* * * — À ce qu’il paraît, Liverpool est la ville, où l’on trouve au meilleur marché, les plus excellentes montres. […] Ce poète, aux récits invraisemblables, nous fait un tableau amusant d’une ville du Texas, avec sa population de convicts, ses mœurs au revolver, ses lieux de plaisir, où on lit sur une pancarte : Prière de ne pas tirer sur le pianiste qui fait de son mieux.
., cinq cents seulement… de ceux qui cueillaient sous Condé des lauriers stériles ou vivaient de la pitié des nations étrangères, réunis alors (après le 10 août et avant le 21 janvier) dans Paris, auraient été probablement soutenus par les habitants de cette ville, et, en attaquant franchement les fédérés, auraient peut-être, par un coup de main hardi, réussi à leur arracher leur victime. » Et ailleurs, « La facilité avec laquelle les jacobins furent dispersés par les sections (au 1er prairial) fit voir combien, à d’autres époques, avec de l’accord et de la résolution, il eût été aisé de triompher du crime.
Appelons de tous nos efforts l’heure de cette majorité féconde et forte, plus conservatrice, plus morale, même dans les carrefours de nos grandes villes, que Jefferson ne paraissait le croire et qu’il n’y était autorisé de son temps ; agissons d’avance sur elle, attaquons-nous à elle pour qu’elle soit préparée.
L’armée des Zaporogues, après avoir bien ravagé le pays, va mettre le siège devant la ville de Doubno.
Parcourez aujourd’hui la France ; si la Révolution a diminué les différences de fortune, la centralisation a augmenté les différences de culture : une seule cité maîtresse où fourmillent et pullulent les idées engorgées qui s’étouffent et se fécondent infatigablement par le travail et le mélange de toutes les sciences et de toutes les inventions humaines, alentour, des villes de provinces inertes où des employés confinés dans leur bureau et des bourgeois relégués dans leur négoce vont le soir au café pour regarder une partie de billard et remuer des cartes grasses, bâillent sur un vieux journal, songent à dîner et digèrent sur des cancans ; plus bas encore, des paysans qui ont pour bibliothèque un almanach, lequel est de trop bien souvent, puisque la moitié d’entre eux ne sait pas lire, qui votent en moutons, et trouvent que ce vote est une corvée, ignorants, apathiques, incapables d’entendre un mot aux intérêts de l’Etat et de l’Eglise, habitués à laisser leur conscience et leurs affaires aux mains des gens qui ont un habit de drap.
Au centre, une sorte de ville perdue environnée de solitude ; puis un peu de verdure, des îlots sablonneux, enfin quelques récifs de calcaires blanchâtres, ou de schistes noirs, au bord d’une étendue qui ressemble à la mer ; dans tout cela, peu de variété, peu d’accidents, peu de nouveautés, sinon le soleil qui se lève sur le désert et va se coucher derrière les collines, toujours calme, dévorant sans rayons ; ou bien des bancs de sable qui ont changé de place et de forme aux derniers vents du sud.
Qu’on se représente la France de 1494 descendant pour la première fois de l’autre côté des Alpes, les fils des compères de Louis XI, des compagnons du Téméraire découvrant soudain au sortir de leurs bonnes villes et de leurs maussades plessis la claire et délicieuse Italie : ce fut une stupeur, un éblouissement, un enivrement.
Il a parmi ses ancêtres un des compagnons de Cortez, un fondateur de ville.
Vous mettez, je suppose, au commencement du premier : « Paris est la capitale de l’art. » Puis, vers le milieu du second : « Paris est véritablement la ville des artistes » Puis, quelque part dans le troisième : « Le centre de l’art est à Paris. » Et à la fin du quatrième : « Je ne crois pas trop m’avancer en affirmant que Paris est le foyer des arts. » Et dans l’intervalle de ces phrases, rien, des mots.
Leurs charnelles amours ont pour théâtre la ville par excellence des quattrocentistes et la bourgade d’élection du très pur saint François.
« Et le jeune prince Renaud marchait par la ville escorté de jeunes gens généralement chevelus et mal bâtis, et qui, sous leurs esthétiques ambitieuses, dissimulent des prudences de notaires, des intolérances d’imbécile et quelquefois des aspirations de simples sodomites. » La voilà bien, la littérature d’aujourd’hui.
Formée d’abord par la violence, puis maintenue par l’intérêt, cette grande agglomération de villes, de provinces absolument différentes, porte à l’idée de race le coup le plus grave.
Jérusalem et son temple leur apparurent comme une ville placée sur le sommet d’une montagne, vers laquelle tous les peuples devaient accourir, comme un oracle d’où la loi universelle devait sortir, comme le centre d’un règne idéal, où le genre humain, pacifié par Israël, retrouverait les joies de l’Éden 85.
Un de ses miracles fut fait pour égayer une noce de petite ville.
[José-Maria de Heredia] Combien « les hommes des grandes villes », qui « n’ont pas trouvé malin » le pauvre Lélian, doivent admirer l’habileté de M. de Heredia.
En regardant une illumination, il se dit, joyeux : « À quelque amant néronien caché sous le felse, Venise offrira dans une heure le spectacle d’une ville délirante qui s’incendie. » Or, c’est lui l’amant néronien qui jouira, un peu snob et en se montant le coup, de cet incendie apparent, spectacle, hélas !
Nom de plusieurs villes et, en particulier, nom ancien de Catomeria, dans l’île de Chio : Posidion.
Va me porter cette lettre A ma mie qui est seulette… J’ai laissé tomber mon panier, Un beau monsieur l’a ramassé… Montagne et langage sont des assonances ; serpe et veste ; chèvre et mère ; souci, jalousie ; logis, famille ; mise, mille ; ville, fille ; noces, homme ; morte, folle ; gorge, rose ; œuf, pleut, etc.
Non-seulement les jugemens de cour, mais les jugemens de ville et je crois ceux de village.
L’an de Rome 591, le sénat rendit un décret pour bannir les philosophes de la ville ; et, six ans après, Caton se hâta de faire renvoyer Carnéade, ambassadeur des Athéniens, « de peur, disait-il, que la jeunesse, en prenant du goût pour les subtilités des Grecs, ne perdit la simplicité des mœurs antiques ».
C’est un tableau de ce qui se passoit alors dans les intrigues amoureuses de la Cour & de la ville.
mais tu démasquerais ces prétendus misanthropes qui refusent les emplois qu’on ne leur accorde pas, ces indépendants qui sollicitent sans cesse, et ces philosophes disgraciés, qui se retirent à deux lieues de Paris, pour éviter la ville, le monde et la cour.
Elle n’arrive point, celle-ci, toute pimpante de Russie, comme Mme Henry Gréville, mais de la première ville de garnison venue — avec armes et bagages !
Ni la peste, ni les hivers, ni les tempêtes, ni le climat d’une ville perpétuellement ravitaillée, ni des soldats cuirassés de leurs murailles de granit et qui réalisent le mot sublime de l’Empereur à Eylau : « Quand on les a tués, il faut les pousser pour qu’ils tombent », rien n’a pu nous désarmer de cette patience qui résiste et qu’il est plus difficile d’avoir, à ce qu’il paraît, quand on est Français, que le courage qui va en avant.
L’hôtel de Rambouillet, cette caserne du bel esprit que Molière fit crouler, Jéricho ridicule, sous le son vif de son sifflet, était de fondation féminine ; et la Fronde, cette bataille de dames, cette guerre où les femmes tiraient le canon comme on l’a vu tirer à des serins et à des colombes, était une guerre enrubannée et galante où les villes se prenaient pour les beaux yeux des belles, comme disait le maréchal d’Hocquincourt.
C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes dans la petite main d’un enfant !
C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes, dans la petite main d’un enfant !
Il a bâti presque des villes, comme les poètes des anciennes mythologies.
Des Varennes, le citadin, est las de la ville et voudrait vivre à la campagne ; Jalabert, le campagnard, est las des champs et voudrait vivre à la ville. […] Nous sommes dans la petite ville de Poncorney-les-Bœufs. […] C’est bien le cabinet d’un usurier de petite ville. […] Le siège de la ville dure deux minutes. […] Toute la petite ville en frémit de curiosité, de peur, d’orgueil et de joie.
Quel appui de nos sentiments que la récapitulation de ces mêmes maux de la guerre, si bien placée par Virgile dans la réponse d’un destructeur de Pergame refusant ses secours contre Énée aux ambassadeurs de la ville de Lorentiusa ? […] Il n’est pourtant pas rare de rencontrer d’habiles gens qui s’y trompent, et Boileau les désignait ainsi : « Tel s’est fait par ses vers distinguer par la ville, « Qui jamais de Lucain n’a distingué Virgile. […] La Grèce, devenue si fameuse, n’était à sa naissance qu’un assemblage fortuit de peuplades courageuses qu’avait réunies le besoin de se fonder des villes, et d’y établir les lois de la propriété. […] L’objet de la guerre de Troie n’est donc pas une aventure galante et romanesque, mais un fait historique important à une nation qui ne s’est affermie et qui n’a peut-être existé que parce qu’elle a fait respecter ses villes et ses foyers par le châtiment exemplaire du coupable fils de Priam. […] Nous savons, par exemple, que la nature et l’industrie humaines ont la double faculté de rebâtir et de repeupler des villes détruites.
Aussitôt qu’il le peut, l’Anglais s’enfuit loin de la ville. […] Il est homme à s’arrêter dans une auberge de petite ville pour s’y faire présenter la fille de l’aubergiste, dont il a entendu vanter la beauté par les gentilshommes anglais. […] Arrivé à Lyon il fut immédiatement saisi et conduit devant le gouverneur de la ville, le marquis de Saint-Chaumont, qui pour lors était aux vêpres. Lord Herbert, ne pouvant imaginer que l’homme simplement vêtu de noir et sans aucune escorte qui l’interrogeait fût le gouverneur de la ville, répondit brusquement aux questions que M. de Saint-Chaumont lui adressa. […] Cette immense cité s’appelle la ville de la Perdition ; elle est dominée par le château de Bélial, qui en est le souverain légitime.
Si Dieu n’y pourvoit, ajoute l’historien, cette corruption passera aux moines et aux religieux, quoique à vrai dire presque tous les monastères de la ville soient devenus des lupanars, sans que personne y contredise… » À l’égard d’Alexandre VI, amant de Lucrèce, sa fille, c’est au lecteur à chercher dans Burchard la peinture des priapées extraordinaires auxquelles il assiste avec Lucrèce et César, et l’énumération des prix qu’il distribue. Pareillement, que le lecteur aille lui-même lire dans les originaux la bestialité de Pierre Luigi Farnèse, le fils du pape, comment le jeune et honnête évêque de Fano mourut de son attentat, et comment le pape, traitant ce crime « de légèreté juvénile », lui donna par cette bulle secrète l’absolution « la plus ample de toutes les peines que, par incontinence humaine, en quelque façon ou pour quelque cause que ce fût, il eût pu encourir. » Pour ce qui est de la sécurité civile, Bentivoglio fait tuer tous les Marescotti ; Hippolyte d’Est fait crever les yeux à son frère, en sa présence ; César Borgia tue son frère ; le meurtre est dans les mœurs et n’excite plus d’étonnement ; on demande au pêcheur qui a vu lancer le corps à l’eau, pourquoi il n’avait pas averti le gouverneur de la ville ; « il répond qu’il a vu en sa vie jeter une centaine de corps au même endroit, et que jamais personne ne s’en est inquiété. » « Dans notre ville, dit un vieil historien, il se faisait quantité de meurtres et de pillages le jour et la nuit, et il se passait à peine un jour que quelqu’un ne fût tué. » César, un jour, tua Peroso, favori du pape, entre ses bras et sous son manteau, tellement que le sang en jaillit au visage du pape. […] En 1644, dit le docteur Featly, « les anabaptistes rebaptisèrent cent hommes et femmes ensemble au crépuscule, dans des ruisseaux, dans des bras de la Tamise et ailleurs, les plongeant dans l’eau par-dessus la tête et les oreilles. » Un certain Oates, dans le comté d’Essex, « fut traduit devant le jury pour le meurtre d’Anne Martin, qui était morte, quelques jours après son baptême, d’un froid qui l’avait saisie. » Fox conversait avec le Seigneur, et témoignait à haute voix, dans les rues et dans les marchés, contre les péchés du siècle. « William Simpson397 (un de ses disciples) reçut l’ordre du Seigneur d’aller à plusieurs reprises, pendant trois ans, nu et sans chaussures devant eux, comme un signe pour eux, dans les marchés, dans les cours, dans les villes, dans les cités, dans les maisons des prêtres, dans les maisons des hommes puissants, leur disant : Vous serez tous dépouillés et mis à nu, comme je suis dépouillé et mis à nu. — Et d’autres fois il reçut l’ordre de mettre un sac sur sa tête, et de barbouiller sa figure, et de leur dire : Le Seigneur barbouillera votre religion, tout comme je suis barbouillé moi-même. » Une femme entra dans la chapelle de White-Hall complétement nue, au milieu du service, le lord Protecteur étant présent. […] Des exercices religieux étaient établis dans les familles privées, comme lire l’Écriture, prier en famille, répéter des sermons, chanter des psaumes ; et cela était si universel que vous auriez pu parcourir toute la ville de Londres, le dimanche soir, sans voir une personne oisive ou sans entendre autre chose que le son des prières ou des cantiques qui sortait des églises et des maisons publiques403. […] Il la franchit, et arrive dans la ville de la Vanité, foire immense de trafics, de dissimulations et de comédies, où il passe les yeux baissés sans vouloir prendre part aux fêtes ni aux mensonges.
Examinons donc les avantages que pourrait avoir cette abolition du titre et du nom de chrétien, ceux-ci par exemple : On objecte que, de compte fait, il y a dans ce royaume plus de dix mille prêtres, dont les revenus, joints à ceux de milords les évêques, suffiraient pour entretenir au moins deux cents jeunes gentilshommes, gens d’esprit et de plaisir, libres penseurs, ennemis de la prêtraille, des principes étroits, de la pédanterie et des préjugés, et qui pourraient faire l’ornement de la ville et de la cour978. […] — Il vit tout juste. — Voilà qu’on lit les prières des mourants. — Il respire à peine. — Le doyen est mort. » — Avant que le glas n’ait commencé, — la nouvelle a parcouru toute la ville. — « Ah ! […] Les trois frères obéirent quelque temps et voyagèrent honnêtement, tuant « un nombre raisonnable de géants et de dragons1003. » Malheureusement, étant venus à la ville, ils en prirent les mœurs, devinrent amoureux de plusieurs grandes dames à la mode, la duchesse of Money, milady Great-Titles, la comtesse of Pride, et, pour gagner leurs faveurs, se mirent à vivre en galants, fumant, jurant, faisant des vers et des dettes, ayant des chevaux, des duels, des filles et des recors. […] C’est un triste spectacle pour ceux qui se promènent dans cette grande ville, ou voyagent dans la campagne, que de voir les rues, les routes et les portes des cabanes couvertes de mendiantes, suivies de trois, quatre ou six enfants, tous en guenilles, et importunant chaque voyageur pour avoir l’aumône… Tous les partis conviennent, je pense, que ce nombre prodigieux d’enfants est aujourd’hui dans le déplorable état de ce royaume un très-grand fardeau de plus ; c’est pourquoi celui qui pourrait découvrir un moyen honorable, aisé, peu coûteux de transformer ces enfants en membres utiles de la communauté, rendrait un si grand service au public, qu’il mériterait une statue comme sauveur de la nation.
Il cause de l’absence du mouvement intellectuel de la province française, comparativement à toutes les associations lettrées des comtés anglais et des villes allemandes ; il cause de la pléthore de ce Paris, qui absorbe tout, attire tout, fabrique tout, de l’avenir enfin de la France, qui dans ces conditions doit finir par une congestion cérébrale : « Paris, dans ces derniers temps, s’écrie-t-il, me fait l’effet de la vallée d’Alexandrie… Au bas d’Alexandrie pendillait bien la vallée du Nil, mais c’était une vallée morte ! » Et j’entends à propos de l’éloge de l’Angleterre, repris par Taine, Sainte-Beuve lui confier son dégoût d’être Français : « Je sais bien qu’on vous dit : être Parisien ce n’est pas être Français, c’est être Parisien ; mais on est toujours Français, c’est-à-dire qu’on n’est rien, compté pour rien… un pays où il y a des sergents de ville partout… Je voudrais être Anglais, un Anglais c’est au moins quelqu’un… Du reste, j’ai un peu de ce sang. […] Après des compliments, il nous demande pourquoi nous n’avons pas parlé des vertus provinciales, de la vie sociale de la province, de cette vie si particulière, si tranchée, si caractéristique, et qu’on trouvait surtout dans les villes de parlement comme Dijon, de cette vie aujourd’hui complètement morte… « Oui, reprend-il, la province ne se fait plus envoyer les livres de Paris, on ne lit plus ; quand il vient des voisins chez moi à la campagne, je leur donne des livres, personne ne les ouvre… » Puis il nous parle de l’article de Sainte-Beuve sur notre livre, et nous dit qu’à cette place où nous sommes, Sainte-Beuve venait souvent causer avec lui en 1848, lui avouant que c’était dans le but de l’étudier, et lui demandait comment il faisait pour parler, et prenait des notes, en se frottant joyeusement les mains : « Je lui ai connu bien des phases d’existence. […] » Et dans cette ville projetée, où des écriteaux promettent des rues, chaque maison isolée recèle un vieux nom de théâtre, ici la Franconi, là, la veuve d’Adam, plus loin Rosalie, la sauteuse de l’Hippodrome.
Après son licenciement, il vint se réfugier avec ses jeunes fils, Henri et Victor, dans la ville de Heidelberg. […] À son arrivée dans cette ville, M. de Bonald eut la curiosité de connaître par lui-même la destinée de son livre, et se présenta à la police sous un nom supposé ; un des employés supérieurs de cette administration le conduisit dans une vaste salle, espèce de nécropole littéraire, où étaient entassés les débris des ouvrages condamnés à cette lamentable destinée. […] Le 4 octobre 1787, François-Pierre-Guillaume Guizot était né à Nîmes, d’un avocat distingué dans le barreau de cette ville, issu lui-même d’une famille protestante, considérée dans le pays. […] Les populations mises en coupes réglées par la guerre se félicitaient, comme il arrive dans les villes longtemps décimées par la contagion quand le fléau cesse de frapper : les mères, qui s’effrayaient naguère encore de voir grandir leurs fils, se disaient que les enfants qu’elles nourrissaient pourraient vivre. […] L’aspect de Constantinople n’était pas propre, à cette époque, à réconcilier avec le genre humain un esprit naturellement porté à la misanthropie ; aussi les vers que lord Byron écrivit dans cette ville sont-ils remplis de l’admiration que lui inspirait le climat, « splendide hyménée de la nature et des cieux », et d’une recrudescence de haine et de mépris pour l’humanité.
Ici, c’est heureusement sur une chute sans défaut et que l’équité veut que l’on cite : « … Une autre montre des tortues, mais c’est à celle de Trevi qu’il faut boire en quittant la ville. […] Quoiqu’il soit bien éloigné de tomber dans les erreurs de la volupté sanglante, ce partisan des mœurs libres et ce défenseur de l’amour songe sans déplaisir à la soirée où le peuple de Paris montra qu’il n’entendait pas que la ville des jeux et des arts se changeât en une autre Genève. […] Boylesve fut attaché d’abord à l’élégant récit d’aventures amoureuses aux villes de bains ou sur la rive des lacs d’Italie. « Sainte-Marie-des-Fleurs », le « Parfum des Iles Borromées » étaient des œuvres chères aux voluptueux et aux délicats. […] Tantôt on voit s’y refléter Venise, tantôt Paris et tantôt Naples, « cette ville éclatante de clarté, où tout parle de jouissance, dure à l’amour malheureux comme le Londres gorgé de richesses l’est à la misère et à la faim ». […] C’est toute la petite ville française qui revit avec ses vilenies, ses intrigues et aussi son esprit de prudence et d’économie.
Dans chaque ville l’Eglise s’installe dans la curie ; ses sanctuaires remplacent les vieux autels du polythéisme. […] Rompre avec la ville du Tibre, c’était se séparer de soi-même. […] Ces villes furent aussi dans leur temps des centres vers lesquels tous les regards intellectuellement avides convergeaient. […] Comme première mesure en cette fraction de l’œuvre, tous les établissements d’instruction seraient transférés en dehors des villes. […] Il faudrait largement assainir les villes et se décider à certaines mesures radicales, telles que la prohibition de l’alcool.
La lune et les étoiles prennent la terre en pitié ; « elles donnent leurs paroles au vent pour que le vent les porte à la fleur du désert, la fleur au fleuve, et que le fleuve les redise en passant dans les villes ». […] Ah 1 dites-moi où est la ville la plus proche. […] Du palais de Dagobert nous passons dans le carrefour d’une ville du Rhin, où une vieille femme, nommée Mob, réchauffe son squelette aux cendres d’un feu éteint. […] Quand tu repasseras dans sa ville, la bruyère te barrera le chemin, l’épine du buisson te demandera : Où est donc allée celle qui te faisait aimer, et qui valait mieux que les siècles et que les empires qui t’ont honni ? […] Chaque ville plaide sa cause, et entend de la bouche des anges une espèce de jugement préliminaire.
XIII L’homme qui nous apprend le plus de choses sur l’antiquité, Pline, nous dit que Nuncoré, roi d’Égypte, fit élever dans la ville d’Héliopolis l’obélisque qui est à Saint-Pierre. […] Le premier, celui qui règne au-dessus du niveau des murailles avant la naissance de la voûte de la coupole, présente l’aspect d’une ville immense où les ouvriers voués à la conservation de l’édifice habitent à deux ou trois cents pieds au-dessus du niveau de la place avec leurs familles et les instruments de leurs métiers.
Dans l’Ennemi du peuple, un médecin de petite ville découvre que la source d’eau minérale dont l’exploitation fait toute la richesse du pays est empoisonnée. […] Londres, près de qui Paris n’est qu’une jolie petite ville, est la capitale de la volonté et de l’effort ; et je crois aussi que c’est une excellente atmosphère pour la réflexion qu’un brouillard anglais.
Voilà ce qui me paraît la réalité actuelle, pour Paris et les plus grandes villes françaises. Ce sont des îlots séparés par les villes moindres et la campagne où il existe nombre de personnes sages, très curieuses encore de lire.
Prakriti va au Buddha, près la porte de la ville, sous l’arbre, pour supplier de lui l’union d’Ananda. […] Il accompagne Pogner le bourgeois de Nuremberg, artiste et citoyen, fier de son art et de sa ville ; il s’étend un peu aux maîtres, et en général caractérise la générosité du riche bourgeois qui donnera sa fille à un maître-chanteur.
Le bonheur a voulu que j’aie rencontré un roulier de Königsberg qui part demain pour cette ville. […] C’est aussi un effet de mon régime si exact, que, depuis que mon ouvrage a paru, je n’ai accepté aucun repas en ville, ni aucune partie à la campagne, quoique les invitations de ce genre aient été si nombreuses que je crois, sans exagérer, qu’il y aurait eu de quoi me substanter tout le reste de ma vie.
Jeudi 8 août Voici la vie de l’aristocratie de cette petite ville. […] Il me fait l’effet d’une ville libre, hantée et habitée par tous les galoupiats de l’Europe.
Poe se marie ; et les circonstances lui ayant ainsi permis d’augmenter le rayon de ses souffrances, voici les désastres qui reviennent et se suivent, que chassé de ville en ville et de rédaction en rédaction, restant besoigneux, lent à travailler, querelleur, aigri, affolé par le spectacle de la maladie qui minait sa femme, semblait l’abandonner et la ressaisissait, il se jeta dans le vice qui consomma sa ruine, se mit à boire les redoutables liqueurs que l’on débite en Amérique, ces délabrants mélanges d’alcool, d’aromates et de glace ; et toujours luttant contre sa tentation et toujours succombant, reportant l’amour enfantin qui purifiait sa pauvre âme, de sa femme morte à sa belle-mère, quêtant un peu de sympathie auprès de toutes les femmes qu’il trouvait sur un chemin et ne recevant qu’une sorte de pitié timide, ayant tenté de se suicider pour une déconvenue de cette espèce, atteint enfin de la peur de la bête pourchassée, du délire des persécutions, multipliant ses dernières ivresses qui le menaient de chute en chute à la mort, — il en vint, l’homme en qui se résumaient la beauté, la pensée, la force masculine, à avoir cette face de vieille femme hagarde et blanche que nous montre un dernier portrait, cette face creusée, tuméfiée, striée de toutes les rides de la douleur et de la raison chancelante, où sur des yeux caves, meurtris, tristes et lointains, trône, seul trait indéformé, le front magnifique, haut et dur, derrière lequel son âme s’éteignait.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les noms d’hommes et de lieux, qui eurent, dans les temps anciens, une énergie si singulière, qui furent une poésie si merveilleuse ; sur ces lieux sans nom qui étaient, selon Virgile, autour du palais d’Évandre ; sur ces autres lieux où, comme dit Lucain, nulle pierre n’était sans nom : c’est que la renommée s’était assise sur les ruines de Troie, et qu’elle n’avait point encore visité les sept collines qui devaient être la ville éternelle. […] Les villes anciennes eurent constamment deux noms ; l’un mystérieux et sacré, l’autre purement civil, comme Troie, qui s’appelait Ilion ; comme Rome, qui s’appelait Valentia.
Romulus fonda Rome au milieu d’autres cités latines plus anciennes ; il la fonda en ouvrant un asile, moyen, dit Tite-Live, employé jadis par la sagesse des fondateurs de villes ; l’âge de la violence durant encore, il dut fonder sa ville sur la même base qui avait été donnée aux premières cités du monde.
D’Aubigné nous dit que Henri IV, dans le temps où il lui avait conseillé d’écrire cette Histoire, avait promis une somme raisonnable pour les voyages, pour la reconnaissance des lieux et des villes où s’étaient livrés les combats ; mais, les promesses étant demeurées sans effet, et après la mort de ce roi, ce fut à l’historien même à se pourvoir, à s’enquérir de toutes manières.
D’autres fouillaient les antiques souvenirs, les ruines, les arceaux et les créneaux, et du haut de la colline, assis sur les débris du château gothique, ils voyaient la ville moderne s’étendre à leurs pieds comme une image encore propre à ces vieux temps, Comme le fer d’un preux dans la plaine oublié !
Il faut savoir qu’autrefois du temps de ses guerres, au sac d’une ville, il avait trouvé un enfant abandonné sur un fumier, une petite fille ; il l’avait emportée dans son manteau et en avait pris soin depuis, la faisant élever dans un couvent.
Nous nous mîmes en bataille sous les murs de la ville, et nous envoyâmes un officier prévenir M. le commandant (de la place) que nous allions lui présenter nos devoirs.
. — Avantages que doit procurer l’agrandissement continuel de la ville capitale d’un État… bien, très bien.
Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand.
Saumaise lui avait rapporté l’histoire à Leyde, bien des années auparavant, et, pour mieux circonstancier le fait, il avait envoyé chercher l’exemplaire du Moyen de parvenir à la Bibliothèque de la ville, et l’avait donné à Huet, fort élégamment relié.
Et voici le prince de Ligne écrivant à une marquise française : d’un haut promontoire de la Crimée, le soir, il regarde la mer immobile, il reporte sa pensée sur tous les hommes, tous les peuples qui sont venus par cette mer, ont passé sur cette côte, ont vécu dans ces villes dont il vient de fouler les ruines.
La découverte d’Herculanum et de Pompéi616 frappa vivement les imaginations : cette réapparition de villes enfouies depuis dix-sept siècles fut le fait saisissant qui captiva l’esprit mondain, et mit le gréco-romain à la mode.
Mais voici la vraie cause de sa faiblesse : au lieu qu’en 1830, la victoire du peuple sur la royauté violatrice de la Charte avait opéré la séparation du libéralisme et de la démocratie, en 1851 la restauration du pouvoir personnel réunit toutes les formes du libéralisme avec la démocratie dans une opposition irréconciliable : derrière les défenseurs de la légalité parlementaire se rangèrent les masses populaires des grandes villes, qui avaient foi encore à la République, au droit, à la liberté.
Le professeur de littérature latine cultivait ses oliviers à la campagne toute la semaine, et de temps à autre passait à la ville corriger des vers latins.
Stockmann s’isole de sa petite ville ignorante, intolérante et égoïste ; mais il ne s’isole pas d’une société supérieure et idéale, celle des savants, des médecins dont il a reçu l’enseignement et dont il garde l’esprit.
Si la population des villes fût restée pauvre ou attachée à un travail sans relâche, comme le paysan, la science serait encore aujourd’hui le monopole de la classe sacerdotale.
Le drame et le succès qu’il obtint étaient en plein accord avec le vent de folie et d’épouvante, le souffle délétère et putride qui venaient de passer sur la grande ville.
En 1609, Henri mit le comble aux ressentiments de la reine, et au scandale de la cour et de la ville, par sa passion effrénée pour Charlotte de Montmorency, qu’il avait mariée au prince de Condé, son neveu, et, selon plusieurs, son fils3.
Ce redoutable et consolant Ézéchiel, le révélateur tragique du progrès, a toutes sortes de passages singuliers, d’un sens profond : — « La voix me dit : remplis la paume de ta main de charbons de feu, et répands-les sur la ville. » Et ailleurs : « L’esprit étant entré en eux, partout où allait l’esprit, ils allaient. » Et ailleurs : « Une main fut envoyée vers moi.
. — Nous connaissions depuis longtemps déjà Tête d’Or et La Ville ; une version très différente, de ce dernier drame avait paru plus récemment dans Le Mercure ; L’Échange avait paru dans L’Ermitage, l’an passé ; La jeune Fille Violaine et Le Repos du Septième Jour, inédits encore, malgré d’admirables parties, sont moins bons. — Réunis d’un coup en volume, ces cinq drames manifestent un travail et une puissance d’invention considérables. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. » La Dame à la Faux de M.
Ils sont tous dans la grande ville, le seul endroit du royaume où ils naissent et soient employés.
Quoique l’Allemagne soit aujourd’hui dans un état bien different de celui où elle étoit quand Tacite la décrivit, quoiqu’elle soit remplie de villes, au lieu qu’il n’y avoit que des villages dans l’ancienne Germanie, quoique les marais et la plûpart des forêts de la Germanie aïent été changez en prairies et en terres labourables, enfin quoique la maniere de vivre et de s’habiller des germains, soient differentes par cette raison en bien des choses de la maniere de vivre et de s’habiller des allemands, on reconnoît néanmoins le génie et le caractere d’esprit des anciens germains dans les allemands d’aujourd’hui.
Si la population se presse dans nos villes au lieu de se disperser dans les campagnes, c’est qu’il y a un courant d’opinion, une poussée collective qui impose aux individus cette concentration.
… Analysez donc cet empire singulier, inachevé et vieux déjà, vous ne trouverez en bas que les hordes des Ivans dont les tentes, fichées dans la terre, ne se lèvent plus et sont des villes, et en haut des individualités européennes qui, par le cerveau de Pierre Ier ou de Catherine II, ont pensé un gouvernement comme l’aurait pensé Montesquieu.
II Vers la fin de 1854, au milieu des préoccupations inquiètes de l’Europe, à peine rassise des coups terribles que lui avaient portés les révolutions, on apprit qu’un Français venait d’être fusillé, comme un pirate, par le gouvernement mexicain, et que ce Français, ce jeune homme, qu’on appelait au Mexique le vainqueur d’Hermosillo, du nom de sa première bataille, gagnée avec deux cent cinquante hommes contre une armée et contre une ville, avait été jusqu’au dernier moment l’honneur de la France et avait donné d’elle la grande idée qu’elle n’a pas cessé de donner au monde quand, se détournant de ses misères intérieures, elle s’est retournée vers les autres nations et leur a montré un bout d’épée.
On y parlait, au début, de Platon et des siens, et le pauvre rédacteur, épris d’antiquité, disait élégamment : « Lorsque les brises de la mer Égée parfumaient l’atmosphère de l’Attique, quelques hommes, préoccupés de l’éternel mystère, venaient, dans les jardins d’Acadème, se suspendre aux lèvres de Platon, etc. » Buloz prit peur de cette phrase comme de la plus audacieuse hardiesse, et de sa patte dictatoriale et effarée il supprima le tout et mit à sa place ; « Il y eut aussi dans la Grèce des sociétés savantes. » Une autre fois, dans une étude sur la mystique chrétienne, on disait : « L’amour de la vérité cherche celle-ci dans les solitudes intérieures de l’âme » ; mais Buloz, qui ne connaît pas les solitudes intérieures de l’âme, traduisit d’autorité : « Les esprits curieux fuient les embarras des villes », qu’il connaît !
La Marianne de l’Italie ne s’appelle-t-elle pas la Pétroleuse (Petroliera), et n’en promène-t-on pas dans les villes l’image incendiaire ?
« La conduite de Henri III, dit-il, ne devait pas manquer, s’il y persévérait, d’avoir pour résultat la ruine de la religion catholique… Le double meurtre qu’il avait commis (l’assassinat des Guise) ne faisait qu’aggraver sa situation en soulevant contre lui chaque jour quelque ville nouvelle. » M. de Chalambert prétend que la déchéance de Henri III, prononcée en 1589, fut simplement comminatoire, et il a raison quant au fait en soi-même.
Partout, en effet, quand au lieu d’être journaliste il eût été corsaire, — ce qui, du reste, ne fait pas une si grande différence déjà, — partout, même quand il serait resté marchand d’anchois dans son excellente ville de Marseille, il aurait eu ce génie du mot, qui nous est donné, à pur don, comme tous les autres génies ; cette faculté qui, tout à coup, met une idée sous sa forme la plus concentrée, espèce de cristallisation de l’esprit d’une rapidité foudroyante.
J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.
Quelles sortes d’édifices rencontrons-nous dans nos villes, en dehors des monuments transmis par les siècles, palais ou cathédrales ?
Ce sont les gamins poussés du pavé des villes : cette brute de Marjolin, ce mauvais singe de Jeanlin, et Muche, l’ineffable Muche, fleur du ruisseau parisien. […] C’est lui, ce Daniel Eyssette, dont les parents possèdent une usine dans une ville du Midi. […] En tout cas, nulle part il n’eût été mieux placé que dans ce Paris, ville des intérêts matériels et du plaisir grossier, mais aussi ville mystique. […] Les rues voisines de Saint-Sulpice semblent détachées d’une ville provinciale et religieuse. […] Nous nous tenions dans les combles de l’École, regardant au loin les lueurs de la ville et en aspirant le sourd mugissement.
Et je suis alors patriote à la façon de l’Athénien qui n’aimait que sa ville et qui ne voulait pas qu’on y touchât, parce que la vie de la cité se confondait pour lui avec la sienne… » Les « morceaux de bravoure » sont, dans une œuvre, ce qui se marque le plus vite et se démode promptement. […] C’est lui qui portait à vendre la volaille et les cochons de lait au marché de la ville et nettoyait les meubles… » S’il lui restait un peu de loisir, il enseignait sa philosophie, qui était qu’il faut se garder d’avoir aucune opinion sur le bien ni sur le mal. […] Ainsi, vers la fin de Romaine Mirmault, il y a Viterbe, ville farouche, plus vieille que la Renaissance et le Moyen Age ; ville aux maisons tassées et refrognées, et ville où le bruit des fontaines dans les vasques n’interrompt pas le silence ; ville de passions tragiques et muettes. […] Lanie raconte à Léonard qu’un de ses enfants a la rougeole et qu’afin de ne pas répandre la contagion sa maison se tient en quarantaine : il est notaire dans une petite ville du Nivernais ; il est « affairé, honoré, bedonnant, rustaud ; ses pensées sont épaisses, son accent traîne » ; un bon notaire de petite ville. […] Or, Jules Lemaître songeait : « Loti sera un des rares hommes qui auront habité toute une planète ; moi, je mourrai n’ayant habité qu’une ville, tout au plus une province !
Il parlerait avec le même orgueil d’Epaminondas ou de Pélopidas s’il était né dans une autre ville, et on ne le voit pas prendre un extrême intérêt à la primauté littéraire et artistique de la sienne. […] Il y a l’admirable épisode de son aïeul Cacciaguida, qui fustige la ville du lys rouge pendant trois chants de suite, avec une extraordinaire éloquence. […] Heureusement, l’exemplaire corrigé et augmenté par Montaigne appartient, depuis l’époque de la Révolution, à la ville de Bordeaux. […] On nous a même inspiré des doutes sur la réalité de cette commémoration en ajoutant qu’elle s’était faite sur sa tombe, attendu qu’il est enterré au Père-Lachaise, selon ses dernières volontés : Parisien de Paris, il est resté fidèle à sa ville natale. […] Et Zola note dans un article de souvenirs que le convoi funèbre de Flaubert, traversant toute la ville de Rouen, ne fut pas suivi par deux cents Rouennais et ne fit pas plus d’impression dans la ville que celui du premier venu.
Il s’indignait de la propreté des gens de la ville… L’« âme russe » est bien étonnante. […] Antoine a cru faire merveille en jetant sur la scène cent cinquante ou deux cents camelots qui représentent, la population de la ville assiégée. […] Puis il développe ce point « que les mœurs sont cruelles » dans la petite ville qu’il habite ; que les riches sont rapaces, de mauvaise foi et sans pitié. […] Elle s’est mise à l’aimer, car c’est le jeune homme le mieux élevé de la petite ville. […] Assurément nul auteur dramatique de chez nous ne s’avisera de prêter ce souci aux bourgeois de nos petites villes ou aux paysans de l’Ile-de-France.
L’hypocrisie n’infestera la cour et la ville que vingt ou vingt-cinq ans plus tard. […] Boursault avait découpé dans La Fontaine les cinq actes d’Esope à la ville et d’Esope à la cour. […] Il y a dans cette grande ville cinq ou six cent mille âmes dont il n’est jamais question sur la scène. […] Et j’ai la lyre qui a dompté les loups, bâti les villes et changé en peuples les troupeaux humains. […] Le jeune Severo Torelli a juré de poignarder l’affreux Barnabo Spinola, tyran de sa ville.
On constate sa présence, et son succès à Rouen, ville très littéraire aîors, Lyon, Grenoble, Montpellier, Béziers, Pézenas. […] Pendant quinze ans Molière joua pour la Ville sur son théâtre, pour le Roi et la Cour à Fontainebleau à Versailles, à Chambord. […] Il a été, à partir de 1658, dévoré par la Cour et la Ville et il n’a presque peint que l’une et l’autre. […] Considérée comme œuvre de polémique elle attaque le goût régnant dans la ville ; considérée en soi elle est une pièce sans sujet. […] Molière l’a vu dans Paris ou en province ; il est un des bourgeois qu’il a observés non loin des Halles dans sa première jeunesse ou dans quelque ville au cours de ses campagnes théâtrales.
Caliban est en province en ce moment, très loin, à Saint-Malo, une ville qui est dans les environs du tombeau de Chateaubriand ; et naturellement, il ne serait pas fâché d’être renseigné exactement sur les choses de Paris et du théâtre. […] L’intendant aura l’œil sur eux, et ne « leur permettra pas de courir la ville ». […] Voilà un grand bourgeois de Paris, en grande situation, qui a maison de ville et maison des champs, qui a été mazariniste et royaliste pendant la Fronde avec assez d’éclat pour se faire remarquer, qui est détenteur presque de papiers d’État. […] Il parcourait discrètement la ville, et soufflait sournoisement sur les lampions qui étaient à sa portée. […] Cette ville en fourmille, et dans tous les quartiers On ne voit que docteurs, misère et bacheliers.
Elle lui dit : « Toi, sauveur de la ville, tu en deviens le fléau, la peste ; c’est par toi que périt toute cette jeune postérité du vieux Cadmus », etc. […] Il faut bien cinq ans pour faire la réputation d’un homme dans une ville et l’établir dans un certain caractère, comme on disait dans ce temps-là. […] Il aurait, avec son caractère, vécu isolé dans Paris, s’y serait fait une sorte de Thébaïde, et n’aurait pas songé à se réfugier dans quelque désert, en ayant découvert un, plus morne et plus froid, dans la plus animée des villes. […] Et c’est ainsi que, de 1830 à 1835 environ, les extravagances prétentieuses de costume, de tenue, de barbe et de coiffure s’étalèrent, non sans quelque admiration de la part de la foule, à travers les rues de Paris et de quelques villes de province. […] Il est battu, la ville est prise Et je suis blessé, Dieu merci (bis).
Il décrivait la ville, ensuite la rue et la maison. […] On a compté cent cinquante sectes dans la seule ville de New-York, et on ne les a pas toutes comptées. […] Joseph obtenait du gouvernement de l’Illinois une charte d’incorporation et des privilèges qui faisaient de Nauvoo une ville libre. […] Ils voyaient grandir la ville naissante, et se trouvaient battus aux élections par le vote compact de leurs ennemis. […] Le lendemain ils le fermèrent et abandonnèrent la ville.
Il s’exile de cette ville ingrate qui oublie déjà sa gloire, et où sa noble vieillesse est en butte aux railleries et aux insultes des oisifs et des débauchés. […] Charles Reynaud nous associe aux impressions de la vie rustique, et nous y ramène sans cesse par ce côté délicat et tendre des sentiments humains qu’effarouche le tumulte des villes et qui ne se développe librement qu’à la campagne. […] Partout, dans les villes et les solitudes, à la cour et au camp, à l’ombre des grands beffrois et dans la silencieuse obscurité des monastères, il réveille, il ranime, il ressuscite cet esprit chrétien qui est l’âme du monde entier. […] Voyez, dans cette petite ville de province, ce jeune homme au visage pâle, à la physionomie intelligente, qui semble se débattre sous le douloureux contraste de son ennui et de ses rêves : soyez sûr qu’il songe à Paris ! […] dirai-je volontiers de toi, ville cruelle qui leur ressembles.
Si une ville de l’antiquité avait adopté la constitution développée dans le second ouvrage de Platon, les citoyens de cette ville auraient été comparés entre eux et jugés d’après la conformité de leur conduite avec l’idéal inférieur des Lois. […] N’eussent-ils pas admiré la ville où la République aurait été réalisée, plus que celle où l’on s’en serait tenu aux Lois ?
Moi, chétif et malingre, à cinq ans je fus envoyé comme externe dans une pension de la ville, conduit le matin et ramené le soir par le valet de chambre de mon père. […] Les parents demeuraient en ville pendant la semaine employée par les exercices qui précédaient la distribution des prix, ainsi mes camarades décampaient tous joyeusement le matin ; tandis que moi, de qui les parents étaient à quelques lieues de là, je restais dans les cours avec les outre-mer, nom donné aux écoliers dont les familles se trouvaient aux îles ou à l’étranger. […] Dans mon enfance mes promenades ne m’avaient pas conduit à plus d’une lieue hors la ville.
C’était la première fois qu’une ville, en Allemagne, voyait un théâtre populaire et régulier s’établir en ses murs. […] Car, en ce temps-là, les célibataires étaient rares, à la ville comme à la cour ; à trente ans, c’était l’usage, on était père de famille. […] Vous pouvez jouer Tartuffe dans une grange et en habit de ville, et vous aurez du succès. […] La cour et la ville affluent chez elle, qui n’est qu’une bonne bourgeoise, après tout ; elle reçoit tout ce monde et le voisinage en jase un peu. […] J’ai joué ces deux pièces dans presque toutes les villes de ces pays, et partout l’on a trouvé que j’étais dans la véritable tradition de Molière.
C’était en 1829, il avait vingt ans ; léger de bourse, riche d’illusions, il entra dans la capitale comme ses pères les Zaporogues dans les villes conquises, persuadé qu’il n’avait qu’à étendre la main avec hardiesse pour saisir toutes les félicités. […] Il apprit que la grande ville était un désert plus inclément que sa steppe natale ; il connut les portes sourdes au débutant qui frappe, les vaines promesses, toute la défense inerte de l’établissement social contre l’assaut des nouveaux arrivants. […] Ce bateau le laisse à la première escale, à Lubeck ; il débarque là indifféremment, comme il eût débarqué aux Indes, il vagabonde trois jours dans la ville, et revient à Pétersbourg, soulagé de son trésor, guéri de sa folie, résigné à tout supporter. […] Le prince-gouverneur, ce prince « ennemi de la fraude » qui anéantit les fonctionnaires coupables et ramène le règne de l’équité dans sa ville, l’auteur l’a ressuscité des vieux contes moraux. […] Celui-ci est marié, mais séparé depuis longtemps d’une femme indigne, qui court les aventures dans les villes d’eaux du continent ; il n’a rien d’un héros de roman, c’est un homme paisible, bon et malheureux, d’âge et d’esprit sérieux.
La ville d’Antioche périra-t-elle sans nulle défense contre la colère d’un empereur ? […] On nous relit chaque jour ce que nous avons lu et relu : si l’étude des beaux ouvrages en inspirait de pareils, la ville serait pleine de Sophocles et de Térences : la rhétorique et la lecture n’ont pourtant pas même fait parmi nous un grand nombre de bons Aristarques. […] Voilà quel spectacle donna d’abord à sa ville le courage de Sophocle, avant que de lui donner ceux de son génie. […] La vraisemblance requise dans l’imitation tragique exclut les changements de villes et de contrées dont le spectacle ne s’opère que par les ressorts du décorateur, par la même raison qu’elle exclut les mouvements des machines. […] C’est de la compassion que relève la noblesse humaine : c’est elle qui rattache nos cœurs aux intérêts de nos semblables, à la prospérité de nos villes, à tous les mouvements de la société publique.
L’abolition des tenures féodales, l’augmentation énorme du commerce et de la richesse, l’affluence des propriétaires, qui mettaient des fermiers à leur place et venaient à Londres pour goûter les plaisirs de la ville et chercher les faveurs du roi, avaient installé au sommet de la société, ici comme en France, la classe, l’autorité, les mœurs et les goûts des gens du monde, hommes de salons et de loisir, amateurs de plaisir, de conversation, d’esprit et de savoir-vivre, occupés de la pièce en vogue moins pour se divertir que pour la juger. […] On se taille en pièces, on prend des villes, on se poignarde, et on déclame de tout son gosier. […] On pense, en écoutant ces sanglots terribles, aux vétérans de Tacite, qui, au sortir des marais de la Germanie, la poitrine cicatrisée, la tête blanchie, les membres roidis par le service, baisaient les mains de Drusus, et lui mettaient les doigts dans leurs gencives, pour lui faire sentir leurs dents usées, tombées, incapables de mâcher le mauvais pain qu’on leur jetait. « Debout, debout, — vous usez vos heures endormies — dans une indolence désespérée que vous appelez faussement philosophie. — Douze légions vous attendent et ont hâte de vous nommer leur chef. — À force de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la faim, — je les ai conduites patientes — depuis la frontière des Parthes jusqu’au Nil. — Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, — leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. — Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville. […] Il peint la vie d’un squire rural qui est l’arbitre de ses voisins, qui évite les procès et les médecins de la ville, qui se maintient en santé par la chasse et l’exercice.
L’abattement profond d’un souverain pleurant sur les débris de sa ville, ou d’un amant trahi par sa maîtresse, ou bien d’un père qui embrasse sa fille morte, ce sont là des situations qui n’ont guère de rapports entre elles, et pourtant lorsque les paroles deviennent dépositaires de ces grandes douleurs, elles se refusent à tenir compte de la distance qui les sépare, et elles ne peuvent leur présenter que l’usage des mêmes mots. […] Ce qu’il dépense de cris, de blasphèmes, de convulsions pourrait défrayer une ville prise d’assaut, et comme il arrive toujours en pareil cas, l’effet de tout ce bruit est nul ; le spectateur reste insensible. […] N’allons pas trop loin cependant ; il est certain que les révolutions politiques ont jeté sur le pavé des villes un certain nombre de gens sans énergie, mais non pas sans ambition. […] Hambourg, assure le poète, n’a jamais été en tant que république un État aussi considérable que Venise ou que Florence ; cependant Hambourg a sur ces glorieuses villes un avantage, c’est de posséder de meilleures huîtres.
A ce moment était placé dans la salle, un sergent de ville, malade d’une fluxion de poitrine, mourant, presque agonisant. […] Au fond Paris n’est plus Paris, c’est une sorte de ville libre, où tous les voleurs de la terre qui ont fait leur fortune dans les affaires, viennent mal manger, et coucher contre de la chair qui se dit parisienne. […] Là-haut, la perception bien au-delà de sa pensée au ras de terre, de la grandeur, de l’étendue, de l’immensité babylonienne de Paris, et sous le soleil couchant, la ville ayant des coins de bâtisses de la couleur de Rome, et parmi les grandes lignes planes de l’horizon, le sursaut de l’échancrure pittoresque dans le ciel, de la colline de Montmartre, prenant au crépuscule, l’aspect d’une grande ruine qu’on aurait illuminée. […] Rico est de tous les paysagistes de la terre, le paysagiste spirituel, et dans ces terrasses toutes fleuries descendant à l’eau, avec derrière elles les pins parasols et les cyprès, et dans les lointains violacés, où les maisons des villes du Midi font des taches blanches parmi les jardins à la chaude verdure, Rico se montre le seul artiste qui sache être un féerique décorateur, dans de la vraie et sérieuse peinture.
De Virgile ainsi, dans Rome, Quand le goût s’était perdu, Silius à ce grand homme Offrait un culte assidu ; Sans cesse il nommait Virgile ; Il venait, loin de la ville, Sur sa tombe le prier ; Trop faible, hélas ! […] Il ne les termina point pourtant sans suivre ses hautes classes aux Oratoriens de Niort, d’où sortait son frère aîné ; et celui-ci, poëte lui-même, dans leurs promenades aux environs de la ville et le long des bords de la fontaine Du Vivier, l’initiait déjà au jeu de la muse. […] Toutefois, quand le temps, qui détrompe sans cesse, Pour moi des passions détruira les erreurs, Et leurs plaisirs trop courts souvent mêlés de pleurs ; Quand mon cœur nourrira quelque peine secrète ; Dans ces moments plus doux, et si chers au poëte, Où, fatigué du monde, il veut, libre du moins, Et jouir de lui-même et rêver sans témoins ; Alors je reviendrai, Solitude tranquille, Oublier dans ton sein les ennuis de la ville, Et retrouver encor, sous ces lambris déserts, Les mêmes sentiments retracés dans ces vers. […] Il manquait des livres nécessaires, n’avait pour compagnon qu’un petit Virgile qu’il avait acheté près de la Bourse, à Amsterdam ; il lui arrivait de rencontrer chez d’honnêtes fermiers du Holstein les Contes moraux de Marmontel, mais il n’avait pu trouver un Plutarque dans toute la ville de Hambourg (que n’allait-il tout droit à Klopstock ?) […] Il faut donc les faire courir à franc étrier dans toute la France, et leur recommander de séjourner au moins quinze jours dans les grandes villes.
Au fond il y a une ville aux édifices quadrangulaires, symétriques, comme on les peint dans les manuscrits. […] Soit qu’il nous conte l’épopée burlesque de Tartarin de Tarascon, le don Quichotte de Gascogne, qui part de sa ville natale, résolu à tuer des lions dans les forêts africaines et ne réussit qu’à mettre à mort une bourrique et à achever un vieux lion aveugle et agonisant ; soit qu’avec des traits si particuliers et une physionomie si régionale, il évoque le tambourinaïre de Numa Roumestan, ou Numa lui-même, caractère magistral qui porte le sceau indélébile d’une province, Daudet nous fera toujours sourire et nous remuera toujours. […] La différence entre les idéalistes et Zola consiste en ce que celui-ci préfère aux châteaux poétiques, aux lacs, aux vallées et aux montagnes, les villes, leurs rues, leurs halles, leurs palais, leurs théâtres et leurs chambres de députés, et en ce qu’il insiste autant sur des détails caractéristiques et éloquents que sur des riens de peu d’importance. […] Une autre qualité de Selgas, c’est de s’être mis à étudier la vie moderne dans les grandes villes et d’avoir laissé de côté les Mores, les odalisques et les châtelaines. […] Il fit franchement adhésion à leur école, mais il la transporta des villes à la campagne, au cœur des montagnes de Santander.
« Pendant que Pierre d’Aragon tenait sa cour à Messine, un certain baron, Timbrée de Cardone, favori du prince, devint amoureux de Fénicia, fille de Léonato, gentilhomme de la ville : sa fortune, la faveur du roi, et ses qualités personnelles plaidèrent si bien sa cause, que Timbrée fut en peu de temps l’amant préféré de Fénicia, et obtint l’agrément de Léonato pour l’épouser. […] Roméo Montecchio, âgé de vingt à vingt et un ans, et l’un des plus beaux et des plus aimables jeunes gens de la ville ; s’y rendit masqué avec quelques-uns de ses amis. […] Ils se saluèrent « très poliment (cortesissimamente) », et, après s’être longtemps entretenus de leurs amours, ils convinrent qu’il fallait qu’ils se mariassent, quoi qu’il en pût arriver ; et que cela devait se faire par l’entremise du frère Lonardo, franciscain, « théologien, grand philosophe, distillateur admirable, savant dans l’art de la magie », et confesseur de presque toute la ville. Roméo l’alla trouver, et le frère, songeant au crédit qu’il acquerrait, non seulement auprès du capitaine perpétuel, mais dans toute la ville, s’il parvenait à réconcilier les deux familles, se prêta aux désirs des deux jeunes gens. […] En l’an du monde 3105, disent les chroniques, pendant que Joas régnait à Jérusalem, monta sur le trône de la Bretagne Leir, fils de Baldud, prince sage et puissant, qui maintint son pays et ses sujets dans une grande prospérité, et fonda la ville de Caeirler, maintenant Leicester.
C’est peut-être un préjugé, Monsieur, je n’ose pas le décider, mais il n’en est pas moins vrai que, même parmi nous, les plus pauvres, les plus ignorantes des familles du peuple, soit à la ville, soit à la campagne, un instinct, absurde peut-être, mais invincible, nous inspire partout et toujours une répugnance naturelle pour certaines familles entachées de crimes fameux dans quelques-uns de leurs membres, et capables, nous le supposons du moins, de retrouver cette capacité du crime de génération en génération ; nous nous en éloignons tant que nous pouvons, nous disons que cette race est mal famée, nous ne leur donnons pas nos filles, nous ne permettons pas à nos garçons de chercher des femmes parmi eux. […] Pour les villes et pour les palais des riches, je ne dis pas non : ils sont trop haut pour sentir ces misères, ils n’y croient pas.
La reine peut sortir jusqu’à l’église de la ville, mais toujours accompagnée de cent arquebusiers. […] Un noble proscrit de la famille des Hamilton, nommé Bothwell-Haugh, dont Murray avait laissé la femme expirer de misère au seuil de sa propre demeure donnée par le dictateur à un de ses partisans, jura de venger sa femme et sa patrie du même coup ; il ramassa une poignée de terre qui recouvrait le cercueil de sa femme, la porta sur lui dans sa ceinture comme une éternelle incitation à sa vengeance, se rendit déguisé dans une petite ville que Murray devait traverser en revenant à Édimbourg ; il y tua Murray d’un coup de feu tiré d’un balcon, et, remontant sur un cheval qui l’attendait sur les derrières de la maison, il échappa, par la rapidité de sa course, aux gardes du dictateur. « Moi seul, s’écria Murray en expirant, je pouvais sauver l’Église, le royaume et l’enfant ; l’anarchie va tout dévorer !
Les hautes et noires terrasses qui portaient jadis le temple de Salomon s’élevaient à ma gauche, couronnées par les trois coupoles bleues et par les colonnettes légères et aériennes de la mosquée d’Omar, qui plane aujourd’hui sur les ruines de la maison de Jéhovah ; la ville de Jérusalem que la peste ravageait alors était tout inondée des rayons d’un soleil éblouissant répercutés sur ses mille dômes, sur ses marbres blancs, sur ses tours de pierre dorée, sur ses murailles polies par les siècles et par les vents salins du lac Asphaltite ; aucun bruit ne montait de son enceinte muette et morne comme la couche d’un agonisant ; ses larges portes étaient ouvertes et l’on apercevait de temps en temps le turban blanc et le manteau rouge du soldat arabe, gardien inutile de ces portes abandonnées ; rien ne venait, rien ne sortait ; le vent du matin soulevait seul la poudre ondoyante des chemins et faisait un moment l’illusion d’une caravane ; mais quand la bouffée de vent avait passé, quand elle était venue mourir en sifflant sur les créneaux de la tour des Pisans ou sur les trois palmiers de la maison de Caïphe, la poussière retombait, le désert apparaissait de nouveau et le pas d’aucun chameau, d’aucun mulet, ne retentissait sur les pavés de la route. […] Quelquefois un long cortège de Turcs, d’Arabes, d’Arméniens, de Juifs accompagnaient le mort et défilaient en chantant entre les troncs d’oliviers, puis rentraient à pas lents et silencieusement dans la ville ; plus souvent les morts étaient seuls, et quand les deux esclaves avaient creusé de quelques palmes le sable ou la terre de la colline et couché le pestiféré dans son dernier lit, ils s’asseyaient sur le tertre même qu’ils venaient d’élever, se partageaient les vêtements du mort, et allumant leurs longues pipes, ils fumaient en silence et regardaient la fumée de leurs chibouks monter en légère colonne bleue et se perdre gracieusement dans l’air limpide, vif et transparent de ces journées d’automne.
La réalité, en chacun de ses points, est comme une ville bloquée. […] L’homme aussi est cette ville assiégée.
La plupart des élèves étrangers à la ville vivaient dans les maisons des particuliers ; leurs parents de la campagne leur apportaient, le jour du marché, leurs petites provisions. […] De la petite ville la plus obscure de la province la plus perdue, je fus jeté, sans préparation, dans le milieu parisien le plus vivant.
Jeudi 5 : pendant la matinée, les affiches sont apposées dans la ville, annonçant la seconde représentation pour le soir. […] Lamoureux réunit tout son personnel et propose d’aller représenter Lohengrin dans une ville étrangère, « distante de Paris de dix heures de chemin de fer. » Refus de quelques musiciens instrumentistes et d’un assez grand nombre de choristes.
On m’a écrit de cette Ville plusieurs Lettres anonymes, où, après m’avoir prodigué plus de louanges que je n’en mérite, on se plaint de ce que j’ai accusé cet Ecrivain d’être ennemi du Christianisme. […] On m’assure que ce Bibliothécaire de la ville de Geneve a toujours été rempli de religion & de probité.
Couchées sous des tentes de feuillée, aux carrefours des villes, au rond-point des routes, le front noué d’une corde, elles devaient tout le jour se vendre aux passants, et verser dans le trésor du temple la pièce d’argent qui payait leurs stupres sacrés. […] De sa « sentine impure », comme dit Tite-Live, sortaient et se dégorgeaient par la ville les faux témoignages, les testaments supposés, les délations calomnieuses, les assassinats, les empoisonnements.
René Bazin pourrait se rattacher aux romanciers sociaux, puisqu’il analysa avec une émotion ennoblie de pitié et colorée de réalisme, la condition si attachante des ouvrières de la mode dans De toute son âme ; la dure et humble destinée des nourrices « déracinées » dans Donatienne ; la grave question, toujours actuelle, de la ruine agraire par l’exode du paysan vers la ville dans la Terre qui meurt. […] Et, précisément à l’heure où les Déracinés de Barrès dénonçaient le mal de l’exode du sol familial vers la grande ville, le Pays natal disait l’action réconfortante opérée sur une âme par le retour au foyer après les redoutables aventures parisiennes.
Si ces derniers n’y vont pas à la ville, ils s’y trouvent du moins à la cour. […] Il leur garantit que cet établissement ne sçauroit nuire à la constitution ni au gouvernement de leur ville, ni à l’innocence de leurs mœurs.
Peut-on s’imaginer un tableau plus effrayant que celui d’une ville où les hommes se demanderaient s’ils existent ? […] « Je rendrai la ville que lorsque vous m’aurez rendu mon brasy » C’était le cri d’un commandant de Place… C’était un homme.
Placé dans une école de sa ville natale, un petit collège tenu par des ecclésiastiques, il y fit avec succès ses études jusqu’à l’âge de seize ans : les maîtres de ce collège étaient des prêtres du pays, de la vieille roche, graves, instruits, enseignant les belles-lettres avec solidité et bon sens, et antérieurs à toute invasion de ce qu’on peut appeler le romantisme clérical ou le néo-catholicisme.
Il est raconté dans la vie d’un de nos Bienheureux qu’un jour il parcourait une ville à cheval avec ses amis : Dieu, qui le voulait avoir, le jeta par terre dans la boue, et ce fut l’occasion de son salut et de sa sainteté.
Poussé par la force de l’induction, il revenait à regretter, à désirer de grands propriétaires, d’utiles patronages, des influences d’élite, en partie désintéressées ; il aspirait à nous rendre des mœurs, tant à la ville qu’aux champs.
On se contenta donc de nommer Frochot conseiller d’État honoraire, et comme il était sorti de ses hautes fonctions avec une très-médiocre fortune, les maires et adjoints de Paris, réunis sous la présidence de M. de Chabrol, proposèrent qu’il lui fût accordé une pension sur les fonds de la ville.
vous n’avez pas tout le monde pour vous ; bien des fractions de l’opinion vous échappent ; la jeunesse des Écoles, par exemple, est demeurée récalcitrante et rebelle ; à trois cents pas du Louvre, vous ne régnez pas ; les hautes Écoles ne sont pas du tout pour vous : et c’est dans ces générations de 20 à 25 ans que se forme en grande partie l’avenir d’un pays, on répondait (combien de fois ne l’ai-je pas entendu :) : « Ah : les Écoles ont toujours été ainsi : ces mêmes jeunes gens dans quelques années penseront autrement ; et puis, ce n’est qu’une infiniment petite partie de la nation : nous avons pour nous la masse, les ouvriers des villes et des campagnes. — Les Écoles, le quartier Latin, qu’est-ce que cela nous fait ?
Lyon, dans notre histoire littéraire, a eu des destinées particulières : l’Allemagne, l’Italie, la France y mêlent leurs génies ; l’activité pratique, l’industrie, le commerce, les intérêts et les richesses qu’ils créent n’y étouffent pas les ardeurs mystiques, les exaltations âpres ou tendres, les vibrations profondes ou sonores de la sensibilité tumultueuse : c’est la ville de Valdo et de Ballanche, de Laprade et de Jules Favre.
Mlle Alberte, qui sort du couvent, met, pendant le dîner, son pied sur celui de l’officier qui est en pension chez ses parents, de bons bourgeois de petite ville.
Il y a dans la possession de cette femme un aliment magnifique pour sa vanité ; il sera envié par ceux-là mêmes qui médisent d’elle, et qui se vengent de ses dédains en redoublant son isolement ; il sera montré au doigt par la ville comme un lutteur adroit, comme un rusé jouteur : chaque fois qu’il entrera dans un salon, il entendra autour de lui le chuchotement glorieux de ses rivaux.
Parcourez nos villes, nos promenades publiques, partout des barrières, des consignes, nécessaires il est vrai pour l’ordre, mais défendant toute fantaisie.
La plupart des gens savent qu’ils pensent et sentent, sans connaître avec exactitude les lois de la pensée, les coexistences et séquences mentales, tout comme les sens leur révèlent les étoiles, rivières, montagnes, villes, etc., mais sans leur donner une connaissance précise et exacte.
Le duc de Saint-Simon a lui-même remarqué madame Scarron dans la maison de cet ami, la meilleure et la plus grande maison de Paris , dit-il, et où abondait la compagnie de la cour et de la ville, la plus distinguée et la plus choisie .
Un directeur était un parasite, « jaloux d’obtenir le secret des familles, aimant à trouver les portes ouvertes dans les maisons des grands, à manger souvent à de bonnes tables, à se promener en carrosse dans une grande ville, et à faire de délicieuses retraites à la campagne, à voir plusieurs personnes de nom et de distinction s’intéresser à sa vie, à sa santé, et à ménager pour les autres et pour lui-même tous les intérêts humains…, couvrant tous les intérêts du soucieux et irrépréhensible prétexte du soin des âmes ».
Le colonel du 4e régiment fut des derniers à défendre un des faubourgs de la ville qu’on évacuait ; il en chassa une dernière fois l’ennemi, qui se pressait trop de l’occuper : « Le maréchal Ney me fit dire alors, ajoute le narrateur, de ne point trop m’avancer, recommandation bien rare de sa part. » Les éloges du maréchal, le soir même de cette action, furent rapportés aux officiers par le colonel et leur réjouirent le cœur.
Plus il fait circuler dans la ville la contagion de la débauche et du vice, plus il tient sa fille isolée et murée.
Il est père d’une dynastie de Dives, dont les vieux fabliaux ont conservé la filiation : Elfe, c’est-à-dire le Rapide, fils de Prométhée, puis Elfin, roi de l’Inde, puis Elfinan, fondateur de Cléopolis, ville des fées, puis Elfilin, bâtisseur de la muraille d’or, puis Elfinell, le vainqueur de la bataille des démons, puis Elfant, qui construisit Panthée tout en cristal, puis Elfar qui tua Bicéphale et Tricéphale, puis Elfinor le Mage, une espèce de Salmonée qui fit sur la mer un pont de cuivre sonnant comme la foudre, non imitabile fulmen œre et cornipedum pulsu simularat equorum, puis sept cents princes, puis Elficléos le Sage, puis Elféron le Beau, puis Obéron, puis Mab.
Il ferait de l’histoire littéraire, comme on faisait de l’histoire proprement dite au XVIe ou encore au XVIIe siècle, quand l’historien jugeait les rois et les grands personnages de l’histoire, les louait ou les blâmait, se révoltait contre eux comme eût fait une province ou les couvrait de fleurs comme à une entrée de ville ; enfin dirigeait l’histoire tout entière et l’inclinait à être une prédication morale.
Ne peut-on pas même espérer que leurs ouvrages, dispersés dans la foule des autres livres, obtiendront grâce pour le reste, comme autrefois un patriarche demandait grâce pour une ville coupable en faveur de quelques justes ?
Ainsi, multipliant leur fortune par la misère des autres, ils étendaient leur insatiable avidité aux bornes de la terre, demandant, au nom et sous l’autorité du prince, tout ce qui flattait leurs désirs, sans qu’il fût jamais permis de refuser ; les villes les plus anciennes étaient dépouillées ; des monuments qui avaient échappé au ravage des siècles, étaient conduits à travers les mers pour embellir les palais destinés à des fils d’artisans, et leur faire des habitations plus belles que celles des rois : ces oppresseurs en avaient d’autres sous eux qui les imitaient ; l’esclave avait son ambition comme le maître ; à son exemple, il outrageait, tourmentait, dépouillait, chargeait de fers, et pour s’enrichir, reversait sur d’autres le despotisme que son maître exerçait sur lui.
Ailleurs, se plaisant à décrire une devise de bouclier, il comptait avant tout sur la vaillance et la célébrait comme le meilleur rempart des villes, dans des paroles que Platon lui emprunte, lorsqu’il cherche les conditions de sa république idéale.
Soit qu’il ait la main malheureuse, soit qu’il s’exagère la valeur des propos qui se débitent par la ville, il ne voit dans la société de Paris que des maris trompés. […] Dans cette grande ville si souvent souhaitée, il veut puiser à pleines mains le plaisir. […] Quelques vers donneraient à penser que la famille tragique habite la ville d’Augsbourg. […] Je ne suis pas assez fou pour attribuer à mes paroles une puissance divine ; je ne crois pas qu’un théâtre nouveau va s’élever à ma voix, comme autrefois la ville merveilleuse aux sons de la lyre d’Amphion. […] Madame Dorval a joué Suzanne dans plusieurs grandes villes de France, elle n’a pas copié mademoiselle Mars, elle n’a pas même songé à l’imiter ; elle a compris le personnage à sa manière.
Il demande à la terre, aux villes, d’exalter sa puissance de vie, de lui faire sentir plus profondément et plus voluptueusement qu’il est lui. […] Gautier dit que dès sa jeunesse il rêva de voir trois villes, Venise, Grenade, Le Caire. […] Celle de Flaubert doit par surcroît instruire le lecteur, lui faire connaître Carthage, lui faire découvrir par les traits les plus expressifs le caractère de la ville étrange, tassée sur son petit espace. […] Marseille ne m’a jamais paru une ville vraiment gaie, et ceux qui connaissent bien les Marseillais m’affirment que leur fond c’est la tristesse. […] Paris est même, si je ne me trompe, une ville du Nord.
Par exemple, il avait visité la ville d’Adélaïde, en Australie : « Je vis, dit-il, à nos pieds, dans la plaine, traversée par un fleuve, une ville de 150 000 habitants dont pas un n’a jamais connu et ne connaîtra jamais, la moindre inquiétude au sujet du retour régulier de ses trois repas par jour » ; or Adélaïde est bâtie sur une hauteur ; aucune rivière ne la traverse ; sa population ne dépassait pas 75 000 âmes et elle souffrait d’une famine à l’époque où M. […] — 3° Est-il exprimé en termes si généraux qu’une observation superficielle ait suffi pour le saisir (l’existence en général d’un homme, d’une ville, d’un peuple, d’un usage) ? […] Puis on cherche une proposition générale : La langue d’un nom de ville est la langue du peuple qui a créé la ville. […] Ces lois ne sont à peu près exactes que lorsqu’elles portent sur un ensemble de faits nombreux, car on ne sait pas très bien dans quelle mesure chacun est nécessaire pour produire le résultat. — La proposition sur la langue du nom d’une ville est trop peu détaillée pour être toujours exacte. […] Il reste des doutes sur l’origine phénicienne de plusieurs villes grecques, il n’y en a pas sur la présence des Phéniciens en Grèce.
Toi qui commandes à tant de villes, depuis le Pont jusqu’à la Sardaigne, tu n’as que tout juste de quoi ne pas mourir de faim. […] Il y a mille villes qui nous payent aujourd’hui tribut. […] En pleine célébrité, il fut s’ensevelir dans la retraite à Amiens, sa ville natale. […] mon cher ami, cette ville n’est rien auprès de ma cervelle. […] Nous retrouvons la troupe, débandée et miséreuse, dans je ne sais quelle ville des Etats-Unis.
— On sait d’autre part qu’à Metz, la seule ville de France où les juifs eussent un état légal, leur misérable condition avait éclaté aux yeux de Bossuet, tout jeune encore, comme une preuve vivante de la Providence de Dieu. […] Mais une autre question s’élève là-dessus ; car, où pense-t-on qu’il y ait le plus d’incrédules, à la ville ou à la cour ? À la ville, répond Bayle, quoique d’ailleurs il y ait plus de corruption à la cour. […] Un simple gouverneur de ville se fera moquer de lui, s’il change ses règlements et ses ordres autant de fois qu’il plaît à quelqu’un de murmurer ; et Dieu… sera tenu de déroger à ses lois, parce qu’elles ne plairont pas aujourd’hui à l’un et demain à l’autre ? […] Ils remplissaient la ville, et la cour même en était pleine.
Voir autrement me paraît irréligieux, athée ; les arbres, les montagnes, les prés, la mer, le soleil, les villes, les vaisseaux, Dieu et l’homme ! […] * * * Deux Polichinelles se sont échappés des Funambules et remplissent Paris de brret de couics ; est-ce que les sergents de ville ne pourront pas les faire rentrer dans leur cage ? […] C’est d’une exagération ennuyeuse ; on est étonné, après avoir lu cette description, que le chevreuil ne fasse pas écrouler la maison, la ville, le monde. […] Ce n’est pas un Grandet ou un Harpagon, c’est un type plus commun dans la province, un homme qu’on croirait rabougri, rapetissé par l’humidité et la tristesse des petites villes ; c’est un avare mesquin, un grippe-liard qui fait sa fortune en ramassant des épingles. […] * * * Cinq autres journaux littéraires fondés le même jour, dans cette même ville, indiquent un certain mouvement dans les têtes girondines.
Il voit d’abord Phasga, que des figuiers entourent ; Puis, au-delà des monts que ses regards parcourent, S’étend tout Galaad, Éphraïm, Manassé, Dont le pays fertile à sa droite est placé ; Vers le midi, Juda, grand et stérile, étale Ses sables où s’endort la mer occidentale ; Plus loin, dans un vallon que le soir a pâli, Couronné d’oliviers, se montre Nephtali ; Dans des plaines de fleurs magnifiques et calmes Jéricho s’aperçoit, c’est la ville des palmes ; Et, prolongeant ses bois, des plaines de Phégor Le lentisque touffu s’étend jusqu’à Ségor. […] « Mais la rive gauche de la Loire se montre plus sérieuse dans ses aspects : ici c’est Chambord que l’on aperçoit de loin, et qui, avec ses dômes bleus et ses petites coupoles, ressemble à une grande ville de l’Orient ; là c’est Chanteloup, suspendant au milieu de l’air son élégante pagode. […] Des arbres noirs et touffus entourent de tous côtés cet ancien manoir, et de loin ressemblent à ces plumes qui environnaient le chapeau du roi Henri ; un joli village s’étend au pied du mont, sur le bord de la rivière, et l’on dirait que ses maisons blanches sortent du sable doré ; il est lié au château, qui le protège par un étroit sentier qui circule dans le rocher ; une chapelle est au milieu de la colline ; les seigneurs descendaient et les villageois montaient à son autel : terrain d’égalité, placé comme une ville neutre entre la misère et la grandeur, qui se sont trop souvent fait la guerre.
Elle peut représenter tout à la fois l’intérieur et l’extérieur d’un temple, d’un palais, d’un camp, d’une ville. […] Nous le voyons ordonner, dans chaque ville de la catholicité, quelqu’une de ces cérémonies singulières, de ces processions étranges où la religion marche accompagnée de toutes les superstitions, le sublime environné de tous les grotesques. […] Le Protecteur se fait d’abord prier ; l’auguste farce commence par des adresses de communautés, des adresses de villes, des adresses de comtés ; puis c’est un bill du parlement.
Enchaînés dans l’enceinte étroite des villes par des occupations ennuyeuses et de tristes devoirs, si nous ne pouvons retourner dans les forêts notre premier asyle nous sacrifions une portion de notre opulence à appeler les forêts autour de nos demeures ; mais là elles ont perdu sous la main symmétrique de l’art leur silence, leur innocence, leur liberté, leur majesté, leur repos. […] Entre un assez grand nombre d’hommes aimables et de femmes charmantes que ce séjour rassemblait, et qui tous s’étaient sauvés de la ville, à ce qu’ils disaient, pour jouir des agrémens, du bonheur de la campagne, aucun qui eût quitté son oreiller, qui voulût respirer la première fraîcheur de l’air, entendre le premier chant des oiseaux, sentir le charme de la nature ranimée par les vapeurs de la nuit, recevoir le premier parfum des fleurs, des plantes et des arbres ; ils semblaient ne s’être faits habitans des champs que pour se livrer plus sûrement et plus continûment aux ennuis de la ville.
Il parcourt l’Alsace et va jusqu’à Bruges, « la vieille ville flamande, la ville des grands ducs d’Occident ». […] Car tu ne seras point une de ces créatures à deux pieds qui fourmillent sur le pavé des villes, n’ayant cure que de grignoter le morceau de pain qu’ils mendient et qu’on leur jette ; pas plus tu ne feras partie de ces millionnaires ennuyés qui agonisent dans la faim de leur spleen.
. — Oui, dit un autre, une maîtresse devrait être comme une petite retraite à la campagne, près de la ville, non pour y demeurer constamment, mais pour y passer la nuit de temps en temps. Et vite dehors, afin de mieux goûter la ville au retour613 ! […] Un cordonnier dit dans Etheredge : « Il n’y a personne dans la ville qui vive plus en gentilhomme que moi avec sa femme. […] Tom Fashion frappe à la porte du château, qui à l’air d’un poulailler, et où on le reçoit comme dans une ville de guerre. […] IX Conduisons à la ville cette personne modeste, mettons-la avec ses pareilles dans la société des beaux.
L’auteur a beau s’en cacher : cette vie des champs, où il semble qu’il nous appelle par horreur des dépravations urbaines, le mal y prime encore le bien : les joies y sont rares, la lutte tout aussi âpre et tragique qu’à la ville. […] La tête émerge d’un hoqueton jaune de terre qu’il porte en ville et aux champs et qu’il surmonte d’un feutre graisseux et démesuré, les jours de pluie. […] Montescourt est la peinture d’une petite ville pendant la période électorale ; il est dommage que M. de Tinseau mêle des histoires d’enlèvement à ces jolis croquis sans prétention ; — M. […] Henri Beauclair, La Comtesse de Gendelettre (une étude de ville d’eaux, très fouillée et très mordante), par M. […] je ne la sus qu’hier, irréfragable, et rien ne m’intéressera d’appelé par quelqu’un ainsi. « Cent affiches s’assimilant l’or incompris des jours, trahison de la lettre, ont fui, comme à tous confins de la ville, mes yeux au ras de l’horizon, par un départ sur le rail traînés avant de se recueillir dans l’abstruse fierté que donne une approche de forêt en son temps d’apothéose.
D’ailleurs les grandes métamorphoses de l’Humanité ne se font pas si vite qu’il ne reste longtemps des masses d’hommes et des peuples entiers aux défenseurs des religions déchues : si la France leur échappe, il leur reste l’Espagne, la Belgique, l’Irlande : ainsi, quand les villes échappaient aux dieux du Paganisme, les habitants des bourgs devinrent les païens. […] Vraiment l’admiration est naïve ; est-ce dans des maisons closes, dans des villes, que le ciel se fait voir, qu’on entend les oiseaux, qu’on voit les montagnes ?
Il a fallu des siècles pour que l’homme aperçut la nature ; la description des villes date du réalisme moderne. […] On citera la prédilection des ouvriers pour les aventures qui se passent dans un fabuleux grand monde, l’attrait des histoires romanesques ou sentimentales pour certaines personnes d’occupations incontestablement prosaïques, le charme que les habitants des villes trouvent aux paysages, le goût que montrent des hommes simples et calmes d’habitude pour les musiques les plus passionnées.
Mais l’honneur d’avoir découvert le parti qu’on pouvait tirer de son père et de sa mère à la ville et au théâtre appartient à René Chateaubriand : cette trouvaille est d’autant plus méritoire que le régime nouveau détruisait l’antique majesté de la famille et inscrivait dans son code l’interdiction de la recherche de la paternité. […] L’anecdote suivante est typique : La richissime Mme Mackay, qui débuta comme servante dans un bar d’une des villes minières du Colorado, ayant commandé, pour une somme fabuleuse, son portrait à Meissonier, et ne le trouvant pas à son goût, — le consciencieux artiste avait fait ressemblant, — l’accrocha dans son cabinet d’aisance.
Lisons : Pendant les guerres entre deux peuplades dont l’une est exterminée, un pauvre brahmane reçoit par charité, dans sa maison, deux jeunes vaincus et leur mère, qui cherchent à se dérober aux vainqueurs ; la ville qu’habitait le pauvre brahmane était gouvernée par Bahas, chef cruel qui avait imposé un tribut de sang à la contrée soumise. […] Ici commence le récit dialogué du poète épique : « Un soir, Kounti, la mère fugitive que le brahmane avait recueillie, était restée seule à la maison avec un de ses fils, nommé Bhima, pendant que les autres enfants étaient allés mendier leur nourriture dans la ville.
Attendez-moi ici près de la porte de la ville, et faites la plus grande attention à votre prisonnier, jusqu’à ce qu’ayant pris à la cour les informations nécessaires, je revienne vous trouver. […] Le nombre immense des spectateurs comprenant, comme à Athènes ou à Rome, le peuple entier d’une ville, excluait les théâtres murés pour ces représentations.
Je comparerais volontiers le public à ces voyageurs qui descendent de diligence pour dîner dans une auberge de petite ville. […] Ils s’abattront en chantant sur ces terres incultes et inutilisées ; ils ouvriront des canaux, ils traceront des chemins de fer, exploiteront les forêts, défricheront les champs, élèveront des villes, bâtiront des ports, établiront des entrepôts et enrichiront tout ce que touchera leur main.
Il raccommode et réconcilie, après des pourparlers sans nombre, les membres du présidial et ceux de l’élection qui étaient en guerre ouverte et qui, par suite de couplets injurieux, étaient près d’en venir aux derniers éclats ; ayant rendu une sentence arbitrale qui est acceptée et signée des deux partis, il réunit le jour même à un dîner à l’évêché, et fait boire à la santé les uns des autres, ces guelfes et ces gibelins de la ville de Meaux.
Ce court intervalle ayant obligé ceux qui étaient venus de rester à Paris, la consommation extraordinaire que cette affluence attira dans la ville augmenta considérablement les revenus de Sa Majesté par rapport aux entrées, et lorsque la fête eut été donnée avec toute la magnificence possible et que le roi voulut savoir ce qu’elle lui coûtait, M.
C’est de lui que Napoléon, l’historien de guerre par excellence, a dit dans son récit du siège de Toulon, après avoir parlé des choix ineptes de généraux en chef qui avaient précédé : « Le vœu du soldat fut enfin exaucé : le brave Dugommier prit, le 20 novembre (1793), le commandement de l’armée ; il avait quarante ans de service ; c’était un des riches colons de la Martinique9, officier retiré ; au moment de la Révolution, il se mit à la tête des patriotes et défendit la ville de Saint-Pierre ; chassé de l’île, lorsque les Anglais y entrèrent, il perdit tous ses biens.
Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve siècle ; — oh !
Le général Clarke, en sa qualité de gouverneur général de Berlin et de la Marche de Brandebourg, fut chargé de faire les honneurs de la ville au Corps diplomatique, et M. de Senfft, qui se lia alors avec le futur duc de Feltre, lui rend toute justice en ces termes : « Le général Clarke, qui a marqué dans la diplomatie par sa mission à Florence et par sa négociation avec les lords Yarmouth et Lauderdale en 1806, a été certainement l’un des hommes les plus intègres du Gouvernement impérial de France.
Toute la ville était illuminée, et le peuple était au comble de l’enthousiasme.
Notre âme s’étend sur ce qu’elle voit ; elle change comme les horizons, elle en prend la forme… » C’est joli et gracieux sans doute, remarque le critique anglais ; mais quelle différence avec le pinceau de Maurice peignant la nature en traits profonds, trouvés et neufs, disant au retour d’une course où il a vu les rives de la Loire, Chambord, Blois, Amboise, Chenonceaux, les villes des deux bords, Orléans, Tours, Saumur, Nantes et l’Océan grondant au bout : « De là je suis rentré dans l’intérieur des terres jusqu’à Bourges et Nevers, pays des grands bois, où les bruits d’une vaste étendue et continus abondent aussi. » Et ailleurs il parle de ce beau torrent de rumeurs que roule la cime agitée des forêts.
Ce qui les forme, ce qui les achève, ce sont des sentiments forts et de nobles impressions qui se répandent dans tous les esprits et passent insensiblement de l’un à l’autre… Durant les bons temps de Rome, l’enfance même était exercée par les travaux ; on n’y entendait parler d’autre chose que de la grandeur du nom romain… Quand on a commencé à prendre ce train, les grands hommes se font les uns les autres ; et si Rome en a porté plus qu’aucune autre ville qui eût été avant elle, ce n’a point été par hasard ; mais c’est que l’État romain constitué de la manière que nous avons vue était, pour ainsi parler, du tempérament qui devait être le plus fécond en héros. » La guerre d’Annibal est très-bien touchée par Bossuet ; et quand il a bien saisi et rendu le génie de la nation, la conduite principale qu’elle tint les jours de crise, et le caractère de sa politique, il ne suit pas l’historique jusqu’au bout, comme l’a fait et l’a dû faire Montesquieu.
« Le roi lui dit qu’il le trouvait maigri ; il lui parla de sa santé, de la ville de Cologne, de l’élection du pape ; enfin il fit la conversation avec lui pendant trois quarts d’heure comme à l’ordinaire. » Roi et prince du sang, voilà des gens assurément d’humeur commode et sans bile : je ne les en félicite pas.
madame, c’est que Paris est une ville dans laquelle il est bien plus aisé d’avoir des femmes que des abbayes. » Le mot, répété à Louis XV par la favorite, aurait valu à l’abbé de Périgord son premier bénéfice.
L’émulation multiplie ses effets dans un grand nombre de petites sphères ; mais on ne juge pas, mais on ne critique pas avec sévérité, lorsque chaque ville veut avoir des hommes supérieurs dans son sein.
Toutes les circonstances, au reste, eu préparaient la riche et facile floraison : tandis que le baron du Nord, entre les murs épais de sa maussade forteresse, menacé et menaçant, ne rêvait que la guerre, les nobles du Midi, en paix et pacifiques sous deux ou trois grands comtes, riches, hantant les villes, épris de fêtes, la joie dans l’âme et dans les yeux, l’esprit déjà sensible au jeu des idées, et l’oreille éprise de la grâce des rythmes se faisaient une littérature en harmonie avec les conditions physiques et sociales de leur vie.
C’est à peine si, dans une ville comme Paris, on voit le Temps et les Débats s’offrir le luxe d’une critique régulière occupant un feuilleton comme au temps jadis.
Or je le réimprime : « Il y a ceux dont la clameur jeta l’idée sur le déploiement des villes grises et bleuâtres, par-dessus les dômes des académies, les colonnes de victoire, les jardins d’amour, les halles en fer du commerce, les astres électriques éclairant les essors des express ou les remous nerveux des foules, jusque les océans de sillons fructueux, jusque les gestes du semeur et l’effort solitaire du labour, jusqu’aux lentes pensées du rustre fumant contre l’âtre, jusqu’à l’espoir du marin penché aux bastingages pour suivre la palpitation lumineuse de la mer. » Voyez-vous là un mot inintelligible ?
un prince détrôné, renié par sa famille, exilé, traqué, toupie en dérision, qui erre en paria dans sa bonne ville de Paris et que la misère oblige à coucher sous les ponts.
En voici qui demeurent à la ville, en voilà qui résident à la campagne.
Dans cette demi-retraite, qui avait un jour sur le couvent et une porte encore entrouverte au monde, cette ancienne amie de M. de La Rochefoucauld, toujours active de pensée, et s’intéressant à tout, continua de réunir autour d’elle, jusqu’à l’année 1678, où elle mourut, les noms les plus distingués et les plus divers, d’anciens amis restés fidèles, qui venaient de bien loin, de la ville ou de la Cour, pour la visiter, des demi-solitaires, gens du monde comme elle, dont l’esprit n’avait fait que s’embellir et s’aiguiser dans la retraite, des solitaires de profession, qu’elle arrachait par moments, à force d’obsession gracieuse, à leur vœu de silence.
Il relevoit cet endroit, où le panégyriste du prince lui disoit que, s’il continuoit à prendre tant de villes, il n’y auroit plus moyen de le suivre, & qu’il faudroit l’aller attendre aux bords de l’Hellespont.
Chez les races inférieures, au contraire, la soudure des os du crâne n’en permet pas l’expansion, et le cerveau, enfermé comme une ville dans ses murailles, ne peut pas s’agrandir.
Saint Petrone vêtu en évêque, et portant sur la main la ville de Boulogne caracterisée par ses principaux bâtimens et par ses tours, n’est pas une figure connuë en France generalement comme elle l’est en Lombardie.
Qu’il ne consulte ni un particulier ni une ville, ni même une nation et un siècle, dont les mœurs et les idées changent, mais la nature de tous les pays et de tous les temps, qui ne change pas.
« Auguste, dit Suétone, monté sur une galère, traversant le golfe de Naples et longeant la ville de Pouzzoles, fut salué de tous les points du rivage par les passagers et les matelots d’un navire venu d’Alexandrie, qui, tous couronnés de fleurs, s’écriaient, au milieu de l’encens des sacrifices : Par toi, César, nous vivons ; par toi, César, nous naviguons ; par toi, César, nous sommes libres et riches.
— La nuit est triste dans ta prison… Là, dans la ville, elle se passe joyeuse : le son des instruments anime les convives, la coupe pleine en main, les ménestrels entonnent des chansons… Konrad s’éveille […] Aujourd’hui, je me sens disposé à donner un libre cours à ma voix : en ville on se figurera que les chants partent de l’église, c’est demain Noël… Eh ! […] N’y a-t-il pas de nouvelles de la ville ? […] Adolphe. — Jean est allé aujourd’hui à l’interrogatoire ; il est resté une heure en ville. […] Elle était retirée, silencieuse, donnant sur des jardins et ne recevant que d’une manière très affaiblie les bruits et les cris de la ville.
Ainsi la lettre de bourgeoisie offerte à l’auteur par la ville de Rome, et insérée tout au long dans son troisième livre : exemple des puérilités qu’un esprit supérieur peut mêler à des pensées d’un ordre tout opposé. […] Nostre mal nous tient en l’ame : or, elle ne se peult eschapper à elle mesme ; ainsin il la fault ramener et retirer en soy : c’est la vraye solitude, et qui se peult jouïr au milieu des villes et des courts des roys ; mais elle se jouït plus commodement à part. […] Venez à la pratique, prenez moy un de ces sçavanteaux, menez le moy au conseil de ville en une assemblee en laquelle l’on délibere des affaires d’estat, ou de la police, ou de la mesnagerie, vous ne vistes jamais homme plus estonné, il pallira, rougira, blesmira, toussira : mais en fin il ne sçait qu’il doit dire. […] « Il y a dans la ville, la grande et la petite robe ; et la première se venge sur l’autre des dédains de la cour, et des petites humiliations qu’elle y essuie : de savoir quelles sont leurs limites, où la grande finit et où la petite commence, ce n’est pas une chose facile. […] » « Un homme fort riche peut manger des entremets, faire peindre ses lambris et ses alcôves, jouir d’un palais à la campagne et d’un autre à la ville, avoir un grand équipage, mettre un duc dans sa famille, et faire de son fils un grand seigneur : cela est juste et de son ressort.
La salle du banquet est voisine de la chambre où nos deux amoureux doivent passer la nuit… Et, comme c’est fête, une ménagerie est installée sur la place de la ville, et l’on entend, par moments, le lion rugir… Henriette et Édouard arrivent au milieu de ce tapage : elle, maussade ; lui, tout trempé. […] C’est le sous-préfet, suivi de l’orphéon de la ville, qui vient annoncer à Édouard (qu’on prend toujours pour Colineau) que le ministre, prévenu par un télégramme, va le nommer, pour sa belle conduite, chevalier de la Légion d’honneur. […] Mais je suis sûr qu’un vrai philosophe, le docteur Charcot, par exemple (qui ne donne pas de séance en ville), me la pardonnerait. […] ceci : La guerre éclate entre Rome et Albe, c’est-à-dire entre deux villes jusqu’alors amies et liées par des mariages et des parentés. […] Un des caractères de ces chansons, c’est d’être spéciales à Paris, de ne pouvoir être bien comprises que des habitants de la bonne ville.
Puis, tout le peuple apprit que Julia, fille de Claudius, exhumée d’un tombeau de la voie Appienne, rayonnait au Capitole ; car, par les champs, sur les villes, le long des plages où meurt le murmure de la mer, une parole, de nuit et de jour, vaguement fut entendue : comme, après tant d’espace de durée, une victorieuse réponse à la voix qui avait gémi : Pan est mort ! […] une mer mouvante de toutes les ruines, de toutes les chutes, de toutes les décadences ; une mer où se heurtent comme des épaves les débris de villes et de temples, où les marées roulent, tels que des noyés, les désespoirs des buts pas atteints, les fois bafouées, les déceptions du rêve ; une mer universelle, faite, sous le pesant crépuscule d’un long temps sans soleil ni étoiles, de tous les cadavres de la vie. […] Il fut sincère en cet appétit de ne plus sentir, de ne plus être, d’aboutir à ce qui n’est pas, à ce qui n’a jamais été ; il a conçu les immobiles délices de la dispersion de soi dans tout ou dans rien ; avec impatience il en attendait l’heure parmi les obligations sociales des cérémonies auxquelles il faut bien qu’on assiste, et des dîners en ville, chez des gens considérables qui vous ont invité. […] En même temps, François Coppée a été doué d’une vision, extraordinairement pénétrante, de la nature toute voisine de l’homme moderne, des paysages où se continue la ville ; et, tout de suite, des images neuves, vives, pittoresques, auxquelles personne n’avait songé avant lui, et qui ne seront plus oubliées, expriment sa vision, ou plutôt la font vivre d’une réalité à la fois facile et rare. […] D’un air de n’attacher aucune importance aux choses tristes qu’il disait, il me conta qu’il avait assez longtemps vécu très malheureux, à Londres, pauvre professeur de français ; qu’il avait beaucoup souffert, dans l’énorme ville indifférente, de l’isolement et de la pénurie, et d’une maladie, comme de langueur, qui l’avait, pour un temps, rendu incapable d’application intellectuelle et de volonté littéraire.
Il institue dans son livre la dernière des cours d’amour et de galanterie fine ; mais c’est loin des villes, des palais, des salons et des ruelles et des cénacles littéraires qu’il veut l’installer. […] Weimar est une ville de 7 000 habitants. […] Il est enchanté de la vie mondaine qu’il mène à Weimar et d’être l’amuseur en titre de la cour et de la ville. […] Bergeret, quittant la ville qu’il a habitée pendant dix ans et se disant : « Voici que cette ville me devient tout à coup étrangère parce que je vais la quitter. […] Elle n’existe plus dès que ce n’est plus ma ville.
Brunetière, Victor Hugo, fils d’un soldat, Jeté comme la graine au gré de l’air qui vole, traîné de ville en ville dans les bagages de son père, a pu chanter indifféremment ses « Espagnes », ou plus tard la maison de la rue des Feuillantines ; il n’a pas eu de « patrie locale, et à peine un foyer domestique. » Hugo n’a vu la Nature « qu’avec les yeux du corps, en touriste ou en passant ; l’on peut, même douter s’il l’a comprise et aimée, autrement qu’en artiste. » Lamartine, au contraire, « l’a vue avec les yeux, de l’âme, l’a aimée jusqu’à s’y confondre, quelquefois même jusqu’à s’y perdre, et l’a aimée tout entière. » Lamartine est donc chez nous « le poète de la nature, le seul peut-être que nous ayons, en tout cas le plus grand, et il l’est pour n’avoir pas appris à décrire la nature, mais pour avoir commencé par la sentir. » — Ainsi Hugo, n’ayant pas été élevé dans une maison de campagne, n’a pas dû sentir la nature ! […] Où, deux torches aux mains, rugit la guerre infâme, Où toujours quelque part fume une ville en flamme, Où se heurtent, sanglants, les peuples furieux ; Et que tout cela fasse un astre dans les cieux !
est considérable en France22 ; à ce grand Guyau, qui esquissait en 1886 son Irréligion de l’avenir, opposons les modernistes qui capitulent chaque jour devant Pie X : Anatole France part de Sylvestre Bonnard, idéal de sérénité scientifique, pour aboutir à L’Île des Pingouins, qui bafoue l’effort d’un peuple entier ; Brunetière, d’abord disciple de Taine, finit par les Discours de combat ; Jules Lemaître lui est très inférieur, mais son évolution est également caractéristique ; Zola abandonne les Rougon-Macquart pour écrire Les Trois Villes et Les Évangiles ; Édouard Rod manque totalement de puissance, mais il est dans sa sensibilité extrême un témoin de grande valeur. […] Zola écrit les Trois villes et les Évangiles ; Bourget passe peu à peu de Mensonges à l’Étape ; Rod, qui fut naturaliste, écrit Les Unis ; Anatole France, l’Histoire contemporaine ; les frères Margueritte nous avaient raconté l’épopée de 1870, Victor nous donne aujourd’hui Prostituée ; il faudrait étudier ainsi l’évolution de personnalités fort diverses : Maurice Barrès, Marcel Prévost, Huysmans, Paul Adam, Descaves, Rosny, Estaunié, Frapié, et montrer toute la vision dramatique qu’il y a par exemple dans La Biche écrasée de Pierre Mille. […] De la Montagne Sainte-Geneviève, du Panthéon où repose Hugo, le prophète, allez aux galeries de l’Odéon où se feuillettent par milliers les livres nouveaux, puis, par le quartier des Écoles, descendez au quai Voltaire, flânez en bouquinant, et, passant la Seine, remontez par le Louvre, le Théâtre-Français, le Palais-Royal, le quartier du Temple jusqu’au Père-Lachaise ; redescendez par le Faubourg Saint-Antoine à la place de la Bastille, et enfin, du haut des tours de Notre-Dame, ou des jardins où furent les Tuileries, regardez le soleil se coucher derrière l’Arc de Triomphe ; et vous revivrez en raccourci toute l’histoire de Paris, ville du livre lumineux et du pavé sanglant, d’où l’idée prend son essor vers l’humanité.
Si je recule plus loin, je n’aperçois, dans le naufrage et l’engloutissement irrémédiable de mes innombrables sensations antérieures, que de rares images surnageantes, mon arrivée dans la maison de campagne où j’habite, les premières pousses vertes du printemps, une soirée d’hiver chez telle personne, tel aspect d’une ville étrangère où j’étais il y a un an. […] La plupart des légendes, surtout les légendes religieuses, se forment de la sorte. — Un paysan dont la sœur était morte hors du pays m’assura qu’il avait vu son âme, le soir même de cette mort ; examen fait, cette âme était une phosphorescence qui s’était produite dans un coin, sur une vieille commode où était une bouteille d’esprit-de-vin. — Le guide d’un de mes amis à Smyrne disait avoir vu une jeune fille apportée en plein jour à travers le ciel par la force d’un enchantement ; toute la ville avait été témoin du miracle ; après quinze heures de questions ménagées, il fut évident que le guide se souvenait seulement d’avoir vu ce jour-là un petit nuage dans le ciel. — En effet, ce qui constitue le souvenir, c’est le recul spontané d’une représentation qui va s’emboîter exactement entre tel et tel anneau dans la série des événements qui sont notre vie.
Le Lyonnais est une espèce d’Ionie française où la beauté des femmes fleurit en tout temps sous un ciel tempéré, entre les feux trop ardents du Midi et les formes trop frêles du Nord ; les yeux y ont en général la teinte azurée du Rhône, qui baigne la ville, la langueur de la Saône, la douceur du ciel. […] XXXI La maison de madame Bernard, mère de cette belle enfant, était ouverte au luxe, aux plaisirs, aux arts, aux hommes d’affaires, aux hommes de lettres, surtout à ceux qui tenaient par leur origine à la ville de Lyon.
Une ville tout entière peuplée de grands hommes ! […] Au moyen âge, quantité de villes en possédaient une ; Toulouse avait déjà « ses jeux floraux », dont Ronsard et Victor Hugo n’ont point dédaigné de cueillir les fleurs symboliques ; Clermont, Rouen avaient leurs « puys » et le grand Corneille, avant de tenter fortune à Paris, brigua les couronnes de sa cité natale.
» Damayanti suit néanmoins la caravane, couverte à peine de haillons, et insultée à l’entrée et la sortie des villes par les dérisions de la populace. […] XXXVI « C’était le soir », dit le poète ; « le char conduit par Nala ébranla la ville de Damayanti du bruit de ses roues ; les chevaux de Nala, qui ne l’avaient point oublié, entendirent ce bruit, qui retentit jusque dans leur écurie.
Jean Racine était né à la Ferté-Milon, petite ville de l’ancienne province de Valois. […] Il prit en aversion l’habit noir que son oncle lui faisait porter, les mœurs claustrales et la ville même d’Uzès.
Une ville d’Italie finit par dicter les croyances, les mœurs et les moindres pratiques qui devaient s’observer au fond de la Thuringe. […] Au milieu de ce grand mouvement, un homme né à Kœnisberg, et qui, comme Socrate, ne sortit guère des murs de sa ville natale, publia un ouvrage de philosophie qui, d’abord peu lu et presque inaperçu, puis, pénétrant peu à peu dans quelques esprits d’élite, produisit, au bout de huit ou dix ans, un grand effet en Allemagne, et finit par renouveler la philosophie, comme la Messiade avait renouvelé la poésie.
Nous ne faisons pas un pas dans la société, dans les rues, à la ville, à la campagne, sans y rencontrer des machines. […] Il y a de Diogène de Laërce, les Vies des Philosophes ; de Polyen, les Stratagèmes de guerre ; de Pausanias, les Antiquités des villes de la Grèce ; des deux Philostrate, la Vie d’Apollonius et les Vies des Sophistes ; de Dion Cassius, l’Histoire romaine jusqu’il Alexandre, fils de Mammée ; d’Hérodien, la même Histoire depuis la mort d’Antonius jusqu’à celle de Balbin et de Maximin ; de Zozime, la même Histoire depuis Auguste jusqu’au second siège de Rome par Alaric ; de Procope, les Guerres contre les Goths, les Alains et les Vandales ; les Faits et Gestes de Justinien, par Agathias ; d’Elien, de Jules Capitolin et de Vopiscus73, les vies de quelques-uns des Césars.
Parce qu’il a pris le pouvoir et qu’il l’a gardé toute sa vie, parce que sa litière orgueilleuse entrait dans les villes par la brèche, parce que notre esprit le revoit toujours montant ou descendant le Rhône sur les coussins de sa barque dorée, comme un Satrape appesanti ou rêveur, nous nous imaginons qu’il avait la joie disputée, conquise et superbe des possesseurs de ce qu’ils aiment, et cependant il ne l’eut jamais ! […] « Robespierre, dit-il, ailleurs, avait du prêtre dans sa nature… Né dans une ville de prêtres, élevé par les prêtres, qui même dès qu’il fut homme le prirent encore à eux et le firent juge d’église… dépassé par la Commune dans la question religieuse (la Commune, c’étaient Chaumette et la fête de la Raison), il devint l’homme d’Arras et de ses tristes précédents.
François Arago, né le 26 février 1786 dans la commune d’Estagel en Roussillon, d’une famille où le type méridional est expressivement marqué, suivit dans ses premières années le collège de la ville de Perpignan, où son père avait la place de trésorier de la monnaie.
Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année.
Félix Vicq d’Azyr, né en avril 1748 à Valognes en Normandie, d’un père médecin, commença ses études dans sa ville natale et vint les achever à Caen, où il fut condisciple en philosophie de Laplace, le grand géomètre.
Il y a une petite ville extrêmement pittoresque (San Geminiano) qui n’est pas éloignée de Volterra, et où la manière de recueillir le raisin est très originale.
Jamais ville plus déserte, plus noire, plus ennuyeuse, malgré les charmes qui l’habitent, Marie et son aimable famille.
Plus rien de libre ni de léger ; comme chez les fabuleux Phéaciens, ce qui l’instant d’auparavant était le navire ailé qui allait et venait sans cesse et volait aussi vite que la pensée, s’était tout d’un coup changé en un rocher fixe, en une écrasante montagne qui barrait la vue et couvrait la ville d’effroi.
Il y a dans le caractère génevois une tendance assez forte à reformer sans cesse des exclusions ou des restrictions, des orthodoxies et des sectes, à replacer des barrières : ne vous mettez pas en peine, il y aura toujours assez de ces apartés de société à Genève, fût-elle par sa constitution la plus démocratique des cités, fût-elle par son courant habituel la plus cosmopolite des villes.
Mais déjà sa pensée était autre part : il se sentait un peu exilé, même dans cette ville lettrée et bienveillante aux talents ; car rien ne supplée au mouvement et à la vie.
On raconte qu’un noble Génois, visitant Florence, disait à un artiste célèbre de cette ville qui lui servait de guide : “Nous sommes fils de deux belles cités, et, si je n’étais Génois, je voudrais être Florentin.”
D’autres se sont intitulés bourgeois de Paris, et je ne prétends pas disputer à ces gens d’esprit et de haute notoriété leur qualification, leur personnalité saillante et reconnaissable ; il y a place pour plus d’un dans la grande ville.
On a affaire, sans compter le jaloux, à un libertin et à un débauché de la ville, — de ces débauchés comme il n’est plus permis d’en montrer, — à une voisine comme on en voit encore, commère bien apprise et qui s’y entend.
Elle était de taille moyenne, mais bien prise et d’une grande blancheur ; elle avait de très beaux yeux, les dents parfaitement belles, l’air noble et doux, un maintien simple, élégant et modeste ; son esprit, cultivé par la lecture des meilleurs auteurs, y avait puisé un discernement juste, et acquis la facilité de bien juger des hommes et des ouvrages de goût. » Alfieri, qui n’avait fait d’abord que traverser Rome et qui s’était livré ensuite à des courses errantes et comme haletantes dans le midi de l’Italie, n’y tint pas ; il revint, et lui, si altier, si fier, mais encore plus amoureux, il fit tant et si bien auprès du bon cardinal et de tout le Sacré Collège et de tous les monsignori du lieu, qu’il obtint à son tour la grâce d’habiter la même ville que son amie.
Les diverses cours féodales grandes ou petites, l’importance prise par les villes, ont peu à peu centralisé ces divers patois, les ont fait passer à l’état de langue : mais cela n’empêche pas qu’il ne soit resté des traces de diversité presque à l’infini dans les montagnes, dans les campagnes ; les rudes vestiges sont encore vivants ; il y a des patois locaux qui sont restés à peu près ce qu’ils étaient à l’origine, qui ne sont jamais devenus des langues ; ces patois restés paysans n’ont pas éprouvé de malheurs, si vous le voulez, mais aussi ils n’ont pas eu de bonheur, ni de chance, comme on dit.
La ville lui cacha le monde. » Observons, en passant, qu’un autre inconvénient, tout opposé à celui où se heurta Lucain, serait que l’univers cachât trop l’individu.
Puis tout à coup lui apparaît l’ombre du vieux Corneille, et il se console de quitter la Ville éternelle, en pensant qu’il la retrouvera tout entière dans les œuvres de notre grand tragique.
Une foule d’académies, d’universités, existaient dans les grandes villes d’Italie.
Votre serviteur Gille, Cousin et gendre de Bertrand, Singe du pape en son vivant, Tout fraîchement en cette ville Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler : Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller, Faire des tours de toute sorte, Passer en des cerceaux, et le tout, pour six blancs.
d’Ancenis, ville bretonne, que son patriotisme angevin n’a jamais consenti à nommer une fois.
Même la fameuse harangue de D’Aubray vaut par le détail et les morceaux, plutôt que par l’ensemble : le misérable état de Paris, ce pathétique début, qui sonne comme une péroraison cicéronienne, introduit une longue et diffuse relation, aussi peu oratoire que possible, des intrigues de la maison de Lorraine, qui nous ramène à la désolation de la ville.
« On peut avoir de la dévotion pour son prince, pour son pays, pour sa ville, et même pour un homme particulier, lorsqu’on l’estime beaucoup plus que soi » ; mais « son principal objet est sans doute la souveraine divinité, à laquelle on ne saurait manquer d’être dévot lorsqu’on la connaît comme il faut294 ».
Il nous contera encore par-ci par-là de jolis contes comme le Curé de Cucugnan, la Mule du pape, l’Élixir du père Gaucher, ou la merveilleuse histoire de Woodstown, la ville américaine conquise sur la forêt vierge et submergée par elle.
Mais, dans mes grandes villes, il y a d’honnêtes gens, fort accommodés, qui prêtent sur de la vaisselle d’argent aux enfants de famille au denier quatre57, quand ils ne trouvent point à placer leur argent au denier trois.
L’un est mêlé à toutes les agitations d’une époque d’intrigues et de guerres civiles ; l’autre mène une vie silencieuse et inconnue, dans une ville de province d’abord, puis dans les communs de M. le Duc.
Cana 205 était une petite ville à deux heures ou deux heures et demie de Nazareth, au pied des montagnes qui bornent au nord la plaine d’Asochis 206.
Mlle Jeanne de Juliard, fille d’un conseiller au parlement de Toulouse, naquit en cette ville sous Louis XIII ; elle était belle, spirituelle, et fut très recherchée de plusieurs partis.
» L’abbé Barthélemy devait avoir, au fond du cœur, moins de facilité à bien augurer de l’avenir : c’est lui qui avait écrit dans une lettre de Callimédon à Anacharsis, en parlant des préjugés et des superstitions populaires : « Mon cher Anacharsis, quand on dit qu’un siècle est éclairé, cela signifie qu’on trouve plus de lumières dans certaines villes que dans d’autres, et que, dans les premières, la principale classe des citoyens est plus instruite qu’elle ne l’était autrefois. » Quant à la multitude, sans excepter, disait-il, celle d’Athènes, il la croyait peu corrigible et peu perfectible, et il ajoutait avec découragement : « N’en doutez pas, les hommes ont deux passions favorites que la philosophie ne détruira jamais : celle de l’erreur et celle de l’esclavage. » Tout en pensant ainsi, il n’avait nulle misanthropie d’ailleurs, et n’était point porté à se noircir la nature humaine : « En général, disait-il, les hommes ont moins de méchanceté que de faiblesse et d’inconstance. » Les événements de la Révolution vinrent coup sur coup contrister son cœur, et détruire l’édifice si bien assis de sa fortune.
La barbarie gothique ou scandinave venait incessamment le rallumer au feu des villes incendiées.
Construisez vos villes près du Vésuve ! […] Ils étaient des hommes, et voilà tout ; ils étaient pleinement hommes ; ils avaient la volonté de puissance, c’est-à-dire l’égoïsme sain, jeune et vivace, et ils s’agrandissaient, selon la loi de leur nature, par la conquête, par la fondation de villes, par la colonie, par la création littéraire et par la création artistique. […] Les dieux étaient de la ville, citoyens supérieurs de la ville et protecteurs éclairés, sévères et un peu jaloux de la ville. […] C’était un mouvement piétiste venant des gens d’en bas, pêcheurs, péagers, femmes, malades, puis tourbe plébéienne d’Antioche, de Corinthe, de Rome, des villes africaines, de toutes les capitales, de toutes les grandes villes. […] À son aristocratie, à la constitution aristocratique de la ville d’Athènes.
non : ces Normands, aventuriers magnifiques, n’ont rien fait de bon, n’étant pas civilisateurs ni créateurs d’empires, Leur Guiscard les conduit à Rome : ils démolissent la ville éternelle. […] La poésie de la campagne, c’est à la ville qu’on l’invente. […] Vous savez qu’en moi s’agite ce vocatif que mes maîtres de grec m’ont transmis et qui vit en moi comme un asthme, et que le moment n’est pas loin où je vais adresser la parole à un arbre même, à un passant, à une ville… » Or, il assure qu’il se contient. Mais la gaieté verbale est en définitive la plus forte : « Ma ville retrouvée va s’évanouir. […] Carco lance dans les faubourgs des grandes villes ses boucs à l’odeur forte.
Vous rappelez-vous ce tableau des Lances, où Velasquez nous montre deux généraux marchant au-devant l’un de l’autre, celui-ci, vainqueur, pour recevoir, celui-là, vaincu, pour remettre les clefs d’une ville prise et tous les deux déférents ? […] Gensoul, Bonnet, Ollier, Poncet, ce sont les quatre gloires de cette École de Lyon, créée tout entière par une institution propre à cette ville et aujourd’hui abolie, celle des chirurgiens-majors. […] Écoutez l’accent de Michelet racontant sa sortie à la fin de son cours : « L’été s’avance, la ville est moins peuplée, la rue moins bruyante, le pavé plus sonore autour de mon Panthéon. […] Il raconte qu’au siège d’une petite ville appelée Capistrano, près d’Ascoli, il avait, lui alors tout jeune, et ses gens, pratiqué deux trous dans la muraille. […] J’entends Mgr Ginisty, l’évêque de la ville martyre, protester : « Non !
Ernest Renan était originaire de Tréguier (Côtes-du-Nord), une de ces anciennes villes épiscopales de Bretagne qui ont conservé jusqu’à nos jours leur caractère ecclésiastique, qui semblent de vastes couvents grandis à l’ombre de leurs cathédrales et qui, dans leur pauvreté un peu triste, n’ont rien de la banalité et de l’aisance bourgeoises des villes de province du nord et du centre de la France. […] La mère était de Lannion, petite ville industrielle, qui n’a rien de l’aspect monacal de Tréguier. […] Il y revient à plusieurs reprises dans ses écrits ; il exhorte surtout les habitants des villes à conduire leurs enfants soit sur les montagnes, soit au bord de la mer. […] Vous voyez que cette ville exerce sur moi une attraction toute particulière ; j’y aurai passé près de cinq mois, et tous les jours je l’envisage par des faces nouvelles et je lui trouve de nouveaux charmes. Rome est la ville du monde où l’on est le plus à l’aise pour philosopher.
Dans les petites villes règne la tyrannie de l’opinion. […] Les romanciers naturalistes nous donnent à juger de l’organisme tout entier par ses parties malades : leur déposition est celle d’un voyageur décrivant une ville dont il n’aurait visité que les hôpitaux et les maisons de fous. […] L’ironie est assez bien une élégance de l’esprit des villes. […] Il a décrit non sans poésie la Normandie des plages et des landes, évoqué non sans relief les rues tortueuses et les vieilles maisons des petites villes ; Valognes a trouvé en lui son Balzac. […] Verlaine a composé quelques-unes de ces mélopées incertaines : « Les sanglots longs, Des violons, De l’automne… Il pleure dans mon cœur, comme il pleut sur la ville… Ah !
L’âpreté de son ambition, l’autorité despotique de son attitude et de son geste, la sécheresse de sa parole, la domination d’épouvante qu’il exerce également sur son évêque et sur ses pénitentes, ont bientôt mis toute la ville à ses pieds. […] Zola ; nous aimons mieux dire qu’il y a parmi ces grotesques de petite ville des caractères pris sur le vif, et rendus avec une remarquable exactitude : le sous-préfet Péqueur des Saulaies, le président Rastoil, le juge Paloque et sa femme. […] Il y a tels coins de la grande ville, certains côtés des mœurs parisiennes, il y a telles physionomies que personne, peut-être, n’a su rendre comme M. […] Et d’abord, ce n’est pas la ville qu’elle s’attache à décrire pour y loger les habitants ; ce sont les habitants qu’elle nous fait connaître, et qui plus tard, agissant sous nos yeux, selon leurs mœurs et dans la direction de leurs instincts, nous promèneront assez de par la ville. « La religion des Dodson consistait à respecter tout ce qui était selon la coutume, et respectable : il fallait être baptisé, autrement, on ne pouvait être enterré dans le cimetière, ni prendre les sacrements avant la mort ; … mais il était tout aussi nécessaire d’avoir à ses funérailles les porteurs de manteaux les plus convenables et des jambons bien préparés, comme aussi de laisser un testament inattaquable. […] Quelques grandes villes — qui ne sont pas la province — jouent le même rôle dans le rayon de leur influence.
Dînez-vous quelquefois en ville ? […] Paul Souriez, mais notez d’ailleurs que votre régionalisme ne résoudrait rien, puisqu’il y a des dissidences non seulement d’une province à l’autre, mais entre villes d’une même province, et entre habitants d’un même village.
On le mit en nourrice chez une paysanne aux environs de la ville. […] « Mon père vécut dix-neuf ans à Tours, où il acheta une maison et des propriétés près de la ville.
Wagner, après avoir démontré la nécessité d’une réforme de l’art, a bâti cette baraque en bois, laquelle, tant par les détails de sa construction que par sa position loin de toute grande ville, est jusqu’ici l’unique endroit où son art pourrait vivre ; et il nous a légué des œuvres qui réalisent plusieurs des formes possibles du nouveau drame ; il ne pouvait faire plus pour nous. […] Elle se fait en petit, par les quelques excellents Wagnériens de Paris et de certaines villes de province ou de pays limitrophes de langue française.
Je donnai entrée dès lors dans le domaine poétique « à la poésie des milieux modernes, des, villes, des champs », aux activités ouvrières, les usines, les trains par les horizons, les travaux aux âmes mécaniques, l’œuvre des champs et les Banques et l’Or ! […] Aussi de moi il sera persuadé de cette nécessité, dite en 1884 et mise en œuvre, de chanter les énergies nouvelles des campagnes inquiètes, troublées intimement, et du monstrueux et intelligent, mécanisme des usines, par les villes, au tragique et occulte trafic des Bourses du monde, — et, hors de l’égotisme, produire l’âme et l’œuvre complexes de l’homme-social22.
Dans la Mésopotamie, ils bâtirent des Babylone, des Babel, des villes, des édifices refuges contre les eaux ; en Éthiopie et dans la haute Égypte, des catacombes immenses et élevées dans le flanc des rochers, propres à contenir des populations entières. […] « Quand je m’avançais vers la porte de la ville, on me dressait un trône au milieu des chefs du peuple.
Au-delà des murs de votre chambre, que vous percevez en ce moment, il y a les chambres voisines, puis le reste de la maison, enfin la rue et la ville où vous demeurez. Peu importe la théorie de la matière à laquelle vous vous ralliez : réaliste ou idéaliste, vous pensez évidemment, quand vous parlez de la ville, de la rue, des autres chambres de la maison, à autant de perceptions absentes de votre conscience et pourtant données en dehors d’elle.
Malgré tout, malgré le soin qu’elle mettait à se concilier le peuple de Paris, elle avait peine à réussir ; et lorsqu’on apprit subitement, au milieu des fêtes de la mi-carême (12 mars 1597), qu’Amiens venait d’être surpris par les Espagnols, l’indignation fut grande dans la ville.
Le succès fut grand et remua la ville.
Il prit un grand parti : il rompit à peu près avec la Cour et avec la ville ; l’enseigne des gendarmes du roi quitta le service et renonça à sa charge tout en se réservant de faire les campagnes comme volontaire.
Les élèves, portant des fleurs sur leurs chapeaux, rentraient en ville, et, précédés des instruments rustiques, accompagnaient leur professeur jusqu’à son jardin.
Il ne s’agit pas de faire de son élève un clerc, et aussi, quand il sera dans le monde, il n’y fera point de pas de clerc : Venez à la pratique, prenez-moi un de ces savanteaux, menez-le-moi au conseil de ville, en une assemblée en laquelle l’on délibère des affaires d’État, ou de la police, ou de la ménagerie : vous ne vîtes jamais homme plus étonné : il pâlira, rougira, blêmira, toussera ; mais enfin il ne sait ce qu’il doit dire.
Car tel homme est disgracié de visage, mais un dieu répare sa figure en le couronnant d’éloquence, et le monde trouve un charme à le regarder ; et lui, sûr de lui-même, il parle avec une pudeur toute de miel, et il brille parmi la foule assemblée, et jorsqu’il passe à travers la ville, chacun le contemple comme un dieu.
Mais lorsque, dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli La Rochelle et abattu l’hérésie, et que, par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu’ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Casal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l’Alsace mise sous notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein, et qu’ils verront que, tant qu’il a présidé à nos affaires, la France n’a pas un voisin sur lequel elle n’ait gagné des places ou des batailles : s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines, quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui ?
En définitive, les édits furent conservés dans toute la partie essentielle qui tient à ce que nous appelons tolérance ; mais les bastions et les fortifications des villes rebelles, de celles des Cévennes en particulier, qui avaient été prises de cette espèce de manie et de maladie dans la présente guerre, et qui s’étaient toutes fortifiées à la huguenote, comme on disait, durent être rasés aux dépens et de la main même des habitants qui les avaient construits ; il n’y eut plus, à partir de ce jour-là, un cordon de petites républiques possibles à travers la France : il n’y eut qu’une France et des sujets sous un roi.
Voltaire alors en Suisse, aux Délices, et très lié avec les Tronchin de Genève, eut l’idée d’employer un des membres de cette famille, Tronchin, banquier à Lyon, et de le prendre pour son intermédiaire auprès de l’archevêque de cette ville, le cardinal de Tencin, autrefois du conseil du roi, mis de côté pour le moment, mais qui avait toujours des intelligences à Versailles et des lueurs d’espérances d’y revenir.
L’auteur de Madame Bovary a donc vécu en province, dans la campagne, dans le bourg et la petite ville ; il n’y a point passé en un jour de printemps comme le voyageur dont parle La Bruyère et qui, du haut d’une côte, se peint son rêvé en manière de tableau au penchant de la colline, il y a vécu tout de bon.
Le Roi est l’homme que les érudits auraient choisi pour bibliothécaire de la ville de Versailles s’ils avaient été consultés ; toutes ses publications sont consacrées à repeupler de ses souvenirs cette belle résidence un peu déserte.
Jean-Jacques Rousseau, qu’on cite toujours comme exemple de faiseur d’utopies politiques, ne s’est pas trompé lorsqu’il a tant de fois décrit, appelé de ses vœux et deviné à l’avance cette classe moyenne de plus en plus élargie, vivant dans le travail et dans l’aisance, dans des rapports de famille heureux et simples, dans des idées saines, non superstitieuses, non subversives, ce monde qui fait penser à celui de Julie de Wolmar et de ses aimables amies, et dont les riantes demeures partout répandues, dont les maisons « aux contrevents verts » peuplent les alentours de notre grande ville et nos provinces.
On peut tout dire, on ne peut exagérer les sentiments de fureur et de frénésie qui transportèrent les hautes classes de la société blanche à l’occasion des procès de La Bédoyère, de Ney, de celui de M. de Lavalette avant et après son évasion ; on n’a pas exagéré non plus les horreurs qui sillonnèrent le Midi et qui y firent comme un long cordon d’assassinats depuis Avignon, Nîmes, Uzès, Montpellier, Toulouse, toutes villes en proie à l’émeute et où l’on suit à la trace le sang de Brune, des généraux La Garde, Ramel, et de tant d’autres, jusqu’à Bordeaux où l’on immolait les frères Faucher.
On ne sait plus que croire… « Dans cette retraite, éloignée des villes et des grandes routes et alors tout à fait infréquentée, je passais donc ainsi les jours, étudiant, me préparant à de sérieux travaux, commençant de grands ouvrages.
S’ils vous dépeignent un pays, vous y voyez des villes, des fleuves et des montagnes ; mais leurs descriptions sont arides comme des cartes de géographie : l’Indoustan ressemble à l’Europe ; la physionomie n’y est pas. ».
Dans Cinna, acte I, scène iii, Cinna, racontant à Émilie comment il s’y est pris pour échauffer les conjurés et les animer contre le tyran, lui redit une partie de son discours et des sanglants griefs qu’il a étalés devant eux : d’abord le tableau des guerres civiles et de ces batailles impies, les horreurs du triumvirat et les listes de proscription, les plus grands personnages de Rome immolés ; puis il a ajouté : « ……… Toutes ces cruautés, La perte de nos biens et de nos libertés, Le ravage des champs, le pillage des villes, Et les proscriptions, et les guerres civiles Sont les degrés sanglants dont Auguste a fait choix Pour monter dans le trône et nous donner des lois. » Je vous le demande, suffira-t-il de rétablir « dans le trône », au lieu de « sur le trône », sans dire le pourquoi ?
De cent lieues en cent lieues le terrain change : ici, des montagnes brisées et toute la poésie de la nature sauvage ; plus loin, de longues colonnades d’arbres puissants qui enfoncent leur pied dans l’eau violente ; là-bas, de grandes plaines régulières et de nobles horizons disposés comme pour le plaisir des yeux ; ici la fourmilière bruyante des villes pressées, avec la beauté du travail fructueux et des arts utiles.
Il était le lion de la ville et de la Cour ; il n’échappa point à la faveur des petits appartements et de tous les petits soupers ; le mariage prochain de sa nièce ajoutait à l’idée de son crédit.
C’est un spectacle neuf pour le voyageur qui, partant d’une ville principale où l’état social est perfectionné, traverse successivement tous les degrés de civilisation et d’industrie qui vont toujours en s’affaiblissant, jusqu’à ce qu’il arrive en très peu de jours à la cabane informe et grossière, construite de troncs d’arbres nouvellement abattus.
C’est à l’hôpital de cette ville que j’ai vu pour la première fois des sujets atteints de fièvre typhoïde.
Mais les conquêtes donnaient un pouvoir immense aux chefs de l’état ; et les principaux Romains, élite de la ville reine de l’univers, se considéraient comme possesseurs du patriciat du monde.
Biographie : Ernest Renan (1823-1892), né à Tréguier, étudie au collège de sa ville natale, puis aux séminaires de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, d’Issy et de Saint-Sulpice.
Une légende antique rapporte que Laïs fut tuée, à coups d’aiguilles, aux pieds de la statue de Minerve, par les honnêtes femmes de la ville d’Athènes.
Reçue à six ans chanoinesse au chapitre noble d’Alix près de Lyon, on l’appelait Mme la comtesse de Lancy, du nom de la ville de Bourbon-Lancy dont son père était seigneur.
Et lorsqu’il a dépeint la première entrée des troupes alliées dans Paris le 31 mars 1814, M. de Lamartine, montrant la curiosité succédant à la douleur à mesure qu’on avançait dans les quartiers brillants et le long des boulevards, avait dit : « Tout est spectacle pour une telle ville, même sa propre humiliation. » Quand on a écrit et pensé de telles paroles, on devrait être guéri, ce semble, du rôle de tribun, d’orateur populaire et ambitieux.
Il analysait successivement l’esprit des villes en général, celui des bourgeois de toutes les classes, l’esprit des campagnes où le paysan, devenu propriétaire et acquéreur des biens d’émigrés, s’accommodait très bien du régime nouveau et ne craignait rien tant que le retour à l’ancien.
Portalis, rendant hommage dès le début à cette unité de l’empire et à cette patrie française commune, à laquelle il n’avait pas cru d’abord et qui venait de sortir, comme par miracle, du broiement de toutes les parties et de la confusion même, dénonçait à la Convention délivrée et humanisée l’incroyable proscription en masse de plus de dix-huit cents électeurs de la ville d’Arles, la prise d’assaut et de possession de cette innocente cité par les féroces Marseillais, la démolition des antiques murailles bâties sous Clovis, le pillage des rives du Rhône comme au temps des pirates sarrasins, l’impôt forcé de quatorze cent mille livres levé par les brigands et la lie de la populace sur tous les citoyens aisés, enfin des horreurs telles qu’au lendemain toute la politique se réduisait à dire avec lui : « On ne doit plus distinguer que deux classes d’hommes dans la République, les bons et les mauvais citoyens. » Cette histoire de l’oppression et de la dévastation de la commune d’Arles est un des épisodes les plus singuliers et les plus significatifs de la Terreur.
Ces quarante devises et leur explication étaient, dans les villes où l’on passait, une occasion toujours nouvelle de conversation galante.
Regnard, pour attacher sa vie et jeter plus sûrement cette ancre dont il a parlé et qui devait le retenir doucement au rivage, avait acheté la charge de lieutenant des eaux et forêts et des chasses de Dourdan, à onze lieues de Paris, et en même temps il acheta, dans le voisinage de cette petite ville, la terre de Grillon, dont le château est situé dans un vallon agréable entre deux forêts.
Cet enclos entourait un large terrain vague, réservé pour l’entrepôt projeté, et appartenant à la ville de Paris.
., tel que serait celui-ci s’il était plus poussé, plus entraîné par la fougue de la passion, placé du reste, dans des conditions un peu différentes, dans une petite ville ou dans un village, etc. » La lecture des romans suppose ainsi comme condition nécessaire du second moment, je veux dire de la réflexion qui juge, une assez grande connaissance des hommes, et je n’entends par là qu’une assez grande habitude d’observer les hommes autour de soi.
Il dit : « la cité » pour la ville, et il demande que l’autel des relevailles pour la femme accouchée soit à la commune.
» Les pratiques du monde moderne la science, le machinisme, l’industrie, le mouvement des villes monstrueuses lui apparaissent comme autant de maléfices.
Flaubert, il faut le « déboulonner. » Mais c’est dans le grand public, loin de Paris et des villes importantes, que la gloire révèle toute sa misère. […] Max Jacob a écrit deux curieux volumes, rien qu’avec les dialogues, manies et mœurs locales d’une petite ville. […] Non, quoi qu’on dise, il n’est pas encore prouvé qu’on soit un être abominable parce qu’on habite la campagne, au lieu d’habiter la ville. […] Visionnaire du passé, sorte de Zola épique, Cahun a évoqué avec une extraordinaire intensité la ruée des Barbares, les invasions mongoles, batailles furieuses, migrations des peuples, incendies des villes et des châteaux… Ses livres sont cependant restés ignorés du public. […] La réponse générale fut que l’auteur aurait voulu démontrer que la vie champêtre était préférable à l’existence des grandes villes.
« Le sens commun, qui était toute ma règle, m’avait donné assez d’aversion pour cet horrible dérèglement qui mettait Paris, Rome et Constantinople sur le même théâtre, pour réduire le mien dans une seule ville… » Il faudra prendre désormais ce passage à la lettre, comme aussi bien quelques passages analogues de d’Aubignac et de La Mesnardière. […] C’est en vain qu’on les persécute — ou c’est peut-être parce qu’on les persécute, — mais les jansénistes remplissent la cour, la magistrature et la ville, Paris et les provinces. […] Et, à la ville enfin comme à la cour, c’étaient les jansénistes, les Desmares et les Singlin, les gens de Port-Royal, ceux du « parti », comme on disait alors, c’était l’honnête et doux Nicole, c’était Arnauld, c’était ce chrétien austère et passionné qui usait ce qui lui restait de forces à griffonner les fragments du livre des Pensées, c’était Pascal ; — et je ne nomme ici que les plus importants. […] Molière n’avait pas dit autre chose, par la bouche de Philinte, « l’honnête homme » du Misanthrope : Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, J’accoutume mon âme à souffrir ce qu’ils font, Et je crois qu’à la cour de même qu’à la ville, Mon flegme est philosophe autant que votre bile. […] Si ce beau système « a été trouvé dans les bois », c’est dans les villes qu’il se pratique, et si l’on le voulait, ce serait à Paris tout aussi bien qu’à Londres.
L’auteur se risquait à y prédire la fondation d’une ville, d’une Alexandrie colossale qui serait un jour la reine des cités de l’univers ; et si elle se fonde jamais, il ne sera que juste en effet qu’une des plus grandes rues y porte le nom d’Ampère. […] Le séjour de Rome fut fécond pour Ampère ; il y avait fait, depuis 1824, bien des voyages, mais dans les dernières années la ville éternelle lui était devenue une patrie. […] « Un de mes amis, qui l’a beaucoup connu à Rome, me contait dernièrement des choses très-intéressantes sur lui pendant son séjour dans la ville éternelle.
Nous repoussons ce qu’il entre d’abstrait, par conséquent d’invraisemblable dans la fortune d’un auteur qui fait jouer une pièce dont l’effet immédiat est de « provoquer un élan d’amour dans sa ville » — nous savons trop par expérience que les choses ne se passent pas ainsi — et pour qui « tous les soirs les planches poudreuses de la scène furent comme un profond divan où il posséda le cœur blessé, le cœur traîné des nerveuses spectatrices ». […] qu’un matin de Pâques, quand sur les villes chrétiennes les cloches chanteront, vaines poupées de métal, la forêt enfin se ranime ! […] Que le bouc et la biche resplendissent au soleil, et que, plus haut que les cloches d’argent sur la ville, tout le feuillage chante : Pan est ressuscité ! […] Elle songe qu’elle fut une petite fille, puis une fillette aux tresses pendantes, jeune bourgeoise qu’à travers la ville sa bonne accompagnait pour garder son innocence, et que ni des fillettes devenues grandes, ni des jeunes bourgeoises émancipées par le mariage, on n’attend pareille clairvoyance dans l’observation des réalités.
À sept ou huit ans, j’avais déjà entendu une bataille, j’avais été dans une ville assiégée (Bruxelles), et de ma fenêtre j’avais vu trois sièges.
Ne les contredisez pas… Les légions romaines aimaient toutes les religions… Le pillage déshonore les armées et ne profite qu’à un petit nombre… La ville qui est devant tous et où vous serez demain a été bâtie par Alexandre !
L’opinion publique, celle du monde à la Cour et à la ville, dans la classe parlementaire, dans l’Université et dans la haute bourgeoisie, était très partagée, mais en général favorable à ceux qui avaient été frappés, et qui reparaissaient au jour.
Puis ne perdons rien du jeu de scène : pendant que l’un pique, joue et enfonce, l’autre, qui se croit loué, se rengorge et jouit ; et l’auditoire, — cet auditoire qui se compose de la fleur de la ville et de la Cour, de témoins de la qualité des Hamilton, des Coulanges et des Caylus, saisit chaque nuance, achève chaque intention, et la redouble en applaudissant63.
Il avait une maison à la ville et une à la campagne que ma grand-mère lui prêtait, c’est la Poyade sur les bords de la Charente, qu’on dit être un séjour charmant ; la charge lui valait un revenu honnête.
En écrivant ainsi à Moncrif, Voltaire comptait bien que son récit courrait la ville et la Cour.
Par un décret du Sénat de juillet 1778, il fut arrêté « que toute la procédure qu’on avait faite contre lui serait biffée des registres, qu’on lui rendrait son amende » ; et on lui décerna de plus une médaille d’or au nom de la ville, représentant une Justice qui tient une couronne, avec cette légende : De Republica bene merito. — C’est par cette petite historiette républicaine que s’ouvrent les mémoires de cour du baron de Besenval.
Tabareau de Lyon, voilà qu’il plaisante lui-même sur l’idée qu’on pourrait bien pendre Jean-Jacques Rousseau : Je fais mon compliment, monsieur, à la ville de Lyon sur les droits qui lui sont rendus ; mais je ne lui fais point mon compliment si elle pense qu’il y ait jamais eu un projet de déclarer Jean-Jacques le Cromwell de Genève.
Pourquoi Louis XIV, dans sa campagne de Hollande, en 1672, n’a-t-il pas su que c’était à Muyden, petite ville à sa portée, qu’était la clef de sa conquête, le nœud de toutes les écluses qu’il suffisait de lâcher pour inonder le pays ?
Tout à coup une occasion de tourner la difficulté se présente : l’Électeur de Cologne avait des prétentions sur la ville de Cologne, qui, pour y échapper et pour maintenir les franchises qu’elle s’arrogeait » se jette dans les bras de la Hollande.
Aussi n’ai-je jamais rêvé de grandeur ni de fortune ; mais que de fois, d’une petite maison hors des villes, bien proprette avec ses meubles de bois, ses vaisselleries luisantes, sa treille à l’entrée, des poules !
Un de ses amis habitant Nevers, Dalègre, petit homme assez jeune, vif, souriant, sociable, à l’oreille rouge, au teint frais, du tempérament le plus opposé à celui de son ami, est un jour prié par lui de rechercher dans sa ville et dans les environs les débris épars d’une ancienne fabrique célèbre, qui doivent encore s’y trouver ; niais, en cherchant d’abord indifféremment, puis peu à peu avec plus de zèle, pour le compte d’autrui, Dalègre, un matin, se sent mordu lui-même ; il prend la maladie, et, pour son début, il est plus âpre, plus enragé encore que Gardilanne.
Ce qui éclate aux yeux, c’est qu’il a déjà réveillé bien des haines ; il a produit de ces violents effets de répulsion que les excès de ce genre ont suscités de tout temps en France ; il vient de provoquer au théâtre un type vengeur et populaire qui s’est répété et représenté sur toutes les scènes des villes de province, et jusque dans des granges où la comédie ne s’était pas jouée depuis des années95.
Madame Royale montre à son fils, avec la main droite, la mer et la ville de Lisbonne.
Cervantes était allé, pour changer d’air, à la petite ville d’Esquivias, pays de sa femme ; mais il revint peu après à Madrid sans avoir trouvé de soulagement et en sentant son mal empiré ; ce mal dont on ne dit pas le principe et le siège se traduisait par un hydropisie : « Il advint, cher lecteur, nous dit Cervantes, que deux de mes amis et moi, sortant d’Esquivias (lieu fameux à tant de titres, pour ses grands hommes et ses vins), nous entendîmes derrière nous quelqu’un qui trottait de grande hâte, comme s’il voulait nous atteindre, ce qu’il prouva bientôt en nous criant de ne pas aller si vite.
« Faire, disait-elle, le bonheur d’un seul et le lien de beaucoup par tous les charmes de l’amitié, de la décence, je n’imagine pas un sort plus beau que celui-là. » Elle disait encore en ces années dans une lettre à Bosc, l’un de ses jeunes amis, — et dans ce tableau d’une de ses journées elle offrait l’image de toutes les autres : « Vous me demandez ce que je fais, et vous ne me croyez pas les mêmes occupations qu’à Amiens (elle venait de s’établir à Ville franche) ; j’ai véritablement moins de loisir pour m’y livrer ou pour les entremêler d’études agréables.
Elle dure quelque temps dans la prairie et se continue dans les rues de la ville à peu près jusqu’à la nuit.
maintenant je vous aime, rayonnantes Pléiades ; je vous aime, ravissantes Etoiles ; je vous aime comme le pèlerin aime les villes de son pèlerinage, comme il aime l’autel où tendent ses vœux, et où il déposera un jour le baiser de ses aspirations les plus chères !
Ainsi, dans Virgile, dans la ixe Églogue, quand les deux bergers chantent en marchant, l’un d’eux propose à l’autre de s’arrêter à mi-chemin en vue du tombeau de Bianor, ou bien, s’ils craignent que la pluie n’arrive au tomber de la nuit, de poursuivre leur route vers la ville en chantant toujours : Aut, si nox pluviam ne colligat ante, Veremur… « Si nous craignons que la nuit ne rassemble la pluie… » Quel mot plus juste !
Elle cheminait, ainsi chargée, par les sentiers escarpés et détournés qui conduisaient de son château à la ville et aux chaumières des vallées voisines.
Rôdant toujours autour de cette France interdite, elle séjourna encore à Hambourg, et c’est dans cette ville que la renommée, désormais attachée à son nom par Adèle de Sénange, noua sa première connaissance avec M. de Souza, qu’elle épousa plus tard vers 1802.
et, bien avant l’heure, un monde énorme affluait autour de Saint-Germain-des-Prés, la circulation interdite (ablatif absolu), les seules voitures d’invités ayant droit d’arriver sur la place agrandie (c’est une sensation que vous avez certainement éprouvée : une place vide, mais entourée d’une foule, paraît beaucoup plus grande ; la sensation est ici notée par un seul mot), bordée d’un sévère cordon de sergents de ville espacés en tirailleurs (cela encore fait image). » Ne raillez point mes commentaires ; ne dites pas que chacune de ces « visions » est assez commune et que vous en auriez été capable.
Son succès semble le bruit et l’émotion de la ville.
Périclès, ayant à parler de guerriers morts pour la patrie, disait : « Une ville qui a perdu sa jeunesse, c’est comme l’année qui aurait perdu son printemps. » Vauvenargues a de ces traits d’une imagination jeune, nette et sobre, comme on se les figure chez Xénophon et chez Périclès.
» Ne sont-ce pas là des plaintes d’ambitieux et d’avare, de ces plaintes pareilles à celles de l’usurier d’Horace, qui, après avoir célébré le bonheur des champs, revient vite à la ville placer son argent à gros intérêt ?
J’en reçois une à l’instant, imprimée en 1850 à Toulouse aux frais de la ville, dont le sujet est L’Épopée toulousaine ou la Guerre des Albigeois, par M.
Une quantité de Piémontais, de Polonais, anciens militaires de l’Empire, et un moindre nombre de Français, se trouvaient réunis dans cette ville ; ils y furent organisés en légion, sous l’aigle et le drapeau tricolore, par le colonel Pacchiarotti, officier piémontais d’un grand caractère, et dont Carrel ne s’est jamais souvenu depuis qu’avec un sentiment profond : il le citait toujours quand il parlait des hommes créés pour commander aux autres hommes.
Au fond de la Calabre, à cette extrémité de la Grande-Grèce, près de Tarente, en face de la Sicile qu’il convoite et qu’il voit là de l’autre côté du canal, « comme de la terrasse des Tuileries vous voyez le faubourg Saint-Germain », il a des accents et des tons pleins de chaleur et de largeur : Quant à la beauté du pays, les villes n’ont rien de remarquable, pour moi du moins ; mais la campagne, je ne sais comment vous en donner une idée : cela ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir.
Il s’en prend à la surabondance des bourgeois oisifs dans les villes, à la grande propriété dans les campagnes, à la plaie du concubinage, du célibat, aux tourments des enfants dans les collèges ; le vrai et le faux, pêle-mêle, et surtout le vague, se font sentir dans ces pages trop empreintes et comme noyées d’une sensibilité monotone.
en la ville ou au village ?
Son père, Victor Augier, était avocat dans cette ville.
Tel artiste médiocre s’annonce en un instant à toute la ville pour un habile homme.
Ces chefs-d’œuvre, composés dans chacune des villes savantes, des huit ou dix Athènes de l’Allemagne, par le Sophocle du lieu, et joués, pour ainsi dire, en famille, devant le Périclès du Margraviat ou de la Principauté, obtinrent un succès prodigieux ; et nos bons voisins purent croire qu’ils avaient enfin un théâtre national.
L’un d’eux (il est vrai qu’il était d’origine irlandaise) fit sonner les cloches des funérailles, comme s’il se fût agi d’un des excommuniés du Moyen Age, quand il sut que la Vie de Jésus avait pénétré dans sa ville épiscopale.
un voyage des bourgs de Bretagne aux villes d’Italie ; « double voyage idéal et réel », dit le Breton, devenu Revue des Deux Mondes.
Non, lorsque Antonin ou Trajan moururent autrefois dans cette même ville, et que la douleur publique prononça leur éloge en présence des citoyens, dont ils avaient fait le bonheur pendant vingt ans, je suis bien sûr qu’on n’y parla pas davantage de vertu, de justice, de larmes et de désolation des peuples.
J’observe, comme vous, cent choses tous les jours Qui pourraient aller mieux prenant un autre cours ; Mais, quoi qu’à chaque pas je puisse voir paraître, En courroux, comme vous, on ne me voit point être ; Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, J’accoutume mon âme à souffrir ce qu’ils font, Et je crois qu’à la cour, de même qu’à la ville, Mon flegme est philosophe autant que votre bile. […] Tout cela pour une querelle futile entre deux villes ! […] C’est le ridicule Arnolphe qui dit à Agnès : Gardez-vous d’imiter ces coquettes vilaines Dont par toute la ville on chante les fredaines, Et de vous laisser prendre aux assauts du malin, C’est-à-dire d’ouïr aucun jeune blondin. […] Il serait même bon que l’honnête femme vécût loin de la ville, dans une sorte de solitude endormante et loin des excitations et des mauvais exemples. […] Parce que, dans les villes du moins, la civilisation, à laquelle il est difficile de dérober entièrement la femme, entoure la jeune femme et l’obsède et que ; pour se défendre contre les pièges que cette civilisation lui tendra, il faut que la jeune fille la connaisse ; « Je ne blâmerai pas sans distinction qu’une femme fût bornée aux seuls travaux de son sexe et qu’on la laissât dans une profonde ignorance sur tout le reste ; mais il faudrait pour cela des mœurs publiques très simples, très saines ou une manière de vivre très retirée.
Ville sans foi, ville railleuse et maudite, pavés sanglants, toujours levés pour la barricade et l’émeute ! […] Arrivons au dernier chapitre, où l’on voit Numa remis avec sa femme, haranguant du haut d’un balcon le bon populaire de sa ville natale, accouru pour acclamer le petit Roumestan qu’on vient de baptiser. […] Gavroche enfant n’est pas « formidable » parce que grisé, il tuera un jour d’émeute un sergent de ville ou un garde municipal qui laisse femme et enfants ; non, il n’aura pas, ce jour-là, Dieu dans sa prunelle, d’abord parce que le conseil municipal qu’il a élu ne le lui permettrait pas, et ensuite parce que Dieu, à qui il ne croit guère, pourrait bien se contenter du modeste Océan pour miroir sur la terre. […] Dans le détail des cérémonies du mariage, je trouve deux anecdotes fort plaisantes : Le second mariage du Dauphin fut, comme le premier l’occasion de nombreuses fêtes, tant à la cour qu’à la ville.
Cependant que la finance, pour une autre forme de détroussement, appelle aussi le paysan à la ville, afin de lui soutirer son argent. […] On ignore (le sujet étant âpre et impossible à traiter crûment) les ravages de la prostitution contemporaine dans les grandes et moyennes villes, où abondent les faux plaisirs dont fait argent, comme de tout, un État barbare. […] Devant des cas semblables, et qui ne cessent de se produire, depuis quatre-vingts ans et un peu davantage, je songe au tambour de ville. […] On découvrit le pouls lent de Bonaparte et sa manie de compter les fenêtres, quand il entrait dans une ville prise. […] C’est ainsi que le simple passant, timide et désarmé, a plus de chances de circuler sans encombre que le sergent de ville armé et qui, d’après le struggle for life, devrait cependant l’absorber et le remplacer en dix années.
Personne encore ne nous avait introduits dans cet hôtel de Salins où François-Xavier fonda sa famille ; nous en ignorions les êtres et nous ne savions même pas le situer sur cette place de Lans, « quartier détaché d’une ville flamande ». […] » tandis que l’autre crie, montrant le poing à la ville en flammes : « Ah ! […] Les Lettres de deux amants, habitants d’une petite ville au pied des Alpes (Amsterdam, 1761), font minauder sous nos yeux les fluettes poupées de Gravelot. […] Elle domine, elle écrase tout, altière au milieu de cette ville épiscopale dont elle fut la vie. […] Et pourtant, marqué d’un indélébile sceau religieux, cathédrale désaffectée, a-t-on dit, il comparera son cœur à « une ville d’Is qui sonne des cloches obstinées à convoquer aux offices des fidèles qui n’entendent plus ».
Né à Marseille en 1797, élevé à titre de boursier au lycée de sa ville natale, M. […] Dans cette ville du Midi, toute fervente encore des passions de 1815, le jeune avocat libéral était fort protégé et encouragé par un magistrat de vieille roche, M. d’Arlatan de Lauris, qui goûtait son esprit et présageait ses talents.
A défaut de passion proprement dite, un pathétique discret et doucement profond s’y mêle à la vérité railleuse, au ton naïf des personnages, à la vie familière et de petite ville, prise sur le fait. […] Comme je n’exagère rien, je ne craindrai pas de beaucoup citer. — La première lettre est de Juliane C…, à sa tante ; Juliane, pauvre ouvrière en robes (une petite tailleuse, comme on dit), raconte, dans son patois ingénu, comment il lui est arrivé avant-hier une grande aventure : on avait travaillé tout le jour autour de la robe de Mlle de La Prise, une belle demoiselle de la ville, et, sitôt faite, ses maîtresses avaient chargé Juliane de l’aller porter.
Le chapitre VII, dans lequel il commente à sa guise le conseil d’Aristote, que celui qui veut se réjouir sans tristesse n’a qu’à recourir à la philosophie, nous le montre, au milieu de cette fougue du temps, savourant ce profond plaisir du sceptique qui consiste à voir se jouer à ses pieds l’erreur humaine, et laissant du premier jour échapper ce que, vingt-cinq ans plus tard, il exprimera si énergiquement dans le Mascurat : « Car, à te dire vrai, Saint-Ange, l’une des plus grandes satisfactions que j’aie en ce monde, est de découvrir, soit par ma lecture, ou par un peu de jugement que Dieu m’a donné, la fausseté et l’absurdité de toutes ces opinions populaires qui entraînent de temps en temps les villes et les provinces entières en des abîmes de folie et d’extravagances. » Aussi quelle pitié pour lui que la Fronde, et que toutes les frondes ! […] Il s’agit de je ne sais quel conseil (page 229) dont Saint-Ange croit que les politiques d’alors pourraient tirer grand profit ; Mascurat répond : « Quand ils le feroient, Saint-Ange, ils ne réussiroient pas mieux au gouvernement des États et empires que les plus doctes médecins font à celui des malades ; car il faut nécessairement que les uns et les autres prennent fin, tantôt d’une façon et tantôt de l’autre : Quotidie aliquid in tam magno orbe mutatur, nova urbium fundamenta jaciuntur, nova gentium nomina, extinctis nominibus prioribus aut in accessionem validioris conversis, oriuntur (chaque jour quelque changement s’opère en ce vaste univers ; on jette les fondations de villes nouvelles ; de nouvelles nations s’élèvent sur la ruine des anciennes dont le nom s’éteint ou va se perdre dans la gloire d’un État plus puissant).
La conversation fut enjouée et variée ; toutes les cloches de la ville cependant commençaient à retentir ; madame de Goethe me regardait ; nous parlions à haute voix, pour éviter que ces sons de mort ne l’ébranlassent douloureusement, car nous pensions qu’il partageait nos émotions. […] Le prince le choisit pour son ministre intime et pour son conseiller principal ; il lui donna une maison à la ville, et une retraite paisible à la campagne.
Winkelmann, capellmeister au théâtre de la ville de Bâle. […] Hans de Bülow), qui exécuta, dans les principales villes de l’Allemagne du Nord, un programme d’œuvres classiques, avec l’ouverture de Faust.
Elle déplore cette impuissance où elle est en particulier de rendre service à ses braves compatriotes de Heidelberg, à cette ville que le nouvel électeur irrité privera de sa résidence en la transférant à Mannheim : Je ne vois que trop maintenant, dit-elle (décembre 1719), que Dieu n’a pas voulu que je pusse accomplir quelque bien en France, car, en dépit de mes efforts, je n’ai jamais pu être utile à mon pays.
[NdA] Steindal est une ville de la Saxe prussienne, lieu natal de Winckelmann.
. — « L’homme, a dit admirablement Cowper dans un de ses meilleurs poèmes, est une harpe dont les cordes échappent à la vue, chacune rendant son harmonie lorsqu’elles sont bien disposées ; mais que la clef se retourne (ce que Dieu, s’il le veut, peut faire en un moment), dix mille milliers de cordes à la fois se relâchent, et jusqu’à ce qu’il les accorde de nouveau, elles ont perdu toute leur puissance et leur emploi. » La convalescence se soutenant, Cowper résolut de changer tout son train de vie, et renonçant pour jamais à Londres qu’il appelait le théâtre de ses abominations, et qui l’était plutôt de ses légèretés, il chargea son frère de lui trouver une retraite de campagne dans quelque petite ville, non éloignée de Cambridge.
C’est ainsi que son premier chant, que nous avons vu commencer par ces gentillesses et presque ces mièvreries ingénieuses sur le sopha, se termine par cette tirade ou par ce couplet rural et patriotique tout ensemble : Dieu fit la campagne, et l’homme a fait la ville.
Les rivières, les campagnes et les villes ont beau s’opposer à mon contentement, elles ne sauraient m’empêcher de m’entretenir de vous avec ma mémoire… Voiture répondait sur le même ton, mais leur correspondance ne fut jamais très vivev ; ils se contentèrent d’être bien ensemble et de se complimenter par des tiers : « L’amitié que nous conservons ensemble sans nous en rien écrire, disait Voiture à un ami, et l’assurance que nous avons l’un de l’autre est une chose rare et singulière, mais surtout de très bon exemple dans le monde, et sur laquelle beaucoup d’honnêtes gens, qui se tuent d’écrire de mauvaises lettres, devraient apprendre à se tenir en repos et à y laisser les autres. » Ils sentaient tous deux que de s’écrire les aurait constitués en une trop grande dépense d’esprit et les aurait mis à sec pour plusieurs semaines.
. : je le crois, mais pensez-vous qu’à Paris il n’y en ait pas davantage, et que cette grande ville ne rassemble pas des hommes excellents dans tous les genres, ce qu’on ne trouve dans aucune province ?
[NdA] Boileau écrivait à Brossette qui lui avait parlé de l’Académie de Lyon (1700) : « Je suis ravi de l’Académie qui se forme en votre ville.
Elle partit seule, alla plaider auprès du czar la cause deson vieux mari, traversa le Nord par la saison la plusrigoureuse, et dans un état de santé déplorable, sans un murmure, sans une plainte : une lettre d’elle, admirable de sentiment (tome I, page 377), témoigne de ses dispositions morales, de sa résignation au devoir, de sa soumission prête à se laisser conduire jusqu’aux dernières conséquences : elle eût tout quitté, Paris et son monde, s’il l’avait fallu et si le czar avait maintenu son arrêt, pour aller habiter dans quelque ville obscure de la Russie, à côté du triste et taciturne exilé.
La ville d’Avignon s’en est longtemps souvenue, me dit-on, et les échos l’ont répété.
Jal qui a eu la patience de compulser tous les registres de la ville, de Paris, et qui y a gagné d’être mieux informé que personne sur ces points de naissance, de mort ou de mariage, pour tous les personnages dont la vie appartient et se rattache par quelque acte authentique à la capitale.
Voici, par exemple, l’idée d’une Pyramide qu’on proposait d’élever au prélat dans la cour même de l’archevêché, avec une inscription dont je ne donne que les lignes principales : À l’unique et l’incomparable seigneur Messire François de Champvallon, archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud ; Proviseur des collèges de La Marche et de Sorbonne ; Fondateur du Saint-Bourbier47 ; Visiteur de l’île Notre-Dame48 ; Damoiseau de Conflans49 ; Toujours jeune, toujours souriant, de qui l’on voit le mérite dès qu’on arrive dans son antichambre ; si patient qu’au milieu de cette ville on l’a volé, sans qu’il s’en soit plaint50 ; si vigilant qu’à deux heures après minuit on l’a trouvé dans les rues ; si obligeant qu’il accorde toutes les dispenses qu’on veut ; Le Tout-Puissant ; L’Infaillible ; de qui l’on n’appelle point ; qu’on ne peut déposer ; Grand maître des lettres de cachet ; Arrondisseur de la Couronne ; Intrépide amplificateur de la Régale ; Président perpétuel des Assemblées Du Clergé ; Souverain dominateur de L’Église gallicane ; plus aimable que M. de Pierrepont ; Plus diligent que feu M. le Maréchal De La Meilleraye51 ; dont la sacrée pantoufle est à Andelys, et le cordon d’or à Pontoise52 ; que sa dignité a fait recevoir dans L’Académie ; qui parle comme il écrit et qui écrit Comme il parle ; prélat des plus qualifiés ; prélat Harlay-Quint.
Né à Paris en 1709, d’un père procureur au Châtelet, au sein d’une famille nombreuse où il comptait quantité de frères et de sœurs, il était de pure race bourgeoise, et il fut très à même de très bonne heure de connaître la ville, tout ce monde de robins, de présidents et de présidentes singeant la Cour, une espèce dont il s’est tant moqué.
En quittant la terre natale et au moment de franchir la frontière de l’empire, probablement à Augsbourg, la jeune princesse écrit à son auguste mère une lettre remplie des meilleurs et des plus naturels sentiments : « Madame ma chère mère, « Je ne quitte pas sans une vive émotion et un serrement de cœur la dernière ville frontière de votre empire ; avant de traverser les derniers États qui me séparent de ma nouvelle patrie, je demande à couvrir vos mains de mes baisers et vous remercier comme je le sens pour toutes les bontés maternelles dont vous m’avez entourée.
S’il m’arrivait de boire souvent comme j’ai fait ce jour-là, je recevrais bientôt une correction sur mon dérèglement. » Le roi le retira de Casal en ce temps-là pour lui donner le gouvernement de la ville et province de Luxembourg.
Tout y fuit, personne n’y croit être en sûreté : ceux qui sont à la campagne s’y réfugient, et ceux qui sont dans la ville se réfugient à la campagne.
La seule nouvelle de la convocation des États généraux l’avait comblé de joie, et il avait désiré d’en être ; mais envoyé à Paris par ses compatriotes de Riom, dès le mois de novembre 1783, un peu avant les élections, pour demander que la ville fût le chef-lieu du bailliage, il avait trouvé un régime moral peu rassurant, et avait pu reconnaître un Paris tout autre que celui qu’il avait laissé : « Lorsque je vis l’état de la capitale, où je n’étais pas entré depuis près de trois ans, la chaleur des discussions politiques, celle des pamphlets circulant, l’ouvrage de M. d’Entraigues, celui de l’abbé Sieyès, les troubles de Bretagne et ceux du Dauphiné, mes illusions disparurent. » Il avait emporté de M.
L’état dans lequel est toute la ville de Londres est extrêmement honorable pour l’Angleterre.
Un portrait qu’il avait fait de son frère a été donné par Mme Valmore au musée de sa ville natale.
Plusieurs fables, Jupiter et les Tonnerres, les Vautours et les Pigeons, le Rat de ville et le Rat des champs 203, prouvent que le mètre uniforme eût fait tort à la pensée poétique, et que le génie ne peut rien contre la nature des choses.
Olivier de Serres, né en 1539, à Villeneuve-de-Berg, en Vivarais, protestant, prit part à la surprise de sa ville natale, qui fut suivie d’affreux massacres, en 1573 : c’est la seule fois qu’on le voit mêlé aux guerres civiles.
Par exemple, le premier coup d’œil révèle, au xviiie siècle, une nouvelle renaissance de l’antiquité classique et une transfusion partielle du génie anglais dans les âmes françaises ; mais on risque d’oublier un apport venant de l’Orient et des contrées sauvages de l’Amérique et de l’Océanie, apport considérable pourtant, témoin tant d’écrits où les Persans, les Chinois, les Arabes sont appelés à donner des leçons aux sujets de Louis XV, témoin tant de robinsonnades et d’utopies où l’état de nature est opposé à la corruption des grandes villes.
Rousseau que possède la bibliothèque de cette ville, m’assure qu’après vérification faite par lui sur les originaux des lettres de Jean-Jacques, c’est le texte donné dans les Confessions qui est l’exact et le véritable.
Sans l’observation directe et l’expérience, ils seraient inutiles et même induiraient en erreur autant qu’une carte géographique pourrait le faire, si l’on voulait y chercher une connaissance complète des villes et des provinces.
Saint-Simon n’appartient point à cette école française, discrète, imitatrice, esclave de la ville ou de la Cour, et qui, avant de lâcher une expression, s’informe si c’est convenable et usité.
Il étudia d’abord chez les Jésuites de sa ville natale, lesquels l’auraient bien voulu retenir ; puis son père le mit à Paris au collège d’Harcourt.
Un des premiers proverbes, Le Mariage manqué, nous rend au naturel la méchanceté de petite ville, la rivalité de comptoir, les ridicules de province.
Un jour, à l’attaque et au siège d’un village tout près de Bastia, on était venu de la ville pour assister à l’affaire comme à un spectacle.
Il fut maire de Millau, sa ville natale, depuis le 6 juin 1783 jusqu’au 23 juillet 1790, date à laquelle il fut nommé à Rodez membre de l’assemblée de département.
Bref, Mallet eut sa période enthousiaste et mérita de voir sa première brochure condamnée, brûlée dans sa ville natale, comme l’avait été l’Émile de Rousseau huit ans auparavant.
Un violent amour qui le saisit durant ce séjour à Châlons, et qui avait pour objet une jeune dame de la ville, vint mêler ses orages à tous ceux qui fermentaient déjà dans son cœur.
La comtesse Fanny de Beauharnais vint à passer dans cette ville en 1790.
Cet homme distingué était né à Genève, le 30 septembre 1732, d’un père professeur de droit public qui, né à Custrin en Prusse, était venu s’établir dans la ville de Calvin, et qui tirait lui-même son origine d’une famille irlandaise.
Le fameux Necker, qui était dans cette ville, brigua l’honneur d’être présenté au Premier consul de la République française : il s’entretint une heure avec lui, parla beaucoup du crédit public, de la moralité nécessaire à un ministre des Finances ; il laissa percer dans tout son discours le désir et l’espoir d’arriver à la direction des finances de la France, et il ne connaissait pas même de quelle manière on faisait le service avec des obligations du Trésor.
Seulement le roi a pris à son compte la curiosité de l’historien : Je souhaiterais savoir : 1º si, au commencement du règne du tsar Pierre Ier, les Moscovites étaient aussi brutes qu’on le dit ; 2º quels changements principaux et utiles le Tsar a faits dans la religion ; 3º dans le gouvernement qui tient à la police générale ; 4º dans l’art militaire ; 5º dans le commerce ; 6º quels ouvrages publics commencés, quels achevés, quels projetés, comme communications de mers, canaux, vaisseaux, édifices, villes, etc. ; 7º quels progrès dans les sciences, quels établissements ; quel fruit en a-t-on tiré ?
Quand Litvinoff quitte, le cœur meurtri, la ville où son ancien amour renaquit et s’évanouit une seconde fois, c’est la philosophie même du romancier qu’il formule : « Fumée, fumée, répéta-t-il, et subitement tout lui sembla fumée, sa vie, la vie russe, tout ce qui est humain et principalement ce qui est russe.
Newmann dit que, près des villages et des petites villes, il a trouvé des nids de Bourdons en plus grand nombre que partout, ce qu’il attribue au grand nombre de Chats qui détruisent les Mulots.
Cette ville fameuse, assiégée vainement dix-huit fois depuis Constantin, fut prise par les croisés en 1204.
Sorti du séminaire comme un certain empereur de Constantinople qui fuyait et qui se retournait pour cracher sur les murs de sa ville, M.
Souvent le noble troubadour, le trouvère, parcourant les villes et les châteaux, avait avec lui son chanteur subalterne, comme le chevalier avait son écuyer, et comme jadis dans la Grèce le poëte avait eu son rapsode.
Les Français du dix-septième siècle1 Il y a quelque quinze ans, arrivant dans une ville de province justement fière de ses deux Facultés, j’y rencontrai un excellent homme bien perplexe. […] » Et il errait par la ville, cherchant sa vaste synthèse. […] Quittons Paris avec Cimourdain et arrivons avec lui à Dol, juste à temps pour assister à la terrible bataille que se livrent dans les rues tortueuses de la vieille ville les deux autres héros du poème. […] Le dédain de l’argent lui a été enseigné par sa bonne petite ville de Tréguier, ville tout ecclésiastique, demeurant étrangère au commerce et à l’industrie, un vaste monastère où l’on appelait vanité ce que les autres hommes poursuivent, et où ce que les laïques appellent chimères passait pour la seule réalité. […] » demandait Odry à l’autorité de la ville de Meaux, à la fin de la représentation.
Elle gagnait la ville, bientôt même les provinces ; et, plus loin encore, à l’étranger, dans les petites cours d’Allemagne ou sur le trône restauré des Stuarts, l’exemple et la leçon qu’elle était pour la France, elle les devenait pour l’Europe entière, à son tour. […] III Mais à la ville, aussitôt, les coteries se reforment. […] C’est qu’aussi bien, et comme à mesure que l’étreinte royale se desserrait en quelque sorte, la « société » se ressaisissait elle-même, et loin du maître, loin de la cour, à la ville, comme on disait alors, les salons, et dans les salons les femmes reprenaient leur empire. […] [Les brochures relatives au passage de Molière dans telle ou telle ville de province, trop nombreuses pour qu’on puisse ici les énumérer, sont presque toutes visées dans ces cinq derniers ouvrages.] […] [On remarquera que Limoges est la seule ville de France dont un nom de rue soit spécifié dans le théâtre de Molière] ; — 1649, Toulouse, Narbonne ; — 1650, Agen ; — et comment ce séjour d’Agen permet de croire que Molière a joué deux ou trois fois auparavant à Bordeaux [Cf.
Tel homme célèbre n’a jamais rencontré dans le cours de sa vie tel autre homme célèbre son rival ou son antagoniste, quoique habitans tous deux de la même ville ; il n’a ni le droit de réprimande, ni même le droit de remontrance ; chacun dans sa vie privée ne doit répondre que de ses œuvres, & quand son confrére a fait une faute, il doit dire en gémissant : il a failli. […] Quelle différence incroyable dans le style de deux hommes, habitans de la même ville, parlant la même langue, voyant les mêmes objets ! […] On prétend qu’une ville immense comme Paris a un besoin journalier de petites satyres pour repaître son inquiétude & son agitation perpétuelle ; & celui-là avoit bien raison, qui a dit le premier, qu’une bonne injure est toujours mieux reçue & retenue, qu’un bon raisonnement ; voilà la Théorie du Journalisme tracée en deux mots. […] Dans une petite ville il y a lieu à des rapports plus fréquens, plus vifs & plus plaisans que dans une grande ; les nuances là, frappent bien autrement, parce que tout est circonscrit, & que l’on veille les uns sur les autres.
S’il arrivait que le maître du logis, dans les sept années qui suivaient son mariage, eût acheté un matelas ou un lit de bourre, et aussi un sac de menue paille pour reposer sa tête, il se croyait aussi bien logé que le seigneur de la ville… Les oreillers, disaient-ils, ne semblaient faits que pour les femmes en couches. […] Depuis l’avénement de Henri VIII jusqu’à la mort de Jacques Ier on ne voit que processions, tournois, entrées de villes, mascarades. […] Une autre espèce de fous écervelés apportent à ces chiens d’enfer (je veux dire le prince du désordre et ses complices) du pain, de la bonne ale, du vieux fromage, du fromage nouveau, des gâteaux, des tartes, de la crème, de la viande, tantôt une chose, tantôt une autre. » « Au jour de mai, dit-il ailleurs, chaque paroisse, ville ou village, s’assemble, hommes, femmes, enfants ; ils s’en vont dans les bois… et passent toute la nuit en divertissements, et le matin rapportent des branches de bouleaux et d’autres arbres, mais surtout leur plus précieux joyau, l’arbre de mai, qu’ils ramènent en grande vénération avec vingt ou quarante paires de bœufs, chaque bœuf ayant un beau bouquet de fleurs attaché à la pointe de ses cornes… Ils plantent ce mai, ou plutôt cette puante idole, jonchent de fleurs le gazon d’alentour, établissent à l’entour des salles de verdure, des berceaux, sautent et dansent, banquettent et festoient, comme les païens pour la dédicace de leurs idoles… De dix filles qui vont au bois cette nuit, il y en a neuf qui reviennent grosses. » « … Au son de la cloche, le mardi gras, dit un autre, les gens deviennent fous par milliers et oublient toute décence et tout bon sens… C’est au diable et à Satan que, dans ces exécrables passe-temps, ils font hommage et sacrifice. » En effet259, c’est à la nature, à l’antique Pan, à Freya, à Hertha, ses sœurs, aux vieilles divinités teutoniques conservées à travers le moyen âge. […] La vie armée et périlleuse a résisté longtemps en Europe à l’établissement de la vie pacifique et tranquille, et il a fallu transformer la société et le sol pour changer les hommes d’épée en bourgeois ; ce sont les grandes routes de Louis XIV et son administration réglée, comme plus tard les chemins de fer et les sergents de ville qui nous ont ôté les habitudes de l’action violente et le goût des aventures dangereuses. […] Vingt vers d’un poëte, douze lignes d’un traité sur l’agriculture, une colonne d’in-folio sur les armoiries, la description des poissons rares, un paragraphe d’un sermon sur la patience, le compte des accès de fièvre dans l’hypocondrie, l’histoire de la particule que, un morceau de métaphysique, voilà ce qui a passé dans son cerveau en un quart d’heure : c’est un carnaval d’idées et de phrases grecques, latines, allemandes, françaises, italiennes, philosophiques, géométriques, médicales, poétiques, astrologiques, musicales, pédagogiques, entassées les unes sur les autres, pêle-mêle énorme, prodigieux fouillis de citations entre-croisées, de pensées heurtées, avec la vivacité et l’entrain d’une fête de fous. « J’apprends, dit-il, de nouvelles nouvelles tous les jours, — et les rumeurs ordinaires de guerre, pestes, incendies, inondations, vols, meurtres, massacres, météores, comètes, spectres, prodiges, apparitions, villes prises, cités assiégées en France, en Germanie, en Turquie, en Perse, en Pologne, etc. ; les levées et préparatifs journaliers de guerre et autres choses semblables qu’amène notre temps orageux, batailles livrées, tant d’hommes tués, monomachies, naufrages, pirateries, combats sur mer, paix, ligues, stratagèmes et nouvelles alarmes, — une vaste confusion de vœux, désirs, actions, édits, pétitions, procès, défenses, proclamations, plaintes, griefs, — sont chaque jour apportés à nos oreilles. — De nouveaux livres chaque jour, pamphlets, nouvelles, histoires, catalogues entiers de volumes de toute sorte, paradoxes nouveaux, opinions, schismes, hérésies, controverses en philosophie, en religion, etc.
Il y a telle page d’Holinshed qui semble un nécrologe : « Le vingt-cinquième jour de mai, dans l’église de Saint-Paul de Londres, furent examinés dix-neuf hommes et six femmes nés en Hollande », qui étaient hérétiques ; « quatorze d’entre eux furent condamnés : un homme et une femme brûlés à Smithfield ; les douze autres furent envoyés dans d’autres villes pour être brûlés. — Le dix-neuvième juin, trois moines de Charterhouse furent pendus, détachés et coupés en quartiers à Tyburn, leurs têtes et leurs morceaux exposés dans Londres, pour avoir nié que le roi fût le chef suprême de l’Église. — Et aussi le vingt-unième du même mois, et pour la même cause, le docteur John Fisher, évêque de Rochester, fut décapité pour avoir nié la suprématie, et sa tête exposée sur le pont de Londres. […] La sereine et noble Grèce a pour chef de ses poëtes tragiques un des plus accomplis et des plus heureux de ses enfants28, Sophocle, le premier dans les choses du chant et de la palestre, qui, à quinze ans, chantait nu le pæan devant le trophée de Salamine, et qui, depuis, ambassadeur, général, toujours aimé des Dieux et passionné pour sa ville, offrit en spectacle dans sa vie comme dans ses œuvres l’harmonie incomparable qui a fait la beauté du monde antique, et que le monde moderne n’atteindra plus. […] Les trompettes sonnent, les tambours battent, les armures défilent, les armées s’entre-choquent, les gens se poignardent entre eux ou se poignardent eux-mêmes ; les discours ronflent avec des menaces titanesques et des figures lyriques39 ; les rois expirent, tendant leurs voix de basse ; « la mort hagarde, de ses serres rapaces, étreint leur cœur sanglant, et comme une harpie se gorge de leur vie. » Le héros, le grand Tamerlan, assis sur un char que traînent des rois enchaînés, fait brûler les villes, noyer les femmes et les enfants, passer les hommes au fil de l’épée, et à la fin, atteint d’un mal invisible, s’emporte en tirades gigantesques contre les dieux qui le frappent et qu’il voudrait détrôner.
Au mur était encadrée une peinture représentant, dans un décor de grande ville moderne, un corps de femme descendant au fil de l’eau le cours d’un fleuve nocturne, épave macabre, débris de débâcle humaine, sorte d’Ophélie désespérée et symbolique et qui était comme une allusion peinte, comme une image de la poésie du poète. […] Nous le retrouverons dans ses Villages illusoires comme dans ses Campagnes hallucinées et ses Villes tentaculaires, dans ses Visages de la vie, dans sa Multiple splendeur, toujours plus abondant, riche jusqu’à l’excès, vibrant jusqu’à l’outrance, se modérant parfois jusqu’à la douceur, parfois s’exaltant jusqu’à la frénésie. […] Catholiques ou protestants, gens de cour, de ville ou des camps, gentilshommes ou bourgeois, il n’ignorait rien d’eux.
Je m’aperçus qu’il n’était pas étranger aux beaux-arts ; il jeta sur le papier, pour l’embellissement de la ville de Düsseldorf, quelques idées dont on tira profit.
Nous nous embrassions par nos noms ; et à notre première rencontre qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fût si proche que l’un à l’autre.
La ville de Tartas, etc. » Et il poursuit son récit sur d’autres points.
L’heure d’Aladin a sonné ; il est appelé par le Sultan, il sauve l’État, il repousse l’ennemi par son habileté et même sans livrer de bataille, puis il se retire à temps loin de la ville et de la Cour, au sein de l’amitié et des lettres : « Les grands hommes sont comme les remèdes actifs, qu’il ne faut employer que dans les grandes occasions. » M. de Meilhan tarda peu à émigrer.
Il était en 89 à Strasbourg, dans un petit monde mystique comme cette ville en a eu à diverses époques ; il voyait tous les jours celle qu’il appelle sa meilleure amie, Mme Boechlin ; il formait le projet de se réunir encore plus entièrement à elle en logeant dans la même maison ; il venait même de réaliser ce projet depuis deux mois, en 1791 ; il allait entamer la lecture de Jacob Boehm et suivait tout un roman idéal, tout un rêve de vie intérieure accomplie, lorsqu’une maladie de son père l’appela à Amboise et le rejeta dans la réalité : Au bout de deux mois (de cette réunion dans un même logement), il fallut, dit-il, quitter mon paradis pour aller soigner mon père.
Ce que nous avons aujourd’hui d’hommes d’esprit à la Cour ou à la ville ne le sont qu’avec une telle malignité, qu’ils ressemblent à des singes ou à des diables qui ne prennent leur plaisir qu’au mal d’autrui et à la confusion du genre humain ; et s’il leur reste quelque franchise, c’est pour ne pas cacher leurs grands défauts, de malice.
Dans les villes où il passe, à Montpellier, à Nîmes, Pelleport est des plus mal accueillis par les bourgeois pour qui il a un billet de logement.
Mais toutes ces divisions sont elles-mêmes incomplètes ; car il y a, à chaque moment, les différentes classes distinctes ou séparées, la Cour, la Noblesse, la Ville, et celle-ci partagée en haute finance, bourgeoisie moyenne et petite bourgeoisie, et ce qui est vrai de l’une de ces sociétés, ne l’est pas de l’autre.
Cette Rome dont la puissance a traversé tant de siècles. qui a tenu si longtemps le sceptre du monde, à quelle cause faut-il attribuer sa prodigieuse durée, si ce n’est peut-être à l’audacieuse, mais admirable confiance qui lui inspira de se saluer elle-même du nom de Ville éternelle ?
Il est certain qu’elle eut une jeunesse fort émancipée et à demi virile, et qu’elle trancha de l’amazone ; mais ensuite, et quelles que fussent les chansonnettes et les propos légers, tels que ceux que nous venons de lire, il paraît bien qu’elle vécut à Lyon fort considérée, fort entourée de tout ce qu’il y avait de mieux dans la ville, et de tout ce qui y passait de voyageurs savants et distingués qui se faisaient présenter chez elle : car elle avait une maison, un salon ; on y faisait de la musique, on y lisait des vers, on y causait de sciences et de belles-lettres.
Mais l’aventure de Gaza peut se raconter ; c’est le seul accident pénible de ce voyage où tout va pour le mieux, et cet accident pénible est surtout risible : « Avant de te dire de quoi il retourne, je veux te donner une description de cette fameuse ville dont Samson a emporté les portes.
Il reste dans la même ville (à Séville), mais il est tantôt dans la maison de Chimène, tantôt dans celle de don Diègue, tantôt dans le palais du roi, tantôt dans la rue : le premier acte renferme ainsi trois changements, le second trois, le troisième deux, le quatrième deux, le cinquième quatre, de compte fait.
Quand cette saison n’est pas venue, les femmes de la ville ne s’y promènent pas encore ; et quand elle est passée, elles ne s’y promènent plus. » Le maréchal de Saxe, plus rabelaisien que La Bruyère, écrivait plus crûment aussi à la princesse de Holstein sur ces visites que lui faisaient les femmes de la Cour et sur l’attrait qu’avait pour elles ce lieu de Chambord : « J’ai ici Mademoiselle de Sens avec une douzaine de femmes de la Cour, comédie, bal, etc., etc. ; tout le monde y restera quinze jours ; on dit à Paris que ces belles dames sont allées trouver des houlans, parce qu’ils sont affamés de chair humaine et qu’ils vivent comme des reclus dans ce désert ; mais ce n’est que par envie que les autres femmes aboient ainsi. » Maurice n’y allait pas de main morte avec le sexe. — Ce régiment de houlans ne se contentait pas de houspiller les belles dames, il tourmentait et pillait un peu trop, dit-on, tous les villages aux environs de Chambord.
— D’un autre côté, plus je lis, plus je pénètre sous les voiles qui me cachaient nos grandes gloires, et moins ] j’ose écrire ; je suis frappée de crainte, comme un ver luisant mis au soleil. » Et cette autre lettre encore, qui semble résonner et bruire de tous les carillons de ces jolies villes flamandes à toutes les grandes et moyennes fêtes de l’année : « Le 1er novembre 1840. — Bruxelles. — 10 heures du soir. — Je vous écris, mes chères âmes, au milieu de toutes les cloches battantes de Bruxelles qui se répondent pour les Saints et pour les Morts.
On sait seulement qu’au siège de Varna, après l’assaut donné, les Russes se trouvèrent en présence d’une seconde ligne de fortifications dont ils ignoraient l’existence ; mais une poignée de soldats de marine, ayant escaladé l’obstacle, traversèrent toute la ville et se firent massacrer jusqu’au dernier.
L’érudition provinciale s’est prise d’émulation, et chacun s’est piqué d’honneur pour quelque poète du xvie siècle, de sa ville ou de ses environs.
A Tromsoe, dernière petite ville du nord en Scandinavie, au milieu des montagnes de glace, chaque hiver on représente la Marraine et le Mariage de raison.
Qu’on nous pardonne ces graves rêveries qu’ont amenées insensiblement et que justifient peut-être ces idées si contrastantes de Rome et de journaux, ce bruyant passé d’hier et cet antique et auguste passé tous les deux à leur manière presque sans histoire ; la Ville éternelle en partie douteuse et ses cinq201 siècles de grandes ombres, la société moderne avec sa marche accélérée, conquérante ; ses mille cris assourdissants de triomphe, et son bruit perpétuel de naufrage !
De Carcassonne, M. de Barante père fut envoyé préfet à Genève ; c’était passer d’une ville de province à une cité européenne et à un grand centre.
« Retrouvant dans nos châteaux, avec nos paysans, nos gardes et nos baillis, quelques vestiges de notre ancien pouvoir féodal, jouissant à la cour et à la ville des distinctions de la naissance, élevés par notre nom seul aux grades supérieurs dans les camps, et libres désormais de nous mêler sans faste et sans entraves à tous nos concitoyens pour goûter les douceurs de l’égalité plébéienne, nous voyions s’écouler ces courtes années de notre printemps dans un cercle d’illusions et dans une sorte de bonheur qui, je crois, en aucun temps, n’avait été destiné qu’à nous.
Au milieu de cette vie d’excitation et d’élourdissement, se voyant atteinte de crises nerveuses et menacée d’une maladie de poitrine, Mme de Krüdner part pour Paris au mois de mai 1789 ; elle n’y était venue que tout enfant, à l’âge de treize ans : c’est donc pour la première fois qu’elle va juger de cette ville, qui était bien véritablement alors la capitale du monde.
J’en ai commis une autre et que j’aurai le courage d’avouer aussi, dans ma carrière d’orateur politique, peu de temps avant le jour où la monarchie de 1830, ébranlée par d’autres coups que les miens, s’écroula, comme un rempart d’une ville sapée par ses propres défenseurs, sur leur tête et sur la mienne, et où il nous fallut supporter seul le poids de ce formidable écroulement.
Mais il le restreint aussitôt : Étudiez la cour et connaissez la ville.
Il trouve aux portes de la ville la noblesse, le clergé, les officiers de justice, quatre mille bourgeois sous les armes, et conçoit nettement, une fois pour toutes, qu’il n’est point de la même pâte que les autres hommes.
Le lecteur poursuit : telle est la gloire que le héros s’est acquise qu’il a reçu la visite des plus riches personnages et des plus belles dames de la ville ; une d’elles s’est éprise d’un violent amour pour lui et veut l’épouser.
Après quelque séjour dans cette ville, où le crédit de Calvin le sauva de la peine capitale, qu’il s’était attirée, dit-on, par de graves désordres de conduite, Marot se retira à Turin.
Mieux placé que la Rochefoucauld, qui, durant l’âge où se formait le trésor de ses pensées, n’avait vu que la cour et les grands seigneurs, ou cette espèce d’hommes avides ou crédules qu’on appelle les hommes de parti, La Bruyère, par son emploi, avait vue sur la cour, et, par sa condition, sur la ville, et il mêlait dans ses peintures les grands et les petits.
L’étonnant métaphoriste Saint-Pol-Roux, en son Épilogue des saisons humaines, rivalisait avec Paul Claudel dans Tête d’or et dans la Ville.
Le paysan ne souffre pas de son abjection morale et intellectuelle ; mais l’ouvrier des villes voit notre monde distingué, il sent que nous sommes plus parfaits que lui, il se voit condamné à vivre dans une fétide atmosphère de dépression intellectuelle et d’immoralité, lui qui a senti la bonne odeur du monde civilisé ; il est condamné à chercher sa jouissance (car l’homme ne peut vivre sans jouissance de quelque sorte, le trappiste a les siennes) dans d’ignobles lieux qui lui répugnent, repoussé qu’il est par son manque de culture, plus encore que par l’opinion, des joies plus délicates.
Une crainte de l’art dramatique, si puissante et si durable, que les Genevois, il y a cent ans, brûlèrent la première salle de spectacle qui se fut élevée sur leur territoire, et que la création d’un théâtre dans la ville de Lausanne rencontra, voici une trentaine d’années, une vive opposition religieuse ; un goût persistant pour le roman sérieux, moral et volontiers prêcheur ; une philosophie, qui, grâce à l’élasticité de la doctrine protestante, n’a pas eu besoin, comme en pays catholique, de secouer un joug pesant et est demeurée par cela même en bon accord avec la théologie108.
C’était un propos qui avait cours dans la ville, que, « là où la folie finit chez les autres, elle ne faisait que commencer chez les Brentano ».
Par exemple, il rencontre dans une petite ville de la Nouvelle-Espagne un M.
Selon l’abbé Gédoyn, l’urbanité, ce mot tout romain, qui dans l’origine ne signifiait que la douceur et la pureté du langage de la ville par excellence (Urbs), par opposition au langage des provinces, et qui était proprement pour Rome ce que l’atticisme était pour Athènes, ce mot-là en vint à exprimer bientôt un caractère de politesse qui n’était pas seulement dans le parler et dans l’accent, mais dans l’esprit, dans la manière et dans tout l’air des personnes.
Il portait un habit de ville dont les boutons, en pierre de couleur, étaient d’une grandeur démesurée, des boucles de souliers également très grandes.
Et puis, décrire de la sorte ses amis et connaissances tout au long, et leur maison de ville et leur maison de campagne, cela servait, tout en les flattant, à faire des pages et à grossir le volume.
Mais s’il fallait prononcer entre les deux erreurs, entre l’opinion de ceux qui le considèrent comme dès lors établi légitimement à l’état de dynastie, et ceux qui ne veulent voir en lui qu’un aventurier coupable, M. de Maistre trouverait que la plus fausse des deux opinions est encore la dernière : Un usurpateur qu’on arrête aujourd’hui pour le pendre demain, ne peut être comparé à un homme extraordinaire qui possède les trois quarts de l’Europe, qui s’est fait reconnaître par tous les souverains, qui a mêlé son sang à celui de trois ou quatre maisons souveraines, et qui a pris plus de capitales en quinze ans que les plus grands capitaines n’ont pris de villes en leur vie.
Son père, maître des comptes, était de Troyes, et le nom de Courcelles est celui d’un petit fief qu’il possédait tout près de cette ville.
En juin 1757 (il avait vingt ans), il rencontra pour la première fois Mlle Suzanne Curchod que toute la ville de Lausanne n’appelait que la belle Curchod, et qui ne pouvait paraître dans une assemblée ni à une comédie sans être entourée d’un cercle d’adorateurs.
Sa ville natale lui élève une statue, l’Académie française couronne son éloge ; près de quarante ans après sa mort, le voilà encore une fois célébré.
Il veut, au château, des fossés grands et réguliers, des ponts tournants ; il abat sans pitié les vieux arbres : « Vos arbres de Dodone seront mieux employés à ces embellissements qu’à chauffer la ville de Genève. » Cependant les gens d’affaires qui sont sur les lieux, le notaire M.
J’avais espéré découvrir dans les Papiers de Bélanger, acquis par le Musée de la Ville de Paris, à la vente Dubrunfaut, quelques nouvelles copies de lettres d’Adanson, de Noverre, de Beaumarchais, etc., donnant des détails circonstanciés sur la chanteuse ; mais, sauf quatre lignes d’une lettre de « l’ami Moyreau », je n’ai rien trouvé que les éléments d’une curieuse biographie de Bélanger, et des réflexions, des projets, des mémoires de l’amant de Sophie sur le goût, sur l’établissement d’échaudoirs, sur le prix du cuivre, sur les enterrements des condamnés révolutionnaires.
Pourquoi n’aurait-on pas des sergents de ville littéraires ?
C’est souvent une dissertation fastidieuse sur l’étimologie du nom d’un hameau, tandis que l’on n’y dit rien d’une ville considérable située dans le voisinage.
Qu’elles fassent ou ne fassent point corps avec celles de l’université, un jour elles ne s’en établiront pas moins dans les villes de l’empire, mais isolées, mais sans être assujetties à aucune méthode raisonnée d’enseignement, ce qui n’en sera pas mieux.
Il ne faut rien de plus que la main d’un enfant idiot ou pervers pour mettre le feu à une ville, rien de plus que la pensée d’un sophiste pour mettre le feu à une société.
Saint Aignan, l’évêque d’Orléans, qui fit encore plus pour sa ville que Léon pour Rome, il en explique la miraculeuse puissance sur les Romains et sur les Barbares « par le ton solennel et mystique que la lecture habituelle des livres saints imprimait au langage des prêtres de ce temps ».
…………………………………………………… Mais j’ai vu du faubourg fumer les cheminées, J’ai regagné la ville aux nuits illuminées Et le pavé mouvant, etc., etc.
Aussi Philippe, qui ne pouvait subjuguer la Grèce, tant que Démosthène respirait, Philippe qui avait pu vaincre une armée à Chéronée, mais qui n’avait pas vaincu Athènes, tant que Démosthène était un de ses citoyens, pour que ce Démosthène si terrible lui fût livré, offrait une ville en échange.
Remarquez que le règne de la démocratie a coïncidé exactement avec le triomphe de la ligne droite et du cordeau dans toutes les villes qui se respectent. […] Remarquez que le fondateur de l’état égalitaire en France a bâti la ville de Richelieu, qui est le plus beau damier de l’univers habité. […] À propos de l’érection de la statue de Volney en la petite ville de Craon, par les soins de l’Association bretonne-angevine, M. […] L’Hôtel de ville était pour les réverbères, car « à quoi bon se casser le cou ? […] Une ville de deux millions d’âmes sans chemin de fer, c’est bien drôle.
sous la coupole ; un zut à faire évanouir la bonne Mme Aubernon, et je me serais sauvé sur le quai avec mon habit vert, quitte à être arrêté par un sergent de ville et reconduit au Jardin d’Acclimatation comme un kakatoës d’une espèce particulière ! […] Il faut croire que, malgré tous ses charmes, Criquette a moins de talent que Pascal, car celui-ci demandé par le théâtre d’une grande ville commence par y contracter un engagement, puis, hélas, une liaison qui met Criquette au désespoir. […] Une des légendes les plus répandues en Bretagne est celle d’une prétendue ville d’Is, qui, à une époque inconnue, aurait été engloutie par la mer. […] Il me semble souvent que j’ai au fond du cœur une ville d’Is qui sonne encore des cloches obstinées à convoquer aux offices sacrés des fidèles qui n’entendent plus. […] La maison de notre hôte était située un peu en dehors de la petite ville d’Ogden, au centre d’un grand verger.
Suspendu à cette hauteur, entre les nuages volants qui promènent leurs ombres sur la ville et les lumières affaiblies qu’on distingue à peine dans la vapeur, on éprouve une sorte de vertige, et l’on n’est pas loin de découvrir, comme Dickens, une pensée et une âme dans la voix métallique des cloches qui habitent ce château tremblant. […] Il y préfère l’instinct au raisonnement, l’intuition du cœur à la science positive ; il attaque l’éducation fondée sur la statistique, sur les chiffres et sur les faits ; il comble de malheurs et de ridicules l’esprit positif et mercantile ; il combat l’orgueil, la dureté, l’égoïsme du négociant et du noble ; il maudit les villes de manufactures, de fumée et de boue, qui emprisonnent le corps dans une atmosphère artificielle et l’esprit dans une vie factice.
Ce n’est autre chose que l’histoire d’un Joseph dévot et d’une dame Putiphar circonspecte, dans une petite ville de province. […] Lucile est un type très vrai, et très finement étudié, de reine de petite ville et de coquette hypocrite et prudente.
Puis de la chapelle au fond du cimetière Montmartre, élargi comme une nécropole et prenant un quartier de la ville, une marche à pas lents et qui n’en finit pas dans la boue… Enfin les psalmodies des prêtres, et le cercueil que les bras des fossoyeurs laissent glisser avec effort au bout de cordes, comme une pièce de vin qu’on descend à la cave. […] Il y a des moments, oui, où je voudrais tuer tout ce qui est : les sergents de ville, M.
On le retrouve encore parfois dans l’Evangile : Lorsqu’on ne vous recevra pas, et qu’on n’écoutera pas vos paroles, Sortez de cette maison ou de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds… Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. […] Saint Vincent de Paul a tracé ainsi la vie des sœurs de Charité : « Elles n’auront pour monastère que la maison des malades ; — pour cellule qu’une chambre de louage ; — pour chapelle que l’église de leur paroisse ; — pour cloitre que les rues de la ville ou les salles des hôpitaux ; — pour clôture — que l’obéissance ; pour grille que la crainte de Dieu ; — pour voile que la modestie. » 267.
Voici le second : Toutes les photographies d’une ville prises de tous les points de vue possibles auront beau se compléter indéfiniment les unes les autres, elles n’équivaudront point à cet exemplaire en relief qui est la ville où l’on se promène.
Plus souvent c’est un besoin sans fin de calculer, additionner, multiplier : « Une femme, ayant des symptômes nombreux d’hystérie, ne pouvait jeter les yeux sur une rue sans se mettre aussitôt et contre sa volonté, à calculer le nombre de pavés de cette rue, puis de toutes les rues de la ville, puis de toutes les villes d’Italie, puis des rivières et des fleuves. Si elle voyait un sac de blé, aussitôt commençait dans son cerveau un travail de numération sur le nombre des grains contenus dans la ville, dans la région, dans le pays tout entier Elle confessait que non seulement elle se sentait entraînée par une force irrésistible à faire des calculs aussi étranges, mais que ces idées fixes étaient si bien organisées que si, pendant ce pénible travail, elle était interrompue par l’impossibilité d’aller plus loin ou par quelque autre cause, elle éprouvait un sentiment d’angoisse avec des souffrances physiques inénarrables36. » On me signale un jeune homme qui passe la meilleure partie de son temps à calculer l’heure de départ et d’arrivée, pour chaque station, des trains de chemin de fer sur toute la surface du globe.
Elles n’appartiennent plus au bourgeois de la ville, mais au dominateur de la cité. […] C’est le Bernois Bonstetten, que l’attrait du salon de Coppet et le charme de la civilisation française fixèrent à Genève, où il contribua, par sa bonhomie et sa bonne humeur, à donner à la ville de Calvin ce rôle de salon de l’Europe qu’elle tint pendant la Restauration. […] Depuis la Restauration il y a eu en général, dans nos villes et nos villages une division en partis politiques, en clans rivaux, qui n’existait pas dans la France d’avant 1789. […] Et Hugo, au théâtre comme à la ville, est l’homme du monologue, de la tirade, de l’interpellation, de la fusée lyrique où l’on est seul, où l’autre est muet, ou se borne au Mais…, vite écrasé, du mort au whist. […] Mais une ville, une perspective moindres ?
Au seuil de cet asile champêtre, les furies de l’hypocondrie, de la persécution et de la névrose qui ne cessent de le harceler dans la grande ville, arrêtent pour un temps leur poursuite. […] On disait que l’influence du majestueux Baptiste pour obtenir des places de sergent de ville était sans égale. […] Et c’est en cette ville que je reçus la Sonate, gravée et éditée grâce aux seins pieux de ceux qui l’avaient appréciée. […] Du jardin public de la ville, je regardais au loin vers le nord-ouest la tour de Cesson, dressée sur une colline sauvage que l’écume de la mer cerne de ses courses éternelles.
Il respire si librement dans le Campo Vaccino, il nomme si bien par leurs noms toutes les ruines qui parlent du passé et racontent la grandeur évanouie de la ville aux sept collines ; il s’est si bien familiarisé avec le sens et l’origine de tous ces marbres mutilés, que nous croyons entendre plutôt un exilé qu’un voyageur. […] Le pêcheur qui est seul avec la nature, et qui oublie sa pauvreté dans le spectacle des flots et des îles couronnées de verdure, raconte ses espérances avec une sérénité plus voisine de l’art antique ; Salvator, qui a vécu dans les villes, qui a coudoyé l’orgueil et l’envie, dont l’indigence s’est aigrie en présence de la richesse insolente, se laisse aller à plus d’âpreté ; il y a dans son désespoir plus de colère que d’abattement. […] Puisque chacun de ces hommes illustres représente une face, un moment de l’art italien, et que chacun de ces moments appartient tantôt à une ville, tantôt à une autre, n’eût-il pas été simple et naturel de rattacher Raphaël et Michel-Ange à Rome, Titien et le Véronèse à Venise ? […] Sans doute, Londres est triste, même dans ses quartiers les plus opulents, même dans ses parcs si vantés ; mais la tristesse de la ville est moins dans les briques de ses maisons, que dans l’attitude et la démarche de ses habitants. L’élégance fastueuse de quelques familles ne suffit pas pour animer les rues d’une ville habitée par douze cent mille âmes, et l’industrie, si active qu’elle soit, est plus bruyante que gaie.
Il prenait tout le premier sa part à la peine en ne quittant presque pas la tranchée. « Il n’est pas nécessaire, lui disaient les ingénieurs, qu’un maréchal de France y soit si souvent. » — « Non, répondait-il, mais avouez que cela ne fait pas mal. » Je passe avec eux (avec les soldats) une partie de la nuit, écrivait-il au ministre ; nous buvons un peu de brandevin ensemble : je leur fais des contes, je leur dis qu’il n’y a que les Français qui sachent prendre les villes l’hiver.
Les Espagnols, en vrais brutaux, lâchent leurs chiens sur les Indiens comme sur des bêtes féroces ; ils tuent, brûlent, massacrent, pillent le Nouveau Monde comme une ville prise d’assaut, sans pitié comme sans discernement… Les Américains des États-Unis, plus humains, plus modérés, plus respectueux du droit et de la légalité, jamais sanguinaires, sont plus profondément destructeurs, et il est impossible de douter qu’avant cent ans il ne restera pas dans l’Amérique du Nord, non pas une seule nation, mais un seul homme appartenant à la plus remarquable des races indiennes… » L’exposition ainsi faite, le moral et l’esprit de la scène ainsi expliqués complètement, il la raconte si bien que cela finit par être une peinture navrante : « Six à sept mille Indiens ont déjà passé le grand fleuve, ceux qui arrivaient à Memphis y venaient dans le dessein de suivre leurs compatriotes.
Le contraste entre la distance de la tombe et du berceau y est marqué, et même par deux fois : il s’agit non pas du même Ida que dans Virgile, mais d’une ville d’Hyda, en Lydie.
L’acte de son établissement a été signé avec le sang français, à la lueur de nos villes et de nos hameaux incendiés.
M. de La Mennais s’y élève déjà contre l’indifférence glacée qui ne prend plus même à la religion assez d’intérêt pour la combattre : « Aujourd’hui, » dit-il, « il en est des vérités les plus importantes comme de ces bruits de ville, dont on ne daigne même pas s’informer. » C’est au matérialisme philosophique qu’il rapporte particulièrement ces effets, et il en poursuit la source chez M. de Voltaire, chez M. de Condillac et jusque chez M.
Élevé d’abord au collége de sa ville natale, il y terminait sa quatrième, lorsque passèrent des inspecteurs ; le résultat de leur examen fut de faire nommer le jeune élève demi-boursier au lycée d’Avignon, où il alla achever ses études.
Presque toujours le printemps, comme chez les trouvères, en est le sujet : L’aimable Printemps fait naître Autant d’amours que de fleurs ; Tremblez, tremblez, jeunes Cœurs : Champs-Élysées sont l’antique et célèbre cimetière de la ville, et que les femmes d’Arles sont d’une insigne beauté.
Le jeune Prévost fit ses premières études chez les jésuites de sa ville natale, et plus tard alla doubler sa rhétorique au collège d’Harcourt, à Paris.
Il a maintes fois exprimé le regret de n’être pas né dans une ville capitale, et il confesse dans sa Réponse aux Questions d’un Provincial qu’il a été éclairé sur les ressources de Paris pour avoir senti le préjudice de la privation.
À Athènes, à Rome, dans les villes dominatrices du monde civilisé, en parlant sur la place publique, on disposait des volontés d’un peuple et du sort de tous ; de nos jours, c’est par la lecture que les événements se préparent et que les jugements s’éclairent.
Dans le canton de Berne, par exemple, on a remarqué que tous les dix ans il y avait à peu près la même quantité de divorces ; il y a des villes d’Italie où l’on calcule avec exactitude combien d’assassinats se commettent régulièrement tous les ans ; ainsi les événements qui tiennent à une multitude de combinaisons diverses ont un retour périodique, une proportion fixe, quand les observations sont le résultat d’un grand nombre de chances.
N…9 était préfet en 1812 d’une grande ville d’Allemagne qui s’insurgea contre l’arrière-garde de l’armée française en retraite. » Son esprit en fut bouleversé ; il se croit accusé de haute trahison, déshonoré ; bref, il se coupe la gorge avec un rasoir.
Un autre mit en roman le siège de Troie, non d’après Homère sans doute, ce témoin mal informé : mais il lisait les mémoires du Crétois Dictys, un des assiégeants, ceux surtout du Phrygien Darès, qui fut dans la ville assiégée ; et c’était là de bons témoins, qui n’ignoraient rien et ne laissaient rien ignorer.
Rien de plus anodin que sa Petite Ville (1801), délayage d’un mot de La Bruyère : et quant aux trop fameux Ricochets (1807), le ressort « psychologique » joue avec la précision d’un jouet mécanique : il n’y a pas là ombre de vie ni de vraisemblance.
Zemfira pense aux villes, les femmes y sont si bien parées !
Parlant du voyage de guerre que fit ce prince, en 1670, en Flandre pour y préparer la ruine de la Hollande, le carrosse à glaces, d’invention récente, où est assise à côté du roi et de la reine Mme de Montespan, les plus beaux meubles de la couronne, portés dans les villes où le roi devait coucher, les tables envoyées en avant et servies, à chaque étape, comme à Saint-Germain, les présents aux dames, les bals parés ou masqués, les feux d’artifice, tout cela dérobe à Voltaire l’indignité de la maîtresse en titre, étalée, à l’armée et à l’Europe, « et pour qui sont tous les honneurs, dit-il, excepté ce que le devoir donnait à la reine », comme si le moins que dût Louis XIV à sa femme n’était pas tout d’abord le renvoi de sa maîtresse.
Crier au feu, quand on voit une troupe de Foux incendier les différens quartiers d’une ville, est-ce être partial contre les Incendiaires ?
A vingt-neuf ans, Sidhârta s’échappe du palais de son père, rase ses cheveux, se revêt du suaire dont il dépouille un cadavre, et parcourt en mendiant les forêts et les villes.
Le Roi, bibliothécaire de la ville de Versailles, a publié, d’après un manuscrit authentique, le Relevé des dépenses de Mme de Pompadour depuis la première année de sa faveur jusqu’à sa mort.
Plus tard il reproduira admirablement cette même pensée dans le dernier chapitre de sa Monarchie selon la Charte : il se demande ce que devenaient en France autrefois les hommes qui avaient passé la jeunesse et qui avaient atteint la saison des fruits, et, les montrant privés des nobles emplois de la vie publique, oisifs par état, vieillissant dans les garnisons, dans les antichambres, dans les salons, dans le coin d’un vieux château, n’ayant pour toute occupation que l’historiette de la ville, la séance académique, le succès de la pièce nouvelle, et, pour les grands jours, la chute d’un ministre : Tout cela, s’écriait-il, était bien peu digne d’un homme !
C’est le cabotin qui joue ses rôles à la ville, et, comme il tient au théâtre les rôles humanitaires, il se croit une mission sociale : il est Christ et sauveur.
Il y a un sergent de ville au carreau de notre loge, et tout près un cent-garde flamboyant ; et assis à côté de l’ouvreuse, Alessandri surveille le corridor, la main sur le manche d’un poignard de son pays.
Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.
Je sais tout cela sur l’extrémité du doigt, pour dire sur le bout du doigt ; la cité de Paris, pour la ville de Paris ; le Pont nouveau, pour le Pont neuf ; un homme grand, pour un grand homme ; amasser de l’arène, pour ramasser du sable, et ainsi du reste.
Après s’être habillée, elle faisait une prière vocale ou mentale, et lorsqu’elle était dans une ville, elle ne manquait pas d’aller entendre la messe au premier autel.
Pour le moment, j’attends dans une jolie petite ville de Bourgogne l’ordre de partir faire bravement mon devoir de Français et de bon citoyen, ordre qui ne tardera guère… Si je n’en reviens pas, conservez le souvenir de votre instituteur qui vous a bien aimés et qui vous embrasse tous en vous invitant à crier ; « Vivent les Républiques et les Peuples libres !
» Après Babel, Sodome et Gomorrhe… la nuée s’avance, s’étend, tournoie sur les deux villes. […] Il mourut. — Quand ce bruit éclata dans nos villes, Le monde respira dans les fureurs civiles, Délivré de son prisonnier ! […] Et, à la longue, des colonies entières ont quitté le vieux Paris, et l’ont entouré de faubourgs longs, étroits, symétriquement placés à l’origine de toutes les routes, et tournoyant autour de la vieille ville, comme les rayons autour d’une roue. […] Les deux amis du poète sont à Rouen, la ville aux vieilles rues ; il aurait bien voulu les y suivre, et aller avec eux raisonner de l’ogive et du cintre devant les vieux portails ; mais tout l’a retenu, soucis de famille, travaux. […] Il demandait à entrer dans les villes par la brèche : on lui a fait des murs de bois peints en pierre, qu’on pouvait jeter bas avec des pioches véritables.
Dans quelles villes a-t-il séjourné ? […] Tout en accédant à votre douce autorité, là chaque ville vit de son droit naturel, et librement travaille, ou dort, ou chante, ou crie. […] Il y a dans cette grande ville cinq ou six cent mille âmes dont il n’est jamais question sur la scène. […] J’ai beaucoup vécu parmi les paysans, parmi la bourgeoisie campagnarde et parmi celle des petites villes. […] La scène représente un intérieur bourgeois de petite ville, un salon cossu, net et ciré, avec le portrait de Léon XIII au-dessus du piano et, sur la cheminée, le buste du comte de Chambord.
On a eu tort de critiquer le décor, qui était ce qu’il devait être : une reproduction sommaire du décor fixe du théâtre de Bacchus, avec ses trois portes, celle du palais, celle de la ville et celle de la campagne, par où entraient les étrangers. […] Il ne voit presque jamais son fils, qui étudie à la ville voisine. […] Voilà donc de nouveau Rosine toute seule au monde ; d’autant plus exposée à la malveillance des bourgeoises de la ville et à la bienveillance excessive de leurs maris que l’irrégularité de son passé encourage ceux-ci, et que celles-là ne lui pardonnent pas son ancienne apparence de régularité. […] Elle cherche à écarter la jeune ouvrière en lui offrant (comme une aumône qu’on jetterait avec menace) une place de femme de chambre dans un château éloigné de la ville. […] Georges Desclos est un jeune docteur à peu près sans clientèle (ils sont huit ou dix médecins dans cette petite ville), et qui se dessèche d’inquiétude et d’ennui.
« Il y avait à Smyrne une très belle fille qu’on appelait Émire, et qui était moins connue dans toute la ville par sa beauté que par la sévérité de ses mœurs… » Mais je crois y découvrir quelque chose de plus. […] À dix-sept ans, ou même plus jeune, on « montait sur sa mule », comme Gil Blas, on sortait de sa ville natale, et l’on allait « voir du pays ». […] Tel était Gil Blas quand il sortit de sa petite ville natale, sur la mule du chanoine Gil Perez, son oncle, et tel il est encore, quand, à la fin du récit, en dépit de la chronologie, il épouse la vertueuse Dorothée de Jutella. […] Prévost, il est d’Hesdin, fils du procureur du roi de cette ville ; c’est un homme d’une taille médiocre, blond, yeux bleus et bien fendus, teint vermeil, visage plein. […] Dans cette ville, où le « citoyen » comptait de rentrer en triomphateur, un maître en plaisanteries lui a ravi sans retour ses espérances de popularité.
Quel besoin a celui que traite un parfait médecin d’aller chercher d’autres médecins par la ville ? […] Nul édifice à Paris n’eût pu contenir la foule des disciples d’Abeilard ; quand il se retira dans une solitude, ils l’accompagnèrent en telle multitude, que le désert devint une ville.
À la ville comme à la campagne sa maison est tenue avec un soin extrême : l’influence qu’il exerce à cet égard sur ses gens est si grande, que les cochers même la subissent ; non-seulement ils entretiennent avec soin les harnais et nettoient leurs propres vêtements, mais ils se débarbouillent. […] Voici la ville du district avec ses maisonnettes de bois inclinées sur leurs fondements, ses haies sans fin, ses maisons de marchands construites en briques et inhabitées, son vieux pont jeté sur un profond ravin… En avant !
Ces trois éléments d’opposition étaient, de 1826 à 1830, d’abord le bonapartisme de l’armée, force immense dans un peuple de soldats où cent mille légionnaires, généraux, officiers ou sous-officiers, licenciés ou aigris par les revers et par l’inaction, semaient dans toutes les villes et dans toutes les chaumières l’éternelle légende des exploits de leur César et l’éternelle complainte de leur propre déchéance. […] Il regretta vivement de ne plus avoir la force de traverser à pied la ville pour venir, comme l’année dernière, s’asseoir quelques heures au foyer de ses amis éloignés et souvent au mien.
Professeur au Collège de France ; directeur et président de section à l’École des hautes études ; secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences ; grand officier de la Légion d’honneur, sénateur ; ancien ministre ; membre d’une foule de Conseils plus supérieurs les uns que les autres ; logé par l’État, à la ville, et à la campagne, du côté de Meudon, où l’on conte qu’il étudie « la fixation de l’oxygène de l’air par le vert des plantes » en mangeant des fraises exquises, — on ne peut évidemment pas dire que la science ait fait « banqueroute » à mon très cher et très éminent confrère M. […] Qui a créé tout autour de nous, dans les environs de nos grandes villes, — du côté de Saint-Ouen et de Saint-Denis, par exemple, — cette misère ouvrière qui soulève tous les cœurs d’indignation, de honte, et de dégoût de la civilisation ?
Les Divertissements de la Ville et de la Cour (en coll. avec R. d’Avril), Ermitage, 1903, in-12. […] in-12. — Le Jour qu’on aime, poème, Mercure de France, 1898, in-18. — Instants de Ville, poésie.
Mais ces derniers ont des troupes de plusieurs villes qui leur ont envoyé du secours ; et c’est ce qui renverse tous mes desseins, et qui m’empêche de saccager Troye . […] En troisiéme lieu, Agamemnon après avoir relevé la supériorité des grecs sur les troyens par ce calcul de grecs rangez par dixaines, qui prendroient un troyen pour échanson, perd tout le fruit de ce beau calcul, en ajoûtant que les troyens ont reçû de grands secours de plusieurs villes, et que c’est ce qui renverse ses desseins . […] Sous le fer terrible d’Achille, j’ai vû tomber le roy mon pere, j’ai vû la ville des ciliciens la superbe Thebes en proye à ses soldats ; j’ai vû cet impitoyable ennemi faire de nos plus vaillans hommes un horrible carnage, après avoir abbattu mon pere. […] je sçai qu’un jour viendra, dit Hector en continuant, que la sacrée ville de Troye périra avec son roy et tout son peuple. et là-dessus il peint la captivité d’Andromaque, comme un malheur inévitable, avec les couleurs les plus desesperantes.
Si d’un coup de pinceau je vous avais bâti Quelque ville aux toits bleus, quelque blanche mosquée, Quelque tirade en vers, d’or et d’argent plaquée, Quelque description de minarets flanquée, Avec l’horizon rouge et le ciel assorti, M’auriez-vous répond : « Vous en avez menti » ? […] Il semble qu’en remettant le pied dans cette ville gouailleuse, il ait eu un vague soupçon que le « lien idéal » dont tous trois étaient si fiers pourrait bien être une erreur, et une erreur ridicule. […] La ville tout entière, pour qui sait comprendre ce que racontent les pierres, servait d’illustration et de commentaire aux vieilles chroniques florentines. Musset profita de la leçon, et trouva en feuilletant ces chroniques le sujet de son drame : le meurtre d’Alexandre de Médicis, tyran de Florence, par son cousin Lorenzo, et l’inutilité de ce meurtre pour les libertés de la ville.
Un jour que, me trouvant échoué sans ressources dans une petite ville d’Allemagne, je songeais à adopter un métier qui me permit de vivre, il me parut que l’expédient le plus pratique serait d’ouvrir un bureau pour l’explication complète et garantie des œuvres de M. […] Il y a tant de choses bonnes à voir et qu’ils n’ont pas vues : les lacs, les montagnes, les rivières, les villes et les campagnes, la mer et les bateaux, le ciel et les étoiles !” […] Nous vivons trop dans les livres et pas assez dans la nature ; et nous ressemblons à ce niais de Pline le Jeune qui étudiait un orateur grec pendant que sous ses yeux le Vésuve engloutissait cinq villes. » * * * Est-ce à dire que M. […] J’appris que l’on pouvait ordonner mentalement des actes à des personnes éloignées de plusieurs kilomètres, et que, par exemple, on avait attiré à soi, de l’autre extrémité d’une ville, — non pas, à dire vrai, la princesse Marysia — mais une vieille rentière normande.
Sans doute une ville se compose exclusivement de maisons, et les rues de la ville ne sont que les intervalles entre les maisons : de même, on peut dire que la nature ne contient que des faits, et que, les faits une fois posés, les relations sont simplement les lignes qui courent entre les faits. Mais, dans une ville, c’est le lotissement graduel du terrain qui a déterminé à la fois la place des maisons, leur configuration, et la direction des rues ; à ce lotissement il faut se reporter pour comprendre le mode particulier de subdivision qui fait que chaque maison est où elle est, que chaque rue va où elle va.
mais il n’en restait plus dans la ville !
Nous nous sommes mis à courir et sommes arrivés à temps pour voir entrer en ville ce cortège singulier.
Depuis 1784, ils étaient établis dans la généralité de Lyon, passant quelques mois d’hiver dans cette ville, et la plus grande partie de l’année tantôt à Villefranche et tantôt à deux lieues de là, au clos de La Plâtière, petit domaine champêtre, en vue des bois d’Alix et proche du village de Thézée.
Comme il nous dessine dans un jour favorable la petite ville qui lui paraît peinte sur le penchant de la colline !
L’abbé Pernetti, l’historien des célébrités de Lyon, raconte que le peuple de cette ville l’appelait la Sainte.
Ceux-ci, commandés par Jason, ont surmonté les écueils des Cyanées, les périls d’une mer inconnue, et sont arrivés à l’embouchure du Phase, auprès de la ville d’Aia, capitale du royaume d’Aiète.
J’ai prié deux professeurs d’anglais d’une très grande ville industrielle du nord (mari et femme — lycée de garçons et lycée de jeunes filles) de rechercher dix ans en arrière, individuellement, à quoi avait servi à leurs élèves l’enseignement de cette langue étrangère.
La première vision de Gloriane, dans la ville de Navarre où les cheveux d’or flambent dans le plus ensoleillé des décors, doit être retenue.
On lui indique un seigneur Agnoste, du pays d’Aléthée, de la ville d’Éleuthère, habitée par les Parisiens, « gentilhomme de bonne affaire et point trompeur qui aime mieux le concile de vin que de Trente162. » Il demeure, lui dit-on dans la rue du Bon Temps, à l’enseigne du Riche Laboureur.
Un bachelier ès-lettres sourit maintenant de la controverse animée que Cicéron soutint contre Tiron pour savoir si toutes les villes du Péloponnèse sont maritimes et s’il y a des ports en Arcadie (lettres à Atticus, liv.
L’attente était grande ; on était accouru même d’autres villes ; la déception fut complète ; « le public quitta la salle consterné et mécontent ».
Voltaire, [Marie-François Arouet de] de l’Académie Françoise, & de presque toutes les Sociétés Littéraires de l’Europe, né à Paris en 1694, mort dans la même Ville en 1778.
Quand, l’hiver suivant, la tragédie de Mustapha fut représentée à la ville, à la Comédie-Française, elle n’y obtint qu’un succès plus froid.
Il fit ses premières études dans la maison paternelle et aux Jésuites de sa ville natale, et il les acheva chez les Doctrinaires à Draguignan.
Abercrombie raconte qu’une dame de Londres fut conduite mourante à la campagne ; on lui amena sa petite fille, qui ne parlait pas encore et qui, après une courte entrevue avec la mère, fut reconduite à la ville.
Des textes précis en font foi en ce qui touche à Sparte, aux villes de Locres et de Leucade.
Il s’était lié avec un bandagiste de la ville d’Orléans, qui avait la plus jolie femme qu’il fût possible de rêver.
Hennequin note lui-même la prédilection des ouvriers pour les aventures qui se passent dans un fabuleux « grand monde », l’attrait des histoires romanesques ou sentimentales pour certaines personnes d’occupations incontestablement prosaïques, le charme que les habitants des villes trouvent aux paysages ; des hommes habituellement simples et calmes sont souvent avides de la musique la plus passionnée.
Ainsi l’ouvrier des grandes villes oublie sa misère et son épuisement, le paysan de Norvège ou de Russie oublie le froid et la souffrance, les peuplades sauvages de l’Amérique et de l’Afrique oublient leur abâtardissement.
Cette guerre éclata d’abord dans une ville de la Bohême ; mais elle s’étendit avec rapidité sur la plus grande partie de l’Europe.
Est-ce besoin, comme Alcibiade, pour faire jaser la ville, de couper la queue à son chien ?
Il a été une coqueluche de cour, quand il y avait une cour, et il l’est de la ville toujours, et il le sera encore demain de la province.
Si votre peuple était le vrai peuple, il n’y aurait plus qu’à quadrupler le nombre des hôpitaux et à décupler celui des sergents de ville.
Est-ce un hasard si la ville où se forgeait pour le monde la notion du Droit universel et personnel était aussi le rendez-vous des races ?
Nourries dans l’intérieur de leur ville, occupées de soins peu laborieux, nées sans doute avec cette souplesse d’esprit qui semble avoir toujours été le partage de leur sexe, elles avoient bien de l’avantage sur des hommes qui ne savoient que se battre ou cultiver la terre.
Ses yeux ont eu pour premier horizon un milieu presque incolore, un coin tranquille de petite ville de province, les bois d’un domaine voisin, la Limoise, qui lui semblaient profonds comme les forêts primitives, la plage de l’île d’Oléron. […] Nous autres, nés dans la grande ville trop grande et peuplée de trop d’étrangers, dans la ville qui va sans cesse en se transformant et ne nous laisse que le souvenir d’aspects disparus et d’images abolies, nous ne pouvons entendre sans un peu d’envie la jolie expression de ceux qui parlent d’un village qu’ils ont là-bas et qu’ils appellent : « chez moi ». […] Homais, à un clerc de notaire de province, et encore à un étudiant de brasserie, à un vétérinaire, à un basochien de petite ville. […] Elle serait telle qu’est la prédication des curés de campagne, quand ceux-ci ne s’efforcent pas de rivaliser d’éloquence avec les curés des villes.