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663. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Le Prince C’est une assez bonne méthode pour décrire des tableaux, surtout champêtres, que d’entrer sur le lieu de la scène par le côté droit ou par le côté gauche, et s’avançant sur la bordure d’en bas, de décrire les objets à mesure qu’ils se présentent. […] C’est une faiblesse de pinceau, un négligé, un manque d’effet qui désespèrent ; c’est dommage, car tout est naturellement ordonné, les personnages, le tartare surtout bien posé, les objets bien distribués ; la femme tartare, en fourrure rouge, a les pieds posés sur un coussin. […] Cela serait d’un Bel effet, surtout dans une composition tragique ! […] Je vous le répète, il ne faudrait qu’assujettir la peinture et la sculpture à notre costume pour perdre ces deux arts si agréables, si intéressans, si utiles même à plusieurs égards, surtout si on ne les emploie pas à tenir constamment sous les yeux des peuples ou des actions déshonnêtes ou des atrocités de fanatisme, qui ne peuvent servir qu’à corrompre les mœurs ou à embéguiner les hommes, à les empoisonner des plus dangereux préjugés. Je voudrais bien savoir ce que les artistes à venir dans quelques milliers d’années pourront faire de nous, surtout si des érudits sans esprit et sans goût les réduisent à l’observation rigoureuse de notre costume.

664. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

J’ai cherché des observations plus approfondies, et surtout d’une authenticité plus certaine ; je n’en ai pas trouvé d’autre que celle du romancier anglais Stevenson. […] Surtout, il y a des fragments de souvenirs brisés que la mémoire ramasse çà et là, et qu’elle présente à la conscience du dormeur sous une forme incohérente. […] Ces expérimentateurs écrivent ou impriment des formules d’un usage courant : « Entrée strictement interdite » « Préface à la quatrième édition », etc. ; mais ils ont soin de faire des fautes, changeant et surtout omettant des lettres. […] Remarquez que les images de rêve sont surtout visuelles ; les conversations que le rêveur croit avoir entendues sont la plupart du temps reconstituées, complétées, amplifiées au réveil : peut-être même, dans certains cas, n’était-ce que la pensée de la conversation, sa signification globale, qui accompagnait les images. […] J’incline à croire — mais pour des raisons surtout théoriques et par conséquent hypothétiques — que nous avons alors une vision beaucoup plus étendue et plus détaillée de notre passé.

665. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Il se répandit jusque dans le style historique, comme on le remarque dans la collection appelée la Byzantine, et surtout dans les histoires de Procope. […] Job, les Prophètes, l’Ecclésiastique, et surtout les Psaumes, sont remplis de descriptions magnifiques.

666. (1885) L’Art romantique

C’est surtout dans une vaste galerie de portraits (celle de Versailles, par exemple) que cette proposition devient facile à vérifier. […] Une surtout de ces aquarelles m’a ébloui par son caractère magique. […] Le Vrai sert de base et de but aux sciences ; il invoque surtout l’intellect pur. […] Aussi ce qui exaspère surtout l’homme de goût dans le spectacle du vice, c’est sa difformité, sa disproportion. […] Comme Paris aime surtout à entendre parler de Paris, la foule se complaît dans les miroirs où elle se voit.

667. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Entendez ces voix qui s’élèvent de toutes les parties de la France ; faites-les retentir, vous surtout qui, naguère répandus dans les départements, avez recueilli la libre expression des derniers vœux du peuple ! […] Cet apprenti sous-diacre, en vrai pauvre d’esprit, S’était senti toujours du goût pour Jésus-Christ : Il aimait du vieux temps les sottises prospères, Et réclamait surtout les cloches de nos pères ; Cent oisons répétaient ses pieuses clameurs. […] J’aime qu’on soit enthousiaste de la distinction de l’esprit ; mais Boswell l’est un peu trop, car on peut s’en moquer, et c’est ce qui nuit à l’enthousiasme, surtout en France. — Je suis misérable d’âme et de santé ; mais le plus beau vers de Voltaire n’est-il pas : Tout mortel est chargé de sa propre douleur ? […] De ce désaccord est né de la peine pour moi. — Il n’y a aucun chagrin vrai et sincère qui ne doive intéresser, surtout quand ce chagrin, comme vous le verrez par Corinne, coûte beaucoup de larmes, mais pas une platitude ; enfin, quand ce chagrin a courbé mille fois plus grands que moi, le Dante, Cicéron, etc. […] Sous la Restauration, il essayait de même de demander à la Charte tout ce qu’elle contenait, et d’en faire découler les conséquences naturelles ; il s’indignait surtout qu’on la faussât, qu’on la torturât dans un mauvais sens, au gré des passions, au détriment de la monarchie comme du peuple.

668. (1904) Zangwill pp. 7-90

Il y a un mois, en Flandre, surtout en Hollande, ce n’étaient que grands traits mal agencés, osseux, trop saillants ; à mesure qu’on avançait vers les marécages, le corps devenait plus lymphatique, le teint plus pâle, l’œil plus vitreux, plus engorgé dans la chair blafarde. […] Une fabrique d’Ases, un Asgaard, pourra être reconstitué au centre de l’Asie, et, si l’on répugne à ces sortes de mythes, que l’on veuille bien remarquer le procédé qu’emploient les fourmis et les abeilles pour déterminer la fonction à laquelle chaque individu doit être appliqué ; que l’on réfléchisse surtout au moyen qu’emploient les botanistes pour créer leurs singularités. […] Nous parlons d’une intime transfusion, grâce à laquelle les forces que la nature a dirigées vers des opérations différentes seraient employées à une même fin. » Ces rêves, ces imaginations nous paraissent aujourd’hui monstrueuses, peut-être parce qu’elles sont monstrueuses en effet, surtout parce que les sciences naturelles ont depuis continué à marcher, et parce que de toutes parts nous avons reçu de la réalité de rudes avertissements ; nul aujourd’hui, de tous les historiens modernes, et de tous les savants, ne les endosserait ; et non seulement il n’est personne aujourd’hui qui ne les renie, mais il n’est personne au fond qui n’en veuille à l’ancien d’avoir aussi honteusement montré sa pensée de derrière la tête ; nous au contraire, qui n’avons aucun honneur professionnel engagé dans ce débat, remercions Renan d’avoir, à la fin de sa pleine carrière, à l’âge où l’homme fait son compte et sa caisse et le bilan de sa vie et la liquidation de sa pensée, achevé de nous éclairer sur les lointains arrière-plans de ses rêves ; par lui, en lui nous pouvons saisir enfin toute l’orientation de la pensée moderne, son désir secret, son rêve occulte. […] Cela constituait une assez belle façon d’adorer, surtout quand, parmi les ascètes, il y avait un saint Bernard, un Rupert de Tuy, un abbé Joachim. […] Si l’ordre d’idées que nous venons de suivre arrive à quelque réalité, il y aura contre la science, surtout contre la physiologie et la chimie, des persécutions auprès desquelles celles de l’inquisition auront été modérées.

669. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Mais, surtout, son continuel étonnement, sa continuelle indignation étaient de voir que, dans les romans d’amour, on ne se préoccupait jamais de l’enfant. […] Mais c’est surtout la scène de la confession qui est exquise. […] Dans ce livre, sorte de De Senectute, surtout dans sa première partie, M.  […] La Reine, que je vis revenir de la messe, avait plus de noblesse dans les manières, dans la marche, et de dignité dans le regard surtout ; mais une robe de percale blanche, toute unie et fort loin d’être fraîche, n’était pas le vêtement dans lequel une reine de France devait, à cette époque surtout, se montrer pour ainsi dire en public. […] Surtout que la chaleur soit presque éteinte quand il se couchera.

670. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

C’est surtout à l’empire de l’Église que la langue latine avait servi d’interprète. […] C’est là surtout que nous pouvons l’entrevoir, à travers le voile de la traduction et le reflet de l’imitation populaire. […] Les légats, et surtout Pierre de Castelnau, réclament auprès du prince la punition de ses sujets dissidents. […] On le voit surtout au treizième siècle. […] N’était-ce pas surtout le progrès que la société politique avait déjà fait en France sous saint Louis ?

671. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« Son âme transparente réfléchissait Dieu partout, de tous les êtres, de l’oiseau, du brin d’herbe, du soleil, du Loup de Gubbio, de la douleur, de la mort, surtout de la douleur, surtout de la mort. […] J’ai dit que tout lieu leur était bon pour discuter, j’ajouterai que c’était surtout à table, en famille, que s’élevaient, à Jersey, ces beaux débats presque quotidiens. […] C’était la paix d’une âme supérieure à la fortune, c’était surtout la légèreté d’un esprit prompt à renaître. […] et surtout celui qui a donné son titre au livre : la Jambe coupée. […] Son sourire disait surtout toute sa bonté.

672. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Surtout il faut se demander quand il a noté ce qu’il a vu ou entendu. […] La critique a besoin de savoir si ces transmissions successives ont conservé ou déformé l’affirmation primitive ; surtout si la tradition recueillie par le document a été écrite ou orale. […] C’est le cas des faits faciles à vérifier, des faits matériels proches dans le temps et l’espace, étendus et durables ; surtout si le public avait un intérêt à les contrôler. […] Et surtout en quoi les règles différaient-elles de la pratique (abus de pouvoir, exploitation, conflits entre les agents, règles non observées) ? […] Les gravures montrent les objets matériels et l’aspect extérieur, elles servent surtout pour l’étude de la civilisation matérielle.

673. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Il lisait, et surtout écrivait dès lors beaucoup. […] Croyez-moi, la société a été imposée à l’homme, non comme un moyen de parvenir au bonheur, mais comme un moyen de développer ses facultés. » Nous tenons surtout à cette dernière pensée, et M. […] Ballanche, mais par contradiction surtout ; sont MM. de Bonald, de Maistre et de La Mennais. […] Ses lettres sont un miroir fidèle de sa singulière nature, et, avec celles de Mathieu de Montmorency, elles font la partie la plus originale du livre18 ; mais elles ont surtout de la valeur par l’ensemble, et plutôt comme expression du beau naturel dont elles sont le témoignage que par le détail des anecdotes et des événements. […] Ballanche, au chapitre xi de l’Essai, parlait, il est vrai, d’éliminer dorénavant le latin de la première éducation, et ce qu’il avançait à ce propos est assurément contestable, dans les termes surtout dont il usait ; mais il n’entendait aucunement abolir cette langue catholique.

674. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Nous étions le plus souvent ensemble, occupés surtout à rechercher par quels moyens on pourrait ramener dans l’État la paix et la concorde. […] « Mais plutôt, Scipion, comme ton aïeul qui nous écoute, comme moi qui t’ai donné le jour, pense à vivre avec justice et piété ; pense au culte que tu dois à tes parents et à tes proches, que tu dois surtout à la patrie. […] « C’est lorsque j’ai la liberté de m’absenter plusieurs jours, surtout dans cette saison de l’année, que je viens chercher l’air pur et les charmes de ce lieu : il est vrai que je le puis rarement. […] s’il avait les pressentiments de sa mort, il avait surtout ceux de son immortalité. […] « Mais ce qui donne surtout à l’homme la force de contempler la mort sans effroi, c’est l’espérance de l’immortalité.

675. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Il y a dans les sensations mêmes du tact, de l’ouïe et surtout des organes internes, autre chose que des différences numériques ou des différences de temps : il y a une extensivité vague ; un aveugle, lui aussi, distingue tout son corps d’une partie de son corps. […] Nous croyons que la notion de coexistence nous est fournie immédiatement par la réelle simultanéité en nous de sensations distinctes, surtout celles du sens de la vie. […] On peut dire que, si l’impression de résistance, surtout douloureuse, est la grande révélatrice de l’extériorité par rapport à nous, l’impression de mouvement nous révèle surtout l’extériorité mutuelle des choses, leur séparation au sein même de la continuité. […] On prétend qu’à elle seule elle saisit les surfaces et ne peut saisir la profondeur, parce qu’il faudrait pour cela regarder latéralement la profondeur, ce qui la convertirait en largeur. — Mais, d’abord, deux largeurs en sens divers, et surtout perpendiculaires, forment précisément la profondeur. Sans connaître en rien les perpendiculaires, l’animal et l’enfant arrivent à discerner les largeurs ou longueurs en divers sens, qui produisent des impressions sensibles diverses et surtout provoquent des mouvements divers de notre œil.

676. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

J’adore l’indépendance, — en art surtout. […] Surtout ne dites pas : « C’était bon dans le temps !  […] — N’y touchez pas, surtout ! […] Travailler, surtout, et que chacun apporte sa pierre sans s’imaginer qu’il apporte l’édifice. […] — Je crois que cette tentative servira surtout au drame lyrique.

677. (1902) La poésie nouvelle

Ils réagissaient contre le caractère impérieux et surtout exclusif de ses préceptes. […] On peut le juger comme on voudra ; surtout il peut déplaire. […] Mais il nous importe surtout de considérer le symbolisme poétique de Gustave Kahn.‌ […] Mais il est surtout le frère de du Bellay et de Ronsard, et n’est-ce pas, — à s’y tromper ! […] Ses incertitudes se font surtout sentir, — pour lui comme pour la plupart des poètes de ce temps-là, — dans le traitement des syllabes muettes.

678. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Le présent volume, digne du précédent, contient trois excursions pédestres, l’une ancienne, de 1833, à la Grande-Chartreuse, l’autre à Gênes et à la Corniche ; mais surtout on y voit la dernière grande excursion que Töpffer a conduite au cœur de la Suisse, la plus importante, celle du moins où, comme en prévision de sa fin prochaine, il a rassemblé le plus de souvenirs, de résultats d’observation ou d’expérience, son Voyage de 1842 autour du Mont-Blanc et au Grimsel. […] Töpffer était né peintre, paysagiste, et son père l’était ; mais, forcé par les circonstances, et surtout par le mauvais état de sa vue, de se détourner de l’expression directe que réclamait son talent et où le conviait l’exemple paternel, il n’y revint que moyennant détour, à travers la littérature et plume en main : cette plume lui servit à deux fins, à écrire des pages vives et à tracer, dans les intervalles, des dessins pleins d’expression et de physionomie. […] La nouveauté, sans doute, pour des citadins surtout ; l’aspect si rapproché de la mort, de la solitude, de l’éternel silence ; notre existence si frêle, si passagère, mais vivante et douée de pensée, de volonté et d’affection, mise en quelque sorte en contact avec la brute existence et la muette grandeur de ces êtres sans vie, voilà, ce semble, les vagues pensers qui attachent et qui secouent l’âme à la vue de cette scène et d’autres pareilles. […] En France, au contraire, où il y a une Académie française et où surtout la nation est de sa nature assez académique, où le Suard, au moment où on le croit fini, recommence ; où il n’est pas d’homme comme il faut, dans son cercle, qui ne parle aussitôt de goût ; où il n’est pas de grisette qui, rendant son volume de roman au cabinet de lecture, ne dise pour premier mot : C’est bien écrit, on doit trouver qu’un tel style est une très grande nouveauté, et le succès qu’il a obtenu un événement : il a fallu bien des circonstances pour y préparer.

679. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Il a surtout écrit avec prédilection pour la scène italienne. […] Marivaux y trouva des acteurs, et surtout une actrice unique, pour revêtir et faire valoir ses rôles. […] Marivaux, au théâtre, aime surtout à démêler et à poursuivre les effets et les conséquences de l’amour-propre dans l’amour. […] Marivaux, étudié surtout par les hommes du métier, par les critiques ou les auteurs dramatiques, a autant gagné que perdu avec le temps : il est plein d’idées, de situations neuves qui ne demandent qu’à être remises à la scène avec de légers changements de costume.

680. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

En un mot, il a surtout les qualités qui devaient agir de près quand il entretenait quelque âme en peine et tourmentée de scrupules dans le petit entresol de la duchesse de Beauvilliers, ou, comme il le dit, « auprès de la petite cheminée de marbre blanc ». Fénelon est surtout un parfait et souverain directeur. […] Le silence surtout lui paraît un grand remède, et le seul dans les instants même qu’on ne peut dérober au monde. […] Souvenez-vous-en bien, et n’allez plus gronder contre les gens qui me gardent comme une relique. » Fénelon n’entra donc jamais très avant ni d’une manière parfaitement suivie dans la direction de Mme de Grammont ; ses conseils tournent dans un même cercle et ne se renouvellent que par l’agrément d’expression qu’il y met : « Surtout, madame, sauvez votre matin, et défendez-le comme on défend une place assiégée.

681. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Les lumières, les secours arrivent de toutes parts à l’homme en place, en raison surtout de son élévation. […] Un homme doué d’une médiocre intelligence, qui a quelque mémoire et de l’application, peut acquérir une grande réputation, surtout s’il a une physionomie imposante ou spirituelle… Mais il faut distinguer pour l’élévation du génie l’homme d’État d’avec l’homme propre aux affaires. […] Le magicien a tout l’air ici de proposer un coup de sa baguette au roi de France autant pour le moins qu’au roi d’Espagne. — Un autre chapitre, jeté dans le même moule, et à la Montesquieu, est encore celui où l’auteur semble prophétiser sur l’Amérique : « Si l’on découvrait une vaste contrée dont le sol neuf et fertile n’attendît que les plus légers travaux, etc. » Les derniers chapitres du livre, ceux surtout qui ont été ajoutés dans la seconde édition, en 1789, à la veille des États généraux, contiennent des idées d’avenir, notamment sur la milice, sur le tirage au sort de tous les citoyens. […] C’est ainsi qu’il a dit encore en parlant des femmes et de l’amour-passion (car l’expression est de lui), et en convenant qu’il ne l’avait jamais éprouvé : « En France, les grandes passions sont aussi rares que les grands hommes. » À mes yeux, la vérité de l’ouvrage de M. de Meilhan consiste surtout dans cette nuance générale, relative à son moment.

682. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

C’est ici qu’il convient de le peindre dans sa jeunesse, car c’est un portrait de jeunesse qui sied surtout à Vicq d’Azyr. […] Ici, et sans plus m’astreindre à le suivre dans les divers embranchements de sa carrière scientifique, j’arrive au grand fait et à l’institution qui recommande surtout sa mémoire. […] Les sciences accessoires à la médecine, telles que la chimie, l’anatomie, l’histoire naturelle, y étaient surtout très négligées : mais on y savait tout ce que les Grecs, les Latins et les Arabes ont écrit sur ces divers sujets ; et, si l’on y avait connu la nature aussi bien que les livres, M.  […] Il le montre jeune à Leyde, suivant les leçons de Boerhaave et d’Albinus : Mais ce qui lui inspira surtout, dit-il, le goût de l’anatomie et la passion du travail, ce fut la vue du superbe cabinet de Ruysch, où, au milieu de tant d’organes préparés d’une manière surprenante, au milieu de sujets qui y avaient, en quelque sorte, recouvré une nouvelle vie, il aperçut un vieillard nonagénaire, desséché par les ans, mais toujours laborieux et actif, qui, paraissant comme un Enchanteur au milieu de ces merveilles, semblait avoir joint au secret de les conserver celui de s’immortaliser lui-même.

683. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Bonstetten, disons-le bien vite pour nos Français qui savent si bien ignorer et sitôt oublier (quand ils l’ont su un moment) tout ce qui ne figure pas chez eux, sous leurs yeux et sur leur théâtre, était un aimable Français du dehors, un Bernois aussi peu Bernois que possible, qui avait fini par adopter Genève pour résidence et pour patrie, esprit cosmopolite, européen, qui écrivait et surtout causait agréablement en français, et qui semblait n’avoir tant vécu, n’avoir tant vu d’hommes et de choses que pour être plus en veine de conter et de se souvenir. […] J’avais seulement une vingtaine de bons livres que je relisais sans cesse, comme Le Spectacle de la nature (de Pluche), Batteux, quelques poètes allemands, latins et français, surtout les œuvres philosophiques de Cicéron. […] Bonstetten jeune, aimable, instruit déjà et surtout curieux d’instruction, fut bien accueilli de tous et séduisit chacun par sa spirituelle candeur. […] Il y a une éducation à faire à cette volonté naissante ; il faut surtout ne pas la choquer.

684. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

J’ai aimé et j’aime surtout la politique juste et la liberté sous la loi… On m’a quelquefois reproché de ne pas m’associer assez vivement aux impressions publiques. […] Guizot croit avec raison à l’importance des hommes en histoire ; il n’accorde pas tout à la force des choses et à la pente des situations ; un puissant individu de plus ou de moins suffit pour donner aux mêmes éléments une ordonnance et un aspect tout contraires, pour les retourner, pour imprimer aux événements, surtout s’ils ne font que de naître, un tout autre cours. […] Je ne dis pas qu’on pût faire autrement, le régime et ses conditions étant donnés, avec un roi dont le mot d’ordre habituel à ses agents était : « Surtout ne me faites pas d’affaires ! […] Guizot ne se soit pas rendu compte de l’effet singulier que produirait ce morceau de diplomatie rétrospective, par comparaison surtout et après la guerre de Crimée.

685. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

En voici la première page, où se fait d’abord sentir l’empressement et comme le débordement de phrase habituel à Saint-Simon : « Il ne faut point d’autre éloge pour un prince prêt à régner suivant le cours ordinaire de la nature, que les projets qu’on va voir qu’il avait formés et qu’il avait fortement résolu de suivre et d’exécuter sagement de point en point l’un après l’autre ; surtout si l’on fait réflexion au pouvoir sans bornes qui l’attendait, auquel il fut tout à fait associé par la volonté du roi son aïeul, aussitôt après la mort du prince, fils unique du monarque, père de celui qui, aux dépens de cette autorité qui enchante les plus grands hommes, mettait toute son étude et toute sa satisfaction à rendre son règne juste et ses peuples heureux. […] Il n’est pas moins clair que le duc de Bourgogne cherchait, étudiait toujours, et n’avait rien trouvé de précis, n’avait rien de positivement arrêté ; que ses intentions étaient droites, pures, chrétiennes, tournées tout entières au bonheur et au soulagement des peuples, mais qu’avec tant d’instruction et le désir continuel d’en acquérir encore, il manquait de lumières supérieures, de génie politique, de ce génie qui tient surtout au caractère et à la conduite, à la décision de vue dans les crises, bien plus qu’aux règlements écrits et aux procédés mécaniques de constitution. […] Et encore, à propos des occasions prochaines de péché qu’il importe de s’interdire : « Il tenait que c’en était ordinairement une dangereuse d’aller à la comédie, au bal et autres semblables spectacles ; aussi ne s’y trouvait-il jamais depuis longtemps : sur quoi je comptais si fort, que quand j’avais à lui parler de quelque chose dont il m’avait fait l’honneur de me charger, je m’informais si, ce jour-là, il y avait comédie ou bal ; j’étais sûr, en ce cas, de le trouver dans son appartement. » Et ceci qui complète et qui achève : « L’on sait qu’il s’est répandu un bruit, mais bien fondé, l’année dernière (1714), que les comédiens, après la mort de Monseigneur, ayant demandé à notre prince l’honneur de sa protection, surtout pour obtenir du roi une seconde troupe, il leur répondit qu’ils ne devaient nullement compter sur sa protection, qu’il n’était pas en pouvoir d’empêcher leurs exercices, mais ne pouvait se dispenser de leur dire qu’il était indigne qu’il les fissent, particulièrement fêtes et dimanches. » Ce ne sont pas là des calomnies, ce sont des éloges20. […] Elle l’ennoblit, mais l’exalta, et fit de l’enfant une trop fidèle image de Fénelon, mêlée du prêtre et du sophiste, de l’écrivain surtout.

686. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Or personne ne se récrie, personne ne réclame ; ne suis-je donc pas tout naturellement autorisé à les mettre en volume, surtout quand des amis m’y engagent et de temps en temps me disent comme pour m’agacer : « Vous avez là les matériaux d’un joli volume ; quand le publierez-vous ?  […] Jamais homme, d’après ses propres aveux, n’a été plus atteint que lui de cette démangeaison particulière à certaines époques et surtout à la nôtre, le prurit littéraire ; il en a été de bonne heure chatouillé et rongé jusqu’aux os, — jusqu’aux moelles, comme dirait Giboyer. […] Sans cesse tiraillé entre Paris et la province, l’auteur se raille de tous deux, et de la province comme de Paris ; il abuse même étrangement du nom de Gigondas, lequel lieu, des mieux habités, me dit-on, n’est pas celui de sa commune, et qui aurait droit de réclamer, pour être ainsi sans raison livré au ridicule ; mais enfin c’est à Paris qu’il en veut surtout, c’est Paris qu’il dénigre, contre lequel il a à exercer ses plus amères rancunes ; c’est à Paris qu’il disait tous les six mois en le quittant et en le menaçant du geste, comme Danton, ce grand auteur, ou comme le boudeur Jean-Jacques : Adieu, Paris, ville de fumée et de boue ! […] Et puis, quand je rentre dans mes quartiers non lettrés et tout populaires, quand je m’y replonge dans la foule comme cela me plaît surtout les soirs de fête, j’y vois ce que n’offrent pas à beaucoup près, dit-on, toutes les autres grandes villes, une population facile, sociable et encore polie ; et s’il m’arrive d’avoir à fendre un groupe un peu trop épais, j’entends parfois sortir ces mots d’une lèvre en gaieté : Respect à l’âge !

687. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Cet Hannon est hideux à voir et grotesque ; il est couvert par tout le corps d’une lèpre pâle, d’une sorte d’éléphantiasis ; lui, son appareil et son cortège, sont décrits de point en point : sa maladie surtout tient une grande place. […] Elle s’imagine que de connaître les mystères de la déesse la soulagerait ; elle voudrait surtout la contempler dans son secret sanctuaire, voir de ses yeux la vieille idole couverte du manteau magnifique, du voile sacré d’où dépendent les destinées de Carthage ; il lui semble que ce voile défendu et dont le seul contact fait mourir, s’il lui était permis du moins de le considérer, lui communiquerait quelque chose de sa vertu. […]  » Ici c’est le Gaulois qui a trop de lumière et trop de midi, c’est le Normand qui, sous le ciel africain et surtout quand règne le sirocco, regrette sa Normandie d’alors, ses horizons boisés et ses agrestes pâturages. […] Il y a ce qu’on appelle l’âme d’une œuvre ; cette âme ne saurait être indifféremment et partout la même, n’importe l’œuvre ; mais surtout elle ne doit pas être toujours et uniquement, par préférence et par choix, le vice malicieux ou la bagatelle.

688. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

En architecture (puisque c’est de cela qu’il s’agit en ce moment), le Romain, qu’on ne prétend nullement déprécier parce qu’on essaye de le définir, est grand bâtisseur, et il l’est en vue surtout de l’utilité publique comme de la majesté de l’Empire ; il porte dans les monuments qu’il élève une structure puissante, logique, sensée, uniforme, qui affecte l’éternité et va de soi à la grandeur. […] Viollet-Le-Duc montre que les Grecs, plus souples, plus avisés que les Romains, et surtout que les imitateurs des Romains, ne s’y soumettaient pas rigoureusement, et que cette symétrie, pour eux, cédait quelquefois à des raisons fines et d’un ordre supérieur. […] Le talent peut bien n’être à demeure et n’élire domicile qu’en un seul endroit, mais l’esprit doit être et chez lui et surtout hors de chez lui. […] Viollet-Le-Duc, partait surtout de ces ateliers rivaux.

689. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Pendant ces travaux où il faisait preuve d’habileté pratique et de connaissance des détails, il avait l’œil aux grands événements qui se déroulaient et qu’il considérait de haut et d’ensemble comme d’un belvédère, ou mieux encore comme du centre d’une fournaise ; car la Suisse, en ces années d’occupation et de déchirement, devenue un champ de bataille dans toute sa partie orientale, offrait «  l’aspect d’une mer enflammée. » Jomini y suivit de près les fluctuations de la lutte, les habiles manœuvres de Masséna pendant les sept mois d’activité de cette campagne couronnée par la victoire de Zurich, les efforts combinés de ses dignes compagnons d’armes, les Dessolle, les Soult, les Loison, les Lecourbe : ce dernier surtout « qui avait porté l’art de la guerre de montagne à un degré de perfection qu’on n’avait point atteint avant lui. » Mais, s’il estimait à leur valeur les opérations militaires, il ne jugeait pas moins les fautes politiques, et ce qu’il y avait de souverainement malhabile et coupable au Directoire à avoir voulu forcer la nature des choses, à avoir prétendu imposer par décret une unité factice à treize républiques fédérées, à s’être aliéné une nation amie, à avoir fait d’un pays neutre, et voué par sa configuration à la neutralité, une place d’armes, une base d’opérations agressives, une grande route ouverte aux invasions. […] Mais ce qui nous importe, c’est l’impression première de Napoléon, approbation ou colère, et celle-ci surtout, qui est le plus flatteur des jugements. […] Les divers Mémoires de Monglat, de Saint-Hilaire, l’Histoire militaire du règne de Louis le Grand, par Quincy, donnent assez couramment au lecteur l’intelligence des mouvements qu’ils racontent et qu’ils exposent ; mais c’est surtout Feuquières qui est le grand critique de cette époque, et qui passe au crible les opérations de tous les généraux de son temps, sans faire grâce à aucun. […] Ce sont ces deux écrivains militaires que Jomini, jeune, avait surtout étudiés et qu’il s’appliqua, le premier, à faire connaître à la France, en les résumant, les analysant et les mettant sans cesse aux prises dans son Traité.

690. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

Est-elle surtout un ornement littéraire, et doit-elle se borner, en général, à n’être que cela ? […] Échapper toujours aux ridicules littéraires, c’est beaucoup, c’est difficile pour un corps ; mais surtout ne jamais donner accès aux vices littéraires, voilà le possible et l’essentiel. […] Son expression comme orateur est surtout simple. […] On a fort applaudi et l’on goûte de nouveau à la lecture cette parole de moraliste sur l’indulgence : « Pour moi, je le confesse, le résultat d’une longue suite de jours qui ne sont pas sans souvenirs, n’aura pas été uniquement de rendre mes convictions d’autant plus inébranlables, mais aussi, mais surtout de m’apprendre que l’indulgence, dont on se vante, a encore des rigueurs que n’aurait pas une complète justice105. » De simples mots ont produit un effet au passage : « Voilà, me dit-il un jour (en parlant de l’abbé Émery), voilà la première fois que je rencontre un homme doué d’un véritable pouvoir sur les hommes, et auquel je ne demande aucun compte de l’usage qu’il en fera. » Ce me dit-il un jour a fait mouvement ; il s’agissait de Napoléon.

691. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Surtout il ne fallait pas se confiner étroitement entre des conseillers vénérables, mais circonspects, et de médiocres admirateurs. […] L’onction antique respire surtout dans ce vœu d’une âme tendre : O champs de Pressagni, fleuve heureux, etc. […] Au reste, nous demandons peut-être là quelque chose de contraire à la construction habituelle de ce genre de comédie, qui, à l’aide de personnages calqués à distance sur la vie et plus ou moins artificiellement découpés, tient surtout à produire des effets de réflexion, des développements moraux, des observations spirituelles ou de nobles leçons exprimées en beaux vers. […] Un homme d’esprit, dont on citait dernièrement de rares pensées, a dit : « Ce ne serait peut-être pas un conseil peu important à donner aux écrivains que celui-ci : N’écrivez jamais rien qui ne vous fasse un grand plaisir. » Au théâtre, et pour des sujets de comédie, le précepte peut surtout sembler de circonstance.

692. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Mais surtout il faut tenir compte de ce qu’il dégrossissait le premier la poésie moderne : s’il a ébauché la forme que ses successeurs devaient porter à la perfection, on peut lui passer beaucoup de défaillances nécessaires. […] Son génie est surtout lyrique : mais en maint endroit, dès qu’il s’agit des sujets graves et moraux, l’idée prend le dessus sur le sentiment, le raisonnement sur l’effusion, et le lyrisme tourne en mouvements oratoires. […] Ce qui manque surtout à Ronsard, ce qui reste à acquérir, c’est l’indépendance intellectuelle, la nette conscience du sentiment personnel, le goût : en un seul mot, la raison. […] Il a donné surtout aux alexandrins soit continus, soit groupés en quatrains, en sizains, soit distribués en sonnets, une mollesse, une fluidité harmonieuse qui enchantent.

693. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

Les précieuses écrivaient des lettres ; la phrase de Mme de Montausier, ou de Mme de Sablé, ou de Mme de Maure, est encore un peu compassée, cérémonieuse, à longue queue : cependant avec elles, et surtout avec Voiture, qui a laissé échapper de délicieux billets, on sent que l’on marche vers l’excellent style, sans relief et sans couleur, mais d’un trait si juste et si fin, que Bussy et Mme de la Fayette emploieront. […] Il a manqué de naturel : c’était inévitable ; mais il en a manqué surtout par scrupule d’artiste, qui ne veut laisser dans son œuvre aucune négligence. […] Deux ouvrages de Descartes marquent surtout dans l’histoire littéraire : le Discours de la Méthode (1637) et le Traité des Passion (16491. […] Mais, surtout, il était conduit par sa méthode à certaines vérités que la religion aussi revendiquait comme siennes : un Dieu infini, parfait, une âme immatérielle, immortelle.

694. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Vanhove, Naudet, Molé, Baptiste aîné, Damas jouèrent surtout ce que j’ai appelé « le second Tartuffe ». […] Enfin il semble qu’il ait voulu surtout nous rendre sensible cette idée, que Tartuffe se perd parce qu’il aime. […] Notez que Dorine n’est pas précisément choquée des bruits vilains que fait Tartuffe, mais qu’elle raille surtout la bienveillance avec laquelle Orgon les salue : Et, s’il vient à roter, il lui dit : Dieu vous aide ! […] Ajoutez que c’est surtout de nos jours qu’on s’est plié à concevoir le mélange de la sincérité des croyances et de l’hypocrisie ou de la scélératesse des actes.

695. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

D’autres étaient des pensées de sages plus modernes, surtout d’Antigone de Soco, de Jésus fils de Sirach, et de Hillel, qui étaient arrivées jusqu’à lui, non par suite d’études savantes, mais comme des proverbes souvent répétés. […] Jamais prêtre païen n’avait dit au fidèle : « Si, en apportant ton offrande à l’autel, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse-là ton offrande devant l’autel, et va premièrement te réconcilier avec ton frère ; après cela viens et fais ton offrande 258. » Seuls dans l’antiquité, les prophètes juifs, Isaïe surtout, dans leur antipathie contre le sacerdoce, avaient entrevu la vraie nature du culte que l’homme doit à Dieu. « Que m’importe la multitude de vos victimes ? […] Les premières prédications, surtout dans Matthieu, sont toutes morales. […] Voir surtout Pirké Aboth, ch. 1.

696. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Janin, qui vaut surtout par le bonheur et par les surprises du détail. […] Janin affectionne soit surtout celle de fantaisie et de broderie, elle lui a servi plus d’une fois à recouvrir l’autre, la vraie critique digne de ce nom. […] En fait, on chargeait surtout la maison de Toulouse et la supérieure de deux accusations graves : 1º d’avoir donné asile à deux ecclésiastiques, poursuivis pour avoir résisté aux ordres du roi dans l’affaire dite de la Régale ; 2º d’avoir une imprimerie clandestine, d’où sortaient, au moment voulu, des placards, et même de petits pamphlets théologiques, qui se répandaient dans tout le midi de la France. […] L’archevêque de Toulouse (M. de Montpezat), en rendant son ordonnance conformément à l’arrêt du Conseil, aurait voulu adoucir l’exécution dans la forme, surtout en ce qui concernait les demoiselles de qualité, Mlles de Chaulnes, d’Aguesseau et autres ; il leur écrivait ou leur faisait faire des compliments de condoléance sur la nécessité rigoureuse où il était de les frapper ; mais elles eurent la générosité de se refuser à tout adoucissement, et tinrent à honneur d’être traitées comme la dernière de leurs compagnes.

697. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Huysmans, si l’on écarte les traits généraux de toute conduite humaine, on arrive à constater qu’ils s’emploient à subir, à accumuler et à faire revivre des perceptions, surtout des perceptions visuelles, et surtout encore des perceptions visuelles colorées ou lumineuses. […] D’autres encore sont agitées et cursives : « Glissant sur d’affligeantes savates, ce laveur s’enfonça dans un va-et-vient furieux de garçons, lancés à toute volée, hurlant boum, jonglant avec des carafons et des soucoupes, éblouissant avec la blanche trajectoire de leurs tabliers. » Mais c’est surtout la sensation colorée que M.  […] Huysmans, par son dernier livre surtout, a donné plus que des promesses de talent ; on peut légitimement compter, sans illusion amicale, que ses travaux aideront à maintenir et à exalter l’excellence actuelle de notre école littéraire.

698. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

Des tragédies grecques C’est surtout dans les pièces de théâtre qu’on aperçoit visiblement quelles sont les mœurs, la religion, et les lois du pays où elles ont été composées et représentées avec succès. […] En étudiant les deux Phèdre, il est surtout facile de se convaincre de cette vérité. […] C’est à leur religion qu’il faut surtout attribuer leur fixité dans les principes du genre noble et simple.

699. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Prenons Malherbe dans ses bonnes pièces, dans ses odes historiques et ses stances religieuses : ce sont des œuvres fortes et simples, où il y a, en vertu même des sujets, plus de conviction que de passion, plus de raisonnement que d’effusion ; le mouvement, la chaleur viennent surtout de l’intelligence. […] Bonnes en elles-mêmes, ces pièces sont, excellentes surtout par les leçons qu’elles donnent : et Malherbe a bien entendu qu’il en fût ainsi. […] S’il estimait Racan un hérétique en poésie, c’était surtout parce que, contre son avis et celui de Maynard, Racan se refusait à mettre une pause après le septième vers, comme après le quatrième, dans les strophes de dix.

700. (1890) L’avenir de la science « VI »

Les meilleurs juges reconnaissent que, de toutes les branches des études philologiques, l’Orient, l’Inde surtout, peuvent offrir pour l’histoire de l’esprit humain les plus précieuses données. […] Le même ton devra se retrouver et pareillement s’excuser chez l’érudit exclusif et absorbé, qui creuse sa mine avec passion, surtout si un puissant esprit ne vient pas animer ses patientes recherches, et si la simplicité de sa vie extérieure le réduit à n’être jamais qu’érudit. […] Montaigne, qui à tant d’égards est le type éminent de l’esprit français, le représente surtout par son horreur pour tout ce qui rappelle le pédantisme.

701. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Il est surtout un mercenaire amoureux de bénéfice. […] Parmi les divers livres qui composent la série intitulée une époque, mon boniment doit vous conseiller surtout Les tronçons du glaive. […] Cependant, certaines pages du roman valent par le mouvement ému du style, celles surtout qui disent, souriantes ou élégiaques, quelque fragment d’idylle.

702. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Il ne me persuadera point surtout que j’aie tort par cela seul que tout le monde me donne raison.‌ […] Ainsi donc les Provinciales, les tragédies de Racine, les Sermons de Bourdaloue sont des œuvres banales et vantées surtout par leurs défauts. […] Faguet blâme surtout les descriptions de Télémaque, qui, dit-il, sont trop générales », parce que Fénelon a « insuffisamment le sentiment de ce qui est caractéristique dans la nature ».

703. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

C’est surtout Paulin Paris, qui s’est fait l’annotateur et le glossateur de l’auteur des Historiettes, et enfin c’est Techener, qui, dans un volume charmant, du reste, de disposition, de correction et de caractères, a élevé à l’œuvre de des Réaux un véritable arc de triomphe typographique. […] Très certainement nous nous attendions à un coup d’œil plus mâle, plus haut, plus désintéressé, surtout, jeté sur le xviie  siècle par un homme comme Paulin Paris à travers les Historiettes de Tallemant des Réaux. […] Tant de légèreté en des esprits qui devraient être si mûrs nous étonne… Dès le temps de Tallemant des Réaux déjà, pour les hommes d’alors qui savaient observer, mais surtout pour nous qui reprenons l’histoire à revers et qui pouvons la remonter de marche en marche, il est cependant bien aisé de voir que tout était fini de cette majestueuse société qui défilait si majestueusement encore le long des galeries de Versailles, couverte d’or, de pourpre et de soie, et dont la sanie tombée, les guenilles immondes, la poussière cadavéreuse, s’appellent si joliment des Historiettes sous la plume stupide d’un bourgeois sans portée qui veut s’amuser.

704. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Elle restera parce qu’avant lui personne n’avait songé à l’écrire, et surtout, surtout, parce qu’elle touche intimement à un homme bien plus grand encore que la femme qu’elle nous fait connaître, un homme envers qui l’Histoire, en France, a honteusement manqué de justice. […] « L’histoire de Grégoire VII — dit-il — est celle du monde à cette époque, mais c’est surtout l’histoire de deux fameuses luttes, car ce grand homme eut à lutter également contre l’Empire et contre l’Église. » La lutte contre l’Église, dans laquelle Mathilde n’était pas, du moins au même degré que dans l’autre lutte, il s’en préoccupe peut-être davantage.

705. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Sixte-Quint et Henri IV »

Voilà surtout le sentiment qui circule et teint tout de sa sombre nuance dans son livre ! […] En effet, si la Réforme est une destruction, et une destruction abominablement criminelle, surtout au point de vue des idées et de la conscience modernes, puisque cette destruction n’était pas seulement celle d’une certaine organisation, mais de l’organisation de la majorité d’un peuple, brisée par la minorité, Henri IV, qui fut le plus près d’un tel événement et qui pouvait le mieux élever une digue contre le fleuve, Henri IV a, dans cette destruction, la main qu’il n’y a pas mise pour l’empêcher, en supposant (supposition pure !) […] Que surtout les ennemis du catholicisme apprennent d’un homme qui ne déclame point une seule fois, qui ne crie point et qui s’est peut-être comprimé le cœur pour ne pas crier, en écrivant ces choses désespérées qui, pour lui, sortent de son livre ; qu’ils apprennent ce que fut ce Sixte-Quint qui aima la France, et même Henri IV, mais qui sut résister à Henri, à la France, à la Ligue elle-même, à l’Espagne, la catholique Espagne, qu’il finit par impatienter, — car, chose curieuse !

706. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Il en a fait un homme politique, un de ces cuisiniers de révolutions et de gouvernements impossibles, qui empoisonnent la France depuis près d’un siècle… Le journalisme, qui, si l’on n’y prend garde, donne de si mauvaises habitudes à la pensée, a donné à Pelletan tous les défauts qui sautent aux yeux dans son nouveau livre : l’inconsistance, la frivolité, les passions de parti et leurs faux jugements et leurs injustices, et surtout cette terrible et misérable faculté de se monter la tête, de suer à froid, comme disait Beaumarchais, en parlant des avocats, ces journalistes du bec comme les journalistes sont les avocats de la plume, et de se faire illusion à soi-même pour mieux faire illusion aux autres. […] Et ceci est principalement frappant et choquant pour le premier de tous par une moralité supérieure, pour ce comte de Maistre dont la vertu égala le génie, cet homme de diamant qu’on n’ébrèche pas, mais contre lequel on peut s’ébrécher… C’est, en effet, surtout en parlant de ce grand de Maistre, qui s’est élevé, avec la lenteur de toute vraie gloire, à travers tant de cris imbéciles ou frénétiques, car les sots ont leurs frénésies, dans la tranquille majesté d’une renommée incontestée à présent et comme on n’en compte pas une seconde au xixe  siècle, que Pelletan s’est le plus montré ce que je lui reproche d’être maintenant : l’homme du journalisme et des partis. […] Il y perd, à cela, lui, sa personnalité littéraire et surtout son autorité.

707. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Nul, sans le dévouement de l’amitié ou ces engagements de la vie qui nous mènent souvent plus loin que nous n’avions dessein d’aller, ne supportera, sans en souffrir, l’insignifiance d’un livre qui n’était pas un livre, d’ailleurs, écrit pour le public, et dont la médiocrité ne doit pas être reprochée à l’auteur ; car on a le droit d’être médiocre chez soi tout à son aise comme on a le droit d’y être en pantoufles, surtout quand on vit au milieu de gens qui sont disposés à vous trouver charmant, quoi que vous soyez… Malheureusement, il n’en est pas tout à fait ainsi pour cet indifférent de public. […] C’est sa manière de sentir et surtout de dire, qui fait l’intérêt d’une pareille publication. […] Dans les autres fragments, au contraire, dans le Voyage en Sicile, la Course au lac d’Onéida, et surtout les Quinze jours au Désert, plusieurs critiques, parmi lesquels on doit ranger Sainte-Beuve, ont annoncé qu’ils avaient découvert et cueilli un Tocqueville nouveau, à l’imagination rosée, dont personne ne pouvait se douter dans le grave publiciste américain.

708. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

la passion avec son cri surtout. […] Ôtez le sexe à son talent, le sexe qui, pour tant d’esprits, en fait le charme ; ôtez la touche de la maternité qui retentit si longuement dans ses vers, gémissante, pure et sonore ; ôtez l’amour, l’amour des femmes, éternellement victime et qui veut l’être, entêtement et banalité de ces incroyables cœurs, et vous n’avez plus là, sous le nom de Valmore, qu’un de Musset moins spirituel, moins fringant, moins joli garçon et surtout moins coupable, et un Lamartine, devenu ruisselet, au lieu d’avoir l’abondance et l’ampleur qu’il a, ce grand fleuve de mélancolie ! […] Enfin, La Couronne effeuillée, La Vie perdue, et surtout La Fileuse et l’enfant, que les âmes tendres et chrétiennes diront divine.

709. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Car c’est là surtout ce que nous sommes tenus à dire, nous qui n’avons pas charge de notice officielle sur le comte Alfred de Vigny et ses œuvres. […] Il y a dans ces Poèmes d’Alfred de Vigny, réunis sous ce nom général de : Destinées, des morceaux qui n’ont pas ce double caractère que je tiens surtout à signaler, et qui se rapprochent de la première manière de l’auteur, mais concentrée, mûrie, calmée ; d’une couleur moins vive, mais certainement d’un dessin plus fort : La Jeune Sauvage, La Maison du Berger, et surtout L’Esprit pur, poésie cornélienne, l’exegi monumentum du poète, dans laquelle, se mesurant à ses ancêtres, gens d’épée dont il raconte admirablement la vie de cour et d’armes : Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier : il se trouve plus grand de cela seul qu’il a mis sur son casque de gentilhomme : Une plume de fer qui n’est pas sans beauté !

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