c’est-à-dire avec goût, avec exactitude et en perfection. […] S’il était question de parler d’affaires importantes, on voyait les plus habiles et les plus éclairés étonnés de ses connaissances, persuadés qu’il en savait plus qu’eux, et charmés de la manière dont il s’exprimait. […] Elle attaqua le roi et ne lui déplut pas6… » Voilà comme on parle quand on sait tout dire ; et, tout à côté, quel portrait achevé en deux lignes ! […] Les esprits durs, rustiques, sauvages et fanatiques, sont exclus de l’urbanité ; le critique acariâtre, fût-il exact, n’y saurait prétendre.

190. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Il sait que l’un est Normand, l’autre Manceau. […] Et nous pouvons savoir précisément comment elle les anime et les transforme. […] Un indifférent saura vaguement les espérances de Perrette. […] (Nous savons par coeur le développement. […] Il n’a pas su les plus simples principes de l’escrime oratoire.

191. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Saviez-vous que Lamartine a été maire ? […] Il est très douloureux à l’homme, très douloureux, je le sais parfaitement, de n’en rien savoir. […] Je ne sais. […] Mais il savait composer et il savait peindre certaines choses. […] J’en sais qui en étaient désolés.

192. (1925) Comment on devient écrivain

Qu’en savent-ils ? […] Je ne sais si j’y parviendrai jamais. […] Je n’en sais rien. […] Je ne saurais vous dire. […] Il suffît de savoir lire.

193. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Dupin ne se déconcerte guère, comme on sait ; il rougit malaisément, d’habitude ; les embarras ne s’y lisent jamais : sa lèvre, en ces moments-là, est seulement un peu plus arrogante que de coutume, sa parole plus décidée, sa probité de langage plus austère. […] Dupin a rendu d’abord à l’Académie et à tout l’Institut cette justice que c’était une pairie non héréditaire, une pairie du savoir et du talent, où nul choix du pouvoir, nulle intervention étrangère ne vous portait, et où chaque membre arrivait par le seul et libre suffrage de ses égaux. […] On lui a su gré de sa parfaite clarté ; mais les détails biographiques étaient souvent lourds et communs : nulle délicatesse, nulle grâce n’est venue les relever. […] Aussi nous avons été surpris, un instant après, de l’entendre réprouver, par une phrase bien inutile, je ne sais quel genre déréglé sur le compte duquel MM.  […] Dupin contre je ne sais quelles médiocrités, il s’est écrié, avec redoublement de conviction : « Et vous le savez, Messieurs, quelle puissance que la médiocrité ! 

194. (1813) Réflexions sur le suicide

Qui sait ce qu’un seul moment d’attendrissement put faire goûter alors de délices à son âme ? […] Les scélérats ne savent-ils pas aussi mépriser la vie ? […] Ce dernier sentiment ne saurait mériter l’estime. […] — Arrêtez, lui dis-je, je le sais, mais cela ne sera pas […] Mon âme sans force ne sait souhaiter par-delà le tombeau que le retour de la vie actuelle !

195. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

et par quel charme secret avez-vous su accorder les Muses avec les Grâces ? […] Tanneguy Le Fèvre savait mieux son monde lorsqu’il dédiait son édition d’Anacréon à un homme à la mode, au spirituel Bautru. […] Ce poème est si différent de l’Iliade par sa nature, qu’il ne saurait produire des impressions semblables à celles qu’on reçoit de ce dernier ouvrage. […] Charles a tort ; il lit le grec, et ne se met point à la place de ceux qui ne le savent pas ; il était digne de sentir ce mérite utile d’une femme docte et simple. […] [NdA] Et en effet on lit encore dans le Journal de Dangeau, à la date du 13 février 1686 : « Je sus que M. 

196. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

On ne saurait, certes, traiter un lieu commun avec plus de nouveauté et le relever avec plus d’esprit. […] Je sais que tout ce qui commence doit finir. […] » Mais dans cet ordre d’éloquence funèbre, Frédéric (qui ne le sait d’avance ?) […] Ce propos eut les suites qu’on sait, et amena la convention de février 1772 entre les trois puissances. […] Il se peut que je me trompe, mais je le crois rempli du désir et du zèle à faire le bien ; mais n’ayant pas de génie et de connaissances, il ne sait comment s’y prendre.

197. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Je ne savais rien de plus, que de la manière la plus vague et par ouï-dire. […] Si j’ai été amère, vraiment je n’en sais rien, je ne m’en souviens plus. […] Je ne sais pas ce que c’est. […] Personne ne comprend rien à votre vie et n’en sait les plaisirs ou les peines. […] J’ai voulu m’égayer l’esprit, je ne sais si j’égayerai le public.

198. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Il dit qu’il part le mardi 18 mai, puis le mercredi, et il se trouve qu’il n’est parti que le jeudi 20, et sa nouvelle amie n’en avait rien su. […] Je ne fais qu’aimer, je ne sais qu’aimer. […] » Elle, c’est être aimée qu’elle veut, ou plutôt c’est aimer, dût-elle ne pas être payée de retour : « Vous ne savez pas tout ce que je vaux ; songez donc que je sais souffrir et mourir ; et voyez après cela si je ressemble à toutes ces femmes, qui savent plaire et s’amuser. » Elle a beau s’écrier par instants : Oh ! […] Savez-vous pourquoi je vous écris ? […] On n’imagine pas quelles formes inépuisables elle sait donner au même sentiment : le fleuve de feu déborde à chaque pas en sources rejaillissantes.

199. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Son génie, car il en avait, et on ne saurait donner un autre nom à une telle largeur et à une telle puissance de facultés diverses, s’y plia si bien, qu’on ne sait aujourd’hui s’il eût été propre à un autre régime, et qu’on est tenté de croire qu’en se dispersant ainsi et en se versant de toutes parts et à tous venants, il a le mieux rempli sa destinée. […] Jetant les regards en arrière, il poussait vers la fin de sa vie un soupir de regret, et il disait : Je sais, à la vérité, un assez grand nombre de choses, mais il n’y a presque pas un homme qui ne sache sa chose beaucoup mieux que moi. […] Je sais une objection qu’on fait d’ordinaire à ces beaux discours sur les arts, et que les Salons de Diderot provoquent en particulier. […] Sur Vernet et les sept tableaux que le peintre exposa au Salon de 1767, Diderot a fait tout un poème, je ne sais pas un autre nom. […] Une belle ligne me frappe-t-elle, ils la sauront.

200. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Je voudrais le savoir, et c’était à M.  […] Ils ne sauraient dormir. […] Par exemple, le roman de Le Sage est un roman où l’on mange, où l’on sait ce que l’on mange, où même on aime à le savoir. […] On sait qu’il n’en va pas autrement au théâtre. […] — Messieurs, je n’en sais rien.

201. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Le siècle va vite ; il se hâte ; je ne sais s’il arrivera bientôt à l’une de ces vallées immenses, à l’un de ces plateaux dominants, où la société s’assoit et s’installe pour une longue halte ; je ne sais même si jamais la société s’assoit, se pose réellement, et si toutes les stations que nous croyons découvrir dans le passé de l’histoire, ne sont pas des effets plus ou moins illusoires de la perspective, de pures apparences qui se construisent ainsi et jouent à nos yeux dans le lointain. […] L’Irlande le sait ; O’Connell ne s’en flatte guère ; mais il hésite encore : l’heure est-elle bien venue ? […] La manifestation cordiale, spontanée, sincère, qui s’est produite dans la population (ce n’est pas trop dire) à la nouvelle de sa blessure, a fait voir quel gré on lui savait d’avoir relevé, au nom de tous, le gant que nul adversaire ne se fût avisé de lui jeter, à lui, en face. […] Carrel, ne varient pas plus que son talent, nous répondent qu’il saura les remplir. […] Ce livre, au reste, on le sait maintenant, n’est pas même de la fabrique du soi-disant voyageur au Congo : il lui a fallu, pour entasser vaille que vaille cet amas de grossièretés et d’impudences, recourir à la plume d’un de ses confrères en hâbleries aventurières et en mystifications éventées.

202. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Les esprits superficiels…, nous savons ce qu’ils sont dans une époque où le système des majorités est une méthode de vérité. […] L’auteur le sait, du reste. Il sait que les gloires les plus pures et les plus solides, espèces de diamants douloureux, se formant comme les plus lentes et les plus belles cristallisations. […] Daniel lui-même, appuyé sur un livre qu’on ne saurait trop louer au point de vue de l’information historique, ne peut infirmer dans notre esprit la portée des raisons que M.  […] Membre de cette illustre compagnie de Jésus pour laquelle on ne saurait avoir une trop profonde vénération, le P. 

203. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Tenant de Latour, l’a enrichie d’une notice et surtout a rectifié le texte d’après une édition meilleure de 1732, qui avait toujours été négligée depuis, on ne sait pourquoi. […] Son père, homme riche, amateur de philosophie et de savoir, grand et intime ami de Gassendi, au point qu’on pouvait dire à celui-ci que M.  […] On sait qu’il fut enfermé quelque temps à Saint-Lazare pour inconduite : la sévérité de deux tantes, sœurs de son père et moins indulgentes que lui, y entra pour beaucoup. Il lit peu après un voyage en Italie, et il commit à Borne je ne sais quelles imprudences qui l’obligèrent à brûler ses papiers et ses chansons. […] Bernier le sait volontiers paresseux, obstiné dans ce qu’il a appris dans sa jeunesse, ne se renouvelant pas, et penchant par ses mœurs à se donner un appui dans certaines doctrines.

204. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Artiste militaire, ne le dédoublons pas, et sachons-lui gré, dans sa ligne, d’avoir été naïf et peuple. […] Pourquoi la France entière sut-elle par cœur du premier jour l’élégie de Millevoye, le Jeune Malade ? pourquoi sut-elle aussi vite et se mit-elle à chérir l’élégie guerrière d’Horace Vernet ? […] une organisation souverainement fine et harmonieuse en présence d’une belle réalité qu’il savait mettre dans son plus beau jour. […] La réalité a aussi sa noblesse, et il faut savoir la saisir.

205. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Frédéric le Grand littérateur. » pp. 185-205

Il savait très bien que cette manie était chez lui un faible et presque un ridicule, qu’on le louait en face pour l’appeler Cotin par derrière. […] Frédéric savait ou pressentait tout cela, et il cédait pourtant à son ardeur de rimer. […] Vous êtes charmant dans la conversation ; vous savez instruire et amuser en même temps. […] Il sait résister pourtant aux caresses et aux offres délicates du roi. […] Dans le cas présent il se repentit vite d’avoir montré son épigramme à Thiébault, et il lui imposa la discrétion ; le bon d’Alembert n’en sut jamais rien.

206. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Daunou ne saurait passer aucunement pour avoir été malheureux dans l’Oratoire. […] On ne saurait assez se féliciter que le zèle de l’exécuteur testamentaire, M. […] Cet état n’est pas sans charme ; je ne sais qui a dit : « Étudier de mieux en mieux les choses qu’on sait, voir et revoir les gens qu’on aime, délices de la maturité. » M. […] Ce qu’il savait à merveille et avec une distinction incomparable, c’était le français et le latin. […] Voici un petit récit, entre autres, que je sais d’original.

207. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il n’y faut ni savoir ni points de vue particuliers. […] Je ne sache pas, avant lui, d’ouvrage populaire écrit en vers de tous les mètres. […] Nous ne savons pas s’il nous mène ou s’il nous suit. […] Nous savons ce qu’elle va nous demander. […] Sa poésie est noble comme son lion, qui ne sait pas qu’il est noble.

208. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Il y a bien des moralités, comme vous le savez. […] l’amour domestique, La Fontaine ne l’a pas connu le moins du monde, vous le savez, et je n’insisterai point là-dessus. […] Or, ni Benserade, ni Voltaire, ne sont, comme vous le savez, des hommes profondément amoureux ni qui puissent jamais l’être. […] Pour Molière, nous savons évidemment, défalcation faite de beaucoup d’exagérations que l’on s’est permises à son égard, pour ce qui est de ses passions amoureuses, nous savons qu’il a souffert beaucoup et profondément des passions de l’amour. […] Cette fois, La Fontaine a été amoureux, et savez-vous comment ?

209. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

On ne se donne plus la peine de rechercher où il l’a exprimée ; c’est inutile, « puisque tout le monde le sait ». […] Les lecteurs de cet article savent à quoi s’en tenir. Et ils sauront à quoi s’en tenir lorsqu’ils liront dans le livre de M.  […] Je lui sais cependant gré d’avoir eu pitié de ma faiblesse. […] Enfin, «  Wissend, «  il sait  », est la reprise du verbe de la phrase précédente.

210. (1903) La renaissance classique pp. -

Elle ne sait point sa malfaisance, pas plus qu’elle ne connaît ses bienfaits. […] Ces gens de lettres ne savaient rien, n’avaient rien appris. […] La Poésie est une espèce de savoir, pour ne pas dire qu’elle est tout le savoir. […] Le point de vue de Sirius ou d’Aldébaran ne saurait être le nôtre. […] Nous savons que les ancêtres te l’ont juré pour nous.

211. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

C’est ce qu’on aimerait savoir, avant de leur répondre. […] et que savons-nous de la vraie question de nos origines ? […] S’il y en a de sincères, j’en sais qui le sont moins, et qui ne croient au fond qu’à eux-mêmes. […] » Ce n’est pas, que je sache, Bossuet ni Calvin qui sont morts « fous » ou « gâteux » ? […] — qu’on ne saurait avoir d’autres idées que les siennes sans être suspect de manquer de franchise.

212. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

On se plut à savoir tous les petits défauts de Henri IV, ses malices, ses avarices, ses faiblesses même au physique. […] Il n’y a pas de plan : Henri IV, comme Montaigne, sait mieux ce qu’il dit que ce qu’il va dire. […] Il la savait, surtout en de certains pays, ingrate et légère. […] Il y a deux choses, a remarqué Scaliger, dont le roi n’était point capable, à savoir, de lire et de tenir gravité. […] vous ne m’auriez rien su mander qui me fût plus agréable que la nouvelle du plaisir de lecture qui vous a pris.

213. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

On sait les beaux portraits du Riche et du Pauvre, auxquels il n’y a qu’à admirer : c’est mieux encore que du Théophraste. […] On ne sait rien de bien précis sur ses liaisons de cœur, mais tout nous prouve qu’il était fait pour les plus nobles attachements. […] Ayant passé presque en un seul jour de l’obscurité entière au plein éclat et à la vogue, il sait à quoi s’en tenir sur la faiblesse et la lâcheté de jugement des hommes ; il ne peut s’empêcher de se railler de ceux qui n’ont pas su le deviner ou qui n’ont pas osé le dire. […] Je ne sais si vous y trouverez votre compte ; mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire accepta. […] Pour moi, je ne sais pas de plus jolie application du principe de la propriété littéraire.

214. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

Personne ne saurait dire à quel degré d’abaissement et de dérèglement tomberait l’humanité. […] Ce qu’il ambitionnerait le plus de connaître, il ne le saura jamais ; d’autres le sauront après lui, et ceux-ci, à leur tour, ambitionneront un terme plus éloigné qu’ils n’atteindront pas. […] Mais savez-vous bien que ce n’est pas là un état agréable ? […] Ne sait-il pas aussi la loi des cœurs ? […] Le sage et le savant, tel que je le conçois, sait, hélas !

215. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

J’en sais qui sont des princes, et j’en sais beaucoup plus qui sont des épiciers. […] Et, en effet, ses ouvrages ont souvent, je ne sais comment, un air d’insincérité. […] D’ailleurs il ne sait pas être triste. […] Je ne sais pas d’œuvre plus bizarre, plus fausse ni plus froide. […] Je ne sais quoi, un rien.

216. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Pour gagner un homme, la première chose à savoir est : Qu’aime-t-il ? « Les passions des hommes, a dit Vauvenargues, sont autant de chemins ouverts pour aller à eux. » Louis XI savait ce principe, que tout homme qui aspire à gouverner doit savoir, et il le mettait doucement en usage. […] Il savait à point nommé ses projets et les limites d’où il ne se départirait pas. […] Celui-ci, malgré tous les symptômes d’orage, ne sait pas se mettre à couvert, et périt d’une mort misérable. […] Il entre à ce propos dans des détails de budget, dans des chiffres ; l’habile homme sait au fond que tout en politique dépend de là.

217. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

On en sait assez d’eux pour en désirer davantage. […] On sait l’affreuse maladie dont mourut Sylla. […] Non seulement, a dit Buffon le plus bienveillant de ses juges, il savait tout ce qu’on pouvait savoir de son temps, mais il avait cette facilité de penser en grand, qui multiplie la science. […] Grâce à lui, on sait à point nommé quand et par qui chaque objet de consommation et de luxe a été introduit dans Rome. […] Pline la rencontre une fois sur son chemin ; il s’arrête un moment, mais il ne sait comment la nommer.

218. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Jamais, parmi les poètes dont nous savons la vie, et jamais en dehors des poètes, nous n’avons rencontré un homme si continûment désespéré. […] Ils ne savent ni pourquoi ils sont en prison, ni où on les conduit après, et ils savent qu’ils ne le sauront jamais. « Cependant il y en a parmi eux qui ne cessent de se quereller pour savoir l’histoire de leur procès, et il y en a qui en inventent les pièces ; d’autres qui racontent ce qu’ils deviennent après la prison, sans le savoir. […] « Puisqu’il ne l’a pas voulu et ne le voudra jamais… nous ne sommes pas sûrs de tout savoir au sortir du cachot, mais sûrs de ne rien savoir dedans. […] Soyons tout ce que nous pouvons être, sachons le peu que nous pouvons savoir.

219. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Comment le sais-tu ? […] Vous savez, n’est-ce pas ? […] On ne sait jamais où vont ces gens-là, pas plus qu’ils ne le savent eux-mêmes. […] Si tu savais !  […] si vous saviez ! 

220. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

Il importe de savoir où l’on va. […] Il faut savoir rimer, voilà tout ! […] et il y a bien longtemps que nous l’admirons, et il le sait, et il sait où sont ses vrais amis. […] Qui sait ? […] Je ne sais.

221. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Nos jeunes officiers savent peut-être moins bien que leurs pères les tirades des tragédies françaises, mais il n’en est aucun qui ne sache par cœur les cavatines de Rossini. […] Ils confirment l’expérience et la sagesse de ceux qui savent ; ils ne peuvent rien enseigner à celui qui ne sait pas. […] Amour, ambition, piété, que sais-je encore ? […] Je ne sais jusqu’à quel point cette opinion est vraie. […] On sait ce que vaut Gil Blas.

222. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

On ne sait pas ce qui peut arriver de la grippe ! […] Sandeau qui ne sut ce qu’on voulait lui dire. […] Gozlan le savait…… s’il savait qu’on sait cela ! […] Je ne le sais pas, mais je soupçonne fort que M.  […] le savez-vous ?

223. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Nous lui en savons gré. […] Savez-vous ce qui arriva ? […] Il sait les choses. […] Je n’en sais rien. […] Je ne sais trop.

224. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers sera un jour ministre de l’intérieur ou des travaux publics, il saura mettre ordre à cela. […] Le fait est que les mieux doués commencent par deviner ce qu’ils finissent ensuite par bien savoir. […] En général, savoir lire les pièces, c’est là un des secrets de l’originalité historique de M. […] Je n’ai pas ici à savoir si M. […] Félix Bodin, qui ne savait pas de qui étaient les articles du Globe, dit un jour à M.

225. (1903) Propos de théâtre. Première série

Je ne sais pas… Je ne sais plus parler, Néoptolème. […] Vous n’en savez rien ? Mais si vous le savez ! […] Mithridate sait tout. […] On ne sait pourquoi.

226. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Il savait donc et il sut toujours, entre autres choses, tout ce que l’Encyclopédie contenait, y compris le blason. […] On sait, et l’on a dit souvent, que M.  […] Se savoir soi-même, pour une âme avide de savoir, c’est le plus attrayant des abîmes : M.  […] Mais je sais que vous ne pouvez mettre de frein à votre cerveau. […] Les hommes (et je ne parte pas du simple vulgaire) ont un faible pour ceux qui les savent mener, qui les savent contenir, quand ceux-ci même les blessent ou les exploitent.

227. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

Si vous saviez comme il aime Veuillot et comme il s’ébaudit à lire sa correspondance ! […] On sait, et il nous l’a dit vingt fois, que M.  […] L’invective montait, montait : « Au moins, puisqu’ils ne savent rien, qu’ils ne se mêlent pas de juger !  […] Sarcey, très aimé à Paris, a peut-être en province ses lecteurs les plus fidèles et les plus épris : il le sait et il en est charmé. […] On sait combien l’ont fait regimber certaines conclusions de M. 

228. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

J’ai lu sans interruption Toute la Lyre, et je ne sais plus guère où j’en suis. […] Cette idée y revient sans cesse, que la « création sait le grand secret ». […] Le juste monte, va on ne sait où, dans quelque planète. […] De là son ignorance, Au contraire, les animaux, les plantes elles rochers se souviennent de ce qu’ils ont été et savent ce que l’homme ne sait pas : d’où leur aspect mystérieux. […] Bref, il sut grossir sa gloire de poète de la gloire spéciale d’un Raspail et d’un Chevreul.

229. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Albert Blanc nous a donné du de Maistre tout pur, et nous lui en savons gré11. […] Ses débuts sont faits ; il est à cette cour, sur le pied où il a su s’y mettre en vertu de son propre caractère et de son mérite. […] Il se répand affectueusement quand il écrit aux siens dont il est séparé, à sa fille qui a grandi dans l’absence et qu’il ne connaît pas : on sait en quels termes imprévus de forte et charmante tendresse. […] n’avait-il pas espéré tirer de lui je ne sais quelle étincelle sympathique ? […] Ce qu’il espère au fond, homme tout d’une pièce, joueur intrépide et buté qu’il est, c’est que par un vigoureux effort et je ne sais quel coup de collier ou quel coup de dé venu je ne sais d’où, toutes choses reprendront leur ancienne assiette ; on regagnera d’emblée tous les points.

230. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Tout cela se tient et ne fait qu’un ; M. de Pontmartin ne saurait jouer l’innocent, comme je vois qu’il l’essaye dans une dernière préface. […] Nous savons tous que Gustave Planche, dans les derniers temps et en ses moments les plus tristes, trouvait affection et asile au foyer de M.  […] Un jour qu’il était ruiné, un libraire de Londres lui offrit je ne sais combien de guinées pour qu’il écrivît ses Mémoires et qu’il y dit une partie de ce qu’il savait sur la haute société anglaise avec laquelle il avait vécu. […] M. de Pontmartin nous a assez étalé son état de fortune pour que nous sachions qu’il ne pouvait faillir par les mêmes raisons que le pauvre Mürger, s’il est vrai pourtant que l’aimable Mürger ait eu les torts qu’il lui reproche. […] cette tentation, sous la seule forme où elle pouvait se présenter à un homme de sa sorte, l’auteur des Jeudis l’a éprouvée, et il n’a pas su y résister.

231. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Bordeaux reçoit un prix, sait-on a priori de quelle catégorie il le tient ? […] À ce titre, son influence ne saurait être que néfaste. […] Je ne sais pas si le niveau intellectuel de l’Académie a baissé ou monté, je le crois constant. […] Ces promesses-là, on sait ce qu’en vaut l’aune. […] La presse contemporaine qui sait la valeur de la marque recrute aujourd’hui ses Leaders de la pensée quotidienne parmi les membres de la Docte assemblée.

232. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

— Je n’en sais en somme rien… Que faut-il entendre sous ce mot de destinée ? — Je n’en sais pas beaucoup davantage je n’ai guère là-dessus que des rêves… ». […] Voilà où vont, sans savoir, ces malades, et pourquoi ils sont dangereux. […] Si vous l’aimez prenez son omnibus, encore qu’il sache mal où il va et même d’où il vient, et bien que sa clientèle soit inélégante. […] À cette heure il reconnaît qu’on ne saurait égaler Racine.

233. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

L’enfant sait qu’il faut arriver en classe à l’heure exacte. […] On ne saurait trop s’attacher, en tout sujet, à discerner la question générale parmi les circonstances particulières. […] Ces gens-là ne savent pas suivre leur idée : un détail en amène un autre, qui traîne après lui une série. […] On ne sait où l’on va, ni si l’on va. […] lui demande Philinte, qui le sait peu indulgent aux défauts des gens.

234. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Il faut qu’il sache tout, etc…. […] D’ailleurs, un prince est moins obligé qu’un autre homme, de savoir tout. […] Qu’ici bas maint talent n’est que pure grimace, Cabale, et certain air de se faire valoir, Mieux su des ignorans que des gens de savoir. […] Je ne sais pourquoi il plaît à M.  […] Et sauraient en user sans inhumanité.

235. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Je n’en sais rien. […] Il ne sait pas faire quelque chose de rien. […] Et il le sait, et il le veut. […] Reste à savoir ce qu’il souffrira. […] Tous les personnages jouent leur tête et le savent.

236. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Le philosophe grec a-t-il aperçu entre la comédie et la tragédie je ne sais quelle profonde et secrète identité ? […] L’enfance est gaie ; mais combien d’hommes, combien de poètes ont su conserver ou rappeler les joyeux celais de rire de l’enfance ? […] Il sait ce que c’est que de vivre. […] C’est là un écueil que les plus grands maîtres n’ont pas toujours su éviter. […] M. de Schlegel savait le français.

237. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Je n’en sais rien. […] Il ne saurait trop le dire. […] Il faut qu’il sache. […] Je ne sais. […] Mais les autres, qui sait leurs noms ?

238. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — II. (Fin.) » pp. 398-412

Villehardouin, au moment du départ, est un homme mûr et qui a passé le milieu de la vie ; la ride s’est faite à son front ; il sait le poids des choses et les difficultés de tout genre ; il est dans le conseil des chefs, et l’un des plus prudents à prévoir ; il a peu d’illusions, comme nous dirions aujourd’hui. […] qui sait ? […] Je ne sais si je m’abuse : il y a ici un dernier soupir de la Grèce érudite, mais sincère encore, une application imprévue et patriotiquement ingénieuse de l’Anthologie à l’histoire. […] Ce jugement ne saurait s’appliquer qu’à la masse des croisés et non aux chefs. […] La phrase de celui-ci est chargée, empêchée de je ne sais quoi qu’il y ajoute : elle ne va qu’avec des impedimenta de qui, de que, et toutes sortes de bagages.

239. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

je n’en sais rien : à cette hauteur, on n’a que des nuages. […] Et puis ce Raphaël, dont on parle trop vaguement, sait-on bien ce qu’on fait quand on rattache à son génie l’idée de croyance ? […] En parlant sur ce ton de Jeanne d’Arc, savez-vous qu’ils redeviennent ennuyeux comme Chapelain ? […] Quant à la poésie véritable, qui ne consiste pas uniquement dans la description des formes, elle saura naître des merveilles de ce monde moderne, elle saura s’en accommoder ou même s’en inspirer, si d’aventure elle rencontre uneâme et un talent faits à sa mesure et d’un tour nouveau : c’est le secret de l’originalité. […] Mais en conscience, je ne savais pas M. de Laprade si étouffé ni si comprimé dans sa voix et dans ses pensées ; je ne le savais pas si mal apparenté avec le régime actuel5.

240. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Nous autres gens du moins beau monde, nous avons besoin qu’on nous parle clair et de savoir vite et avec netteté de qui il s’agit. […] Je vous place avec ma famille… « Savez-vous que vous me faites tristement commencer l’année par votre silence ; pas un mot, pas un signe de vie. Je commence à craindre que l’hiver n’ait glacé Rayssac ; j’accusais les charbonniers, Gosse (probablement le domestique), tout, hormis vous ; et maintenant je ne sais que croire. […] — Pauvres lettres de Louise, qui sait en quel lieu vous êtes emprisonnées ? […] Savez-vous ce que je demanderais ?

241. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Certes, nous n’irons pas l’élever au nombre de ses chefs-d’œuvre : on sait l’ordre et la suite où ceux-ci viennent se ranger. […] Racine, un peu plus que Corneille sans doute, dut pénétrer dans ses arrière-pensées ; il est permis pourtant de croire que ce que nous savons aujourd’hui assez au net par les révélations posthumes était beaucoup plus recouvert dans le moment même, et qu’en acceptant le sujet d’une si belle main, le poëte ne sut pas au juste combien l’intention tenait au cœur. […] D’autres que lui, d’éminents et ingénieux critiques que chacun sait, ont à leur tour repris la tâche et réparé la brèche avec honneur. […] Pourtant, dès qu’Antiochus s’est enhardi à parler pour son propre compte, elle sait l’arrêter d’une parole vibrante et fière : on sort du ton de l’élégie ; la note tragique se fait sentir. […] La grande scène voulue au troisième acte ne produit point ici de péripétie proprement dite, car nous savons tout dès le second acte, et il n’eût tenu qu’à Bérénice de le comprendre comme nous.

242. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Le mérite en est si grand qu’il ne saurait être diminué par les erreurs que Du Bellay mêle à ces vues et notamment par le conseil d’imiter les modernes. […] L’admiration pour Ronsard était une note de grand savoir : ne le lisait pas qui voulait. […] Son savoir trompait son bon sens. […] Ses poésies en offrent des exemples qui passent tout ce qu’on sait de plus extravagant, en fait de complaisance pour soi-même. […] Il prit l’enthousiasme du savoir pour le feu poétique, et l’imitation passionnée pour l’inspiration.

243. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Vous savez ce que c’est que les vers de Voltaire dans les Tragédies. […] Quand on ne sait pas, il faut dire qu’on ne sait pas. Je n’en sais rien ! […] Je n’en sais rien. […] Je n’en sais rien.

244. (1902) Propos littéraires. Première série

Après, après… je ne sais plus. […] On ne peut pas savoir. […] Mais il ne sait pas l’hébreu. […] Mais qui sait ? […] Je sais faire des exceptions.

245. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

  Sais-tu que les mers s’étendent et passent là où ont été autrefois les cités ? […] Si l’on ne savait un peu l’histoire par avance, on ne comprendrait pas. […] Je ne sais pas, dans ce genre semi sérieux, de plus agréable feuilleton que celui du 29 mars 1840. […] Il y a de très grandes dames qui sont nées portières, il y en a d’autres qui sont nées gendarmes, colonels, que sais-je ? […] De l’aplomb, de l’aisance, de la dextérité, de l’attaque et de la repartie, on n’en saurait charitablement désirer davantage.

246. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Il sait que Madeleine sait. […] Si vous saviez combien je vous aime ! […] Tu ne sais rien cueillir, rien finir. […] Nous ne savons pas si nous nous en serions tirés, tandis que nous savons que nous nous en sommes tirés. […] qui sait ?

247. (1900) Molière pp. -283

Deschanel, et le savoir de M.  […] Nous n’en savons rien, et, à vrai dire, il semble permis d’en douter. […] Vous en savez les suites. […] Monsieur, elles sont noires comme je ne sais quoi. […] Le familier de César ne saurait être qu’un grand capitaine.

248. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

* * * Deux inventions, comme vous savez, l’ont transformée de notre temps, ont extraordinairement agrandi son pouvoir : l’application des anesthésiques, et en particulier du chloroforme, et l’antisepsie. […] Il fallait, en effet, tout en profitant des merveilleuses facilités de la chirurgie nouvelle, retenir du moins les bonnes habitudes de l’ancienne chirurgie : et c’est ce que tous les chirurgiens n’ont pas su faire. […] Il doit savoir juger ce qu’il peut, ce qu’il doit entreprendre. […] Je ne vous dirai pas — car je n’en sais rien — si le docteur Doyen surpasse ses anciens maîtres, Championnière, Terrier, Périer, Labbé, Guyon, — et Bouilly qu’il vénère entre tous et admire, — et les Pozzi et les Second, et tels autres chirurgiens célèbres que vous pourriez nommer. […] On le suit avec une curiosité passionnée ; on le seconde de la ferveur de son désir ; on a pour le « patient » une sympathie, une pitié qu’on ne saurait dire, et, dans ce drame de vie ou de mort, on fait des vœux passionnés pour le triomphe de la vie.

249. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

On ne saurait trop l’en féliciter. […] Si tu savais ! […] Octave Feuillet a su conserver. […] Je ne l’ai su que le lendemain. […] je n’en sais rien.

250. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Les défauts, on les sait, mais on ne peut plus espérer d’en avertir utilement, ni de les corriger. […] Je hais ses pleurs, sa grâce ou sa colère ; Ses fers jamais n’entraveront mes pas. » Il parle ainsi, celui qui m’a su plaire… Qu’un peu plus tôt cette voix qui m’éclaire N’a-t-elle dit moins flatteuse et moins bas : « Vous qui savez aimer, ne m’aimez pas ! […] pour forcer ma raison à l’entendre, Il dit trop tard, ou bien il dit trop bas : « Vous qui savez aimer, ne m’aimez pas !  […] Souffle vers ma maison cette flamme sonore Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux. […] Le sais-tu maintenant, ô jalouse adorée, Ce que je te vouais de tendresse ignorée ?

251. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il semble se référer toujours au langage « courtisan », et d’autre part nous savons qu’il donnait autorité aux crocheteurs du port Saint-Jean, ce qui semble assez contradictoire. […] … Belle chose vraiment, pour tant de personnes qui ne savent que les mots, s’ils savent persuader au public qu’en leur distribution gise l’essence et la qualité d’un écrivain… Eux et leurs imitateurs ressemblent le renard qui, voyant qu’on lui avait coupé la queue, conseillait à tous ses compagnons qu’ils s’en tissent faire autant pour s’embellir, disait-il, et se mettre à l’aise… Ils ont vraiment trouvé la fève au gâteau d’avoir su faire de leur faiblesse une règle et rencontrer des gens qui les en crussent. » Elle criait que cette poésie correcte et populaire était trop facile à faire, trop facile à comprendre. Régnier, avant elle, dans sa Satire IX, avait méprisé ce grammairien, ce regratteur de mots, qui mettait le génie à la gêne et ne savait qu’éplucher le détail. […] Il s’est perdu par la négligence et par la fantaisie ; il n’a su atteindre, avec sa libre humeur, ni l’impérissable beauté de la forme, ni l’universelle vérité des choses. […] Mais on peut dire que Malherbe a manqué de clairvoyance sur un point essentiel : il n’a pas su reconnaître ou créer la forme poétique de cet esprit nouveau, qu’il était le premier à manifester.

252. (1890) L’avenir de la science « VI »

De là le discrédit où est tombée toute branche d’études qui ne sert pas directement à l’instruction classique et pédagogique, dont on accepte de confiance la nécessité, sans trop en savoir la raison. […] Il faut s’accoutumer à chercher le prix du savoir en lui-même, et non dans l’usage qu’on en peut faire pour l’instruction de l’enfance ou de la jeunesse. […] Nous la rappelons à sa grande et belle forme, que l’esprit français sait du reste si bien comprendre. Il y a pour la science, comme pour la littérature, un bon goût que nos compatriotes ont su parfois saisir avec une délicatesse supérieure. […] Ils savent que cette forme du travail intellectuel est souvent nécessaire, toujours excusable.

253. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Mais au fait sachons ce qui vous amène. […] C’est ce que je ne sais pas ; je puis être mal avec vous, mais vous n’êtes point du tout mal avec moi. […] Elle est bien simple ; quand on a lu des vers, on n’a qu’à se demander : voudrais-je les savoir par cœur ? […] Je sais que Platon a banni les poètes de sa république ; mais entre nous, et je ne vous dis cela qu’à l’oreille, Platon était un ingrat, bien plus digne encore d’être compté parmi les poètes que parmi les philosophes. […] Mais je ne sais si vous pourrez forcer sa modestie ; et qui sait d’ailleurs si ses pareils ne trouveront pas qu’il se dégrade ?

254. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Nous ne savons le comment de rien ; nous ne savons pas plus comment la note contient en soi l’impression que nous ne savons comment la parole contient la pensée. […] Sais-tu pourquoi je pense à notre canari ? […] Je te dis cela parce que ma mère a désiré savoir si je joue encore du violon. […] On se laisse entraîner on ne sait comment, et on ne sait plus comment s’en tirer. […] J’attends sa réponse pour savoir comment j’aurai à lui écrire.

255. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Je n’en sais rien. […] On sait que M.  […] On sait le reste. […] Qu’en savons-nous ? Qu’en sait-il ?

256. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Cela est très nécessaire pour la satisfaction de ceux qui ne savent pas la langue latine, et cela donne même du soulagement à ceux qui la savent, ne trouvant pas toujours les explications si prêtes. […] Avec une fortune modique, Marolles sut amasser deux fois des recueils dignes des cabinets royaux. […] je ne saurais reconnaître Marolles dans ce collectionneur chagrin. Marolles, sachons-le bien, était aussi heureux en estampes qu’il était malheureux en traductions. […] On ne sait comment réfuter ou même discuter de telles assertions.

257. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

On sait de reste qu’il n’y gagna rien et que la méfiance, soufflée par la malignité et trop justifiée par les intrigues de la Cour, n’en fit pas moins son chemin. […] Vous êtes, je le sais, un des amis sages de la liberté, et moi aussi ; vous êtes effrayé des orages qui s’amoncellent : je ne le suis pas moins. […] Je sais que vous êtes l’ami de M.  […] Il racontait régulièrement deux fois de suite la même anecdote qu’on savait d’ailleurs, et il ne faisait entre ces première et deuxième narrations que frapper de deux doigts bien secs sur une table, en disant : C’est joli, je ne sais pas si on en sent toute la finesse. […] Il lui savait gré d’une modification d’idées dans laquelle il se sentait pour quelque chose.

258. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Elle parlait si agréablement des choses qu’elle ne savait pas, que personne ne désirait qu’elle les sût mieux ; et quand son ignorance était trop visible, elle s’en tirait par des plaisanteries qui déconcertaient les pédants qui avaient voulu l’humilier. Elle était si contente de son lot, qu’elle regardait le savoir comme une chose très inutile pour une femme. […] Elle savait la fin du jeu en toute chose. […] Elle exige pour elle et sait se conserver, en dépit de sa naissance et de leurs absurdes préjugés d’ici sur la noblesse, une grande cour et des égards soutenus. […] Je sais tout ce qu’on peut dire en faveur de cette vertu respectable et charmante, alors même qu’elle songe à soi.

259. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Il ne cessa, depuis lors, d’écrire et d’épier, dans cette vue, tout ce qu’il pourrait savoir, apercevoir et deviner des choses de son temps. […] A-t-il su se défendre des passions qui altèrent dans son principe l’austère charité telle qu’il la définit, et la disposition équitable du juge ? […] Je ne sais qui a dit de Saint-Simon que quand il écrit mal, et quand il force les termes, il est déjà dans la langue le premier des barbares. […] Saint-Simon est sincère et véridique, et ici il va nous prouver par ses aveux qu’il sait chérir la vérité au besoin jusque contre lui-même. […] Saint-Simon le sait, et il le prouve par lui-même.

260. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Amyot est un des noms les plus célèbres de notre vieille littérature ; on dit le bon Amyot, sans trop savoir, comme le bon Henri IV, comme le bon La Fontaine. […] « Mais surtout, ajoute Montaigne, je lui sais bon gré d’avoir su trier et choisir un livre si digne et si à propos, pour en faire présent à son pays. […] À l’époque où il étudiait, il fallait acheter cher le savoir : les nouvelles méthodes apportées par Budé, et favorisées par François Ier, s’introduisaient à peine. […] Amyot, de son chef, pense peu ; il tourne dans les banalités morales : il ne s’arrête plus et ne sait où finir sa phrase ni où la couper. […] « Tous les doctes savent, dit Méziriac, que le style de Plutarque est fort serré et ne tient rien de l’asiatique. » Mais croyez-vous qu’Amyot tout le premier ne sût pas ces choses ?

261. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Monsieur, je ne sais rien, je n’ai rien appris. […] Je sais à présent que les autres souffrent aussi : j’en suis devenue plus triste, mais beaucoup plus résignée. […] Parlez, demandez grâce. — Vous ne savez pas ce que ce sang-là coûterait. […] On les ramena le soir tous les deux à leur mère inquiète, qui ne savait ce qu’ils étaient devenus. […] » « (26 mars 1854)… Nous allons quitter notre cinquième étage ; je ne sais cette fois si ce sera pour monter au sixième.

262. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Non, dirait Boileau : quand même j’ai la connaissance du fait, je ne saurais encore me passer de comprendre le fait. […] Donc l’auteur variera les caractères et leur expression. — Nous savons, et nous disons souvent que « l’homme n’est pas parfait ». […] Comme Molière et comme Racine, Boileau ne saurait admettre que la poésie n’ait pas pour objet de plaire. […] Mais il n’était pas poète : il n’a pas su choisir dans la nature ce qu’un artiste devait rendre, ni le rendre artistement. […] On y sent toutefois une certaine force énergique qui, marquant l’horreur de la chose qui y est énoncée, a je ne sais quoi de sublime.

263. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Nous avons vu chez quelques-uns le savoir poussé jusqu’à l’ivresse. […] Le savoir a ses voluptueux et ses martyrs. […] Et ils continuent de douter, tant qu’ils ne savent pas tout. […] » est d’un épicurien aimable, satisfait de savoir pourquoi il ne sait pas, s’en faisant peut-être une gloire secrète, parmi tant d’ignorants ou de gens passionnés qui affirment. « Je ne sçai » est d’un esprit sévère, qui voudrait savoir pour enseigner, et qui s’étonne peut-être d’avoir quelquefois affirmé comme s’il avait su.

264. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Ils savent trop bien leur métier, les poètes dramatiques surtout, qui sont obligés de plaire aux instincts, aux passions, aux penchants de la multitude, et qui savent que, surtout dans l’art de la comédie, il arrive souvent que celui-là ne prouve rien, qui veut trop prouver. […] Cela est fatigant, plus que je ne saurais dire, de vous entendre crier sans fin et sans cesse, les uns et les autres : — « Molière ! […] — Malheureux, tu ne sais pas quel rapport ! […] Voilà donc tous nos comédiens réunis, et naturellement pas un d’eux ne sait son rôle. […] Plus vous avez la main légère et plus le public vous en saura bon gré.

265. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Mais tous les compagnons d’Ulysse, qui, vous le savez, ne sont pas autre chose que des imbéciles, ont été transformés en animaux, ce qui ne les change pas beaucoup. […] Dieu seul sait la distance entre nous, Seul il sait quels degrés de l’échelle de l’être Séparent ton instinct de l’âme de ton maître ; Mais seul il sait aussi, par quel secret rapport. […] Enfin La Fontaine a soutenu, comme vous le savez, et avec énergie, l’intelligence des bêtes. […] Il sait très bien, et il l’a assez montré et voulu le montrer, que l’animal est une âme, mais il veut, de plus, qu’il soit une intelligence. […] Nous ne pouvons pas le savoir !

266. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

Savais-je déjà parler ? […] Je ne sais. […] Je ne sais. […] … Je ne le sais presque pas. […] … Je ne sais pas… Catherine ne me l’a pas dit.

267. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Dieu sait la risée. […] Je ne sais si le lecteur en rira autant. […] et ses voisins s’étant montrés curieux de savoir pourquoi : « Ah ! […] On ne saurait s’en étonner, ni douter qu’il ait été sincère d’inteniion. […] La maîtresse passion, on le sait, est la dernière à mourir en nous.

268. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Et il s’en sait gré. […] Zola n’en sait rien. […] Il sait imaginer et il sait voir. […] Il le sait. […] des désenchantés… Et qui sait ?

269. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je dis ce que je sais, ce que j’ai vu, et, parmi d’autres, certaines choses que le critique est peut-être moins bien placé pour savoir et voir. […] La tourmente passée, rien ne saurait la soutenir. […] On ne sait plus à qui l’on a affaire. […] On saura s’en accommoder, puis s’en servir. […] Sachez qu’on commence à me suivre.

270. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

À son immense savoir M.  […] Mon ardeur de savoir avait sa pâture. […] si elles savaient ce qui se passe au fond de mon cœur ! […] Je ne disputerai pas ; nul ne sait s’il est digne d’amour ou de haine. […] Je ne sais ; mais l’activité trouve partout son aliment.

271. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Personne n’avait été à même de savoir ce que Crétineau a appris. […] Nous n’écrivons l’histoire que pour ceux qui la savent. […] Que sait-on ? […] Si elle ne savait pas ce qu’elle faisait, ses chefs, ses éducateurs le savaient pour elle. […] Qui le savait mieux que les Jésuites ?

272. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

C’est qu’on la sait inflexible. […] Je ne sais. […] Dieu sait si de Bonald y tient ! […] En vérité, on ne sait. […] Leur malheur a été de ne pas savoir l’histoire.

273. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Nous savons fort bien être décents et polis sans elle, quand on ne nous met pas en colère. […] Seulement, ce goût ne saurait être qu’un goût moyen, entendez un goût médiocre. […] Cela veut dire qu’il sait son métier. […] Je ne sais pas si c’est détachement chrétien, ou comble d’orgueil, ou esprit de contradiction, ou crainte de déplaire à des amis envers qui l’on se croit engagé. […] Au contraire, ce qui manque à son roman, je serais presque capable de l’y mettre, et le père Astier-Réhu lui-même saurait nous le dire et nous le développer… Le seul don de l’expression pittoresque, à un pareil degré, me fait passer aisément sur une psychologie peut-être sommaire et sur un certain manque de renanisme… Et puis, je ne sais plus.

274. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Elle impose par un ton de simplicité noble et de dignité discrète ; elle plaît par le tour parfait et piquant qu’elle sait donner à la justesse. […] Je ne sais si je rends bien l’impression des autres, mais c’est là exactement la mienne toutes les fois que je me suis approché plus ou moins de Mme de Maintenon. […] Ils étaient noirs, brillants, doux, passionnés et pleins d’esprit ; leur éclat avait je ne sais quoi qu’on ne saurait exprimer : la mélancolie douce y paraissait quelquefois avec tous les charmes qui la suivent presque toujours ; l’enjouement s’y faisait voir à son tour avec tous les attraits que la joie peut inspirer. […] Qu’on essaie d’imaginer ce que suppose d’habileté de détail cette réserve savante qui entretient si longuement et sait contenir, sans l’étouffer, le désir ! […] Mourant, et quand il eut perdu connaissance, on sait qu’elle se retira avant qu’il eût rendu le dernier soupir.

275. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

On sait peu de choses de ses premières années et des circonstances de sa première éducation, sinon qu’elle fut toute libre, agreste et assez irrégulière. […] Les opinions, les sentiments de Courier à cette fin de la République et sous l’Empire, nous les savons maintenant, il vient de nous les dire, et il n’aura plus qu’à les varier et à les développer devant nous. […] Mais avec Courier, il faut se faire à ces extrémités spirituelles d’expression qui ne sont que des figures de pensée ; et n’est-ce pas ainsi que, dans sa passion et presque sa religion du pur langage, il disait encore : « Les gens qui savent le grec sont cinq ou six en Europe : ceux qui savent le français sont en bien plus petit nombre !  […] qui saura la raconter et la peindre ? […] Cette lettre est célèbre : c’est, à vrai dire, le premier des pamphlets de Courier, et chacun put voir dès lors combien cette bouche qui savait si bien rire, savait mordre aussi.

276. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Elles n’en savaient rien. […] On ne sait pas. […] On sait le mortel pouvoir, d’une épigramme. […] qui sait même son nom, en dehors des érudits ? […] Nous ne pouvons savoir ce que pensera la postérité, puisque nous ne savons ce qu’elle sera.

277. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mémoires de Casanova de Seingalt. Écrits par lui-même. »

Lorsque Casanova la voit d’abord à Césene ou à Mantoue (je ne sais lequel), voyageant avec un vieux capitaine hongrois, lui-même il avait éprouvé depuis son séjour à Rome bien des traverses et des vicissitudes. […] Vantons-nous d’avoir su nous rendre parfaitement  heureux pendant trois mois de suite ; peu de mortels en peuvent dire autant… Ne t’informe pas de moi, et si le hasard te fait parvenir à savoir qui je suis, ignore-le toujours. […] Je ne sais pas qui tu es, mais je sais que personne au monde ne te connaît mieux que moi. […] Pour qui sait et veut l’amour, il y a quelque chose de profondément triste à voir cette consolation perpétuelle et banale : quand don Juan change si vite, on sent du moins de l’ironie dans ses infidélités. […] Mademoiselle de Liron est, comme on sait, l’héroïne d’un roman bien connu de Delécluze, le critique d’art du Journal des débats, et l’auteur des Souvenirs de soixante années, auxquels M. 

278. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre II. La mesure du temps. »

Nous classons nos souvenirs dans le temps, mais nous savons qu’il reste des cases vides. […] Nous savons peut-être que tel fait est antérieur à tel autre, mais non de combien il est antérieur. […] Sans doute elles ne sauraient se réaliser sans que le principe de raison suffisante semble violé. […] Cette représentation, nous ne l’aurons jamais nous le savons : notre infirmité est trop grande. […] On sait que Rœmer s’est servi des éclipses, des satellites de Jupiter, et a cherché de combien l’événement retardait sur la prédiction.

279. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Je n’ignore pas qu’on ne sait quel rôle ni quel nom donner à la grande figure nue, au grand manequin barbu. […] Celui-ci a je ne sais quoi qui vous rappelle la manière simple, non recherchée, isolée et tranquille de composer des anciens, manière où les figures restent comme le moment les a placées, et ne sont vraiment liées que par la circonstance, le fait et la sensation commune. […] Avec un peu d’imagination et de fécondité, il s’en présente de si heureuses qu’on ne saurait y renoncer ; qu’arrive-t-il alors ? […] Ils sont trop heureux, les faquins, que celui qui sait raisonner, écrire, ne sache ni dessiner, ni peindre, ni colorier. […] Mais il n’en est pas de même de ceux-ci, ce ne sont pas des natures sveltes ; ils ont un caractère dont on ne saurait s’affranchir sans pécher contre la vérité ; des chairs molles, je ne sais quoi de non développé qui est de leur âge.

280. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Lorsque Pascal disait que l’homme ne sait que ce qui lui a été enseigné, et que, par conséquent, nous ne pouvons nous dispenser de remonter toujours à un enseignement primitif comme à une cause première, il commençait à jeter le pont qui devait réunir un jour le monde ancien et le monde nouveau. […] Ancillon subjugué à ce point par les préjugés de la philosophie moderne, lui qui a su se garantir le plus souvent de l’influence de ces préjugés. […] Je ne sais si je suis parvenu à me faire comprendre : une courte observation sur la musique achèvera peut-être de rendre sensible le phénomène nouveau de l’intelligence humaine. […] L’homme ne sait rien de lui-même, l’homme a besoin d’être instruit sur toutes choses, ainsi que l’affirmait Pascal. Si nous n’avions pas blâmé toute comparaison entre l’homme et les animaux, nous pourrions dire que l’homme en naissant ne sait rien de ce qu’il doit savoir, même pour se conserver ; que les animaux, au contraire, savent tout, qu’ils n’ont besoin de rien apprendre.

281. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

D’ailleurs on flairait dans ces Pensées je ne sais quel manque de résignation qui semblait piquant chez un ministre de Dieu. […] Or, ses Nouvelles Pensées ne valent rien ; et, comme on sait, « rien, c’est peu de chose ». […] Il ne sait pas avec quelle rapidité nous oublions. […] J’imagine qu’il murmure entre deux antiennes : — « Seigneur, si j’ai du génie, je sais que je vous le dois. […] Puis, nous savons un peu mieux les choses ; nous n’avons pas les illusions de l’abbé sur la valeur et la portée des articles de journaux, et même de revues.

282. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

« Faire de la littérature » On sait comment se recrute en France la confrérie des hommes de lettres. […] Il ne sait pas encore ce qu’il écrira, mais il écrira. […] Thomas Grimm (au moins), saura se créer une aussi belle situation que ce distingué polygraphe. — D’ailleurs, c’est bien le moins que le français rembourse au fils ce que, en dix ans de répétitions, le latin fit débourser au père. […] » Ils n’en savent rien, nous non plus. […] Mais le critique est trompé, lui aussi, par l’épithète littéraire ; pourvu qu’il sache écrire, et qu’il abonde en aperçus ingénieux, il se juge mieux que suffisant. — Il n’est pas jusqu’à la philosophie qui ne souffre d’être rapprochée des lettres.

283. (1904) Zangwill pp. 7-90

Et savez-vous ce que dit ce peuple ? […] Dans un siècle, l’humanité saura à peu près ce qu’elle peut savoir sur son passé ; et alors il sera temps de s’arrêter ; car le propre de ces études est, aussitôt qu’elles ont atteint leur perfection relative, de commencer à se démolir. […] Mon seul déplaisir est que ce siècle soit si bas qu’il ne sache plus jouir. […] La possibilité de faire exister de nouveau ce qui a déjà existé, de reproduire tout ce qui a eu de la réalité ne saurait être niée. […] Reproche-t-on au soldat mourant de s’intéresser au gain de la bataille et de désirer savoir si son chef est content de lui ?

284. (1887) Essais sur l’école romantique

» Nul ne sait qui lui répondit : « Passe !  […] Je ne sais pas jouer avec ma plume. […] je sais l’être avec moi, contre moi. […] On ne sait trop ce qu’on sent. […] Le poète qui ne sait plus que décrire, c’est un vieillard qui ne sait plus que se souvenir.

285. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Or, pour ceux qui savent un peu les choses, ce sont là deux cas très rares, et même le second se rencontre à peine. […] D’abord il a su placer ses personnages dans leur milieu, créer autour d’eux comme une atmosphère ecclésiastique. […] On sait que ce roman a commencé la réputation de M.  […] Un bon prêtre ne saurait être un raffiné. […] Vous savez Marianne, la tache qui est à la page 240 de mon Theologiae cursus completus ?

286. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

On sait leurs griefs contre la société où ils étaient nés. […] Tout jeune, il sait commander à son imagination, il se contient et se corrige. […] Il y a bien eu un Zoïle pour dire qu’Homère ne savait pas le grec ! […] Sache-le bien, d’ailleurs, ni le pape, ni le roi, ni les grands ne se lient à mes paroles. […] Ils ont besoin de moi ; et toi, faible rebelle, ils sauront te réduire au silence.

287. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Je n’en sais rien. […] William Schlegel a beaucoup de savoir, beaucoup d’esprit, et le sens commun est faillible. […] Lysidas sait qu’on l’observe. […] Lysidas ; elle ne sait pas ce que c’est que la comédie. […] Elle sait qu’elle ne convaincra pas directement des logiciens.

288. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

On ne sait, mais il est clair que ni l’un ni l’autre ne pouvaient entretenir le roi de Suède dans les illusions qu’il s’était faites. […] Cela marchait du même pas sourd sans que le temps lui-même, qui s’occupait de bien autre chose, en sût rien. […] Je n’ai rien su du prince de Galles, mais il était présent, et probablement il ne s’est pas entretenu avec elle. […] Je n’y savais qu’un moyen : si on ne me provoquait pas, je ferais le mort ; si l’on me touchait le moins du monde, je saurais donner signe de vie et me montrer en homme libre. […] Cette invasion très bien prévue et si fort détestée, l’invasion des Français à Florence, eut lieu le 25 mai 1799, avec toutes les circonstances que chacun sait ou ne sait pas, et qui ne méritent pas d’être sues, la conduite de ces esclaves partout la même n’a en toute occasion qu’une couleur.

289. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

C’était pour savoir de quelle façon il prendrait ce projet. […] Il disait ne savoir que penser de tout ce qu’il voyait. […] Si Henri VIII, qui n’avait pas la vingtième partie de ma puissance, a su changer la religion de son pays et réussir dans ce projet, bien plus le saurai-je faire et le pourrai-je, moi. […] Nous nous rendîmes au moment prescrit, sans savoir pourquoi nous étions appelés. […] Seule la Providence sait ce que l’avenir nous réserve.

290. (1891) Esquisses contemporaines

Savoir n’est pas vivre, et c’est vivre qui importe. […] Hennequin, y marche avec la hardiesse et la précision que l’on sait. […] Surtout saura-t-il discerner le Christ dans le chrétien ? […] Dans cet isolement, Scherer sut rester très digne. […] Il ne saurait plus acquiescer à rien puisqu’il acquiesce à tout ; il ne saurait plus avoir aucune théorie : il regarde, subit et se résigne.

291. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Je n’en sais pas plus. […] On ne sait pas. […] Ils ont su ajouter avec grâce et ils ont su effacer avec jugement. […] On le sait. […] je ne sais.

292. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

je le sais dans mon cœur. […] Il habitait les Pyrénées, je ne sais où. […] Tout le monde sait que M.  […] Il rampe et sait s’insinuer. […] mon cher Walter, lui dit-il, vous savez quelle affection j’ai pour vous… Ma joie est, sachez-le, bien grande à vous voir ainsi et à causer.

293. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Mais le savoir est-il aussi précoce ? […] il possède la tradition ; il sait à fond ce dont il parle, et, s’il reproduit les jugements consacrés, il sait les renouveler par maint rapprochement et par l’esprit de détail ; il est aussi utile qu’agréable à entendre. […] Je ne sais trop, mais il est bien mort, et quand il s’est agide le juger à son décès académique, il était depuis longtemps enterré. […] Je ne sais en vérité si Rigault, en le combattant si fort et en paraissant le honnir, détestait sérieusement M.  […] D’un côté, l’imagination et la fée : de l’autre, la raison qui sait être piquante, et le conseil.

294. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

Le père ne savait qu’élever les mains au Ciel, implorer les bénédictions d’en haut sur sa fille et pleurer. […] Louis XV savait apprécier ceux qu’il employait ; mais son estime n’influait en rien sur son abandon ; peut-être même était-il disposé à céder avec moins de résistance à celui qu’il estimait le moins. […] Ce n’est pas probable, quoique l’intrigue avec cette dame ait commencé bien plus qu’on ne le sut généralement alors, et qu’elle ait été menée pendant les premières années très secrètement. […] Ici commence une triste période pour la pauvre reine : elle put s’y faire, s’y accoutumer par la suite ; tant qu’elle le put, elle ignora : il est impossible que, quand elle sut tout à n’en pas douter, elle n’en ait pas cruellement souffert. […] On sait que M. le Duc était borgne.

295. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Mais ces redites pourtant, dût la forme seule les rajeunir, ne nous ont pas semblé inutiles, ne serait-ce que pour montrer que nous aussi, le dernier venu et le plus obscur, nous savons au besoin et par conviction nous ranger à la suite de nos devanciers dans la carrière. […] Le xviiie  siècle, en effet, n’a su naturellement de l’époque de Louis XIV que la partie qui s’est continuée et qui a prévalu sous Louis XV. […] La Fontaine dépensait son génie, comme son temps, comme sa fortune, sans savoir comment, et au service de tous. […] Ce qu’est La Fontaine dans le conte, tout le monde le sait ; ce qu’il est dans la fable, on le sait aussi, on le sent ; mais il est moins aisé de s’en rendre compte. […] L’usage des vrais biens réparerait ces maux ; Je le sais, et je cours encore à des biens faux.

296. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Les théologiens, vous le savez, ne se font pas faute de cet argument ; pour moi, je le déclare détestable, et j’aurais honte de m’en servir. […] Alors comment savez-vous que dans un cas l’idée correspond à quelque chose de réel, et dans l’autre, non ? […] Renan est conduit à reconnaître l’existence d’un je ne sais quoi dans la nature et dans l’homme. […] Si vous ne savez rien de l’essence des choses, pourquoi déclarez-vous que l’âme est une fonction du système nerveux ? […] Sachons nous contenter de progrès lents et successifs.

297. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VII. Repos »

Jacques Fréhel est un poète né qui a su devenir un romancier. […] On ne sait quel pressentiment hagard les redresse. […] Je sais le danger de transporter hors de la lande natale ces grappes sauvages. […] On ne saurait les pardonner à quelqu’un qu’on risque de rencontrer. […] Mais ce qu’on ne saurait deviner et ce qu’on ne saurait dire, c’est la beauté noble de son mouvement lyrique.

298. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Nous savons le reste. […] Il ne pouvait dire Je le sais. Il n’en savait rien. […] Je ne savais pas où j’étais. […] Sans qu’il le sache, sans qu’il puisse le savoir (et qui donc le sait ?)

299. (1895) Hommes et livres

Quand il arrive à Montpellier, il saura se débrouiller et se conduire. […] Comme eux, il sait qu’il faut que l’ouvrage soit fait. […] C’était son droit, et l’on savait du reste qu’il en avait usé. […] On ne sait où s’accrocher, ni où l’on va, ni si l’on avance. […] Je ne saurais être de l’avis de M. 

300. (1914) Une année de critique

Je sais des gens qui font reproche à M.  […] Monsieur Bois le sait, et de là vient son mérite. […] Et Dieu sait combien de livres j’ai lus ! […] Savez-vous à quoi je pense, en le lisant ? […] Elle ne saurait être menée à bien dans la sérénité.

301. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

On sait si dans le monde de de Blocqueville, — dans le monde des salons — ces deux femmes sont devenues populaires. […] Est-ce que Lélia, aux yeux qui savaient voir, n’était pas Mme Sand elle-même, outrecuidamment idéalisée dans le bien comme dans le mal ? […] Elle ne sait pas, comme elle désirerait le savoir, les liens d’entre elle et les comètes ; mais, sentant au fond d’elle-même son identité de comète, elle est curieuse de les savoir, cette curieuse comète. […] Qui sait ? […] Je n’en sais rien, mais ce que je sais et ce que je puis garantir, c’est l’ennui, pour hommes et pour femmes, qui tombera sur tout le monde comme une avalanche, de ces deux accablants volumes ; c’est l’horreur qu’on va prendre dans ce crachoir des lectures de toute une vie de bas-bleu, retourné et renversé sur nos têtes, et dont on voudra se laver et s’essuyer au plus vite, n’importe où !

302. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

… On ne pouvait pas dire, de celui-là, qu’il ne sût pas l’Histoire ! Cet Inexcusable, il savait ! […] Il refusa : « Je ne sais pas faire les lois, — dit-il, — je ne sais rien que les défendre. » C’était le temps du déchaînement des ambitions. […] Seulement, j’aurais voulu savoir les noms des hommes d’airain figurés aux bas-reliefs. […] Il sait l’Histoire.

303. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « II. Jean Reynaud »

Tel est tout le secret de cette facile renommée de deux jours, faite si généreusement à un ouvrage qui ne saura pas la garder ! […] En effet, pour qui sait l’embrasser et l’étreindre, ce livre, au fond, n’est autre chose qu’une mutilation et un renversement des idées chrétiennes. […] Des écoliers sauraient cela, et voyez la singulière conséquence ! […] Ses longues dissertations dialoguées, que ne brise jamais le moindre mot spirituel, manquent profondément de vie, d’animation, de passion enthousiaste ou convaincue, et elles nous versent dans les veines je ne sais quelle torpeur mortelle. […] Quand on a lu cet immense volume d’hypothèses sur la pluralité des mondes éternels, savez-vous à quoi l’on retourne pour se délasser d’une telle lecture ?

304. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

Pelletan est, comme on sait, un des écrivains les plus démocratiques de ce temps. […] Elle nierait la perfectibilité indéfinie et cette ascension chimérique de l’humanité on ne sait vers quoi… car le mot n’a pas encore été dit ! […] Ne savions-nous pas qu’il devait en être ainsi, qu’il ne pouvait pas en être autrement pour le théoricien ou le mystagogue du progrès ? […] Quand on a nié la Chute et qu’on sait à quel degré les idées se tiennent et se commandent, il ne faudrait, sous aucun prétexte, risquer ces mot ? […] on peut regretter l’emploi de cette plume d’une coloration si ardente que l’on dirait un pinceau, mais on n’en saurait contester l’éclat.

305. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Et qui sait ? […] Goethe, qui n’a pas beaucoup de grands mots à sa charge, en a un superbe, quand il dit qu’on ne sait pas plus comment les poètes s’y prennent pour faire de beaux vers qu’on ne sait comment les femmes s’y prennent pour faire de beaux enfants… Et il a raison, pour cette fois ! […] Mais, qui ne le sait ? […] — invinciblement l’attirait, André Chénier ne savait pas, comme disent les poètes, quel dieu il portait dans son sein. […] Qu’est-ce que cela nous fait, à nous, qu’il sût du grec comme Trissotin et qu’il pût entrer à l’Académie des Inscriptions ?

306. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Est-ce que je sais moi ? […] » — On sait ce que c’est que cette naïveté-là. […] Ils savent plaire. […] On ne sait et ne saura probablement jamais sur quoi les critiques s’appuient pour porter leur jugement, pour écraser ou vanter une œuvre. […] Je ne sais qui a dit que l’athée était plus près de Dieu que l’hérétique, et quel autre, qu’il valait mieux pour apprendre ne rien savoir que de mal savoir.

307. (1912) L’art de lire « Avant-propos »

Savoir lire, on le sent, est donc un art et il y a un art de lire. C’est à quoi songeait Sainte-Beuve quand il disait : « Le critique n’est qu’un homme qui sait lire et qui apprend à lire aux autres. » Mais en quoi cet art consiste-t-il ? […] Sarcey me disait, vers la fin de sa vie, il est vrai : « Comme je suis las de lire les livres pour savoir ce que j’en dirai ! […] Mais, encore une fois, le critique est un homme qui ne sait lire qu’en critique et qui n’apprend à lire qu’en critique, qui n’enseigne que la lecture critique, dont, du reste, je ne songe à dire aucun mal. […] Voulez-vous apprendre à lire comme on apprend à jouer du violon, c’est-à-dire pour savoir en jouer et pour prendre le plus grand plaisir possible en en jouant ?

308. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

On n’en sait rien : aux comédiens de bois ? […] Je n’en sais rien. […] Le savez-vous ? […] Comment le sait-elle ? […] — Eh bien, sachons tout malgré lui.

309. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

C’est ainsi que les heureux d’ici-bas jugent et condamnent ce qu’ils ne savent pas. […] Le public sait comme moi jusqu’à quel degré de perfection il l’a élevé : mais ce n’est pas le seul endroit par lequel il nous ait fait voir qu’il a su profiter des leçons d’un si grand maître. […] Couvrez ce sein que je ne saurais voir. […] On sait que Lekain disait que le rôle d’Arnolphe devait lui appartenir. […] On ne saurait trop admirer l’adresse avec laquelle Elmire sait en même temps tenir dans le respect le plus audacieux des hommes, et pousser un hypocrite à se montrer à découvert.

310. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Mais, sous peine de se pervertir, elle ne saurait passer au delà : l’aurea mediocritas, entendue aussi largement qu’on le voudra, est son domaine naturel. […] Cousin ne cesse de répéter que Port-Royal représente le stoïcisme chrétien : ces assimilations rapides, sans être fausses, ne sont pas suffisantes et ne sauraient se donner comme définitives. […] Il faut savoir que l’incorruptible auteur de la Némésis a cessé autrefois ses pamphlets hebdomadaires parce qu’il s’était raccommodé avec le gouvernement qui se montra touché de son silence. […] Au reste, tout ce métal sonne creux, n’est pas de bonne trempe : je ne sais qui disait que cela lui faisait l’effet d’un beau fusil à deux coups, mais en fer blanc. […] Ce sera donc quelque ouvrage politique ou (qui sait ?)

311. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

La seconde repose sur une assertion assez téméraire, à savoir que levers appelle forcément un second vers rimant avec lui et sans lequel il ne peut être complet. […] Quant à savoir son métier, oui, il faut le savoir et à fond, mais pas comme ils l’entendent. III Je voudrais rencontrer une brute, un être primitif et sensitif frissonnant aux frissons de la forêt, rêveur à cause du murmure des roseaux frôlés par le vent aux rives des fleuves, illuminé d’un doux rire puéril aux querelles des oiseaux, heureux par la pureté du soleil qui se lève et surtout épris, sans le savoir, de quelque Ève apparue un soir de printemps, au lointain bleu d’une allée, enfuie depuis, Dieu sait vers quels saules. […] Sache qu’il est, ce rythme, changeant et multiforme, qu’aujourd’hui il veut chanter la mélopée de la forêt frémissante ou la cantilène des roseaux penchés aux rives des fleuves, que demain il sera l’ode d’amour parce que l’Ève revenue aura noué autour de ton cou ses bras frais comme des fleurs et sinueux comme des serpents ou bien l’hymne reconnaissant quand le pur baiser du soleil naissant lavera ton front des terreurs nocturnes. […] « Plusieurs viendront et te diront : “Oui, mais Untel a su allier les audaces aujourd’hui nécessaires avec le respect de la Tradition : ses vers libres sont déférents à l’Alexandrin.”

312. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Isabelle aime Valère ; elle voudrait qu’il le sût. […] Valère sait donc qu’il est aimé, et il le sait par Sganarelle. […] Lui dire qu’on s’occupe de lui, ce n’est pas assez : il faut qu’il sache tout, et qu’il le sache par une lettre. […] Ce n’est guère le fait d’une jeune fille qui sait si bien congédier les galants. […] On sait ses touchantes résistances.

313. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

— Je ne sais. — Vous ne savez ? […] J’estime donc que l’étude des deux langues doit marcher de front ; celui qui sait le grec, rarement ignore le latin ; et il n’est que trop commun de savoir le latin et d’ignorer le grec. […] Je ne sais même comment le peuple romain l’entendait. […] On sait alors tout ce qu’il faut savoir pour passer aux leçons propres à l’éloquence et à la poésie et devenir grand orateur et grand poëte, si l’on y est destiné.

314. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Haussoullier serait-il de ces hommes qui en savent trop long sur leur art ? […] Il savait colorer la pierre lithographique ; tous ses dessins étaient pleins de charmes, distingués, et respiraient je ne sais quelle rêverie amène. […] Adrien Guignet a certainement du talent ; il sait composer et arranger. […] Corot ne sait pas peindre […] On sait d’ailleurs qu’il s’est chargé d’une reproduction remarquable des eaux-fortes de Rembrandt.

315. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Il sait que non. Comment le sait-il ? […] Je ne sais si M.  […] Il ne sait pas. […] Il la sait vivante.

316. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir. […] Rossi, qui savait si bien son Bonstetten, et qui jeune, et dans ses années de séjour à Genève, avait été si bien apprécié par lui, racontait à merveille l’anecdote suivante. […] Né dans une ville où l’on ne savait ni l’allemand ni le français, je ne savais aucune langue ni même le latin, qu’il me fallut apprendre tout seul, quoiqu’une première éducation eût été, comme c’était l’usage, employée à ses tristes et inutiles rudiments. […] Cela n’est pas aisé, je le sais ; mais si l’éducation de l’enfance est une science que les siècles n’épuisent pas, celle de l’adolescence, qu’à peine on a ébauchée, est plus difficile encore. […] Le savoir prospérait quelquefois dans ce désert du cœur.

317. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Raoul-Rochette avait beaucoup de mérite réel, beaucoup de savoir et plus solide qu’on ne l’a pensé (quelques légèretés à ses débuts, des fatuités lui avaient fait tort, il avait bien réparé cela depuis). […] N’avons-nous donc parmi nous personne qui sache pertinemment parler de nous et de nos travaux ? […] Il savait l’allemand, l’italien, l’anglais, le latin ; une teinture de grec, un peu d’hébreu. […] « Il savait beaucoup de choses, même dans les sciences, en histoire naturelle, en médecine. […] Le sort, à la fin, sembla s’en mêler : on sait que, dans l’incendie d’un magasin de l’Opéra, les décors de la Juive brûlèrent.

318. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Cette École, on le sait, a été réformée d’après un décret de l’Empereur, venu à la suite de considérations exposées dans un double rapport du ministre et du surintendant des Beaux-Arts. […] Je ne parle pas du Comité, bien autrement essentiel, des monuments historiques, institué près le ministère de l’Intérieur, et qui y aidait, qui y subvenait tout directement ; je ne dirai que ce que je sais. […] Si nous analysons les édifices des Grecs, nous rencontrons toujours cet esprit fin, délicat, qui sait tirer parti de toute difficulté, de tout obstacle, au profit de l’art, jusque dans les moindres détails. […] Sachons comprendre toutes les formes, ne pas les confondre, et ne pas non plus sacrifier l’une à l’autre. […] Il est de règle en France qu’on ne sait pas faire respecter un professeur insulté indécemment, et c’est toujours lui, en définitive, qui doit céder.

319. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Elle sait, dès le premier jour, qu’elle sera abandonnée ; si elle le sait, s’en plaint-elle ? […] si le roi savait !  […] Le sait-il plus que d’autres ? […] Il le sut ou ne le sut point ; mais à coup sûr, il s’en inquiéta médiocrement. […] il sait tourner les choses.

320. (1896) Les Jeunes, études et portraits

On ne sait plus vouloir, on ne sait plus aimer. […] Il veut savoir. […] Je ne sais. […] Il veut savoir. […] Nul ne le sait et elle-même n’en sait rien.

321. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Les hommes, sachons-le bien, sont plus complexes et plus harmonieux qu’on ne pense. […] Chacun lui fait honneur et fête ; mais la peinture, toujours, est de la partie et ne saurait se plaindre d’être un seul instant oubliée. […] Horace avait à ne pas se montrer ingrat envers l’empereur, et à ne pas trahir sa qualité de Français : il sut tout concilier. […] Je ne sais si les autres sont comme moi, mais la littérature ne me paraît jamais avoir plus de saveur que quand elle vient de quelqu’un qui ne se doute pas qu’il fait de la littérature. […] quand je commence à faire des changements, je m’embarbouille et je ne sais plus comment en sortir. » Ne généralisons rien ; à chacun sa nature.

322. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Tout auprès de cette exaltation un peu factice de Benjamin Constant, il sut se faire des points fixes. […] Gibbon et Hume avaient su combiner avec des opinions très-marquées, et presque des partis pris, de hautes qualités de science et de clairvoyance auxquelles on a trop cessé de rendre justice. […] Ce qu’il sait d’hier ou du matin, il semble le savoir de toujours14. […] Toute la gloire du succès et l’éblouissement d’une journée immortelle ne sauraient atténuer à l’œil impartial ces faits antérieurs et les témoignages qui les éclairent. […] « Ce qu’il a appris le matin, il semble le savoir de toute éternité. » Le mot a été dit en effet.

323. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

On ne saurait désirer plus de finesse ni d’agilité. […] Ce qui lui coûterait, ce serait d’y renoncer, et je ne sais pas même s’il le pourrait. […] Il ne sait que s’affliger, la bonne âme ; son plus grand effort va jusqu’à nommer ingrate celle qui lui perce le cœur. […] Racine a besoin de faire savoir qu’Atalide est cousine de Bajazet. […] Il importe de savoir s’il y a une cour et quel est le ton donné par elle.

324. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

et, en même temps que grandissent la fortune et le savoir du Tiers-Etat, la littérature tend aussi à s’embourgeoiser. […] C’est pourquoi l’on ne saurait s’en tenir aux lignes dures de la formule trouvée. Elle ne saurait dispenser d’un tableau artistique où l’époque étudiée retrouve le mouvement et la vie. […] On ne saurait ici codifier des prescriptions précises, indiquer un ordre qui s’impose. […] On sait l’effarement de l’éditeur auquel Lamartine apportait ses Méditations.

325. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

… Si ce ne sont pas là des vertus, je ne sais ce que vous appellerez ainsi ; et si vous convenez avec moi que ce sont des vertus, etc. […] Tantôt des coliques néphrétiques, auxquelles vous savez que j’ai toujours été sujet, me déchirent : la privation d’exercice les multiplie et les aggrave. […] Il me serait facile de faire de Mirabeau enchaîné à Vincennes un Titan, un géant, Encelade sous l’Etna, que sais-je ? […] ce que ton cœur sait dire, l’art et l’esprit le trouveront-ils jamais ? […] Je sais qu’une prochaine occasion se prépare de parler du Mirabeau politique et définitif, et je compte bien ne pas la manquer.

326. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Voulez-vous savoir, par exemple, comment M. de Maistre, au fond ennemi de la Révolution, l’estimant terrible et funeste, bien que trop méritée, juge les premières défaites de la Coalition armée contre la France ? […] L’idée de détruire ou de morceler un grand empire est souvent aussi absurde que celle d’ôter une planète du système planétaire, quoique nous ne sachions pas pourquoi. […] Cette demande ne fut point agréée ; mais tout prouve que Napoléon ne lui sut pas mauvais gré de sa tentative. […] En 1807, en 1812 et depuis, ce fils assista aux terribles batailles : « Nul ne sait ce que c’est que la guerre s’il n’y a son fils », écrivait le père à un ami. […] Dieu rirait bien si Dieu pouvait rire , dit-il quelque part, en faisant je ne sais quelle supposition ; et ailleurs, il nous montrera les esprits célestes riant comme des fous de je ne sais quelle bévue des hommes.

327. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

On ne sait pas la chose avec précision. […] Il répondit : Que sais-je ? […] On ne savait où s’arrêterait l’incendie. […] Je sais qu’il s’en défend. […] Savez-vous ce que c’est qu’une coqueluche ?

328. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Je ne sais. […] Je ne sais. […] Il sait l’âge des arbres, il sait quelle main les a plantés. […] Il savait, mais il sentait. […] Je ne sais.

329. (1923) Au service de la déesse

moi non plus, je n’en sais rien. […] Nous ne le savons pas. […] Le moindre hâbleur le sait à merveille ; les poètes le savent aussi. […] Qu’en savent-ils ? […] Pierre Hamp le sait très bien.

330. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Il est vrai que c’est par l’auteur qu’on le sait et de plus par ceux des principaux intéressés qu’il y a fait entrer tout vifs. […] Comment savons-nous si bien tout cela ? […] Je sais ce que dira Lotte quand elle le lira, et je sais ce que je lui répondrai. » Et encore : Ô Keslner, je me trouve bien heureux ! […] Pourtant je suis disposé à lui pardonner ; mais il ne doit pas le savoir, pour qu’il soit plus circonspect dorénavant. […] Il n’est pas ici ; il est depuis trois mois à Weimar chez le duc, et Dieu sait quand il reviendra.

331. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Chapelain, parmi les oracles d’alors, est le plus remarquable exemple de cet abus du grécisme et du latinisme en français : il avait pour contre-poids, à l’Académie, Conrart qui ne savait que le français, mais qui le savait dans toute sa pureté parisienne. […] Mais son savoir était des plus étendus et ne se confinait à aucune profession. […] elle est de Pascal, comme le sait tout bon élève de rhétorique. […] Je ne sais quel guignon ou quel malin génie a rendu jusqu’ici ces décisions vaines. Il faudra bien pourtant qu’on y vienne et qu’on s’y mette : on ne saurait éluder indéfiniment.

332. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Du reste, il a de l’esprit, du savoir et du mérite. » Nous reviendrons sur ce jugement de Boileau. […] Il sait la mesure qu’il faut tenir et le point où il faut frapper. […] C’est beaucoup néanmoins que de savoir se consoler ou même se chagriner avec lui. […] On sait enfin maintenant, après bien des tâtonnements, et d’une manière positive, que La Bruyère est né à Paris et y a été baptisé le 17 août 1645. […] Telle fut la dot imprévue de sa fille, qui fit dans la suite le mariage le plus avantageux et que M. de Maupertuis avait connue. » On sait le nom du mari ; M. 

333. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Je ne sais quelle escapade le fit sortir du collège des Grassins avant qu’il eût terminé sa philosophie. […] Vous savez que j’excelle à traduire la pensée de mon prochain. […] Tant d’amertume, toutefois, ne saurait venir d’un esprit sain ni d’un homme bien portant. […] On sait ce que le Palais-Royal était alors. […] Mais il faut savoir prendre son parti sur les contretemps de cette espèce.

334. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On sait les précautions que prit Lycurgue pour engager les Lacédémoniens à faire attention à leurs femmes. […] Elles prodiguent les bienfaits à qui sait leur plaire ; elles prodiguent les crimes pour se venger de qui les offense. […] Qui sait même s’il n’étoit pas de l’essence d’une Fées, comme de celle des Lamies, d’être foible au moins une fois. […] On sait que celui de chaque peintre ne se ressemble pas. […] On sait que les Iconoclastes rejettoient le culte des Images.

335. (1901) Figures et caractères

Il sut et devina. […] Oui retrouva sait prévoir. […] Privée ou publique, on la sait. […] Si Hugo savait caresser, il savait aussi avertir. […] Je ne sais.

336. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Il sait la voir et la peindre en artiste. […] Le poète a su, et il n’y a pas de courage plus rare, se priver de tout ce qui serait développement superflu et ornement inutile ; mais chacune de ses strophes se termine par un trait vif et brillant comme une pointe de flèche, et indispensable quand on parle à des Français, pour qui tout doit être spirituel ! […] Albert Mérat sait par cœur le Paris vivant, élégant, gracieux, élégiaque, amoureux, pittoresque ; si j’avais à lui adresser un reproche à propos de Paris, ce serait de n’en avoir pas assez vu le côté inouï, prodigieux et grandiose. […] Une femme entre à l’église et prie en sa grâce de parisienne agenouillée : sait-elle, saura-t-elle jamais qu’un poète l’a vue ainsi et qu’il a pensé, en la voyant, à la divine douceur mystique de l’Évangile ? Elle monte les Champs-Élysées dans son coupé, à l’heure du lac : sait-elle que le poète l’a reconnue et, à cette minute, dans la lumière d’or du jour qui meurt, sincèrement et mélancoliquement aimée ?

337. (1887) Discours et conférences « Discours à la conférence Scientia : Banquet en l’honneur de M. Berthelot »

Mieux vaut savoir peu de choses, mais les savoir effectivement, que de s’imaginer savoir beaucoup de choses et se repaître de chimères. […] Nous savons plus que le passé ; l’avenir saura plus que nous. […] Dans la plus philosophique peut-être des sciences, la chimie, vous avez porté les limites de ce que l’on sait au-delà du point où s’étaient arrêtés vos devanciers.

338. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Sa vie et son portrait ne sauraient être ici brusqués en passant : elle mérite une place à part et elle l’aura. […] Le sage qui sait le revers de la trame humaine parle ainsi. […] Savoir le mal, si l’on n’y veille aussitôt, c’est le faire. […] Le moraliste, en souriant, importune l’autre ; il sait la ficelle secrète et gêne les grands airs du conquérant. […] Le poëte, l’artiste, l’écrivain, n’est trop souvent que celui qui sait rendre : il ne garde rien.

339. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Tout désormais ne sera pas réglé en profession, et l’imprévu saura trouver ses retours. […] Mais surtout elle avait mieux encore qu’à répondre, quand Bonaparte pensait tout haut, comme il s’y échappait souvent : elle savait écouter, elle savait comprendre et suivre ; il était très-sensible à ce genre d’intelligence et en savait un gré infini, particulièrement à une femme. […] Une femme de trente ans a vu le monde, elle sait le mai, même en n’ayant fait que le bien. […] Rien de ce qui échappe à certaines plumes ne saurait fuir et pâlir. […] Il faut que je confesse que nous n’avons su que faire de la nôtre.

340. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

Mme de Staël, on le sait, fut pour Mme Récamier cette chose rare, plus rare que cette autre déjà si rare, un ami ! […] … Je sais tout ce qu’on doit à une femme — à une nièce — à une nièce d’amie — et à leurs illusions, à leurs triples illusions ! […] car elle ne nous apprend rien de ce que nous ne savons pas et elle oublie beaucoup de choses que nous savons. […] Là est peut-être, qui sait ? […] je les sais par cœur, ces mots, et je puis vous en taire le compte.

341. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Elle savait huit langues, c’est-à-dire qu’elle avait huit mots pour une idée, aurait dit encore Rivarol, qui n’en eût pas été si fier pour elle que M. de Falloux. […] Intérieure vis-à-vis de Dieu qu’elle savait porter et cacher dans son âme, au milieu de ce monde qu’elle n’a cessé de voir. […] la Sœur de Charité des vieillards, qui leur fait aimer leur vieillesse comme ils aimèrent leur jeunesse autrefois, et qui sait même la leur faire préférer ! […] Elle sait guérir, mais elle peut diriger. […] Franchement, quand une femme, pendant vingt ans, a été cela, il n’importe guère de savoir si elle eût réussi peu ou prou dans la littérature : elle a réussi devant Dieu !

342. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Malheureusement le temps est un peu passé où l’imagination occidentale voyait en Orient les splendeurs amoncelées de je ne sais combien de civilisations finies, mais qui avaient laissé derrière elles aux chercheurs de trésors trois ou quatre terrains d’alluvions de poudre de perles et de fragments d’escarboucles. […] Burnouf lui écrivait un jour : « Les uns savent interpréter Homère, les autres savent interpréter Valmiki : vous savez également interpréter Valmiki et Homère » ; et tout en lui rendant cet hommage, Burnouf semblait se ranger à l’opinion de M.  […] Mais, pour en revenir au Ramayâna, l’analyse elle-même ne saurait en donner une juste idée. L’analyse, ce procédé européen qui mordrait sur l’acier, mais qui ne peut étreindre la vague fumée des inventions orientales, ne saurait comment saisir cette fuyante et incohérente composition. […] Elle n’est point sortie, qu’on le sache !

343. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Qui ne sait d’ailleurs qu’outre les beautés de tous les temps et de tous les lieux, il y a pour chaque genre, des beautés analogues au climat, au gouvernement, à la religion, à la société, au caractère national ? […] On sait que, par une circonstance, presque unique, l’orateur avait à déplorer trois morts au lieu d’une ; on sait que la jeune Adélaïde de Savoie, duchesse de Bourgogne, princesse pleine d’esprit et de grâce, était placée dans le même cercueil, entre son époux et son fils. […] La Rue fit couler des larmes et par la force de son sujet et par les beautés que son génie sut en tirer. […] Il savait que sur le trône même on est dépendant de l’opinion, et que la renommée est plus absolue que les rois. […] On sait qu’en 1709 il offrit et demanda au roi d’aller servir sous le maréchal de Villars, dont il était l’ancien.

344. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Il est si aisé désormais de savoir en une matinée, — de paraître savoir ce qu’hier encore ou ne savait pas. […] On sait la jolie anecdote de son début. […] Virgile de même mourut, on le sait, au retour d’un voyage en Grèce, au moment où il touchait le sol italique. […] On aime à savoir que Térence a été père. On sait si peu de chose de ces Anciens !

345. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Qui sait ? […] Pour moi, je ne sais que faire de mon cœur. […] Alors aussi se décidera la question : savoir, si M. […] Sache aussi si ton époux ne t’aime pas autrement que tu ne l’aimes. […] Son mari lui survécut ; c’est ce que j’en ai su de plus vif.

346. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Vous savez avec quelle joie j’accueille toutes les améliorations que l’avenir nous fait entrevoir. […]Savez-vous ? […] Mais laissons-les ; ceux-là, on ne les aidera pas ; quant au vrai talent, il sait trouver sa route. […] — Je ne saurais dire. […] Qui sait si dans des siècles la mouette ne volera pas de nouveau au-dessus de ces collines ?

347. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Tirer à la ligne (Dieu sait comme !)  […] (Vous savez que cela se passe en des terres exotiques.) […] Je sais seulement qu’il nous faut : une suite à demain. […] Ils ne savent pas. […] Mais je sais des gens, autour de moi, qui volontiers s’y attardent.

348. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Qui ne le sait et qui n’en a fait l’expérience sur soi ou sur les autres ? […] … Vous pouvez savoir comment un homme combattrait, à la manière dont il chante. […] Qui ne le lit et qui ne le connaît, de tout ce qui sait lire dans l’univers ? […] Le jour, on le sait. […] Dans le Roi Jean, il peignit — vous savez en quels traits déchirants ! 

349. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Je n’en sais rien. […] » On ne saurait mieux dire. […] Su ! […] Les journées sont toujours consécutives ; Ibsen semble mettre un soin particulier à le faire savoir. […] Je ne sais qui le lui a attribué le premier.

350. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

sachez-le : ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. […] J’ai su par sa femme de chambre que ce petit monsieur de Marsay est un mauvais chien. […] Elle était, comme vous le savez déjà, sans rien savoir encore, LE LIS DE CETTE VALLÉE où elle croissait pour le ciel, en la remplissant du parfum de ses vertus. […] Je ne sais qui d’elle ou de moi rougit le plus fortement. […] Vous savez, maintenant comment elle était faite.

351. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Balzac, jeune, fut un Malherbe en prose : il put se vanter, et avec raison, « d’avoir trouvé ce que quelques-uns cherchaient, c’est-à-dire de savoir un certain petit art d’arranger des mots ensemble et de les mettre en leur juste place ». […] Je sais que vous aurez bien su profiter de ce bonheur-là, car, sur tous les hommes que je connais, vous êtes celui qui savez le mieux jouir d’une bonne fortune et deorum muneribus sapienter uti ; vous prendrez ce sapienter comme il vous plaira, en sa propre signification32, ou en sa métaphorique ; car si on fait de beaux discours à Balzac, on y fait aussi de bons dîners ; et je ne doute pas que vous n’ayez su goûter admirablemeut l’un et l’autre. […] J’y vis même je ne sais quel air de l’heureux génie de feu M. de Voiture. […] Bayle s’est même fort amusé d’une menace que fit Costar à Girac, à savoir que les capitaines des troupes qui passaient en Angoumois pourraient bien lui faire payer cher sa levée de boucliers contre Voiture. […] Les Provinciales avaient paru dans l’intervalle, et l’on savait ce que c’était que la fine plaisanterie.

352. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

À la beauté près, je ne saurais rien dire de plus d’une maîtresse qui m’aurait fait perdre le bon sens. […] Cette espèce d’ambition m’a fait retourner de bien des côtés, et au point que, si dans la conjoncture présente, j’avais voulu un régiment dans un service étranger, je savais où le trouver. […] J’en sais plus que vous sur votre propre compte, si vous ne vous connaissez pas une grande étendue de génie. […] Nous qui savons, à ce moment, ses gênes, ses misères, tout ce qu’il réserve d’aveux pour son cher Saint-Vincens, nous achevons sa pensée. […] Sachons-lui gré pourtant ; en le harcelant à tort et à travers, il va forcer Vauvenargues à se révéler par la portion la plus fière et la plus élevée de son être, et à développer son âme tout entière.

353. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Procès de Jeanne d’arc, publiés pour la première fois par M. J. Quicherat. (6 vol. in-8º.) » pp. 399-420

Sachons seulement que tout le xviiie  siècle adorait cette Pucelle libertine, que les plus honnêtes gens en savaient par cœur des chants entiers (j’en ai entendu réciter encore). M. de Malesherbes lui-même, assure-t-on, savait sa Pucelle par cœur. […] Jeanne savait cette tradition de la forêt druidique et se la redisait en se l’appliquant tout bas. […] On ne saurait douter qu’elle n’ait eu, au lendemain du siège d’Orléans, un moment d’exaltation et d’ivresse. […] Ils se montraient surtout très curieux de savoir sous quelle forme elle avait vu saint Michel : « Portait-il une couronne ?

354. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Elle n’inspire que la terreur, et c’est la faute de l’artiste, qui n’a pas su rendre les incidents pathétiques qu’il avait imaginés. […] Ce malade a je ne sais quoi d’égaré dans les yeux, il sourit d’une manière effrayante, c’est sur son visage un mélange d’espérance, de douleur et de joie qui me confond. […] Je ne sais ce qu’ils entendent par une manière de faire lourde, qu’ils appellent allemande ; faciuntne nimis intelligendo, … etc. . […] Je ne saurais imaginer plein un lieu que je vois vide. […] Je n’en sais pas assez, pour être ou n’être pas de leur avis ; le pied m’en paraît seulement informe.

355. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

Tout le monde sait assez qu’elle a besoin et partant envie de la paix. […] Tout le monde ne sait-il pas qu’on aime les gens fidèles partout où ils se trouvent ? […] » Louis XVIII, comme on sait, était alors à Venise. […] C’est ainsi que savent vivre ceux qui croient. […] Il faut avouer aussi que cet aimable homme ne sait pas mal son métier.

356. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Ceux-ci ont répliqué, Michelet je ne sais où, Quinet a dû répondre dans le Siècle. […] Lui qui excelle d’ordinaire dans ces sortes de solennités a paru, cette fois, plus embarrassé et moins vif que de coutume : son discours n’a pas de ces traits par lesquels il sait si bien relever le poli de ses paroles. […] Il n’est pas moins vrai que Villemain, au milieu de toutes les grâces brillantes et mondaines dont il a su recouvrir sa nature première, reste foncièrement un esprit universitaire, une fleur et une lumière de rhétorique et d’académie. […] Nul ne sait mieux que lui le sens de cette expression cicéronienne : De alieno judicio pendere. […] Guizot avait plutôt l’autorité sobre et sévère ; Cousin éblouissait et enlevait ; Villemain savait la séduction insinuante et déployait les grâces.

357. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

nous ne savons même pas et nous ne saurons jamais quelle tête avait Molière. […] Un je ne sais quoi l’aurait averti et éclairé. […] Il est seulement fâcheux que nous ne sachions pas lesquels. […] Outre que la toilette d’aujourd’hui respecte mieux les naturels contours de leur enveloppe mortelle (les artifices que vous savez n’en exagèrent, après tout, que les détails les plus significatifs), nos comédiennes savent mieux se composer un minois qui soit bien à elles, se coiffer et s’habiller à l’air de leur visage, la mode actuelle laissant aux femmes intelligentes une liberté presque absolue. […] Essayez de songer à Talma et à Rachel, de vous les figurer en dehors des rôles que nous savons qu’ils ont joués d’une certaine façon : vous y aurez beaucoup de peine, et nos petits-enfants en auront plus encore.

358. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Nous avons dit textuellement ceci : « Le goût est la faculté de sentir les défauts ou les beautés d’un ouvrage. » Nous serions curieux de savoir par quelle définition on pourrait remplacer la nôtre. […] Avec nos esthètes nous ne le savons pas, nous ne sommes pas admis à le savoir, on repousse toute définition, on aime mieux nous prêter des phrases de Bouvard et Pécuchet.‌ […] Ils ne sauraient être en trop grand nombre, s’ils sont agréables ; car, les goûts étant différents, on a à choisir. » Nisard lui reproche ces concessions : « Raison spécieuse, dit-il, et qui n’est pas d’un maître de l’art. […] On peut gloser là-dessus, je le sais ; mais ce qui est sûr, ce qui est acquis, c’est qu’il y a des beautés qui sont de tous les temps, de tous les « royaumes » et de toutes les « époques ». […] Je voudrais savoir ce qu’écrirait un homme qui n’aurait jamais rien lu de sa vie.

359. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Je ne sais pas ce que c’est que de faiblir, surtout devant les noms d’une certaine importance. […] À l’époque où il savait faire un feuilleton, M.  […] Qui sait ? […] Qui sait haïr sait aimer, d’ailleurs, et si Verdi est un dieu, assurément M.  […] Scribe lui-même n’en sait plus le secret et le mot de passe.

360. (1893) Alfred de Musset

Maurice Clouard, qui sait tout ce qu’on peut savoir sur Musset, m’a prêté libéralement le concours de son inépuisable érudition et de sa riche bibliothèque. […] Qu’en sais-je ? […] N’est-ce rien que de savoir qu’elle en meurt ? […] « Je ne sais point aimer, dit Octave. […] Personne, ou à peu près, ne savait d’où cela sortait.

361. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

C’est très Vrai et je le savais. […] Je ne sais si l’anecdote est vraie. […] Je sais très bien ce que j’ai. […] Moi seul je sais ce qu’il me faut. […] Qui sait ?

362. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Nous ne savons pas. […] Avec lui, on ne sait jamais. […] Mais on ne le sait guère. […] Dieu sait si j’en oublie ! […] Il sut les dire avec génie.

363. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Nous savons que le foie produit du sucre indépendamment de la nature de l’alimentation. […] Vous savez aussi que la nature du ferment a une influence considérable sur la direction qu’il imprime à la fermentation. […] Mais il est clair qu’un tel point de vue, purement sentimental, ne saurait constituer un argument en pareille matière. […] Cette quiétude ne saurait l’abandonner dans les objections que les théoriciens leur suscitent. […] L’imagination, Messieurs, doit savoir se borner, en physiologie, à instituer un bon mode d’expérimentation, et non pas à inventer des théories qui, quelque artistement conçues qu’elles puissent être, ne sauraient jamais avoir la valeur d’un fait bien établi.

364. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Savez-vous comment vit M.  […] Qui sait-on ? […] Qui sait, qui voudra savoir qu’un citoyen des royaumes de l’air y tient repliées et froissées ses ailes brillantes ? […] Je n’en sais rien. […] L’humanité ne sait que ce qu’elle sent.

365. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Amédée Renée, il s’est arrangé si bien qu’il en a pris sept d’un seul coup de filet et qu’il les saura garder. […] Celui-ci était, comme on sait, un grand curieux. […] » Le duc de Nevers était plus curieux que les autres de savoir qui était l’auteur du sonnet qu’on lui attribuait. […] Quoi qu’il en soit, il ne dit point ce qu’il savait là-dessus. […] On sait le reste ; la guerre était déclarée.

366. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Malgré le peu qu’on sait de la vie de La Bruyère, je ne crois pas qu’il ait eu besoin davantage de grandes épreuves personnelles pour lire, comme il l’a fait, dans les cœurs. […] Elle savait l’anglais et s’y fortifia ; cette langue nette, sensée, énergique, lui devint familière comme la sienne propre. […] Elle sait s’y créer une forme, comme on dit. […] faut-il les dénombrer Ces maux, ces vautours de délire Que chaque cœur sait engendrer ? […] Il faut sans doute qu’un poëte soit sensible, je ne sais s’il est bon qu’il soit touché. » Et elle continue, réfutant ou interprétant le vers de Boileau sur l’élégie.

367. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Jean Vignaud (L’Accueil) a su trouver des accents d’une tendresse lyrique émouvante et d’une harmonie sobre. […] Elle pleurait parfois sans savoir. […] Nous ne savons pas si le temps est avec eux, mais ils le confondraient avec l’espace. […] Je sais qu’une foule de jeunes gens se piquent précisément de cela. […] Il ne sait plus rien des contingences actuelles.

368. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Au contraire chaque jour elle comprime un peu plus cette pression dont elle ne sait plus le maximum d’élasticité. […] Hiérarchie bourgeoise ne saurait être entendu au point de vue démagogique. […] J’en sais à New-York de plus audacieux ou de plus naïfs qui ont atteint ce sommet. […] On ne saurait refuser à Mme Charasson d’avoir atteint dès ce premier livre, une certaine classicité plastique. […] La belle œuvre d’un écrivain qui sait également comprendre, sentir et aimer.

369. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je suis sous ma tente, en un mot, pour enlever ma tente, pour la replier, et pour aller la replanter, déchirée et rétrécie, je ne sais où. […] Nul ne sait, à moins d’avoir été bouvier, pasteur, soldat, chasseur ou solitaire comme moi, combien il y a d’amitié entre les animaux et leur maître. […] On ne sait de même que longtemps après les révolutions si les hommes qui y ont été jetés sont dignes d’excuse ou de blâme. […] Et qui sait s’il y aura un mur ? […] Vous savez que le mur de l’église projette son ombre sur cette partie du jardin, et que l’on communique, par cette porte dérobée, de l’enclos dans le cimetière du village.

370. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Ils savent beaucoup et n’ont point de vanité. […] Rousseau ne sait pas plus pleurer que Voltaire ne sait rire. […] On sait les gamineries de Musset contre Hugo. […] Villiers de l’Isle-Adam le savent. […] la musique sait tout, et même peindre : elle sait évoquer par des sons un paysage dans un rêve.

371. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Mme de Maintenon avait dû plus d’une fois songer, dans les degrés divers de son élévation, à cette histoire romanesque de Marianne, et elle savait gré sans doute à Lassay d’avoir osé mettre un jour la sagesse de conduite et la vertu au-dessus du rang. […] Il ne sait ni bien aimer, ni bien haïr ; les ressorts de son âme sont si liants qu’ils en sont faibles ; ce défaut contribue encore à le rendre aimable, mais il est bien dangereux dans un homme qui remplit les premières places. […] Un honnête homme se passe aisément de la fortune, mais il ne saurait s’accommoder du manque de considération qui, en France, est indispensablement attaché à ce genre de vie. […] a dit La Fontaine dans des vers que chacun sait par cœur, et qui suppriment toutes les phrases de prose qu’on peut faire sur le même thème. […] Paulin Paris, ne sauraient s’appliquer qu’à Lassay fils.

372. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Mais vous savez que la véracité consiste à ne pas dire ce qui est faux, et non à dire ce qui est vrai. […] si tu savais, mon pauvre Edouard, quelle fête je me faisais de le revoir ! […] Qui sait le sort qui attend sa famille adoptive à l’entrée d’une époque de révolutions comme celle où nous sommes ? […] Ce sentiment-là n’est point viril et ne saurait rien produire qui le soit. […] Royer-Collard n’est pas exempt de roideur ; il ne sait pas se baisser.

373. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Il a su se passer, en tout genre, de l’orage et du tourment. […] Il a je ne sais quelle façon rare et fine de dire les choses. […] Tout le monde sait la vie qu’elle menait dans sa retraite de Londres. […] Gidel, a su échapper à cet inconvénient, et il nous a rendu un Saint-Évremond assez vrai dans sa diversité et son étendue. […] Silvestre, le plus exact de ses biographes, dit qu’on n’a jamais su exactement son âge. — M. 

374. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Il y a, je le sais, un rire philosophique, qui ne saurait être banni sans porter atteinte à la nature humaine ; c’est le rire des Grecs, qui aimaient à pleurer et à rire sur le même sujet, à voir la comédie après la tragédie, et souvent la parodie de la pièce même à laquelle ils venaient d’assister. […] Le rire ne saurait donc être un critérium. […] Lors même qu’il adopte un parti, il sait que ses adversaires n’ont pas tout à fait tort. […] Qui sait si le phalanstère n’aura pas été la gnose, l’aberration folle du mouvement nouveau ? […] Les quatre mots que Voltaire savait de Locke ont fait plus pour la direction de l’esprit humain que le livre de Locke.

375. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

si elle savait ! […] s’ils savaient ce qui se passe dans mon cœur ! […] Dieu le sait ; seulement je ne dis pas tout. […] Et puis, qui sait ? […] Il s’agit de savoir s’il leur donnera droit d’agir ou s’il en fera abstraction.

376. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — I. » pp. 262-280

On sait qu’on lui confia dans un temps à élever le jeune M. de Louvois, tout à l’heure ministre. […] Souvenez-vous, et pensez ce que c’est que l’ambition et la cupidité d’un homme qui doit mourir. — Vous délibérez sur une matière importante, et vous ne savez à quoi vous résoudre : Memento. […] il n’y avait pas, à leur gré (et c’est, je le sais, l’opinion du grand nombre), assez de traits chez Bourdaloue. […] Je sais tout ce qu’on peut dire et ce qu’on a dit des Sermons de Bossuet : n’exagérons rien pourtant. […] Et qui sait, ô mon Dieu, si, vous servant dès lors de mon faible organe, vous ne commençâtes pas dans ce moment-là à l’éclairer et à le toucher de vos divines lumières ?

377. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Un jour, quelques années après, lisant les lettres de Mlle de Lespinasse et y découvrant des flammes à lui inconnues, il s’en émouvait, et il s’étonnait de s’en émouvoir : « En vérité, disait-il, je ne me savais pas une imagination si tendre et qui pût à ce point agiter mon cœur ? […] Je veux coucher ici l’histoire du séjour que j’y ferai, car les jours qui se passent ici sont pleins de bonheur, et je sais que dans l’avenir je me retournerai bien des fois pour relire le bonheur passé. […] Je n’ai point de regret à ce poème biblique ; il va nous en dire assez, tout en disant qu’il ne le saurait faire. […] De la hauteur nous descendîmes dans une gorge qui ouvre une retraite marine (comme savaient en décrire les anciens) à quelques flots de la mer qui viennent s’y reposer, tandis que leurs frères insensés battent les écueils et luttent entre eux. […] Aucun de ceux qui connaissent ce drôle de corps, cet homme d’esprit infecté de mauvais goût, ne saurait prétendre que son influence puisse être bonne, à la longue, pour personne ; mais relativement, et pour un temps très court, Barbey dut être utile à Guérin.

378. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Il savait trop bien que les sentiments et les idées mêmes résultent, dans un être organisé, de tout l’ensemble, de sa structure, et qu’on n’est pas impunément homme et cheval, tête et croupe tout ensemble. […] Savez-vous, malgré toutes vos respectables, mais inopportunes protestations de famille et d’amitié toujours en alarmes, à quoi ce morceau, dans son inspiration du moins, ressemble et à quoi il fait penser ? […] Un de ces enfants est fort gentil, vif, éveillé, questionneur ; il voulait tout voir, tout savoir. […] Cela éclaircira mon ciel qui, aussi bien que l’autre, est chargé, non pas de gros nuages, mais de je ne sais quoi qui voile le bleu, le serein. […] Si vous le saviez, si vous compreniez ce que nous coûte votre bonheur, de quels sacrifices on le payerait !

379. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Je garderai le secret que vous m’en demandez ; mais le tout est déjà public, et peut-être même plus enflé qu’il n’est, car vous savez qu’en ce pays l’on y va fort vite, soit d’une façon, soit d’une autre. […] Camille Rousset, lui qui apprécie et admire, comme je sais qu’il le fait, le grand Frédéric, de ne l’avoir introduit dans son travail que pour lui donner tort deux ou trois fois et pour le réfuter. […] Vous savez qu’il faut faire des dispositions d’avance pour la réussite d’un projet. […] Qui sait ? […] Je sais me passer d’équipage, et, s’il le faut, l’épaule de mouton des lieutenants d’infanterie me nourrira parfaitement. » Cela ne tiendra pas.

380. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Je saurai m’y accoutumer, jouir, comme je le dois, des honorables douceurs de cette distinction par vous accordée à l’écrivain. […] Après le travail, la conversation fut aisément amenée sur le chapitre des vers, que Louis XVIII aimait, comme on sait, et dont il se piquait fort. […] Sur ce thème, qui semble usé, du mariage, le poëte avait su trouver un comique nouveau, un pathétique sérieux et nullement bourgeois, une morale pure et non vulgaire. […] Je ne sais si sa domination à la longue ne s’en affaiblit pas quelque peu au centre, il ne perdit rien du moins sur ses frontières ; Marino Faliero, Louis XI, surtout les Enfants d’Édouard, un des plus grands succès dramatiques de ces onze dernières années, ne sauraient être considérés que comme des victoires ; les généraux habiles savent en remporter, même dans les retraites. […] Pourquoi ne pas tout dire, ne pas rappeler ce que chacun sait ?

381. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Féletz, et de la critique littéraire sous l’Empire. » pp. 371-391

Je ne sais si nous avons grandi, nous avons grossi du moins. […] Aujourd’hui il n’est pas rare de trouver, dans ceux qui s’intitulent critiques, du savoir, de la plume, de l’érudition, de la fantaisie. […] Ceux mêmes qui seraient le plus faits pour être les oracles du goût, ont je ne sais quelle lâcheté dans le jugement. […] Il savait l’Antiquité, ai-je dit ; il la savait sans finesse, sans mollesse ; et, en fait d’atticisme, il aurait eu à prendre leçon de son jeune collaborateur d’alors, M.  […] Il en recherchait les causes, et il entrait à ce sujet dans des allusions qui étaient on ne saurait plus transparentes.

382. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Il se trouva que la princesse des Ursins réunissait seule les conditions difficiles de cet emploi : elle avait habité l’Espagne, en savait la langue et les usages, y jouissait de la grandesse par son mari. […] En vérité Mme de Maintenon rirait bien si elle savait tous les détails de ma charge. […] Elle savait se servir de l’étiquette, la mettre en avant ou la modifier et la détendre selon ses intérêts. […] La flatteuse sait prendre le langage qu’il faut ; mais il y aura des jours où, mécontente de sentir l’Espagne abandonnée et délaissée à Versailles, elle sera franche jusqu’à la rudesse. […] Mais nous savons trop peu ces détails pour en juger de loin ; Mme des Ursins en savait plus que nous et plus que Berwick lui-même sur l’intérieur de la reine et sur les difficultés de l’exécution.

383. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Je tombe, sans le savoir, sur un homme livide, qui me dit être venu ici pour se faire soigner par Béni-Barde. […] Un homme qui sait les trois langues dans lesquelles se fait actuellement la science, peut se tenir aujourd’hui au courant. […] Qui sait le russe parmi nous ? […] ça ne sait rien ! moi, si j’avais des culottes, il me semble que je serais de suite partout, que je saurais tout.

384. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Sans doute, on ne saurait tout lire, et c’est inutile. […] L’impression, c’est le fond de la critique, on la fait vibrer à chaque mot, mais on ne saurait la dire, car on ne dit pas une sensation, on la transpose. […] Je sais aussi que les auteurs sont mal satisfaits pour l’ordinaire. […] J’eus là, tout jeune, comme collaborateurs assidus, deux hommes de grand savoir et de tempérament opposé, Édouard Thierry et F.  […] J’ignore d’ailleurs si le romancier saurait me remplacer à ma besogne ; je n’ai pas à dire si je le suppléerais heureusement dans la sienne.

385. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Nous savons qu’il existe des fonctions continues dépourvues de dérivées. […] Vous savez ce que Poncelet entendait par le principe de continuité. […] On sait qu’il a déjà servi à résoudre une foule de problèmes ; en quoi consiste alors le rôle de l’inventeur qui veut l’appliquer à un problème nouveau ? […] Il ne les voyait pas, mais il sentait qu’elles ne sont pas un assemblage artificiel, et qu’elles ont je ne sais quel principe d’unité interne. […] Reconnaîtrait-on avec un peu d’attention que cette intuition pure elle-même ne saurait se passer du secours des sens ?

386. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Il eut plus qu’elles de bien savoir ce qu’il faisait et de le dire. […] Que sait-on de la vie d’Hamilton ? […] Une certaine fraîcheur, que les couleurs empruntées ne sauraient imiter, formait son teint. […] Je ne sais s’il n’y a eu qu’un comte de Grammont, mais il n’y a qu’un Hamilton. […] Il nous dit quelque part qu’il sait très bien se taire, ou plutôt qu’il n’aime pas trop à parler.

387. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Je ne saurais résister. […] Savez-vous qu’elle décide quelquefois la couleur ? […] Ils ne savent ce que c’est que les idées accessoires qui se réveillent par le local et les objets circonvoisins. C’est comme nos poètes de théâtre qui n’ont jamais su tirer aucun parti du lieu de la scène. […] Qui sait où l’enchaînement des idées me conduira ?

388. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il doit indiquer l’esprit général d’un temps d’après tout ce qu’il sait d’histoire proprement dite ; l’esprit littéraire et artistique d’un temps, ce qui est déjà un peu différent, d’après tout ce qu’il sait d’histoire littéraire et de l’histoire même de l’art ; mesurer, ce qui du reste est impossible, mais c’est pour cela que c’est intéressant, les influences qui ont pu agir sur un auteur ; s’inquiéter de la formation de son esprit d’après les lectures qu’on peut savoir qu’il a faites, d’après sa correspondance, d’après les rapports que ses contemporains ont faits de lui ; s’enquérir des circonstances générales, nationales, locales, domestiques, personnelles dans lesquelles il a écrit tel de ses ouvrages et puis tel autre ; chercher, ce qui est encore une manière de le définir, l’influence que lui-même a exercée et c’est-à-dire à qui il a plu, les répulsions qu’il a excitées et c’est-à-dire à qui il a déplu. […] Ce qu’il ne doit pas faire, c’est juger, ni dogmatiquement, à savoir d’après des principes, ni, non plus, impressionnellement, à savoir d’après les émotions qu’il a eues. […] Le lecteur ne doit savoir ni comment il juge ni s’il juge ; ni comment il sent, ni s’il sent. […] Cela dépend précisément de la question de savoir s’il est historien littéraire, d’après la définition que nous avons donné de l’historien littéraire, ou s’il est critique, selon la définition que nous avons donnée du critique. […] Nos « discours historiques » l’étaient un peu moins ; car encore nous savions un peu plus d’histoire proprement dite que d’histoire littéraire ; nous n’avions pas lu Érasme ; mais nous connaissions un peu Henri IV, Louis XIV, Turenne et Condé.

389. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

C’est un exemple à proposer à ceux qui avilissent les talents par l’intrigue, et briguent quelquefois de grandes places, parce qu’ils ne savent point honorer la leur. […] On sait qu’il eut l’éducation la plus austère. […] On sait qu’à l’humanité de détail qui soulage dans le moment le malheureux qui souffre, il joignit cette humanité plus étendue qui prévoit les maux, rétablit l’ordre, substitue les grandes vues à la pitié, et sans le secours de cette sensibilité d’organes qui est aussi souvent une faiblesse qu’une vertu, sait faire un bien même éloigné, et s’attendrir sur des malheurs qu’elle ne voit pas. […] Dans un empire tout militaire, et où le soldat féroce et avare vendait son obéissance à prix d’or, il sut résister à l’avidité des troupes. […] Nous savons par l’histoire quels furent son caractère et ses goûts.

390. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Mais, qui sait ? […] On sait qu’il peut arriver, mais on ne sait pas s’il arrivera. […] Mais qui sait ? […] Qui sait voir et qui sait vraiment jouir de sa vue ? […] Qui le sait ?

391. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

L’amitié resta entière entre nous jusqu’à la publication de mon roman de Volupté, qui, je ne sais pourquoi, déplut fort a Béranger par son esprit, et même lui porta ombrage en quelques endroits. […] Si ce tiers n’a su de quoi il était question, comme cela a dû lui paraître, je ne le sais pas davantage ; et, en général, ce qui m’a été le plus clair depuis plusieurs mois, c’est que vous pensiez avoir quelque sujet de plainte sur mon compte et le disiez assez volontiers à beaucoup de personnes. […] Hors ce point, je ne sais en quoi vous me faites des reproches. […] Si dans cette dernière année je vous ai vu moins souvent que je ne le désirais, c’est que mes occupations étaient grandes, mes matinées prises ; ce n’est pas que je changeasse si volontiers d’amis, d’opinions, de principes, que sais-je ? […] L’Empire lui en a su gré ; c’est tout simple.

392. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

On sait les défauts de Southey, de Wordsworth, de tous ces Alexandrins modernes, épiques et lyriques ; se résignerait-on aisément à les retrancher tous ensemble, à les rayer d’un trait ? […] On sait que La Bruyère se plaint, en commençant son livre, de la difficulté qu’il y a de venir tard ; Chœrilus de Samos, au début de ses Poëmes persiques, s’en plaignait également. […] Il est, je le sais, des paroles de mauvais augure qu’on n’aime pas à prononcer devant ce qui est vivant, et qu’on hésite presque à murmurer en présence de soi-même, fût-ce en pur rêve. […] Les langues iront se perfectionnant à coup sûr, mais à ce point qu’on pourrait bien ne plus parler, ne plus savoir exactement la nôtre. […] Dieu sait ce qu’il adviendra alors des grands écrivains de toutes langues, et ce qui sera décrété grand écrivain en ce renouvellement !

393. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Moi, je ne sais plus, ayant la mémoire la plus capricieuse du monde. […] Nous ne savons rien et ne pouvons rien savoir, nous allons malgré nous où nous mènent nos désirs et les fatalités du dehors ; puis la mort finit tout. […] Et qui sait si cette sobriété d’interprétation n’est pas conforme à la vérité des choses ? […] Je n’en sais pas de plus douloureux. […] Nous avons vu, minute par minute, ce que souffrent Anne et Olivier ; quand ces deux souffrances se rencontrent et s’avouent, cela est déchirant  et d’autant plus que chacun d’eux sait le martyre de son compagnon et qu’ils se font mutuellement pitié.

394. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

Vous savez ce qu’était l’homme sur la Terre, il y a quelques milliers d’années, et ce qu’il est aujourd’hui. […] Auguste Comte a dit, je ne sais où, qu’il serait vain de chercher à connaître la composition du Soleil, parce que cette connaissance ne pourrait être d’aucune utilité pour la Sociologie. […] Nous savons maintenant qu’il n’en est rien, que les lois de notre chimie sont des lois générales de la Nature et qu’elles ne doivent rien au hasard qui nous a fait naître sur la Terre. […] On aurait pu raisonner de même du temps de Ptolémée ; alors aussi, on croyait tout savoir, et on avait encore presque tout à apprendre. […] En résumé, on ne saurait croire combien la croyance à l’Astrologie a été utile à l’humanité.

395. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Oui, l’intelligence est une belle chose ; on ne sait pas où elle finit, on ne sait pas où elle commence. […] Il faut bien du génie, savez-vous ? […] — Vous savez cependant que je ne manque pas de cœur, et que je sais me servir de mon épée. […] On ne sait plus aujourd’hui (et tant mieux !) […] Il faut le savoir ! 

396. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Et qui sait ? […] Ce pervers le sait mieux que moi. […] Aujourd’hui, je ne sais pas. […] Vraiment, je ne sais plus. […] comme si je le savais moi-même ! 

397. (1923) Paul Valéry

Il y a les poètes qui savent faire des vers parce qu’ils sont poètes, et il y a les poètes qui sont poètes parce qu’ils savent faire des vers. […] Que m’importe ce que je sais fort bien !  […] Des génies qui ne se sont pas exprimés, comment les saurait-on, comment eux-mêmes se sauraient-ils génies ? […] Il ne saurait s’agir de difficultés quelconques. […] On ne sait.

398. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Il avait bien compris le goût des lecteurs français : il savait donner un tour plaisant aux plus graves préceptes : il savait qu’il ne suffisait pas d’instruire, mais qu’il fallait encore amuser et plaire ; c’est tout cela qui donne à son style un tour si vif, si vrai et si naturel. […] Il savait aussi bien que l’Académie que Chimène choquait la bienséance en souffrant la visite de Rodrigue ; mais il savait mieux que l’Académie ce qui devait plaire au public. […] Plus le génie est sublime, moins il sait se plier aux petites choses. […] L’auteur de Cinna ne savait-il pas bien que rien ne serait plus ridicule et plus indécent sur la scène tragique que la passion de J. […] si j’avais su ce que je sais !

399. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Des femmes vous laissent, on ne sait pourquoi, comme une petite fleur dans les pensées. […] L’enfant ne sait pas ce que c’est. […] On ne sait plus ce que fait son corps. […] vous savez, on est bête ! […] Du reste, nous savons à peu près le fond de l’affaire.

400. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

« Oui, sans bouffonnerie il a su plaire à tous. […] Ne sais-je pas qu’il n’est point de cause impossible à défendre ? […] Sachons à quelle condition il eût acquis le premier rang dans sa pensée. […] Il n’en est pas un qui ressemble à l’autre pour le philosophe qui les sait contempler. […] Heureux qui sait esquiver le mot et la chose, le plus vite et le mieux possible !

401. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

On ne sut pas et elle ne sut pas qui elle était, noble ou roturière, bâtarde ou légitime. […] Qu’en savent-ils ? […] Je ne sais. […] … Qu’en sait-il ? […] Je n’en sais rien.

402. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Achetez et lisez les livres faits par les vieillards, qui ont su y mettre l’originalité de leur caractère et de leur âge. […] Ainsi vont les projets humains sous l’œil d’en haut ou sous le je ne sais quoi qui les déjoue. […] Dans ce style resté franc gaulois et gorgé de latin, il trouve moyen de tout fourrer, de tout dire ; je ne sais vraiment ce qu’on n’y trouverait pas. […] Ajoutez que, dans cette querelle de Naudé et de Dom Quatremaire, on ne savait pas très-bien le français de part et d’autre, ou du moins on ne savait que le vieux français ; les injures en étaient d’autant plus grosses. […] La portée réelle de son esprit est restée douteuse au milieu de cette immensité de savoir et de cette longanimité d’indifférence.

403. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Mais on ne saurait nier qu’elle eut l’imagination puissante et drôle. Et puis, celle-là savait sa langue. […] Car savez-vous ce qu’est Joubert ? […] On ne sait.) […] On ne sait, mais peut-être l’entrevoit-on.

404. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

On sait que César fut le rival de Cicéron sur la tribune, et voulut l’être de Sophocle au théâtre. […] On s’étonnera moins de la bizarrerie de cette idée, quand on saura qu’Homère jouait un très grand rôle dans tous les discours de ce temps-là. […] « Né avec du courage, il hait la guerre ; mais si ou le hasard ou les vices des hommes la font naître, il sait combattre. […] « Défenseur de l’État au-dehors, au-dedans il sait le rendre heureux. […] Il saura qu’un citoyen a violé une loi, comme il sait, à la guerre, qu’un ennemi a forcé les retranchements.

405. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Je ne saurais rien vous dire, messieurs, de plus précis à cet égard qu’une page de M. […] De Sainte-Palaye à Méon et même après, nous ne voyons que des fouilleurs, qu’on ne saurait en aucune sorte appeler des guides. […] comme on sent que ce qu’il sait, il ne le sait pas d’hier ! […] Il fait son travail en conscience, avec beaucoup de savoir, et en rassemblant d’immenses matériaux. […] J’ai nommé Génin : il est un de ceux qui s’étaient le plus occupés, dans les dernières années, de ces questions de vieille langue ; il y portait du savoir, de l’esprit, de la passion, et il avait su piquer l’attention du public.

406. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il ne sait pas juger le passé ; il le méprise. […] Je ne sais en quoi diffèrent Rica et Usbeck. […] Il a tort, je le sais ; il est maître, après tout, d’accepter ou de rejeter la condition. […] Je sais que Rollin n’en a pas eu l’ambition. […] De plus, il y a un texte sacré, et l’on sait si Rollin est orthodoxe.

407. (1926) L’esprit contre la raison

De son temps, sans doute n’était-il pas encore de mode de parler d’acte gratuit, mais son exemple déjà nous vaut de savoir que, pour qui veut s’affirmer, rien ne saurait distraire sa pensée de la mort, des sentiments ou des gestes qui la donnent. […] Que l’esprit ne soit point d’accord avec le monde extérieur, qu’il se refuse à suivre les contours des objets, des faits, ne sache en tirer aucun parti et même, le cas échéant, se refuse à en tirer aucun parti, voilà qui ne saurait être donné en preuve de son mauvais état. […] Nul ne sait encore quelles idées et quels modes d’expression seront inscrits sur la liste des pertes, quelles nouveautés seront proclamées. […] Lafcadio sait que ça finira mal. […] Renversement : le très-catholique Barrès qui se garde derrière des remparts ne saurait donc être béni.

408. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Outre qu’il n’y avait rien à savoir, le Premier Consul ne savait que le fait matériel d’un dîner dans une telle maison. […] Il est vrai que, jusqu’à présent, il n’y a que vous, Mme de C…, ma femme et moi, qui sachions ce nom ; mais mes trois fils grandissent et le sauront un jour, mon meilleur ami M… le saura, et puis la postérité ; c’est tout ce qu’il me faut. […] Nul auprès d’eux n’en a su le mystère. […] Vraiment, je ne sais pas comment cela aurait marché sans vous… M. […] Fauriel savait les paroles, mais Laënnec savait les airs, ces airs appris dans l’enfance et qu’on n’oublie pas.

409. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

La grande profondeur de notre art est de savoir faire de notre maladie un charme. […] Or c’est ce que nous n’avons jamais su faire. […] — Parlez-moi de lui, dis-je ; je ne sais pourquoi, je l’aime. […] Si tu savais comme il avait de l’imagination. […] Je n’ai jamais su son nom, et même je crois que personne ne le savait.

410. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Joinville, dans sa narration, n’a su que nous bégayer avec un embarras qui a sa grâce les paroles bien autrement coulantes et abondantes de saint Louis. […] Il s’en tira en habile chasseur qui sait tous les sentiers. […] Tu le sauras de moi à Nérac ; hâte, cours, viens, vole : c’est l’ordre de ton maître, et la prière de ton ami. […] Ce m’a été un extrême plaisir de savoir le premier ; et vous avez grand tort de demeurer au doute qu’êtes. […] Je ne sais comme je les puis supporter (22 janvier 1588). » Et le 8 mars : Dieu sait quel regret ce m’est de partir d’ici sans vous aller baiser les mains !

411. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Elle a pour correspondante habituelle à Paris la maréchale de Noailles, à laquelle elle dit tout ce qu’elle veut qu’on sache et qui transpire. […] Vous devez savoir, madame, que je compte sur lui presque aussi solidement en Espagne que je puis compter sur vous en France. […] J’ai cru devoir prévenir les Espagnols en ma faveur, ou au moins savoir leur sentiment sur une chose qui les regarde principalement. […] En vérité, Mme de Maintenon rirait bien si elle savait tous les détails de ma charge. […] On doit aimer à tenir les cartes quand on sait si bien le jeu.

412. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Renan le sait aussi bien que nous, et lui, si sérieux, mais si fin, il connaît la grâce, celle qui est la compagne de l’ironie, et il en use à propos. […] Qui sait si nos rêves, à nous, ne sont pas plus vrais que la réalité ? […] Renan n’est pas seulement un critique, c’est un artiste : on ne saurait assez soigneusement démêler en lui cette association délicate ou ce mélange. […] Renan, ayant su qu’on voulait bien penser à lui pour une chaire, répondit qu’il ne pourrait en accepter d’autre que celle de M.  […] Renan et une fraction de son auditoire ne saurait durer.

413. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Je ne sais si M.  […] Ces contrastes étaient à chaque pas, pour qui savait observer, en ces années du règne commençant de Louis XIV. […] Un Shakspeare s’est à peu près passé de tout cela, dira-t-on, et pourtant il a tout su. […] Je ne saurais admettre avec M.  […] Mais le xviiie  siècle ne le sut-il donc pas ?

414. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vie de Jésus, par M. Ernest Renan »

Alors je ne sais plus qu’en faire. […] On l’aurait fait connétable, et je ne sais quoi encore. […] Sachons-le. […] Renan savent qu’il est de force à faire face à la situation et à y suffire. […] Il le sait, et s’il s’est montré habile à choisir son heure, il est homme aussi à l’attendre.

415. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

C’est Patru, on le sait, qui le premier introduisit à l’Académie la mode du discours de réception. […] Trop souvent, je le sais, la poésie dans sa forme directe, et à l’état de vers, trouve peu d’accès et a peu de chances favorables auprès d’hommes mûrs, occupés d’affaires et partis de points de vue différents. […] Elle est tout à fait hors de cause, et on n’en saurait faire qu’une question de préséance entre eux. […] Molé s’en est emparé avec bonheur, avec l’accent d’une vieille amitié et de la justice ; il a ainsi renoué la chaîne dont le nouvel élu n’avait su voir que les derniers anneaux d’or. […] Molé a su, dans cette demi-heure si bien remplie, toucher tous les points de justesse et de convenance : son discours répondait au sentiment universel de l’auditoire, qui le lui a bien rendu.

416. (1890) L’avenir de la science « V »

Oui, il viendra un jour où l’humanité ne croira plus, mais où elle saura ; un jour où elle saura le monde métaphysique et moral, comme elle sait déjà le monde physique ; un jour où le gouvernement de l’humanité ne sera plus livré au hasard et à l’intrigue, mais à la discussion rationnelle du meilleur et des moyens les plus efficaces de l’atteindre. […] Ne nous reprochez donc pas de savoir peu de choses ; car, vous, vous ne savez rien. Le peu de choses que nous savons est au moins parfaitement acquis et ira toujours grossissant. […] on m’a enlevé mon dieu, et je ne sais plus ce que j’adore !  […] Le culte de Fo ou Bouddha est, on le sait, étranger à la Chine

417. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je n’en sais rien. […] — On ne sait pas. […] Je ne sais, personne ne sait. […] Je ne sais pas si j’ai su vous le faire voir. […] Je ne sais pas.

418. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Charles Labitte plus que ceux qui en sont le mieux assurés ne sauraient le lui dire. […] Il y a aussi des surabondances de larmes que je ne saurais comparer qu’à celles des sources en avril. […] Il arrivait cette fois pourvu de vers et de prose, de canevas de romans et de poëmes, de comédies, d’odes, que sais-je ? […] En France, tant qu’il y aura du bon sens, de telles énormités ne se sauraient souffrir. […] Non, dans l’ordre naturel, la Satyre Ménippée ne saurait venir (comme paraît le désirer M. 

419. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Crébillon ne sut jamais s’il pourrait payer ce qu’il achetait. […] Je ne sais pourtant si Zaïre fut plus applaudie. […] Il n’y a là ni ce que nous savons de ces grands hommes, ni ce que nous en imaginons. […] C’est même une de ses mille qualités d’avoir su imiter ce qu’il admirait. […] A cet âge-là on sait trop peu la vie pour discerner la vérité dramatique de ses apparences.

420. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

L’artiste est donc obligé de savoir à quoi il aspire. […] On sait ce qui arriva aussi en France et ce qui s’ensuivit. […] Il sait combien le moral a de poids sur le physique. […] Je savais fort bien que M.  […] j’en sais quelque chose !)

421. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Je savais qu’il souffrait d’une neurasthénie aiguë. […] Sachons la déguster en sages, instruits du prix des choses et de leur fragilité. […] Il savait garder ses distances. […] Il dut aussitôt l’interrompre sur la défense expresse de Germain Nouveau qui en avait eu vent, l’on ne sait comment, dans son exil lointain. En 1904, un autre manuscrit de Germain Nouveau : Savoir aimer fut publié, à son insu, sous les auspices de la Société des poètes français.

422. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

Non plus que s’il s’agissait d’un être de chair, on ne saura d’où vient à cet être de mots la vie. […] Et l’on ne saurait alors distinguer la forme de l’esprit qui semble l’animer ; la forme, c’est l’esprit lui-même. […] Ils eussent vu la beauté autrement peut-être ; ils eussent abouti, par le seul fait de leur libre effort individuel, à une forme — qui sait ?  […] Il sut donner à chacun de ses livres une vérité différente, une différente beauté, mais une perfection semblable. […] Mais aucun des deux n’est préoccupé avant tout de ce qui fait pour moi le but de l’Art, à savoir : la beauté.

423. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Encore faut-il savoir ce qu’elles sont, et ce qui les constitue aujourd’hui. […] Il faut savoir beaucoup de choses, aux temps présents, pour en apprendre un peu aux hommes, pour en mettre quelque essence dans ses écrits. […] Et cette caution, c’est le savoir moderne. […] Devons-nous ajouter que des aspirations communes ne sauraient aliéner les indépendances. […] Elle s’y trouve pêle-mêle, en désordre, sans cohésion ; c’est un chaos de savoir, et dans chaque conscience elle suscite des conflits.

424. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

… La Fontaine savait que madame de la Sablière, non seulement avait oui parler de la philosophie, mais il savait qu’elle y était même très-versée ; en effet, elle la connaissait mieux que La Fontaine ; mais elle craignait de passer pour savante. […] Mon embarras est de savoir comment ils faisaient pour admettre de telles idées. […] La Fontaine a su être aussi intéressant en faisant parler l’arbre. […] Guillaume, savez-vous que vous gouverneriez très-bien un état ? […] Voilà un de ces vers que La Fontaine seul a su faire.

425. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Admettez un moment que Laure eût aimé Pétrarque, — et qui sait si elle ne l’aima pas ?  […] Dans ce livre écrit par une femme qui doit tout savoir de l’homme dont elle parle, puisqu’elle l’aima et en fut aimée, il n’y a pas même une vue, une pensée, une observation sur cet homme qui puisse ajouter à ce que nous en savons. […] Ce qu’il lui faut, c’est qu’on sache qu’elle a fait ce livre, — ce misérable livre où jusqu’à la personnalité du souvenir a été effacée, — et de pouvoir dire cependant, si cela lui plaît, qu’elle ne l’a pas fait. […] Vous savez combien il y en a. […] Or qui sait si ce sombre et moqueur Byron, avec tout son génie, ne fut pas toujours, au fond, un enfant ?

426. (1910) Rousseau contre Molière

— Savez-vous que vous extravaguez ! […] … Mais vous savez le nom de ce monsieur ? […] Vous savez que je ne manque pas de cœur et que je sais me servir de mon épée quand il le faut. […] Le savoir ? […] la chose vaine que de savoir quelque chose !

427. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Point de haine plus dangereuse que celle qui naît de la honte d’un bienfait qu’on ne saurait acquitter (Lettre LXXXI)… » Je le sais par expérience. […] en serez-vous moins obligé de savoir mourir ?  […] L’animal sait, en naissant, tout Ge qu’il lui importe de savoir ; l’homme meurt lorsque son éducation est à peine achevée. […] Voulez-vous savoir jusqu’où quelqu’un a du goût ? […] L’auteur de l’Essai ne saurait penser ainsi.

428. (1924) Critiques et romanciers

Que sais-je ? […] Je ne sais. […] Je n’en sais rien. […] Et « que sais-je ?  […] On ne sait pas, on ne sait rien.

429. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Elle écrit des lettres parce qu’elle ne sait pas penser toute seule, et qu’elle a toujours à qui faire ses confidences. […] On sait que je n’estime, dans ce que je pense, que ce que les autres peuvent penser comme moi. […] Il n’eut pas même la curiosité de savoir ce qu’on pensait de ce travail, et il n’en fit rien paraître de son vivant. […] Saint-Simon était pourtant capable d’affaires ; il savait les comprendre et les démêler. […] On peut être un grand écrivain et ne savoir que médiocrement la grammaire ; Saint-Simon en est la preuve.

430. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Je ne saurais admettre la parité que vous établissez entre l’opposition des systèmes philosophiques et celle des religions. […] J’oserais presque lui faire le même reproche, quoique l’on sache que ce ferme esprit ne pèche point par timidité. […] On sait de plus qu’indépendamment de cette différence fondamentale il y a des différences de dogme ou de pratique importantes entre les deux églises. […] On sait cependant à quel point ces deux églises ont été ennemies. […] Il n’est pas, que je sache, nommé une seule fois.

431. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Je sais que M.  […] On peut s’y tromper, je le sais. […] si vous me saviez là vivant ! […] Je n’en sais rien. […] Il n’aurait pas su dire autrement.

432. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

tu ne sais pas ce que c’est ! […] Je ne sais pas !  […] Qu’en sait-on ? […] Je ne sais rien de plus. […] On ne saurait s’arrêter en si beau chemin.

433. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

On ne saurait, en effet, avoir moins de vocation ecclésiastique que ce libre parleur. […] Je connais les vieux et les jeunes, et sais beaucoup de choses de la plupart des défunts. […] Il a su faire de toutes ses notions, de ses préjugés, de ses hardiesses, de ses dictons, de ses centons, de ses inconséquences, un amas très vif et très remuant. […] Gui Patin en était si naturellement que, dans ce qu’il lit et recommande aux autres, il s’inquiète moins de savoir si c’est bon que de savoir si c’est curieux. […] Ses ennemis parlent de la femme d’un libraire, qui, pour une petite fièvre de rhume, fut saignée quinze fois en douze jours, et mourut d’un purgatif en sus qu’on lui administra.

434. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Boissonade me dit : « Vous ne savez pas lire. […] Il ne s’agit que de savoir les apprécier. […] Savoir vieillir ! […] Sachons passer de l’un à l’autre, et ne garder de ce qui précède que ce qui est salutaire et bon. […] Nul ne l’a su.

435. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Aussi, je ne saurais être de l’avis que j’ai vu quelque part exprimé par un savant, homme de grand détail (M.  […] Elle apprit le latin dès l’enfance ; elle savait l’italien et l’espagnol aussi bien que le français, et jouait du luth. […] Ce n’est toutefois qu’une conjecture que je soumets à tous ceux qui savent ou qui cherchent, et qui pourront découvrir un jour la source de l’imitation. […] Louise Labé ne passa guère quarante ans ; on ne sait pas exactement la date de sa mort, on n’a que celle de son testament (28 avril 1565). […] Un cœur calme et glacé que toute ivresse étonne, Qui ne saurait aimer et ne veut pas souffrir ?

436. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Je savais la géométrie, et je dessinais assez joliment. […] Général, il savait le moral de ceux à qui il commandait et comment on les électrise. […] C’est un brave homme, mais un franc ignorant, attaché à la vieille routine, qu’il sait au bout du doigt, et dont il ne sortirait pas pour tous les biens du monde. […] Maurice sait parfaitement, d’ailleurs, comment il faut être pour réussir en Cour de France, et il ne manque pas d’en avertir le roi son frère (29 décembre 1757) : « Le Cardinal (de Fleury) a extrêmement caressé M.  […] Le premier choc (des Français) est terrible ; il n’y a qu’à savoir le renouveler par d’habiles dispositions : c’est l’affaire du général… » — Dans une lettre au roi de Prusse, de septembre 1746 tome.

437. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Elle s’est démêlée de tout ceci avec toute l’adresse imaginable ; je n’ai su que l’admirer. […] Effectivement, je ne sais comment elle a pu résister : j’en suis sur les dents de l’avoir suivie. […] Avec cela, ses habits ont été d’un poids que je ne sais comment elle a pu les porter. […] Cela fait un labeur si considérable que je ne sais pas comment elle y résiste. […] Je crois ce duc bien fâché ; je ne sais cette fois-ci ce qu’il mangera. » On voit que Louis XV savait au besoin se donner des airs de soldat.

438. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Mais, comme les belles œuvres ne sauraient jamais s’exclure, soyons et demeurons heureux de les embrasser. […] Magnin y allait moins doucement : il savait le fort et le faible de la place, il ne frappait pas à côté. […] Sur chaque question, il se plaît à savoir, et il s’inquiète d’abord de trouver ce qui a été écrit. […] C’est cette portion mobile qui a été ruinée du coup en juillet 1830 ; le je ne sais quoi de nouveau se cherche et ne s’est pas trouvé jusqu’ici. […] Magnin sait le faire, si désintéressée que soit d’ailleurs cette douce passion, il est difficile d’y résister.

439. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Walter Scott déclare, pour son compte, qu’il ne sait point de plus intéressant ouvrage en toute la littérature anglaise que l’histoire du docteur Johnson par Boswell. […] Il ne savait pas causer, tenait mal son rang dans le monde, et ne voyait guère MM. de La Rochefoucauld et de Retz, et madame de Sévigné que pour leur lire ses pièces. […] Un retard dans le payement de sa pension le laissa presque en détresse à son lit de mort : on sait la noble conduite de Boileau. […] Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, sait réciter et faire valoir à merveille. […] Le prix que nous valons, qui le sait mieux que nous ?

440. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Ces respects qu’on leur rend, ils ne savent point s’ils s’adressent à leur sang ou à leur personne. […] S’ils sont d’une Société savante, ils ne sauront jamais au juste si c’est pour leurs livres ou pour leur nom. […] Je sais aussi que M. le duc d’Aumale ne dit jamais que la vérité, et que son histoire n’a point le ton ni l’allure d’un panégyrique. […] Il fit la guerre avec allégresse et, l’on n’en saurait douter, avec génie. […] Et, ce qu’on ne sait pas, il faut le deviner.

441. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Mais, en même temps qu’il entra si bien dans les idées et dans les goûts de la société française, il sut garder son air, sa physionomie, son geste, et aussi une indépendance de pensées qui l’empêcha d’abonder dans aucun des lieux communs du moment. […] Il s’agit de se priver à jamais de tous les plaisirs de l’imagination, de tout le goût du merveilleux ; il s’agit de vider tout le sac du savoir (et l’homme voudrait tout savoir) ; de nier ou de douter toujours et de tout, et de rester dans l’appauvrissement de toutes les idées, des connaissances, des sciences sublimes. […] Il est donc démontré que la très grande partie des hommes (et surtout des femmes, dont l’imagination est double) ne saurait être incrédule, et pour ceux qui peuvent l’être, ils n’en sauraient soutenir l’effort que dans la plus grande force et jeunesse de l’âme. […] Galiani définit son homme d’État « un homme qui a la clef du mystère, et qui sait que le tout se réduit à zéro ». […] « Un ministre ne s’attache qu’aux gens qui se dévouent, et moi je ne puis point me dévouer ; je ne saurais pas même me donner au Diable.

442. (1694) Des ouvrages de l’esprit

De même on ne saurait en écrivant rencontrer le parfait, et s’il se peut, surpasser les anciens que par leur imitation. […] L’on devrait aimer à lire ses ouvrages à ceux qui en savent assez pour les corriger et les estimer. […] Ces gens laissent échapper les plus belles occasions de nous convaincre qu’ils ont de la capacité et des lumières, qu’ils savent juger, trouver bon ce qui est bon, et meilleur ce qui est meilleur. […] Je ne sais s’il s’en est encore trouvé de ce dernier genre. […] Je ne sais pas comment l’Opéra, avec une musique si parfaite et une dépense toute royale, a pu réussir à m’ennuyer.

443. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Le sentiment se plie de lui-même à l’infinie variété du rythme ; la réflexion ne saurait. […] En littérature comme en peinture ce n’est pas une petite affaire que de savoir conserver son esquisse. […] On sait ces bizarreries, mais on les pardonne à la probité, au bon goût et au vrai mérite. […] Quand une laitière donne de son lait à boire au chien, je ne sais ce qu’elle refuse au berger. […] Celui-ci ne sait introduire dans ses compositions que des pâtres et des animaux ; qu’y voit-on ?

444. (1809) Tableau de la littérature française au dix-huitième siècle

N’oublions pas que Vauvenargues a su, dans quelques morceaux de critique, montrer un goût aussi pur que sa morale ; le premier il a su apprécier complètement Racine. […] Un ton morose et hostile ne saurait faire naître l’admiration. […] Montesquieu seul sut se défendre avec une noblesse digne de son caractère élevé. […] Ce but même était manqué, car on ne saurait retenir facilement ce qui n’intéresse pas. […] Il sut y répandre un intérêt doux et des sentiments exprimés avec charme et vérité.

445. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Car je ne sais point par où l’on pourrait finir la dispute. […] Tu sais que je suis un peu sceptique sur notre art. […] — Mon ami, je ne saurais. […] Je ne sais ; la France ne s’en est jamais plainte. […] Il sait clairement ce qu’il veut, et ne craint pas de montrer clairement qu’il le sait.

446. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Peut-être le sait-il à présent. […] Les cafés eux-mêmes (et Dieu sait qu’ils sont nombreux !) […] Quelques-uns croient devoir prêcher je ne sais quel renoncement timide à l’ambition de savoir. […] Je ne sais plus ce que nous avons à faire. […] Il les sait par cœur.

447. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Prétendrait-on connaître la nature ou l’action d’une locomotive, parce qu’on saurait que, pour transporter une somme donnée de voyageurs, elle doit avoir tel poids déterminé, ou parce qu’on saurait encore qu’étant brisée, elle devient incapable de faire son service ? […] Je ne sais si je comprends bien l’hypothèse que je viens d’exposer, mais il me semble qu’elle représente d’une manière bien peu satisfaisante les phénomènes de la mémoire. […] Car qui ne sait la différence qu’il y a entre l’intelligence et la mémoire ? L’homme qui sait le plus de choses n’est pas celui qui les comprend le mieux. […] Nous savons encore moins à que état particulier du cerveau correspond chaque état de l’esprit.

448. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Et savez-vous comment Ronsard emploie ces trois mots ? […] Je ne saurais lui en savoir gré. […] Je ne sais. […] On a prétendu que, hors Cicéron, Passerat ne savait rien. […] Je n’en sais rien.

449. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Je parie que dans huit jours nous serons encore ici, et que le gardien ne sait rien. — Et s’il a jamais su quelque chose, maintenant il ne sait plus rien, ajouta un prisonnier qui venait d’entrer dans la cour. […] Balfour ne sait pas composer. […] Voilà ce que je ne sais pas. […] Cette joie ne saurait être pour moi !  […] Je sais que, les compatriotes de M. 

450. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

On y voit Reynier, officier savant et d’ordinaire peu heureux, ayant en lui je ne sais quel défaut qui paralysait ses excellentes qualités et justifiait cette défaveur de la fortune, « fort possédé du goût d’écrire sur les événements auxquels il assistait, et dissertant sur les opérations qu’on aurait pu entreprendre ». […] Je ne sais si je limite mon observation au point juste où je le désire : je ne voudrais rien retrancher à l’exposé des faits de guerre, tels que les présente M.  […] Chacun, s’il se laisse aller, parle bien ou assez bien de ce qu’il sait à fond, de ce qu’il a vu, de ce qu’il a compris en détail ; et s’il, laisse courir sa plume avec naturel, il trouve moyen d’intéresser. Je ne sais si, par l’improvisation de ce système simple, M.  […] Maintenant, je ne saurais être de l’avis de l’auteur en bien des choses.

451. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Il s’était appliqué à se bien connaître lui-même, et il savait aussi le train du monde, le cours des idées, le fin des choses. […] L’art et le travail s’y trouvent joints à des talents de nature, et le poète a su employer heureusement les plus beaux traits des poètes anciens et s’en parer. […] Genève est à la fois une retraite et un lieu de passage ; on y est curieux, et l’on y sait le prix du temps ; on s’y recueille, et l’on y voit tout défiler devant soi. […] Jeunes, ils ont lu tous les livres, ils ont vu tous les pays, exploré toutes les éruditions, embrassé tous les systèmes ; ils savent tout ce qui se peut savoir et d’Allemagne, et de Grèce, et de France (cela va sans dire) ; ce sont des Français nés plus graves, qui ont beaucoup vu de bonne heure et qui se sont recueillis. […] Victor Cherbuliez qui, dans ses Causeries athéniennes, a traité les plus délicates questions de l’art avec une verve, un savoir, une élévation de vues, auxquels je ne trouve à dire que pour le trop de densité.

452. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

N’allez pas lui parler des choses qu’il aimait le mieux il n’y a qu’un moment : par la raison qu’il les a aimées, il ne les saurait plus souffrir. […] … Ce je ne sais quoi veut et ne veut pas ; il menace, il tremble ; il mêle des hauteurs ridicules avec des bassesses indignes. […] il s’est perdu dans la mêlée ; il n’en est plus question : il ne sait plus ce qui l’a fâché, il sait seulement qu’il se fâche et qu’il veut se fâcher ; encore même ne le sait-il pas toujours. […] Au bas, on lit ces paroles, qui, comme vous savez, sont aussi d’Horace ; Turpiler atrum desinit in piscem. […] Alexandre, dès l’enfance, avait le culte d’Homère ; il sentait en lui la fibre d’Achille, et Aristote, en l’élevant, sut en user.

453. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Mon premier soin, en rentrant chez moi, fut de me voir au miroir, pour savoir à quel point j’avais vieilli. […] Saint-René Taillandier d’une singulière exigence envers la belle et noble personne dont il s’est fait le biographe et le peintre après M. de Reumont : « On voudrait savoir, dit-il, quel a été le rôle de la princesse auprès d’un tel mari ; on voudrait savoir si elle a exercé quelque influence sur sa conduite, si elle a tenté de relever son cœur, de le rappeler au sentiment de lui-même, si elle a essayé enfin de guérir le malade avant de s’en détourner avec dégoût. […] Vous serez dans un couvent où la reine ma mère a été pendant du temps… On y sait vivre plus que dans aucun couvent de Rome. […] Oui, je le sais, la volonté est pour beaucoup dans la poésie d’Alfieri ; Goethe l’a dit : « Alfieri est plus curieux qu’agréable. […] Meurs, et tu le sauras. » J’aurais aimé à retrouver debout et en pied, dans le livre de M. 

454. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

On ne saurait donc contester que le point, de départ et l’objet principal du Don Quichotte ne soit une satire littéraire. […] On ne saurait aller plus loin dans cette voie d’attrister et de mélancoliser Don Quichotte : « Le caractère de Gœtz de Berlichingen, nous dit l’auteur, a été évidemment inspiré par celui de Don Quichotte. […] Sachons que nous y ajoutons, de notre chef, des intentions que l’auteur n’a jamais eues, comme par compensation de toutes celles qu’il a eues en effet, et qui nous échappent. […] Ils y croient on ne sait trop comment, ils y tiennent, surtout si on leur a fait entrevoir quelque intérêt, — quelque île là-bas en perspective. […] Je ne sais si je vais par trop le dégrader, mais, lui-même, il n’était qu’un homme du plus aimable génie, de la plus fertile imagination et de la plus belle humeur, dont les heureuses qualités ont jailli jusqu’à la fin, comme par un miracle de nature, du sein de la pauvreté extrême et de l’infortune.

455. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Zeller n’a rien à craindre : la vérité, la justesse, le bon esprit et le bon langage tiennent toujours leur place, et le génie qui les domine, qui les surpasse, qui les menace par moments, ne saurait les écraser. […] Tous les faits sont à la fois présents à la mémoire de Bossuet : il n’en cherche aucun ; il sait, il possède tous les détails de son livre avant de commencer à l’écrire. […] On sait la parole célèbre : « Tout était Dieu, excepté Dieu même. » Israël avait presque perdu ses titres ; Moïse les lui a rendus. […] Bossuet les a admirablement compris tous deux dans son sens d’orthodoxie et les a célébrés de la plume ou de la parole, comme nul autre que lui ne l’a su faire. […] On le savait.

456. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Il sait la vie, il sait l’histoire ; il connaît les hommes, ceux d’autrefois et ceux d’aujourd’hui. […] … Je ne sais si personne de notre temps a eu plus d’esprit que M.  […] je ne saurais le dire. […] Weiss nous dit ailleurs que « depuis qu’il sait lire, il a conçu pour ces deux prodiges, Dumas et Scribe, une passion infatigable et stupide ». […] Je suis bien forcé de recourir à la vieille formule, à celle dont se sert Retz essayant de définir La Rochefoucauld : il y a du je ne sais quoi dans J.

457. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

L’assurance, où on les voit, d’être semblables à ce qu’ils imaginent, achève de les rendre ridicules et fait d’eux, en même temps, des dupes faciles entre les mains de qui sait flatter leur manie. […] Le théâtre comporte un autre emploi du phénomène bovaryque : le héros, en vue d’un but, simule un personnage qu’il sait distinct de lui-même. […] C’est un débile et il sait ce qu’est la force. Il est inhabile aux tâches les plus médiocres, et il sait qu’il, est des tâches supérieures. […] De son incompétence à l’égard des tâches les plus communes il a su conclure à un raffinement qui ne le destinait qu’aux plus hautes.

458. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Il doit savoir et il doit dire le mal. […] Elles ne savent pas ce qu’est la vie, mais elles savent que la vie n’est pas dans ces contrefaçons illicites, et elles sentent qu’on les a trompées. […] Je sais qu’il y a ce qu’on appelle les romans honnêtes. […] Oublions pour un instant la manière dont sont lus la plupart des romans, prêtés un jour, rendus le lendemain, dévorés par des yeux souvent jolis, mais qui ne savent pas lire, qui ne savent que suivre un héros à travers les pages d’un livre, comme un passant qui s’éloigne sur le sable d’une promenade. […] Celui-ci saura pénétrer tous les secrets de l’écrivain, et goûtera une joie vive dans la découverte de chacun d’eux.

459. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Je craignais de l’avoir commis sans le savoir. […] Ce jeune prêtre savait son art comme personne ne le sut jamais. […] On sait l’importance que les catholiques attachent au moment de la mort. […] Il savait sans doute le secret de sa naissance. […] Je sortis de mes études classiques sans avoir lu Voltaire, mais je savais par cœur les Soirées de Saint-Pétersbourg.

460. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Je vous parus un objet qui méritait de la compassion, et qui était coupable sans trop le savoir. […] Mais ce n’était plus ce je ne sais quoi de sa mère, qui captivait au premier instant et gagnait aussitôt les cœurs. […] N’oubliez pas qu’il faut qu’elle sache la musique : c’est un talent agréable pour soi et pour les autres. On ne sauroit commencer trop tôt : on ne la possède bien que quand on l’apprend dans la première enfance. […] Bolingbroke savait sa littérature française par le menu.

461. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Son père était ouvrier tonnelier et ne savait pas lire. […] Mais du moins il n’était nullement fier de son état moral, et il souffrait de ne savoir où il allait. […] Je ne sais rien à quoi ne morde cette rage d’aimer. […] Cela ne vaut pas la peine d’être réfuté, pour peu qu’on ait lu Veuillot et que l’on sache lire. […] Et là encore je ne saurais dire à quel point, comme catholique, il me paraît être dans le vrai.

462. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Allons, vous, messieurs, qui vous en vantez volontiers, et vous toutes surtout, qui tout bas le savez trop bien au prix de vos larmes, mettez la main sur le cœur, les trois quarts des gentilshommes qui passent et même de ceux qui séjournent ne sont-ils pas ainsi ? […] Dans le cours de sa plainte austère, Alvise, qui s’exalte, arrive jusqu’à dire à Ordonio : « Je vous observais depuis longtemps ; … je suivais tout… Si vous eussiez aimé vraiment, … si vous eussiez été aimé, … peut-être… alors… qui sait ? […] Il y a dans le travail de cette pensée ardente, au moment de la production, une sorte de candeur conservée ; je ne sais pas d’autre mot, et je le livre aux habiles railleurs, aux écrivains de toutes sortes, incorruptibles champions de la morale sociale. […] Et aussitôt après, quand l’oncle le chanoine arrive, et tout joyeux lui annonce d’heureuses nouvelles, elle s’est déjà élancée dans ses bras : « Vous les savez, mon enfant ? […] Messieurs tels et tels le savent.

463. (1890) L’avenir de la science « I »

En débutant par de si pesantes vérités, j’ai pris, je le sais, mon brevet de béotien. […] Qui sait si un jour la vue du bien général de l’humanité, pour laquelle on construit, ne viendra pas adoucir et sanctifier les sueurs de l’homme ? […] Il sera à tout jamais impossible que le même homme sache manier avec la même habileté le pinceau du peintre, l’instrument du musicien, l’appareil du chimiste. […] La richesse ne saurait être le but final, puisqu’elle n’a de valeur que par les jouissances qu’elle procure. […] Et pourtant, si l’on sait entendre la philosophie, dans son sens véritable, celui-là est en effet un misérable qui n’est pas philosophe, c’est-à-dire qui n’est point arrivé à comprendre le sens élevé de la vie.

464. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

», avec des airs pénétrants ; car, du moins, s’ils ne savent que cela, ils savent qu’ils parlent à un masque, tandis que ceux qui croient connaître Monselet ne se doutent même pas qu’il puisse en être un… Dupes de cette opinion publique qui, une fois faite, ne se modifie pas, de cette sourde qui rabâche toujours la même chose et qu’on voudrait bien souvent, pour ce qu’elle dit, autant muette, ils ne se doutent pas, ils ne se sont jamais doutés que ce dîneur maintenant légendaire de Monselet, qui a lui-même — il faut bien le lui reprocher !  […] voilà ce que les plus forts et les plus sagaces d’entre nous ne savaient pas, ce que personne ne savait, ni moi non plus, et ce que ces Portraits après décès, ce nouveau livre et ce livre nouveau, m’ont appris. […] L’homme, en effet, qui entre autres choses du présent volume, a écrit la grande et simple et superbe étude sur Chateaubriand, dans laquelle je rencontre des passages aussi surprenants par la gravité forte que par la profondeur de la mélancolie n’est plus, et de nature première ne saurait être uniquement ce poète léger du Plaisir et de l’Amour qui commença par les sensualités du cœur pour finir par les sensualités de l’estomac. […] », une plaisanterie dont ses amis riaient, c’est-à-dire tout le monde, mais dont moi seul je ne riais pas, car je sais trop que rien n’est impuni pour l’esprit qui se permet tout, et je connais la tyrannie d’une seule mauvaise pensée. […] Tous les Secs d’à présent, et Dieu sait si nous avons des Secs !

465. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

… » Je ne sais pas si M. de Riancey s’est ravisé depuis cette époque, mais telle fut sa première pensée et sa première résolution. […] Or, c’est ainsi que l’auteur de Louis-Philippe et de l’Orléanisme sait la dire. […] Personne n’ignore que c’est à lui que Mirabeau sanglait par la face ce mot que l’Histoire ne sait trop comment répéter. […] le plus honnête homme qu’il eût connu, — mais qui, à part le sang, dans lequel il ne tomba point, avait la même ambition que son père, cette ambition qui se remuait tortueusement et toujours, mais qui ne savait pas frapper le coup décisif et suprême ; car Louis-Philippe ne le sut jamais, ni avant d’être roi, ni après qu’il fut roi, ni depuis qu’il fut roi. […] Guizot, comme on sait, n’eut jamais aucune personnalité au pouvoir mais l’historien l’identifie-t-il tellement avec son maître qu’il ne croie pas avoir besoin d’en dire un seul mot ?

466. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Mais nous qui méprisons l’omelette soufflée et qui avons donné l’asile de ce livre à la littérature, — cette reine exilée, — nous voulons parler aujourd’hui de Henri Heine, et, qui sait ? […] D’ordinaire, l’impertinence ne sait pas. La sienne sait. […] Qu’il grandisse ou qu’il rapetisse les hommes et les choses, qu’il se trompe ou qu’il ait raison, Heine est poète comme on respire ; il est poète, et poète idéal… Je l’aime, mais je sais le juger. […] Je ne sais pas si les fameux vers de Lamartine sont aussi vrais que hardis : Et vous, fléau de Dieu, qui sait si le génie N’est pas une de vos vertus ?

467. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Il sait qu’une idée offerte dans un mot abstrait est une idée morte. […] Alors on saurait avec moins d’imprécision la valeur des mots en question. […] Hugo qui voyait énorme n’a pas su éviter toujours le ridicule. […] Aucune anthologie — et Dieu sait s’il en existe !  […] Avec elles, sans le savoir nous vivons dans l’avenir.

468. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Vous avez deviné que je sais tout ? […] Il ne savait que faire, où aller. […] Vous savez comme. […] On ne savait. […] Je ne sais, hélas !

469. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

On peut formuler cette loi, puisque l’évolution organique ne saurait s’exercer que sur des périodes incalculables. […] Qu’on ne voie pas là un reproche ; un vrai poète ne saurait noyer sa personnalité dans l’admiration d’un maître. […] Mais elle sait transformer cérébralement cette douleur en volupté, et se donner des raisons de croire à son décevant amour. […] Je ne sais plus… silence. […] Forbier, vous avez une vie admirable, vous travaillez, vous savez tout : moi aussi je voudrais tout savoir. » Sabine insensée et irrassasiable ; et qui ne s’aperçoit pas que son âme déborde d’émotions factices et que le seul remède serait de fermer tous les livres et d’oublier.

470. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Même celui qui en sait trop ne sait pas tout. […] Ésope était esclave, on n’a jamais su le nom de son maître ! […] Elles vous embrouillent si bien dans leurs soustractions que vous ne savez plus (elles ne le sauraient pas elles-mêmes !) […] on ne sait pas s’ils ont pleuré. […] je suis en procès sur de si grands intérêts, et je n’en sais rien ! 

471. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Il savait que, si la politique est ingrate, les lettres de leur nature sont reconnaissantes. […] Il touchait deux pensions : l’une de 100,000 francs, l’autre de 16,000, je ne sais à quel titre particulier. […] Claretie, qui, comme on sait, fait la guerre à Napoléon Ier. […] » répondait Montrond. — On cite encore ce court dialogue : « Savez-vous, duchesse, pourquoi j’aime assez Montrond ? disait M. de Talleyrand ; c’est parce qu’il n’a pas beaucoup de préjugés. » — « Savez-vous, duchesse, pourquoi j’aime tant M. de Talleyrand ?

472. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Je savais qu’un tel homme ne se trompait pas plus aux vers qu’à la prose. […] Quel sujet pour qui sait voir, sentir et aimer : « Ah ! […] À qui sait compatir tout ce qui souffre est grand ! […] Or l’expression du génie, dans des yeux de femme, savez-vous ce que c’est ? […] Le siècle le saura plus tard, et je vous le dirai moi-même bientôt.

473. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Frappé de surprise, je ne savais si j’en devais croire mes yeux. […] Aristote en savait autant au temps d’Alexandre. […] Un enfant de trois ans, qui sait balbutier le nom de l’Infini et de l’Éternel, en sait un million de fois plus. […] Faux nom, puisqu’en réalité nous ne savons que ce que nous comprenons, et que, même dans l’ordre matériel, l’homme ne comprend absolument rien. — Donc il ne sait rien. — Rien que des mots qui n’ont aucune signification, sauf des significations matérielles. […] En toutes choses, celui qui ne sait pas la cause et la fin d’une œuvre, ne sait rien !

474. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Je puis passer une heure avec Mendès, fille habile après tout et qui sait grimacer un sourire. […] Quand elle est louée, nous savons que c’est pour des raisons avouables et pécuniaires. […] Quand on les lira, personne ne saura plus que vous avez existé, vous et votre clientèle. […] On ne saurait trop louer de telles vertus et moi aussi j’applaudis, comme au cirque. […] Seulement il ne savait pas dire non et il servait de second à quiconque le lui demandait.

475. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Je ne sais pas m’en étonner. […] Seulement, nous ne savons aucun gré à l’homme qui crée des idées déjà frappées et mises en circulation. […] On lutte pour ce que vous savez, du haut en bas de l’échelle. […] On sait la fortune du Moulin-Rouge, du Nouveau-Cirque et de ses lions, de la Plaza et de ses taureaux. […] On aura la Comédie-Française, musée, et l’Odéon, atelier ; aussi, peut-être, si Baron et Galipaux sont là, une scène de vaudeville, et, qui sait ?

476. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Je ne sais pas m’en étonner. […] Telle esthétique définition du théâtre peut-être me guiderait ; mais je n’en sais point encore. […] Seulement, nous ne savons aucun gré l’homme qui crée des idées déjà frappées et mises en circulation. […] On lutte pour ce que vous savez, du haut en bas de l’échelle. […] On sait la fortune du Moulin-Rouge, du NouveauCirque et de ses kanguroos.

477. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Ce qu’on sait, on le doit à M.  […] Quand on sait de quel genre était la maladie de Rousseau, on est un peu surpris de cette allusion directe qu’il y fait. […] Il oubliait quelquefois ce nom même de Marianne, et ne savait plus comment la nommer en lui écrivant ; elle avait besoin de le lui rappeler. […] Mme de La Tour ne savait pas que depuis Mme d’Houdetot, le cœur de Rousseau n’avait plus à rendre de flamme. […] Elle publia, sans se nommer, une Lettre toute favorable au caractère de son ami, elle qui savait cependant si bien à quel point il pouvait se montrer injuste et injurieux sans cause.

478. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Et puis, l’objet de son idéal secret et de son ambition réelle, nous le savons à présent. […] Il parle français parfaitement, il sait beaucoup de latin et de grec, et il a l’histoire ancienne et moderne au bout des doigts. […] Il en parlait bien à son aise, comme si pour savoir les enlever, il ne fallait pas déjà les avoir. […] Montesquieu, dont la vue baissait, lui avait dit autrefois : « Je sais être aveugle. » Mais lui, il convenait n’en pouvoir dire autant ; il ne savait pas être sourd.

479. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

C’est un sage aimable, un esprit de première qualité pour le bon sens, et qui sait entrer dans toutes les grâces. Son caractère naturel est une supériorité aisée ; je ne saurais mieux le définir qu’une sorte de Montaigne adouci. […] Si c’est là l’ordinaire condition des femmes, même spirituelles, le mérite est d’autant plus grand chez celles qui savent s’affranchir des mobiles habituels à leur sexe, sans en rien perdre du côté de la grâce. […] Jamais ni jeu, ni ris élevés, ni disputes, ni propos de religion ou de gouvernement ; beaucoup d’esprit et fort orné, des nouvelles anciennes et modernes, des nouvelles de galanteries, et toutefois sans ouvrir la porte à la médisance ; tout y était délicat, léger, mesuré, et formait les conversations qu’elle sut soutenir par son esprit, et par tout ce qu’elle savait de faits de tout âge. […] De tous les tourments, vous n’avez senti que ceux de l’amour, et vous savez mieux que personne qu’en amour Tous les autres plaisirs ne valent pas ses peines.

480. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Si l’on excepte le parti encyclopédique auquel il était trop mêlé pour en parler avec indépendance, mais dont encore il savait le faible, nul d’alors n’a mieux vu que lui en tout ce qui est de ses contemporains. […] Dans cette position délicate et dépendante, par son tact, sa tenue et une réserve extérieure qui lui était naturelle et dont il ne se dépouillait que dans l’intimité, il sut se donner de la considération. […] Une autre passion dont on sait l’objet, est celle qu’il eut pour Mlle Fel, chanteuse de l’Opéra. […] En attendant, c’était le bruit du monde, et l’on prenait parti pour ou contre, sans bien savoir de quoi il s’agissait. […] Ces gens-là me connaissent à peine, et ils m’écrivent comme à leur frère : je sais que c’est l’avantage de l’esprit républicain ; mais je me défie d’amis si chauds : il y a quelque but à cela.

481. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Quelle est la vraie limite de ce que nous pouvons et de ce que nous ne pouvons pas savoir ? […] Pour tout concilier, il faut tout savoir : pour enchaîner toutes les vérités, il faudrait être au centre de la vérité même. […] Ils ne croient pas savoir ce qu’ils ignorent ; ils n’affectent pas non plus, par un autre genre d’orgueil, d’ignorer ce qu’ils savent ; ils s’instruisent à toutes les écoles, demandent des lumières à leurs adversaires autant qu’à leurs amis. […] Ils ne savent parler de rien vraisemblablement, ce qui est le charme de Socrate et de Platon. […] En la réduisant à l’horizon de notre vue, sachons que cet horizon n’est une limite que pour nous, et non pas pour elle.

482. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Nous n’avons qu’un abrégé de Rivarol ; mais vous savez si Rivarol est un de ces hommes qu’on abrège ! […] Ce Roi de la causerie savait où le blessait sa couronne. […] ce grand homme sut s’arracher aux enivrements de la causerie dans laquelle il était passé maître, et qui dévora Rivarol. […] À la veille de la Révolution qui s’annonçait, il compta parmi les écrivains qui mirent leurs plumes, dévouées comme des épées, au service de la monarchie et d’une Cour qui ne savait plus se défendre. […] Elle eut le triste honneur de frapper également la tête hébétée d’un gouvernement éperdu, qui demanda toujours à tout le monde un secours dont il ne sut jamais se servir, depuis Pezay jusqu’à Mirabeau !

483. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

sait-il composer, enfin ? […] Qui sait ? […] Qui sait encore ? […] C’est, qui sait ? […] L’on n’a jamais pu savoir !

484. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La princesse Mathilde » pp. 389-400

L’œil bien encadré, plus fin que grand, d’un brun clair, brille de l’affection ou de la pensée du moment, et n’est pas de ceux qui sauraient la feindre ni la voiler ; le regard est vif et perçant ; il va par moments au-devant de vous, mais plutôt pour vous pénétrer de sa propre pensée que pour sonder la vôtre. […] La taille moyenne paraît grande, parce quelle est souple et proportionnée ; la démarche révèle la race : on y sent je ne sais quoi de souverain et la femme en pleine possession de la vie. […] Une autrefois, dans une revue de troupes, dans une petite guerre, il y eut un accident, je ne sais quelle funeste méprise. […] La lettre du jour de l’an 1854 fut écrite sous cette inspiration du dedans qui sait démêler la ligne à suivre entre des obligations inégalement contraires et qui ne sacrifie rien de légitime. […] Un cœur tel que le vôtre ne saurait changer selon les phases mobiles de la politique.

485. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre premier. Astronomie et Mathématiques. »

car, pour un seul génie capable d’arriver à cette plénitude de savoir demandée par Bacon, et où, selon Pascal, on se rencontre dans une autre ignorance, que d’esprits médiocres n’y parviendront jamais, et resteront dans ces nuages de la science qui cachent la Divinité ! Ce qui perdra toujours la foule, c’est l’orgueil : c’est qu’on ne pourra jamais lui persuader qu’elle ne sait rien au moment où elle croit tout savoir. […] Quant aux mathématiques proprement dites, il est démontré qu’on peut apprendre, dans un temps assez court, ce qu’il est utile d’en savoir pour devenir un bon ingénieur. […] C’est celle-là qu’il fallait savoir pour entrer dans l’école des disciples de Socrate ; elle voit Dieu derrière le cercle et le triangle, et elle a créé Pascal, Leibnitz, Descartes et Newton. […] On sait qu’il y a erreur dans le texte de Plutarque, et que c’était, au contraire, Aristarque de Samos que Cléanthe voulait faire persécuter pour son opinion sur le mouvement de la terre ; cela ne change rien à ce que nous voulons prouver.

486. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

On ne la sait pas, mais, à tout prix, il faut qu’on la sache ! […] Le je ne sais quoi qui prend pitié du pauvre sauvage (comme dit Chateaubriand), mais qui se moque très bien du curieux civilisé, a continué de se moquer de nous. […] Où mettrait-elle la flèche de ses condamnations quand elle ne sait pas ou qu’elle doute, cette seconde manière de ne pas savoir ? Les fautes, les vices, les vertus, les passions de Shakespeare, nous ne les savons pas avec certitude. […] — sans qu’on puisse savoir de quelle mort… Voilà les faits certains, et qui seuls n’ont pas fléchi, de la vie de William Shakespeare.

487. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Ce Blaze est blasé… C’est un grand dégoûté de l’Histoire, qui la sait comme les grands dégoûtés de la vie savent la vie, — et qui cherche à se ragoûter d’elle en l’interprétant à sa manière… « Je crois à l’Histoire, mais je n’y étais pas », a dit un autre dandy avec une profondeur légère, et voilà le scepticisme qui a engendré la théorie de Blaze de Bury, lequel ne l’a inventée que parce qu’il « n’était pas » à l’histoire. […] Le dilettante, le raisonneur, le psychologue, comme Blaze de Bury s’appelle, le chercheur du vrai humain plus que du vrai historique, n’a pas craint d’aller, qui sait ? […] Mais il mêle ce qu’il sait à ce qu’il déduit ou à ce qu’il invente, et il entrelace, avec un art de sorcier, la réalité historique à sa fantaisie individuelle, et il les étreint dans une telle intimité qu’on ne sait bientôt plus où l’on en est, — si c’est chair ou poisson ce qu’on mange. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on a une sensation neuve ; c’est que le condiment qui la donne est très subtilement arrangé ; que le tout est très savoureux, et qu’on prend goût à cette cuisine. […] Dans l’espèce d’illusion magnétique qu’il a la puissance de créer, nous voyons passer dans son histoire de grandes figures étranges que nous ne reconnaissons qu’à moitié ; mais qui nous attirent et nous captivent tout à la fois par ce que nous savons d’elles et par ce que nous n’en savons pas.

488. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Voici deux volumes qui ont fait, je ne dirai pas seulement leur bruit, mais leur bien dans le monde, et auxquels on ne saurait trop revenir. […] Quand on ne sait plus agir, on se met à parler et on adore la parole. […] Souvent, en effet, l’ornementation de l’édifice empêche les esprits qui ne savent pas regarder de haut ou de niveau, de rendre justice à la grandeur des lignes et à la hardiesse des profils. […] Le moraliste, dans la vraie acception de ce mot, est tout simplement l’homme qui sait la nature humaine, qui la connaît à fond, qui l’a sentie en lui, qui l’a étudiée dans les autres. […] Dans un siècle comme celui-ci, il n’y avait pas d’autre moyen de se faire écouter, surtout de cette jeunesse qui s’imagine savoir quelque chose, qu’en montrant que, la théologie à part, un prêtre en savait plus long qu’elle.

489. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Eh bien, qui sait si Caro ne sera pas cet homme d’esprit-là ? […] Caro, qui n’a du duc d’Albe que le goût, a pris le saumon, et, s’il ne l’a pas grillé tout entier comme le duc d’Albe l’aurait fait, — vous savez sur quels grils !  […] Je sais la tendance de Caro. Je ne sais pas son idée sur Dieu, son idée sur l’idée première de toute philosophie, qui doit, selon moi, commencer toujours par une théodicée. Mais ce que je sais, ce que ce livre m’a bien appris, c’est que Caro est d’un spiritualisme de bonne trempe qui ne s’est pas laissé fausser par les idées populaires, actuellement, en philosophie, et que son livre est, contre ces idées, une superbe manifestation.

490. (1929) Dialogues critiques

Je voudrais bien savoir quelle excuse vous trouvez à Bertrand ? […] Paul Qui peut savoir ? […] Paul Je ne sais pas. […] Mais on n’a pu savoir. […] Mais l’opinion de ceux qui ne sauront pas rectifier n’existe pas.

491. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Je ne sais pas s’ils avaient tort. […] Il faut le savoir. […] Il avait l’air de ne pas le savoir lui-même. Et, elle, assurément, ne le savait pas. […] Il les savait ; et il se méfiait.

492. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Sans doute, et nous le savons assez, il ne triait pas beaucoup dans ce qui venait à sa connaissance, il prenait un peu de toutes mains. […] Son mode de questionner et de s’enquérir ne se voit jamais mieux que quand il tient un héraut d’armes, un écuyer, un de ces hommes secondaires qui ont été agents dans une entreprise ; c’est alors qu’il ne les lâche pas qu’il n’ait tiré d’eux tout ce qu’ils savent. […] Après la messe se tint un grand conseil composé des princes et grands seigneurs, pour savoir ce qu’on allait faire. […] Il ne manque pas non plus à cette comparaison d’offrir, du côté du prince de Galles, je ne sais quoi de mélancolique qui se mêle dans le lointain à la splendeur de la victoire. […] Je ne sais si cette pensée d’un rapprochement funèbre est venue à l’esprit de Froissart ; elle semble comme négligemment touchée dans les paroles qui concluent le récit, et, qu’il l’ait eue ou non, il met le lecteur à même d’achever et de tirer toute la réflexion morale.

493. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Il sait comment on relève de sa langueur et comment on électrise le Français. […] Vous savez, monseigneur, quels sont les transports prodigieux pour faire un siège comme celui de Sarre-Louis. […] l’essentiel, pour eux, est de savoir si c’est bien Villars qui a gagné la bataille, si ce ne serait pas un autre, si on ne peut lui en ôter l’honneur ; et quel plaisir alors, quel triomphe de l’humilier ! […] Or, à Versailles, dès qu’on sut les particularités de l’affaire, on les exagéra. […] Lui qui sait comment on mène les hommes, il indique donc très naïvement et assez gaiement à Chamillart de quelle manière il conviendrait de le mener lui-même, et à quelle fumée d’ambition il est le plus homme à se laisser prendre.

494. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Il se propose de poursuivre plus avant dans cette voie, et il a recueilli des documents précieux qu’il saura mettre en œuvre. […] On court risque, je le sais, de s’engouer dans un autre sens ; mais, somme toute, on compare, on voit plus de choses, on voit mieux. […] Quand des lettres de Catinat couraient en Hollande et que Bayle voulait savoir si les Parisiens les tenaient pour authentiques, c’était à Marais qu’il s’adressait. […] Quand il fait cette dernière part, on ne sait trop sans doute s’il parle sérieusement ou s’il raille doucement et s’il est ironique ; mais le bon sens, qui ne pousse pas à bout, y trouve son compte. […] Qui saura se faire lire ?

495. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Ses maîtres à l’école ne savaient comment le maintenir tranquille sur son banc, et on ne trouva un jour d’autre moyen que de lui attacher avec une corde à la ceinture un poids de tournebroche. […] Après quoi le jeune Félicité ou Féli, comme on disait par abréviation, livré à lui-même et altéré de savoir, lut,  travailla sans relâche, et se forma seul. […] Vers douze ans, il apprit le grec et parvint à le savoir assez bien sans autre secours que les livres, car il ne rentra plus jamais dans aucune école. […] s’est-il perpétué dans les âges, et savons-nous où l’interroger aujourd’hui ? […] Nous ne le savons pas, nul ne le sait. » Et, comme ils disaient cela, les rives s’évanouissaient.

496. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Mieux qu’ailleurs se mène l’expérience ou la découverte ; j’y sais le prosateur ouvragé par excellence de ce temps. […] Avant tout, convenait de poser le principe ; mais je sais que, dans maint cas, l’évidence se fait aussi de la certitude d’un fonctionnement possible. […] Très avant, au moins, quant à un point, je le formule : — À savoir s’il y a lieu d’écrire. […] Nous savons, captifs d’une formule absolue, que, certes, n’est que ce qui est. […] pour de la divination en sus, il aurait compris, sur un point, de pauvres et sacrés procédés naturels et n’eût pas fait son livre.

497. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Pour lui, un peuple religieux est un peuple qui sait quelque chose de meilleur que lui-même et de plus cher que la vie, et qui s’y soumet. […] Ils lui savent gré de compter sur eux. […] Nul n’a mieux su ce qu’il voulait, et n’y a mieux réussi. […] Tant que la France saura lire dans ce livre, elle sera également en garde contre les impatiences de l’avenir et les langueurs imprudentes du présent. […] Que n’a pas su saint Augustin des affaires de cette vie ?

498. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Elle sait la musique parfaitement, elle chante avec toute la gaieté et tout le goût possible, sait cent chansons, joue la comédie à Étiolles, sur un théâtre aussi beau que celui de l’Opéra, où il y a des machines et des changements… La voilà au vrai telle qu’elle était avant Louis XV. […] Elle rêvait je ne sais quoi d’Henri IV et de Gabrielle. […] Les détails en échappent, et ce qu’ont raconté les libelles ne saurait être article d’histoire. […] Elle aimait les arts et les choses de l’esprit comme pas une des maîtresses de qualité n’eût su le faire. […] Dans ce moment, je sais que je chasse en quelque sorte sur ses terres ; mais ce n’est pas sans lui en avoir demandé l’agrément.

499. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Je le savais, je savais qu’elle avait quitté son théâtre pour te suivre… Je ne l’ai jamais rien reproché. […] Est-ce qu’elle saurait ? […] elle n’aurait su le dire. […] Elle le sait aujourd’hui. […] Je sus lui donner un baiser.

500. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

C’est ce que nul ne saurait dire. […] De même nous savons par les découvertes de MM.  […] On ne saurait s’arrêter un instant à une pareille supposition. […] Nous pouvons comprendre encore pourquoi, une fois qu’une espèce a disparu, elle ne saurait plus reparaître avec des caractères identiques. […] Mais lorsqu’un groupe a une fois entièrement disparu, il ne saurait plus reparaître : le lien de ses générations a été rompu.

501. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Mais je crains de ne pas savoir les conter ! […] C’est ce que nul ne saurait dire, ne saurait prévoir même ; c’est le secret des génies futurs. […] Ce n’était pas qu’il ne sût pas souffler, c’était qu’il ne savait pas lire. […] Nous ne savions. […] Personne ne saurait créer un poète.

502. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Leur génie n’est pas de savoir, mais de pressentir. Et même ce qu’elles ne sauront jamais, elles le pressentent. […] Le divin poète fait bien tout ce qu’il fait et il le sait. […] Pour comprendre Ryner, il faut lui égal, car ce qu’Il Sait, si on ne le savait pas déjà, on l’ignorerait encore après qu’il l’a dit. […] Tout moyen âge nous montre cette sorte d’obstination passive qui sait vaincre les plus désespérantes besognes et qui, seule, sait réaliser le grand œuvre.

503. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Ces sortes de journaux qui, à quelques années de distance, deviennent nécessaires aux contemporains eux-mêmes, s’ils veulent apporter de l’ordre et de la précision dans leurs souvenirs, augmentent de prix, au bout d’un siècle, pour la postérité qui y apprend quantité de choses qu’on ne sait plus, et que presque personne n’a songé à écrire. […] Plusieurs jours se passèrent sans que M. de Nangis osât faire usage de cette permission ; enfin, dans le même voyage, s’étant trouvé auprès de Bontemps (le valet de chambre) dans le salon de Marly, Bontemps lui dit qu’il savait quelqu’un qui irait bientôt à la chasse à tirer avec le roi. […] Bontemps l’assura qu’il pouvait donner cette bonne nouvelle à celui que cela regardait ; enfin, ils s’expliquèrent plus clairement, et M. de Nangis, fort embarrassé de savoir si, sur cette conversation, il devait profiter de la permission, dit à Bontemps qu’il irait dès le lendemain, et que, si le Roi le trouvait mauvais, il le citerait. […] Le roi le remarqua et eut curiosité de savoir qui il était ; il donna ordre au maréchal de Tessé de questionner cet homme. […] Colbert un prix fort au-dessous de ce qu’il savait être la valeur réelle ; M. 

504. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Je ne sais par quel bout m’y prendre, en vérité, pour louer cette merveilleuse édition qui a la palme sur toutes les autres et qui la gardera probablement. […] Je livrais l’autre jour ces pages à l’inspection du plus sévère typographe, du plus classique en ce genre que je connaisse, qui sait voir des imperfections et des énormités là où un lecteur profane glisse couramment et se déclare satisfait ; il regarda longtemps en silence, et il ne put que dire, après avoir bien tourné et retourné : « C’est bien. » — De nombreux dessins de Gustave Doré illustrent ces Contes et les renouvellent pour ceux qui les savent le mieux. […] Je sais une jeune enfant, fille d’un riche marchand de jouets, qui, blasée qu’elle est sur les joujoux magnifiques, ne veut pour elle que des jouets d’un sou. […] Il y a des analogies naturelles et des harmonies qu’il faut savoir respecter. […] Qu’il ne sache pas seulement, qu’il sente par où ses aïeux, les premiers hommes, ont passé.

505. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il doit savoir que cela ne suffit pas et que, si cela suffit ce jour-là et au moment, cela ne tiendra pas le lendemain. […] Elles lui savent un gré infini de sa préoccupation morale constante à leur égard, même quand cette préoccupation dissimulerait une bonne part de vérité. […] De ces tendres reprises conjugales, on sait, à point nommé, l’heure et la minute. […] L’auteur, on le sait, ne s’en est pas tenu là. […] Je sais que le roman ne dit pas tout, qu’il y a des dessous de cartes qu’on arrange et qu’il est bon d’arranger.

506. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Je ne sais pas ce qu’il deviendra. Je ne sais pas comment il vieillira. […] D’ailleurs je n’en sais rien. […] À tout moment, l’on sait où l’on est, l’on sait où l’on va. […] Ce que tu me demandes, tu le sais, puisqu’étant déesse tu sais tout !

507. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

sois époux et tu sauras si les femmes savent aimer constamment. […] Barrès sait réfléchir encore bien mieux qu’il ne sut agir et qu’il ne sait imaginer. […] Je ne sais si nous avons besoin d’un surcroît d’idées morales, mais je sais que M.  […] Il sait ce que c’est que la vérité ; il sait donc ce que c’est que l’erreur. […] Il sait que la vie l’emporte et il sait vers quel pays.

508. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Et la mère que sait-elle ? […] — Et puis, tu sais, on les fait tenir avec des épingles ! […] savoir ! […] savoir ! […] Sait-on encore quel a été son précepteur ?

509. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Savez-vous ? […] Je ne saurais dire si M.  […] Savez-vous ? […] Elles ne sauraient s’appliquer à tout le monde. […] Qui sait s’ils n’arriveront pas jusqu’à la foi ?

510. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Nul ne le sait. […] je n’en sais rien. […] Talmeyr sait voir et fait voir. […] L’accusé, innocent, lui aussi, — qui sait ?  […] Dans ce fait, que je sais absolument vrai, M. 

511. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Je ne sais pas si M.  […] Peur savoir, elle interrogea M.  […] Tu sais, cette lettre si sale. […] Qu’en sais-je, moi ! […] vous ne savez pas ?

512. (1930) Le roman français pp. 1-197

Du roman seulement : il faut savoir se borner. […] On sait d’où ils viennent. […] Il ne sait pas ce que c’est. […] Et qu’on ne saurait classer dans aucune école. […] Il saura choisir, ramasser, composer.

513. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

On sait combien de belles traductions ont exercé souvent d’influence aux origines et aux époques de fermentation première des littératures. […] Je ne prétends point d’ailleurs aujourd’hui faire à quelque bien grand sujet l’application de ce que je crois du moins sentir et de ce que d’autres savent. […] Méléagre en un endroit, par une moins gracieuse image et qui se sent plutôt de la ménippée, compare son mélange à je ne sais quel plat en renom alors, à je ne sais quelle macédoine pleine de ragoût. […] Lorsque tu nourrissais dans ton sein l’intraitable Amour, ne savais-tu pas que c’était contre toi qu’il se nourrissait ? Ne le savais-tu pas ?

514. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Nous savons d’ailleurs à peu près ce qu’avait été la Champmeslé. […] Qu’en savons-nous, je vous prie ? […] Il faut savoir gré à M.  […] Je ne sais si M.  […] Je sais qu’on se passe aujourd’hui volontiers de cette clarté suprême.

515. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Et pourquoi : on s’accorde trois entrevues pour savoir si l’on doit se connaître au sens biblique. […] Sus au livre qui n’est pas drame. […] Vous savez comme moi, mieux que moi, de quels contemporains il s’agit. […] Elles savent couper un volume et s’appliquer à en suivre le texte. […] On sait d’avance la réponse qu’il convient d’y faire, ce qui est bien commode.

516. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

On ne dit point apprendre à savoir vivre, à savoir écrire : apprendre à savoir est une locution barbare ; on apprend pour savoir et non pas à savoir. […] Personne ne sait ce que c’est que Tancrède et cette Aménaïde. […] Virgile ne sait s’il faut attribuer ce sacrifice à l’amour de la patrie ou à l’amour de la gloire. […] qu’il est rare de savoir ce que l’on fait ! […] Mais si cette monotonie de sujets est un grand défaut, l’inépuisable fécondité avec laquelle il a su varier ce fond uniforme, l’intérêt qu’il a su y répandre, est un très grand mérite.

517. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Les succès ont donc été balancés l’année 1758 et le seront probablement encore l’année prochaine, et l’année d’après ; et Dieu sait quand les malheurs du genre humain finiront ! […] Il y a dans ce grand homme plus de vers faibles qu’il n’y en a d’incorrects ; mais, malgré tout cela, nous savons vous et moi, que personne n’a jamais porté l’art de la parole à un plus haut point, ni donné plus de charme à la langue française. […] Bordes de Lyon, sur la nomination de Clément XIV, il lui dit (juillet 1769) : Je ne sais pas trop ce que sera le cordelier Ganganelli ; tout ce que je sais, c’est que le cardinal de Bernis l’a nommé pape, et que par conséquent ce ne sera pas un Sixte-Quint. […] Quand M. de Choiseul tomba, il sut, tout en restant honnêtement fidèle au ministre disgracié, à l’« illustre Barmécide », comme il l’appelait, se ménager la protection du chancelier Maupeou. […] Nul ne savait mieux que lui, au collège, aiguiser le vers latin et même tourner le vers français en un genre qu’on était déjà près d’abandonner : Sous lui bâille un commis qui l’aide à ne rien faire, disait-il agréablement dans une épître à je ne sais quel avocat sans cause5.

518. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Je ne sais rien même de si faible et de si vain que de fuir devant les vices, ou de les haïr sans mesure ; car on ne les hait jamais que parce qu’on les craint, par représailles ; ou par vengeance, parce qu’on en est mal traité ; mais un peu de grandeur d’âme, quelque connaissance du cœur, une humeur douce et tacite, empêchent qu’on en soit surpris ou blessé si vivement. […] Mais, quoique je ne sois point heureux, j’aime mes inclinations, et je n’y saurais renoncer ; je me fais un point d’honneur de protéger leur faiblesse ; je ne consulte que mon cœur ; je ne veux point qu’il soit esclave des maximes des philosophes, ni de ma situation ; je ne fais pas d’inutiles efforts pour le régler sur ma fortune, je veux former ma fortune sur lui. […] … L’on sait assez que la gloire ne rend pas un homme plus grand ; personne ne nie cela ; mais, du moins, elle l’assure de sa grandeur, elle voile sa misère, elle rassasie son âme, enfin elle le rend heureux. […] Sachons seulement qu’il ne se replie si fortement sur lui-même que parce qu’il ne lui a pas été donné de se déployer : « Il était dans sa destinée, a très bien dit M.  […] Mirabeau craint que Vauvenargues ne combatte en son frère la force et la fermeté ; Vauvenargues s’attache à distinguer ces qualités de la sécheresse et de la rudesse, de la roideur de l’esprit : Il me semble que la dureté et la sévérité ne sauraient convenir aux hommes, en quelque état qu’ils se trouvent.

519. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

La disgrâce arrive ; M. de Choiseul est exilé à Chanteloup : on sait avec quel honneur ! […] Vous savez à quel point je suis pénétré de leurs bontés ; mais vous ne savez pas qu’en leur sacrifiant mon temps, mon obscurité, mon repos, et surtout la réputation que je pouvais avoir dans mon métier, je leur ai fait les plus grands sacrifices dont j’étais capable ; ils me reviennent quelquefois dans l’esprit, et alors je souffre cruellement. […] Dans un âge si avancé, elle a conservé ardente, comme au premier jour, la soif de bonheur, et elle ne sait aucun moyen de se désaltérer. […] Savez-vous pourquoi, mes chers frères ? […] Caritat de Condorcet, ne saurait se reconnaître sous la dénomination bizarre de Cazitan de Conclaret (tome ii, page 147).

520. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Molière, on le sait, né probablement la veille, a été baptisé à Saint-Eustache le 15 janvier 1622, sous le nom de Jean ; il précisa depuis ce nom en s’appelant Jean-Baptiste. […] Molière, à cette date, devait être en plein dans son cours d’études qu’il fit, comme on sait, excellentes et complètes, jusqu’à être reçu avocat très probablement. […] Moland, qui, résumant tout ce qu’on sait d’un peu certain, y a mêlé habilement la conjecture et l’induction. […] Aimer Molière, en effet, j’entends l’aimer sincèrement et de tout son cœur, c’est, savez-vous ? […] C’est ne pas être moins éloigné, d’autre part, de ces âmes fades et molles qui, en présence du mal, ne savent ni s’indigner, ni haïr.

521. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Louvois savait en détail tous ces faits et ces traits significatifs par ses espions à la Cour de Turin. […] Le pied est de vermeil doré, très riche… On prétend que Madame, sortant de son cabinet, verra tout d’un coup ce joli écran, sans savoir d’où ni comment il se trouve là… Voilà des présents comme je voudrais bien en pouvoir faire à qui vous savez : je ne sais si je vous l’ai bien dépeint. » Eh bien ! […] Bien habile qui aurait su là dedans démêler le vrai du faux ! […] On sut un jour qu’il avait demandé son confesseur. […] Pareille chose et pareil excès se sont renouvelés du temps de notre jeunesse : on sait trop les suites.

522. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Cervantes touchait au terme, et il le savait. […] Il y a plus d’une manière de voir venir la mort, et nul ne peut savoir avant l’heure comment il l’envisagera lui-même. […] Un aimable écrivain qui, sans se laisser oublier ici, a su depuis quelques années se naturaliser en Espagne, M.  […] Les diverses raisons qu’on pourrait trouver à ce succès si prompt et si universel de Don Quichotte seraient encore insuffisantes, et il faudrait y ajouter je ne sais quelle bonne étoile qui ne s’explique pas. […] Quelque temps après, il vint dire, tout satisfait, au comte d’Oxford qu’il savait l’espagnol.

523. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Ce livre sur les Grotesques suffirait, indépendamment de ce qu’on sait de lui d’ailleurs, pour poser M. […] Il a de la plume un vocabulaire très-raffiné et très-recherché, qui ressemble à une palette apprêtée curieusement et chargée d’une infinité de couleurs dont il sait et dont il dit les noms. […] La part des inadvertances est à faire, je le sais, dans tout écrit, même consciencieux. […] C’est un moyen assuré de faire dresser les oreilles à l’honnête lecteur : un écrivain d’autant d’esprit devrait savoir s’en passer. […] Je ne saurais admettre non plus la façon dont il parle de Louis Racine.

524. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Il y a là, de la mesure, du goût : cette énormité a quand même quelque chose de parisien, un je ne sais quoi, mais sensible. […] Je ne sais. […] On ne saurait donc trop louer le Père Monsabré d’avoir transformé les conférences en majestueuses homélies. […] La confession doit être auriculaire, singulière et précise : sinon, comment le prêtre saurait-il s’il doit remettre ou retenir ? […] C’est égal, j’aurais désiré je ne sais quoi qui n’est pas venu.

525. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Guizot sait mieux que nous ces inconvénients, et il les combattrait au besoin avec sa supériorité. […] Il sait ce qu’il veut dire et où il veut aller : il n’hésite jamais. […] Une personne qui le connaissait bien disait de lui : « Ce qu’il sait de ce matin, il a l’air de le savoir de toute éternité. » En effet, l’idée, en entrant dans ce haut esprit, laisse sa fraîcheur ; elle est à l’instant fanée et devient comme ancienne. […] On ne saurait ici, quand on a un sentiment de citoyen, s’en tenir au simple point de vue littéraire ; car, est-il donc possible de l’oublier ? […] Il n’aimait, nous dit-il, que les historiens tout simples et naïfs, qui racontent les faits sans choix et sans triage, à la bonne foi ; ou, parmi les autres plus savants et plus relevés, il n’aimait que les excellents, ceux qui savent choisir et dire ce qui est digne d’être su.

526. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

Les lettres de Mme Du Deffand, je ne sais pourquoi, n’ont pas eu cet honneur. […] On n’aurait pas su tout ce qu’elle était ni tout ce qu’elle valait comme esprit, comme droiture et lumière de jugement, si elle n’avait pas tout tiré d’elle-même. […] Nature ardente sous ses airs de sécheresse, elle voulait repousser ce mortel ennui à tout prix ; il semblait qu’elle portât en elle je ne sais quel instinct qui cherchait vainement son objet. […] Ajoutez-y une activité dévorante qui ne savait comment se donner le change, et vous commencerez à la comprendre. […] Dans quelques livres qu’on sait par cœur, et qu’on n’imite pas assurément dans le temps présent.

527. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

On ne saurait se figurer à quel point avaient été poussées à cet égard l’infidélité et la licence des éditeurs. […] Connaissant, comme il faisait, les hommes et les choses de ce monde ; il sentait bien qu’il n’est permis d’être un peu philosophe sur le trône qu’après qu’on a prouvé qu’on sait être autre chose encore. […] On sait les railleries cyniques de ses entretiens et de ses lettres : il avait le travers capital, pour un roi, de plaisanter, de goguenarder de tout, même de Dieu. […] Tout étranger qu’il est, il sait choisir ses expressions en esprit juste qui mesure ou plie la langue à sa pensée. […] et ne paraît-il pas qu’il y a un certain je ne sais quoi qui se joue avec mépris des projets des hommes ?

528. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Lélio, j’en suis sûr, je le sais, je l’ai vu, je vous ai suivie. […] Sa passion pour la pastorale ne l’empêcha à aucun moment de savoir comment on réussit et l’on fait son chemin dans la littérature et dans la société. […] Il avait mis d’abord dans Estelle le récit de je ne sais quel combat : — « Ah ! […] Toutes les critiques à faire, et les meilleures sur ce sujet, furent faites alors, sachons-le bien ; et nous ne pouvons ici que les répéter. […] Mis en arrestation à son tour, il mourut, comme on sait, peu après sa sortie de prison, en septembre 1794.

529. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Pour sentir le prix de ce vœu de Jordan, il faut savoir de quelle importance est à ses yeux sa chère bibliothèque, la seule rivale qu’ait le roi dans son cœur. […] Je ne sais ce que je deviendrai. […] Nous avons fait de plus six cents prisonniers hongrois, et nos braves soldats, qui ne savent que vaincre ou mourir, ne me font rien redouter pour ma gloire. […] Les gens de lettres quittent leurs livres pour lire les gazettes, qui mentent, et qui ne nous sont jamais favorables, je ne sais pourquoi. […] Quand il le sait malade, il lui envoie son médecin Cothenius pour lui indiquer les vrais remèdes.

530. (1890) Dramaturges et romanciers

— Qu’en savez-vous, monsieur… ? […] Rivière nous, savons d’où vient l’idée, et par conséquent nous savons où elle va. […] Je ne sais si M.  […] Feuillet a pourtant su en tirer. […] combien il est terrible de savoir ! 

531. (1902) Le critique mort jeune

La Comédie-Française sait que M.  […] Je sais leur nom. […] Volupté, douleur, je ne sais. […] Ne le sait-on pas assez ennemi de l’utopie ? […] Bourget a su faire servir son art.

532. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Ne le savais-tu pas ? […] Il s’agit de savoir enfin ce que nous voulons. […] Je sus alors pour de bon qui étaient nos maîtres. […] Que sais-je encore ? […] Je ne saurai sans doute jamais, ni personne, ce que M. 

533. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

On n’en savait pas davantage. […] si tu ne le sais pas ? […] Je ne sais si je me trompe. […] Je ne sais trop. […] Qui diable sait si la gloire viendra !

534. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Pour moi, il me semble que ces hommes, doués d’une seconde vue, sont assez semblables à ces chauves-souris en qui le savant anatomiste Spallanzani a découvert un sixième sens plus accompli à lui seul que tous les autres… Ce sixième sens, si admirable, consiste à sentir dans chaque objet, dans chaque personne, dans chaque événement, le côté excentrique pour lequel nous ne trouvons point de comparaison dans la vie commune et que nous nous plaisons à nommer le merveilleux… Je sais quelqu’un en qui cet esprit de vision semble une chose toute naturelle. […] En un temps où on est las de toutes les sensations et où il semble qu’on ait épuisé les manières les plus ordinaires de peindre et d’émouvoir, en un temps où les larges sentiers de la nature et de la vie sont battus, et où les troupeaux d’imitateurs qui se précipitent sur les traces des maîtres ne savent que soulever des flots de poussière suffocante, lorsqu’on avait tout lieu de croire que le tour du monde était achevé dans l’art, et qu’il restait beaucoup à transformer et à remanier sans doute, mais rien de bien nouveau à découvrir, Hoffmann s’en est venu qui, aux limites des choses visibles et sur la lisière de l’univers réel, a trouvé je ne sais quel coin obscur, mystérieux et jusque-là inaperçu, dans lequel il nous a appris à discerner des reflets particuliers de la lumière d’ici-bas, des ombres étranges projetées et des rouages subtils, et tout un revers imprévu des perspectives naturelles et des destinées humaines auxquelles nous étions le plus accoutumés. […] Il sait l’artiste à fond, sous toutes ses formes, dans toutes ses applications, dans ses pensées les plus secrètes, dans ses procédés les plus spéciaux, et dans ce qu’il fait et dans ce qu’il ne fera jamais, et dans ses rêves et dans son impuissance, et dans la dépravation de ses facultés aigries, et dans le triomphe de son génie harmonieux, et dans le néant de son œuvre, et dans le sublime de ses misères. […] Zacharias Werner, Berthold, Kreisler, vous tous artistes de nos jours, au génie inquiet, à l’œil effaré, que l’air du siècle ronge ; inconsolables sous l’oppression terrestre, amoureux à la folie de ce qui n’est plus, aspirant sans savoir à ce qui n’est pas encore ; mystiques sans foi, génies sans œuvre, âmes sans organe ; comme il vous a connus, comme il vous a aimés ! […] On sait qu’Hoffmann n’excelle pas moins à peindre les manies et à saisir les ridicules des originaux, qu’à sonder les plaies invisibles des âmes égarées.

535. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

L’auteur de l’École du Monde, de cette pièce si usagée, en est-il donc à ne pas savoir encore cela ? […] Je crois que l’un et l’autre existent plus qu’il ne l’a dit, et lui-même, il le sait aussi bien que moi. […] Dampré est vrai, je le crois volontiers ; nous savons tous une quantité de Dampré qui ne sont occupés, en effet, qu’à ce genre de séduction et à tendre leurs filets soir et matin. […] Mais il ne s’agit pas de savoir si Dampré et la duchesse, et chacun des personnages pris un à un, et trait pour trait, peuvent être plus ou moins des copies d’un certain monde réel ; il s’agit de savoir si tout cet ensemble est comique, intéressant, saisissant. […] L’École du Monde ou la Coquette sans le savoir, comédie en cinq actes et en prose, par le comte Alexandre Walewski, fut représentée pour la première fis, sur le Théâtre-Français, le 8 janvier 1840.

536. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

Je ne sache pas de livres qui, plus souvent que ceux de M.  […] Séverin surprend leur entretien ; et, comme rien ne saurait diminuer sa passion (qu’importe ce qu’elle a fait, puisqu’il l’aime ?) […] » Je ne sais pas s’il n’y aurait point par hasard de plus savants artistes que M. Theuriet, mais je sais que nul n’aime les champs d’un meilleur cœur ; qu’il y a, dans un très grand nombre de ses pages, une douceur qui s’insinue en moi, et qu’il me fait adorer la terre natale. […] » — Je sais que nul romancier, pas même George Sand, n’a su mêler aussi étroitement la vie des hommes et la vie de la terre sans absorber l’une dans l’autre ; ni mieux entrelacer l’histoire fugitive des passions humaines et l’éternelle histoire des saisons et des travaux rustiques  Je sais aussi que rien n’est plus charmant que ses jeunes filles ; car, tandis que la campagne les fait simples et saines, la solitude les fait un peu rêveuses et capables de sentiments profonds  La solitude, soit aux champs, soit dans les petites villes silencieuses, nul n’a mieux vu que M. 

537. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Et, sous prétexte d’exprimer des nuances de sensation et de sentiment qui, si on les presse, s’évanouissent comme des rêves de fiévreux ou se ramènent à des impressions toutes simples et notées depuis des siècles, ils font de la langue française un je ne sais quoi qui n’a plus de nom. […] Les rues de Paris suscitent dans l’esprit de Servaise des visions apocalyptiques, terribles par un je ne sais quoi qu’il ne peut exprimer — qu’il n’exprimera jamais — parce que ce je ne sais quoi n’est rien. […]   Jadis, à vingt ans, nous savions admirer. […] Eux qui ne savent rien, qui n’ont même, le plus souvent, aucune connaissance historique de la langue (et il y paraît à la barbarie de leur syntaxe et aux impropriétés de leur vocabulaire), ils ont des mépris imbéciles et entêtés pour les plus beaux génies et pour les plus incontestables talents, dès qu’ils ont reconnu ces dons abominables : le bon sens, une vision lucide des choses et l’aisance à la traduire. […] C’est peu d’être agréable et charmant dans un livre, Il faut savoir encore et converser et vivre.

538. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Cela nous rassure, en outre, sur le cas de ceux qui, ayant eu cette aventure, en ont su tirer à mesure cette prose et ces vers. […] Et comment cet homme de peu de mine sut-il s’y prendre ? […] quel ennui de ne pas savoir ! […] Et puis, au fond, les morts n’ont pas de secrets et n’en sauraient avoir. […] Mais enfin si je veux de la vertu, je sais où la trouver.

539. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maeterlinck, Maurice (1862-1949) »

Octave Mirbeau Je ne sais rien de M.  […] Je ne sais d’où il est et comment il est. S’il est vieux on jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. Je sais seulement qu’aucun homme n’est plus inconnu que lui, et je sais aussi qu’il a fait un chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la glapissante lyre — ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés, parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un et comme ils n’en ont écrit aucun jusqu’ici. […] Son âme, ainsi que celle de sainte Catherine de Sienne, saura s’éduquer au voisinage banal et familier de chaque jour et de chaque endroit, et, peu à peu, dans la parole d’un enfant, dans les réflexions du petit Allan, du petit Yniold, ou du petit Tintagiles, il découvrira des trésors de bonté infinis et des fortunes d’amour inépuisable.

540. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

— La Physique Mathématique, nous le savons, est née de la Mécanique céleste qui l’a engendrée à la fin du XVIIIe siècle, au moment où elle venait elle-même d’atteindre son complet développement. […] Cette conception n’était pas sans grandeur ; elle était séduisante, et beaucoup d’entre nous n’y ont pas définitivement renoncé ; ils savent qu’on n’atteindra les éléments ultimes des choses qu’en débrouillant patiemment l’écheveau compliqué que nous donnent nos sens ; qu’il faut avancer pas à pas en ne négligeant aucun intermédiaire, que nos pères ont eu tort de vouloir brûler les étapes, mais ils croient que quand on arrivera à ces éléments ultimes, on y retrouvera la simplicité majestueuse de la Mécanique Céleste. […] Point n’est besoin pour cela de pénétrer le mécanisme de cet équilibre et de savoir comment les forces se compenseront à l’intérieur de la machine ; c’est assez de s’assurer que cette compensation ne peut pas ne pas se produire. […] Nous n’en savons rien ; mais nous savons que ce milieu transmet à la fois les perturbations optiques et les perturbations électriques ; nous savons que cette transmission doit se faire conformément aux principes généraux de la Mécanique et cela nous suffit pour établir les équations du champ électro-magnétique. […] L’hypothèse des forces centrales contenait tous les principes ; elle les entraînait comme des conséquences nécessaires ; elle entraînait et la conservation de l’énergie, et celle des masses, et l’égalité de l’action et de la réaction, et la loi de moindre action, qui apparaissaient, il est vrai, non comme des vérités expérimentales, mais comme des théorèmes ; et dont l’énoncé avait en même temps je ne sais quoi de plus précis et de moins général que sous leur forme actuelle.

541. (1876) Romanciers contemporains

Au contraire de Balzac, il a su se garder des mirages. […] Il ne saurait. […] Pinard, nous ne savons. […] L’émule de Rocambole ne saurait nous émouvoir. […] Je voudrais savoir si Robert m’a réellement aimée !

542. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

B. de Fouquières nous apprend dans un sujet sur lequel on croyait tout savoir ! […] En résumé, sa préoccupation constante est d’enrichir la langue française de ses propres richesses. » — On ne saurait mieux voir ni mieux dire. […] Mme Gouy d’Arcy, qui peut-être ne sut jamais bien elle-même toute la vivacité du sentiment qu’elle inspira un moment, faisait partie de la brillante société de Luciennes. […] B. de Fouquières est venu ajouter à ce qu’on savait déjà d’André Chénier, c’est l’appréciation bien nette et plus entière de son talent et de son œuvre. […] Le nouvel éditeur a su être pour André Chénier presque ce qu’a été Orelli pour Horace.

543. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Il s’en empara à son tour, après d’autres écrivains français ; et l’on sait avec quelle puissance et quelle hardiesse il transforma un sujet devenu banal. […] Il domine et gouverne le chef de famille Liseo, vieillard à la tête faible, qui ne saurait faire un mouvement sans consulter le saint homme. […] Messer Ipocrito entre en scène en se livrant à part lui à ces réflexions : Qui ne sait feindre ne sait vivre ; la dissimulation est un bouclier qui émousse toutes les armes ; c’est une arme qui brise n’importe quel bouclier. […] Vous savez quel homme c’est. […] Tout le monde sait le cas que fait de moi Liseo Rocchetti, et vous ne l’ignorez pas.

544. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Mais pourquoi y a-t-il si peu d’artistes qui sachent rendre la chose à laquelle tout le monde s’entend ? […] L’artiste qui prend de la couleur sur sa palette, ne sait pas toujours ce qu’elle produira sur son tableau. […] Je ne sais comment je vous rendrai clairement ma pensée. […] C’est celui qui a pris le ton de la nature et des objets bien éclairés, et qui a su accorder son tableau. […] Ainsi la couleur d’un coin de leur toile étant donnée, on sait tout le reste.

545. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Je le sais, ou plutôt je le sens. […] J’en conclus qu’il n’y avait pas grand accord entre le rez-de-chaussée et le premier étage, et je fus moins surpris lorsque, quelque temps après, je sus le divorce qui s’était opéré à La Chesnaie. […] J’avais vu préparer cette élection et je savais de quelle coalition elle était le fruit. […] Il savait l’italien et l’anglais, c’était tout : pas un mot d’allemand. […] Né dans la zone méridionale de la France, il savait d’instinct les langues et les poésies du midi.

546. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Ils ne vous savent pas gré de la légère flétrissure que vous leur avez infligée ou voulu infliger. […] Je sais très-bien moi-même tout ce qui s’est passé depuis ; je sais surtout que les événements de 1848 ont été pour beaucoup d’esprits un coup de tonnerre qui les a fait se retourner et rebrousser chemin. […] Sainte-Beuve pour savoir ce qu’il dit. […] Je sais qu’on me dira que la loi actuelle ne s’occupe que de la presse périodique, qu’elle n’atteint pas le livre. […] Je sais des familles, et des plus hautes, des plus réputées libérales, qui sont ainsi.

547. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Quand toute la bureaucratie serait touchée par la Sorbonne, il resterait ce qui échappe à celle-ci, à savoir l’élite et à savoir la rue. […] Il ne saurait exister de vraie culture scientifique sans culture littéraire à la base. […] Nous, nous avons encore, pour nous préserver, l’hésitation, parce que nous savons ou parce que nous avons su le latin. […] Doumic l’a proclamé et je sais que M.  […] Alors on saurait mieux le français, pouvant lui accorder plus de temps.

548. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

L’œuvre faite dit : Je suis, c’est l’éternisation d’un instant, et des siècles n’y sauraient plus rien changer. […] elle en sait plus que la raison ! […] L’artiste est tenu de savoir, de réfléchir et de prévoir. […] Mais, de cette proscription je ne sais s’il faut se plaindre. […] Encore une fois il ne saurait s’agir ici que de quantité et non de qualité : mais même la quantité n’est point si évidente.

549. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

1831 Voici deux livres nouveaux, deux œuvres de poésie éminentes et originales, deux productions bien diverses et en apparence tout à fait contraires de deux talents réfléchis et inspirés, de deux sensibilités, on ne saurait plus antipathiques au premier coup d’œil, et pourtant parentes au fond et presque sœurs. […] Mais n’allez pas toutefois accorder à cette nature si fraîche éclose trop d’ignorance et de simplicité ; elle sait le monde et la vie, elle a souffert bien des peines et s’est étudiée à bien des grâces. […] On ne saurait dire tout ce qu’il y a d’ingénieux et de combiné dans la plus tendre simplicité de l’un, dans la plus rapide indignation de l’autre ; quelle part d’étude antique détournée à l’innovation actuelle ; quels sucs nombreux et mélangés dans ces fruits tombés d’hier et de si franche saveur. […] Quand les hommes n’ont plus que des songes moroses, Heureux qui sait se prendre au pur amour des choses, Parvient à s’émouvoir et trouve hors de lui, Hors de toute pensée, un baume à son ennui ! […] Tout homme de notre âge, dont la vie n’a pas été celle d’une jeune fille de province, tout homme que ses passions ou les circonstances ont mêlé aux diverses classes de notre civilisation si vantée, et qui ne les a pas envisagées, comme trop souvent, avec des yeux cupides et un cœur endurci, celui-là sait fort bien ce qu’il y a de trop misérablement vrai au fond de cette lie où M.

550. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Mais, enfin, l’Histoire n’est point une commission bien faite qu’on rapporte dans ses bagages… Or, en conscience, et d’après son livre, il me serait impossible de savoir ce que serait comme historien Léouzon-Leduc s’il n’était pas allé à Stockholm. […] Il se jouait de Dieu et des hommes dans une éloquence pleine d’eux qui allait au cœur… Tête vertigineuse, mobile et tenace, trait juste que Léouzon-Leduc a rencontré, je ne sais comment, suffisant sans scrupule, élégamment cynique, on le vit donner des spectacles presque comiques dans leur abaissement. […] Mais il garda toujours de cette journée je ne sais quelle inextinguible auréole. […] Le roi de théâtre qu’il avait été trop fit payer l’autre roi qu’il était aussi, cet autre roi qui, le jour même de son coup d’État, avait su mettre si lestement par-dessus ses bas à jour, aux coins d’or, la botte que Charles XII portait à Bender, et qu’il voulut envoyer à la Suède révoltée, pour la gouverner pendant son absence ! […] Il ne nous fait grâce ni d’un paravent ni d’une lampe ; et, dans ces moments suprêmes, ces détails peuvent avoir leur grandeur et faire la vérité plus vraie : — il s’agit de savoir les placer et les remuer d’une main puissante.

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