Il n’y eut que le maître de la maison qui l’accueillit avec une indifférence voisine de la contrariété. […] Comme deux heures sonnaient, vingt-quatre coupés de maître vinrent l’un après l’autre abaisser leurs marchepied devant l’escalier de la rue Laffitte. […] À cette demande, le maître de la maison répondit par un sermon sur le funeste abus d’une substance malfaisante. […] Si le maître a la goutte, se plaindre de la sciatique ; et, lorsqu’il est enrhumé du cerveau, se procurer une fluxion de poitrine. […] Je passe la main à un maître du genre descriptif intelligent.
» Un maître avait dit : « Que l’esprit soit anathème ! […] Monsieur Brunetière, vous qui avez été nommé maître de conférences à l’École normale ! […] Imperturbable maître des cérémonies, il classe avec une tranquille audace les genres et les œuvres. […] Brunetière est peut-être aussi sûr de lui, mais il n’est pas aussi maître de son sujet, quand il s’aventure dans le moyen âge. […] Seulement le maître (je parle de celui qui est mort) avait l’esprit gai et l’humeur accommodante ; M.
Mais Rachmed est Usbeg et musulman : son maître est son ami. […] Ensuite, à l’égard de ses maîtres, une reconnaissance vraiment édifiante. […] Dautel, maître de danse, devint contrôleur des droits réunis. […] C’est qu’il a trouvé son maître, son ami, l’idéal de tout Français : un bon officier. […] Les poètes latins reconnurent pour leurs maîtres les versificateurs décadents du Musée.
Ces œuvres légères et fines de l’esprit français aiguisé à l’esprit latin ont en lui leur ancêtre et leur premier maître. […] Il l’a rendu capable de porter une pensée forte et de contenir un sentiment puissant et profond. — Étudions donc ces maîtres qui ont eu le bonheur et le mérite et la récompense des bons maîtres, à savoir d’avoir des élèves plus grands qu’eux. […] Page 75 : « Il la conduisit à Rouen voir son ancien maître. […] Un sonnet pareil vaut non pas un poème, mais un tableau de maître. […] On voit assez à quel maître en l’art des sonorités et des couleurs nous avons affaire, à la fois à un maître mosaïste et à un maître sonneur.
La nature d’esprit qui le rend rebelle à ses parents et à ses maîtres le raidit contre l’enseignement qu’on lui impose. […] Enfin ce Maître du réalisme a donné le plus noble, le plus continu spectacle d’idéalisme pratique. […] La trace des grands artistes étrangers, et des plus opposés au génie national, apparaît partout dans l’œuvre des maîtres et des disciples de cette école. […] … Les maîtres italiens, vous les dédaignez, je le sais, en votre qualité d’amateur de musique savante, mais avez-vous vécu dans le Midi ? […] Pourquoi voulez-vous qu’à force d’entendre les maîtres, un amateur n’arrive pas à sentir cette beauté-là, même sans connaître le contrepoint ?
D’autres que la musique des anciens maîtres ennuyait, et qui ont trouvé là pour leurs nerfs l’occasion de secousses plus fortes. […] John Inglesant se sentit dès lors attiré, par une sorte de fascination, vers ce nouveau maître. […] À l’École du Roi, à Cantorbéry, où il fit ses premières études, ses maîtres furent surtout frappés de la lenteur de son esprit. […] Son âme naturellement religieuse apprit de ce maître à chercher dans la beauté l’absolu dont elle avait soif. […] Personne de nous n’est maître de soi, personne ne sait ni ce qu’il est, ni pourquoi il fait ce qu’il fait.
Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus ? […] Elle ne voulut point se donner des maîtres. […] Le premier acte qu’il fait de sa nouvelle jurisdiction, est d’interdire ces nouveaux maîtres. […] Guignard, parlant de Henri III son maître. […] On est étonné du parti que ce maître tire des doigts.
La science y a son rôle, elle y a ses laboratoires et déjà ses maîtres et déjà sa tradition : Roger Bacon parle quelque part de son maître en expérience, un certain Pierre de Maricourt, dont on ne sait rien. Mais Pierre de Maricourt avait eu sans doute un maître lui aussi : la loi de constance intellectuelle exige qu’il n’y ait pas eu de lacune dans la conception philosophique du monde. […] Heureusement que les maîtres n’ont pas non plus beaucoup d’initiative ni beaucoup d’imagination. […] Et je ne parle pas seulement des maîtres dans l’école et dans la classe, je parle des maîtres dans la vie. […] Je crois bien qu’à la place de leurs maîtres, je ne les punirais pas du tout.
Homère fût leur maître en ceci comme en tout ; mais il n’alla pas beaucoup plus loin que ses imitateurs. […] C’est de Messala qu’on a dit : Il est ferme, intrépide, autant que si l’honneur Ou l’amour du pays excitais sa valeur ; Maître de son secret, et maître de lui-même, Impénétrable et calme en sa fureur extrême… Messala apprend à Titus que Tibérinus, son frère, livrera à Tarquin la porte Quirinale. […] Il n’appartient qu’au grand maître de les saisir, et aux connaisseurs de les bien apercevoir. […] Pour y parvenir, la grande règle proposée par Aristote et par tous les grands maîtres, est que le héros intéressant ne soit ni tout à fait bon, ni tout à fait méchant. […] Le bon goût et la raison ont proscrit du théâtre français ces scènes, où deux confidents seuls s’entretiennent des intérêts de leurs maîtres.
Je la revois, ma mère, en ces années, où retirée du monde, n’allant plus nulle part, le soir, elle s’était faite le tendre maître d’étude de mon frère. […] Parmi ces manuscrits se trouvent encore trois biographies de Tamerlan, qui tout en faisant, un jour, massacrer cent mille hommes, se fit enterrer aux pieds de son maître de philosophie. […] Et le commandant Brunet se promenait sur le pont, pendant son quart, quand il faisait signe de venir causer avec lui à un maître timonier, faisant son quart de l’autre côté du bord. Il était un rien en relations avec lui, parce que ce maître timonier était l’impresario des représentations théâtrales sur les bâtiments. […] Et certes, dans l’ouverture de mon esprit, et peut-être dans la formation de mon talent futur, elle a fait cent fois plus que les illustres maîtres, qu’on veut bien me donner.
On cite d’ordinaire ses deux maîtres de philosophie, célèbres pour le temps, Frey et Padet ; mais il serait plus essentiel de rappeler ce que Guy Patin, son ami de jeunesse, nous apprend. […] Naudé avoit été disciple d’un tel maître », et il conclut en citant ce vers expressif du Mantouan que tous les biographes devraient méditer : Qui viret in foliis venit a radicibus humor. […] Cardan, Pic de la Mirandole, Scaliger, ces colosses de science, ou mieux, pour parler comme notre auteur, ces preux de pédanterie, aussi merveilleux et plus vrais que ceux de la Table-Ronde, étaient donc les maîtres familiers de Naudé et les rudes jouteurs auxquels avait affaire incessamment son adolescence. […] Quelques écrivains, médiocrement penseurs, doués seulement d’une vive sagacité littéraire, ouvrirent dès l’abord une ère nouvelle pour l’expression ; le goût, qui implique le choix et l’exclusion, les poussa à se procurer l’élégance à tout prix et à rompre avec les richesses mêmes d’un passé dont ils n’auraient su se rendre maîtres. […] Sous ce couvert, il y défend chaudement et finement le cardinal son maître, et montre la sottise de tant de propos populaires qui se débitaient à son sujet ; puis, chemin faisant, il y parle de tout.
Ce n’étaient point des passions qu’il y cherchait, c’était du style ; il n’y a point eu d’adorateur plus dévoué de la forme ; il n’y a point eu de maître plus précoce de la forme. […] L’auteur, à contre-cœur, admirait les corrections tout bas, et tâchait tout haut d’en rabaisser l’importance, jusqu’à ce qu’enfin sa vanité, blessée de tant devoir à un si jeune homme et de rencontrer un maître dans un écolier, finit par le retirer d’un commerce où il profitait et souffrait trop. C’est que l’écolier, du premier coup, avait porté l’art plus loin que les maîtres. […] De tous les maîtres qui l’ont pratiquée en Angleterre, Pope est le plus savant. […] Quand Roland, devenu ministre, se présenta devant Louis XVI avec un habit uni et des souliers sans boucles, le maître des cérémonies leva les mains au ciel, pensant que tout était perdu.
Pendant dix ans il ne quitta plus le maître qu’il était venu chercher de Berlin à Weimar ; et, s’il y avait quelque exagération dans son apostolat, le motif en était sublime. […] Méphistophélès, le flatteur de Faust, fait naître les occasions, les tentations du mal, avec cette indifférence du boucher qui enchaîne l’agneau et qui l’égorge en paix pour l’offrir à son maître. […] Le maître du monde ne pouvait obtenir la couleur qu’il désirait ; il ne resta qu’un moyen, ce fut de faire retourner le vieil uniforme et de le porter ainsi. — Que dites-vous de cela ? […] N’est-ce pas touchant de voir le maître des rois réduit à porter un uniforme retourné ? […] Remercions ce fervent disciple, et adorons, sans espérer de jamais le revoir sur la terre, le divin maître du beau !
Il prit en haine les exercices du collège et particulièrement ceux auxquels ses maîtres attachaient le plus d’importance. […] Après de nouvelles déceptions et quelques démêlés avec ce nouveau maître, il obtint par son entremise le bénéfice de Laracor, dans le diocèse de Meath. […] Il s’attacha bientôt à la charmante élève dont il voyait croître l’intelligence et la beauté, et qui témoignait de jour en jour plus d’affection à son maître. […] On sent combien des ministres, si peu maîtres de la reine sur les questions générales, étaient impuissants sur les questions de personnes. […] Le charme qui avait entraîné Stella vers son maître, agit avec autant de force sur l’esprit élevé, sur le cœur aimant de Miss Vanhomrigh.
Le jeune homme disait : Parvenu à l’âge où les lois me rendaient maître de moi-même, mon cœur soupirait tout bas de l’être encore. […] Vous en êtes le maître, ô mon Dieu ! […] Maine de Biran, lequel, déjà connu par son Mémoire de l’Habitude, travaillait à se détacher avec originalité du point de vue de ses premiers maîtres. […] Ampère, au Collège de France, aborda la psychologie, peuvent seuls dire combien, dans sa description et son dénombrement des divers groupes de faits, l’intelligence humaine leur semblait tout autrement riche et peuplée que dans les distinctions de facultés, justes sans doute, mais nues et un peu stériles, de nos autres maîtres. […] Ampère, distrayaient aisément l’auditeur de l’ensemble du plan, que le maître oubliait aussi quelquefois, mais qu’il retrouvait tôt ou tard à travers ces détours.
« Ils étaient ensemble sur les remparts à regarder, en soupirant, le ciel de leurs yeux chargés de sommeil ; Médor, dans toutes les paroles qui lui échappaient, ne pouvait s’empêcher de se rappeler sans cesse son maître et son seigneur Dardinel d’Almonte, et de pleurer en pensant que ses restes allaient rester sans sépulture sur la terre. Se retournant vers son camarade : “Ô Cloridan, lui dit-il, je ne puis te dire combien le cœur me fend de ce que mon maître gît ainsi sur la terre nue, exposé à devenir la proie des loups et des corbeaux, lui qui fut toujours pour moi si tendre et si généreux : il me semble que, quand je donnerais ma vie pour préserver son corps de cet outrage, ce ne serait pas encore assez pour payer tout ce que je lui dois d’affection et de reconnaissance. […] Pendant que Médor cherche parmi les cadavres le corps de son maître, Cloridan se charge de lui ouvrir une large voie pour le retour à travers le camp ennemi. […] En parlant ainsi, Cloridan jette son fardeau à terre, pensant que Médor va en faire autant ; mais cet enfant, qui aimait son maître mort plus que sa vie, le recharge seul sur ses épaules. […] Le pèlerin se mit aussitôt à jouer plusieurs airs différents, et le petit chien, ajustant ses sauts à la mesure, exécuta des danses variées de tous les pays, et parut obéir à son maître avec tant d’intelligence que tous ceux qui le regardaient ne prenaient pas le temps de cligner les yeux et osaient à peine respirer.
L’Italie tout entière indépendante est une belle aspiration de l’Europe ; l’Italie annexée par force à des Sardes, à des Niçards, à des Piémontais, à des Allobroges, ne serait qu’un changement de servitude ; un roi proclamé sous le canon d’un conquérant n’est pas un roi, mais un maître ; les véritables souverainetés nationales sortent du sol et non du canon ; un cri de victoire n’est pas une élection de la liberté, c’est l’élection de la force. […] Porte-t-on l’ingratitude au point d’outrager un maître qu’on devrait au moins respecter, quand même on n’aurait pas trop été capable de comprendre ses leçons ! […] « On peut s’en convaincre par cette quantité de maximes philosophiques dont mes harangues sont remplies ; par mes intimes liaisons avec les plus savants hommes, qui m’ont toujours fait l’honneur de se rassembler chez moi ; par les grands maîtres qui m’ont formé, les illustres Diodotus, Philon, Antiochus, Posidonius. […] Pour celles que la terre produit, nous en sommes absolument les maîtres. […] Caton montre à ses jeunes amis que toutes les grandes âmes ont pressenti l’immortalité, et n’ont vu la véritable vie qu’au-delà du tombeau. » Il rappelle les arguments des philosophes socratiques, et toutes les meilleures preuves qui, dans les temps anciens, s’étaient offertes à la raison pour établir la sublime vérité enseignée par Platon et par son divin maître.
Le maître est dans l’embarras ; son travers gâte à chaque instant ses affaires ; qui réparera le mal et renouera la pièce qui va finir ? C’est Mascarille, c’est ce maître fourbe, dont la tête est remplie de tous les tours de ses devanciers d’Italie, sans compter ceux qu’il a appris de Molière. […] Si la race en est perdue, il est tels maîtres aujourd’hui qui la ressusciteraient. En cherchant bien autour de certains fils de famille qui se sont ruinés galamment, et qui vivent sur le bien des autres, toujours courant à la suite d’une maîtresse ou devant un créancier, vous trouveriez quelque Mascarille, vicieux comme son maître, larron pour vivre, attaché pourtant, non par dévouement, mais parce qu’il n’y a pas d’hommes plus près d’être des égaux qu’un libertin et son valet. […] Quand le plus habile copiste en a reproduit la forme, le modelé, la couleur, il croit nous avoir donné l’original ; nous n’en avons que le calque ; la vie est restée sur la toile du maître où une main légère a imprimé une pensée impérissable.
Cent quatre-vingts dîneurs dans une salle à manger, en forme de galerie d’Apollon, et au-dessous de la porte d’entrée, est attachée une immense palette, censée représenter la palette du maître coloriste des marmitons. […] Il me semble vivre, un moment, dans les fonds fauves d’une de ces vieilles toiles, dont les maîtres vénitiens entourent un couple d’amoureux, pâlement enfiévrés, et aux lèvres, aux regards de sang. […] Au matin, l’impression est navrante dans la sereine indifférence de la nature, et le joyeux éveil de toutes les bêtes de la maison, qu’il aimait tant : les oies, les canards, les poules, la chèvre, et quand je descends prendre une tasse de café dans la salle à manger, son joli petit chat blanc vient prendre position sur le collet de ma jaquette, ainsi qu’il avait l’habitude de le faire, pendant le déjeuner de son maître. […] À l’heure présente, les jeunes gens du monde chic, apprennent d’un maître d’écriture ad hoc, l’écriture de la dernière heure, une écriture dépouillée de toute personnalité, et qui a l’air d’un chapelet d’m. […] Les préparatifs connus, terminés, le condamné lisait une poésie, dans laquelle il disait avoir commencé à délivrer le peuple de son fléau, puis il tendit la main, prit le petit sabre, l’enveloppa de papier jusqu’à un pouce de l’extrémité de la lame, et seulement lorsqu’il se fut véritablement ouvert le ventre, dit à son maître d’escrime, qu’il avait choisi pour exécuteur : « Allez, maintenant !
Jamais plus illustre maître n’eut de plus dignes disciples. […] Il fit donc pour la province le Docteur amoureux, les Trois Docteurs rivaux, le Maître d’école : ouvrages dont il ne reste que le titre. […] Il eût été plus honorable pour la nation, de n’avoir pas besoin des décisions de son maître pour bien juger. […] Il y a très peu de défauts contre la langue, parce que lorsqu’on écrit en prose, on est bien plus maître de son style ; et parce que Molière ayant à critiquer le langage des beaux esprits du temps, châtia le sien davantage. […] Cette pièce le fit connaître plus particulièrement de la cour et du maître ; et lorsque, quelque temps après, Molière donna cette pièce à Saint-Germain, le roi lui ordonna d’y ajouter la scène du chasseur.
Aussi, quoi qu’il fasse, il est toujours composé, maître de soi. […] Aussi ses moeurs sont-elles jalouses et violentes ; il est « incivil, peu galant, turbulent, toujours en noise avec les autres. » Quand la perdrix est mise dans la basse-cour, « malgré le sexe et l’hospitalité », il a peu de respect « pour la dame étrangère. » Il est orgueilleux, brutal, « fort souvent en furie, et la pauvrette reçoit d’horribles coups de bec. »125 S’il donne aux poules les grains et les vermisseaux qu’il déterre, c’est qu’il est leur maître. […] Il se couche pour se rouler toutes les fois qu’il le peut, et semble par là reprocher à son maître le peu de soin qu’il prend de lui. »137 Il est fort beau d’être humain, et il est clair que, si cette page tombait entre les mains d’un ânier, elle l’attendrirait en faveur de sa bête. […] « Ces plaines immenses de blé où se promène de grand matin le maître, et où l’alouette cache son nid ; ces bruyères et ces buissons où fourmille un petit monde ; ces jolies garennes dont les hôtes étourdis font la cour à l’aurore dans la rosée, et parfument de thym leur banquet, c’est la Bauce, la Sologne, la Champagne, la Picardie ; j’en reconnais les fermes avec leurs mares, avec les basses-cours et les colombiers. » (Sainte-Beuve.) […] Enfin il répondit : Ami, je te conseille D’attendre que ton maître ait fini son sommeil.
On le sent protecteur et on le veut maître. […] Sa vie et son œuvre ne sont qu’une continuation, un agrandissement de la vie et de l’œuvre de Jean Lebel, chanoine de Liège, chroniqueur curieux et divertissant au service de son seigneur Jean de Hainaut101 : jamais Froissart n’ajouta rien à l’idée que son compatriote et maître lui donna de la manière de composer sa vie et son histoire. […] Il y a encore de la gaucherie, de l’inégalité dans sa démarche : mais il suffit de lire dans son unique plaidoyer la vive et dramatique narration de la procession des écoliers bousculés par les gens du sire de Savoisy, pour reconnaître qu’en nommant Cicéron, il indique son maître et son modèle. […] Biographie : Eustache, dit Des Champs, d’un bien qu’il possédait, et Morel, pour son teint noir, né entre 1338 et 1349, mort avant le 1er sept. 1415 : étudiant en droit à Orléans (depuis 1360), messager de Charles V (1367-1373) , huissier d’armes (1372), bailli de Valois, maître des eaux et forêts de Villers-Cotterets, marié vers 1373, châtelain de Fismes sous Charles VI, bailli de Senlis (1389) ; il perd sa place d’huissier d’armes en 1395, et est remplacé dans son baillage en 1404. […] Normand, étudiant à Navarre et maître de théologie (1348-1356), grand maître de Navarre et professeur en théologie (1356-1361), doyen de l’église de Rouen (1361-1377), évêque de Lisieux (1377), meurt en 1382.
Le maître, qui l’a fait construire au gré de son goût bizarre, n’a pas voulu y réunir les plantes précieuses, les fleurs qui réjouissent les sens par l’odorat et l’esprit par les yeux, les feuillages d’une douce et argentine verdure, les belles palmes, les grands éventails, les longues bannières flottantes, et les panaches inclinés de la végétation des Antilles. […] Le maître du lieu a réalisé un Éden de l’enfer. […] Théophile Gautier pour son maître, est de cette École qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] Mais regardez d’un peu près les œuvres de ces habiles peintres, appliquez-leur la méthode de jugement qui résulte de l’étude des maîtres, et vous découvrirez qu’ils n’ont ni unité, ni science, ni sincérité, ni idéal, ni bonne foi, ni art de composition, rien, en un mot, de ce qui constitue, non pas le grand peintre, mais le peintre. […] De sorte qu’à force d’exprimer ses propres sentiments avec le langage des maîtres, on arrive à penser à leurs frais et finalement à ne plus penser du tout.
Le dernier venu était maître des eaux et forêts et s’était même, par parenthèse, intitulé « écuyer » dans certains actes publics. […] Nous avons en tout une phrase de l’abbé d’Olivet sur les études de La Fontaine. « Il étudia, dit l’abbé d’Olivet qui est un témoin assez sûr, car il ne vécut pas bien longtemps après La Fontaine, il a pu le connaître ou, tout au moins, il a pu connaître ses amis il étudia, nous dit donc l’abbé d’Olivet, sous des maîtres de campagne, qui ne lui apprirent rien que le latin. » Ces maîtres de campagne doivent être évidemment les professeurs du collège de Château-Thierry. […] Il attendait tout simplement la succession de son père comme maître des eaux et forêts. […] Or, Chapelain était, à cette époque-là, une espèce de surintendant des lettres, il était tout à fait officiellement à la tête de la République des lettres, il était le chef des grands conseils de la littérature, il était le maître des pensions, etc.
Vous êtes ceux-là mêmes qui, dès demain, aurez pour office et ministère spécial de veiller à la tradition, à la transmission des belles-lettres classiques et humaines, de les interpréter continuellement à chaque génération nouvelle de la jeunesse ; je me vois chargé, pour ma part, — avec une bienveillance qui m’honore et dont je rends grâce à qui de droit, — sous les yeux d’un directeur ami70, — à côté de tant d’excellents maîtres dont on voudrait avoir été, ou dont on aimerait à devenir le disciple, — je me vois, dis-je, chargé de vous préparer à ces dignes et sérieuses fonctions. […] Descendants des Romains, ou du moins enfants d’adoption de la race latine, cette race initiée elle-même au culte du beau par les Grecs, nous avons à embrasser, à comprendre, à ne jamais déserter l’héritage de ces maîtres et de ces pères illustres, héritage qui, depuis Homère jusqu’au dernier des classiques d’hier (s’il y a eu hier un classique71), forme le plus clair et le plus solide de notre fonds intellectuel. […] Sans doute Isocrate, en son célèbre Panégyrique, avait raison de dire à sa date, à la veille d’Alexandre : « Notre ville a laissé si loin derrière elle, en pensée et en éloquence, les autres hommes, que ses élèves sont devenus les maîtres des autres, et elle a fait si bien que le nom de Grecs ne semble plus être la désignation d’une race, mais celle de l’intelligence même, et qu’on appelle Grecs ceux qui ont part plutôt encore à notre culture qu’à notre nature. » Périclès, avec plus d’autorité, disait la même chose dans cet admirable panégyrique d’Athènes qu’il fit magnifiquement entrer au cœur de son éloge funèbre des guerriers morts pour la patrie. […] [NdA] Je choisis, entre mes leçons à l’École normale où j’ai eu l’honneur d’être maître de conférences pendant quatre années (1857-1861), celle dont le sujet est le plus général, et qui est la plus propre, en effet, à montrer comment j’entendais mon devoir de professeur, très distinct du rôle de critique ; le critique s’inquiétant avant tout, comme je l’ai dit, de chercher le nouveau et de découvrir le talent, le professeur de maintenir la tradition et de conserver le goût.
Ses maîtres à l’école ne savaient comment le maintenir tranquille sur son banc, et on ne trouva un jour d’autre moyen que de lui attacher avec une corde à la ceinture un poids de tournebroche. […] Il commença de s’appliquer au latin, mais bientôt les événements de la Révolution le privèrent de maîtres ; il était à peine capable de sixième ; son frère, un peu plus avancé que lui, le guida pendant quelques mois et le mit presque tout de suite aux Annales de Tive-Live. […] Parti pour l’Angleterre au dépourvu, il y manqua de ressources, et, sans l’aide de l’abbé Carron, également réfugié, avec lequel il lia connaissance, il n’aurait pu réussir à entrer comme maître d’étude dans une institution où il se présenta. […] Tous les deux en effet complètent, couronnent leur illustre maître, et, par une sorte de dédoublement heureux, nous présentent chacun une de ses moitiés agrandie et plus en lumière.
La Faculté, rangée autour du lit, fit place, en se mettant en haie, au maître apothicaire, qui arrivait la canule à la main, suivi du garçon apothicaire qui portait respectueusement le corps de la seringue, et du garçon de la chambre qui portait la lumière destinée naturellement à éclairer la scène. […] Forgeot (c’est le nom du maître apothicaire), placé avantageusement, allait poser et mettre en place la canule, quand tout à coup le garçon de la chambre, voyant que la lumière qu’il porte donne en plein sur le derrière royal, et imaginant apparemment que son effet peut être dangereux pour la santé ou au moins la commodité de Sa Majesté, arrache avec précipitation de dessous le bras d’un médecin un chapeau, et le place entre la bougie et le lieu où M. […] s’il les fallait pour sauver la vie du roi, je vous dirais : Mon ami, coupez-les-moi tous les deux ; c’est un si bon maître ! » Il est bon de remarquer, en passant, que ce si bon maître, que ce pauvre M. de Bouillon aimait tant, ne lui parlait jamais, disait toujours que c’était une triste et plate espèce, et lui avait, trois ou quatre ans auparavant, fait défendre, à la réquisition de son père, de paraître à la Cour, après en avoir dit tout le mal que l’on peut dire de quelqu’un.
Celui d’un maître valet s’est accru de 70 pour 100 ; celui d’un vigneron de 125 pour 100. […] Le paysan est trop pauvre pour devenir entrepreneur de culture ; il n’a point de capital agricole640. « Le propriétaire qui veut faire valoir sa terre ne trouve pour la cultiver que des malheureux qui n’ont que leurs bras ; il est obligé de faire à ses frais toutes les avances de la culture, bestiaux, instruments et semences, d’avancer même à ce métayer de quoi le nourrir jusqu’à la première récolte. » — « À Vatan, par exemple, dans le Berry, presque tous les ans les métayers empruntent du pain au propriétaire, afin de pouvoir attendre la moisson. » — « Il est très rare d’en trouver qui ne s’endettent pas envers leur maître d’au moins cent livres par an. » Plusieurs fois, celui-ci leur propose de leur laisser toute la récolte, à condition qu’ils ne lui demanderont rien de toute l’année ; « ces misérables » ont refusé ; livrés à eux seuls, ils ne seraient pas sûrs de vivre En Limousin et en Angoumois, leur pauvreté est telle641, « qu’ils n’ont pas, déduction faite des charges qu’ils supportent, plus de vingt-cinq à trente livres à dépenser par an et par personne, je ne dis pas en argent, mais en comptant tout ce qu’ils consomment en nature sur ce qu’ils ont récolté. Souvent ils ont moins, et, lorsqu’ils ne peuvent absolument subsister, le maître est obligé d’y suppléer… Le métayer est toujours réduit à ce qu’il faut absolument pour ne pas mourir de faim » Quant au petit propriétaire, au villageois qui laboure lui-même son propre champ, sa condition n’est guère meilleure […] Le paysan, qui a graissé la patte du régisseur, se trouve là avec son magot. « Mauvaise terre, Monseigneur, et qui vous coûte plus qu’elle ne vous rapporte. » Il s’agit d’un lopin isolé, d’un bout de champ ou de pré, parfois d’une ferme dont le fermier ne paye plus, plus souvent d’une métairie dont les métayers besogneux et paresseux tombent chaque année à la charge du maître.
« Et il s’en allait, dit la Bible, l’invoquant de loin par derrière et disant : “Mon maître mon roi ! mon maître et mon roi ! […] David, apprenant sa mort, demanda par ses envoyés Abigaïl pour épouse : « Laquelle, se levant, dit le verset, se prosterne à terre, adore Jéhova et dit : “Voici votre servante ; que je sois comme une servante pour laver les pieds des serviteurs de mon maître ! […] On voit que sa seule pensée est de fléchir son maître à force de preuves de fidélité.
Par une de ces méprises dont le moyen âge est coutumier, le libertin Ovide devint le maître de l’amour courtois. […] À certaines comparaisons, du reste, toutes fraîches et prises en pleine nature, on devine que les sens de ce maître ès arts de l’amour conventionnel se sont ouverts aux impressions du inonde extérieur. […] Ce bourgeois rangé, prudent, pieux, en veut aux mendiants de leur vie quémandeuse et fainéante, de leurs richesses acquises sans travail ; il leur eu veut de se substituer aux séculiers, de prêcher, de confesser et d’absoudre dans les paroisses, au nez des curés désertés et affamés ; et ses rancunes d’écolier irritant ses haines de bourgeois, il leur en veut de leur intrusion dans les chaires de l’Université, de la défaite et de l’exil de Guillaume de Saint-Amour ; il prend à celui-ci, qui peut-être avait été son maître, des chapitres entiers, notamment du livre des Périls des derniers temps, et les tourne en vers français à la confusion de l’ordre de Saint-Dominique et de tous ces nouveaux frères dont l’oisiveté et l’hypocrisie menacent de perdre la Sainte Église. […] Fatigués de la barbarie primitive, où la lutte de tous contre tous est l’état naturel, où chacun ne prend et ne garde que selon sa force actuelle, les hommes ont constitué l’État, le pouvoir civil, gardien de la propriété et de la justice ; le roi n’est leur maître que pour leur service et leur sûreté : c’est le gendarme de Taine : Un grand vilain entre eux élurent Le plus ossu de tant qu’ils furent, Le plus corsu et le plus grand : Si le firent prince et seigneur.
La Farce de maître. […] Qu’on lui parle de lui, et contre ceux par qui il croit souffrir : il entend volontiers mépriser les nobles et les prêtres, et tous ses maîtres. […] Mais c’est dans la peinture que ce travestissement a toute sa grâce : et nos bavards mystères ne nous offrent rien qui ne soit cent fois plus charmant dans les tableaux des vieux maîtres allemands ou hollandais. […] Dans la Cornette, un vieux mari cajolé, berné, prévenu par sa femme, n’entend pas le mal que ses neveux viennent lui en dire, et, grâce à un stratagème de la rusée coquine, prend pour railleries sur sa cornette toutes les vérités qu’ils lui content de sa moitié ; dans le Cuvier, un faible mari, opprimé par sa femme et sa belle-mère, a accepté de faire le ménage, la lessive, balayer, cuire le pain, soigner le marmot, etc. ; mais une bonne occasion s’offre de s’insurger sans péril, et de redevenir maître chez lui du consentement de sa femme.
On les exerce, en septembre, au maniement des armes à feu et aux manœuvres de la tactique des Grecs ; on les fait dormir sur l’herbe, « à l’ombre des forêts. » Les maîtres des Écoles de la patrie ne prennent pas la qualification de maîtres ni de docteurs, comme dure et orgueilleuse ; leurs noms, tirés du grec, signifient les amis de l’enfance, les pères de la patrie. […] Rousseau n’avait pas imité du maître le scandale de la contradiction entre sa vie et ses écrits. […] Je pris le feuillet avec émotion, pensant y trouver le secret de ce travail supérieur qui, sous la plume des maîtres, amène les choses à la clarté, à la justesse éloquente, à l’accent.
Chevrier dans la Revue indépendante (nºs d’août 1884 et de février 1885) réclame la liberté de la chair comme corollaire de la liberté de conscience et propose que tout être humain soit maître souverain de son être et de son corps comme de sa pensée, que le goût de l’individu soit la seule loi de ses passions et décrète que la morale, définie règle des mœurs, est une atteinte à la liberté. […] » « Quand serai-je enfin maître et dieu de mon haleine ? […] Il a pris, de ses maîtres, le goût des spéculations hardies. […] Lisez les notes qu’il a publiées sous le pseudonyme de Tristan Noël, vous y trouverez une conscience tourmentée, des sentiments confus et troubles, tout le désarroi romantique, et ce subjectivisme aigu qui est tout l’opposé de l’enseignement des Maîtres.
Le cheval a un nom ; celui de Roland s’appelle Veillantif : celui de Renaud, le fameux Bayard, est un cheval-fée qui fait des bonds de quinze pieds et révèle à son maître les embuscades dressées contre lui. […] Alzire résiste,, il est vrai, mais elle veut se tuer pour se dérober à celui qui est devenu son époux et son maître, pour rejoindre au moins dans la tombe l’amant qu’elle a perdu. […] Parfois tout un parti, toute une école, toute une secte crie son admiration pour une œuvre ou un écrivain ; quand des gens se proclament calvinistes, byroniens, stendhaliens, tolstoïstes, que sais-je encore, ils avertissent qu’on doit chercher sur eux l’empreinte d’un maître ; et de fait, dans leur conduite et leur pensée, si l’on connaît bien ce maître, on retrouve aisément les traces de l’ascendant qu’ils ont subi.
Le roi la remarquait, lui envoyait galamment de son gibier ; puis, le soir, quelque valet de chambre, parent de la famille, insinuait au maître tous les détails désirables et offrait ses services à bonne fin. […] Les jeunes courtisans, les ambitieux qui l’entouraient, voyaient avec dépit se perpétuer cette tutelle du cardinal et cette insipide enfance, ce rôle d’écolier d’un roi qui avait déjà plus de trente ans : ils comprirent qu’il n’y avait qu’une seule manière de l’émanciper et de le rendre maître, c’était de lui donner une maîtresse. […] Mme de Pompadour voulut voir ce fils du maître, trouva moyen de se le faire amener à Bellevue où elle avait sa fille, et, conduisant le roi dans une figuerie où étaient, comme par hasard, les deux enfants, elle lui dit en les montrant tous deux : « Ce serait un beau couple. » Le roi resta froid et donna peu dans cette idée. […] Tous les maîtres de l’école française d’alors tirent le portrait de Mme de Pompadour : on a celui de Boucher, celui de Drouais que Grimm préférait à tous ; mais le plus admirable est certainement le pastel de La Tour, que possède le Musée.
C’était un valet du bourreau, chassé par son maître, qui, pour se venger, lui avait fait cette malice. […] N’est-il pas vrai que, tandis qu’il écrit, sous sa table, dans l’ombre, il a probablement le bourreau accroupi à ses pieds, et qu’il arrête de temps en temps sa plume pour lui dire, comme le maître à son chien : — Paix là ! […] vous dédommagez le maître, et vous n’indemnisez pas la famille ! […] N’est-il pas, à un titre bien autrement sacré que l’esclave vis-à-vis du maître, la propriété de son père, le bien de sa femme, la chose de ses enfants ?
Le pouvoir arbitraire n’est pas plus légitime dans le peuple que dans le prince, et au-dessus de la volonté du maître, quel qu’il soit, principe de la tyrannie, il faut placer la raison et le droit, principes de la liberté. […] On me dit que j’obéis à mon médecin : oui, mais je le choisis et j’en puis prendre un autre ; il n’est pas mon maître, je ne suis pas son sujet. Dans l’ordre naturel, nul homme n’est le maître d’un autre homme, quelque supériorité qu’il ait sur lui. […] Si elle parvient à se persuader de ces vérités et à se corriger de ses principaux vices, elle devra de la reconnaissance à M. de Tocqueville comme à l’un de ces maîtres sévères que l’on maudit dans l’enfance et qu’on honore avec gratitude à l’âge de l’expérience et de la maturité.
Le fils du maître voleur — Les fourberies de M. […] Les hommes doués d’une force extrême ou d’une faculté extraordinaire. — Voir les 6 géants Môssi et leur mère — A la recherche de son pareil — Le maître chasseur et ses 2 compagnons — Amatelenga — Hâbleurs bambara, etc. […] Les marques signalétiques faites à la maison d’un voleur pour la reconnaître et effacées par l’intéressé se rencontrent aussi bien dans Le fils du maître voleur que dans Ali Baba et dans le conte d’Andersen : Das blaue Licht. […] Le fils du maître voleur — Les fourberies de MBaye Poullo Kalon Ntyi.
» Tel devait être, ce semble, à l’origine du genre humain, à l’envoi de ce spectateur et de ce maître sur la terre, le premier élan de la poésie : elle remontait à Dieu et lui présentait l’offrande du monde. […] Quatre mille chanteurs ou musiciens de l’ordre des lévites, rangés en vingt-quatre classes sous des maîtres nombreux, et attachés tour à tour pendant une semaine au service du temple, prenaient part à la célébration des hymnes sacrés. […] Jéhovah, le Dieu fort et puissant ; Jéhovah, le maître de la guerre. […] Jéhovah, le maître de la guerre ; c’est lui, le roi de gloire. » Une des conditions du sublime, la brièveté, anime ce chant.
Mais cette poésie, il faut un maître pour l’extraire de là, belle, vivante et vraie tout à la fois ; sans quoi vous aurez ou bien une Estelle à liserés, qui ne rappelle que romances et fadeurs, ou bien une vilaine créature, qui ne remue que d’ignobles souvenirs. […] Je ne suis moi, qu’un Genevois, et l’harmonie, la noblesse, la propriété ornée, la riche simplicité des grands maîtres de la langue, pour autant que je sais l’apprécier, me transporte de respect, d’admiration et de plaisir. […] [NdA] Ce n’est pas sans dessein que j’indique la littérature grecque, car Töpffer était helléniste ; il a même donné une édition des Harangues de Démosthène, et il se souvient évidemment du grec dans cette phrase de ses Voyages en zigzag, par exemple : C’est là mieux qu’ailleurs (dans une excursion en commun du maître avec ses élèves) qu’il dépend de lui, s’il veut bien profiter amicalement des événements, des impressions, des spectacles et des vicissitudes, de fonder de saines notions dans les esprits, de fortifier dans les cœurs les sentiments aimables et bons, tout comme d’y combattre, d’y ruiner à l’improviste, et sur le rasoir de l’occasion, tel penchant disgracieux ou mauvais.
Fauriel, l’ancien ami et l’admirateur de Cabanis, devint pourtant le maître et l’un des guides exacts d’Ozanam : c’est que l’amour de la science et d’une science vraie, cette autre religion sincère, les unissait et les rapprochait étroitement par l’inspiration comme dans les résultats. […] Ses animosités, ses rancunes personnelles et ses haines, ses indignations patriotiques et généreuses, ses tendres souvenirs des amis, des maîtres et des compagnons regrettés et pleurés, il y introduisit successivement tout cela par une suite d’épisodes coupés et courts, la plupart brusquement saillants avec des sous-entendus sombres, et il était permis à ceux qui restaient en chemin dans la lecture et qui ne la poussaient point au-delà d’un certain terme, de ne pas apercevoir dans l’éloignement la figure rayonnante de Béatrix et de ne pas lui faire la part principale et souveraine qui lui revient. […] C’est dans de tels passages que Dante justifie complètement le mot de Manzoni, qui dit de lui que, pour la langue italienne, il n’a pas été seulement le maître de la colère, mais celui du sourire.
Cette famille revendique l’honneur d’avoir donné des grands maîtres à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des cardinaux à l’Église, et un troubadour au beau ciel languedocien. « Garins d’Apchier, disent les manuscrits cités par Raynouard, fut un gentil châtelain du Gévaudan, vaillant et bon guerrier, et généreux, et bon trouvère et beau cavalier ; et il sut tout ce qu’on peut savoir du bel art de galanterie et d’amour. » Il passe même pour avoir inventé une forme nouvelle de poésie. […] En 1833 il alla à La Chesnaye en Bretagne, où M. de Lamennaisw avait eu l’idée de fonder un établissement d’études religieuses pour servir le catholicisme ; mais l’esprit du maître commençait déjà à se diriger ailleurs, et il allait aspirer à faire des élèves tout différents. […] Il l’a rendu dans sa composition du Centaure avec une sève débordante, jointe à une beauté de forme et d’art qui, dans un coup d’essai, déclare un maître.
Villars n’est pas seulement brave et brillant, il a les instincts de la grande stratégie, de celle dont notre siècle a vu les développements et les merveilles : en deux ou trois occasions, s’il avait été maître de ses mouvements, il frappait au cœur de l’Allemagne de ces coups agressifs auxquels on n’était pas accoutumé alors ; il se lançait, par exemple, jusqu’aux portes de Vienne, et très probablement il y entrait. […] L’année suivante (1675), il continua de servir en Flandre sous Condé encore, puis sous Luxembourg, l’un de ses maîtres pour le brillant et le hardi comme pour le bonheur. […] Louis XIV, dans son jugement de maître, le nota donc et le tint en réserve comme l’homme nécessaire et indiqué, pour le cas où il faudrait à tout prix agir et remonter par quelque action hardie le moral des Français.
Michelet l’a faite sienne à force de volonté et de talent, qu’il l’a portée à un point où elle est unique, qu’il y est désormais passé maître ; et comme les conseils seraient parfaitement inutiles, j’accepte l’homme de savoir, d’imagination et de cœur pour ce qu’il est ; je le prends dans les étincelants et hasardeux produits qu’il nous donne ; je fais mon deuil de ce qui me choque, je rends justice et hommage à de merveilleux endroits et j’en profite. […] Le duc de Bourgogne, quand on veut s’en faire une juste idée, ne saurait se séparer un instant de son maître et précepteur Fénelon. […] Tout ce qui est plaisir, il l’aimait avec une passion violente, et tout cela avec plus d’orgueil et de hauteur qu’on n’en peut exprimer, dangereux de plus à discerner et gens et choses, et à apercevoir le faible d’un raisonnement et à raisonner plus fortement et plus profondément que ses maîtres.
Léonce de Lavergne ou Arthur Young ; quand, par exemple, il étudie l’étable et le bétail ; quand il nous montre à l’œuvre et en ardeur de piocher, hiver comme été, le bon bêcheur à son compte ; quand il nous fait assister au premier essai de la nouvelle charrue, de l’instrument aratoire moderne qui a contre soi la routine et bien des jaloux ; quand il nous décrit la race des bœufs du mezenc (montagne du pays) qui, au labour, craignent peu de rivaux, et qui rendent au maître plus d’un office : Le lait, le trait, la chair, c’est triple bénéfice. […] C. de Lafayette ne s’attribue en rien cette supériorité dont il ne peut s’empêcher cependant d’avoir conscience, et il n’en fait pas honneur à son propre talent ; il aime à la rapporter à des maîtres, à des devanciers qu’il nomme et que parfois même il exagère un peu (nous avons le droit de le remarquer). […] Le temps n’est plus où Mécène, au nom du maître du monde, demandait à Virgile des Géorgiques ; aussi n’avons-nous que des fragments.
Burthe, mort en 1860 ; Amaury Duval, son maître, en a surveillé avec piété et scrupule la reproduction fidèle, et a consacré une page de notice à la mémoire d’un élève chéri. […] « Il y a aussi, reprenait d’Eckermann faisant écho et tout vibrant de la parole du maître, il y a tous les degrés de la vie humaine, de la naissance à la vieillesse ; et les différents tableaux d’intérieur que les saisons différentes amènent avec elles passent tour à tour devant nos yeux. » — « Et le paysage, s’écriait Goethe, revenant sur sa première idée, le paysage ! […] Il nous est aujourd’hui facile, aidés par de tels devanciers, par des maîtres qui nous ont élaboré la matière et qui nous épargnent les tâtonnements, de voir juste en un clin d’œil, de nous établir tout d’abord au vrai point de vue pour apprécier ces monuments d’une littérature et d’un art que nous concevons désormais en eux-mêmes et sous leur forme accomplie, sans leur demander autre chose que ce qu’ils sont.
Il a donc été écouté, mais pas avec toute l’attention et le silence qui sont dus à tout organe de l’enseignement public, et auxquels avait droit particulièrement un savant qui est maître en son genre. […] Fils d’un père qui avait goûté l’un des premiers la vieille poésie française, ou ce que l’on appelait alors de ce nom, la poésie de la Renaissance, il devait être tenté de remonter au-delà et de s’assurer dans un autre ordre, à sa manière, du mérite des œuvres et des maîtres du vieux temps. […] Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.