Cette société offrait donc plutôt dans son ensemble, et malgré ses gloires récentes, un beau et dernier ressouvenir, un des reflets qui accompagnaient les espérances subsistantes de la Restauration, une lueur du couchant qui avait besoin de mille circonstances de nuages et de soleil, et qui ne devait plus se retrouver.
Enfin, le sixième élément nécessaire à cette création intérieure et extérieure qu’on appelle poésie, c’est le sentiment musical dans l’oreille des grands poètes, parce que la poésie chante au lieu de parler, et que tout chant a besoin de musique pour le noter, et pour le rendre plus retentissant et plus voluptueux à nos sens et à notre âme.
» A son dessein politique de réhabiliter les classes moyennes se superposèrent heureusement une large passion scientifique, un amour désintéressé de la vérité, un absolu besoin de la connaître et de la dire.
A côté d’elle, Paul Astier, Monsieur le comte, souriant et froid, toujours joli… On se regarde, personne ne trouve un mot, excepté l’employé, qui, après avoir dévisagé les deux vieilles dames, éprouve le besoin de dire en s’inclinant, la mine gracieuse : — Nous n’attendons plus que la mariée… — Elle est là, la mariée, répond la duchesse s’avançant la tête haute.
S’il avait tendu les bras, elle y serait tombée, ignorant tout, cédant à la poussée de ses veines, n’ayant que le besoin de se fondre en lui ».
Ils ne songent qu’à nous courber davantage vers la terre en nous alourdissant, nous, à qui notre pauvreté permet encore l’habitude droite et les regards dirigés vers le ciel, d’autant de besoins misérables que les riches.
Voilà les défauts, que je pourrais au besoin discuter en détail et éclairer par des exemples.
Elle les croit supérieurs parce qu’ils concluent carrément, comme si un grand peintre, un grand poète avait besoin absolument de conclure.
Ives, savant homme qui a besoin d’un secrétaire, d’un collaborateur.
» La mémoire de Mme du Châtelet avait besoin de la publication de ces lettres pour se réhabiliter un peu du tort célèbre de cette infidélité dernière.
L’idée d’écrire des Confessions semble si naturelle à Rousseau, et si conforme à son humeur comme à son talent, qu’on ne croirait pas qu’il y ait eu besoin de la lui suggérer.
Et en même temps on n’y sent pas l’arrangement artificiel comme chez La Motte, ni ce genre d’esprit qui, ayant pour point de départ une idée abstraite, a besoin ensuite de s’avertir lui-même qu’il faut être figuré, riant, familier, et même naïf.
Ses articles nous semblent assez froids aujourd’hui ; mais les plaignants et les blessés appelaient cela des satires pleines de fiel, et si on le lui reprochait, comme l’honnête Dorat le fit un jour, il répondait naïvement : « Je ne puis m’en empêcher, cela est plus fort que moi. » Voilà le critique, celui à qui Voltaire n’avait pas besoin de crier Macte animo , comme il fit tant de fois, celui dont il a eu tort de dire que « son courage était égal à son génie », mais égal, et même supérieur à son goût, c’est ce qu’il eût fallu dire.
Trois personnes, en allant visiter les merveilles de Versailles, causent entre elles de cette question nouvellement à la mode, des anciens et des modernes : un Président, savant, un peu entêté et qui, en deux ou trois moments, se fâche ; un Chevalier, léger, agréable, hardi, au besoin même impertinent, et qui fait lever les lièvres ; un Abbé entre les deux, instruit, mais pensant par lui-même, et qui est censé représenter le modérateur et le sage.
D’autres racontent (et ces divers récits se complètent sans se contredire) que Mme des Ursins ayant protesté de son dévouement à la nouvelle reine, et assuré Sa Majesté « qu’Elle pouvait compter de la trouver toujours entre le roi et Elle, pour maintenir les choses dans l’état où elles devaient être à son égard, et lui procurer tous les agréments dont Elle avait lieu de se flatter, la reine, qui avait écouté assez tranquillement jusque-là, prit feu à ces dernières paroles, et répondit qu’elle n’avait besoin de personne auprès du roi ; qu’il était impertinent de lui faire de pareilles offres, et que c’en était trop que d’oser lui parler de la sorte ».
Cependant les années qui suivent le laissent encore dans une situation secondaire, et où il a besoin de toute son insinuation, de sa souplesse et de sa patience.
Elle était sincère, « joyeuse et qui riait volontiers », amie d’une gaieté honnête, et, quand elle voulait dire un mot plaisant trop risqué en français, elle s’aidait au besoin de l’italien ou de l’espagnol.
Je vous ferai remettre cent écus, dont vous aurez la bonté de lui faire donner ce qu’il lui faut pour ses besoins.
L’alexandrin s’allonge et s’accourcit selon que l’idée a besoin d’ampleur ou de resserrement et le rejet, comme un rejeton de rosier planté en bonne terre, pousse et verdoie selon sa vie propre : l’allitération et les assonances internes ou finales rejoignent les deux vies et les parent de leurs feuillages.
Or, le besoin de lire étant une traînée de poudre, une fois allumé il ne s’arrêtera plus, et, ceci combiné avec la simplification du travail matériel par les machines et l’augmentation du loisir de l’homme, le corps moins fatigué laissant l’intelligence plus libre, de vastes appétits de pensée s’éveilleront dans tous les cerveaux ; l’insatiable soif de connaître et de méditer deviendra de plus en plus la préoccupation humaine ; les lieux bas seront désertés pour les lieux hauts, ascension naturelle de toute intelligence grandissante ; on quittera Faublas et on lira l’Orestie ; là on goûtera au grand, et, une fois qu’on y aura goûté, on ne s’en rassasiera plus ; on dévorera le beau, parce que la délicatesse des esprits augmente en proportion de leur force ; et un jour viendra où, le plein de la civilisation se faisant, ces sommets presque déserts pendant des siècles, et hantés seulement par l’élite, Lucrèce, Dante, Shakespeare, seront couverts d’âmes venant chercher leur nourriture sur les cimes.
Voïons-nous que ce soient ceux qui sçavent le mieux la logique, je dis celle de port-royal, et dont la profession est même de l’enseigner aux autres, qui raisonnent le plus consequemment, et qui fassent le choix le plus judicieux des principes propres à servir de base à la conclusion dont ils ont besoin ?
Est-il besoin de citer ?
Ils en font surtout des médecins capables de guérir les maladies et au besoin de les provoquer.
« Le besoin seul nous apprend la juste valeur de ce qui sert à le satisfaire » (Le choix d’un lanmdo). — « Les chefs s’entendent entre eux comme larrons en foire et toujours les petits seront par eux tenus à l’écart » (Kahué — Le fils du sérigne — Les trois frères en voyage)
Et elle n’a pas eu besoin de la couper, comme une amazone.
Mais, au fond, tout cela n’a pas besoin d’être surfait, et l’histoire en est bientôt écrite.
Il faut que les paroles répondent à un besoin.
L’autorité militaire, pliant tout aux nécessités du combat, et subordonnant les besoins des civils à ceux des combattants est nécessairement une, comme ses règlements uniformes.
Au besoin, il les multipliait ; coup sur coup, répétées, résonnantes, elles tintaient et emportaient dans leurs volées vibrantes l’esprit étourdi et accablé.
Cela ne me représente rien ; j’ai besoin de traduire.
Lucrèce, sous une inspiration moins heureuse, rompt tout à coup le charme commencé de ses vers par cette singulière explication qu’il donne de l’ivresse de ses convives : « Comme si, dit-il173, dans la mort, la plus grande peine pour eux devait être une soif ardente qui les brûle et les dévore, ou quelque autre besoin qui les obsède. » O grand poëte, qu’êtes-vous devenu ?
Trop raffinée, trop amollie dans ses premiers rangs, trop inégale, trop disparate dans son assemblage, aussi forte par les lumières que faible par les mœurs, la société française était énervée pour l’invention, et avait besoin d’être rajeunie par des événements nouveaux.
Si la langue fut un obstacle pour Jodelle, Garnier sut vaincre cet obstacle en forgeant au besoin des mots qu’il tirait du latin. […] Bienheureux celui-là qui, loin du bruit des gens, Sans connaître au besoin, ni palais, ni sergents, Ni princes, ni seigneurs, d’une tranquille vie, Le bien de ses parents ménage sans envie. […] Faiblesse, inquiétude, emportements, détours cachés, secrets passionnés, on comprend tout avec lui, au besoin on excuserait tout. […] Le roi des enfers a besoin de votre bras. […] Asdrubal, parlant à sa fille Sophonisbe, de Massinissé, dont elle est aimée et à qui il veut qu’elle demande une grâce, lui dit : Songez qu’il est des temps où tout est légitime, Et que, si la patrie avait besoin d’un crime Qui pût seul relever son espoir abattu, Il ne serait plus crime et deviendrait vertu.
Chaque éphèbe, soucieux de prendre l’absinthe à Tortoni en société de gens connus, bloqua sous la couverture d’un volume toutes les puériles turpitudes de son existence bourgeoise, et, sous le prétexte de franchise, fit abstraction d’habileté inventive, de composition, d’écriture6. » L’aveu est à retenir, aujourd’hui que ces mêmes éphèbes, espoir de l’école, par besoin d’expansion, vagabondage, caprice, etc., ont brisé leur longe et crié franchise. […] Et si ce ne serait pas, comme les matérialistes le veulent, que la moitié au moins, sinon toutes les lois de conscience, sont d’acquisition et d’appropriation aux besoins sociaux ? […] On n’a besoin d’aucun effort, parce qu’il n’y en a point non plus chez le romancier. […] Aujourd’hui on est pressé : on n’admet, en fait de mots, que le strict nécessaire ; le temps est de l’argent ; on se hâte, on se bouscule, on supprime au besoin même le verbe138… » Le portrait est joli et fin, non sans une pointe d’ironie. […] Je n’ai pas besoin, je l’espère, de renvoyer aux beaux volumes de critique et de poésie de M.
« Le seigneur Sîfrit parla : « Je n’ai nul besoin de chiens, sauf d’un seul limier bien dressé à suivre la piste des bêtes parmi les sapins. […] On lui parle de Kriemhilt, veuve de Sîfrit, la plus belle des femmes. — Comment, dit-il, pourrai-je obtenir cette belle au besoin, puisque je suis payen et elle chrétienne. — Le margrave Ruedigêr, auquel il se confie pour aller demander en mariage la belle Kriemhilt, partit avec cinq cents chevaliers. […] « Swemel dit alors au roi : « Seigneur roi, laissez là ces présents en votre pays ; car nous ne pouvons rien emporter ; notre maître nous a défendu d’accepter des dons, et en effet nous n’en avons guère besoin. » « Le prince du Rhin était très-mécontent qu’ils refusassent ainsi les biens d’un roi si riche.
C’étoit beaucoup pourtant que quelqu’un se doutât, au treizième siècle, du besoin qu’on avoit de voir qu’on écrivît qu’Aristote induisoit en erreur, que c’étoit un aveugle qui en conduisoit d’autres. […] Il se moquoit surtout de Newton, de ce qu’il prétend, dans son optique, « que Dieu a construit le monde de telle sorte, qu’il a souvent besoin d’y remettre la main ; de remonter la machine ; d’en décrasser les roues ». […] Une justice pourtant qu’on doit rendre à ces religieux, c’est qu’ils ne mendient pas tous par besoin. […] Plus ils étoient haïs, plus ils avoient besoin de protecteurs. […] La maison fournissoit abondamment aux besoins de chacune.
Peut-être trouverez-vous que c’est trop et ne le comprendrez-vous pas ; mais à Versailles il n’y a ni carrosses de remise ni fiacre ; il n’y a que des chaises à porteurs ; chaque course coûte douze sous ; et, comme bien souvent nous avons eu besoin sinon de trois, au moins de deux chaises, nos transports nous ont coûté un thaler par jour et plus, car il fait toujours mauvais temps. […] L’âme chante avant de parler ; c’est le privilège du musicien de n’avoir pas besoin des années pour mûrir son génie, parce que son génie est tout entier inspiration, et que les souffles du matin sont aussi harmonieux et plus frais que ceux du soir.
Alors le pape, sentant venir le besoin qu’il avait de vomir, que lui donnait l’excès qu’il avait fait à son repas, dit en riant au cardinal : “Allons ! […] « Il ordonna aussitôt à l’un de ses secrétaires, appelé M. de Villeroy15, de faire pourvoir à tous mes besoins.
Il y a dans chaque nation une portion d’enthousiasme qui a besoin de s’épancher quelque part ou de mettre tout en feu22. […] On s’élève vers un autre de ces asiles par la certitude d’une vie meilleure et infinie, qui réduit celle d’ici-bas à une courte épreuve, indigne de nous intéresser outre mesure, indigne surtout de nous plaire : « Et comment, dit l’Imitation de Jésus-Christ, peut-on aimer une vie remplie de tant d’amertumes, sujette à tant de calamités et de misères… Mon âme, repose-toi toujours dans le Seigneur, par-dessus toutes choses et en toutes choses, parce qu’il est le repos éternel des saints56. » Mais une âme, ulcérée et incapable de ces pensées pacifiques, cherche le détachement du monde dans cet autre asile où on le méprise pour lui-même, sans avoir besoin de contempler, pour l’avilir, quelque chose de plus grand ou de meilleur que lui.
Comprise sous sa forme courante, l’hypothèse expérimentale implique que la présence d’un système nerveux, organisé d’une certaine manière, est une circonstance sans importance, un fait dont on n’a pas besoin de tenir compte ! Cependant c’est là le fait important par excellence, le fait contre lequel, en un sens, les critiques de Leibniz et autres étaient dirigées, le fait sans lequel une assimilation d’expériences est tout à fait inexplicable146. » D’un autre côté si la doctrine des formes de la pensée est inacceptable, au sens transcendant de Leibniz et de Kant, elle contient cependant un fond de vrai ; elle n’a besoin que de subir une transformation physiologique.
Laissons-le parler lui-même, nous ne saurions dire aussi bien que lui : Quand on a des affaires à traiter dans les cours étrangères, c’est la manière dont on les conduit, ces affaires, qui fixe l’attention et qui décide de l’estime qu’on a pour vous ; mais, lorsqu’on n’a rien à démêler avec une cour, on est alors jugé d’après le personnel ; ainsi, l’on a besoin d’une grande attention pour éviter la censure d’une infinité d’observateurs curieux et pénétrants qui cherchent à démêler votre caractère et vos principes, sans que vous puissiez jamais détourner leur attention.
C’est pour n’être jamais surpris. » En résumé, dès sa première jeunesse, Rosny nous est présenté comme bon ménager, ayant toujours de l’argent de reste, et, en cas de besoin, portant de l’or en poche, même dans les batailles, quand les autres n’y songent pas ; sachant s’arranger en campagne, s’ingénier dans les sièges pour attaquer et faire brèche, adroit et actif à pourvoir à la défense de ses quartiers ; un militaire en un mot, non seulement très brave, mais distingué, instruit et précautionné, avec des talents particuliers d’artilleur, et, si je puis dire, des instincts d’arme savante.
Mais il n’est pas besoin de ce genre d’explication avec une nature si aisée à prévenir, si difficile à ramener, et que tout mettait en opposition et en contraste avec le point de départ et le procédé de Mme de Maintenon.
Et ici je rencontre un nouvel et tout à fait imprévu adversaire et contradicteur, un juge sévère du glorieux général qui va sauver la France, et, avant d’aller plus loin, je sens le besoin de l’écarter, — je voudrais pouvoir dire, de le concilier : ce n’est rien moins que l’archevêque de Cambrai, Fénelon.
En lui envoyant copie de la Lettre latine de Bossuet au pape Innocent XI sur l’éducation du dauphin, il dit : « Je le fais bien valoir à cet abbé par la lettre que je lui écris, parce qu’avec de pareilles gens si méprisants il faut faire le gascon… Nous verrons comment notre abbé le recevra ; je veux qu’il sente le besoin qu’il a de moi. » — D’ailleurs il est heureux à sa manière, il s’arrange et s’acoquine à Meaux ; il achète une maison, grande affaire ; il se cache pour cela sous le nom du chanoine Blouin ; dès qu’on le sait, les anciennes jalousies contre lui se réveillent.
C’est une vraie misère de vivre sur la terre. » Il a besoin d’un secours extérieur encore, mais, cette fois, de ce secours invisible qui opère par la grâce et moyennant le canal de la prière. « La plus fâcheuse des dispositions, dit-il, est celle de l’homme qui, se méfiant de lui-même au plus haut degré, ne s’appuie pas sur une force supérieure et ne se livre à aucune inspiration ; il est condamné à être nul aux yeux des hommes comme à ses propres yeux. » Il connaissait bien cet homme-là.
Éconduits sur notre arbitrage de Juliers, effrayés du roi de Prusse, arrêtés dans nos projets du Nord, … que le besoin serait grand ici d’un cardinal de Richelieu ferme et agissant, ou au moins d’un Chauvelin, d’un homme enfin !