J’étais alors substitut à Tours ; on vint me chercher de Véretz au milieu de la nuit ; j’arrivai à l’aube… » Et j’entendis alors un récit vrai, simple, attachant, dramatique, qui me remit en mémoire cette singulière et originale figure, et qui me tente aujourd’hui de la retracer. […] Il n’en est pas de même des sculptures de la villa Borghèse et de la villa Pamphili, qui présentent de tous côtés des figures semblables au Déiphobe de Virgile41. […] Mais avec Courier, il faut se faire à ces extrémités spirituelles d’expression qui ne sont que des figures de pensée ; et n’est-ce pas ainsi que, dans sa passion et presque sa religion du pur langage, il disait encore : « Les gens qui savent le grec sont cinq ou six en Europe : ceux qui savent le français sont en bien plus petit nombre !
Les Italiens modernes eux-mêmes, quand ils s’en mêlent, lui paraissent entendre le faste mieux que les Français : Ce que nous appelons le plus communément en France, dit-il, faire une grande figure, avoir une bonne maison, c’est tenir une grande table. […] Qu’on se figure cette diversité de physionomies, d’esprits, et même de tailles : de Brosses plein de trait et gesticulant à sa manière, entre Diderot qui s’échauffe et Buffon qui écoute. […] une petite tête gaie, ironique et satyresque, perdue dans l’immensité d’une forêt de cheveux qui l’offusque ; et cette forêt descendant à droite et à gauche, qui va s’emparer des trois quarts du reste de la petite figure ?
Enfin Daudet arrive avec son succès de la veille, au Vaudeville, sur la figure, et l’on se met à table, au milieu de cette phrase de Zola, qui revient comme un refrain : « Décidément, je crois que je vais être obligé de changer mon procédé ! […] Il faisait, ce jour-là, une de ces journées d’été sans soleil, et une triste lumière d’un fond de cour lui tombait, par une tabatière, sur la figure, une lumière qu’il voyait sur lui, comme sur un cadavre. […] Et l’eau bénite jetée sur la bière, tout le monde assoiffé dévale vers la ville avec des figures allumées et gaudriolantes.
Le jeu de cet Acteur étoit ; dit-on, naturel, rempli d’intelligence, de noblesse & de sentiment, quoiqu’il eût contre lui la figure & la taille.
Il en est souvent de l’imitation, comme de certaines adoptions qui regardent la figure.
C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.
Ici est évoquée, une fois de plus, et délicieusement, la si touchante figure de Marie de Magdala.
On a mieux connu notre globe, sa vraie figure, sa place dans l’univers, son mouvement dans l’espace : il en est résulté des vues certaines que les plus éclairés des anciens n’avaient que par divination et par lueurs. […] Rigault n’oublie rien, et il découvre chemin faisant beaucoup de choses ; il dessine au passage quantité de figures devant lesquelles on n’est guère accoutumé à s’arrêter, et on emporte l’idée de physionomies nouvelles et distinctes.
C’est une publicité de la pensée plus restreinte mais plus sûre que l’imprimé ; c’est aussi le plaisir de l’applaudissement direct, dans la figure, surtout quand on a comblé une petite salle de ses amis, bref c’est un ensemble de petites illusions, illusion de pensée, illusion d’éloquence, illusion de succès qui chatouillent ridiculement, mais si au bon endroit notre vanité, qu’on ne saurait citer aucun sage qui, ayant fait une conférence, n’en ait pas voulu tenter d’autre. […] Premier tableau ; décor très intime ; il est cinq heures (Personnages : un monsieur, une dame) : la dame, simplement : « Quelle bonne idée tu as eue d’acheter un second peigne. » Deuxième tableau (personnages : la même Dame, un autre Monsieur ; on est à table) : la dame, toujours simplement : « Figure-toi, mon chéri, que j’ai retourné le Louvre, le Printemps, et le Bon Marché sans trouver la nuance de doublure que je voulais.
C’était un homme de qualité, un homme d’esprit, de belle figure, un homme de cour, mais non un de ces courtisans de profession, qui bornant leur ambition à obtenir une parole ou un regard du prince, se pâmaient de joie en s’entendant nommer pour un voyage de Mari y ou Ce Fontainebleau. […] Quand elle considérait un objet, elle en voyait le fort et le faible, et l’exprimait en des termes vils et concis, comme les habiles dessinateurs, qui, en trois ou quatre coups de crayon, ont voir toute la perfection d’une figure. » (Mém. de litt., t.
Ce qui distingue la Poésie de l’Eloquence, c’est la fiction, la vivacité des figures, la hardiesse de l’expression, la richesse & la multiplicité des images, l’enthousiasme, le feu, l’impétuosité, les divers essors du génie. […] Il ne sont, tout au plus, que la bordure du tableau : cette bordure en releve l’éclat, & en fait quelquefois ressortir les figures, mais ne peut être comptée que parmi les ornemens accessoires.
Qu’on se figure donc quelle comparaison Vossius auroit faite des cantates et des sonates des italiens avec les symphonies et les récits de Lulli, s’il les eut connus, lorsqu’il écrivit le livre dont je parle. […] Tout est perdu, qu’on me pardonne cette figure, si l’esclave se rend la maîtresse de la maison, et s’il lui est permis de l’arranger à son gré, comme un bâtiment qui ne seroit fait que pour elle.
Seulement, au milieu des platitudes, scrupuleusement épinglées de ses Mémoires, il y a la grande figure de Louis XIV, soleil couchant qu’on aperçoit à travers les atomes de toute cette vile poussière qu’il dore ! La grande figure de Louis XIV, après sa mort, fait à Dangeau cette faveur dernière, de donner de l’importance à des Mémoires que sans lui on ne lirait pas.
Ce paysan à la figure de faune, qui avait peut-être la racine de tous les vices contraires à ses vertus, a gardé son terrible tempérament dans l’accomplissement des plus purs dévouements et des plus touchants sacrifices. […] En effet, pour l’observateur qui étudie cette étrange figure du Curé d’Ars, avisé, futé, très fin au fond, malgré la sublimité des vertus que son âme avait contractée ; pour qui lit ces réparties spirituellement vengeresses de son humilité, qu’il adressait à ceux qui le persécutaient de leurs compliments et de leurs hommages, et dont l’abbé Monnin, qui n’oublie rien, a égayé doucement son récit, il est hors de doute qu’elle ne mentait pas, cette physionomie de Voltaire, et que, sans Jésus-Christ, le Curé d’Ars aurait été un de ces esprits charmants et mordants comme les aime le monde, au lieu d’être une âme angélique devant Dieu.
Mais comme il n’a pas une idée à lui, dans tout le courant de son ouvrage, il se bute, pour en avoir une, dans la vieille opinion philosophique et gallicane, et de là, de cette moelleuse main qu’on lui connaît, si habile aux nuances et aux délicieux coloris, il nous protestantise légèrement la catholique figure de saint Louis, pour arriver par une pente douce à la figure, tout à fait protestante, celle-là, de Calvin !
Là, au milieu d’un cercle de figures farouches, brigands de la Sierra, contrebandiers, bravaches, vauriens, dont les yeux ardents l’enveloppent de leurs effluves, quelque fringante fille, mal vêtue de haillons éclatants, se cambre dans une pose hardie. […] Joinville est une figure presque céleste.
Hector Malot, qui est la Leone Leoni en femme, a-t-elle sur sa figure, morale ou physique, un signe quelconque, grand comme une mouche, qui la distingue de toutes ces plates drôlesses qui sont partout et pour lesquelles on s’est épuisé d’invention quand on a dit qu’elles étaient belles comme Antiope, dans leur crinoline ? […] … Et autour de ces figures principales, qui sont le fond du roman, en avons-nous au moins quelques autres accessoires, plus neuves, et qui en puissent être l’ornementation ?
Il parle de la splendeur épanouie de cette longue figure byzantine, comme si une figure pouvait être byzantine et épanouie tout à la fois.
La princesse Médeline, la femme pauvre qui boit de l’absinthe et qui est assez folle ou assez bête pour s’imaginer que son amant, le Saint-Bertrand, ne fera pas les mêmes infamies qu’elle a faites, cette Putiphar à contre-sens de la trahison qui veut que Joseph lui résiste au moment où elle le tente, et viole sa conscience en lui jetant des billets de banque à la figure, n’a d’originalité que celle de son impossibilité même. […] tant on a vu ces plates figures à tous les coins des rues et des livres !
En même temps qu’il collabore au mouvement social, il est un de nos pasteurs les plus zélés, et il se relie en pensée à toutes les belles figures qui sont dans l’Église catholique. […] Je suis heureux de me faire casser la figure pour que le pays soit délivré.
Mais, si le langage naturel de la physionomie et des gestes est métaphorique, il ne faut pas croire pour cela qu’il se compose de symboles et d’images plus ou moins arbitraires, comme les figures de discours ou les signes conventionnels du langage humain. […] Chez l’homme, les muscles de la face sont relativement petits et très mobiles : c’est pour cette raison que la figure est le meilleur indice du degré d’intensité dans le sentiment. […] L’obscurité, une lumière trop vive, un jour tranquille, donnent tour à tour à la figure une physionomie différente : l’obscurité nous fait écarquiller les yeux pour recevoir les rayons trop rares ; l’éclat du soleil nous fait froncer les sourcils pour protéger notre vue ; un jour tranquille imprime au visage un air de sérénité. […] Les hommes, à leur tour, reproduisent en eux les divers types de l’animalité : on l’a remarqué cent fois, telle figure rappelle le renard, l’autre le loup, le tigre, le lion. […] Nous n’usons pas davantage d’une faculté spéciale pour interpréter l’expression de la figure chez une jeune femme qui détourne la tête, ferme à demi les yeux comme pour ne pas voir, et serre les lèvres : tous ces mouvements indiquent suffisamment le dédain.
XV La figure de M. de Vaudran portait l’empreinte de sa vie ; elle était noble, fine, un peu tendue. […] Sa figure avait la franchise virile du soldat ; mais ses yeux pénétrants, sa bouche pensive, ses joues pâlies par l’étude annonçaient aussi l’homme intellectuel et le cœur sensible jusqu’à la mélancolie. […] J’entrai pour rappeler mon chien, cause de ce désordre ; M. de Valmont, assis sous un noisetier contre le mur, se trouva en face de moi ; il me reconnut, me sourit, me salua, et m’invita à entrer, avec une confiance très-étrangère à son caractère, mais inspirée sans doute par la candeur de ma figure et de mon âge. […] XXIV M. de Valmont était un homme de soixante ans, d’une belle figure, mais d’un regard inquiet, fier et oblique, qui semblait toujours épier ou regarder de côté s’il n’était pas épié lui-même. […] Des cheveux bruns, mêlés de quelques brins blancs, retenus autour du front par un ruban noir ; des yeux doux comme le regret qui se résigne et qui devient bonheur ; des joues pâles, un peu aplaties par le doigt du temps ; une bouche fine, entrouverte par la mélancolie ; le tour du visage arrondi et trop charnu par en bas, comme celui des femmes dont les muscles du menton commencent à se détendre et à fléchir sous le poids des jours ; enfin une figure de bonté ouverte et de curiosité craintive, qui rappelait la soumission volontaire de la femme esclave sous la tente du patriarche arabe dans les déserts de Syrie.
Il étoit d’une figure avantageuse ; sévere observateur des Loix, moyen dont il se servoit pour gagner la bienveillance du Peuple ; fourbe, imposteur, hypocrite, faisant servir la Religion à ses desseins, mettant en œuvre les révélations & les visions, pour s’autoriser, effronté jusqu’à se vanter d’affermir l’autorité du Pape, dans le même temps qu’il la sapoit par les fondemens ; fier dans la prospérité, prompt à s’abattre dans l’adversité, étonné des moindres revers ; mais, avec la réflexion, capable de se servir des moyens les plus hardis pour se relever ».
Sa diction est pure, sa versification coulante : les figures qu'il emploie sont analogues aux personnages qu'il fait parler.
Il n’a pas dans sa tête le premier trait de la figure de l’archange, ni son mouvement, ni le caractère angélique, ni l’indignation fondue avec la noblesse, ni la grâce, ni l’élégance et la force.
Il croit voir en elles cent choses à la fois, et il met toutes les formes qu’il se figure apercevoir, en rapport avec l’aperception principale qui les a provoquées. […] Les figures qui apparaissent, la nuit de la Saint-Sylvestre, dans le plomb fondu où les bonnes gens prétendent lire l’avenir, seraient les symboles exacts de leur profondeur. […] Les romantiques français se servent de l’irréalité de leurs scènes et de leurs costumes principalement pour pouvoir doter sans contrainte leurs figures de toutes les qualités, exagérées jusqu’au monstrueux, que le Français, non encore aigri par la douleur de la défaite, aimait dans l’homme. […] Nous avons maintenant devant nous la figure bien nette du chef le plus fameux des symbolistes. […] Exprimée dans un stylé non mystique, cette définition veut dire que, dans les poésies des symbolistes, chaque figure humaine ne doit pas seulement signifier son individualité propre et sa destinée contingente, mais représenter un type humain répandu et incarner une loi biologique générale.
On n’a voulu ici que dégager quelques traits d’une noble figure intellectuelle et morale d’un si haut enseignement. […] Dans le haut de celle qui symbolise le Bon Gouvernement, quelles sont ces figures ailées ? […] Je dirais, si la formule n’était pas trop pédante, que cette identité entre ses figures imaginaires et sa propre figure le rend d’autant plus objectif qu’il est plus subjectif. […] Cette définition évoque aussitôt, pour ceux qui ont approché le duc d’Aumale, la pathétique figure de ce prince. […] Elles permettent de traduire dans sa vérité un terme si étranger à notre tradition qu’il ne figure pas dans notre premier dictionnaire.
La figure est vraie, et l’application aisée. […] Pénétrez mieux mon génie, et soulevez le voile dont il s’enveloppe : la figure des dieux qui interviennent n’est pas moins allégorique que les autres rôles. […] Où voit-il grimacer les figures du peintre ? […] Leurs figures outrées dégénèrent en grotesque, et leur langage est plaisant, mais non comique, parce que ni leur situation, ni leurs caractères ne sont vrais. […] Le père du Glorieux pouvait être fondu dans un pareil moule ; et sa figure, moins triste, eût été mieux assortie au principal personnage.
Sa figure est celle d’Apollon à peine adoucie ; aucune mollesse n’alanguit sa beauté hautaine. […] De temps en temps, du moins, par quelque côté ils devaient reprendre leur figure première. […] Son masque d’histrion finit par dévorer les contours césariens qu’avait gardés sa figure. […] Étrange figure que celle de ce Caliban de la guerre ! […] Chaque peuple s’empare de cette figure brute, et la modèle selon ses instincts.
Xavier Privas est souriante comme sa figure épanouie.
La Langue Latine comporte, il est vrai, un peu plus cette figure que la nôtre ; mais il est aussi vrai de dire que la vigueur du raisonnement, l’élévation des pensées, l’étendue de littérature, la solidité de morale, répandues dans tous ses Discours, le dispensoient de ces petites ressources pour plaire, instruire, intéresser.
Ce sont des paysages, avec des soldats ; les figures sont simples ; et la couleur vigoureuse.
Ainsi, dans les drames qu’on vient de citer, le poëte parfois atteint au sommet de son art, rencontre un personnage complet, un éclat de passion sublime ; puis il retombe, tâtonne parmi les demi-réussites, les figures ébauchées, les imitations affaiblies, et enfin se réfugie dans les procédés du métier. […] Ce sont des masques de théâtre, et non des figures vivantes. […] Ces vices et ces vertus reçoivent en descendant en lui un tour et une figure qu’ils n’ont pas dans les autres. […] Chez aucun écrivain du temps, ce don ne manque ; ils n’ont point peur des mots vrais, des détails choquants et frappants d’alcôve et de médecine ; la pruderie de l’Angleterre moderne et la délicatesse de la France monarchique ne viennent point voiler les nudités de leurs figures ou atténuer le coloris de leurs tableaux. […] L’or étincelle, les pierreries chatoient, la pourpre emprisonne de ses plis opulents les reflets des lustres, la lumière rejaillit sur la soie froissée, des torsades de diamants s’enroulent, en jetant des flammes, sur le sein nu des dames ; les colliers de perles s’étalent par étages sur les robes de brocard couturées d’argent ; les broderies d’or, entrelaçant leurs capricieuses arabesques, dessinent sur les habits des fleurs, des fruits, des figures, et mettent un tableau dans un tableau.
« Cette grande lettre avait une figure toute particulière. […] Elle avait une autre figure ; il me sembla qu’elle riait, et ses cachets paraissaient couleur de rose. […] Je ne sais quelle figure j’avais, mais elle laissa tomber sa corde ; elle le prit violemment par le bras, et lui dit : « — Oh ! […] J’en avais autant au moins sur la figure, moi, et d’autres gouttes aux yeux. […] Ce qui m’étonna, ce fut de voir la peau jaune de sa figure devenir d’un rouge foncé.
Lorsque Ulysse déguisé en mendiant arrive chez le fidèle Eumée, celui-ci traite son hôte avec honneur ; il lui sert le dos tout entier d’un porc succulent, lui présente la coupe toute pleine, et Ulysse, moitié ruse, moitié gaieté, et comme animé d’une pointe de vin, se met à raconter avec verve certaine aventure à demi mensongère où figure Ulysse lui-même : « Écoute maintenant, Eumée, s’écrie-t-il, écoutez vous tous, compagnons, je vais parler en me vantant, car le vin me le commande, le vin qui égare, qui ordonne même au plus sage de chanter, qui excite au rire délicieux et à la danse, et qui jette en avant des paroles qu’il serait mieux de retenir… » Et cela dit, le malin conteur pousse sa pointe et, comme entre deux vins, il risque son histoire, qui a bien son grain d’humour et dans laquelle il joue avec son propre secret. […] Je ne me figure pas qu’on chantât autre chose aux noces de Gamache ; on en a plein la bouche à chaque mot, on nage véritablement en pleine bombance. […] Comme on se figure que Molière y aurait ri26 ! […] Sa figure, si on la surprenait au repos, était plutôt mélancolique.
Parfois il se jouait avec un motif, l’employait à maintes gracieuses figures : ou bien il accumulait les modulations puissantes, aggravant ainsi l’émotion du thème à chacun de ses retours. […] Nous n’avons pas affaire à des personnages d’opéra ; des figures vivantes s’agitent devant nous et nous associent, pour un temps, à leur existence. […] L’histoire de la musique est marquée par deux figures qui annoncent Wagner : Bach et Beethoven. Ces deux figures marquent tous les wagnériens ; on les retrouve chez Suarès, Romain Rolland et bien d’autres.
Figure bornée et touchante, pauvre d’esprit, grande de cœur. […] Quelle figure tragi-comique on pourrait tracer de la Célimène parisienne. […] C’est une figure toute moderne et d’une ressemblance spirituelle que celle de ce jeune homme mûr et froid jusque dans ses passions et dans ses caprices. […] Cette figure, si insignifiante et si terne, semble peu faite pour personnifier la classe turbulente des émancipées du grand monde.
Son amant, un Américain nommé Peterson, tourmenté par le sang et qui n’a pris une maîtresse que sur ordonnance de médecin, la mène, comme unique distraction, tous les soirs, jouer aux dominos dans un café, avec toujours les mêmes figures de compatriotes. […] Août Les figures de cire, je ne connais pas de mensonge de la vie plus effrayant. […] La figure de cire pourra devenir, dans les républiques futures, le grand art populaire. […] Une figure en retraite, effacée, sans cils ni sourcils, et sur laquelle se détachent les deux ailes noires du nez, ainsi que les oiseaux passant à tire-d’aile dans le ciel des paysagistes.
Je note cet état d’esprit profondément religieux pour donner toute sa vérité à cette jeune figure et montrer les sources de sa vertu. […] Quelle joyeuse émotion pour les deux amis qui jadis avaient fondé ensemble le journal Leurs Figures, et qui ne s’étaient pas vus depuis le 4 août 1914 ! […] C’est si bon de sentir derrière soi toute une famille, et quand je suis en ligne, dans ma cagna, je ferme les yeux une fois la lettre lue, et je me figure être avec vous tous. […] « Beaux fils, disent-elles à leurs enfants, allez en mon nom défendre la patrie. » Il serait juste d’écrire un chapitre sur la renaissance et l’efficacité du régionalisme, durant cette guerre, et de l’illustrer avec les figures de Frédéric Charpin, le nationaliste provençal ; d’Eugène Noient, le nationaliste normand ; de Jean-Marc Bernard, qui signait Jean-Marc Bernard dauphinois.
Charles Baudelaire Pour moi, j’avoue sincèrement, quand même j’y sentirais un ridicule, que j’ai toujours eu quelque sympathie pour ce malheureux écrivain dont le génie manqué, plein d’ambition et de maladresse, n’a su produire que des ébauches minutieuses, des éclairs orageux, des figures dont quelque chose de trop bizarre, dans l’accoutrement ou dans la voix, altère la native grandeur.
Les petites figures répandues autour de l’édifice, soit oisives, soit occupées, sont fort bien.
Cette remarque est fondamentale pour qui aborde l’histoire et les grandes figures qui y sont en scène. […] Quand on ouvre, au Cabinet des estampes, le cahier où sont les portraits de Sully et de sa femme, on y voit le Sully tel qu’il nous a été transmis par la gravure et qu’il est fixé dans la mémoire, c’est-à-dire vieux, le front haut et chauve, la figure sillonnée et rude, l’air fâché, avec barbe longue et moustache grise, le tout encadré dans cette fraise bien roide que nous savons, et son écharpe sur l’armure. Puis, à côté, on voit ressortir avec plus de fraîcheur cette figure douce, jolie, mignonne, enfantine, un peu nicette et naïve de Mlle de Bontin.
L’abbé Le Dieu n’a pas le dessein de diminuer Bossuet, mais il soumet son illustre maître à une épreuve à laquelle pas une grande figure ne résisterait ; il note jour par jour, à l’époque de la maladie dernière et du déclin, tous les actes et toutes les paroles de faiblesse qui lui échappent, jusqu’aux plaintes et doléances auxquelles on se laisse aller la nuit quand on se croit seul, et dans cette observation il porte un esprit de petitesse qui se prononce de plus en plus en avançant, un esprit bas qui n’est pas moins dangereux que ne le serait une malignité subtile. […] L’impression qu’on reçoit de ces détails à la longue est affligeante, et il en rejaillit quelque chose, quoi qu’on fasse, sur la noble et belle figure ainsi encadrée et présentée. […] Le Dieu, au contraire, en s’attachant aux actions de Bossuet (et à part les mémoires écrits pour la montre), n’a fait que compromettre, sans le vouloir, cette haute figure ; il lui eût fallu pour pâture d’observation un moins noble maître.
Il fallait, à l’exemple de Bossuet, fondre la statue d’un seul jet, et non poser sur une base irrégulière et fragile une petite figure à pièces de rapport. […] C’est à vous de voir si l’emploi d’établir et d’étendre les sciences dans ce climat, ne vous sera pas aussi glorieux que d’avoir appris au genre humain de quelle figure est le continent qu’il cultive. […] Mais je n’y pense pas de copier un chapitre de Marc Aurèle à un homme à qui je devrais adresser un épithalame… Je me figure La Beaumelle dans son cabinet : il a devant lui les lettres de Frédéric, il les copie, mais copier est un métier bien plat pour un homme d’esprit.
— Tout cela est bien vague, et cette espèce de Collège de France renouvelé et agrandi, ce prytanée ou sénat académique, conservateur et directeur, je ne me le figure pas avec assez de précision, surtout à côté de l’ancienne Université, pour en pouvoir rien dire. […] Je me figure en imagination Richelieu vivant, toujours présent : il aurait demandé à l’Académie son avis sur Phèdre par exemple, sur Athalie, au lendemain même des premières représentations de ces pièces fameuses, et dans le vif des discussions qu’elles excitèrent ; il l’aurait demandé et voulu avoir sur tout ce qui aurait fait bruit dans les lettres, et qui aurait soulevé en divers sens les jugements du public. […] Qu’on se figure, sur chaque œuvre capitale qui s’est produite en littérature, un rapport, un jugement motivé de l’Académie prononcé dans les six mois ; et qui (toute proportion gardée, et en tenant compte des temps et des convenances diverses) n’eût pas été inférieur pour le bon sens, pour l’impartialité et la modération, à ces sentiments sur Le Cid.
Cette publication mériterait un examen à part ; la figure de Charlotte Corday s’y dessine dans toute sa pureté de ligne et sa simplicité. […] Il y a dans Rabelais une bien vaillante et généreuse figure de moine, le frère Jean des Entommeures ; il y a dans le joli roman du Petit Jehan de Saintrè un Damp Abbé, moins fort en armes, mais riche aussi de nature, qui fait concurrence au gentilhomme auprès de sa belle, et dont le gentilhomme se venge assez cruellement. Un chartreux, comme l’eût été Merlin, me rappelle involontairement ces deux gaillardes figures.
Mais on veut plus, on veut un détail exact, infini ; on s’attache à certaines figures plus qu’à la marche de l’action et à l’ensemble même des choses ; on s’intéresse individuellement à ceux qui seront bientôt des victimes, et dès l’abord on épouse leur destinée. […] À vrai dire, je trouve que l’on s’exalte un peu trop ; on se montre délicat et chatouilleux à tous les endroits sur cette reine brillante et infortunée ; on ne veut aucune tache ni aucune ombre à cette figure. […] La comtesse d’Artois, qui fait contraste, est assez joliment croquée : « Ma nouvelle belle-sœur est toute petite de taille, avenante de figure et fraîche comme une rose, avec un nez qui n’en finit pas ; mais tout cela compose un ensemble agréable, souriant, qui plaît.