Il l’aime d’un cœur soumis et fidèle. […] Il a cru entendre distinctement la voix indifférente de la nature… Mais voici que le cœur irrité du poète s’apaise, et qu’une vision soudaine de la vie universelle où s’entrecroise éternellement l’échange des souffles, des formes et des âmes, vient calmer son esprit, prêt désormais à accepter, à bénir presque l’inévitable loi qui enchaîne les effets et les causes… — Ce premier essai paraît annoncer un poète visionnaire et philosophe.
» Goethe se tut, la conversation changea, mais moi je gardai dans mon cœur ces paroles qui exprimaient mes convictions intimes. […] Elles sont pour les êtres passionnés qui demandent aux poètes de leur faire éprouver toutes les délices et toutes les souffrances du cœur. […] L’Allemagne aussi me tient fortement au cœur. […] La reine, adorée de l’Allemagne et du monde, meurt d’humiliation ; l’espoir de la venger court dans tous les cœurs de l’Allemagne. […] Byron est aussi poète, mais moins sensé ; c’est le délire de la versification à qui la lyre sert de jouet, le cœur humain de victime, et Dieu lui-même de dérision.
Fénéon a pris trop à cœur son état de fidèle de « l’église silencieuse » dont parle Gœthe, et que, nous autres, nous fréquentons trop peu. […] Le prophète fait saigner les cœurs ; le pamphlétaire écorche les peaux ; M. […] Enilde, à ses pieds, Blanche étoile au coeur d’or s’ouvre une marguerite. […] coeur amoureux, cœur amer), Tu marchais même dessus la mer Et t’as marché jusqu’au Calvaire. […] ― Ainsi, mon cœur, sondant les célestes dédales, Marche, toujours heurtant l’implacable néant !
La scène, très simple, serre le cœur. […] La justice, l’Évangile, les bons cœurs et les théologiens disent oui. […] Et la pauvre femme meurt de cette découverte — et d’une maladie de cœur. […] Le corps, j’allais dire le cœur, a de ces mystères, qui n’en sont point. […] Sans doute il se révolte et proteste contre ce lâche et « envieux » abandon, et il se réchauffe le cœur contre le cœur de dix millions d’épiciers qui l’admirent.
Le cœur : il faudra, vingt fois, répéter ce mot. […] Plus tard, le cœur de François Rémy, que M. […] Il aima de loin, de cœur épris et constant. […] Un drame du cœur ? […] Et on l’outrage : il ne reçoit pas l’outrage d’un cœur soumis ; et il n’écrira pas l’histoire d’un cœur tranquille.
L’impression reçue, elle est au fond du cœur. […] frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. […] La poésie n’est autre chose que la traduction de ce qu’on a dans le cœur. […] C’est donc que, lorsque viendra la passion, elle sera sur l’âme, sur le cœur de Musset souveraine maîtresse. […] je t’ai bien compris, sauvage voyageur, Et ton dernier regard m’est allé jusqu’au cœur !
Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville. Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? […] Pour un cœur qui s’ennuie Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s’écœure. […] J’y sens par endroits le cœur et l’âme du dix-huitième siècle.
Il était difficile de ne pas dire un peu plus qu’on ne pensait, et que le cœur même ne parlât pas comme quelqu’un qui se sent écouté. […] Mais on a passé toutes les bornes en doutant du cœur de Mme de Sévigné. […] Peut-être jouissait-elle de son cœur comme d’autres de leur esprit. Les douceurs qu’elle dit à sa fille sont comme les petits mots caressants qu’on dit aux enfants ; l’imagination les suggère peut-être, mais le cœur est dessous. […] C’est d’un cœur fermé, et d’un esprit qui n’a pas connu l’abandon.
Il n’est rien Qui ne me soit souverain bien, Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. […] Ces passions, qui leur remplissaient le cœur d’une certaine tendresse, se répandaient jusqu’en leurs écrits et en formaient le principal caractère. […] Peut-être quand un œil ardent Vous contemplait en imprudent, Ce qu’en dépit de moi trop souvent il hasarde, Vous disiez en vous-même, et mon cœur l’entendait : « Hélas ! […] si mon cœur osait encor se renflammer ! […] Il cherche nos besoins au fond de notre cœur ; Il nous épargne la pudeur De les lui découvrir nous-même ; Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime.
On cessa d’être émerveillé, mais on se trouva ému ; & l’on sentit enfin que le moyen d’intéresser le cœur étoit de ne point trop vouloir étonner l’esprit. […] Vint un autre scrutateur qui parut faire dans le cœur humain de nouvelles découvertes. […] L’Auteur des Egarements du cœur & de l’esprit nous laisse les mêmes regrets. […] Le ton & les usages du grand monde, les travers & les foiblesses du cœur humain, y sont décrits avec cette sureté d’expression qui atteste la ressemblance des portraits. […] D’ailleurs, on trouve dans plusieurs des lettres de Rosalide cet intérêt du cœur qui, dans tous les cas, facilite les leçons qu’on veut donner à l’esprit.
Ils tolèrent en elles la dégradation du cœur en faveur de la médiocrité de l’esprit ; tandis que l’honnêteté la plus parfaite pourrait à peine obtenir grâce pour une supériorité véritable. […] Ce même esprit devait inspirer plus d’éloignement encore pour les femmes qui s’occupaient trop exclusivement de ce genre d’étude, et détournaient ainsi leurs pensées de leur premier intérêt, les sentiments du cœur. […] La plupart des femmes auxquelles des facultés supérieures ont inspiré le désir de la renommée, ressemblent à Herminie revêtue des armes du combat : les guerriers voient le casque, la lance, le panache étincelant ; ils croient rencontrer la force, ils attaquent avec violence, et dès les premiers coups, ils atteignent au cœur. Non seulement les injustices peuvent altérer entièrement le bonheur et le repos d’une femme ; mais elles peuvent détacher d’elle jusqu’aux premiers objets des affections de son cœur.
Pour cela il faudrait que le cœur fût devenu du bronze, comme la plume de l’Histoire, qui, dit-on, est de ce métal. […] » Déjà à la page 125 de son volume, cette hallucinée d’amour conjugal avait tracé ces mots incroyables pour consoler Paris de ses misères et relever son cœur humilié : « Je ne sais pas si l’Europe admire Paris, mais j’ai vu pleurer mon mari !!! […] Lorsque, dès le début du livre, aux premières nouvelles du désastre de l’Empereur, ils prennent le chemin de fer et quittent la Suisse, elle écrit de ces quinetteries : « Le convoi va s’élancer, il semble que les battements de mon cœur s’arrêtent. […] le cœur est trop petit pour contenir de si immenses joies (de n’avoir plus l’heure de Berne, mais de Paris !!!)
D’un autre côté, quand on aime ses enfants et qu’on a du génie, comme de Maistre, et de la tendresse dans le génie, on efface bien vite sous la vérité de ce qu’on écrit toutes les mignonneries de cette délicieuse Artificielle, de cette caillette, non pas d’esprit, mais de cœur, qui s’appelle madame de Sévigné ! […] Or, à côté du sentiment et de la grâce de la paternité dans un homme de génie, il y a en Joseph de Maistre un sentiment bien plus étonnant et bien plus rare, un sentiment qui fait moins son train dans les cœurs et qui surtout, dans cette correspondance-ci (Correspondance diplomatique)44, s’élève en lui jusqu’à la plus haute raison et la plus haute vertu, sans cesser pour cela d’être une grâce, sans cesser d’être une chose charmante d’expression, et ce sentiment-là, c’est le respect voulu et maintenu de tout ce qu’on pourrait ne plus estimer ou mépriser peut-être. […] » Ce Job de la diplomatie savait tenir contre la misère avec la gaité de Beaumarchais, mais il ne savait plus qu’être triste devant l’abandon d’un gouvernement, stupide de cœur comme de tête, qui ne lui donnait ni mission réelle, ni instructions, et, en échange d’admirables conseils demandés pour ne pas les suivre, lui renvoyait d’ordinaire d’ineptes duretés… Ah ! […] qui navrent le cœur de ceux-là qui ne voudraient pas mépriser Louis XVI, que dire et que penser de ce roi de Sardaigne qui a le bonheur d’avoir pour serviteur un Joseph de Maistre, un Mirabeau sans scories, qui n’a, lui, ni dans l’intelligence, ni dans la conscience, ni dans la conduite, l’ombre d’une seule de ces taches dont Mirabeau était constellé, et qui n’écoutait pas cet homme fidèle, au génie toujours prêt pour son service, ou qui le méconnaissait après l’avoir invoqué !
Âme cramponnée à la vie comme le chêne est attaché à la terre, sensibilité qui n’a rien de panthéistique, et pour qui l’univers tout entier a moins d’importance que les battements de son propre cœur ! […] Et c’est là ce qui donne, d’ailleurs, à ce désespoir, une profondeur infinie ; c’est cette idée d’un Dieu qu’on hait et qu’on insulte pour avoir inventé la mort, et qu’on retrouve toujours sous sa haine et sous son blasphème, repoussant, comme un horrible polype, avec une obstination éternelle, à mesure qu’on l’arrache de son cœur et de sa raison ! […] — dit-il quelque part, bondissant sous elle, — l’écrasante et affolante pensée d’un Dieu tout-puissant, qui, non content de tyranniser nos corps, tyrannise nos cœurs, en nous ôtant la force même de nous plaindre, parce que nous savons que l’iniquité même sera juste si le caprice de celui qui peut tout l’a décidé ainsi… » Voilà Job et le poitrinaire qui meurent à Madère, — et c’est lui, Georges Caumont, fou des terreurs de Dieu, et qui, de la religion qu’il réprouve, n’a gardé que la croyance à l’enfer… « Non ! […] qu’une bonne poitrine en acier de Sheffield, si l’on pouvait, par quelque vivisection bien savante, l’introduire et la substituer à ma pauvre poitrine de chair, qui n’est plus que plaie et poussière, qu’une telle machine, jouante et sifflante, bien pompante et aspirante, rendrait donc non seulement à mon corps assaini vie et souplesse, mais à mon esprit dilaté, élargi, aéré, non plus comprimé, non plus moisi, et toutes fenêtres ouvertes, lucidité, largeur, verve, originalité, puissance ; à mon cœur, non plus racorni par la souffrance, non plus isolé par la faiblesse, et, malgré lui, ployé par mille besoins à tous les égoïsmes, mais soulevé par le souffle vivifiant du bien-être et rafraîchi par tous les jeunes courants qui le fuient maintenant, sensibilité, poésie, relèvement moral, apaisement intérieur, tous les trésors de l’âme… » Et la phrase tout à coup s’interrompt, jugulée brutalement par le mot : FIN !
Eh bien, le gouvernement d’Angleterre — ce gouvernement qui est tout ce que nous venons d’énumérer — a senti, pour la première fois, — depuis qu’il sème des colonies, c’est-à-dire de la graine de société sur les continents qu’il découvre, — l’insuffisance de sa propre action sur la terre d’Australie et la force très suffisante de quelques prêtres, qui n’ont pour toute ressource que la consigne de Rome et leur crucifix sur le cœur ! […] Pour expliquer le miracle permanent de son influence sur le monde, et de ce pétrissage des cœurs dans sa main qu’on appelle ses prédications, la pensée humaine, déconcertée par les spectacles que lui offre l’Église, invente aussitôt, pour se remettre, des raisons légitimantes et vulgairement logiques d’accepter un succès si certain toujours, et si prodigieux. […] à ses prêtres, ils s’en vont devant eux sans aucune précaution humaine, montrant le Crucifié souvent pour tout langage, et en quelques jours des milliers de sauvages viennent s’abattre autour de cette fleur mystique de la Croix qui tend son cœur ouvert aux nations ! […] Pour ces poèmes héroïques racontés par un vieux croisé comme Joinville, qui revient de la rescousse, ou quelque vieux capucin qui revient du martyre, pour ces dits et gestes rapportés avec des simplesses de cœur inconnues à tous les Naïfs littéraires les plus vrais, à tous les La Fontaine les plus profonds, la critique ne saurait vraiment exister, et elle se désarme dans l’émotion et dans le respect.
Sous toutes les formes que l’art — cette comédie qu’on se joue à soi-même, — cherche à varier, mais qu’en définitive il ne varie point, Edgar Poe, l’auteur des Histoires extraordinaires, ne fut jamais, en tous ses ouvrages, que le paraboliste acharné de l’enfer qu’il avait dans le cœur, car l’Amérique n’était pour lui qu’un effroyable cauchemar spirituel, dont il sentait le vide et qui le tuait. […] Le biographe d’Edgar Poe ne le dit pas et peut-être ne s’en soucie guère ; mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au génie pour qu’il soit vraiment le génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poëte et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment, — n’est-il pas vrai ? […] IV Ainsi, en plein cœur de son propre talent, pour le diminuer et le piquer de sa tache, voilà que nous rencontrons le Bohême, c’est-à-dire l’homme qui vit intellectuellement au hasard de sa pensée, de sa sensation ou de son rêve, comme il a vécu socialement dans cette cohue d’individualités solitaires, qui ressemble à un pénitentiaire immense, le pénitentiaire du travail et de l’égoïsme américain ! […] Pour lui donner force à l’être pourtant, Dieu, après le génie qui est aussi une lumière pour le cœur, lui avait donné des affections domestiques.
Entendez que l’un et l’autre détestent, chez les poètes qu’ils n’aiment pas, un manque de sincérité, et qu’à ce cœur flottant dans des vêtements blancs, des voiles souples et des vapeurs, ils veulent, que leur poésie substitue un cœur « mis à nu ». […] Baudelaire a senti sa chair et son âme, son corps et son cœur, entraînés par un poids, et il a pris conscience de ce poids. […] Il écrit avec une abondance où s’extravase son cœur rempli, « double vie de fièvre de cœur, de fièvre d’esprit ». […] Car l’amour seul s’est installé autour de Madeleine pour déchirer ou éprouver les cœurs. […] Que la reconnaissance passionnée du cœur impose quelques illusions à l’esprit, qui en doute ?
Le voici : « C’est un traité des mouvements du cœur de l’homme qu’on peut dire avoir été comme inconnus, avant cette heure, au cœur même qui les produit. […] Quoi qu’il en soit, il y a tant d’esprit dans cet ouvrage et une si grande pénétration pour connaître le véritable état de l’homme, à ne regarder que sa nature, que toutes les personnes de bon sens y trouveront une infinité de choses qu’ils (sic) auraient peut-être ignorées toute leur vie, si cet auteur ne les avait tirées du chaos du cœur de l’homme pour les mettre dans un jour où quasi tout le monde peut les voir et les comprendre sans peine. » En envoyant ce projet d’article à M. de La Rochefoucauld, Mme de Sablé y joignait le petit billet suivant, daté du 18 février 1665 : Je vous envoie ce que j’ai pu tirer de ma tête pour mettre dans le Journal des savants.
Quand le peuple croit entendre la voix des morts dans les vents, quand il parle des fantômes de la nuit, quand il va en pèlerinage pour le soulagement de ses maux, il est évident que ces opinions ne sont que des relations touchantes entre quelques scènes naturelles, quelques dogmes sacrés, et la misère de nos cœurs. […] Son cœur se trouve allégé. […] Ceux qui nient les pressentiments, ne connaîtront jamais les routes secrètes par où deux cœurs qui s’aiment communiquent d’un bout du monde à l’autre.
Ces héros bienfaisants qui disaient : « Le propre de la puissance est de protéger », voilà des sommets selon notre cœur et selon notre esprit. […] Les protestants, de leur côté, disent que la vraie tradition de la Réforme est en France, que le salut de la France, c’est le salut du protestantisme, et le Comité protestant de propagande française, dans sa « Réponse à l’appel allemand aux chrétiens évangéliques de l’étranger », déclare : « Nous sommes résolus à marcher cœur à cœur avec nos frères d’Angleterre, et coude à coude avec nos amis d’Amérique, de la Suisse romande, de Hollande, des Pays scandinaves, ayant la certitude de représenter avec eux la tradition la plus pure de la Réforme du xvie siècle, cette qui entend unir toujours plus étroitement à la pitié évangélique la pratique de la justice, le respect de l’indépendance d’autrui et le souci de la grande fraternité humaine ».
La poésie et la prose n’ont qu’un sujet, l’histoire du coeur. […] Il faut que le barbare soit religieux, qu’il sente les dieux présents, qu’il porte dans son coeur leur justice et leur colère. […] (Nous savons par coeur le développement. […] Vous le déshonorez.) « De plus, nous commandâmes au villageois de nous donner sa harangue. » (Il l’avait donc apprise par coeur ? […] Cet homme-là croit aux dieux, et il parle comme s’il les sentait derrière lui, dites mieux, en lui-même et dans son coeur.
Il serait plus difficile de dépeindre les sentiments qu’elle réveille, et qui se rapprochent de ce que notre cœur peut comprendre des plus extatiques ravissements. […] Il est venu jeter le trouble dans le cœur d’une jeune fille, et parce que celle-ci, avant de s’abandonner, veut savoir à qui elle se donne, il lui tourne le dos pour retourner jouir tranquillement de sa divinité ! […] Mais c’était à contre cœur qu’il adoptait cette conclusion nouvelle. […] Voilà pourquoi Lohengrin, ce héraut de l’avenir, qui veut être deviné par le sentiment, est aussi peu compris de nous que ne le fut des Grecs Antigone, quand, aux lois de leur cité, elle opposait celles du cœur humain. […] Cette opposition se manifeste sous des termes différents : intelligence et sensibilité, intellect et intuition, cœur et tête, entendement et intuition.
Ainsi, avec joie, j’échappe à l’envie ; et, sorti d’une grande tempête, j’ai jeté le câble dans le port, où désormais, élevant mon cœur par d’innocentes pensées, j’offrirai à Dieu mon silence, comme autrefois ma parole. […] Et puisse l’offrande de mon cœur occuper le soin de tes glorieux serviteurs, des sages messagers qui te portent les hymnes pieux ! […] Son imagination est moins convertie que son cœur. […] garde-la-moi saine et sauve, sans maladie, sans affliction, toujours aimée, toujours unie à moi de cœur, mon épouse toujours avouée, ne sachant pas avoir avec moi de furtives amours ! […] Mais cet enthousiasme, dernière forme de la poésie antique, il l’exhale d’un cœur ému, sous l’invocation, sous la présence du Christ.
René Bazin, et ce qui était auparavant dans vos esprits et dans vos cœurs. […] Et cette musique, ces panaches de corbillard… Paul Costard sentit quelque chose pleurer dans son cœur. […] Mais il a craint de nous trop serrer le cœur. […] Quel mauvais cœur résisterait à ce spectacle ? […] … Comme il sut préserver son cœur des basses corruptions de l’amour, son esprit des pestilences de l’art !
Il s’imagine avoir un polype au cœur et va consulter à Montpellier. […] Elle fut dans ma conduite ; mais elle a trop déchiré mon cœur pour que jamais ce cœur ait été celui d’un ingrat. […] Que je dise un trait de son cœur. […] Je remets mon cœur sous ta garde et mes désirs en ta main. […] Mais quelles agitations diverses vous avez fait éprouver à mon cœur !
Leurs cœurs ne s’emplissent que comme des ventres. […] Ce grand esprit fut un cœur charmant. […] Ô vaste cœur si doux ! […] Il n’y eut jamais d’âme plus tendre ni de cœur plus ému. […] Charles Pomairols est un cœur grave, un cœur qui rêve et pense, et de qui les nobles douleurs s’expriment en vers très purs.
Il faut l’envier, si l’on ne peut qu’à ce prix trouver la paix du cœur. […] Loin de l’en blâmer, je l’en loue de tout mon cœur. […] Ce n’est pas par méprise qu’on l’a admis dans l’intimité des cœurs. […] Pendant qu’ils nous content joliment les affaires de leur cœur, nous croyons entendre celles de notre propre cœur et nous sommes ravis. […] Le cœur des soldats est parfois d’une exquise bonté.
L’amitié de la Brévone remplit en tous lieux le cœur de ses habitants…, et un Triton, qui y a été nourri comme moi, soupire pour son aimable cœur. […] Il s’imprimait des extraits d’auteurs où Molière figurait à côté de Scudéry et de Gomberville, et des livres portant ce titre : « Décret d’un cœur infidèle, suivi de l’état et de l’inventaire des meubles d’un cœur volage, et tordre de la distribution qui en fut faite. » Je ne conteste pas la maxime qu’il ne faut disputer ni des genres ni des goûts. […] C’était à d’autres à donner les grands exemples de l’imagination qui crée les types, et de la sensibilité qui fait parler les cœurs. […] Mais pour sentir les vices et avoir le droit de s’en indigner, il faut une raison passionnée, et une hauteur de cœur qu’il n’avait pas. […] De cette passion la sensible peinture Est pour aller au cœur la route la plus sûre.
Milton haïssait à plein cœur. […] Milton les prodigue, comme un pontife qui dans son culte étale les magnificences et gagne les yeux pour gagner les cœurs. […] Mais si le cœur est resté le même, le génie s’est transformé. […] Sont-ce là « les choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille n’a point entendues, que le cœur n’a point rêvées ? […] Quoique blessé, il triomphe, puisque le tonnerre, qui a brisé sa tête, a laissé son cœur invincible.
Ce scalpel qu’il tient si bien, qu’il dirige si sûrement le long des moindres nervures du cœur ou du front, il l’a pris tard, après l’épée, après la harpe ; il a tenté d’être, entre tous ceux de son âge, poëte antique, barde biblique, chevalier-trouvère. […] S’il veut exhaler les angoisses du génie et le veuvage de cœur du poëte, il ne s’en décharge pas directement par une effusion toute lyrique, comme le ferait M. de Lamartine, mais il prend un détour épique, il crée Moïse. […] Il avait, en chantant, adopté les croyances catholiques ; mais son cœur n’était que peu gagné à leur onction tendre, et leur côté sombre, dans de Maistre, le rebutait, lui faisait presque horreur. […] Ce qu’il dit de la responsabilité, de l’abnégation, est d’une belle et sombre profondeur ; il a touché, en sceptique respectueux, en artiste pathétique, à des mystères de morale qui ont par moments troublé sans doute bien des cœurs guerriers. […] Je suis distrait, mais j’aime ; la pensée est mobile, et le cœur ne l’est pas.
Et ce sonnet est joli, et j’en aime les deux tercets : Mais dans ton cher cœur d’or, me dis-tu, mon enfant, La fauve passion va sonnant l’oliphant. […] puisque tout ton être, Musique qui pénètre, Nimbe d’anges défunts, Tons et parfums, A sur d’almes cadences En ses correspondances Induit mon cœur subtil ( ?) […] Laisse aller l’ignorance indécise De ton cœur vers les bras ouverts de mon Église Comme la guêpe vole au lis épanoui. […] Lisez Kaléidoscope : Dans une rue, au cœur d’une ville de rêve, Ce sera comme quand on a déjà vécu ; Un instant à la fois très vague et très aigu… Ô ce soleil parmi la brume qui se lève ! […] Ce sera comme quand on ignore des causes : Un lent réveil après bien des métempsycoses Les choses seront plus les mêmes qu’autrefois Dans cette rue, au cœur de la ville magique Où des orgues moudront des gigues dans les soirs, Où des cafés auront des chats sur les dressoirs, Et que traverseront des bandes de musique.
Ferme et pleine de sève se manifeste la Foi, grandie, voulante même dans la souffrance. — À la promesse renouvelée, la Foi répond, des plus douces hauteurs, — comme sur les ailes de la blanche colombe, — descendant dans l’air, — toujours plus largement et plus totalement saisissant les cœurs humains, emplissant le monde et l’entière nature, ensuite regardant de nouveau vers l’éther céleste, comme doucement apaisée. […] À lui, qui — terrible repentir du cœur ! […] — voici le corps de nourriture, voici le sang de breuvage ; le mystique vase brillera, voici l’aliment ; sang de Dieu, voici le vin ; prenez, prenez, prenez ; pécheurs, voici le vin et le pain ; approchez, très mélancoliquement ; car le vin coulera en vos sangs, le pain se fera vos chairs, et le sacré sang coulera par votre cœur… Le sang sacré coule, ô Malade, par son cœur ; le sang du Souffrant en ses veines coule ; et c’est son propre sang, qui s’embouillonne, et qui coule, effroyablement ! […] C’est à la prodigieuse organisation musicale de Wagner, qui permet d’exprimer l’écho que peut trouver une poésie jeune dans tous les cœurs qui l’entourent, que l’œuvre doit à la fois une si grande uniformité et une si admirable organisation de la vie dramatique. […] Wolzogen s’est attaché à répertorier et à nommer ces leitmotive mais cette question a toujours été débattue et est au cœur de la réflexion sur l’organisation musicale et sémantique de l’œuvre.
Son œil rayonnant pénètre les cœurs et discerne l’intention de la faute. […] Elle est née sevrée de ce lait du cœur. […] cœur qui me viens de ma mère ! ô mon cœur du temps où je vivais sur la terre ! […] Calme les flots noirs de ton cœur. » — Mais la Vierge se radoucit aussitôt, et reprend son éloquence conciliante : à chacune de ses paroles on croit voir tomber de ses lèvres une feuille d’olivier.
Voltaire, qui en avait pris connaissance dès l’année 1739, l’appelait un « ouvrage d’Aristide », et Rousseau, qui s’en autorisa plus tard dans son Contrat social, a dit : « Je n’ai pu me refuser au plaisir de citer quelquefois ce manuscrit, quoique non connu du public, pour rendre honneur à la mémoire d’un homme illustre et respectable qui avait conservé jusque dans le ministère le cœur d’un vrai citoyen, et des vues droites et saines sur le gouvernement de son pays. » M. d’Argenson n’était pas encore ministre lorsqu’il composa cet ouvrage, et il était sorti du ministère lorsqu’il le revit pour y mettre la dernière main. […] Mais si la distinction et l’esprit de choix lui font faute habituellement, il a au plus haut degré la véracité, la bonhomie pleine de sens, le cœur dans les choses essentielles, la naïveté dans les moindres ; cela lui donne quelquefois l’expression. […] Il lui disait sans cesse, en le louant sur son activité et son ardeur d’être utile, et sur « une certaine fermeté de cœur et d’esprit avec laquelle il sympathisait », qu’il fallait absolument le tirer de l’espèce d’obscurité où il était, qu’il n’était bien connu ni des autres ni de lui-même. […] C’était un esprit nerveux, un esprit de courage, et le cœur presque aussi courageux que l’esprit ; une justesse infinie avec de l’étendue. […] Parlant quelque part d’un homme d’un esprit étroit et faux qui mettait son orgueil à déplaire, et qui méprisait par principe la bonté et la douceur des gens véritablement grands : « Il n’admire du fer, dit-il, que la rouille. » Parlant du caractère des Français qu’il a si bien connus, qui sont portés à entreprendre et à se décourager, à passer de l’extrême désir et du trop d’entrainement au dégoût, il dit : « La lassitude du soir se ressent de l’ardeur du matin. » Enfin, voulant appeler et fixer l’attention sur les misères du peuple des campagnes dont on est touché quand on vit dans les provinces, et qu’on oublie trop à Paris et à Versailles, il a dit cette parole admirable et qui mériterait d’être écrite en lettres d’or : « Il nous faut des âmes fermes et des cœurs tendres pour persévérer dans une pitié dont l’objet est absent. » Si ce n’est pas un écrivain, ce n’est donc pas non plus le contraire que d’Argenson : sa parole, livrée à elle-même et allant au courant de la plume, a des hasards naturels et des richesses de sens qui valent la peine qu’on s’y arrête et qu’on les recueille.
Rien ne me fait plus de plaisir qu’un bel opéra, mes oreilles communiquent les doux accents de la voix jusqu’au fond de mon cœur ; un beau jardin, de magnifiques bâtiments charment mes yeux ; mais si de pareils plaisirs pouvaient faire tort à mon honneur, je m’en priverais. […] Parmi les lettres qui mènent à l’entière réconciliation, il faut surtout citer celle du 21 février 1748, dans laquelle la margrave s’épanche avec une tendresse sans réserve : Permettez-moi, lui dit-elle, que je vous ouvre mon cœur, et que je vous parle avec confiance et sincérité sur un sujet qui m’a causé depuis quelques années le plus mortel chagrin. […] Un mûr examen sur moi-même m’a convaincue que, dans tout le cours de ma vie, je n’avais été coupable qu’à l’égard d’un frère que mille raisons devaient me rendre cher, et auquel mon cœur avait été lié depuis ma tendre jeunesse par l’amitié la plus parfaite et la plus indissoluble. […] Frédéric lui répond avec une parfaite bonté et amitié : Mon cœur a toujours été le même à votre égard, et comment ne l’aurait-il pas été ? […] Il est vrai que vous mériteriez de trouver toujours des cœurs semblables au vôtre ; mais ils sont rares, ma chère sœur… À partir de ce moment, toute trace des premiers dissentiments entre eux a disparu ; leur amitié renaît de ses cendres plus brillante et plus vive ; elle reprend ses liens, plus étroite que jamais, et désormais indissoluble : frère et sœur ne cesseront plus « de faire une âme en deux corps ».
Ce n’est pas tout : un militaire pérore de l’expulsion des jésuites ; deux médecins parlent, je crois, de guerre, ou se la font peut-être ; un archevêque me montre une décoration d’architecture ; l’un veut attirer mes regards, l’autre occuper mon esprit, tous obtenir mon attention : vous seule intéressez mon cœur. […] Une telle lettre pourrait être écrite de 1800 à 1820, par une Mme de Beaumont, par une duchesse de Duras, par une de ces femmes de cœur et de pensée qui ne sont déjà plus du xviiie siècle. […] En voyant ces témoignages de l’estime et de la faveur publique, le cœur de la duchesse se remplit d’un sentiment d’orgueil, de satisfaction, d’ivresse conjugale ; elle déborde, elle est comblée et fière ; elle proclame cet exil heureux, et, du moins pour son compte, elle n’en voudrait rien rabattre ; l’exercice même du pouvoir lui paraîtrait moins enviable et moins doux. […] J’ai été conduit à vous ouvrir mon cœur par les marques d’amitié et de bonté dont toutes vos lettres sont remplies. […] Mme la duchesse, de Petit Pierre qui ramassait des cailloux sur les routes et pour qui vous étiez si bonne, quand vous passiez, en le voyant plein de cœur à l’ouvrage ?
Je vous remercie de tout mon cœur du succès que vous me désirez. […] Mais Ducis était encore moins artiste que père, fils, époux, veuf, ami : toutes ces belles qualités de cœur et de famille lui nuisaient autant qu’elles lui servaient. […] Mais il faut un sujet qui me tente, qui porte bien aux développements d’un cœur amoureux, au flux et reflux de cette passion douce et terrible. […] Dites-moi ce qu’il y a de vrai… » Mais voilà Ducis, cet homme bon, naïf, tout cœur et tout âme, talent chaud et simple, lui qui n’a jamais parlé de sa vie à M. de Voltaire, et qui n’a été ni loué ni connu personnellement de lui, le voilà qui est choisi, sans brigue, pour remplacer Voltaire à l’Académie. […] Le cœur jouit, la tête se repose ; on ne définit plus, on goûte. » Ce mot nous rappelle involontairement celui de La Bruyère sur l’amitié : « Être avec les gens qu’on aime, cela suffit : rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d’eux, tout est égal. » L’un et l’autre mot sont aussi beaux que du La Fontaine.
Un homme qui n’avait que ce talent-là, mais qui l’avait, et qui vit de près La Rochefoucauld à l’œuvre, le comte de Coligny, a dit de lui, tout en reconnaissant qu’il avait du cœur comme soldat, mais en le déprisant et l’anéantissant comme capitaine : « C’est le génie le plus bouché pour la guerre qui ait été en France depuis il y a cent ans. » Le mot dans sa crudité est mémorable. […] L’auteur s’amusait à faire dire à tout ce beau monde élégant : « Se peut-il qu’on croie le cœur humain si corrompu ? […] « La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui. […] L’amour-propre, s’il est fin, change de ton et de voix ; il a des gémissements et des soupirs ; il se fait inquiet sur le sort de ses frères, sur le danger que courent des âmes fidèles et simples ; il faut, à tout prix, préserver les faibles : et l’amour-propre agit et s’en donne alors en toute sûreté de conscience et, comme on dit, à cœur joie : il accuse l’adversaire, il le dénonce, il le conspue, il le qualifie dans les termes les plus outrageux, les plus humiliants ; et comme il ne veut point cependant paraître, même à ses propres yeux, de l’amour-propre, il se retourne, quand il a fini, et se fait humble aussitôt ; il demande pardon à son semblable d’en avoir agi de la sorte : il n’a voulu que le toucher, le convertir ; on assure même qu’il est de force à lui proposer en secret (après l’avoir insulté en public) de lui donner le baiser de paix et de l’embrasser. […] Pour les cœurs sensibles, je veux pourtant ajouter un mot : La Rochefoucauld s’est réfuté lui-même une fois, et mieux que personne ne saurait faire ; il s’est réfuté par une de ses larmes, non de celles qu’il versa sur la mort et la blessure de ses fils : cela était trop naturel et trop simple ; mais il lui est échappé une autre larme, toute désintéressée.
S’il y avait trace aussi et aveu de quelque passion d’âge mûr, de quelque mystère de cœur, opposé au sentiment parfait d’une épouse fidèle, convenait-il de laisser de tels endroits et de découvrir le sein au défaut de la cuirasse ? […] C’est ce qu’on s’était dit, et, n’admettant pas qu’elle pût avoir placé tous ses trésors de cœur sur l’ami respectable qu’elle avait agréé, on a cherché quel pouvait être pour elle l’objet d’une affection plus vive et plus tendre. […] Un moment, à la veille et à l’entrée de la politique, elle noua une espèce de lien de cœur, elle fila une espèce de petit roman sentimental avec Bancal des Issarts. […] Aussi, ayant eu à écrire l’Introduction au volume des Lettres par elle adressées à Bancal des Issarts, je m’attachai à bien marquer la nuance et à montrer que, dans son goût assez vif pour ce personnage peu connu, il y avait eu plus d’imagination et de désœuvrement de cœur que de sérieux entraînement. […] Dès qu’il vit Buzot plus en pied que lui et plus favorisé, il s’irrita, s’ulcéra et prit la fuite : « C’était un bon et tendre frère, nous dit Mme Roland, parlant de Lanthenas ; mais il ne pouvait être autre pour mon cœur, et ce sentiment me rendait d’autant plus libre et franche dans l’intimité établie entre nous trois.
Il ne dirait même pas, en parlant de lui, comme Voltaire : L’heureux Villars, fanfaron plein de cœur ! Il lui retire tant qu’il peut le cœur, n’allant pas toutefois jusqu’à lui dénier une valeur brillante. […] Je ne savais auquel courir, du général ou de mon père ; la nature en décida : je me jetai dans les bras de mon père et je lui cherchais un reste de vie, que je craignais ne plus lui trouver, lorsqu’il m’adressa ces paroles que toute la France trouva si belles, qu’elle compara le cœur qui les avait dictées à ceux des anciens et véritables Romains ; et je crois que la mémoire s’en conservera longtemps. […] Que si quelqu’un venait à le dépeindre comme une âme maligne, un cœur des plus ladres, un esprit des plus malfaisants, et que le portrait se retrouvât dans cinquante ans, de quel côté pourtant serait la vérité ? […] Saint-Simon nous a initiés, nous a transportés d’emblée au cœur de bien des mystères ; il a éclairé le fond et les murailles de la caverne.
Ces fins de chapitres sont charmantes d’accent et comme harmonieuses, relevées d’une poésie toujours née du cœur. […] Mais ce que Raphaël en sa noble manière Ne dit pas, c’est qu’au cœur elle a souvent son mal Elle aussi, — quelque plaie à l’aiguillon fatal ; Pourtant, comme à l’insu de la douleur qui creuse, Chaque orphelin qui vient enlève l’âme heureuse ! […] Les reliques de sainte Élisabeth sont dispersées à l’époque de la Réforme, et sa chapelle reste sans honneur ; mais son cœur, déposé à Cambrai, va y attendre celui de Fénelon. […] Je retrouve dans des notes, écrites pour moi seul, le portrait suivant qui, si je ne me trompe, doit être le sien quand il avait vingt-cinq ans : « Phanor est honnête, élevé de cœur, il a du talent, mais point d’originalité vraie ; et quelle suffisance ! […] Catholique de pied en cap, pourquoi ne trouve-t-il pas dans son cœur une seule petite fibre chrétienne un peu adoucie ?
Sa Muse est allée les chercher dans son propre cœur entr’ouvert, et elle les a tirés à la lumière d’une main aussi impitoyablement acharnée que celle du Romain qui tirait hors de lui ses entrailles. […] Sans doute, étant ce que nous sommes, nous portons tous (et même les plus forts) quelque lambeau saignant de notre cœur dans nos œuvres, et le poète des Fleurs du mal est soumis à cette loi comme chacun de nous. […] On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] donnez-moi la force et le courage De contempler mon cœur et mon corps sans dégoût ! […] parce qu’il a exprimé et tordu le cœur de l’homme lorsqu’il n’est plus qu’une éponge pourrie, ou qu’il l’ait, au contraire, survidée d’une première écume, il est tenu de se taire maintenant, — car il a des mots suprêmes sur le mal de la vie, — ou de parler un autre langage.
Cerveau de singe, cœur de femme, il s’amuse avec tout et avec rien. […] L’autre fait apitoyer tous les cœurs sur ses infortunes conjugales. […] Montépin lui-même a des temples dans le cœur des concierges. […] Et comme il le possède, ce pauvre cœur de l’homme ! […] C’est à vous soulever le cœur de dégoût.
que vous ai-je fait, cruelle Mélicerte, Pour traiter ma tendresse avec tant de rigueur, Et faire un jugement si mauvais de mon cœur ? […] N’a-t-il pas ces adulateurs à outrance, ces flatteurs insipides, qui n’assaisonnent d’aucun sel les louanges qu’ils donnent, et dont toutes les flatteries ont une douceur fade qui fait mal au cœur à ceux qui les écoutent ? […] Quoi qu’il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d’aimable ; et dès qu’un beau visage me le demande, si j’en avais dix mille, je les donnerais tous. […] — Qui voulez-vous, mon père, que je dise Qui me touche le cœur, et qu’il me serait doux De voir, par votre choix, devenir mon époux ? […] Il est même utile d’indiquer qu’une passion, si féroce qu’elle soit, ne dessèche le cœur qu’au point où elle est engagée et qui l’intéresse.
Son cerveau se ramollit à mesure que s’endurcit son cœur. […] il est encore une partie de mon cœur qui souffre pour toi ! […] C’est une jupe jonchée de morceaux d’étoffe rouge découpés en cœurs : cœurs navrés, cœurs transpercés, cœurs pris comme des papillons au vol de la danse, brûlés au feu de ces yeux arides et splendides, et piqués sur la jupe brillante qui les a séduits avec les épingles de l’envoûtement ; cœurs ennemis exposés sur la basquine lascive, comme des têtes de giaours entre les créneaux du sérail ; écrin de cœurs massacrés étalé sur la beauté cruelle qui s’en pare, comme la panthère des taches de sa robe ! […] Que de cœurs ont percé à jour ces prunelles de braise qui lisent dans la nuit ! […] — faites-vous un cœur de Pharaon. — Que Carluccio grandisse — pour verser tout le sang de Mascarone !
Les qualités du cœur se déclarèrent de bonne heure chez le jeune Fauriel à l’égal de celles de l’esprit. […] Il avait une teinte de pensée douce et triste tout à la fois, qui se gravait au cœur de l’amitié au lieu de s’effacer. […] L’amitié, le cœur, l’intérêt sérieux avaient des instants, le monde avait les heures. […] Le reste, si beau que cela parût, lui tenait moins à cœur. […] Ces nuances admises, le fond de son cœur était bien là où nous le disons.
Il a voulu exprimer dans Adolphe tout ce qu’il y a de faux, de pénible, de douloureux dans certaines liaisons engagées à la légère, où la société trouve à redire, où le cœur, toujours en désaccord et en peine, ne se satisfait pas, et qui font le tourment de deux êtres enchaînés sans raison et s’acharnant, pour ainsi dire, l’un à l’autre. […] Cela n’empêchait pas qu’elle ne tînt fort à lui par le cœur. […] Mais l’analyse de tous les sentiments du cœur humain est si admirable, il y a tant de vérité dans la faiblesse du héros, tant d’esprit dans les observations, de pureté et de vigueur dans le style, que le livre se fait lire avec un plaisir infini.