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498. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

On vous donne un tableau d’un maître, d’une école, pour un tableau d’un autre maître ou d’une autre école ; une copie pour un original ; on vernit.

499. (1903) La pensée et le mouvant

je veux bien que le tableau n’ait pas la valeur artistique d’un Rembrandt ou d’un Velasquez : il est tout aussi inattendu et, en ce sens, aussi original. […] Sans doute aucune image ne rendra tout à fait le sentiment original que j’ai de l’écoulement de moi-même. […] Il consiste à chercher l’original dans la traduction, où il ne peut naturellement pas être, et à nier l’original sous prétexte qu’on ne le trouve pas dans la traduction. […] La méthode est analogue dans les deux cas : elle consiste à raisonner sur les éléments de la traduction comme si c’étaient des parties de l’original. […] Là où il n’y a pas un effort personnel, et même original, il n’y a même pas un commencement de science.

500. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

La seconde partie de la carrière de Casimir Delavigne, dans laquelle le poëte n’avait cessé de transiger, est franchement séparée de la première, où du moins il était un disciple original des maîtres.

501. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Édouard Thierry Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie.

502. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

Theuriet, nous la retrouvons, marquée d’une façon originale, dans certaines pages où le poète nous conduit dans sa maison de Talloire, en Savoie, et dans sa retraite de Nice, où il a déjà passé plus d’un hiver.

503. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Ses Notes sur Lucien, Longin, Eutrope, Justin, sur Anacréon, Lucrece, Virgile, Horace, Térence, Phédre, sont d’un Editeur consommé dans l’étude & la langue de ces originaux.

504. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Le Livre de Vandale sur les Oracles fût tombé dans l’oubli, si sa plume ne lui eût prêté des agrémens, qui ont fait disparoître la sécheresse de l’Original.

505. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Vous faites des choses si belles, Si justes & si naturelles, Que votre style est sans égal ; Sans cesse je vous étudie : Qui peut être votre Copie, Passe pour être Original.

506. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

L’élégant Traducteur de Virgile étoit bien capable de juger du mérite du Poëte qui a le plus approché de ce même Original, dont personne n’a mieux senti ni mieux rendu que lui toutes les beautés.

507. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

La Pompe funebre de Voiture est une Piece originale.

508. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Il nous répugnerait autant de louanger un médiocre imitateur, un plat versificateur, que de méconnaître un tempérament original égaré dans des recherches malheureuses de style ou de pensées ?

509. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Il lui fournit La société même qui devait lui servir de matière ; il lui indiqua ses originaux, et la protégea contre leurs cabales ; il fit amitié avec elle dans la personne du grand poète qui la personnifie. […] Le grand peintre attendait ses originaux ; la comédie attendait une société. […] Il faisait poser les originaux devant le peintre. […] Les originaux trouvaient les copies détestables ; on espérait accabler Molière sous le mécontentement du roi ; le grand poète lui-même était dans l’angoisse. […] Il lui donna protection, pensions, appui, contre ses originaux ; il lui donna l’hospitalité dans son palais ; il le fit de sa suite et de sa cour ; enfin, il lui apprêta une société à la vue de laquelle Molière pouvait s’écrier : « Je n’ai plus que faire d’étudier Plante et Térence, et d’éplucher les fragments de Ménandre : je n’ai qu’à étudier le monde. » § V.

510. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Et à ce sujet, il m’apprend qu’il est un élève de Lecoq de Boisbaudran, un original bonhomme, qui avait prêché le dessin de mémoire, disant que dans le dessin d’après nature, il y avait le danger d’être empoigné par le détail, et que l’on faisait moins synthétique, et allant jusqu’à soutenir, que lorsqu’on travaillait d’après l’être vivant, on faisait moins nature que de mémoire — bien entendu pour une mémoire exercée à ce genre de travail, — par la fatigue du modèle, produisant chez lui une espèce d’ankylose du mouvement. […] Un racontar si bien rédigé, qu’il me fait douter complètement de l’indélicatesse de ce faux voleur, et qui semble un truc très original, pour attendrir un romancier psychologue, et lui attraper une pièce de cent sous. […] Un effet vraiment original. […] Et dans les morceaux qu’elle chante, il y a une légende intitulée : Saint-Amour, vraiment originale : une légende — c’est curieux — qui lui a été fournie par une marchande de vins du Midi, rencontrée par hasard, chez un éditeur de musique. […] Jeudi 7 novembre On parle chez Daudet, de cette maison Callias, de cette maison des Batignolles, où toute la littérature a passé, de cette maison, dont il y aurait à faire une originale monographie.

511. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Pendant huit ans, enfermé dans une petite maison de la forêt de Windsor, il lut « tous les meilleurs critiques, presque tous les poëtes anglais, latins, français qui ont un nom, Homère, les poëtes grecs, et quelques-uns des grands dans l’original, le Tasse et l’Arioste dans les traductions », avec tant d’assiduité qu’il en manqua mourir. […] Je la relis et je m’ennuie ; cela est inconvenant ; mais, en dépit de moi-même je bâille, et j’ouvre les lettres originales d’Héloïse pour chercher la cause de mon ennui. […] Pope s’est efforcé de le faire une fois dans l’Essai sur l’Homme, qui est une sorte de Vicaire savoyard, moins original que l’autre. […] La sève en ce pays est toujours plus forte que chez nous ; leurs sensations sont plus profondes, comme leurs pensées plus originales. […] La prose est toujours l’esclave de la période ; Samuel Johnson, qui fut à la fois le La Harpe et le Boileau de son siècle, explique et impose à tous la phrase étudiée, équilibrée, irréprochable, et l’ascendant classique est encore si fort, qu’il maîtrise l’histoire naissante, le seul genre qui, dans la littérature anglaise, soit alors européen et original.

512. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Un traducteur n’est pas même obligé de loüer son original. […] Nous avons des philosophes, des orateurs et des poëtes ; nous avons même des traducteurs où l’on peut puiser les richesses anciennes dépoüillées de l’orguëil de les avoir recueillies dans les originaux. […] Perrault paroissoit justifié par l’ouvrage même qui devoit le confondre, et l’original patissoit du mauvais succès de l’interprete. […] Autant de retranchemens que j’ai osé faire, autant de preuves, selon eux, de mauvais goût : autant de changemens, autant d’absurditez ; presque tous mes vers pitoyables, parce qu’il n’y en a guéres où je suive servilement l’original. […] Et s’il avoit donné comme traduction la tragédie dont il est l’inventeur, nous aviserions-nous de penser qu’il eût rien fait perdre à son original ?

513. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Il n’est point et ne se dit pas révolutionnaire, ni novateur, ce qui ne l’empêche pas d’être absolument et plus que tout autre de sa génération, indépendant et original. […] M. de Montesquiou lui est réputé comme le plus original des originaux. […] Version originale en anglais « Notes on England. […] Version originale en anglais « Shakespeare and Racine » dans le texte source [NdE-Obvil]. […] Version originale en anglais « My visit to London » dans le texte source [NdE-Obvil].

514. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Le texte en a été scrupuleusement revu sur les vingt-trois pièces originales imprimées du vivant de Molière que possède la Bibliothèque impériale, et sur l’édition non cartonnée de 1682. […] L’abbé de Roquette est l’original du Tartuffe. […] Il était d’un esprit original, et avait des saillies très piquantes. […] Celui-ci désignait par une image originale et vraie l’engourdissement trop fréquent du génie de l’auteur vieilli de Cinna. […] Ce petit trait d’histoire littéraire, d’ailleurs fort piquant, et par conséquent sûr d’être accueilli sans autre examen, a cela de commun avec beaucoup de traits de l’histoire proprement dite, qu’il est original, mais controuvé.

515. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon » pp. 423-461

Que de paroles originales et toutes de source, et quelle diversité d’accents dans les témoignages ! […] Il y a une sorte d’histoire qui se fonde sur les pièces mêmes et les instruments d’État, les papiers diplomatiques, les correspondances des ambassadeurs, les rapports militaires, les documents originaux de toute espèce. […] C’est donc la totalité des Mémoires qu’il fallait donner dans leur forme originale et authentique. […] [NdA] Saint-Sirnon, dans le texte original, n’établit point de chapitres proprement dits ni aucune division ; il était d’une haleine infatigable ; on a bien été obligé, en imprimant, de faire des chapitres de longueur à peu près égale pour soulager l’attention du lecteur ; mais on a eu soin, dans la présente édition, de ne composer les sommaires qu’avec les termes mis en marge par Saint-Simon, et on a reproduit, autant qu’on l’a pu, ces mêmes termes de la marge, au haut des pages dans le titre courant.

516. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Dès la première saillie de l’invention originale, son œuvre manifeste l’énergie tragique, la passion intense et informe, le dédain de la régularité, la connaissance du réel, le sentiment des choses intérieures, la mélancolie naturelle, la divination anxieuse de l’obscur au-delà, tous les instincts qui, repliant l’homme sur lui-même et concentrant l’homme en lui-même, le préparent au protestantisme et au combat. […] Quel est le modèle idéal qu’il présente et quelle conception originale va fournir à ce peuple son poëme permanent et dominateur ? […] De là cette faiblesse ou cette impuissance de la pensée spéculative, de la vraie poésie, du théâtre original, et de tous les genres qui réclament la grande curiosité libre, ou la grande imagination désintéressée. […] De ce corps de vérités envahissantes sort aussi une conception originale du bien et de l’utile, et, partant, une nouvelle idée de l’État et de l’Église, de l’art et de l’industrie, de la philosophie et de la religion.

517. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

C’est même en grande partie, de ce commerce intime avec les écrivains bibliques et évangéliques, que vient la qualité originale de son style, unique entre tous dans la littérature classique. […] On trouve des sermons qui contiennent sommairement l’Histoire universelle, d’autres les Variations, d’autres la Politique ; ils fournissent les cadres, la méthode, les idées capitales ou originales. […] Il y a d’excellentes choses, des vues originales, une exposition magistrale dans la Connaissance de Dieu et de soi-même, et dans la Logique, où il mêle avec indépendance saint Thomas et Descartes, suivant surtout son sens personnel de la vérité des choses. […] Dans l’analyse abstraite des vices, des passions, des multiples infirmités de notre nature, Bourdaloue est incomparable : plus pénétrant et plus original que La Bruyère, ses analyses substantielles et condensées ont abouti aux portraits ; cette forme de la littérature à la mode s’est trouvée tout naturellement adaptée au sermon de Bourdaloue.

518. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

C’est la partie la plus originale de ses écrits. […] Périer, beau-frère de Pascal, on lit ce passage significatif : « Il y a une nouvelle théologie morale d’Escobar, et de casuistes comme Mascarenhas, Busembaum, etc., où il y a les meilleures choses du monde pour nous… Je perds beaucoup, et nos amis, que les jours n’ont que vingt-quatre heures 46. » Cette lettre, copiée sur l’original, sans nom d’auteur, est-elle de Pascal ? […] S’il est vrai que l’idée en soit venue à Pascal du Gorgias de Platon, combien l’imitation est plus originale que le modèle ! […] Un extrait de cet ouvrage, traduit de l’original latin, forme un des chapitres de la Logique de Port-Royal.

519. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre troisième. La volonté libre »

Une douleur rendue originale par la manière dont elle est subie, comme un rayon curieusement réfracté par la nacre ou l’opale, devient-elle libre en vertu de son caractère individuel ? […] Chaque état psychique étant, par rapport à l’état antérieur, hétérogène, nouveau et original, du moins dans ce qu’il offre de vraiment personnel et de caractéristique, il n’y aurait plus lieu de lui appliquer un raisonnement qui ne conclut à l’identité des effets que par l’identité des causes. […] — Nous répondrons d’abord que l’intervention d’un nombre immense de lois pourrait elle-même produire un phénomène original, qui ne s’exprimerait plus par une loi, mais par des milliers de lois ; au lieu d’être attaché à une chaîne, il serait attaché à mille ; en serait-il plus libre ? […] L’impossibilité du contraire n’est qu’une expression indirecte de ce qu’il y a d’unique et d’original dans la réalité actuelle.

520. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

elle était originale cette famille Cros… Un soir, à la fin d’un dîner, un fils ayant annoncé qu’il s’occupait de recherches pour ressusciter les morts, le père lui déclare qu’il s’opposait absolument à cette découverte, devant troubler les héritages. […] Un dîner de gourmet, assaisonné d’une originale conversation sur les choses de la gueule et l’imagination de l’estomac, au bout de laquelle Tourguéneff prend l’engagement de nous faire manger des doubles bécassines de Russie : le premier gibier du monde. […] Et sur la jolie femme, devenue la puissance du moment, il parle curieusement de son échec diplomatique en Russie, et donne de cet échec l’originale raison que voici : elle n’a pas moralement parlant, et selon une expression du pays, la chair froide des princesses Troubetzkoï, et autres femmes de la diplomatie russe. […] L’original, très charmant, très intelligent, très distingué, qui a eu cette idée excentrique, m’est amené aujourd’hui par Hérédia, et s’est d’avance préparé, dans sa toilette, une âme ad hoc, pour la visite.

521. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Nous serions véritablement ici dans le drame si l’avarice et le sentiment paternel, s’entrechoquant dans l’âme d’Harpagon, y amenaient une combinaison plus ou moins originale. […] Nous entendrions chanter au fond de nos âmes, comme une musique quelquefois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure. […] Et là même où nous la remarquons (comme lorsque nous distinguons un homme d’un autre homme), ce n’est pas l’individualité même que notre œil saisit, c’est-à-dire une certaine harmonie tout à fait originale de formes et de couleurs, mais seulement un ou deux traits qui faciliteront la reconnaissance pratique. […] Et pour nous induire à tenter le même effort sur nous-mêmes, ils s’ingénieront à nous faire voir quelque chose de ce qu’ils auront vu : par des arrangements rythmés de mots, qui arrivent ainsi à s’organiser ensemble et à s’animer d’une vie originale, ils nous disent, ou plutôt ils nous suggèrent, des choses que le langage n’était pas fait pour exprimer. — D’autres creuseront plus profondément encore.

522. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Ces portraits et caractères composés si savamment, mais composés et concertés, auraient pris plus de naturel et de vie ; les originaux vrais auraient apparu, se seraient développés avec ampleur, abandon, et je ne sais quel charme qui leur manque ; je le suppose toujours à l’abri du trop de facilité et du laisser-aller. […] Émile de Labretonnière, membre de l’Académie de La Rochelle, dont la pièce a obtenu la première de ces mentions, a composé, sous le titre de Petit Souper, tableau de chevalet, une scène nocturne qui se passe à la Maison d’or, en carnaval, et où il introduit des originaux et des masques à demi philosophes qui parlent très spirituellement de nos vices et de nos travers.

523. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Que ferais-je si j’apercevais que j’ai pris des inspirations vagues pour des idées précises, des notions vraies mais communes pour des pensées originales et neuves ? […] L’instrument, tel qu’il nous le définit, est encore plus original que le résultat.

524. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

C’est ce qu’il n’a cessé de faire à l’occasion des nombreux écrits et témoignages originaux publiés en Angleterre sur Newton, et dont il s’était constitué dans le Journal des Savants le rapporteur très attentif, très fidèle, en même temps que le critique scrupuleux et sévère : on peut dire qu’en ce qui concerne Newton, il a été, pour la France, son historien de seconde main. […] Sans être très neuf d’idées en causant ni très original là pas plus qu’ailleurs, il avait à l’occasion des mots fins et qui ont toute leur valeur et leur agrément dans la vieillesse.

525. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Je ne m’exagère point l’importance de ces détails dont la plupart ont passé dans la Vie de Racine écrite par son fils ; mais, si l’on n’y doit rien trouver de tout à fait neuf, on sentira du moins une pure et douce saveur originale, je ne sais quel charme d’honnêteté parfaite et d’innocence. […] Il relisait avec M. de Tillemont les volumes manuscrits de son Histoire ecclésiastique ; il surveillait la réimpression des Réflexions morales du Père Quesnel ; il collationnait avec de nouveaux traducteurs de saint Augustin, et l’original à la main, le texte de leur traduction.

526. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

J’ai en original le passeport qui me fut délivré par le Conseil et qui est signé des six membres, Lebrun, Danton, etc. […] Je donne ces textes d’après la traduction, en regrettant que les passages cités ne paraissent nous revenir qu’à travers l’anglais : rien n’eut été plus simple que de réintroduire à ces endroits le texte français original.

527. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

Je veux moins parler des ballades qui terminent le volume et y font appendice ; elles prouvent de l’habileté et ont même de la grâce, mais l’accent y est moins original. […] Chateaubriand donc régnant au fond et apparaissant dans un demi-lointain majestueux comme notre moderne buste d’Homère, on a : 1° Hors ligne (et je ne prétends constater ici qu’une situation), Lamartine, Hugo, Béranger, — par le talent, la puissance, le renom et le bonheur ; 2° Un groupe assez nombreux, artiste et sensible, dont il serait aisé de dire bien des noms, même plusieurs de femmes ; de vrais artistes passionnés, plus ou moins originaux, mais qui n’ont pas complétement réussi, qui n’ont pas été au bout de leurs promesses, et qu’aussi la gloire publique n’a pas consacrés.

528. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Jusqu’alors les Allemands s’étaient occupés des sciences et de la métaphysique avec beaucoup de succès ; mais ils avaient plus écrit en latin que dans leur langue naturelle ; et l’on n’apercevait encore aucun caractère original dans les productions de leur esprit. […] Parmi leurs écrivains, ceux qui ne possèdent pas un génie tout à fait original, empruntent, les uns les défauts de la littérature anglaise, et les autres ceux de la littérature française.

529. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Elle a eu ses lakists, Wordsworth, Southey, Coleridge, dont les tempéraments originaux, repoussant toutes les entraves classiques, font de la poésie une libre création où leur âme se révèle en reflétant l’univers. […] Raynouard,Choix de poésies originales des troubadours, 6 vol. in-8. 1817.

530. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

C’est pourquoi, le premier soin de toute individualité un peu originale, dès qu’elle reprend possession d’elle-même, est de faire table rase des pédagogies inculquées, de se remettre en présence de la vie, de recouvrer le sens de la réalité oblitéré par une vision conventionnelle des choses, en un mot, de refaire son âme. […] Sans doute il peut arriver que les qualités développées par cette éducation coïncident avec une personnalité vigoureuse, une volonté forte, une intelligence pénétrante, une sensibilité vive et originale ; mais c’est par un accident heureux que cette rencontre a lieu.

531. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre III. Le cerveau chez l’homme »

Broca dit qu’il ne faudrait faire entrer en ligne de compte que les génies créateurs et originaux. […] Voyez, à propos des variétés maladives, le livre curieux et original du docteur Moret sur les Dégénérescences de l’espèce humaine.

532. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Toutes les poésies originales des temps modernes tournent autour de Charlemagne et des croisades. […] Nos préjugés classiques ont trop longtemps maintenu les mythes païens qui ne pouvaient pas nous offrir des systèmes de composition originale.

533. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Mais si un peuple a des mœurs frivoles et légères ; si, au lieu de cette sensibilité profonde qui arrête l’âme et la fixe sur les objets, il n’a qu’une espèce d’inquiétude active qui se répande sur tout sans s’attacher à rien ; si, à force d’être sociable, il devient tous les jours moins sensible ; si tous les caractères originaux disparaissent pour prendre une teinte uniforme et de convention ; si le besoin de plaire, la crainte d’offenser, et cette existence d’opinion qui aujourd’hui est presque la seule, étouffe ou réprime tous les mouvements de l’âme ; si on n’ose ni aimer, ni haïr, ni admirer, ni s’indigner d’après son cœur ; si chacun par devoir est élégant, poli et glacé ; si les femmes même perdent tous les jours de leur véritable empire ; si, à cette sensibilité ardente et généreuse qu’elles ont droit d’inspirer, on substitue un sentiment vil et faible ; si les événements heureux ou malheureux ne sont qu’un objet de conversation, et jamais de sentiment ; si le vide des grands intérêts rétrécit l’âme, et l’accoutume à donner un grand prix aux petites choses, que deviendra l’éloquence chez un pareil peuple ? […] Ce n’est pas tout ; observez l’influence de son caractère sur ses talents, ou de ses talents sur son caractère ; en quoi il a été original, et n’a reçu la loi de personne ; en quoi il a été subjugué ou par l’habitude la plus invincible des tyrannies, ou par la crainte de choquer son siècle, crainte qui a corrompu tant de talents ; ou par l’ignorance de ses forces, genre de modestie qui est quelquefois le vice d’un grand homme ; mais surtout démêlez, s’il est possible, quelle est l’idée unique et primitive qui a servi de base à toutes ses idées ; car presque tous les hommes extraordinaires dans la législation, dans la guerre, dans les arts, imitent la marche de la nature, et se font un principe unique et général dont toutes leurs idées ne sont que le développement.

534. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

Là sans doute se réfléchit et se prolonge un rayon de la Grèce, mais avec ces nuances diverses qui laissent à l’esprit romain sa part de nouveauté native et sa teinte originale. […] On peut dire cependant pour Accius que, là même où il n’était que traducteur, et dans le hasard qui nous conserve à peine quelques parcelles ode ses strophes imitées de Sophocle, on rencontre une vigueur digne de l’original.

535. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Ils le sont ; ils en ont la marque, le masque ou le haut du masque et le signe au front, une parole rare, un silence imposant, une allure lente, étrange, auguste si l’on veut, je ne sais quoi d’original dans leur croisement et d’aussi impossible à confondre avec rien autre que de difficile à démêler en soi et à définir.

536. (1874) Premiers lundis. Tome II « Théophile Gautier. Fortunio — La Comédie de la Mort. »

Si elle reproduit tout à fait la mythologie et le fantastique des moralités et des peintures du moyen âge, elle n’en est pas un simple pastiche ; le manque absolu de foi et l’idée de néant qu’y jette l’auteur, en deviennent l’inspiration originale ; après tout, cette image physique de la mort, horrible, détaillée, continuelle, obsédante, ce n’est que celle qu’avaient les chrétiens de ces âges pieusement effrayés ; mais le poète, en prenant les images sans la foi, les éclaire d’une lueur plus livide, et qui les renouvelle suffisamment.

537. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Les écrivains du Nord répondent que ce goût est une législation purement arbitraire, qui prive souvent le sentiment et la pensée de leurs beautés les plus originales.

538. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bataille, Henry (1872-1922) »

Le troisième acte devient admirable, lorsque, connaissant son mal et son sort, le lépreux attend dans la maison de son père le cortège funèbre qui va le conduire à la maison des morts, et l’impression finale est qu’on vient de jouir d’une œuvre entièrement originale et d’une parfaite harmonie.

539. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Thomas est moins éloquent que boursoufflé, plus compilateur & copiste, que censeur & original ; que M. de la Harpe, qui a traduit Suétone, a besoin d’étudier encore la Langue des Césars ; que les Extraits qu’il a fournis au Mercure, sont plus apprêtés que savans ; que son égoïsme enfin le rend d’abord insupportable & ensuite ridicule Comment s’expliquer de la sorte, & avoir le sens commun ?

540. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Il est temps de séparer, par le changement radical des noms, la mythologie plagiaire des peuples latins de la mythologie créatrice et originale des races helléniques.

541. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racan, et Marie de Jars de Gournai. » pp. 165-171

Il ne faisoit que de sortir, lorsque M. de Racan, en original, demanda à parler à mademoiselle de Gournai.

542. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Matharel de Fiennes est assurément le linguiste le plus original qui soit né au feuilleton parisien. […] Permettez-moi de faire en terminant un crayon qui ne saurait être, en attendant l’arrivée de l’original, qu’un simple portrait de fantaisie, — celui du critique faux bonhomme. […] Louis Veuillot C’est une figure étrange, complexe, originale, que celle du fougueux polémiste de l’Univers ; je compte l’étudier sérieusement quelque jour. […] Taxile Delord, lui, niant la réalité et même l’étrangeté de ses peintures, cherche et prétend ne pas reconnaître, dans les tableaux de la comédie nouvelle, les originaux du monde marron que le dramaturge a promis de révéler au public. […] Les œuvres nées de ce mariage avec deux muses étrangères ne conservent de la sève originale que l’art puissant et inné au-delà des monts de l’agencement des voix.

543. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Cela nous semble original et nous repose de la régularité classique. […] Leconte de Liste abrège ce vif et caractéristique langage, et, lui enlevant avec soin son cachet original, il le scande de sa déclamation lente et de son éternelle solennité. […] Il ne faut rien attendre de très original d’une poésie de ce genre. […] Voilà qui est original. […] C’est précisément ce contraste, mes enfants, qui fait le grand et original caractère du moyen âge.

544. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

à la bonne heure, voilà du talent original et neuf ! […] On n’est tout à fait soi, tout à fait original, que dans sa langue ; on n’atteint que là à ce qui est proprement la signature du poète, la particularité de l’expression. […] Œuvres de Clément Marot, annotées, revues sur les éditions originales, et précédées de la vie de Clément Marot, par M. 

/ 1877