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965. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Marot, tendant la main au Roy pour avoir cent escus dans quelque joli dizain, y mettait moins de façon et plus de grâce132. […] Si une Revue (pour préciser encore mieux), qui paye un article à un auteur, se trouvait presque aussitôt dépossédée de cet article par quelque journal payant tribut régulier de reproduction à cet auteur, ce serait une piquante façon d’être leurré : on serait contrefait à bout pourtant, à l’aide de ce qui aurait été fondé précisément contre la contrefaçon.

966. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Scribe, d’une façon plus franche, plus ronde, plus naturelle, qui découle plus directement du Le Sage, et qui n’a pas l’air de faire niche à Molière. […] Et dans le cas présent, au chapitre xxii du Siècle de Louis XIV, parlant des rivalités de la duchesse de Marlborough et de sa cousine milady Masham : « Quelques paires de gants d’une façon singulière, dit-il, qu’elle refusa à la reine, une jatte d’eau qu’elle laissa tomber en sa présence, par une méprise affectée, sur la robe de Mme Masham, changèrent la face de l’Europe. » Le grave Pascal n’avait pas pensé autre chose quand il a parlé du petit nez de Cléopâtre.

967. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Aussi le philosophe, on le conçoit, n’attache pas une très-grande importance, une importance absolue, à la forme extérieure de l’histoire qu’il voit éclore en son temps et prendre sous ses yeux : ce n’est pour lui qu’une écorce et qu’une croûte qui pouvait lever de bien des façons. Cependant, une fois la surface levée d’une certaine façon, une fois les événements accomplis, il n’y a pas moyen de revenir.

968. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Les grands hommes eux-mêmes contribuent souvent à fortifier cette double illusion par leur façon d’agir : jeunes, inconnus, obscurs, ils s’effacent, se taisent, éludent l’attention et n’affectent aucun rang, parce qu’ils n’en veulent qu’un, et que, pour y mettre la main, le temps n’est pas mûr encore ; plus tard, salués de tous et glorieux, ils rejettent dans l’ombre leurs commencements, d’ordinaire rudes et amers ; ils ne racontent pas volontiers leur propre formation, pas plus que le Nil n’étale ses sources. […] Si le statuaire, qui est aussi à sa façon un magnifique biographe, et qui fixe en marbre aux yeux l’idée du poëte, pouvait toujours choisir l’instant où le poëte se ressemble le plus à lui-même, nul doute qu’il ne le saisît au jour et à l’heure où le premier rayon de gloire vient illuminer ce front puissant et sombre.

969. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Le vers est pour lui une forme d’art, ayant sa beauté propre, et traduisant d’une certaine façon en sensations de l’oreille le caractère de l’idée. […] Cette poésie, pour ainsi dire, n’est pas sortie : elle est, dans son œuvre, étouffée, gênée, altérée de mille façons.

970. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Pierre Loti, pseudonyme qui cache M. le lieutenant de vaisseau Julien Viaud920, est un écrivain sensitif et subjectif à la façon de Chateaubriand. […] Le fade roman qui le lança en le sacrant romancier idéaliste et mondain, le Roman d’un jeune homme pauvre, est de 1858 ; le roman tragique de sa façon se connaît bien par Julia de Trécœur (1872).

971. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Mais au lieu de lire ce qu’écrit l’amoureux, il invente une épître de sa façon. […] Les Italiens avaient pu caricaturer certaines façons minaudières, quelques singularités de costume, mais non le style de Madelon ou de Cathos.

972. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

De cette notion est sortie celle du continu mathématique à plusieurs dimensions de la même façon que le continu physique à une dimension avait engendré le continu mathématique à une dimension. […] De toute façon, la question suivante se pose : pourquoi jugeons-nous que toutes ces représentations si différentes les unes des autres représentent pourtant un même point ?

973. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

C’est à la fin de cette même année que parut le numéro i du format revue, sous couverture jaune-citron, avec, au sommaire, les noms de Paul Verlaine, Maurice du Plessys, Laurent Tailhade, Jean Lorrain, Anatole Baju, Ernest Raynaud, auxquels se joindront, dans les numéros suivants, d’une façon régulière et continue, les noms de : Jules Renard, Albert Aurier, Pillard d’Arkaï, Georges Fourest, Boyer d’Agen, Édouard Dubus, Louis Dumur, André de Bréville, Louis de Saint-Jacques, vicomte Jean Vassili, Valère Gille, Martial Besson, Paterne Berrichon, Félix Noore, Norbert Lorédan, Émile Cottinet, Charles Darantière, A. […] Les naturalistes, débraillés et cyniques, avaient encore accentué ces mauvaises façons, ces étranges arguments de discussion.

974. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Si, pendant un siècle, elle fit son tour d’Europe en séduisant les aristocraties de tout pays, elle le dut en grande partie à ce qu’elle offrait des tableaux de mœurs et des façons de parler qui pouvaient passer pour l’idéal de la société polie. […] Est-il en guerre avec le beau sexe ; il ne connaît qu’une façon de le combattre : c’est de le fuir.

975. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Ce fils aimait sa mère à sa manière, à la manière de tous deux, et, quoique cette façon filiale ne soit pas peut-être de celles qui doivent se proposer en modèle, il n’était point ingrat : « Tiens chaud de cœur à ma mère, écrivait-il à Bettina… Je voudrais cordialement être à même de te récompenser de tes soins pour ma mère. […] Ravi de sa façon d’écouter et de son approbation franche et naïve, il la reconduisit jusque chez elle, et il lui disait mille choses de l’art en chemin : Il parlait si haut et s’arrêtait si souvent, raconte-t-elle, qu’il fallait du courage pour rester à l’écouter ; mais ce qu’il disait était si inattendu, si passionné, que j’oubliais que nous étions dans la rue.

976. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Galiani, très au fait de ces questions, et qui les avait étudiées avant son arrivée en France, avait en horreur les idées absolues en telle matière, et surtout la façon dogmatique, tranchante, mystérieuse et ennuyeuse, dont les économistes présentaient les leurs. […] Il prétendait, selon sa façon demi-sérieuse, demi-bouffonne, et où la pensée se doublait du calembour, qu’il y avait trois sortes de raisonnements ou résonnements : 1º raisonnements de cruches ; c’était, à ce qu’il croyait, les plus ordinaires, ceux du commun des hommes ; 2º raisonnements ou résonnements de cloches ; c’étaient ceux de bien des poètes et orateurs, de gens de haut talent, mais qui s’en tenaient trop, selon lui, aux apparences, aux formes majestueuses et retentissantes de l’illusion humaine.

977. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Si elle tint quelque temps l’épée comme une guerrière, elle a beaucoup produit la plume à la main : non seulement elle a laissé des Mémoires intéressants et très véridiques, dont on a dit « qu’ils sont assez mal écrits pour que l’on puisse s’assurer qu’ils sont d’elle », mais on a encore de sa façon de petits romans, des portraits, des lettres. […] Les personnes de bon sens qui les lisent, et qui jouissent, comme d’une singularité perdue, de tant d’incroyables aveux et d’une façon de voir si princière en toutes choses, peuvent y mettre sans effort les réflexions et la moralité qu’elle n’y met pas53.

978. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Un de ces plus grands inconvénients, et qui donne le plus d’ennui, c’est que les gens du monde ne s’imaginent point qu’on puisse aborder un bel esprit de la même façon qu’une autre personne, et lui parler autrement qu’en haut style : Car enfin je vois des hommes et des femmes qui me parlent quelquefois, qui sont dans un embarras étrange, parce qu’ils se sont mis dans la fantaisie qu’il ne me faut pas dire ce qu’on dit aux autres gens. […] Ce costume de mascarade était d’emprunt : ce qui lui était essentiel et propre, c’était la façon d’observer et de peindre le monde d’alentour, de saisir au passage les gens de sa connaissance, et de les introduire tout vifs dans ses romans, en les faisant converser avec esprit et finesse.

979. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Traduire Dante était pour Rivarol « un bon moyen, disait-il assez avantageusement, de faire sa cour aux Rivarol d’Italie », et une façon de payer sa dette à la patrie de ses pères ; c’était indirectement faire preuve de sa noblesse d’au-delà des monts. […] Il se pique d’en triompher, de les éluder, de les faire sentir en ne les exprimant qu’à sa façon.

980. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Dans ce voyage de Russie, toutefois, il trouva moyen encore de rendre sa position fausse en se faisant appeler le Chevalier de Saint-Pierre et en se donnant des armoiries de sa façon : bien souvent, quand il était présenté à quelque personnage de marque, on lui demandait s’il appartenait à la noble famille de Saint-Pierre qui était alors très en vue à Versailles ; il était obligé de répondre non, et il en souffrait. […] Je les combattis, quelqu’un même se joignit à moi ; j’espérai que vous changeriez de façon de penser, et mon amitié ne se ralentit point pour vous procurer quelque grâce du roi.

981. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

C’est d’imiter en quelque façon le bruit inarticulé que nous ferions pour la signifier. […] Or il ne me souvient que d’un seul morceau de poësie françoise qui soit de cette espece, et qu’on puisse opposer en quelque façon à tant d’autres vers que les latins de tous les temps ont loüez dans les ouvrages des poëtes qui avoient écrit en langue vulgaire.

982. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Toute personne nous ayant procuré cinq abonnements recevra la revue gratuitement pendant un an. » Cet activisme est le pendant des difficultés financières qu’exprime la page de sommaire : « Les difficultés d’impression s’opposent momentanément à notre parution régulière, nos abonnés sont assurés de recevoir douze numéros, correspondant à leur abonnement d’un an. » Le numéro fait se rencontrer de façon exemplaire les différentes esthétiques nourrissant la revue, le post-symbolisme du récit de Hertz succédant à l’évocation d’Apollinaire, le poème de Péret rencontrant les fables de Max Jacob. […] Le Théâtre aérien, par l’ampleur de ses spectacles, le concours des foules et l’émulation de ses acteurs volants, parmi lesquels brilleront bientôt des Zacconi, Duse, Caruso, Tamagnoap de l’air, stimulera d’une façon décisive l’aviation.

983. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Attila, cet élément et non cet homme à notre façon, déchaîné à travers le monde, ne saurait se décomposer comme les autres hommes. […] C’est qu’en histoire, nous n’avions à peu près rien en fait de pittoresque, si ce n’est la tapisserie et les nappes de haute lice dont un jour M. de Barante avait sans façon dévalisé Froissard.

984. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Et la sœur Vincent qui, chaque matin, marmottait une façon de prière commune au milieu du dortoir où chacun ronflait magistralement. […] Mais la marquise s’y prit de telle sorte et la vanité de l’avocat fut tellement flattée de cette façon de s’y prendre, que toutes ses résistances tombèrent. […] Qu’il suffise de savoir que la femme de Numa découvre d’une façon presque aussi brutale que la première fois, qu’elle a été trompée. […] — Toi aussi, tu parles de cette façon ! […] Le tout admirablement mis en scène et ciselé à la façon des véritables objets d’art.

985. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Littérairement, ce morceau n’a paru qu’un lieu commun trop prolongé, et dans lequel les traits qui, à la rigueur, pouvaient être ressemblants, disparaissaient dans la façon déclamatoire de l’ensemble.

986. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

Hugo, au milieu de ses remercîments et de ses éloges pour la façon dont j’avais apprécié son recueil, en prit occasion de m’exposer ses vues et son procédé d’art poétique, quelques-uns de ses secrets de rhythme et de couleur.

987. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Entendu de cette façon, il nous semble que le talent fécond, brillant et pittoresque de Walter Scott, abordant le genre austère de l’histoire, a bien pu s’égarer, comme il l’a fait, à la merci de passions mesquines et de préjugés aveugles ; égarement miraculeux et de tout point incompréhensible, si l’on reconnaît à l’auteur cette intelligence profonde des époques et ce sens historique pénétrant dont on l’a jusqu’ici trop libéralement doué.

988. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Shakspeare le premier, homme du nord, un peu païen par l’âme, audacieux à sa façon comme Luther, réveilla dans l’ordre poétique ces incertitudes longtemps apaisées, et dès Hamlet et Macbeth, prépara ces solutions sceptiques ou rebelles que Gœthe et Byron ont poussées à bout de nos jours.

989. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Amyot avait bien rencontré en s’arrêtant à Plutarque : un bon esprit plutôt qu’un grand esprit, un auteur lui laisse les questions ardues ou dangereuses, ou du moins qui ne parle ni politique ni religion ni métaphysique d’une façon offensive, un causeur en philosophie plutôt qu’un philosophe, moins attaché à bâtir un système d’une belle ordonnance, qu’à regarder l’homme, à chercher les règles, les formes, les modes de son activité : en un mot, un moraliste.

990. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Il ne s’agit que de poser élégamment les termes du problème, de façon que la solution se présente instantanément à l’esprit.

991. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Ceux qui, à la façon de Banville, ne s’éblouissent pas des splendeurs païennes, décèlent le pessimisme noir de Leconte de Lisle.

992. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Le sens de cette fête annuelle des bonnes études vient d’ailleurs de vous être indiqué d’une façon si judicieuse, qu’à peine est-il nécessaire d’ajouter quelques mots.

993. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

La Renaissance peut être considérée comme l’une des époques où l’énergie d’une société s’est transformée de la façon la plus violente sous l’influence d’un modèle offert par une civilisation antérieure.

994. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il eût pu, à la vérité, emprunter d’autres couleurs sur la même palette, et jeter ici quelques bonnes pages bien philanthropiques, dans lesquelles — en côtoyant toutefois avec prudence un banc dangereux, caché sous les mers de la philosophie, qu’on nomme le banc du tribunal correctionnel — il eût avancé quelques-unes de ces vérités découvertes par nos sages pour la gloire de l’homme et la consolation du mourant ; savoir : que l’homme n’est qu’une brute, que l’âme n’est qu’un peu de gaz plus ou moins dense, et que Dieu n’est rien ; mais il a pensé que ces vérités incontestables étaient déjà bien triviales et bien usées, et qu’il ajouterait à peine une goutte d’eau à ce déluge de morales raisonnables, de religions athées, de maximes, de doctrines, de principes qui nous inondent pour notre bonheur, depuis trente ans, d’une si prodigieuse façon qu’on pourrait — s’il n’y avait irrévérence — leur appliquer les vers de Regnier sur une averse : Des nuages en eau tombait un tel degoust, Que les chiens altérés pouvaient boire debout.

995. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

Quand on sent la poésie d’une certaine façon, on l’aime mieux habitant la montagne et la ruine, planant sur l’avalanche, bâtissant son aire dans la tempête, qu’en fuite vers un perpétuel printemps.

996. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Ce qui perdit celui-ci, ce fut moins sa philosophie huée sur le théâtre, ce furent moins ses maximes tournées en ridicule, que sa façon libre de s’expliquer sur la religion & sur le gouvernement de son pays.

997. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Non-seulement nous ne comprenons pas et nous ne comprendrons jamais comment des traces quelconques imprimées dans notre cervelle peuvent être perçues de notre esprit ou y produire des images, mais, quelque délicates que soient nos recherches, ces traces ne se montrent en aucune façon à nos yeux, et nous ignorons entièrement quelle est leur nature. » Le savant et profond physiologiste allemand Müller s’exprime en termes non moins significatifs.

998. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Il est donc à propos que l’enseignement de ses sujets se conforme à sa façon de penser et qu’on leur démontre la distinction des deux substances, l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme et la certitude d’une vie à venir, comme les préliminaires de la morale ou de la science qui fait découler de l’idée du vrai bonheur, et des rapports actuels de l’homme avec ses semblables, ses devoirs et toutes les lois justes ; car on ne peut, sans atrocité, m’ordonner ce qui est contraire à mon vrai bonheur, et on me l’ordonnerait inutilement.

999. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

Or nous ne pouvons pas reconnoître aussi facilement la nature quand elle paroît revêtuë de moeurs, de manieres, d’usages et d’habits étrangers, que lorsqu’elle est mise, pour ainsi dire, à notre façon.

1000. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

La peinture contenuë dans ces vers Ferus et Cupido semper ardentes acuens sagittas, cote cruenta. paroît en quelque façon une image nouvelle à ceux qui la voïent à Chantilly dans un tableau.

1001. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

… « Le rôle de Crispin a été rendu de la façon la plus remarquable par Thiron… » Crispin !

1002. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Quand chez ces derniers un homme a vraiment du génie il pousse, à sa façon, le cri du génie, et c’est le Dante quand le génie est mâle, et c’est Lamartine quand le génie est femelle.

1003. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Monselet ne l’est pas, il est vrai, tout à fait à la façon de ce Beauvoir qu’il me rappelle.

1004. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Avec une façon si corporelle et si personnelle de faire la guerre, les premiers citoyens, les princes eux-mêmes étaient tenus d’être bons athlètes. […] En effet, le corps gardait jusqu’au bout les traces de l’éducation gymnastique ou servile ; on le reconnaissait du premier coup à sa prestance, à sa démarche, à ses gestes, à sa façon de se draper, comme jadis on distinguait le gentilhomme dégourdi et anobli par les académies, du rustre balourd et de l’ouvrier rabougri. […] Mais ce que l’on voyait dans les façons, le geste et la pose du Grec, ce n’était pas l’homme de cour, c’était l’homme de la palestre. […] Au sentiment profond de la perfection corporelle et athlétique s’ajoutait chez le public et chez les maîtres un sentiment religieux original, une idée du monde aujourd’hui perdue, une façon propre de concevoir, de vénérer et d’adorer les puissances naturelles et divines. […] La pastorale à la façon de Théocrite fut dans les pays helléniques une vérité ; la Grèce se plut toujours à ce petit genre de poésie fin et aimable, l’un des plus caractéristiques de sa littérature, miroir de sa propre vie, presque partout ailleurs niais et factice.

1005. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Elle a ses redoublements, et elle devient nécessairement contagieuse : car sitôt qu’un État augmente ce qu’il appelle ses troupes, les autres soudain augmentent les leurs, de façon qu’on ne gagne rien par là que la ruine commune. […] Dans les pays froids, le tissu de la peau est resserré et les mamelons comprimés, les petites houppes sont en quelque façon paralytiques ; la sensation ne passe guère au cerveau que lorsqu’elle est extrêmement forte et qu’elle est de tout te nerf ensemble. […] Verbiest avait trouvé qu’un certain endroit, à 80 lieues au nord de la grande muraille, vers la source de Kavamhuram, excédait la hauteur du rivage de la mer près de Pékin de 3,000 pas géométriques ; que cette hauteur est cause que, quoique quasi toutes les grandes rivières de l’Asie aient leur source dans le pays, il manque cependant d’eau, de façon qu’il ne peut être habité qu’auprès des rivières et des lacs.

1006. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort. […] Tandis que Bourdaloue procède à la façon des psychologues positifs du roman et du théâtre classiques, Bossuet a le tempérament des lyriques de notre siècle, qui enveloppent de leurs visions individuelles les plus larges lieux communs. […] Mais, tout en étant orthodoxe, Bossuet a une façon à lui de grouper, sérier, présenter les dogmes : dans la prédominance qu’il donne à l’un ou à l’autre, dans la complaisance avec laquelle il expose celui-ci ou celui-là, s’affirme un tempérament, et se dessine une philosophie.

1007. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il fut résolu « que l’on n’obligerait personne à travailler au-dessus de ses forces, et que ceux qui auraient mis leurs ouvrages au point qu’ils seraient capables de les mettre, en pourraient recevoir l’approbation, pourvu que l’Académie fût satisfaite de l’ordre de la pièce en général, de la justesse des parties et de la pureté du langage. » De cette façon, l’Académie n’empêchait pas plus l’invention qu’elle ne l’imposait : elle ne demandait aux écrivains que les qualités essentielles, d’obligation, sans lesquelles un écrit est mauvais et l’auteur de cet écrit ridicule. […] Il est tout simple que, dans les écrits où l’auteur n’était en quelque façon que la main de la compagnie, il n’y eût pas place pour le bel-esprit. […] l’Académie, qui se composait en grande partie d’écrivains célèbres par le bel-esprit, ne travaillait pas moins à le détruire que Port-Royal, où l’on n’entrait qu’après l’avoir en quelque façon abjuré au seuil du saint asile.

1008. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

On peut en discuter d’une façon tout individuelle, selon le goût, établir les relations entre les tendances de l’artiste et celles du critique, apprécier, approuver, dénigrer, sans que rien de supérieur intervienne dans ce débat aux opinions particulières de celui qui le suscite. […] Là, où elle se trouve à un degré supérieur, elle rend le cœur si grand, qu’il embrasse le monde entier, de façon qu’il contient maintenant le Tout, que rien n’est plus en dehors de lui, puisque tous les êtres s’identifient avec lui. […] Willy rendra compte de façon savoureuse l’atmosphère de ces concerts dans ses Lettres de l’ouvreuse (1890).

1009. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Une douleur, une pensée, une volition ne peuvent plus être considérés comme des phénomènes en l’air, simplement distincts l’un de l’autre à la façon d’une vibration sonore et d’une vibration lumineuse. […] Quand même l’être individuel étudié par le psychologue n’aurait d’abord aucune notion du subjectif et de l’objectif, — comme cela est certain, — cette distinction n’en demeure pas moins essentielle pour le psychologue, parce que, de fait, il étudie la façon dont les phénomènes arrivent à constituer une conscience possible, une individuation au moins virtuelle. […] C’est cette différence qu’on exprime par le mot général de conscience ; mais il ne faut pas entendre par là, malgré l’étymologie, une science de soi, une connaissance, une façon quelconque d’être son objet à soi-même, d’être représenté à soi-même.

1010. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Analyser de cette façon les origines du romantisme est une tâche ardue : l’époque a été peu fouillée, bien qu’elle renferme plus de documents sociaux que ne soupçonnent les historiens ; et que leur étude permet de comprendre l’évolution politique, philosophique, religieuse, littéraire et artistique de la société bourgeoise. […] Le Don Juan d’outre-Manche s’accommoderait sans façon des deux amoureuses à la fois ; mais l’aristocrate et la roturière rivalisent non à qui accaparera l’objet de leurs flammes communes, mais à qui le cédera à sa rivale. […] Une demoiselle de la Fronde aurait sauté par-dessus les murs de vingt couvents pour obéir à son cœur ; Mlle de La Vallière plantait là, sans façons, le Bon Dieu et ses saints, la Vierge Marie et son fils Jésus, quand son royal amant lui faisait un signe.

1011. (1870) La science et la conscience « Chapitre I : La physiologie »

Lorsque Pinel et Esquirol déterminèrent les états et les causes physiologiques de la folie par un ensemble aussi complet d’observations et d’analyses ; lorsque Gall et Spurheim, même en des recherches qui ne devaient aboutir qu’à une doctrine bientôt abandonnée, essayèrent de montrer, à la surface du cerveau, les nombreux organes de nos diverses facultés mentales ; lorsque Magendie et surtout Flourens commencèrent leurs belles expériences sur les êtres vivants, continuées avec tant de succès par les naturalistes et les physiologistes de nos jours, afin d’arriver à déterminer d’une façon précise et sûre les vraies conditions organiques des fonctions de la vie intellectuelle et morale : — tous ces travaux, exécutés par les facultés les plus rares de l’esprit aidées des méthodes les plus ingénieuses et des instruments les plus délicats, ont répandu de telles lumières sur la question des rapports du physique et du moral qu’il en est sorti, non plus une doctrine vague et conjecturale, mais une véritable science. […] Est-ce cette entité métaphysique à la façon de Platon et de Descartes que vous nommez l’âme, c’est-à-dire un être incompréhensible, qui est dans le corps sans y avoir un siège, et dont toutes les fonctions deviennent impossibles par la suppression de tel ou tel organe ? […] Socrate et Pascal pouvaient offrir à une observation superficielle les apparences de l’hallucination par leurs façons de parler et d’agir ; mais il suffit d’entrer dans l’analyse intime de ces deux natures pour voir que la raison de l’un, pas plus que l’intelligence de l’autre, n’avait rien à craindre, soit d’une simple illusion d’optique psychologique, telle que le démon de Socrate, soit d’une superstition mystique, telle que l’amulette de Pascal.

/ 1977