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1724. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVI. Le dévouement de yamadou havé »

La paix était assurée pour de longues années et les Peuhl s’acquittèrent de leur dette envers les enfants du héros.

1725. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Le roi est censé boire chaque année pour 2 190 francs d’orgeat et de limonade ; « le grand bouillon du jour et de nuit », que boit quelquefois Madame Royale âgée de deux ans, coûte par an 5 201 livres. […] — Quelques années plus tôt, en café, limonade, chocolat, orgeat, eaux glacées, le roi payait par an 200 000 francs ; plusieurs personnes étaient inscrites sur l’état pour dix ou douze tasses par jour, et l’on calculait que le café au lait avec un petit pain tous les matins coûtait pour chaque dame d’atour 2 000 francs par an232. […] Le mari a son gouvernement, son commandement, son régiment, sa charge à la cour, qui le retiennent hors du logis ; c’est seulement dans les dernières années que sa femme consent à le suivre en garnison ou en province245. […] Jusqu’aux dernières années de l’ancien régime255, les petits garçons sont poudrés à blanc, « avec une bourse, des boucles, des rouleaux pommadés » ; ils portent l’épée, ils ont le chapeau sous le bras, un jabot, un habit à parements dorés ; ils baisent les mains des jeunes demoiselles avec une grâce de petits-maîtres. […] À Venise, au dix-huitième siècle, le carnaval dure six mois ; en France, sous une autre forme, il dure toute l’année.

1726. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Il y a, dit-on, autant d’avenues d’oliviers dans le domaine qu’il y a de jours dans l’année, et chacune de ces avenues compte autant de pieds d’arbres qu’il y a d’avenues. […] Lorsqu’on trouve à deux un nid au faîte d’un mûrier ou de tout arbre pareil, l’année ne passe pas qu’ensemble la sainte Église ne vous unisse… Proverbe, dit mon père, est toujours véridique.” […] Cela lui suffit toute une année pour vivre. […] « Combien de fois, dit le poète, n’avait-il pas, dans les ferrades (jour de l’année où l’on marque les animaux sauvages dans la Camargue), combien de fois n’avait-il pas renversé à terre ses taureaux par leurs cornes ? […] Sur chaque page de ce livre de lumière il y a une goutte de rosée de l’aube qui se lève, il y a une haleine du matin qui souffle, il y a une jeunesse de l’année qui respire, il y a un rayon qui jaillit, qui échauffe, qui égaye jusque dans la tristesse de quelques parties du récit.

1727. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Année 1868 1er janvier Allons, une nouvelle année… encore une maison de poste, selon l’expression de Byron, où les Destins changent de chevaux ! […] Alors sur les effets de la concentration du vouloir qu’apporte, à l’appui de la thèse de la maîtresse de la maison, Taine, — qui débute aujourd’hui — et qui nécessairement cite Newton, se vouant pour ses découvertes pendant des années à une telle concentration de pensées et de méditations qu’il en resta, un temps, presque idiot, la Païva cite l’exemple d’une femme qui, pour accomplir une chose qu’elle ne dévoile pas, resta trois ans enfermée, retranchée du monde, touchant à peine au manger, dont il fallait la faire souvenir, murée en elle-même, et toute à la combinaison de son plan. […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes. […] 31 décembre Fini l’année avec la mémoire de l’homme que nous avons, qui nous a le mieux aimés : Gavarni, — dont nous relevons les souvenirs sur nos notes.

1728. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Job, selon moi, était évidemment un de ces fils de la famille patriarcale et pastorale de l’Idumée, plus imbu que ses contemporains des traditions et des vérités de souvenir de la race primitive, et parlant aux hommes, on ne sait combien d’années après le déluge, la langue philosophique, théologique et poétique que nos premiers ancêtres avaient comprise et parlée avant le cataclysme physique et moral de l’humanité. […] Pendant combien d’années ou de siècles ne fallait-il pas que l’humanité eût accumulé, remué, scruté ses pensées en elle-même, pour arriver à de telles conclusions métaphysiques sur les misères de sa destinée et sur les mystères de la Providence divine ! […] X Après que Job a épuisé toute sa colère et défié Dieu lui-même de le convaincre d’une seule faute dont le châtiment puisse justifier son malheur, ce jeune Élihu se lève avec la modestie touchante qui convient à ses années. […] « C’est pourquoi, la tête inclinée devant vous, j’ai craint de proférer jusqu’ici devant vous ma pensée ; « Car j’espérais que l’âge, qui a le droit d’être prolixe de paroles, parlerait à ma place, et que le grand nombre des années multipliait et enseignait la vraie philosophie (la sagesse). […] Quand on a vécu un certain nombre d’années sur cette terre et qu’on a sondé jusqu’au tuf le sol de cette vie, il n’y a que deux conclusions à tirer et deux partis extrêmes à prendre : le mépris de soi-même, de l’homme et du monde créé, ou le respect de l’œuvre divine et l’adoration de l’ouvrier divin ; en d’autres termes, le sarcasme, le suicide, ou la résignation et la prière.

1729. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Un enseignement littéraire ainsi gradué sur l’âge, sur le goût, sur les forces, sur la température des années de notre vie auxquelles elle s’adapte rationnellement, donnerait à l’enfance, à l’adolescence, à la jeunesse, à l’âge mûr, un attrait bien plus naturel et bien plus universel pour les belles choses de l’esprit en harmonie avec l’âge et le sexe des disciples. […] J’ai peint dans Jocelyn, sous le nom d’un personnage imaginaire, ce que j’ai éprouvé moi-même de chaleur d’âme contenue, d’enthousiasme saint répandu en élancements de pensées, en épanchements et en larmes d’adoration devant Dieu, pendant ces brûlantes années d’adolescence, dans une maison religieuse. […] Une croissance rapide et une imagination qui croissait en proportion plus accélérée encore que mes années m’avaient jeté dans des langueurs et dans des pâleurs qui alarmaient mes maîtres. […] Il était plutôt pour nous un condisciple avancé en années qu’un maître. […] Nous remerciâmes le maître de nous avoir fait anticiper ainsi sur le plaisir que nous nous promettions, en sortant, à la fin de l’année d’études, de lire à satiété ces volumes.

1730. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Chaque année augmente le nombre des inventaires descriptifs d’archives, de bibliothèques et de musées, dressés par les soins des fonctionnaires de ces établissements. […] Le Corpus inscriptionum latinarum aura été exécuté en moins de cinquante années. […] La même année, la même note était donnée, à l’Université de Bâle, par M.  […] Les Mémoires, écrits plusieurs années après les faits, souvent même à la fin de la carrière de l’auteur, ont introduit dans l’histoire des erreurs innombrables. […] Or l’évolution n’est pas un mouvement régulier ; il s’écoule une longue série d’années sans changement notable, puis viennent des moments de transformation rapide.

1731. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Voyons : à quel nombre d’années commencez-vous ? […] reprend notre poète, à cent ans moins un mois, ou moins une année, est-on un ancien, ou bien un moderne ? […] L’année suivante, 1736, c’est-à-dire l’année même qui doit être celle de l’éclosion du Cid, et immédiatement avant ce chef-d’œuvre, il revient à ses anciens tâtonnements et donne la pièce la plus bizarre qu’il ait jamais faite : l’Illusion comique. […] Elle est l’œuvre de Juan Ruiz de Alarcon, qui avait fait représenter cette pièce quelques années avant le Cid. […] Le Cardinal était mort, et quatorze années s’étaient écoulées depuis ce triomphe trop éclatant.

1732. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

J’ai consacré à écrire l’histoire trente années de ma vie, et je dirai que, même en venant au milieu des affaires publiques, je ne me séparais jamais de mon art, pour ainsi dire. […] Thiers reproche sévèrement à Napoléon dans les années de décadence de sa fortune auraient été prévenus ou modérés par cette seule combinaison de l’innocence de son pouvoir. […] Ces quinze années, je les ai passées au milieu des orages de la vie publique ; j’ai vu s’écouler un trône ancien et s’élever un trône nouveau ; j’ai vu la Révolution française poursuivre son invincible cours. […] Elle pleura longtemps à ses pieds ; ses deux enfants, Hortense et Eugène de Beauharnais, très chers tous les deux au général Bonaparte, pleurèrent aussi : il fut vaincu et ramené par une tendresse conjugale qui, pendant bien des années, fut victorieuse chez lui de la politique. […] Il était mort à l’âge de quarante-sept ans, après avoir gouverné son pays, pendant plus de vingt années, avec autant de pouvoir qu’on en peut exercer dans une monarchie absolue ; et cependant il vivait dans un pays libre, il ne jouissait pas de la faveur de son roi, il avait à conquérir les suffrages de l’assemblée la plus indépendante de la terre !

1733. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

[Cours familier de littérature (1856 et années suivantes).]

1734. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — France, Anatole (1844-1924) »

Si les premières années de notre ère sont parfois difficiles à percevoir en l’œuvre du poète, 1875 y éclate dans le moindre vers.

1735. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Quoique depuis des années sa santé ne lui permît pas de prendre part à nos discussions, nous le sentions présent parmi nous ; tout absent qu’il était, nous recherchions son suffrage.

1736. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

« Un cri universel s’est élevé, il y a quelques années, contre ce malheureux Abbé de Caveirac.

1737. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

C’est le sommet d’une montagne ; c’est un patriarche qui compte ses années par siècles ; c’est un couteau levé sur un fils unique ; c’est le bras de Dieu arrêtant le bras paternel.

1738. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre III. Des Ruines en général. — Qu’il y en a de deux espèces. »

Ouvrage du malheur, et non des années, elles ressemblent aux cheveux blancs sur la tête de la jeunesse.

1739. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Depuis une douzaine d’années il a toujours été en dégénérant, et sa morgue s’est accrue à mesure que son talent s’est perdu.

1740. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Si ce groupe enfoui sous la terre pendant quelques milliers d’années, venait d’en être tiré, avec le nom de Phidias en grec, brisé, mutilé, dans les pieds, dans les bras, je le regarderais en admiration et en silence.

1741. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVIII »

Les meilleurs ouvrages de critique qui aient été publiés, ces dernières années, ont pris pour méthode l’étude des manuscrits et des ratures.

1742. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Nous allons en puiser les principaux faits, étudiés avec soin dans les notes d’un homme studieux et excellent que nous avons perdu il y a peu d’années, M.  […] Cela continua ainsi jusqu’au moment suprême où la Providence sépara le maître et l’élève et fit tomber, chargé d’années, le vieux tronc à côté du fruit vert. […] Lainé, le Cicéron et le Platon des premières années de la Restauration, le connut, le prit en estime et en affection, et le fit parvenir promptement aux honneurs de la questure de la Chambre. […] Au mois de novembre de la même année 1670, que l’on représenta le Bourgeois gentilhomme à Paris, le nombre prit le parti de cette pièce. […] Il mourut le vendredi 17e du mois de février de l’année 1673, âgé de cinquante-trois ans, regretté de tous les gens de lettres, des courtisans et du peuple.

1743. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

À ce compte, les deux années, l’an 1664, l’année de Tartuffe, et l’an 1665, l’année du Festin de Pierre, me paraissent deux années d’une lutte terrible, d’un travail acharné, d’une audace accomplie ; pour supporter ainsi toutes ces inventions accumulées, il fallait être bien fort. […] Si, dès le premier acte, le fantôme de Pierre avait paru, toute la comédie de Molière prenait aussitôt une teinte sinistre ; les pas du fantôme restaient empreints sur le sable de ces jardins ; ces eaux limpides devenaient des eaux bouillantes ; ces beaux arbres se dépouillaient de leurs feuilles ; ces jeunesses, au front pur, au teint frais, perdaient soudain le bel incarnat de la vingtième année. […] À quoi peuvent servir les Belles-Lettres et comment voulez-vous que nous fassions une œuvre littéraire à l’heure où nous cherchons encore, les uns et les autres, le nouveau souverain qu’il nous faudra aimer pendant quatre années ; au bout de ces quatre années : — Vous avez été un bon et sage prince, dira la France reconnaissante, et c’est pourquoi nous vous prions de céder la place à un autre ! […] Ce n’est donc pas une comédie que vous avez sous les yeux, c’est le canevas d’une comédie, — une façon de menuet, dialogué et parlé ; cherchez-y… Louis XIV et un peu Molière ; quant à Lulli, il s’est évanoui avec les années, comme ferait le parfum d’un flacon débouché depuis deux siècles ! […] Et depuis ce temps, pas une année ne se passe qui ne rapporte à ce grand homme son tribut solennel de couronnes.

1744. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

À six mois d’intervalle et dans deux feuilletons du Constitutionnel, l’un à la date du 4 avril de cette année, l’autre publié mardi dernier, le spirituel critique a témoigné, en termes dont la portée ne pourrait qu’être affaiblie par l’analyse, de sa vive admiration pour le talent de la Frezzolini. […] Dans la bourrasque de sifflets qui emporta l’opéra d’Hector Berlioz, madame Stoltz, charmante dans le rôle d’Ascagno, se montra, jusqu’au dernier jour, dévouée au musicien que tous abandonnaient : cela empêcha-t-il, quelques années plus tard, Berlioz-Brutus d’immoler madame Stoltz et sa reconnaissance au succès de la coalition qui devait emporter M.  […] Reculant l’action de son drame à plus de cent années, Gérard l’avait déroulée en plein incendie du Palatinat, dans les salles géantes du château d’Heidelberg, croulant alors, éclairées de crépuscules sinistres, sous le canon de Villars. […] Et quand je pense que Méry conseille fortement à la grande tragédienne, qui a fait le succès de cette pauvreté, de se garder comme de la peste de toucher aux tragédies de Corneille et de Racine, afin d’obliger les Parisiens à apprendre l’italien l’année prochaine ! […] On assure donc que, décidé à résigner ses fonctions de critique, mais armé d’un traité avec le journal qui a encore six années à courir, M. de Fiennes aurait désiré léguer sa position et ses droits à son jeune collègue, M. 

1745. (1940) Quatre études pp. -154

Elle permet d’appeler à Bryn Mawr, chaque année, un savant, ou un artiste, ou un critique, ou un professeur, qui peut venir de quelque endroit que ce soit de l’Amérique, ou du globe. […] L’année suivante, il meurt en combattant. […] Les milliers d’années remontaient le cours des âges et s’éloignaient comme des ouragans. — son cou je pleurais sur ma vie nouvelle des larmes de ravissement. […] Quarante années d’acclimatation avaient été nécessaires. […] Pendant des années il ne s’est inspiré que des livres, cherchant à imiter les grands auteurs du passé ; et les étrangers, qu’il appelait à son secours, tantôt Pétrarque et tantôt Ossian ; et les Français, Voltaire, Lebrun, ou Parny.

1746. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

1747. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Elle aimait à parler des années anciennes et à initier ceux qu’elle appelait ses jeunes amis aux confidences d’autrefois : « C’est une manière, disait-elle, de mettre du passé dans l’amitié. » C’est donc elle qui parle autant et plus que moi dans ce que je vais dire : « La première passion de Mme de Staël, à son entrée dans le monde, a été pour M. de Narbonne qui s’est très mal conduit avec elle, comme font trop souvent les hommes après le succès.

1748. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

Le duc d’Orléans, l’autre année, se tue là où il n’y avait aucun danger, ce semble : une route unie, des chevaux qui, deux minutes après, allaient s’apaiser d’eux-mêmes.

1749. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

         Ce n’était pas ta destinée          D’écouler ainsi tes années          Dans le veuvage ou dans le célibat ;          Moins loin de la compagne, hélas !

1750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

La ville de Toulouse, pleine d’admiration pour ses talens, & d’estime pour ses vertus, lui fit une pension pendant les vingt dernieres années de sa vie, &, lorsqu’il fut mort, plaça son buste dans le Capitole, à côté de celui du Poëte Maynard, son Compatriote.

1751. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n’étions pas encore maîtres de notre instrument, où nous n’étions que d’assez imparfaits rédacteurs de la note d’après nature ; puis, il voudra bien songer aussi qu’en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné1.

1752. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n’étions que d’assez imparfaits rédacteurs de la note d’après nature ; puis il voudra bien songer aussi qu’en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné35.

1753. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Et pour en montrer un exemple dans notre révolution, qu’on nous dise si ce furent des causes ordinaires qui, dans le cours de quelques années, dénaturèrent nos affections, et affectèrent parmi nous la simplicité et la grandeur particulières au cœur de l’homme.

1754. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Vingt années entières, il la chercha partout sans succès.

1755. (1899) Arabesques pp. 1-223

D’ici très peu d’années, tout le monde le reconnaîtra ; et l’on s’étonnera même du mal que nous avons eu à pratiquer cette opération sanitaire. […] C’est vraiment une chose effrayante, la consommation qu’on fit de cette dernière fleur depuis quelques années ! […] Robuste et trapu, il poussa entre deux rochers formidables que son tronc, grossi d’années en années, finit par écarter. […] D’année en année, je grandis ; mes racines s’insinuèrent sous les blocs, les ébranlèrent, les soulevèrent, et coururent chercher au loin leur provende. — Assuré d’être toujours nourri, je poussai de nouvelles branches ; lentement, patiemment, je montai vers le soleil. […] Serai-je autorisé pour cela, à soutenir que ces fleurs sont supérieures à celles que je semai la première année ?

1756. (1891) Esquisses contemporaines

Notre culture se fait d’année en année plus intellectualiste. […] Or, voici quarante années au moins que le nôtre porte au front le sceau de son indigence. […] Grâce à notre appauvrissement et aux efforts d’une instruction d’année en année plus intense et plus complète, ils devinrent nos maîtres comme nous avions été les leurs. […] Cette évolution, qui date des dix dernières années, est évidente chez M.  […] Le 13 août de la même année, il s’écrie : « Je porte ton nom, ô mon Seigneur !

1757. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Il est mort en 1729, dans sa quatre-vingt troisième année. […] Galilée datoit sa découverte de l’année 1610, & son adversaire ne datoit la sienne que de 1611. […] Elle en obtint un très favorable le 21 août de cette même année 1568. […] C’est beaucoup s’il en sort quatre ou cinq, chaque année, qui sçachent l’Hébreu, le Syriaque ou l’Arabe. […] La mère Angélique avoit passé plusieurs années de sa vie à réformer des couvens.

1758. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Nous le retrouvons au combat de L’Hay, près de la maison où s’écoulèrent ses premières années : — Halte ! […] Après avoir fait du dressage pendant quelques années pour les femmes de la société, Joséphine se trouvait aujourd’hui entretenue par un grand marchand de chevaux des Champs-Élysées. […] elle le reconnut malgré les années, malgré cette barbe qui avait blanchi, et ces yeux sans regard que les vers rongeaient déjà dans leurs orbites. […] Elles furent cependant moins animées et moins brillantes que l’année précédente. […] La courte scène qu’on vient de lire, Vivier l’a entendu répéter bien des fois depuis quelques années.

1759. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Demeurer sans se voir, des mois, des années peut-être, jusqu’à la guérison, jusqu’à l’oubli. […] Ainsi jusqu’à l’année dernière, nous n’avions qu’à nous louer l’un de l’autre. […] Il pressentait bien de quoi le comte était mécontent depuis l’année dernière. […]   Les premières années de Michel-Ange, racontées par M.  […] Le cadavre d’un voleur peut usurper, durant des années, par suite d’une erreur des antiquaires, les honneurs dus aux héros !

1760. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Les faiseurs de Revues de fin d’année consacrent toujours quelques couplets à l’expression de nobles idées. […] Et il est des années où l’on peut véritablement croire qu’elle n’existe plus, tant elle paraît morte. […] Les Lettres de mon moulin commencèrent à paraître dès l’année 1866. […] En route à travers monts et vallons, vignes au temps de la vendange, oliviers au temps de la récolte : une année les monts du Jura, une année les campagnes du Centre, une autre fois Marseille avec le bleu du ciel, la forêt des mâtures et le grouillement d’un peuple bariolé. […] Aussi est-ce lui que dénonçait Weiss dans une étude qu’il lui consacrait en cette même année 1858.

1761. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Pendant des années, avant d’être la femme du vieil empereur, elle est sa maîtresse patiente et soumise. […] Et certes, dans les quinze ou vingt dernières années de sa vie, cette gaieté fut courageuse et méritoire. […] Meilhac et Halévy, est de celles qui s’attendrissent et se mélancolisent nécessairement avec les années. […] J’ai analysé ici même, il y a quelques années, une conférence de M.  […] Il s’appelle le Père Vignal et c’est le lion du Carême cette année-là.

1762. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

On peut signaler même dans les dernières années un réveil puissant en faveur des littératures germaniques. […] Lorsque Mérimée publia sa Clara Gazul, il ne connaissait l’Espagne que par les livres, et il ne la visita que plusieurs années après. […] En peu d’années il usa ce nouveau principe. […] Pendant quelques années l’air en fut obscurci. […] Ossian fut l’Homère de mes premières années.

1763. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Lisez les amères doléances que les instituteurs et institutrices adressent chaque année au gouvernement. […] Chaque année, à jour fixe, l’auteur des Rougon-Macquart recommence le même labeur et s’attelle au joug comme un bœuf. […] Dumas fils a été pendant quelques années le moraliste exclusif de l’amour. […] L’orgueil des années défend de trahir le secret et la tombe le continue. […] Cependant, une réaction sérieuse se produit depuis quelques années contre ce pessimisme artistique.

1764. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Elle chante encore quelques années au Théâtre-Italien, puis elle meurt. […] je le tiendrais quitte pour cette année. […] Il arrive de Rome ; on ne l’a pas vu depuis des années. […] Attendez seulement dix années. […] Son âge et ses notions sur la physiologie semblent décroître d’année en année.

1765. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Ne le voyons-nous pas bien depuis quelques années ? […] C’est un peu ce qu’avaient fait, voilà déjà quelques années, M.  […] « J’ai vécu dans le milieu le plus calme et le plus chaste… Mes années se sont écoulées à l’ombre du fauteuil maternel, avec les petites sœurs et le chien de la maison. […] Spronck sous les yeux, il me semble que je vois mieux qu’autrefois, comment, par quel dangereux prestige, elles ont, depuis une trentaine d’années, séduit et corrompu tant d’imaginations. […] Quant aux auteurs, ce n’est pas cette année, je pense, qu’on pourra décemment reprocher à M. 

1766. (1895) Hommes et livres

Et il ira ainsi jusqu’au bout de ses années d’Université, croissant en expérience et en force, mais, notons-le, sans se corrompre et sans se faner. […] Elle s’étend, durant une vingtaine d’années, depuis la pacification du royaume jusque vers la fin de la Régence. […] Mis en œuvre obstinément, avec une régularité têtue, pendant des années, ils sont enfin irrésistibles. […] Le désastre de sa flotte, en Sicile, ruine tous ses plans, fait évanouir en un jour deux ou trois années d’âpre labeur. […] Grâce au baron de Montesquieu, il ne faudra pas plus de quelques années.

1767. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Mais il paraît que, depuis quelques années, la vogue a passé à Marivaux : affaire d’actrice probablement. […] Mlle Rosa Bruck est sortie cette année du Conservatoire avec un premier prix. Mais déjà elle appartenait depuis l’année dernière au Théâtre-Français, qui se l’était attachée par avance. […] Veut-il se rappeler l’année où fut proclamée la liberté des théâtres ? […] Voilà une trentaine d’années que je vis quotidiennement dans Molière.

1768. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Cette même année, il fut nommé de l’Académie française. […] Aucun visage humain ne m’étonnera. » — Il ne dit pas : je suis né la même année que Bonaparte ; mais : « L’année où je naquis, naissait en Corse… » 6. […] Le 21 mars 1869 il expira dans sa quatre-vingtième année. […] Ce n’est pas impunément qu’on a surtout rêvé de la vingtième année à la trentième. […] Le peintre qui a fait une Vénus » sans s’inquiéter d’autre chose, s’expose à la refaire l’année prochaine.

1769. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Aimé Martin. De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. »

Depuis quelques années, l’attention des philosophes et de tous ceux qui s’occupent sérieusement du problème social s’est tournée sur la condition de la femme, sur les changements de destinée auxquels elle était appelée, sur la fonction importante qu’elle aurait à remplir dans un ordre où l’on suppose que devront prévaloir l’égalité et la raison.

1770. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aicard, Jean (1848-1921) »

[L’Année littéraire (7 juin 1887).]

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