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1100. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Non, l’homme, tant qu’il est sur la terre, est fait pour tout mettre en commun avec ses semblables ; songez donc à perfectionner l’homme plutôt qu’à le rendre heureux, car vous n’y parviendriez pas.

1101. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

Ils avaient dû certainement aviser l’objet, dans son coin sommeillant, mais ils n’avaient pas osé réveiller le chat qui dormait ; car c’était pour eux un chat, que ce manuscrit, roulé et tapi dans son carton, qui aurait sauté à la figure de leurs idées, de leurs manières de voir, de leurs portraits, et qui les aurait mis en pièces… Songez donc !

1102. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Tout à l’heure viendront, pour le compte de l’historien lui-même, des pages de ce comique plus tuant pour la gloire de la Révolution que les tragédies les plus horribles, — car l’horrible dégrade moins que l’abject, — mais en ce moment, dominé par l’idée de la fin de cet homme taillé dans toutes les élégances de l’héroïsme français, Vitu n’a songé qu’à être pathétique.

1103. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

C’est quand elle songea à planter là son mari.

1104. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Tourgueneff »

Charrière a beaucoup de talent — se méprend si profondément sur le genre de talent d’un autre, lequel ne pense pas plus à dévoiler et à flétrir les institutions d’un peuple, dont il croque en passant les vices, que Téniers, en peignant ses ivrognes, ne songeait à peindre l’état social de la Flandre et la situation politique des Provinces-Unies.

1105. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Gautier, de ce poète de la matière rutilante ou ténébreuse, personne ne songeait depuis longtemps à nier l’étrange force de talent qui éclate ou se concentre dans ses vers.

1106. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Et on n’oubliait pas surtout la fameuse strophe : Non loin quelques bœufs blancs couchés parmi les herbes Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe intérieur qu’ils n’achèvent jamais !

1107. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Mais elle obéissait si peu a une vocation, que le roman qu’elle a songé tout d’abord à faire n’est ni de fantaisie, ni de sentiment, ni d’observation, mais un roman politique qui se rapprochait de ses préoccupations ordinaires.

1108. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Paul Deltuf a la légèreté, cette faculté qui donne des ailes à tout, cette faculté-femme que les lourdauds appellent « la Frivolité », en croyant que c’est une malice, et qui lui fait dire si joliment et si naturellement dans sa Confession d’Antoinette : « Je ne demandais plus rien à la vie que ce dernier hommage rendu à la beauté dont j’avais été si fière, que cette dernière caresse à mon péché mignon, la vanité, mais je les voulais, il me les fallait, après quoi je ne songerais plus qu’à tricoter pour mes petits-enfants ! 

1109. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Sans doute aussi que, parmi le tumulte des armes — puisque c’est le temps alors des guerres de religion et des troubles de la Ligue, — on n’avait pas grand loisir pour songer au théâtre. […] Le Breton songeait à M.  […] Mais ce que je n’oublierai pas aussi, c’est que Molière me fait songer ; et, puisqu’il me fait songer, je veux savoir à quoi ? […] S’il avait pu, dans sa vingtième année, céder, sans y songer, au simple attrait du plaisir, il avait eu le temps, pendant ces douze ans, de voir, de comparer, de réfléchir. […] Voilà tout le profit qu’un dévot, faux ou vrai, pouvait songer alors à tirer de sa dévotion ; et je laisse au lecteur à penser s’ils étaient beaucoup qui en fussent avides.

1110. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il ne paraît pas qu’il ait songé à réparer son échec. […] Le critique de Londres n’a pas voulu non plus rappeler les pièces fantastiques, telles que le Songe d’une nuit d’été. […] Comment est-il arrivé aux cimes glorieuses et paisibles où personne ne songe à le troubler ? […] En élevant sur un piédestal ceux qui gisaient dans le sable, le plus grand nombre songe à soi et se promet bien de monter au même rang. […] L’artiste est sûr de l’instrument qu’il manie ; il choisit volontiers les plus simples mélodies ; il ne paraît guère songer qu’à lui-même.

1111. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Je songe, en écrivant ceci, à une demoiselle Girault, la sœur de l’un de ses amis, originale et hardie personne, audacieuse même en ses propos, dont quelques fragments de lettres donnent vraiment à regretter que M.  […] L’auteur de l’Essai sur l’Indifférence n’a rien eu d’un « moraliste », au sens du moins où l’on entend ce mot quand on songe aux Essais de M.  […] Mais n’aurait-il pas quelque chose de plus honteux que criminel, si nous pouvions supposer qu’il s’y mêle quelque pensée de lucre ; et qu’en essayant de séduire son beau-père, elle songeât à sa fortune autant qu’à sa passion ? […] déserts où l’âme ouvre une aile éperdue, Adieu, songe sublime impossible à saisir ! […] Son ingénuité fait songer à leur candeur ; son innocence est sœur de leur mysticité.

1112. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Aucun esprit bien fait ne songe à empêcher un professeur de régenter dans sa classe, dans son école, dans son université, dans ses livres scolaires : il ne saurait guère exister d’enseignement sans cela. […] Personne ne songera à les faire rentrer dans la critique professionnelle, et Brunetière écarte Fénelon de l’« évolution » de cette critique avec toute la mauvaise humeur qu’il témoigne d’ordinaire, comme Nisard, à l’adversaire de M. de Meaux. […] L’antipathie de Fénelon contre la poésie française annonce le citoyen de Genève, de même que l’esthétique civique de Rousseau et de la Révolution est déjà préfigurée dans cette Lettre à l’Académie où l’on songerait si peu à la chercher. […] On ne songerait pas, certes à l’appliquer à l’article sur Mireille : c’est que précisément ni Lamartine, ni Mistral ne sont des gens d’atelier, d’école ; nous passons avec eux dans un monde homérique, et le Maçonnais s’adresse au Maillanais comme Alcinoüs à Ulysse. […] Quel critique arrivé au moment où l’on juge et où l’on explique ne regrette ces lectures de vingt ans dont il ne songeait qu’à jouir et dont chacune déchirait un rideau du monde ?

1113. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Si l’on songe que l’époque où vivait Cicéron est la plus intéressante de l’histoire romaine, par le nombre et l’opposition des grands caractères, les changements des mœurs, la vivacité des crises politiques, et le concours de cette foule de causes qui préparent, amènent et détruisent une révolution ; si l’on songe en même temps quelle facilité Cicéron avait de tout connaître, et quel talent pour tout peindre, on doit sentir aisément qu’il ne peut exister de tableau plus instructif et plus animé. […] » Cette comédie étonnera moins, si l’on songe que l’établissement impérial n’avait encore été confirmé par aucune transmission, et qu’Auguste lui-même avait feint de n’en jouir que pour dix ans. […] Cette théorie faite après coup, ce paradoxe auquel n’a guère songé l’auteur original, n’excuse pas une faute trop répétée dans son théâtre, et qui s’y présente sous toutes les formes. […] C’est à ce caractère de composition qu’il faut rapporter le Songe d’une nuit d’été, pièce inégale, mais charmante, où la féerie fournit au poète un merveilleux plaisant et gai. […] La cour même d’Angleterre, cédant à cette inclination secrète qui la reportait vers les exemples du siècle de Louis XIV, songeait à former une académie, sur le modèle de celle qu’avait fondée Richelieu.

1114. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Après y avoir songé, Mlle Mignon ne trouve rien de mieux à faire que de s’éprendre du fameux Canalis, qu’elle ne connaît en aucune façon, mais dont elle admire les poésies ; car c’est un des plus célèbres inspirés de l’école angélique. […] Fat et gâté par la fortune, le baron poète a trop d’intérêts sérieux en tête pour songer à répondre à Modeste ; il laisse ce soin à son ami et serviteur, Ernest de la Brière, brave et honnête garçon que les fonctions de secrétaire particulier d’un ministre ont conduit à obtenir le poste de référendaire à la Cour des Comptes, et qui, pour s’élever plus haut, s’est réduit à la dure profession d’ami intime du poète Canalis. […] Alfred de Musset dans ce genre capricieux, dont les improvisations italiennes, le Songe d’une Nuit d’Été, et les petites comédies de Molière, sont les ravissants prototypes. […] Si nous partagions les opinions politiques de ces républicains, nous voudrions, dans l’intérêt de la cause commune, qu’ils missent plus de retenue dans le luxe d’instruments de torture dont ils se plaisent à épouvanter de souriants aristocrates : alors, probablement, il leur resterait plus de temps pour songer au côté sérieux de l’affaire. […] Quand il a suffisamment parlé à son gré du soleil, de la pluie et du vent, il songe à son affaire, à celle qui fait que vous êtes là à l’écouter.

1115. (1897) Aspects pp. -215

C’est pourquoi il ne reste plus guère qu’à nous fusiller… Les politiciens du socialisme parlementaire y songent sérieusement. […] Que ce poète marche de l’avant, qu’il perde l’habitude de se décerner puérilement des éloges que nul, parmi les Sincères, ne songe à lui marchander, il connaîtra la gloire due aux Forts. […] par ce doux matin grave et mélancolique,           Aux roses sans parfums, Songe, songe, ébloui par le grand jour oblique           À tes rêves défunts. […] Nous nous serrons l’un contre l’autre et Clarisse rit selon, mon songe. » Quelle intensité dans le rendu d’une existence coutumière et tranquille ! […] GRYMALKIN Mais quel fut donc ce songe pénible qui te fait douter d’avoir vécu ?

1116. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Quincey est ainsi célèbre chez nous, si l’on songe que nous ignorons jusqu’aux noms de Charles Lamb, de Walter Savage Landor, de Thomas Beddoes, et de la plupart des poètes anglais de ce siècle. […] Je ne puis songer, malheureusement, à traduire en entier aucune de ces lettres. […] Songez que c’est l’hiver, un hiver de Russie ; et, par des routes de boue et de neige, voyez-le marcher seul sous la nuit tombante, ce vieillard de soixante-cinq ans ! […] Et ce Kabanof est une brute, un ivrogne : Ostrovsky, tout entier au personnage de Catherine, n’a point même songé à nous intéresser à lui. […] Il se demande si un tel congrès pourra vraiment produire quelque résultat : il songe qu’après tout son désir n’est pas de veiller au bonheur du monde entier, mais d’être un bon prince pour ses propres sujets.

1117. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

La cuirasse toute chargée d’histoire et d’allégories, bardant l’empereur de bas-reliefs, dont la saillie d’art rappelle le casque du centurion de Pompéi, et dont les couleurs effacées, délavées, font songer au rose pâle des vieux ivoires. […] Et de cette promenade, de cette causerie, de la société de ces deux vieillards, de ces ruines de rêves que sont ces deux hommes : l’un qui songea à être le rénovateur de l’art contemporain, l’autre qui eut l’ambition d’être peintre en 1820, et dont je ne sais pas le nom, j’emporte une mélancolie plus noire que la mélancolie de ce grand passé, enterré dans le champ Palatin, où nous avons erré. […] En cette Babel d’industrie, c’était comme une promenade dans un songe, où un élève de l’École centrale aurait montré à Paris, inondé du rendez-vous des peuples et de la fraternisation de l’Univers, un raccourci en liège de tous les monuments de la terre…. […] Tristesse de songer qu’il faille quarante ans, presque un demi-siècle, pour être autant applaudi qu’on a été sifflé.

1118. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Les autres, en obscurcissant leurs ciels de nuages, ne songent qu’à en rompre la monotonie ; Vernet veut que les siens aient le mouvement et la magie de celui que nous voyons. […] C’est pour moi et mes amis que je lis, que je réfléchis, que j’écris, que je médite, que j’entends, que je regarde, que je sens ; dans leur absence, ma dévotion rapporte tout à eux, je songe sans cesse à leur bonheur ; une belle ligne me frappe-t-elle, ils la sauront ; ai-je rencontré un beau trait, je me promets de leur en faire part ; ai-je sous les yeux quelque spectacle enchanteur, sans m’en appercevoir j’en médite le récit pour eux. […] Il observait, à cette occasion, que la plupart des jeunes élèves qui allaient à Rome copier d’après les anciens maîtres, y apprenaient l’art de faire de vieux tableaux : ils ne songeaient pas que, pour que leurs compositions gardassent au bout de cent ans la vigueur de celles qu’ils prenaient pour modèles, il fallait savoir apprécier l’effet d’un ou de deux siècles, et se précautionner contre l’action des causes qui détruisent. […] Adieu, mon ami, bonsoir et bonne nuit, et songez-y bien soit en vous endormant, soit en vous réveillant, et vous m’avouerez que le traité du beau dans les arts est à faire, après tout ce que j’en ai dit dans les sallons précédens et tout ce que j’en dirai dans celui-ci.

1119. (1898) La cité antique

Mais songeons que les anciens n’avaient pas l’idée de la création ; dès lors le mystère de la génération était pour eux ce que le mystère de la création peut être pour nous. […] Là doit être sa demeure permanente, qu’elle ne songera pas à quitter, à moins qu’une force supérieure ne l’y contraigne. […] La propriété étant inhérente au culte, et le culte étant héréditaire, pouvait-on songer au testament ? […] Ce songe n’est pas un ornement placé là par la fantaisie du poète. […] Il faut bien songer que, peur les anciens, Dieu n’était pas partout.

1120. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

Je ne reprocherai pas l’invraisemblance au bal du prince de’Bambuccj et à tout ce qui s’y passe : là, nous sommes en pleine féerie, dans le songe d’une nuit d’été, d’une nuit orientale ; mais nous n’y sommes plus, ou du moins nous ne devrions plus y être, lors de la description du couvent des Camaldules, et pourtant la fantaisie continue.

1121. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Talent fertile, il n’a songé qu’à produire sous une forme nouvelle un ouvrage de plus.

1122. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Il parle en pasteur qui songe aux fruits lointains et durables de sa parole.

1123. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Jules Lemaître Il y a deux choses dans Charles VII : un drame d’amour qui semble directement inspiré d’Andromaque, quoique, peut-être, l’auteur n’y ait point songé, et un morceau d’histoire de France accommodé à la Dumas.

1124. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Alphonse de Lamartine Alfred de Musset, soit qu’il éprouvât lui-même cette fastidiosité du sublime et du sérieux, soit qu’il comprît que la France demandait une autre musique de l’âme ou des sens à ses jeunes poètes, ne songea pas un seul instant à nous imiter.

1125. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Et, timide, hésitant devant la grande bataille littéraire, doutant du succès et doutant de soi-même, il se demandait, poète de vingt ans, en ses heures d’angoisses, s’il n’était pas, comme tant de pauvres diables partis pour la conquête des Toisons d’or et rentrés au logis, trempés par la pluie, crottés par la bouc, Colletets de la triste Bohème, un impuissant lui aussi, un demi-poète, un songe creux, un raté !

1126. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XV. La commedia dell’arte au temps de Molière et après lui (à partir de 1668) » pp. 293-309

Une foule extraordinaire de toutes sortes de personnes accompagna son corps jusques dans l’église de Saint-Eustache, où il fut inhumé avec une grande pompe, le huitième décembre 1694. » Arlequin enterré derrière le chœur, vis-à-vis la chapelle de la Vierge ; Scaramouche inhumé dans l’église Saint-Eustache en grande pompe ; on ne peut s’empêcher, en lisant ces mots, de songer au convoi de Molière, qui n’avait pas eu le temps de renoncer au théâtre, et qui fut conduit silencieusement, à neuf heures du soir, tout droit au petit cimetière de Saint-Joseph : contraste pénible et sujet d’immortel regret.

1127. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Instinctivement, on songe à tous ceux que les enterrements ont tués.

1128. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’Âge héroïque du Symbolisme » pp. 5-17

» Incident piquant si l’on songe que le Symbolisme est déjà en route pour s’installer triomphalement au foyer de Heredia et plus piquant encore s’il était permis de supposer que la belle ennemie éphémère des symbolistes ne fût autre que la future Madame Henri de Régnier, elle-même écrivain de grand talent et qui s’est fait une place enviée dans les lettres sous le nom de Gérard d’Houville.

1129. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Et s’écriant, il dit : « Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt et qu’il me rafraîchisse la langue, car je souffre cruellement dans cette flamme. » Mais Abraham lui dit : « Mon fils, songe que tu as eu ta part de bien pendant la vie, et Lazare sa part de mal.

1130. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Sa femme le regarda s’éloigner comme si elle venait de s’éveiller d’un songe.

1131. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Ruy Blas » (1839) »

On ne songe plus qu’à soi.

1132. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Françoise. » pp. 159-174

l’ignorance & quelquefois même le mépris des grands modèles ; 4°. la manie qu’ont les uns d’être auteurs, & les autres connoisseurs ; 5°. le défaut capital de ne pas sçavoir connoître son genre de talent, & s’y renfermer ; 6°. l’imprudence d’applaudir trop tôt à de jeunes auteurs qu’on perd au lieu d’encourager ; 7°. la nécessité des besoins, ne faut-il pas commencer par vivre avant que de songer à devenir immortel ?

1133. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

L’auteur a cru sans doute qu’une personne aussi honnête et aussi bien née que Julie, ne devait employer aucune sorte de déguisement ; il n’a pas songé que le lecteur ne pouvait jamais se mettre assez parfaitement à la place de l’amant, pour ne pas blâmer un ton si libre ; c’est peut-être celui du véritable amour ; mais ce ton paraît affaiblir l’amour même dans la bouche d’une femme, dont il faut que l’expression, pour être tendre et vive, ait toujours l’empreinte de la modestie.

1134. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Mme de Belgiojoso n’a pas songé à mettre les trois systèmes en présence et à en discuter la valeur relative et les asservissements.

1135. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Laïs de Corinthe et Ninon de Lenclos » pp. 123-135

Il s’en dit de pareils vingt par soir dans les salons de Paris, qu’on ne songe pas même à citer au déjeuner du lendemain.

1136. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Léopold Ranke » pp. 1-14

En toutes choses, l’idéal est loin et recule, mais ici, il est si loin qu’il n’a plus besoin de reculer. » L’homme qui écrivait les lignes précédentes, en 1828, dans un des recueils périodiques les plus estimés de l’Angleterre, devait plus tard devenir lui-même un historien, et il serait piquant de savoir si, quand il écrivait ainsi, il pensait déjà à le devenir, et s’il ne méritait pas qu’on lui appliquât le mot de Pope sur Addison : « Addison — disait Pope — ressemble à ces sultans d’Asie, qui ne croient jamais régner en sûreté qu’après avoir fait périr tous leurs frères. » En décapitant tous les historiens d’un seul revers de plume, Macaulay songeait-il à se préparer un royaume ?

1137. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Après avoir tracé, d’une plume simple et qui touche, l’histoire des premiers siècles de l’Église, que le protestantisme appelle son origine comme nous, sans songer à sa grande rupture, E. 

1138. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Barthélemy Saint-Hilaire »

Or, je l’avouerai, cette Histoire des Histoires de Mahomet m’a impatienté, non lorsque je la lisais, mais après coup, quand elle a été entièrement lue et que j’ai songé à ce que l’auteur aurait pu faire, s’il n’avait pas eu au cou son collier de chien d’Académie, dont l’esprit qui le met reste toujours un peu pelé, comme le cou du chien.

1139. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

À dater de Heine, de cet Allemand presque Français tant il s’était naturalisé parmi nous, la France n’a vécu que sur les vieux poètes qui existaient de son temps à lui et que la personnalité de son génie, à lui, effaçait, même de Musset, qui faisait songer à lord Byron, que Henri Heine ne rappelait pas.

1140. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre V. Des Grecs, et de leurs éloges funèbres en l’honneur des guerriers morts dans les combats. »

« Citoyens, c’est pour cette patrie que sont morts les guerriers que vous venez d’ensevelir ; quand vous contemplerez sa grandeur, songez que c’est à leur sang que vous la devez.

1141. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

On souffre peu des passe-droits là où il n’y a pas de droits ; nous ne songeons qu’à avancer, ils ne songent qu’à s’amuser. […] Nul ne songe à s’en scandaliser : personne n’imagine qu’un habit doive être un éteignoir, et cela est vrai de tous les habits, en premier lieu de la robe. « Quand je suis entré dans le monde, en 1785, écrit un parlementaire281, je me suis vu présenter en quelque sorte parallèlement chez les femmes et chez les maîtresses des amis de ma famille, passant la soirée du lundi chez l’une, celle du mardi chez l’autre.

1142. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Le joueur d’échecs dont j’ai parlé m’écrit encore : « Je ne songe jamais à établir une différence entre l’échiquier qui est dans mon esprit et l’autre. […] Au même instant, je vis (je ne puis me rappeler si c’est avec les yeux ouverts ou fermés) un de mes amis absents, comme un cadavre, devant moi. — Je dois remarquer ici que, depuis beaucoup d’années, j’avais l’habitude de noter par écrit tout groupe de représentations qui, en songe ou pendant la veille, surgissait avec une force, une précision, une netteté particulières et s’imposait à moi avec cette sorte de vivacité qui fait considérer une telle représentation comme un pressentiment. […] À la suite d’un songe trop long pour être raconté, ma propre figure m’est apparue, assise dans un fauteuil, près d’une table, avec une robe de chambre blanche à raies noires ; elle s’est tournée vers moi, et l’effroi a été si grand que je me suis réveillé en sursaut.

1143. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

En ne parlant aujourd’hui que des peintres, par exemple, est-ce que, quand vous parcourez de l’œil la voûte vertigineuse du Vatican, où Buonarotti a rêvé le jugement dernier, vous ne songez pas à Moïse ? […] La poésie lettrée ou illettrée est chose de jeunesse ; une fois aux prises avec les occupations actives et sérieuses de la vie, on ne se passionne plus pour ces fables chantées qu’on nomme les poèmes : l’âge mûr n’a pas le temps, la vieillesse n’a plus le goût de ces rêveries ; on songe à vivre, on pense à mourir. […] En face du chanteur, deux belles jeunes filles de Procida ou de Mycènes sont debout, dans l’attitude et dans l’expression de l’attention, émues jusqu’aux larmes ; l’une regarde le poète comme s’il allait lui dire le secret de sa destinée amoureuse ; l’autre baisse les yeux et songe à je ne sais quoi de triste comme le récit.

1144. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Quelques écrivains, selon nous trop austères, ont paru reprocher amèrement à la princesse Charlotte trop de complaisance à laisser naître cet amour dans le cœur de son maître et de son ami ; rien ne justifie à nos yeux ce reproche : elle était trop exclusivement attachée au prince son mari, un des hommes les plus séduisants de l’Italie, pour songer seulement à la nature des sentiments qu’elle pouvait inspirer à un pauvre artiste, fils d’un châlet du Jura et enfoui dans les ruines de Rome. […] Qui songerait à regretter l’arbre ou la source, une fois qu’on a porté ses regards sur le groupe humain ? […] Son secret, concentré dans son cœur, s’y envenimait par le silence ; tantôt il songeait à revenir à Florence, après avoir fini son tableau, tantôt à fuir plus loin encore de l’idole qui le retenait et qui le repoussait tour à tour.

1145. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Mais j’avais maintenant huit ans de plus, j’avais vu, bien ou mal, presque toute l’Europe, et l’amour de la gloire, qui était entré dans mon âme, cette passion pour l’étude, cette nécessité d’être ou de me faire libre pour devenir un intrépide et véridique auteur, étaient autant d’aiguillons qui me faisaient passer outre, autant de raisons qui me criaient dans le fond de mon cœur que sous la tyrannie c’est déjà bien assez, si ce n’est trop, de vivre seul, et que jamais, pour peu que l’on y songe, il ne faut y être ni mari ni père. […] Ce fut alors que la cour de France, lasse de l’oublier totalement, songea à réveiller dans ce sang des Stuarts une rivalité toujours possible au sang ennemi des Stuarts en donnant des héritiers à Charles-Édouard. […] Un jour, en 1770, le duc de Choiseul, qui avait songé un instant à la restauration des Stuarts, fait exprimer au Prétendant le désir de lui parler très confidentiellement à Paris.

1146. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Mais il n’était pas même nécessaire de combattre dans ce moment : la révolution combattait pour nous en Hongrie, en Prusse, à Francfort, à Rome, à Naples, en Toscane, à Vienne, et l’Autriche, qui n’existait plus que dans son unique armée d’Italie, ne songeait pas à se jouer elle-même dans une seule bataille ; elle ne songeait qu’à se ménager des conditions honorables de retraite. […] Cela est moins douteux encore quand on songe que Turin, Milan, Gênes, Parme, Plaisance, Bologne, Venise, Florence, Livourne, Rome, Naples, la Calabre et la Sicile avaient déjà couru avec plus ou moins de patriotisme aux armes ; que ce mouvement militaire encore hésitant dans un pays déshabitué des armes se serait accru, multiplié, organisé sous le flanc droit de l’armée française, et que l’Italie, en six mois, n’aurait été qu’une forêt de baïonnettes inhabiles peut-être, mais héroïques comme le sentiment qui armait ses milices.

/ 2008