Cette discipline transformatrice de l’homme, qui solidifie la nature humaine devant le danger et la destruction, et met une âme et une volonté à la place des frémissements et des tressaillements de la chair, tous les génies militaires qui ont paru dans le monde et y ont laissé une trace de leur passage, depuis Xénophon jusqu’à César et depuis César jusqu’à Napoléon, ont voulu la réaliser, l’exalter, la pousser jusqu’au plus haut point de perfection, — quelquefois par des moyens atroces.
Montesquieu, c’est la pénétration réfléchie, c’est la volonté savante dans l’expression calculée, c’est la rétorsion la plus prudente dans la pensée, et c’est la mesure aussi et la modération, qui tue en n’ayant pas l’air d’y toucher.
Avec sa seule industrie, sa seule volonté, sa seule prévoyance, Jacques Cœur avait fondé le commerce maritime.
Il est évident qu’un tel homme n’admet ni ancêtres, ni prédécesseurs ; mais il n’est pas moins évident non plus que si la parenté n’est pas reconnue par la volonté, elle subsiste dans la pensée, car, si elle n’y était pas, croyez-le bien, les philosophes modernes, plus ou moins issus de Descartes, auraient laissé bien tranquille dans sa niche de Saint, le grand Anselme de Cantorbéry, et ne lui auraient pas fait cette gloire posthume qu’ils se sont mis à lui faire, moins pour lui encore que pour eux !
Est un moraliste encore quelque pauvre déiste, d’honnête volonté, qui tire comme il peut un traité de conduite de la notion de Dieu, établie tant bien que mal dans sa judiciaire de philosophe.
Si les Grecs — dit très bien Rohrbacher — eussent été plus sincères dans leur volonté d’union avec l’Église romaine, naturellement les Chrétiens d’Occident auraient plus volontiers écouté les exhortations d’Eugène IV et de Nicolas V pour aller au secours de Constantinople, et certainement, avec des capitaines tels que Huniade et Scanderbeg, jamais Constantinople n’aurait péri sous le glaive des turcs.
La Méditation — cette Muse réfléchie — ne l’a pas ingénieusement combiné, et ce n’est pas non plus une volonté laborieuse et tenace qui l’a arraché de l’esprit de l’écrivain comme on arrache l’enfant du sein de sa mère.
Mais la respectueuse obéissance à la volonté paternelle, et le sacrifice de sa vie, et de celle pour qui on donnerait dix fois sa vie au serment qu’on a fait à une mère mourante ; cet obscur et cruel devoir qui n’a pas, lui, d’attitude sculpturale et plastique, est plus difficile à comprendre dans la noblesse de son humilité.
En effet, ce n’est pas l’esprit du poète qu’elle doit plaindre, mais son travail et sa volonté qu’elle peut accuser.
Les poètes de volonté n’existent pas.
Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.
Le vice respiré de loin, enivrant de loin, ne fascine plus comme à distance ; et, malgré les dépravations secrètes de la volonté, ce n’est guères plus là qu’une ébauche de Messaline, et une ébauche qui ne s’achève jamais ; une ébauche qui a les bras coupés comme la Vénus de Milo !
S’ils n’ont rien fait, ils se persuadent que le génie les attend, et que pour être célèbres, il ne leur manque que la volonté.
J’en aurais bien le droit cependant, puisque c’étaient autant de pièces, comme on sait, destinées pour l’impression, et qui n’ont manqué de paraître du vivant de leurs auteurs que par des circonstances indépendantes de leur volonté. […] En effet, ce qu’Emma Bovary est en femme, Frédéric Moreau l’est en homme ; et chez le second, comme chez la première, le développement maladif d’une éducation purement sentimentale a désagrégé l’intelligence et la volonté. […] Mais, depuis lors encore, en 1864, dans son William Shakespeare, Hugo s’est représenté lui-même sous le nom d’Eschyle, tel qu’il se voyait ; et deux ans plus tard, en 1866, dans les Travailleurs de la mer, il a défini, dans la personne de son Gilliatt, tout un côté de son imagination : « L’immense dans Eschyle est une volonté. […] et, après la part du « tempérament », dans son œuvre et dans son art, quelle est celle aussi de la « volonté » ? […] On ne devient point idéaliste ou naturaliste, on l’est ou on ne l’est pas ; la volonté n’y peut pas plus qu’à la forme du visage ou la couleur des cheveux.
Qui donc connaît les mystères de la volonté, ainsi que sa vigueur ? Car Dieu n’est qu’une grande volonté pénétrant toutes choses par l’intensité qui lui est propre. […] La volonté précède la foi, peut-être en tient lieu. […] Ou elles sont fondées pour la défense d’une idée, d’une doctrine bien précisée à l’avance, ou elles résultent d’une volonté unique. […] C’était l’expression de plusieurs volontés qui s’apparentaient sans s’unir.
cette question, une des plus délicates de la vie morale, est tranchée dans le sens le plus hardi par « une intelligence et une volonté droites, et qui aiment. » Che vide e vuol dirittamente, ed ama. […] Il sent son désir, sa volonté, attirés invinciblement dans l’immense orbite de l’amour éternel « qui meut le soleil et les étoiles. » Ma già volgeva il mio disiro, e ‘l cette, Si come ruota, che igualmente è mossa, L’Amor che muove il Sole e l’ altre stelle. […] Il vit en crainte et en respect des volontés d’en haut, attentif au destin, ahnungsvoll, ehrfurchtsvoll, nous n’avons pas en français de mots pour exprimer ces nuances, ces degrés dans la profondeur de la religiosité germanique ; et ce mot même de religiosité dont je me sers, faute de mieux, il est à la fois chez nous hors d’usage et sans valeur. […] Iphigénie et Tasso, l’ascendant qu’il exerce sur un prince libéral et qui le met à même de protéger, de récompenser magnifiquement le mérite, cette admirable conscience du devoir social qui le pousse à répandre au dehors les trésors de savoir qu’il s’est acquis par la puissance d’une volonté infatigable, le font agissant et bienfaisant comme il a été donné de l’être à peu d’hommes privilégiés.
Toutes les fois, au contraire, que je réussissais à force de soins et de peine, je ne sentais pas ma volonté seule, mais je sentais la Grâce favorable qui aidait et planait au-dessus ; il y a toujours dans la volonté la plus attentive et la plus ferme assez de manque et d’imprudence, pour nécessiter, en cas de succès moral, l’intervention continue de la Grâce. […] L’intelligence s’énerve à contempler les défaites de la volonté. Je ne voudrais d’autre preuve que le mal a été pour la première fois introduit au monde par la volonté en révolte de l’homme, que de voir combien ce mal, tout en persistant dans son apparence, cesse en réalité, se convertit en occasion de bien, s’abaisse à la portée de la main en fruit de mérite et de vertu, sitôt que le front foudroyé s’incline, sitôt que la volonté humaine se soumet. […] Par cela seul que la société vit, se meut et se développe, la langue fait tout cela de son côté ; il y a même des changements d’expression et de tour dont personne, ou plutôt dont tout le monde, peut se dire auteur ou complice : changements anonymes, spontanés, nés de la volonté des faits plutôt que de l’arbitre d’un homme. […] c’est-à-dire en séparant notre volonté de celle de Dieu, en nous attribuant une indépendance que nous ne pouvions pas même réclamer sans crime, en disant Je suis, en présence de celui-là seul qui est, en voulant exister pour nous, quand nous ne devions exister que pour lui.
Une seule suffisait pour attester sa puissante viabilité, sa constitution florissante ; elle n’a pas eu besoin d’ailleurs de s’imposer, elle était attendue de tous ; sa venue a été saluée d’une acclamation universelle, et elle s’est emparée du théâtre, moins en conquérant qui force les volontés, que comme un maître légitime qui prend possession de ses domaines. […] Weill comme un des chefs de l’école réaliste, avec la meilleure volonté du monde je ne vois en lui jusqu’à présent que le pachyderme du réalisme. […] Eugène d’Araquy a de la jeunesse pourtant, mais une jeunesse sans audace et sans volonté, qui ne sait pas ou n’ose point être originale. […] L’héroïne de la pièce, de par le caprice de l’auteur, est toujours une adorable créature, tandis que, de par la volonté du bon Dieu, l’actrice chargée de la représenter n’est rien moins qu’une jolie femme. […] Est-ce sa volonté qui manque d’audace ?
Nous pouvons bien admettre qu’il y a en nous une âme, un moi, un sujet ou « récipient » des sensations et de nos autres façons d’être, distinct de ces sensations et de nos autres façons d’être ; mais nous n’en connaissons rien. « Tout ce que nous apercevons en nous-mêmes, dit Mill1473, c’est une certaine trame d’états intérieurs, une série d’impressions, sensations, pensées, émotions et volontés. […] Quand je dis que le feu est chaud, je veux dire par là que, lorsque le feu est à portée de mon corps, j’ai la sensation de chaleur. « Quand nous disons d’un esprit qu’il est dévot ou superstitieux, ou méditatif, ou gai, nous voulons dire simplement que les idées, les émotions, les volontés désignées par ces mots reviennent fréquemment dans la série de ses manières d’être1475. » Quand nous disons que les corps sont pesants, divisibles, mobiles, nous voulons dire simplement qu’abandonnés à eux-mêmes, ils tomberont ; que tranchés, ils se sépareront ; que, poussés, ils se mettront en mouvement ; c’est-à-dire qu’en telle et telle circonstance ils produiront telle ou telle sensation sur nos muscles ou sur notre vue. […] Les philosophes se méprennent quand ils découvrent dans notre volonté un type différent de la cause, et déclarent que nous y voyons la force efficiente en acte et en exercice. […] Nous ne voyons pas un fait qui en engendre un autre, mais un fait qui en accompagne un autre. « Notre volonté, dit Mill, produit nos actions corporelles, comme le froid produit la glace, ou comme une étincelle produit une explosion de poudre à canon. » Il y a là un antécédent comme ailleurs, la résolution ou état de l’esprit, et un conséquent comme ailleurs, l’effort ou sensation physique.
« Tout ce que nous apercevons en nous-mêmes, dit Mill2, c’est une certaine trame d’états intérieurs, une série d’impressions3, sensations, pensées, émotions et volontés. » Nous n’avons pas plus d’idée de l’esprit que de la matière ; nous ne pouvons rien dire de plus sur lui que sur la matière. […] « Quand nous disons d’un esprit qu’il est dévot ou superstitieux, ou méditatif, ou gai, nous voulons dire simplement que les idées, les émotions, les volontés désignées par ces mots reviennent fréquemment dans la série de ses manières d’être4. » Quand nous disons que les corps sont pesants, divisibles, mobiles, nous voulons dire simplement qu’abandonnés à eux-mêmes, ils tomberont ; que, tranchés, ils se sépareront ; que, poussés, ils se mettront en mouvement ; c’est-à-dire qu’en telle et telle circonstance ils produiront telle ou telle sensation sur nos muscles ou sur notre vue. […] Les philosophes se méprennent quand ils découvrent dans notre volonté un type différent de la cause, et déclarent que nous y voyons la force efficiente en acte et en exercice. […] « Notre volonté, dit Mill, produit nos actions corporelles, comme le froid produit la glace, ou comme une étincelle produit une explosion de poudre à canon. » Il y a là un antécédent comme ailleurs, la résolution ou état de l’esprit, et un conséquent comme ailleurs, l’effort ou sensation physique.
Mais, nouvelle contradiction, si les poèmes de M. de Montesquiou se présentent ainsi, c’est par volonté réfléchie. […] On remarque qu’il a la volonté de forger des formules frappantes : elles ne restent point dans l’esprit. […] Bourget et l’on peut penser qu’il ne se fit psychologue que par un effort de volonté appliquée. […] Or, chose étrange, ce n’est point par faiblesse mais par volonté que M. […] Soit ignorance, soit volonté d’être ignorant, un jargon prétentieux et relâché servait alors d’habit à la pensée.
Bourget y a été attaché par son goût de l’analyse et il y a montré, avec sa précision coutumière, le jeu de toutes les puissances de l’âme, depuis les influences héréditaires jusqu’à l’amour : non moins que l’intelligence et la volonté, en effet, le cœur a une part dans ce drame intérieur. […] Chef-d’œuvre de volonté et de patience, où l’effort est assez dissimulé pour qu’on le présume seulement. […] Les auteurs ont alors beau jeu à proposer le divorce par la volonté d’un seul comme l’unique correctif raisonnable à de pareilles injustices. […] Cette pensée est que le mariage, contrat ordinaire conclu par la libre volonté des deux parties, doit être aussi résilié à la volonté des contractants. […] Nouveau coup de tête de la volonté libre.
Il ne s’agit pas de volonté, il s’agit d’émotivité. […] En résumé, le cerveau serait, d’après notre maître, l’esclave de la volonté, à laquelle obéiraient, ainsi que des soldats bien dressés, les neurômes et toutes les cellules cérébrales. […] Albalat a recueilli avec soin ce badinage : « Le style de Taine est un miracle de volonté. […] Faguet, en le lisant ainsi transposé : « Le nez de Cléopâtre est un miracle de volonté. […] Faguet) le mécanisme physiologique de la pensée et qui sait que la volonté n’est pas autre chose qu’un état de tension nerveuse, parfaitement involontaire.
Il est animiste à la manière des enfants, donne une volonté à l’eau, au vent. […] Enfin, dans son esquisse de la volonté, Taine tire des ouvrages de Stendhal, et notamment de la Chartreuse de Parme, un grand nombre de preuves ». […] Cependant, même au fond de l’esprit le plus corrompu par la fausse humilité socialiste, il y a cette éternelle volonté de puissance dont Nietzsche a si bien parlé. […] Le travail est peut-être plus apparent chez Renoir ; plus courageux que Verlaine, il est doué d’une volonté plus ferme d’être en même temps neuf et sincère, de reproduire la vie telle qu’il l’a vue et sentie. […] Comme fait naturel, le langage évolue en dehors de l’attention et malgré la volonté] l’écriture court après, aussi vite qu’elle peut, ruais ne le rattrape jamais.
. — Épargnons-nous ce remords de frapper cet esprit pur et divin. » Et après la mort : « (11 septembre 1850)… La volonté du Ciel est terrible, quand elle s’accomplit sur des êtres si faibles et si tendres que nous. » Mais tout à coup, dans ce ciel si lourd, si chargé, si sombre, un éclair inespéré a lui : « (14 janvier 1851)… Ondine se marie ! […] … « Je n’ai aucune force morale en ce moment, et j’ai l’effroi d’écrire surtout à ceux que j’aime ; car, pour ne pas mentir, c’est bien triste à raconter. » « (13 août 1853)… Enfin, nous n’accomplissons en rien notre volonté ; une force cachée nous soumet à tous les sacrifices, et cette force est irrésistible. » « (13 août 1853)… Paris, qui a dévoré toutes nos ressources et nos espérances, devient de plus en plus inhabitable pour nous, et quelque coin de la province nous paraît déjà souhaitable pour cacher nos ruines et reposer tant de travail inutile.
En ce cas, c’est un geste vocal naturel, non appris, à la fois impératif et démonstratif, puisqu’il exprimé à la fois le commandement et la présence de l’objet sur lequel porte le commandement ; la dentale t et la labiale m réunies dans un son bref, sec, subitement étouffé, correspondent très bien, sans convention et par leur seule nature, à ce sursaut d’attention, à ce jaillissement de volonté brusque et nette. — Ce qui rend cette origine probable, c’est que d’autres mots ultérieurs et dont on parlera tout à l’heure sont visiblement l’œuvre, non de l’imitation, mais de l’invention177. […] Quant aux mouvements appris, les progrès se sont faits dans l’ordre suivant : 1º Tourner les yeux à volonté dans tel ou tel sens. 2º Les tourner du côté d’où vient la voix (quatre mois). 3º Gouverner les mouvements de son cou et de sa tête, et les tourner l’un et l’autre, en même temps que les yeux, du côté d’où vient la voix (cinquième et sixième mois). 4º Se servir de ses mains, commencer à palper, remarquer des sensations tactiles différentes, notamment la sensation nouvelle d’une des mains promenée par hasard sur l’autre main.
Elles le sont pour la réflexion étroite et grossière qui ne voit la vie que dans la pensée et la volonté. […] Il est certain du moins que la seule volonté qu’il juge bonne est la sienne, et certes, quand il la contente, elle ne lui fait pas beaucoup d’honneur.
Les deux époux étaient dignes l’un de l’autre, l’amour le plus tendre les unissait avant la volonté de leurs familles ; mais l’héroïsme du jeune Pescaire l’arracha peu de temps après le mariage des bras de son amante. […] » La mort de Vittoria Colonna devint le texte habituel de ses derniers chants : « Quand celle vers qui volaient tous et tant de mes soupirs fut, par la volonté divine, enlevée de la terre au firmament, la nature, qui ne s’admira jamais dans un si beau visage, parut attristée, et tous ceux qui l’avaient vue restèrent dans les larmes !
Pour la politique même et le gouvernement, ni les plus hauts esprits, ni les volontés les plus efficaces n’ont été toujours servis par le talent oratoire, et les partis eux-mêmes seront loin d’être représentés ici selon leur force ou leur influence. […] La passion de Vanité anime de Maistre ; il hait tout ce qui sépare, tout ce qui distingue ; il ne conçoit pas l’harmonie d’éléments multiples ; il y a unité où il y a volonté unique, et elle n’existe que dans l’absolu despotisme.
Oui, on nous a déjà dit que le mariage est une institution oppressive, s’il n’est pas l’union de deux volontés libres et si la femme n’y est pas traitée comme un être moral. […] Londres, près de qui Paris n’est qu’une jolie petite ville, est la capitale de la volonté et de l’effort ; et je crois aussi que c’est une excellente atmosphère pour la réflexion qu’un brouillard anglais.
Le Rythme est à l’Harmonie ce que la direction est à l’espace ; il s’effuse en elle, comme la Volonté dans la Représentation. […] Elles sont aux timbres, en quelque manière, comme la mesure est aux rythmes et, de même que dans le Rythme (au sens large) les rythmes sont l’élément le plus subjectif, de même les harmonies sont l’élément le plus objectif de l’Harmonie. — Forme virile de notre pur instinct, le rythme, léger tel qu’un souffle ou fort comme une volonté d’homme, naît de notre désir et s’identifie avec nous-même.
L’immense, dans Eschyle, est une volonté. […] Évergète, par volonté de jouissance exclusive et traitant une bibliothèque comme un sérail, nous a dérobé Eschyle.
Baudelaire est un artiste de volonté, de réflexion et de combinaison avant tout. […] On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakspeare, indifférent à tout, excepté à la beauté, comme Goethe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
Et s’il s’agit du Dieu providentiel, prenez garde : il n’y a de providence que si ses desseins sont imprévisibles : Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait, que lui seul ? […] Selon eux, par nécessité, Sans passion, sans volonté : L’animal se sent agité De mouvements que le vulgaire appelle Tristesse, joie, amour, plaisir, douleur cruelle, Ou quelque autre de ces états.
De quel autre nom appeler un homme qui n’a ni libre-arbitre ni volonté, et qui se laisse manger par toutes les chenilles de la création ? […] … Je me demandais ce qu’un livre intitulé, sournoisement ou hardiment, La Tentation de saint Antoine, par Gustave Flaubert, pourrait bien être, et je me disais qu’avec la volonté acharnée de l’homme qui y travaillait, depuis si longtemps il serait au moins quelque chose, quoi que ce fût : histoire ou invention, poème ou roman, étude d’analyse ou de synthèse.
Du Plessis-Mornay, sous sa conviction persévérante, avait dans la volonté quelque chose de plus souple, et Sully, bien que grondeur et souvent rude à son maître, avait une solidité, un sens pratique continu, une régularité opiniâtre et esclave de la discipline, toutes vertus que d’Aubigné ne connut jamais.
Mais, encore une fois, on risque de se perdre un peu dans cette quantité d’étoiles, et il n’est pas sȗr, avec la meilleure volonté du monde, de prendre le rôle de démonstrateur.
Elle savait d’original bien des choses, et son esprit exact et vrai n’altérait rien. » Depuis que ceci est écrit, on a publié de Mme de Boigne deux romans posthumes, d’après sa permission ou sa volonté dernière.
D’autres ont essayé de peindre tous les maux affaiblissants et le relâchement de la volonté, produits par un abandon tortueux et secret : lui, il s’est attaché à peindre le mal orgueilleux, ambitieux, d’une curiosité insatiable, impie, le mal du Don Juan renouvelé : « Il y a, dit-il, de l’assassinat dans le coin des bornes et dans l’attente de la nuit, au lieu que dans le coureur des orgies bruyantes on croirait presque à un guerrier : c’est quelque chose qui sent le combat, une apparence de lutte superbe : « Tout le monde le fait, et s’en cache ; fais-le, et ne t’en cache pas. » Ainsi parle l’orgueil, et, une fois cette cuirasse endossée, voilà le soleil qui y reluit. » Trois endroits, sans parler de celui auquel cette citation appartient, expriment et ramènent à merveille le sujet, le but du livre, qui disparaît et s’évanouit presque dans une trop grande partie du récit : ce sont, le discours nocturne de Desgenais à son ami, la réponse éloquente d’Octave à quelques mois de là, et, au second volume, certaines pages sur la curiosité furieuse, dépravée, de certains hommes pour ces hideuses vérités qui ressemblent à des noyés livides.
Facile jusqu’à un certain point, plus facile assurément que presque tout ce qui est dans l’intervalle, complet en lui-même, ayant sa langue à lui, son vocabulaire et ses formes d’expression, comme il a son Olympe et son monde, il promet d’entières et sûres jouissances à quiconque aura la volonté de l’aborder et de le posséder.
et par une volonté expresse, la Pucelle, le plus dénué de poésie des poèmes épiques du temps.
Enfin le dénouement est à volonté : une variante marie les deux amants, pour la satisfaction des âmes sensibles.
Du moins, des deux puissances capables de tyrannie, l’État et l’Église, l’une, chez nous, n’a plus la volonté, et l’autre n’a plus la force d’exercer la censure des idées littéraires.
mais j’aime mieux l’y voir rire que de l’y voir gambader… Nous arrivons à ces Idylles prussiennes qui ont fait tout à coup surgir de Banville comme un Banville qu’on ne connaissait pas… Toutes les pièces de ce recueil d’Idylles sont superbes et d’un pathétique d’autant plus grand que le désespoir y est plus fort que l’espérance ; qu’il y a bien ici, à quelques rares moments, des volontés, des redressements et des enragements d’espérance, mais tout cela a l’air de s’étouffer dans le cœur et la voix du poète, et on épouse sa sensation… Les hommes sont si faibles et ont tant besoin d’espérer, que c’est peut-être ce qui a fait un tort relatif aux Idylles prussiennes de M.
Certes, le poète n’échappait point à la loi commune, et chacune de ces œuvres qu’il avait libérées du temps par sa volonté créatrice fut, à sa manière, une œuvre de circonstance, enfantée dans la douleur.
Lorsque Isabelle sort, Pantalon lui essuie le front et lui fait de tendres reproches, en lui recommandant bien, lorsqu’une pareille volonté lui viendrait encore, de ne pas hésiter à l’avertir.
On a dit aussi que deux faits doivent être regardés comme simultanés quand l’ordre de leur succession peut être interverti à volonté.