. — Mettant à profit ce qu’il a vu en 1792, et écrivant, comme il le dit, non d’imagination, mais de mémoire, il rappelle les principes auxquels on ne revenait qu’avec lenteur, car les révolutions aussi ont vite leur routine ; il montre le nouveau pouvoir exécutif tel qu’on l’a conçu avec méfiance, incomplet, démembré, mutilé : Il était très bon sans doute d’ôter les forces à un mauvais gouvernement, disait-il, mais il est absurde de n’en pas donner à celui qu’on travaille à rendre bon. — Le Directoire exécutif, tel que le projet l’annonce, est un berceau, qu’on nous passe ce mot, un nid de factions ennemies ; et sa destinée serait de ressembler bientôt à tous les conseils de gouvernement que nous avons vus en France depuis trois ans, où Roland et Pache, Robespierre et Billaud se sont tour à tour arraché la puissance… Je n’entre pas dans le détail des voies et moyens, des remèdes plus ou moins efficaces qu’il proposait ; je ne fais qu’indiquer la ligne générale de Roederer en ces années. […] En même temps qu’il s’occupait de ces soins de gouvernement et de Constitution, il ne cessait, dans son Journal de Paris, de soigner l’opinion du dehors, de l’éclairer et de la diriger en faveur du nouveau régime, de calmer les craintes, d’encourager les espérances, de fomenter les bons désirs : Tous les matins l’abolition d’une mauvaise loi !
Ce ne sont pas les seules passions anarchiques qui renversent les trônes : cela ne s’est jamais vu ; ce sont ces mauvais sentiments s’appuyant sur de bons instincts. […] Le radicalisme s’appuie momentanément sur l’orgueil national blessé : cela lui donne une force qu’il n’avait point eue. » Il se range, dès ce moment, dans l’Opposition, dans une Opposition « non démagogique, mais cependant très-ferme » ; et la raison qu’il en donne, c’est que « l’on n’a quelque chance de maîtriser les mauvaises passions du peuple qu’en partageant celles qui sont bonnes. » Cette chance, il l’aura très-peu pour son compte et n’acquerra jamais aucun ascendant à distance.
Comment, par un retour de réflexion en arrière, ne lui arriva-t-il jamais de se dire que si la société et l’époque lui avaient paru si gâtées et si mauvaises, contemplées d’un premier point de vue, celui du catholicisme et de l’autorité, elles ne pouvaient être également mauvaises et gâtées au même degré, envisagées et reprises du point de vue opposé, celui du libre examen individuel et de la démocratie ?
… Aussi je vous bénis tous de l’amitié que vous me portez, et qui m’aide à subir ces blessures de l’âme… « Je comble de vœux et de bénédictions tous ceux qui dans le passé et dans le présent ont mis au moins tes chers jours et nuits à l’abri des mauvais hasards du sort. […] L’irritation patriotique contre notre nation que l’on confondait avec son gouvernement était extrême : c’était un mauvais signe, en arrivant dans une ville, que d’être Français.
On en ôte quantité de mots expressifs et pittoresques, tous ceux qui sont crus, gaulois ou naïfs, tous ceux qui sont locaux et provinciaux ou personnels et forgés, toutes les locutions familières et proverbiales356, nombre de tours familiers, brusques et francs, toutes les métaphores risquées et poignantes, presque toutes ces façons de parler inventées et primesautières qui, par leur éclair soudain, font jaillir dans l’imagination la forme colorée, exacte et complète des choses, mais dont la trop vive secousse choquerait les bienséances de la conversation polie. « Il ne faut qu’un mauvais mot, disait Vaugelas, pour faire mépriser une personne dans une compagnie », et, à la veille de la Révolution, un mauvais mot dénoncé par Mme de Luxembourg rejette encore un homme au rang des « espèces », parce que le bon langage est toujours une partie des bonnes façons Par ce grattage incessant la langue se réduit et se décolore : Vaugelas juge déjà qu’on a retranché la moitié des phrases et des mots d’Amyot357.
On sait comment Montaigne se comporte pendant la peste de Bordeaux : il n’affronte pas le « mauvais air ». […] Avec toutes ses grâces, il ne faut pas hésiter à dire que cette règle de vie est mauvaise et fausse.
Partout ailleurs, les prêtres qu’on a mis au théâtre ou dans le roman, se ramènent à deux types, l’un et l’autre de vérité très superficielle, sinon de pure convention : le mauvais prêtre aux allures de Tartufe, souvent incroyant, toujours hypocrite, tantôt cupide et tantôt débauché, le prêtre comme se le représentent deux cent mille électeurs à Paris, l’homme noir, et, pour tout dire en un mot, le jésuite ; et, d’autre part, le bon prêtre, charitable, tolérant, indulgent, bon vivant à l’occasion, volontiers libéral et républicain, bref, le curé de Béranger et du Dieu des bonnes gens. […] Le jour où l’évêque Jourfier prononce l’oraison funèbre de son grand-père, le conventionnel régicide et déiste, il fait acte d’honnête homme, mais de mauvais prêtre.
Le seul mauvais vouloir opposable, par qui — quelques lésés ? […] Ceux qui virent tout de mauvais œil estiment que du temps probablement vient d’être perdu.
Ce n’est pas la foi qui le pousse à étouffer ses désirs et à se mutiler, c’est, au contraire, l’écœurement du plaisir et le besoin de se « purifier dans l’air supérieur » qui le fera tout à l’heure retrouver les vestiges de la foi perdue et s’y cramponner avec l’énergie du désespoir : Je suis le plus méchant des mauvais serviteurs Ô Jésus, qui prêchais la sagesse aux docteurs ! […] Il juge la morale, simple affaire de convention, de mode, et de préjugé, nuisible surtout à l’œuvre d’art, ce qui ne l’empêche pas de condamner, en son nom, les « mauvaises mœurs » à travers les écrits de son temps.
On ne trouve pas mauvais que je ne leur parle pas allemand. […] En vérité, mon ami, n’est-il pas vrai que Dieu m’a joué un bien mauvais tour ?
Le drôle a hanté les cuisines de Rabelais et les mauvais lieux de Régnier, et il en rapporte les âcres fumets. […] On n’épouse pas après une telle malencontre ; madame de Rohan le fait comprendre à ce bandit, et celui-ci, pour se tirer du mauvais pas, s’avise d’insulter grossièrement la jeune fille qui échappe à sa convoitise.
Mais il ne cède qu’à des appétits égoïstes en persévérant dans sa mauvaise voie ; c’est pour jouir qu’il veut s’enrichir, c’est par vanité de viveur qu’il va faillir à l’honneur. […] » s’écrie la mère apprenant cette retraite de mauvais augure.
En août 1830, il y avait tant de générosité et de pitié dans l’air, un tel esprit de douceur et de civilisation flottait dans les masses, on se sentait le cœur si bien épanoui par l’approche d’un bel avenir, qu’il nous sembla que la peine de mort était abolie de droit, d’emblée, d’un consentement tacite et unanime, comme le reste des choses mauvaises qui nous avaient gênés. […] Le moindre attouchement de la logique dissout tous les mauvais raisonnements.
Les hommes méchants viennent des choses mauvaises. […] Sans doute, pour rendre ce que nous disons ici sensible par les faits, il est utile qu’un homme puissant ait marqué le temps d’arrêt entre l’écroulement du monde latin et l’éclosion du monde gothique ; il est utile qu’un autre homme puissant, venant après le premier comme l’habileté après l’audace, ait ébauché sous forme de monarchie catholique le futur groupe universel des nations, et les salutaires empiétements de l’Europe sur l’Afrique, l’Asie et l’Amérique ; mais il est plus utile encore d’avoir fait la Divine Comédie et Hamlet ; aucune mauvaise action n’est mêlée à ces chefs-d’œuvre ; il n’y a point là, à porter à la charge du civilisateur, un passif de peuples écrasés ; et, étant donnée, comme résultante, l’augmentation de l’esprit humain, Dante importe plus que Charlemagne, et Shakespeare importe plus que Charles-Quint.
VI, § 8], comme il fait l’unité intellectuelle et morale d’une nation ; mais sa puissance est bonne ou mauvaise selon les cas ; elle n’est bonne que s’il est un langage bien fait252, et un langage bien fait n’est tel que par une attention constante donnée aux idées qu’il exprime. […] Mais cette propriété s’affaiblit à la longue : de même qu’une mauvaise écriture est illisible pour son auteur au bout de quelques années, de même une formule inexacte ne garde pas longtemps le dépôt qui lui a été confié.
Tombons d’accord que l’on rencontre, dans cette épopée commencée en 1847 et publiée seulement en 1862, des blasphèmes qui ne sont pas de la première manière du poète, et de mauvais calembours qui furent de toute sa vie. […] Qu’on se rappelle le début du premier volume, le vol chez Mgr Myriel et le pardon de l’évêque, la lutte intérieure, chez Jean Valjean, entre l’instinct mauvais et la conscience qui s’éveille : quel est l’ouvrier, l’apprenti enfermé avec son livre, un soir de dimanche, qui ne comprendra pas cela ?
La nuit ne cache pas les actions mauvaises. […] Si quelqu’un chemine avec insolence en actes ou en discours, sans crainte de la justice, sans respect pour les autels des Dieux, que la mauvaise fortune le saisisse, pour prix de ses misérables joies !
Tu ne sais pas la mauvaise pensée qui me vient à l’instant !
Il est, je le sais, des paroles de mauvais augure qu’on n’aime pas à prononcer devant ce qui est vivant, et qu’on hésite presque à murmurer en présence de soi-même, fût-ce en pur rêve.
On voit que, dans une chose quelconque, son goût apathique le porte du côté où il y a le moins d’embarras, dût-il être le plus mauvais. » Et plus loin : « Les nouvelles de la Bavière sont en pis… On prétend que le roi évite même d’être instruit de ce qui se passe, et qu’il dit qu’il vaut encore mieux ne savoir rien que d’apprendre des choses désagréables.
C’est là tout un côté de la critique actuelle, de la mauvaise critique ; mais hors de celle-là, en face ou pêle-mêle, il y a la bonne, il y a celle des esprits justes, fins, peu enthousiastes, nourris d’études comparées, doués de plus ou moins de verve ou d’âme, et consentant à écrire leurs jugements à peu près dans la mesure où ils les sentent.
Mably a été immolé sans pitié aux pieds de Rousseau ; l’auteur l’a chargé, comme un bouc émissaire, de tout ce qu’il y avait eu de mauvaises idées spartiates et crétoises à la Convention, en réservant à Jean-Jacques toute l’influence salutaire et rien que la salutaire : « Mably a été plus qu’inutile ; il a été dangereux. » D’Holbach surtout se trouve outrageusement anéanti, pour que Diderot apparaisse plus pur, plus serein et plus dominant.
L’atmosphère dumpf m’enveloppait ; je la voyais, je la sentais ; c’était comme une couche, un quelque chose mauvais conducteur qui m’isolait du monde extérieur131.
Dumas est un moraliste visionnaire, qu’obsède et qu’enfièvre la décomposition sociale qui résulte de la mauvaise organisation de la famille.
Entre 1887 et 1891, traversant une crise physiquement maladive, il écrit les Soirs, les Débâcles, les Flambeaux noirs, « abrupte et puissante trilogie trahissant ce que les heures mauvaises lui ont enseigné de lui-même » : les Soirs, la peine du corps infirmé par la douleur ; les Débâcles, la détresse de l’âme que le mal envahit et révolte.
Il parle souvent de ses mauvaises études, et se réclame d’une adolescence de crétin quand les gens de la décadenèe l’invectivent « normalien ».
Ce qui valut à Mendès la protestation suivante de Gustave Kahn, parue dans la Plume (15 mai 1900) : « Souffrez qu’à votre accusation de mauvaise santé poétique, j’oppose un petit catalogue.
On connaît cet axiome qui, pour être exprimé en fort mauvais latin, n’en exprime pas moins une idée fort juste : Natura non facit sallus.
C’est d’abord qu’on a employé une mauvaise méthode : on a étudié cette influence du monde extérieur sur les grands hommes, qui sont des êtres d’exception, qui ont le plus souvent voyagé, quitté leur pays, qui, par conséquent, appartiennent à plusieurs milieux.
J’ai eu le courage, pourtant, de relire un livre du gauche et laborieux baron, celui qui m’avait laissé le moins mauvais souvenir.
Notre critique est la recherche et la contemplation du beau ; nous ne citerons que les belles choses : les mauvaises n’ont pas besoin d’être jetées à l’oubli, elles meurent d’elles-mêmes.
L’auteur du Marquis de Grignan n’a, lui, ni orgueil blessé, ni basse envie, ni ressentiment, ni mauvais sentiment quelconque contre la société de Louis XIV, contre cet ancien régime que tant de lâches historiens, qui l’ont fusillé et enterré, déterrent comme les bleus déterrèrent Charette, pour le refusiller encore !
À côté du théâtre, il y a les livres, les livres, dont le meilleur fait moins de bruit que la plus mauvaise de toutes les pièces, car c’est encore un des caractères de ce temps contre lesquels nous voulons réagir que la gloire facile du théâtre, que cette préoccupation des spectacles qui matérialisent tous, plus ou moins, la pensée des peuples.
Malgré l’extraordinaire grandeur des faits qui y sont retracés et dont l’intérêt vient d’eux-mêmes, il est, littérairement et de pensée, d’une pauvreté désolante, et les livres pauvres sont au-dessous des livres mauvais.
Il n’avait pas non plus l’humeur de Timon, et si, par hasard, il en avait eu le figuier, il ne l’aurait pas gardé pour qu’on s’y pendit, mais pour en faire manger les figues à la ronde, n’étant pas mauvais, au fond, ce vieux Gaulois de Cormenin, découvert tout à coup sans bile, sans âcreté et sans mordant, et qui serait même bonhomme, sans son envie d’être dévorant et déchirant par amour pur du pamphlet et de cette vieille petite enragée de rhétorique !
Cette femme, qui a écrit les pages de Lélia, dont quelques-unes ont de la splendeur, mais de la splendeur volontaire et laborieuse, écrit, dans ses lettres, où elle ne voit plus le public, comme la première venue qui aurait un langage bas et mauvais ton.
Mauvais mari comme le fut Byron, il n’eut pas beaucoup plus que Byron des mœurs réglées, ce sinistre… De cœur, de cette fidélité ordinaire aux âmes fortes, il fut moins vaillant que Pétrarque, et sa Béatrix a besoin d’être transfigurée dans ses chants pour n’être pas un enfantillage ou un mensonge.
Quoi de plus enfantin et de plus grossier que cette invention, qui ne peut être, pour être quelque chose, qu’une mauvaise plaisanterie exécutée avec une conscience et un sérieux sans égal par l’homme le moins gai, pour ne pas dire le plus sombre, par l’esprit le plus complètement et le plus férocement anglais, quoique Irlandais, qui ait jamais existé !
Saint-René Taillandier n’est pas le plus mauvais écrivain du groupe littéraire dont il fait partie, de ce groupe obscur, sans couleur, sans sonorité, de peu de nerf, qui s’en va laissant sa critique sur les écrits contemporains et qu’on pourrait appeler très bien « les colimaçons de la littérature », car ils portent aussi leur maison sur le dos et ils la traînent partout, comme les écrivains de la Revue des Deux-Mondes, qui ne sont jamais nulle part que des écrivains de la Revue des Deux-Mondes !
Cependant le mien a du goût… Je ne dis pas non, mais le titre est mauvais !
Mais il ne faut pas s’arrêter aux apparences : Montchrétien est moins équivoque et moins mauvais diable qu’on ne croirait d’abord. […] Et puis, comme il est à peu près aussi long d’analyser une mauvaise pièce qu’une bonne, tout se trouve ainsi sur le même plan. […] Dancourt et Le Sage se tiennent plus près de la réalité, et comme ils aiment aussi les vives couleurs et le franc comique, ils descendent aux mœurs plus basses ou plus mauvaises. […] Dégageons, en effet, les tristes pièces de La Chaussée de leur triple enveloppe de mauvais style, de sensibilité fausse et d’absurdité romanesque : qu’y trouvons-nous ? […] En tout cas, bonnes ou mauvaises, elles ont eu un mérite : la fécondité.
Mais la mauvaise heure est l’âge de transition. […] Dans l’histoire du développement social et philosophique de la France, le dix-huitième siècle a été ce mauvais moment. […] Si les Allemands en sourient, ils trouveront de plus une occasion facile de rendre à Benjamin Constant les épigrammes qu’il leur a décochées, en lisant les mauvais vers de son Wallstein. […] Une mauvaise éducation avait exagéré son caractère naturellement indocile, et c’est à ses fautes qu’il faut attribuer l’aversion qui s’établit entre son père et lui. […] Ces premières imitations du drame anglais ne produisirent même sous la plume d’un homme de talent, que de mauvaises tragédies.
Goethe était du nombre : il s’introduisit lui-même, fut assez bien accueilli, revint, subit des incartades, des épigrammes, des plaisanteries et de mauvais calembours. […] Sous de mauvais prétextes, on ne le paya pas. […] Un autre élément vient encore s’ajouter à leur mélange, un élément purement romantique, dans le plus mauvais sens du mot, c’est-à-dire artificiel, conventionnel et factice. […] Que Dieu me pardonne les mauvaises pensées et arrête la volonté ! […] Il se plairait assez, n’était le mauvais temps, qui le retient trop souvent dans sa tente.
Comme les civilisations antiques de la Grèce et de Rome323, comme les civilisations modernes de la Provence et d’Espagne, comme toutes les civilisations du Midi, elle porte en soi un vice irrémédiable, une mauvaise et fausse conception de l’homme ; les Allemands du seizième siècle, comme les Germains du quatrième siècle, en ont bien jugé ; avec leur simple bon sens, avec leur, honnêteté foncière, ils ont mis le doigt sur la plaie secrète. […] Veux-tu l’aimer, la soutenir, l’honorer, la garder dans la maladie et dans la santé… dans la bonne et la mauvaise fortune, dans la richesse et dans la pauvreté… et renonçant à toute autre, te garder à elle seule aussi longtemps que vous vivrez tous les deux352 ? […] Avec une santé mauvaise, attaqué par de grands maux de tête, par des douleurs d’entrailles, par la pleurésie, par la pierre, il faisait un travail énorme, voyageant, écrivant, prêchant, prononçant à soixante-sept ans deux sermons chaque dimanche, et le plus souvent se levant à deux heures du matin, été comme hiver, pour étudier. […] Toujours, de l’iniquité abstraite, il va à l’abus spécial ; car c’est l’abus qui crie et demande non un discoureur, mais un champion ; la théologie ne vient pour lui qu’en second lieu ; avant tout, la pratique ; la véritable offense contre Dieu, à ses yeux, c’est un mauvais acte ; le véritable service de Dieu, c’est la suppression des mauvais actes. […] On n’a pas eu le temps de se dire trois paroles dans les visites, qu’on est tout étonné de voir venir la collation, ou tout au moins quelques brocs de vin accompagnés d’une assiette de croûtes de pain hachées avec du poivre et du sel : fatal préparatif pour de mauvais buveurs.
Elle est idéaliste dans le mauvais sens du mot. […] Il est exact que les poètes n’ont pas, en tant que poètes, le droit d’être médiocres ; ils sont bons ou mauvais. […] Stapfer était un mauvais plaisant, si Adolphe Monod n’avait été précisément son parent. […] Mauclair y verrait probablement une mauvaise plaisanterie. […] Une pièce mal faite est une mauvaise pièce, j’entends une mauvaise pièce pour le spectateur.
Sa mauvaise santé l’avait engagé à changer sa manière d’être, et il avait suivi ce conseil. […] Et d’abord il était né dans les plus mauvais jours de la Révolution, au milieu du deuil de sa famille. […] Le mauvais état de sa santé et la suppression, par suite du licenciement de l’École Normale, d’un cours qu’il y faisait, lui permirent de s’y consacrer tout entier. […] Ils participent de la double nature de leurs aïeux, et, par nécessité d’origine, par tradition de famille, ils sont tout à la fois mystiques, blasés, rêveurs et mauvais sujets. […] Ce roman — il ne le nomme pas — est un bien plus mauvais livre que beaucoup d’autres.
Mais c’est par le style qu’ils pêchent le plus. « Dans Shakspeare, beaucoup de mots et encore plus de phrases sont à peine intelligibles, et de celles que nous entendons, quelques-unes sont contre la grammaire, d’autres grossières, et tout son style est tellement surchargé d’expressions figurées qu’il est aussi affecté qu’obscur699. » Ben Jonson lui-même a souvent de mauvaises constructions, des redondances, des barbarismes. « L’art de bien placer les mots pour la douceur de la prononciation a été inconnu jusqu’au moment où M. […] Quels spectateurs que des épicuriens grossiers incapables même de décence feinte, amateurs de volupté brutale, barbares dans leurs jeux, orduriers dans leurs paroles, dépourvus d’honneur, d’humanité, de politesse, et qui faisaient de la cour un mauvais lieu ! […] Mais, dans cette transformation, le bon périt, le mauvais reste. […] On pense, en écoutant ces sanglots terribles, aux vétérans de Tacite, qui, au sortir des marais de la Germanie, la poitrine cicatrisée, la tête blanchie, les membres roidis par le service, baisaient les mains de Drusus, et lui mettaient les doigts dans leurs gencives, pour lui faire sentir leurs dents usées, tombées, incapables de mâcher le mauvais pain qu’on leur jetait. « Debout, debout, — vous usez vos heures endormies — dans une indolence désespérée que vous appelez faussement philosophie. — Douze légions vous attendent et ont hâte de vous nommer leur chef. — À force de pénibles marches, en dépit de la chaleur et de la faim, — je les ai conduites patientes — depuis la frontière des Parthes jusqu’au Nil. — Cela vous fera bien de voir leurs faces brûlées du soleil, — leurs joues cicatrisées, leurs mains entamées ; il y a de la vertu en eux. — Ils vendront ces membres plus cher — que ces jolis soldats pomponnés là-bas ne voudront les acheter733. » — Et quand tout est perdu, quand les Égyptiens ont trahi, et qu’il ne s’agit plus que de bien finir : « Il reste encore — trois légions dans la ville. […] … Zimri769, — homme si divers qu’il semblait ne point être — un seul homme, mais l’abrégé de tout le genre humain. — Roide dans ses opinions, et toujours du mauvais côté, — étant toute chose par écarts, et jamais rien longtemps ; — vous le trouviez, dans le cours d’une lune révolue, — chimiste, ménétrier, homme d’État et bouffon, — puis tout aux femmes, à la peinture, aux vers, à la bouteille, — outre dix mille boutades qui mouraient en lui en naissant. — Heureux fou, qui pouvait employer toutes ses heures — à désirer ou à goûter quelque chose de nouveau !