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1023. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Entre 1610 et 1620, la société de Rambouillet reçut un accroissement d’hommes illustres : savoir, Balzac, âgé de vingt-cinq ans, Chapelain, moins âgé d’un an que Balzac, Voiture, âgé seulement de vingt ans en 1618. […] Il y a lieu de croire cependant qu’on y reçut Madeleine de Scudéry, âgée de treize ans seulement, en 1620, mais qui était du même âge que Julie de Rambouillet, et avait assez d’esprit pour être sa compagne.

1024. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XI » pp. 89-99

À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion. […] Que si elles avaient le défaut de faire de l’amour un délire de l’imagination, elles eurent aussi le mérite d’élever les esprits et les âmes au-dessus de l’amour d’instinct, et de préparer cet amour du cœur, ce doux accord des sympathies morales si fécond en délices inconnues à l’incontinence grossière, cet amour qui donne tant d’heureuses années à la vie humaine, appelée seulement à d’heureux moments par l’amour d’instinct.

1025. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Seulement, ce témoignage si désintéressé, si sincère et si simple dans son expression qu’il ne colore même pas, est ce que nous connaissons de plus mortel à la charge de ce qu’on a appelé le fédéralisme révolutionnaire, — le plus bas côté d’une révolution qui n’en eut pas toujours de si hauts ! […] Seulement n’est-ce pas trop de patriotisme de la part de Vaultier que de réclamer pour le compte de sa ville l’éclat de ces splendeurs de politique et de guerre, et de contester sérieusement aux Girondins arrivés à Caen l’influence d’événements pareils ?

1026. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

D’ailleurs, ce n’est pas seulement de lui qu’il s’agit ici et d’un livre plus ou moins mauvais. […] Pour nous, l’auteur n’est pas seulement un Blackstone français, — qui a la science, le coup d’œil, la raison dernière de telle disposition de loi politique et civile, et qui, contrairement au Blackstone anglais, bref et complet, atteste ainsi le génie de la langue qu’il parle et le génie de la législation qu’il commente, — il est de plus historien sans qu’il y pense et sans qu’il veuille l’être, et voilà pourquoi nous en parlons.

1027. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

vous rappelez-vous ce clown anglais qui jouait la pantomime au Cirque, il y a seulement quelques années ? […] Il y a, sous la pantomime, fort bien exécutée, de ces coups de cravache impitoyablement et froidement appliqués à toutes les vanités et les avidités ambiantes, par ce jeune chroniqueur qui ne se contente pas de raconter, mais qui châtie ; un faire de moraliste eu germe, de moraliste pour plus tard… Car le moraliste n’existe pas seulement en vertu de l’indignation d’un noble esprit ou d’un cœur haut.

1028. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Partisans du statu quo littéraire d’aujourd’hui, comme ils le furent jadis d’un autre, misanthropes en politique, mais optimistes comme des Pangloss en littérature et suffisants comme des Turcarets, ils ne dressent pas seulement une théorie « d’honnêteté » contre nous, qui sommes des insolents littéraires, mais, ce qui est plus fort ! […] Seulement, que le Journal des Débats, le journal de la tolérance universelle, — et des coups de chapeau, — qui proclame depuis quarante ans la liberté des poids et des mesures, des mathématiques et de la conscience, fasse, à propos de nous et contre nous, ce terrible partage en deux camps et se fourre dans le bon, n’est-ce pas inconséquent, nouveau et comique ?

1029. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Seulement, puisqu’on y touche, on peut la peser, comme dirait Juvénal. […] Dans le roman d’Avellaneda, le pauvre Don Quichotte n’a pas seulement, comme dans le roman de Cervantes, un côté du cerveau touché par le doigt mystérieux d’une bienveillante Fantaisie qui ne fait éclore le rêve que là où le doigt a touché ; non !

1030. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

je les vois, ceux-là, d’ici, entrant dans la lecture de ce livre compact non pas seulement par les feuilles, comme si c’était dans un livre de plaisance où ils vont ripailler de choses nouvelles, ingénieuses, profondes et sublimes, et en sortant au plus vite ou n’en sortant pas, mais, dehors ou dedans, étonnés, fatigués, suant de fatigue, que dis-je ? […] Seulement, c’est sur cette erreur, grosse comme une souris, que se tient tout droit le gros livre de Taine, avec des descriptions et des citations anatomiques, physiologiques et mathématiques à l’appui.

1031. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Seulement, je n’en suis pas bien sûr ! […] Huysmans, tout horrible que ce livre soit, n’est pas seulement, comme je l’ai dit, d’être affreux dans sa philosophie, mais, en art, c’est d’être puéril.

1032. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Ils durent être dans la famille des rois absolus, supérieurs à tous les autres membres, et soumis seulement à Dieu. Leur pouvoir fut armé des terreurs d’une religion effroyable, et sanctionné par les peines les plus cruelles ; c’est dans le caractère de Polyphème que Platon reconnaît les premiers pères de famille67. — Remarquons seulement ici que les hommes, sortis de leur liberté native, et domptés par la sévérité du gouvernement de la famille, se trouvèrent préparés à obéir aux lois du gouvernement civil qui devait lui succéder.

1033. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

Et comment l’aurait-il pu, s’il n’existait seulement pas une chaire de grec dans l’Université de Paris ? […] Et quand on ne saurait dire de quelle manière, en quel point précis l’influence a opéré, les effets n’en seraient pas moins certains, mais plus intérieurs et plus profonds seulement. […] Car les mots sont quelque chose de plus que les signes des idées, et une langue n’est pas seulement une algèbre, ou un organisme : elle est aussi une œuvre d’art. […] Et en prêchant la Réformation, ce n’est pas seulement la Papauté qu’il a combattue comme telle, ni le catholicisme, c’est l’esprit même de la Renaissance qu’il a voulu détruire et dont il a failli triompher. […] Parmi les maux de la guerre civile, compliqués de ceux de la guerre étrangère, on a compris ce que nous appellerions aujourd’hui la grandeur de l’institution sociale, et que le pire des malheurs était d’en voir les liens se briser ou seulement se détendre.

1034. (1898) La cité antique

Seulement, pour ceux-ci, l’offrande est plus légère ; c’est une simple libation d’eau et quelques grains de riz. […] On n’a pas bâti seulement pour une vie d’homme, mais pour la famille dont les générations devaient se succéder dans la même demeure. […] C’est qu’un cognat, lié seulement par les femmes, n’est pas un parent et n’a pas part à la religion de la famille. […] Une telle patrie n’est pas seulement pour l’homme un domicile. […]seulement il a sa dignité d’homme et ses devoirs.

1035. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Seulement nous avons dit strictement ce qu’il était nécessaire de dire pour l’intelligence de notre sujet. […] Seulement, on peut ajouter qu’il est prudent de les réduire strictement aux points fondamentaux et de ne point s’égarer dans les détails. […] Ce n’était point là seulement une difficulté de conduite, c’était un vice de situation. […] Seulement on aperçoit bien qu’il y a dans l’histoire générale, et dans l’histoire de son siècle en particulier, un point qui l’embarrasse. […] Benjamin Constant ; seulement ce dernier, par sa conduite à l’époque des cent-jours, s’est rapproché du camp de la littérature impériale.

1036. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Je voudrais ajouter un mot seulement à ces deux préfaces. […] C’est une douleur d’amoureuse, et cela seulement. […] Ce n’est plus seulement le romantique mal éveillé de ses songes qui se lamente et qui maudit. […] Seulement, son indignation se dompte avec orgueil. […] Pour la grande masse des Français, la Révolution n’est pas seulement un fait, c’est un symbole.

1037. (1925) Comment on devient écrivain

Je suis seulement frappé par le monstrueux débordement de tant d’œuvres d’imagination insignifiantes et médiocres. […] Sa naïveté est réelle ; on sent seulement qu’elle vient de loin, qu’elle est d’une qualité réfléchie. […] C’est seulement au moment de mourir que lui revient la conscience de son indignité. […] Seulement ce n’est pas en traduisant mot par mot que vous aurez ce style. […] Bref, je veux instruire et non pas seulement amuser.

1038. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Seulement il assaisonnait ses repas d’ingrédients anglais disposés dans d’élégants flacons qu’il payait fort cher. […] J’ai seulement fait prévenir une de vos voisines que j’irais lui rendre aujourd’hui une visite avec vous. […] Seulement il remarquait à regret qu’elle était coiffée étourdiment, qu’elle avait la raie de travers. […] Pourvu seulement que ce café soit bon ! […] Deux personnes seulement comprenaient sa situation : c’étaient son vieux père et son ami Pierre.

1039. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Alors seulement et pour quelques années la bataille sera finie. […] Nous nous étions seulement renforcés dans nos opinions, comme il arrive toujours depuis qu’on a inventé les discussions, qu’elles soient politiques ou littéraires. […] Le tout simplement dit et émouvant seulement par la sincérité du récit. […] Dans la chaleur d’étuve de sa chambre, il ne pouvait tenir en place, mieux portant que jamais, fiévreux seulement d’imagination. […] Le jour, ce n’était plus cela ; des feuilles seulement et du soleil.

1040. (1864) Le roman contemporain

Ponson du Terrail ; seulement M.  […] J’essayerai seulement de caractériser ses procédés et sa manière. […] On plaint seulement Maxime, si dévoué, si chevaleresque, d’être en butte à de pareils soupçons. […] Feuillet a pris l’initiative n’est plus seulement ici spiritualiste, mais chrétienne. […] Je ne veux dire de cet épisode que ce qui est seulement nécessaire à l’intelligence de la suite du roman.

1041. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Croyons seulement à la moitié de ce que dit M.  […] Et Mallarmé creuse seulement d’une façon plus paradoxale dans un fonds commun de l’art. […] Il aima, il rêva seulement cette perfection de la mort que son œuvre ne connut pas. […] Ce n’est plus seulement le mot qui s’impose comme un son, c’est la phrase, maintenant faite, qui s’installe comme un jugement. […] Apparence seulement.

1042. (1925) Proses datées

Valéry n’était pas seulement préoccupé de métaphysique et d’esthétique. […] Certains auteurs ne sont pas seulement supprimés de la liste des vivants, ils sont, pourrait-on dire, rayés de la liste des morts. […] Cette thèse n’était pas seulement un moyen de défense rétrospectif et futur. […] On ne jouait pas seulement chez lui des œuvres consacrées, on y essayait aussi des ouvrages nouveaux. […] Ternant en 1784, Chasans, qui l’a devancé, en 1780, Curley seulement en 1786.

1043. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

L’imitation des sujets n’est pas seulement permise, elle est inévitable. […] Le plagiaire, on devine que ce n’est pas Michelet ; seulement, il est fâcheux que le grand écrivain ait couvert de son nom de pareils pillages. […] Sans doute, mais cela prouve seulement que chaque génération se choisit un poète ; la nôtre aima Verlaine, comme celle de M.  […] Rien de mieux ; mais pourquoi certaines fautes seulement ? […] Alors seulement on se retrouve l’égal de l’ignorant.

1044. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Or c’est un fait que ce qui est seulement utile ne survit pas au résultat obtenu. […] Seulement il a refusé de pousser plus loin sa marche en avant. […] Sardou n’a point seulement essayé de l’indiquer. […] Seulement il est diverses sortes de néologismes. […] Et comme si quelques-uns seulement avaient droit à la vie de l’art !

1045. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Seulement, elle ne pouvait pas avoir alors toute son ampleur. […] Seulement ce beau zèle est-il constant ? […] Seulement, il ne le fut pas toujours. […] Seulement que fait-elle, la dissimulée ? […] Seulement, c’est pour les amener à la ville.

1046. (1922) Gustave Flaubert

Son éducation sentimentale est réelle, mais elle n’est pas seulement son œuvre à lui ; sa maîtresse, une vraie femme, sensuelle et intelligente, y collabore. […] Seulement la femme de lettres était une femme. […] Il n’aime pas seulement la femme, mais bien aussi la femme de lettres ; non seulement les joues roses de cette blonde, mais l’encre qu’elle a aux doigts. […] Seulement il a des idées reçues un peu plus récentes, à bouts vernis, celles d’un clerc qui écrit la lettre moulée, ne porte pas la barbe en collier et sait parler à une dame. […] Seulement le public est le public, et Faguet est ici du public, du gros public.

1047. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Ces hommes pleins d’ans sentent certaines vérités que nous savons seulement. […] Qu’on me permette seulement d’opposer un portrait à un autre. […] Disons seulement que c’était un cordelier qui travaillait pour le pape. […] Il craint seulement que son admiration ne soit pas assez partagée. […] Je ne les goûtais pas seulement par le sentiment.

1048. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Ici Berthelot donne l’explication vraie de nos revers : « Non, ce n’est pas tant la supériorité de l’artillerie, c’est cela seulement que je vais vous dire. […] Un rien d’animation seulement autour du passage Jouffroy. […] Il ne s’agissait pas du tout, pour lui, de sauver la France, mon savant voulait seulement étudier les cryptogames qui se développent sur les cadavres. […] On ne l’a pas enlevé, on l’a seulement un peu recouvert avec les branches de l’arbre, sous lequel il a été tué. […] Dans mes rêves, il est toujours malade de sa dernière maladie : c’est ainsi seulement qu’il m’est donné de le revoir.

1049. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Je ne dis pas que Dieu existe, je ne dis pas qu’il n’existe pas, je dis seulement que je n’en sais rien, que cette idée me paraît avoir fait aux hommes autant de mal que de bien, et qu’en attendant que Dieu se révèle, je crois que son premier ministre, le hasard, gouverne aussi bien ce triste monde que lui. Je crois seulement que je ne crois à rien ; je me trompe cependant, je crois à ce qu’on appelle conscience, soit instinct, soit mauvaise habitude d’idées, soit effet de préjugés et de respect humain. […] Je vous envie, car de consolantes illusions sont des vérités très douces pour ceux qui y croient ; mais moi, non, je ne crois à rien, et je me livre seulement à mon goût pour les beaux-arts et pour la littérature. […] « Tout cela est deviné à ravir et de poète à poète : mais l’amour-propre en souffrance et les passions non satisfaites me semblent des conjectures très hasardées : parlons seulement de l’âme délicate et sensible de Virgile et de ses malheurs de jeunesse. […] Ce qui a trompé l’illustre auteur, qui, à tous autres égards, a parlé si excellemment de Virgile, c’est qu’il est dit en un endroit de la Vie du poète par Donat, qu’il était sermone tardissimus ; mais cela signifie seulement qu’il n’improvisait pas, qu’il n’avait pas, comme on dit, la parole en main.

1050. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Oui, oui, mon ami, ce n’est pas seulement en faisant des poésies et des pièces de théâtre que l’on est fécond ; il y a aussi une fécondité d’actions qui en maintes circonstances est la première de toutes. […] Ils ne sont pas écrits pour la masse, mais seulement pour ces hommes qui, voulant et cherchant ce que j’ai voulu et cherché, marchent dans les mêmes voies que moi… » Il voulait continuer ; une jeune dame qui entra l’interrompit et se mit à causer avec lui. […] Je sais seulement qu’il était très cordial. […] Seulement il oublie le vice mortel de ces chefs-d’œuvre, c’est le mensonge du roman historique. […] De ce plateau élevé, on découvre une grande partie de la forêt de Thuringe, qui s’étend jusqu’à l’horizon le plus lointain et forme un immense et sombre océan de verdure ; Goethe resta longtemps immobile, et dit seulement : “Hélas !

1051. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Nos malheurs y obtiennent des larmes, et l’on y plaint la destinée humaine. » Et, enfin, le mot profond : « On se lasse de tout, sauf de comprendre », n’est point dans l’œuvre même de Virgile, mais lui est seulement attribué par le commentateur Servius. […] De bonne heure il s’abstint, par scrupule religieux, lorsqu’il était à la cour, d’aller à l’Opéra et à la Comédie… Seulement, voilà ! […] C’est par là surtout qu’elle fut intéressante ; et c’est par là seulement que souffrit cette créature joviale. […] Seulement, c’est là une vérité que nous avons assez vue, et des vérités un peu différentes sont en train de nous attirer davantage. […] Imaginez Villars, ou seulement Marbot, revenant parmi nous.

1052. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Rien, passé la Place de la Concorde, rien à l’Hôtel de Ville, seulement rue de Rivoli, des figures de révolution que chargent, de temps en temps, les sergents de ville, les poursuivant dans les petites rues autour des Halles. […] Puis il se plaint que l’Afrique ne donne rien pour le roman, mais seulement un paysage ou une silhouette de bonhomme, pour une étude à la Fromentin. […] » Dimanche 6 juillet Ils donnent vraiment à réfléchir, ces nihilistes russes, ces artisans désintéressés du néant, se vouant à toute une vie de misère, de privations, de persécutions pour leur œuvre de mort, — et cela sans l’espoir d’une récompense, ni ici-bas, ni là-haut, mais seulement comme par un instinct et un amour de bête pour la destruction ! […] Et pour les êtres, dont Flaubert a peuplé le monde de ses livres, ce monde fictif à l’apparence réelle, l’auteur s’est trouvé posséder cette faculté créatrice, donnée seulement à quelques-uns, la faculté de les créer, un peu à l’instar de Dieu. […] Dans le roman Flaubert n’a pas été seulement un peintre de la contemporanéité, il a été un résurrectionniste, à la façon de Carlyle et de Michelet, des vieux mondes, des civilisations disparues, des humanités mortes.

1053. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

On sçait seulement que c’étoit un misérable aveugle qui alloit chanter les fruits de sa muse dans les villages & les hameaux. […] On peut dire même qu’il n’y a rien à retrancher, rien à refondre, il y a seulement à ajouter & à étendre. […] On souhaiteroit seulement que les graces naïves & délicates de l’Original fussent plus animées dans la copie. […] Qui daignera le lire, ni seulement le regarder dans le monde, sous peine de sa malédiction.” […] Il a voulu seulement donner une idée de Tibulle, & non pas Tibulle même.

1054. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

C’est bien alors deux ans, et deux ans seulement, qu’il devra compter à Paul. […] Seulement, remarquons qu’il adopte ainsi une définition toute conventionnelle de la succession, et par conséquent aussi de la simultanéité. […] Seulement, du point de vue de la physique, le raisonnement que nous venons de faire ne comptera pas. […] Du moment qu’on a pris S pour système de référence, c’est de là, et de là seulement, qu’est désormais possible une vue scientifique du monde. […] Seulement, dès que j’ai immobilisé S en système de référence, voici ce qui se passe.

1055. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Je ne leur demande plus rien ; conservez-moi seulement, ô dieux ! […] Les repas qu’il donnait à ses amis étaient de la plus extrême simplicité ; il les égayait seulement pour ses convives d’un peu de musique. » Horace, informé par Mécène de ce désir d’Auguste, qui eût été pour tout autre un ordre, s’excusa sur sa mauvaise santé, préférant son indépendance à une fortune tardive et inutile à son bonheur. […] Virgile, fils d’un potier de Mantoue et né parmi les pasteurs et les laboureurs des collines du lac de Garde, composait des souvenirs de son enfance des tableaux vivants dans son âme, tableaux qui vivront autant que la nature ; sa supériorité didactique ne vient pas seulement du poète, elle vient du sujet. […] D’ailleurs on éprouve en secret un certain plaisir à leur pardonner ce qu’on ne peut approuver en eux ; l’indulgence n’est pas seulement une vertu, c’est un plaisir ; c’est ce plaisir qu’on éprouve à lire et à aimer Horace comme à lire et à aimer ce grand enfant très vicieux qu’on appelle chez nous La Fontaine. Il y a de l’éternelle jeunesse dans Horace comme il y a de l’éternelle enfance dans La Fontaine ; seulement j’aime mieux l’éternelle jeunesse de l’un que l’éternelle enfance de l’autre.

1056. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Ses larmes seules, dit le poète, baignant les roses et les lis de son beau corps, attestaient qu’elle était animée. » Roger, à l’aspect de ces yeux éplorés, se souvient de sa chère Bradamante ; son coursier replie ses ailes ; Roger parle avec une respectueuse compassion, mêlée d’une galanterie chevaleresque, à Angélique : « Ô beauté céleste, faite pour porter seulement les fers avec lesquels l’amour mène ceux qu’il a enchaînés ! […] Ces images trop licencieuses ne pouvaient effleurer seulement l’imagination de Thérésina, ni même de sa mère. […] Le chant qui contient l’histoire de Joconde ne forme plus seulement disparate, mais scandale dans le poème ; il devrait être déchiré de toute édition populaire de l’Arioste. […] vraiment, quand vous auriez autant de trésors qu’en pourrait désirer une femme intéressée, vous n’auriez pas de quoi payer seulement une des petites pattes de mon chien, et pour vous prouver que je dis la vérité, venez au moins avec moi », dit-il à la nourrice en la tirant à part. […] Le chanoine n’avait pas seulement mis un sinet ici, il avait déchiré la page tout entière.

1057. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Ce livre n’est qu’un débris, il n’en reste que quelques belles pages ; on voit seulement que c’était un développement de son livre sur la divinité, et qu’il y portait, comme le poète Lucrèce, mais d’une main plus religieuse que Lucrèce, des coups terribles aux superstitions païennes de son pays. […] Seulement les modernes instituent des rois héréditaires au lieu de consuls temporaires, pour éviter le danger des transitions dans le pouvoir monarchique. […] Seulement ces pensées n’ont pas le clinquant de Montesquieu ou l’étrangeté de J. […] Admirez seulement avec quel art d’écrivain Cicéron embellit l’aridité de son sujet par les charmants péristyles du premier et du second discours sur les Lois : Atticus. […] On n’est pas plus assuré de la vie à la fleur de l’âge qu’au déclin des ans : seulement la mort du vieillard a quelque chose de plus naturel et de plus doux ; la vie avancée est comme le fruit mûr, qui se détache sans effort.

1058. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Schœlcher et au gouvernement rallié à mes vues, finit par l’abolir ; elle eut seulement le tort de trop économiser sur l’indemnité, mais, malgré cette parcimonie de vertu, elle n’eut qu’à se féliciter de son courage. […] Permettre aux États-Unis de renouveler la folie du premier Empire, de mettre le blocus anti-européen, non plus sur leurs ports seulement, mais sur un monde, comme ils viennent de le proclamer, ce n’est plus une lâcheté seulement, c’est accepter les fourches caudines de New-York, c’est abdiquer la navigation, le commerce, le coton, le libre-échange, la marine du vieux monde, c’est ne plus vivre que de la mort de la vie ! […] Je voulais seulement jouir de la nature. […] Il sait très bien qu’en changeant seulement d’amorce et d’hameçon, il pourrait avoir sous peu une ou deux belles anguilles ; mais, en homme prudent, il aime mieux regagner le bord et emporter tranquillement son butin à la maison. […] Si vous regardez attentivement, vous compterez cinquante, soixante ou plus de ces nids, les uns séparés par un intervalle de quelques pieds seulement, d’autres à l’écart, à plusieurs pas.

1059. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Mais ce n’est pas seulement le fond, c’est aussi et surtout la forme des écrits qui, pendant deux siècles, portent l’empreinte du système alors constitué. […] Seulement il est fils d’une Grecque et né à Constantinople  ; il aime d’un amour quasi filial Ce langage sonore aux douceurs souveraines, Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines. […] Seulement d’ordinaire, au moment où elle accepte ce qu’elle n’a pu empêcher, elle est déjà distancée par la société qui a continué de marcher ; elle se trouve derechef en arrière, défendant ce qu’elle condamnait vingt ans plus tôt, combattant ce qu’elle accueillera vingt ans plus tard. […] Hugo, quand vous m’aurez montré quatre vers de lui qui soient seulement médiocres165 » Chacun sait les impertinences qu’Alfred de Vigny dut essuyer au cours de ses visites à ses futurs collègues. […] Ses satires, ses épigrammes ne sont pas seulement des amusements littéraires ; ce sont les armes très aiguës dont il usait pour abattre les réputations qui lui volaient son soleil.

1060. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il y a un admirable moment où l’élite, sinon l’ensemble d’une société, demeurant capable de participer encore à l’œuvre de la poésie, mais seulement par l’intérêt commun qu’elle y apporte, cette œuvre tout accomplie, tout élaborée, lui est offerte par d’illustres individus privilégiés qui seuls ont acquis et mûri l’art de charmer avec profondeur, d’enseigner avec enchantement. […] M. de Vigny n’a pas été seulement, dans Stello et dans Chatterton, le plus fin, le plus délié, le plus émouvant monographe et peintre de cette incurable maladie de l’artiste aux époques comme la nôtre, il a été et il est poëte. […] C’est à mon égard seulement que l’éditeur a cru devoir déroger à cette réserve et faire une honorable exception. […] voilà que je vous gronde, cher Sainte-Beuve, moi qui voulais seulement vous parler du bonheur de…, etc., etc. » L’intimité est constatée, ce me semble : j’étais, en 1835, parfaitement en mesure de risquer une théorie du talent de M. de Vigny autant que d’aucun autre talent contemporain ; s’il y avait embarras pour moi à son égard, c’était par excès de liaison bien plutôt que par insuffisance ; j’avais à ressaisir mon libre jugement, à le ravoir de dessous un monceau de fleurs : là était la difficulté, pas ailleurs ; c’est ce que je tenais avant tout à établir. Les nouveaux venus sont si nouveaux, les héritiers de la dernière heure sont si mal informés de tout le contenu et des précédents de l’héritage, la vie du passé est tellement prompte à s’évanouir ou à ne laisser que de vagues traces d’elle-même, que j’ai cru bon et nécessaire, en présence d’une dénégation étrange, d’insister ici sur une de ces traces et de réveiller quelque idée d’un groupe et d’un moment si chèrement mémorables à ceux qui en firent partie, et à jamais dissipés. — Deux lettres seulement encore : « Avril 1830.

1061. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Cette mère qui avait obtenu merci, la veille, et promesse de sauvegarde pour son abbaye ; ce serment violé ; ce double sacrilège commis par un féroce baron sur des nonnes innocentes ; ce fils pieux enchaîné par l’honneur à son seigneur indigne ; approuvé, la veille encore, pour son effort de loyauté, par sa mère, et qui voit brûler cette mère qu’il vient seulement de retrouver, d’embrasser, — qui arrive trop tard pour la sauver, et qui, pour consommation dernière, voit son psautier brûler sur sa poitrine ; image admirable et sainte ! […] Jamais on n’a pensé à s’inspirer de Ronsard et de ses contemporains poètes, mais seulement à leur emprunter quelques expressions heureuses, quelques couleurs neuves et fraîches, et des formes habiles de rythme. […] C’est pourtant au xiii e siècle seulement, ce siècle de génie, de véritable et universelle invention, m’il convient, ne l’oublions pas, de rapporter les plus jolies branches et rapsodies de cette libre épopée satirique, celles qui ont encore naïveté et grâce dans l’ironie, une sorte de candeur, et en qui ne percent pas trop outrageusement l’allégorie et la satire tout intentionnelle qui sera l’esprit du Renart final. […] il faut tout dire : tandis que, Régnier mourait de débauche à moins de quarante ans, Malherbe, lui, ne cessait de grandir, de mûrir, de rajeunir jusqu’à l’âge de soixante-douze ans, alors que, terminant une de ses plus belles odes, il pouvait s’écrier dans un juste orgueil : Je suis vaincu du Temps, je cède à ses outrages : Mon esprit seulement, exempt de sa rigueur, A de quoi témoigner, en ses derniers ouvrages,       Sa première vigueur. […] Ce ne sont pas seulement les plus grands qui ont excellé dans quelques-unes de tes parties les plus hautes et les plus heureusement renouvelées, ce sont des poètes moindres, mais poètes encore par le cœur, par la fantaisie, par l’art, par une vocation sincère !

1062. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

En tout cas, ils annonçaient le premier éveil de l’intelligence : ils n’étaient plus aigus, prolongés, monotones ; c’étaient, pour ainsi dire, les sons d’une langue nouvelle ; cette langue, très différente du cri primitif, ne traduisait plus seulement la douleur brute, le simple malaise ; quoique rudimentaire et bornée, elle manifestait des nuances de sentiment, des états variés et compliqués de l’esprit et surtout de l’âme. […] Parmi ces acquisitions, deux seulement sont à remarquer. […] Un chat qui a été effrayé ou mordu une fois par un chien aboyant comprendra aisément le son et se sauvera, aussi bien que tout autre être qualifié de raisonnable180. » Seulement, s’il se sauve, c’est que, par association, l’aboiement évoque en lui l’image ou représentation sensible du chien qui s’élance et de la paire de crocs qui vont entrer dans sa peau. […] Aussi longtemps que les hommes désignaient les moutons seulement comme des moutons, et les vaches seulement comme des vaches, ils pouvaient très bien indiquer les premiers par béé, et les secondes par mou-ou ; mais, quand pour la première fois ils éprouvèrent le besoin de parler d’un troupeau, ni béé ni mou-ou ne pouvaient servir.

1063. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Seulement, qui sait s’il est vraiment criminel ou s’il est innocent ? […] et que même en ne nous parlant pas, mais en nous entendant seulement respirer, nous étions contents ! […] — Émiette, lui dis-je, tous les matins, un peu de la mie de ton pain de prison, et répands ces miettes, toutes fraîches, sur le bord intérieur du mur à hauteur d’appui où tu t’accoudes quelquefois pour regarder couler l’heure au soleil ; petit à petit, la plus hardie viendra becqueter entre les barreaux, puis jusque dans ta main ; tu lui caresseras les plumes sans la retenir, et tu la laisseras librement s’envoler, revenir et s’envoler encore ; bientôt elle aura pour toi l’amitié que toutes les bêtes ont naturellement pour l’homme qui ne leur fait point de mal, tu la prendras dans ton sein, elle becquettera jusqu’à tes lèvres, elle se laissera faire tout ce que tu voudras d’elle ; moi, de mon côté, je vais en prendre une sur la margelle du puits et l’emporter sous ma chemise, dans mon sein, là-haut, dans ma chambre ; je l’empêcherai seulement une heure ou deux de s’envoler, je lui donnerai des graines douces et du maïs sucré sur le bord de ma fenêtre, et je la lâcherai ensuite pour qu’elle rejoigne ses compagnes dans la cour ; tu la reconnaîtras au bout de fil bleu que j’aurai noué à ses jambes roses, et c’est celle-là que tu apprivoiseras de préférence en faisant peur aux autres ; au bout de deux ou trois jours, tu verras qu’elle viendra à tout moment te visiter, et qu’à tout moment aussi elle remontera de la lucarne à ma tour, pour redescendre encore de ma tour à ton cachot. […] soupirait-elle en soulevant son beau nourrisson endormi du mouvement de sa poitrine, à présent qu’il n’y est plus, je ne pense plus seulement à la musique ; quand un air ne tombe pas dans un cœur, qu’importe ? […] Quant à la nourriture, nous n’y pensions seulement pas, bien que nous n’eussions plus, pour soutenir nos misérables corps et pour nourrir le chien Zampogna, que quelques croûtes de pain dur, que le père Hilario nous avait laissées dans sa besace jusqu’à son retour.

1064. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Ces mœurs, je les appellerais volontiers des mœurs démocratiques, en ce sens qu’elles ne reposent sur aucune distinction artificielle 201, mais seulement sur les relations naturelles et morales des hommes entre eux. […] Le travail intellectuel n’a donc toute sa valeur que quand il est purement humain, c’est-à-dire quand il correspond à ce fait de la nature humaine : l’homme ne vit pas seulement de pain. […] Docteurs noirs et scolastiques, soigneux seulement de votre Incarnation et de votre Présence réelle, le temps est venu où l’on n’adorera le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem, mais en esprit et en vérité 205. […] Que si l’on s’obstinait absolument à prendre ce mot dans un sens plus restreint, nous ne disputerions pas sur cette libre définition, nous dirions seulement que la religion ainsi entendue n’est pas chose essentielle et qu’elle disparaîtra de l’humanité, laissant vide une place qui sera remplie par quelque chose d’analogue. […] Esprit signifiant seulement tout ce qui n’est pas corps, ce raisonnement équivaut à celui-ci : il y a deux classes d’animaux, les chevaux et les non-chevaux.

1065. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Aussi fit il, une fois seulement mais en une suite longuement enchaînée, s’enfler l’insatiable désir, de la timide confession, de la plus tendre attirance, au travers de l’hésitant soupirer, de l’espérer et du craindre, du lamenter et du souhaiter, du jouir et du souffrir, jusque le plus puissant pressement, la plus violente lassitude, pour trouver l’irruption qui au cœur ouvrît la voie en la mer de l’infinie joie d’amour. […] impuissant se réaffaisse le cœur, pour en désir se consumer, en désir sans atteignement, — puisque chaque atteignement fait germer seulement un nouveau désir, jusque ce qu’en la dernière exténuation, à l’œil brisé poinde le pressentiment de la plus sublime joie de la possession : c’est la joie du mourir, du ne-plus-être, de la dernière rédemption en ce merveilleux royaume dont au plus loin nous errons quand, avec la plus tempétueuse force, nous peinons à y pénétrer. […] [1860] II. programme au prélude du IIIe Acte des Maitres Chanteurs Avec la troisième strophe de la chanson du cordonnier on a déjà au deuxième acte entendu le premier motif des instruments à cordes ; là il exprimait l’amère plainte de l’homme résigné qui au monde montrait un visage gai et énergique ; cette plainte cachée, Eva l’avait comprise, et si profondément son cœur en avait été pénétré, qu’elle avait voulu fuir pour seulement ne plus entendre la chanson si gaie d’apparence. […] Je ferai remarquer seulement le grand réalisme musical du parlé-chanté Wagnérien. […] » le motif caractérise l’amour du milieu vivant, fécond et riche de la cité allemande ; il ne contient pas seulement la joie de la fête, il marque la fierté civique des bourgeois de Nuremberg : On verra, dit Sachs, « Dass Nuremberg, mit hœchstem Werth die Kunst und ihre Meister ehrt. » Motif 47 (Voyez 42).

1066. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ayant fait toutes mes réserves, j’ai le droit maintenant d’ajouter que ces deux volumes doivent peut-être à ce genre de commentaire animé et plein d’effusion, à tout ce luxe inusité, d’avoir du mouvement et de la vie ; d’un peu nus et d’un peu secs qu’ils eussent été autrement (les écrivains qu’on appelle attiques le sont parfois), ils sont devenus plus nourris, plus riches, d’une lecture plus diversifiée et, somme toute, fort agréable ; seulement, dans le plat varié qu’on nous sert, cela saute aux yeux tout d’abord, la sauce a inondé le poisson. […] Boissonade, qu’on a perdu en 1857 à l’âge de 83 ans, ce doyen des hellénistes français, n’était pas seulement un savant des plus distingués, un esprit sagace et fin : c’était un caractère original. […] savoir le grec, ce n’est pas comme on pourrait se l’imaginer, comprendre le sens des auteurs, de certains auteurs, en gros, vaille que vaille (ce qui est déjà beaucoup), et les traduire à peu près ; savoir le grec, c’est la chose du monde la plus rare, la plus difficile, — j’en puis parler pour l’avoir tenté maintes fois et y avoir toujours échoué ; — c’est comprendre non pas seulement les mots, mais toutes les formes de la langue la plus complète, la plus savante, la plus nuancée, en distinguer les dialectes, les âges, en sentir le ton et l’accent, — cette accentuation variable et mobile, sans l’entente de laquelle on reste plus ou moins barbare ; — c’est avoir la tête assez ferme pour saisir chez des auteurs tels qu’un Thucydide le jeu de groupes entiers d’expressions qui n’en font qu’une seule dans la phrase et qui se comportent et se gouvernent comme un seul mot ; c’est, tout en embrassant l’ensemble du discours, jouir à chaque instant de ces contrastes continuels et de ces ingénieuses symétries qui en opposent et en balancent les membres ; c’est ne pas rester indifférent non plus à l’intention, à la signification légère de cette quantité de particules intraduisibles, mais non pas insaisissables, qui parsèment le dialogue et qui lui donnent avec un air de laisser aller toute sa finesse, son ironie et sa grâce ; c’est chez les lyriques, dans les chœurs des tragédies ou dans les odes de Pindare, deviner et suivre le fil délié d’une pensée sous des métaphores continues les plus imprévues et les plus diverses, sous des figures à dépayser les imaginations les plus hardies ; c’est, entre toutes les délicatesses des rhythmes, démêler ceux qui, au premier coup d’œil, semblent les mêmes, et qui pourtant diffèrent ; c’est reconnaître, par exemple, à la simple oreille, dans l’hexamètre pastoral de Théocrite autre chose, une autre allure, une autre légèreté que dans l’hexamètre plus grave des poètes épiques… Que vous dirais-je encore ? […] ce n’est pas là donner un baiser, ma chère, c’est donner seulement le regret mortel d’un baiser. » Ces fins érudits sont volontiers égrillards en paroles quand ils citent grec et latin : il faut bien qu’ils se payent de leur peine et de leur ennui.

1067. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

L’échec du général Cavaignac au 10 décembre 1848 l’avait affligé sans l’étonner (disposition qui lui était devenue comme habituelle) ; cet échec, qui ne s’adressait, selon lui, qu’aux républicains de la veille, et qui prouvait seulement la répulsion du pays pour la république, n’avait à ses yeux qu’une signification négative. […] Thiers ; d’écrire l’action même de l’Empire, en évitant seulement de m’étendre sur la partie militaire que M.  […] Toutes les idées que je viens de t’exprimer l’ont mis fort en travail ; mais il s’agite encore au milieu des ténèbres, ou du moins il n’aperçoit que des demi-clartés qui lui permettent seulement d’apercevoir la grandeur du sujet, sans le mettre en état de reconnaître ce qui se trouve dans ce vaste espace. […] C’est cependant ce que n’admettrait pas et ne discuterait seulement pas non-seulement la masse des lecteurs, mais encore l’élite des aristarques qui décernent aux écrivains l’approbation ou le blâme… N’est-ce pas cependant un côté par lequel il y aurait à examiner les OEuvres de Tocqueville, qui jusqu’à présent a été plutôt étudié pour le fond de ses idées que pour la forme même qu’il leur a donnée ?

1068. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Ce service est avoué par le maréchal qui l’a reçu, et il est connu et apprécié par l’Empereur ; mais seulement quelques généraux, initiés aux secrets des grandes opérations de l’armée, ont entendu parler de ce service et de ceux que vous avez rendus. […] Dans les ordres imprimés de la Correspondance impériale, on n’en voit aucun qui prescrive à Ney de marcher sur Berlin ; et il est dit seulement que le maréchal devait toujours se tenir dans une position intermédiaire, à portée de faire ce mouvement et cette pointe si elle était nécessaire, ou de se rabattre du côté de Bautzen, en cas d’affaire, pour tourner l’ennemi. […] On y voit seulement que le 14 juin 1813, par une lettre écrite de Liegnitz, Jomini réclamait du ministre Clarke sa lettre de service, qu’il n’avait pas encore reçue, comme chef d’état-major du 3e corps. Le 12 juillet seulement cette pièce lui était envoyée.

1069. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Beaucoup de ses opinions d’aujourd’hui ont leur origine et leur racine en ce temps : seulement il s’est attaché à contredire depuis et à combattre sous toutes les formes ce qu’il avait à son début trop entendu affirmer. […] Nisard une pensée gratuite ; ç’a été son dessein délibéré, nous le croyons ; il l’a embrassé dans son étendue, il le poursuit, non pas seulement par accès d’humeur judicieuse, comme le très-bon écrivain M. […] » Or, si effandere ne veut pas dire ici rejeter, revomir, mais seulement laisser courir, que signifie toute cette indignation ? […] Je ne vois rien à redire à l’agréable fiction intitulée l’Arbre d’Atedius Melior, à ce badinage ingénieux pour lequel le poëte n’invoque pas Apollon, mais seulement les Faunes et les Naïades faciles.

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