Il sait l’artiste à fond, sous toutes ses formes, dans toutes ses applications, dans ses pensées les plus secrètes, dans ses procédés les plus spéciaux, et dans ce qu’il fait et dans ce qu’il ne fera jamais, et dans ses rêves et dans son impuissance, et dans la dépravation de ses facultés aigries, et dans le triomphe de son génie harmonieux, et dans le néant de son œuvre, et dans le sublime de ses misères. […] Zacharias Werner, Berthold, Kreisler, vous tous artistes de nos jours, au génie inquiet, à l’œil effaré, que l’air du siècle ronge ; inconsolables sous l’oppression terrestre, amoureux à la folie de ce qui n’est plus, aspirant sans savoir à ce qui n’est pas encore ; mystiques sans foi, génies sans œuvre, âmes sans organe ; comme il vous a connus, comme il vous a aimés ! […] Aussi, dès qu’il se borne à peindre l’art et les artistes dans ce moyen âge, où il y avait du moins harmonie et stabilité pour les âmes, quelque chose de calme, de doré et de solennel succède aux délirantes émotions qu’il tirait des désordres du présent ; depuis l’atelier de maître Martin le tonnelier, qui est un artiste, jusqu’à la cour du digne landgrave de Thuringe, où se réunissent autour de la jeune comtesse Mathilde, luth et harpe en main, les sept grands maîtres du chant, partout dans cet ordre établi, on sent que le talent n’est plus égaré au hasard, et que l’œuvre de chacun s’accomplit paisiblement ; s’il y a lutte encore par instants dans l’âme de l’artiste, le bon et pieux génie finit du moins par triompher, et celui qui a reçu un don en naissant ne demeure pas inévitablement en proie au tumulte de son cœur.
Au reste, comme je donnais aux jeunes filles le conseil de ne point s’enfermer dans l’étude des œuvres des femmes, je recommanderais au contraire volontiers aux jeunes hommes de la pratiquer assidûment. Dans le commerce des femmes les plus distinguées que la société française ait produites, au contact de ces esprits ex quis qui ont mis, sans y penser, le meilleur d’eux-mêmes dans des œuvres légères et charmantes, nos écoliers compenseront en quoique sorte le défaut de notre système d’éducation qui, jusqu’à l’âge d’homme, les soustrait aux influences féminines. […] C’est, en effet, en vérifiant ces remarques et ces conseils sur les œuvres de la littérature, qu’ils en embrasseront le sens et se rendront capables de les appliquer à leurs propres compositions.
J’ajoutais, il est vrai, qu’il est peut-être temps de ne lui tenir compte que de son œuvre et de le remettre à son rang qui est le premier. […] Et d’ailleurs si, dans l’appréciation des œuvres des poètes, il fallait tenir compte de leurs vertus civiques, Lamartine opposant son corps à l’émeute triomphante et la domptant par sa parole, ferait presque aussi bonne figure, je pense, que Victor Hugo au lendemain du coup d’Etat. […] Peu à peu, par la seule vertu du temps qui s’écoule, un triage se fait dans les œuvres : les grandes figures du passé se groupent et s’ordonnent, chacune à son plan.
Par là, les termites de son œuvre, les grisailles de leurs évolutions se teintaient d’âpres épithètes, se trempaient de la vibration d’art, se disposaient en amertumes graduées, en états d’âme vulgaires sans doute, mais passés au crible d’un cerveau impressif, colorés d’une désespérance glaciale comme une bise, coupante comme un grésil… » (page 11). […] Mais aujourd’hui, chez Servaise et ceux de son espèce, c’est une torture, une lutte atroce, sans trêve, avec des tensions de muscles, des vibrations de nerfs, des halètements, des syncopes, des courbatures… Dans l’Œuvre, de Zola, l’artiste ressemblait déjà à un damné de Michel-Ange. […] Rosny, quelques-uns des passages qui nous peignent les labeurs de Servaise : « … Les soirs de lampe, les rudes soirs où la volonté terrible l’entraînait au jeu des phrases, les sorties où les œuvres grouillaient dans son crâne comme l’obsession dans l’âme d’un fou… » « … Dans le désarroi idéen, c’est à ce mot « travail » que Servaise toujours revenait, comme à la divinité mystérieuse, à l’entéléchie dont l’adoration l’avait dû conduire à la gloire.
. — Œuvres de prose (1898). — Sonnet à Alfred de Vigny (1898). — Testament poétique (1901) OPINIONS. […] Y a-t-il donc tant de joie dans l’œuvre de Sully Prudhomme ? […] Il en est résulté une œuvre originale, complexe, très solide, mais très mélancolique.
Il y a donc, dans l’œuvre et dans le génie de Molière, une part à faire à l’Espagne, comme une part à faire à l’Italie. […] Comment j’ai été amené à l’entreprendre, c’est ce que s’expliqueront aisément ceux des lecteurs qui savent que j’ai publié une édition des œuvres de Molière avec toutes les recherches et tous les développements qu’une telle publication comporte1. Il y a, à mon avis, deux manières de concevoir une édition des œuvres de Molière : ou publier le texte dans sa nudité magistrale, ou fournir en même temps tout ce que peut recueillir sur l’homme et sur ses ouvrages une érudition spéciale.
De là, ces contradictions impardonnables, ces invectives grossieres, cet égoïsme révoltant, cette mauvaise foi manifeste, ces injustices criantes, consignées dans la derniere édition de ses Œuvres, qui ont avili sa plume, décrédité ses jugemens, &…. […] Pourrions-nous, après cela, nous offenser des injures & des faussetés que ce Narcisse littéraire a accumulées contre nous dans la derniere Collection de ses Œuvres ? […] Palissot, avant qu’il ne publiât la Collection de ses Œuvres en six vol.
Les Orientales, in Œuvres complètes de Victor Hugo. […] Et puis, pourquoi n’en serait-il pas d’une littérature dans son ensemble, et en particulier de l’œuvre d’un poëte, comme de ces belles vieilles villes d’Espagne, par exemple, où vous trouvez tout : fraîches promenades d’orangers le long d’une rivière ; larges places ouvertes au grand soleil pour les fêtes ; rues étroites, tortueuses, quelquefois obscures, où se lient les unes aux autres mille maisons de toute forme, de tout âge, hautes, basses, noires, blanches, peintes, sculptées ; labyrinthes d’édifices dressés côte à côte, pêle-mêle, palais, hospices, couvents, casernes, tous divers, tous portant leur destination écrite dans leur architecture ; marchés pleins de peuple et de bruit ; cimetières où les vivants se taisent comme les morts ; ici, le théâtre avec ses clinquants, sa fanfare et ses oripeaux ; là-bas, le vieux gibet permanent, dont la pierre est vermoulue, dont le fer est rouillé, avec quelque squelette qui craque au vent ; au centre, la grande cathédrale gothique avec ses hautes flèches tailladées en scies, sa large tour du bourdon, ses cinq portails brodés de bas-reliefs, sa frise à jour comme une collerette, ses solides arcs-boutants si frêles à l’œil ; et puis, ses cavités profondes, sa forêt de piliers a chapiteaux bizarres, ses chapelles ardentes, ses myriades de saints et de châsses, ses colonnettes en gerbes, ses rosaces, ses ogives, ses lancettes qui se touchent à l’abside et en font comme une cage de vitraux, son maître-autel aux mille cierges ; merveilleux édifice, imposant par sa masse, curieux par ses détails, beau à deux lieues et beau à deux pas ; — et enfin, à l’autre bout de la ville, cachée dans les sycomores et les palmiers, la mosquée orientale, aux dômes de cuivre et d’étain, aux portes peintes, aux parois vernissées, avec son jour d’en haut, ses grêles arcades, ses cassolettes qui fument jour et nuit, ses versets du Koran sur chaque porte, ses sanctuaires éblouissants, et la mosaïque de son pavé et la mosaïque de ses murailles ; épanouie au soleil comme une large fleur pleine de parfums ? Certes, ce n’est pas l’auteur de ce livre qui réalisera jamais un ensemble d’œuvres auquel puisse s’appliquer la comparaison qu’il a cru pouvoir hasarder.
Sans atteindre complètement à cette universalité, Hugo, dans ses grandes œuvres, s’en rapproche. […] Le monde est l’œuvre où rien ne ment et ne dévie, Et dont les mots sacrés répandent de l’encens. […] Le regard au ciel est une œuvre. […] La diversité de jugements portés sur Hugo tient en grande partie à la diversité et à la complexité de l’œuvre du poète. […] Œuvres inédites de Victor Hugo : Choses vues.
Enfin, ce n’est certes pas là une œuvre banale, et c’est quelque chose aujourd’hui. […] Son œuvre nouvelle est intitulée : Le Crime de Sylvestre Bonnard, membre de l’Institut (chez Calmann-Lévy). […] Heureusement, cette fois, il s’agit d’un bel et bon ouvrage, de l’œuvre d’un véritable poète, des Légendes des bois et Chansons marines de M. […] Œuvre qu’on lit, œuvre qui dure ; œuvre qu’on relit, œuvre qui reste. […] Il est nombre d’œuvres distinguées qui n’ont pas eu de succès par la faute des interprètes chargés de les représenter ; il est nombre d’œuvres médiocres qui ont dû à des interprètes supérieurs une vogue retentissante, mais éphémère, qu’elles n’ont plus retrouvée quand on a voulu les reprendre plus tard avec des interprètes nouveaux et moyens.
Et voilà ce qui fait ressembler son œuvre au but que nous poursuivons. […] » — « Et l’œuvre ? […] Je vais entreprendre une œuvre nouvelle. […] Trouverait-on une seule trace de ces théories nouvelles dans l’œuvre du maître ? ils donnent à cette œuvre le nom de science, et tout au plus est-ce de la casuistique.
Tandis que le café-concert abrutissait la masse avec des refrains idiots, Pottier, en exil ou à l’écart, obscur, oublié, jetait aux quatre murs de sa chambre ces chansons de bataille, de revendication et de miséricorde : Jean Misère, Jean Lebras, Don Quichotte, Madeleine et Marie, Ce que dit le pain, Le Chômage, Tu ne sais donc rien, Chacun vit de son métier, Le Jour du terme, L’Insurgé, La Sacoche, Elle n’est pas morte, et cet émouvant Contremaître de fabrique, perdu dans ses œuvres posthumes… Yvette Guilbert peut convoquer le ban et l’arrière-ban de ses fournisseurs de tragique, reprendre Jules Jouy et faire appel à ses émules, elle aura de la peine à découvrir quelque chose qui atteigne au pathétique du Fils de la fange, des trois simples strophes intitulées : Déjà, ou du refrain, moins ignoré, si douloureux, si poignant, si pareil à un glas dans la bouche de Jean Misère : Ah ! […] … On demandait naguère, pour sa tombe, du bronze… Qu’à cela ne tienne : son œuvre fournit la matière.
C’est au travail de M. de Tresseol que le Public est redevable de l’édition complette des Œuvres de M. […] Desmahis, à laquelle il nous paroît avoir encore ajouté, par l’Eloge historique qu’il a mis à la tête de la Collection des Œuvres de ce Poëte, trop tôt enlevé aux Gens de goût & de bonne Compagnie.
L’art qui médite, qui édifie, qui vit en lui-même et dans son œuvre, l’art peut se représenter aux yeux par quelque château antique et vénérable que baigne un fleuve, par un monastère sur la rive, par un rocher immobile et majestueux ; mais, de chacun de ces rochers ou de ces châteaux, la vue, bien qu’immense, ne va pas à tous les autres points, et beaucoup de ces nobles monuments, de ces merveilleux paysages, s’ignorent en quelque sorte les uns les autres ; or la critique, dont la loi est la mobilité et la succession, circule comme le fleuve à leur base, les entoure, les baigne, les réfléchit dans ses eaux, et transporte avec facilité, de l’un à l’autre, le voyageur qui les veut connaître. […] Tout cela est bien long pour dire qu’ayant parlé l’autre fois de quelque ouvrage assez peu grave nous avons à donner aujourd’hui un mot sur une œuvre de patriotisme et de piété, et pour demander pardon d’être la même plume qui passe d’un Casanova au livre des Pèlerins polonais… « Moi, disait Diderot, mon métier est celui de critique, métier comme celui d’homme d’affaires, d’avoué, d’avocat consultant et plaidant, de médecin. […] voilà ce à quoi ne pensent pas assez nos poëtes, et c’est là précisément la grande infériorité des œuvres d’aujourd’hui, même les plus brillantes, en regard des chefs-d’œuvre du passé. […] Il y a tel défaut de goût, tel point de sentiment gâté, qui comme une petite odeur pernicieuse gagne l’œuvre entière, et en corrompt tout le plaisir.
Si Robert Emmet était un chef-d’œuvre, je le comprendrais, mais c’est à peine une œuvre. […] Lord Byron, à lui seul, l’emporte, en intérêt littéraire et surtout en intérêt de nature humaine, sur tous ces Allemands sans passion ardente et profonde et qui n’ont de nature humaine que dans le cerveau… La vie de ce grand poëte, qui s’est élevé jusqu’au grand homme, est autre chose que celle de ces travailleurs en rêveries dont l’existence ressemble à une table des matières de leurs œuvres, dans laquelle elle tient… Pour tout homme, pour tout être si heureusement et si puissamment organisé qu’il soit, la vie de Byron est un sujet de critique et de biographie de la plus redoutable magnificence ; car Byron fut comme le plexus solaire du xixe siècle, et tous les nerfs de la société moderne, cette terrible nerveuse, aboutissent à lui… Toucher à cet homme central, magnétique et vibrant, qui mit en vibration son époque, c’est toucher à l’époque entière… Jusqu’ici, ceux qui y ont touché s’y sont morfondus. […] … Toujours est-il qu’elle ne nous a donné sur le grand et douloureux poëte que des mots qui passent dans ses œuvres à elle, comme des éclairs. […] il fallait deviner Byron, ou du moins étudier l’homme sur l’homme, l’aller chercher sous ses œuvres mêmes et ne pas poursuivre son image dans des miroirs plus ou moins tremblants, plus ou moins infidèles où son spectre décomposé oscille toujours !
que dirait-il, le grand poète, s’il vivait à cette heure du siècle et s’il apprenait tout à coup qu’en France, ce pays de convenance et de goût, il est livré dans une de ses plus belles œuvres aux faiseurs de flonflons, et, comme il les appelait : aux violonneurs !… J’imagine qu’il serait peu flatté de la chose, et qu’il ressentirait une de ces superbes colères vert-pâle auxquelles il était sujet et comme il en eut une, par exemple, quand les directeurs de Drury-Lane firent le projet de jouer son Marino Faliero : « Je n’ai rien tant à cœur — écrivait-il alors de Ravenne à Murray (c’était en 1821) — que d’empêcher ce drame d’être joué. » Et cependant les directeurs de Drury-Lane ne travestissaient pas l’œuvre du poète ; ils voulaient seulement l’interpréter. […] Au milieu du discrédit singulier dans lequel les poètes du mot seul, jaloux comme des bouteilles vides contre des bouteilles pleines, ont essayé de faire tomber Byron, le poète du sentiment et du mot aussi, quoi qu’ils disent, quelques voix ont protesté ; et je sais mieux qu’une protestation, je sais presque une œuvre sur Lord Byron. […] Comme poète et comme homme, le Lord Byron du bruit que fait son nom n’est pas le Lord Byron de la réalité, le Lord Byron de ceux qui l’aiment et qui, à force de le regarder et de cohabiter avec son génie dans ses œuvres, et dans ses Mémoires avec sa personne, ont vu le vrai Byron sous les attitudes, les affectations et le masque.
Et cependant, malgré cet ennui inconnu en Allemagne, mais partout ailleurs insupportable, d’une logique qui déchiquète l’abstraction plus que toutes les autres logiques qui aient jamais été publiées par les anatomistes du raisonnement, malgré l’effrayante spécialité de son langage et tout ce qui nous empêche, de peser sur le texte même d’Hegel, nous ne pourrons pas ne point l’atteindre, puisque nous voulons vous parler des travaux d’un écrivain qui en a fait le fond et le but de ses œuvres. […] Vera, qui nous donnera un jour l’Hegel complet, ne nous donne aujourd’hui qu’une partie des œuvres et la partie la plus difficile à comprendre, la plus aride et, pour ainsi parler, la moins traduisible, cette affreuse Logique dont Hegel tire tout, en forçant tout. […] Mais, s’il avait plus songé à l’éducation à faire de l’intelligence du public, qu’il doit, avec ses convictions, vouloir rendre hégélien, qu’à l’éducation toute faite des philosophes comme lui, il eût commencé par les autres œuvres d’Hegel, moins cruellement abstraites (par exemple, les idées sur la Religion, sur l’État, sur l’Art, etc.), et il serait remonté de là vers les principes philosophiques d’où dépend toute la philosophie de son maître, et il eût placé ainsi le lecteur, familiarisé avec les idées et le langage hégélien, à la source même du système. […] Les Mandarins seuls de la Philosophie se sont risqués et continueront de se risquer dans la logique d’Hegel, mais ils ont rapporté déjà et continueront de rapporter de leur accointance avec les œuvres du professeur de Berlin une méthode historique et des vues sur l’histoire qui pourraient très bien bouleverser le monde, sous prétexte de l’expliquer.
Ce devait être l’œuvre et la couronne de son âge mûr. […] devant Dieu par la foi, par l’abnégation, par l’œuvre collective, ils ont comme l’identité de la même vertu, de la même sagesse, de la même sainteté, et on pourrait tous les prendre les uns pour les autres, si Dieu n’avait pas donné à quelques-uns d’entre eux la différence qui compte devant l’Histoire, la différence ou d’un de ces caractères ou d’un de ces génies qui, en attendant l’égalité du Ciel, font la gloire et l’originalité parmi nous ! […] Dans une très longue introduction qui finit humblement, mais dont l’humilité se prolonge un peu trop et a l’air trop fanfare (je m’arrête à ce mot, qu’on pourrait allonger), M. de Montalembert a conscience de son œuvre. […] Exalter l’œuvre éternellement glorieuse de l’Église, un livre enfin dont la doctrine est pure et le sentiment très droit.
et voilà pourquoi aussi les œuvres d’un homme aussi savant que lui attirent notre attention, malgré tout ce qu’on rencontre dans ces œuvres, de particulier, de spécial, de technique, d’effrayant pour nous. […] En effet, il y a, dès les premières pages de ces œuvres complètes, qui renferment non seulement les découvertes de la science, mais les hommes qui les ont faites, et la biographie après l’histoire, il y a, entre M. […] Les Œuvres de M.
Jusqu’ici nous n’avions à juger que les écoliers de l’École, les Saisset et les Simon, les minces qui bégaient et zézaient, comme ils peuvent, dans le silence du maître, la philosophie qu’il a parlée, lui, avec cette grande voix de Fontanarose dont nos oreilles sourient encore… Eh bien, c’est cette voix qu’il nous fait entendre à nouveau, en réimprimant ses anciennes œuvres ! […] Quand nous la lûmes sous sa forme première et oratoire de Cours public, elle ne nous donna pas l’idée d’une vérité que nous ne demanderons jamais à la philosophie, mais pourtant elle nous donna celle d’une chose plus forte, d’une systématisation essayée et plus heureuse que ce qu’on avait l’habitude de rencontrer dans les œuvres de Cousin. […] III Eh bien, à ce point désintéressé de la pensée pure, l’Introduction à la Philosophie de l’histoire est une œuvre sans profondeur et sans consistance, que quelques années en passant sur elle ont déjà ternie ! Inspirée d’Hegel dans ce qu’elle avait d’inconnu et d’inattendu quand Cousin la mit en lumière, elle rentrera peu à peu dans le néant à mesure qu’en France Hegel sera connu davantage, écrasée qu’elle sera, effacée par cette terrible comparaison avec les œuvres d’un homme dont les erreurs, du moins, sont grandioses… Et quand je dis inspirée d’Hegel, c’est plutôt imprégnée qu’il faudrait dire.
Comme après La Curée, après ces douze chefs-d’œuvre que nous venons d’énumérer si le poète des Iambes était mort, il aurait laissé une immortalité d’autant plus belle que le regret, le regret de l’avoir perdu dans la plénitude de sa force, aurait ajouté à ses œuvres finies la poésie d’œuvres qu’il n’aurait pas faites. Mais il continua de vivre, et il eut raison de cette fois encore ; car s’il resta le même par le génie, il se diversifia par les œuvres, et il écrivit le Pianto, c’est-à-dire les plus beaux vers qui aient été faits sur l’Italie depuis Byron, les plus tristes depuis le Dante ! […] Mais cette illusion grandissait le poète et son œuvre… Eh bien, il n’a pas voulu nous la laisser !
Jules Sandeau, dont on parle beaucoup, et à laquelle les œuvres immorales des romanciers contemporains ont fait un repoussoir superbe, sa moralité n’a pas plus de caractère et de vigueur que son talent. […] Certes, quel que soit le succès du nouveau roman de l’auteur de Mariana et de Mademoiselle de la Seiglière, on ne trouve vraiment dans son œuvre, quand on l’examine sans parti pris, rien qui lui mérite plus d’estime qu’on n’en a jamais eu pour lui. […] Donc, pour nous résumer, œuvre médiocre, vulgairement écrite, nulle de couleur et de caractère, nulle de conviction quelconque, convenable en décence, mais sceptique, avec deux ou trois situations, que l’auteur a trouvé le moyen de gâter encore, voilà l’œuvre à propos de laquelle on a dit que M.
Armand Pommier, l’auteur de La Dame au manteau rouge, était une de ces fulgurances incontestées qu’on appelle un homme de génie, La Dame au manteau rouge pourrait-elle être une grande œuvre humaine, malgré la monstruosité du sujet ? […] Mais, il faut bien le dire, il n’y a pas encore, en ce moment, de pareille œuvre dans la littérature du dix-neuvième siècle, et, quand la Critique se pose cette question-là, elle se fait l’effet de se pencher sur le bord d’un gouffre… Seulement, disons que, quoi qu’il en puisse être et quoi qu’on puisse penser du génie, qui n’a pourtant jamais dit, et qui ne dira jamais le mot de ce fat de Calonne à une femme, et qu’il trompait encore ! […] L’intérêt humain du roman a expiré, perdu dans la curiosité pathologique d’un descripteur de phénomènes inouïs, qui, s’ils contractaient un jour l’éternelle clarté de la certitude, en nous donnant (comme c’est la prétention des esprits qui les interprètent), l’abolition de toute distance, la transparence des corps et la vue immédiate des âmes, changeraient toutes les conditions des œuvres humaines, d’un seul coup, et chasseraient jusque du souvenir les littératures. […] Or, si Balzac a pu se tromper un jour dans la mesure qu’il faut faire à la physiologie dans le roman, dans la discrétion d’artiste consommé qu’il faut avoir quand on touche à des phénomènes qui peuvent emporter ou défigurer votre œuvre, comme ces poisons et ces phosphores contre lesquels les chimistes mettent des masques de verre et qui pourraient, en s’éclatant, leur emporter le cerveau !
Vous n’avez pas oublié Manin, accusé de trahison pour avoir dit que la maison de Savoie pouvait avancer l’œuvre de l’unité italienne. […] Dans le même temps, il avance son œuvre suprême : il conduit à bien le Purgatoire et le Paradis. […] La connaissance de sa personne et de sa destinée, voilà le commentaire véritable de son œuvre. […] Ne soyons donc pas surpris de retrouver dans le génie de Dante et dans son œuvre les contradictions de son siècle. […] C’est la grande pensée des temps modernes ; c’est la pensée qui pénètre de part en part l’œuvre de Gœthe.
Un faible secours d’argent de ses protecteurs lui avait facilité l’accès et le séjour de Rome ; son nom y avait surgi peu à peu de ses œuvres. […] Comme tous les grands hommes, il avait donné sa vie à ses œuvres, il ne lui en restait plus pour le temps ; il travaillait déjà pour l’éternité. […] Ce goût acheva de se passionner plus encore, quelques années après, devant les œuvres plus grandioses de Michel-Ange à Florence. […] Je ne sentais que ce qu’on éprouve à la vue d’une œuvre sans défaut, un plaisir négatif ; mais une impression réelle et forte, une volupté neuve, puissante, involontaire, point ! […] Il faut voir et s’en aller, en pleurant moins sur la dévastation de cette œuvre surhumaine de l’homme, que sur l’impossibilité de l’homme d’en égaler jamais la sublimité et l’harmonie.
Et quand il n’aurait aucune vérité, quand il ne serait pas, à sa façon, œuvre d’histoire et de critique, pourquoi le dédaigner ? […] Une composition serrée peut contribuer à la beauté d’une œuvre ; il s’en faut qu’elle la constitue toute seule. […] On en est venu à regarder l’optimisme, dans les œuvres d’imagination, comme tout proche de la banalité. […] Ces délicats cyniques sont capables de préférer, dans l’œuvre de MM. de Goncourt, sinon Madame Gervaisais, du moins Manette Salomon, comme ils préféreraient sans doute dans l’œuvre de Corneille Théodore, dans celle de Hugo les Mages ou Plein Ciel, dans celle de M. […] Après cela, l’œuvre de MM. de Goncourt durera-t-elle ?
Je ne parle pas de ce détachement voulu, raisonné, systématique, qui est œuvre de réflexion et de philosophie. […] Son œuvre est un exemple qui nous sert de leçon. Et à l’efficacité de la leçon se mesure précisément la vérité de l’œuvre. […] Ici la généralité est dans l’œuvre même. […] Elle apparaît dans l’élaboration première de l’œuvre.
Théophile Lavallée, l’historien de Saint-Cyr, poursuit son œuvre et son monument de réparation, en publiant, d’après les manuscrits de Versailles, la correspondance entière et inaltérée de Mme de Maintenon : on n’avait jusqu’ici ces lettres que d’après la version tronquée et falsifiée de La Beaumelle. […] Plus tard, la pension de Montmorency est transférée à Rueil, et Mme de Maintenon en fait son œuvre ; mais on était loin encore de l’idée de Saint-Cyr. […] C’est pendant sa maladie et sa convalescence en 1686, que le roi entre de plus en plus dans l’idée de Saint-Cyr, qu’il la prend à cœur, l’adopte tout entière et se l’approprie magnifiquement : Dieu sait, écrivait Mme de Maintenon en octobre 1686 à l’une des dames de Saint-Louis, Dieu sait que je n’ai jamais pensé à faire un aussi grand établissement que le vôtre, et que je n’avais point d’autres vues que de m’occuper de quelques bonnes œuvres pendant ma vie, ne me croyant point obligée à rien de plus, et ne trouvant que trop de maisons religieuses ; moins j’ai eu de part à ce dessein et plus j’y reconnais la volonté de Dieu, ce qui me le fait beaucoup plus aimer que si c’était mon ouvrage : il a conduit le roi à cette fondation, comme vous l’avez su, lui qui, de son côté, ne veut plus souffrir de nouveaux, établissements. Ainsi c’est bien Louis XIV qui, son attention une fois appelée sur l’idée de Saint-Cyr, trouve que Mme de Maintenon ne fait pas assez, et se charge d’instituer une œuvre qui durera autant que sa monarchie : Le roi, lit-on chez Dangeau (10 mai 1686), a voulu donner cent cinquante mille livres de rente en bénéfices, pour fonder l’établissement qu’il fait à Saint-Cyr des filles qui sont encore à Noisy, et pour cela Sa Majesté y a affecté l’abbaye de Saint-Denis et quelques autres bénéfices. […] Quand elle a ainsi rappelé toutes les conditions imposées et toutes les obligations, ce caractère où se confond le personnage de mère, de sœur aînée et de religieuse, et qui a pour objet de former de pauvres nobles jeunes filles destinées à édifier ensuite des maisons religieuses, mais surtout des familles, et à renouveler le christianisme dans le royaume ; des jeunes filles à qui l’on dit sans cesse : « Rendez-vous à la raison aussitôt que vous la voyez. — Soyez raisonnables, ou vous serez malheureuses. — Si vous êtes orgueilleuses, on vous reprochera votre misère, et si vous êtes humbles, on se souviendra de votre naissance » ; — quand elle a ainsi épuisé la perfection et la beauté de l’œuvre à accomplir, on conçoit que Mme de Maintenon, s’arrêtant devant son propre tableau, ajoute : « La vocation d’une dame de Saint-Louis est sublime, quand elle voudra en remplir tous les devoirs. » Tout ne se fit point en un jour ; il y eut des années de tâtonnement, et même où l’on sembla faire fausse route.
L’ancienne tradition s’étant rompue, la nouvelle n’ayant pris ni le temps ni le soin de s’établir, il en résulte une grande incertitude dans les jugements : une très belle œuvre, neuve et émouvante, saisirait sans doute et réunirait les esprits, mais de simples vers où il y a du talent n’ont plus ce pouvoir. […] D’autres, au contraire, selon qu’ils survenaient avec plus de jeunesse et de fougue, ou avec plus de préméditation peut-être et de calcul, prenaient pour point de départ dans les œuvres du célèbre poète précisément ce qui était le terme extrême au-delà duquel n’allaient point leurs aînés. […] Je suis d’accord avec lui sur un point essentiel, c’est que l’artiste doit être de son temps, doit porter dans son œuvre le cachet de son temps : à ce prix est la vie durable, comme le succès. […] Étudions l’antiquité comme tous les âges antérieurs au nôtre, pénétrons-nous de son esprit pour la comprendre et l’admirer dans le vrai sens ; mais tâchons dans nos œuvres d’exprimer, ne serait-ce que par un coin, l’esprit de notre siècle, de dire à notre heure ce qui n’a pas été dit encore, ou de redire, s’il le faut, les mêmes choses d’une manière et d’un accent qui ne soit qu’à nous. […] À la fin d’une tournée en Écosse, et après en avoir noté en vers les principales circonstances pittoresques, le poète des lacs, revenant au monde du dedans et maintenant à l’esprit sa prédominance vivifiante, disait pour conclusion : Il n’y a rien de doux comme, avec les yeux à demi baissés, de marcher à travers le pays, qu’il y ait un sentier tracé ou non, tandis qu’une belle contrée s’étend autour du voyageur sans qu’il s’inquiète de la regarder de nouveau, ravi qu’il est plutôt de quelque douce scène idéale, œuvre de la fantaisie, ou de quelque heureux motif de méditation qui vient se glisser entre les belles choses qu’il a vues et celles qu’il verra.
L’Empereur avait fondé un prix de 30,000 fr. pour l’œuvre ou la découverte que l’Institut jugerait la plus propre à honorer le génie national. On avait à décerner ce prix pour la première fois ; plusieurs académiciens soutenaient avec beaucoup de vivacité que la disposition, dans les termes du décret, était inexécutable, qu’il n’y avait aucune comparaison possible à établir entre des œuvres littéraires par exemple, et des découvertes de science ou d’érudition. […] L’Académie française n’avait pas d’œuvre à opposer, qu’elle estimât elle-même à la hauteur de la récompense ; car il ne pouvait tomber dans l’esprit de personne que les Symphonies de M. de Laprade pussent y atteindre ou y aspirer. […] Artistes incomplets que nous sommes, ayons du moins l’intelligence plus large que notre talent, que notre œuvre (ce chef-d’œuvre fût-il Psyché). […] Socrate et Aristophane sont en Grèce les deux fondateurs du genre, et ils ont été aux prises : « Merveilleux exemple, s’écrie M. de Laprade, de la vraie destination de l’ironie et de toutes les œuvres qui s’y rattachent !
Il faisait la police des livres et des œuvres de l’esprit. […] Mais exiger du soin, de l’application, du recueillement, avant qu’on en vienne à décider sur les œuvres anciennes en faveur desquelles il y a une admiration traditionnelle, ce n’est que justice. […] La manière dont il eut l’idée de recueillir ces Contes achève de nous faire voir à l’œuvre cette aimable, facile et fertile nature. […] Qu’on ne vienne plus tant parler de grandes œuvres, de productions solennelles : le bon Perrault, pour avoir pris la plume et avoir écrit couramment sous la dictée de tous, et comme s’il eût été son jeune fils, est devenu ce que Boileau aspirait le plus à être, — immortel ! […] Ses Contes (on le reconnaît tout d’abord) ne sont pas de ceux qui sentent en rien l’œuvre individuelle.
La littérature, la production littéraire, n’est point pour moi distincte ou du moins séparable du reste de l’homme et de l’organisation ; je puis goûter une œuvre, mais il m’est difficile de la juger indépendamment de la connaissance de l’homme même ; et je dirais volontiers : tel arbre, tel fruit. […] Revenir à l’homme, l’œuvre à la main, est impossible dans la plupart des cas avec les véritables Anciens, avec ceux dont nous n’avons la statue qu’à demi brisée. On est donc réduit à commenter l’œuvre, à l’admirer, à rêver l’auteur et le poète à travers. […] Je définis le groupe, non pas l’assemblage fortuit et artificiel de gens d’esprit qui se concertent dans un but, mais l’association naturelle et comme spontanée de jeunes esprits et de jeunes talents, non pas précisément semblables et de la même famille, mais de la même volée et du même printemps, éclos sous le même astre, et qui se sentent nés, avec des variétés de goût et de vocation, pour une œuvre commune. […] Qui n’a connu un talent que tard et ne l’a apprécié que dans son plein ou dans ses œuvres dernières ; qui ne l’a vu jeune, à son premier moment d’éclat et d’essor, ne s’en fera jamais une parfaite et naturelle idée, la seule vivante.
Ceux qui admiraient son art et sa force sentaient pourtant quelques-uns de ses défauts, cette description trop continue, cette tension perpétuelle qui faisait que chaque objet venait saillir au premier plan et tirer le regard ; on aurait voulu aussi que, sans renoncer à aucune hardiesse, à aucun droit de l’artiste sincère, il purgeât son œuvre prochaine de tout soupçon d’érotisme et de combinaison trop maligne en ce genre : l’artiste a bien des droits, y compris celui même des nudités ; mais il est besoin qu’un certain sérieux, la passion, la franchise de l’intention et la force du vrai l’absolvent et l’autorisent. […] De pareilles questions théoriques sont insolubles, interminables : il n’y a rien de tel que des œuvres, — et non pas les anciennes, les froides ou refroidies, mais des œuvres présentes et palpitantes, — pour apporter dans le débat leur exemple sensible à tous, un succès décisif et triomphant. […] Flaubert une telle œuvre : le siècle a, depuis des années, besoin d’un grand artiste nouveau, il le réclame ; de désespoir il se montre parfois tout prêt à l’inventer. […] Feydeau un combat très-vif qui aurait dû, plus légitimement, s’engager autour d’une œuvre nouvelle de M.
Les femmes ont eu aussi une part considérable dans la création de la poésie provençale : bien plus encore que dans le Nord, elle fut leur œuvre, et reçut d’elles sa matière et son objet. […] Telle qu’elle devint trop vile, avec sa technique compliquée et sa froide insincérité, avec l’insuffisance esthétique de son élégance abstraite et de sa banale distinction, que réparait la nature d’une langue chaude et sonore, la poésie provençale n’en avait pas moins un grand prix : c’était la première fois, depuis les Romains, que la poésie était un art, que le poète concevait un idéal de perfection formelle, et se faisait une loi de la réaliser en son œuvre. […] Si l’on pouvait faire ici un examen détaillé des œuvres, on aurait à signaler quelque sincérité chez nos plus anciens poètes, et l’on distinguerait, avec M. […] Dans le lyrisme savant, en résumé, rien n’est populaire, ni fond, ni forme ; par le raffinement des pensées, par l’artifice des vers, ces œuvres procèdent d’une essentielle aversion pour le vulgaire naturel : au bon sens, elles substituent l’esprit, et se proposent le plaisir d’une élite d’initiés, non l’universelle intelligibilité. […] La tradition qui le fait amoureux de cette reine ne repose sur aucune donnée sérieuse. — Éditions : Dinaux, Trouvères, jongleurs et ménestrels du nord de la France et du midi de la Belgique, Valenciennes et Paris, 1837-63, 4 vol. in-8 ; Scheler, Trouvères belges, Bruxelles, 1879-1879, 2 vol. in-8 ; Tarbé, les Chansonniers de Champagne, Reims, 1850, in-8 ; Chansons de Thibaut IV, Reims, 1851, in-8 ; les Œuvres de Blondel de Nesles, Reims, 1862, in-8 ; Fath, Die lieder des Castellan von Coucy, Heidelberg, 1883, in-8 ; A.
Tout à son œuvre de reconstitution et de propagande, il constitue une bibliothèque d’occultisme. La librairie Chacornac réédite les textes anciens, publie des traductions françaises des vieux traités d’alchimie, remet en circulation les œuvres de Paracelse, d’Albert le Grand, de Roger Bacon, de Raymond Lulle, d’Arnauld de Villeneuve. […] * * * Dans le Serpent de la Genèse, œuvre divisée en trois septaines, Stanislas de Guaita étudie le drame de la chute originelle. […] « L’œuvre capitale de l’initiation, dit Guaita, se résume dans l’Art de devenir artificiellement un génie. » On peut, par elle, forcer l’inspiration et communiquer à son gré avec le grand Inconnu. […] Il n’a pas même obtenu la permission d’achever son œuvre, ni de faire ses révélations suprêmes.
M. de Lamartine lui-même n’avait pas été si bien accueilli de lord Byron que M. de Musset semble le croire : Byron, dans ses Mémoires, ne parle de cette belle épître sur L’Homme, des premières Méditations, que très à la légère et comme de l’œuvre d’un quidam qui a jugé à propos de le comparer au démon et de l’appeler chantre d’enfer. […] Toutes les quatre, elles forment dans leur ensemble une œuvre qu’un même sentiment anime et qui a ses harmonies, ses correspondances habilement ménagées. […] Mais le temps marche si vite de nos jours, qu’on peut, dès à présent, apercevoir ses effets divers sur des œuvres qui, à leur naissance, paraissaient également vivantes. Prenez, de ces œuvres, les plus saluées d’abord et les plus applaudies : combien de places déjà mortes, combien de couleurs déjà pâlies et passées ! […] Au théâtre, une situation heureuse, un dialogue fin, ne suffisent pas ; il faut de l’invention, de la fertilité, du développement, de l’action surtout, pour consommer, comme on l’a dit, cette œuvre du démon.
L’historien politique juge les hommes et les événements, l’historien des lettres ou des arts juge les œuvres, l’historien de la philosophie juge les systèmes. […] Ainsi se sont développées, d’abord sous forme de chapitres, par exemple dans les écrits de Voltaire, puis comme œuvres distinctes et séparées, l’histoire des institutions, l’histoire des mœurs, des controverses religieuses, des lettres, des arts, des sciences, enfin des systèmes de philosophie. […] Bouillier ; l’Introduction aux œuvres de Spinoza, d’Emile Saisset ; le Leibniz, de M. […] Willm38, et tant d’autres œuvres importantes que je ne puis citer, sans parler des traductions, des commentaires, des monographies surtout, dont la gloire revient à la Faculté des lettres de Paris, à laquelle on a reproché quelquefois de rester attardée dans les voies d’une érudition surannée, tandis qu’il n’est pas une des branches nouvelles de la critique qu’elle n’ait encouragée et récompensée dans les travaux du doctorat. […] Cette œuvre n’est pas impossible, puisqu’elle a été réalisée chez nos voisins.
Jules Lemaître Chacune de ses œuvres est un de ces rêves où l’on s’enferme et où l’on vit des mois et des ans, comme dans une tour enchantée… Il est le représentant distingué d’une génération d’esprits meilleure et plus saine que la nôtre. On ne sait si son œuvre nous intéresse plus par elle-même ou par les souvenirs qu’elle suscite ; mais le charme est réel.
Mais, pour bien apprécier son œuvre, quelques préliminaires sont indispensables. […] De retour, il se remit à l’œuvre. […] Ceci est l’œuvre de l’Esprit de Dieu, agissant par les doctrines de la Bible. […] Il parle de nous lier à Dieu, et tout le travail de son œuvre ne tend qu’à nous en délier. […] Bodin envisageait l’œuvre de Moïse comme une religion, plutôt que comme une législation.
Il n’y en a point encore qui ait frappé au but, et jamais on n’y frappera apparemment, tant sont grandes les profondeurs de Dieu dans les œuvres de la nature, aussi bien que dans celles de la grâce. […] Quand on a un style à soi, comme Montaigne, par exemple, qui certes est un grand esprit critique, on est plus soucieux de la pensée qu’on exprime et de la manière aiguisée dont on l’exprime, que de la pensée de l’auteur qu’on explique, qu’on développe, qu’on critique ; on a une préoccupation bien légitime de sa propre œuvre, qui se fait à travers l’œuvre de l’autre, et quelquefois à ses dépens. […] On a son œuvre propre derrière soi à l’horizon ; on ne perd jamais de vue ce clocher-là. […] Nous ne rappellerons pas plus de détails sur ce grand esprit : sa vie par Desimaizeaux et ses œuvres diverses sont là pour qui le voudra bien connaître. […] On en peut prendre un échantillon dans une de ses lettres (Œuvres diverses, t. 1, page 9, au bas de la seconde colonne.
Car il est justement l’œuvre de ce public nouveau que forment alors le nouveau régime et les nouvelles mœurs : je veux dire de l’aristocratie désœuvrée par la monarchie envahissante, des gens bien nés, bien élevés, qui, écartés de l’action, se rejettent vers la conversation et occupent leur loisir à goûter tous les plaisirs sérieux ou délicats de l’esprit348. […] Il les étire, il les entrelace, il les tisse ; mais, de son engrenage logique, il ne sort qu’un filigrane fragile ; on en peut louer l’élégant artifice, mais, dans la pratique, l’œuvre est d’usage petit, nul, ou dangereux. […] Non seulement il impose aux œuvres dramatiques un plan exact, une distribution régulière368, des proportions calculées, des coupures et des liaisons, une suite et un progrès, comme dans un morceau d’éloquence ; mais encore il n’y tolère que des discours parfaits. […] Nicole, Œuvres morales, second traité de la charité et de l’amour-propre, 142. […] Les œuvres de Milton contiennent environ 8 000 mots. « Shakespeare, chez qui la variété de l’expression est probablement plus grande que dans tout autre écrivain de quelque langue que ce soit, a composé toutes ses pièces avec 15 000 mots environ. » (Max Müller, Lectures on the science of language, I, 309.) — Il serait curieux d’établir en regard le compte si restreint du vocabulaire de Racine.
De là deux conséquences En premier lieu, la société ainsi construite est la seule juste ; car, à l’inverse de toutes les autres, elle n’est pas l’œuvre d’une tradition aveuglément subie, mais d’un contrat conclu entre égaux, examiné en pleine lumière et consenti en pleine liberté429. […] De là en lui un fonds persistant de brutalité, de férocité, d’instincts violents et destructeurs, auxquels s’ajoutent, s’il est Français, la gaieté, le rire, et le plus étrange besoin de gambader, de polissonner au milieu des dégâts qu’il fait ; on le verra à l’œuvre. — En second lieu, dès l’origine, sa condition l’a jeté nu et dépourvu sur une terre ingrate où la subsistance est difficile, où, sous peine de mort, il est tenu de faire des provisions et des épargnes. […] De là en lui un excès de sensibilité, des afflux soudains d’émotion, de transports contagieux, des courants de passion irrésistible, des épidémies de crédulité et de soupçon, bref l’enthousiasme et la panique, surtout s’il est Français, c’est-à-dire excitable et communicatif, aisément jeté hors de son assiette et prompt à recevoir les impulsions étrangères, dépourvu du lest naturel que le tempérament flegmatique et la concentration de la pensée solitaire entretiennent chez ses voisins Germains ou Latins ; on verra tout cela à l’œuvre […] Triomphe complet et derniers excès de la raison classique Comment elle devient une monomanie Pourquoi son œuvre n’est pas viable. […] Ce sera là l’œuvre finale et le triomphe complet de la raison classique.
En effet, tantôt les écrivains reproduisent dans leurs œuvres cette vie intime, le jeu compliqué des sentiments qu’elle suscite et les conflits de volontés qu’elle amène ; tantôt, comme nous l’avons vu déjà, opposant leur idéal à la réalité, ils travaillent à changer dans le sens de leurs prédilections les traditions consacrées par l’usage ou l’organisation sanctionnée par le Code. […] Il faut, pour la remplir aussi bien que possible, interroger les Mémoires, les lettres, les procès, les statistiques, et, au cours de ces investigations, on remarquera vite que les œuvres littéraires ont souvent agi, non seulement sur l’expression, mais aussi sur l’intensité ou même sur la nature des sentiments que les deux sexes ont l’un envers l’autre. […] Tout cela se reflète dans les œuvres contemporaines : car les femmes exercent toujours une triple action, comme partie intégrante du public comme auteurs, comme conseillères ou inspiratrices d’un frère, d’un mari, d’un amoureux, d’un ami. […] Je ne sais point si la ’tendresse maternelle a été plus vive de nos jours qu’autrefois ; je suis tenté de le croire, bien qu’elle ait été de tout temps passionnée ; mais, à coup sûr, l’art d’être père et grand-père n’a jamais été poussé plus loin qu’aujourd’hui, si cet art consiste à satisfaire les désirs et les caprices de la gent enfantine ; et, comme il est aisé de le voir, cette exaltation d’un sentiment naturel a leu aussitôt son contrecoup dans les œuvres de nos écrivains. […] Quand elle est en honneur dans une société, elle agit doublement sur les écrivains, d’une part, en les marquant eux-mêmes de son empreinte, d’autre part, en les déterminant à donner à leurs œuvres la teinte toute particulière qui peut plaire à un public soucieux de ces qualités familiales.
. — Œuvres posthumes, avec une notice de Remy de Gourmont et un portrait à l’eau-forte (1898). […] Oui, quand la perfection de la forme n’est que le résultat d’un pénible limage, d’une quête aveugle des raretés éparses dans les dictionnaires, d’un effort naïf à tirer, sur le vide d’une œuvre, un rideau constellé de fausses émeraudes et de rubis inanes.
Cancalon Connaissez-vous un poète contemporain en possession, je ne dis pas d’une doctrine, mais simplement d’une pensée directrice qui donne à son œuvre, avec l’impulsion vers un but élevé, l’unité et la cohérence ? […] Lucrèce que, par une affinité secrète, l’esprit se reporte le plus volontiers en lisant l’œuvre de M.
. — Œuvres complètes, 4 vol. (1845). […] Son petit poème intitulé : Élégies savoyardes, vendu au profit de l’œuvre des petits Savoyards… est encore populaire dans les écoles.
À chacun son œuvre et sa tache ! […] Voilà le seul fil par lequel seront reliées les comédies qui vont venir ; seulement il faut prévenir le lecteur que mademoiselle Mars n’est pas seulement dans les œuvres passées, elle se retrouvera dans les œuvres modernes, avec les poètes qui vont venir, Hélas ! […] Seulement les œuvres du génie ne sauraient mourir. […] Il tient à toutes les choses et à toutes les œuvres de la vie. […] Le Chevalier à la mode entre les œuvres de d’Ancourt est, à tout prendre, une vive et curieuse comédie.