… Annoncées depuis longtemps par quelques personnes qui l’avaient connu et aimé, ces œuvres disent mieux que l’amitié — et leur voix portera plus loin — les mérites exquis de ce poète qui, s’il eût vécu, aurait été grand. Georges-Maurice de Guérin, qui dans le monde aimait à porter le nom du Cayla (l’antique château de ses pères), fut un poète, ou, pour parler plus correctement, un écrivain d’imagination, qui mourut très jeune, en 1839, dans une obscurité contre laquelle, du reste, il ne s’est jamais révolté.
Il y est scrupuleusement étudié dans l’origine, l’essence et toutes les portées de son génie. […] Comme jamais poète ne vécut plus que lui dans son rêve, au milieu du monde il était distrait et on se le montrait en souriant… Mais quand il tombait de son rêve, — et il avait plus l’habitude d’en tomber que d’en descendre, — il portait dans toutes les relations de la vie le charme de son génie bonhomme.
…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait : c’est que le roman de madame Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur, comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de madame Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine — de cette haine après l’amour qui est peut-être de l’amour encore ! […] Son frère lui a porté bonheur, — un triste bonheur !
…), une chose effroyable dont personne de nous ne se doutait, c’est que le roman actuel de Mme Sand, le malheureux Alfred le prévoyait… qu’il l’avait porté toute sa vie sur son cœur comme une arme qu’on ne devait décharger contre sa mémoire que quand il ne serait plus là pour tirer à son tour et rendre le coup… Mais si cela fut, et si l’opinion présente accepte une telle assertion, comme tout le reste, ce n’est pas qu’il y ait dans le livre de Mme Sand de ces pages, belles d’outrance, qui ajoutent par l’intensité du ressentiment ou l’atrocité de la haine, — de cette haine, après l’amour, qui est peut-être de l’amour encore, — au poids accablant de la formidable déclaration de M. […] Son frère lui a porté bonheur, — un triste bonheur !
Nous a-t-il montré une maladie à formes nouvelles, une affection ou une combinaison inattendue d’affections, dans ce terrible principe morbide omnipotent et menaçant que nous portons dans nos poitrines et que nous appelons notre cœur ? […] Le sujet accepté ou subi, car le talent, cette vibration, c’est parfois la vibration d’un horrible coup qui nous fut porté, le sujet accepté ou subi, l’auteur a-t-il au moins varié le sujet tombé dans sa tête, qui n’a pensé que sous le coup qui l’a frappée ?
Armand Pommier26 I Voici un nom lourd à porter quand on se destine à la littérature, car c’est le nom d’un des premiers poëtes de ce temps. […] Dans sa Madame Gil Blas, où j’ai noté pourtant une scène très-belle, d’un tragique très-nouveau, inspirée par la physiologie (c’est un duel, horrible d’acharnement et de longueur, entre deux rivaux, au bord du lit d’une cataleptique, qu’ils croient morte, et qui, rigide, les voit, lus comprend, seul les coups qu’ils se portent et ne peut faire un cri, un geste, un mouvement de paupière pour les empêcher de se massacrer sous ses yeux ouverts, immobiles, marbrifiés par la catalepsie !
La solution de problèmes tels que ceux que nous avons énumérés nous permet de porter, sur l’idée de l’égalité des hommes, des jugements d’estimation morale, non d’explication scientifique. […] À vouloir tirer trop tôt parti de la science, on risque de l’empêcher de porter ses fruits.
Supposez l’homme dont parle Lucrèce, et qui, des bords de la mer, contemple un vaisseau qui fait naufrage, et suit de l’œil les mouvements de tant de malheureux qui périssent : si ce tableau a porté le trouble et l’agitation dans son âme ; si ses entrailles se sont émues ; si au moment où le vaisseau s’est enfoncé, il a senti ses cheveux se dresser d’horreur sur sa tête ; en peignant à d’autres le spectacle terrible dont il a été le témoin, cherchera-t-il à le relever par des oppositions et des contrastes étudiés ? […] Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, et ne viens pas troubler ma paix par la flatterie que j’ai haïe. » Et ailleurs, après avoir parlé des conseils qu’on lui donnait sur la manière de se conduire à la cour, l’orateur ajoute : « Ces conseils lui parurent lâches ; il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, et revenait chargé du poids de ses pensées, qu’un silence contraint avait retenues.
Rentré en France après la Terreur, il y porta dans la société renouvelée un homme nouveau ; l’austérité chrétienne de sa vie n’enlevait rien à l’émotion de son cœur et à la séduction de sa personne. […] Il portait sur sa figure une certaine beauté incohérente comme son regard, mais c’était la beauté de Méphistophélès quand il aide Faust à séduire Marguerite. […] » XV Toute âme a une tache sur sa vie ; cette promesse de mariage donnée à un prince par une femme mariée qu’une ambition plus qu’une passion arrachait à un mari malheureux, cette proposition d’un divorce cruel faite sans autre excuse que l’indifférence à un époux vieilli et accablé des coups de la fortune, cette humiliation d’un délaissement volontaire annoncée froidement à l’homme dont elle portait le nom, sont un égarement d’esprit et de cœur qu’il faut oublier. […] Ennemi de tout ce qui l’entravait dans son ascension vers le pouvoir, son talent, plus politique que littéraire, le portait au sommet, ses boutades l’en précipitaient toujours ; la douleur de ses chutes lui causait des convulsions de mécontentement. […] Le Journal des Débats portait ces retentissements du cœur de M. de Chateaubriand à toute l’Europe.
Jusqu’à ce moment je me suis amusé à tendre de ma main des pièges aux grives ; je me levais pour cela avant le jour, je portais mes gluaux, et je cheminais en outre avec un paquet de cages sur le dos, semblable à Géta quand il revient du port tout courbé, chargé des livres d’Amphitryon. […] Le nom de Machiavel devenu proverbe est une calomnie de l’homme qui a porté ce grand nom : il est plus commode de le nommer que de le lire. […] Capponi ayant par mégarde laissé tomber de son habit la liste des conjurés, les Médicis avertis firent saisir tous ceux dont le nom était porté sur la liste de Capponi et tous ceux que leurs sentiments républicains pouvaient faire soupçonner complices de la conjuration. […] Avant de l’avoir poussée jusqu’à son temps, trop difficile à toucher sans offenser le maître de Florence, il porta son histoire à Rome au pape Clément VII. […] Sans nous étendre sur les événements trop souvent microscopiques qui composent l’histoire de la Toscane, cette Athènes de l’Arno, aussi illustre et aussi dramatique que l’Athènes du Céphise, jetons un regard seulement sur les fondements de cette histoire où Machiavel décompose et recompose en quelques pages l’Italie tout entière ; cette anatomie, aussi savante que lucide, rappelle tout à fait, par sa structure fruste mais indestructible, ces monuments cyclopéens qui portaient des temples ou des villes, et qu’on rencontre encore çà et là sur les collines de l’antique Étrurie.
Que ne pouvons-nous pas imputer à ses officiers pleins de vin, qui porteront pour nous le crime de ce grand meurtre ? […] Voici l’heure où le meurtre décharné, averti par sa sentinelle, le loup dont les hurlements lui servent de mot du guet, dérobant, comme Tarquin le ravisseur, ses pas allongés, s’avance semblable à un spectre vers l’exécution de ses desseins. — Ô toi, terre solide et ferme, garde-toi d’entendre mes pas, quelque chemin qu’ils prennent, de peur que tes pierres n’aillent se dire entre elles où je suis, et ravir à ce moment l’horrible occasion qui lui convient si bien. — Tandis que je menace, il vit. — Les paroles portent un souffle trop froid sur la chaleur de l’action. […] Je n’en veux pas voir davantage. — Et cependant en voilà un huitième qui paraît, portant un miroir où j’en découvre une foule d’autres : j’en vois quelques-uns qui portent deux globes et un triple sceptre. […] On ne peut l’appeler notre mère, mais notre tombeau, cette patrie où rien que ce qui est privé d’intelligence n’a été vu sourire une seule fois ; où l’air est percé de soupirs, de gémissements, de cris douloureux qu’on ne remarque plus ; où la violence de la douleur est prise pour une des prétentions de notre temps à la sensibilité ; où la cloche mortuaire sonne sans qu’à peine on demande pour qui ; où la vie des hommes de bien s’évapore avant que soit séchée la fleur qu’ils portent sur leur chapeau, ou même avant qu’elle commence à se flétrir. […] XVII Hugo, dans une œuvre d’un style égyptien mais souvent taillé en blocs comme les pyramides, a analysé Shakespeare ; il est difficile de mesurer et plus difficile de porter ces blocs ; ils sont jetés avec profusion et souvent sans symétrie et sans choix les uns sur les autres, mais il y en a beaucoup qui révèlent la pensée et la force d’un cyclope du style.
Au lieu que le génie de Molière n’est que les qualités françaises portées à un degré supérieur de puissance et de netteté. […] Plus tard, dans les vingt années qui suivent la mort de Molière, c’est Baron395 qui, dans son Homme à bonnes fortunes, donne le plus considérable document sur les mœurs françaises, sur cette égoïste sécheresse qu’il sera du bel air désormais de porter dans l’amour : il dessine un don Juan au petit pied, sans ampleur et sans scélératesse, précurseur des méchants et des jolis hommes du xviiie siècle. […] B. della Porta), l’Amant indiscret de Quinault, l’Étourdi et le Dépit de Molière, etc. — Les types de parasites et de matamores, si souvent introduits dans les comédies d’alors (Corneille, l’Illusion comique, 1636 ; Tristan, le Parasite, 1654), viennent de la comédie italienne et latine. […] Le 5 août 1667, représentation à Paris de l’Imposteur, où Tartufe est devenu Panulphe : le président de Lamoignon interdit la pièce après la Ire représentation : 2e placet, porté au camp de Flandre par deux comédiens ; ordonnance de l’archevêque Hardouin de Péréfixe qui défend de représenter, d’entendre, ou de lire la pièce sous peine d’excommunication. […] Il a porté cette vérité même dans son jeu, qu’il a rendu le plus naturel possible.
» Dans cette solitude de Port-Royal, au sein de fortes études théologiques et littéraires, il concentra toutes ses pensées sur ce sujet vivant, l’homme, dont il portait en lui toutes les grandeurs et toutes les misères : non pas l’homme tel que Montaigne le peint, arrivant par le doute universel à ne croire qu’à lui-même ; ni l’homme selon Descartes, qui se contente de savoir qu’il y a un Dieu, qu’il existe une âme distincte du corps, et qui s’arrange dans ce monde de façon à y vivre le plus agréablement et le plus longtemps possible ; mais l’homme tel que le christianisme l’a expliqué, l’homme dont Montaigne n’avait pas vu toute la grandeur, ni Descartes toute la petitesse. […] De toutes les misères en effet que nous portons en nous, laquelle lui a échappé ? […] C’est là l’incomparable beauté de ce génie, qu’ayant vu tout d’abord les limites de la philosophie, et s’étant porté tout entier vers la religion, il n’ait estimé la raison que le jour où elle connaît qu’elle doit abdiquer pour la foi. […] C’est que le doute de Pascal est au fond de toutes les âmes élevées, trop raisonnables pour borner l’usage de la raison à l’art de rendre la vie heureuse, et qui portent cette marque de l’origine divine, qu’elles ne se peuvent point contenter du bonheur de la terre. […] Pascal le père en écrivit de vifs reproches à ce jésuite, et c’est dans cette lettre qu’il lui dit, en père du futur auteur des Provinciales : « Vous vous êtes exposé à ce qu’un jeune homme provoqué sans sujet se portât à repousser vos invectives en termes capables de vous causer un éternel repentir 48. » Pour les Pascal, comme pour les Arnauld, la guerre avec les jésuites était une affaire de famille.
À ce compte là Joconde valait mieux que ces impuissantes imitations ; Nicolo représentait un petit genre, il est vrai, mais il ne portait la livrée de personne. […] À cette époque (septembre), on parla de ne donner Lohengrin qu’en matinée : pour couper court aux récriminations que pouvait soulever la représentation d’une œuvre étrangère à l’Opéra-Comique, dirent les journaux, et pour que cette représentation ne portât aucun préjudice à la production ou à la reprise d’œuvres françaises, M. […] Carvalho prétend nous porter à la scène. […] Il n’y a pas assez longtemps que Wagner est mort pour qu’on ait oublié les jugements profondément blessants qu’il a si souvent portés sur la France, et le musicien n’a pas encore effacé l’homme. […] Ses articles pour le Figaro portaient le titre révélateur de « grain de bon sens ».
ajoute-t-il, ils ne sont pas sentimentaux, les insulaires… Je me rappelle, un jour de pluie, par une de ces pluies, comme il en fait à Londres, et où la chaussée, est un lac — c’était le soir — un lac répétant le flamboiement du gaz des boutiques… Dans cette eau, un malheureux épileptique, tombé en travers de la chaussée, la face contre terre, et qui se noyait au milieu des gens le regardant, sans lui porter de secours… J’allais quelque part, à un spectacle ou à un concert. […] Il portait alors sa tortue chez un doreur, et la faisait dorer. […] Puis ils ont la superstition que commencer à porter le deuil, c’est être condamné à le porter longtemps. « Je me rappelle, me dit l’un d’eux, quand j’étais tout petit, une fois qu’on m’a mis en noir, ce noir, je l’ai porté toute mon enfance. » Mercredi 13 décembre Aujourd’hui quelqu’un me disait qu’il a entendu de ses oreilles, le nouveau préfet de la Seine demander où était l’avenue de l’Opéra.
Donnons-lui son vrai nom, le nom qu’il portait en 1880 : le Boulevard. […] Comment eus-je l’audace d’écrire un article et de le porter rue Grange-Batelière, à la rédaction du Gaulois ? […] J’écrivis donc en quelques heures un article enthousiaste et naïf sur Darwin, et j’allai le porter au Gaulois. […] Dès que j’en eus écrit quelques scènes, je les portai à Koning, pour lui montrer mon obéissance à ses ordres. […] L’un est trop surexcité par la presse, porté avec trop de précipitation de spectacle en spectacle, d’émotion en émotion, pour avoir le loisir d’un jugement littéraire désintéressé et indépendant.
Pourquoi les espèces qu’on suppose créées dans l’archipel Galapagos, et nulle autre part, portent-elles l’empreinte d’une parenté étroite avec celles que l’on croit spécialement créées en Amérique ? […] La troisième édition anglaise portait ici : « Madère ne possède pas un seul oiseau qui lui soit particulier ; mais aussi presque chaque année beaucoup d’oiseaux européens ou africains y sont emportés par le vent, d’après ce que je tiens de M. […] Harcourt. » L’auteur a modifié une première fois ce passage et sa rectification a été insérée dans la première édition allemande et dans notre première édition française, qui portait : « Madère ne possède non plus qu’un seul oiseau particulier, que plusieurs regardent comme une simple variété ; mais aussi, etc. », le reste comme précédemment. […] Notre première édition portait : « Pourtant l’on m’a assuré qu’une grenouille vit sur les montagnes de la Nouvelle-Zélande, et je suppose que cette exception, si elle est réelle, peut s’expliquer par l’action glaciaire. […] L’affinité étrange constatée entre la végétation du sud-ouest de l’Australie et du cap de Bonne-Espérance s’expliquerait de la même manière par l’immigration facile des formes tempérées et tropicales sur ces deux continents, rattachés à la zone turride, l’un par des terres continues et l’autre par de nombreuses chaînes d’îles, et peut-être mis en communication réciproque par quelque terre émergée à une époque où le renflement équatorial, formant un angle considérable avec sa direction actuelle, devait porter la masse principale des eaux depuis la Chine, par le centre de l’Afrique, jusqu’à l’Amérique du Sud.
» Tout à coup retentit un bruit net et brutal qui semblait plus qu’un bruit, et qui portait en soi comme un sens de ruine et d’effondrement. […] Un jour, je me joignis à lui ; comme deux chasseurs à l’affût, nous nous portâmes à un retour du couronnement du chemin couvert. […] Beaucoup aussi portaient les dépouilles de leurs camarades morts sur la route. […] Et cela ne suffit pas encore, car, pour porter au plus haut point la difficulté de cette étude, chaque mot a encore des sens multiples et contradictoires. […] Le vent ayant éteint ma lumière, je le tire au hasard, je le manque, mais je blesse à la jambe celui qui le portait.
Dernièrement on a porté chez l’ambassadrice de Danemark un fruitier fort blessé ; il avait tiré l’épée pour soutenir que le sultan devait faire étrangler son frère. […] Ils disent qu’ils la portent pour défendre la religion, et, le matin, avant que de la mettre, ils la baisent et font le signe de la croix avec. » Tous portent des scapulaires et quelque image sanctifiée par une relique miraculeuse. […] Tous les détails portent et sont chargés de sens ; c’est le propre des grands peintres de dessiner en cinq ou six coups de crayon une figure qu’on n’oublie plus. […] Au milieu de sa misère, il portait le front haut, et le contraste était étrange entre sa condition et sa personne. […] Une seconde ophthalmie se déclara ; la dysenterie le minait ; on le porta sur le pont d’un caboteur qui partait d’Alexandrie pour Beyrouth.
C’était surtout de placer Alceste dans le milieu qui devait le plus lui déplaire, le faire sortir de ses gonds, le porter au paroxysme de la colère comique. […] Il portait en lui un berger de pastorale. […] Aussi bien ils portaient tous, dans la langue du temps, des titres glorieux. […] Faust, assez mal compris du reste, a été porté sur une scène du boulevard dès 1828 par Charles Nodier et Antony Béraud. […] Vîtes-vous jamais espion porter écrit sur son chapeau : « Préfecture de police.
Ce jugement, qui peut paraître sévère, est celui que Maupassant lui-même a porté sur cet unique essai.
Ses négligences mêmes sont une nouvelle source d’agrément, par l’intérêt séduisant qu’elles portent avec elles.
On ne peut trop s’étonner qu’un homme dont les Poésies annoncent un caractere porté à l’indulgence, & qui en avoit lui-même besoin, se soit livré, avec si peu de réserve, au fiel qui domine dans ses Mémoires & Réflexions sur les principaux événemens du Regne de Louis XIV.
On sait que le sel & la vivacité de cette plaisanterie contribuerent, autant que les armes d’Henri IV, à porter les derniers coups aux extravagances de la Ligue, en la couvrant de ridicule.
Les Phéniciens, instruits par les mêmes Chaldéens, portèrent aux Grecs la connaissance des divinités qu’ils plaçaient dans les étoiles. — Avec ces trois vérités philologiques s’accordent deux principes philosophiques : le premier est tiré de la nature sociale des peuples ; ils admettent difficilement les dieux étrangers, à moins qu’ils ne soient parvenus au dernier degré de liberté religieuse, ce qui n’arrive que dans une extrême décadence.
La royauté capétienne, comme il arrive d’ordinaire aux grandes forces, porta son principe jusqu’à l’exagération. […] Dix ans nous portâmes le deuil du droit ; nous protestâmes selon nos forces contre le système d’abaissement intellectuel savamment dirigé par, M. […] À un certain degré de la culture rationnelle, la croyance au surnaturel devient pour plusieurs une impossibilité ; ne forcez pas ceux-là à porter une chape de plomb. […] Le rationalisme est loin de porter à la démocratie. […] La dernière paix a porté à ce principe la blessure la plus grave.
Elle parle avec amour des bêtes, de son cheval qui lui écrase les pieds, et auquel elle ne peut s’empêcher de porter tous les jours des morceaux de sucre, des chats qu’elle adore, des chiens, dont son hôtel est une maison de refuge. […] Un moment je cause avec Zola, l’interrogeant sur sa maladie, qu’il me dit se porter sur les entrailles, et chose curieuse, amener chez lui des crises, aussitôt qu’il se met à travailler, et même à lire. […] C’était un carnet contenant les échantillons de dentelle, que son grand-père, fabricant de dentelles à Alençon, portait à la cour de Louis XVI, carnet qu’il croit avoir été volé par une femme de chambre allemande. […] Plusieurs de ces volumes portent des envois d’auteur. […] En face, et se faisant vis-à-vis, est une autre broderie chinoise sur fond blanc, où une étagère en bois de fer, et des consoles en laque de Pékin, portent des fleurs et des grenades.
Emmanuel Des Essarts Reprenant en quelque sorte l’office de l’aimable Méry, il multiplia les strophes de circonstance, vers d’anniversaires, dédicaces, cantates, etc… Il porta à la perfection ce que l’on pourrait appeler l’improvisation savante, tant il y a d’étalage d’érudition dans ces œuvres liées d’un jet facile.
Trop de toasts portés dans les banquets et de poèmes rapportés de l’Institut ou des Jeux floraux.
C’est le jugement qu’ont porté de son travail nos Savans & ceux des pays étrangers.
Cette Muse a voulu porter son vol jusqu’à l’Ode.
Les Littérateurs les moins portés à lui rendre justice n’ont pu s’empêcher de reconnoître dans l’Ode sur le Jugement dernier, dans la Satire du dix-huitieme siecle, & dans celle que l’Auteur a intitulée Mon Apologie, un excellent ton de versification, des images grandes & sublimes, des pensées courageuses, des tableaux pleins de feu & d’énergie, & un grand nombre de vers que les meilleurs Poëtes du siecle dernier n’auroient pas désavoués.
Les insolences, voire les meurtres de réputation que je vois tous les jours en pareil cas en cet impertinent siecle, me portent à lâcher cette imprécation ».
Plein d’estime pour votre façon de penser & d’agir, je me porterai à tout ce qui pourra vous satisfaire ; mais vous êtes assez généreux pour pardonner à un ennemi de cette trempe.
Mais c’est là tout ; et peut-être conviendra-t-on que ce n’est pas assez pour se porter éditeur des Pensées. […] d’autres comédiens auraient-ils porté le nom de comédiens du prince de Conti ? […] « Le corps, dit un témoin oculaire, pris rue de Richelieu, devant l’hôtel de Crussol, a été porté au cimetière Saint-Joseph et enterré au pied de la croix. […] Boursault, pour être achevé, que de porter le nom de M. […] Au surplus, si modeste que fût son origine, c’était assez qu’elle ne fût pas la plus basse pour qu’il en ait toujours porté très haut l’orgueil.
Ils portent les cheveux comme tout le monde. […] Ce vase remplirait tout aussi bien son office de récipient s’il ne portait sur sa panse aucun emblème. […] Cette figure, sur laquelle nos yeux se portent de préférence, devient comme le centre de résonance de la toile. […] Un peu plus tard, les bras seront franchement ployés, l’avant-bras porté en avant, les mains tiendront un attribut. […] Dans l’éducation d’un artiste, je voudrais que quelque chose fût fait pour exalter l’imagination, pour la porter au mode lyrique.
Remy de Gourmont Il y a un certain plaisir à ne pas s’être trompé au premier jugement porté sur le premier livre d’un inconnu, maintenant que M.
Les recueils qui suivirent et qui s’intitulent : La Clef des champs, l’Âme en fête et la Chute des rêves, continuent, accentuent, portent à leur sommet de perfection les grandes qualités si brillamment inaugurées dans les Espérances.
Les Gens de Lettres ne sauroient-ils donc jamais employer une juste mesure, dans les jugemens qu’ils portent sur certains Ouvrages ?
En attendant, nous nous faisons un devoir de rectifier ici le jugement que nous avions d'abord porté de cette énorme Compilation, & qui n'est pas encore près de sa fin.
L’ordre des vierges n’est ni moins varié ni moins nombreux : ces filles hospitalières qui consument leur jeunesse et leurs grâces au service de nos douleurs ; ces habitantes du cloître, qui élèvent à l’abri des autels les épouses futures des hommes, en se félicitant de porter elles-mêmes les chaînes du plus doux des époux, toute cette innocente famille sourit agréablement aux Neuf Sœurs de la Fable.
Éblouissant, séduisant comme on peut le croire, et même très-souvent gai dans la conversation, il y portait toutefois par moments une vivacité de timbre et de ton, quelque chose de vibrante, comme disent les Italiens, et l’accent seul en montant aurait semblé usurper une supériorité « qui ne m’appartient pas plus qu’à tout autre », s’empressait-il bien vite de confesser avec grâce. […] Ayant perdu, par l’effet des événements de 92, un amas énorme de recueils manuscrits, M. de Maistre les regrettait extrêmement plus tard lorsqu’il écrivit ses Soirées, et disait que les pages qu’il en aurait tirées auraient porté au double les développements donnés à certaines questions dans ce dernier ouvrage. […] « Je mentirais au reste si j’assurais que je comprends tout ce morceau, et que je connais les trois théologiens dont il parle ; mais je gagerais bien à tout hasard mes deux charrues contre un exemplaire de la nouvelle Constitution, que Socrate, Marc-Aurèle et Cicéron étaient protestants. » L’objection contre les trois théologiens pouvait porter coup en Savoie, à cette date de 1795 ; hors de là elle n’est que gaie. […] A tous les trésors de la science et du talent, M. de Maistre joignait une sensibilité exquise, qu’il portait dans les plus simples relations de la vie. […] « Tandis que ses lieutenants poursuivaient les troupes sardes, Montesquiou se porta à Chambéry le 28 septembre, et y fit son entrée triomphale, à la grande satisfaction des habitants, qui aimaient la liberté en vrais enfants des montagnes, et la France comme des hommes qui parlent la même langue, ont les mêmes mœurs et appartiennent au même bassin.
Nous portons en nous des formes de la sensibilité qui ne peuvent pas réussir, mais qui peuvent naître. » La musique est-ce vraiment ce qui ne peut réussir, ce qui ne peut construire ? […] Et la plupart des stances expriment par des images un rapport des colonnes au temple qu’elles portent, ou à la lumière, ou à l’atmosphère. […] « Tout jugement que l’on veut porter sur une œuvre, écrit Valéry dans sa préface au livre de M. […] L’Album pourrait porter entier ce titre d’une de ses pièces : Narcisse parle. […] Je ne sais si, dans le zèle qui l’a porté vers Léonard, entrait, pour Valéry, ce sentiment que Mallarmé, et la poésie qui s’essayait autour de lui, transportaient dans l’art du langage un peu de ce clair-obscur léonardesque.
Comment oser la porter en cet état ? […] Mon cordonnier, mon perruquier, un petit garçon qui fait mes commissions, un gros marchand, portent tous le même nom ; c’est aussi celui de deux tailleurs avec qui le hasard m’a fait faire connaissance, d’un officier fort élégant qui demeure vis-à-vis de mon patron, et d’un ministre que j’ai entendu prêcher ce matin. […] Tous ces détails de coquetterie innocente, d’émotion naïve, de prudence maternelle et de franchise presque de sœur, sont portés sur un fond de paysage brillant et de légère peinture du monde vaudois. […] Celui qu’elle aimait reçoit la nouvelle funeste pendant qu’il est encore à Lausanne ; si on ne l’entourait en ces moments, son désespoir le porterait à des extrémités. […] L’indulgence qu’on a pour les autres, on ne doit point sans doute la porter à l’égard de soi-même ; il faut autant que possible ne se rien passer : mais, enfin, c’est une règle bien essentielle dans la conduite, de ne jamais tirer raison d’une première faute pour en commettre une nouvelle, comme un désespéré qui le sait et qui s’abandonne.
Ils se portaient d’eux-mêmes au-devant de la leçon, lorsqu’ils allaient offrir au directeur d’un journal en vogue leurs idées et leurs services. […] Puis la manière subtile de porter à la fin de chaque tranche quotidienne la situation critique ou le mot mystérieux. […] Mais avant de lui laisser porter la flamme au brasier, il juge opportun de lui donner une petite leçon à son usage spécial sur la composition du gaz carbonique, dont les émanations tout à l’heure engourdiront en elle les principes de la vie. […] Mais nos confectionneurs actuels portent beaucoup plus loin leur sans-façon à coudre et à découdre les morceaux disparates, dont ils habillent leurs personnages. […] Il y a longtemps qu’Alexandre Dumas inaugura sur une vaste échelle les pratiques de cette division du travail, quitte à y porter ensuite son empreinte magistrale.
Ils ont porté ce pénible fardeau ; ils se sont passionnés, ils se sont irrités, ils se sont dévorés, pour le compte et pour l’illustration de ce grand homme ; ils ont affronté les émeutes, les tempêtes, l’impopularité violente, et les murmures de celui-ci, et les haines de celui-là ! […] « Zélie est riche, elle rit aux éclats ; Syrus l’esclave a pris le nom d’un roi, et s’appelle Cyrus » Nous aussi nous avons nos avocats déclamateurs, nos magistrats galants ; nous avons Hermippe, qui a porté si loin la science de l’ameublement et du comfort ! […] Les feuilles nombreuses du chêne et du laurier portaient le nom de tous les rôles créés jusqu’à ce moment, par mademoiselle Mars ; une grande quantité de feuillage attendait les noms qui devaient compléter le couronnement de cette belle vie. […] La critique a beaucoup perdu en perdant mademoiselle Mars ; elle portait un de ces noms très rares que le public aime à rencontrer dans nos discours ; elle était hardie et se mêlait volontiers aux œuvres nouvelles ; elle enfantait à chaque instant des choses inconnues, elle s’est battue, au premier rang, dans la première œuvre de M. […] … Mais enfin l’arrêt était porté ; il a fallu descendre dans l’oubli, cette tombe anticipée des plus grands artistes. — Âme, je te dégage de ton corps !
Mais les commis sont alertes, soupçonneux, avertis, et fondent à l’improviste sur toute maison suspecte ; leurs instructions portent qu’ils doivent multiplier leurs visites et avoir des registres assez exacts « pour voir d’un coup d’œil l’état de la cave de chaque habitant691 ». — À présent que le vigneron a payé, c’est le tour du négociant. […] Ce qui rend la charge accablante, c’est que les plus forts et les plus capables de la porter sont parvenus à s’y soustraire, et la misère a pour première cause l’étendue des exemptions. […] Pour les vingtièmes, la disproportion est moindre, et nous n’avons pas de chiffres précis ; néanmoins on peut admettre que la cote des privilégiés est environ la moitié de ce qu’elle devrait être. « En 1772702, dit M. de Calonne, il fut reconnu que les vingtièmes n’étaient pas portés à leur valeur. […] Un intendant, visitant la subdélégation de Bar-sur-Seine, remarque « que les riches cultivateurs parviennent à se faire pourvoir de petites charges chez le roi et jouissent des privilèges qui y sont attachés, ce qui fait retomber le poids des impositions sur les autres712. » — « Une des principales causes de notre surtaxe prodigieuse, dit l’assemblée provinciale d’Auvergne, c’est le nombre inconcevable des privilégiés qui s’accroît chaque jour par le trafic et la location des charges ; il y en a qui, en moins de vingt ans, ont anobli six familles. » Si cet abus continuait, « il finirait par anoblir en un siècle tous les contribuables le plus en état de porter la charge des contributions713 ».