/ 1842
1153. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

On vivait, en sa compagnie, de bonnes heures, dans une atmosphère échauffée de ferveur, de foi et de nobles discussions.

1154. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Il est triste sans doute pour l’homme d’intelligence de traverser ces siècles de peu de foi, de voir les choses saintes raillées par les profanes et de subir le rire insultant de la frivolité triomphante.

1155. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

Murphy qui croit pouvoir faire la part aussi large que possible à l’Associationnisme, sans entamer le domaine de la foi.

1156. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Diminuer la confiance à l’heure même où on la réclame plus que jamais ; faire douter de soi, surtout quand il faudrait y faire croire ; ne pas rallier toute la foi de son auditoire quand on prend la parole pour ce qu’on s’imagine être un devoir, c’était manquer le but.

1157. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

La science, disons-le, ne connaît pas de réponse à ces doutes et à ces questions, et là sera éternellement le point d’appui de la foi, car l’homme ne veut pas mourir tout entier ; peu lui importe même que son être métaphysique subsiste, s’il ne conserve, avec l’existence, le souvenir et l’amour.

1158. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Lugné-Poë a offert à Paris trois œuvres de manières différentes, de nature éminemment originales, mais toutes trois exubérantes de la jeune et régénératrice sève : la foi en l’idéalité des formes parallèles à l’idéalisme des pensées.

1159. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Les hommes le sçavent bien, et l’on n’ébranlera jamais la foi humaine, ou l’opinion prise sur le rapport uniforme des sens des autres.

1160. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Plusieurs passages de Ciceron et de Quintilien, font foi que les acteurs des anciens marquoient parfaitement tous les signes des passions par le mouvement de leurs yeux, aidez et soutenus par les gestes et par la contenance.

1161. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Telle est l’origine et la nature des règles juridiques, morales, des aphorismes et des dictons populaires, des articles de foi où les sectes religieuses ou politiques condensent leurs croyances, des codes de goût que dressent les écoles littéraires, etc.

1162. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« En 1823, devant Pampelune, — écrit d’Arpentigny, — l’armée espagnole dite de la Foi passait les nuits à jouer de la guitare, à fumer des cigarettes, à psalmodier des litanies en égrenant des rosaires ; le jour, couchée sur l’herbe poudreuse, elle jasait en mangeant des ciboules ou dormait au soleil.

1163. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

« Je ne suis pas un sténographe, — dit nonchalamment M. de Lacretelle, — et je le regrette. » Ma foi !

1164. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

ni au temps des querelles et des déchirements du Sacerdoce et de l’Empire, ni quand Luther rompit avec Rome, ni, plus tard, quand la foi, ébranlée, ne pouvant pas tomber plus bas, chuta dans la philosophie.

1165. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

À qui persuadera-t-on qu’il n’est que la conséquence naturelle de la logique invincible des choses, et que la planche une fois unie et huilée par le temps, le progrès et les philosophies, le paganisme y ait moelleusement glissé jusqu’où le Christianisme l’attendait, et dans lequel il est, ma foi !

1166. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Ensuite, elles sont l’autobiographie d’un grand esprit peu enclin — toute sa vie en fait foi — à montrer le fond d’une âme qu’il a toujours beaucoup drapée, comme les femmes couvrent les épaules qu’elles n’ont pas.

1167. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

C’était, ma foi !

1168. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Il y fût entré avec la foi, certes, mais sans nulle vocation. […] Ici, la foi dans l’homme, la vie terrestre se suffisant à elle-même. […] Il y a eu des passions nouvelles : l’amour de Dieu considéré à la fois comme un idéal et comme une personne, la haine paradoxale de la nature, la foi, la contrition. […] Et Pyrrhus aime la belle captive, et ne peut se décider à épouser sa fiancée Hermione, fille d’Hélène, qui est venue à Buthrote sur sa foi, accompagnée d’une petite escorte de ses nationaux. […] Le désir de la gloire et la vivacité des passions ne faisant plus obstacle à sa foi religieuse, il se ressouvint de la doctrine janséniste sur le théâtre ; de cette doctrine qui l’avait tant irrité onze ans auparavant et qui, aujourd’hui, ne lui paraissait que trop vraie.

1169. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Le capitaine-général, ayant ployé le genou, jura foi et hommage entre les mains de son seigneur et prêta le serment de remplir fidèlement sa charge. […] Quiconque croit que ma foi n’est pas sincère ne connaît pas l’extase de recueillir dans son corps la chair même du Seigneur. […] Non, non, ce sont les pauvres femmelettes du peuple qui ont gardé fidèlement les souvenirs de la Passion et de la Croix ; c’est Néron, faiseur de martyrs, qui a sauvé la foi au Christ et qui en a fait une chose de douleur et de sang. […] » Agenouillons-nous donc et croyons avec ces pauvres d’esprit. » On distinguera aisément, dans cette profession de foi, la part de la fantaisie et de la sincérité. […] Et il dit, ma foi, des choses fort justes : Y pensez-vous bien, voyons ?

1170. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

La fréquentation de pareils hommes dépasse la littérature ; elle atteint l’âme à sa source ; elle alimente les forces secrètes qui nous sont nécessaires pour entretenir en nous le culte de la foi et de l’idéal. […] Son exemple condamnait péremptoirement les apologistes qui prétendent que les passions empêchent d’avoir la foi. […] C’est ici même dans le Correspondant, en 1905, qu’il a fait sa profession de foi, à propos d’un livre de M.  […] Ainsi, lui qui ne croyait pas à grand chose, il s’est montré très sévère sur la « foi religieuse » de Chateaubriand, qui était à peu près celle de son époque, une foi d’imagination et de sensibilité. […] Et le voilà parti sur la Foi, la résurrection, le culte de la Vierge et les Evangiles.

1171. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mauriac, mais la foi de l’enfant et du charbonnier. […] Rien de commun avec l’hypocrisie d’un escroc comme Tartuffe ou celle des exploiteurs politiques de la foi populaire, tant détestés de l’anticlérical Henri Beyle. […] Bien entendu, il se convainquit peu à peu de sa mission civique, comme le catéchumène de Pascal commence par l’eau bénite et arrive à la foi. […] « Quant à lui (Pasteur), fidèle à cette méthode expérimentale qui s’interdit les hypothèses invérifiables, il affirmait sa foi dans l’au-delà. » Respectons cette foi, mais comme elle est au moins aussi invérifiable et aussi peu expérimentale que l’hypothèse contraire, admirons l’aisance de M.  […] Sur l’avantage de l’auteur croyant, qui s’adresse à un public partageant sa foi : « On est de mèche ».

1172. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

La foi de l’auteur, la noblesse de son genre, et la pureté de son goût, lui ont peu permis d’associer les agents divins du paganisme à ceux de la chrétienté. […] railler la crédulité grossière, les momeries ecclésiastiques, la foi dans les miracles, et les dissolutions des cours. […] Est-ce sur la foi des traditions historiques qu’il en racontera les miracles ? […] « Examinez mon cœur ; lisez bien dans mon âme ; « Et pour savoir quelle est mon amour et ma foi, « Connaissez-vous, madame, et puis connaissez-moi. […] Nous avons antérieurement noté, sur la foi d’Hérodote, que les Colchidiens ayant refusé aux Grecs une juste réparation de l’enlèvement d’Io, ceux-ci repoussèrent à leur tour les ambassadeurs qui vinrent leur demander raison du rapt de Médée, fille d’un roi de la Colchide.

1173. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Espérait-il fortifier sa foi contre le doute envahissant ? […] Et qu’on ne dise pas que j’intente gratuitement un procès invraisemblable à la foi de l’illustre voyageur. […] Dans l’intérêt de son livre aussi bien que de sa pensée, M. de Lamartine devait se prononcer décidément pour la vérification défiante ou pour la foi sans restriction. […] Ce dernier morceau n’a rien de saillant, si ce n’est la profession de foi du biographe. […] La religion de la foi jurée n’est pas moins grande et moins sainte que la religion de la prière.

1174. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Quel était cet idéal artificiel que la France adoptait ainsi sur la foi de ses poètes de cour ? […] Il y a dans cet homme une simplicité antique mêlée à une foi vigoureuse, qui le distinguent de tous les autres hommes de notre époque. […] Je l’ai cru longtemps moi-même sur la foi de l’auteur, avant d’avoir pu en juger par ma propre expérience. […] Son héroïne n’était autre qu’elle-même avec ses aspirations idéales, ses désillusions, sa grandeur d’âme, sa foi dans la perfectibilité humaine. […] Le public avait compris que le nouveau système dramatique lui offrirait bien plus d’attrait que les maigres conceptions classiques qu’il s’était jusqu’alors habitué à applaudir sur la foi de l’autorité et de la tradition.

1175. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Il ne faut pas se dissimuler cela. » Il faut certainement un peu de foi, un peu de piété et beaucoup de patience pour écouter Shakespeare en son intégrité. […] PIERROT Ce n’est pas vrai, foi de Pierrot ! […] Victor Hugo, pour Quatre-vingt-treize, je crois, lui ayant fait demander quelques lignes, elle se fâcha, selon la manière de se fâcher qui était la sienne, c’est-à-dire qu’elle se mit à rire, et elle dit : « Ma foi, j’ai fait vingt articles sur Victor Hugo ; il n’en a jamais fait sur moi. […] » Les pauvres Gourd et Germaine ont accumulé tant de sottises, que, ma foi, ce que Mme Lebrun croit peut-être, ce que Jacques arrive à croire, nous le croyons presque nous-mêmes. […] Ma foi !

1176. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Un jour, dans une représentation organisée pour égayer le roi d’Angleterre, trois dames qui figuraient la Foi, l’Espérance et la Charité s’enivrèrent et vomirent. […] Peut-être est-il de rares créatures dont la foi persiste longtemps. […] Cette foi nouvelle a suscité des apôtres en jupons et des confesseurs en habit noir. […] Albert Sorel, c’est de là que les Russes tiennent leur foi, leur foi orthodoxe qui est chez eux le grand lien de la nationalité ; c’est de là aussi que vient leur politique, que procède toute leur destinée. » Ainsi se fondait, sur des traditions lointaines, sur des souvenirs enracinés dans l’âme des peuples, l’imposant édifice de la grandeur russe. […] À travers le cours des événements et la diversité des fortunes, cette nation demeure inflexiblement attachée au même programme et à la même foi.

1177. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Bazin s’y est laissé prendre, et croyant faire de l’histoire, il a composé un piquant tableau de fantaisie où, sur la foi de M.  […] Il prit donc la poste un beau matin, et, oublieux de la foi jurée, se mit à courir sur la route de Douvres. […] Mais quelle foi ajouter aux conseils imbéciles de gens qui se refusaient encore à croire à la circulation du sang, et voyaient dans une goutte d’or potable le remède de tous les maux ? […] Cette excuse, bien faible lors même qu’elle serait digne de quelque foi, n’est qu’une erreur volontaire. […] Il n’y a pas ici, selon nous, de motifs suffisants pour ne pas ajouter foi au récit circonstancié d’un témoin oculaire ; car il serait peu naturel de penser que le parterre ait pu être détrompé par les brusqueries que l’approbation de Philinte arrache à chaque strophe à Alceste.

1178. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Une lettre datée de Rome, du 6 mars, à son ami et camarade d’enfance Siben158, une consultation à la fois intime et solennelle fait foi de cette soudaine tentation qu’il eut, imprudente et généreuse. […] … Il n’en est pas toujours ainsi ; la foi, soumise à tant d’épreuves, ou périt ou se fortifie ; la raison se dégrade ou mûrit ; le cœur se ferme, ou bien il s’ouvre à des tendresses plus ardentes, et dégoûté de ces amitiés banales qu’une heure voit nouer et se rompre, il s’attache avec plus d’énergie aux affections étroites qui lui paraissent dignes de l’enchaîner pour toujours. […] Ce n’est pas un héros, non : ce n’est qu’un homme, mais qui unit à la beauté du visage la bonté du cœur, à la santé du corps la vigueur de l’esprit, la prudence d’un sage au génie d’un poète. » Gandar en chaire ne s’aventurait d’abord qu’avec précaution, bride en main, parcourant de l’œil des notes qui lui servaient de point d’appui : ce ne fut qu’à la troisième année qu’il fit le grand pas, laissa de côté tous les papiers et se lança en pleine mer sur la foi de sa seule parole.

1179. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Ma foi, tant mieux, si on ne le reconnaît pas49. […] Ne croyant plus sa marmite en sûreté dans sa cheminée, il va la porter dans le temple de la Bonne Foi. […] Le Registre de la Comédie fait foi que, représenté vingt et une fois de suite, nombre de représentations auquel un ouvrage atteignait difficilement alors, Le Misanthrope seul, sans petite pièce qui l’accompagnât et malgré les chaleurs de l’été, procura au théâtre dix-sept recettes productives et quatre autres de bien peu moins satisfaisantes.

1180. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il appuyait sa foi sur une suite régulière de discussions historiques905 ; il établissait l’existence de Dieu par une suite régulière d’inductions morales ; la démonstration minutieuse et solide était partout le guide et l’auteur de ses croyances et de ses émotions. […] Il demande des jours fixes de dévotion et de méditation qui puissent régulièrement nous rappeler à la pensée de notre Créateur et de notre foi. […] Il est curieux de le voir, le compas à la main, bridé par Bossu, empêtré de raisonnements infinis et de phrases académiques, atteindre tout à coup, par la force de l’émotion naturelle, les hautes régions inexplorées où Milton est soulevé par l’inspiration de la foi et du génie.

1181. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

» * * * — Lorsque l’incrédulité devient une foi, elle est moins raisonnable qu’une religion. […] La même vieille demoiselle nous racontait qu’une des distractions des religieuses du couvent, où elle se trouvait, — la chose est délicate, et aurait besoin pour être contée de la plume de Béroalde de Verville, mais ma foi tant pis, — elle nous racontait donc que cette distraction était de p…. dans des carafes, oui, de mettre du vent en bouteille, pour se régaler la vue des irisations du gaz captif. […] * * * — Lorsque l’incrédulité devient une foi, elle est plus bête qu’une religion.

1182. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il parle du pape, du concile futur, de Garibaldi qui, pour lui, représente le summum de puissance qu’a une vraie royauté : la foi d’une population dans un homme. […] Le directeur du Moniteur, tout aussitôt, fait une profession de foi de conservateur progressiste, et se comparant à une jambe qui marche, dans son mouvement en avant, prenant mal son point d’appui sur son pied de derrière, s’embourbe dans son speach, en manquant de tomber. […] Les hommes n’apportent pas aux idées de ce domaine la même foi qu’à leurs doctrines littéraires, qui sont et le credo convaincu et le produit d’un tempérament. » Ici, il s’interrompt pour jeter : « Tenez, nous sommes cinq dans ce salon, qui pensons absolument d’une manière différente, eh bien, je sais que nous nous aimons mieux, que ne m’aime Emmanuel Arago ! 

1183. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

… » Et plus tard : — « C’est étrange comme je suis né avec peu de foi pour le bonheur. […] Je l’ai toujours annoncé76. » Excellente profession de foi, prophétie de bon augure ; mais ce n’est probablement pas dans son œuvre même que Zola verra se réaliser la « réaction fatale qu’il attend » (et que d’autres sans doute attendent avec lui), car, depuis lors, ce qu’il a publié, c’est son roman de la Terre. […] La destinée des romanciers, et de tous les écrivains, est de prendre beaucoup les uns aux autres ; quelquefois ils s’en aperçoivent et, de la meilleure foi du monde, s’écrient avec Rossini : « Vous croyez que cette phrase n’est pas de moi ?

1184. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

C’est que le poète avait entrevu les horizons où, vibrante de foi, d’enthousiasme et de virilité, s’achemine la jeunesse actuelle… C’est que son souffle puissant et créateur avait déjà mis l’étincelle de vie au front de la Cité future… Et voilà justement où Hugo m’apparaît sublimement grand : c’est que tout en s’élevant à des sommets inaccessibles dans la sphère de l’Infini, il fut celui qui, s’attelant au char du Progrès, fit faire aux peuples un pas gigantesque dans la voie de l’émancipation. […] On se fera donc, à propos de lui et de son œuvre, des idées de plus en plus fausses, ou plutôt, il y aura de plus en plus de malentendus, à propos de ce génie surhumain et monstrueux, entre les gens qui parleront avec une exactitude stricte et ceux qui parleront avec une foi illuminée. […] Poète sincère et spontané, inventeur d’une forme exquise, en des vers musicaux, nuancés et fluides, il dit sa foi ingénue, son amour inquiet, sa saignante douleur.

1185. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Elles étaient venues sans doute sur la foi du nom de Molière et avaient amené leurs filles. […] À votre foi mon âme est toute abandonnée ! […] Quel admirable acte de foi ! […] Je viens à vous et vous demande sur quel titre vous basez cette foi parfaite en son honnêteté. […] ma foi !

1186. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il crut de Villiers de l’Isle-Adam ce que d’autres crurent de lui-même, et, sur la foi de l’auteur d’Axël, il l’affirme lecteur de Saint Bernard, Saint Thomas (déjà !) […] Ainsi la foule apporte devant le jeu poétique une âme de foi. […] Le seul fait de s’exprimer par un symbole implique un acte de foi dans l’activité créatrice du lecteur, dans une activité créatrice analogue à celle de l’auteur, et qui joue spontanément. […] La croyance au monde extérieur est, d’un certain point de vue qui ne se suffit d’ailleurs pas à lui-même, un acte de foi en la société, et son existence ce sont les perceptions des autres. […] Et ce culte elle ne le rend — c’est sa pierre de touche — qu’à ceux qui prouvèrent leur œuvre par leur vie, qui de leur propre foi donnent une raison à la foi d’autrui.

1187. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Elle confesse sa foi, et on lui lâche un philosophe païen, Apollonius, pour la réfuter. « Prêtre, lui dit Maximin, pourquoi restes-tu muet ? […] Le poëte, qui, dans la Religion d’un laïque, était encore anglican tiède et demi-douteur, entraîné peu à peu par ses inclinations absolutistes, s’était converti à la religion catholique, et, dans son poëme de la Biche et la Panthère, il combattit pour sa nouvelle foi […] Ce sont des opprimés, à peine soulagés depuis un instant d’une persécution séculaire, attachés à leur foi par leurs souffrances, respirant à demi parmi les menaces visibles et les haines grondantes de leurs ennemis contenus. Il faut que leur poëte soit dialecticien comme un docteur d’école ; il a besoin de toute la rigueur de la logique ; il s’y accroche en nouveau converti, tout imbu des preuves qui l’ont arraché à la foi nationale et qui le soutiennent contre la défaveur publique, fécond en distinctions, marquant du doigt le défaut des arguments, divisant les réponses, ramenant l’adversaire à la question, épineux et déplaisant pour un lecteur moderne, mais d’autant plus loué et aimé de son temps.

1188. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

« Je vous le dis, par ma foi, ils se garderaient de trop d’arrogance. […] « — Par ma foi, il en sera fait ainsi, dit Kriemhilt. […] « — Par ma foi, répondit Brunhilt, je dirai tout ceci à Gunther. […] Mais Hagene trahit méchamment sa foi envers Sîfrit.

1189. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Aussi désire-t-elle quelqu’un qui prend, qui ne se donne et ne s’abandonne pas lui-même, qui, au contraire, veut et doit enrichir son moi par une adjonction de force, de bonheur et de foi. […] Mais nous avons mieux encore, aveu plus catégorique du disciple qui met ses pas dans les pas de ses maîtres, et, s’il se peut dire, proclame son acte de foi. […] » Il y a là, on le voit, plus qu’un cas individuel… une véritable profession de foi en amour. […] Mais y joindre sa profession de foi métaphysique, c’est fausser sa nature : Les oiseaux alternés comme un chœur de pipeaux, L’eau dans l’herbe, le ciel mat et bleu, le repos Des bons après-midi qu’un peu d’ombre tamise,  T’apprendront qu’il n’est point d’autre terre promise Que celle où ta jeunesse aimable sent sa chair Encensée au contact des feuilles et de l’air. […] Mais pourquoi ne pas voir plutôt, dans cette profession de foi païenne, une acquisition de seconde main ?

1190. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

La jeune fille se réveilla soudain et, ajoutant foi à sa vision, elle se mit à pleurer amèrement et à se lamenter avec plus de force. […] Là habitaient les Ruthènes qui devaient à saint Antonin les bienfaits de la foi nouvelle. […] Mais personne ne les lit ; et, ma foi, cet ouvrage ne mérite pas la lecture, sinon par curiosité. […] Et il complétait : « Elle avait l’imagination, la foi et le génie ! […] Mais, pour rapporter son entrevue avec Mirabeau, Rétif emploie des moyens plus élevés, et peut-être moins dignes de foi.

1191. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Si donc l’on avait quelque titre pour décider entre eux, on serait plutôt tenté d’ajouter foi à l’opinion de lord Falkland, et même d’appliquer à l’ouvrage entier ce qu’il a dit du seul rôle de Caliban. […] Quelque temps après, le thane de Cawdor ayant été mis à mort pour cause de trahison, son titre fut conféré à Macbeth, qui commença, ainsi que Banquo, à ajouter grande foi aux prédictions des sorcières et à rêver aux moyens de parvenir à la couronne. […] On fit dire au comte que la jeune fille céderait à ses vœux, mais qu’elle demandait son anneau pour gage de sa foi. […] La fable, inventée librement, n’est dressée que vers ce but ; Lusignan, Néresian, le rachat des prisonniers, tout a pour dessein de placer Zaïre entre son amant et la foi de son père, de motiver l’erreur d’Orosmane, et d’amener ainsi l’explosion progressive des sentiments que le poëte voulait peindre. […] Les pièces appartenant alors, selon toute apparence, aux comédiens qui les avaient achetées, l’entreprise était naturelle, et le succès des Henri VI aura été probablement le premier indice sur la foi duquel un génie qui ignorait encore ses propres forces aura osé s’élancer dans la carrière.

1192. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Elle fit des efforts pour éteindre d’abord les faibles restes de sa foi languissante, espérant par là calmer son inquiétude ; « mais Dieu ne permit pas qu’elle y réussît ». […] Elle recevait avec beaucoup de douceur ce qu’il lui disait ; mais toutes ces instances ne faisaient au fond que l’importuner et l’aigrir contre la piété, qu’elle regardait comme son ennemie et sa grande rivale dans le cœur du prince. » C’est dans ces disposition d’une lutte intérieure déjà ancienne, qu’un jour elle se trouva tout d’un coup, et sans savoir comment, tournée à Dieu, persuadée des vérités de la foi et brûlant du désir de s’élever à la source suprême.

1193. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

La philosophie de Socrate, quoique faussée par Platon, aura cet éternel mérite d’avoir été la première grande profession de foi spiritualiste du genre humain, non-seulement en Asie, mais en Europe. […] La philosophie selon la raison précéda ainsi la philosophie selon la foi.

1194. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Ma foi ! […] En continuant son apostolat d’évêque sur la terre, il retient donc dans son cœur le dernier mot de sa foi ; il trompe donc pour le bien son troupeau : mais enfin tromper, même pour le bien, ce n’est pas d’un parfait honnête homme.

1195. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ils signalèrent leur attachement à la cause du pape par le meurtre du calviniste Anne Dubourg, confesseur héroïque de la foi nouvelle. « Six pieds de terre pour mon corps et le ciel infini pour mon âme, voilà ce que j’aurai bientôt !  […] Le jeune Darnley, fils du comte Lenox, exclurait les princes étrangers dont la domination menacerait l’indépendance de l’Écosse et plus tard peut-être de l’Angleterre ; il donnerait à la reine un gage de bonne harmonie intérieure et de foi commune au catholicisme ; il plairait aux Anglais, car sa maison avait des biens immenses en Angleterre et habitait Londres ; enfin, il conviendrait aux Écossais, car il était Écossais de sang et de race, et les nobles d’Écosse se surbordonneraient plus volontiers à un de leurs plus grands compatriotes qu’à un Anglais ou à un étranger.

1196. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Dans le champ qu’il veut couvrir de ses couleurs, D’Aubigné trace sept compartiments : les Misères, composition générale qui rassemble sous les yeux toutes les iniquités et toutes les hontes ; les Princes, où les figures des rois persécuteurs, le féroce et le coquet ressortent avec une admirable énergie ; la Chambre Dorée, où la justice des magistrats étale ses horreurs ; les Feux, qui sont comme les annales du bûcher, le martyrologe de la Réforme depuis Jérôme de Prague et depuis les Albigeois ; les Fers, tableaux des guerres et des massacres ; les Vengeances, où apparaissent les jugements de Dieu sur les ennemis d’Israël et de l’Évangile, sur Achab et sur Néron, tout un passé sinistre qui répond de l’avenir ; enfin le Jugement, où le huguenot vaincu, déchu de toutes ses espérances terrestres, assigne les ennemis de sa foi, les bourreaux, les apostats, devant le tribunal de Dieu, à l’heure de la Résurrection. […] Vaincu, il a été dispensé de traduire en détestables faits ses passions et ses vengeances ; il a dû tourner ses yeux au ciel, remettre à Dieu de récompenser et de punir ; la défaite a ouvert, élevé son âme dure, elle y a mis, avec les larmes et les tendres regrets, la foi sereine, l’amour confiant, l’espérance et la soif de la justice.

1197. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Il y a la foi ; il y a l’amour ; il y a l’art ; il y a la philosophie ; il y a la morale ; il y a la science. […] Il n’y a pas plus de philosophie contre la raison qu‘il n’y a de bataille contre la guerre, d’art contre la beauté, de foi contre Dieu.

1198. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

— Ma foi, c’est vrai, avoue en riant Flaubert, même avec les femmes de maison, que j’appelle mon petit ange… ……………………………………………………………………………………………………… — C’est curieux, — laisse échapper Tourguéneff, écoutant avec des yeux effarés et presque inquiets, ce qui se dit, — c’est curieux, moi, je n’aborde la femme qu’avec un sentiment de respect, d’émotion, et de surprise mon bonheur… Daudet, vous n’avez pas connu de femmes russes ? […] Dimanche 12 novembre Au fond, je n’ai pas grande sympathie pour ces femmes du dix-huitième siècle, ces femmes sans premier mouvement, sans foi, sans croyance à un sentiment bon et désintéressé, toute saturées, à l’exception de deux ou trois, de positivisme et de scepticisme.

1199. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

« Escalona, mais qui plus ordinairement portait le nom de Villena, était la vertu, l’honneur, la probité, la foi, la loyauté, la valeur, la piété, l’ancienne chevalerie même, je dis celle de l’illustre Bayard, non pas celle des romans et des romanesques. […] Il a le parler haut et libre ; « il lui échappe d’abondance de cœur des raisonnements et des blâmes. » Très pointilleux et récalcitrant, « c’est chose étrange, dit le roi, que M. de Saint-Simon ne songe qu’à étudier les rangs et à faire des procès à tout le monde. » Il a pris de son père la vénération de son titre, la foi parfaite au droit divin des nobles, la persuasion enracinée que les charges et le gouvernement leur appartiennent de naissance comme au roi et sous le roi, la ferme croyance que les ducs et pairs sont médiateurs entre le prince et la nation, et par-dessus tout l’âpre volonté de se maintenir debout et entier dans « ce long règne de vile bourgeoisie. » Il hait les ministres, petites gens que le roi préfère, chez qui les seigneurs font antichambre, dont les femmes ont l’insolence de monter dans les carrosses du roi.

/ 1842