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837. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

De ces personæ, de ces masques qu’employaient les fables dramatiques si vraies et si sévères du droit, dérivent les premières origines de la doctrine du droit personnel.

838. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

La plus fameuse de ces légendes, celle du purgatoire de saint Patrice, d’origine celtique, avait été écrite en vers et en prose, dans la langue latine d’abord, puis dans les langues vulgaires. […] J’ajoute que ce Credo est d’origine suspecte, bien qu’il figure dans quelques éditions très-anciennes des œuvres de Dante. — Mais retournons à Florence. […] En dépit de la jalousie populaire, on n’élevait au priorat que des grands, c’est-à-dire des riches, nobles ou plébéiens d’origine. […] L’Enfer de Dante a pour origine la chute des anges rebelles. […] La famille de Gœthe était d’humble origine ; son bisaïeul ferrait les chevaux dans le comté de Mansfeld, son aïeul taillait le drap.

839. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Si, devant un fragment de la comédie universelle, éternelle, le théâtre d’Aristophane, par exemple, ou l’ensemble du théâtre comique depuis son origine sur notre globe jusqu’à nos jours, nous avons et l’idée de ce fragment et celle de quelque chose de plus, que ce fragment ne contient pas, ce quelque chose de plus est une notion a priori. […] Lysidas et du Marquis, peuvent se traduire en idées ; car, puisque c’est dans l’intelligence que ces sentiments ont leur source, il n’y a, dans le fait de leur expression intelligible, de leur traduction en idées, qu’un retour à leur origine. […] Uranie ne tardera pas à reconnaître, pour la justification du genre humain, qu’un souffle de moralité inspire ce poème qui ruine la morale, et que cet athée faisant honneur aux plus nobles sentiments de la nature humaine, atteste sa divine origine.

840. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

On pourrait attribuer à cette origine cet instinct de grandeur et de souveraineté qui se révéla en lui dès son enfance. […] Recherchez bien leur origine, vous verrez que la vallée de Spolette, le Rhin, le Rhône et quelques coins de terre plus ignobles encore vous les ont donnés. […] « Quelle que soit l’origine de ces étrangers si fiers de leur noblesse, qu’ils vantent sans cesse, ils ont beau faire les maîtres dans vos places publiques, monter au Capitole entourés de satellites, fouler d’un pied superbe les cendres de vos ancêtres, ils ne seront jamais Romains.

841. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Tite-Live en a fait naïvement l’aveu : « S’il doit être permis à un peuple, dit-il, de rendre son origine plus auguste en la rapportant aux dieux, telle est la gloire militaire du peuple romain, que lorsqu’il lui plaît de se donner le dieu Mars pour père, le genre humain le souffre comme il a souffert sa domination22. » J’admire cette fierté patriotique ; mais le genre humain affranchi de Rome ne s’accommode plus de ce que souffrait le genre humain sujet de Rome, et pour chaque nation, comme pour chaque ville, la seule origine glorieuse est la vraie. […] Voilà les origines de Gil Blas.

842. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Que le royalisme de Hugo fût de circonstance ou d’origine maternelle, peu importe ; il est certain qu’il était grassement payé, et c’était heureux, car le public achetait avec modération ses livres : les éditeurs de Han d’Islande lui écrivaient en 1823 qu’ils ne savaient comment se débarrasser des 500 exemplaires de la première édition, qui restaient en magasin. […] En 1831, un débat scientifique passionna l’Europe intellectuelle : Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire discutaient sur l’origine et la formation des êtres et des mondes. […] Il serait oiseux de discuter si dans un avenir prochain les œuvres de Victor Hugo vivront dans la mémoire des hommes, comme celles de Molière et de La Fontainec en France ; de Heine et de Goethe, en Allemagne ; de Shakespeare en Angleterre ; de Cervantès, en Espagne ; ou bien si elles dormiront d’un sommeil profond à côté des poèmes du Cavalier Marin, feuilletés avec lassitude, seulement par quelques érudits, étudiant les origines de la littérature classique.

843. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Il faut donc bien que, dès l’origine nous nous soyons représenté le nombre par une juxtaposition dans l’espace. […] Les psychologues sont d’accord pour attribuer une origine kantienne à l’explication nativistique de Jean Muller ; mais l’hypothèse des signes locaux de Lotze, la théorie de Bain, et l’explication plus compréhensive proposée par Wundt paraîtront, au premier abord, tout à fait indépendantes de l’Esthétique transcendantale. […] Et ces difficultés se multiplieront à mesure qu’elle déploiera de plus grands efforts pour les résoudre, car tous ses efforts ne feront que dégager de mieux en mieux l’absurdité de l’hypothèse fondamentale par laquelle on a déroulé le temps dans l’espace, et placé la succession au sein même de la simultanéité. — Nous allons voir que les contradictions inhérentes aux problèmes de la causalité, de la liberté, de la personnalité en un mot, n’ont pas d’autre origine, et qu’il suffit, pour les écarter, de substituer le moi réel, le moi concret, à sa représentation symbolique.

844. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Mais la plûpart des termes abstraits sont reçûs à la longue dans un sens différent de leur origine, comme des instrumens que l’industrie employe à des usages nouveaux. […] On voit encore les origines celtes, latines, & allemandes. […] Avec le tems, la fable se grossit, & la vérité se perd : de-là vient que toutes les origines des peuples sont absurdes. […] Les cérémonies, les fêtes annuelles établies par toute une nation, ne constatent pas mieux l’origine à laquelle on les attribue. […] On a écrit des volumes immenses ; on a débité des sentimens différens sur l’origine de ce culte rendu à Dieu, ou à plusieurs dieux, sous des figures sensibles : cette multitude de livres & d’opinions ne prouve que l’ignorance.

845. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Depuis l’origine, l’histoire des peuples n’est que celle des amalgames entre les races diverses. […] Il va même, dans son zèle, jusqu’à soutenir sérieusement (du moins en apparence) que l’origine du sentiment artistique se trouve tenez-vous ! […] Il y eut sans doute des précédents à des époques plus reculées et encore plus barbares : mais pour notre âge moderne, c’est là l’origine de la tradition. […] Gustave Lanson, recherchât quels ont été exactement, depuis l’origine, les succès de librairie des maîtres du seizième, du dix-septième et du dix-huitième siècle. […] Peut-être ses origines normandes expliquent-elles ses instincts nomades.

846. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

1º Classifier chaque genre, en marquer l’origine, l’essence, le caractère, et le perfectionnement. […] C’est donc en elle qu’il faut commencer à chercher l’origine de leur beauté. […] L’origine, les progrès, le perfectionnement de la pensée et de la langue, ne sont qu’une partie des matériaux de l’édifice qu’il voulut construire à la gloire des lettres françaises. […] Nous déduirons de ces deux événements que l’action tragique doit avoir une origine, une suite, et une fin préméditée. […] c’est que la fatalité d’une séparation éternelle est mystérieuse pour tous les hommes, autant que l’origine des âges, et que là se jouent tous les rêves de nos esprits, qui s’exercent à imaginer ce que nos yeux ne verront plus.

847. (1888) Poètes et romanciers

Je ne me préoccuperai pas de savoir quelles ont été les origines diverses du talent de M. de Laprade, les imitations essayées, les noviciats traversés. […] À l’origine, Dieu n’a créé que l’être impondérable ; Dieu fit l’univers. […] Non, la poésie de la science est bien à l’origine ; les Parménide, les Empédocle et les Lucrèce en ont recueilli les premières et vastes moissons. […] Quelle suggestion d’idées nouvelles sur l’origine et la fin des êtres, sur le principe et la destinée de l’homme ! […] Je ne parle même pas de la sanction, mais de l’origine et du prix de cette idée, qu’on nous dit étrangère au monde comme à Dieu, s’il y en a un.

848. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

En un mot, les vrais poètes de cette époque et de ces origines romantiques françaises sentaient et chantaient d’après eux-mêmes, bien plus qu’ils ne songeaient à imiter ou à étudier. […] « La liberté, la vertu, la gloire, les lumières, dit-elle, ce cortège imposant de l’homme dans sa dignité naturelle, ces idées alliées entre elles, et dont l’origine est la même, ne sauraient exister isolément. […] « Il existe, ce me semble, dit-elle, deux littératures tout à fait distinctes, celle qui vient du midi, et celle qui descend du nord, celle dont Homère est la première source, celle dont Ossian est l’origine. […] enfant déchu d’une race divine, Tu portes sur ton front ta superbe origine ! […] Lamartine resta étranger à ces grandes luttes de l’homme contre l’autorité et la destinée, familières aux poètes d’origine germanique.

849. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

La nature des choses veut que de deux pouvoirs d’origine semblable, de même origine, celui qui n’est constitué que d’un homme seul soit infiniment plus puissant que celui qui est composé de plusieurs hommes naturellement mal unis. […] Sans remonter aux origines, Voltaire est pour le droit : « Le Bachelier : Çà, dites-moi, qui a fait les lois dans votre pays ? […] Il ne faut pas en rechercher l’origine. […] Ils ne sont pas « liés à la place » ; ils sont liés à l’origine. […] Après tout, à remonter aux origines, le droit du Parlement n’était fondé que sur une série d’usurpations ; mais le droit du Roi aussi.

850. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« En un mot, les vrais poëtes de cette époque et de ces origines romantiques françaises sentaient et chantaient d’après eux-mêmes, bien plus qu’ils ne songeaient à imiter ou à étudier. […] Il y aurait pour lui une exception à faire : son imagination, à l’origine, s’imprégnait sensiblement de ses lectures ; le poëme ou le roman qu’il avait feuilleté la veille n’était pas du tout étranger à la chanson ou au caprice du lendemain.

851. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — Origine des noms généraux et des images vagues qui les accompagnent. — La plupart de nos sensations ne subsistent point en nous à l’état d’images expresses, mais à l’état de tendances sourdes et consécutives. […] Pareillement, dans la lutte pour vivre51 qui, à chaque moment, s’établit entre toutes nos images, celle qui, à son origine, a été douée d’une énergie plus grande, garde à chaque conflit, par la loi même de répétition qui la fonde, la capacité de refouler ses rivales ; c’est pourquoi elle ressuscite incessamment, puis fréquemment, jusqu’à ce que les lois de l’évanouissement progressif et l’attaque continue des impressions nouvelles lui ôtent sa prépondérance, et que les concurrentes, trouvant le champ libre, puissent se développer à leur tour.

852. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

D’abord à cinq ans pour un morceau de pain, condamnation impossible, pour un morceau de pain origine de tout, volé à bonne intention chez le boulanger de son village ; ensuite à mort après dix-neuf ans de sa peine accomplie ! […] Vient ensuite une dissertation savante, avec dates et notes, sur la nature, l’origine d’un couvent de filles, dissertation tantôt édifiante, tantôt burlesque, intitulée Picpus.

853. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Si, maintenant, nous examinons les origines du poème, nous verrons que celui-ci contient trois choses, trois idées fondamentales, qui primitivement n’étaient point nécessairement liées dans l’esprit du maître. […] On se souvient que le Gral, dans le poème de Wolfram d’Eschenbach, n’est qu’une pierre précieuse, d’origine incertaine, « lapis exilis ».

854. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Tous les arts se perdraient en reculant ainsi à leur origine. […] Dès qu’elles sont pleines de sottises ou de vérités, elles sont contentes. » Il y a des sciences entières fausses, c’est-à-dire fondées sur ce qui n’est pas (on voit bien qu’il en veut surtout à la théologie et à l’ancienne métaphysique), et ces sciences doivent leur origine à de faux rapports revêtus de mots dont se paye ensuite le vulgaire et même la foule des lettrés : Les signes restent, dit-il, et portent dans les générations suivantes l’existence des chimères et l’épouvante qu’elles causent.

855. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

L’origine qu’on leur assigne est assez imposante d’ancienneté. […] Peut-être même trouverait-on que l’origine des prétentions anglo-catholiques remonte plus haut que Charles Ier.

856. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Zola concentre tous ses regards sur les racines, sur les instincts et les origines, c’est-à-dire sur la base organique de l’être vivant. […] L’étude de la vie spirituelle dans toutes ses manifestations a démontré au contraire qu’elle n’est que le tréfonds de la vie matérielle, qu’il n’y a non seulement aucun antagonisme entre l’« esprit » et la « matière », mais qu’ils tirent leur origine de la même substance.

857. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

La méthode positiviste a cru trouver ces causes, et toute biographie « sérieuse » se plaît à énumérer les ancêtres du grand homme, à dépouiller leur linge et leur casier judiciaire, à décrire le paysage de la province d’origine et les rues de la ville natale, à silhouetter les premiers maîtres et à ressusciter la première maîtresse ; tout cela est fort bien, très joli en théorie ; mais on aurait beau résumer l’histoire du monde à propos d’un individu, que tous ces faits ne seraient jamais que des explications post rem, plausibles en général quoique souvent contradictoires. […] Dans la réalité quotidienne, il est aisé de constater des différences entre hommes de même âge, de même province, de même père et de même mère ; et d’autre part des ressemblances frappantes entre individus d’origines et de conditions fort diverses.

858. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

N’est-ce pas une autre singularité, que, deux siècles après, quand la prédiction du poëte était en effet accomplie, Horace, qui, n’aimant avec passion qu’Homère, Sophocle, Platon et toute leur famille, n’ignorait cependant aucun de ces poëtes alexandrins imités par Catulle et Virgile, ait construit une belle ode sur cette origine troyenne de Rome et ce devoir de venger Troie, sans la relever cependant ? […] L’origine de la pastorale dans la poésie grecque semble se reporter, soit à l’influence de l’Asie Mineure, au temps du poëte Bion, soit à celle de l’Égypte, au temps de Ptolémée et de Théocrite.

859. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Bien des personnes qui n’ont connu son nom que par ce dernier conflit ont conçu l’idée la plus fausse de M. d’Alton-Shée, dont les origines sont en effet assez complexes et dont la formation intellectuelle n’est pas simple.

860. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

« Car je n’ignore pas, dit-il, quelle est l’influence exercée par la nature du pays et les faits antécédents sur les constitutions politiques, et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits. » Un de ses premiers chapitres porte sur ce qu’il appelle le point de départ, sur l’origine même des divers États américains et l’esprit infusé en eux dès le commencement.

861. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Ils avaient appelé à leur aide la philologie et l’histoire, pour discuter telle interprétation des Livres Saints, établir l’origine de telle portion du dogme et de la discipline.

862. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Quelques-unes de ses couleurs familières ont passé de mode, qui furent à l’origine d’une teinte, je me souviens, excitante, cuisse-de-nymphe émue et même pâmée.

863. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Le Vendidad, un des livres sacrés de la Perse, raconte qu’à l’origine du monde, Ormuzd, le dieu céleste, remit au héros Yma des armes invincibles, et lui donna trois cents contrées pour domaine.

864. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Remarquons seulement ce vers : on tient toujours du lieu dont on vient… Si La Fontaine a voulu dire : on se ressent toujours de ses premières habitudes, c’est-à-dire, de son éducation ; cette maxime peut se soutenir et n’a rien de blâmable ; mais s’il a voulu dire : on se ressent toujours de son origine, il a débité une maxime fausse en elle-même et dangereuse ; il est en contradiction avec lui-même, et il faut le renvoyer à sa fable de César et de Laridon.

865. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Société française pendant la Révolution »

Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ?

866. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Né dans les ruisseaux de Paris, que Madame de Staël aimait seulement rue du Bac, François Villon (qu’on me permette ce mot moderne), le voyou du xve  siècle, l’escholier qui ne fut jamais maître, si ce n’est en poésie, est resté toujours un peu vautré dans la bouc noire de son origine et masqué comme un marmouset par cette fange, quoiqu’à plusieurs reprises un rayon d’or soit tombé sur lui.

867. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Faire, de système et de réflexion, acte négatif de raison en histoire au lieu de faire acte positif de compréhension historique, chicaner le fait mystérieux qui est à l’origine de tout, en histoire aussi bien qu’en nature humaine et quand la chicane qu’on en fait est impuissante, le supprimer d’autorité et passer outre, — comme Thucydide a passé outre sur les temps barbares de la Grèce, — est-ce là réellement le dernier mot du génie humain dans une race, et du génie d’un homme qui, dans cette race, à un moment donné, écrit l’histoire ?

868. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Ce n’est point un protestant à la manière de d’Aubigné, par exemple, et de tous ceux-là qui, plus près de l’origine du protestantisme, avaient l’âme — cette âme de race catholique ! 

869. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Rattachez et renouez ces deux bouts d’histoire, et vous avez la Révolution tout entière, dans sa lâche et imbécile origine et dans son effroyable cours !

870. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

On ne savait pas grand-chose de son origine, de sa famille, de son passé, et il a bien couru la chance de mourir tout entier, n’ayant vécu, sinon toujours en lui, au moins pour lui, — ce qui est peut-être la meilleure manière de vivre… Le prince de Ligne disait de Catherine II que son empire allait d’une tempe à l’autre de son beau front.

871. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

Toujours présente dans un texte indéfectible, elle se démontre en s’affirmant comme à l’origine, et se prouve une fois de plus en se répétant.

872. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Quand on ne croit pas au hasard, aussi bête que les couleuvres africaines adorées par Soulouque et dont d’Alaux se moque avec juste raison, lorsqu’on a le bon sens d’admettre la variété providentielle des fonctions pour tous les peuples, les nègres, qui probablement ont leurs origines comme les autres races, semblent avoir été mis particulièrement dans le monde pour montrer combien est pesant aux créatures humaines le fardeau de la liberté.

873. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

de me voir quitter par intervalle (ce n’est donc qu’un instant) les régions purement lyriques pour aborder le terrain de la réalité. » Et il ajoute, en chiffonnant une idée juste : « A l’origine des littératures, les scènes de la vie agricole et de la vie militaire constituent les plus fécondes sources d’inspiration (constituent une source, quelle poésie !) 

874. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

, — Ronsard, le gentilhomme vendômois, était un Hongrois d’origine.

875. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Il a bien toutes les qualités de l’esprit, de la langue, du style de Diderot ; mais il les a exaltées, idéalisées, transcendantes… Par là, il est encore plus grand que son origine, car, je l’ai dit, il vient en ligne droite de Diderot ; seulement il a allumé un peu plus la physionomie déjà passionnée de son père.

876. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

Fatalité de l’origine et de la race !

877. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

C’est donc à lui qu’ils attribuent la première origine de cette défiance qui éclata toujours depuis entré la cour de Versailles et celle de la Haye.

878. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ovide, en chantant les métamorphoses, les attacha historiquement d’époque en époque, depuis l’origine des temps jusqu’au sien ; mais il ne forme pas réellement une épopée. […] Origine des états de la Grèce. […] Ce simple fait s’agrandit de toutes les idées qui rappellent l’origine du peuple le plus renommé de l’univers par sa piété, par sa discipline, par son code, par sa majesté sénatoriale. […] « Dis-moi de leurs combats la première origine : « Parle, remplis mon cœur de ta flamme divine. […] Car nous avons remarqué que tout ce qui est principalement élémentaire en littérature prend son origine de là, et ne se fonde que sur les sentiments du cœur.

879. (1890) Dramaturges et romanciers

C’est dans cette disposition morale des esprits qu’il faut chercher l’origine du talent d’Octave Feuillet. […] La catastrophe de M. de Camors a son origine dans un simple vice d’éducation ou, pour parler avec plus d’exactitude encore, dans l’adoption imprudente d’un mauvais principe d’action. […] C’est l’amour qui, se multipliant et se prodiguant sous mille formes, révéla, dès l’origine du monde, à tous les êtres la beauté dont ils étaient doués, et c’est lui qui depuis lors révèle les secrets de cette beauté aux artistes. […] C’est dans ce cosmopolitisme ambiant de Genève qu’il faut chercher l’origine de l’indépendance d’esprit de M.  […] Parmi les dons qu’a reçus Alphonse Daudet, il en est un d’origine divine qui manque entièrement au romancier robuste qu’on a voulu lui donner pour maître, la tendresse.

880. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Ils nous font connaître, dans ses racines et ses origines, ce style. […] Jean Pommier, ayant recherché dans la Revue de Paris les origines de la Prière sur l’Acropole, M.  […] Pommier consacre aux origines de la Prière, et M.  […] Les analyses de l’auteur des Origines du Christianisme n’étaient donc point impies ? […] Si je traitais ici des origines historiques du problème, je consacrerais un paragraphe à Sainte-Beuve, un autre aux Goncourt, un encore aux Parnassiens.

881. (1925) Portraits et souvenirs

Néanmoins, la tradition qui veut à l’origine des Liaisons dangereuses une histoire et des figures du temps a duré, mais au lieu de les chercher parmi les anecdotes illustres et les gens en vue, on a compris que l’on trouverait plutôt, comme point de départ à cet étrange livre, quelque aventure discrète ou quelque personnage obscur. […] Je sens bien néanmoins que l’on y pourrait objecter que ce « sens des grâces purement françaises » a, chez José Maria de Heredia, une origine d’éducation et de culture, une origine littéraire et livresque si l’on veut, plutôt qu’il n’est dû, peut-être, à une disposition directe et naturelle. […] Sur la façon dont l’auteur des Trophées interprète les mythes, tient compte de leurs origines naturalistes, en exprime le sens primitif ou les replace dans l’état d’esprit où ils ont pris naissance, le travail de M.  […] Ses origines spirituelles sont obscures et indéfinissables. […] Elles sont à l’origine de son talent et à la clé de ses premiers accords.

882. (1895) Hommes et livres

Ils n’ont pas de prétentions nobiliaires ; pour le monde, et pour ne point payer la taille, ils se font reconnaître pour nobles ; du reste, ils ne recherchent guère leurs origines, et se font eux-mêmes tout ce qu’ils sont. […] Cette bouffonnerie, second tour qu’il ait dans son sac, — est tout simplement un accent d’origine et de terroir, la crudité pittoresque, la robuste jovialité d’un esprit populaire et rustique. […] Le malheur est qu’en Espagne, par son origine, par le caractère de son pouvoir, par la nature aussi de ses idées, il se heurta à l’indifférence ou à l’hostilité générales : il dut se passer et se défier de tout le monde. […] N’y reconnaît-on pas l’ébauche des théories de la perception extérieure, de la mémoire, et de l’origine des idées, que M.  […] Impossible de comprendre l’origine et la force des pensées honnêtes qui se trouvent en lui à un certain moment.

883. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

On les a compris d’autant plus volontiers dans ce volume, auquel ils revenaient de droit par leur objet et par leur origine, qu’ils complètent indirectement la critique du scepticisme de Bayle qui les précède immédiatement. […] qui la connaît, à moins de connaître notre origine ? qui peut remonter à notre origine sans remonter à Dieu ? […] Car si la vie générale de ceux qui portent le nom de chrétiens calomnie la divine origine de leur religion, la vie exceptionnelle d’un certain nombre a, dans tous les temps, fait éclater la vertu surnaturelle qui habitait en eux. […] Le mot fameux sur la pitié, tant reproché à l’auteur : « Je suis peu sensible à la pitié, et je voudrais ne l’y être point du tout182 », tire peut-être de là son origine.

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