Une existence de plus en plus fantastique. […] Au milieu de cette existence, il a été à une noce où la demoiselle d’honneur était une femme qui fait tirer des loto dans les gargots, et où la mère de la mariée a fait apporter, pendant la promenade, des canons de chez un marchand de vin à toutes les personnes rassemblées dans cinq ou six fiacres, et buvant à la portière, et où la mariée, au repas de noce, lui voyant mettre de l’eau dans son vin, lui a demandé s’il avait une vilaine maladie ?
Lorsqu’une société en est arrivée à se partager ainsi en deux sociétés hostiles qui combattent non pour le pouvoir, non pour la liberté, mais pour l’existence, et qui se disputent le tien et le mien, quel espoir et quel remède peut-il subsister, sinon la paix dans l’obéissance ? […] Tout ce qui relève de nos jours l’idée de l’individu est sain ; tout ce qui donne une existence à part à l’espèce et grandit la notion du genre est dangereux.
Elle admet pour les sociétés de fait, une existence de fait. […] Mais il faut distinguer, des visées et des idées d’une association, les effets qu’elle produit par son existence même, par sa seule présence dans une nation.
., qui leur fussent propres, avait déterminé l’existence d’un droit naturel des familles, que les pères suivirent ensuite dans leurs rapports avec leurs clients. […] Tout ceci nous est confirmé par Tite-Live, qui, en racontant l’institution du consulat par Junius Brutus, dit positivement qu’il n’y eut rien de changé dans la constitution de Rome (Brutus était trop sage pour faire autre chose que la ramener à la pureté de ses principes primitifs), et que l’existence de deux consuls annuels ne diminua rien de la puissance royale, nihil quicquam de regiâ potestate deminutum .
Un philosophe éloquent du dernier siècle a voulu surprendre et décrire l’entrée du premier homme dans la vie, son action instinctive, l’éveil de ses sensations, et ce qu’il nomme les plaisirs de sa grande et noble existence. […] Nul doute qu’une éducation à part, la plus sévère, la plus abstinente, la plus morale, la plus poétique, préparait ces hommes ; et, si quelquefois le même don de sagesse et d’enthousiasme, que l’éducation développait en eux, se trouvait ailleurs perdu et comme enfoui dans une existence grossière, là encore parfois il s’éveillait, sous quelque coup du sort et quelque ressentiment des maux de la patrie, comme nous l’atteste l’exemple du prophète Amos, enlevé à ses travaux rustiques pour avertir un roi corrompu d’Israël et protester contre l’idolâtrie de Damas et le schisme de Samarie.
Il eut une existence considérable, mais sans influence politique réelle, quoiqu’il se flattât d’en avoir.
Celui-ci conservait pourtant sa majorité conventionnelle ; il en fit usage au 18 fructidor contre lui-même et contre les Conseils pour sauver la Constitution ; mais il ne la sauva qu’en la violant, et, après cette première violation, aussi nécessaire que funeste, il ne sut plus prolonger son existence qu’à force de coup d’État, M.
Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage.
Est-il impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de peindre la réalité comme elle est, transporterait l’action dans un monde fantastique, donnerait à des idées abstraites une existence réelle, aux êtres réels une vie, en quelque sorte, idéale, un corps, une voix à des nuages, une constitution politique aux habitants de l’air ?
Sur ce point, presque tous emploient le même langage : « Je me sentais si complètement changé, qu’il me semblait être devenu un autre134 ; cette pensée s’imposait constamment à moi sans que cependant j’aie oublié une seule fois qu’elle était illusoire. » — « Quelquefois il me semble n’être pas moi-même, ou bien je me crois plongée dans un rêve continuel. » — « Il m’a littéralement semblé que je n’étais plus moi-même. » — « Je doutais de ma propre existence, et même par instants je cessais d’y croire. » — « Souvent il me semble que je ne suis pas de ce monde ; ma voix me paraît étrangère, et, quand je vois mes camarades d’hôpital, je me dis à moi-même : “Ce sont les figures d’un rêve.” » — Il semble au malade « qu’il est un automate » ; « il sent qu’il est en dehors de lui-même ». — Il ne « se reconnaît plus ; il lui semble qu’il est devenu une autre personne ».
Fontenelle, censurant la légèreté des hommes qui trouvent le pourquoi des choses sans s’être assurés de leur existence, et qui raisonnent ainsi sur des objets imaginaires, donne cet exemple du soin qu’il faut apporter à l’observation des phénomènes avant d’en aborder l’explication.
Descartes part d’un mot de saint Augustin : Je pense, donc je suis, et ne prouve que de vieilles vérités, l’existence de Dieu, celle du monde extérieur, l’immortalité de l’âme.
Je ne saurais dire si c’est parce qu’il avait quitté le roman biographique pour le roman-drame que l’auteur de Bel-Ami a, dans ces derniers temps, paru s’attendrir, ou si c’est au contraire parce que l’expérience et les années l’avaient attendri, qu’il s’est intéressé davantage aux drames de la passion et qu’il a jugé qu’une seule crise dans une existence humaine pouvait faire le sujet de tout un livre : mais le fait est que son cœur, on le dirait, s’est amolli et que la source des larmes a commencé d’y jaillir.
Nous avons le droit de dire : L’existence de tels caractères constitue une époque.
Le Sceptre, c’est, en un dialogue peut-être spirituel, l’histoire d’un archiduc qui, sur le point d’hériter un empire, recule devant la vie exceptionnelle, se fait passer pour mort et s’efforce de s’organiser une bonne petite existence bourgeoise.
Un autre mot mal interpreté a beaucoup encore contribué à cacher aux auteurs modernes l’existence de cette déclamation.
Sans existence positive avant ce grand homme, fortement organisé sous ses successeurs, ébranlé par les croisades, frappé à mort par Louis XIV, le régime féodal vient d’être remplacé par le gouvernement constitutionnel, par le système représentatif, enfant lui-même de nos plus anciennes traditions, de nos traditions que l’on pourrait appeler primitives.
Tout le monde n’est pas bâti pour faire un héros et même le métier n’en vaut rien, au point de vue des aises et des tranquillités de l’existence, mais il y a des gens pourtant qui se sentent faits pour cette mauvaise vie des héros.
Cela ne se voit pas, quoique cela se sente, semblable aux insectes imperceptibles dont on ne soupçonne l’existence que quand le mal qu’ils font obscurément est accompli !
Excepté son livre, rien ne reste de cet homme, qui eut un cœur pourtant, une humeur, un tempérament, une existence à la façon des autres hommes, et qui n’apparaît dans l’histoire que comme un grand esprit impersonnel, un observateur qui s’efface dans l’intérêt de son observation, et qui provoque d’autant plus la curiosité qu’il la désespère.
Vitu a raconté avec une émotion contenue, mais profonde, cette existence si pleine, si militante et si courte, couronnée par cette effroyable mort.
Il n’a été que cela, en effet, cet homme qu’on a voulu bâtir de plusieurs hommes, dans lequel on s’est acharné à supposer toutes les facultés humaines réunies dans je ne sais quel chimérique et éblouissant faisceau ; il n’a été qu’un poète : mais c’est suffisant pour la gloire, un poète, cette prodigieuse anomalie entre la vie et la pensée, mené par ses passions comme tous les poètes, et dont l’existence fut d’une tristesse et d’une misère à faire pitié.
L’avenir prend de l’importance, L’horizon paraît s’élargir, On entend à large distance La mer éternelle mugir Sur les rives de l’existence !
Et cependant, il n’y a pas d’autre façon de l’entendre : les Aventures parisiennes sont à peine des faits extérieurs ; ce sont des sentiments qui rident ou agitent les surfaces de l’existence, puisqu’on en souffre et qu’on en meurt : mais ce sont des sentiments dont l’âme est le théâtre encore plus que la vie, en ces récits qui semblent profonds et qui sont à peine appuyés !
* ** On comprendra mieux, d’ailleurs, l’étroitesse d’une conception qui attribuerait, à la seule force de l’idée de l’égalité, le développement des formes sociales que nous avons énumérées, si l’on embrasse, d’un rapide coup d’œil, la multiplicité des conditions que suppose l’existence de chacune d’elles.
Le charme de ces préludes était dans leur sainteté, dans le rappel de l’âme à elle-même, dans le contraste de cette pureté religieuse avec les vices du monde profane, et enfin dans les espérances de la vie spirituelle supérieure à tous les sentiments de l’existence ici-bas.
Mais il est arrivé que les progrès de l’industrie, le développement du bien-être et du luxe ont supprimé de la majorité des existences la dépense d’activité physique nécessaire peur tenir le corps en bon état. […] Leur existence s’écoule entre leur église et leur bibliothèque : et dans celle-ci ils entrent avec un esprit religieux comme dans celle-là. […] Il fallut bien s’en inquiéter, quand, après quarante années d’existence toute littéraire et artificielle, la tragédie se produisit sur un vrai théâtre, devant un vrai public. […] Cette foule ne grouille pas, elle défile ; les séries et faits ne s’enchevêtrent pas, ils se coupent ; il y a rencontre, ou juxtaposition des existences diverses, non réaction, ou pénétration. […] Ils font des comédies avec des souvenirs de collège et le jargon des salons ; ils n’ont souci d’aucun des grands problèmes qui intéressent l’humanité et la société ; en soupçonnent-ils seulement l’existence ?
La morale, c’est la science des mœurs, c’est l’art de vivre, ou plutôt l’art de soumettre sa vie à l’autorité de la conscience, de l’assujettir à des principes assez élevés et assez puissants pour dominer l’existence. […] Oui, l’Évangile, d’un bout à l’autre, est de la morale, et qui plus est, une seule idée morale se développant par sa propre énergie, se ramifiant et coulant de son propre poids dans toutes les pentes que lui préparent le cœur et les vicissitudes de l’existence. […] La première de ces vérités est celle de l’existence de Dieu prouvée contre les athées ; la seconde, celle de la religion chrétienne contre les mahométans ; la troisième, celle de la religion catholique contre les hérétiques. […] Séparé de Dieu dès sa naissance, ignorant de son but, doué d’une existence sans objet hors de lui, détaché de la chaîne des êtres, fibre discordante dans le concert de la création, il n’a ni garantie sûre contre les désirs de son propre cœur, ni pierre de touche infaillible. […] D’après la signification du terme, maintenant admise, un déiste est un homme qui professe de croire à l’existence de Dieu, mais qui ne s’inquiète pas trop de le servir et de lui plaire ; un homme, en un mot, qui reconnaît l’être à un Dieu, mais sans l’adorer.
Je suppose, sans aucune preuve d’ailleurs, que telle est l’origine des divers groupes humains dont l’existence fut marquée par un avancement notable dans la civilisation générale. […] A tout moment de l’existence du groupe humain, les manifestations du plus haut degré de l’intelligence humaine sont possibles. […] L’écriture idéographique était très propre, en effet, à conférer aux mots qu’elle représentait une existence séparée, existence qu’ils n’ont pas, ou à peine, dans l’esprit de ceux qui ne savent pas écrire. […] La civilisation, en améliorant les conditions quotidiennes de l’existence, en assurant une sécurité très grande, développe les tendances de l’homme à un certain automatisme. […] Cornetz, une condition nécessaire d’existence, un produit précieux de l’instinct vital. » L’homme qui se surestime est aussi celui qui est capable de se surmonter.
Cependant les lettres et les sciences étaient pour bien peu encore dans l’existence des empires. […] Mais comme ce n’était pas contre la royauté qu’on s’était accoutumé à murmurer, l’existence du trône ne fut nullement attaquée. […] Partout et toujours le sentiment de son existence continuée lui donnera la notion du temps ; il aura de même la conviction que le principe d’existence ne se rencontre pas en lui seul, et qu’indépendamment de lui subsiste le monde extérieur, ou la cause qui le produit. […] Ce consentement ou contrat est donc en effet le principe rationnel de son existence ; mais ce contrat est tacite, il l’a toujours été, conséquemment il n’a pas de réalité. […] La définition est vraie ; elle représente exactement l’idée d’un solide régulier ; mais elle n’a aucun rapport avec les conditions matérielles de l’existence de ce solide.
Mais pas de bons inventaires descriptifs des dépôts de documents, cela équivaut, en pratique, à l’impossibilité de connaître l’existence des documents autrement que par hasard. […] — 3° Est-il exprimé en termes si généraux qu’une observation superficielle ait suffi pour le saisir (l’existence en général d’un homme, d’une ville, d’un peuple, d’un usage) ? […] Un seul cas suffit pour apprendre l’existence de la conception, un seul document suffit pour la prouver. […] C’est que l’existence du diable serait inconciliable avec les lois de toutes les sciences constituées. […] Mais l’histoire ne fournit aucun procédé sûr pour déterminer l’action de ces différences héréditaires entre les hommes, elle n’atteint que les conditions de leur existence.
Tout à l’heure, j’ai écrit : exceptionnel ; Molière ne l’est pas seulement par une spéciale et suprême intelligence, mais aussi par une douceur de cœur, par une effusion d’âme, non moins manifeste dans son œuvre que dans son existence. […] En même temps qu’un cœur tendre, il fut un esprit plein de mystiques rêveries et sans cesse tourmenté des éternels problèmes de l’existence et du trépas. […] Nulle impassibilité intime, je le répète ; mais l’expansion au loin d’un esprit dont, par la compression, justement, de l’existence quotidienne, s’exaspère la puissance en un rayonnement sur toute l’histoire antique, sur tout le pittoresque exotique, sur toute la légende immémoriale. […] Il est impossible, désormais, de mourir jeune, tant les âmes en des corps récents sont vieilles déjà d’antérieures existences innombrables ; même dans un tout petit cercueil, ce que l’on porte en terre c’est l’éphémère enveloppe d’un immémorial esprit. […] La plupart subissent inconsciemment le poids des existences anciennes qui les courbe vers la tombe.
Autre preuve, s’il en faut encore une, de l’existence d’une critique objective. […] Ils ne sont pas encore assez éloignés de leur première existence, assez détachés de leur ancien corps de mort, pour que le malheur d’autrui n’entre pas de quelque chose dans la composition de leur félicité. […] C’est ce que l’on appelle dans l’école la preuve de l’existence de Dieu par l’idée de l’être parfait ; mais cela n’approche-t-il pas bien de la prose ? […] Peu de poètes ont su les atteindre et les faire vibrer : j’en citerais parmi les plus grands qui ne semblent pas seulement en avoir soupçonné l’existence. […] La Revue meurt après quelques mois d’existence, et le poète, qui voit venir la faillite et le déshonneur, nous quitte pour aller se faire écraser par un omnibus.
Avant-propos Voici une face nouvelle de l’œuvre déjà si vaste et si variée de Gobineau qui, l’on peut dire, passa sa riche et belle existence la plume à la main, Gobineau, critique littéraire. — Aucun commentateur des écrits du célèbre écrivain ne nous avait parlé des études qu’on va lire, et il est assez curieux de constater que depuis quarante ans que des milliers d’ouvrages et d’articles ont paru sur le penseur, l’ethnologue, l’orientaliste, le romancier, le conteur, le poète, et le sculpteur même, qu’il était, à peine le professeur Schemann dans sa biographie de l’auteur de l’Essai sur l’Inégalité des Races, — et plus récemment deux articles du Figaro littéraire laissaient supposer qu’il avait tenu d’une façon régulière une rubrique sur les œuvres de ses contemporains. […] Le roman-feuilleton joue donc, en quelque sorte, à ce moment de notre existence sociale, le rôle d’un abécédaire perfectionné et orné d’images en taille douce. […] Mais, si rapides qu’aient passé les règnes de ces maîtres, la durée en fut encore imposante si on la compare à l’existence éphémère de la période romantique. […] En un mot, si ce livre était porté, par hasard, dans des pays lointains où l’existence de nos écrivains serait inconnue, il ferait dire à quelque lecteur enthousiaste : C’est l’œuvre incomplète de quelque jeune poète emporté trop tôt par la mort. […] La littérature de ces dernières années s’est plu à nous faire croire à l’existence bien réelle de tous ces emphatiques impotents ; c’est donc un droit de la critique d’aller les troubler dans le dédaigneux isolement où ils cherchent à se renfermer.
Cette misérable existence se poursuit ainsi jusqu’en 1848. […] Avant de rejoindre la cour à Oxford, où, dans l’attente des événements, elle menait une singulière existence de fêtes et d’intrigues, il voulut aller revoir ses amis de Gidding. […] Il eut en Italie une existence assez accidentée. […] Il rêva un idéal d’existence où l’action, l’amour, et la souffrance même, auraient leur part, tout ce qui, parmi les sensations possibles, était noble et passionné. […] Ce n’est pas qu’on ait manqué à nous en parler ; mais on nous a entretenus, en même temps, de tant d’autres littératures plus bruyantes, que nous avons fini par perdre un peu de vue l’existence de celle-là.
* * * — La révolution de l’existence parisienne est assez bien marquée par le passage de la taverne de Lucas à la taverne de Peters. […] Pas un parent, un ami, un passant, nommé dans son existence, — une absence complète des autres. […] Elle reste en ce jardin, presque nue, par le froid de la soirée qui nous gèle tous, dégageant autour d’elle la froideur d’un marbre, et manquant de l’éducation, de l’amabilité, de l’acquit, du tact, sans la douceur du charme, sans la caresse de la politesse, sans le liant de la femme, sans même l’excitant de la fille, et sotte tout le temps, — mais jamais bête, et vous surprenant, à tout moment, par quelque réflexion empruntée à la vie pratique ou au secret des affaires, par des idées personnelles, par des axiomes qui semblent l’expérience de la Fortune, par une originalité sèche et antipathique qu’elle paraît tirer de sa religion, de sa race, des hauts et des bas prodigieux de son existence, des contrastes de son destin d’aventurière de l’amour. […] 17 décembre Nous aimons ces changements d’existence, ces triomphes de l’animalité au retour de la chasse, ces coups de fouet de fatigue, ces griseries des fonctions physiques, où le boire, le manger, le dormir, deviennent comme des félicités divines de bêtes.
Dans les prairies de Barnes et sur les bords de la Tamise, son âme s’éveille à la vie consciente : Animula vagula, blandula, Hospes, comesque corporis… « Renaîtrons-nous conscients nous-mêmes, ou serons-nous pour jamais disséminés en d’autres, disséminés dans l’oubli de notre propre existence ? […] Et comment ne se lèverait-elle pas, cette aurore, quand toutes les notions de l’humanité depuis trois siècles ont été si profondément modifiées par la science, et quand des perspectives si troublantes et si mystérieuses s’ouvrent devant chaque existence individuelle dans la contemplation silencieuse des infinis maintenant dévoilés, où se meuvent tant de mondes ? […] Et si l’on songe non seulement à la tourbillonnante réalité sociale qui s’agite autour de nous, mais à la réalité encore plus poignante qu’est l’homme perdu sur un astre errant dans l’immensité, s’interrogeant sur son existence même entre deux infinis, comment pourra-t-on sérieusement affirmer qu’une forme fixe s’offrira à ses pensées ? […] Ces états peuvent être purement subjectifs ; ils peuvent aussi être la représentation des concordances mystérieuses qui s’établissent entre un rythme individuel et celui des autres âmes ou entre l’âme du poète et le rythme universel, et j’ai cherché surtout à faire ressortir que le poème de génie est en définitive une loi, une loi vivante et vraie qui correspond aux rapports réels des êtres, et qui domine par sa puissance les ordinaires existences individuelles, les ordinaires lois du milieu humain.
Le critique, cette, fois trop artiste et de parti pris, n’a pas daigné entrer pas à pas dans l’œuvre et dans l’existence de ce grand et triste esprit, l’un des plus pénétrants qui aient jamais été.
Mais cette idée, qui, si elle avait été réalisée selon des conditions naturelles d’existence, dans un lieu, dans un encadrement déterminé, et à l’aide de personnages vivant de la vie commune, aurait été admise des lecteurs superficiels et probablement amnistiée, cette même idée venant à se transfigurer en peinture idéale, à se déployer en des régions purement poétiques, et à s’agiter au loin sur le trépied, a dû être l’objet de mille méprises sottes ou méchantes : on n’a jamais tant déraisonné ni calomnié qu’à ce sujet.
Quoi qu’il en soit, en fait l’ouvrier littéraire, dans son imprévoyance, se multiplie et pullule chaque jour ; son existence est devenue une nécessité, un produit naturel et croissant de vie échauffée qui se porte à la tête et qui constitue la civilisation parisienne.
Gustave Flaubert Musset aura été un charmant jeune homme et puis un vieillard, mais rien de planté, de rassis, de carré, de sérieux dans son talent (comme existence, j’entends) ; c’est qu’hélas !
Assurément, c’est une bien vaine existence que celle de l’érudit curieux qui a passé sa vie à s’amuser doctement et à traiter frivolement des choses sérieuses.
Au commencement de 1672 on ignorait encore dans le public l’existence des enfants de madame de Montespan, et par conséquent on ignorait que madame Scarron fût leur gouvernante ; mais quelques amis, au nombre desquels était madame de Sévigné, la voyaient de temps en temps.
Abandonné à lui-même, triste jouet de ses illusions & de ses caprices, esclave de ses penchans, victime continuelle de sa déplorable existence, en quoi pourroit-il contribuer au bonheur des autres, étant le plus cruel ennemi de lui-même ?
La croyance à l’existence de Dieu, ou la vieille souche, restera donc toujours.
Cette différence se remarque surtout, je n’observe pas l’ordre des volumes, mais n’importe, dans les deux parties de la profession de foi du vicaire savoyard, il n’est guère que rhéteur quand il parle de l’existence de Dieu, de la vie à venir et de l’immortalité de l’âme ; quand il attaque ce qu’il appelle les mensonges que les hommes ont nommés religion, il est orateur et presque philosophe : ce morceau est peut-être celui de son livre qui a réuni le plus de suffrages.
Influence peut-être d’une phase nouvelle dans l’existence, qui mûrit le talent comme les fruits mûrissent, par l’accumulation des jours !